Kesako ?
C'est le plus ancien prix littéraire français !
Il est décerné chaque année au début du mois de novembre à un auteur s'exprimant en français (l'auteur n'est donc pas forcément d'origine française) par l'Académie Goncourt !
Constituée officiellement en 1902, il s'agit d'une société littéraire créée par Edmond de Goncourt dans son testament. Ce dernier y chargea Alphonse Daudet de créer pour toujours, une société littéraire, devant élire chaque année un écrivain original afin de l'encourager (pour un livre publié dans l'année).
L'Académie Goncourt est constituée de 10 membres, tous auteurs en langue française. Pour y entrer... il faut d'abord que l'un des membres décide de partir ou... décède. Ensuite, ce sont les 9 membres restant qui choisissent celui qui deviendra le nouvel académicien.
Pour décerner le prix Goncourt, nos dix joyeux lurons se rendent ensuite au restaurant Drouant à Paris pour un traditionnel déjeuner pendant lequel ils décerneront LE prix Goncourt tant convoité (plus pour la renommé qu'il apporte que pour le montant du chèque qui lui n'est que de 10€). Les académiciens s'y rendent également le premier mardi de chaque mois, sauf en été, pour discuter bouquins.^^ Ils ont d'ailleurs tous des couverts à leur nom ! On est habitué ou on ne l'est pas !
Cette année ?
Le prix Goncourt sera proclamé mercredi 5 novembre !
Une troisième sélection sera établie auparavant le 28 octobre.
En attendant, voici la liste de la seconde sélection du prix Goncourt de cette année :
- Kamel Daoud, Meursault, contre-enquête, Actes sud
Cet homme qui soliloque dans un bar, nuit après nuit, c est le frère de l Arabe tué par un certain Meursault dans un célèbre roman du XXe siècle. Soixante-dix ans après les faits, rage et frustration inentamées, le vieillard rend un nom au mort et donne chair à cette figure niée de la littérature : l Arabe. Un roman profond sur les héritages qui conditionnent le présent et sur le pouvoir exceptionnel de la littérature pour dire le réel.
- Pauline Dreyfus, Ce sont des choses qui arrivent, Grasset
1945. Saint-Pierre-de-Chaillot, l’une des paroisses les plus huppées de Paris. Toute l’aristocratie, beaucoup de la politique et pas mal de l’art français se pressent pour enterrer la duchesse de Sorrente. Cette femme si élégante a traversé la guerre d’une bien étrange façon. Elle portait en elle un secret. Les gens du monde l'ont partagé en silence. « Ce sont des choses qui arrivent », a-t-on murmuré avec indulgence.
Revoici donc la guerre, la Seconde Guerre mondiale, la guerre de Natalie de Sorrente. À l'heure où la filiation décide du sort de tant d'êtres humains, comment cette femme frivole va-t-elle affronter la révélation de ses origines ?
Les affaires de famille, ce sont des choses qu’on tait. La littérature, ce sont des choses qu’on raconte. Dans ce roman où l’ironie est à la mesure du fracas des temps, Pauline Dreyfus révèle une partie du drame français.
- Clara Dupont-Monod, Le roi disait que j’étais diable, Grasset
Depuis le XIIe siècle, Aliénor d’Aquitaine a sa légende. On l’a décrite libre, sorcière, conquérante : « le roi disait que j’étais diable », selon la formule de l’évêque de Tournai…
Clara Dupont-Monod reprend cette figure mythique et invente ses premières années comme reine de France, aux côtés de Louis VII.
Leurs voix alternent pour dessiner le portrait poignant d’une Aliénor ambitieuse, fragile, et le roman d’un amour impossible.
Des noces royales à la seconde croisade, du chant des troubadours au fracas des armes, émerge un Moyen Age lumineux, qui prépare sa mue.
- Benoît Duteurtre, L’ordinateur du paradis, Gallimard
Arrivé aux portes du paradis, un nouvel élu, fraîchement décédé, découvre les normes d'hygiène et de sécurité désormais fixées pour la vie éternelle.
Au même moment, sur terre, un projet de pénalisation des images pornographiques perturbe la tranquillité de Simon Laroche, haut fonctionnaire bon teint qui redoute de se voir démasqué pour ses escapades sur Internet. Pourtant, c'est une simple phrase, filmée à son insu, qui va le précipiter dans un engrenage cauchemardesque.
Dans cette société à peine imaginaire où les réseaux se dérèglent, où les informations des uns arrivent sur les ordinateurs des autres, où les femmes et les hommes guerroient sans relâche, deux jeunes banlieusards opposent une résistance dérisoire à l'ordre établi. L'intrigue nourrie par toutes les peurs de l'époque alterne avec les interventions débonnaires du Grand Saint Pierre.
Après La petite fille et la cigarette, traduit dans de nombreux pays, Benoît Duteurtre renoue avec une veine fantaisiste, où le réalisme se mêle à l'imagination pour mieux éclairer notre présent.
- David Foenkinos, Charlotte, Gallimard
Ce roman retrace la vie de Charlotte Salomon, artiste peintre morte à vingt-six ans alors qu'elle était enceinte. Après une enfance à Berlin marquée par une tragédie familiale, Charlotte est exclue progressivement par les nazis de toutes les sphères de la société allemande. Elle vit une passion amoureuse fondatrice, avant de devoir tout quitter pour se réfugier en France. Exilée, elle entreprend la composition d'une œuvre picturale autobiographique d'une modernité fascinante. Se sachant en danger, elle confie ses dessins à son médecin en lui disant : «C'est toute ma vie.» Portrait saisissant d'une femme exceptionnelle, évocation d'un destin tragique, Charlotte est aussi le récit d'une quête. Celle d'un écrivain hanté par une artiste, et qui part à sa recherche.
- Eric Reinhardt, L’amour et les forêts, Gallimard
À l'origine, Bénédicte Ombredanne avait voulu le rencontrer pour lui dire combien son dernier livre avait changé sa vie. Une vie sur laquelle elle fit bientôt des confidences à l'écrivain, l'entraînant dans sa détresse, lui racontant une folle journée de rébellion vécue deux ans plus tôt, en réaction au harcèlement continuel de son mari. La plus belle journée de toute son existence, mais aussi le début de sa perte.
Récit poignant d'une émancipation féminine, L'amour et les forêts est un texte fascinant, où la volonté d'être libre se dresse contre l'avilissement.
- Emmanuel Ruben, La ligne des glaces, Rivages
Un jeune diplomate en herbe est envoyé dans un mystérieux pays de la Baltique orientale, en vue de proposer une délimitation de ses frontières maritimes. Mission impossible dont il se désintéresse peu à peu, gagné par une mélancolie que ne fait qu'aviver l'hiver... Une exploration, aussi audacieuse que singulière, des confins du grand Nord.
- Lydie Salvayre, Pas pleurer, Seuil
Deux voix entrelacées.
Celle, révoltée, de Bernanos, témoin direct de la guerre civile espagnole, qui dénonce la terreur exercée par les Nationaux avec la bénédiction de l’Église contre « les mauvais pauvres ».
Celle, roborative, de Montse, mère de la narratrice et « mauvaise pauvre », qui a tout gommé de sa mémoire, hormis les jours enchantés de l’insurrection libertaire par laquelle s’ouvrit la guerre de 36 dans certaines régions d’Espagne, des jours qui comptèrent parmi les plus intenses de sa vie.
Deux paroles, deux visions qui résonnent étrangement avec notre présent et qui font apparaître l’art romanesque de Lydie Salvayre dans toute sa force, entre violence et légèreté, entre brutalité et finesse, porté par une prose tantôt impeccable, tantôt joyeusement malmenée.
Sujets associés : Prix Goncourt des lycéens 2014, Prix Renaudot 2014