Tada !!! J'avoue le défi est tordu
Olympe menait la marche, son énorme sac sur l'épaule. Derrière, Jean, perdu dans ses pensées, peinait à remettre de l'ordre dans ses pensées.
Un carnet ? Mais dans quel sorte de délire puéril me suis-je embarqué ? Parvenue sur le quai de la gare, la jeune fille se retourna pour voir où en était son ami. Tout du moins s'il l'était encore. Traînant les pieds, le jeune homme passa devant elle et, sans un regard, monta dans le train. L'adolescente leva les yeux vers le ciel gris, se mordit la joue pour ne pas pleurer et grimpa à sa suite. Jean s'était installé sur une banquette, devant une table en plastique recouverte de miettes de viennoisseries laissées par les occupants précédents. Olympe se glissa sur celle qui lui faisait face et s'adossa à la vitre froide. Elle se frotta les yeux et passa la main dans ses cheveux courts. En tournant la tête pour se retrouver face à Jean, la jeune fille remarqua qu'il l'observait. Elle lui offrit un sourire timide auquel il ne répondit pas. Gênée par la distance qui s'était introduite entre eux, elle baissa les yeux vers son sac, qu'elle avait posé à côté d'elle sur la banquette. Elle l'ouvrit et y découvrit le cahier de ses malheurs. Son carnet. En voulant le recouvrir avec précipitation sous ses autres affaires, Olympe ne réussit qu'à le faire glisser hors du sac. Le petit livre descendit allègrement la banquette en tissu pour aller glisser sur le sol du train. Et, comme poussé par le souffle du destin, il vînt buter aux pieds de Jean. Le choc était minime mais pas assez pour que le jeune homme fasse semblant de ne pas l'avoir ressenti. Intrigué, il se pencha donc sous la table, suivi par le regard horrifié de l'adolescente. Celle-ci ne put s'empêcher de crier :
-Laisse ! Laisse-le ! Non vraiment je vais le récupérer moi-même !
Seulement, le jeune homme récupéra le cahier et reconnut tout de suite la couleur, la texture, la forme. Il le reposa brutalement sur la table, faisant voler les vestiges du repas de leurs prédecesseurs.
-Tu y tiens tant que ça à ce carnet ?, demanda-t-il avec fureur.
-Je...Oui...Non. C'est que.... tu vois, il m'a apporté tellement de bonnes choses... Je ne peux pas regretter de l'avoir fait. Désolée.
- Moi aussi, je suis désolé.
Et il repoussa énergiquement le carnet vers Olympe. Celle-ci, prise d'une soudaine colère inexplicable, le laissa trôner sur la table.
-Reprends-le !, ordonna Jean.
-Non.
La réponse de la jeune fille était catégorique. Elle-même chamboulée par ce qu'elle venait de dire, par ce petit mot de trois lettres qui révélait une telle détermination, une rage qu'elle ne savait et ne pensait pas avoir, répéta avec force:
-Non. Je ne le prendrais pas. Pas si ça doit m'éloigner de toi. Si je dois choisir entre ce fichu carnet et toi, je n'hésiterais même pas une seconde c'est bien clair ?
Le jeune homme la regarda, la bouche entrouverte, les yeux écarquillés. Olympe Mercier, la plus jolie et la plus intéressante des filles qu'il avait rencontrées venait de lui dire qu'elle ne ferait pas quelque chose que toutes ses amies l'exhortaient a faire si lui, si lui n'était pas d'accord.
-C'est...Je crois que c'est clair, bégaya-t-il.
-Alors Jean. Je dois faire un choix ou pas ?, demanda Olympe.
L'adolescent se mit à réfléchir à toute vitesse. Il ne voulait pas gâcher sa relation avec Olympe mais il ne pouvait pas plus prendre le risque d'être blessé.
-Tu nous auras nous deux. Moi et le cahier. Mais tous les défis qui concernent un mec, c'est sans moi ok ? Plus de baisers, plus de sorties, plus rien qui ne me concerne directement, c'est d'accord ?
-C'est d'accord, acquiesça l'adolescente avec un sourire. Je m'attendais à des conditions plus tordues mais je devrais pouvoir tenir sans te mêler à ça. Je te le promets. Plus de mensonges.
-Et si on regardait le prochain défi que tes amies cinglées t'ont concocté ?
Sans répondre, Olympe saisit le livre, l'ouvrit à la bonne page et lut à voix haute :
- « Et si tu volais un petit quelque chose Holly ? Vic adore le nouveau rouge à lèvres Mac... C'est dans tes cordes ? »
La jeune fille s'étouffa avec sa salive et Jean ouvrit la bouche comme s'il voulait aspirer la totalité de l'air du wagon.
-Cinglées, je crois que c'est le mot, finit par commenter Olympe.