Chapitre 9
– Son corps lutte…
…
– C'est donc bien elle !
…
– C'est notre chance…
…
– Elle devrait finir par se réveiller…
…
– On ne sait pas à quel point elle est encore consciente…
…
– Clarisse… Il faut que tu reviennes parmi nous…
*
Suis-je vivante ?
J'ai mal partout, j'ai l'impression de sentir mon corps sans vraiment le sentir, comme si j'étais prisonnière de mon sommeil. Est-ce que c'est ça la mort ? Avoir conscience que tout est terminé sans pouvoir faire quoi que ce soit ?
Parfois, j'ai l'impression de sentir des choses sur mon corps, comme si on me manipulait, mais ce n'est qu'une sensation qui me parait si loin que j'en viens à douter de vraiment ressentir cela. Peut-être est-ce tout simplement l'engourdissement de mon corps qui me provoque des sortes d'hallucinations.
Le temps me parait si long. Pourtant, une fois mort, la notion de temps ne devrait-elle pas disparaître ? Est-ce parce que moi aussi, j'ai été infecté, que je suis devenue une mangeuse de cervelle à mon tour ? Si tel est le cas, comment se fait-il que je ne m'en rende pas compte ? Après tout, j'aimerais bien savoir ce qu'est en train de faire mon corps. Mais c'est peut-être là tout le problème, peut-être que mon corps est libre de faire ce qui lui chante, dont manger mes congénères, sans que je ne puisse rien faire et sans même m'en rendre compte.
Si c'est ça la vie d'infecté, j'espère qu'on m'achèvera bientôt. Il n'y a rien de plus horrible que de rester dans un entre deux, je vais finir complètement folle si ça continue.
*
- Clarisse ?
J'ai entendu quelque chose, j'en suis sûre. Je ne suis donc pas morte ? Ai-je encore une chance de m'en sortir ? Je n'arrive toujours pas à bouger, ni à sentir la moindre partie de mon corps. J'ai l'impression d'être là, mais sans corps. Je ne ressens même pas les douleurs qui pourraient être liées à mes blessures.
J'aimerais pouvoir hurler à plein poumon, ouvrir grand mes yeux pour vérifier que je suis bien toujours là, mais mon corps à décider de faire cavalier seul.
Je me demande ce que deviennent les autres. J'espère que Thomas et Marc vont bien, qu'ils ont pu trouver refuge avec ces gens et qu'ils ont pu retrouver un semblant de vie. J'espère qu'ils ont pu garder Snow avec eux, qu'ils s'en occupent bien. Qu'est-ce que j'aimerais pouvoir les revoir une dernière fois.
Mais d'un autre côté, si je suis vraiment morte, est-ce que ça veut dire que je vais finir par retrouver les miens ? Ma famille ? Ou tout cela n'était-il qu'un mensonge ? Vais-je rester seule, comme ça, pour l'éternité ? Tant de questions et si peu de réponses, ça commence à être long...
*
- Clarisse ?
Je sens quelque chose. Je ne saurais pas l'expliquer, mais j'ai l'impression d'apercevoir une lumière blanche au travers de mes paupières. Mes paupières ? Mais, si j'arrive à me rendre compte que j'ai des paupières, c'est que je ne suis pas morte ?
J'ai l'impression de ressentir quelque chose le long de mes bras... Je sens mes bras ! Je ne suis pas folle, je sens mes bras être parcourus de frissons. Maintenant que je le remarque, je me rends également compte que je commence à distinguer très faiblement du bruit autour de moi.
Je ne suis pas morte !
- Elle va revenir à elle petit à petit, il faut lui laisser du temps.
Je sens une main se glisser dans la mienne. Je dois réagir, je dois montrer que je suis toujours là, que je ne suis pas morte. J'essaye de mobiliser toute la force et toute la concentration que je peux pour exercer une pression sur la main.
Je sens un sursaut, je crois que j'ai réussi.
- Clarisse ?
J'aimerais répondre, j'aimerais crier, mais j'en suis totalement incapable. Je n'arrive même pas à ouvrir mes yeux, alors c'est peine perdue pour ma bouche. Mais je sais. Je sais que je ne suis pas morte, que je suis bien vivante. Je ne me suis donc pas devenue un cannibale fiévreux, mais comment cela est-il possible ? Je n'ai pas rêvé, je sais que je me suis fait mordre, je me rappelle encore de la douleur dans mon bras, de la panique que j'ai ressentie et surtout des hurlements de Marc et Thomas autour de moi.
Je ne comprends pas ce qui a pu se passer, mais j'espère que je finirais par avoir des réponses à toutes mes questions.
*
- Est-ce que tu as mal quelque part ? me demande-t-on tout en observant la pupille de mes yeux.
La lumière du jour me brûle les yeux, j'ai la bouche pâteuse et je me sens tellement faible, tous mes muscles me semblent engourdis tout comme mon esprit qui semble avoir du mal à sortir du brouillard dans lequel il est plongé depuis que j'ai été mordu.
Mais ça y est, je reviens enfin à moi. Je n'arrive pas encore à distinguer tout ce qui m'entoure, ni les voix que j'entends, mais je suis là, bien vivante. J'essaye de répondre quelque chose, mais je sens que ma voix est enrouée. Je ne sais pas combien de temps je suis restée inconsciente, mais visiblement mon arrivée ici ne date pas d'hier.
- Prends ton temps, tu es encore faible Clarisse.
Je n'arrive pas à reconnaître la voix de la personne qui me parle. Je dirais qu'il s'agit d'une femme, mais aucune idée de qui il pourrait s'agir. Une fois habituée à la lumière, je distingue enfin les traits de la personne qui s'occupe de moi. Elle ressemble comme deux gouttes d'eau à Iris... en plus âgée. Je suis prête à mettre mon bras à couper, surtout celui qui a été mordu, qu'il s'agit de la mère d'Iris. Même peau métissée, même visage lumineux, même sourire contagieux.
- Tu es la première personne que je rencontre qui réussit à survivre à une morsure, m'annonce-t-elle. C'est incroyable, peut-être...
Elle ne termine pas sa phrase. Je ne sais pas pourquoi ses paroles me mettent mal à l'aise. Je n'arrive moi-même pas très bien à comprendre ce qu'elle essaye de me dire. Est-ce que la morsure n'était pas assez profonde pour me tuer ou... est-ce que je serais... immunisée ? Une telle chose est-elle tout simplement possible ?
Elle doit remarquer la confusion sur mon visage.
- Je ne sais pas trop expliquer ce qu'il s'est passé, mais ton corps à combattu le virus. Malheureusement, je n'ai pas assez de matériels médicaux pour pouvoir faire mes propres conclusions, mais ton réveil confirme que j'avais raison, tu es immunisée, Clarisse.
Immunisée ?
Comment cela est-il possible ? Qu'ai-je donc de plus que le reste de l'humanité, pour ne pas me transformer en monstre ?
- Je vais t'apporter de quoi te désaltérer et un peu à manger si tu as faim, mais pour le moment, continue de te reposer, tu as dormi pratiquement une semaine, ton corps va être douloureux pendant quelque temps, m'annonce-t-elle avant de quitter la pièce.
*
Cela fait plusieurs jours maintenant que j'oscille entre des phases de réveil et des phases de sommeil. Je suis encore très faible et mon corps a encore besoin de beaucoup de repos. La maman d'Iris, Tiania, s'occupe de moi tous les jours. Elle m'a expliqué qu'elle est l'un des seuls médecins présents dans ce refuge, mais que par chance, ils avaient pu mettre la main sur pas mal de matériel médical, du moins le nécessaire, lors de leurs différentes explorations.
Le seul problème, c'est qu'elle n'a rien pour pouvoir faire ne serait-ce qu'une analyse de sang. Elle me pose souvent des questions sur ma vie d'avant, si j'étais en contact avec le monde médical ou scientifique, sur le métier de mes parents, mes relations. Je ne sais pas bien ce qu'elle cherche à découvrir de moi, sûrement des explications sur le pourquoi du comment je ne suis pas morte, mais je ne peux malheureusement pas vraiment l'aider.
Moi-même, je ne comprends pas bien pourquoi. Elle pense que mon corps est tombé dans une sorte de coma pendant une semaine afin de pouvoir lutter contre le virus, mais elle pense que j'avais, peut-être, en moi des traces de ce virus et que mon corps aurait par lui-même réussi à s'en défendre grâce à ça.
Je n'ai pourtant jamais été mordu auparavant, je n'ai pas consommé de la nourriture qui aurait pu être contaminée ou du moins pas à ce que je sache, je ne peux donc pas vraiment lui fournir de réponse valable qui expliquerait tout ça. Elle raconte sans cesse que si elle pouvait trouver un laboratoire encore fonctionnel où elle pourrait analyser mon sang, elle pourrait peut-être trouver la clé de ce mystère. Marcus a d'ailleurs envoyé quelques hommes explorer des bâtiments abandonnés, mais cela n'a rien donné.
Aujourd'hui, j'ai enfin le droit de recevoir de la visite. Étant trop faible jusqu'à présent, ils avaient préféré me laisser isolée encore, quelque temps, pour être sûr que je ne tombe pas malade ou que je ne me fatigue pas trop vite. J'ai hâte de revoir Marc et Thomas, d'en apprendre plus sur cet endroit, sur les gens qui vivent ici et sur leurs conditions de vie.
Déjà, j'ai pu constater que la pièce dans laquelle je me trouve n'est pas en trop mauvais état. On sent que le bâtiment est vieux, mais il est encore parfaitement utilisable. Je pense, au vu de la seule pièce que j'ai pu voir pour l'instant, qu'il s'agit d'une sorte d'ancienne école.
Tiania, vêtue de sa fameuse blouse blanche comme à son habitude, entre dans la pièce. Autour de moi, il y a d'autres lits, mais ils sont actuellement tous vides. J'aime beaucoup passer du temps en sa compagnie, elle est toujours très douce avec, elle me manipule avec beaucoup de soin et d'attention. Elle fait son contrôle habituel sur mon état de santé puis m'annonce que, ça y est, je vais pouvoir les revoir.
- Dès que tu fatigues, n'hésite pas à me faire appeler, ajoute-t-elle avant de laisser sa place à mes compagnons. Tu auras l'occasion de les revoir plus souvent à partir de maintenant, donc ne force pas trop dès la première visite.
Marc et Thomas entrent enfin, à leur tour, dans la pièce. Ils ont l'air en pleine forme, cela me réchauffe le cœur et me rassure en même temps. Je me demande sans cesse si on a vraiment eu raison de leur faire confiance ou si tout cela n'est pas seulement un piège. De les voir ainsi me confirme au moins que, pour l'instant, on a sûrement fait le bon choix.
- Comment tu te sens ? me demande Thomas pendant qu'ils approchent de moi.
- Mieux... Je crois ?
Ils ont l'air sincèrement heureux de me voir ainsi. Pour la première fois depuis des mois, j'ai l'impression d'avoir trouvé des personnes en qui je peux sincèrement avoir confiance et avec qui je vais pouvoir partager un bout de chemin.
Marc et Thomas me racontent leurs premiers jours dans ce nouveau refuge. Ils m'expliquent que cela ressemble à une grande communauté, qu'il y a différentes zones pour éviter de concentrer trop de personnes dans un même espace, que chacun dispose d'un logement et d'un travail avec des tâches et des missions à réaliser pour la survie de toute la communauté. Je suis impressionnée, cet endroit à l'air immense. J'ai hâte de pouvoir découvrir tout cela de mes propres yeux.
Marc m'explique que chacun doit trouver son poste au sein de la communauté. Pour l'instant, lui et Thomas, grâce à leur expérience du terrain, travaillent avec les groupes qui s'occupent de vérifier et de nettoyer les alentours de la communauté. Il y a différentes missions pour ce genre de travail allant de l'exploration de nouveaux bâtiments ou de nouveaux lieux, au nettoyage de zones trop infestées pour éviter de créer une horde d'infectés à proximité des murs de la communauté.
Je suis hypnotisée par leurs paroles, impressionnée de découvrir une organisation si minutieuse. J'ai l'impression que tout ceci est trop beau pour être vrai. Alors qu'ils sont en train de me vendre les qualités de l'alimentation ici grâce aux différentes récoltes qui sont faites au sein de la communauté, il me vient à l'esprit que Snow n'est pas avec eux.
- Snow n'est pas avec vous ? les coupe-je.
Alors, à cet instant, je vois leur visage se décomposer. Toute la bonne humeur qu'ils affichaient laisse place à de la tristesse et de la compassion. Je ne suis pas bien sûr de comprendre ce changement d'humeur si radical. Aucun d'eux n'ose plus parler, ni même croiser mon regard.
Il est arrivé quelque chose à Snow !
- Il est blessé ? demande-je alors prise de panique.
- On... On ne sait pas vraiment, Clarisse, me répond timidement Thomas.
- C'est-à-dire ? Qu'est-ce qu'il se passe ? insiste-je.
Après un bref échange de regard entre eux, Marc se décide enfin à prendre la parole.
- Lorsque tu as été mordu par l'infecté, on pense que Snow a voulu te protéger en attaquant tous les infectés qui se trouvaient autour de toi. Le problème, c'est qu'on a eu beau l'appeler, essayer de lui faire lâcher prise, ils ne nous écoutaient pas...
- Une équipe est partie te mettre à l'abri pendant que les autres nettoyaient la zone pour essayer de le retrouver, mais il était déjà trop tard. On n'a pas retrouvé son corps, il a visiblement fui quand il a dû voir que tu n'étais plus là, conclue Thomas.
- Alors, il n'est plus...
Je n'arrive pas à terminer ma phrase. Je suis prise de sanglots à l'idée de l'avoir perdu. C'est totalement idiot, mais le fait qu'il était le dernier à avoir été là lorsque ma famille était encore en vie, j'avais l'impression de garder une partie d'eux avec moi tant qu'il était encore à mes côtés. Et j'avoue que je m'étais attachée à lui, on se protégeait mutuellement et il m'était très utile lorsque je survivais toute seule.
Je ne retiens pas le flot de larmes qui montent en moi. J'ai l'impression qu'une nouvelle fois, on arrache une partie de moi, j'ai mal à la poitrine et surtout, il me manque. J'espérais tellement le revoir, j'espérais tellement pouvoir lui offrir la protection d'un lieu tel que celui-ci, j'espérais pouvoir prendre soin de lui, pouvoir sauver au moins quelqu'un. Mais même ça, je n'ai pas su le faire. Alors que de son côté, jusqu'à la dernière seconde, il aura tenté de me protéger.
Thomas se penche vers moi pour me prendre dans ses bras. Je ressens également leur tristesse à tous les deux, mais évidemment, il ne leur manquera pas autant qu'il me manque. J'espère au moins que, s'il a survécu, il s'en sort tout seul dehors.
- Marcus a donné une description de Snow aux équipes d'exploration et de chasse, m'explique Marc. Il les a prévenus de ne pas l'abattre si jamais ils le trouvaient dans le coin, mais pour l'instant, ils n'ont trouvé aucune trace de lui depuis notre arrivée.
Je continue à pleurer dans les bras de Thomas. J'ai certainement l'air ridicule à pleurer autant pour un animal, mais il était tout ce que j'avais et surtout tout ce que j'avais gardé de ma vie avec ma famille. Sans eux et sans lui, je ne serai sûrement pas là aujourd'hui, je n'aurais jamais pu survivre seule. J'aurais aimé pouvoir le remercier en le mettant en sécurité ici, même si évidemment, il n'aurait pas vécu éternellement derrière des murs. Il aurait pu suivre des groupes à l'extérieur, aider à sa manière.
- Je suis sincèrement désolé de ne pas avoir pu le ramener parmi nous, Clarisse, s'excuse Marc.
Il s'approche à son tour et, après une courte hésitation, me prend dans ses bras à son tour. Son contact fait redoubler mes pleurs.
*
Aujourd'hui, une semaine après l'annonce de la disparition de Snow, Tiania pense enfin que je vais être prête à quitter ma chambre de convalescence. Depuis mon réveil, elle me fait régulièrement faire des exercices pour vérifier mon évolution et suit de près mes constantes pour être sûre que je guéris correctement.
Je n'ai pratiquement plus mal à mes blessures, seul les fils que Tiania m'a fait me font encore un peu mal le temps que se détermine définitivement la cicatrisation, mais comparé à mon arrivée, je me sens beaucoup mieux. Elle a fait un travail incroyable, je lui en suis tellement reconnaissante.
Je me sens un peu moins faible qu'à mon réveil, mais j'ai surtout hâte de pouvoir découvrir toute la communauté. Régulièrement, Thomas et Iris passent discuter avec moi, cela me donne encore plus envie de participer à la vie d'ici.
En attendant le feu vert officiel, j'en profite pour me laver toute seule, pour la première fois depuis des semaines, et enfin enfiler de vrais vêtements. Iris m'a littéralement ramené toute son armoire. Par rapport au choix que j'ai habituellement, j'ai l'impression que c'est le grand luxe tout ce qu'elle me propose.
Une fois prête, Iris fait son apparition.
- J'espère que tu es prête ! s'exclame-t-elle en entrant. Marcus m'a demandé de te faire découvrir la communauté, on part en promenade madame !
Depuis que je suis arrivée ici, on a passé pas mal de temps ensemble, elle est toujours tellement pétillante. Toujours un sourire sur les lèvres, toujours pleine d'énergie et de bonne humeur. Elle contraste avec le monde qui nous entoure.
Je ne marche pas encore très vite, alors pour m'aider, Iris me tend son bras pour que je prenne appui dessus. Ce n'est qu'un soutien, je pourrais totalement m'en passer, mais au moins avec ça je peux marcher un peu plus vite et donc éviter de faire perdre trop de temps à Iris.
- Tu as de la chance, il fait beau aujourd'hui en plus, m'annonce-t-elle en ouvrant la porte qui donne sur l'extérieur.
D'abord éblouie par le soleil, petit à petit, je me mets à distinguer tout ce qui m'entoure. Je n'en reviens pas. J'ai l'impression d'être dans un village où le monde ne s'est jamais arrêté. Certes, avec un sacré retour en arrière au niveau de la technologie, mais tout est grouillant de vie.
Si je comprends bien, la communauté a été fondée sur un ancien quartier qui n'avait pas été trop détruit comparé aux alentours, les maisons ont été restauré, des champs ont été créé, des magasins, une infirmerie, une école, puis tout ce qui est vitale à la survie de l'homme. Chaque famille possède ainsi une maison et s'occupe de son foyer en allant travailler tous les jours pour améliorer les conditions de vie à l'intérieur de la communauté.
Les rues ne sont pas très larges, chacun utilise son jardin au maximum pour produire ses propres fruits et légumes. Certains ont même réussi à avoir des poules ! Iris m'explique que pour les autres animaux, ils sont dans des fermes qui ont été créées autour des champs un peu plus loin.
C'est une vraie ville ! Je n'en reviens pas ! Si seulement la vue à l'horizon n'était pas entourée de murs qui nous rappellent que ce paradis n'existe que dans ce périmètre, je pourrais presque croire que l'apocalypse est derrière nous.
- Il faut savoir que la communauté est divisée en trois zones. Ce que je vais te dire peut paraître cruel, mais c'est une décision qui a été prise collectivement après plusieurs tragédies. Chaque zone est protégée par ses propres murs, ainsi pour passer d'une zone à l'autre, il faut franchir les barrages, qui sont des sortes de ponts-levis, qui permettent de bloquer l'accès à une zone en cas de problème dans celle-ci.
- Quel genre de problème peut mener à la fermeture de la porte ? demande-je.
- Chaque zone a des accès directs avec l'extérieur, m'explique-t-elle. Malgré la surveillance et les tours de garde qui y sont faits, il se peut que parfois des contaminés arrivent à entrer. Lorsque c'est le cas, la zone en question est bouclée jusqu'à ce que tout danger soit écarté.
- Effectivement, j'imagine que ça évite d'avoir trop de perte d'un coup.
- Nous, actuellement, on se trouve dans la zone principale, continue-t-elle. C'est ici que nous avons notre mairie, où sont prises toutes les décisions et où toute la gestion de la communauté est faite, tu vas aussi avoir l'école, l'infirmerie. C'est globalement tout ce qui ne peut pas être dupliqué, ou du moins pour l'instant. Après, chaque zone possède ses propres habitations, ses propres magasins d'échange et tout ce qu'il faut pour que chacun puisse vivre convenablement.
A chaque fois qu'elle ajoute un nouveau detail sur cette communauté, je suis encore plus subjuguée. J'ai du mal à croire que tout ceci soit réel, j'ai l'impression d'être en plein rêve. Est-ce seulement possible qu'un tel endroit existe ?
- Je vois bien à ta tête que tu n'en reviens pas, finit-elle par ajouter. Mais sache que ici aussi parfois la vie n'est pas simple. On subit encore des pertes, tout n'est pas encore parfait, mais on va dire que les conditions de survie sont plus optimales dans un tel lieu.
Je ne peux que remarquer l'asombrissement de son visage. Elle ne sourie plus, j'ai l'impression qu'elle tente de ne pas montrer à quel point quelque chose l'a touché, mais c'est peine perdue. Ses émotions se lisent sur son visage comme dans un livre ouvert, elle est trop sincère pour cacher quelque chose.
- Ça va ? lui demande-je.
- Excuse-moi, c'est juste que... Juste avant ton arrivée, j'ai perdu un ami très proche... et il me manque beaucoup.
Je ne connais que trop bien les émotions qu'elle doit ressentir actuellement. Je ne peux pas dire pour grand-chose pour l'aider, surtout que je ne connaissais pas la personne, mais je suis clairement bien placée pour comprendre ce qu'elle doit traverser. À défaut de pouvoir lui dire quelque chose, j'effectue une légère pression sur son bras pour lui montrer mon soutien. Elle se tourne vers moi et me lance un sourire triste en guise de remerciement.
- Stiles était notre lumière dans cet univers déprimant, depuis le jour où on s'est rencontré, on ne s'est jamais lâché, m'explique-t-elle. Je ressens un vide immense en moi depuis qu'il n'est plus là... Merci à toi d'être arrivée finalement, m'occuper de toi me fait un peu oublier ma tristesse.
Nous continuons à avancer doucement à travers les rues. Je suis émerveillée par tout ce que je vois, mais je n'ose plus rien dire, je vois bien que j'ai totalement cassé l'ambiance en lui posant la question. Mais bon, si cela peut aider d'en parler, elle fait bien.
Finalement, je suis vite rattrapée par la fatigue. Cela fait des semaines que je ne marche plus, mon corps y a prit goût visiblement. Iris décide donc de me raccompagner jusqu'à l'infirmerie jusqu'à qu'on ait des nouvelles de Marcus.
C'est alors qu'une alarme s'active dans les enceintes positionnées dans les rues en haut des quelques poteaux qu'il reste. Aussitôt, Iris pose la main sur l'arme qu'elle porte à sa ceinture et je comprends alors que cela n'augure rien de bon.
-
INFECTÉ DÉTECTÉ ZONE TROIS, TOUT LE MONDE EST PRIÉ DE REGAGNER SON DOMICILE. LES DÉPLACEMENTS ENTRE ZONES SONT CONDAMNÉS. VEUILLEZ VOUS RENDRE DANS UNE ZONE DE REFUGE AU PLUS VITE EN CAS DE BESOIN. MERCI DE VOTRE COMPRÉHENSION.
Chapitre 10