Wild Nights, Chapter three: Heartless [Terminé] AR16 (DC 06.2016)

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Elsa-Vercellino

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Re: Wild Nights, Chapter three: Heartless (Fin de partie)

Message par Elsa-Vercellino »

Destiny Is For All
RP Final

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" Rachel is everywhere! "

Les Nuits étaient terminées. Bon sang, cette phrase tournait dans ma tête encore et encore et encore. Et à chaque fois, je me retrouvais encore plus contente que la précédente. C'est donc depuis quelques heures que les habitants de Booknode - qui n'avaient rien vu du carnage de la Nuit précédente, évidemment - pouvaient voir une Rachel totalement rayonnante qui se baladait dans les rues du centre-ville. La vie est belle! Une vingtaine de morts, ce n'est pas si grave, la moitié n'était que des étrangers à la ville, qui n'avait pas eu le temps de se créer des relations! Bon ça, c'était vraiment très méchant, mais rien ne pourrait entacher mon optimisme du jour, du moins pour le moment, et ce ne serait sûrement pas les morts des Elus qui pourraient me faire pleurer maintenant. J'ai déjà donné assez dans ma vie, merci beaucoup! J'arrivais devant le manoir Farewell, après deux ou trois heures de déambulation totalement contrôlé - par moi-même, haha, f*ck les Grands Esprits! - et une idée fit tilte dans ma tête. Manoir des Farewells = Beth Farewell = Demie-Sage = Pouvoirs ultra-puissants = On peut ressusciter les victimes des Nuits! Ou du moins, celles qui accepteraient de retourner dans le monde des vivants. Voilà une belle façon d'occuper mon après-midi, vous ne croyez pas? Je prenais mon téléphone portable (*** et oui, ça existait aussi dans une époque aussi reculée que les années 2000! ***), avant de taper le numéro de ma partenaire de Nuits. Quoique, quand j'y repense, j'aurais pu la contacter par télépathie, n'est ce pas?!

- Hey, Beth! dis-je avec un ton joyeux. Alors, on commence à la ressusciter, cette belle brochette d'Elus décédés? continuais-je sans me rendre compte que cela devait sonner légèrement psychopathe pour certains.

- J'en prends quelques uns! répondit-elle du tact au tact. Et pas la peine de gueuler aussi fort dans le combiné, mes tympans te remercient.

- Envoie mes excuses sincères à tes tympans! m'exclamais-je avec un sourire jusqu'aux oreilles.

- Ha. Ha. Très. Drôle. ironisa-t-elle avant de me raccrocher au nez.

Une pression mentale m'informa de ladite liste d'Elus dont je devais m'occuper dans les plus brefs délais. Un après-midi entier devrait suffire à tous les réanimer, je pense. Je me dirigeais rapidement vers le sommet de la colline qui surplombait toute la ville de Booknode. Les décombres d'un avions se trouvait encore ici, ainsi que des restes d'ossements un peu étranges (*** feat Damien/David! ***) qui se mélangeaient pourtant joliment avec des fleurs jaunes, rouges et violettes. Je poussais un soupir de plaisir: tout était tellement mieux en été. D'ailleurs, le mois de Mai n'était-il pas terminé maintenant? Enfin, concentrons-nous sur la date d'aujourd'hui un autre jour, d'accord? J'avais une petite tâche à effectuer maintenant. Ce n'est pas une mince affaire, mais contrairement à la fois où j'avais été incapable de me soigner et où je m'étais stupidement vidée de mon sang, je sus absolument quoi faire et quand le faire. C'est pourquoi je dus m'asseoir en tailleur sur le sol terreux de ce sommet de colline, avant de fermer les yeux et de laisser les Nuits Sauvages, les Elus et ma Magie s'introduire complètement en moi.

Pour commencer, ma Magie fut la plus rapide à venir. C'était tout à fait logique et normale, puisqu'elle m'appartenait complètement, même les Grands Esprits ne pouvaient pas me la retirer sans mon accord (enfin, je crois!). Des picotements semblables à de petites grattouilles me parcoururent la peau en me donnant des frissons. Première étape: fait. Ensuite, les souvenirs des Nuits Sauvages rentrèrent en moi dans un flot douloureux. La bataille sanglante la Nuit dernière, les coups de feu de Colin, puis la mort choquante du petit Zach, la fuite du Shérif Hamilton échouée hors de la ville, l'arrestation organisée puis le meurtre préméditée de Nora Jones - auquel j'avais pris plaisir bien malgré moi - le chat mélodieux du violon de Maria pendant des jours et des jours, le labyrinthe de pièges que Caroline nous avait préparé, le repas de chair humaine, la transformation de Taron en Louve, la mort horrible de mon cousin trèèèèèès éloigné Nicolai, contre laquelle je n'avais rien pu faire... Tout ça se déversa lentement en moi comme une rivière de lave en fusion. Deuxième étape: fait. Maintenant, il me fallait retrouver les Elus. Je pouvais sentir la présence de certains... Mais pas tous. Pourquoi? " Parce-qu'ils ont déjà choisi de partir... " me souffla une voix inconnue dans le fin fond de ma main.

Tels les fantômes qu'ils étaient maintenant, je n'arrivais qu'à effleurer des bouts de leurs "corps" ou de la matière dont ils étaient maintenant faits. Je ne pouvais pas les attraper, rentrer en contact avec eux. Certains finiraient pas disparaître complètement vers un monde meilleur. Ou pas. Quel est l'intérêt de vivre dans un monde meilleur si l'on a pas encore connu le véritable monde? Il faut que j'y aille encore plus. Allez! Il manque forcément un ingrédient, non? " La confiance. L'attache. " souffla encore une fois la Voix. L'attache? Étais-je obligée de connaître ces personnes pour pouvoir les ramener à la réalité, à la vie? Je n'avais pas passé beaucoup de temps avec eux, j'en avais peur. J'avais sans doute quelques informations sur quelques uns des Elus, mais pas grand-chose. Mon esprit pourtant pas très scientifique se mit à raisonner de cette façon. Question: puis-je tous les ramener à la vie? Réponse: non, certains sont d'ailleurs déjà morts pour de bon et disparus. Question: pourquoi ne puis-je pas ramener tous ceux que je peux encore "toucher"? Réponse: tu es issue d'une branche très éloignée de la famille Farewell, tu n'es pas aussi puissante. Question: Beth le pourra? Réponse: Beth est une Demie-Sage, elle pourra en ramener quelques uns, tout comme toi. Question: comment les attraper? Réponse: fais-toi confiance et dis-leur la raison de ta venue. Okay. Très bien. Soit.

- Je veux vous ramener dans le monde des vivants. dis-je à haute voix, faussement seule dans cette clairière-sommet.

Certains de ces "masses" blanches et brumeuses que je pouvais aperce"voir" s'arrêtèrent un instant de flotter dans cette dimension parallèle d'entre vie et mort. De subtiles bouts de personnalités refirent surface pendant quelques instants, ressortant du cocon de tristesse qui s'étaient peu à peu tissé autour d'elles. L'espoir. Certaines âmes avaient encore de l'espoir. Celles-ci, je pourrais les atteindre. Les autres continuèrent leur chemin sans même "détourner" la "tête" ou quoi que se soit d'autre. Sans espoir, donc, sans retour. Je ne pouvais pas faire grand-chose pour elles. Ces Elus devraient rejoindre la Terre des Esprits - ou autre, qui peut vraiment affirmer connaître le monde post-mortem? - dans de brefs délais, puisqu'ils n'avaient plus rien à faire sur la Terre Tout Court. Alors que cette pensée me traversait l'esprit, une vive lueur blanche m'éblouit, alors que l'âme de Rosalina Bolivar ( Mattmattou ) partait pour un monde meilleur. Avait-elle de l'espoir dans la mort? Peut-être pour retrouver une personne, refaire sa vie? Je secouais ma tête de gauche à droite: allons, Rachel, concentre-toi et ramène-moi tous ces Esprits en perdition si tu ne les aides pas.

Tendant une main dans le vide, je frôlais l'âme de Kira Merit ( Hunder ) qui semblait plus motivée que jamais à l'idée de vivre à nouveau.

Mon épaule entrait en contact avec Carrie Senneheiser ( Livresaddict ), qui s'évapora à son tour dans le monde réel.

Colin Haertel ( Elyaes ) se précipita dans mon ventre - enfin, je le percevais comme ça - le vieil homme à la vie pourtant déjà bien rempli voulant à tout prix retourner vers la vie. J'aime bien ce genre de personnalité.

Je sentais que, bientôt, mes forces deviendraient des ressources très limitées. Il serait impossible d'emmener plus d'âmes avec moi.

- Venez! suppliais-je aux Elus encore là. Vivez.

C'est alors qu'une forme familière apparut dans ma vision parallèle. Nicolai Farewell ( Paulrina ) se trouvait à quelques mètres de moi. Il fallait simplement qu'il me touche. Il hésitait. Une partie de moi-même voulait également se débarrasser de la culpabilité que je transportais depuis que je l'avais tué. Je tentais de bondir dans sa direction, lorsque qu'il disparut. Avec une violence assez surprenante, je fus totalement éjectée du monde des esprits-pas-encore-partis-chez-les-vivants. Le choc me renversa en arrière, et je me rappais salement le bras contre l'un des rochers qui se trouvaient au sommet de la colline. Rien de bien grave, pensais-je en essuyant le sang qui coulait un peu sur la terre poussiéreuse. Toute la ribambelle d'Elus que je n'avais pas pu attrapé pourraient peut-être s'en sortir à l'aide de l'autre Demie-Sage? Je n'en savais rien, mais pour le moment, Caroline, Clémence, Nicolai, Zach, Keira, Nora, Maria, Jane, Juliette, étaient morts. Et aussi...

Mon corps réagit plus vite que ma pensée, cette fois-ci. Des larmes de douleur et non pas de joie percèrent la surface de mes yeux, et coulèrent le long de mes joues, alors qu'un hoquet incontrôlable me prenait rapidement. J'eus quelques secondes pour de demander quelle était la raison de cette subite crise de pleurs, avant que la réponse ne fusse évidente, ne tenant qu'en un nom: Leo. J'avais laissé Leo mort. Je n'avais pas vu son âme, et j'étais trop focalisée sur Nicolai pour faire attention à l'ancien hôte de Cupidon. Par souci égoïste de rédemption - comme si ce truc existait, en plus - j'avais préféré essayer de sauver ma victime de la Nuit que de réserver mes forces au retour potentiel d'autres âmes des Elus morts. J'avais condamné Leo à mourir, sans revoir ses filles, sans même me laisser une chance. Je pleurais ainsi pendant un petit quart d'heure, avant de me ressaisir. Je suis une optimiste. Peut-être un peu trop émotionnelle, mais je croyais en mes capacités, et je n'allais pas partir - oui, c'était une évidence, je devais partir de cet endroit - sans... sans essayer. C'est avec un courage renouvelé que je partis en courant dans la descente qui me menait au cimetière de Booknode. Je ne pouvais pas perdre plus de temps!

Bientôt, les silhouettes familières - voire même un petit peu réconfortantes - des tombes de la petite ville de Floride (qui étaient tout de même assez nombreuses pour une aussi petite bourgade de bord de mer!) apparurent au fin fond de mon champ de vision. Sans ralentir, je passais la porte d'entrée sans même faire attention au gardien qui était entrain de rentrer dans sa loge. J'imagine qu'il devait avoir l'habitude des réactions extrêmes dans un endroit de dernier repos des habitants, mais il ne me poursuivit pas en hurlant, et je l'en remerciai par la pensée tout en continuant ma course. Enfin, après quelques rangées, je trouvais celle de Leo. Leo. C'est dingue, je ne connais même pas son nom de famille! Allons, calme-toi, Rachel! Il faut dire que mon cœur battait la chamade, aussi vite d'un train lancé à pleines vitesses, aussi vite que les ailes d'un colibri! Je tombais à genoux à côté de sa tombe fraîchement fleurie, avant de prendre une grande inspiration.

- Reviens. Je t'en prie, juste reviens. murmurais-je avant de planter mes mains dans la terre devant moi.

Je fermais les yeux pour avoir, encore une fois, plus de concentration. Allez, j'étais sûre que cela pouvait marcher deux fois. Il fallait que je le retrouve, maintenant. Je ne suis pas égoïste. Il a deux petites filles qui ont besoin d'un père au lieu d'un stupide orphelinat. Il est écrivain et illustrateur de bandes-dessinées, je suis sûre que des milliers d'enfants attendent avec impatience la suite de ses livres. Il a mon âge, c'est à dire, environ la trentaine. Il mérite de vivre plus longtemps. Et c'est avec toutes ces pensées en tête que je fermais les yeux encore plus fort, appelais mes dernières ressources de Magie, appelais Leo pour qu'il revienne, appelai tous les souvenirs que j'avais pu partagé avec lui, allant de la première rencontre avec Cupidon jusqu'à tous les moments que j'avais passé à côté de sa tombe dans le cimetière. Avec cette effort vint l'inconscience. Je perdis mes esprits pour quelques instants, aveugle en plein jour. Je veux savoir s'il est là.

***

- Et comment je suis censé sauver une demoiselle en détresse, moi? s'exclama une voix remplie d'anxiété à mes côtés.

Je sortais des vapes en quelques secondes, un sourire sur les lèvres, avant de regarder le jeune homme qui se trouvait à mes côtés. Leo me regarda en retour avec un sourire qui me fit fondre - cette fois-ci, j'en étais sûre, cet homme était parfait - avant de se redresser légèrement pour me laisser respirer. Il faut dire que j'étais allongée à côté de son ex-tombe, et qu'il s'était penché au-dessus de moi pendant que j'étais évanouie, sans doute. A ce geste précis, mon corps + mon esprit s'allièrent pour me faire réagir: hors de question qu'il s'éloigne de moi pour le moment! Je ne voulais pas qu'il disparaisse aussi vite! Et alors, sans même le prévoir véritablement à l'avance, je le crochetais à la nuque avant de me soulever un petit peu vers lui: et hop! nos lèvres entrèrent en contact tout de suite, et ce fut notre premier véritable baiser. Les papillons de mon ventre, que je n'avais senti depuis très longtemps, se mirent à battre des ailes férocement, et un frisson de plaisir me parcourut tout le corps. C'était lui. Leo Williams ( Alavirienne ) était bel et bien vivant, et j'étais bel et bien complètement accro à lui. Déjà. Le contact ne se rompit que lorsque nous commençâmes à manquer sérieusement d'air. Avec un sourire en coin, il dit:

- Et bien, je crois qu'un cimetière est un drôle d'endroit pour s'embrasser, tu ne trouves pas? demanda-t-il en haussant un sourcil.

- Au contraire! m'exclamais-je en riant avec joie.

Sur ces mots, il m'attira cette fois-ci à lui pour m'embrasser une nouvelle fois, d'abord allongé, puis assis, puis nous nous mîmes debout après au moins une quinzaine de baisers, puis nous marchâmes un peu, avant de nous embrasser encore et encore et encore et encore. Je crois que je n'ai jamais autant embrasser qui que se soit trois minutes après l'avoir "véritablement" rencontrer. J'imagine que c'est ce que l'on appelle un coup de foudre, mélangé à une dose de True Love. En tous les cas, ce fut la meilleure visite au cimetière de toute ma vie, et sans doute la meilleure journée de toute la période des Nuits Sauvages, puisqu'elles étaient finies. Evidemment, notre relation ne serait pas si simple, et il faudrait également que je surveille un peu les Elus encore vivants, ainsi que je découvre un moyen de me débarrasser de mes pouvoirs, ou du moins, de mon immortalité. Mais je penserais à tout cela une autre fois. Pour le moment, nous sommes en vie tout les deux, et bon sang, il est tellement... tellement parfait!

Un mot pour la fin?

Je l'aime.
Elsa-Vercellino

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Re: Wild Nights, Chapter three: Heartless (Fin de partie)

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Rosalina Bolivar
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Elle avait ressenti mon arrivée dans la sphère parallèle où elle se trouvait. Elle aurait pu tenter de me rejoindre, pour revivre. Mais elle, contrairement à tous les autres Elus, elle se tenait là à espérer depuis plusieurs semaines que quelque chose, quelqu'un viendrait la libérer. Au début, elle avait crié, seule dans ce froid sans fin, elle avait couru. Elle avait même eu la puissance d'esprit de penser qu'elle avait toujours un corps et qu'elle pouvait se déplacer avec. Grâce à ses yeux, elle avait pu suivre le flot des Nuits Sauvages qui continuaient leurs perpétuels jeux macabres. Puis, tout doucement, sans même qu'elle ne s'en rende compte, l'oubli, la fatigue, l'envie d'être ailleurs s'était lentement insinuée en elle. Son corps était devenu brumeux, tel un fantôme, avant que même la matière qu'elle avait eu la force d'imaginer disparaisse à son tour. Elle n'était plus qu'un amas de morceaux de son âme, qui s'effilochait au fur et à mesure des jours. Et malgré tout, elle continuait de se battre, pour ne pas se laisser aspirer dans le tourbillon de la mort.

Pas qu'elle ait forcément peur de la mort. Techniquement, elle était déjà morte une fois. Mais elle avait sans doute - au fin fond d'elle même - peur de ce qu'elle allait retrouver, de l'autre côté. Ces histoires de Paradis et d'Enfer, étaient-elles véridiques? Dans ce cas-là, elle ne savait vraiment pas de quelle côté de la balance elle se trouvait. Ou peut-être une vie parallèle? Du genre, elle pourrait se transformer en fourmis dans une nouvelle vie sur Terre? Pas terrible, hein? Et tandis que ces hésitations et ces questionnements la prenaient de toutes parts, absorbant toute son énergie, les Nuits Sauvages continuaient jusqu'à la fin, sans même qu'elle ne s'en rende vraiment compte, au final. Et puis, j'était arrivée. Rachel, c'est la Demie-Sage qui gérait ces Nuits, si elle se souvenait bien. Les souvenirs avaient tendance à partir un peu à droite et à gauche, de temps en temps. Cette Rachel - donc, moi, pour ceux qui suivent - l'avait appelé, ainsi que toutes les autres âmes mortes des Nuits Sauvages. Elle l'avait entendu, elle l'avait senti. Et pendant quelques instants, elle avait imaginé une nouvelle vie parmi les vivants... avant de se retrouver face à un mur. Quelle sorte de vie serait la sienne, si elle revivait? Servante, femme de chambre, et sans doute pas célèbre pour un sou. Cette question, s'ajoutant aux autres, la freina dans son élan vers l'ancre vers le monde vivant que je représentais à ce moment-là.

Et puis, lorsqu'elle sortit finalement de ses pensées, j'avais tout bonnement... disparu! Ou plutôt, c'était elle-même qui avait disparu. Elle ne se trouvait plus en haut de la colline, mais près de l'école. Elle erra encore dans les alentours de Booknode, se demandant encore une fois comment elle avait pu manquée une occasion pareille de revivre malgré tout. C'est à ce moment qu'elle était arrivée dans le cimetière. L'espoir s'était immatérialisée en elle, et des yeux lui permirent de voir la scène qui s'offrait à elle. Un jeune homme - qu'elle ne connaissait pas - et moi-même étions simplement entrain de s'embrasser. Et de s'embrasser. Et de s'embrasser encore. Rachel ne ferait pas attention à moi maintenant, pensa-t-elle. "Tu n'as pas répondu à ta propre question?" souffla alors un recoin de son âme. Quelle sorte de vie serait la sienne, si elle revivait? Une minute de silence radio passa dans sa tête, avant que la réponse ne devienne évidente: cette vie serait certainement aussi dure et pourrie que la précédente. Elle n'avait pas envie de se battre une nouvelle fois pour un monde aussi cruel. Alors, elle décida... de lâcher prise.

***

- Rosalina? dit une voix qui lui sembla être familière.

Elle ouvrit lentement les yeux, étonnée d'avoir à nouveau un corps en sa possession. Son véritable corps, cette fois-ci, et non pas une sorte de matière brumeuse et étrange. Elle connaissait la voix. Elle en était sûre. Ce son n'était pas oubliable, même après des années passées.

- Harry? répondit-elle, incertaine malgré tout.

Après tout, les Grands Esprits ou ce genre de conneries avaient pu décidé de lui jouer un - autre, encore - mauvais tour, même dans la mort. Mais lorsqu'elle leva finalement le regard vers l'homme qui se trouvait face à elle, elle reconnut immédiatement son amant. Mort, apparemment, tout comme elle. Elle ne savait pas si elle devait se réjouir ou plutôt en être attristée. Mais après quelques - courtes - secondes de réflexion, elle décida qu'il valait mieux s'en réjouir. Après tout, c'était la meilleure rencontre qu'elle aurait pu jamais faire dans la mort, n'est ce pas. Une pression sur l'épaule lui indiqua que la main de son ancien amant était sur son épaule. Et encore une fois, après une seconde seulement de réflexion, elle décida qu'Harry n'était pas son ancien amant du tout, mais bel et bien son amoureux, et à elle seule.

- Ca va? demanda-t-il en plongeant ses yeux dans les siens.

- Je t'aime. affirma-t-elle. Ces trois petits mots voulaient tout dire.

- Moi aussi, je t'aime, et t'aimerais toujours. clama-t-il en gardant sa main dans les siennes, alors qu'elle se prenait de remord pour Giorgia, la femme d'Harry.

- Et ta femme, Giorgia? demanda-t-elle avec de l'appréhension dans les yeux.

- Ce n'est plus ma femme. "Jusqu'à ce que la mort nous sépare", tu sais?! La mort nous a séparé, et je t'aime toi! expliqua-t-il avec détermination, avant de se mettre à genoux. Rosalina Bolivar, voudrais-tu m'épouser... pour l'éternité?

Rooh, au diable Giorgia et ses plans douteux avec son jeune jardinier. Elle aussi, elle avait le droit d'être heureuse! Elle éclata de rire tout en embrassant son fiancé - apparemment - sur les lèvres. Cela donnait un drôle de mélange baiser-rire, mais ils étaient mignons tous les deux, et très heureux, personne ne pourraient jamais en douter. Comme quoi, parfois, la mort est la plus heureuse et déterminante partie de la vie d'une personne. Si vous voyez ce que je veux dire! Mais nous avons d'autres personnes à aller voir, hop hop hop, laissons ces deux-là tranquilles, maintenant!

Farewell, Rosalina!

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Colin Haertel
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Je me réveillais d'un seul coup, au beau milieu de la nuit. Ah tiens? Non, les premiers rayons du soleil perçait à travers la fenêtre. Je jetais un regard vers le réveil: 7H15 du matin. Je n'étais pas matinale, mais les visions que j'avais eu de Rosalina avaient suffi à me réveiller complètement. Et, comme pour ajouter une couche de bonheur à ce nouveau jour sans les Nuits Sauvages, je sentis une présence rassurante dans mon dos. Enfin, dans mon dos et quasiment sur moi, à vrai dire. Leo. Leo, Leo, Leo. Je répétais sans cesse ce prénom en boucle dans mon esprit, dans ma bouche avant que le déclic se fasse subitement. Il faut que tu ailles vérifier que les autres Elus vont bien, Rachel! L'opération "sortir de les bras de son amoureux sans le réveiller" fut difficile, mais je réussis néanmoins à sortir de l'appartement sans réveiller qui que se soit. Le soleil brillait haut dans le ciel, même à cette heure-ci, et je sortais vêtue d'un simple débardeur et d'un jean pour commencer ma tournée des Elus vivants - et aussi morts, malheureusement - du précédent chapitre de ces jeux macabres. Qui étaient terminés! A cette pensée, je ne pus m'empêcher de rigoler toute seule dans la rue. Vive la liberté!

***

Il jeta un dernier regard sur le trois-pièces qui lui avait servi de "maison" durant tout le temps qu'il avait passé à Booknode. Dire qu'il avait quitté la France pour tenter de refaire sa vie, se pensant incapable de vivre plus longtemps dans ce pays qui lui avait apporté tant de souffrances, mais également tant de plaisirs... Et voilà qu'il arrivait dans ce petit coin de Floride tranquille, avant d'être embobiner dans cette histoire de Nuits Sauvages. Pas qu'il n'ait pas un esprit combatif, faut pas exagérer non plus mais il n'aimait pas spécialement être contrôler par un autre. Durant ces semaines horribles, il avait été forcé à tomber amoureux. Pas qu'il n'aime pas tomber amoureux, hein, mais il préférait simplement que se soit son propre choix, et que la fille en question soit d'accord de son côté. Et puis, de toute façon, la gamine était morte, maintenant! Il ne comprenait pas vraiment pourquoi elle ne s'était pas accroché à la vie, comme il l'avait fait? Pour lui, le choix avait été simple et rapide. Il venait juste d'arriver avec son corps en lambeaux dans cet espèce de monde parallèle, je m'étais pointée et il avait saisi l'opportunité de voyager à travers le monde et de vivre un maximum d'expériences différents le plus longtemps possible. Je trouvais que c'était un très bon choix. Il sortit sur le perron, avant de remarquer une chevelure blonde juste à côté de la voiture. Sa voiture. Et la chevelure blonde, c'est moi, au cas où vous ne l'auriez pas remarqué!

- Rachel. me salua-t-il sobrement.

- Colin. dis-je sur le même ton. Vous partez, finalement?

- Oui. Retour aux origines! répondit-il tout en balançant une de ses valises dans le coffre ouvert avec un bruit sourd.

- France, donc! devinais-je avec un sourire. L'un de mes amis habite là-bas, ça a l'air d'être un chouette pays!

- Il faut connaître pour le savoir... dit-il avec un air énigmatique.

Sur ce court échange, il retourna dans la maison. Ne restait plus que deux valises à charger dans le coffre, et les doutes étaient toujours présents dans la tête du vieil homme. Faisait-il le bon choix, de retourner en France? Après tout, il avait seulement passé moins d'un an aux Etats-Unis, et il voulait déjà rentrer dans son pays d'origine, tel un chien avec la queue entre les jambes? Non, ce n'était pas son genre. Il souffla brusquement par les narines, d'un air excédé. Bon sang, il n'était pas un lâche, il l'aurait su depuis le temps, n'est ce pas? Il avait survécu à la guerre, à ses longues années de service, et maintenant même à ces stupides Nuits Sauvages. Non, il n'était pas lâche. A ce moment précis, l'Esprit de la Louve Enchanteresse, qui avait habité le corps de Louiselotte Fourguenet ( Xail ), apparut au beau de la pièce du salon, maintenant totalement vide, ce qui provoquait une sorte d'écho lorsque les gens parlaient.

- Haertel. s'exclama l'Esprit avec une moue moqueuse entre les dents. Finalement, en vie, vieillard?

- Qu'est ce que tu me veux? demanda ledit "vieillard" avec de la haine dans les yeux.

- Juste te dire que je regrette de ne pas avoir pu goûter à ta chair filandreuse. Quel gâchis. ironisa-t-elle avec un rire que je qualifierais de démoniaque.

- Rien à foutre de ce que tu regrettes d'avoir fait ou non. marmonna-t-il d'un ton froid. Je suis toujours en vie, et tu n'es qu'un simple esprit de merde sans attache. Dégage!

Associant la parole au geste, l'homme aux cheveux presque totalement blancs sortit sa main droite de la poche où elle traînait depuis quelques minutes, les doigts en forme de pistolet. Il suffisait d'une petite présence d'esprit, et il pourrait écraser la volonté maintenant très faible de la Louve Enchanteresse, la renvoyant dans son monde vide de sens et de vie. En effet, sans l'appui d'un hôte ou au minimum une attache sur Terre, les Grands Esprits ne pouvaient pas se permettre de rester matériels durant plus de deux ou trois heures, selon leur puissance. Il pressa une gachette imaginaire, et le coup partit. Pour la troisième fois dans les dernières vingt-quatre heure, une balle percuta de plein fouet l'esprit de la louve.

- Pan. s'exclama-t-il avec un sourire vainqueur tandis que l'esprit se brisait en mille morceaux et retournait rapidement en Terres des Esprits.

Avec un léger sourire sur les lèvres - il était tellement rare de le voir sourire que je restais quelques secondes bouche bée - l'ancien résistant et militaire chargea ses dernières valises (cette fois-ci) à l'arrière de la voiture bleu. Il passa une main dans ses cheveux encore rebelles, avant de se retourner vers moi, ne sachant pas que j'avais assisté au précédent duel entre lui et la Louve Enchanteresse. Il resta quelques minutes sans parler, et je brisais finalement le silence la première.

- Vous n'être pas un lâche, Colin. Vous êtes loin, très loin de l'être. affirmais-je avec une détermination sans faille.

Il opina de la tête, avant de prendre la main que je lui avais tendu trois ou quatre secondes plutôt, avant de la serrer. Puis, il tourna lentement autour de sa voiture avant de parvenir à la portière côté conducteur, à l'avant. Il s'assit sans un mot sur le siège en cuir (décidément, il avait du talent pour choisir de belles bagnoles, n'empêche!), et mit la clé dans le contact. Il était maintenant aux alentours de 8H00 du matin. Le soleil brillait encore plus que tout à l'heure, et l'ambiance semblait idéal pour entamer le long voyage vers la France qui l'attendait. Mais, au moment où je pensais qu'il allait partir sans un mot, il se retourna vers moi dans la voiture, avant de se lancer.

- Merci, Rachel. Vous n'êtes pas une lâche, vous non plus, malgré ce que vous pourriez croire. dit-il avec une voix douce. A la prochaine!

Sur ces mots, il démarra pour de bon et très rapidement puisqu'en quelques secondes, sa voiture n'était déjà plus qu'un minuscule point sur l'autoroute Ouest qui sortait de Booknode. "A la prochaine"? Y aurait-il une prochaine fois, alors? Je l'espérais secrètement. Après tout, il était un bonhomme intéressant, sans pour autant que j'ai vraiment eu le temps de le rencontrer véritablement, malgré les plusieurs occasions que nous avions eu de nous parler. Et tandis que je continuais mon chemin vers le centre-ville de la petite ville de Floride pour retrouver les autres Elus, Colin Haertel, au volant d'un Ferrari bleu très stylé, sortait de sa poche une paire de lunette de soleil avant d'augmenter encore un peu plus la vitesse de sa voiture.

Let's go home!

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Kira Merit
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Maintenant que Colin était parti de Booknode et en route pour son pays natal, je me devais de repartir à la recherche des anciens Elus. Alalaaaa, je sentais que cette tâche me prendrait encore le reste de la journée, voire même le reste de la semaine ou qui sait, du mois? Mais une pression, ou plutôt une intuition me poussa à aller rapidement (c'est-à-dire grâce à une petite téléportation rapido-presto!) dans l'armurerie de la petite ville de Floride. J'avais bien fait. Pendant ce temps, elle venait de reprendre conscience. Ou plutôt, elle venait de reprendre vie. Elle faisait en effet anciennement parti des Elus qui avaient eu la malchance de mourir une première fois durant les Nuits Sauvages. Au début, elle ne sentit plus ses jambes, ni ses bras. C'était quelque chose qu'une personne normale aurait trouvé très étrange et effrayant, mais elle se contenta de regarder le ciel avec un calme impressionnant. Il faut dire qu'elle était le genre de femme assez silencieuse, mystérieuse et belle, ou du moins assez pour justement impressionner les autres personnes qui pouvaient la côtoyer. Les heures passèrent, et bientôt, l'église qui se trouvait là sonna 10 coups. Dix coups pour 10H, sans aucun doute possible. Cette fois-ci, elle tenta de bouger ses doigts, et y parvenu. Un peu plus confiante qu'auparavant, elle commença à mouvoir, une par une, les parties de son corps. Après avoir été autant de temps prisonnière de cette espèce de dimension brumeuse, normal de mettre un peu de temps avant de retrouver tout le contrôle.

Dix minutes plus tard, nous avions une femme aux cheveux bruns et bouclés en pleine forme, se ruant d'une petite course rapide vers la boutique la plus importante de la ville, pour elle. L'armurerie. Elle n'avait plus ses armes sur elle depuis trop longtemps, elle se sentait comme nue. Elle se sentait en danger, ne pouvant pas repousser les autres correctement sans une lame correcte. Le stress lui fit faire une petite accélération, et alors que les habitants de la ville se réveillaient doucement, elle parvenu finalement à destination. Et moi, j'étais tranquillement entrain de reposer mon épaule sur l'un des murs qui portaient le bâtiment. Elle ne parut pas vraiment surprise de me voir ici. En même temps, avec ces histoires de Loups-Garous et de Sorcière entre autre, elle ne devait plus être surprise par grand-chose.

- Bouge. grogna-t-elle, la voix rauque de ne pas avoir parler pendant des semaines.

- Avec plaisir! répondis-je d'un ton enjoué en me décalant sur la droite.

La brune me passa devant sans même un regard, et sans plus de cérémonie, défonça la porte de la boutique. Pas vraiment problématique, après tout, elle était l'armurière de la ville. Elle avait ressuscité sans ses armes, je ne vois pas pourquoi elle aurait ressuscité avec ses anciennes armes. Nouvelle vie, nouvelles armes, voilà ce qu'elle était entrain de penser. Elle se dirigea rapidement vers l'un des coffres anciens qui traînaient dans le fond de la boutique, avant de l'ouvrir également d'un coup de pied puissant. Rien ne l'intéressa à l'intérieur de la boîte. Il n'y avait que de stupides couteaux de lancers, ou encore des sabres turcs qui n'étaient vraiment pas dans son style de vie. Peut-être devrait-elle ouvrir la chambre du fond. L'ancien armurier, qui lui avait tout appris sur son métier, lui avait confié l'existence de cette salle, sans jamais pourtant lui en autoriser l'accès. Puis, l'armurier en question était mort d'une crise cardiaque, peu avant le début des Nuits. Maintenant, rien ne pouvait l'empêcher d'avancer dans cette chambre obscure, n'est ce pas? Elle s'avança vers la porte, força sur la serrure, avant de se rendre à l'évidence: l'armurier était parti pour toujours, et la clé qui ouvrait le caveau serait sans doute paumée à tout jamais.

" CLAC! "

Elle jeta un regard en arrière, tandis que le battant de la porte s'ouvrait lentement, avec un grincement digne du plus vieux grenier du monde.

- De rien. répondis-je simplement en soufflant sur ma main.

La Magie a du bon, parfois. Une esquisse de sourire apparut sur son visage, mais elle se détourna bien vite de moi pour pénétrer dans l'autre salle, maintenant libre d'accès. Seules des petites fentes de lumière s'échappait des meurtrières du mur en pierre froide. Trois coffres, petits mais beaux, se trouvaient dans ladite pièce. Elle s'avança vers le premier, qui n'était pas verrouillé, avant de l'ouvrir délicatement, presque comme s'il s'agissait de quelque chose de sacré. Quoique, pour ce que j'en sais, c'était peut-être sacré? Elle jeta un regard presque... tendre à l'objet qui trouvait dans la coffre, déposé délicatement sur un matelas de soie rouge.

- Te voilà, toi. dit-elle simplement en soupesant l'arme.

Le Masamune se trouvait maintenant entre ses doigts. Elle n'avait apparemment plus besoin de moi pour revivre. Son nouveau départ se trouvait dans cette arme, et maintenant qu'elle l'avait entre les mains, mon boulot était terminé. Je quittais silencieusement la boutique - enfin, le plus silencieusement possible, ce qui ne veut pas dire sans faire de bruit - pour la laisser se réunir avec le grand katana japonais. Il en reste d'autres, des personnes à aider!

***

- L'avion en direction de Tokyo décollera dans une demie-heure. Que les passagers du vol se dirige vers les tapis roulants pour y déposer leurs affaires. expliqua une voix sans personnalité dans le hall où elle se trouvait.

Une semaine. Il lui avait fallu deux jours pour décider de quitter Booknode. Et cinq autres pour organiser son départ vers le Japon. Alors qu'elle passait au poste de contrôle, et qu'elle montrait un permis de port d'arme qui lui permettrait de garder sa précieuse arme avec elle durant le vol (autorisation rare et dure à obtenir, mais elle l'avait eu malgré tout, assez rapidement!), elle repensa aux événements de ces derniers jours. Tout d'abord, elle avait essayé de reprendre contact avec sa famille, avec qui elle n'avait pas véritablement parlé depuis son départ de Los Angeles. Ils s'étaient peut-être montrés un petit froid avec elle lors de son départ, mais ils restaient tout de même ses parents, et elle avait eu la chance de les avoir pour apprendre la tradition des armes et de l'armurerie dans laquelle elle avait grandi. Bref, en tous les cas, Skype était maintenant son ami, puisqu'elle discutait régulièrement avec sa famille (au minimum une fois par jour, aux alentours de 20H). Des habitudes qu'elle comptait bien garder commençaient à s'installer, et elle en était assz fière. Elle pourrait enfin commencer... quelque chose!

- L'avion en direction de Tokyo est sur le point d'appareiller. Que les passagers de ce vol suivent les bandes jaunes qui mènent à la station d'embarquement. tonna la même voix que tout à l'heure.

Elle se dirigea, comme un bon nombre des personnes alors présentes dans la hall d'attente, vers l'extérieur. L'embarquement se fit sans encombre, personne ne l'empêcha de monter à bord avec l'étui qui contenait son Masamune. Apparemment, la direction avait fait passé le mot aux conducteurs de l'engin et aux hôtesses de l'air, qui ne manquèrent pas de lui proposer un verre d'eau dès qu'elle fut assise sur l'un des sièges moelleux de seconde classe, près de la fenêtre. Alors que les moteurs chauffaient et que l'avion débutait une remontée rapide de la piste de décollage, la ceinture serrée, elle fouilla un petit peu dans son sac de voyage avant d'en ressortir un livre poussiéreux. Elle l'avait trouvé dans le magasin d'un vieil antiquaire, à Booknode, le jour où elle avait d'ailleurs quitté la petite ville de Floride. Il était rempli d'anciennes histoires de guerriers japonais. Ils y en avaient des centaines, toute écrite en japonais. Elle avait essayé d'apprendre cette langue si complexe, à l'aide d'internet (oui, internet est ton ami aussi!) et n'en connaissait maintenant que les bases, mais elle pourrait se débrouiller pour rentrer dans le centre d'entraînement réputé de Kyoto pour ses techniques de combat digne des premiers samouraïs. Voilà quelle était sa voie, pour le moment.

- La voie du samouraï. souffla-t-elle toute seule avant de pouffer de rire entre ses doigts.

Dit de cette façon, cela sonnait vraiment de manière très ridicule, à son avis. Et malgré le regard étrange que lui lança son voisin, elle ne put s'empêcher de sourire pendant une dizaine de minutes, tout en regardant le paysage qui défilait lentement à la fenêtre. Car oui, maintenant, elle était dans les airs, prête à aller vivre - encore une fois - une nouvelle vie dans le fin fond du Japon. Elle ouvrit un bouquin de japonais, et commença à relire les signes qui s'y trouvaient, tentant de les mémoriser. Pas une tâche facile, sachant que la langue japonaise contenait bien plus de 2000 signes différents. Un étranger n'était généralement pas capable d'apprendre vraiment beaucoup plus de 2000 mots en japonais, au cours de sa vie, et encore s'il était bon. Même les japonais japonais ne pouvaient pas apprendre toutes les variations de leur langue au cours de leur vie. Étonnant, non?

- Hum, je pourrais vous aider, si vous voulez? proposa une voix qu'elle ne connaissait pas.

Elle leva la tête vers le jeune homme qui se trouvait en face d'elle. Les cheveux noirs, comme la plupart de ses compatriotes, et légèrement bouclés - comme elle - les yeux aussi noirs que la nuit également. Le japonais type. Le premier qu'elle rencontrait d'ailleurs. Elle se demanda quelques instants pourquoi il avait essayé de venir aux Etats-Unis avant de retourner chez lui, avant que l'inconnu ne reprenne la parole.

- Je m'appelle Sei. se présenta-t-il avec un sourire mignon. Ça veut dire "Vie", en japonais.

- Je m'appelle Kira!
dit-elle en répondant à son sourire tout en hochant la tête. Et d'accord. Je veux bien un cours particulier en japonais, sensei.

L'étranger plus si étranger que cela éclata de rire, et son voisin tourna une nouvelle fois une tête de merlan fris vers le duo que formait les deux bruns. Voilà, alors que Sei - c'est un joli prénom aussi - lui enseignait l'art de la langue japonais, Kira Merit ( Hunder ) s'envolait vers une nouvelle vie. Espérons cette fois-ci qu'elle pourrait trouver ce qu’elle y rechercher vraiment. Et même si son arme était sans doute la chose à laquelle elle tenait le plus, elle l'oublia durant le vol, coincée entre ses jambes, préférant se concentrer sur les paroles et les conseils que le japonais lui adressait. Comme quoi, elle devenait une pro dans le contact humain, non?

Sayonara.

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Allen Tyler
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Il se réveille dans une arrière-cuisine. Mais pas n'importe quelle arrière-cuisine, non Mesdames et Messieurs. C'est l'arrière-cuisine du petit restaurant où il travaillait lors des deux derniers mois, pour pouvoir subvenir aux besoins de sa sœur, Julie et à ses propres besoins. Le jeune homme se demanda pendant quelques instants pourquoi il avait atterri ici. Son hôte devait avoir un sens de l'humour très incertain pour l'abandonner ici. Ça sent le kebab. Après quelques minutes de béatitude, il reprit le contrôle de ses doigts, de ses orteils (en commençant par le plus petit) puis de la totalité de ses membres avant de se mettre debout. Maintenant, il fallait qu'il retourne chez-lui. Le plus vite possible. Après tout, sa sœur devait avoir besoin de lui! Il ne savait plus vraiment si l'Esprit qui l'avait contrôlé lui avait permis de s'occuper de Julie ou non. C'est donc avec une certaine inquiétude qu'il courut jusqu'à sa petite maison. Elle se trouvait dans le côté Nord de la ville, une petite bâtisse blanche et un peu pitoyable mais qui lui suffisait pour vivre à peu près décemment depuis deux mois, trois mois maintenant que les Nuits étaient terminées.

Trois mois... Il avait l'impression que ces trois mois, douze semaines pour être exact étaient passées dans un coup de vent. Le matin: Julie. L'après-midi: Julie. Le soir: travail. La nuit: Loup-Garou sanguinaire, apparemment. Il avait deviné la nature de son parasite au moment où les Nuits s'étaient arrêtées. Heureusement pour lui, il ne se souvenait pas vraiment des actions de son Loup durant les nuits et tant mieux, car il ne voulait pas être hanter par des souvenirs de meurtres toute sa vie. Et pourtant, inconsciemment, une partie de ce Loup-Garou s'était incrustée dans la tête de ce pauvre Élu. Après une demie-heure de marche rapide, il se trouva devant la porte de sa maison. Il tourna la clé dans la serrure en tremblant un petit peu, avant de pénétrer dans l'habitacle sombre. Les médecins avaient conseillé de ne pas la mettre trop souvent au soleil. Elle pourrait se déshydratée plus rapidement, état d'autant plus critique si elle passait quelques heures par jour seule dans le salon. Le brun regarda sa sœur, immobile dans son espèce de siège roulant sophistiqué, le visage sans expression, presque un légume depuis ces derniers mois. Comment ne pas la considérer comme un légume, après tout? Elle n'était pas dans le coma, mais elle n'en était pas loin. Pas de mouvement, pas de parole, pas de communication rien. Peut-être que quelque part dans sa tête, elle pouvait encore penser, en hurlant qu'elle voulait bouger, sortir de ce corps inutile. Voilà le tableau qui se peignit tout de suite dans sa tête lorsqu'il entra dans la pièce.

- Hey, Julie. dit-il d'un ton fatigué. J'ai survécu aux Nuits, tu sais?! Je ne suis pas mort, finalement.

Silence. Seulement le silence, qui l'entourait de plus en plus dans cette pièce noire et lourde de chaleur. Pas de réactions. D'après les docteurs, Julie n'avait pas vraiment beaucoup d'espoir quant à retrouver un jour sa mobilité. Peut-être, éventuellement, retrouverait-elle l'usage de la parole. Éventuellement. Dans cinq ans, dix ans, vingt ans mais sûrement pas maintenant, pas cette année, pas si peu de temps après le crash de l'avion et la perte de ses parents. Soudainement, la triste vérité le frappa, et il se laissa tomber sur le sol. Il avait peut-être survécu et gagné les Nuits Sauvages tandis que d'autres pourrissaient maintenant dans leurs tombes mais... mais.... au final, il n'avait pas de vie depuis le début, et même avant ces jeux cruels. A quoi ça sert, d'être en vie, si l'on est bloqué dans une situation déplaisante et désespérante? Comment s'en sortir? Une réponse là-aussi lui vint automatiquement à l'esprit: débarrasse-toi du problème. Il jeta un nouveau regard à sa sœur, avec presque de la rage dans le regard. Sa vie n'était pas une vie, et cela n'était que de SA faute! Les poings tremblant, il recula dans un coin de la pièce, ne voulant pas faire de mouvements ou de gestes d'humeur qu'il pourrait regretter par la suite. Julie ne montra pas des signes de peur. Julie n'était pas vraiment là, après tout.

***

Mon instinct m'avait guidé directement à la petite maison du quartier Nord. L'avantage, quand tu as de la Magie et de l'intuition de ton côté, tu n'es pas obligé de faire des recherches pendant deux ans avant d'atteindre ton but. Alors que je marchais tranquillement dans les rues - en sandales, il fait vraiment beau! - le nom complet du prochain Élu me revint subitement à l'esprit: Allen Tyler ( Zannen ) et un mauvais pressentiment m'étreignit le ventre. Téléportation! et me voilà devant sa maison. Ce jeune homme, c'est un ancien loup. Et à la vue de sa situation, je pense qu'une petite intervention s'impose. Il a besoin d'aide. Je rentre dans la maison en mauvais état sans même toquer ou prévenir de mon arrivée. Le jeune garçon se trouve en face de sa sœur, les poings serrés, un rictus presque féroce déformant ses traits. Ses intentions se lisent immédiatement sur son visage, et je lui frôle l'épaule doucement.

- Qu'est que TU me veux? cria-t-il en sursautant.

- T'aider, ça serait déjà pas mal. répondis-je avec un ton sarcastique.

Par Magie, je fais apparaître une seringue dans ma main gauche - oui, je suis gauchère, au fait - avant de la tendre au garçon. Il me regarde avec des yeux étonnés avant de prendre prudemment l'objet entre ses doigts. Evidemment, la seringue est remplie à ras-bord. Je psalmodie une formule que je ne connaissais pas deux secondes auparavant, et une fois la formulation terminée, je sais que mon boulot avec ce jeune homme est terminé. Une voiture, neuve, l'attend devant sa maison, avec les clés sur le contact. Un petit sac apparaît devant ses pieds: dedans, il y a un nouveau passé, un nouveau futur, un nouveau nom même. Une nouvelle vie, en somme. Je formule une nouvelle incantation: un peu partout, les traces de l'ex-loup disparaissent de la surface du globe. Il n'a plus une mère avocate, n'a plus un père qui ignore son existence, ou un beau-père médecin ou même une petite sœur tétraplégique. Non, maintenant il est libre de changer la totalité de son existence en recommençant, encore une fois, à véritablement vivre.

Je pourrais prendre le temps d'expliquer tout cela au jeune homme, mais je crois qu'il a compris. Je peux le lire dans ses yeux. Je jette un regard à la petite Julie, qui nous fixe de ses yeux vides depuis que je suis arrivée dans le salon, et je lui pose un petit bisou sur le front. Maintenant, je n'ai plus rien à faire ici. Je détourne les pas, et me dirige vers la sortie de la maison.

- Profite de ta vie, Allen. je dis avant de sortir à l'extérieur.

Sur ces bons conseils, il raffermit sa prise sur la seringue, s'avança vers sa sœur, déposa un baiser sur sa joue avant de planter l'aiguille dans son épaule et de déverser le poison dans ses veines. Deux minutes et trente-trois secondes plus tard, Julie était morte. Une heure et dix-sept minutes plus tard, Allen Tyler fuyait cette ville qu'il avait tant aimé au début, volant vers sa nouvelle vie, la radio allumée à fond.

"Et je vais fêter ce renouuuuuveauu..."

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Elsa-Vercellino

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Re: Wild Nights, Chapter three: Heartless (Fin de partie)

Message par Elsa-Vercellino »

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Carrie Senneheiser
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- Hey... Hey?! Tu vas bien? je demande en secouant les épaules de la jeune fille.

Je trouve cela un petit peu étonnant de retrouver l'une des Élues ressuscitée sur la place même de la mairie. Quoique... selon mes souvenirs, c'est bel et bien l'endroit où elle a été tuée, lors des exécutions de Jour si je me souviens bien. Bref, en tous les cas, j'espère qu'elle va se réveiller rapidement, car je ne tiens pas à attirer le regard des habitants "normaux" de Booknode sur le drôle de duo que nous formons pour le moment. Je la secoue encore un petit peu - plus fort - et finalement, après quelques minutes d'attente assez angoissante, elle ouvre enfin les yeux.

- Je... Qu'est ce que je fous ici?! dit-elle avec une voix sèche.

Pas étonnant que sa voix soit aussi rauque, après avoir passer autant de temps dans ce monde parallèle totalement vide. Elle se demande bien comment elle a pu revenir dans le monde des vivants d'ailleurs, ses derniers souvenirs remontent au jour de sa mort. Première mort. Depuis, plus rien. Elle ne sait pas si c'est normal ou non, mais elle est en tous les cas rassurée d'être de nouveau en vie! Après tout, elle avait toute une carrière politique florissante qui l'attendait depuis trop longtemps, et elle devait envisager à prendre un nouveau départ loin de Booknode. Booknode = Ville Dangereuse, voire Très Dangeureuse, hors de question de rester un mois de plus dans le coin. Pas qu'elle soit vraiment effrayée de toutes ces histoires de Nuits Sauvages ou par les Loups-Garous, mais une carrière politique évolue et se calcule sur du long terme. Genre, du très long terme. Donc autant vivre dans une ville assez calme et paisible pour s'améliorer au fil des années. Elle ne tenait pas à risquer sa vie tous les ans à cause de ces conneries de Grands Esprits! Et alors que cette pensée traversait son esp... son cerveau, elle se demanda d'où elle pouvait bien tenir toutes ces informations? Enfin, qu'importe.

- Je voudrais prendre une douche. Maintenant. continua-t-elle sans attendre ma réponse.

- Tu as de la chance, je suis de bonne humeur! clamais-je avant d'attraper son épaule et de nous téléporter dans mon appartement.

Je décidais de lui laisser un petit peu d'intimité, tout en remarquant que Leo avait déserté les lieux. Une point d'anxiété me monta tout de suite à la tête lorsque je remarquais le lit de la chambre vide. Et si il avait décidé que je n'étais qu'un coup d'un soir? Et si il avait eu peur, et qu'il était parti aussi vite que possible de Booknode? Et si il me détestait d'être une sorte de Demie-Sage à la noix? Et si il ne m'aimait pas, tout simplement? Après tout, il ne faudrait peut-être pas que je confonde Esprit aka Cupidon, et Humain aka Leo. Peut-être qu'ils ne partageaient pas les mêmes sentiments à mon égard, après tout? Toutes ces questions sans réponse me martelaient le cerveau tandis que la jeune fille regardait tout autour d'elle avec curiosité.

- Merci beaucoup! dit-elle finalement en se dirigeant vers la salle de bain.

- Hum.. De rien, mais je vais devoir te laisser, j'ai... hum, un truc à faire! m'exclamais-je en rougissant un peu.

- Et ce truc, c'est en rapport avec... ça?! demanda-t-elle en désignant le lit défait, et les "restes" de vêtements autour.

Elle rigolait franchement à présent, et je décidai de me téléporter sans approfondir la discussion. Comme si cela ne devenait pas gênant au bout d'un moment, nanmého! Elle se dirigea vers la salle de bain, et se confronta à son propre reflet dans le miroir. Avec étonnement, elle constata qu'elle avait les cheveux longs de nouveau. Largement en dessous des épaules. Lors de sa mort, ses mèches rebelles lui arrivaient seulement un tout petit peu en-dessous de ses oreilles. Étrange changement, il faudrait qu'elle s'en occupe - ou plutôt, qu'un coiffeur s'en occupe, elle était peut-être douée en politique mais certainement pas en traitement capillaire - rapidement. Le jet lui fit un bien fou - après ces... deux, trois semaines sans même avoir un corps solide? - et elle organisa au fur et à mesure que les minutes passaient, un nouveau plan pour sa nouvelle et prochaine vie.

***

Elle n'avait pas mis beaucoup de temps à quitter Booknode. En même temps, elle n'avait pas eu vraiment le temps de construire de véritable relation avec qui que se soit depuis son arrivée, elle était de nature indépendante mais surtout, tout le monde l'avait cru morte durant le mois précédent. Disons qu'elle avait eu la flemme de jouer "Le Retour du Mort-Vivant" à toutes ses anciennes connaissances, décidant qu'elle serait certainement plus bénéfique dans une autre ville. Il fallait qu'elle avance un peu plus dans sa vie. Un doctorat en économie, c'est cool, mais c'est encore mieux si il sert à quelque chose, vous ne pensez pas? Le car dans lequel elle était, à moitié somnolente durant la plus grande partie du trajet, se stoppa sur une air d'autoroute. Le chauffeur annonça que les passagers avaient le droit à une demie-heure de pause. Ses jambes ankylosées ne demandaient qu'à bouger un petit peu.

- Grblrblblblbrlb... grogna-t-elle en s'étirant sur l'air de parking.

Après un petit passage aux toilettes - bon sang, il y avait une de ces files d'attente! - et un petit passage à la cafétéria de l'air d'autoroute, elle avait commencé à explorer un peu les environs. Oui, enfin à explorer le parking, et les quelques minuscules airs de pique-nique ici et là. Rien de bien intéressant en somme, mais elle avait besoin de prendre un petit peu l'air (ça fait beaucoup de fois le mot "air" en un seul paragraphe, je trouve!). Elle remonta ensuite dans le car, environ une dizaine de minutes avant le départ. Elle laissa sa tête - maintenant, elle avait les cheveux coupés, d'ailleurs! - reposée sur la vitre - propre, je vous rassure - du véhicule. A la radio, une chanson (https://youtu.be/fRgWBN8yt_E) percuta ses oreilles. Elle était décidément arrivée à destination.

Le moteur gronda une nouvelle fois, les derniers passagers se ruant vers les sièges libres, et tout en écoutant la voix de Ray Charles, Carrie Senneheiser ( Livresaddict ) partit vers un nouveau monde, dans un nouvel état, dans une seconde vie.

Atlanta, here I come!

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Leo Williams
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Impossible de trouver le moindre gif de lui, donc deux images cadeaux!

Il s'était réveillé tout seul, dans un lit moelleux. Jetant un coup d’œil au réveil qui se trouvait là, il remarqua qu'il devait être aux alentours de dix heures du matin. Bon sang! Il avait dormi bien plus longtemps qu'il l'aurait cru. Enfin, en même temps, on ne pouvait pas vraiment dire qu'il avait passé une nuit de sommeil réparatrice. Il avait passé une nuit carrément mieux, d'ailleurs, mais n'allons pas faire des détails. J'avais déjà disparu de la chambre: avec un maigre espoir de me trouver dans les autres pièces de l'appartement malgré le silence pesant qui y régnait, il se leva du lit. Personne dans le salon, personne dans la cuisine adjacente, et à son plus grand désespoir, personne non plus dans la salle de bain. Avisant la douche, il décida tout d'abord d'en prendre une, tout en remettant de l'ordre dans ses pensées. Pour commencer, il aimait Rachel. Il m'aimait moi, ce qui est assez rassurant. Secundo, il avait passé des semaines dans un monde des fantômes étranges, et il avait l'impression d'avoir vieilli de quelques années. Tertio, il avait été Cupidon, pendant les Nuits ce qui est assez étrange en soit. Était-il tombé amoureux de moi, ou Cupidon était-il tombé amoureux de moi? C'était là le centre du problème.

- Eva et Charlie. dit-il en pensant à ses deux trésors.

Où étaient-elles allées, depuis sa mort? Sans doute dans une famille d'accueil ou à l'orphelinat de la ville, non? Ses pensées s'embrouillaient au fur et à mesure que son inquiétude pour ses filles grandissaient. Au lieu de passer la nuit ici, il aurait dû aller les retrouver, et bientôt c'est un sentiment de culpabilité qui le prit de tous les côtés. Mais bon sang, à quoi il pensait? A l'Amour, bien sûr, à la Vie! Les grands mots, en somme. Et ses petites filles, ses deux petites filles qui le croyaient probablement mort depuis des semaines. Que faudrait-il faire, maintenant? Les laisser vivre une nouvelle vie, sans lui?! Ou les bouleverser, peut-être même risquer de les traumatiser en revenant du pays des morts-vivants? Un dilemme pareil, il n'en avait pas eu depuis longtemps dans sa ville. Même décider de revenir à Booknode malgré le danger mortel imminent lui parut être un choix moins difficile à faire.

Après un quart d'heure de plus sous la douche - rien à foutre des économies d'eau pour le moment! - il s'habilla avec ses "restes" de vêtements (car disons que nous avions été assez... pressé hier, mais bon bref, walaaaaaaaaaaa!) avant de sortir de l'appartement sans même le verrouiller. En même temps, il n'avait pas - encore - les clés de la maison, donc c'était assez logique en soit! Malgré les regards étranges des passants, ses cheveux bruns décoiffés et son ventre gargouillant, il courut presque jusqu'à l'orphelinat, qui se trouvait à l'Ouest de la ville. En gros, à trois ou quatre kilomètres du centre-ville de Booknode. Peu importe... Il devait voir ses filles.

***

J'avais délaissé la jeune fille à l'appartement, bien trop inquiète pour lui pour me préoccuper de l’Élue. Et puis, elle n'avait pas besoin de moi pour prendre une douche de toute façon! J'avais jeté un rapide regard à l'ensemble de la chambre, remarquant bien qu'il avait repris ses vêtements de la veille. Réfléchis, Rachel, où aurait-il pu partir? La réponse me vint quasiment instantanément à l'esprit, je ne suis pas c*nne non plus! Ses filles. Eva et Charlie, la plus petite. Je les avais vu plusieurs fois depuis le début de ces Nuits Sauvages et encore plus depuis la mort de leur père. Et pourtant, je n'avais jamais osé m'approcher plus que cela des deux gamines. Peut-être que je n'ai pas la fibre maternelle? Parce-que maintenant que j'y pense, si je devais sortir avec lui, j'étais bel et bien obligé d'emmener les filles avec nous? Et si elles ne m'aimaient pas, après tout, elles n'avaient jamais partagé leur père avec qui que se soit, pourquoi avec moi?! Tant de questions qui me traversaient l'esprit pendant quelques secondes, avant que je ne me téléporte.

- N'utilise jamais ta Magie en étant troublée... marmonnais-je lorsque je me retrouvais sur le toit de l'hôtel où j'avais rencontré Cupidon et le Corbeau pour la première fois.

Heureusement pour moi, aucun des habitants de la petite ville de Floride ne semblait m'avoir remarquer et tant mieux, je ne tenais pas à justifier le fait que j'ai subitement "ploppé" sur le toit d'un hôtel en plein jour, et surtout, pas durant la période des Nuits Sauvages. Un deuxième essai, plus concentré, me ramena vers l'entrée de l'orphelinat. Et plus précisément, près de la clôture du petit jardin, celui que les enfants de moins de dix ans fréquentaient souvent, lorsqu'il faisait beau et qu'ils n'étaient pas à l'école, par exemple. Nous étions Samedi: donc, pas d'école. Les chevelures reconnaissables des deux petites - aussi bouclées que celle de leur père, by the way! - apparurent tout de suite dans mon champ de vision. Tandis qu'Eva sautillait gaiement - enfin, en apparence toutefois! - dans le bac à sable avec deux autres petits garçons - c'est dingue, le nombre d'orphelins dans cette foutue ville! - sa sœur, Charlie était entrain d'escalader dangereusement une sorte de pyramide-toile d'araignée, un jeu qui était sans doute réservé aux enfants un petit peu plus âgés tout de même. Je tournais la tête dans l'autre sens, lorsqu'une main se posa sur mon épaule.

- Hey. Désolé d'avoir déguerpi comme un voleur. dit-il avec une moue penaude.

- Hey. Désolée d'être partie aussi tôt, de mon côté. répondis-je sur le même ton.

Quelques secondes passèrent dans le silence, il laissait sa main sur mon épaule tout en regardant ses deux petites filles avec amour et crainte à la fois. Il était toujours aussi indécis que tout à l'heure, ne sachant pas quel choix adopté. Bon sang, et s'il faisait LE mauvais choix?! Il pourrait s'en vouloir toute sa vie! Evidemment, j'étais là pour le soutenir quoi qu'il arrive, mais une vie sans ses enfants, est-ce vraiment la même chose? Sûrement pas. Soudainement, un petit cri de panique lui parvenu aux oreilles: d'un même mouvement, nous tournâmes la tête vers l'air de jeux. Charlie semblait complètement paniquée, maintenant arrivée au sommet de la pyramide malgré sa petite taille, et ne sachant apparemment pas comment redescendre maintenant. C'est là que l'instinct paternel - et maternelle, aussi! - prend immédiatement le dessus. Le jeune homme s'avança rapidement vers le petit parc, sautant aisément par-dessus le grillage, avant de rejoindre sa fille en bas de l'installation.

- T'inquiète, Charlie, je viens te sauver! s'exclama-t-il avec un grand sourire.

Et alors qu'Eva poussait un grand cri de joie en reconnaissant son père, et que la peur de Charlie s'évanouissait aussitôt, Leo Williams ( Alavarienne ), aka le deuxième grand amour de ma vie, commença à escalader la toile d'araignée.

Je souriai.

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June Sorenson, Hayes Evangeline, Louiselotte Fourguenet et Taron Soznovsky
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Pour Nour, ton actrice/autre sur la photo est quasi-introuvable, j'ai dû écrire en arabe pour retrouver quelques images d'elle! XD
Pour Xail, j'ai pris Marie-Ann Duff pour illustrer ton perso, je trouve qu'elle colle bien si l'on enlève le côté rondelette (elle joue la mère de John Lennon, Julia Lennon dans "Nowhere Boy"!).


Il était maintenant midi tapante. Et oui, mine de rien, cela demande du temps de se préoccuper du sort des Elus encore en vie. Enfin, des anciens élus, pardon! Après avoir passer près d'une heure à l'orphelinat, en essayant de convaincre la directrice que Leo était bel et bien en vie et véritablement lui, j'avais quitté la joyeuse petite famille de nouveau réunie, pour me diriger vers les bois qui se trouvaient à l'Est (au Sud-Est, pour être précise) de la ville de Floride pour aller rejoindre les ex-loups. Cette fois-ci, aucune aide magique ne m'avait été apporté, j'avais simplement lu dans leurs messages qu'ils avaient prévu tous les quatre de se rejoindre au sommet de ladite colline, près des débris de l'avion et de l'étrange tas de rochers où j'avais ressuscité environ la moitié des joueurs des dernières Nuits. Mon pouvoir étant un peu essoufflé après toutes ces semaines de gestion de jeux mortels, je me retrouvais à grimper - à pieds, argh! - les longs chemins qui menaient jusqu'à leur lieu de rendez-vous. Midi vingt. Ils devaient probablement tous y être maintenant. Il fallait que je me dépêche et alors que cette pensée me traversait l'esprit, je redoublais l'allure.

***

Les quatre ex-loups-garous se toisaient les uns les autres. On ne pouvait pas dire que les hôtes des monstres sanguinaires avaient des points en commun. Malgré le fait qu'ils aient gagné ces Nuits Sauvages ensemble, et malgré le fait qu'ils aient formé une véritable meute, une véritable famille de loups durant les Nuits, il fallait avouer qu'ils n'étaient maintenant aux yeux des uns et des autres qu'une bande d'inconnus bizarres qui se retrouvaient au beau milieu des bois alors que chacun devrait être entrain de prendre un repas consistant en compagnie de sa famille. En tous les cas, c'était les pensées qui habitaient l'esprit de Louiselotte Fourguenet ( Xail ) qui aurait largement préféré se retrouver avec ses enfants plutôt qu'en compagnie de ces trois autres gringalets. Elle n'avait pas vraiment un naturel antipathique, d'habitude, mais ces histoires de Nuits commençaient sérieusement à la saouler. La femme rousse y avait joué deux fois, elle avait gagné deux fois! Pourquoi les Grands Esprits s'acharnaient-ils donc sur elle, encore et encore? En tous les cas, il fallait que les choses soient claires entre les quatre ex-élus.

- Nous ne formons pas une famille, compris? demanda Louiselotte d'un ton neutre aux autres.

Le seul homme du groupe, Taron Soznovsky ( Lava ), lui jeta un drôle de regard. Il n'avait jamais pensé qu'il pourrait garder quelconque contact avec aucune de ces autres personnes. Il était content d'être en vie, certes, mais il ne se souvenait pas du tout des actions et des horreurs qu'il avait pu commettre durant ces jeux débiles. Les seules choses dont il se souvenait, c'est qu'il avait réussi à devenir le Maire de cette petite ville sans - trop - d'histoire et qu'il comptait bien le rester encore longtemps. Le brun n'y avait jamais vraiment goûté auparavant, mais il faut dire qu'avoir un peu de pouvoir entre ses propres paumes était assez rassurant et carrément classe. La politique était devenue un art assez difficile à manipuler, et il se débrouillait bien pour le moment. Certes, son mandat ici serait sans doute trop court pour opérer quoi que se soit, mais pourquoi ne pas viser une plus grande ville? Il n'avait pas vraiment peur des changements, mais il ne décrocherait certainement pas de cette voie qui commençait seulement à lui plaire. Hors de question d'être emmerdé avec ces quatre là.

- Absolument pas. Je ne vous connais pas, et je ne veux pas vous connaître! s'exclama-t-il avec un ton faussement joyeux, avant de détourner les talons et de débuter la descente vers la ville.

June Sorenson ( Nagylan ) ouvrit de grands yeux devant les actions de ce grand imbécile. Toujours bloquée dans son fauteuil, elle était partie sans doute beaucoup plus tôt que les trois autres pour se retrouver ici! Ses bras étaient en compote, elle avait soif constamment et voilà que ce crétin avait le culot de se barrer au bout de deux minutes? La jeune femme ne savait pas vraiment ce qu'elle avait espéré en venant ici... Peut-être avait-elle voulu voir à quoi ressembler ses compagnons, anciens compagnons de carnage. Peut-être voulait-elle croire que la culpabilité qu'elle ressentait vis à vis de ces actions lors des Nuits Sauvages, aurait disparu ou du moins, aurait diminuée en voyant les visages des autres hôtes des Loups-Garous. C'était également la deuxième qu'elle survivait à ces jeux mortels. Par moment, elle se demandait pourquoi elle survivait et pas les autres. Pourquoi une infirme, en fauteuil roulant et avec probablement aussi peu d'avenir qu'une limace au soleil, survivait-elle tandis que les autres étaient réduis en bouillie sous les coups des crocs des monstres de la Nuit? Sans doute un tour ironique du destin, ou peut-être même un coup monté de la part des Grands Esprits. Tout ce qu'elle espérait, c'est qu'elle ne serait pas choisie une troisième fois pour ces histoires...

Mme.Fourguenet ne sembla pas vouloir prendre son temps non plus dans le coin, et après un coup d’œil aux deux jeunes femmes qui lui faisaient face, elle débuta également la descente de la colline. Ce qui ne laissait plus qu'une fille en fauteuil roulant et une muette en haut de la colline. Charmant. Pourtant, d'habitude, Hayes Evangeline ( Nour ) avait plutôt un caractère sociable et amicale, mais l'on peut affirmer que de voir les anciens hôtes des loups-garous l'avait fortement impressionné. Et puis, elle avait tout de même fini ces jeux sordides avec des membres en moins, complètement déchiquetée sur le parvis de la mairie. Si ce n'est pas un traumatisme, je peux vous demander ce que c'est. En tous les cas, même si cela faisait déjà plus de vingt-quatre que la dernière Nuit s'était achevée, et même si son corps était maintenant comme neuf, sans une seule trace de blessures sur elle, les souvenirs troublants et effrayants, eux étaient encore dans un coin de son cerveau. La jeune femme aux cheveux noirs n'avait pas prononcé un mot depuis qu'elle s'était réveillée, sous sa forme humaine et complète, dans une allée sombre du centre-ville. Elle n'osait pas. Elle n'osait plus.

- Bon, j'imagine qu'on rentre?! marmonna June avec un ton sarcastique, tout en commençant à faire tourner ses roues.

La descente ne serait pas aisée pour la jeune fille en fauteuil, et même dangereux si elle laissait échapper le contrôle. Dès les premiers mètres, elle montra une difficulté évidente à garder le contrôle de son véhicule, malgré le fait qu'elle essaye de le cacher. Les phalanges blanches de ses mains ne trompaient personne. Hayes s'avança, hésitante, n'ouvrant toujours pas la bouche et posa ses mains sur les guidons de l'appareil. Avec sa force, et celle de June additionnées, elles pouvaient à peu près manœuvrer l'engin correctement, sans risquer de partir dans une descente-de-la-mort-qui-tue-sans-doute toutes les deux secondes. Ce n'était pas grand-chose, mais au moins pouvions-nous affirmer que cette rencontre au sommet aura permis un - bien qu'infime - contact entre deux personnes qui avaient partagé leurs Nuits depuis des semaines maintenant, sans pour autant le savoir. Peut-être était-ce le début d'une amitié, de quelque chose? Ou peut-être les deux jeunes femmes se sépareraient-elles une fois en bas de la colline? Seule l'avenir pourrait nous le dire.

***

Lorsque j'arrivais en haut de cette foutue colline, elle était déserte. Personne. Je laissais sortir un soupir d'exaspération et de fatigue à la fois, tout en retirant mes sandales.

Tout ça. Pour rien.

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Alexander Hamilton
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Il avait été confronté à tout, durant sa carrière de shérif. Et plus il ressassait les souvenirs qui le hantaient toutes les nuits depuis le début de ces meurtres sans explications rationnelles, plus il devenait fou. Les enfants de la famille Hamilton avaient toujours été élevés proprement, avec de bonnes notes à l'école, un bon comportement avec les autres, faisant preuve de respect envers quiconque. C'était d'ailleurs cette manière de vivre qui avait poussé le jeune homme à devenir shérif. En fait, son destin avait été scellé le jour où il avait accepté de travailler à Booknode. Une ville maudite, où la justice n'existe pas, et où personne et surtout pas lui, ne peut partir pour tenter de réussir sa vie ailleurs. Il avait pourtant tenté de partie, deux fois. Mais la première fois, les rumeurs d'une nouvelle session des Nuits Sauvages l'avaient poussé à rester pour tenter de sauver un maximum de personnes. La deuxième fois, ces stupides femmes - oui, dont moi! - l'avaient attrapé alors qu'il roulait sur l'autoroute Ouest, droit vers le centre des Etats-Unis.

Depuis qu'il était en poste ici, il avait résolu des affaires, ramené des personnes en prison, fait des courses-poursuites démentielles dans la nuit et retrouvé quelques enfants perdus au détour d'un chemin de forêt, mais sa vie avait commencé à se détraquer il y a deux ans de cela. En effet, lorsque les Nuits Sauvages étaient revenus. La première fois, il avait essayé de se battre contre ce phénomène, de sauver ces gens, d'abattre ces putains de loups mais cela avait été vain. Personne ne peut combattre les Grands Esprits, puisque techniquement ils ne sont pas vivants. Comment se battre contre quelque chose d'immatériel et d'immortel, hein? Une année entière s'était ensuite écoulée, et le brun avait pensé pouvoir recommencer une vie normale. Les arrestations d'adolescents bourrés vers deux heures du matin à la WHB étaient les seuls événements qui avaient mis un peu d'action dans sa vie, et la corvée de la semaine était de remplir les papiers administratifs. En somme, sa vie était redevenue cool, comme elle l'avait toujours été auparavant, et il songeait même à engager un assistant lorsque cette nouvelle "saison" des Nuits étaient arrivées. Et évidemment, tout lui tombait sur la tête.

Non content de devoir supporter les meurtres des autres habitants de sa ville, il avait été choisi pour être l'un de ces foutus pions dans ce jeu macabre. Il l'avait déjà été une fois, mais sans véritablement s'en rendre compte. Là, il l'avait su au bout de quelques secondes, et ne pas savoir quel rôle il pouvait tenir durant ces Nuits Sauvages l'avait rendu fou. Il avait essayé de fuir la ville - oui, on se répète! - il avait essayé de se battre une nouvelle fois contre ces jeux, tenté de réduire cette vague de meurtres sanglants dans Booknode, sans succès encore une fois. Mais le pire, le pire dans tout ça, c'est que lui, il avait survécu! Le chef de la police, censé protéger la veuve et l'orphelin et toute la population de cette putain de ville, lui il avait survécu tandis qu'un gamin de sept ans se retrouvait mort après un coup de griffe. Car oui, l'un des pires événements de ces dernières semaines, c'est que le shérif avait tout de même retrouvé le cadavre d'un gamin dans l'une des salles de la gendarmerie. Et c'était lui - encore! - qui avait signé les papiers affirmant que la mort du gamin n'était qu'un "accident". Accident, mon c*l oui! Maintenant, il couvrait les crimes de ces conn*rds de Grands Esprits. Un peu comme un indic', mais en pire. Il se sentait sale. Il se sentait seul. Il était fatigué.

***

Une heure s'était écoulée le temps que je redescende en ville. Une autre heure s'était encore écoulée lorsque j'avais voulu prendre une douche et changer de tenue à l'appartement. Apparemment, Carrie avait décidé de partir promptement, car je ne la croisais nul part. Une fois ces préparatifs terminés, je repassais dans ma tête la liste de tous les élus. Juliette Lépine ( Coeurdeglace ) est morte. Jane Maley ( Jujuequidu04 ) de même. Nora Jones ( Happiness ) était décédée sur cette route, elle aussi. Keira Blackwood ( Elfi49 ), elle, avait au moins le mérite d'avoir une tombe. Clémence Meyers ( Lilasiris ) était déjà très âgée lors de son décès, pas étonnant qu'elle ne soit pas revenue. Caroline Duval ( Leasawayer ) enfin, avait disparu également. Qui avais-je donc oublié? Je le savais, j'avais oublié quelqu'un. Je réfléchissais tout en marchant un peu partout dans le centre-ville, avant de partir vers le Sud et de passer devant le commissariat. Et c'est ainsi que la lumière fut: commissariat = shérif = Alexander Hamilton ( Steph87 ) bien sûr! Je me ruais vers l'entrée dudit bâtiment, mes talons claquant sur les dalles blanches de l'allée centrale.

Et je dois dire que je ne m'attendais pas vraiment à tomber sur cette scène.

Une chaise au sol, un homme suspendu entrain de se tortiller dans tous les sens, et une corde suspendu au plafond. Je crois que je suis devenue blanche d'une seul coup, comme si la totalité du sang de mon cerveau se retirait instantanément. C'était assez contradictoire au visage que je trouvais en face de moi: rouge, voire même violet à cause du manque d'air. Arrête de penser, Rachel, agis! Malgré mon manque évident d'énergie à ce stade de la journée, ma main gauche vola en avant, et la corde de chanvre (et pourtant, c'est solide ces trucs-là!) se retrouva coupée nette en deux parties. Le corps parcourut de spasmes du shérif retomba violemment sur le sol, et je le vis se battre quelques instants pour essayer de récupérer quelques précieuses goulées d'air. Quant à moi, je restais encore une dizaine de secondes sous le choc, avant de me précipiter vers lui avec un air inquiet sur le visage. Pas que je l'apprécie énormément, mais je ne m'attendais tout simplement pas à le voir... à le voir tenter une suicide.

- Grblblbl... croassa-t-il en tentant de parler lorsque je vins à son encontre.

- Respire. Respire. répétais-je comme un automate. Tu veux de l'eau?!

Associant la parole aux gestes, je m'emparais vite d'une petite bouteille d'eau qui se trouvait sur le bureau à peine un mètre plus loin, j'ouvris le goulot et tandis le précieux liquide à Alexander. Sans attendre, il s'en empara avant de boire goulûment, de s'étouffer car il avait avalé de travers, de rapporter la bouteille à sa bouche, de re-boire et de finalement déposer avec précautions l'objet sur le carrelage. Le jeune homme semblait déjà reprendre quelques couleurs, était carrément moins rouge que tout à l'heure et reprenait apparemment ses esprits. En même temps, on ne doit pas avoir les idées très claires lorsque l'on essaye de se suicider. Il me trouvait chiante: c'était un fait. Mais en même temps, il se trouvait aussi stupide d'avoir tenter un suicide de cette manière. Il pensait que c'était plus discret, plus simple mais au final, cette petite minute où il avait été suspendu au-dessus du sol lui avait parut être la plus longue torture de l'univers. Plus jamais ça. Mourir, oui. Mais mourir par étouffement, non merci.

- Hum... ça va? le questionnais-je après deux ou trois secondes de silence.

- Parfaitement bien. Je veux juste mourir. répondit-il avec le ton neutre par excellence.

- Qu'est ce que tu racontes? m'écriais-je en levant les yeux au ciel. C'est le choc, tu délires encore non?!

En me voyant me démener de cette façon pour essayer de le sauver, de ramasser les pièces cassées, il comprit simplement qu'il ne pourrait pas mourir selon ses envies si je restais dans le coin. Il fallait que je parte. Et pour cela, rien de plus facile: il suffisait de caresser dans le sens du poil, comme on dit.

- Oui... Pardon. Je ne sais plus trop ce que je raconte. expliqua-t-il en passant une main dans ses cheveux. Je crois que je vais essayer de dormir.

Sur ces mots, il alla se coucher sur l'un des lits de service qui se trouvait dans un coin du bureau. Pas le summum du confort, mais c'était le seul endroit de la base de la police booknodienne où l'on pouvait véritablement s'allonger et dormir. Je me sentais un peu coupable de l'avoir oublier tout à l'heure, ainsi que d'avoir mis autant de temps à venir ici. Vous imaginez? Deux ou trois secondes de retard de ma part, et il serait sans doute mort! Il aurait suffit que l'un de mes talons se casse, qu'un enfant me rentre dedans dans la rue, que Leo m'appelle ou qu'un oiseau se prenne une fenêtre pour avoir été retardée et l'avoir laissé mourir, donc. Enfin, ce n'est pas le moment de penser à cela. Il était évident qu'il ne pouvait pas passer les prochaines heures tout seul. J'attrapais la chaise, ou plutôt le fauteuil du commissaire en chef, avant de m'installer confortablement dedans, les jambes croisées.

- Qu'est ce que tu fais?! demanda-t-il, surpris, en jetant un coup d’œil par-dessus son épaule.

- Je te veille un peu. Juste le temps que tu t'endormes. répondis-je simplement avec un petit sourire fatigué.

Il ne répondit pas. Voilà qui ne rentrait pas vraiment dans ses plans. A vrai dire, il était même un petit peu surpris que je prenne le temps de rester ici, avec lui. On ne peut pas dire qu'on s'appréciait véritablement: les rares conversations que nous avions ensemble s'étaient souvent terminées en dispute, ou tournaient en rond. La dernière fois que je l'avais croisé remontait à... à... longtemps, sans doute après l'une des exécutions de Jour, à mon avis. Quoique, ces dernières semaines, le shérif ne faisait pas vraiment son boulot. Il voulait juste mourir, et voilà que je venais contrecarrer ses plans, comme toujours! Sa colère grandissait au fur et à mesure que les minutes passaient, et au bout d'un grand quart d'heure, il décida que ce n'était plus supportable, tout simplement. Moi, j'étais entrain de commencer à m'endormir sur le fauteuil, sans même suspecter quoique se soit venant de sa part. Après encore une minute de réflexion, il décida de mettre son plan en action.

D'un bond, Alexander se retrouva debout - malgré tout, il n'avait pas perdu ces réflexes de shérif depuis tout ce temps - et j'ouvris de grands yeux surpris en le voyant aussi alerte. Avant que je ne puisse réagir, il se rua sur le bureau, et défonça littéralement le plateau en bois (certes un peu vieux) qui le recouvrait. A l'intérieur dudit tiroir, se trouvait un pistolet. Evidemment! Comment n'avais-je pas pu le voir venir. Le shérif allait s'emparer de l'arme lorsque je le bousculais de plein fouet, nous faisant tous les deux tomber par la même occasion contre les étagères qui contenaient tous les dossiers de toutes les affaires de Booknode. Il y en avait étonnement beaucoup pour une aussi petite ville d'un coin paumé de Floride. En tous les cas, je devais avouer qu'il était largement plus baraqué que moi. Une seule seconde d'innatention suffit pour me faire renverser. Alors que j'avais le dessus en le faisant chuter, il était maintenant au-dessus de moi, de la rage à l'état pur brillant dans ses pupilles sombres. Il se releva, avant de se jeter une nouvelle fois sur le pistolet, le tenant entre ses deux mains tremblantes. Je me relevai, un peu chancelante.

- Alexand... commençais-je alors qu'un début de peur me montait dans l'estomac.

- Tais-toi! cria-t-il en pointant le pistolet dans ma direction. Surtout, tais-toi, ne bouge pas, compris?

Pour montrer que j'avais compris, j'hochais la tête de haut en bas, n'osant plus faire un pas de plus dans sa direction. Je n'avais pas vraiment d'arme à porter de bras, et de toute façon, une balle de pistolet irait bien plus vite que mes mouvements, toute Demie-Sage que je sois, que je fus plutôt. Des larmes de frustration et de rage menacèrent de sortir de mes paupières, mais je le refoulais. Hors de question de montrer une quelconque faiblesse maintenant! Bon sang, j'avais réussi! Tous les Elus ramenés à la vie pouvaient reprendre une vie normale. Leo avait retrouvé ses filles. J'avais retrouvé une personne à aimer. Je commençais même à bien m'entendre avec Beth, ce qui est un comble quand on sait comment notre relation avait débuté. Et voilà que je me retrouve ici, menacée par un fou furieux qui me déteste. Putain d'ironie de merde! Je fermais les yeux.

- Je suis vraiment désolé. dit-il alors que le déclic du cran de sécurité que l'on enlève résonnait à mes oreilles.

Le coup partit, et lorsque j'ouvris les yeux, un trou béant s'épanouissait sur la tempe d'Alexander Hamilton ( Steph87 ) qui tomba au sol avec un bruit sourd.

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Elsa-Vercellino

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Re: Wild Nights, Chapter three: Heartless (Fin de partie)

Message par Elsa-Vercellino »

:idea: ANNONCE :idea:

:arrow: Voici la première partie du RP Final. Le reste viendra quand Chachou arrivera! :mrgreen:
chachouna

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Re: Wild Nights, Chapter three: Heartless (Fin de partie)

Message par chachouna »

Destiny is for all

(Beth, Zach, Jennifer et Nicolai)

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Il a mal.

Tellement mal.

Il sent les griffes sur sa peau, les crocs s’enfoncer dans sa chair. Il tente de se protéger mais est tétanisé. Il ne peut rien faire, et ça lui fait peur. Il commence à paniquer. Il ne peut pas se défendre. Il a tellement peur ! Personne pour l’aider. La douleur est intense. Puis plus rien. Les loups disparaissent, le vide se fait. Il atterrit quelque part. Il ne sait pas où. Il ne sait pas ce qui lui arrive. Il ne voit rien. Il sait juste qu’il a mal. Il a très mal. Il essaye d’appeler à l’aide mais personne ne lui répond. Il se recroqueville sur lui-même, espérant que cela va passer, qu’il va se réveiller, que tout cela serait seulement un cauchemar. Il va se réveiller dans mon lit. Alors son Papa viendra le consoler. Papa. J’ai besoin de mon Papa, supplie-t-il entre deux sanglots. Des larmes coulent le long de ses joues. Il veut sortir. Il ne comprend pas ce qui lui arrive. Aider moi ! Mais personne ne vient… pas même Papa. Où est-il ? Pourquoi il ne vient pas ? Il commence à avoir froid. Il ne sait pas depuis combien de temps il est ici. ça semble une éternité. Il veut partir. Il veut voir son Papa… S’il vous plaît. Je serais sage, promis ! Il a beau supplier, personne ne vient.


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Après l’appel de Rachel, je me mis à la tâche. Je devais moi-même m’occuper de plusieurs élus avant de pouvoir clore définitivement ces Nuits. J’avais hâte… J’avais tellement besoin de vacances ! Paris me semblait pas mal comme première destination. Ou Milan! Choix difficile… Il faudra que je demande à Rachel. Me mettant en tailleur sur mon lit, je me concentre et sonde mentalement la ville pour faire un état des lieux. Excepté la Grande place, le reste de la ville est calme et Rachel était… Rachel était en train de rattraper le temps perdu avec Léo. Avec un petit sourire, je me téléporte devant la mairie, décidée à faire le ménage une bonne fois pour toute.


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Un rai de lumière éclaire son visage. Il ferme les yeux, éblouis. Il entend des pas, des voix. Il n’arrive pas à comprendre ce qu’elle dit. Il tente de se redresser mais en vain. Il est trop affaibli. Il n’a pas mangé, bu ou dormi depuis son arrivée. Il ne sait pas depuis combien de temps il est ici. Plusieurs jours ? Des mois ? Même des années ? Il n’en a aucune idée. Il veut sortir… Il veut retrouver son Papa. Des bras le soulèvent et l’emportent. Il ne lutte pas. Il n’en a de toute façon pas la force.


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Près de la fontaine, j’observe la place heureusement déserte. Beaucoup de sang avait coulé et on pouvait encore ressentir la dureté des combats de la nuit dernière. Cela avait été un vrai carnage, des morceaux de corps humain volant à travers la place plus d’une fois. Les loups victorieux n’avaient pas fait dans la dentelle, savourant leur victoire jusqu’au bout des crocs. Un peu dégoutée, je déclenche une légère pluie pour effacer les traces de sang et fais disparaître les corps au fur et à mesure. Au bout d’une bonne heure, la place est de nouveau présentable. Personne ne pourrait deviner ce qui s’était passé la nuit dernière. J’en mettrai ma main à couper ! Satisfaite de mon travail, je m’apprête à partir lorsqu’un hurlement me fit faire un bond de deux mètres. Effrayée, je tourne sur moi-même, à la recherche de ce cri. Et c’est là que je la vis. Sur les marches de la mairie, dissimulée par la rambarde, se tenait Jennifer. Hurlant devant ce qu’il restait de ses jambes, elle tente de se redresser, éclaboussant le marbre blanc des marches. Et moi qui venais de faire le ménage ! Flûte alors ! Je me précipite vers elle et pose une main sur sa bouche pour la faire taire.

- Tais-toi ! Veux-tu alerter tout Booknode ? Des larmes coulent de ses yeux paniqués. Elle est tétanisée. Voyant que je n’allais rien en tirer dans cet état, je tente de la rassurer. Ne t’inquiète pas, je vais te redonner tes jambes. Mais pour cela, il faut que j’enlève ma main de ta bouche. Tu dois donc te taire. Sinon on va avoir des ennuis. D’accord ?

Elle acquiesce, tremblante. J’enlève donc ma main avec un grand sourire qui se transforme aussitôt en grimace quand elle se remet à crier. Ah les humains ! Que de petites natures ! Je soupire, lève les yeux aux ciels et l’assomme d’un claquement de doigt. Voilà, là j’étais tranquille. Avec mes mains, je commence à sculpter des jambes dans le vide pour en recréer magiquement. Dix minutes plus tard, j’observe le résultat : Jennifer avait deux belles nouvelles jambes. On n’aurait jamais cru que des loups lui avaient croquées les anciennes ! Fière de mon résultat, je la ranime et l’aide à se relever. Elle me saisit par les épaules toujours aussi paniquée.

- Beth ! Qu’est ce qui m’est arrivé ? C’est lui n’est-ce pas ? Mes jambes, s’écrie-t-elle devant mon air étonné !! Oh mon dieu, il m’a retrouvé ! Mais… mes jambes, hurla-t-elle en voyant ses nouvelles ! Comment c’est possible ? Qu’est ce qu’il s’est passé ? Oh mon Dieu ! Pitié, sauve-moi ! Il faut que je parte ! Il faut que je parte, sanglota-t-elle en se recroquevillant sur elle-même. Il va me tuer, il faut que je parte, répète-t-elle inlassablement entre deux sanglots.

- Jennifer… calme toi s’il te plaît.

C’est tout ce que j’arrive à dire sur le coup. Je suis complètement dépassée devant ses propos incohérents. J’ai du mal à comprendre ce qu’il lui arrive. Pourquoi me parle-t-elle de son ancien agresseur ? Vu son attitude, elle était probablement en état de choc… Je crois que j’avais lu quelque part que ça pouvait arriver à des personnes victimes d’un accident. Ils pouvaient perdre la mémoire et être complètement paniqué. Ce qui était compréhensible, vu ce qu’il lui était arrivé. Mais je ne sais pas quoi faire d’elle sur le coup. Je dois m’occuper de Zach et Nicolaï en priorité. J’avais peu de temps pour les ramener à la vie et je ne pouvais pas perdre une seconde pour lui expliquer tout ce qui s’est passé. Embêtée, je fais disparaître le sang et décide d’aller la laisser là pour aller m’occuper des garçons. Je reviendrais plus tard, en espérant qu’elle se soit calmée d’ici là.


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Elle est effrayée. Elle ne sait pas ce qui lui arrive. Elle ne sait même pas ce qui se passe, où est-elle et même qui elle est ! Son cerveau est une ardoise blanche. Une terrifiante ardoise blanche. Elle ne se souvient de plus rien. Recroquevillée sur elle-même, elle tente de se calmer pour rassembler le peu d’informations qu’elle possède encore. Il fallait qu’elle fasse de l’ordre dans sa tête. Premièrement, elle s’appelait Jennifer. Oui… Jennifer. C’est tout ce qu’elle savait d’elle. Et encore, l’information vient de l’autre fille… Beth. C’est bien son nom ? Oui. C’était Beth. Son amie. Elle l’avait protégée de cet homme, du monstre. Celui qui lui avait fait tant de mal. Elle avait tellement peur de lui ! Pourtant, elle ne se souvenait presque de rien. Seulement de son sourire machiavélique et de la douleur qu’il lui avait fait ressentir. Il est son pire cauchemar. Un cauchemar qui avait visiblement de nouveau frappé. Il lui avait coupé les jambes. Elle frissonne de dégoût en se souvenant de ses moignons. Heureusement, Beth était intervenue. Dieu merci ! Elle ne savait pas comment –et ne voulait pas trop le savoir- mais Beth lui avait donné de nouvelles jambes : Elle l’avait aidé. Cependant, il était toujours là, rôdant dans la ville, prêt à lui couper de nouveau les jambes. Et Beth était partie. Il n’y avait plus qu’une solution. Il faut qu’elle parte, qu’elle se protège. Son instinct lui martelait de partir à toute vitesse de la ville.


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Je me précipite dans la bibliothèque d’Abraham et commence les incantations. En ramenant Nicolai, j’espère faire disparaître une bonne fois pour toute cette atmosphère pesante qui régnait dans le manoir ces derniers jours, depuis la mort de mon cousin. Au bout de quelques secondes, je rouvre les yeux, agacée. Mais où était-il ? Pourquoi n’était-il pas revenu ? J’avais tout bien fais pourtant. Il y avait peut-être un problème. Je soupire et me prépare à aller Terre des Esprits, peu importe à quel point c’était dangereux. Je m’installe sur la table et prête pour y aller. Petit à petit, j’entre dans un état de transe. Je sens mon âme quitter mon corps et je me retrouve dans le palais des Grands Esprits. Je me remets debout et titube, un peu hagard après ce voyage. Je cligne des yeux, essayant de me repérer. J’étais près d’une porte de service. Il fallait que je traverse la moitié du château pour retrouver Nicolai. Je grommelle, agacée de ne pas m’être retrouvée au bon endroit. Il fallait que j’améliore mon GPS interne ! Cependant, au fil des couloirs que j’emprunte, je commence à retrouver mes marques dans le palais. Une certaine mélancolie me prend : La Terre des Esprits -et spécialement le château des Grand Esprits- était un endroit excitant. J’avais tant aimé y vivre ! On ne s'y ennuyait jamais, les Grands Esprits ayant des lubies surprenantes. Et au fur et à mesure, ils étaient devenus une seconde famille pour moi. Une famille qui pouvait me manquer de temps en temps. Mais bon ça suffit ! Je ne suis pas une nunuche, me sermonnais-je! Je chasse mes idées noires et me dirige vers le hall principal. Je dois rester concentrée et accomplir ma tâche. J’avais une mission.


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Je retrouve Nicolai en bas des grands escaliers. Assis sur une marche, il discute avec une femme vêtue d’une longue robe blanche. Je ne la connaissais pas et n’y prête pas attention. C’était probablement un Esprit arriviste qui voulait tenter d’intégrer l’élite et pensait réussir en séduisant un Farewell ! Avec un discret toussotement, je signale ma présence. Nicolai me remarque et vient à ma rencontre, assez gêné.

- Salut Beth ! Comment vas-tu ?
- C’est plutôt à toi que je devrais demander ça,
notais-je amusée devant son air. Tu es prêt à rentrer ?
- Euh comment ça ?
- Et bien retourner sur Terre, près de Calliope et Abraham. Ils attendent avec impatience ton retour. Allez viens,
m’exclamais-je sans attendre sa réponse! On y va ! Je le prends par le bras et l’entraîne dans ma suite. Mais il se fige, se retourne vers la femme, puis de nouveau vers moi. A mon plus grand étonnement, je le vois tiraillé. Il hésite.
- Non… Non. Je ne veux pas rentrer. Je suis mort. Et je suis content de mon sort, conclut-il en regardant la femme. Dis-leur que je suis désolé, qu’ils vont me manquer, et… Remercie-les de ma part, continue-t-il en se passant la main dans les cheveux, nerveux.

Je regarde avec un froncement de sourcil la femme qui retient visiblement Nicolai ici. Celle-ci, avec un léger sourire, nous observe, toujours assise sur les marches. Elle dégage une grande douceur. Une petite amie ? Non… Trop âgée. Hum… Puis je remarque qu’elle ressemble à Nicolai et je compris : c’est probablement sa mère biologique. Je prends une grande inspiration, comprenant maintenant ce qu’il ressentait. Qu’est-ce que je ne ferai pas pour ma mère ! Et je savais l’attachement de Nicolai pour la sienne. Je soupire et me frotte le front, embêtée. Je ne peux pas ramener sa mère et même si je le faisais, cela ne créerait que des complications avec Calliope et Abraham. Je le regarde, assez triste. La meilleure solution est alors de le laisser la et de respecter son souhait. Même si je comprends, cela est quand même difficile à accepter. Abraham et Calliope seront aussi blessés. Mais connaissant leur grandeur de cœur, je savais qu’ils comprendront.

- Ah… D’accord. Bonne chance Nicolai, lui dis-je en l’étreignant. Bonne chance à toi et ta mère. Il rougit et jette un regard derrière lui. J'avais donc vu juste. Sa mère se lève et lui tend la main.
- Merci. A toi aussi ! J’espère que tout va s’arranger pour toi. Au revoir Beth.
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Il court rejoindre sa mère qui l’entraîne en haut des escaliers. Il me fait un dernier petit signe de la main, puis disparaît dans les dédales du château, prêt à commencer une nouvelle vie. Enfin mort... Bref! Je me comprenais. Un peu dépitée, je récite la formule pour retourner dans mon corps, appréhendant d’annoncer la nouvelle à mon oncle et ma tante.


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Jennifer se précipite vers la voiture la plus proche. Elle tente d’ouvrir la porte, mais c’est fermé à clef. Elle saisit une pierre et brise une des vitres. Puis, à l’aide de sa veste, elle enlève les débris avant de s’asseoir sur le siège du conducteur, fébrile. Elle ne sait pas si elle sait conduire. Mais peu importe, ça doit être comme le vélo, ça ne s’oublie pas. Cependant, pas de clef. Flûte ! Elle quitte la voiture, se demandant quoi faire. Peut être que quelqu’un pourrait l’aider ? Elle va à la mairie pour chercher de l’aide. Il faut qu’elle quitte la ville au plus vite. Malheureusement, au bout de trois étages, elle constate que les bureaux sont déserts. Il était trop tôt et personne n’était encore arrivé. De retour dans le hall, Jennifer essuie les larmes qui coulent le long de ses joues. Elle ne doit pas perdre espoir, ni laisser place à la panique. Elle est plus forte que ça ! Il faut qu’elle pense de manière rationnelle. Même s’il n’y avait personne, elle peut encore trouver quelque chose d’utile. Elle se mit donc à farfouiller dans le hall, espérant tomber sur des clefs de voiture. Finalement, au bout d’une dizaine de minutes de recherche intensive, elle trouve un plan de la ville. Victorieuse, elle l’étale sur un bureau et commence à l’examiner avec attention. Le lycée, le musée… la Grande place, la mairie, énumère-t-elle en les pointant du doigt. Pas très utile ! Mais enfin, elle repère une gare à deux rues d’ici. Jennifer soupira, soulagée. Avec les 9$ qu’elle a en poche, elle va pouvoir partir. N’importe où du moment que c’était le plus loin d’ici.


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« Bonjour Zach. Bienvenue en Terre des Esprits ! » L’inconnu qui le transportait le jette brutalement à terre et quitte la pièce en fermant la porte derrière lui. Zach se retourne, effrayé. Il ne sait pas où il est et il a peur. Cependant, toutes ses craintes s’envolent lorsqu’il remarque la nourriture sur la table. Il se précipite, affamé. Un banquet trône sur la table et il y a tous les plats qu’il adore! Ravis, il commence à picorer tout en découvrant l’environnement qui l’entoure. La pièce, immense, est illuminée par une série d’immenses fenêtres accompagnées de deux énormes lustres de cristal qui descendent d’un plafond richement décoré. Au milieu, trône la grande table en bois vernis et des chaises assorties, rappelant les rideaux en velours qui encadrent les fenêtres. Il se sent un petit peu intimidé face à tant d’apparat. Ce n’est pas ce dont il a l’habitude.

« - Je vois que tout cela te plaît !

Comme un enfant pris en train de faire une bêtise, Zach rougit et cache son pignon de poulet dans son dos. Puis il recherche l’origine de la voix, celle qui lui avait parlé lors de son entrée. Il n’y avait pas trop prêté attention au début, préférant se concentrer sur le buffet. Mais visiblement, la voix avait envie de parler et lui avait envie de réponses. Zach parcoure la salle du regard et repère un homme, adossé à une fenêtre. Avec un sourire assez inquiétant, ce dernier, vêtu d’un costume italien, se redresse et s’approche de la table. Zach recule, un peu inquiet.


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- Tu peux continuer à manger ton poulet Zach. Ce festin a été préparé spécialement pour toi !
- C’est vrai ? Mais pourquoi ? Et qui êtes-vous ?
Zach s’interrompt, gêné. Si Papa était là, il lui ferait probablement les gros yeux. Zach était assez impoli en posant toutes ces questions sans montrer de reconnaissance. Mais après ce qu’il venait de vivre, il s’estimait en droit d’avoir des réponses.
- Oui car tu dois reprendre des forces pour ce qui t’attend. Et mon nom est Abraham, ravi de te rencontrer, s’exclame-t-il en me tendant la main, le tout accompagné d’un sourire assez inquiétant. Zach fronce les sourcils mais la sers quand même.
- Votre nom me dit quelque chose. Vous êtes l’oncle de Beth ?

La main d'Abraham se crispe et un éclair de fureur passe dans ses yeux. Oups ! Zach se rend compte qu’il peut-être gaffé et cet Abraham n’a pas vraiment apprécié. Zach fait une moue contrite, pour tenter de l'apaiser. Et ça marche! Abraham se calme au bout de quelques seconde.

- Non. Je te prierai de ne pas me comparer avec lui, ordonne-t-il, glacial. Pour faire simple, je suis le patron d’Elizabeth.
- Oh un créateur des Nuits Sauvages… C’est donc à cause de vous que je ne peux pas ressusciter mon Papa,
s’écria Zach en tapant du pied, furieux ? Vous pouvez m’expliquer pourquoi dîtes donc ? Pour qui vous prenez vous pour m’interdire de le faire ?

Sur le coup, Abraham semble décontenancé. Cela faisait longtemps que personne ne lui avait parlé comme ça. Il pensa punir le garçon mais comme il a besoin de lui, le Grand Esprit décide d’user du peu de patience qu’il avait. Il éclata donc de rire devant les yeux noirs que lui faisaient Zach. Stupéfait, Zach s’arrête et grommelle dans sa barbe. Alors que lui tentait de se faire prendre au sérieux, il était tourné en ridicule par un esprit mort. Il en prenait pour son grade!

- Ah Zach ta jeunesse est… rafraichissante ! Et ton obstination me plaît. Cependant tu as tort. Elizabeth pourrait très bien ressusciter ton père ! C’est seulement que ça l’embête de le faire, explique-t-il perfidement.
- Quoi ? Non c’est pas vrai ! Je peux pas vous croire...Elle m’a dit que ça lui est interdit, s'exclame le garçon sur la défensive. Mais, inexorablement, la colère monte petit à petit en Zach. Et si Beth s’était joué de lui ? Et si c'était vrai? Il avait été assez idiot pour lui faire confiance. Il croyait être son ami ! Et pourtant non. Elle l’avait trompé finalement.
- Elle t’a menti. Il est possible de le faire. Et comme tu me plais, je le ferais même pour toi si tu as envie !
- Vraiment ! Oh merci,
s’exclama-t-il en lui sautant dans les bras ! La colère laisse place -enfin un petit peu- à la joie et au soulagement. Je suis trop content ! Je vais enfin retrouver mon Papa grâce à vous ! Enfin ! Vous êtes beaucoup plus gentil que Beth !

Surpris par l’étreinte, Abraham se fige.

- Je le ferais pour toi Zach. Cependant, une telle action demandera beaucoup de sacrifices ma part. Il est donc normal que tu m’aides un peu… J’attends donc quelque chose en échange.
- Hum… D’accord ! Tout ce que vous voudrez ! Je ferais n’importe quoi pour vous !
Zach est aux anges, les yeux remplis de 1000 étoiles. Il va enfin retrouver son Papa et ne fait pas très attention à ce qu’il dit. Il retient qu’une seule chose : il va enfin réussir. Il a du mal à y croire et se mit à se pincer discrètement, priant pour ne pas se réveiller.
- Je t’en suis reconnaissant alors, continue Abraham, étonné de gagner la confiance du garçon aussi facilement. Mais avant toute chose, dis-moi : Que penses-tu d’Elizabeth ?

- Je la déteste, grogna Zach. Elle m’a menti et a refusé de m’aider ! Ce n’est pas mon amie. Mais... Mais pourquoi voulez-vous savoir, demande le garçonnet, soudain soupçonneux ? Comme Beth travaille pour cet Esprit, Zach savait qu'il devait quand même un peu se méfier. Tout cela pourrait être un piège.


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- Oh je suis simplement un peu inquiet pour elle. Tu sais, elle a eu une enfance difficile à cause de son père et... et j’ai bien peur que lui et son frère -le fameux Abraham-, recommencent à avoir une mauvaise influence sur elle, explique Abraham I sur le ton de la confidence. C’est pourtant l’une de mes sages les plus prometteuses ! Contrairement à ses proches, elle ne me pose aucun problème. Je détesterai devoir la perdre, s'exclame-t-il, assez théâtral!

- Que voulez-vous que je fasse alors ? Il faut que je tue son père et son oncle?

- Oh non! Rien de tout ça, ne t'inquiète pas. Tu dois juste la surveiller. Car...elle semble avoir eu des difficultés ces Nuits-ci. Certaines morts étaient difficiles à admettre pour elle et je détesterai qu’elle commence à remettre en cause les Nuits. Qu'elle se rebiffe. Cela serait désastreux pour elle. Tu comprends ? C’est pour ça que j’ai besoin de toi. Je veux que tu la surveilles et que tu la gardes sur le bon chemin. A la moindre incartade, il faudra que tu me préviennes. Je veux être sure qu’elle ne travaille pas pour nos ennemis.
- Je n’ai aucune envie de l’aider à rester dans le bon chemin ! Je la déteste,
asséna Zach furieux.
- Je ne te demande pas de l’aider mais de m’aider. Fais en sorte qu’elle soit une sage bien obéissante. Ensuite, tu peux faire de sa vie un enfer si tu veux, je n’en ai strictement rien à faire. Du moment qu’elle fait son travail correctement, je me fiche du reste. Il s’interrompt quelques instants, semblant réfléchir. Ah, elle est sur le point de te ressusciter. Il ne nous reste que peu de temps. Avons-nous un accord ? La vie de ton père en échange de tes services. Cela me semble plutôt équitable. Il marque une légère pause. Alors, travailles-tu pour moi ?

- Oui… Mais attendez deux minutes! J'ai loupé un épisode? Comment ça se fait que je sois mort? Qui m'a tué? Et surtout je voudrais savoir comment et pourquoi, s’exclame le garçon indigné!
Abraham regarde Zach interloqué, se demandant probablement s’il plaisantait. Mais Zach n’avait que des souvenirs confus. Il ne se souvenait que de Rachel et la douleur ressentie juste après leur rencontre. Il n’avait aucune ce qu’il lui était arrivé.
- Les loups ont décidé de te tuer. Tu étais après tout leur vilain petit canard ! Je trouve qu’ils ont bien été cléments avec toi en t'achevant. Ils t'ont juste ouvert le ventre et attaché. De mon temps, cela ne se serait pas passé comme ça. Signe ici, m’ordonne-t-il en me tendant une plume. C’est un contrat qui scelle notre accord. Et je te préviens : si jamais tu le romps, je ferai regretter à ton père de ne pas être resté mort.

Comprenant qu’il ne plaisantait pas, Zach se dépêche de signer, ne préférant pas penser aux autres conséquences possibles. Mais déjà, son corps commence à disparaître : ses mains, devenues translucides, s’évaporent dans une fumée blanche. Il a juste le temps de finir d'écrire le "h" lorsque la plume lui échappe. Il regarde Abraham, paniqué.

- Qu’est-ce qu’il m’arrive ?
- Tu es en train de revenir à la vie, lui réponds Abraham en levant les yeux au ciel, visiblement excédé. Il détestait décidément les gamins. Tout au long de leur conversation, il avait dû s'empêcher d'étrangler ce sale morveux. Et il avait bien fait! En le voyant si influençable, Abraham savait que Zach serait un excellent agent pour sa cause.
- Et pour mon père ? Il est où ???

Avant d’avoir pu entendre la réponse, Zach disparait.


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De retour au manoir, je me concentre pour récupérer Zach. Et cette fois, le sort marche. J’attire son âme hors de la terre des Esprits et le fixe de nouveau à la Terre. Je relève la tête et ouvre les yeux pour découvrir une tête furibonde devant moi. Sans un mot. Il quitte la pièce et claque la porte derrière lui.

- Tu aurais pu quand même dire merci, m’exclamais-je agacée ! Je t’ai quand même ramené à la vie. Après tout, c’est rien du tout. Tout le monde est capable de le faire, râlais-je en me téléportant à la mairie pour retrouver Jennifer.

En arrivant sur la place, je me mets à chercher la Jennifer amnésique, espérant qu'elle ne le soit plus, car lui expliquer de nouveau tout le concept des Nuits ne serait pas du gâteau! Lorsqu’on le faisait, les gens nous prenaient pour des tarés, tentaient de joindre l'hôpital psychiatrique le plus proche, d'appeler la police, de s'enfuir ou de jouer au super-héros en tentant de nous "neutraliser". Depuis, j'étais devenue méfiante. J'enfermais généralement les personnes dans des pièces vides, sans aucun moyen de communication possible et sans fenêtre.

Au bout d'une dizaine de minutes, je m'avoue vaincue: La place est vide. Agacée, je recherche son aura. Elle s’était peut-être cachée ! Cependant, impossible de la localiser dans Booknode. Je soupire, découragée. Je n’avais aucune envie de la poursuivre en dehors de la ville. Tant pis ! Elle reviendra vers moi un jour si jamais elle en a besoin. Je ne pouvais rien faire de plus pour elle. Silencieusement, je lui souhaite bonne chance puis je me dirige vers le bureau du maire. Il était temps de clore les Nuits.


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Furieux, Zach marche dans les rues de Booknode d’un pas rapide. Beth l’a ramené, mais sans son Papa. Le Grand Esprit l’a trompé lui aussi. Il traîne des pieds, furieux de s’être fait avoir à la fois par Beth et son patron. Il sent la colère monter en lui, il cherche la vengeance. De rage, il shoote dans un caillou qui atterrit dans le sable. Hum ! Etonné, il relève la tête et voit la mer. Sans s’en rendre compte, ses pas l’ont mené vers la plage. Il avait toujours aimé la plage ! Combien de fois elle avait été son refuge ! Il aimait le bruit des vagues qui l’apaisait, la douceur du sable qui le réconfortait, les dunes qui étaient son terrain de jeu ! La plage était son petit coin de paradis, un lieu sûr pour lui. Il s’écroule dans le sable, complètement vidé. La colère, la douleur et la tristesse l’avaient épuisé. Pensif, il fait couler du sable entre ses doigts, réfléchissant à ce qu’il va faire car il commence à sérieusement être à court d’idée. Et ça lui fait peur. Il aurait bien besoin d’aide. De l’aide de son papa.

- Zach ? Zach, hurle une voix d’homme !

Près de l’eau, Zach aperçoit un homme. Vêtu d’un pantalon sombre et d’une simple chemise, il s’avance vers lui, les mains en portevoix. Zach se fige, stupéfait. Il avait du mal à y croire. C’était peut-être un rêve ? Il se pince plusieurs fois, compte ses doigts et à son plus grand bonheur, il se rend compte que c’est bien la réalité.

- Papa ! Papa, hurle Zach !

Il se relève et se précipite vers son père. Arrivé à son niveau, Zach se jette dans ses bras, n’arrivant pas à y croire. Son Papa était de retour ! Le Grand Esprit avait tenu sa promesse ! Zach est heureux, chose qui ne lui est pas arrivé depuis bien trop longtemps. Mais son père l’étreint brièvement puis le repose, mettant une certaine distance entre lui et son fils. Zach contemple le visage de ce père qu’il aimait tant, émerveillé. Il remarque qu’il a les traits tirés et toujours une certaine tristesse dans les yeux. Cela le surprend –après tout on est plutôt contente lorsqu’on revit- et il se promet intérieurement de la faire disparaître.

- Papa, je suis tellement content de te voir !
- Pas moi. Zach! Comment as-tu pu me faire ça,
gronde son père !
- Mais… Mais comment ça, demande Zach, complètement perdu ? Je t’ai sauvé Papa !
- Tu crois vraiment ça ? Tu as seulement empiré la situation ! Tu es d’un tel égoïsme !
- Mais non… Je t’ai ramené à la vie. Je croyais t’aider,
s’écrie Zach, tentant de réprimer ses sanglots.
- Eh bien abstiens-toi la prochaine fois, crie son père avant de partir furieux ! Maintenant dépêche-toi, on rentre! Je veux en finir!


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Stupéfait, Zach reste figé avant de suivre son père. La tête baissée, il trottine derrière lui en tentant de dissimuler tant bien que mal les larmes qui coulent le long de ses joues. Il est un peu perdu et ne comprend pas la réaction de son papa. Papa devrait être content d’être en vie. Généralement, les humains n’apprécient pas de mourir et beaucoup voudraient vivre pour toujours ! Alors pourquoi pas Papa ? Qu’est-ce qu’il y avait de différent avec lui ? Etait-il cassé ? Tout au long du chemin menant à leur maison, il échafaude milles et une théories pour tenter de comprendre son père. Et soudain il eut une idée. Beth avait dû croiser son père et lui retourner le cerveau ! Elle avait toujours été contre le retour de son Papa. Elle avait encore dû lui mettre des bâtons dans les roues ! Il serre les poings, furieux. Elle va payer pour ça. Alors qu’il rentrait chez lui, il fit serment de la détruire... Peu importe ce qui lui couterait.


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Re: Wild Nights, Chapter three: Heartless (RP final posté)

Message par chachouna »

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Rachel, tirant sa grosse valise derrière elle, arrive dans le bureau du maire, deux cafés à la main, lunettes de soleil sur le bout du nez et son infatigable sourire au visage. Elle était comme le premier jour, joyeuse et voulant profiter de la vie. Bien que les Nuits aient laissé des marques -elles en laissaient toujours- sur son corps et son âme, Rachel avançait. C'était une combattante, note Beth en acceptant avec plaisir le café. Epuisée, Rachel s'écroule sur le fauteuil à côté d'elle.


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- Pfiou! Ces foutues Nuits sont enfin terminées! lâcha-t-elle avec soulagement avant de reprendre. New-York me manque depuis trop longtemps! On va partir là-bas pour le moment, pour vivre une vie totalement normale, et tranquille!

-Hum pas sure! Avec Léo et ses enfants, il va falloir que tu changes un petit peu ton mode de vie!


Rachel fait la moue sous mon regard amusée. Elle n'y avait pas beaucoup pensé à vrai dire! Il va falloir qu'elle en discute rapidement avec Léo si elle voulait que cette relation marche.

- Ils sont trop chous, alors je ne vais pas me plaindre! rétorqua-t-elle en sirotant son café. Enfin bref! Que comptes-tu faire?

-Partir quelques temps, voyager, découvrir de plus près le monde moderne! J'ai besoin de changer d'air, loin de Booknode et ma famille.


-Les Grands Esprits vont te laisser faire ça?


-Sachant que je n'ai pas été foudroyée, torturée ou maudite depuis que j'ai pris les billets, expliqué-je en les désignant sur le bureau, je pense que oui! En plus, je ne pars pas pour longtemps et Abraham est au cas où dans les parages.

-Si jamais tu passes par New York, viens nous voir! J'adorerais te faire découvrir Brooklyn, Manhattan ou Greenwich village! Tu savais que New-York est la meilleure ville du monde, hein? s'exclama la citadine dans l'âme.

-Je pars en Europe mais si j'ai un peu de temps, je passerai te voir avant de rentrer à Booknode. C'est promis!


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Un klakonnement interrompt notre conversation. Rachel lève les yeux au ciel, plus attendrie qu'agacée.

- Bon, il y a quelqu'un qui commence à s'impatienter, il va falloir que j'y aille! dit-elle en jetant un regard amusé à son Leo. Y-a-t-il autre chose que nous devons faire pour clôturer les Nuits, demande-t-elle en se relevant?

Je lui prends la main et nous scannons mentalement la ville. Petit à petit, les auras lumineuses des élus s'éteignent pour se fondre dans la masse des Booknautes. ça y est, c'était fini. Les élus étaient de nouveau de personnes ordinaires avec des soucis ordinaires. Je rouvre les yeux et souris à Rachel, un peu triste de la voir partir. Même si au début je ne la supportais pas, j'avais appris à la connaître. Elle était une personne incroyable, avec un grand coeur. Grâce à elle et sa façon de voir les choses, j'avais pu mieux m'intégrer au monde moderne et recentrer mes priorités. Je ne vivais plus que pour les Nuits ou mes parents. Je me rendis compte en l'étreignant qu'elle allait me manquer. Beaucoup même! Notre amitié, bien que nouvelle, était solide. Et je n’avais pas envie qu’elle s’en aille. Mais elle le devait, tant qu'elle le pouvait encore. Et j'espérais de tout mon coeur qu'elle soit heureuse dans cette nouvelle vie.

Après avoir discuté encore quelques instants et s'être promis de rester en contact, j'aide Rachel à mettre son imposante valise dans la voiture. Je fais un petit signe à Léo et aux filles, étreins une dernière fois Rachel, puis la laisse partir. Elle monte dans la voiture, qui s'ébranle direction New-York. Je la suis du regard aussi longtemps que je peux, mais elle disparaît très vite au coin d'une rue. Un peu dépitée, je reste quelques instants figée sur la place, pensive. Lorsque je sens qu'elle a franchi les limites de la ville, je me ressaisis. Je n'allais pas rester toute la journée plantée sur la Grande Place! C'était ridicule et pas mon genre. J'avais mieux à faire. Je rentre donc au manoir billets en main, pour faire ma valise.


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De retour au manoir, je m'attelle à ma tâche, ravie de ce petit tour du monde que je m'étais improvisé. Après avoir vaincu ma valise et réussi à y entasser tous mes habits, je fais le check point près de la porte d'entrée. Billets d'avion, passeport, valise, portable, argent, lunettes, crème solaire et... Un petit air de violon vient interrompre ma réflexion. Intriguée, je cherche d'où cela peut provenir. Après avoir fait toutes les pièces, je retourne dans le hall, vraiment perplexe. Mais d’où ça venait ? Je l'avais en plus déjà entendu. Mais je n'arrivais pas à m'en souvenir où et quand! J'avais la réponse sur le bout de la langue, ce qui m'agaçait fortement. Mais enfin, d'où cela peut-il venir? Calliope et Abraham étant absent, cela me rendit assez nerveuse. Je n'aime pas cet air doucereux, qui chargeait l'air, menaçant. Il y avait de la magie dans l'air, ce qui ne me plaisait pas du tout. Puis soudain, je me rappelle. Mon sang se glaça et atterrée, je me laisse glisser le long de ma porte, jetant de rage mes billets au sol. C'était Maria qui jouait. La violoncelliste élue qui avait sombré dans la folie.

Et cet air funèbre qu'elle jouait ne voulait dire qu'une chose.

Les Nuits allaient reprendre.


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valet13

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Re: Wild Nights, Chapter three: Heartless (Fin de partie)

Message par valet13 »

Joli rp', bravo!
Du coup, on pourrait imaginer que la musique de Maria revienne de temps en temps? Non? :lol: :lol:
Coeurdeglace

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Re: Wild Nights, Chapter three: Heartless (Fin de partie)

Message par Coeurdeglace »

Très bon Rp' mais je croyais qu'Elyaes était morte aussi, vu qu'on était un couple... ?
Elyaes

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Re: Wild Nights, Chapter three: Heartless (Fin de partie)

Message par Elyaes »

Coeurdeglace a écrit :Très bon Rp' mais je croyais qu'Elyaes était morte aussi, vu qu'on était un couple... ?
Je suis morte, mais j'ai demandé à ce que Colin soit ressuscité dans le RP final pour pouvoir éventuellement le réutiliser dans une prochaine édition ;)

Chachou et Elsa, merci pour le RP, il est vraiment super :3 ( Colin qui fait pan sur l'esprit de la louve et tout et tout... Aaaaaaah, joie ! :mrgreen: )
chachouna

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Re: Wild Nights, Chapter three: Heartless (Top 10+Fin de partie)

Message par chachouna »

Bien contente que ça vous plaise! ;)

En attendant, voilà le classement. Il n'y a que mes commentaires car Elsa est partie en vacances. Donc libre à elle de modifier.

Dixième place: Lilasiris

Les loups se sont méfiés de toi et de ton argumentation. Malheureusement, ils t'ont tué trop vite pour que tu nous montres tout ton talent à cette partie. Cependant, le peu que tu as montré suffit à te mettre dans le classement.

Neuvième place: Valet

Tu as eu de la chance à cette partie! Tué au tour 1 avec un rôle difficile, tu as pu reprendre la partie sous forme de loup. Et d'après ce qu'on a vu, tu as du potentiel pour devenir un extrêmement bon loup. Il faut juste que tu n'aies pas peur d'affirmer plus tes stratégies ou idées.

Huitième place: Zannen

Tu as été un des piliers de la meute quand tu étais présente. Tu as de bon raisonnement et tes actions ont contribué à la victoire des loups.
Septième place: Grenn

Au début tu n'argumentais presque pas, plaçant une phrase par-ci par-là. Cependant, à partir du milieu de la partie, tu es devenu l'un des meilleurs espoirs des villageois, et pas seulement par ton rôle. Que ça soit par ta présence ou tes raisonnements de plus en plus complets, tu étais avec Steph et Coeur la meilleure chance des villageois. Dommage que les loups aient gagné!

Sixième place:Trainn

Trainn tu n'as pas eu un rôle facile et j'en suis vraiment désolée. Cependant, tu as porté ton équipe jusqu'au bout et tu as réussi à la préserver le plus longtemps possible. Et ta chute était mémorable, même si personne n'a jamais émis l'hypothèse que tu étais l'agent double!

Cinquième place: Elyaes

Dommage que tu n'ai pas pu être trop présente à cette partie. Mais quand on a des problèmes d'ordinateurs, on a des problèmes d'ordinateurs. ;) Et peu importe, quand tu étais là, tu élaborais des stratégies pertinentes malgré le peu d'information que tu avais en tant que villageoise. Ton duo avec Coeur était surprenant, et j'espère qu'il se reformera dans une autre partie.

Quatrième place: Coeur

En plus d'être une bonne argumentatrice, tu es une bonne stratège et tes RP sont une petite merveille. C'est cette combinaison qui t'a permis de tenir aussi longtemps avec ton amoureuse Elyaes. Bravo!

Troisième place: Steph

Comme ton shérif, tu es un enquêteur dans l'âme et tes théories m'étonnent toujours. Tu t'es battu jusqu'au bout pour sauver les villageois, et cela c'est joué seulement au nombre de présent. Tu es un très bon joueur, et la troisième place te revient de droit.

Deuxième place: Paulrina

Tu ne me croyais pas lorsque je te l'ai dit et pourtant si. Tu es dans le top 3 et tu le mérites. Tout au long de la partie tu m'as envoyé un nombre incalculable de théories, d'idées et tu me posais des questions tellement improbable sur les rôles que je ne les aurais jamais envisagées. Au niveau stratégique, tu as été impressionnante, totalement dans le jeu.


Et le champion est....Ou la championne devrais-je dire...


XAÏL


Félicitations! Tu l'as largement méritée. Tu as mené les loups à la victoire avec intelligence et brio, devenant le véritable alpha de la meute dès le premier tour. Tu as faire taire les dissensions, rappeler à l'ordre, proposer des stratégies tout en te faisant passer pour une villageoise les tours nocturnes. Jamais soupçonnée, tu as menée plusieurs fois qui tu voulais à la potence et détourné les soupçons sur ton clan.
Bravo, tu as une nouvelle fois fais gagner les loups et tu rentres dans le club des double-champions!


Les loups ont donc gagné, félicitations à eux. Mais aussi bravo aux villageois qui ont vendu chèrement leur peau. Je crois que c'est la première fois qu'une partie dure aussi longtemps!



Il devrait y avoir une nouvelle partie en septembre, avec Leasawayer aux commandes. A bientôt!
Dernière modification par chachouna le sam. 25 juil., 2015 12:01 pm, modifié 1 fois.
valet13

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Re: Wild Nights, Chapter three: Heartless (Fin de partie)

Message par valet13 »

Moi je dis, dans 8 parties je suis premier! :ugeek: :ugeek: :lol: :lol:
Il est vrai qu'être loup m'a passionné, mais j'aurais préféré garder mon rôle longtemps (le premier que j'ai eu), être 100 inno est mieux pour créer des stratégies pour moi en tout cas :lol: :lol:
Bref, je m'en fiche, je sais que je saurais premier dans 8 parties XD
Zannen

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Re: Wild Nights, Chapter three: Heartless (Fin de partie)

Message par Zannen »

Mais je suis 8ème ? :shock: Vous savez à quel point j'aime le chiffre 8 ? Le seul chiffre symétrique :lol:
Sinon joli rp, et j'ai beaucoup aimé la fin de mon perso :D
BeeJu

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Re: Wild Nights, Chapter three: Heartless (Fin de partie)

Message par BeeJu »

Pour mes premières Nuits Sauvages sur booknode j'aurais tellement aimée survivre plus longtemps, c'est bien dommage. Mais ca ne m'aura pas empêchée de suivre le reste de l'aventure.
Un grand Bravo au gagnant de cette partie !

Bon la prochain fois je veux plus êtres Joueur de Flûte c'est trop dur d'y survivre xD
Xail

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Re: Wild Nights, Chapter three: Heartless (Fin de partie)

Message par Xail »

Oooooh ben merci beaucoup, je ne m'y attendais pas du tout ! :o J'ai juste l'impression d'avoir passé mon temps à gueuler sur les Loups parce que personne ne voulait la même chose x) Mais bon, c'est bien qu'on y soit quand même arrivé ! (On a souvent perdu espoir puis on pensait être sûrs de gagner puis on perdait espoir puis... xD )
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Re: Wild Nights, Chapter three: Heartless (Fin de partie)

Message par Elsa-Vercellino »

@Tout le monde: Hello! :roll: Je ne fais que passer (repars dès demain!) mais je tiens à dire que le Top Ten est parfait, Chachou ainsi que ton RP Final! :mrgreen: J'espère que toutes les fins vous ont plu, également et que la prochaine partie sera cool (et un peu plus courte, aussi! :twisted: ).
Coeurdeglace

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Re: Wild Nights, Chapter three: Heartless (Fin de partie)

Message par Coeurdeglace »

Merci beaucoup ! :o
Bravo Xaïl, tu le méritais ! ;)
mattmattou

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Re: Wild Nights, Chapter three: Heartless (Fin de partie)

Message par mattmattou »

http://booknode.com/forum/viewtopic.php ... #p16607893

Voici le lien de la toute nouvelle partie ;)
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