RP Final
" Rachel is everywhere! "
Les Nuits étaient terminées. Bon sang, cette phrase tournait dans ma tête encore et encore et encore. Et à chaque fois, je me retrouvais encore plus contente que la précédente. C'est donc depuis quelques heures que les habitants de Booknode - qui n'avaient rien vu du carnage de la Nuit précédente, évidemment - pouvaient voir une Rachel totalement rayonnante qui se baladait dans les rues du centre-ville. La vie est belle! Une vingtaine de morts, ce n'est pas si grave, la moitié n'était que des étrangers à la ville, qui n'avait pas eu le temps de se créer des relations! Bon ça, c'était vraiment très méchant, mais rien ne pourrait entacher mon optimisme du jour, du moins pour le moment, et ce ne serait sûrement pas les morts des Elus qui pourraient me faire pleurer maintenant. J'ai déjà donné assez dans ma vie, merci beaucoup! J'arrivais devant le manoir Farewell, après deux ou trois heures de déambulation totalement contrôlé - par moi-même, haha, f*ck les Grands Esprits! - et une idée fit tilte dans ma tête. Manoir des Farewells = Beth Farewell = Demie-Sage = Pouvoirs ultra-puissants = On peut ressusciter les victimes des Nuits! Ou du moins, celles qui accepteraient de retourner dans le monde des vivants. Voilà une belle façon d'occuper mon après-midi, vous ne croyez pas? Je prenais mon téléphone portable (*** et oui, ça existait aussi dans une époque aussi reculée que les années 2000! ***), avant de taper le numéro de ma partenaire de Nuits. Quoique, quand j'y repense, j'aurais pu la contacter par télépathie, n'est ce pas?!
- Hey, Beth! dis-je avec un ton joyeux. Alors, on commence à la ressusciter, cette belle brochette d'Elus décédés? continuais-je sans me rendre compte que cela devait sonner légèrement psychopathe pour certains.
- J'en prends quelques uns! répondit-elle du tact au tact. Et pas la peine de gueuler aussi fort dans le combiné, mes tympans te remercient.
- Envoie mes excuses sincères à tes tympans! m'exclamais-je avec un sourire jusqu'aux oreilles.
- Ha. Ha. Très. Drôle. ironisa-t-elle avant de me raccrocher au nez.
Une pression mentale m'informa de ladite liste d'Elus dont je devais m'occuper dans les plus brefs délais. Un après-midi entier devrait suffire à tous les réanimer, je pense. Je me dirigeais rapidement vers le sommet de la colline qui surplombait toute la ville de Booknode. Les décombres d'un avions se trouvait encore ici, ainsi que des restes d'ossements un peu étranges (*** feat Damien/David! ***) qui se mélangeaient pourtant joliment avec des fleurs jaunes, rouges et violettes. Je poussais un soupir de plaisir: tout était tellement mieux en été. D'ailleurs, le mois de Mai n'était-il pas terminé maintenant? Enfin, concentrons-nous sur la date d'aujourd'hui un autre jour, d'accord? J'avais une petite tâche à effectuer maintenant. Ce n'est pas une mince affaire, mais contrairement à la fois où j'avais été incapable de me soigner et où je m'étais stupidement vidée de mon sang, je sus absolument quoi faire et quand le faire. C'est pourquoi je dus m'asseoir en tailleur sur le sol terreux de ce sommet de colline, avant de fermer les yeux et de laisser les Nuits Sauvages, les Elus et ma Magie s'introduire complètement en moi.
Pour commencer, ma Magie fut la plus rapide à venir. C'était tout à fait logique et normale, puisqu'elle m'appartenait complètement, même les Grands Esprits ne pouvaient pas me la retirer sans mon accord (enfin, je crois!). Des picotements semblables à de petites grattouilles me parcoururent la peau en me donnant des frissons. Première étape: fait. Ensuite, les souvenirs des Nuits Sauvages rentrèrent en moi dans un flot douloureux. La bataille sanglante la Nuit dernière, les coups de feu de Colin, puis la mort choquante du petit Zach, la fuite du Shérif Hamilton échouée hors de la ville, l'arrestation organisée puis le meurtre préméditée de Nora Jones - auquel j'avais pris plaisir bien malgré moi - le chat mélodieux du violon de Maria pendant des jours et des jours, le labyrinthe de pièges que Caroline nous avait préparé, le repas de chair humaine, la transformation de Taron en Louve, la mort horrible de mon cousin trèèèèèès éloigné Nicolai, contre laquelle je n'avais rien pu faire... Tout ça se déversa lentement en moi comme une rivière de lave en fusion. Deuxième étape: fait. Maintenant, il me fallait retrouver les Elus. Je pouvais sentir la présence de certains... Mais pas tous. Pourquoi? " Parce-qu'ils ont déjà choisi de partir... " me souffla une voix inconnue dans le fin fond de ma main.
Tels les fantômes qu'ils étaient maintenant, je n'arrivais qu'à effleurer des bouts de leurs "corps" ou de la matière dont ils étaient maintenant faits. Je ne pouvais pas les attraper, rentrer en contact avec eux. Certains finiraient pas disparaître complètement vers un monde meilleur. Ou pas. Quel est l'intérêt de vivre dans un monde meilleur si l'on a pas encore connu le véritable monde? Il faut que j'y aille encore plus. Allez! Il manque forcément un ingrédient, non? " La confiance. L'attache. " souffla encore une fois la Voix. L'attache? Étais-je obligée de connaître ces personnes pour pouvoir les ramener à la réalité, à la vie? Je n'avais pas passé beaucoup de temps avec eux, j'en avais peur. J'avais sans doute quelques informations sur quelques uns des Elus, mais pas grand-chose. Mon esprit pourtant pas très scientifique se mit à raisonner de cette façon. Question: puis-je tous les ramener à la vie? Réponse: non, certains sont d'ailleurs déjà morts pour de bon et disparus. Question: pourquoi ne puis-je pas ramener tous ceux que je peux encore "toucher"? Réponse: tu es issue d'une branche très éloignée de la famille Farewell, tu n'es pas aussi puissante. Question: Beth le pourra? Réponse: Beth est une Demie-Sage, elle pourra en ramener quelques uns, tout comme toi. Question: comment les attraper? Réponse: fais-toi confiance et dis-leur la raison de ta venue. Okay. Très bien. Soit.
- Je veux vous ramener dans le monde des vivants. dis-je à haute voix, faussement seule dans cette clairière-sommet.
Certains de ces "masses" blanches et brumeuses que je pouvais aperce"voir" s'arrêtèrent un instant de flotter dans cette dimension parallèle d'entre vie et mort. De subtiles bouts de personnalités refirent surface pendant quelques instants, ressortant du cocon de tristesse qui s'étaient peu à peu tissé autour d'elles. L'espoir. Certaines âmes avaient encore de l'espoir. Celles-ci, je pourrais les atteindre. Les autres continuèrent leur chemin sans même "détourner" la "tête" ou quoi que se soit d'autre. Sans espoir, donc, sans retour. Je ne pouvais pas faire grand-chose pour elles. Ces Elus devraient rejoindre la Terre des Esprits - ou autre, qui peut vraiment affirmer connaître le monde post-mortem? - dans de brefs délais, puisqu'ils n'avaient plus rien à faire sur la Terre Tout Court. Alors que cette pensée me traversait l'esprit, une vive lueur blanche m'éblouit, alors que l'âme de Rosalina Bolivar ( Mattmattou ) partait pour un monde meilleur. Avait-elle de l'espoir dans la mort? Peut-être pour retrouver une personne, refaire sa vie? Je secouais ma tête de gauche à droite: allons, Rachel, concentre-toi et ramène-moi tous ces Esprits en perdition si tu ne les aides pas.
Tendant une main dans le vide, je frôlais l'âme de Kira Merit ( Hunder ) qui semblait plus motivée que jamais à l'idée de vivre à nouveau.
Mon épaule entrait en contact avec Carrie Senneheiser ( Livresaddict ), qui s'évapora à son tour dans le monde réel.
Colin Haertel ( Elyaes ) se précipita dans mon ventre - enfin, je le percevais comme ça - le vieil homme à la vie pourtant déjà bien rempli voulant à tout prix retourner vers la vie. J'aime bien ce genre de personnalité.
Je sentais que, bientôt, mes forces deviendraient des ressources très limitées. Il serait impossible d'emmener plus d'âmes avec moi.
- Venez! suppliais-je aux Elus encore là. Vivez.
C'est alors qu'une forme familière apparut dans ma vision parallèle. Nicolai Farewell ( Paulrina ) se trouvait à quelques mètres de moi. Il fallait simplement qu'il me touche. Il hésitait. Une partie de moi-même voulait également se débarrasser de la culpabilité que je transportais depuis que je l'avais tué. Je tentais de bondir dans sa direction, lorsque qu'il disparut. Avec une violence assez surprenante, je fus totalement éjectée du monde des esprits-pas-encore-partis-chez-les-vivants. Le choc me renversa en arrière, et je me rappais salement le bras contre l'un des rochers qui se trouvaient au sommet de la colline. Rien de bien grave, pensais-je en essuyant le sang qui coulait un peu sur la terre poussiéreuse. Toute la ribambelle d'Elus que je n'avais pas pu attrapé pourraient peut-être s'en sortir à l'aide de l'autre Demie-Sage? Je n'en savais rien, mais pour le moment, Caroline, Clémence, Nicolai, Zach, Keira, Nora, Maria, Jane, Juliette, étaient morts. Et aussi...
Mon corps réagit plus vite que ma pensée, cette fois-ci. Des larmes de douleur et non pas de joie percèrent la surface de mes yeux, et coulèrent le long de mes joues, alors qu'un hoquet incontrôlable me prenait rapidement. J'eus quelques secondes pour de demander quelle était la raison de cette subite crise de pleurs, avant que la réponse ne fusse évidente, ne tenant qu'en un nom: Leo. J'avais laissé Leo mort. Je n'avais pas vu son âme, et j'étais trop focalisée sur Nicolai pour faire attention à l'ancien hôte de Cupidon. Par souci égoïste de rédemption - comme si ce truc existait, en plus - j'avais préféré essayer de sauver ma victime de la Nuit que de réserver mes forces au retour potentiel d'autres âmes des Elus morts. J'avais condamné Leo à mourir, sans revoir ses filles, sans même me laisser une chance. Je pleurais ainsi pendant un petit quart d'heure, avant de me ressaisir. Je suis une optimiste. Peut-être un peu trop émotionnelle, mais je croyais en mes capacités, et je n'allais pas partir - oui, c'était une évidence, je devais partir de cet endroit - sans... sans essayer. C'est avec un courage renouvelé que je partis en courant dans la descente qui me menait au cimetière de Booknode. Je ne pouvais pas perdre plus de temps!
Bientôt, les silhouettes familières - voire même un petit peu réconfortantes - des tombes de la petite ville de Floride (qui étaient tout de même assez nombreuses pour une aussi petite bourgade de bord de mer!) apparurent au fin fond de mon champ de vision. Sans ralentir, je passais la porte d'entrée sans même faire attention au gardien qui était entrain de rentrer dans sa loge. J'imagine qu'il devait avoir l'habitude des réactions extrêmes dans un endroit de dernier repos des habitants, mais il ne me poursuivit pas en hurlant, et je l'en remerciai par la pensée tout en continuant ma course. Enfin, après quelques rangées, je trouvais celle de Leo. Leo. C'est dingue, je ne connais même pas son nom de famille! Allons, calme-toi, Rachel! Il faut dire que mon cœur battait la chamade, aussi vite d'un train lancé à pleines vitesses, aussi vite que les ailes d'un colibri! Je tombais à genoux à côté de sa tombe fraîchement fleurie, avant de prendre une grande inspiration.
- Reviens. Je t'en prie, juste reviens. murmurais-je avant de planter mes mains dans la terre devant moi.
Je fermais les yeux pour avoir, encore une fois, plus de concentration. Allez, j'étais sûre que cela pouvait marcher deux fois. Il fallait que je le retrouve, maintenant. Je ne suis pas égoïste. Il a deux petites filles qui ont besoin d'un père au lieu d'un stupide orphelinat. Il est écrivain et illustrateur de bandes-dessinées, je suis sûre que des milliers d'enfants attendent avec impatience la suite de ses livres. Il a mon âge, c'est à dire, environ la trentaine. Il mérite de vivre plus longtemps. Et c'est avec toutes ces pensées en tête que je fermais les yeux encore plus fort, appelais mes dernières ressources de Magie, appelais Leo pour qu'il revienne, appelai tous les souvenirs que j'avais pu partagé avec lui, allant de la première rencontre avec Cupidon jusqu'à tous les moments que j'avais passé à côté de sa tombe dans le cimetière. Avec cette effort vint l'inconscience. Je perdis mes esprits pour quelques instants, aveugle en plein jour. Je veux savoir s'il est là.
***
- Et comment je suis censé sauver une demoiselle en détresse, moi? s'exclama une voix remplie d'anxiété à mes côtés.
Je sortais des vapes en quelques secondes, un sourire sur les lèvres, avant de regarder le jeune homme qui se trouvait à mes côtés. Leo me regarda en retour avec un sourire qui me fit fondre - cette fois-ci, j'en étais sûre, cet homme était parfait - avant de se redresser légèrement pour me laisser respirer. Il faut dire que j'étais allongée à côté de son ex-tombe, et qu'il s'était penché au-dessus de moi pendant que j'étais évanouie, sans doute. A ce geste précis, mon corps + mon esprit s'allièrent pour me faire réagir: hors de question qu'il s'éloigne de moi pour le moment! Je ne voulais pas qu'il disparaisse aussi vite! Et alors, sans même le prévoir véritablement à l'avance, je le crochetais à la nuque avant de me soulever un petit peu vers lui: et hop! nos lèvres entrèrent en contact tout de suite, et ce fut notre premier véritable baiser. Les papillons de mon ventre, que je n'avais senti depuis très longtemps, se mirent à battre des ailes férocement, et un frisson de plaisir me parcourut tout le corps. C'était lui. Leo Williams ( Alavirienne ) était bel et bien vivant, et j'étais bel et bien complètement accro à lui. Déjà. Le contact ne se rompit que lorsque nous commençâmes à manquer sérieusement d'air. Avec un sourire en coin, il dit:
- Et bien, je crois qu'un cimetière est un drôle d'endroit pour s'embrasser, tu ne trouves pas? demanda-t-il en haussant un sourcil.
- Au contraire! m'exclamais-je en riant avec joie.
Sur ces mots, il m'attira cette fois-ci à lui pour m'embrasser une nouvelle fois, d'abord allongé, puis assis, puis nous nous mîmes debout après au moins une quinzaine de baisers, puis nous marchâmes un peu, avant de nous embrasser encore et encore et encore et encore. Je crois que je n'ai jamais autant embrasser qui que se soit trois minutes après l'avoir "véritablement" rencontrer. J'imagine que c'est ce que l'on appelle un coup de foudre, mélangé à une dose de True Love. En tous les cas, ce fut la meilleure visite au cimetière de toute ma vie, et sans doute la meilleure journée de toute la période des Nuits Sauvages, puisqu'elles étaient finies. Evidemment, notre relation ne serait pas si simple, et il faudrait également que je surveille un peu les Elus encore vivants, ainsi que je découvre un moyen de me débarrasser de mes pouvoirs, ou du moins, de mon immortalité. Mais je penserais à tout cela une autre fois. Pour le moment, nous sommes en vie tout les deux, et bon sang, il est tellement... tellement parfait!
Un mot pour la fin?
Je l'aime.