Nouveau départ [Nés à Minuit]

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Lea-Luttringer

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Lea-Luttringer »

Tu pourras me prévenir au prochain chapitre ? (:
Mimie99

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Mimie99 »

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Chapitre 10



Je me tournai lentement pour regarder l’homme qui se trouvait juste à côté de moi. Ethan en fit autant et demanda :
- Qu’est-ce que tu fais?
L’homme ne sembla aucunement prêter attention à nous et n’avait d’yeux que pour la femme. Comme cette dernière tardait à répondre j’en profitai pour scruter le nouveau venu. Il était assez grand, ne semblait pas trop âgé peut-être entre trente-cinq et quarante ans… Des cheveux d’un noir d’encre et des yeux gris-bleu, accompagné d’une peau plutôt pêche. Le plus étrange dans tout ça c’est qu’il me semblait le connaître.
- Cela ne vous regarde pas, trancha la sorcière au bout d’un moment.
- Bien sûr que si, rétorqua-t-il avec juste assez de suffisance pour être provocateur.
- Et comment cela le pourrait-il? Demanda la femme en redressant le menton.
- Cette adolescente sort avec celui dont j’ai la garde. Alors je crois que cela me regarde.
- Vous n’êtes pas son père, répliqua la mère de Miranda.
Je vis un éclair de colère traverser les yeux de l’homme avec une petite lueur de souffrance, mais il la cacha rapidement pour grogner :
- Vous devriez faire attention, ma chère. Un accident est si vite arrivé…
- Est-ce une menace? S’enquit son interlocutrice.
- Non. Seulement la triste et banale vérité. Suivie d’une promesse, même si pour ce faire je dois donner le fardeau du deuil à votre charmante jeune fille, qui malgré le traitement que vous lui témoignez, vous aime quand même.
La femme déglutit et détourna finalement le regard pour poser ses yeux sur Miranda. Pour une fois je pense qu’elle la remarqua telle qu’elle était et non pas comment elle aurait voulu qu’elle soit. Les yeux de mon amie sorcière se remplirent de larme et alors que j’aurais voulu rester on m’empoigna par le coude pour m’éloigner plus loin. D’un coup d’œil je me rendis compte que c’était George, le tuteur d’Ethan qui me retenait ainsi. Je me dégageai alors avec un léger grognement et la main disparue. Je sentais le regard de mon petit-ami posé sur moi, mais je me contentai de suivre l’homme qui avait apparemment décidé que nous devions le suivre. C’est ainsi que nous sortîmes à l’extérieur et que l’on se dirigea vers le bois. Une fois caché à la vue de tous, le dénommé George se tourna vers moi et dit :
- Alors tu es Maria Lacroix? Celle qui a pris le cœur de celui que j’ai pris sous ma protection.
Je vins pour affirmer que je n’étais pas vraiment une Lacroix lorsque je me fis la réflexion qu’il devait se moquer royalement de ce genre de détails. Je me contentai alors de hocher la tête. Je le surpris alors à humer l’air et au moment où ses yeux se posèrent sur moi avec une légère violence j’eus l’impression qu’il savait que je cachais quelque chose. Ethan nous regardait tour à tour sans comprendre. Pourtant au bout d’une minute il détourna les yeux et soupira longuement. Je vis l’ombre d’une émotion forte dans son regard. La tristesse. Pourtant elle s’effaça rapidement lorsqu’il demanda :
- Pourquoi cherchais-tu des ennuis avec cette sorcière?
- C’est la mère d’une de mes amies. Je voyais que cette dernière n’était pas dans son assiette et je lui avais promis de l’aider, expliquai-je sans trembler de la voix. C’est ce que j’ai fait, conclus-je.
Un autre silence s’éternisa et finalement Ethan lâcha :
- Je suis content que tu aies pu faire le déplacement, George.
- Oui, moi aussi, répondit le tuteur en me dévisageant encore.
- Bon… Sans vouloir vous offenser, Monsieur… Je crois que je vais vous laisser entre vous… Je suis en… Enfin, j’ai des choses importantes à régler.
- Vos parents ne sont pas venus? S’enquit-il, surpris.
Je sentis la douleur monter dans ma gorge comme une flèche, les larmes me montèrent aux yeux, mais je les refoulai rapidement pour dire :
- Ils ne vivent pas par ici. Pas même au pays.
Ni nulle part ailleurs, pensai-je. L’homme sembla comprendre et je me dépêchai de faire demi-tour, en sachant parfaitement que j’avais déçu quelqu’un. Ethan. Je sentais ses yeux me suivre, mais je ne pouvais pas rester une seule seconde de plus. J’étais tout simplement incapable de me tenir là, à leur côté comme si tout allait bien dans mon monde. Cela ne prit pas longtemps avant que je me mette à courir. D’abord je ne sus pas trop où je m’en allais, mais bientôt j’atterris sur le perron du bungalow des directeurs. Holiday devait être présente. Ou Burnett. Je ne me souvenais plus lequel des deux devait venir ce matin. Pourtant il ferait autant l’affaire l’un que l’autre. Je cognai alors deux coups brefs et attendit une réponse. Sans surprise je tombai sur le vampire lorsque la porte s’ouvrit. Il me dévisagea un moment, mais me laissa entrer. Je lâchai alors :
- Est-ce que tu as des informations sur George.
- Sur qui?
- George, répétai-je. Le tuteur d’Ethan, ajoutai-je.
- Pourquoi? S’étonna-t-il.
- J’ai l’impression de le connaître. Mais aussi il me paraît… bizarre.
- Tu es sûre que c’est lui qui est bizarre et non pas la situation en elle-même?
- Absolument. Il y a quelque chose, chez lui, qui… je ne sais pas.
Burnett sembla réfléchir un instant à mes propos et dit :
- La seule chose dont je sois au courant est qu’il est un loup-garou déclaré, qu’il vient de Washington et que suite à des évènements fâcheux il a recueilli Ethan, transformé récemment, il y a de cela deux ans. Ensuite, j’ai une photo de lui.
- Puis-je la voir? Demandai-je, car un instinct très fort m’y poussait.
Je n’avais aucune idée pourquoi, car qu’est-ce que cela changerait que je vois sa photo? Le directeur hocha la tête de façon mécanique avant d’aller ouvrir son portable à la vitesse vampirique. Lorsqu’il revint je compris ce que cela changeait. Ça changeait complétement les choses. L’homme sur la photo était brun de cheveux, une peau très bronzée, des yeux brun chocolat et une carrure normale. Alors que celui que j’avais vu possédait une chevelure noire, des yeux bleus-gris, la peau pêche et une carrure plutôt forte, soit bien musclée.
- Ce n’est pas lui… soufflai-je.
- Quoi? Comment ça ce n’est pas lui! S’exclama le vampire, hors de lui.
- Ce n’est pas lui que j’ai vu plus tôt.
- Alors nous avons à faire à un imposteur! S’écria-t-il des signaux d’alarme envahissant ses yeux.
- Non plus. Ethan l’a reconnu. Alors cela signifie que la photo qu’il y a là n’est pas la bonne.
- Où qu’il a pris l’identité d’un autre.
- Il y a ça aussi, admis-je.
Il ne fallut rien de plus pour qu’il me grogne de l’amener à l’autre et que je me retrouve à courir en direction de l’endroit où j’avais laissé « George » et Ethan. Environ cinq minutes plus tard nous arrivâmes à destination en plein milieu d’une discussion :
- Il s’est en effet passé bien des choses étranges par ici, disait mon petit-ami.
- Des morts? S’enquit George.
- Oui… En fait au début… continuait Ethan, mais c’est à ce moment que Burnett gronda :
- Qui êtes-vous?
Pendant un affreux moment je crus que l’autre homme n’allait ni se retourner ni répondre.
- Je m’appelle George, marmonna-t-il finalement. Votre système est-il à ce point mauvais pour que vous ne connaissiez rien des élèves et des personnes qui les envoient chez vous? S’enquit-il avec un peu trop de suffisance au goût du vampire qui m’accompagnait.
Pourquoi je dis ça? Pour la simple raison que le loup-garou se retrouva plaquer contre un arbre et ce, malgré la protestation d’Ethan.
- Ne joue pas à ce jeu avec moi. Maria est venue me voir, car elle sentait que quelque chose clochait. Je lui ai alors montré une photo du VRAI George. Qui n’est absolument pas vous. Alors, répondez franchement, qui êtes-vous?
Burnett semblait assez agressif pour qu’une réponse négative fasse tourner la « discussion » à une bagarre bien établie.
- Je suis venu vous aider. Peu importe que vous sachiez qui je suis ou non. Cela n’importe pas.
- Nous aider à quoi? Marmonna le vampire avec dédain.
- Ce que vous avez sur les bras en ce moment. Et dont la source provient du passé de cette jeune fille. De sa famille, plus précisément.
- Que savez-vous à propos de ma famille! Rugis-je avec colère. Vous ne connaissez rien de moi. Rien!
La tristesse reprit possession des yeux de George, mais elle disparue rapidement lorsqu’il dit :
- Je sais reconnaître l’enfant de Rose Lechasseur, lorsque je la vois. Je sais que tu n’es pas une Lacroix, Maria.
- Je ne saisis pas, soufflai-je d’une voix blanche.
- Voilà justement pourquoi je suis ici. Je suis là pour vous aider, plus précisément pour t’aider, toi.
- Comment? Susurra Burnett d’une voix douce.
- Premièrement en vous disant quel mal vous tourmente. Je savais avant même de poser des questions à Ethan qu’il se passait quelque chose de pas nette ici. Et qu’il s’agissait d’une chimère. La nuance entre vous et moi, c’est que pour ma part je sais de quel type il s’agit. Alors que je suis convaincu que vous n’en avez aucune idée.
- Vraiment? Dit le vampire, peu convaincu.
- Oui, vraiment. La chimère qui errent dans le coin, n’est pas répertorié par l’URF, pour la simple raison qu’elle n’affecte en général qu’une sorte de surnaturel et plus particulièrement une famille. Les Lechasseur. C’est une sorte de tradition dans cette famille, quoique pratiquement éteinte depuis que… Enfin… Elle est nommée Chimaera Lupus. Où plus communément, la chimère Niti. Ou même seulement, Niti. Elle était dans un certain sens le rituel de passage pour le nouveau chef de meute. Seul le méritant ou le plus puissant de la famille pouvait se mesurer à la Niti, Charogne en langage commun, à la mort du chef précédent. Il ramassait alors la pierre, dont il était irrésistiblement attiré, et ainsi la chimère était libérée. Il s’ensuivait un combat sans précédent. Si le Porteur, c’est ainsi que nous appelons le loup-garou qui a pris la pierre, est fondamentalement bon la chimère sera son contraire et tentera de le changer. Le contraire est vrai aussi. Un mauvais loup sera en combat contre une chimère à l’âme bonne. Dans le pire des scénarios c’est lorsqu’une âme noire s’empare du corps de la chimère pour lui faire sévir ses desseins. Cela se passe normalement avant la mort du précédent Porteur. C’est alors son devoir de tuer la chimère ou de la renfermée. Souvent, du moins les trois fois où un tel phénomène s’est produit, le Porteur renferme la créature dans la roche d’où elle provient et l’âme noire reste coincé avec. Jusqu’au moment où elle est libérée de nouveau et à chaque fois elle devient plus forte.
- Comment savez-vous toutes ses choses? S’enquit le directeur, radoucit.
- Une… une amie m’a renseigné, murmura l’homme d’une voix éteinte.
- Dîtes-nous en plus! L’encouragea le vampire.
- Il n’y pas grand-chose à ajouter sinon deux détails d’une importance cruciale. La première c’est qu’en général le loup-garou qui réussit l’épreuve… devient un Alpha. Et cela entraîne souvent d’autre conflit lorsqu’il y en a déjà aux alentours. En plus lorsqu’on ajoute que par la suite lorsque le Porteur est vainqueur, la chimère est sous ses ordres, ce qui est un avantage notable.
- Je ne crois pas que cela importunera l’Alpha présent. C’est mon cousin, dis-je avec un petit sourire. Mais pour cela il faut d’abord que je gagne et en regardant mes derniers combats contre la « Niti », je ne crois pas avoir l’ombre d’une chance de la dominer.
Je remarquai avec étonnement que la révélation sur mon cousin ébranlait George. Mais pourquoi? Je manquai m’en informer, mais je fus dissuader par l’air complétement chambouler d’Ethan. Son tuteur continua alors comme si de rien n’était :
- Très bien, mais ce que tu as ajouté m’amène à vous parler du deuxième point. Tu as besoin d’un entraînement implacable. Mais avant tout j’aimerais connaître toute l’histoire… si possible.
- Au point où on en est, je crois que nous avons plus trop le choix, marmonna Burnett.
- Parfait, se contenta de dire notre informateur.
On m’enjoignit alors à tout raconter depuis le début. Et dans les moindres détails. Suivant cela le loup-garou frappa un arbre du poing et grogna :
- J’en étais sûr! Cette foutu chimère est possédée. Ton travail n’en sera que plus dur, Maria…
J’aurais juré décelé de la tristesse dans sa voix et dans son regard, mais c’était impossible. Il ne me connaissait pas!
- Je ne comprends pas… marmonnai-je.
- Il ne te suffira pas seulement de dominer la chimère. Tu devras aussi, par la suite, traquer l’âme noire. Pour la mettre définitivement hors d’état de nuire.
Je me sentis blêmir malgré moi. Je n’avais jamais désiré avoir une telle responsabilité. Jamais. Pourtant je savais que je ne pouvais refuser de le faire. Par orgueil d’un côté, par le sens de l’honneur de l’autre, mais surtout pour ne pas que mes proches en souffrent. J’avais déjà beaucoup trop de sang sur les mains, même si c’était indirectement. Je me mis alors à faire les cent pas et au bout d’une dizaine de minutes pendant laquelle les trois autres personnes présentes me dévisagèrent je pris ma décision.
- Je le ferai. C’est mon devoir et ma responsabilité. Par contre, pour le faire je vais avoir besoin d’aide. D’un enseignement scrupuleux du combat, mais aussi de renseignements sur moi-même, mes nouvelles capacités plus précisément. Pouvez-vous m’en dire plus?
George se contenta de sourire avant de commencer à m’expliquer :
- Tout ceci est parfaitement normal. Au fil des Pleines Lunes ton corps se renforce pour le combat final, qui se produira probablement à une Pleine Lune, mais pas forcément. Quoiqu’avec ce que tu m’as racontés, il est très probable que cela se passe ainsi. Ces Anges de la mort sont, comme on pourrait les appeler, un contretemps dans la quête de la chimère. Il est possible de la faire disparaître de notre dimension momentanément, en bref jusqu’à la Pleine Lune suivante. Dans notre cas cela nous laisse un répit d’environ seize jours.
La panique me noua la gorge, seulement seize jours! Ma détermination commençait à s’effondrer, je ne pourrais jamais devenir assez bonne en si peu de temps. Surtout pas avec les cours, ainsi que l’escorte… Ah, mais non! Je n’avais plus besoin d’escorter puisque la chimère avait disparue pendant un bon moment. Oh! Bon sang! La prophétie! Ne disait-elle pas à l’échéance de sa disparition elle reparue? Et tout ce qui précédait concordait parfaitement avec les évènements. Alors avais-je des informations sur la suite des choses? Donc dans les faits j’allais avoir un combat sanglant avec la chimère… et après? Ce ne serait pas le premier! Ce qui m’inquiétait davantage c’était la référence au fait que nos destins étaient liés dans le meilleur ou dans le pire… Est-ce que cela signifiait que si je perdais ce combat je ne posséderais plus mon libre arbitre? Je craignais que ce fût la bonne hypothèse… Voyant que George semblait attendre une remarque de ma part je lâchai la première chose qui me vint à l’esprit :
- Je ne pourrai jamais devenir plus forte en seulement seize jours! C’est impossible.
- Crois-moi, me dit-il avec un sourire de prédateur. À la fin de ce délai tu seras une combattante redoutable.
- Je l’espère pour vous, sinon tout ce qui m’attend c’est la mort.
Il hocha la tête gravement et étrangement j’avais l’impression que mon sort ne lui était pas indifférent. Mais pourquoi? Parce que je sortais avec Ethan? Nan, c’était peu probable que ce soit cela. Un détail me revint alors en tête et…
- Au fait… Comment avez-vous connu ma mère?
- À l’école, dit-il dans un souffle qui me parut rauque. J’étais un de ses bons amis, ainsi qu’à ton père.
Cette réponse ne me satisfaisait aucunement, mais en le regardant attentivement je compris qu’il n’en dirait pas plus. Alors j’enchainai avec une autre question :
- On commence quand?
- Maintenant. Et si tu me permets je vais t’expliquer le programme… Il est très bien organisé et ce pour utiliser chaque minute, voire seconde, de chaque jour.
- Euh… d’accord, mais… Quand avez-vous pensé à tout ça?
- Dans le voyage pour venir ici, répondit-il.
- Expliquez-vous, l’enjoignit Burnett.
George entama alors son explication de mon programme. Apparemment il consacrerait les quatre premiers jours à rendre ma métamorphose hors Pleine Lune la plus rapide possible, ainsi que celles partielles. Entre autre chose il me montrerait différentes façons de les utiliser, mais surtout quand. Les trois jours suivants il me ferait courir à ma capacité maximale le plus longtemps possible pour développer mon endurance. Ensuite pendant trois autres jours ce serait l’apprentissage du combat avec des techniques très développées. Pour le reste du temps il mélangerait le tout et me ferait combattre différents adversaires, probablement mes amis puisque chacun étaient différents ou presque. Il conclut :
- Ainsi nous pouvons espérer que tes compétences deviendront à la fois meilleure, mais aussi plus stable.
- Pourquoi j’ai l’impression que je vais détester les seize prochains jours? Soupirai-je, découragée.
- Ce n’est pas ce laps de temps que tu devras détester, mais la prochaine Pleine Lune, me gourmanda-t-il.
Je marmonnai pour la forme et George continua :
- J’aimerais que vous nous laissiez seuls, Maria et moi, pendant les dix prochains jours.
Burnett, contre toute attente se contenta de hocher la tête et s’éclipsa à la vitesse vampirique. Par contre Ethan ne bougea pas d’un iota.
- Toi aussi Ethan, marmonna le tuteur de ce dernier.
- Non. Je reste avec elle, gronda mon petit ami sans cesser de dévisager George.
- Je ne le répéterai pas, ajouta ce dernier.
Ethan lâcha un grognement, mais avant de s’en aller il vint me serrer dans ses bras et me souffla à l’oreille :
- Travaille bien, travaille fort. Je ne veux pas te perdre là où je ne pourrai te rejoindre…
Je déglutis et finis par dire :
- Je ne perdrai pas.
Il eut un petit sourire avant de s’éloigner à grand pas, loin de moi. Mes yeux le suivirent jusqu’à ce que les arbres le cache à ma vue. Là je me tournai vers George et grognai :
- Commençons.
Il m’adressa un sourire satisfait et m’enjoignit de me transformer.
Lorsqu’enfin je réussis il me força à redevenir humaine, ce que je trouvais épouvantable de sa part en sachant que je venais tout juste de terminer cette douloureuse métamorphose. Pourtant je me résignai à obéir et serrai des dents pour ne pas trop montrer mon mécontentement.
Je fus libérée de mon entraînement que vers les vingt-deux heures de cette journée-là. J’étais tellement abattue que je m’enfargeais dans tout ce qui se trouvait sur mon chemin. D’ailleurs en montant les marches du perron pour rejoindre la porte de mon bungalow je m’emmêlai les pieds et m’affalai au sol, juste devant la porte. Celle-ci s’ouvrit précipitamment sur Della qui ne put s’empêcher de rire en voyant dans quelle position je me trouvais. Je me contentai de grogner à son encontre, sans pour autant avoir la force ou la volonté d’ajouter quoi que ce soit. Miranda et Kylie ne tardèrent pas à apparaître ce qui se transforma alors en hilarité général, moi-même à la fin je ne pus retenir un ricanement. Les filles m’aidèrent ensuite à entrer à l’intérieur et à m’assoir sur une chaise. Là je m’enquis :
- Êtes-vous au courant?
Elles hochèrent de la tête et la vamp ajouta :
- Ethan nous la dit au diner. Mais on aimerait avoir les autres détails de l’échange.
Au dernier mot elle m’adressa un petit sourire moqueur et je compris de quoi elle voulait parler. Alors je leur narrai toute l’histoire sans oublier un seul détail. Quand j’eus terminé elles me dévisagèrent un long moment et la caméléon finit par rompre le silence en soufflant :
- Tu as une lourde charge sur les épaules…
- Je ne dis pas le contraire, admis-je. Il y a quelque chose que je ne comprends pas, ajoutai-je en changeant de sujet.
- Quoi? S’enquit la petite sorcière.
- Il y a quelque chose avec George qui m’ait familier. Je ne sais pas quoi exactement, mais… Enfin, il y a aussi quelques-unes de ses réactions… Comme celle qu’il a eue lorsque j’ai fait référence à Lucas.
- Et c’était? M’encouragea la petite-amie de ce dernier.
- Il était surpris, comme s’il ne pensait pas que j’avais un cousin ou quelque chose comme ça.
- En effet, c’est bizarre, concéda notre miss vampire.
Le silence s’installa alors… et s’éternisa jusqu’à ce que je me décide à le rompre pour demander :
- Et puis? Avec vos parents…
- Pour moi ce n’était pas trop différent de d’habitude, dit Kelly avec un petit sourire.
Della enchaina alors sur comment elle était écœurée d’entendre les commentaires désobligeant de ses parents et à quel point elle en avait marre de passer pour une droguée doublée d’alcoolo. Nous la laissâmes vider son sac sans rechigner, je savais à quel point les situations familiales difficiles l’étaient encore plus sans personne à qui se confier. Au moins là nous l’aidions à alléger son fardeau. Arriva ensuite le tour de Miranda qui en me regardant droit dans les yeux et me pointant du doigt s’exclama :
- Toi!
- Quoi, moi? M’enquis-je, perdue.
Elle se leva alors précipitamment de sa chaise et bondit dans ma direction. Pendant une fraction de seconde je crus qu’elle voulait me frapper, mais au final je fus totalement écrasée par ses bras autour de mes épaules. Elle me serrait littéralement de toutes ses forces. Elle déclama alors rapidement :
- Sérieusement, c’était tellement énorme ce que tu as fait! Je n’aurais jamais cru que tu allais tenir parole! Et au début en te voyant débarquer j’ai cru que l’heure de ton trépas était arrivée. Non, mais tu ne la connaissais pas et tu t’avançais vers moi sans même prêter attention à sa présence! Et après! Ce que tu lui as dit… Je n’aurais jamais osé! Au moment où elle a levé la main pour te frapper j’étais sur le point de lancer un sort pour t’éloigner d’elle, mais là George est arrivé et… Enfin, tu sais le reste.
À la fin elle avait les larmes qui coulaient, mais moi je n’étais pratiquement plus capable de respirer et ne voyant pas son visage l’unique façon que j’avais de savoir qu’elle pleurait c’était à cause que je sentais ses larmes me tomber dessus. Je finis par croasser :
- De… rien… Mais… peux… tu… me… relâcher…? Je… j’étouffe.
À la fin j’avais plus du tout d’air dans mes poumons en feu. En moins d’une seconde c’est bras me délivrèrent et elle s’excusa du regard. Dès que je fus libérée je pris une immense inspiration, ce qui atténua légèrement la douleur qui m’oppressaient auparavant. Alors que j’étais encore en train de me remettre du débordement affectif de Miranda, Della plaqua les mains sur la table et tout en me fixant s’exclama :
- Maintenant tu vas nous dire ce que tu as fait aujourd’hui!
- Pourquoi? Geignis-je à moitié, car la fatigue commençait à me retomber dessus et que j’avais seulement le goût de dormir.
- Parce qu’il est important que tu reviennes sur ce que tu as vécu aujourd’hui. Même si ce n’est pas grand-chose. C’est ainsi que tu seras sûre de ne pas oublier aucun détail, répliqua la vamp d’un ton sec. Alors, lâche le morceau.
Je lâchai délibérément un soupir de découragement des plus sonores avant de commencer à m’expliquer. Si au départ j’avais prévu de seulement leur dire en bref ce que j’avais dû faire toute la journée, soit me transformer d’humaine à louve et vice-versa, je me retrouvai à narrer dans d’amples détails toute la douloureuse métamorphose. Lorsque je dis « amples détails » c’est « tous les détails ». En bref, à quoi se comparait chaque éclair de douleur ressenti et tout, et tout. Je terminai mon explication avec un bâillement à m’en décrocher la mâchoire. Ce n’est qu’en levant les yeux que je remarquai l’air catastrophé des filles. Alors ce fut plus fort que moi et j’éclatai de rire (la fatigue y était peut-être pour quelque chose, mais… non). Kylie avait la bouche grande ouverte et me dévisageait avec les yeux tellement ronds qu’on aurait dit des billes. La petite sorcière quant à elle ne bougeait plus d’un poil et j’aurais juré que, malgré leur longueur, ses cheveux s’étaient hérissés d’un centimètre. Pour ce qui était de la dernière elle affichait un air affligé et compréhensif. Mon hilarité finit par se tarir lorsque les trois filles retrouvèrent leur expression normale. Là, voyant qu’il était déjà vingt-trois heures je décidai de filer au lit. Je me levai alors en disant :
- Désolée, les filles, mais moi faut vraiment que j’aille me coucher. Sinon, je ne risque pas de survivre à demain, ou aux prochains jours.
Sur ce j’étouffai un autre bâillement avant d’ajouter :
- Bonne nuit!
Elles répondirent de même et en moins de cinq minutes nous étions toutes dans nos chambres et étendues sur nos lits respectifs. Malgré mon évidente fatigue mes colocs eurent le temps de s’endormir avant que je ne commence ne serait-ce qu’à somnoler. Mon esprit était beaucoup trop préoccupé par d’innombrables questions sans réponse. Comme : Qui était vraiment George? Que me cachait-il? Pourquoi les Anges de la Mort avaient-ils envoyés la chimère ailleurs? Dans quelle fin? À quoi cela leur servaient-ils? Allais-je être capable de changer suffisamment en seulement seize jours? Comment pourrais-je vaincre la chimère alors que depuis le début elle était plus forte que moi? Pourtant celle qui me taraudait le plus c’était… Pourquoi moi? Pourquoi avait-il fallu que ce devoir repose sur mes épaules? D’accord, George avait signifié que c’était à cause de mon ascendance Lechasseur, mais… Était-ce vraiment uniquement cela? Et depuis quand est-ce que j’avais des aptitudes pour devenir Alpha? Et Alpha de quelle meute, au juste? Y avait-il des Lechasseur autre part? Probablement, mais où? Un flashback me revint alors et je voulus me frapper la tête sur le mur pour avoir oublié ce détail crucial. Je m’abstins par contre par égard pour mes colocs, elles méritaient de dormir elles, du moins pour le moment, car j’avais le pressentiment qu’elles se rendraient vite compte que je n’étais pas celle sur qui on pouvait compter. Je me remémorai alors mentalement ce qui s’était passée un moment auparavant avec Holiday. « Elle me narra alors toute l’histoire. Comme quoi Médric, qui se trouvait être mon grand-père était venu habiter au Texas avec sa femme. Là ils avaient eu trois enfants, dont ma mère Rose Lechasseur. » Là ils avaient eu trois enfants. Trois. J’avais voulu retrouver mon père, mais peut-être aurait-il été plus simple de trouver les frères et sœurs de ma mère? Après tout, peut-être vivaient-ils toujours au Texas? Je grognai alors de mécontentement. Je ne pourrais trouver aucun renseignement maintenant, surtout que s’il advenait que je les trouvais, et les rencontrais, avant la prochaine Pleine Lune… Qu’est-ce que je pourrais leur dire? « Oui, salut! Je suis votre nièce, la fille de Rose Lechasseur et de Matthew Parker. Je suis ravie de vous rencontrer, mais ça se peut que je meurs dans quelques jours et là il faudra partir très loin d’ici parce que sinon une chimère risque de vous faire la peau… » Ouais, c’était assurément le meilleur discours à faire à des membres de notre famille qu’on ne connaissait pas l’existence un mois à peine plus tôt! Je poussai un léger soupir et me retournai une énième fois dans mon lit à la recherche d’une position plus confortable.
- Mais bon sang Maria! Dors! Tu auras amplement le temps de penser demain matin… me morigénai-je moi-même en français.
Je me fermai alors les yeux de force et contre toute attente le sommeil vint me chercher dans la seconde.
Mes yeux s’ouvrirent de panique alors que l’on me redressait violemment de mon lit par le col. La seconde suivante mon agresseur me relâcha et je m’écrasai lourdement dans un bruit sourd. Ou dans un gros BANG retentissant. J’expirai alors tout l’air contenu dans mes poumons et un grognement m’échappa tandis que je tentais d’échapper à la chape de plomb qui m’oppressait dans les premières minutes du réveil. Lorsque j’eus suffisamment recouvert mes esprits je me rendis compte que mon agresseur était nul autre que George. En guise de bonjour il me souffla un simple mot :
- Défends-toi.
Sur ce, il bondit dans ma direction sans me laisser le temps de réfléchir, ni de me sentir gênée de me retrouver en pyjama devant lui. Je n’eus même pas le temps de me défendre qu’il me projeta contre le mur de ma chambre. Mon dos émit un son assez inquiétant, mais ce fut la douleur qui me réveilla totalement. Alors que je m’apprêtais à lui faire voir ma façon de penser à ce salopard qui me tirait du réveil de manière aussi brutale, je compris que l’une de mes colocs appréciaient cela encore moins. Je fus aux premières loges pour assister à la furie dévastatrice de Della, soit de ma porte à moitié défoncée et de la vue d’un loup-garou, qui était le tuteur de mon petit-ami et aussi mon entraîneur, être propulsé au travers de la fenêtre par où il était passé. Bien sûr, elle était ouverte, car sinon je « suppose » qu’elle ne l’aurait pas fait de cette manière. Elle rugit alors d’une voix à faire frémir :
- Non, mais! C’est quoi l’idée de réveiller tout le bungalow à six heures du matin!
J’eus un choc en apprenant la nouvelle. Il était six heures du matin? Ce qui signifiait que je n’avais dormi que six heures? Car oui, avec toutes mes réfléxions de la veille je ne m’étais endormie que vers une heure du matin. J’entendis distinctement le grondement de menace du loup-garou en colère, je l’avais émis suffisamment souvent pour le reconnaître entre tous. Ce qui signifiait que ma coloc était en danger de mort. Et j’exagérais à peine. Je me propulsai alors entre elle et la fenêtre. J’eus juste le temps de la repousser en dehors de la chambre que l’on me fonça dans le ventre de plein fouet. Alors pour la deuxième fois de la matinée je me retrouvai sans air dans mes poumons. Je repris par contre rapidement mon souffle, du moins autant que je le pus, et je refermai mes mains comme des serres sur les bras musclés de mon opposant. Sans m’en rendre compte mes ongles s’enfoncèrent dans la chair tendre et ce n’est qu’en y repensant que je compris que ce n’était pas mes « ongles », mais plutôt mes griffes. George sembla décontenancer un moment ce qui me permit de le jeter au sol et de mettre un genou en travers de son torse, l’empêchant à demi de respirer. Il tenta de se délivrer, mais dès que je posai l’un de mes doigts aux griffes impressionnantes sur sa tempe il cessa de lutter. Il croassa alors :
- Pas trop mal pour un premier matin, mais sans l’intervention de ton amie vampire… Cela aurait peut-être mal tourné.
- Est-ce que je peux savoir ce que vous foutez ici? Je croyais que l’on ne commençait le combat que dans quatre jours… grondai-je méchamment.
- Certes, ton apprentissage du combat commencera dans ce délai, mais pas tes réactions à l’imprévu. Alors attends-toi à réagir à ma visite peu importe le moment. Que ce soit le matin avant ton réveil, en pleine nuit, sur l’heure de repas… m’expliqua-t-il. Peux-tu me libérer maintenant? Et range ça, conclut-il en désignant mes griffes.
Je fis comme il le disait et il poursuivit :
- Maintenant je vais avoir une petite conversation avec la vamp, car il est impératif qu’elle n’interfère plus dans tes apprentissages, du moins pas avant dix jours. Mais bon, j’admets que pour cette fois je n’avais prévenu personne et qu’avec les attaques récentes…
À la fin j’en conclus qu’il se parlait à lui-même, car je ne voyais pas en quoi cela pouvait me concerner. Il sortit de ma chambre tout en lâchant une dernière chose :
- Maintenant… Habille-toi. Nous commençons ta journée d’apprentissage. Tu auras le droit à une heure de pause pour le déjeuner. Pour ce qui est du petit-déjeuner… j’ai quelque chose de prévu.
Sur ce il disparut de mon champ de vision et comme ma porte était quasi inexistante grâce à Della je décidai de ramasser mon linge et de me presser à la salle de bain. Je me changeai à toute vitesse et en sortant je ne réussis que de justesse à éviter la masse imposante qui fondait dans ma direction. George parvint à s’arrêter juste à temps avant de percuter la porte de la salle de bain de plein fouet. Il hocha de la tête de manière satisfaite et dit :
- Tes réflexes sont assez bons lorsque tu es réveillée. Il va seulement falloir travailler ton côté endormi-éveillée. Il s’agit simplement de continuer à utiliser ses sens, autre que l’ouïe, même lorsque nous ne sommes pas conscient, soit, en bref, lorsque nous dormons.
Je lâchai un soupir, mais ne lâchai aucun commentaire. Il me fit alors signe de le suivre et je m’exécutai. Nous marchâmes alors pendant une bonne quinzaine de minutes avant de finalement atteindre l’endroit où il m’entraînait. Là il dit avec un petit sourire narquois :
- À chaque fois que tu redeviendras humaine tu auras droit à une bouchée.
Il le dit tout en me présentant une assiette avec du pain et de la confiture, ainsi que, en petit plus, une chocolatine. Je me retins de passer ma langue sur mes lèvres à la manière des canidés et entamai ma métamorphose sous son commandement.
Plusieurs minutes plus tard je me relevais sous forme de louve, les pattes flageolantes. On aurait dit que mon corps était encore tout ankylosé de la veille et que cela empirait la métamorphose. Je lâchai un léger gémissement involontaire lorsque George s’approcha pour me relever la tête. Il me sonda alors avec une intensité qui me troubla au plus haut point, ses yeux gris-bleu me jaugeait littéralement. Je tentai d’éviter son regard, mais il me força à le fixer yeux dans les yeux. Quelque chose de sauvage monta alors en mon for intérieur et pour je ne sais quelle raison je lâchai un grondement menaçant avant de claquer des mâchoires pour me libérer. En final je le foudroyai de mes yeux dorés de louve. Sans lui laisser le temps de dire quelque chose j’entamai la métamorphose contraire. Le tuteur de mon petit-ami alla alors s’adosser à un arbre en attendant que j’en aie terminé.
Une fois que je fus redevenue moi, il me tendit le quart d’une tranche de pain avec de la confiture aux framboises dessus. J’eus une petite grimace de déception qui s’effaça rapidement quand il ajouta un autre quart par-dessus le premier, comme pour faire un mini-sandwich. Par la suite je dus me contraindre à subir une troisième métamorphose de suite.
Alors que cela faisait presque deux heures que je me métamorphosais sans relâche, je m’écrasai au sol sans plus aucune énergie. George s’approcha alors de moi à pas lent et me dit en me redressant :
- Tu verras, demain tes métamorphoses commenceront déjà à raccourcir et te fatigueront beaucoup moins. Même qu’à la fin tu les termineras en moins d’une minute.
- Comment sais-tu toutes ses choses? M’enquis-je avec suspicion.
- Comme je te l’ai dit j’étais un bon ami de ta mère et elle tenait ces informations de son propre père.
- Cela n’explique pas tout, répliquai-je. Comment puis-je être certaine que vous étiez proche de ma mère? Ce n’est pas comme si elle pouvait me le confirmer! Ajoutai-je avec hargne, car la douleur me faisait souvent réagir ainsi.
- Tu n’as pas à me parler sur ce ton! Gronda George, des flammèches orange-doré pointant dans ses yeux.
Je ne répondis rien, je savais qu’il avait raison, mais je ne l’admettrais pas, car moi aussi je n’avais pas tort. Alors le mieux était que je me la ferme. Pourtant à peine une minute plus tard je le questionnai de nouveau :
- Pouvez-vous me parler de ma mère? Comment était-elle? Et mon père, lui? Ainsi que les frères/sœurs de ma mère? Savez-vous des choses sur ma famille? J’ignore tellement de choses à leur sujet…
À la fin ma voix avait pris une intonation enfermant tellement de regret que je m’en étonnai. Pourtant à voir comment George s’était crispé je compris qu’il en faudrait plus pour le faire parler. Je continuai alors :
- Vous savez, je n’ai su qui était ma véritable famille qu’il y a un petit moment. Alors que je savais déjà que je n’étais pas vraiment une Lacroix depuis plusieurs années. Maintenant je suis au courant de qui ils sont, mais aussi qu’ils sont morts. Ou disparu dans le cas de mon père.
Il se raidit davantage, alors je poussai un soupir de découragement avant de lâcher :
- Je vous en prie, George! J’ai… J’ai besoin de savoir.
Au plus profond de moi j’avais conscience que c’était la vérité, mais avant de le dire je n’en avais pas vraiment pris conscience. Mon entraîneur échappa un soupir sonore avant de proposer :
- Si je réponds à tes questions, celles que tu as déjà posées, reprendrons-nous ton entraînement par la suite?
- Bien sûr! Affirmai-je avec un sourire réjoui.
Il se tourna alors dos à moi pour ne pas que je puisse voir son visage, du moins le supposai-je et ensuite il entama :
- Ta mère était vraiment formidable. Partout où elle allait les gens arrêtaient leur activité pour la regarder passer. Elle avait certes une beauté inégalée, mais ce n’était pas la cause. Non, c’était uniquement dû à sa force de caractère incroyable et à sa dominance. Sans la connaître on ne pouvait pas savoir à quel point elle pourrait nous mener par le bout du nez, et souvent sans même que l’on ne s’en aperçoive. Je me souviens encore comment elle détestait être le centre de l’attention, c’est sans doute pourquoi elle attachait toujours ses cheveux en queue de cheval. Ils étaient d’un magnifique brun, mais avec des reflets dorés qui à chaque mouvement captait la lumière. Elle se maquillait très peu, mais cela à changer après l’école. En fait, je suppose qu’elle en a eu marre de cacher qui elle était vraiment et elle a fait ressortir son autre côté lors du bal de promo. Si tu l’avais vu… Elle avait bouclés ses longs cheveux qui lui arrêtaient dans le bas du dos et son maquillage était si bien exécuté que ses yeux semblaient illuminés comme de l’argent. Ton père attirait tout autant le regard, mais pas autant. Ils étaient pratiquement tout le temps ensemble et inséparable. Pourtant on s’en accommodait leur personnalité étant si complémentaire que lorsque l’un était absent, l’autre ne paraissait pas être lui-même. Quant aux deux frères de ta mère, car elle était la seule fille, je ne les voyais pas souvent. Après tout lorsque nous étions à l’école ils ne se parlaient pas et lorsque j’allais chez elle ils étaient souvent absent où enfermés dans leur chambre. Pourtant je sais que leur petite sœur était leur trésor et que pour rien au monde il ne laisserait quelqu’un lui faire du mal. Ils se sont très vite entendus avec ton père, puisqu’il partageait cette pensée. Les rares fois où je les ai vus c’était rapidement, mais ils m’ont toujours eu l’air sympathique. L’un des deux est parti à la guerre en même temps que ton père, mais malheureusement il est mort au combat. C’était le plus jeune des deux. L’autre… je n’ai aucune idée de ce qu’il est devenu, mais je sais qu’il est toujours en vie quelque part.
- Savez-vous si mon père est toujours en vie, quant à lui? Dis-je avec les larmes aux yeux en pensant que je pouvais ajouter un autre nom à la liste des membres de ma famille que je ne connaîtrais jamais.
- Probablement, mais il ne m’a pas donné signe de vie alors… Mais de toute façon j’ai toujours été plus proche de Rose.
- Mon père n’était pas… vous savez… Jaloux?
- Non… murmura George sur un ton lointain.
- Vous semblez beaucoup aimer ma mère… fis-je remarquer.
Je regrettai immédiatement mon manque de tact lorsque je vis ses épaules se contracter et qu’il se mit à respirer par à coup, comme lorsqu’une émotion forte nous prenait à la gorge. C’est à peine si je réussis à l’entendre renifler, mais je sus cependant qu’il pleurait lorsqu’il dit d’une voix éteinte et hésitante :
- Elle… Elle était ma meilleure amie.
Je m’approchai à pas de loup de lui, mais avant de faire le moindre geste je soufflai :
- Je suis vraiment désolée…
Une idée me traversa alors l’esprit et je la mise à exécution. En une seconde la douleur de la métamorphose me foudroya, mais mentalement je me disais « Plus vite, plus vite… ». Je savais que je n’avais que très peu de temps avant qu’il ne reprenne le contrôle de ces émotions, alors je ne pouvais pas perdre de temps à gémir, surtout que cela attirerait son attention.
Lorsqu’enfin elle s’interrompit je m’approchai de George le ventre au sol en rampant. Une fois à ses côtés je posai la tête sur ses cuisses en soupirant pour lui montrer mon soutien. Souvent c’était beaucoup plus facile d’exprimer ses émotions sous forme animale que sous celle humaine. Tellement moins compliqué. Il soupira à son tour avant de me tapoter la tête en remerciement. Là, il ajouta avec un petit sourire :
- Tu es comme ta mère Maria. Voir quelqu’un souffrir tes insupportables, du moins sauf quand c’est mérité. Tu lui ressemble tellement… (Il ajouta cette dernière phrase à voix tellement basse que je passai à deux doigts de ne pas l’entendre)
Comme je ne pouvais pas répondre avec des mots je me contentai de battre de la queue et retrousser les babines en un sourire canin. Il reprit alors la parole, mais pour me dire des choses moins agréables :
- Je crois qu’il est temps de recommencer ton entraînement, n’est-ce pas?
Je hochai de la tête à contrecœur avant de démarrer la transformation inverse. Avant que la douleur ne me fasse perdre, du moins presque, la raison j’eus le temps d’apercevoir que ses yeux gris-bleu semblaient encore plus bleus à cause de la brillance des larmes contenues qui voulaient encore s’écouler.


Alors, qu'en pensez-vous?

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Dernière modification par Mimie99 le jeu. 21 juil., 2016 4:03 am, modifié 2 fois.
Quetzalbleu

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Quetzalbleu »

Hey !
Voilà, tu n'es pas la seule à poster un message au milieu de la nuit, non non :mrgreen:
Ta fanfic' m'avais manqué ! Vu que les chapitres sont longs - yes ! merci !! - on a le temps de découvrir plein de choses !
Pendant un moment j'ai supposé que George était le père de Maria - et avait un pseudonyme - puis son oncle, mais j'ai fini par avoir ma réponse^^ On peut dire que mon cerveau à de quoi réfléchir !
Aaah, Della qui se ressemble tellement :lol: J'adore quand elle se met en rogne comme ça, c'est super-marrant xD
En tout cas, je suis de tout cœur avec Maria pour qu'elle s'améliore, d'ailleurs, elle a déjà réussi à le faire ! Alors courage !!
Encore un super chapitre, merci beaucoup pour cette lecture, j'ai adoré !!!! :D
Vivement la suite !!
Elicia

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Elicia »

cool!!
Mimie99

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Mimie99 »

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Chapitre 11



L’avant-midi se déroula à une telle vitesse que je fus surprise lorsque George m’interrompit alors que je me préparais à redevenir la louve. Il s’expliqua rapidement :
- C’est l’heure du déjeuner, Maria. Et si je ne m’abuse tu meurs de faim…
Comme pour lui donner raison mon ventre cria famine, mais il continuait :
- D’ailleurs… Une pause d’une heure ne sera pas de trop…
Sur ce, il me fit signe d’y aller. Qu’est-ce qu’il pouvait être étrange… pensai-je en m’éloignant.
- À tout à l’heure! Lançai-je.
Il se contenta de marmonner. J’eus alors la vague impression qu’il voulait son moment de solitude et particulièrement à cause de ce qui s’était produit un peu plus tôt. Je me sentais légèrement coupable d’avoir rouvrit des plaies qui semblaient avoir eu du mal à cicatriser, si cela l’avait fait, bien sûr! Je secouai la tête deux fois dans l’espoir de me retirer mes idées noires, mais je n’y réussis que partiellement. Ce ne fut qu’en atteignant le réfectoire qu’un sourire s’ébaucha sur mes lèvres. J’allais rejoindre les autres! Tous les élèves que je croisai s’éclipsait de mon chemin comme si j’étais un danger ambulant. Pourtant lorsque je croisai le regard de l’un d’eux ce fut une forme d’admiration que je lu dans ses yeux et non pas de la crainte. J’accélérai alors le pas pour retrouver les autres, mais à mi-chemin de la table, Ethan m’interrompit et mon cœur se gorgea de chaleur. Il me serra contre lui tout en me murmurant à l’oreille :
- Della m’a raconté comment George vous a réveillée toutes les deux ce matin… Je n’aurais pas voulu être à ta place, j’ai subi le même genre de traitement dans ma première année avec lui…
- J’admets qu’il y a mieux comme manière de se réveiller, admis-je en me redressant légèrement pour lui voler un baiser.
Il y répondit assez rapidement et avec une sauvagerie qui me laissa pantoise une seconde. Je finis tout de même par dire :
- Maintenant si tu le veux bien, j’aimerais aller rejoindre les autres!
- Bien sûr! Dit-il avec un petit sourire moqueur.
Il me saisit alors par la main avant de m’amener à la table. Là Lucas me tapota amicalement le bras en me disant salut et tous les autres l’imitèrent rapidement. Je m’assis alors entre lui et Ethan. Cela ne prit pas une seconde avant que mon cousin me demande :
- Comment ça se passe avec George?
- Eh bien… Je crois que Della en a déjà raconté une partie, mais… Disons que c’est un peu rude comme début. Quoique le fait de n’avoir que seize jours pour m’apprendre le maximum doit en être partiellement la cause, aussi, répondis-je simplement.
- C’est sûr, admit-il.
La conversation divagua alors jusqu’au moment où ils durent s’en aller, car leur cours commençait bientôt. Della me siffla :
- J’aimerais bien être à ta place!
- Tu le crois vraiment? Répliquai-je en haussant un sourcil.
- Pas vraiment, marmonna-t-elle en faisant la grimace. À ce soir, je suppose, conclut-elle en s’éclipsant avec les autres.
- Ouais, à ce soir, dis-je la mort dans l’âme, car je n’avais absolument aucune envie de retourner subir cette torture.
Je dirigeai tout de même mes pas dans cette direction et le parcours devint rapidement une habitude dans les jours suivants. Lorsque les quatre jours consacrés à ma pratique de la métamorphose s’achevèrent je pouvais devenir la louve en moins d’une minute et j’avais la capacité de changer sur demande, sans le coup de main d’une émotion, tout comme faire apparaître mes griffes. La douleur que je ressentais maintenant en devenant la louve était assez minime comparé au tout début, mais quand même plus contraignante que celle que je connaissais lors des transformations à la Pleine Lune.
Je me réveillai soudainement en sursaut. J’avais l’impression d’avoir entendu quelque chose, mais quoi? Lors des derniers jours avec George j’avais grandement augmenté ma capacité à réagir aux sons et odeurs m’environnant qui pouvait m’avertir d’un danger. Pourtant si ces mêmes sens venaient de me réveiller, le danger semblait s’être volatilisé. Ou pas, pensai-je la demi-seconde suivante en entendant un léger grincement du plancher. Je ne fis par contre aucun bruit moi-même, car la personne qui se trouvait ici m’était familière et je savais dès lors que c’était un test. Je pris donc une seconde pour analyser de manière régulière l’air ambiant pour localiser mon adversaire et une autre pour échafauder ma tactique. Je bondis alors de mon lit et me ruai sur Della au moment même où cette dernière s'apprêtait à me tirer du sommeil de façon plutôt brutale. Elle me siffla au visage alors que je la faisais atterrir au sol. Par la suite, nous enchaînâmes plusieurs techniques de combat avant que je finisse par la plaquer au mur, une de mes mains sur sa gorge. Elle cracha de manière semi-étouffée :
- C’est bon…Relâche-moi.
- Faudra faire mieux la prochaine fois! Lui dis-je avec un sourire moqueur.
- Si tu crois que je vais gâcher une autre de mes nuits pour ça! Répliqua-t-elle avec une grimace. Tu peux toujours rêver!
Elle m’adressa toutefois un petit sourire avant d’ajouter :
- Bon… je vais retourner me coucher, moi.
- Ouais, va, bonne nuit… marmonnai-je alors qu’elle était déjà partie.
Je refermai alors ma porte ouverte, à coup sûr c’était cela qui m’avait réveillée! Au moment de retourner à mon lit j’hésitai, je n’avais plus vraiment sommeil après ce combat, l’adrénaline me brûlait encore les veines. J’allai alors ouvrir la fenêtre et en moins de dix secondes me départit de mes vêtements pour me transformer en loup. Une fois sur mes quatre pattes je bondis à l’extérieur et allai dans les bois. Je ne savais toujours pas depuis son arrivé ici où dormait George et cela m’intriguait beaucoup. À chaque fois que j’avais eu la possibilité de lui poser la question il l’esquivait pour parler d’autres choses, souvent de ma famille, alors je me taisais. J’entamai alors ma traque, le museau au ras du sol en espérant retrouver une trace, même infime, de sa présence. Rien. Comme chaque fois. Pourtant il n’était pas un sorcier alors pourquoi ne pouvais-je détecter son odeur, pas même à l’endroit de mon entraînement? Je refis alors encore trois fois le tour de la propriété en différentes directions, mais ce ne fut pas plus concluant. Je rebroussai alors chemin vers le bungalow lorsqu’une odeur me parvint et je retroussai les babines. Quelque chose ou quelqu’un se tenait derrière moi et ça sentait mauvais. Je lâchai un grondement sourd avant de me retourner. L’homme (car s’en était un) qui me faisait face était assez corpulent comparé aux deux autres que je venais tout juste de remarquer la présence. Pourtant c’était surtout de celui devant moi que je n’appréciais pas et un petit quelque chose me poussait à le défier. Je fis taire cette part de moi, car il n’y avait aucune raison pour que cet homme croie que je sois autre chose qu’un loup normal. Quoique, avec réflexion aucun loup sauvage ne se promenait par ici en liberté… Il me dévisageait étrangement et je vis à ce moment uniquement la couleur de ses yeux et sa ressemblance avec quelqu’un de ma connaissance. Des yeux bleus foncés. Comme Lucas. Est-ce que cela voulait dire que la personne devant moi était… mon oncle du côté paternel? Je décidai de ne pas en faire de cas, puisque de toute manière il n’avait rien à faire ici, après tout, comme mon cousin me l’avait dit son père était un escroc. Je poussai alors un grognement plus menaçant qui dévoila mes crocs luisant de bave tout en avançant d’un pas. Je jetai un coup d’œil à leur configuration et aucun doute possible maintenant, c’était mon oncle. Tous trois étant des loups-garou… L’homme du centre ricana alors, mais je sentis qu’il n’éprouvait aucunement l’envie de le faire.
- Les bâtards de ton espèce on normalement plus de politesse envers leur Alpha, dit-il d’un ton lourd et menaçant.
Pour toute réponse je grognai de plus belle, mais cette fois avançai de deux pas au lieu d’un. Ce fut alors un véritable rire qui jaillit de sa bouche, il se moquait de moi!
- Tu crois avoir une chance, peut-être? S’esclaffa-t-il et les deux autres hommes l’imitèrent.
Oui, j’ai une chance, pensai-je alors que je lui bondissais dessus, gueule ouverte, à la vitesse qui m’était désormais propre. Il s’écrasa lourdement au sol et la seconde suivante mes crocs effleuraient sa gorge. Lorsqu’il tenta de se débattre je grondai sourdement tout en accentuant légèrement la pression sans toutefois trancher la peau. Il arrêta immédiatement de gigoter, mais ayant une vue imprenable sur ses yeux je vis qu’il était profondément surpris, voire même chamboulé. Ces deux hommes vinrent pour avancer, mais je grognai à leur encontre et cette fois en raffermissant ma prise je laissai goûter un peu de sang. Lucas ne devrait pas trop m’en vouloir, pensai-je, ou du moins l’espérais-je. Alors que je ne m’attendais pas à ce que quelqu’un d’autre ne soit réveillé à cette heure-là je perçus un bruit de pas derrière moi. Un seul mot me suffit pour comprendre de qui il s’agissait.
- Recule, me chuchota Lucas. Et vous ne tentez rien contre la louve sinon je la laisse faire de vous ce qu’elle veut, menaça-t-il les hommes.
Ce qu’ils ignoraient, par contre, c’est que mon cousin n’avait aucun pouvoir sur moi. Malgré tout, je lui obéis, car le goût du sang, sous forme de loup, était beaucoup trop réjouissant. De plus, la position était fort peu confortable. Je rejoins alors Lucas et m’assis à ces côtés. Là il me gratouilla une seconde derrière les oreilles. Cela fit un bien fou et je fis un effort pour battre de la queue. Il eut un petit sourire avant de porter de nouveau son attention sur son père qui se relevait. Là, ce dernier lâcha avec mépris et colère :
- Que diable est-ce cette chose!
Je bondis sur mes pattes en une seconde et grognai férocement en claquant des mâchoires dans sa direction tout en le foudroyant de mes yeux dorés. J’eus la satisfaction de le voir reculer d’un petit centimètre. Cela pouvait paraître une bien courte distance, mais dès qu’un adversaire recule, ne serait-ce un peu, il est toujours plus difficile pour lui de reprendre sa place.
- À votre place je ne dirais pas une telle chose, se contenta de rétorquer mon cousin. Et c’est une louve. Vous ne l’aviez pas remarqué? Ajouta-t-il avec une légère dose de moquerie.
- Tu me dois plus de respect que cela, gamin! Gronda son père sur un ton que je n’aimai pas alors je me permis de claquer de nouveau des dents.
- Pourquoi donc? S’enquit son fils. Enfin… Que voulais-tu cette fois-ci?
- Tu as oublié de me mentionner quelque chose.
- Quoi? Marmonna Lucas.
- Le fait que tu as découvert quelqu’un de notre famille. Une cousine, plus précisément.
Merde… il parlait de moi là? Mais comment était-il au courant pour ça!
- Je ne vois pas de… commença mon cousin, mais son père le coupa.
- N’essais pas, fils. Ta demi-sœur et Frédéricka m’en ont parlé, quoique cette dernière c’était un accident.
- D’accord et qu’est-ce que cela change dans ta vie?
- Ce que ça change? Je viens d’apprendre que mon propre frère dont j’ai renié le nom a osé avoir une gamine avec cette canadienne-française!
J’eus le léger pressentiment que dans sa bouche être canadienne-française était une insulte, alors je grognai de nouveau. Je n’avais peut-être pas connu ma mère, mais tout ce que j’en savais me poussait au respect et lui ne l’était pas. Il me jeta un coup d’œil, mais rapporta son attention sur son fils lorsque ce dernier prit la parole :
- Techniquement elle était américaine. Les parents de la mère de Maria l’ont eu ici et cela fait d’elle une américaine.
- Non, rétorqua son père. Ses parents et leurs prédécesseurs ne l’étaient pas.
Je vis distinctement les poings de Lucas se serrer et il posa les yeux sur moi une seconde.
- C’est tout?
- Je voudrais la rencontrer. Elle est tout de même ma nièce…
- Depuis quand t’intéresses-tu à ce genre de détails familiaux? S’enquit mon cousin avec mauvaise humeur.
- Regarde, si tu ne me l’amène pas ici à la même heure dans deux semaines… Tu auras des problèmes. On s’est bien compris?
- Mais bien sûr! Lui assura Lucas avec une toute petite couche de sarcasme que je manquai ne pas receler.
Mon oncle et ses gardes retournèrent alors dans le néant de la nuit et je partis dans la direction opposée avec mon cousin. Il marmonna d’ailleurs lorsque l’on fut suffisamment loin :
- Désolé de t’avoir forcé à assister à ça… J’ai un peu paniqué en te voyant à la gorge de mon père.
Je me contentai de hocher la tête, puisque je ne pouvais rien ajouter d’autre.
- Tu n’es pas obligé de venir dans deux semaines, tu sais? Il ne peut pratiquement rien me faire…
Je lui jetai alors le regard qui signifiait « Aurais-tu déjà oublié que dans deux semaines j’allais peut-être être morte? »
- Pardonne-moi, j’avais oublié. Mais… Peux-tu donc me dire ce que tu fais à errer dehors à cette heure matinale et sous forme de loup?
Je levai les yeux au ciel avant de l’inviter à me suivre. Pas question que je me mette à faire des mimes! Je le forçai donc à venir avec moi au bungalow et de fait, une fois arrivé, à m’ouvrir la porte. Là je le vis regarder avec envie la porte menant à la chambre de Kylie, mais d’un léger coup d’épaule dans ses jambes je lui rappelai pourquoi il était là. Il m’ouvrit alors la porte et dès qu’il la referma je redevins humaine avant de renfiler mon pyjama en vitesse. Là je rouvris la porte et lui fis signe d’entrer. Je chuchotai alors pour éviter de déranger l’ouïe fine de Della :
- Pour répondre à ta question… Della m’a réveillée cette nuit, sans doute comme lui a demandé de le faire George. Lorsque je l’ai finalement mise à terre je n’avais plus du tout sommeil. Alors je me suis métamorphosée et je suis partie en promenade… Enfin… Je cherchais où pouvait bien dormir mon instructeur, tu vois? Chaque fois que je lui pose la question il s’esquive d’une manière ou d’une autre…
- Je comprends…
- J’ai aussi une question pour toi.
- Parle, m’encouragea-t-il.
- Comment se fait-il que ta demi-sœur ait parlé de moi? Je croyais que tu lui avais fait promettre de ne rien dire…
- Elle a fugué il y a deux jours, je suppose qu’elle s’est échappée…
- Et pour Frédéricka?
- Sans doute mon père l’a-t-il appelé? Enfin… je ne sais pas. Elle ne l’aurait jamais dit de son propre chef.
Je lui tournai alors le dos pour regarder par la fenêtre et je vis que l’aube se levait. Je poussai un soupir dépité en lui disant :
- Bon… Je crois que je vais devoir te laisser. Je suis censée rejoindre George à l’aube.
- Moi je vais aller… commença-t-il en jetant un coup d’œil vers la porte.
- Non, Lucas! Tu sais très bien que c’est interdit!
- Oui, mais juste…
- Non! Grognai-je. Tu as autant conscience que moi que si tu entres, tu ne ressortiras pas avant l’heure du petit-déjeuner et là si Burnett ou Holiday arrivait…
- Il ne ferait rien.
- Tu crois?
Il sembla réfléchir un moment et sans doute finit-il par se rendre à mon jugement, car il s’éloigna de ma porte pour se rendre à la fenêtre. Il l’ouvrit sans faire aucun son et au moment où il venait pour sauter il s’interrompit pour me demander :
- Si je ne peux pas aller voir Kylie… Est-ce que je peux t’accompagner? Je n’ai toujours pas rencontré George alors que tes trois colocs oui, sans parler d’Ethan.
- Ce n’est pas comme s’il avait pu faire autrement quand même! George est son tuteur légal! M’exclamai-je peut-être un peu trop fort, car j’entendis un grondement dans la chambre voisine.
- Certes, mais… Je peux?
- Je n’y vois pas d’inconvénient, mais là… sort. Je dois me changer.
- Ah bon? Je croyais que tu y allais en pyjama, moi? Se moqua-t-il gentiment.
- Ouais c’est ça, marmonnai-je alors qu’il était déjà rendu en bas.
J’enfilai donc des vêtements plus adaptés avant de sauter à l’extérieur le rejoindre. Je me mis alors en marche et il me suivit sans un mot. Pourtant environ cinq minutes plus tard il me demanda :
- Tu fais quoi aujourd’hui?
- Du cardio. Enfin, je dois développer mon endurance, ce genre de chose. Il a dit qu’il allait me faire courir à ma vitesse maximale jusqu’au point où je n’en pourrai plus.
- Fatiguant, en somme.
- C’est ce que je me dis aussi, soupirai-je.
Il ne dit rien de plus jusqu’au moment où nous arrivâmes. Là il afficha un air si profondément surpris que je manquai lui en demander la raison, mais je fus interrompu par George qui lança :
- Je croyais t’avoir dit de ne pas amener tes amis avant dix jours lorsque l’on s’est rencontré.
Ce n’était pas tant un reproche qu’une remarque, mais cela me piqua au vif, du moins presque. Je me sentis tout de même forcée de m’expliquer :
- C’est mon cousin et il voulait te rencontrer. Je n’y voyais pas d’inconvénient. Il est de ma famille, après tout.
- Je vois, marmonna-t-il en détournant légèrement son visage pour regarder derrière lui, pourtant lorsqu’il ramena ses yeux vers nous je le vis détailler en longueur Lucas.
Au bout d’un long silence gênant où les deux hommes ne se lâchait pas des yeux, mon instructeur finit par s’enquérir :
- Pourquoi voulais-tu me rencontrer, mon garçon?
- Je voulais connaître le visage de celui qui tient la vie de ma cousine entre ses mains, répondit Lucas avec un regard indéfinissable. Je vais repartir maintenant… à un de ces jours! Lança-t-il ensuite en se retournant déjà.
- Lucas, attends! Grognai-je. Pourquoi étais-tu si surpris en voyant George?
- Je m’attendais pas à cela, c’est tout, marmonna mon cousin et sur ce il s’en alla sans demander son reste.
J’avais parfaitement remarqué l’air suspicieux qu’avait eu mon instructeur lorsque j’avais terminé de poser ma question. Et un petit quelque chose me soufflait que Lucas ne m’ait pas révélé toute la vérité…
- Bon, assez bavassé Maria. Il est temps de se mettre au travail.
- Que dois-je faire?
- Prends ton rythme de jogging habituel et je ne veux pas que ton rythme cardiaque soit affolé lorsque tu reviendras.
- Quelle distance?
- Tu fais le tour de la propriété. Ensuite nous ferons le même exercice, mais à la course, normale. Finalement, un troisième tour, mais à ta vitesse maximale. Entre chaque je prendrai ton pouls. Pour voir à quel point la différence sera grande.
- Et après?
- Tu le sauras bien assez tôt! Aller, part!
Sur ce, il plaça sa main dans mon dos et me poussa avec force. Je n’eus donc pas d’autre choix que de partir à jogger.
Environ une heure plus tard je réapparus et George me prit le pouls. Il me posa ensuite des questions qui n’avaient aucun sens pour moi, mais qui apparemment étaient essentielles pour lui. Après ça il me fit signe d’entamer mon deuxième tour à la course. Course normale qu’il avait dit…
Cette fois j’arrivai une demi-heure plus tard. Mon pouls s’était clairement arrêté d’être calme, mais ce n’était pas encore très inquiétant. Il me reposa alors les mêmes questions dont je ne comprenais toujours pas l’utilité avant de me faire signe de repartir. Cette fois je disparus en une seconde.
Je revins au bout de quinze minutes, le cœur battant la chamade et ma respiration sifflante tout en ayant l’impression que j’allais m’effondrer. Il me prit mon pouls pour la troisième fois et ensuite me posa encore les mêmes questions. Finalement il conclut :
- Bon, je te laisse cinq minutes pour te reposer. Ensuite tu te transformeras en louve. Nous referons le même exercice pour voir si les résultats seront semblables. Tu devrais en toute logique aller plus vite sur quatre pattes que sur deux…
- Tu es en train de dire que je suis lente? M’offusquai-je.
- Non, tu es radicalement plus rapide que tous les loups-garou de ma connaissance, mais beaucoup moins que tu ne le devrais. Ton manque d’endurance y est sans doute pour quelque chose. Enfin, je peux te promettre une chose. Dans trois jours lorsque nous referons ce test tu seras encore plus rapide que présentement!
- C’est bon à savoir, bougonnai-je, malgré que je me sentais fébrile.
Je m’écrasai alors au sol pour me reposer un peu et je fermai les yeux. Soudainement j’avais très envie de m’endormir… Alors que je sentais mon esprit s’embrumer je fus rapidement sortie de ma transe de sommeil par le ton de George :
- Aller, transforme-toi Maria. On n’a pas une minute à perdre si tu veux pouvoir aller prendre ton petit-déjeuner avec les autres.
Cette simple hypothèse me redonna pleinement mon énergie et je sautai derrière un arbre pour retirer mes vêtements et entamer ma métamorphose. Dès que je fus devenue mon autre moi je m’avançai vers celui qui m’entrainait et il se contenta de me dire :
- Comme tout à l’heure.
Je partis alors au petit-trot et ne revins que trois-quarts d’heure plus tard. Il trouva alors mon pouls pour me le prendre, mais avec chance il ne me posa aucune question puisque je ne pourrais pas y répondre. Je m’éloignai alors à nouveau, mais cette fois à la course, sans toutefois me donner à fond. Environ vingt minutes plus tard j’étais de retour. Il refit alors les mêmes choses que la première fois avant de me laisser de partir. Là je bondis et me mis à accélérer encore et toujours. Tant et si bien que je le retrouvai à peine dix minutes exactement plus tard. Il avait l’air passablement satisfait, alors il me dit :
- Bon, je te laisse jusqu’à… disons neuf heures. Là nous allons commencer le vrai entraînement. Ce ne sera pas de tout repos, mais tu auras droit à une heure de pause pour le déjeuner et le diner. Redeviens humaine si tu veux aller prendre ton petit déjeuner.
Je ne me fis pas prier et sautai derrière l’arbre où se trouvait mes vêtements. Dès que je fus de nouveau sur mes deux jambes je les enfilai rapidement. Alors que j’aurais aimé mieux partir à courir vers le réfectoire je me retrouvai à me contenter de la marche rapide, j’étais déjà exténuée et le véritable entraînement n’était même pas encore entamer! Ça s’annonçait mal…
Lorsque j’aperçus finalement le réfectoire j’hâtai le pas, mais au moment où je vins pour ouvrir la porte une main me happa par les épaules pour me retourner vers on propriétaire. Les bras d’Ethan (car c’était lui) m’enserrèrent alors la taille et il m’embrassa doucement. Je serais bien restée là encore un moment, mais il s’avérait que tous les autres pensionnaires présents nous dévisageaient alors je lui fis un petit sourire avant de me détourner en l’entrainant derrière moi. Je le conduis alors à la table de nos amis et je m’assis à notre place habituelle.
Une fois que tout le monde fut arrivé Ethan me demanda :
- Alors qu’as-tu fait ce matin?
- Du jogging et de la course. Ce n’était que des tests, mais c’était…
- Éreintant? Me suggéra mon petit-ami.
- Exact, acquiesçai-je.
- Et pour le reste de la journée, qu’est-ce qu’il a prévu George? S’enquit Miranda.
- Développer mon endurance. Il dit que je devrais grandement m'améliorer d'ici les trois prochains jours…
- Crois-moi, s’il le dit, c’est la vérité. J’étais le pire coureur avant! Et maintenant j’ai une endurance d’enfer grâce à lui, enfin… Comparé à la moyenne, nous révéla Ethan.
Je hochai lentement de la tête en mangeant mon petit-déj du bout des lèvres. Étrangement je n’avais pas faim, pourtant je devais rapidement emmagasiner de l’énergie si je ne voulais pas tomber de fatigue tout à l’heure… Nous discutâmes alors de différentes choses, chacun essayant apparemment de me faire oublier que plus les jours passaient, plus je me rapprochais de mon combat final avec la chimère. Nous dûmes par contre bientôt nous quitter, car eux ils avaient des cours et moi…eh bien… de la course. Je me dépêchai alors de retrouver George.
Dès que je l’eus rejoint il ne prit pas la peine de me dire salut et m’expliqua le programme de la journée :
- Bon, Maria, pour la matinée je veux que tu fasses ceci… Un tour à vitesse maximale, ensuite un autre au jogging, après un troisième à la course normale, avant de poursuivre sur un autre tour au maximum de ta capacité et finalement un dernier tour au jogging. Tu recommences cette chaîne si à son point final tu te sens encore suffisamment en forme. Sinon, tu fais des tours en marchant. Pas plus d’un cependant. En bref, si tu veux tu peux faire ainsi, chaîne, marche, chaîne, marche, etc. Tu comprends?
- Oui… Mais je ne crois pas que j’en serai capable.
- Je suis sûr que oui, pour ma part. Écoute moi-bien Maria… Tu dois croire en toi et tes capacités, sinon c’est certain que tu n’y arriveras pas. Pour réussir il ne faut pas nécessairement être bon, il faut avant tout croire en soi-même. Car tu pourrais être la meilleure de l’univers, mais si tu ne le vois pas… tu te comporteras comme quelqu’un qui n’a jamais rien fait et qui n’a pas de compétence d’acquis.
- J’ai saisis, marmonnai-je en me détournant déjà pour partir à courir à toute vitesse.
Je n’entendis que :
- Maria, attends… Je ne voul…
Ensuite plus rien, j’étais rendue beaucoup trop loin pour ça.
À la fin de la première chaîne j’étais si exténuée que je me contentai de marcher. Chaque pas était une souffrance pour mes muscles endoloris. Lorsque la fin du tour accordé au « repos » arriva je n’avais pas même repris la moitié de mon énergie de départ. Je recommençai pourtant la chaîne, mais à peine rendue au milieu je n’en pouvais plus. Malheureusement George ne me permit pas de me la couler douce, il n’arrêtait pas de me pousser, m’encourageant à oublier les douleurs que cela me causait. Il alla jusqu’à comparer la métamorphose et la course… Seulement il y avait une marge entre les deux! Se transformer ne prenait pas si longtemps que cela!
À la fin du troisième tour je m’effondrai devant lui, vidée. Il me redressa alors délicatement et me fit m’appuyer contre un arbre. Même ce léger mouvement fut douloureux pour mon pauvre petit corps endolori.
- Tu m’impressionnes Maria. Je n’aurais jamais cru que tu pourrais faire cette chaîne à trois reprises! Me complimenta George.
J’étais à tel point fatiguée que je ne compris qu’une bonne minute après coup qu’il venait de me dire un compliment.
- Que… Quoi? Bégayai-je.
- Je croyais qu’après ton premier tour tu abandonnerais bien vite, mais tu as persévérée. Cela prouve que ta volonté va plus loin que la faiblesse du corps. Tu te rendras peut-être encore plus loin que je le pense…
- Vous… vous êtes sérieux? Enfin… T’es sérieux avec ça? Vraiment, sérieux?
La fatigue, semble-t-il, me faisait répéter la même chose.
- Oui, ma p’tite. Bon… Si tu t’en crois capable, va rejoindre tes amis et rendez-vous ici pour treize heures!
- Oui… Oui George! Dis-je avec un peu plus de vigueur.
Je me redressai alors tant bien que mal et retournai au réfectoire, mais cette fois non pas en marchant, mais bien en claudiquant.
Lorsque je fis mon entrée à l’intérieur je crois que tout le monde fut pris de panique, car ils se mirent tous debout et tentèrent de s’engouffrer vers la sortie. Cela me prit une bonne seconde avant que je ne comprenne pourquoi. Au moment où je vins pour les rassurer sur le fait que ce n’était pas la chimère qui était de retour, mais seulement un entraînement hyper fatiguant je fus interrompu par Kylie qui m’avait rejointe avec notre petite compagnie :
- Merde Maria! Qu’est-ce qui t’est arrivée?
Ethan m’entoura alors d’un bras protecteur et je répondis avec lassitude :
- Ce n’est pas la chimère. Seulement… Seulement c’est l’entraînement… Il… il n’y va pas… de main morte… je dirais.
- Je te comprends, me souffla dans le cou le loup-garou qui m’entourait de son bras.
Tout redevint immédiatement plus calme lorsque tout le monde eut pris conscience que la chimère n’était pas de retour. J’invitai alors les autres à aller s’assoir, car j’avais le pressentiment que je ne tiendrais pas une minute de plus debout. Ils durent le voir à mon expression, puisque la seconde suivante nous y étions. Dès que je fus assise je laissai tomber mon visage sur la table, exténuée.
- Je vais aller te chercher un plateau, me dit Ethan sur un ton de velours.
- Pas la… commençai-je, mais il me coupa.
- Garde tes forces pour cet après-midi. La journée est encore loin d’être finie…
Je me rangeai donc à son opinion et fermai les yeux un instant. Pourtant je les rouvris la seconde suivante quand Della demanda :
- Alors, que t’a-t-il fait faire?
- Plusieurs fois le tour de la propriété, si bien que je la connais maintenant par cœur! Marmonnai-je sans prendre la peine de lever la tête, me contentant de regarder la table d’un œil noir.
- Alors tu auras une meilleure connaissance des lieux maintenant! S’enthousiasma Lucas.
- C’est vrai, admis-je avec incrédulité, car je n’avais pas pensé à ça.
Lorsqu’Ethan revint avec mon plateau et le sien, je regardai le déjeuner avec une certaine réticence. Pourquoi n’avais-je pas faim? Je me résignai pourtant à le faire, car comme l’avait fait remarquer Ethan, j’allais encore avoir besoin d’énergie.
Une heure plus tard je retournais trouver George en traînant les pieds. La première journée n’était pas encore terminée que j’en avais déjà marre. Encourageant. Vraiment. Dès que je l’eus rejoins il me dit :
- Pour l’après-midi ce sera la même chose que ce matin, par contre tu le feras sous forme de louve, ce qui devrait déjà être moins fatiguant pour toi. À l’heure du diner ton entraînement de la journée sera terminé. Ce n’est en te faisant te surmener que j’obtiendrai les meilleurs résultats, alors autant te laisser plus de sommeil.
- Merci, dis-je avec sincérité.
Il hocha de la tête avant de me faire signe de me mettre au boulot.

Les deux autres jours furent tout aussi long que le premier, mais à chacun je m’étais découverte beaucoup plus endurante que la fois d’avant, ce qui me plaisait bien. Comme elle l’avait dit Della ne prit pas la peine de se réveiller en pleine nuit pour me combattre, mais à plusieurs reprises George vint rôder autour pour voir à quel point je pouvais percevoir ce qui se trouvait autour de moi. Il fut satisfait du résultat sans être totalement réjoui, car il aurait aimé que je puisse le repérer à plus de cinquante mètres. Pour ma part je trouvais que c’était déjà bien que je parvienne jusque-là en dormant. Il m’accorda le point, mais je savais que c’était à contrecœur.
J’ouvris les yeux au moment même où à l’extérieur le soleil commençait tout juste à pointer le bout de son nez. Comme c’était devenu routinier ces derniers jours je sortis de mon lit en traînant les pieds et enfilai mon linge au même rythme. Ensuite j’exécutai quelques étirements que m’avait conseillés George. Dès que ce fut fait je sortis hors de ma chambre et allai au toilette. Finalement je me rendis à l’extérieur pour rejoindre mon instructeur. Une fois rendue il ne tarda pas à m’expliquer l’ordre du jour (et des prochains) :
- Regarde… Pour les trois prochains jours comme je te l’ai dit nous allons t’apprendre le combat de manière plus approfondi. Aujourd’hui je vais t’appendre les mouvements et les contextes où il est le plus judicieux de les utiliser. Demain et après-demain se sera de la pratique ainsi que le perfectionnement de ce que tu sais déjà. Ça marche pour toi?
- Oui.
- Parfait. Ensuite… J’ai d’abord demandé la permission aux deux directeurs, nous allons te faire travailler en équipe. Du moins presque… Le premier jour tu t’entraîneras avec et contre Lucas, ensuite le jour d’après ce sera ton ami métamorphe, Perry, je crois? Le suivant avec Della la vampire. L’autre encore avec le Fae, Derek, si je me souviens bien. Le cinquième jour ce sera avec Ethan. Pour finir, le sixième tous tes amis manqueront leur école pour s’entraîner avec toi et nous ferons des équipes. Donc chaque journée sera consacrée à quelqu’un de nouveau et il ou elle restera avec nous toute la journée.
- Mais ils vont manquer l’école!
- Deux jours seulement et si tu veux mon avis… ils n’auront pas autant de retard que toi.
J’admis le point avec découragement, car dès mon combat contre la chimère fini, si je gagnais, j’allais avoir une tonne de devoir à faire… Mais bon, ce n’était pas ma plus grande préoccupation pour le moment.
- Commençons maintenant! Ah, j’oubliais… le dernier jour, celui de la Pleine Lune et aussi celui avec tous tes amis, nous ne travaillerons que la matinée pour ne pas que tu sois trop épuisée pour la nuit.
- Très bien, acquiesçai-je en déglutissant avec peine, car plus les jours défilaient plus je craignais la Pleine Lune.
Là il commença à m’apprendre les bases que je ne connaissais pas encore. La journée fut longue et fastidieuse, mais à la fin je me rappelais de tous les mouvements appris.
Sans que je les voie vraiment passer on arriva bientôt au dixième jour de mon entraînement intensif, en d’autre terme Lucas était censé venir nous rejoindre ce matin. Lorsque je le vis arriver je le saluai d’un sourire et il y répondit avant d’ajouter :
- Alors aujourd’hui on va combattre l’un contre l’autre?
- En effet, acquiesça George avant que j’aie le temps de dire quoi que ce soit. Mais pas uniquement. Vous allez aussi travailler en équipe. Faire le même genre d’entraînement que Maria à pratiquer ces dix derniers jours. Sauf au niveau de la métamorphose, ajouta-t-il. Vous me combattrez aussi moi, conclut-il.
Mon cousin lui jeta un regard dubitatif, avant de demander :
- Tous les deux contre vous seul, c’est ce que vous entendez par là? Ou chacun notre tour?
- Ensemble, se contenta de dire George. Bon maintenant mettez-vous face à face. Lorsque je vais vous dire de commencer vous vous battrez pour mettre l’autre sous votre volonté, en bref, pour qu’il n’ait plus aucune possibilité de vaincre. Compris?
- Ouais, répondîmes Lucas et moi en même temps ce qui nous arracha un sourire.
On se positionna alors comme nous l’avait demandé notre instructeur et là le décompte commença :
- Un, murmura George.
- Je vais tâcher de ne pas trop te faire mal, me dit mon cousin.
- Deux, continuait George.
- Ne te gênes pas, car je ne me gênerai pas. Je vais quand même essayer d’être moins dure que les deux dernières fois, lui soufflai-je en souriant.
- Allez-y! lança alors George et je fondis sur Lucas.
Nous luttâmes alors avec acharnement l’un contre l’autre jusqu’au moment où je fis un tour complet autour de lui tout en laissant poindre mes griffes. Là d’un jeu de jambe bien travaillé je le fis tomber à la renverse et une fois qu’il fut à terre je me mis à califourchon sur lui pour ensuite poser mes doigts désormais pourvu de griffes sur ses tempes.
- Ce n’est pas du jeu, bougonna-t-il, mais en voyant son regard amusé je su qu’il ne le pensait pas.
- Très bien. Bravo Maria. Maintenant recommencez, lança l’autre loup-garou.
Je n’eus même pas le temps de dire « quoi? » que je me retrouvai au sol et que Lucas prenait la position que j’avais prise avec lui. Il me dit alors :
- Nous voilà quitte.
George dut nous faire recommencer pas loin de dix fois avant de nous envoyer prendre notre petit-déjeuner. Lorsque nous revînmes par la suite il commença à nous faire courir autour de la propriété et à certain moment nous attaquait à l’improviste. Parfois c’était moi qui le repérais en premier, d’autre non. Nous fîmes cela tout l’avant-midi jusqu’à l’heure du déjeuner. Une fois de retour il occupa l’après-midi à nous mettre à l’épreuve de différentes manières.
À chaque jour qui suivirent ce fut relativement la même chose avec Perry (quoique ce dernier pouvant se transformer en loup on put pratiquer mon combat sous forme de louve), Della, Derek (avec lui je dus apprendre à résister à la décharge qu’il infligeait à ses adversaires) et Ethan avec qui le combat ne garda pas souvent son sérieux.
C’était le grand jour… J’avais peine à le croire, ce soir déterminerait si les derniers jours avaient valu la peine. Si je venais à perdre… tous mes amis le seraient aussi. Cette pensée ne me lâchait pas et me donnait de l’angoisse dont je n’avais vraiment pas besoin. D’ailleurs l’air sombre qu’affichaient mes amis témoignait qu’ils partageaient mes sombres pensées alors que nous marchions en silence vers l’endroit où je m’entraînais, cette fois nous y étions tous, Kylie, Lucas, Della, Miranda, Perry, Jenny, Derek et bien entendu Ethan.
Dès que nous arrivâmes George dévoila ses plans :
- Je vais vous diviser en trois groupes puisque vous êtes neuf. Maria, Miranda et Perry vous êtes ensemble. Ensuite Kylie, Lucas et Della. Finalement Ethan, Jenny et Derek pour la dernière équipe.
- Et qu’est-ce que nous allons faire? M’enquis-je.
- Ton équipe vous allez avoir pour mission d’atteindre l’autre côté de la propriété et d’y trouver l’objet qui m’appartient et que j’ai caché. Tu sauras immédiatement que c’est lui lorsque tu l’auras sous les yeux. L’équipe de Kylie et ton équipe vous devrez les en empêcher.
- Et nous? Questionna Ethan.
- Vous? Dit notre instructeur avec un sourire inquiétant. Vous allez vous occuper de mettre de la confusion dans les deux autres équipes.
Je n’étais toujours pas sûr de comprendre le but de tout cela, mais bon… Il devait y avoir un piège quelque part… La question était de savoir lequel et quand il allait apparaître.
- Alors? Qu’est-ce que vous attendez! S’exclama George. Allez ouste, du vent! Maria, je vous donne deux minutes d’avance avant d’envoyer l’équipe de Kylie et deux autres encore avant d’envoyer celle d’Ethan.
Je bondis alors en direction de l’autre côté de la propriété et en chemin je dis à Perry :
- Transforme-toi en quelque chose d’assez gros et qui vole. Ensuite prends Miranda avec toi. Si vous restez au sol tous les deux vous allez me ralentir…
- D’accord, se contenta-t-il de dire.
Il se transforma alors en un immense oiseau préhistorique, ensuite sans difficulté il attrapa Miranda par les épaules et décolla dans le ciel. Je partis alors à ma vitesse maximale et la vitesse me grisa à tel point que je me surpris à accélérer encore un peu. J’avais presque l’impression de voler… Alors que j’étais presque rendue à destination j’entendis des bruits de courses derrière moi. Je m’arrêtai alors brusquement, avant de me retourner et je saisis Della par le bras avant de la faire retourner d’où elle venait… en plein sur Kylie. Profitant alors de ce moment de répit je me remis à courir et réussis à atteindre mon but. Maintenant il fallait que je trouve ce qu’avait caché George… Il disait que je saurais immédiatement ce que c’était. Perry atterrit alors brutalement à côté de moi, tout en ayant déposé Miranda en premier lieu. La seconde suivante je fus littéralement plaqué contre le sol. Mon nez m’informa que c’était Della qui se trouvait sur mon dos. Je me retournai alors brusquement, du moins autant que je le pus et c’est alors que je la vis. La photo. Une femme à l’allure fière aux longs cheveux bruns aux reflets dorés regardait en direction de la personne qui avait pris la photo. Un sourire flottait sur ses lèvres et dévoilaient de belles dents blanches. Ses yeux gris acier comme les miens semblaient rieurs, sa main à la peau de la même couleur que la mienne en tenait une autre dont la forme me sembla familière ainsi que la partie de bras que la photo avait réussi à prendre. Une larme glissa sur ma joue… c’était ma mère sur la photo et elle était vraiment aussi belle que me l’avait décrite tant de fois George! Je me dégageai alors en deux temps, trois mouvements de Della et bondis en direction de l’arbre dans lequel reposait la photo. Je sautai alors de branche en branche jusqu’à l’atteindre, mais à peine refermai-je la main dessus que je dégringolai en bas avec un poids incongru autour de moi. Je sus l’identité de celui qui m’avait bousculé lorsque durant la chute il fit en sorte que je sois sur lui. Ethan. Il prit alors le gros du choc, mais profita tout de même de mon inattention pour me voler ce que j’avais entre les mains. Je rugis avant de me lancer à ses trousses.
Plusieurs heures plus tard nous étions tous assis dans le réfectoire en mangeant avec appétit le déjeuner. L’avant-midi nous avait ouvert l’appétit. Un souvenir flottait par contre encore dans mon esprit.
Je venais tout juste d’arriver auprès de George et je dis :
- Mission accomplie.
- Tu as trouvé l’objet? Me demanda-t-il.
- Oui. Justement…tiens, répondis-je en lui tendant la photo.
- Non, garde-la. Je sais que tu n’as rien de ta famille. Alors autant que tu gardes une photo de ta mère. De toute manière j’en ai bien d’autre à la maison…
- Je… tentai-je, mais les mots ne voulaient pas sortir tellement j’étais émue.
Des larmes roulèrent sur mes joues alors que je regardais de nouveau la photo où se trouvait l’image de ma mère que je n’avais pas connue… George eut alors une réaction à laquelle je ne m’attendais pas, il me prit par les épaules avant de me serrer contre lui. Dès que mes larmes commencèrent à se tarirent il me relâcha, mais le souvenir de son étreinte y resta un long moment…
Je revins brutalement à la réalité lorsque Lucas m’interrogea :
- Tu comptes faire quoi cet après-midi?
- Probablement me reposer, avouai-je. Pourquoi?
- Seule? S’enquit Derek.
- Oui… probablement. Ce n’est pas comme si j’allais vous proposer de vous reposer avec moi. Surtout que vous avez sans doute mieux à faire puisque tout le monde a congé cet après-midi…
- Mais pourquoi? Il y a plein de coin sympa dans la forêt où nous pourrions aller… protesta Miranda.
- Je… commençai-je, mais Ethan me coupa.
- Si elle veut rester seule, elle en a le droit. On n’a pas à l’obliger à venir avec nous.
- Oui, peut-être, mais… si c’est le seul moment qui nous reste avec elle… murmura Jenny. C’est vrai quoi! Il peut se passer n’importe quoi cette nuit, lâcha-t-elle rapidement ensuite en voyant que tout le monde la dévisageait, moi compris.
- Regardez, capitulai-je. Donnez-moi une heure pour être seule… J’ai besoin de solitude. Je vous rejoindrai plus tard.
- Tu vas aller où? Me questionna Kylie.
- Au bungalow, répondis-je.
- Alors nous allons venir te chercher dans une heure, trancha Della et ils s’éloignèrent tous, même Ethan quoiqu’il ne le fit qu’après m’avoir jeté un long regard.
Je poussai alors un léger soupir de soulagement avant de me mettre en route. J’appréciai particulièrement le fait que je n’entendais que mes pas et le bruit de la forêt tout autour. Ce n’était pas que je n’aimais pas leur présence, mais j’avais besoin quelque fois d’avoir un moment juste pour moi et pendant les derniers jours je n’en avais pas vraiment eus.
Une fois que j’eus rejoins le bungalow j’allai m’étendre sur mon lit et fermai les yeux. Pas même une minute après j’entendis cogner. Je maugréai entre mes dents et me relevai pour aller ouvrir. Lorsque je perçus l’odeur de mon visiteur importun je saisis la poignée de la porte et permis à Ethan d’entrer. Dès qu’elle fut refermée je le pris dans mes bras, la peur me nouait les entrailles.
- Calme-toi, Maria… Tu n’as rien à craindre pour le moment, me chuchota-t-il et je remarquai bien entendu qu’il avait évité de dire un mensonge.
- J’ai peur, avouai-je.
- C’est totalement normal, dit-il, mais pour une raison que j’ignorais il avait une touche d’amusement dans la voix. Nous sommes seuls, dans ton bungalow. Et ce pour au moins une heure.
- Que tu peux être stupide, parfois! Grognai-je en le frappant sur le bras.
- Eh! S’offusqua-t-il à moitié. Ce n’était qu’une proposition, rien de plus.
- Mais bien sûr! Dis-je en levant les yeux au ciel.
Il me fit alors le sourire dont il avait le secret avant de me saisir par la main et de m’entrainer vers ma chambre. Une fois là il s’étendit sur mon lit et m’invita à le rejoindre. Je m’installai alors contre lui, la tête sur son torse et fermai les yeux. Il me susurra alors à l’oreille :
- Repose-toi petite louve… Je suis là pour veiller sur toi.
Un sourire étira mes lèvres et je sentis mon cœur se calmer en écoutant le bruit de sa respiration et en sentant son cœur battre sous mes oreilles. La dernière chose que je sentis avant de m’endormir là fut sa main qui prenait la mienne.
J’ouvris brusquement les yeux lorsqu’Ethan se mit à remuer. Je me relevai alors d’un bond et m’exclamai :
- J’ai dormi combien de temps?
- Deux heures…
- Et tu n’as pas cru bon de me réveiller? Marmonnai-je. Les autres ne sont pas venus?
- Si, mais Della leur a chuchoté que tu dormais, alors ils ont fait demi-tour. Elle a ajouté de les rejoindre dans le coin Ouest de la forêt.
- Alors, allons-y maintenant que je suis debout… dis-je simplement.
Il hocha de la tête et nous sortîmes à l’extérieur. Nous marchâmes alors tranquillement en direction du lieu de rassemblement de nos amis, main dans la main.
Lorsque nous les eûmes rejoins nous nous installâmes à leur côté, ils étaient tous couché sur le dos et regardaient les nuages. Nous parlâmes alors de chose et d’autre, mais à chaque heure qui s’écoulait, plus la tension montait. Lorsqu’arriva finalement dix-sept heures nous nous relevâmes tous avec raideur, c’était l’heure du diner, mais ce n’était pas ça le problème. Non. C’était ce qui allait se produire après le diner. Dès que nous arrivâmes au réfectoire on remarqua que tout le monde semblait emporter des affaires pour dormir, par exemple un pyjama, une couverture, un oreiller, etc. Je surpris alors ce que Burnett disait à chaque élève :
- En temps normal ce ne devrait être que pour cette nuit. Je crois que c’est mieux pour tout le monde d’être ensemble ce soir.
Nous arrivâmes bientôt à son niveau et il s’enquit en voyant que nous n’avions rien dans les mains :
- Où sont vos choses?
- Quelles choses? Demanda Miranda.
- Pour dormir. Tous les étudiants et les professeurs doivent obligatoirement dormir dans le réfectoire cette nuit, répondit-il. Alors où sont vos affaires?
- Je ne crois pas que ce soit nécessaire pour moi, fis-je remarquer.
- Et nous n’étions pas au courant, ajouta Ethan.
- Très bien alors allez-y tous maintenant, on ne servira le diner que lorsque tout le monde sera présent, nous informa le vampire.
- Mais Burnett… C’est la Pleine Lune ce soir. Qu’en est-il de nous les loups-garou? S’enquit Lucas, inquiet.
- Vous devrez rester dans le réfectoire.
- Même George? M’étonnai-je.
- Même lui, confirma le directeur. Maintenant dépêchez-vous d’aller chercher vos choses.
- Je vais vous réserver des places, leur proposai-je.
Ils acquiescèrent de la tête avant de tous partir en vitesse. Je rentrai alors à l’intérieur et leur cherchai un endroit confortable parmi la multitude de matelas de fortune installés un peu partout. Je repérai finalement un coin où il y en avait huit et m’y installai. J’arrêterais quiconque viendrait pour prendre un des lits.
Environ une dizaine de minutes plus tard Della, Kylie et Miranda apparurent. Elles me rejoignirent rapidement et je les aidai à s’installer. Ensuite ce fut Jenny et M. Yates. La première vint nous rejoindre avec son petit paquetage, tandis que son frère allait rejoindre les autres professeurs. Bientôt on vit débarquer Lucas, Ethan, Perry et Derek. Comme maintenant tout le monde était là, nous jasâmes le plus gaiement que nous le pûmes, mais aucune lumière n’éclairait nos yeux, car la proximité de la nuit était beaucoup trop flagrante. Environ une demi-heure plus tard le diner fut servi.
Dès que tout le monde eut mangé, que les assiettes et ustensiles furent rangés un long silence plana. Lourd. George apparut soudain à nos côtés et me glissa :
- Je te conseil de te transformer avant que la Pleine Lune s’en charge à ta place, car il est presque certain qu’elle apparaîtra au moment même où nos corps se mettront à changer.
Je hochai tranquillement de la tête et alors que je me relevais pour m’en aller quelqu’un m’attrapa par le poignet pour me retenir.
- Eh! Tu ne nous dis rien avant de partir? S’exclama Miranda.
- Je compte revenir après ma métamorphose… marmonnai-je.
- Oui, mais tu ne pourras pas parler, fit remarquer Della.
- Très bien, vous voulez un discours? Grognai-je en sentant les larmes me monter aux yeux, mais je réussis à les ravaler tant bien que mal. Je tiens à vous dire que… peu importe ce qui adviendra ce soir… Vous êtes les seuls amis avec qui j’ai pu être moi-même et ceux grâce à qui j’ai su m’ouvrir aux autres, leur dis-je à tous. Kylie, compte sur moi pour que si je… je dois mourir ce soir, je viendrai te rendre visite. Miranda… ne laisse plus personne te faire croire moins bonne que tu es. Quant à Della… J’espère pouvoir te venir en aide, mais si jamais je ne pouvais pas le faire… Dis-leur la vérité, ça vaudra mieux. J’en suis certaine, soufflai-je à mes trois colocs en sentant mes yeux s’embuer. Lucas… J’espère que ce n’est pas la dernière fois que nous nous verrons, cousin. Et prends soin de Kylie, d’accord? Prenez soin l’un de l’autre, ajoutai-je pour mon cousin. Perry, Derek… Prenez soin de Jenny et Miranda. Jenny… merci de m’avoir compris dès mon premier jour ici et encore merci pour cette foutue pointe de pizza froide! Continuai-je et je me tournai vers Ethan. Pour ce qui est de toi, murmurai-je en m’approchant de lui. Prends soin de toi et si je ne dois pas en revenir vivante… Ne me pleure pas, lui susurrai-je au creux de l’oreille avant de l’embrasser en sentant une larme rouler sur ma joue qu’il essuya rapidement dès que je m’eus éloignée un peu. Ce que j’attends de vous c’est que preniez soin les uns des autres et que sans nécessairement m’oublier, vous passiez rapidement à autre chose, conclus-je en ayant des larmes pleins les yeux.
Je me détournai alors d’un bond, mais encore une fois une main me retint. Je lâchai un grognement découragé, mais il fut étouffé à moitié lorsque des bras se refermèrent autour de moi dans une étreinte suffocante. Miranda, pensai-je. Kylie passa ensuite, ainsi que Jenny. Même Della vint me faire une tape sur l’épaule. J’échangeai alors une bourrade avec Lucas et il me souffla :
- Je suis sûr que tu vas réussir.
Je ne répondis rien et me contentai de me faire taper l’épaule en signe d’encouragement par Perry et Derek. Dès que ces adieux déchirant fut fait je m’éloignai pour de bon, mais j’entendis le commentaire d’Ethan :
- Je mise sur toi, petite louve…
J’eus un petit sourire et me dépêchai d’aller m’enfermer dans une salle. Là je retirai mes vêtements et entamai ma métamorphose.
Une fois sur mes quatre pattes je m’étirai longuement comme un chat et ramassai mes vêtements dans ma gueule avant de rejoindre les autres. Je m’assis alors à leur côté et Ethan posa sa main sur mon dos comme pour me rappeler sa présence. C’est à ce moment que Burnett et Holiday tenant Hannah dans ses bras nous rejoignirent. Le vampire s’approcha alors de moi et dit :
- Fais de ton mieux Maria, car la survie de notre pensionnat et tous ses occupants sont en cette nuit sous ta responsabilité.
- Tu réussiras, j’en suis certaine, ajouta Holiday, pour détendre l’atmosphère qui s’était soudainement obscurci suite à ce qu’avait dit son mari.
Je me contentai de battre de la queue, ne pouvant pas répondre avec des mots. Soudainement un frisson m’hérissa l’échine et je compris ce que cela signifiait.
Dernière modification par Mimie99 le jeu. 21 juil., 2016 4:05 am, modifié 3 fois.
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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Mimie99 »

Il était temps que je m’en aille. Il était l’heure du combat ultime. Celui qui conclurait la guerre entre la chimère et moi. Je remarquai alors que les loups-garou autour de moi commençaient à changer de forme. Il était plus que temps, me dis-je et après leur avoir jeté un dernier regard je bondis dans la direction de la porte du réfectoire. En une seconde Burnett y arriva et il m’ouvrit la porte. Je m’élançai alors dans la nuit et m’éloignai le plus possible du réfectoire, car je savais que peu importe où j’irais, la Niti irait aussi.
Je m’arrêtai à la limite même de Shadow Falls, les sens aux aguets. Cela ne prit pas une minute que j’entendis une course au loin, provoquée par des pattes pesantes. Pas longtemps après j’entendis un hurlement de défi qui m’hérissa la fourrure. J’y répondis alors en y mettant toute ma fureur et ma conviction. Les autres comptaient sur moi et ce n’était pas le moment de les abandonner. Je ne pourrais pas m’y résoudre… La voix que j’espérais ne plus jamais entendre s’exclama alors dans ma tête :
- « Te voilà enfin, sale petite louve! Je vais te faire regretter ce que tu m’as fait! Tous tes amis souffriront par ta faute! »
Non, pensai-je. Je ne le permettrai pas. Je dévoilai alors mes crocs blancs et grognai dans sa direction.
- «Bientôt tu m’appartiendras, sois en sûr! » susurra-t-elle avant de me bondir dessus.
Jamais! Rugis-je mentalement en bondissant à mon tour. Nous nous heurtâmes de pleins fouets et je n’hésitai pas à planter mes crocs dans sa peau épaisse. Quant à elle, elle tenta aussi de me mordre, mais je me mis rapidement hors d’atteinte. C’était ce que m’avait fait pratiquer le plus George. L’attaque et la feinte. Tu fonces, tu mors et tu te retires, même si on a une bonne prise, car la chance peut rapidement tourner. Nous nous tournâmes quelques seconds autours, avant que je bondisse à nouveau à pleine vitesse. Cette fois je refermai ma gueule sur sa patte arrière gauche. Elle lâcha un hurlement qui me terrifia et me perça les tympans, ce qui me fit oublier une seconde que je devais déjà m’éloigner. Cette seconde fut fatale, elle m’attrapa par la patte et me projeta contre un arbre. Je lâchai un glapissement de douleur en prenant l’arbre en plein dans le ventre, mais dès que je fus au sol je me remis sur mes pattes.
- « N’apprendras-tu donc jamais? Tu ne peux pas me vaincre! Et tu ne le pourras jamais! » ricana-t-elle de sa voix désincarnée.
Je secouai la tête pour marquer mon refus, à mon grand désespoir ses blessures étaient déjà cicatrisées. Nous nous remîmes alors à tourner en rond jusqu’au moment où elle bondit sur moi, gueule grande ouverte. Elle tenta de me prendre à la gorge, mais en me décalant à toute vitesse de quelques pas, ce fut moi qui refermai mes crocs tranchants sur la peau de son cou. Je m’agrippai alors de toutes mes forces et en tentant de se délivrer de ma prise elle ne fit que m’aider à monter sur son dos. Là je me mis à labourer son dos de mes pattes. Pourtant avant qu’elle ne se mette dans l’idée de me faire prendre un autre arbre dans le ventre je relâchai prise et à partir de son dos, je bondis dix mètres plus loin. Je me retournai vers elle avec un léger grondement. L’odeur qu’elle dégageait semblait encore plus forte que les fois précédentes, mais c’était peut-être aussi dû au fait que je ne l’avais pas vu durant les seize derniers jours… Je décidai alors d’user d’une technique qu’elle-même avait utilisée contre Della et moi. Je me mis alors à courir à ma vitesse maximale tout autour d’elle et après une bonne minute de cela je fondis sur elle et fonçai en plein dans son flanc droit. J’eus la satisfaction d’entendre un craquement. Assurément je lui avais cassé une côte, voire plus d’une! Elle rugit de douleur avant de se retourner à une vitesse qui avec la blessure que je lui avais faite je n’aurais pas cru possible. Je tentai de reculer, mais je ne fus pas suffisamment rapide. Elle me happa alors de sa patte droite et ses griffes rétractiles de raptor se déployèrent pour me marquer de quatre longues estafilades sur mon ventre. Le sang se mit immédiatement à jaillir et mon énergie baissa d’un cran. Je lâchai alors un hurlement vers la lune et la nuit, leur témoignant toute ma souffrance et ma colère.
- « Ne t’avais-je pas dit que tu paierais? Si j’avais prévu de prime abord t’épargner et te contrôler, je crois que j’ai changé d’idée maintenant. Je préfère te voir morte… Tu ferais une esclave beaucoup trop imprévisible, en plus! » lâcha-t-elle avec un sourire carnassier qui me fit frissonner comme les autres fois.
Je vins alors pour lui grogner dessus, mais c’est à ce moment que trois hurlements différents semblèrent répondre aux miens. Je reconnus sans mal l’un des trois. Ethan. Et ils semblaient tous trop proches et trop clairs pour qu’ils proviennent d’un lieu fermé comme le réfectoire. Bon sang, ils n’étaient tout de même pas sorti, si? Ce moment d’inattention me fut fort défavorable, car elle en profita pour me foncer de plein fouet dessus. Je rencontrai alors encore un arbre et cette fois c’est l’une de mes côtes qui craqua sinistrement.
- « Tu vois comme c’est douloureux? Dis-toi que ce sera encore bien pire avant que je me décide à t’achever. » me souffla-t-elle sur un ton gourmand et moqueur, sans oublier sa convoitise, elle avait hâte de me voir souffrir.
Je gémis une seconde, mais je n’avais pas le droit d’abandonner les autres comptaient sur moi. Je me relevai alors avec difficulté et avançai en claudiquant dans sa direction. J’aperçus alors un mouvement derrière elle et en une seconde trois pais de yeux dorés apparurent. Sans doute était-ce Ethan et Lucas… avec… qui? George? Possible. J’humai discrètement l’air, car apparemment elle ne les avait pas encore aperçus. C’était bel et bien le tuteur d’Ethan qui se trouvait avec ce dernier et mon cousin. Comme je ne voulais pas qu’elle les remarquer je puisai dans ma force de conviction pour bondir sur elle et lui mordre encore la gorge. Pourtant, elle ne m’en laissa pas le temps et me propulsa à au moins dix mètres plus loin, au moins n’était-ce pas sur un arbre cette fois? Je tentai alors de leur faire signe discrètement de partir, mais c’est à ce moment qu’ils décidèrent de bondir dans la direction que j’avais prise. La chimère se tourna vers eux, mais trop lentement, car ils eurent le temps de lui sauter sur le dos et de mordre là où il pouvait. Je tentai alors de me relever tout en détaillant le loup de mon instructeur. Il était magnifique avec son jaune-doré parsemé de poil noir et comme presque tous les loups son ventre et ses pattes étaient blancs. Elle réussi d’abord à se débarrasser de lui, car il avait une moins bonne prise que les deux autres. Lucas et Ethan n’attendirent pas qu’elle les déloge et ils descendirent de leur propre chef. Mon cousin le fit légèrement de côté et mon petit-ami le fit de dos, ce qui facilita la tâche pour la chimère de les attaquer en même temps. Elle projeta alors sa patte sur eux et leur faucha les leur, alors qu’ils tombaient à la renverse (et que du même fait j’avais distinctement entendu un ou plusieurs os craquer) elle balança encore sa patte sur eux et les propulsa un peu comme moi plus tôt, mais cette fois sur des arbres. NON!!! Hurlai-je mentalement. Pas eux…
- « Croyais-tu vraiment pouvoir me les cacher, Maria? Malgré toutes tes stupidités je croyais que tu étais quand même intelligente. Je vois que non désormais. » dit-elle avec un air suffisant qui ne me plaisait pas.
Vraiment pas. Elle n’avait pas le droit. Pas le droit de dire des choses sur moi, d’insinuer. Elle n’avait aucun droit sur ma personne, ni sur mes amis. La fureur que je ressentais en ce moment même me permis de me redresser et de m’avancer sans presqu’aucun boitillement. Elle me regardait avec une telle nonchalance que cela me mit encore plus en rogne. Alors je me propulsai dans sa direction à une telle vitesse que je fus certaine qu’elle ne l’avait pas vu venir. Je la fis tomber à la renverse sous le coup de l’impact et on se mit à rouler l’une sur l’autre en claquant des mâchoires, nous manquant de peu à chaque fois. À un certain moment elle commença à vouloir se redresser et je réussis par je ne sais quel miracle à m’accrocher à la peau de son dos. Faisant fi de son rugissement de douleur je me remis à la lacérer tout en essayant tant bien que mal de me rapprocher de sa tête. Je finis par l’atteindre et à ce moment je mordis fermement son crâne.
- « Non! Tu ne peux pas… tu ne peux pas… » murmura-t-elle.
Si, je peux! Aurais-je voulu hurler. Là d’une certaine torsion du cou je réussis à la faire s’affaler au sol. Je fis alors un 360 dans les airs pour atterrir devant elle sur mes quatre pattes. Là je vins pour mordre son museau, mais cracha :
- « Tu ne… m’auras pas! »
Pour la faire taire je claquai mes mâchoires sur sa gueule et plantai mes yeux dans les siens. Et ce fut comme si un mur de glace explosait. Je fus soudainement envahi de souvenirs et de pensées qui n’étaient pas les miens. Je perdis mon identité dans la horde de choses qui sortaient de la tête de la Niti. C’était comme si on me jetait des milliers d’éclat de verre dans la tête, en pire. Je titubai alors et sans le vouloir je relâchai mon étreinte. La tête de la chimère tomba lourdement, mais un mot me parvint.
- « NON! » hurla-t-elle, mais en même tant la voix se scinda en deux, avant que l’une ne disparaisse complétement.
Une forme sombre et spectrale sortit alors du corps immobile de la Niti. J’étais trop éreintée pour même songer à m’enfuir. Je me contentai de regarder cette chose grandir et soudainement foncer vers moi à une telle vitesse que à peine la voyais-je foncer une seconde que la suivante ce fut comme si je fonçais de plein fouet dans un mur de béton. C’est alors qu’une sensation d’invasion m’envahit. Bon sang, est-ce que j’étais en train de me faire posséder? Pensai-je difficilement.
- « Non, je suis en train de te tuer! » Siffla la voix qui auparavant appartenait à la chimère.
Non… Non, ce n’était pas possible, pas après tout ça! Je tentai alors de lutter contre la sombre nature de la chose, mais mon combat était vain, j’en avais conscience. Peu à peu mon esprit se déconnecta et le vide commença à prendre possession de moi. Une fraîcheur semblait se répandre dans tout mon corps, j’avais si froid… Mes pensées commencèrent alors à se distancer de plus en plus jusqu’à ce que ce soit… le vide. Le néant total. Un dernier souffle s’échappa de mes lèvres et mes yeux se fermèrent pour la dernière fois.

******************


Ethan ouvrit les yeux, juste à temps pour voir Maria refermer sa gueule sur ce qui lui sembla, du moins pour lui, du vide. Ensuite il sembla se passer quelque chose, car sa chère petite louve se mit à pousser des gémissements et à se tordre de douleur. Il tenta de se relever, mais apparemment sa patte avant gauche était cassée et sa tête le faisait souffrir de manière inimaginable. Pourtant il ne pouvait pas rester là sans rien faire. Il rampa alors avec l’aide de ses trois pattes valides et il ne se rendit pratiquement pas compte que Lucas en faisait de même. Apparemment George était indemne, mais au lieu d’aller vers Maria il se rua dans la forêt. Mais pourquoi? Son esprit embrumé finit par comprendre qu’il devait sans doute aller chercher du secours. Il entendit soudain les respirations régulières de Maria s’espacer de plus en plus. Que trois mètres avant de l’atteindre, se dit-il. Mais les trois mètres étaient de trop, car à peine ne lui restait-il qu’un mètre à franchir l’ultime souffle de vie quittait Maria. Il poussa un gémissement de douleur, non pas physique, mais intérieur. Son cœur venait de partir en vrille. De se casser en un millier de morceau. Il entendit le grondement de Lucas, mais y sentit la tristesse que le cousin de sa petite louve vivait. Lorsqu’il l’eut finalement rejointe il posa sa tête dans le cou de la louve et poussa un autre gémissement. Pourquoi maintenant? Elle avait vaincu la chose! Alors pourquoi avait-il fallu qu’elle meure, là, après tant d’effort? Lucas vint alors se placer à côté de lui et tenta de bouger un peu la tête de Maria, comme pour voir si elle vivait encore… N’avait-il pas entendu, tout comme lui, le souffle de vie quitter leur amie?
Cela devait faire cinq bonnes minutes qu’ils étaient là lorsque George revint. Si Ethan se doutait bien que le sort de Maria comptait pour son tuteur, il n’aurait jamais pensé que le vieux loup aurait pu réagir de manière aussi intense en la voyant immobile, morte. Son tuteur poussa un tel hurlement de détresse et de peine que sa propre douleur en fut décuplé. Alors arrivèrent les autres du groupe, chacun marqua un hoquet en voyant l’état pitoyable dans lequel se trouvait Maria. Kylie, Miranda, Jenny versèrent des larmes, même Della crut-il remarquer du coin de l’œil en laissa échapper une. Perry et Derek tentèrent de consoler leur compagne, mais celles-ci voulaient plutôt s’approcher. La caméléon aux cheveux blonds commença alors à marcher dans leur direction, mais Holiday l’arrêta.
- Je peux la sauver Holiday! Gronda Kylie.
- Tu connais le prix à payer pour cela! Rétorqua la directrice. Et Maria connaissait les risques.
- Mais…
Ethan poussa un grondement, si Kylie avait vraiment le pouvoir de ramener Maria, elle était mieux de le faire sur le champ, sinon il risquait d’être de très mauvaise humeur et malgré sa patte en moins, il se savait un bon combattant. Si au moins il pouvait réfléchir correctement… Ses yeux commencèrent alors à se fermer tout seul et il n’eut que le temps de voir la caméléon s’arracher de l’emprise de la fée pour s’approcher de Maria qu’il sombra dans l’inconscience.

******************


Je sentis mon esprit sortir lentement de mon corps. Lorsque j’en fus définitivement détaché ce fut comme si je flottais dans les airs. Je regardais autour de moi et mon cœur se fendilla lorsque je vis l’air désespéré d’Ethan qui s’approchait de mon corps inerte. Cela me faisait tout drôle de me voir là. Je pris alors conscience que je n’étais pas sous forme de loup. J’étais en humaine. Mes yeux jetèrent un coup d’œil autour de moi et c’est alors que je la vis. Ma mère. Elle s’approcha de moi et tendit la main. Je la sentis alors se poser sur ma joue, fraîche. Elle me fit un sourire triste et radieux à la fois.
- Je suis heureuse de pouvoir enfin te parler… Nous aurions tant de chose à nous dire.
- Nous en aurons tout le temps désormais, lui dis-je.
- Non, justement. Ton heure n’est pas encore venue, ma fille. Tu ne pourras pas rester longtemps entre les deux univers. Alors je ne te retiendrai pas longtemps.
Je voulus poser une question, mais c’est alors que mon grand-père (Médric), ma grand-mère et Max apparurent. Je me jetai rapidement dans les bras de Médric. Il me rendit aussitôt mon étreinte. Je demandai alors :
- Mon père n’est pas là?
- Non, car il n’est pas mort, me révéla ma mère.
- Mais où est-il alors? Est-ce que je peux le savoir?
- Tu le rencontreras bientôt. Très bientôt, répondit Médric.
Je leur jetai un regard dubitatif, mais lorsque je voulus les questionner davantage, ma mère me coupa la parole pour dire :
- Je t’aime ma fille et même si je voudrais plus que tout être avec toi il faut que tu t’en aille.
Sur ce, elle me prit par les mains une seconde avant de me pousser brusquement vers mon corps. Je me sentis alors aspiré dangereusement et soudain.
Boum! J’étais de nouveau consciente de toutes les meurtrissures de mon corps. Je pris de grandes inspirations et j’eus presque un arrêt cardiaque en entendant Kylie lâcher un cri aigu. Toutes les personnes présentes autour de moi semblaient complétement éberlué. Ma coloc lâcha comme étourdi :
- Mais tu étais morte! Et je n’avais même pas commencé ta guérison!
- Eh bien… Tu auras beaucoup de choses à expliquer Maria, mais… commença Burnett, mais je n’entendis pas la suite.
Certes, j’aurais beaucoup de choses à expliquer, mais pas tout de suite. Pour le moment j’étais trop fatiguée, émotionnellement et physiquement.
Lorsque j’ouvris finalement les yeux j’avais une faim de loup. Je jetai alors un coup d’œil autour de moi pour découvrir que j’étais dans ma chambre de mon bungalow et que plusieurs personnes s’y étaient invités. Soit Lucas, Ethan, Kylie, Miranda et même Della. Mon cousin et Ethan avait tous deux la tête enroulé dans des pansements, mais ils avaient une différence dans leur blessure. Si Lucas avait la jambe gauche dans le plâtre, tandis que son petit-ami c’était le bras du même côté, soit la gauche. J’eus un petit sourire en les voyant ainsi, mais je le perdis aussitôt en voyant qui d’autre se trouvait dans ma chambre. Je lâchai alors un grondement qui réveilla tous mes amis, seulement la vue de la chimère roulée en boule à côté de mon lit était un peu trop surréaliste. Surtout après tout ce que j’avais vécu à cause d’elle. Elle releva alors la tête et dans ses yeux de rubis je ne lus que regret, compréhension et douceur. Ce fut une voix ayant ces intonations qui se fraya un passage dans mon esprit pour me dire :
- « Bonsoir, Maria. Je tiens à te présenter toutes mes excuses pour les pertes que tu as subies, ainsi que les douleurs que mon corps t’a causées. Seulement ce n’était pas moi qui contrôlais. D’ailleurs, merci de m’avoir débarrassé de la présence de cet être infâme. Pour cela tu pourras toujours compter sur mon éternelle loyauté. Tu feras une excellente Alpha. »
J’acceptai ses excuses d’un bref hochement de tête, encore trop déboussolée pour véritablement comprendre toutes les implications que cela comportait.
- Maria est-ce que ça va? S’enquit Ethan et je sentis son envie de bondir dans ma direction pour me serrer contre lui.
- Ça peut aller, dis-je avec franchise.
- Navré de te demander ça, mais… Il faut qu’on parle. Seul à Seule, marmonna Lucas et je compris de quoi il voulait parler.
- J’ai dormi combien de temps? Demandai-je par contre avant de me lever.
- Deux jours… me révéla Kylie.
C’était alors sûr que Lucas voulait que nous allions voir son père, mon oncle, en bref. Je me levai alors délicatement, car je n’étais pas sûr de pouvoir marcher, mais contre toute attente je tins le coup. La Niti se leva alors d’un bond et vint pour me suivre, mais je l’arrêtai d’un geste. Je lui soufflai :
- Laisse-moi du temps… J’ai besoin de temps pour digérer… tout ça.
- « Je m’appelle Kelsea. Et prends le temps que tu auras besoin. » murmura-t-elle doucement.
Je suivis alors mon cousin à l’extérieur et nous nous mîmes à marcher en silence, du moins autant qu’on le pouvait avec lui pogner avec la jambe dans le plâtre.
- Tu devras me raconter tout ce qu’il s’est passé, lui dis-je.
- Toi aussi.
- Je crois que le prochain feu de camp va être très intéressant, affirmai-je en souriant.
- Probablement.
Le silence retomba alors, mais seulement pendant quelques minutes, car soudain quelqu’un rugit :
- QU’EST-CE QUE TU FAIS ICI! JE TE CROYAIS MORT!
- Je pourrais te retourner la question, susurra une voix que je reconnus.

George. Mais que faisait-il avec le père de Lucas? Nous nous approchâmes alors à pas de loup jusqu’à ce que nous pûmes voir ce qui se déroulait et ce sans être vu.
- Je n’ai pas à me justifier avec toi, tu es un banni, lâcha avec dégoût le père de Lucas.
- Je n’ai pas été banni, c’est moi qui ai décidé de vous bannir de ma vie, rétorqua George.
- Tout cela pour une saloperie de louve qui ne venait même pas d’ici, tu me dégoute.
- Ne parle jamais d’elle ainsi! Rugit le tuteur d’Ethan d’une voix si puissante que j’en frémis.
- Si tu veux bien partir maintenant, je suis censé rencontré ma nièce ce soir. Si mon stupide de fils, l’a bien amené bien sûr! Gronda mon oncle.
- TU NE TOUCHERAS PAS UN SEUL DES CHEVEUX DE MA FILLE, FRÈRE INDIGNE! Hurla alors mon ancien instructeur. Et ton… voulut-il continuer, mais la vérité venait de se frayer un passage dans mon esprit.
Est-ce que George venait vraiment de m’appeler « sa fille »? Où avais-je mal entendu. Il ne pouvait tout de même pas être mon père, non? Le reste me détrompa :
- Tu es la honte de la famille, Matthew. Pas moi.
- Quoi? Murmurai-je tout bas.


Alors j'espère qu'il vous aura plu. Quetzalbleu ta première hypothèse était la bonne! ;) Maintenant voilà une image du loup de George (ou plutôt Matthew :D ) Alors... Qu'en pensez-vous du chapitre? Désolée pour la coupure, j'avais dépassé la limite de caractère... :oops:


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Quetzalbleu

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Quetzalbleu »

Waaaah... !!!!!
Bon sang c'était génial !! Topissime !!! J'ai adoré ! Pourquoi les fanfic's ne peuvent-elles pas être publiées, hein ? Qu'on m'explique ! :shock: 8-)
Je vais tout d'abord parler petites fautes, puis on va passer au vrai commentaire *-* :
en me redressant légèrement pour lui voler un baisé baiser.

- Non, tu es radicalement plus vite vive, non ? que tous les loups-garous là je ne suis pas sûre... de ma connaissance

Il dit que je vais m’être grandement améliorée en uniquement trois jours…
Ici, cette juste une faute de syntaxe. La phrase en elle-même est bonne, mais on pourrait l'améliorer.
"Il dit que je me serais grandement améliorée d'ici trois jours..."
"Il dit que je vais grandement m'améliorer en uniquement trois jours..."
Je trouve ça mieux, pas toi ?


Car tu pourrais être le la meilleure de l’univers, mais si tu ne le vois pas…

je fus interrompu par Kylie qui m’avait rejointe avec la le gang :

Je vais quand même essayer d’être moins dure que les deux dernières fois, lui soufflai-je en souriant.

et Ethan avec qui le combat ne gardait pas souvent son sérieux.

- Regarder -ez, capitulai-je.
Voilouu, corrections faites ! :D

Autrement, je crois que je n'ai jamais vu un chapitre aussi long de toute ma vie. J'avais envie de sauter de joie ! Et puis il y avait tellement d'action, de suspense, de révélations !! C'est impressionnant !! Je suis super contente, ma première impression sur George était la bonne, yes !!! :mrgreen: :!:
Il va devoir s'expliquer, le Matthew ! Et je comprends pourquoi il était aussi triste quand il a vu Maria morte !! En tout cas, c'est juste whaouh ! :o L'entraînement, ses amis, Ethan, toutes ces pensées et tracas, tout ça est super bien décrit, alors bravo !! De toutes mes forces, j'applaudis !!!
C'est lire tes chapitres qui m'a donné envie de lire Nés à Minuit, et j'en aurais bientôt l'occasion, alors je suis très contente *-* En tout cas, merci ! Et je sais que tu vas dire que c'est à toi de nous remercier et blablabla, mais je m'en fiche, merci quand même pour cette lecture !
À bientôt pour la suite :D
Mimie99

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Mimie99 »

Merci pour les petites corrections Quetzalbleu, je vais m'en occuper plus tard. Par contre, le pluriel de loup-garou est bien loups-garou et pour le fait d'être radicalement plus vite, je vais changer "vite" par rapide :D Et puis le garda/gardait, c'est garda, car c'est dans le passé et l'imparfait (comme gardait) on l'utilise dans les descriptions du présent. Et moi c'est une description du passé... ;)


P.S: Je suis vraiment désolée pour les fautes, mais écrire vite sur l'ordinateur pour ne pas perdre ses idées c'est ça qui se passe et en plus quand tu es fatiguée... J'ai terminé ce chapitre-ci à environ 24h30 (posté plus vers 1h25) et je l'ai commencé (de continuer) vers 20h00. Petite info: comme je suis au québec et non en france il y a un petit décalage horaire qui fait que parfois je publie à des heures où pour la plupart vous dormez :D
Elicia

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Elicia »

génial !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Myranda

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Myranda »

Va t'il en avoir un Thom deux ou un nouveau chapitre !!? jsuis folle de se livre !!! perso j'ai que 14 ans et ses un des livre qui ma le plus ému et toucher j'ai toujours voulu me transformé en Louvre garou et j'aimerais qui en aille un nouveau
Mimie99

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Mimie99 »

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Chapitre 12


Lucas riva ses yeux bleus dans les miens et je crus y lire de la culpabilité. Parce qu’il était au courant? Plusieurs vérités me sautèrent alors aux visages. Premièrement George (enfin… Matthew) était bel et bien mon père. De deux, Lucas était au courant et ne me l’avait pas dit. C’était pour ça qu’il avait semblé si surpris lorsqu’il avait rencontré George, il lui rappelait son père! Finalement… mon père avait-il vraiment sous sa charge mon petit-ami? Outch! Ça s’annonçait mal pour le futur… Je tombai alors à genoux alors qu’une horde de sentiments contradictoires m’étreignaient entre eux en sandwich. Incompréhension, compréhension, tristesse, incrédulité, colère… surtout de la colère, pensai-je alors que je sentais une douleur me vriller le crâne. Je sus sans l’ombre d’un doute que mes yeux avaient changé de couleur lorsque je vis Lucas reculer vers George-Matthew. J’enfonçai alors les mains dans la terre en sentant mes griffes perforer ma peau. Reprends-toi Maria, me morigénai-je. Tu vaux mieux que ça… Je calmai alors ma respiration jusqu’au moment où je pus ranger les griffes si je pouvais le dire ainsi. Je me redressai alors en lâchant un léger grondement. Je foudroyai alors du regard celui qui m’avait entraîné et j’hurlai avec une colère non dissimulée :
- Qu’est-ce que ça veut dire!
- Laisse-moi t’expliquer… Je t’en prie, me supplia-t-il et je lus de la détresse dans son regard.
- Tu m’avais dit que tu étais le meilleur ami de ma mère! Que tu ne connaissais pas beaucoup ses frères! Et que tu étais parti à la guerre avec mon père! Comment aurais-tu pu y aller, si tu te trouves être mon père! M’exclamai-je, ma colère s’envenimant.
- Si tu me laisses parler tu comprendras… soupira-t-il en évitant mes yeux furieux.
- Comprendre quoi? De nouveaux mensonges?
- Maria, je t’en prie… Écoute-le! S’interposa mon cousin.
- Parce que tu étais au courant, en plus! Grondai-je. De tout?
- Pas de tout, non. Mais assez pour comprendre, admit-il. J’étais en colère moi aussi au début, mais il a su me faire comprendre la justesse de ses actes.
- Ce que je comprends pour le moment, c’est que je m’en tirerais mieux sans famille, dis-je d’un ton si faible qu’il contrastait avec force avec la fureur de la seconde plus tôt.
Je vis la colère traverser les yeux bleus de George et il lâcha sur un ton qui la dévoilait :
- Alors ça non! Sans moi, tu serais morte, la p’tite! Sans l’éducation que je t’ai donné, tu n’aurais pas tenu deux minutes fassent à elle!
- Ah! Mais à ce moment-là tu n’étais pas ma famille! Une famille ne se cache rien! En occurrence pour moi tu n’étais pas mon père à ce moment-là! Maintenant tu l’es peut-être, biologiquement parlant. Mais il en faut plus pour faire une famille. Beaucoup plus, susurrai-je et à la toute fin je jetai un regard en coin à mon oncle qui semblait nous trouver fort intéressant.
J’attendis une petite seconde pour voir si quelqu’un allait ajouter quelque chose. Comme rien ne venait je me détournai tout en lâchant :
- Je te faisais confiance Lucas…
- Maria, attends… commença ce dernier, mais j’étais déjà trop loin pour entendre la suite.
Je courais sans relâche. À toute vitesse. Les larmes m’embrouillaient la vue. Pourquoi fallait-il que je pleure, hein? Cela ne changerait rien à ce qu’il s’était passé. Ni ne m’arrangeait. Cela ne ferait que me fatiguer et me rendre vulnérable. J’essuyai alors avec rage les larmes qui s’écoulaient de mes yeux et pus ainsi mieux voir ce qui se trouvait devant moi.
Dès que j’eus atteint le bungalow je bondis à ma fenêtre et pénétrai à l’intérieur. Avec chance les autres semblaient avoir débarrassé le plancher… Je tendis l’oreille et me rendis compte qu’ils s’étaient contentés de m’attendre dans la cuisine. La chimère me coula un regard en biais et me demanda :
- « Que comptes-tu faire? »
- Com…
- « Nos esprit sont liés désormais. Je peux lire en toi comme dans un livre ouvert… Bientôt tu pourras faire la même chose avec moi. Tu n’auras alors plus besoin de me parler de vive voix. » m’expliqua-t-elle avant que j’aie pu ajouter quoi que ce soit.
- Humm… me contentai-je de répondre.
- Maria est de retour! Entendis-je affirmer Della.
Maintenant le plus dur restait à venir, pensai-je. Il allait falloir que je joue le jeu. Et à fond, car la petite vamp ne devait pas entendre le mensonge dans ce que je leur servirais. Des bruits de pas se dirigèrent alors vers moi. Quatre biens distincts. C’était sans doute les trois filles accompagnées de… Ethan? Probablement. La porte s’ouvrit alors que je m’affaissai sur mon lit avec un soupir épuisé, que, à ma grande honte, je n’eus même pas à feindre.
- Maria? Est-ce que ça va? S’enquit Kylie alors qu’Ethan ne me lâchait pas des yeux.
- Ça peut aller, répondis-je sans mentir (après tout je n’affirmais pas aller super bien, ni super mal, ce que je ressentais en somme).
- Tu veux quelque chose? Me demanda Miranda.
C’était maintenant que ça se corsait, me dis-je.
- Oui… J’ai besoin de… de repos… soufflai-je en respirant un peu plus fort que nécessaire.
- On comprend, affirma Della. Tu nous raconteras ton combat une autre fois, hein?
- C’est sûr, voyons! Affirmai-je avec un pincement à la poitrine.
Je savais que je finirais par tout leur raconté, mais je n’étais pas certaine que ce serait de vive voix. Les trois filles s’éclipsèrent après m’avoir tapoté l’épaule, me laissant seule avec Ethan. Je me relevai alors doucement et marchai vers lui en me traînant des pieds. Maintenant embrasse-le Maria, c’est peut-être la dernière fois que tu le vois… me dis-je en me forçant au calme. Embrasse-le comme si tout allait enfin bien et que tu comptais le revoir le lendemain, pensai-je ensuite en tendant ma tête vers lui. Je n’eus aucunement besoin de clarifier ma demande qu’il posait ses deux mains sur ma taille et me rapprochait de lui. Nos lèvres se joignirent alors et alors que j’en aurais voulu beaucoup plus il s’écarta pour me souffler :
- J’ai cru que tu étais morte…
Je sentais la douleur et la peur que cela lui avait causée.
- Moi aussi… murmurai-je en retenant mes larmes mal venues.
Il ne fallait pas que je me relâche. Pas maintenant. Sinon j’allais tout gâcher. Il serait bien assez tôt de me mettre en colère contre moi-même et de pleurer tout mon soûl dès que je serais partie. Seule. Ou du moins presque seule, car j’avais l’impression que la chimère viendrait avec moi. Ethan me serra alors une dernière fois contre lui, me déposa un baiser rapide sur le bout des lèvres et s’en alla en lâchant :
- Repose-toi bien, Maria.
Je hochai de la tête, le cœur trop noué pour formuler une phrase qui aurait du sens. Lorsqu’il eut disparu de ma vue je me retins de hurler toute ma souffrance à la lune. Maintenant il me fallait attendre… Attendre que toutes mes toutes nouvelles amies s’endorment en croyant que je serais toujours là à leur réveil. Pourtant ne l’avais-je pas dit? Ma venue à Shadow Falls n’était que passagère et je l’avais su dès que j’y avais mis les pieds. Je m’étendis sur le lit et patientai en silence, sans oublier de prendre une respiration lente et régulière comme si je dormais.
À peine deux petites heures plus tard et tout le monde dormait. Je me relevai alors en silence et commençai à ranger mes choses en m’assurant bien de n’en oublier aucune, bien sûr. J’espérais revenir un jour, mais je ne le croyais pas vraiment. J’avais une dernière quête à accomplir, mais avant ça il fallait aussi que je fasse le ménage. Le GRAND ménage. Mes parents adoptifs étaient morts. Il ne faudrait plus très longtemps avant qu’on ne trouve leur corps, tués par un étrange animal. Et là pleins de gens iraient dans ma maison, fouilleraient dans ce qui ne leur appartenaient pas. Sans oublier qu’ils me chercheraient. Lorsque ma valise et mon sac sport furent prêts j’ouvris la fenêtre en douceur pour faire le moins de bruit possible. Je saisis alors d’abord ma valise et bondis au-dehors. Je la déposai alors avant de retourner à l’intérieur pour prendre mon sac. Là je me rendis compte d’un problème. La chimère ne passerait jamais par la fenêtre! Elle dut voir le dilemme sur mon visage, car elle me souffla en m’adressant un sourire dénué de toute agressivité :
- « Je te rejoins en bas. »
Je bondis alors, sans prendre la peine d’essayer de refermer la fenêtre derrière moi, car dès qu’il verrait que je serais partie… ils sauraient comment je m’y étais pris. Et là ils m’en voudraient. Et s’en voudraient à eux-mêmes pour s’être laissé berner aussi facilement. Je relevais tout juste la tête que la chimère était déjà devant moi. J’eus le goût de de m’informer du comment elle s’y était prise, mais ce n’était pas prudent. Pas tout de suite. Elle me désigna alors mon sac du museau et je lui tendis. Elle le prit alors dans sa gueule et je me contentai de prendre la valise. Je dirigeai alors nos pas vers l’entrée principale. Une fois suffisamment loin du bungalow, Kelsea me demanda :
- « On va où comme ça? »
- Je rentre chez moi.
- « Tu comptes y aller à pieds? Tu n’as pas d’argent! »
- Tu connais un meilleur moyen, peut-être? Grognai-je.
Elle plaqua ses oreilles sur sa tête devant mon ton, mais répondit tout de même :
- « Oui. »
- Et lequel? M’enquis-je.
- « On peut y aller de la même façon que je sortis du bungalow. »
- Et comment t’y es-tu prise, au fait?
- « J’ai traversé l’Ombre et la Lumière. »
- Je ne suis pas sûre de te suivre…
- « C’est dur à expliquer. Disons que comme je n’appartiens pas totalement à ton plan, j’ai quelques privilèges. Comme me déplacer par des voies plus rapides. En prenant quelques pauses pour que je puisse me reposer nous arriverons chez toi dans la nuit prochaine. Alors… partante? »
- Tu es sûre que je peux te suivre dans… ses voies plus rapides?
- « Oui. Maintenant que nous sommes liées, tant que notre peau est en contact tu pourras me suivre partout. Ainsi que partager quelques-uns de mes dons, comme se montrer invisibles, impossibles à entendre et à sentir de tout le monde. »
- Intéressant. Alors nous allons fonctionner ainsi.
- « Pourrais-je seulement savoir pourquoi tu veux retourner chez toi avant? »
- Je dois ramasser mes choses avant que ne l’on découvre que mes parents adoptifs sont morts. Car après ça je ne pourrai plus y retourner.
- « Et ensuite? »
- Nous nous mettrons en chasse.
Kelsea approuva ma réponse par un grognement appréciateur. Elle me demanda alors de monter sur son dos et je réussis Dieu seul sait comment à relier la valise et le sac sur son dos de manière à ce qu’ils tiennent d’eux-mêmes. Je m’accrochai alors à la peau de son cou pour maintenir mon équilibre alors qu’elle se relevait. Elle braqua alors son regard entre deux arbres et s’élança à une vitesse qui me donna les larmes aux yeux. Au moment où on allait dépasser les deux arbres elle changea d’un coup de cap et je crus que nous foncions dans l’arbre à notre droite. En une seconde je réussis à ressentir de la peur, du soulagement et encore de la peur. Brève explication : J’ai eu peur une première fois à cause que je croyais avoir foncé dans un arbre. Le soulagement qui a suivi s’explique par le fait que nous n’avons pas foncé dans l’arbre, mais plutôt pénétrer à l’intérieur. Et là j’étais morte de trouille parce que tout tournait autour de moi dans des éclairs de couleurs. De toutes les couleurs. À m’en faire mal à la tête, en fait. Je n’avais aucune idée du comment la chimère s’y prenait pour se retrouver dans ce bazar, mais j’étais bien contente de ne pas être celle qui conduit…

******************


Della vit le visage de Burnett virer au rouge écarlate avant qu’il ne hurle avec une fureur sans limite :
- Comment ça Maria est partie!
- Comment voulez-vous qu’on le sache, nous? S’exclama-t-elle en retenant un grondement.
Comment avait-elle pu manquer un mensonge que Maria avait probablement dû faire? Comment avait-elle pu laisser la louve s’éclipser juste sous son nez? Son orgueil en prenait un sacré coup, ça c’était sûr!
- Explique-moi tout depuis le début… marmonna le directeur vampire en serrant et desserrant le poing ce qui n’était pas pour la rassurer.
Pas du tout, même. Elle expira longuement avant de se lancer :
- Bon, nous étions tous dans la chambre de Maria quand elle s’est enfin réveillée. Là après même pas deux minutes, Lucas a voulu l’amener avec lui pour parler seul à seule avec elle. Elle est revenue beaucoup plus tard, enfin pas tant tard que ça, mais… Bref, elle était seule. Elle nous a dit qu’elle voulait se reposer et là… nous l’avons laissé. Après un moment nous sommes toutes les trois allées nous coucher. Au réveil, je me suis rendue dans la chambre de Maria, mais elle n’était plus là. Plus aucuns effets personnels non plus. Seules preuves de son passage? Son odeur et ce bout de papier.
- Qu’est-ce qu’il y a d’écrit dessus? S’enquit le vampire.
- Un numéro de téléphone, répondit Miranda d’une voix traînante.
- Donne-le-moi, Della, ordonna Burnett.
La jeune vampire lui tendit le bout de papier. Il s’en saisit sans attendre, regarda le numéro inscrit dessus et sortit son téléphone portable. Là, tout en composant le numéro, il leur apprit :
- Il y a un indicatif du Canada, mais plus précisément du Québec dessus.
Environ une minute plus tard il lâchait en grognant :
- Comme je m’en doutais en voyant le numéro elle est retournée chez elle!
- Mais pour quoi faire? Marmonna Kylie qui n’avait été qu’une spectatrice jusqu’à présent.
- Surement pour… peut-être ramasser ses choses, répondit le vampire, mais un doute persistait. Je ne comprends pas pourquoi elle ne nous l’a pas dit.
- Je vais partir à sa recherche. Elle n’a pas pu aller bien loin avec son sac et sa valise! Murmura la jeune vampire avec conviction. Je vais retrouver sa trace.
Elle bondissait déjà à l’extérieur lorsque le directeur grondait :
- Della, reviens tout de…
Elle était trop loin maintenant. Della laissa tous ses sens l’envahir et elle se mit en quête de la trace de la jeune louve. Elle la retrouverait. Elle n’avait pas le choix. Maria lui avait promis de l’aider et de lui raconter son combat. Della la forcerait à tenir ses engagements, quoique maintenant le combat contre la chimère ne l’intéressait plus trop et que ses problèmes familiaux lui semblaient bien dérisoire… Pourtant il fallait bien qu’il y ait une raison pourquoi elle voulait que Maria soit de nouveaux parmi eux, non? Elle mentirait en disant que ce n’était que pour Miranda et Kylie qu’elle le faisait. Ou même pour Ethan et Lucas. Ces derniers n’étaient peut-être pas encore au courant, mais d’ici peu ils le sauraient. Ça, elle en était sûre.
Lorsque Della rentra dans le bungalow elle ne put s’empêcher de claquer la porte derrière elle. Sa fureur rendue à son paroxysme. Burnett la regarda et haussa un sourcil en demandant :
- Et donc?
- Tout allait merveilleusement bien au début! Je suivais sa trace vers l’entrée principale et tout. Mais sans crier gare son odeur s’est volatilisé! Je me suis rendue compte que je ne la sentais plus deux secondes et demi trop tard, marmonna-t-elle. C’est incroyable! Ragea-t-elle ensuite.
- Je me doutais bien qu’elle n’avait pas pu quitter la propriété par un moyen conventionnel. L’alarme n’a pas été déclenchée. C’était ce que je voulais te dire si tu étais revenue comme je te l’ai demandé… la gourmanda le directeur. Maintenant, en disant que son odeur a disparu mystérieusement tu renforces ma théorie. Maria a trouvé un moyen de disparaître sans laisser de trace, ajoute-t-il sur un ton songeur. La seule chose que nous pouvons faire en attendant qu’elle arrive à destination… car lorsqu’elle y sera, elle répondra au téléphone et ainsi nous pourrons communiquer avec elle. Nous pouvons donc, en attendant, aller voir la dernière personne qu’a vue Maria avant qu’elle ne revienne, car j’ai le fort pressentiment qu’avant de partir avec Lucas, elle n’avait pas l’intention de s’éclipser sans un mot.
- Je suis sûre que ce n’est pas la faute de Lucas si Maria est partie! S’exclama Kylie.
- Peut-être que ce n’est pas de sa faute, en effet. Mais il est peut-être au courant de quelque chose que nous ignorons, rétorqua le vampire. Mais d’abord… Il faut aller prévenir Holiday. Je vous retrouve ici dans… (il regarda sa montre) vingt minutes. Nous irons voir Lucas ensemble. Et probablement Ethan ensuite… il faudra bien le lui apprendre, avant qu’il ne le découvre par lui-même.
Sur ces mots très encourageant Burnett sortit du bungalow en coup de vent. Della se passa la main dans les cheveux en marmonnant de manière inintelligible. Miranda lâcha alors piteusement :
- Est-ce que vous avez une idée du pourquoi elle a pu partir comme ça? Sans rien nous dire?
- Elle a peut-être joué la comédie tout ce temps? Proposa-t-elle sans le croire.
- Nous l’aurions su, Della, s’offusqua Kylie. À moins qu’elle n’ait su comment contrôler son rythme cardiaque.
- Non, gronda la vampire. Elle ne le savait pas. Elle a utilisé des demi-vérités avant de partir! S’exclama-t-elle, car l’idée venait tout juste de se frayer un passage dans son esprit préoccupé.
- Tu as raison! Affirma la caméléon. Lorsque je lui ai demandé comment elle allait elle a répondu « ça peut aller ». Et je ne crois pas qu’en temps normal elle aurait dit ça. Non. Elle allait bien avant de partir. Ou du moins presque, sauf qu’elle n’aurait pas employé ses termes-là. Elle voulait nous berner. Du moins, surtout toi, ajouta-t-elle en fixant Della du regard à la fin.
- C’est vrai… admit la vamp en blêmissant.
- Pourquoi tu pâlis? S’enquit la sorcière.
- Je… Je crois qu’Ethan arrive…
Ses oreilles ne mentaient pas. Le loup-garou avait toujours eu une manière de marcher propre à lui seul et depuis le premier jour où elle l’avait remarqué, Della n’avait pas oublié cette singularité. Ses deux amies blêmirent à leur tour et ce fut encore pire lorsque l’on cogna deux coups à la porte. La jeune vampire tenta de se faire un visage moins catastrophé, mais en ouvrant la porte elle sut que c’était ratée en voyant le sourire du loup-garou devenir se transformer en une mine inquiète.
- Qu’est-ce qui se passe? S’enquit-il.
Faites qu’il ne pose pas la question. Faites qu’il ne pose pas la question, supplia Della au plus profond de son esprit.
- Où est Maria? L’interrogea-t-il.
- Elle…
- Est-ce qu’elle va bien.
- Oui, souffla la vampire, mais elle entendit très bien son pouls faire une embardée au rythme de ce mensonge honteux.
Après tout comment savoir si elle allait bien, alors qu’elle ignorait où elle se trouvait?
- Alors… Où est-elle? Dit-il avec incertitude.
Kylie s’approcha à son tour et murmura dans un souffle presque inaudible :
- Maria est partie, Ethan.
Della serra les mâchoires en voyant la foule d’émotions traverser le visage du loup-garou. D’abord un moment de désappointement, ensuite de la colère, de l’incompréhension, de la douleur, de la tristesse… À la toute fin ne restait plus qu’une colère énorme et lorsqu’il parla sa voix était teintée de douleur :
- Vous mentez! Elle n’aurait pas fait ça! Pas sans me le dire…
Pourtant elle savait qu’il mentait lui-même.
- C’est la vérité, Ethan. Et elle ne nous l’a pas dit à nous non plus. Elle ne l’a dit à personne.
- Pourquoi? Gronda-t-il et elle vit le loup dans ses yeux.
- Nous nous posons la même question, l’assura Miranda.
- Burnett avant nous rejoindre dans une dizaine de minutes et on va aller voir Lucas.
- Pourquoi? Pour lui annoncer la nouvelle? S’enquit Ethan en s’affalant contre le mur le plus proche.
Elles se regardèrent toutes les trois une seconde et ce fut finalement Kylie qui répondit :
- Oui et non. Il le saura bien assez tôt, car si nous allons là c’est pour lui poser des questions pour savoir s’il aurait une idée du pourquoi Maria serait partie sans prévenir personne.
- Pourquoi lui? S’étonna le loup-garou.
La porte s’ouvrit en grand sur le directeur vampire à l’aspect ténébreux et ce fut lui qui amena la réponse :
- Parce que je suis presque certain que c’est au moment où Maria était seule avec lui qu’elle a pris la décision de partir d’ici.

******************


L’atterrissage fut brutal lorsque nous nous arrêtâmes la première fois. Tellement que je perdis l’équilibre et dégringolai de son dos.
- C’est ce que tu appelles un atterrissage en douceur, toi? M’écriai-je en grognant.
- « C’est le mieux que je peux faire, désolée. L’Ombre tente de me tirer d’un côté et la Lumière de l’autre. Naviguer entre les deux est très dure. »
- Bon… Enfin, ce n’est pas si grave. Est-ce que tu as une idée d’où nous sommes?
- « Quelque part dans l’État de Washington. Notre prochain arrêt se fera dans le Maine. Ensuite ce sera une ligne directe jusqu’à ta maison. » répondit Kelsea.
- Pourquoi arrêtons-nous au Maine? Ce n’est guère plus loin de partir directement d’ici pour se rendre au Québec, que du Texas à ici, non?
- « Techniquement parlant, oui. Ce serait même plus proche si on parle de distance. Par contre, j’ai besoin d’une énorme quantité d’énergie pour parcourir autant de distance dans cet autre plan. Et c’est encore pire lorsqu’il faut traverser une frontière. Ce qu’ignore beaucoup d’humains, c’est que des sorciers trafiques souvent les frontières des pays pour qu’il soit très dur de passer d’un côté ou de l’autre de manière magique. Or, je suis une créature magique. C’est pourquoi je vais avoir besoin de refaire le plein d’énergie dans le Maine, juste avant de traverser la frontière en bref. Après ça, il devrait me rester juste assez de force pour nous porter dans ta maison. Rendue là, avant de pouvoir de nouveau voyager comme ça on devra attendre au moins deux ou trois jours. » m’expliqua-t-elle.
- Je ne croyais pas que c’était si compliqué…
- « Eh bien, ça l’ait, crois-moi. » affirma-t-elle.
L’aube se levait à peine, alors je me demandai pourquoi cela prendrait encore jusqu’à cette nuit avant d’arriver. Je la questionnai donc :
- Au fait… Pourquoi allons-nous arriver uniquement cette nuit?
- « Parce que j’ai besoin d’un minimum de sept heures de sommeil avant de pouvoir refaire un voyage de cette importance. »
- Ah d’accord. Tu verrais un inconvénient à ce que j’aille me promener pendant que tu te reposes? J’en profiterais pour me prendre quelques provisions…
- « Je croyais que tu n’avais pas d’argent? »
- Pas assez pour me payer du taxi jusqu’à suffisamment loin pour faire une différence à côté d’un vampire. Je devrais quand même être capable de m’acheter de deux ou trois trucs… Et rendue chez moi je pourrai sans doute me servir dans mon compte.
- « Alors vas-y! Va t’amuser. Mais rejoins-moi ici dans six heures. Et si au bout d’une heure tu n’as pas su me retrouver va dans un coin sombre et je te rejoindrai là. »
- Je te laisse mes bagages?
- « Oui. »
Je regardai alors autour de moi, inspirai profondément et ce n’est qu’à cet instant que je remarquai que l’odeur de la chimère n’était plus la même. Maintenant elle sentait une forêt lointaine, une que je connaissais, mais que cela faisait déjà très longtemps que je n’avais pas vu. Celle-là même où j’avais rencontré mon grand-père sans connaître sa réelle identité.
- Tu ne sens plus comme avant, lâchai-je sans me retenir.
- « Normal. Avant tu devais me détester pour être capable de me vaincre. Maintenant tu dois reconnaître en moi la sécurité, ou plus simplement une amie en qui tu pourras toujours avoir confiance. » me dit Kelsea d’une voix douce.
Je n’ajoutai rien, mais je lui adressai un sourire. Pour la première fois il était sincère. Cela me chamboula légèrement, mais je sortis à grands pas. Je pourrais y réfléchir plus tard. Une fois à l’extérieur je regardai tout autour de moi avec attention. Nous étions dans une ruelle sombre et j’étais prête à parier que c’était dans un quartier que l’on pourrait qualifié de dangereux. Heureusement on ne pourrait pas me prendre comme proie, en tout cas, si quelqu’un tentait sa chance il deviendrait la proie. J’eus un sourire de prédateur à cette pensée et je reniflai l’air ambiant pour être sûr de pouvoir retrouver cet endroit plus tard. Je jetai un coup d’œil sur la montre que j’avais sorti de mon sac. Six heures du matin. Donc, je devais revenir ici dans les environs de midi. Parfait. Je marchai alors d’un pas rapide et lorsque les maisons devinrent de plus en plus chaleureuses je m’arrêtai devant l’une d’elle pour me recoiffer un peu. Ensuite, je continuai ma route en tentant de déterminer où se trouvait le centre-ville.
Je finis par l’atteindre au bout d’une heure et malgré l’heure matinale c’était déjà grouillant de vie. Je réussis sans mal à me trouver un petit restaurant. Là je m’achetai un petit-déjeuner pas trop cher. Une fois qu’il fut avalé et que mon estomac se fut calmé je retournai dehors. Cette fois je devais m’acheter un petit quelque chose pour emporter. Je fis deux ou trois endroits avant de finir par atteindre mon but. Il me restait encore trois heures maintenant, si on ne comptait pas mon une heure de jeu pour retrouver l’endroit où se reposait Kelsea et l’autre heure que je me donnais pour atteindre le fameux quartier où elle se trouvait. Je décidai alors sur un coup de tête de m’acheter une carte de la ville. De toute manière elle m’aiderait peut-être à me retrouver plus tard? Je me mis alors à faire la touriste, quoique malheureusement je n’aie pas d’argent à dépenser en babiole de souvenir. Ce fut toutefois assez divertissant et quelque part dans mon esprit je ne pouvais m’empêcher de penser qu’Ethan avait vécu près d’ici. Malheureusement je finissais par me rappeler l’autre personne qui y habitait. Je lâchai un grondement et en voyant plusieurs personnes se retourner vers moi pour me jeter un coup d’œil inquisiteur je me dépêchai de m’éloigner. Je jetai alors un coup d’œil à ma montre. Déjà dix heures? Apparemment oui, soupirai-je intérieurement. Je rebroussai alors chemin pour retrouver ma trace olfactive. Je finis toutefois par y renoncer. Du moins pour le moment, car j’avais tellement d’aller-retour dans les dernières heures que je ne retrouverais jamais la cachette de Kelsea à temps. Je regardai alors la carte et réussi à repérer ce qui me semblait le plus probable comme direction à prendre. Je me mis alors en marche d’un pas rapide.
Je cachai mon soulagement du mieux que je pus lorsque j’arrivai à l’orée du quartier où m’attendait la chimère. J’avançai alors d’un pas tranquille et mesurée pour que si quelqu’un m’épiait il ne voit pas en moi une proie facile. Quoique mon sexe et mon âge jouaient grandement contre moi. J’entendis ses pas avant de le sentir ou de le voir. Je me retournai alors pour y faire face, mais ce n’est qu’en étant devant lui que je compris que c’était un piège. J’en fus d’ailleurs certaine lorsque une main graisseuse se referma sur ma bouche, tandis qu’une autre m’emprisonnait les poignets. Une horde de souvenirs me revinrent alors en mémoire avec la force d’une gifle. L’autre homme s’approcha de moi d’un pas tranquille, sans savoir qu’au fond de moi la colère couvait. Il se pencha devant moi et son visage se retrouva à moins d’un centimètre du mien, je sentis donc son souffle lorsqu’il me susurra :
- Qu’est-ce que tu fais ici, ma jolie? Toute seule… Ce n’est pas très malin.
J’aurais bien répondu, mais comme j’étais dans l’incapacité de le faire je grognai à son encontre. Ma réaction déclencha son rire et celui de son acolyte. Je grondai de plus belle. On n’avait pas le droit de se moquer de moi. Je ne l’avais jamais permis et je ne le permettrai jamais.
- C’est bon, on l’emmène à… commença-t-il, mais c’est à ce moment que je me défendis.
Je réussis à ouvrir que très légèrement ma bouche, mais c’était suffisant pour me permettre de mordre mon tortionnaire. Ensuite je laissai un peu de ma rage couler en moi et mes griffes sortirent. Je refermai alors mes mains sur celles de celui qui me maintenait. Tout en faisant cela je propulsai celui qui était devant moi d’un bon coup de pieds qui le propulsa trois mètres plus loin. Je fis alors passer son compagnon par-dessus moi et le fit atterrir durement sur le sol. Je fus immédiatement libérée. Je me permis alors de sortir un peu plus du loup et lançai en un grondement :
- Si vous ne voulez pas mourir… Allez-vous-en!
À ma grande joie je n’eus pas à le répéter, ils partirent en courant comme des lapins effrayés. Ce qu’ils étaient en somme, ce qui me donna la furieuse envie de les poursuivre. Heureusement que je n’en avais pas le temps, car sinon il était probable que je me serais lancée à leur trousse. Je pris quand même le temps de me calmer et de reprendre une apparence normale, car il ne valait mieux pas se faire remarquer par d’autre. Dès que je fus de nouveau totalement humaine je repartis d’un bon pas, gardant la tête haute avec un léger sourire sur le bout des lèvres en repensant à la fuite de ces individus malveillants.
Lorsque je pénétrai dans la ruelle qui cachait la chimère, elle me dit :
- « J’étais persuadée que j’allais avoir à te retrouver… Ce qui nous aurait fait perdre un temps précieux. »
- Contente de te surprendre, dis-je en souriant. Mais je serais arrivée un peu plus tôt… s’il ne s’était s’agit d’un petit contretemps fâcheux…
- « Quel contretemps? » s’enquit-elle en grondant.
- Je t’en parlerai à notre prochain arrêt, lui dis-je en pensant qu’ainsi elle ne pourrait pas se lancer à leur trousse.
Elle me regarda en plissant les yeux, suspicieuse. Pourtant après une petite minute elle se rangea à mon opinion.
- « Aller, monte. »
Je grommelai intérieurement. Je n’étais vraiment pas sûre d’aimer ce genre de transport… Vraiment pas! Grognai-je mentalement lorsqu’elle bondit à toute vitesse dans le mur et que tout se remit à tourner autour de moi.

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Della quitta ses deux amies pour suivre le rythme de Burnett. Ils n’avaient pas prononcés un seul mot depuis qu’il avait dit qu’ils devaient rejoindre Lucas.
- Tu crois vraiment qu’il va avoir une idée du pourquoi elle est partie? S’enquit-elle en ne le lâchant pas du regard.
- Je n’en suis pas sûr, mais c’est très probable, lui répondit le directeur.
- Comment… Comment a réagi Holiday lorsque tu lui as dit? Demanda la jeune vamp en détournant le regard.
- Elle l’a mal pris, comme tu devais t’en douter.
Elle opina de la tête, mais préféra garder le silence. Ils marchèrent encore un bon moment et Della ne pouvait pas s’empêcher de jeter des regards en coin à Ethan. Il semblait totalement anéanti. Un peu comme lorsqu’ils avaient tous cru que Maria était morte. À ce moment-là, oui, Della avait laissé s’échapper une larme. Mais cela ne voulait rien dire. Rien du tout. Elle avait seulement trouvé cela injuste pour Maria. Pas pour elle… Enfin, elle tentait de s’en persuader. Seulement ça avait beaucoup trop ressemblé à la mort d’Ellie. Et tous les mauvais souvenirs qui allaient avec étaient remontés à la surface. La vampire serra le poing, il fallait impérativement qu’elle arrête de penser à tout ça.
En voyant apparaître le bungalow de Lucas, elle sentit naître de l’impatience en elle. Peut-être que dans quelques minutes ils sauraient pourquoi Maria était partie. Après ça, elle pourrait, une fois que la louve serait joignable, lui hurler dessus pour savoir comment elle avait osé s’en aller comme ça. Oui, Della avait hâte à cet échange. Dommage qu’elle ne pourrait pas accompagner cette joute verbale en secouant ensuite Maria comme un prunier. Vraiment dommage, pensa-t-elle en aillant l’image mentale de ce que ça serait. Ils montèrent alors sur le perron du bungalow et Burnett cogna deux coups brefs à la porte. C’était étonnant comment la vie avec Holiday l’avait changé… car auparavant il se serait contenté de défoncer la porte. Comme il l’avait déjà fait. La porte s’ouvrit alors sur Lucas. Il les dévisagea tous tour à tour, avant de finalement s’enquérir :
- Pourquoi vous êtes là?
Della nota qu’il ne semblait pas totalement lui-même. Mais est-ce que cela signifiait qu’il s’était effectivement passé quelque chose hier durant cette fameuse « discussion » ? Que de questions…
- Maria est partie, Lucas, gronda Burnett. Et avant de partir « discuter » avec toi, elle n’avait pas l’intention de s’enfuir, j’en suis certain, ajouta-t-il sur le même ton. Est-ce qu’il s’est passé quelque chose que nous devrions savoir? Qui pourrait expliquer… son départ?
Ils virent tous les yeux de Lucas s’ouvrirent en grand suite à la révélation et la douleur transperça ses yeux. Ainsi qu’un éclair de peur… ou peut-être d’angoisse. Mais pourquoi? La vamp n’en avait aucune idée.
- Je ne croyais pas… Je ne pouvais même pas m’imaginer… qu’elle irait jusque-là, finit par répondre le loup-garou, les yeux dans le vague.
Ce n’était pas un mensonge. Ça elle en était sûre. Lucas semblait vraiment décontenancé.
- Alors que s’est-il passé, Lucas? Gronda Ethan sur un ton qu’elle ne l’avait jamais entendu prendre, du moins sous forme humaine…
- Elle… Enfin… Elle a pris connaissance d’une vérité… commença-t-il en se passant la main dans les cheveux. De manière assez brutale en fait, continua-t-il. Mais je crois que le pire ça été le fait que j’aie été au courant et que je ne lui ai rien dit, avoua-t-il ensuite en détournant le regard.
Toujours aucun mensonge, mais c’était très vague comme information. Le directeur dû être du même avis, car il marmonna :
- C’est un peu vague comme explication. Quelle vérité a-t-elle découverte?
- La véritable identité de George, répondit le loup-garou en évitant de nouveau de les regarder.
Il se sentait vraiment coupable, pensa Della en son for intérieur. Elle remarqua alors l’air complétement chamboulé et paniqué de Burnett. Ce qui ne s’expliquait pas du tout. Mais qui pouvait bien être George pour expliquer une telle réaction chez le ténébreux vampire? Et cela voulait-il dire qu’il le savait lui aussi? Elle ne put s’empêcher de s’exclamer, mais deux voix s’ajoutèrent à la sienne :
- Qui est George?
Elle jeta un coup d’œil amusé à Kylie et Miranda, car c’était ses deux meilleures amies qui avaient posé la même question en même temps qu’elle. À leur grande surprise ce fut Burnett qui répondit :
- George s’appelle en réalité Matthew. Il est le vrai père de Maria.
- Et donc mon oncle, renchérit Lucas, mais elle l’entendit à peine.
George était le père de Maria? Voilà pourquoi il avait réagi ainsi à la Pleine Lune! Et cela expliquait aussi l’ardeur avec laquelle il avait entraîné leur amie louve… Mais pourquoi avait-il menti tout ce temps? À cause d’Ethan? Elle se tourna d’ailleurs vers ce dernier pour voir sa réaction. Son visage exprimait les mêmes émotions qu’ils devaient tous ressentir. La perplexité, l’incrédulité, l’incompréhension… Alors lui non plus ne devait pas être au courant.
- Vous étiez tous les deux au courant? Et vous n’avez rien dit à Maria? S’insurgea Kylie en foudroyant Lucas et Burnett du regard.
- Ce… ce n’est pas aussi simple, soupira le loup-garou.
- Holiday aussi le savait, protesta le directeur vampire. Nous n’avons rien dit, car nous pensions agir pour le mieux. Les raisons de Matthew, enfin… George, nous a paru juste. Alors on a gardé le silence.
- Mais elle vous faisait confiance! S’indigna à son tour Della. Est-ce que vous savez à quel point c’était dur pour elle de nous l’accorder? Probablement pas puisque vous avez osé faire ça! Peu importe les raisons que vous aviez de garder le secret, ce n’était pas valable! Elle méritait de savoir à qui elle avait vraiment à faire. Et si elle était définitivement morte, hein? Elle n’aurait jamais connu son père et sa mère lui aurait révélé la vérité… Vous imaginez la suite? Hurla-t-elle.
- Della, calme-toi! Essaya de la tempérer Burnett.
- Non, je ne me calmerai pas! Rugit-elle. Maintenant, pardonnez-moi, mais j’ai une petite discussion à avoir avec George, ou Matthew, peu importe! Et lui je vais le trouver. Oh que oui!
- Je viens avec toi, gronda Ethan.
- Moi aussi, renchérit Kylie sur le même ton.
- On ne m’oublie pas surtout, dit la petite sorcière en levant son petit doigt.
Sur ce, ils se détournèrent tous les quatre, sans adresser un dernier regard aux deux autres. Là, la caméléon installa Miranda sur son dos et ils partirent à toute vitesse.
- GEORGE! Hurla la vampire.
- MATTHEW! Cria à son tour la sorcière.
- Montre-toi tu as des choses à expliquer! Rugit le loup-garou et seul gars du petit groupe.
Ils n’eurent pas à attendre longtemps avant que le Recherché se montre.
- Vous êtes au courant… Alors Maria vous l’a dit? Soupira-t-il en se frottant les yeux.
Della eut la curieuse impression qu’il avait pleurée. Cela aurait pu la calmer, mais en l’occurrence elle se sentait encore plus enragée.
- Non, elle ne nous a rien dit! Elle n’a pas pu! S’exclama-t-elle avec hargne.
- Comment… Comment l’avez-vous su alors? S’enquit-il, surpris.
- C’est Lucas, qui nous l’a dit, répondit Miranda sur un ton sourd, presque menaçant, c’était la première fois que la vampire entendait son amie parler sur ce ton.
- Maria nous l’aurait peut-être dit, si elle avait été là! Renchérit Ethan et son ton à lui était loin d’être amical.
En effet, il avait laissé entrevoir la fureur sans borne qui l’étreignait. George, ou plutôt Matthew sembla décontenancé un moment. Il finit toutefois par demander :
- Que s’est-il passé?
- Elle est partie. À cause de toi et de Lucas! Grogna Kylie.
- Quoi? Souffla-t-il d’une voix blanche.
- Elle s’est enfuie. Sans rien dire. La seule chose qu’elle nous a laissé c’est son numéro de téléphone, marmonna Della. Et tu sais la meilleure? On ne sait même pas comment elle s’y est prise! J’ai suivi sa trace olfactive, mais elle disparaît soudainement cent mètres avant la porte principale!
Cette fois le loup-garou sursauta et il répéta :
- Disparaît? Tu as bien dit que son odeur disparaît?
- Oui, pourquoi? Ragea-t-elle. Tu sais peut-être comment elle a pu faire ça?
- En effet. Elle a sans doute traversé l’Ombre et la Lumière via la chimère, dit-il sur un ton sombre. C’est une voie que nous ne pouvons suivre…
- Alors comment allons-nous faire pour la trouver? S’enquit la vamp.
Matthew attendit un instant avant de dire quoique ce soit. Lorsqu’il le fit son ton était déterminé :
- Nous allons aller la chercher. Je n’ai connu ma fille que pendant environ deux ridicules petites semaines. Elle me déteste peut-être, mais elle doit savoir pourquoi je n’ai rien dit.
- Nous aussi on voudrait le savoir, gronda Ethan.
Matthew nous regarda tour à tour, avant de se lancer :
- Alors venez avec moi. Car je ne m’attarderai pas une seconde de plus ici et je ne reviendrai pas sans elle. Si vous voulez qu’elle revienne. Vous devrez venir la chercher… S’il y a bien une chose que je sais à son propos, c’est celle-là.
Il attendit une seconde avant de murmurer sur un ton douloureux :
- Comme sa mère…

******************


En arrivant face première dans la neige, je ne pus m’empêcher de grogner. La seconde suivante je bondissais dans les airs. Bon sang, que c’était froid! Je n’étais pas vraiment équipé pour sauter dans la neige en ce moment. Je me tournai alors vers Kelsea et lui dit :
- Je crois que je ne m’y habituerai jamais.
- « Ne soit pas si pessimiste. » me gourmanda-t-elle.
- Je dis la vérité, rétorquai-je.
- « Non, tu mens. Les premières fois sont toujours les pires pour les gens comme toi. C’est une question d’habitude. Ton corps n’ait pas tout à fait adapté pour ce genre de déplacement, mais après plusieurs voyages il le deviendra. » affirma-t-elle sur un ton qui n’admettait aucune réplique.
Je grognai pour la forme, avant de saisir une branche à côté de moi et de déblayer la neige. Cette fois elle nous avait fait apparaître dans une forêt du Maine. Il faisait froid et je grelottais. Alors autant me construire un petit abri. Cela me ferait passer le temps, bouger et aussi me réchaufferait éventuellement. Je frottai mes mains gelés l’une contre l’autre avant de me mettre au boulot, avant de s’endormir profondément Kelsea me confia :
- « Si tu as froid, tu n’as qu’à venir te coucher contre moi. Ou encore te transformer en louve. »
Pas bête comme idée ça… Je pourrais même en profiter pour me dégourdir un peu, voire manger un petit en-cas. Je me dépêchai alors de me dévêtir avant d’entamer ma métamorphose. À peine une minute plus tard je déguerpissais dans la neige, je n’avais pas voulu l’admettre, mais là-bas elle m’avait manqué. Courir sur un sol enneigé, sauter dans un banc de neige et en ressortir tout blanc… c’était comme revivre, même si techniquement parlant l’hiver était la saison morte. Certes c’était moins agréable de sortir en pleine nuit lorsqu’il faisait moins trente degré Celsius… mais en même temps je ne ressentais pas trop le froid grâce à ma fourrure hivernale. Lorsque j’en eu assez de caracoler dans la neige, je commençai à laisser les instincts de la louve prendre le dessus sur mon humanité. La Chasse commença alors et ma truffe se mit à renifler de manière intermittente. Je finis par repérer une proie appétissante. Un lièvre. Mon corps commença à s’éveiller et je trottai en direction de ma future victime. Lorsque je fus à moins de dix mètres elle remarqua ma présence. Elle se mit à courir. Je me mis à courir. Elle tenta un brusque écart, mais il était trop tard. Je refermai alors ma gueule aux crocs tranchants sur la gorge offerte et… enfin, je mangeai ma proie, quoi. Lorsque mon repas fut terminé je retournai trouver la chimère, ce fut beaucoup moins long que dans la matinée lorsque nous étions dans l’État de Washington. Je décidai alors de me coucher à ses côtés, car après tout je n’avais rien de mieux à faire pour les cinq prochaines heures.
Je me réveillai lorsque l’on me bouscula. Je relevai la tête en grondant sourdement et je vis que c’était Kelsea qui m’avait poussé du bout de son nez. Cette dernière me glissa justement :
- « Il est temps de partir, Maria. »
Je hochai alors la tête et entamai la métamorphose inverse.
Lorsque je fus de nouveau sur mes deux pieds, et habillé, je montai sur le dos de la chimère et lui demandai :
- Dernière étape?
- « Oui, à moins que l’on subisse un imprévu. »
- C’est possible?
- « Je ne le pense pas, mais rien est sûr à cent pour cent dans la vie. Je crois que tu en es la preuve vivante, car celui qui m’a possédé était sûr de ta défaite. »
Je hochai de la tête gravement et sans prévenir Kelsea s’élança. Je ne pus retenir un hurlement lorsque nous arrivâmes dans la tourmente, elle m’avait prise par surprise. Les bourrasques qui nous balançaient d’un côté et de l’autre me semblait beaucoup plus puissante que les deux dernières fois. Je n’eus aucun besoin de parler que la chimère me fournit une explication :
- « C’est bizarre. On aurait dit que tout est beaucoup plus intense ici… mais ne te fait pas d’illusion, les frontières sont dix fois pires que ce que nous vivons présentement… J’ai l’impression qu’elles seront même pire qu’avant, je sens… je sens que quelque chose de profondément mauvais est passé par ici. La Lumière est plus présent que d’habitude et l’Ombre semble prêt à nous arracher la peau… C’est vraiment bizarre… »
Charmant, pensai-je intérieurement. Moi qui croyais que ça ne pourrait pas être pire.
Une heure plus tard les secousses étaient si fortes que je manquai à dix reprises de me faire éjecter. Je sentais la volonté de Kelsea faiblir.
- « C’est encore pire que je le craignais… » dit-elle d’une voix faible, distante.
Elle n’y arrivera pas, gémis-je mentalement. Elle va devoir sortir bientôt… c’est clair. Pourtant à peine une demi-heure après que tout s’était considérablement empiré la tempête se calma. Pourtant nous n’étions pas tirées d’affaire, je sentais trop distinctement les membres de la chimère trembler sous moi. Je posai alors ma tête sur son cou et essayai de lui transmettre mon calme, du moins autant que je réussis à en rassembler. Ce qui était assez dur avec toutes les bourrasques qui tentaient de me déloger. Pourtant je finis par me sentir calme, très calme même. Peut-être trop, me dis-je alors que mes paupières tentaient de se fermer toutes seules. Je fus de nouveau totalement réveiller lorsque nous fîmes un brusque écart et que je me retrouvai à deux reprises la tête en bas.
- « Désolée. Cette bourrasque m’a prise au dépourvu. Mais comment as-tu réussi à me transférer de l’énergie? » me dit Kelsea.
J’avais fait… quoi? M’étonnai-je au plus profond de moi-même. Elle dut se souvenir que je ne pouvais pas lui répondre immédiatement, car elle ajouta :
- « Nous en reparlerons plus tard. Nous avons traversé le pire… du moins faut-il l’espérer, car j’ai le vague pressentiment que nous suivons exactement le même chemin que la chose qui a bouleversé l’Ombre et la Lumière… »
Très encourageant, vraiment. Et c’était qui que l’on traitait de pessimiste? Moi! Enfin… je ne connaissais pas la moitié de ce dont elle parlait, alors peut-être qu’elle ne faisait qu’énoncer un fait. J’espérais bien que non, car j’avais vraiment envie de dormir dans un lit. J’étais totalement exténuée. Je m’agrippai de toutes mes forces lorsque la tempête empira, ce n’était pas le temps de tomber.
Je fus projetée pour la deuxième fois dans la neige lorsque nous apparûmes devant chez moi. Je me redressai alors à quatre pattes lorsque je sentis mon estomac se soulever et que la salive emplie ma bouche. La seconde suivante je vomis tout ce que j’avais mangé dernièrement. Je m’essuyai la bouche avec une moue dégoûtée. Je me tournai ensuite vers Kelsea et je la vis qui tremblait de tous ses membres… et pas à cause du froid. Je lui chuchotai alors :
- Viens Kelsea… On va rentrer à l’intérieur.
En plus il faisait vraiment froid, preuve que nous étions bel et bien au Québec, chez moi. Je me dépêchai alors de sortir mes clés et je bondis en direction de la porte pour la déverrouiller. Une fois fait je déchargeai la chimère de mes bagages et la fit pénétrer à l’intérieur. Je n’allumai aucune lumière lorsque je refermai la porte derrière moi, car mes parents étaient partis et personne ne devait savoir qu’il y avait quelqu’un. Je songeai alors à mes traces de pas devant la maison, mais je n’avais aucun moyen de les cacher… Avec un peu de chance les voisins penseraient que ce serait des curieux qui s’étaient approchés de la maison… Je fus ramenée à la réalité lorsque Kelsea se laissa tomber lourdement dans le salon. Elle souffla alors :
- « Nous parlerons demain… Là je… je dois dormir. »
- Bien sûr, lui dis-je avec un sourire crispé.
Je lui tapotai alors le sommet de la tête avant d’amener mes bagages dans ma chambre. L’odeur de renfermé qui régnait partout dans la maison, et malheureusement particulièrement dans ma chambre, me rappelait avec force que plus jamais je ne sentirais cette maison propre. J’y venais pour la dernière fois. Malgré l’envie irrépressible de faire le tour je me résignai à attendre. Autant le faire lorsqu’il ferait jour et de toute manière dans mon état de fatigue ce n’était pas prudent. Avec ma chance je déboulerais les escaliers et me casserais quelque chose. Je me glissai alors sous les draps sans tenir compte de la poussière qui recouvrait mon couvre-lit et m’endormit dans la seconde.

******************


Matthew les regarda chacun leur tour et Della ne put s’empêcher de penser « que de tristesse… » Si elle avait cru que sa situation familiale craignait ce n’était à côté de celle de Maria, se dit-elle. Le père de cette dernière s’enquit :
- Qui viendra?
- Moi, l’assura Ethan.
- Je viens aussi, affirma Kylie.
- Et moi, renchérit Miranda.
- Faut surtout pas m’oublier, gronda la vamp.
- Nous viendrons aussi, Lucas et moi, s’incrusta Burnett qui venait tout juste d’arriver. Malgré que Holiday ait voulu venir, elle doit rester ici pour diriger le pensionnat.
- Et les autres? Questionna la sorcière.
- Qui? S’informa le directeur.
- Eh bien… Jenny, Perry et Derek, précisa la caméléon à la place de leur amie.
- Oh… Aucune idée, vous devriez aller leur demander. Et aussi leur apprendre la nouvelle du même coup, répondit le vampire en se massant la nuque.
- J’y vais, proposa Kylie.
- Je viens avec toi, s’empressa d’ajouter Lucas.
Avant qu’ils n’aient eu le temps de faire un pas Matthew les arrêta en disant :
- Nous partons dans deux heures. Ce qui signifie que tous ceux qui veulent venir doivent arriver à l’entrée principale à… onze heures. Prenez dans vos bagages que des pantalons longs et emportez des vêtements les plus chauds que vous ayez. Il fera probablement en bas de zéro degré Celsius par là-bas. Nous ferons un arrêt à un magasin pour vous acheter un manteau assez chaud.
- Pour tout le monde? S’étonna Miranda.
- Oui, acquiesça le loup-garou.
- Mais… voulut protester Della.
- George… Enfin, je veux dire Matthew est avocat. Ça ne le ruinera pas. Un très bon avocat, en fait, la coupa Ethan.
- Alors, tout le monde, rendez-vous à l’entrée principale dans deux heures, conclut Matthew.
La vamp s’éclipsa en une seconde, tout en attrapant Miranda au passage. Dès qu’elles atterrirent sur le perron du bungalow elles bondirent à l’intérieur. Là elles se séparèrent pour rassembler des vêtements, ceux qu’elles auraient besoin. La petite sorcière s’écria alors de sa chambre :
- Tu crois qu’on doit amener beaucoup de vêtements?
- Non, seulement le stricte nécessaire, je crois. Par contre, on ferait mieux d’amener un peu d’argent de poche, voire tout ce qu’on a. Après tout, on aura peut-être à s’acheter des trucs là-bas, répondit Della assez fort pour que son amie l’entende.
- Tu as raison! Acquiesça cette dernière.
Le silence se réinstalla bientôt et environ une vingtaine de minutes plus tard les deux adolescentes sortaient, chacune avec un sac sur le dos. Au même moment Kylie rentrait en trombe à l’intérieur. Elle ne leur adressa aucune parole et se contenta de foncer dans sa chambre. La jeune vampire l’entendit parfaitement sortir des affaires des tiroirs et de les jeter sur le lit. Elle alla donc rejoindre Miranda qui s’était assise à la table.
- Tu crois que les autres vont venir? S’enquit cette dernière lorsqu’elle fut assise.
- Je suis sûre que Perry va vouloir t’accompagner, répondit-elle.
- Nous allons manquer plusieurs jours d’écoles…
- Nous rattraperons notre retard après, lui promit-elle.
- Oui, mais j’espère que Maria va rentrer avec nous. Sinon ça va vouloir dire que… que nous aurons fait ça pour rien.
- Ne t’inquiète pas Miranda… Elle n’aura pas le choix de revenir, sinon je vais botter son derrière de loup-garou jusqu’ici, lui dit-elle avec un grand sourire.
- Je compte sur toi, dit la petite sorcière en souriant.
Elles se turent alors et après une dizaine de minutes Kylie sortit finalement de sa chambre avec un sac similaire au leur. Elle dit sans aucun préambule :
- On va tous y aller. Perry, Jenny et Derek se sont tous proposé pour nous accompagner.
- Alors on va être… Quoi, dix? S’enquit la vamp.
- Oui. Est-ce que vous vous rendez compte que nous allons quitter les États-Unis? Dit la caméléon.
- Ouais et alors? S’emporta légèrement Della.
- Eh bien, c’est juste que ça va faire bizarre. Vous ne trouvez pas? S’expliqua Kylie.
- Non, mentit presque la vampire.
Le silence s’installa alors entre elles et ce ne fut que quinzaine de minutes plus tard que Miranda le rompit pour proposer :
- Et si on y allait? Arriver en avance ne devrait pas poser de problème…
- En effet, acquiesçèrent les deux autres.
Della eut un léger sourire avant d’attraper son sac et de se lever dans un même mouvement. Ses deux colocs ne tardèrent pas à en faire de même et elles quittèrent le bungalow sans savoir lorsqu’elles y reviendraient. Sur la route menant au lieu de rendez-vous Kylie s’enquit :
- Au fait… J’espère que nos parents n’appelleront pas. Même sur nos portables. Vous savez? À cause de la longue distance…
- Tu as raison… marmonna-t-elle en réfléchissant à toute vitesse.
- Nous n’aurons qu’à ne pas répondre et à demander à Burnett de trouver une excuse au fait que nous ne répondions pas? Proposa la petite sorcière.
- Bon plan, approuva la caméléon en hochant de la tête.
Elles se turent alors et le reste du trajet se fit dans un silence des plus complets. La vamp se questionnait pendant ce temps. Par quel moyen voyageraient-ils? Voiture ou avion? Et une fois au Canada et au Québec, comment retrouveraient-ils Maria? Et comment la convaincraient-ils de revenir si les deux personnes qui avaient trahi sa confiance se trouvaient parmi eux? C’était enrageant à la fin d’avoir autant de question et si peu de réponse!
Une demi-heure plus tard ils se tenaient tous les dix devant l’entrée principale. Matthew expliqua alors son projet :
- Première chose, nous allons nous diviser en deux groupes. Quatre d’entre vous seront avec moi, quatre autres avec M. James. Notre premier arrêt se fera dans un magasin où nous pourrons trouver des vêtements plus hivernaux, par contre ils ne seront probablement pas aussi chauds que ceux que nous trouvons au Québec, quoique pour la plupart d’entre vous vous n’en aurez pas besoin. L’étape suivante se sera l’aéroport. Là-bas nous attends un Jet privée.
- Ok, vous êtes peut-être un avocat, mais je ne crois que vous ayez autant d’argent, alors où diable avez-vous… commença à s’exclamer Della, mais il la coupa rapidement.
- Quelqu’un de mon entourage m’avait légué une importante fortune et cet appareil en fait partie.
- Tu ne m’en as jamais parlé! Gronda Ethan.
- Tu n’as pas besoin de tout savoir, petit, se contenta de rétorquer l’autre loup-garou, mais quelque chose dans ses yeux alarma la vamp. Une fois là-bas nous nous rendrons à Montréal. Une fois rendue là je louerai deux voitures et nous nous rendrons à Québec. Dès que nous serons arrivés là je vais réserver une chambre d’hôtel, ou plutôt plusieurs. Ensuite… nous dormirons. Ce ne sera que demain que nous irons trouver Maria. Elle ne devrait pas être partie, ou du moins pas par le même moyen qu’elle est arrivée ce qui veut dire que nous serons capable de la retrouver. Des objections?
- Non, répondirent-ils tous en cœur.
- Alors nous partons. Qui embarque avec moi? Demanda ensuite Matthew.
Della s’avança dans sa direction, il était hors de question pour elle de le laisser sans surveillance ou sous celle de quelqu’un d’autre. Kylie et Lucas la suivirent sans hésiter. Le dernier à venir fut Ethan et on voyait dans sa démarche à quel point il aurait aimé mieux aller dans l’autre voiture. Les autres se rangèrent derrière Burnett.
- Nous voilà partis, murmura le père de Maria avec un sourire qui ne reflétait pourtant aucune joie.



La raison pour laquelle j'ai décidé de couper ce chapitre plus court et d'en faire un autre c'est que sinon ce chapitre-ci aurait été beaucoup trop long, alors voilà. N'oubliez pas les commentaires, ça fait toujours plaisir :D

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Dernière modification par Mimie99 le jeu. 21 juil., 2016 4:05 am, modifié 2 fois.
Elicia

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Elicia »

génial !!!
Quetzalbleu

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Quetzalbleu »

Hey !
Je commence par un petit hors sujet : j'ai eu le tome 1 de Nés à Minuit à Noël !!!!!!! :D Comme prévu, j'ai adoré^^

Ce chapitre est donc divisé en deux parties, c'est ça ? Ou alors la suite comptera comme un chapitre à part entière ?
Au fait, est-ce je pourrais avoir les titres de tes autres histoires stp ? J'aimerais beaucoup les lire ! ;)
J'ai adoré le fait de savoir ce qu'il se passait au camp pendant l'escapade de Maria, et encore plus quand je me suis rendue compte que tu écrivais ces passages du point de vue de Della, dont j'aime toujours autant le caractère ! :mrgreen: 8-)
Un passage entre la Lumière et l'Ombre ? Super bizarre mais j'aime beaucoup *.*
Les descriptions sont toujours aussi bien et le chapitre aussi ! Encore une fois, je n'ai pas trouvé le temps de m'ennuyer! :)
Bye!
Mimie99

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Mimie99 »

Pour répondre à ta question, Quetzalbleu... Il va y avoir en effet un autre chapitre. Au début je pensais faire comme tu as dit, comme quoi le chapitre 12 serait divisé en deux, mais... au final je me suis dit que quant à faire ça, autant faire un autre chapitre! :D
Pour ce qui est de mes autres livres, eh bien je ne les ai pas en intégralité sur booknode... et pour toute te dire ça fait assez longtemps que je n'ai rien mis sur mon sujet que je ne les retrouve plus... :shock: Enfin... je peux toujours essayé de le retrouver et je t'enverrai le lien par message privé, et ce seulement si je le trouve :?
Mimie99

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Mimie99 »

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Chapitre 13


Je me réveillai brusquement en entendant le téléphone sonner. Qui pouvait bien appeler à cette heure? Et ici? Je jetai un coup d’œil à l’horloge. Deux heures du matin, j’étais arrivée il y avait à peine quatre heures. Je compris alors qui pouvait m’appeler à cette heure-là et je bondis hors de ma chambre en direction du premier téléphone qui me tomberait sous la main. Deuxième sonnerie. Où était le téléphone déjà? Je ne m’en souvenais plus… Fallait dire je ne répondais jamais, après tout il n’y avait aucun ami que j’aurais pu appeler ou recevoir un coup de fil… Troisième sonnerie. Où était ce satané téléphone! Bon sang! Si ça continuait ils allaient raccrochés en pensant que je n’étais pas là. Quatrième sonnerie. Ah! Voilà, j’étais tout près maintenant. Je réussis finalement à le trouver et sans plus attendre je décrochai alors même que la cinquième sonnerie résonnait :
- Oui, allo?
Aucune réponse. Merde, est-ce que j’étais arrivée trop tard?
- Maria? Est-ce que c’est toi?
De l’anglais. J’avais oublié de parler en anglais.
- Oui, c’est moi, acquiesçai-je dans la même langue qu’elle. Pourquoi m’appelles-tu à cette heure-là, Della?
- J’ai besoin de savoir où tu te trouves. Nous ne sommes plus au Texas, Maria. On est à Québec. Chez toi, répondit-elle. Dis-nous où tu te trouves.
- Qui ça, nous? M’enquis-je, inquiète.
- Nous sommes descendus avec Burnett, Matthew et Lucas. Par contre on a réussi à s’évader sans se faire remarquer.
- Ce qui signifie que… Qui est avec toi, en ce moment?
- Je suis avec Kylie, Miranda, Ethan, Perry, Jenny et Derek. Nous sommes tous là, d’accord. Maintenant dis-moi où tu te trouves. Il va falloir partir et vite. Si tu ne veux pas qu’eux te trouves.
- Pourquoi êtes-vous venu?
- On en parlera tout à l’heure. Maintenant… DIS-MOI OÙ ES-TU! Grogna-t-elle hargneusement.
Je me dépêchai alors de lui donner mon adresse. Avant qu’elle ne raccroche je lui demandai :
- Vous, vous êtes où?
Elle me donna leur position et je m’empressai de leur donner le passage le plus rapide pour me rejoindre. Nous raccrochâmes ensuite. J’étais profondément chamboulée. Pourquoi étaient-ils tous venu? Surement pas pour moi… Peut-être était-ce par curiosité. Malgré tout je savais que c’était un mensonge. S’ils étaient tous là c’était pour une seule et unique raison. Moi. Je me mentais à moi-même lorsque j’affirmais le contraire. Je compris alors ce que signifiait leur venu chez moi. Si je ne voulais pas que Burnett, Lucas et Matthew me retrouve avant que j’aie atteint mon but… et réfléchie au fait de si je voulais leur reparler… il fallait impérativement que je fasse le tour de la maison en vitesse pour dénicher ce dont j’avais besoin, ce que je pouvais laisser derrière sans remord et ce dont je ne pouvais tout simplement pas laisser là. Certes il n’était pas garanti que je perde tout lorsque la mort de mes parents adoptifs seraient découvert, mais j’aimais mieux ne pas prendre de risques. Je commençai alors par rassembler des vêtements, en commençant par mon manteau d’hiver, ensuite de la nourriture qui était encore bonne dans le garde-manger. Après ça je rassemblai les photos de famille qui m’était le plus cher et quelques autres trucs que je pourrais avoir besoin. Je rangeai alors le tout dans un autre sac et allai le porter dans l’entrée avec mes autres choses. De ce fait je réveillai Kelsea, elle me demanda :
- « Qu’est-ce qu’il se passe? »
- Nous allons avoir de la visite et ensuite nous devrons partir d’ici. Est-ce que tu as suffisamment de force pour te rendre indétectable.
- « Pour moi oui. Pas pour toi. »
- Les autres s’en chargeront.
- « Je ne comprends toujours pas… »
- Della et compagnie arrivent. Elle m’a annoncé que Matthew, Lucas et Burnett allaient venir ici plus tard. Nous devons partir, car je ne veux pas voir les deux premiers, tu saisis? Je ne veux pas les voir avant d’avoir éliminé notre ennemi. Tant que je ne l’aurai pas trouvé et réduit à néant, je ne veux pas les voir. Ce laps de temps me donne la possibilité de calmer ma colère et de ne pas leur sauter aux visages pour…
- « C’est bon, j’ai compris! »
- Parfait.
- « Que fait-on, maintenant? »
- On attend.
Elle semblait sur le point de me questionner davantage, mais un regard furibond dans sa direction l’en dissuada. Comme je n’avais rien de mieux à faire je retournai sur mes pas pour recommençai le tour de la maison. Cette fois je m’attardai aux endroits où j’avais vécu le plus de choses. Bonnes. Mauvaises. Peu importait à présent… Je finis par m’effondrer sur un divan avant de me recroqueviller sur moi-même et de tenter de passer outre l’envie de pleurer qui m’avait pris. Je ne pouvais pas me le permettre. Pas maintenant. Pas alors que j’attendais que les autres arrivent. Je ne voulais pas qu’ils me voient ainsi. Aussi vulnérable. Pourtant s’ils y avaient bien des personnes avec qui je pouvais l’être c’était avec eux… Mais j’avais cru pouvoir faire confiance à Lucas. Il m’avait caché la vérité. Sauf qu’il l’avait peut-être fait pour une bonne raison? Mais laquelle? Je n’aurais peut-être pas dû m’enfuir aussi rapidement après tout… Bon sang! J’étais complétement perdue. Irrévocablement? Pas encore. Du moins je l’espérais… Je soupirai bruyamment. Pourquoi est-ce que je ne pouvais pas avoir un moment de paix pour une fois? J’avais l’impression que depuis mes cinq ans je ne faisais qu’avancer à travers la Brume, une brume épaisse et impénétrable.
Une demi-heure plus tard on cogna plusieurs coups à la porte. Je me relevai brusquement, mais pour me diriger vers la porte je le fis à pas de loup. Je ne pouvais pas garantir que c’était ceux que j’atten…
- Maria, ouvre la porte… siffla Della doucement.
Je laissai alors tomber la manière subtile et bondis en direction de l’entrée avant d’ouvrir la porte à la volée. Mes amis s’engouffrèrent alors tous un à un rapidement et je pus refermer. À peine avais-je fait ça que l’on m’empoigna par la peau du cou et que je fus plaquée contre le mur. Je sentis alors un souffle contre ma joue et on me grogna à l’oreille :
- NE ME REFAIS PLUS JAMAIS ÇA! TU ENTENDS?
Ethan. Bon sang, Ethan… Il me retourna alors face à lui et me regarda droit dans les yeux pour me dire :
- Je suis très sérieux Maria…
- Je sais, murmurai-je tout bas en évitant son regard.
Il hocha de la tête avant de me prendre dans ses bras.
- Ouais, et bien, nous aussi on est ravi de te voir Maria! Marmonna Della, acerbe.
Je relâchai alors Ethan, mais lorsqu’il me prit par la main je ne me défilai pas. J’avais trop conscience que ce que je lui avais fait n’était pas bien. Je dis alors d’un ton sans émotion, du moins l’espérais-je :
- Je voudrais bien pouvoir dire que je suis contente de vous voir… Mais je n’ai jamais demandé à ce que vous veniez tous! Savez-vous pourquoi je suis partie, au moins?
- Oui, nous le savons, affirma Kylie.
- Et, donc pourquoi suis-je partie? Leur demandai-je.
- Tu ne voulais pas revoir Lucas et Matthew. Mais sache que Burnett et Holiday étaient apparemment au courant aussi, répondit Miranda.
- Ce n’est pas just… commençai-je avant de comprendre ce qu’elle me disait. Attends… Que… QUOI!?
- Tu as bien entendu. Nos deux directeurs étaient au courant et eux aussi ont décidé de garder le silence, confirma la petite vamp.
- Mais… Pourquoi? M’étonnai-je.
- Ça il aurait fallu leur demander! S’exclama ma coloc vampire en grondant.
Je serrai brusquement mon poing inutilisé. Ce n’était pas le temps de me battre avec mes amis. Je repris donc tant bien que mal mon calme avant de dire d’une voix claire et concise :
- Bon, avant que vous ne me révéliez ceci… J’allais vous informer que ce n’est pas juste pour cela que je suis partie. Certes c’est un peu pour fuir Lucas et Matthew, on peut ajouter nos deux directeurs à cette liste désormais… En fait… Je suis en Chasse.
- Tu es en… quoi?! S’étonna Derek.
- Ce qu’elle veut dire c’est qu’elle traque quelque chose, Derek, marmonna Ethan en levant les yeux au ciel. Que chasses-tu, Maria?
- Ce qui possédait auparavant Kelsea, répondis-je.
- Et qui est cette Kelsea? S’enquit Perry.
- « Moi. » susurra la chimère en leur apparaissant à eux tous.
Je dus faire un énorme effort de volonté pour ne pas éclater de rire devant leur air épouvanté. Je ne pus toutefois pas retenir un petit sourire en coin en leur révélant :
- Bon, ce n’est pas pour rompre l’ambiance, mais… Je crois que nous sommes censés partir, non? Est-ce que l’une de vous deux (je pointai Kylie et Jenny) va pouvoir me rendre indétectable comme pour les autres?
Jenny hocha la tête et nous nous préparâmes au départ.

******************

Lucas n’en revenait pas qu’ils aient osés tous s’enfuir. Comme ça! Sans rien dire à leur tour. Bon, certes leur but c’était justement de permettre à Maria de s’en aller, avant qu’ils arrivent. Alors annoncer leur plan aurait été… contreproductif. En fait ce n’était pas vraiment ça qui le mettait en colère. Non. C’était plus le fait qu’il ait été mis de côté. Pourtant ça aussi il le comprenait. Il avait négligé de révéler à Maria ce qu’il savait à propos de George. Qui était plutôt son père dénommé Matthew. Son oncle à lui, Lucas. Le jeune loup-garou regarda tour à tour les deux adultes qui le dévisageaient avec une colère noire dans leurs yeux.
- Je n’ai pas été mis au courant, si c’est ce que vous croyez. Sinon je ne serais pas ici, gronda-t-il.
Burnett avait imperceptiblement penché la tête vers lui pour écouter les battements de son cœur. S’il espérait percer un mensonge… il allait être déçu. Lucas attendit une bonne minute avant de dire :
- Je suppose que vous avez déjà tiré la conclusion qu’ils sont tous parti avertir Maria que nous allions la retrouver, n’est-ce pas? Et qu’ils avaient sans doute échafaudé ce plan avant même d’arriver ici.
- Oui, marmonna Matthew. Je sais aussi pourquoi elle est revenue.
- Maria? S’enquit le vampire.
- Oui, acquiesça le père de sa cousine. Elle est là pour anéantir ce qui a possédé la chimère. Mais elle ne sait ni où aller, ni comment la détruire. Elle se fera soit tuée ou possédée. Et entre nous je ne sais pas lequel des deux est le pire.
Le jeune loup-garou serra les poings et grogna :
- Maria est intelligente. Elle s’informera avant. Et elle a la chimère avec elle. Celle-ci doit savoir certaines choses. Après tout la chose était en elle.
- Certes, mais… commença Matthew, mais son neveu le coupa.
- Arrête! Tu ne vois pas que c’est de ta faute tout ça? Si tu ne m’avais pas enjoint de garder le secret, ou mieux si tu avais révélé la vérité à Maria dès que j’ai découvert qui tu étais, ces questions n’auraient pas lieu d’être. Nous serions encore au Texas, à Shadow Falls!
- Non, nous aurions été forcés de venir ici tout de même. Si Maria veut détruire cette chose, peu importe ce que ça peut être, elle doit aller là où tout a commencé, rétorqua son oncle.
Lucas laissa échapper un grondement. Décidément il aurait préféré être aux côtés de ses amis, même si pour cela il aurait dû subir la fureur de sa cousine et qu’un petit quelque chose lui disait que ce ne serait pas une partie de plaisir…

******************

Je me tournai vers Miranda au moment même où elle me demanda :
- On va où comme ça?
Avec chance malgré qu’on ne pouvait pas se voir et que pour ce suivre nous devions nous tenir par la main, nous avions toujours la possibilité de se parler. Et sans que ceux autour de nous ne nous entende.
- Je dois me prendre de l’argent. Nous allons en avoir besoin.
- Je croyais que tout l’argent que tu gagnais tes parents te la prenaient… s’étonna Della.
- Certes, c’était surtout le pourboire, mais en effet ils se servaient aussi parfois dans mon compte… admis-je. Sauf qu’un jour j’ai passé des heures à me pratiquer pour imiter parfaitement la signature de mes parents. Ensuite j’ai réussi à m’ouvrir un nouveau compte où je transférais une partie si infime de mon salaire que mes parents ne l’ont jamais remarqué.
- Tu crois avoir amassé suffisamment d’argent? S’enquit Ethan.
- Je suppose que oui… Je n’ai jamais rien dépensé pour ne pas qu’ils s’aperçoivent que j’avais de l’argent pour des achats personnels. En fait… je prévoyais fuguer après mes études secondaires… leur appris-je.
Ils ne répondirent rien, mais le silence était on ne peut plus révélateur. Je les conduis alors le plus rapidement vers la caisse populaire la plus proche. Je retirai alors presque l’intégralité du contenu de mon compte et dès que nous fûmes tous dehors, à l’abri des regards, Kylie et Jenny nous rendirent invisibles. Pendant que j’avais retiré mon argent plusieurs de mes compagnons avaient échangés leur argent américaine pour celle canadienne.
- Que faisons-nous maintenant? S’informa Derek.
- Est-ce que vous avez tous vos portables? M’enquis-je, inquiète.
Ils dirent tous oui, du moins ceux qui en avaient.
- Vous n’avez pas pensé à… je ne sais pas moi… Les laissez là-bas? On peut se faire retracer avec ces maudits machins! M’exclamai-je.
- On n’y avait pas pensé, admit Kylie et j’étais sûre qu’elle venait tout juste de se passer la main dans les cheveux.
- « Tu n’as qu’à louer un casier quelque part pour la journée. Ils les laisseront là. Si jamais ceux que nous évitons devaient s’y rendre au moment où on reviendrait les chercher… Nous serons invisibles, alors il n’y a aucun problème. » proposa Kelsea.
- Excellente idée! Merci, Kelsea! Alors prochaine étape, on va ranger vos portables. Suivez-moi!
- Ce n’est pas comme si on pouvait faire autrement! Maugréa Della.
J’eus un petit sourire en coin et je dus me retenir pour ne pas rire. Une chance qu’elle ne pouvait pas me voir! Sinon, je crois que j’aurais eu droit à une scène…
Je les conduis alors jusqu’à un endroit où nous pouvions louer des casiers pour la journée. Je payai rapidement le coût de location et nous rangeâmes tous les portables vite fait. Dès que nous fûmes dehors, je tirai sur le bras d’Ethan qui me reliait aux autres pour les conduire très loin de cet endroit.
Environ une quinzaine de minutes plus tard nous nous trouvions près du château Frontenac. Comme nous étions suffisamment loin du dernier endroit où nous nous étions rendus, j’avais demandé aux deux caméléons de relâcher leur sort d’invisibilité.
- Est-ce que je peux savoir pourquoi tu nous as amenés ici? s’exclama Della.
- Ben, voyons! C’est un incontournable de Québec! Qu’est-ce que tu crois? Grognai-je avec sarcasme. Non, nous sommes venus ici pour descendre dans le Vieux Québec. Et là nous allons trouver une librairie. Une librairie où j’ai réussi à me faufiler lorsque je suis venue en visite avec mes parents. Eux sont passés tout droit sans même la voir, ni me voir, alors que je me trouvais devant la vitrine. La propriétaire était une surnaturelle. Et une sorcière. Maintenant je le sais, ajoutai-je. Comme j’ai besoin de renseignements… sur quelque chose de surnaturels justement, je crois que ce serait le meilleur endroit où commencer, conclus-je.
- Tu crois? Susurra la vamp.
- Oui. À moins que tu aies une meilleure idée à me proposer. Je t’écoute si c’est le cas, rétorquai-je.
Elle garda le silence. Je retins difficilement un sourire en coin et commençai à avancer vers les escaliers qui nous permettraient de descendre dans le Vieux.
Une fois rendu en bas, Ethan me questionna :
- Est-ce que tu es revenue ici depuis le temps?
- Non, pas vraiment, répondis-je. Je n’ai pas eu le droit à beaucoup de… sorties depuis trois ans, tu vois?
Il hocha de la tête avant de me relancer :
- La propriétaire s’appelle comment?
- Christine si je me souviens bien. Elle avait dans la quarantaine, des cheveux brun-roux, des yeux verts et une peau semi-bronzée qui devait être dû au fait que nous étions au milieu de l’été…
- D’accord… Est-ce qu’elle était gentille? S’enquit-il.
- Plutôt, oui. Elle m’a demandé si j’avais des problèmes avec les humains, j’ai répondu que non, que je ne voulais simplement pas retourner tout de suite avec mes parents et que c’était eux qui venaient de passer. Je me souviens même très bien qu’elle m’a dévisagée avec des yeux ronds. Après ça j’ai dû sortir, car ma mère a crié mon nom avec le ton qu’elle prenait quand elle était vraiment en colère. C’est en les rejoignant devant une boutique médiévale que j’ai trouvé l’étrange pierre.
Ils me regardèrent tous avec de grands yeux, ce qui me rendit mal à l’aise, alors je marmonnai :
- Quoi?
- Tes réponses sont plutôt longues pour des questions aussi courtes, expliqua Jenny.
- Qu’est-ce que ça peut faire? Je suis chez moi ici. Alors je redeviens peu à peu dans mon environnement. À quoi vous attendiez vous? Je ne suis pas insociable, ni peu bavarde. Il faut me connaître pour…
- Arrête, une seconde! Me coupa Kylie en jetant un coup d’œil à Miranda.
- Je sais ce que tu penses, mais je n’ai rien fait, je le jure! S’exclama cette dernière.
Ils se jetèrent tous un long et profond regard qui en disait gros, mais je n’avais aucune idée du pourquoi.
- Pourquoi vous faites cette tête? M’enquis-je. Seulement parce que je parle plus qu’à l’ordinaire. Je viens juste de vous dire pourquoi! Bon sang, ce n’est pas si dur à comprendre, non? Alors oubliez ça. Là on va aller à cette librairie, questionner la propriétaire pour savoir si elle a des livres qui parle de… continuai-je, mais je fus interrompu par Ethan qui me plaqua sa main sur la bouche.
- Ce n’est pas normal, là. Maria ne dirait jamais tout ça si elle avait tous ses esprits, dit-il en me jetant un coup d’œil que je trouvai anormalement inquiet avant de me relâcher.
- Non, mais c’est quoi ton problème! Au lieu de me bâillonner t’aurait pu juste me dire d’arrêter. Quand même! Grognai-je.
- Là, vous avez raison, elle n’est pas normale du tout, affirma Della en me regardant de manière épouvantée.
D’ailleurs leurs yeux reflétaient tous cette émotion… Je ne voyais pourtant aucunement pourquoi il me trouvait anormale. Je ne disais que la vérité, non? Oh, merde… C’était ça le problème. Je disais trop de vérités. Comme si mon cerveau était programmé pour donner beaucoup plus d’info que ce que la question en elle-même demandait. Je les dévisageai alors de manière paniquée.
- Tu as compris ce que tu avais? Formula silencieusement Perry.
- Oui, je n’arrête pas de… commençai-je, mais je me retrouvai de nouveau bâillonner, cette fois par la vamp.
- Désolée pour ça, Maria, vraiment… Mais je crois que tu ne nous laisses pas le choix, affirma Miranda avant de remuer le petit doigt et de psalmodier une formule sans queue ni tête.
Elle se tourna alors vers Ethan et il dit :
- Maintenant conduis-nous à la librairie.
- Mmmm… mmmmm… mphh? Tentai-je de répondre, mais c’était comme si mes lèvres étaient scellées.
Je venais maintenant de comprendre ce que la petite sorcière avait fait. Astucieux, pensai-je. Je leur fis alors signe de me suivre et nous marchâmes rapidement. J’allais avoir beaucoup de questions à poser à Christine, finalement.

******************

Matthew avait su depuis le début que mentir à Maria ne serait pas judicieux. Il avait appris à la connaître suffisamment durant le temps qu’il avait été avec eux pour voir à quel point sa confiance était dure à gagner. Pourtant s’il avait menti, c’était justement pour la protéger. Il espérait toutefois que maintenant qu’elle était au courant, elle ne mettrait pas trop de temps à passer outre ce fait. Il avait encore beaucoup de choses à lui apprendre et peu de temps, si peu de temps…
- Alors, où devons-nous aller? S’enquit Lucas en le dévisageant.
Son neveu aussi c’était mis en colère en apprenant qu’il ne voulait rien dire à sa cousine, mais lorsqu’il avait connu la vérité, toute la vérité, il s’était rangé à son avis. Burnett et Holiday aussi.
- Direction le Vieux Québec. Allons jouer aux touristes! Dit-il avec un ton faussement enjoué qui ne trompa aucun de ses deux compagnons de voyage.
Matthew Parker ne voulait pas l’avoué, mais le combat de deux semaines plus tôt l’avait laissé éreinté. Pourtant dix-huit ans auparavant cela n’aurait rien changé, mais rien n’était plus pareil depuis. En commençant par l’absence de Rose. Elle lui manquait toujours aussi terriblement et il ne pouvait s’empêcher de la voir à l’intérieur de Maria. Il soupira et se mit à marcher rapidement, ses pas laissant des marques profondes dans la neige.

******************

J’ouvris la porte d’un coup sec, des sonnettes tintèrent exactement comme la dernière fois que j’étais venue. Une fois que nous fûmes tous à l’intérieur Perry s’enquit :
- Bon et on fait quoi maintenant? Elle n’a pas l’air ici…
- Mmmm… Mmphhh… grognai-je.
- Ah, pardon! J’avais oublié, marmonna le métamorphe, mais je surpris son petit sourire amusé.
Je lâchai un grondement qui se répercuta étrangement dans la petite librairie. Une voix venue d’Outre-tombe dit alors en français :
- Eh bien… Ça fait longtemps, Maria. J’aurais pourtant cru te voir bien plus tôt.
Je me tournai en direction de celle à qui appartenait la voix et je vis qu’elle avait teint ses cheveux auparavant brun-roux en un noir profond. Pourtant c’était toujours le même visage souriant. Je m’approchai alors d’elle, mais avant d’essayer de dire quoi que ce soit je me tournai vers mes compagnons de voyage.
- Tu as trouvé des amis comme toi, apparemment… Vous vous appelez comment, vous tous? Demanda Christine avec un sourire engageant, mais toujours dans ma langue natale.
- Je suis Ethan, entama ce dernier en français aussi. Et nous sommes là parce que Maria voulait vous parler, mais là… On aurait dit qu’elle est victime d’un sort.
- Je vais voir ce que je peux faire, dit-elle avec une étincelle d’inquiétude dans les yeux. Mais avant, j’aimerais savoir vos noms à tous.
Mes compagnons se jetèrent un coup d’œil. N’avaient-ils pas appris un peu de français pour au moins comprendre cette question? Ethan dut à son tour s’impatienter, car il répéta la question, mais cette fois en anglais. Leurs regards s’illuminèrent alors et Kylie lança :
- Désolée, mais nous parlons anglais… Moi, c’est Kylie.
Elle présenta alors notre petite troupe un à un en les pointant.
- D’accord, commença Christine en parlant cette fois en anglais sans presque aucun accent. Maria, approche-toi, maintenant… me dit-elle en conservant la même langue.
- Est-ce possible d’aller ailleurs? Demanda mon petit-ami. Nous nous sommes… en quelque sorte, du moins, enfuis. Et il y a deux loups-garou et un vampire à nos trousses.
La libraire hocha la tête et nous fit signe de la suivre à l’arrière, ensuite d’un simple mouvement de la main et avec un sort murmuré tout bas elle fit disparaître nos odeurs. Je la remerciai d’un sourire et elle me tapota le bras gentiment. Ensuite elle m’invita à m’assoir sur un petit banc et posa ses doigts fins sur mes tempes.
******************

Ils étaient proches. Très proches. Il le sentait au plus profond de lui-même. Bientôt. Bientôt elle serait là. À cette pensée il eut un sourire et il disparut dans un coin sans être vu.
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George semblait décontenancé, remarqua Lucas. Il y avait de quoi, d’ailleurs. L’odeur de ceux qu’ils cherchaient venait tout bonnement de disparaître. Le cousin de Maria regarda tout autour de lui et il vit un étrange bâtiment. Ce dernier semblait d’ailleurs l’appeler, maintenant qu’il avait pris connaissance de sa présence. Il se détourna néanmoins, car il avait assez trahi sa cousine comme ça.
- Que faisons-nous maintenant? Demanda-t-il en se mettant de côté par rapport à l’étrange bâtisse.
- Je n’en ai aucune idée, admit Burnett en regardant dans la direction que le jeune homme aurait préféré qu’il ignore.
Le directeur du pensionnat hocha la tête de manière si imperceptible, que Lucas le manqua presque. Cela signifiait-il que le vampire ne dirait pas un mot de ce qu’ils avaient découvert? Il l’espérait de toutes ses forces en tout cas. George… ou plutôt Matthew poussa un soupir avant de dire :
- Nous ne la trouverons pas aujourd’hui… Et chaque heure qui passe augmente les risques que…
- Quels risques! S’exclama le jeune loup-garou avec angoisse… et colère.
- Plus le temps passe, plus l’entité maléfique gagne en puissance. Peu à peu il sera à même d’user d’une magie noire sur Maria d’abord. Ensuite sur les autres. Jusqu’au moment où il sera capable de posséder quelqu’un de nouveau. Cela prendra une décennie avant qu’ils puissent de nouveau prendre possession de la chimère et avant tout il devra attendre que la prochaine ou le prochain Lechasseur trouve la pierre, répondit son oncle avec lassitude.
- Qu’arrivera-t-il à faire à Maria? S’enquit le vampire.
- Il sera d’abord capable de la faire parler, par exemple pour une question très simple elle donnera quantité d’informations aucunement nécessaire, mais qui ont un rapport. En second lieu il sera capable d’influencer sa vue, puis son odorat, allant jusqu’à son sens du touché et du goût. En bref, elle aura des illusions. Au final il pourra contrôler ses pensées et ses gestes. À ce moment-là il pourra commencer à influencer les autres. Pourtant dès qu’il aura Maria sous son règne nous serons tous morts. Car il est dit que seul un être aimé peut la ramener parmi nous. Pour cela, par contre, il faut du temps. Ce que nous n’aurons pas.
Lucas déglutit difficilement. Même s’il réussissait à plutôt bien le cacher, tout ce que révélait Matthew l’effrayait. Pas nécessairement la possibilité de sa mort prochaine, même s’il y en avait une petite partie qui en était effectivement la cause. Non, c’était surtout pour Maria qu’il avait peur. Elle avait déjà vécu beaucoup trop de ce genre d’évènements. Il aurait aimé mieux que tout soit terminé et d’être venu visiter le coin avec sa cousine, en toute tranquillité. Malheureusement ce n’était pas le cas. S’il voulait pouvoir apprendre à connaître celle avec qui il partageait des liens du sang plus en profondeur, il allait devoir agir. Peu importe combien elle le détestait en ce moment précis, lui ne pouvait pas l’abandonner à un si triste sort. Il regarda les deux autres hommes de manière indéchiffrable alors qu’un plan se dessinait dans son esprit. Il lâcha en marmonnant :
- Alors on rentre à l’hôtel?
Les deux adultes hochèrent de la tête et ils s’éloignèrent tous les trois vers leur nouvelle destination en espérant tous que demain serait plus propice pour leur traque. Mais demain Lucas n’en ferait pas partie. Non, car il serait déjà parti depuis longtemps.
******************

Une chaleur écrasante m’emprisonna le crâne et un bourdonnement rageur s’installa dans mes oreilles. J’entendais Christine proférer des incantations sans aucun sens pour moi et qui devenaient de plus en plus longues. Ma tête se mit à me tourner et une douleur fulgurante me prit comme dans un étau. Les doigts de la libraire semblait peser une tonne sur mes tempes et c’était comme si une griffe me récurait le fond du crâne, en bref c’était atrocement douloureux. Plus les minutes passèrent et plus la douleur était intense. Au bout de presque une heure je sentis les doigts quitter ma tête en glissant. Christine perdit pied et ce ne fut que grâce à Ethan qu’elle ne s’écrasa pas au sol comme un sac de patate. Elle me semblait beaucoup plus pâle que d’habitude, mais comme je ne l’avais vu que deux fois… Comment pourrais-je en être sûre? Kelsea me regardait avec inquiétude et je ne savais pas trop pourquoi. Je me relevai alors doucement, car apparemment que je m’étais assise, même si je ne m’en souvenais pas. Mes muscles douloureux protestèrent contre ce soudain mouvement, mais ne me trahirent pas. Je m’approchai alors de celle étendue sur le sol et m’accroupis à ses côtés. Elle me grogna alors à la figure :
- Mais bon sang Maria! Peux-tu me dire ce que tu as bien pu faire pour te retrouver à la merci d’un esprit des ténèbres, hein? J’ai pourtant tout fait pour que…
- Qu’est-ce que tu entends par là, Christine? On ne s’est vu qu’une seule fois! M’exclamai-je avec un grondement qui vibra dans ma gorge.
- Tu te trompes, souffla-t-elle en détachant chacun de ses mots. Et avant que je ne dise quoi que ce soit, tu ferais mieux de m’expliquer rapidement dans quoi tu m’as embarqué! Ajouta-t-elle sur un ton beaucoup plus mordant.
Je refermai rapidement la bouche avant de soit lâcher des paroles que je regretterais, soit répondre de manière beaucoup trop précise. Je me tournai alors vivement du côté de mes amis et fus surprise en les voyant reculer d’un pas. En regardant plus attentivement je vis que les jambes d’Ethan tremblaient de manière involontaire et je compris. George/Matthew n’avait-il pas dit qu’une fois que j’aurais vaincu la chimère je serais comme une alpha? Et maintenant que j’en prenais conscience je pouvais sentir ma fureur s’échapper et les frapper chacun leur tour, mais plus particulièrement Ethan. Parce qu’il était un loup-garou. Je me forçai alors à prendre une grande inspiration et baissai les yeux vers le sol.
Lorsque je fus suffisamment calme, je dis en détachant chacun de mes mots pour m’arrêter au moment opportun :
- Je ne peux pas répondre à cette question, Christine.
La compréhension emplit ses traits et elle se tourna vers mes amis pour leur poser la même question, mais en anglais cette fois. Ce fut Kylie qui entama le récit de ce qui m’était arrivée, aidé de temps à autres par les autres du groupe.
À la fin du récit la libraire se passa la main dans les cheveux en marmonnant tout bas :
- Peut-être n’aurais-je pas dû me lamenter qu’il ne se passait rien d’intéressant?
J’étais pratiquement certaine que ce commentaire ne devait pas se rendre à nos oreilles, mais, peut-être excepté Derek et Miranda, nous l’avions tous très bien entendu. Elle se redressa alors délicatement et me dit en me regardant droit dans les yeux :
- Je sais tout à propos de ta famille, Maria. Et à ce que j’ai pu comprendre tu as réussi à séparer la chimère de l’être malfaisant qui la possédait, tout en assoyant ta supériorité sur elle. Donc de ce fait, elle doit être avec toi en ce moment, je me trompe?
- Non, mais je ne vois pas pourquoi tu me dis ça.
- Ton père, Maria. Ton père m’a embauché pour veiller sur toi. J’étais une bonne amie de ta mère, tu sais. À chaque été il venait une ou deux semaines dans le coin pour rendre visite à ses grands-parents. À tes arrière-grands-parents en bref. Je connaissais donc ton père. Lorsque j’ai appris la mort de ta mère et de ta grand-mère, j’ai demandé à ton grand-père si je pouvais te prendre sous mon aile, mais il a refusé. Il ne voulait pas que tu reviennes ici, Maria. Puisque tu risquais de te retrouver embarquer dans l’histoire où tu te trouves en ce moment même. Ce n’est que deux ans après ton arrivé au Québec que j’ai su que tu y étais. Et c’est environ à cette époque que ton père m’a contacté. Il m’a fait promettre de te protéger et de l’avertir si jamais… tu trouvais la pierre. Je surveillais les informations à la télévision et lorsque les cadavres ont commencé à s’empiler… j’ai su ce qu’il en retournait. J’ai alors pris contact avec tes parents adoptifs et, aidé d’un sort mineur, les ai convaincus de t’envoyer à Shadow Falls. Les surnaturels gardent contact entre eux, Maria. Alors je savais que cet endroit existait. J’ai cru que cela t’aiderait et ça été le cas. Dès que j’ai eu cette idée j’en ai parlé à ton père, il a pensé que c’était une bonne idée. Il a aussi ajouté… (Elle regarda dans la direction d’Ethan.) qu’il enverrait un jeune loup-garou qu’il avait sous sa protection à cet endroit aussi. Une manière détournée d’avoir de tes nouvelles, je suppose. Une fois que j’ai raccroché avec lui, j’ai appelé les Lacroix. Ils ont un peu rouspété, mais se sont rangés à mon jugement grâce au sort.
- Je ne vois toujours pas où tu veux en venir.
- Tout ceci était totalement planifié, Maria. Quelqu’un, ou quelque chose, voulait que tu reviennes au Québec. L’un de tes pouvoirs en contrôlant la chimère est de pouvoir neutraliser efficacement les créatures maléfiques qui hantent le Québec, ou l’endroit où tu résides. Cela entraîne aussi une obligation et un malheur. Tu dois les pourchasser et les éliminer, voilà ton obligation. Le problème c’est qu’en général tu n’as pas à les chercher… car ils viendront vers toi comme les bateaux sont guidés par les phares sur les côtes. C’est une véritable calamité, Maria. Surtout à ton âge. Je ne suis pas assez forte pour t’être d’une aide quelconque, Maria. Au début lorsque vous m’avez parlé d’un sort, j’ai cru qu’un sorcier t’avait ensorcelé. Ce n’est bien évidemment pas le cas. L’être qui a quitté le corps de la chimère en est la cause et si tu ne l’arrête pas, d’ici quelques jours il aura pleinement l’emprise sur toi…
Son ton était très sombre. Si j’avais pu répondre je suppose qu’une horde de mots très déplaisant seraient sortis de ma bouche, mais le choc me laissait sans voix. Ethan lâcha un grondement d’avertissement. Je n’avais aucune idée contre qui s’était tourné, tellement absorbée par les dernières révélations. Ma respiration s’accéléra, mon pouls aussi et… la douleur se propagea dans ton mon corps. Oh mince! La transformation! Christine sursauta avant de crier à mes amis de sortir. Une fois débarrassé d’eux elle se hâta de me déshabiller avant que mes vêtements soient tous déchirés. Tout cela avec une telle efficacité que je me demandais si elle avait de l’expérience en la matière.
À peine ma transformation était-elle terminée que j’entendis du côté de la librairie Kylie hurler :
- Lucas, non!
Approximativement au même moment ce dernier franchit la porte qui menait de mon côté du bâtiment. Ce n’était pas le bon moment pour apparaître. Pas pour lui en tout cas. Je lâchai alors un grondement et lui bondis dessus, tous crocs dehors. Nous nous écrasâmes durement au sol tous les deux et je claquai des dents à un centimètre de sa gorge. Je pouvais sentir qu’il n’avait pas peur de moi, mais qu’il n’appréciait pas ma colère, même s’il la comprenait. Je sentais aussi son regret… Est-ce pour cela que je descendis de sur son ventre? Ou bien parce que j’avais aussi pris conscience qu’il avait de la difficulté à respirer et que je ne voulais pas le tuer? Sans doute les deux, pensai-je en le regardant durement alors que je me trouvais juste à côté. Je ne voulais certes pas le tuer, mais de là à dire que je l’avais pardonné…! J’entendis la chimère s’approcher dans mon dos et se poster à mes côtés, à voir les visages incrédules de mes amis j’en conclus qu’elle avait laissé tomber le sort qui l’a cachait aux regards. C’est exactement à cet instant que je vis une ombre sombre à forme humaine qui se tenait dans le coin du plafond. Je restai le regard braqué à cet endroit et me mis à grogner sans pouvoir m’arrêter. Je bondis alors dans cette direction et ne prit aucune considération pour les étagères de livres ou même les personnes que je renversais pour l’atteindre. Kelsea était sur mes talons. À entendre le raffut qui régnait à l’arrière, aucun mobilier n’avait survécu à notre passage, ou plus particulièrement à son passage à Elle. Je me pris un élan et bondis sur l’une des étagères encore debout avant de me propulser vers la chose. Alors que j’allais l’atteindre celle-ci s’écriait, et je devinais son sourire narquois :
- « Couché! »
Je n’avais aucunement l’intention d’obéir à son ordre, mais ce fut comme si on me frappait du poing en plein ventre. La chimère rugit et tenta à son tour d’atteindre notre ennemi, mais ce ne fut pas concluant. En effet, elle fut elle aussi propulsée, dans ma direction bien entendu et s’affala sur moi. J’entendis distinctement l’os de l’une de mes pattes craquer, celle qui avait résisté à la rencontre avec le coin de l’une des étagères tombées, malheureusement le poids en trop avait décidé de conclure le tout en un immense cataclysme de douleur. Des milliers de points lumineux rouges emplirent ma vision et ce que je ressentais remonta de ma patte avant jusqu’à mon thorax ainsi que ma tête. Kelsea se redressa aussi vite qu’elle le put et une nouvelle onde de douleur me traversa de la patte à la tête. Cette fois je laissai échapper un grognement de colère qui résonna longtemps dans la librairie. Christine et Kylie se retrouvèrent en moins de deux à mon chevet. La deuxième m’attrapa la patte aussi délicatement que possible, mais la douleur s’amplifia et je grognai. Quelqu’un répondit à mon grognement par un autre et je n’eus pas à réfléchir très longtemps pour connaître l’identité de cette personne. Lucas. Alors que la colère que je ressentais pour ce dernier enflammait mon esprit je sentis une douce chaleur se propager dans ma patte et la douleur disparut peu à peu.
- Tu devrais redevenir humaine, Maria, me conseilla la libraire sur un ton doux.
J’acquiesçai lentement du crâne avant de me redresser tout doucement. Je me dirigeai alors de l’autre côté et entamai ma métamorphose inverse.
Une fois de nouveau humaine et habillée décemment je rejoins les autres de l’autre côté de la porte.
- As-tu remarqué quelque chose de spécial qui te permettrait de le retracer? S’enquit Ethan alors que je m’apprêtais à dire quelque chose.
- Son odeur. Ça puait. La charogne. Encore.
C’était le mieux que je pouvais faire sans trop en dire. J’avais remarqué autre chose, mais… je ne pouvais le leur dire.
- « Nous irons ensemble. Cette nuit. Mais avant il faut rassembler des informations. Connaître son ennemi, c’est le plus important. » jura Kelsea.
Je n’avais jamais été aussi contente qu’elle puisse choisir les personnes à qui elle s’adressait. Dans son sillage, la créature des ténèbres avait laissé une porte ouverte. Entre l’Ombre et la Lumière. Un passage que nous étions les seules à pouvoir franchir Kelsea et moi. Je me tournai après un petit moment de silence vers Christine et m’enquis :
- As-tu… quelque chose… qui pourrait… m’être utile?
C’était stupéfiant à quel point j’avais de la difficulté à dire des choses si simple sans trop en révéler…
- Je crois bien avoir quelques informations pour toi, admit-elle. La question est de savoir si nous allons être capables de les trouver dans la pagaille que tu as causée.
- Est-ce un reproche? Grognai-je sur un ton qui n’était pas le mien.
- Bien sûr que non! S’exclama-t-elle en levant les yeux au ciel. C’était une simple constatation. Même si cela aurait très bien pu en être un, car tout remettre en ordre va me prendre un temps fou. D’un autre côté… ce n’est pas comme si j’avais quelque chose de mieux à faire, les surnaturels sont plutôt rares par ici de nos jours. Lorsque j’étais toute jeune, mes parents recevaient au moins deux ou trois clients par jour. Moi c’est parfois le même nombre, mais… par semaine. Voire par mois, ajouta-t-elle. Les temps sont durs… souffla-t-elle si bas que je manquai ne pas l’entendre.
- Désolée, fis-je avec une moue contrariée.
Après tout, je n’avais pas eu l’intention de lui causer des problèmes supplémentaires. Et jusqu’à preuve du contraire ce n’était pas la meilleure manière d’obtenir de l’aide, n’est-ce pas? Elle secoua la main nonchalamment l’air de dire que ce n’était rien, juste un contretemps avant de nous enjoindre à la suivre. Elle se mit alors à fouiller machinalement et frénétiquement.
Les minutes s’égrenèrent aussi longue que des heures et une heure me parut durer un jour entier. Lorsque finalement elle se redressa en brandissant un vieux bouquin tout noirci et décrépi je ne pus m’empêcher de ressentir de la déception. Je n’avais pas vraiment eu d’attente, du moins je le croyais jusqu’à ce que je voie… ça. Pourtant au sourire lumineux et réjoui que Christine affichait je devais en conclure que c’était bien ce qu’elle avait voulu trouver. Elle me le tendit alors et me confia :
- Maria, ceci est le grimoire qui répondra autant à tes réponses présentes qu’à celles futures. Il appartient à ta famille depuis les tous débuts et grâce à la magie d’une sorcière il n’y a que l’extérieur qui vieilli. L’intérieur est blanc comme neige, sauf où tes ancêtres ont écrits. Au fil des siècles les Lechasseur ont rassemblé toutes les informations qu’ils pouvaient sur les créatures fantastiques du Québec. Pour que leurs descendants soient de plus en plus à même de protéger notre terre.
Mes yeux s’agrandirent complétement, comment cette chose décrépie pouvait-elle être aussi importante?
- De plus, si n’importe quel loup pouvait écrire dans ce manuscrit, il y avait une sorte de tradition qui exigeait que chaque Alpha qui avait le support de la chimère écrive à l’intérieur. À la fois des renseignements nouveaux sur les créatures fantastiques, mais principalement la manière dont ils avaient vaincu la chimère. C’est un sacrilège que ton père ne soit pas venu le chercher et te le donner alors même qu’il connaissait tout ce qui se trouvait à l’intérieur, continua Christine sans remarquer l’état émotionnel dans lequel je me trouvais.
- Oui, et bien, mon père n’est pas franchement celui auquel on s’attend. Il aimait beaucoup trop avoir ses petits secrets et aimer nous garder dans l’ombre pour mieux nous tenir dans le creux de sa paume, ricanai-je méchamment.
Bien sûr, au fond de moi je savais que j’avais tort de parler ainsi. N’est-ce pas? Ou pas. Trop de choses restaient dans l’univers de l’incertitude pour ma santé mentale. Il me fallait des réponses rapidement. Maintenant en définitive. Je saisis alors délicatement l’ouvrage ancien entre mes doigts et soudainement une force nouvelle sembla s’infiltrer au plus profond de moi. Pour ne pas dire au plus profond de mon âme, même si j’avais l’infime conviction que c’était plus proche de la vérité. Je l’ouvris lentement et en le parcourant rapidement je pouvais facilement deviner lorsque nous changions d’époque, de par les différentes formes d’écritures ou par les matériaux utilisés pour écrire.
- Est-ce que tu trouves quelque chose d’intéressant? S’enquit Lucas.
Je ne savais pas si c’était à cause du fait que je ne m’étais pas intéressé à lui dernièrement qu’il croyait que je l’avais pardonné, mais ce n’était pas le cas. Avec les derniers évènements j’avais tout simplement oublié qu’il se trouvait parmi nous. Je pris soin de déposer le livre avec une douceur calculé avant de me tourner avec fureur vers mon cousin et d’hurler :
- Toi! Peux-tu me dire ce que tu fous ici!
Je m’approchai de lui avec la rage au cœur qui grondait au fond de moi comme les vagues sur des bords rocheux. Claquaient sans que je ne puisse rien faire pour les calmer. Je l’agrippai alors par les épaules et le plaquai contre le mur avec une telle force que le plâtre se fendilla. Je plongeai ensuite mon regard enflammé de fureur dans le sien qui ne reflétait que résignation. Étrangement j’aurais préféré qu’il ait peur de moi, ou même soit en colère. Peut-être aurais-je été plus à même de réagir gentiment? Ou du moins plus gentiment… Je le secouai comme un pruneau avant de susurrer d’un ton menaçant :
- Tu ferais mieux de répondre.
Un grondement s’échappa de sa bouche et il marmonna :
- J’étais venu pour te prévenir. Et j’en avais marre d’être avec eux. Surtout ton père en fait.
- Me prévenir de quoi? M’enquis-je avec un sourire loin d’être amical.
- De quelque chose que tu es déjà au courant. Mais je peux aussi te fournir une explication… le pourquoi nous avons tous gardé le secret.
- Et qu’est-ce que c’est? L’encourageai-je.
- Matthew n’est plus lui-même Maria. Il a été atteint par une sorte de magie noire durant la guerre et… depuis ces forces ne font que diminuer. Ça n’a fait qu’empirer depuis qu’il a su pour ta mère. Il pense que… qu’il ne lui reste plus beaucoup de temps.
- Plus beaucoup de temps avant quoi? M’enquis-je sur un ton beaucoup moins venimeux et beaucoup plus inquiet.
- De mourir. Jusqu’à ce jour personne n’a jamais su trouver ce qui n’allait pas chez lui et de ce fait n’a pu le guérir. Il a donc préféré te faire croire qu’il était l’ami de ta mère pour que tu ne sache jamais qui était ton père et que tu n’es pas à souffrir de sa mort, répondit Lucas. C’est seulement pour ça que je n’ai pas voulu te dire la vérité. Je voulais te protéger, Maria. Tu fais partie de ma famille maintenant… acheva-t-il en détournant les yeux.
Une larme roula sur ma joue et je me sentis coupable de ce que j’avais dit plus tôt à propos de Matthew, à propos de mon père. Mon père… Il allait mourir et je n’avais rien trouvé de mieux à faire que de le jeter hors de mon chemin? C’était injuste de ma part, il avait tellement souffert… Je relâchai mon cousin en titubant tout en reculant de quelques pas. Les larmes s’écoulèrent lentement alors que je débitais sans logique :
- Je suis désolée… Tellement désolée… J’aurais dû chercher à savoir. Mais j’étais tellement en colère. Pardonne-moi. Je ne…
Je ne continuai jamais sur ma lancée, car Lucas m’attrapa par les épaules et me pressa contre lui en chuchotant tout bas :
- Ce n’est pas de ta faute. J’aurais dû savoir que tu finirais par apprendre la vérité…
Il continua ainsi à me montrer à quel point c’était de leur faute à eux et non pas la mienne, mais je savais que c’était faux. Bien sûr, s’il ne m’avait pas caché la vérité à la base, jamais je n’aurais eu la possibilité de devenir aussi… furax. Mais justement ma réaction ne regardait que moi. N’avais-je pas appris ces dernières semaines? N’avais-je pas pris un nouveau départ? Du moins essayer de le faire. Je poussai un mi-soupir mi grognement avant de relâcher Lucas en disant :
- Ça suffit maintenant. J’ai plus important à faire que pleurer. La mort n’a pas encore frappé et tant que je n’aurai pas achevé ce combat, l’auto-apitoiement est interdit.
- Sur ce point nous sommes d’accord! Renchérit Della avec un soupçon de moquerie.
- Toi, tais-toi! Grognai-je.
Elle me lança un sourire éblouissant auquel je répondis par une grimace. Oui, c’était très mature comme réaction, parfaitement au courant.
- Est-ce que je peux avoir une réponse à ma question maintenant? Me relança Lucas.
- Bien sûr, dis-je en levant les yeux au ciel, car apparemment il voulait donner l’impression qu’il n’avait attendu que cela depuis le début. Donc, non, je n’ai encore rien vu d’intéressant, car j’ai survolé les pages sans rien lire, m’sieur je-ne-peux-pas-attendre.
Il me sourit avec un air taquin qui me donna envie de lui faire de nouveau rencontrer le mur, mais avec beaucoup de refoulement je réussis à n’en rien faire.
- Je vous informe si j’ai quelque chose, mais ne m’interrompez pas avant, ajoutai-je.
Je retournai alors chercher l’épais ouvrage et commençai à lire en diagonale l’écriture fine et presque illisible du début.
Au bout d’un moment qui me parut interminable, je trouvai enfin quelque chose de constructif. Du moins je le croyais jusqu’au moment où je lus :
Pour vaincre ces esprits malfaisants il suffit de posséder du sel que l’on purifie dans de l’eau bénite avant d’en imbiber un crucifix. Il faudra aussi remplir un récipient de cette sainte eau et du sel mélangé pour pouvoir la lancer sur notre ennemi qui en sera temporairement paralysé. Il s’agira ensuite de brandir la croix en direction de la créature et avec toute notre foi en Dieu la repousser jusqu’à dans les ténèbres et les feux éternels des Enfer
Ça craignait pour moi. J’avais beau avoir porté le nom de famille de Lacroix, je n’avais aucune croix et ma foi en Dieu… Elle était quasi inexistante. Comment avoir la foi lorsque nous étions témoins d’atrocités innombrables? J’étais donc totalement désespéré jusqu’au moment où j’aperçus dans le bas de la page :
Ou tout simplement brandir la croix avec toute la volonté de tuer cette pourriture et d’en avoir terminé. Ceci étant ajouté par Médric Lechasseur, troisième du nom
J’arrêtai de lire à ce point précis. Mon grand-père. Mon grand-père avait écrit quelque chose dans cet ouvrage. Quelque chose qui me serait très utile. Je n’avais aucune idée pourquoi cela m’étonnait autant. Après tout c’était parfaitement logique étant donné qu’il était un Lechasseur.
- Quelqu’un aurait-il un marque-page sur lui? M’enquis-je.
- Tiens, prends ça! Me dit Christine en déchirant un bout de papier et en me le tendant.
- Tu n’étais pas une libraire aux dernières nouvelles? M’étonnai-je. Je croyais que ce serait le genre de truc que tu aurais, un signet… c’est la base!
- Non, la base, c’est le livre. Un signet en bonne et dut forme c’est abstrait, répliqua-t-elle.
- Si tu le dis, marmonnai-je en attrapant ce qu’elle me tendait toujours.
Je le glissai alors dans le manuscrit et leur appris ce que je venais de découvrir. Je conclus en disant :
- Alors tout ce qu’il nous faut c’est un crucifix, en bref une croix, de l’eau bénite et du sel.
- T’as une idée où tu vas trouver tout ça? Me questionna Miranda.
- Pour le sel ça va être facile, répondis-je.
- Et pour le reste? Me relança Perry. À ce que j’en sais trouver des vraies eaux bénites c’est plutôt dur. Quant à la croix…
- Ça c’est ce qui reste à déterminer. Mais je suis presque sûre que l’on peut trouver cela dans une église! Dis-je d’un ton tranchant.
- Probablement, admit-il en me dévisageant étrangement.
Je ne m’en préoccupai pas et demandai à l’adresse de mon amie libraire :
- Est-ce que tu sais où se trouve l’église la plus proche?
- Oui, affirma-t-elle. Je sais aussi que tu ne pourras jamais entrer à l’intérieur.
- Comment ça? À cause que je suis une louve-garou? M’étonnai-je.
- Non, dit-elle en roulant des yeux. Parce qu’elle est fermée depuis longtemps.
- Et il n’y en a pas d’autres, par hasard?
- Certes, mais tu risques de tomber sur les personnes que tu veux éviter si tu tentes de t’y rendre.
- Aucune importance, marmonnai-je. Donne-moi l’adresse.
Une fois que je l’eus noté je sortis à l’extérieur en compagnie de Jenny, Derek et Ethan. Les autres avaient pour ordre de rester avec Christine et d’attendre de nos nouvelles. Kelsea aussi devait rester en arrière parce que je n’étais pas certaine qu’elle serait capable de rentrer dans une église…
Lorsque nous arrivâmes à l’endroit voulu je me sentis soudainement inquiète.
- Est-ce que je suis la seule à me sentir légèrement mal à l’aise? M’enquis-je en chuchotant.
- Est-ce que tu dis ça parce que tu as l’intention d’entrer par infraction dans une église ou parce que quelque chose d’autre te fait sentir comme ça? Rétorqua Ethan avec un sarcasme certain.
- Très drôle. Bien sûr que je parle de quelque chose d’autre! C’est sûr que ce n’est pas une brillante idée ce que nous nous apprêtons à faire, mais… Je n’ai pas le choix. C’est soit ça, soit je deviens un pantin aux services d’une créature maléfique et malveillante qui va me faire perpétuer des horreurs. Qu’est-ce que tu en penses?
Il m’adressa un sourire en me disant :
- Ressens-tu toujours ce malaise?
Je réfléchis pendant une seconde et en conclus que ce qui me perturbait plus tôt n’était plus d’actualité.
- Merci, lui soufflai-je avec un petit sourire.
Nous montâmes alors les marches qui menaient aux grandes portes de l’église et avec un brin de remords je fis sauter les chaînes qui empêchaient les gens d’entrer. Du moins les gens normaux. J’ouvris ensuite les portes en faisant signe à mes trois amis de rester à l’extérieur et de se rendre invisible. Pas besoin que nous nous fassions tous prendre si jamais les choses devaient mal se terminer… Je dirigeai alors mes pas en direction de l’endroit où se trouvait l’eau bénite. Je m’arrangeai ensuite pendant que ma bouteille d’eau vide se remplissait de pouvoir garder le fond de l’église et les portes menant à l’extérieur dans mon champ de vision.
- Allez… Allez… Remplis-toi… Je n’ai pas que ça à faire, bon sa… commençai-je, mais je m’interrompis.
Ce n’était peut-être pas judicieux de lâcher ce genre de chose dans une église… Nan, probablement pas.
J’étais sur le point de perdre mon calme et d’annuler ma résolution de plus tôt lorsqu’une voix dans mon dos me figea sur place :
- Petite vermine! Quel sacrilège es-tu en train de commettre dans mon église! Allez, répond!
Je me retournai avec les yeux plissés et une moue crispée sur le visage. L’homme… ou plutôt le vieil homme qui se trouvait devant moi portait le genre de vêtements que tout prêtre qui se respecte se doit de mettre. Ses yeux me foudroyaient sur place et je ne réussis pas à répondre assez rapidement, car il m’empoigna le poignet avec une étonnante vivacité pour ses cheveux blanc neige. Cette fois mes sourcils se froncèrent et je lâchai avec peut-être un peu trop d’arrogance :
- Vous préférez que je vous raconte un mensonge ou que j’admette la vérité dans toute sa splendeur?
- La vérité, petite ingrate. Et si je te prends à mentir…!
- Eh bien, pour tout vous dire… Je dois vaincre un esprit maléfique et dans l’ouvrage que mes vénérable aïeuls mon légué il est dit que je dois utiliser de l’eau bénite et une croix. Donc comme j’avais besoin de ceci (je montrai l’eau du doigt) je suis venue en chercher. Maintenant il ne me manque plus qu’une croix. Est-ce que vous en avez une?
À la fin de ma tirade je remarquai qu’il me dévisageait la bouche grande ouverte sur une remarque qui ne voulait pas sortir.
- Alors? L’encourageai-je.
Voyant qu’il ne répondait toujours pas je me saisis de la bouteille, me dépris le poignet et m’éloignai en disant :
- Merci pour cette merveilleuse eau bénite, mon Père. Je vais bien avoir besoin de l’aide de Dieu ce soir, alors si ce n’est pas trop vous demander de prier pour moi… Je ne voudrais pas que les gens souffrent si j’échoue.
Sur ces mots je rejoignis mes amis et nous attendîmes un petit moment avant que Jenny me rende à mon tour invisible.
De retour à la librairie je racontai mon aventure aux autres et Della manqua s’étrangler lorsque je leur répétai ce que j’avais dit au prêtre.
- Tu as fait quoi? S’étouffa de nouveau la vamp.
- Peu importe ce que j’ai fait. L’important c’est que j’ai l’eau bénite.
- Il manque toujours la croix, fit remarquer Derek.
- Certes, mais… commençai-je, mais Christine me coupa.
- Non. J’ai un crucifix, juste de l’autre côté. Je te l’apporte tout de suite, ainsi qu’un bassin.
Elle s’éclipsa alors rapidement et lorsqu’elle revint elle avait ce don j’avais besoin dans les mains. Je les lui pris délicatement en lui demandant :
- Tu es sûre que cela ne te dérange pas?
- Bien sûr que non! C’est pour notre bien à tous, de toute manière, dit-elle avec un sourire fatiguée.
Je hochai de la tête et allai déposer les objets dans le coin où se trouvait le reste. Je rouvris ensuite le manuscrit de mes ancêtres et relus le passage. Je versai alors toute l’eau bénite dans le bassin et assaisonnai le liquide avec du sel. Lorsque je supposai qu’il y en avait assez je déposai le crucifix dans le bassin. Maintenant il fallait attendre quinze minutes, histoire que tout soit bien absorbé.
Tout le temps que nous attendîmes ce fut dans un silence des plus complets et je pouvais sentir la tension monter. Je ramassai alors la croix dégoulinante d’eau bénite salée et passai la corde qui y était reliée autour de mon cou. C’était assez désagréable comme sensation, mais je n’avais pas vraiment le choix. Je transvidai ensuite le reste du liquide dans une ancienne bouteille de produits nettoyants que l’on vaporisait. Cela me serait plus utile qu’essayer de bien diriger un jet d’une bouteille d’eau ordinaire. Maintenant il restait le plus dur à faire… Ils devaient tous partir. Sans moi. Je ne pouvais pas leur permettre de venir avec moi alors que la créature que j’allais essayer de détruire pouvait les posséder à tout moment. Ce serait un bien piètre remerciement… Je ne connaissais qu’un moment moyen pour qu’ils ne me suivent pas. Premièrement ne pas leur dire où je me rendais. Secundo disparaître sans un mot… ou presque. Je dis alors d’un ton nonchalant :
- Bon, nous sommes rendus à la partie délicate. Et je dois la faire seule. Avec Kelsea. Ce n’est pas votre combat. Ni votre Chasse. C’est la mienne.
Je levai une main pour faire taire leur protestation et m’avançai vers Ethan, mes accessoires en main, y compris le livre. Je me penchai vers lui et l’embrassai du bout des lèvres avant de lui chuchoter à l’oreille :
- Je t’aime…
- Maria… murmura-t-il, mais il était déjà trop tard, j’avais sauté sur le dos de Kelsea et celle-ci nous entraînait entre l’Ombre et la Lumière.
Dernière modification par Mimie99 le jeu. 21 juil., 2016 4:04 am, modifié 1 fois.
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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Mimie99 »

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La jeune vamp détestait quand Maria faisait ces foutus tour de passe-passe. Si cette dernière s’était encore trouvée là, elle aurait eu droit à un sacré savon, mais en l’occurrence, ce n’était pas le cas. Elle se tourna vers les autres du groupe :
- Je suis la seule qui se fait prendre à tous les coups?
- Non, grogna Ethan et Della comprit que Maria se trouvait dans un véritable pétrin.
Par contre, même si elle ne voulait pas se l’avouer, elle comprenait parfaitement le choix de son amie. Mais comprendre ne signifiant pas qu’elle acceptait… elle ajouta :
- Vous allez sans doute ne pas être d’accord, mais… Et si nous allions rejoindre Burnett? Maria ne peux pas toujours combattre en solo. Plus maintenant.
Les autres hochèrent contre toutes attentes de la tête. Ce fut par contre Christine qui les interrompit dans leur élan pour sortir :
- Ne vous aventurez pas là où elle ne veut pas de vous. Elle ne le fait pas par choix, mais par obligation. Cette chose peut posséder n’importe qui et Maria ne veut pas avoir à vous faire quoi que ce soit. Alors si vous êtes vraiment les amis que vous prétendez être… N’y allez pas.
- Merci du conseil, mais il n’est pas nécessaire, s’énerva Ethan et Della sortit en vitesse à l’extérieur suivit rapidement par les autres.
Une fois qu’ils furent tous suffisamment loin de la librairie Kylie s’enquit :
- Vous croyez que c’est vraiment une bonne idée? Christine n’avait pas tort, vous savez…
- Lucas, est-ce que Burnett et Matthew sont toujours au même hôtel? Demanda la vamp en ignorant ce que son amie avait dit.
- Oui, mais Della, Kylie a raison, tu sais… répondit le loup-garou.
- Et est-ce que je dois vous rappeler à tous ce qu’il s’est passé lorsque vous avez décidé de vous joindre à elle dans son combat? Vous avez été tous les trois blessés! Persista la caméléon.
- C’était leur choix, fit remarquer Derek.
La petite vamp remarqua du coin de l’œil qu’Ethan avait laissé place aux yeux du loup et que son visage rougissait à vue d’œil. Sans même tenir compte des battements furieux du cœur du loup-garou, elle pouvait deviner sa colère noire. Apparemment les autres n’avaient rien vu, car Perry ajouta :
- En plus Maria ne sera pas seule, non? La chimère est avec elle.
- Elles sont plus à même de détruire cette chose que nous, renchérit Miranda.
Cette fois cela dut en faire trop pour Ethan, car il grogna :
- Vous êtes tous bête à ce point ou quoi?! La dernière fois Lucas, Matthew et moi n’avons pas suffi à la protéger. Elle était morte. MORTE! Et ce maudit esprit a déjà réussi à s’emparer de la chimère, pourquoi ne pourrait-il pas le faire une deuxième fois, hein? Et alors Maria sera de nouveau seule. À vous d’agir comme vous l’entendez, mais moi je ne la laisserai pas seule.
- Tu ne devrais pas, Ethan, le contredit Lucas. Cet adversaire est plus fort que nous.
- Mais tu es son cousin! Elle fait partie de ta famille, merde! Tu l’as toi-même dit tout à l’heure! Et la chimère aussi était plus forte que nous! Est-ce que cela t’a empêché d’aller à son aide? Non, s’écria l’autre loup.
- Nous étions transformé à ce moment-là… marmonna le cousin de Maria en détournant les yeux.
Della en conclut rapidement qu’Ethan le tenait. Et si elle devait se fier à l’air déchiré des autres cela ne tarderait pas pour eux non plus.
- Moi je vais t’accompagner, Ethan. Mais avant il faut que nous trouvions Burnett et Matthew, dit-elle sur un ton qui n’admettait aucune réplique. Libre à vous de venir ou pas, conclut-elle à l’adresse des autres.
Sur ces mots elle s’éloigna de là à la vitesse qui lui était propre, laissant derrière elle tous les autres, excepté Ethan qui s’était empressé de la suivre.
Quelques minutes plus tard ils se tenaient tous ensemble devant la porte. En effet à peine quelques minutes après leur départ ils avaient été rejoint par tous les autres. La vamp cogna alors à la porte et celle-ci s’ouvrit sur le visage renfrogné de Burnett. Il parut légèrement plus affligé lorsqu’il eut fait un balayage visuel et qu’il remarqua l’absence de celle qu’ils étaient tous venus chercher.
- Elle n’est pas là.
C’était Matthew qui avait parlé et cela ressemblait plus à une simple constatation, comme s’il savait déjà que ce ne serait pas le cas.
- Elle a trouvé le manuscrit, je suppose? Ajouta-t-il.
- Qu’est-ce que cela peut-il vous faire? Siffla Della avec un dédain parfaitement perceptible.
Le loup-garou se laissa tomber sur le lit, la tête entre les mains. Il marmonnait pour lui-même et malgré l’ouïe très sensible de la jeune vamp, elle ne parvenait pas à percevoir un seul mot.
- Je vais y aller. Je suis le seul à connaître l’endroit où elle se rend. Et je ne mettrai pas votre vie en danger. Burnett? Arrangez-vous pour qu’ils restent ici, dit Matthew sur un ton résolu.
Il se fraya un passage entre eux tous et la vamp releva légèrement sa lèvre supérieure lorsqu’il passa près d’elle. Ses sentiments étaient toujours ambigus avec ce loup-garou. Elle n’arrivait pas à nier qu’elle avait adoré l’entraînement qu’il leur avait fait faire, mais elle détestait le fait qu’il est menti et si quelqu’un pouvait savoir à quel faire confiance à quelqu’un était dur, c’était bien elle. À peine avait-il franchi le seuil qu’elle tenta de sortir, mais Burnett l’attrapa au vol et la plaqua contre le mur.
- Tu restes ici, gronda-t-il.
Ethan voulut s’éclipser à son tour, mais sous un signe discret du directeur Lucas le plaqua à son tour contre le mur.
- Aucun de vous ne sortira d’ici cette nuit. Si nous n’avons reçu aucune nouvelle d’ici là… On partira tous à leur recherche. Ça vous va? Proposa le vampire sur un ton catégorique.
- Non, soupira Ethan. Il sera déjà trop tard et vous le savez parfaitement! Hurla-t-il ensuite.
Burnett secoua la tête, mais n’ajouta rien ni ne contredit le jeune loup-garou. Cela pouvait signifier deux choses, soit qu’il n’avait pas le cœur à le contredire parce qu’il était trop inquiet pour ce genre de futilité ou alors… Alors Ethan avait raison et comme le vampire savait qu’elle pouvait percevoir les mensonges il ne prendrait pas le risque de le faire.
******************

Je détestais vraiment cette sensation, pensai-je alors que nous étions balloter d’un côté puis de l’autre sans discontinuer. Cela me semblait encore pire que les fois précédente, peut-être était-ce dû au fait que la piste était récente? Je n’en avais aucune idée. Kelsea se pencha alors vers l’avant pour atterrir et lorsque ses pattes atteignirent le sol nous fûmes propulser contre le béton du trottoir. La rencontre fut rude, mais je parvins à me relever sans mal. C’est au moment où une voix s’éleva que je reconnus les lieux :
- « Alors tu es venue, n’est-ce pas Maria? Étais-tu si empressée de venir à ta fin? »
J’étais à l’endroit même où j’avais trouvé la pierre. Cette maudite pierre. Je poussai un grondement avant de lâcher sur un ton acerbe :
- Vous m’avez aussi sous-estimé la dernière fois. Je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas encore le cas.
À la fin je pouvais sentir l’odeur de charogne s’élever. Cette odeur… je l’exécrais à un tel point que j’en étais presque rendue au stade de devenir folle. Peut-être la créature s’en rendit-elle compte, car elle s’amplifia considérablement, à tel point que j’en eu la nausée. Kelsea aussi semblait éprouver quelques problèmes, car elle éternua en me jetant un regard anxieux.
- « Tu ne devrais pas faire ton insolente, Maria. C’est dangereux, très dangereux même, pour les personnes que tu aimes. Celles auxquelles tu tiens… » me gourmanda-t-il, car par un étrange pressentiment je savais que c’était un homme, ou un mâle, car cette chose avait rien d’humain.
- Vos menaces ne fonctionnent pas, déclarai-je.
Bon… Ma déclaration aurait sans doute eu plus de poids si je n’avais pas eu la voix tremblante et hésitante. C’est sans doute à cause de cela que l’esprit malfaisant s’étrangla de rire, malgré tout mon orgueil prit une méchante volée.
- « Si seulement tu avais eu le mérite d’être convaincante, Maria! Là on aurait dit une gamine qui veut faire croire à ses amis qu’elle n’a pas peur du noir, mais qui se tient sur le bord de l’entrée de son sous-sol… » se moqua-t-il de manière mesquine.
- Tu vas lâcher ma fille, gronda quelqu’un derrière moi et la réaction que j’eus fut aussi radicale que si on m’avait versé un seau d’eau froide sur la tête.
- Non! Hurlai-je.
Mais il était trop tard. La forme sombre que j’avais réussie à discerner un peu plus tôt venait de se jeter à pleine vitesse sur la personne se trouvant dans mon dos. Plus précisément Matthew. Un cri horrible sortit de la bouche de mon père alors que l’esprit prenait possession de son corps. Je laissai échapper un gémissement de frustration. Pourquoi diable était-il venu, hein? N’avait-il pas lu le foutu bouquin? Ne savait-il pas qu’en faisant cela il… il allait mourir? La seule manière possible pour moi de vaincre l’être malfaisant était de tuer son hôte, à une exception près, avec la chimère je n’en avais pas eu besoin. Mais là… Là j’allais devoir tuer mon propre père. Celui que je ne connaissais que depuis quelques semaines… La rage prit possession de mon corps et ce n’est que grâce à elle que je ne perdis pas tous mes moyens lorsque l’esprit de malheur s’adressa à moi, mentalement, mais avec la voix de mon père :
- « Ah… Quel soulagement! Tu m’as privé de mon ancien corps Maria. Et ça tu vas le payer cher. Tu souffriras à tel point que tu préféreras être morte. Mais je ne te délivrerai pas aussi facilement. Je vais te… »
- Tue-moi, dit une voix rauque en coupant l’autre par le fait même.
- Je ne vous laisserai pas faire et je ne suis pas seule! Je vais te vaincre comme je l’ai déjà fait!
- « Tu crois cela? Mais enfin, Maria! Je suis immortel. Et toi tu es quoi? Tu n’es qu’une… » commença-t-il sur un ton moqueur, mais à la fin son visage se tordit et il fut de nouveau coupé.
- Tue-moi, je t’en prie…
- Je ne vous laisserai pas faire! Dis-je d’une voix étranglée par l’émotion.
Mon père réussit à combattre l’ennemi, juste assez pour me donner une dernière directive. Mais c’était celle que je ne pourrais jamais écouter. J’avais déjà tué. Oui. Mais ce n’était pas des êtres humains. Et encore moins mon père. Pourtant je n’avais pas le choix. Je le savais. Il le savait. Nous le savions tous les deux, mais cela ne rendait pas les choses plus faciles.
- « Je vais savourer ta douleur… Quel nectar réjouissant après tous les soucis que tu as causé… » susurra mon malfaiteur.
- Je ne vous laisserai pas faire! Grognai-je, mais en même temps je saisis quelque chose dans ma poche de manteau.
Un objet que je gardais là depuis si longtemps que j’en avais oublié l’existence. Jusqu’à ce moment ci. Mes doigts engourdis par la peur et la haine de moi-même pour le meurtre que j’allais commettre furent dur à remuer pour ouvrir le canif. Une fois la lame libérée, je jetai un coup d’œil vers Kelsea. J’avais besoin d’une diversion pour ne pas qu’il sache ce que je tramais.
- « Tu es faible, Maria. Tu étais morte, tu le sais n’est-ce pas? Je t’ai tuée, mais ton idiote de mère a réussi à faire un petit tour de passe-passe et tu es revenue à la vie. Cette fois tu… » m’insulta-t-il, mais la fin fut de nouveau coupée.
- Maria, s’il-te-plaît… Tue-moi.
Cette fois il le dit en français. Je ne sais pas si c’est à cause de ce fait, ou parce que je m’y étais déjà préparée, mais je sortis le canif à une vitesse surnaturelle alors même que Kelsea fonçait droit sûr Matthew, ou plutôt vers ce qui était auparavant ce dernier. Je m’élançai au même moment et tandis que notre ennemi se chargeait d’envoyer valdinguer ma chimère en ricanant dans sa barde qu’il ne possédait pas je lui enfonçai la lame de mon canif en plein cœur. Sa bouche s’arrondit sur un O de surprise et du sang s’écoula de ses lèvres en même temps que les larmes s’échappaient de mes yeux.
- Je suis désolée, murmurai-je. J’aurais voulu faire autr… entamai-je, mais une forme sombre sortit en trombe du corps de mon père et me pénétra toute entière.
Alors juste à ce moment la même douleur que j’avais déjà ressentie se propagea en moi et un instinct étrange me poussa à saisir le vaporisateur. Une part de moi, celle qui était non-croyante, me trouva bien stupide de me vaporiser de ce truc qui ne ressemblait qu’à de l’eau bien normale agrémentée de sel. L’autre part poussa des cris de victoire lorsque la chose s’enfuit en poussant un cri si aigu que mes oreilles bourdonnèrent. N’étant plus que sur l’adrénaline je me tournai pour suivre son mouvement, sans tenir compte que du sang s’écoulait lentement de mes oreilles, chaud et poisseux. Je lui envoyai alors d’autres jets d’eau bénite salée. L’effet fut immédiat et l’esprit s’immobilisa. Un sourire mauvais m’étira les lèvres et je brandis le crucifix en aillant l’espoir au cœur. Il fallait que cela fonctionne. Il le fallait. Sinon mon père serait mort pour rien et j’allais le rejoindre. Malheureusement au lieu d’avoir une foi incroyable en Dieu je me mis à ressentir une haine violente contre mon ennemi. Si effroyable qu’elle me faisait peur à moi-même. C’est à ce moment précis que je me souvins de ce qu’avait écrit mon grand-père « avec toute la volonté de tuer cette pourriture et d’en avoir terminé. » Si ce n’était pas ce que je ressentais en ce moment… Je brandis alors une nouvelle fois la croix, mais cette fois avec plus de conviction. De la fumée commença ainsi à s’élever de l’ombre et il hurla tandis que les flammes se mettaient à le prendre :
- « NON!!! »
La seconde suivante il disparaissait dans un éclair à la fois lumineux et terriblement sombre. Mes mains se mirent à trembler. J’avais réussi. J’en avais enfin terminé avec ces maudites mésaventures! Du moins pour l’instant… Mais l’euphorie du moment m’empêchait d’y penser trop profondément. Kelsea s’approcha de moi en boitant et je posai ma tête contre son front en lui murmurant :
- On l’a fait Kelsea. On a réussi.
- « Oui. » murmura-t-elle, mais je ne sentais que de la tristesse dans sa voix.
Elle semblait regarder un endroit très précis… Je me retournai donc, sachant pertinemment que c’était la dernière chose que je voulais faire, mais aussi que je devais le faire. Un sanglot me prit à la gorge alors même qu’une plainte silencieuse s’échappait de mes lèvres. Il était mort. Vraiment mort. Sous une impulsion je le pris dans mes bras. J’avais été en colère contre lui, mais cela me semblait si stupide à présent… Mais on remarquait toujours ce genre de chose lorsqu’il était trop tard. La chimère me saisit soudain par la manche et me tira en arrière, nous entrainant le corps de Matthew et moi sans aucune difficulté.
- « Laisse-moi faire. Relâche-le. » souffla-t-elle d’une voix étrangement nerveuse.
Je m’exécutai, ne sachant pas trop si c’était une bonne ou une mauvaise chose. Elle approcha son gros museau de mon père et posa le nez sur sa blessure. Elle expira et je jure que je vis une lueur blanchâtre qui n’était pas de la condensation. Sous mes yeux incrédules le sang qui s’était accumulé autour de lui réintégra son corps et la blessure se referma. Mon cœur cessa de battre et ma respiration s’arrêta. Je ne pouvais plus bouger durant cette terrible attente. Chaque fibre de mon être tremblait devant l’impossible. Elle ne pouvait pas lui avoir rendu la vie, non? C’était impossible, n’est-ce pas? Je fus complétement abasourdi et détrompée lorsque mon père ouvrit les yeux bien grands en inspirant une grande bouffée d’air. Il souffla :
- Maria…
Il semblait si faible…
- « Ne t’inquiète pas, Maria. Il sera bientôt remis sur pieds, mais revenir d’entre les morts demande énormément d’énergie. » me dit-elle calmement, mais à la fin elle s’écrasa au sol comme une masse.
- Alors elle l’a fait… soupira-t-il avec un certain soulagement. Tu dois savoir que l’un des pouvoirs de ta chimère est que malgré qu’elle soit une tueuse hors pair, le prédateur par excellence… Elle possède aussi le pouvoir de guérison. Si puissant qu’elle peut ramener quelqu’un mort tout récemment à la vie. Lorsque le corps est encore chaud.
- C’est bon à savoir. Mais pour le moment je crois que je vais la cacher dans un coin et que je vais te conduire aux autres. Qu’en penses-tu?
Il se contenta d’hocher la tête et je me mis en œuvre. Elle était beaucoup plus lourde qu’elle en avait l’air… Je réussis néanmoins à la mettre de façon précaire derrière une benne à ordure. Je revins alors auprès de mon père et m’acharnai à le ramener auprès des autres.
Lorsque j’y arrivai enfin mes pieds étaient en compote et je ne sentais pratiquement plus mes bras. Je cognai alors plusieurs coups à la porte et on m’ouvrit pratiquement dans la seconde. Ils me regardèrent tous interloqué et je dis sur un ton épuisé :
- Je crois que je suis prête à rentrer à Shadow Falls. Et vous?
Ils semblaient encore plus décontenancés, remarquai-je. Mais sincèrement, je ne voulais même pas savoir à quoi nous avions l’air. J’étais crevée, j’avais besoin de dormir et surtout je rêvais de revenir à une vie normale. Je crois que je méritais vraiment mon nouveau départ.


Voilà... C'est la fin de ce premier « tome ». Petites annonces sans grande importance: Premièrement la fanfiction au grand complet fait 267 pages et en deuxième lieu ce dernier chapitre en fait environ 30. Je crois que j'ai bien fait de faire deux chapitres au lieu d'un pour terminer, non? :lol:

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Quetzalbleu

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Quetzalbleu »

HIIIIIII C'ÉTAIT GÉNIAL !!!!!!! :D
... Mais c'est terminé... :cry: :evil:
Mais c'était quand même très bien écrit et addictif comme pas possible !

Je crois que je vais devenir hystérique XD J'ai tellement envie qu'il y ait un tome deux !
J'ai adoré, encore une fois. Le chapitre était super long, merci merci !! Je sers mentalement tous les personnages dans mes bras et te félicite pour ce merveilleux final !
Je dirais que Matthew a eu beaucoup - beaucoup ? - de chance de pouvoir ressusciter. Mouais... tu ne serais pas un peu trop attachée à tes personnages toi? 8-) Mais chuut...

J'espère pouvoir lire d'autres de tes écrits - ou la suite =p - bientôt!
Mimie99

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Mimie99 »

À propos de Matthew, c'est parce que j'allais avoir besoin du personnage pour plus tard... Et donc il va y avoir une suite. Sauf que ce ne sera pas pour tout de suite :|
Dernière modification par Mimie99 le dim. 13 mars, 2016 3:32 am, modifié 1 fois.
glamour123

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par glamour123 »

Hello hello... :mrgreen:

Alors pour tout te dire je n'ai pas encore tout lu! Je n'en suis qu'au chapitre deux! J'ai commencé ça hier soir comme je n'avais plus rien à lire et que nés à minuit est ma série préférée :mrgreen:

Je me permets quelques petits points ^^

-Déjà bravo. Comme je suis une grande fan de la série j'avais peur de ne pas accrocher à des fan-fictions mais là ça va! Je me suis replongée dans ce petit monde que j'aime tant :3
-Ensuite ne t'inquiète pas pour les fautes ça va y en a pas trop :D ( je déteste les textes trop... bourrés de fautes :mrgreen: )

Bon maintenant si tu me permets de faire une minuscule qui n'est pas trop trop grave critique :oops: :? :roll:

-Je suis une énorme fan de Derek ( *-* ) et il y a vraiment quelques choses qui me dérange... c'est en fait le caractère que tu lui as donné ^^'. C'est peut-être pour respecter l'histoire de Maria ( je comprends je comprends ) mais je ne pense pas qu'il puisse agir comme il l'a fait dans le chapitre 1 ( :oops: :oops: ) Il est disons... plus réfléchi plus compréhensif et il ne se fit pas trop aux rumeurs... ( enfin c'est mon point de vue personnel ) :? :roll:

Sinon voilà! Je vais continuer ma lecture et te dire ce que j'en pense ;)
Merci d'avoir fait cette fan-fiction ^^
Hâte d'en savoir plus sur ce beau Ethan :lol: :lol:
aly_165

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par aly_165 »

NOOOOOOOON!!!!!!!!!!! :evil: :cry: :( Pourquoi c'est fini!!! J'ai hâte d'avoir la suite et j'ai adoré ta fanfiction au point que je ne sais pas quels adjectifs ajoutés en tout cas j'aimerais pouvoir lire autre chose que tu as écrit car on dirait qu'une vrai auteure étais à l'oeuvre. Bravo pour ton extraordinaire fanfic. Continue comme ça! :)
b-pauline

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par b-pauline »

hello :)
Voilà je suis tombée sur ton histoire par hasard et je l'ai vraiment dévorée... je l'ai commencée hier et je n'ai pas su m'arrêter. Habituellement, je ne lis pas de fan-fic mais ici c'étais sur une de mes série préférée et le résumé m’intéressait.
Enfin voilà en une soirée, je l'avais toute lue tellement j'ai accroché... A mon avis tu devrais essayer de la faire connaitre un peu plus parce qu'elle reflète vraiment l'univers de Nés à Minuit... Ton écriture est fluide, addictive et passionnante (et en plus on ne sait pas prédire ce qu'il va se passer, sauf pour le père de maria), à la fin d'un chapitre, on a toujours envie de la suite et c'est super :)
Par contre le seul petit hic c'est les fautes d'orthographes et de syntaxes parce que ça frêne vraiment la lecture (en particulier "penser" qui devient "pensais" par exemple car on ne comprends plus exactement le sens de la phrase...)

Mais à part ça comme je viens de le dire, ton histoire est vraiment géniale, j'ai adoré et ta plume est super... J'espère qu'il y aura un tome 2 (et que tu me préviendra)
Mimie99

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Mimie99 »

Salut chers lecteurs et chères lectrices (même si je suppose qu'il y a plus de lectrices que de lecteurs, mais bon!)
Je vous donne d'avance mes excuses, car ce n'est pas le premier chapitre du deuxième tome. Vraiment désolée si j'ai causé une fausse joie. :( Enfin, bref, je tenais simplement à vous poser quelques questions pour pouvoir poursuivre les aventures de Maria. Petite précision je ne sais pas à quel rythme je posterai les chapitres, ni si je vais venir à bout du tome au complet Personnellement je ne crois pas que je vais être capable de lâcher le morceau, mais ça risque d'être long. De ce fait ne m'en voulez pas trop si cela s'étire parfois en longueur... :? J'aimerais que tous ceux et celles qui ont lu ma fanfic jusqu'au bout réponde aux prochaines questions, mais je ne vous en voudrai pas si vous ne le faites pas. Par contre cela m'aiderait beaucoup pour la suite. J'aimerais bien que vous me dîtes le pourquoi du comment de la manière la plus détaillée possible, ainsi ce sera plus simple. Mais s'il y a déjà une réponse ce sera bien. :D


Voici donc les fameuses questions:


1. Qu'avez-vous apprécié dans ma fanfiction? Les personnages, les descriptions, etc. (Vous pouvez y aller par chapitre, si vous voulez ou faire un intégral des treize)
2. Qu'est-ce que vous avez le moins aimé lors de votre lecture? ( Vous pouvez faire comme mentionnez dans la question 1)
3. Qu'est-ce qu'il y a dans le premier tome que je devrais améliorer dans le deuxième pour que le tout soit meilleur? (Ce n'est pas exactement la même chose que la question 2 même si elles se ressemblent un peu.)
4. Comment trouvez-vous ma «plume»? Simple, facile à lire, addictive... ou pire. (J'aimerais vraiment avoir une réponse à cette question, car comme je n'écris pas seulement cette fanfiction, mais aussi des romans sorties de ma propre imagination... eh bien, vous voyez ce que je veux dire, je suppose?)
5. Est-ce que cela vous poserait problème si j'intègre des créatures surnaturelles ne faisant pas parti de Nés à Minuit, comme dans le tome 1? Sauf que cette fois elle ferait vraiment parti du folklore québécois. (Comme cela fera essentiellement parti de l'intrigue si vous n'aimez pas l'idée, vous êtes prévenus.)
6. Voulez-vous être prévenu pour le premier chapitre et les suivants du deuxième tome? Ou préférez-vous venir voir par vous-mêmes et vous faire une idée avant? (Je sais que j'ai déjà posé la question, mais j'aimerais bien des réponses claires, dans le sens de «oui» ou «non».)


Merci de votre attention et j'espère que beaucoup d'entre vous répondrons. :D Petite annonce: Le premier chapitre est en marche. Je ne sais pas encore quand je vais le terminer, car j'ai beaucoup de projet d'écriture cet été. Mais ça devrait être bientôt. :D De plus, je tiens à m'excuser à l'avance si les chapitres se font un peu tardifs lorsque j'aurai commencé à les publier. Je n'ai aucune idée du temps que je consacrerai à ce projet et je ne veux pas me stresser avec ça... :? Dernière petite chose. Lorsque cela fera une semaine que ce message sera envoyé (ou moins si j'ai plus de réponses que prévu) je compte faire le poste où je mettrai le lien de tous les chapitres au fur et à mesure qu'ils seront publiés. J'ajouterai aussi un petit coin sur ma première publication à la première page un lien pour pouvoir rejoindre cette publication. Ah et encore un gros merci à celles qui ont écrit des commentaires, c'était très apprécié!
Alors, voilà, à bientôt!
Mimie
Morgane-Feroldi

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Morgane-Feroldi »

Bonjour, j'ai vraiment beaucoup aimé ta fan fiction !
Je suis désoler si je ne répond pas a toute tes questions mais je pense que ça pourrai être cool si tu intégrais d'autre surnaturel !!!
Est-ce-que tu pourrai m'informer pour le deuxième tome, stp ?
merci !
Mimie99

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Mimie99 »

Page de présentation, tome 2: Un devoir

Image


Petites précisions:

1- Le titre n'est pas définitif. Il se peut que je finisse par le changer.
2- Je n'ai aucune idée si je vais aller jusqu'au bout de ce deuxième tome. Un peu trop de projets en même temps :oops:
3- Le délais entre chaque chapitre risque d'être, de ce fait, plus long. Sauf qu'ils seront environ de la même taille qu'avant, alors ce n'est pas trop grave, je crois...


Image


Description:

Tout semble enfin rentrer dans l'ordre pour Maria et les autres. Pourtant elle apprend rapidement que rien ne peut jamais être normale lorsqu'on est une louve-garou avec des pouvoirs qui surpassent de beaucoup ceux des autres de sa race et qu'elle a en prime une chimère à ses côtés. Des fantômes de son passé refont brusquement surface au moment où elle ne s'y attend pas et une sombre menace plane sur elle, ses amis et tous les résidents de Shadow Falls. S'en rendra-t-elle compte à temps? Ou est-ce que le chaos régnera en maître?

Image


Présentation des personnages *\\Attention!! Risque de spoilers si vous n'avez pas lu le tome 1 de la fanfic!!//*

Liste des chapitres:


Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13 (partie 1)

Chapitre 13 (partie 2)

Chapitre 14

Chapitre 15



Image


Liste des prévenus:


b-pauline

Aly_165

Morgane-Feroldi

EncreBlanche

Eloise18

DarkPhoenix

AstraD


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Dernière modification par Mimie99 le mar. 07 juil., 2020 12:27 am, modifié 30 fois.
Mimie99

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Mimie99 »

Salut à vous! Je suis de retour! Il était temps, je crois... :oops: Enfin, j'espère que ce premier chapitre ne vous décevra pas trop. Et qu'il n'y aura pas trop de faute. Si c'est le cas, je suis vraiment désolée. Eh oui, encore. :? Ah et puis si vous trouvez que ce chapitre est plus court que les derniers du premier tome de ma fanfic c'es normal, parce que ma norme pour le nombre de pages que doit contenir mes chapitres est d'environ 15. Alors quand j'en fais 30, c'est juste, disons, une inspiration excessive. Enfin,je vous souhaite une bonne lecture quoi qu'il puisse arriver au cours de celle-ci. :D


Image


Chapitre 1


Je posai un regard mauvais sur Matthew, qui se trouvait, entre autre chose être mon père biologique. Sans oublier qu’il était le tuteur légal d’Ethan, mon petit-ami. Cela faisait une semaine que j’étais de retour à Shadow Falls. Une petite semaine durant laquelle j’avais repris un cours de vie normale. Ou presque. On ne revenait pas vraiment à la normale lorsque pendant trois ans on combattait une créature dont on ignorait l’existence. D’accord, je n’avais vraiment su que je combattais la chimère que deux mois tout au moins plus tôt, mais dans ces deux mois j’avais eu toute qu’une aventure. Ou mésaventure… Premièrement vaincre la chimère, ensuite poursuivre l’entité qui l’avait possédée. Dit comme ça on pourrait croire que ça avait été simple. Mais non. Loin de là. J’étais passée à deux doigts de la mort dans l’affaire et celui qui m’énervait prodigieusement dans l’instant présent l’avait été. Du moins pendant quelques minutes. La chimère avait réussi un tour de passe-passe et il était de nouveau vivant. Ou presque. Je voyais bien qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas, mais il ne voulait rien me dire, prétextant que je me faisais des idées. Certes, je n’aimais pas l’idée qu’il meurt, mais cela ne m’empêchait pas d’être en colère noire contre lui.
- Pourquoi devrait-on y retourner? Marmonnai-je en un grondement sourd.
Il soupira, mais répondit :
- L’URF a camouflé la cause réelle de la mort de tes parents adoptifs, mais cela n’empêche pas qu’il soit mort. Ils ont demandés ton retour immédiat au Québec. Le temps qu’il trouve quelqu’un prêt à t’accueillir. C’est pourquoi je vais t’accompagner. En leur expliquant que je te cherchais depuis longtemps et que je t’ai trouvé de manière accidentelle. Comme tu as dépassé seize ans et que tu es presque une adulte, ce sera à toi de choisir. De plus, nous avons plein de paperasses à remplir pour que tu emménage ici de façon permanente. Et sache que j’ai pris l’initiative d’acheter la maison que tu occupais à Québec. Ainsi si tu dois y retourner tu auras un endroit où dormir et si tu veux retourner vivre là-bas après tes études… tu pourras.
- Je n’ai pas envie d’y aller. Je recommence à peine à vivre pour de vrai! Sans aucun meurtre, chimère folle, esprit maléfique… dis-je en serrant les dents.
- Ça ne devrait pas prendre plus d’une semaine normalement, sinon tout au plus trois. Mais ça m’étonnerait que ça prenne autant de temps, plaida-t-il.
Je lâchai un grondement et demandai :
- Est-ce qu’Ethan vient aussi?
- Oui. Par mesure de précaution, s’ils devaient lui poser des questions ou autre.
Je retins un soupir de soulagement. Ce n’était pas que je ne pouvais pas vivre sans lui ou loin de lui, mais ces derniers temps, pour ne pas dire depuis que je le connaissais, on n’avait pas vraiment eu de moment tranquille tous les deux. Ensemble. Je pris une grande inspiration et demandai :
- Tu veux partir quand, exactement?
- Demain au plus tard, me répondit-il sans tarder.
- Très bien dans ce cas, mais…
- Mais quoi?
- J’espère seulement qu’il ne se passe rien d’hors de l’ordinaire…
- Je te comprends, affirma-t-il avec un sourire.
Il vint alors me serrer contre lui dans une étreinte assez maladroite. Apparemment il se sentait aussi mal à l’aise que moi. Lorsqu’il me relâcha je m’en allai sans un mot. J’avais besoin de me retrouver seule quelques secondes avant d’aller affronter les autres. Au moins cette fois je les avertirais de mon départ… Peut-être réagiraient-ils moins fortement que la dernière fois? Probablement, mais j’avais quand même des doutes.
Une fois que j’atteignis mon bungalow je me souvins que comme mon père était venu me voir sur la route menant au réfectoire pour le petit-déjeuner, j’étais censée me rendre là avant les cours. Pour manger. Je posai un regard rapide sur ma montre et marmonnai entre mes dents en voyant que je serais probablement en retard à Une heure pour faire connaissance. Je détestais toujours autant cette activité(ou comédie), mais… je tenais à respecter les règles ici. Dans la mesure du possible, bien sûr. Pourtant je me donnais un maximum d’un mois avant d’en enfreindre une. C’était pratiquement dans ma nature de le faire, alors je n’y pouvais rien! Je poussai un soupir en tournant les talons et me mis à courir pour atteindre le réfectoire.
Je franchis les portes de ma destination, alors même que Chris commençait à tirer les noms. Je pris une grande inspiration qui ne manqua pas d’attirer tous les regards sur moi et j’y lus les mêmes émotions que pendant toute la dernière semaine. Curiosité, jalousie, colère… Je me demandais encore comment tous ces jeunes d’environ mon âge pouvaient ressentir ces émotions à mon égard, sauf en ce qui concernait la colère. J’avais un certain don pour mettre les gens en rogne. Pas que je le faisais réellement exprès, mais bon c’était peut-être dans mon tempérament? Je chassai alors ces pensées de mon esprit et m’apprêtai ensuite à rejoindre mes amis, mais on m’attrapa par le bras en disant mon nom :
- Maria.
La raison pour laquelle je ne repoussai pas la personne se résumait en un mot, ou plutôt un nom. Holiday. Je me retournai donc pour la regarder de face et elle me relâcha.
- Quoi? M’enquis-je, semi-inquiète.
- J’ai à te parler, alors tu n’assisteras pas à Une heure pour faire connaissance.
- Super! Dis-je avec, sans doute un peu trop, d’enthousiasme, car elle fronça un sourcil. Ah, je veux dire, dommage… me rattrapai-je, mais elle ne sembla pas me croire.
Normal, puisque je n’avais fait aucun effort pour paraître sincère. Elle leva les yeux au ciel et me fit signe de la suivre, ce que je fis sans tarder.
Une fois à son bureau, elle s’assit à sa chaise et je m’installai en face d’elle. Comme lors de notre première conversation dans cette pièce. Un souvenir pas très agréable, en y réfléchissant… Elle s’adossa à sa chaise et porta son regard vert sur moi.
- De quoi voulais-tu me parler? Lui demandai-je au bout de quelques minutes.
- En fait il s’agit surtout de Matthew.
- Il vous a parlé du fait que je devais rentrer au Québec demain, je présume?
- Certes, mais ce n’est pas de cela dont je souhaite m’entretenir avec toi, rétorqua-t-elle.
- Alors quoi? M’étonnai-je.
- Comme tu es au courant, normalement les parents ne viennent ici que lors de la journée des parents, autant pour ceux humains que pour les surnaturels.
- Oui et…? L’incitai-je à continuer.
- Nous avons fait une exception avec Matthew à cause des circonstances exceptionnelles de sa venue, mais maintenant que tout est revenu à l’ordre… continua-t-elle avant de s’interrompre d’elle-même pour me regarder plus profondément. Par les lois de notre établissement il devra se trouver un logement en dehors du pensionnat. J’espère que tu pourras le comprendre. Bien sûr si jamais tu devais avoir besoin de lui pour quelques raisons que ce soit nous pourrons soit lui accorder la permission de revenir, ou encore te laisser sortir pour le rejoindre. Sinon, il devra s’en tenir à la journée des parents, conclut-elle.
- Ça va peut-être t’étonner un peu, mais… Je crois que je suis soulagée de l’apprendre, avouai-je en détournant les yeux.
- Pourquoi? S’enquit-elle.
- La relation entre mon… père et moi, est assez étrange. Et je n’aime pas trop qu’il soit dans les parages alors que c’est mon milieu scolaire, tu vois? Dans un établissement normal les parents ne sont pas à l’école avec nous. Ok, oui, il ne me suit pas partout, mais juste savoir qu’il est dans l’enceinte de l’école, ça me… trouble, expliquai-je. En plus, ce n’est pas comme si je l’avais connu avant d’arriver ici. J’aimerais mieux apprendre à le connaître avant de… l’avoir en permanence avec moi. J’ai besoin d’espace, terminai-je en haussant les épaules.
- C’est totalement compréhensible! Affirma-t-elle avec un grand sourire. Et cela rend les choses plus aisées. Ton père nous a dit qu’ils loueraient un appartement à Houston.
- Humm… D’accord. Je suppose qu’Ethan et moi on va y aller lors des fin de semaine chez les parents, n’est-ce pas? Dis-je, incertaine.
- En effet.
- Ça va vraiment être étrange… marmonnai-je.
Le silence s’éternisa pendant une minute entière avant que la directrice me demande :
- Maria, j’aimerais que tu me fasses part de tout ce qui s’est produit. Nous n’avons pas eu l’occasion d’en parler depuis… ton combat avec la chimère. Je t’ai laissé tranquille cette semaine, car tu avais besoin de ce moment de répit, mais maintenant, Burnett et moi, devons connaître la vérité.
À peine avait-elle terminé que son conjoint nous rejoignait dans le bureau et alla s’installer derrière Holiday. Je poussai un soupir découragé en grommelant :
- C’est vraiment nécessaire?
- Oui, répondit le vampire en me foudroyant du regard.
- Très bien, alors… capitulai-je.
Tout le temps qui restait avant le début des cours fut consacré à livrer le récit de mes aventures palpitantes (qui ne l’étaient pas tellement quand on y regardait à deux fois).
Quand j’en eus terminé Burnett me confia :
- Eh bien, je suppose que l’on doit te remercier. Tu as réussi à éliminer une menace que nous n’aurions jamais eu la possibilité de neutraliser.
- Pas de quoi. C’est moi qui aie entraîné tous ses problèmes ici, ce n’était que le retour des choses, leur dis-je en haussant les épaules.
- Certes, mais tu as quand même sauvé des vies, rétorqua la fée.
- Tes étonnantes capacités ont attirés l’attention de l’URF, Maria… Ils désireraient… Nous désirerions que tu nous rejoignes. Tu ne serais qu’engager à temps partiel comme Della, soit que sur certaines missions pour voir si nous pouvons nous fier à toi et, surtout, si tu es productive dans le milieu. Si tu devais accepter, et je te demanderais de bien y réfléchir avant, ils te confieraient sans doute une mission en très peu de temps. Un essai, me révéla le vampire, gravement.
- Vous êtes sérieux? M’étonnai-je en ouvrant de grands yeux.
Je n’arrivais pas à y croire. L’URF intéressée de m’avoir, moi, dans leur rang? C’était incroyable! Depuis le temps que Della me parlait de l’organisation avec passion… Pourtant, malgré mon envie de dire oui, je crus préférable de pondérer ma réponse :
- C’est vraiment très tentant, mais je crois que comme tu l’as dit je ferais mieux d’y réfléchir… Je pourrais peut-être en parler avec Lucas, Della et Derek puisqu’ils en font partie eux aussi.
- C’est une bonne idée, acquiesça Holiday. Maintenant tu devrais aller en cours.
J’hochai de la tête et les saluai tous les deux en quittant le bureau d’un pas rapide.
Je n’avais pas fait deux mètres que l’on m’apostropha :
- Maria! Tu nous attends?
Je marmonnai légèrement, mais laissai le groupe me rejoindre. Je me retournai dans leur direction et leur demandai :
- Vous ne m’avez pas vraiment attendu, n’est-ce pas?
- En fait, je serais partie il y a dix ou quinze minutes si ce n’avait pas été de ces deux-là! Affirma Della en désignant Ethan et Lucas du doigt.
- D’accord… Mais pourquoi vouliez-vous m’attendre? M’enquis-je.
- Qu’est-ce qu’Holiday et Burnett te voulaient? Me questionna mon petit-ami.
- Seulement me prévenir que Matthew, enfin… mon père, allait habiter dans un appartement à Houston et non plus ici, entamai-je. Sinon j’ai aussi eu une proposition pour entrer dans l’URF, conclus-je ensuite avec un petit sourire.
- Tu as accepté? Me demanda avidement la petite vamp.
- Non. J’ai seulement dit que j’y réfléchirais. J’ai plusieurs choses à vérifier premièrement avec vous et ensuite… commençai-je avant de m’interrompre. Surement que je devrais en parler avec mon père aussi, soupirais-je. En plus, je…
Pour une raison que je ne m’expliquais pas je fus incapable de poursuivre. Apparemment même si j’adorais mon pays et ma province d’origine… le fait d’y retourner me « retournait » l’estomac justement.
- Tu… quoi? S’impatienta Miranda.
- Nous allons devoir partir une semaine avec Matthew, répondit Ethan à ma place. À cause de la mort des parents adoptifs de Maria, expliqua-t-il ensuite lorsque certains firent mine de vouloir répliquer.
Entre autre Lucas, Jenny, Della, Kylie et celle-là même qui avait posé la question au départ.
- Ça ne me réjouit pas plus que vous, vous savez. Mais je n’ai pas le choix… marmonnai-je. Et là nous allons être en retard en classe si on ne se dépêche pas.
Ils acquiescèrent, mais je voyais toujours la désapprobation dans certains regards. Nous nous dirigeâmes ainsi tous d’un même pas vers notre première salle de cours.
Lorsque l’heure du déjeuner arriva je mourrais littéralement de faim, c’était sans doute la raison pour laquelle je me pris le double de la portion que je me servais habituellement.
- Tu as une sacrée faim ce midi, Maria! Plaisanta Perry.
- Je n’ai pas eu le temps de prendre un petit-déjeuner, expliquai-je avec un sourire.
- Tout s’explique! Dit-il en répondant à mon sourire.
Nous allâmes ensuite nous assoir avec les autres et j’entamai la discussion sur un sujet moins provocateur que mon départ :
- Alors à quoi ressemble l’URF? Qu’est-ce qu’on y fait de bon?
- Avant de répondre est-ce qu’on peut savoir exactement ce qu’il t’a dit? S’enquit Lucas.
- Bien sûr, même si je ne sais pas à quoi ça va t’avancer de le savoir… dis-je, curieuse. Il a dit que mes capacités étonnantes avait attirés l’attention de l’URF. Et qu’ils voulaient que je les rejoigne. Donc, qu’est-ce que cela signifie, cousin?
- Probablement que tu feras du terrain. Après tout ce sera une première de pouvoir utiliser un loup-garou sous sa forme animale hors Pleine Lune, puisque officiellement c’est impossible. En plus tu es plus forte que n’importe lequel d’entre nous… et avec la chimère qui peut vous rendre invisible et voyager par des voies impraticables par n’importe qui d’autres. Ouais, il n’y a aucun doute qu’ils te veulent plus que tout dans l’équipe. Ils veulent sans doute aussi garder un œil sur toi. Tu imagines si tu devais te retrouver du mauvais côté? On serait dans de beaux draps. Je suis certain que même si tu devais répondre non, ils ne lâcheraient pas l’affaire facilement, répondit-il.
- C’est certain! Renchérit Della. Ce n’est pas comme si on trouvait des gens comme toi à tous les coins de rue!
- Je peux aussi me rendre invisible et j’ai la capacité de revêtir la forme surnaturelle que je veux. Pourtant je n’ai pas été apostrophé par l’URF. Pourquoi? Je ne serais pas un atout non plus? Questionna Kylie en fronçant les sourcils.
- Tu n’as jamais vraiment démontré que tu aimais ce genre de chose, tenta son petit-ami. Et en plus tu es une protectrice. Il n’y a rien de plus contreproductif qu’un agent qui est dans l’incapacité de se défendre.
- À moins que tu ne voudrais devenir garde du corps, rétorqua Della en haussant les épaules et en souriant d’un air narquois.
- Très peu pour moi, affirma finalement Kylie en levant les mains en signe de reddition.
- C’est bien ce que je pensais, ricana la vamp avec un grand sourire.
Devant la grimace que lui adressa Kylie, je ne pus m’empêcher de lâcher un petit rire. Avant de m’interrompre en me souvenant que je devais bientôt m’en aller. Même si cela ne devait durer qu’une semaine, ça me bouleversait de savoir que pour ce coup-là je serais seule. Peut-être pas totalement, puisqu’il y aurait Ethan et mon… père. J’avais vraiment de la difficulté à le dire, bon sang! Et sans doute que cela ne devrait pas m’affecter à ce point-là puisque j’avais toujours cheminé seule jusqu’à il y a quelques mois. Pourtant… Shadow Falls m’avait changée. Ils m’avaient changée. Ce qui faisait en sorte que j’avais une immense dette envers eux, car sans leur confiance et leur soutien je ne serais pas celle que je suis aujourd’hui. Bon, bien entendu j’étais loin d’être parfaite, mais… qui l’était? Hein? Je lâchai en un soupir :
- Est-ce que je peux savoir ce que je vais faire sans vous?
- Oh, s’il-te-plaît! Ne te transforme pas en une de ces filles qui ne peut pas se débrouiller seule! Sinon, je te préviens, je vais vomir! s’exclama Della, une main devant la bouche à la fin.
- C’est une proposition? M’enquis-je, sournoisement.
Je la vis parfaitement lever les yeux au ciel, mais elle ne réussit pas à me cacher son sourire. Je lui adressai alors un clin d’œil et j’ajoutai :
- Vous allez vraiment me manquer, vous savez? Sauf qu’avec un peu de chance je rentre dans une semaine et…
- Comment ça « avec un peu de chance »? gronda Lucas, me coupant au passage.
- Il y a certains risques que cela dur plus longtemps, avoua Ethan.
- De combien est-ce qu’on parle, là? S’enquit Jenny.
- Ça pourrait aller jusqu’à trois semaines, mais… commençai-je à répondre, mais on me coupa à nouveau.
- Quoi? S’insurgea mon cousin en postillonnant presque.
- Hey, là, du calme! M’exclamai-je. Je te signale que tu te débrouillais très bien sans moi jusqu’ici! Et je t’ai surtout attiré des problèmes, alors, s’il-te-plaît, arrête. Dans un cas comme dans l’autre je reviens ici.
- Sauf qu’il peut arriver beaucoup plus de choses en trois semaines qu’en une, rétorqua-t-il en me foudroyant du regard et pour comble de malheur je détournai les yeux.
La raison pour laquelle j’évitais son regard était simple. J’avais les mêmes doutes que lui. Je craignais que plus longtemps je restais là-bas, plus je risquais de m’attirer des problèmes. Après tout c’était ma spécialité, non?
- Je vais faire en sorte de couper au plus court, tranchai-je finalement. Et maintenant, si vous voulez bien, j’aimerais parler d’autres choses.
Ils hochèrent de concert de la tête, quoique certains le firent de mauvaise grâce, mais au moins au final nous commençâmes à discuter de tout et de rien comme dans la semaine précédente.
Le reste de la journée se passa incroyablement rapidement et c’est à peine si je me rendis compte que je franchissais la porte du bungalow. J’allai alors m’écraser sur une chaise dans la cuisine, complètement désappointée. Je m’étais sentie en sécurité ici, comme nulle part ailleurs. Et je devais encore une fois franchir la porte? Bon, techniquement la dernière fois je n’avais pas franchi la porte en tant que tel, mais… Peu importe, à quoi bon ressasser le passé? Je poussai un soupir et bientôt mes compagnes de bungalow se joignirent à moi. Je finis par souffler :
- Les filles… Si jamais pour une raison ou une autre je ne devais pas revenir…
- Je vous avais bien dit qu’elle nous la sortirait! Me coupa Della en foudroyant les deux autres.
- Hein? De quoi là? M’étonnai-je.
- Je me doutais bien que t’allais essayer de nous faire tes adieux. Mais tu vas revenir, tu m’entends? Tu l’as dit toi-même ce n’est que pour une semaine! S’expliqua la vampire sur un ton grondant.
- Mais tu n’as pas remarqué que je n’ai pas de chance! Sérieusement… Peu importe où je vais, je m’attire des ennuis.
- Tu ferais bien de rentrer, car sinon je te jure que je te retrouve, peu importe où tu seras et je botte ton derrière de loup-garou jusqu’ici, me menaça-t-elle.
- J’aime ta vision des choses, ironisai-je. Enfin… Je vous aime les filles. Et je me croise les doigts pour que ma poisse habituelle se déclare absente pour la semaine.
- Oui, eh bien, nous aussi, tu sauras! Me lança Miranda en croisant les bras.
- Tu es sûre qu’on ne pourrait pas t’accompagner? M’interrogea encore la petite vamp une étincelle dans les yeux (elle avait dû me poser cette question au moins trois fois dans toute l’après-midi).
- J’aimerais que ce soit possible, mais ils n’accepteraient jamais. Holiday et Burnett n’était déjà pas franchement emballé qu’on ait fini par tous nous enfuir la dernière fois, répondis-je.
- Ça, c’est sûr! Approuva Kylie.
On se regarda ensuite en silence, se dévisageant les unes les autres sans trouver quoi dire. Par dépit de savoir quoi leur dire de plus je finis par feindre la fatigue et à aller me coucher sur mon lit. Je m’apprêtais à m’endormir pour de bon lorsque je me souvins que je n’avais pas encore fait mes bagages. Je poussai un soupir de lassitude, mais me redressai quand même.
Je remplis ainsi mon sac de vêtements et autres trucs dont je pourrais avoir besoin sous les yeux attentifs de Kelsea.
- « Petite question », m’interrompit cette dernière.
- Quoi? M’enquis-je avec une certaine exaspération.
- « Est-ce que je fais partie du voyage? Parce que tu sais il ne l’a pas vraiment expliqué… Ou insinué. »
- Qu’il soit d’accord ou non, tu viens avec moi. Sincèrement, savoir que je t’ais à mes côtés sera très réconfortant. Surtout que les autres ne le sauront pas.
- « Bien sûr. », approuva-t-elle.
Lorsqu’enfin mes préparatifs de départ furent terminés je m’écroulai sur mon lit et m’endormis sans plus tarder.
Je fus réveillée à cinq heures le lendemain matin. Je bougonnai les yeux fermés et de manière inintelligible. J’étais encore à moitié endormie et ce devait être pour cela que je frappai accidentellement la personne au-dessus de moi. Du moins, je le faisais penser.
- Aller, Maria! Debout! On doit être à l’aéroport dans quelques heures à peine.
- Je croyais qu’il était à toi cet avion, marmonnai-je, la langue pâteuse, à Matthew.
- Certes, sauf que cela n’empêche pas le fait qu’il y ait un horaire de décollage à respecter, répliqua-t-il sur un ton plus froid.
- Très bien, très bien, je me lève! Grognai-je en ouvrant brusquement les yeux.
Je me levai lentement, encore toute ensommeillée. Je me contentai ensuite d’attraper mon sac et je le suivis sans dire un mot. En sortant du bungalow Ethan s’approcha de moi et je jurerais qu’il s’apprêtait à m’embrasser, mais Matthew arriva ensuite et il s’interrompit, se contentant de me prendre par la main. La raison pour laquelle mon père se trouvait dans mon dos était simple. Il avait voulu s’assurer que les filles dormaient bel et bien. Comme si elles prévoyaient de nous suivre en cachette! Bon, d’un autre côté, cela aurait bien été possible… si on exceptait que j’avais bien vu, à leur respiration, qu’elles dormaient toutes bien profondément. Je ne pouvais même pas leur dire au revoir… Je sentis la main d’Ethan se resserrer autour de la mienne, comme s’il avait compris ce à quoi je pensais. Je jetai alors un coup d’œil vers l’arrière, faisant mine de regarder le bungalow une dernière fois (d’accord, je le fis aussi, mais ce n’était pas l’intention de base) même si en vérité je m’assurais que ma chimère nous suivait pas à pas.
En arrivant à la grande porte menant à l’extérieur de Shadow Falls je fus accueilli par Holiday et Burnett. Je pris cette dernière dans mes bras et je fis un signe de tête à son mari. Mais avant de suivre mon père je me penchai vers lui et lui demandai :
- J’ai… j’ai combien de temps pour donner une réponse?
- Cela peut attendre ton retour. Même voire un peu après, M’assura-t-il en me tapotant maladroitement l’épaule.
J’haussai un sourcil dans sa direction et il se contenta d’hausser, quant à lui, ses épaules. Je leur adressai donc un sourire en disant :
- Bon, je suppose qu’on se revoit bientôt.
- Oui, prends soin de toi Maria. Et toi aussi Ethan, nous dit Holiday avec un sourire fatigué.
- Et vous, reposez-vous, répondit mon petit-ami, m’arrachant les mots de la bouche.
La fée sourit tendrement et je me détournai, allant rejoindre la voiture qui nous attendait. Je n’avais toujours aucune envie de me rendre là-bas. Chez moi. Ma province. Pourquoi était-ce si dur? Mon cœur battait presque pour cet endroit et pourtant… Pourtant j’avais une peur presque viscérale d’y retourner. Je décidai alors de prendre sur moi et je pris une grande inspiration avant d’expirer lentement. Ethan me serra contre lui et je retrouvai un semblant de normalité.
Dès que nos bagages furent embarqués dans la valise, je m’installai à l’arrière avec ce cher loup-garou qui avait fait voler ma carapace de glace en mille morceaux. Il m’adressa un sourire et mon choix de le laisser entrer dans ma vie ne me parut que plus judicieux. Je l’aimais… Est-ce que je venais vraiment de dire ça? Ou du moins de le penser? C’était tellement incroyable… Bon, c’est vrai que je le lui avais déjà dit auparavant. Mais c’était dans des circonstances où je croyais ne plus jamais le revoir. Où je n’avais pratiquement pas les sentiments en état de marche. Alors, est-ce qu’on pouvait dire que ça comptait? J’avais des doutes. Et de toute manière… Qu’est-ce que ça changeait si je voulais le redire? Je me penchai donc vers lui, oubliant jusqu’à la présence de mon père et murmurai :
- Ethan?
- Oui? Chuchota-t-il en me se tournant vers moi.
- Je t’aime.
Il parut un instant surpris, mais ensuite il sourit de toutes ses dents en répondant :
- Moi aussi, Maria. Je t’aime.
Et là, comme si effectivement il n’y avait personne autour on s’embrassa. La gêne qu’on avait eue devant mon père avait soudain disparu, ou du moins on l’avait oublié lui ainsi que le chauffeur. Lorsqu’on s’interrompit enfin, il me chuchota au creux de l’oreille :
- La dernière fois que tu m’as fait cette déclaration tu as disparu avant que je puisse répondre. Je suis ravi que ce n’aies pas été le cas cette fois encore.
- Ouais, quant à moi, je suis contente que je n’aie pas eu à le faire, répondis-je.
- Tu devrais en profiter pour dormir… Je crois qu’on a encore une ou deux heures de route avant d’atteindre l’aéroport.
- Je ne dormirai pas si tu n’en fais pas de même, le prévins-je.
- C’est d’accord.
Je posai alors la tête contre son épaule et lui reposa la sienne contre la mienne. Je m’endormis en sentant ses doigts s’accrocher aux miens et un sourire qui m’étirait les lèvres.
En me réveillant de nouveau, ce fut pour me retrouver assise dans un siège d’avion de première classe. Comment étais-je arrivée là? Je fus rassurée de voir qu’Ethan se trouvait juste devant moi et que Kelsea, quant à elle, reposait à mes pieds, enfin… presque puisqu’elle avait dû se caler contre les parois de l’avion pour éviter de se faire marcher dessus.
- Ça fait combien de temps qu’on est dans l’avion? Et comment je suis arrivée là?
- Je t’ai porté ici il y a environ une demi-heure et ça fait vingt minutes qu’on a décollé. Est-ce que ça répond à tes questions? Me dit mon petit-ami avec un sourire narquois.
- Absolument, affirmai-je en souriant.
Je jetai un coup d’œil tout autour et m’enquis :
- Cet avion appartient vraiment à Matthew? Et où est-il au fait?
- Oui, cet avion lui appartient vraiment, me révéla Ethan en souriant d’un air moqueur. Et il est allé chercher un petit casse-croûte. Il trouvait un peu inutile de demander quelqu’un pour si peu.
- D’accord… Je sens que j’ai encore beaucoup à apprendre de lui.
- Pour tout te dire, moi aussi. Je connaissais à peu près George, mais pour ce qui est de Matthew… Je ne sais pas si je peux croire qu’ils sont vraiment la même personne ou s’il n’a joué qu’un rôle tout ce temps.
- Je peux peut-être répondre à ta question, s’immisça l’intéressé. J’ai bien sûr joué un certain rôle, puisque je ne portais pas mon nom de naissance. Sauf que j’ai toujours conservé mes idées, mes pensées et ma personnalité. En tout temps. Si j’ai changé de nom, c’est simplement pour que ma famille ne me retrouve pas et croit que je sois mort, expliqua-t-il. Malheureusement, avec les récents évènements ils l’auront su.
- C’est bon à savoir, répondit Ethan d’un ton légèrement acide que je ne lui connaissais pas.
- Humm… Matthew? J’aurais quelque chose à te dire, avouai-je et je perçus le coup d’œil nerveux que me jeta mon petit-ami.
- Quoi, Maria?
- D’après Burnett, l’URF serait intéressé à m’avoir dans leur équipe. Qu’est-ce que tu en penses? Mais sache que j’envisage sérieusement d’accepter.
- Je me doutais bien que cela risquait d’arriver, soupira-t-il. Et que tu voudrais le faire. C’est pour ça qu’il aurait été bien plus simple de rester au Québec, ajouta-t-il.
- Pourquoi? Qu’est-ce que ça peut faire si je… commençai-je, mais il me coupa d’un ton dur.
- Ce que ça peut faire? Mais réfléchis un peu Maria. Ton devoir est avant toute chose de protéger ton territoire, le Québec, contre toutes les créatures malfaisantes qui s’y trouvent. Et, crois-moi, il y en a. Ce dont j’ai peur, surtout, c’est que ce genre de créatures se sent attirer par tes pouvoirs et de ce fait risque de te suivre. Partout. Et qui sait ce qui peut arriver si une créature surnaturelle originaire du Québec se retrouve aux États-Unis? Au Texas?
- Tu crois vraiment qu’ils pourraient me suivre jusque-là? M’étonnai-je en ouvrant grand les yeux. Christine l’avait mentionné lorsqu’on est allé la voir, mais… je ne pensais pas qu’elle était sérieuse. Que ce soit seulement possible
- Je n’en sais rien, Maria. Et c’est justement ce qui me fait peur, admit-il. Je n’ai pas le droit de t’interdire d’entrer dans l’URF. Même si je suis ton père et que de ce fait je devrais avoir ce droit. Mais le fait est que je ne suis ton père que depuis qu’un mois environ, car avant… avant je ne pouvais pas vraiment débarqué dans ta vie. En plus j’ignorais si tu savais la vérité sur tes origines ou non, soupira-t-il. Je veux seulement que tu comprennes les risques qu’il y a… et je doute aussi qu’ils te laisseront revenir vivre au Québec, si jamais tu décidais de revenir.
- Pourquoi ne le feraient-ils pas? Ça pourrait être pratique! M’exclamai-je.
Il me jeta un regard du genre « Tu crois sérieusement que ça les intéresserait? ». Peut-être qu’il n’avait pas tort. Après tout, qu’était le Québec à côté des États-Unis? Rien. Du moins à leurs yeux. Pour moi… c’était mon chez moi. Sauf que cela ne voulait pas dire que j’étais prête à revenir. Ne disait-on pas, que parfois pour bien apprécier quelque chose il valait mieux en être éloigné? C’était comme ça que je me sentais. Pour l’instant j’avais vécu plus d’horreur dans mon coin de pays qu’au Texas, alors je préférais rester un moment au Texas. Jusqu’à ce que je sois prête à rentrer.
- Je comprends ce que tu veux dire, finis-je par lâcher. Mais je crois que… que je vais tenter ma chance. De toute manière j’ai encore toute la semaine pour y réfléchir.
- Ah bon? S’étonna mon père.
- Oui, c’est ce que j’ai demandé à Burnett avant de partir.
- Ah, c’était donc ça.
- Eh oui, admis-je en haussant les épaules d’un air désolé. Au fait… quand rencontrons-nous ces personnes qu’on vient voir?
- J’aurais préféré attendre à demain, mais ils voulaient absolument commencer aujourd’hui, alors nous les voyons cet après-midi. Et je t’avertis ça risque de s’éterniser sur plusieurs jours, dit-il avec un soupir. Ils voudront sans aucun doute que nous fassions des tests ADN pour être sûr que je suis bien ton père. Ensuite ils chercheront les preuves comme quoi ta mère est bel et bien morte. Et toute une panoplie de trucs sans grande importance qui ne consiste qu’à étirer le plus longtemps possible le tout. Au moins pour la maison ce ne devrait pas être trop compliqué. Ah et puis ils risquent de nous causer des problèmes concernant le testament de tes parents adoptifs. Puisque tu n’as pas encore dix-huit ans.
- Attend! Je suis sur le testament de mes parents adoptifs?
- Tu ne le savais pas? S’étonna-t-il à nouveau.
- Non! M’écriai-je. Et puis, c’est quoi le rapport avec mes dix-huit ans? Je vais les avoir dans quatre mois!
- Je sais Maria, mais pour eux tous ces petits détails sont bons pour retarder la date où ils devront te donner ton dut.
- C’est vraiment super, alors! M’exclamai-je en croisant les bras.
- Je suis parfaitement d’accord, marmonna-t-il. Bon, est-ce que vous avez faim?
Je hochai la tête, malgré que mon estomac ne semblait pas trop près à recevoir de la nourriture. C’était vraiment étrange que mes parents adoptifs m’aient mis sur leur testament. Quoiqu’en même temps… ils n’avaient pas toujours été méchants envers moi. Ils m’aimaient, même s’ils n’avaient pas eu la possibilité de me le montrer. Je regrettais de ne pas avoir eu une vie normale. Avec eux. Sauf que si j’avais été normal je n’aurais pas rencontré Ethan. Ni Jenny, Kylie, Della et Miranda. Je n’aurais pas eu le cousin que j’avais. Toute ma vie aurait été bien différente. Peut-être était-ce une bonne chose dans ce cas… Ah, et puis non. Je n’étais pas capable d’accepter qu’ils aient payés le prix ultime pour quelque chose qui les dépassait. Si seulement j’avais pu les sauver.
J’aperçus le coup d’œil que me jeta Kelsea et je sus qu’elle ressentait énormément de remords quant à ce qu'il s’était passé. Notre lien s’était incroyablement renforcé et parfois j’arrivais presque à pénétrer ses pensées. Elle me jurait que bientôt je devrais être capable de communiquer avec elle par la pensée. Pour le moment, tout ce que je pouvais percevoir c’était ses sentiments. C’était un peu frustrant, car ne pouvant pas lui parler discrètement, j’étais dans l’impossibilité de la soulager. Et c’était incroyablement frustrant. C’est sans doute pourquoi, malgré que je n’aie pas faim, je mordis dans mon croissant comme si je voulais le tuer. Ce qui, techniquement, était impossible.
- Maria, ça va? S’enquit Ethan.
- Absolument! Comment est-ce que ça pourrait aller mieux? On va passer une semaine des plus ennuyantes et ça me fait presque regretter l’école! Lui dis-je d’un ton peut-être un peu trop agressif. Désolée, m’excusai-je ensuite. Je suis un peu à cran.
- Pas de problème. Je comprends totalement, affirma-t-il.
C’est alors qu’il mima avec ses lèvres le mot « Kelsea ». C’était une question. Définitivement. Il voulait savoir si elle était là. Comment l’avait-il deviné? Je me souvins subitement que je lui avais mentionné que j’étais maintenant capable de percevoir ses émotions. Et il avait dû intercepter mon regard en direction de la paroi de l’avion. Eh merde! Maintenant que pouvais-je faire? Mentir? Nan, je ne pouvais pas faire ça. Je me penchai alors la tête vers l’avant, prétextant que je me frottais la nuque, sauf que je ne lâchai pas Ethan du regard. Il sembla comprendre mon message, car il m’adressa le sourire dont il avait le secret. Je souris en retour et étrangement j’engloutis mon croissant.
Durant le reste du vol on alterna entre jouer aux cartes et discuter de choses et d’autres. Ce n’était pas très passionnant, mais bon, en même temps je n’avais plus du tout envie de dormir, alors…
Quand on atterrit enfin je me dépêchai d’enfiler un chaud manteau d’hiver et je me ruai dehors dès qu’on en eut l’occasion. Ethan me suivit de près et on attendit ensemble qu’on nous donne nos bagages pour enfin pouvoir décamper de là. Ma seule envie c’était de rentrer chez moi et d’y rester jusqu’au lendemain. Sauf que je me doutais bien que cela n’arriverait pas. À cause du foutu rendez-vous de l’après-midi.
- Vous êtes prêts? Me demanda mon père.
- Je ne le serai jamais pour ça, marmonnai-je.
- Je sais, moi non plus, avoua-t-il.
- Attends, tu n’étais pas un avocat aux dernières nouvelles? M’enquis-je avec un brin de sarcasme.
- Détrompe-toi, j’adore mon métier, mais cela ne veut pas dire que j’aime me retrouver dans ce genre de situation, rétorqua-t-il.
- Si tu le dis, marmonnai-je en haussant les épaules.
- Bien, alors allons-y.
Comme je m’y attendais, dès qu’on fut dans la voiture (exagérément dispendieuse, en plus) je le vis régler le GPS vers une destination qui m’était inconnue. Ce qui signifie en d’autres mots qu’on n’allait pas à la maison avant. Par contre, je n’avais pas prévu qu’il nous arrêterait manger un quelque chose au resto en cours de route. Malgré tout mon estomac lui fut très reconnaissant. J’étais affamée! Une vraie faim de loup!
Quand finalement on s’y rendit, je pris conscience du fait que ce à quoi je m’étais attendue était beaucoup plus doux que ce qu’était réellement la rencontre au final. C’était d’un tel ennui qu’à deux reprises je prétextai des raisons idiotes pour m’échapper quelques minutes. La première fut pour aller aux toilettes. C’était à la fois une excuse et la vérité pour ce cas-là. J’avais en effet très envie d’y aller. Ensuite environ vingt minutes après ça, je m’éclipsais à nouveau, mais cette fois à cause que j’avais soif. Ce qui était faux, sauf que je m’étais dit que si je m’achetais une bouteille d’eau, j’aurais au moins quelque chose à faire pendant qu’ils discutaient de tous les détails emmerdants. De ce fait j’avais de nouveau quitté la salle pour aller m’acheter une bouteille.
Lorsqu’enfin on quitta l’endroit effroyablement ennuyeux, mon père me dit :
- Je crois qu’ils ont remarqué ton manque total d’intérêt pour ce qu’on est en train de faire.
- Et qu’est-ce que ça peut faire?
- Ce que ça peut faire? S’exclama-t-il, furieux. Ce que ça peut faire, c’est que tu ne verras peut-être pas ton héritage. Ils pourraient se dire que tu n’as pas les capacités de le recevoir. Alors, je t’en prie, demain et les prochains jours, fais preuve d’un minimum de retenu.
- Je vais essayer, promis-je en marmonnant.
- Bien. Maintenant que diriez-vous d’aller souper… à La Bête? Le meilleur resto-bar Steak House du coin. Qu’en dîtes-vous?
- Je ne peux pas dire non à une invitation de cette envergure, répondis-je sans hésiter, salivant déjà d’avance.
- Je vous suis, ajouta Ethan avec un sourire.
Mon père nous apprit alors qu’il était bien content qu’on n’est accepté, car sinon il aurait dû annuler sa réservation et trouver une autre idée. Il admit ensuite qu’il n’était pas vraiment d’humeur pour ce genre de placotage.
Plus tard, on pénétrait à peine dans la maison que je me rendis compte que j’avais oublié ma bouteille d’eau dans la voiture. Je me tournai vers Ethan et lui dis :
- J’ai oublié ma bouteille d’eau… Je reviens, ça ne devrait pas être trop long…
- D’accord, me dit-il avec un petit sourire.
- Quoi? Pourquoi tu souris? Marmonnai-je, soupçonneuse.
- Je ne vois pas pourquoi tu te sens obligée d’aller chercher ta bouteille, c’est tout. Je te trouve drôle.
- Sache donc que j’aime avoir de l’eau pour dormir. Et de préférence dans une bouteille fermée.
Il sourit de plus belle et pour terminer la conversation je sortis précipitamment en claquant légèrement la porte dans mon dos. J’entendis parfaitement son rire léger et ses pas qui s’éloignaient pour aller rejoindre mon père dans le salon. Lorsque j’atteins la voiture, je soufflai de soulagement en voyant qu’elle était déverrouillée. Je me dépêchai alors à saisir ma bouteille et me retournai vers la maison.
- Maria? Maria, c’est toi?
Je me pétrifiai immédiatement au son de cette voix, incapable du moindre son ou mouvement. Ce ne pouvait pas être mon ancienne meilleure amie qui m’adressait la parole en ce moment… Je me retournai au ralentit, redoutant de toutes mes forces ce que j’allais voir.
- Katryne? Finis-je par murmurer, suspicieuse.
Katryne Lévesque avait été pour moi une grande amie. Du moins jusqu’au jour où elle avait décidé de me rejeter comme une vieille chaussette.

Et puis? Vos impressions? N'hésitez pas à commenter :D Je prends tout, bon comme mauvais.

Nouveau départ
Un devoir
Mimie99

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Mimie99 »

Salut à vous! Enfin le deuxième chapitre! Sérieusement j'ai fait un méchant saut en voyant que ça faisait déjà 18 jours depuis le premier. :oops: Je n'avais pas l'intention de prendre autant de temps. Et je ne comprends pas pourquoi je l'ai écrit d'un seul coup au lieu d'y aller sur plusieurs soirs comme avant... :shock: Seize pages complètes non-stop. Ouain... Enfin, bref, j'espère que le début ne vous a pas trop déçu et l'absence de commentaire me chagrine un peu, mais bon. :cry: Je peux comprendre que ce n'est pas tout le monde qui a le temps et l'envie de commenter... ;) En espérant ne pas vous décevoir, je vous souhaite une bonne lecture. :D


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Chapitre 2



Je lâchai un soupir de total découragement en voyant que c’était bel et bien elle que j’avais sous les yeux. Bon, certes elle avait quand même un peu changé depuis que je l’avais vu la dernière fois, mais d’un certain côté elle était toujours la même.
- Qu’est-ce que tu fous ici! crachai-je après un moment, furieuse qu’elle ose venir chez moi.
Étonnamment malgré que j’aie mon expression furieuse sur le visage, elle semblait plus soulagée qu’effrayée. Je la dévisageai un instant et un étrange instinct me poussa à vérifier sa configuration. Je restai sans voix en voyant qu’elle était… elle était une surnaturelle! Mais comment était-ce possible? Une vampire. Mon ancienne meilleure amie était une vampire.
- J’ai besoin d’aide.
- Well, I’m not sure if I want to. You know? You drop me like a piece of crap. That’s not very nice, so why should I help you now?
Je lui lançai cette réplique sans réfléchir et avec une once de colère mélangée à de la rancœur dans la voix. Par contre, devant son air totalement incompréhensif, je finis par comprendre que j’avais parlé en anglais. De nous deux, c’était moi la plus calée en anglais (dans la linguistique en général…) et apparemment cela n’avait pas changé. Je lui susurrai alors au visage :
- Tu veux peut-être que je traduise?
Elle fronça les sourcils et ses yeux pétillèrent. Je compris ainsi, sans l’ombre d’un doute, qu’elle avait entendu la moquerie cachée dans ma demande. Quoiqu’en même temps je n’avais rien fait pour la cacher…
- Voici, à peu près, mot pour mot, ce que j’ai dit. Eh bien, je ne suis pas sûre si je veux. Tu sais, tu me laisses tomber comme de la merde. Ce n’est pas très gentil, donc pourquoi devrais-je t’aider maintenant? Dis-je en regardant mes ongles d’un air distrait. Sérieux, entre nous, tu devrais peut-être améliorer ton niveau d’anglais… Dis, est-ce que tu passes au moins ton anglais? Ajoutai-je sur un ton badin.
En voyant les traits de son visage se décomposer j’en déduisis que j’avais réussi à la mettre en colère. Et que j’y étais peut-être allé un peu trop fort, si je me fiais à la manière qu’elle vint me percuter. Je rencontrai donc de la manière la plus disgracieuse qui soit l’asphalte de la rue. Elle était au-dessus de moi et ses yeux bruns chocolat illuminaient d’une lueur que seuls ceux des vampires pouvaient prendre. Malheureusement pour elle, elle s’en prenait à la mauvaise personne, la mauvaise journée. Je me redressai alors comme si son poids était insignifiant, ce qu’il était, et la projetai à l’autre bout de la rue avant de fondre sur elle pour la plaquer à son tour contre le bitume. Il siffla entre ses dents et je pris le temps de me moquer encore un peu :
- Tu voulais mon aide pour quoi? Apprendre à te battre? Être plus rapide? Plus forte?
Après un temps qui me parut infiniment long elle releva sa tête qui jusqu’à maintenant était resté fermement tourner vers la gauche couché sur le sol. Ses cheveux bruns aux reflets roux manquant à cause de la tombée du soir s’éparpillèrent et me dévoilèrent ses yeux. D’un ton très sérieux elle lâcha :
- J’ai besoin de ton aide Maria. Je dois apprendre à me contrôler et… après je dois partir d’ici.
- Pourquoi devrais-tu partir? Et puis comment es-tu devenue une vampire? Et encore pourquoi devrais-je t’aider. Moi, tu ne m’as même pas accordé de crédit. Tu m’as reniée comme si j’avais commis un crime, marmonnai-je.
- Quelqu’un me cherche. Je ne sais pas pourquoi. Ni qui il est exactement. Tout ce que je sais, c’est que c’est lui qui m’a rendu comme ça.
Bien sûr! J’aurais dû m’en douter! Elle et les gars ça ne faisait qu’un. Elle leur tournait toujours autour en minaudant. Rien qu’à se souvenir je ne pus m’empêcher de frissonner d’horreur. Lorsque je voyais des gars arriver, je m’enfuyais en général, parce qu’en leur présence elle devenait une tout autre personne. Que je n’aimais pas vraiment.
- Il t’a transformé en vampire. Et maintenant il te cherche. Ça n’a aucun sens ce que tu dis, tu t’en rends compte, j’espère! S’il voulait vraiment t’avoir, il lui aurait suffi de te garder prisonnière après coup, non?
- Peut-être, sauf que dans le cas présent je me suis enfuie. Tu sais, comme une certaine amie m’a appris à le faire, il y a très, très longtemps.
Je suis presque certaine qu’en ce moment même j’étais blême. C’était de moi qu’elle parlait. C’était moi qui lui avais appris comment prendre la fuite dans une situation d’enlèvement. Je poussai un soupir et me demandai pourquoi mes voyages retours dans ma province n’étaient jamais de tout repos.
- Tu veux dire que d’une certaine façon tu es en fugue? Tes parents ne savent pas que tu es ici? Ça fait combien de temps? M’enquis-je après avoir digéré l’information.
- Un peu moins d’une semaine. Peut-être trois ou quatre jours. Et, oui, mes parents ne savent pas que je suis ici. Alors je me sauve autant d’eux que de celui qui veut m’attraper.
- Bon, je suppose que je n’ai pas trop le choix… de te laisser entrer.
Elle m’adressa un hochement de tête que je supposais être un remerciement. En ouvrant la porte je tombai directement sur Ethan et mon père. Tous deux me regardaient avec des points d’interrogation dans les yeux. Je soupirai en demandant :
- J’en déduis que vous avez écouté toute la conversation?
Rien qu’à voir leur réaction c’était le cas. Je fis donc entrer Katryne devant moi et la leur présentai avec une moue ennuyée :
- Ethan, Matthew, je vous présente Katryne. Katryne, je te présente Ethan et Matthew, mon… père. Biologique
Les présentations avaient été pour le moins étranges, puisque j’avais commencé en anglais pour finir en français. J’eus un grondement sourd au fond de ma gorge en voyant mon ancienne meilleure amie reluquer Ethan. À moi, disait une petite voix à l’intérieure de ma tête. En fait, mon corps tout entier se tendait pour défendre ce que je considérais comme mien.
- Et lui… c’est ton demi-frère? S’enquit-elle, apparemment pas le moins du monde émue par le fait que j’aie été adopté.
- Il est à moi, grondai-je avec un soupçon de sauvagerie dans la voix. C’est mon petit-ami, mon chum… Tu vois le genre?
- Oh! Lâcha-t-elle avec étonnement. Désolée, je ne voulais pas…
- Ça va, grognai-je autant à cause d’elle que du petit air amusé d’Ethan.
Je fermai les yeux une seconde pour reprendre le contrôle. Elle voulait que je lui montre comment se contrôler. Mais le problème c’était que je n’étais pas comme elle. J’étais une louve-garou. Et puis je ne connaissais pas la moitié des choses à savoir sur les autres surnaturels. Une fois à peu près calmée je conduisis tout mon petit monde au sous-sol où nous pourrions discuter tranquillement. Sans autre préambule je lâchai en anglais :
- Est-ce que vous croyez que l’on peut la ramener à Shadow Falls? S’il y a bien un endroit où elle pourra être en sécurité et apprendre à se contrôler, c’est bien là.
- Elle ne parle pas beaucoup anglais, pas comme toi, répondit Ethan.
- Et je ne suis pas certain qu’Holiday et Burnett seraient d’accord. Pour la protéger et lui apprendre à se contrôler, oui. Mais pas sans l’accord de ses parents, renchérit mon père en s’excusant des yeux.
- Je ne resterai pas ici, rétorquai-je. Et je me vois mal l’abandonner.
- Elle l’a bien fait avec toi! s’exclama mon petit-ami avec colère.
- Ce n’est pas une raison pour faire de-même. Ce n’est pas en lui rendant la monnaie de sa pièce que je vais prouver qu’elle a eu tort, répliquai-je du tac au tac.
Les deux hommes soupirèrent de concert et finalement mon père finit par conclure :
- Je vais appeler Holiday et Burnett pour voir ce qu’ils en pensent. Tout dépend d’eux.
- Merci, lui dis-je.
Il hocha la tête et remonta au rez-de-chaussée. Katryne se tourna vers moi en demandant :
- Et puis? Qu’est-ce que ça donne?
- Sérieusement, il va falloir que tu améliores ton anglais si ça marche. Comment t’as fait pour le passer?
À voir son regard, je conclus qu’elle ne l’avait pas réussi.
- Tu es en quelle année? M’enquis-je en fronçant légèrement les sourcils.
- J’ai raté mon anglais et mon français en secondaire un. Et mes maths. Enfin, bref…
- Je t’ai toujours dit d’arrêter de courir les gars et d’écouter un peu plus les profs! M’exclamai-je.
- Et pourquoi est-ce que je devrais t’écouter? Dit-elle avec l’air d’une fille qui voulait se prendre mon poing dans la figure, soit elle était condescendante au possible.
J’en restai sans voix. Comment pouvait-elle être… comme ça! Elle voulait mon aide et me jetait des trucs pareils à la figure. Je susurrai donc avec un petit sourire :
- Rien ne t’oblige à rester, tu sais? Tu peux toujours t’en aller. Ça va nous éviter d’avoir à nous supporter l’une et l’autre.
Elle ouvrit les yeux si grands que je n’aurais pas été surprise de voir ses globes oculaires sortir de leurs orbites. La terreur sortait des pores de sa peau avec tellement d’intensité que mon nez se fronça de lui-même. Je n’aurais jamais cru que ce type la terrifiait à ce point… Que s’était-il réellement passé? J’avais comme l’impression qu’elle ne m’avait pas tout dit.
- Et si tu me disais toute la vérité?
Ses grands yeux terrifiés se levèrent dans ma direction et elle dit d’une voix si basse que je manquai ne pas l’entendre :
- Je suis en fuite depuis quatre jours. Sauf que ça fait deux semaines que je ne suis partie de chez moi. Je ne me souviens de rien à part les quatre derniers jours et tout ce qu’il s’est passé avant ces deux semaines là…
Un frisson d’angoisse me parcourut le dos. En mon for intérieur je me doutais que le problème auquel nous étions confronter était beaucoup plus gros que ce que nous pensions. J’échangeai un coup d’œil inquiet avec Ethan. La voix de Kelsea s’immisça alors dans mon esprit :
- « Elle doit venir avec nous. »
Elle n’ajouta rien de plus et n’expliqua donc pas le pourquoi du comment elle en était venue à cette conclusion. Je tendis les oreilles pour essayer de capter l’appel de mon père. J’entendis :
- Est-ce qu’elle connait le nom de celui qui la poursuit.
- Non, répondit mon père. Ou du moins pas le vrai.
Tout en continuant d’écouter je me penchai vers Katryne, plantant mon regard d’acier dans le sien et lui murmurai :
- Je n’ai qu’une seule solution pour pouvoir t’aider. Tu vas devoir venir avec moi à Shadow Falls.
- Shadow Falls? S’enquit-elle, perdue.
- À quoi cela servirait-il de l’accueillir parmi nous, si au bout du compte on constate que nous hébergeons une fugueuse? Marmonna Burnett.
- C’est un pensionnat. Pour les surnaturels comme toi et moi. Là-bas tu pourras rencontrer des gens comme toi et apprendre à te contrôler. Et comme c’est au Texas tu devrais être en sécurité.
- Au Texas! S’exclama-t-elle. Mais je… (La suite ne m’importa plus, tellement je me focalisai sur ce qu’il se passait au téléphone)
- On ne peut pas laisser Maria là-bas, alors la fille peut venir. Nous la protégerons comme on peut, disait Holiday.
- Dans ce cas nous reviendrons avec elle dès que possible, affirma mon père.
- Elle sait parler anglais au moins? Demanda de nouveau le vampire.
- Plus ou moins, soupira Matthew.
- Peu importe, on s’arrangera, rétorqua Holiday et sans la voir je me doutais qu’elle faisait les gros yeux à son mari.
- Bien, alors je vous laisse.
Le contact fut coupé et je revins dans ma propre discussion.
- Tu n’as pas le choix, Katryne. Je ne resterai pas ici. Alors, soit tu viens avec moi, soit tu t’arranges toute seule. C’est ton choix.
- Mais je ne parle même pas anglais! Ou à peine! S’étrangla-t-elle.
- Tu apprendras, répliquai-je. Bon… Je suppose que tu dois avoir faim?
Je la sentisse raidir et au moment où elle venait pour me contredire je dis :
- Je sais parfaitement que la nourriture normale ne te satisfait plus, même si tu peux en manger. On va simplement devoir… faire quelques petits arrangements.
Je me levai et me rendis dans la salle de bain du sous-sol, j’y trouvai la petite-trousse de secours. J’en sortis la paire de ciseau, rinçai le verre qui traînait toujours sur le comptoir et sans trop me concentrer sur ce que je faisais je me coupai la peau du poignet. Je laissai le sang s’écouler dans le verre et lorsqu’il fut rempli à la moitié je me dépêchai de poser une serviette humide sur mon bras pour empêcher le sang de couler. Je bandai rapidement ma blessure et retournai voir Katryne le verre à la main et le lui tendit. En le prenant elle me demanda :
- Ça ne te répugne pas?
- Je bouffe des lapins, alors pourquoi est-ce que le sang me dérangerait? M’enquis-je avec un faux sérieux.
Je souris intérieurement en la voyant blêmir. Apparemment, elle, elle ne se faisait toujours pas à l’idée qu’elle devait boire du sang pour survivre. Et sans doute que lui dire que je mangeais des lapins (ce qui était faux) la rendait nerveuse aussi.
- Je rigole, dis-je avec un grand sourire.
Ethan, quant à lui, ne put s’empêcher d’éclater de rire en voyant son air catastrophé.
- Tu vas finir par t’y habituer. Shadow Falls va beaucoup t’aider, je peux te l’assurer, tentai-je de la tranquilliser.
- Ça, c’est si j’arrive à comprendre les personnes qui y sont! Répliqua-t-elle.
- On ne sait jamais, ça va peut-être t’aider avec ton anglais?
Pour toute réponse elle me foudroya du regard et vida son verre d’un trait, les yeux fermés. Je ne pouvais même pas m’imaginer ce que ça pouvait être pour elle. Avoir toujours vécue en tant qu’humaine, qui malgré qu’elle connaissait l’existence du surnaturel faisait tout pour ne pas le voir. Je me souvenais à peine de ce que signifiait être une humaine. Cela remontait à si longtemps que les souvenirs étaient confus.
- Maria et moi pourront t’aider. Elle n’est pas la seule à savoir parler français, finit par lâcher Ethan en français avec un accent tout simplement à croquer.
Katryne le dévisagea, puis plissa des yeux en disant :
- Pourquoi vous parliez tous anglais tout à l’heure alors?
- C’était instinctif. J’ai plus parlé anglais dans le dernier mois et quelques semaines que très sincèrement je n’ai pas trop réfléchi. Et puis, avec eux je parle toujours en anglais. D’ailleurs je ne suis même pas sûr que Matthew, mon père, sache parler français.
- Ah, soupira-t-elle. Désolée si je suis…
- Je sais. J’y étais habituée, la coupai-je.
Le silence s’installa et je commençais à trouver étrange que mon père ne descende pas nous rejoindre. Sa conversation au téléphone était terminée depuis un petit moment déjà… Alors qu’attendait-il? Je tendis l’oreille en ayant le vain espoir de percevoir quelque chose. Je retins mon souffle lorsque je perçus la voix de mon père, venant de l’extérieur de la maison :
- Christine, qu’est-ce que tu fais ici?
- Il y a une nouvelle vampire en ville, Matthew
, dit l’intéressée d’une voix inquiète.
- Je suis au courant, marmonna-t-il. Mais je sais que ce n’est pas à cause de ça que tu es venue. Donne-moi la potion.
- Trois gouttes par jour. Tu en auras pour… environ trois semaines, expliqua-t-elle. Après…
- Je sais très bien ce qu’il va se passer après, je me passe de tes explications, soupira-t-il et je pouvais presque le voir se passer une main dans les cheveux. Est-ce qu’il y a eu… des événements particuliers? S’enquit-il.
- Pas grand-chose. À part une noyade. Sauf que je n’ai pas l’impression que ce soit lié, répondit Christine.
- Bien. Plus longtemps ils attendront avant de se lancer à ses trousses, plus elle se renforcira, dit-il avec soulagement. Bon, je dois te laisser, sinon Maria risque de se poser des questions.
Je n’entendis pas le reste, trop obnubilée par un petit détail. Que se passerait-il dans trois semaines? Et de quelle potion parlait-il? Pour quoi faire? Un frisson me parcourut de la tête aux pieds. Était-ce quelque chose de grave? Peu importe, me convainquis-je, je ne devais pas montrer que j’avais entendu une partie de leur conversation. Je soupirai donc :
- Je suis crevée, et vous? Je pense qu’il est temps d’aller dormir un peu.
Je crois mon ton faussement affable ne les trompa pas un instant, mais heureusement aucun des deux ne fit de commentaire désobligeant. Ethan je me doutais que tout comme moi il avait entendu la conversation, car il m’adressa un petit signe de tête. Par contre pour Katryne… peut-être s’en moquait-elle? Enfin, peu importe, toujours est-il que nous montâmes à l’étage et que je « distribuai » les chambres. Tandis qu’Ethan et moi nous glissions dans la mienne, la voix de mon père dans mon dos nous figea sur place :
- Ethan…
- Oui? S’enquit ce dernier.
- Tu ne dormiras pas là.
- Et pourquoi pas? Me rebellai-je. Tout ce dont j’ai l’intention de faire c’est dormir!
Matthew me jeta un regard dubitatif, puis sembla méditer un instant. Il finit par soupirer, détourna le regard avant de nous regarder de nouveau en capitulant :
- Très bien, très bien. Sauf que ce n’est que pour cette nuit et vous laissez la porte ouverte!
- À quoi ça servirait? Si vraiment j’avais l’intention de faire quoi que ce soit avec Ethan je pense que j’attendrais que tu ne sois pas là! C’est vrai quoi, tu vas parfaitement entendre si jamais on fait autre chose que dormir. Que la porte soit ouverte ou non!
Son visage s’assombrit un court instant, mais il insista :
- Tu laisses la porte ouverte, Maria.
- Ah, très bien, très bien! Mais j’ai toujours détesté dormir la porte de ma chambre ouverte! Grommelai-je entre mes dents.
- Je l’ignorais… s’excusa-t-il à moitié.
- Il y a des tas de choses que tu ignores encore sur moi, répliquai-je sur un ton peut-être un peu trop froid.
Cette fois ses épaules s’affaissèrent et il détourna les yeux avant de finalement se diriger vers l’une des chambres disponibles. Je me sentais un peu mal de l’avoir ainsi rabroué, mais ce que j’avais dit était vrai. Ethan attrapa ma main et y mit une certaine pression. Je me tournai vers lui et sans un mot m’engouffrai dans ma chambre, aussitôt suivi de mon petit-copain. C’était encore drôle à mes oreilles. Que je le prononce à voix haute ou dans mes pensées, j’avais encore du mal à assimiler le fait que j’étais en couple. Et surtout avec un beau gosse comme Ethan. Je relâchai sa main et allai fouiller dans ma valise pour en retirer mon pyjama. Il était plutôt simple, mais n’allait pas du tout ensemble. En effet, il s’agissait d’un t-shirt à manche courte large avec une tête de loup dans un ciel étoilée sur les deux côtés et une paire de culotte assez courte (en haut de la mi-cuisse) vert menthe. Bah quoi? Je ne prenais pas la peine de prendre des vêtements assortis… ce n’était que pour dormir! Et je préférais amplement, niveau confort, ce que j’avais. Sans trop réfléchir à ce que je faisais je retirai mon top de la journée et le jetai par terre. Je repris conscience de la réalité en entendant un « Oh, merde! » suivit d’un BANG. Je me retournai d’un bond et je vis Ethan qui observait avec attention ma peau nue à partir du plancher qu’il venait de rejoindre. Je posai les mains sur les hanches, haussai les sourcils et dis :
- Qu’est-ce que tu crois faire là, au juste, Ethan?
- Je profite tranquillement de la vue exquise, susurra-t-il.
- Ethan! M’offusquai-je, sans pour autant pouvoir empêcher un long frisson de me traverser le dos.
- Ben, quoi? Tu n’avais qu’à ne pas retirer ton top devant moi! S’exclama-t-il en se rapprochant légèrement de moi, jusqu’à me toucher.
Ses mains vinrent m’attraper la taille et il m’attira vers lui. Ses lèvres effleurèrent les miennes et un feu ardent pris possession de mon corps ainsi que tout l’espace qui se trouvait entre nous. J’avais l’impression que j’étais en feu. De doux, notre baiser devint furieux. Mes deux mains remontèrent le long de son dos, entraînant son t-shirt avec elles puis ensuite le firent tomber au sol pour pouvoir s’agripper sans restriction d’aucune sorte à ses cheveux. Ma respiration se fit un peu plus haletante tandis que ses mains à lui remontaient le long de mon ventre. Mon cœur battait à mille à l’heure lorsqu’il arriva à mon soutien-gorge. Pourtant il s’interrompit. Ses mains tremblèrent un instant avant de s’éloigner prestement.
Il recula de deux pas et secoua la tête en disant :
- Tu as raison. J’aimerais mieux que George, enfin… Matthew ne soit pas là si… si on devait aller plus loin. Et de toute manière je n’ai rien sur moi.
Je compris immédiatement ce qu’il voulait dire. Je hochai donc la tête en essayant de reprendre mon souffle. J’avais quand même passé à deux doigts de faire strictement le contraire de ce que j’avais presque juré à mon père. Quelle bonne fille je faisais! Je me passai une main rapide dans les cheveux et regardai Ethan dans les yeux pour dire :
- Je sais. Alors, si ça ne te dérange pas, j’aimerais me mettre en pyjama. Peux-tu te retourner?
Il acquiesça en silence et se retourna. Je m’installai ainsi dos à lui, retirai mon soutien-gorge et mes pantalons pour ensuite enfiler mon pyjama. En me retournant vers Ethan je dis :
- C’est bon maintenant tu peux…
Je ne terminai pas ma phrase, car voilà, il était déjà tourné vers moi et me regardait avec un petit sourire coquin. Je fronçai les sourcils en secouant la tête, puis je marmonnai :
- Espèce de petit voyou!
- Ah, bon? C’est vraiment ce que tu crois?
Il s’approcha dangereusement de moi, mais avant qu’il ne puisse faire quoi que ce soit je m’étais réfugiée dans mon lit, sous les draps. Il sourit. De ce sourire qui me faisait fondre chaque fois qu’il me l’adressait. Il me rejoignit sur mon lit, passa ma tête sous son bras et me chuchota à l’oreille :
- Au fait, pourquoi est-ce que tu n’arrives jamais à dormir la porte ouverte?
- J’ai peur que des monstres pénètrent dans ma chambre et que je ne puisse pas les entendre, chuchotai-je à mon tour.
Je sentis son sourire dans sa voix faute de pouvoir le voir lorsqu’il répondit :
- Et s’ils arrivaient de ton garde-robe?
- Aucun risque. Mes portes font tellement de bruit en s’ouvrant que même un sourd serait réveillé.
Il eut un petit rire avant de m’embrasser le front. Ce fut presque aussi fort que si on m’avait embrasée. J’arrêtai de respirer un instant et il me souffla :
- Je t’aime Maria.
- Moi aussi je t’aime, Ethan, dis-je et je lui embrassai la seule place à ma disposition en me redressant un peu, soit son torse nu.
Il se raidit instantanément. En affichant un faux air innocent je lui demandai :
- Quoi? J’ai fait quelque chose de mal?
- Ne refait jamais ça, me prévint-il. À moins que tu ne veuille pas dormir de la nuit, susurra-t-il ensuite sur un ton qui me fit frissonner.
- Pour aujourd’hui je vais prendre l’option de dormir.
- Je me doutais que tu dirais ça, maugréa-t-il, sauf que je sentais encore un sourire dans sa voix.
Je souris à mon tour et fermai les yeux en posant ma tête sur son torse. Son bras valide me serra contre lui et je m’endormis en sentant son souffle sur le dessus de ma tête.
Au matin je fus réveillée par Kelsea qui s’infiltrait dans ma tête :
- « Tu devrais te réveiller. Sinon ton petit papa va s’apercevoir que tu as presque menti hier. »
- Il doit déjà être au courant, marmonnai-je dans un état de demi-sommeil.
- « Non je ne crois pas. » rétorqua-t-elle sans s’expliquer, encore une fois.
- Pourquoi?
Aucune réponse. Qu’est-ce qu’elle pouvait m’énerver quelques fois! Ethan remua sous moi et j’ouvris les yeux.
- Bon matin, Maria, me dit-il avec un grand sourire ensommeillé.
- Oui, toi aussi, lui répondis-je en papillonnant des yeux, ceux-ci encore embué de sommeil.
Nous nous relevâmes lentement, légèrement chancelant. Il attrapa son t-shirt qu’il enfila en quelques secondes puis sorti de la chambre rapidement en refermant la porte. Je pus alors retirer mon pyjama et enfilai des vêtements propres. Il était sans doute aller se changer aussi, sa valise ne se trouvant pas dans ma chambre ce n’était que pure supposition.
Celle-ci fut confirmée lorsque j’arrivai dans la cuisine où m’attendait un copieux petit-déjeuner. Ethan si trouvait aussi, mais pas avec les vêtements qu’il avait porté cette nuit et la journée de la veille. Il me lança un sourire auquel je répondis aussitôt, avant de le perdre la seconde suivante en entendant le commentaire de Katryne :
- Tu es différente.
- Non, sans blague? Répliquai-je avec sarcasme. Si tu savais tout ce que j’ai enduré! Tu saurais qu’on ne reste pas intact après de tels évènements.
- Ce que je veux dire, c’est que je ne t’ai jamais vu autant sourire. Et je suis contente que tu… que ce que j’ai… fait ne t’ait pas empêché de continuer d’avancer.
- Est-ce que ce serait des excuses? M’enquis-je, surprise.
Je n’aurais jamais cru voir ce jour arrivé, celui où Katryne Lévesque admettrait avoir commis une erreur.
- Non, répondit-elle. Je ne regrette pas mon choix, affirma-t-elle et mes épaules s’affaissèrent.
Évidemment qu’elle ne regrettait pas de m’avoir laissé tomber! Comment avais-je pu le croire une seule seconde?
- Je n’aurais jamais été capable de le comprendre. Je n’aurais pas pu le supporter. Alors, t’appuyer là-dedans… poursuivit-elle avant de s’interrompre. Par contre je suis désolée de ne pas avoir été l’amie que tu méritais.
Alors là! Elle me laissait littéralement sans voix. J’avais l’impression que la mienne venait de se payer une petite virée au Pôle Nord. Elle avait baissé les yeux après sa petite annonce, ce qui m’empêchait de lire dans ses yeux. De voir si la vérité s’y reflétait.
- Peu importe, c’est du passé, finis-je par répondre en détournant le regard.
Voilà, le sujet était clos. Je n’avais pas la moindre envie de revenir sur le passé. Ce passé truffé de piège douloureux. D’absence. Je me secouai la tête mentalement et allai me servir à manger. Ils finirent par m’imiter et Ethan vint s’assoir à mes côtés.
La journée se révéla aussi ennuyante que celle d’avant, les seuls moments légèrement comique étaient lorsque Katryne poussait des soupirs d’ennuis profonds. Faute de mieux, nous avions été obligés de la traîner avec nous. Mon père n’avait pas été très chaud à cette idée, mais il était hors de question de la laisser seule à la maison avec un vampire inconnu à sa recherche.
Tandis que j’allais m’assoir sur le balcon de ma maison en arrière, après cette dure journée, Kelsea me rejoint. Je la dévisageai tant et si bien qu’elle finit par cracher le morceau :
- « Quelqu’un est venu voir à la maison aujourd’hui. C’était un vampire, environ dix-huit ou dix-neuf ans. Tout au plus. Cheveux blonds très clair et courts. Des yeux verts. »
- Tu crois que c’était celui qui recherche Katryne?
- « Bien entendu que c’était lui! » s’exclama Kelsea en levant les yeux au ciel.
Je ne pus m’empêcher de sourire, car croyez-moi c’est assez étrange de voir une chimère rouler des yeux. Elle me foudroya du regard, sachant parfaitement ce que je pensais. Je haussai les épaules de manière faussement désolée et demandai :
- Tu penses qu’il va revenir?
À voir combien elle semblait pensive, j’en conclus que la question était beaucoup plus complexe que prévue.
- « Non. » finit-elle par affirmer. « Il a regardé par la maison, a semblé réfléchir une seconde puis il a parlé par texto à quelqu’un. Il a fini par hocher la tête avant de partir à toute vitesse. » précisa-t-elle.
- Pourquoi j’ai le sentiment que ceci n’augure rien de bon?
- « Parce que c’est le cas. »
- Merci du réconfort, marmonnai-je.
Elle me sourit de toutes ses dents aiguisées et cela ne fit qu’empirer mon sentiment qu’un drame se préparait. Et moi qui croyais trouver un peu la tranquillité après les évènements précédents… Je poussai un soupir et entendis les pas reconnaissables de mon père qui s’approchaient.
Il vint s’installer à côté de moi et me dit :
- Maria. Écoute-moi attentivement…
- Oui? Répondis-je inquiète, curieuse et agacée à la fois.
- Tu n’étais pas très attentive aujourd’hui…
- Tu m’as demandé de ne plus avoir l’air de m’emmerder solide. Ce qui était le cas, alors il fallait que je me concentre sur le fait de ne pas le laisser paraître. Ce qui signifie que mon attention était concentrée ailleurs, répliquai-je avec agacement.
- Certes, sauf qu’on ne sait jamais quand ces connaissances que tu laisses filer te seront utile.
Je me tournai vers lui en plissant les yeux et l’interrogeai :
- Qu’est-ce que tu veux dire par là?
- Je veux simplement te faire prendre conscience qu’un jour tu auras sans doute besoin de savoir tout ça. Je ne suis pas éternel.
Je restai muette. Trop abasourdie par ce qu’il venait de dire. Bien sûr que je savais qu’il n’était pas éternel! La preuve c’était que je l’avais vu mourir sous mes yeux. Et puis ressusciter. Je déglutis.
- Je ferai plus attention, lui promis-je.
Il hocha de la tête, satisfait. Il me sourit avant de passer avec douceur sa main sur ma tête. Une caresse d’un père à sa fille. Je frémis à ce contact. Cela faisait si longtemps que l’affection paternelle m’était refusée! Je dus prendre sur moi pour refouler les larmes qui montaient. Kelsea vint se blottir contre moi et je me sentie un peu mieux, son contact m’aidant à garder un contrôle émotionnel. Je retournai alors à l’intérieur en me frottant les yeux.
La semaine qui suivit je fis un énorme effort pour comprendre toutes les infimes confrontations entre mon père et ceux qui se chargeait de mon héritage. Je prêtais attention à tout et au final les rencontres se révélèrent moins ennuyante. Enfin… pour moi. Ethan et Katryne ne seraient sans doute pas du même avis. Sans parler de Kelsea qui était assignée à résidence.
Pourtant enfin nous avions terminés cette terrible tâche la veille. Aujourd’hui nous devions aller faire des courses. Pour mon ex-amie. C’était encore assez dur d’être sous le même toit qu’elle, mais je tiendrais mon engagement envers elle. D’ailleurs je m’efforçais de lui parler le plus possible en anglais pour l’aider à le comprendre un peu plus. Cela ne servait strictement à rien, mais je continuais quand même.
- Est-ce que tu es prête? Marmonnai-je.
- Non, tu me demande d’apparaître dans un endroit super public, alors même que je suis recherchée.
- On n’a pas le choix, il te faut au moins quelques vêtements. Au moins pour tenir jusqu’au Texas. Là on y retournera, sinon tu ne tiendras pas l’année.
Elle poussa un soupir, mais nous rejoignit dans la voiture. On se dirigea alors vers la Place Laurier.
On fit le tour rapidement, cherchant tous ensembles des vêtements acceptables pour se rendre à l’aéroport. C’était en fait l’unique but de la manœuvre. Étrangement ou non, j’avais presque l’impression de revenir sept ou huit ans en arrière, lorsqu’on venait avec ses parents faire les magasins. Parfois on les faisait tous deux fois avant qu’elle ne trouve finalement quelque chose à son goût.
- Je te le dis tout de suite, Katryne, on ne fera pas le tour du centre d’achat à deux reprises, la prévins-je.
- Tu gâches le plaisir, Mar! Dit-elle en souriant.
Je me figeai instantanément et elle aussi. Son visage se décomposa et elle bafouilla :
- Enfin… Je veux dire… Maria. Tu me gâches le plaisir, Maria.
Elle avait accidentellement usé de mon ancien surnom. Quiconque m’avait appelé ainsi par la suite l’avait payé très cher. Pourquoi avait-il fallu qu’elle remette ça sur le tapis? Je me doutais bien que ce n’était pas intentionnel, car elle semblait tout aussi catastrophée que moi. Je pris une grande inspiration et soufflai :
- Aucun problème. Évite juste de recommencer. Ce n’est pas parce que je t’aide que nous sommes de nouveau des amies, et ça ne veut encore moins dire que je t’ai pardonné ce que tu m’as fait.
- Je sais, c’est juste que…
- C’est bon, la coupai-je brusquement. J’ai hâte de rentrer à la maison, alors si on se dépêchait.
Elle acquiesça et les deux hommes nous dévisageaient sans trop comprendre ce qu’il venait de se passer devant eux. On se remit rapidement à marcher, chacun profondément ancré dans ses pensées.
Ce fut à peine au bout de trois magasins qu’elle trouva finalement quelques morceaux de vêtements. Mon père les paya rapidement et on rentra à la maison au même rythme.
Durant le trajet, Ethan me demanda :
- Est-ce que tu as hâte de revoir les autres?
- Oh que oui! M’exclamai-je. J’ai l’impression de ne pas les avoir vus depuis une éternité.
- Je m’en doutais, dit-il avec un sourire en me prenant la main. Mais je sens que tu vas devoir leur expliquer plusieurs petites choses…
- Oh, tu crois? Marmonnai-je avec un sarcasme non dissimulé.
Il leva les yeux au ciel et ajouta :
- Della ne risque pas d’être… très agréable.
- Je m’en doute bien, grommelai-je. Mais je n’y peux rien.
- Ça, je crois que je le savais déjà.
Je lui adressai un petit sourire et je sa main un peu plus fort dans ma main. Il y mit à son tour une légère pression et on garda le silence le reste du trajet. Katryne, quant à elle semblait réfléchir profondément.

Le lendemain j’étais si énervée d’aller retrouver mes amis et mon cousin que je me réveillai une bonne heure avant tout le monde. Comme je mourrais de faim, je pris l’initiative de préparer des crêpes. Lorsque ma pâte fut fin prête, je versai un verre de mon sang pour Katryne. Ethan et mon père avaient tous les deux proposés d’en faire autant, sauf que j’avais refusé catégoriquement. Pour le premier l’explication était simple. Il était à moi. Et seulement à moi. Donc, de mon point de vue son sang m’appartenait. Quant au second… Il y avait quelque chose qui clochait, malgré que j’ignore quoi exactement. Je ne voulais donc pas prendre le risque d’empirer la chose quelle qu’elle soit.
Ils finirent après une éternité (Une heure) par se lever et je leur servis leur petit-déjeuner. Ce ne fut pas bien long que nous eûmes englouti notre repas et on alla charger les valises.
Je tressautais presque surplace. J’avais hâte de retrouver mes colocs, mon cousin et les autres. Qu’ils m’aiment ou non, je m’en moquais, car moi je m’ennuyais de Shadow Falls. Et rien ni personne ne m’empêcherait d’y retourner. Jamais.
Au moment où on embarquait dans l’avion, Katryne lâcha avec des yeux ronds :
- Oh, seigneur! C’est ça, l’avion de ton père, Maria? Tu ne m’avais pas dit que c’était une de luxe!
- Eh bien, maintenant tu le sais, lui dis-je sans pouvoir m’empêcher de sourire devant son enthousiasme.
- Je peux m’installer où je veux? S’enquit-elle.
- Absolument, répondit mon père. Ce n’est pas l’espace qui manque, par ici, ajouta-t-il en souriant chaleureusement.
- Ça, je l’avais remarqué! affirma-t-elle, admirative et en tournoyant sur elle-même pour tout voir.
Je secouai la tête avec un peu d’ahurissement et allai m’assoir près de l’un des hublots. Ethan s’empressa de s’assoir à ma suite. Mes yeux devaient dire « On va les revoir dans pas long! », car les siens me renvoyaient « Je sais. ». Je souris de toutes mes dents avant de fermer les yeux pour dormir sur un bout du chemin.
Étrangement je me réveillai pile au moment où nous atterrissions. Cette fois l’excitation était à son paroxysme. Dès que nous fûmes immobile et au sol je bondis sur mes pieds. Malheureusement ils nous restaient encore quelques heures de route à faire avant d’arriver à Shadow Falls. Je poussai un soupir dépité en embarquant dans la voiture, coincée entre Ethan et Katryne.
Lorsqu’enfin je descendis de la voiture dans le stationnement de Shadow Falls je manquai être écrasée à mort par des bras de pierre. Miranda, me souffla une petite voix de mon cerveau qui semblait toujours en fonction. Quand elle me relâcha je pus lui souffler :
- Je… suis… ravie de… te revoir… aussi… Miranda!
- Ce n’était pas pareille dans le bungalow sans toi et… Enfin, sans toi et Kelsea, même si elle ne montrait pas souvent le bout de son nez!
Je souris et me tournai vers Kylie qui me prit à son tour dans les bras, avec un peu plus de retenue que Miranda, par contre. Ensuite ce fut le tour de Jenny et après la bourrade amicale de mon cousin. Du coin de l’œil je voyais Katryne dévisager tout ce beau monde avec des yeux écarquillés. Della plissa les yeux en l’apercevant et lança sur un ton légèrement dédaigneux :
- C’est qui, celle-là?
- Je vous présente Katryne. Katryne Lévesque. Mon ancienne meilleure amie.
À cette mention ils ouvrirent tous de grands yeux incrédules. Suivit rapidement, pour Della, par des poings fermés. Elle gronda :
- Alors, c’est elle, cette garce.
- S’il-te-plaît, ne fais pas ça. Elle a besoin de nous. Elle est… commençai-je, mais elle me coupa.
- J’ai bien vu ce qu’elle était! Et j’espère que tu ne l’as pas pardonnée!
- Non! M’insurgeai-je. Sauf que ça ne veut pas dire que je ne peux pas l’aider.
- Tu es trop gentille! Fit-elle avec une grimace.
- Tu crois vraiment ce que tu dis? La contredis-je.
Elle réfléchit quelques secondes et conclut en souriant :
- Pas vraiment. Sauf que ça reste que tu es plus gentille que moi.
- Soit ça, soit que je le montre plus facilement que toi, rétorquai-je en souriant.
Elle haussa les épaules et je pus demander aux autres :
- Quoi de neuf? Il y a du nouveau par ici, ou est-ce que c’était d’un ennui mortel?
Ils se jetèrent tous un regard embarrassé avant que Lucas lâche :
- Eh bien, en parlant de nouveauté… Sache donc que Katryne n’est pas le seul nouveau vampire à Shadow Falls. Il y aussi un mec vampire et deux louves-garous qui viennent de s’ajouter.
- Un vampire? M’étonnai-je et pour une raison que j’ignorais cette annonce me terrassait.
Ah, mais bien sûr! La raison pour laquelle savoir qu’un nouveau vampire venait d’arriver à Shadow Falls me rendait nerveuse c’était bien à cause du fait que mon ancienne meilleure amie était poursuivie par l’un d’eux! Et que connaissant ma chance, il était fort improbable qu’il s’agisse de deux vampires différents.


Et puis donc? Que pensez-vous de cette suite? J'espère qu'elle vous a plu... ;)
P.S: Désolée pour les fautes qu'il doit forcément y avoir... :oops:


Nouveau départ
Un devoir
Dernière modification par Mimie99 le ven. 23 sept., 2016 6:44 pm, modifié 1 fois.
Morgane-Feroldi

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Morgane-Feroldi »

Salut,
ces deux chapitres sont très cool, j'adore !!!
Merci de m'avoir prévenue !
Mimie99

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Mimie99 »

Salut tout le monde! Désolée pour un si long retard... :oops: Je n'étais plus vraiment dans l'énergie pour écrire cette fanfic-ci. Sauf que maintenant je suis de retour, même si je ne garantis pas que je vais bientôt publier le chapitre 4. En attendant j'espère que vous aimerez celui-ci. Désolée pour les fautes présentes dans mon texte, probablement. N'hésitez pas à laisser des commentaires :D
Bonne lecture


Image


Chapitre 3


Lucas me dévisageait, les sourcils froncés. D’ailleurs tous les autres avaient la même expression. Sans doute qu’ils se demandaient pourquoi cette annonce me démoralisait comme ça. Malheureusement je ne pourrais pas éclairer leur petite lanterne tout de suite. Il vaudrait mieux que je leur explique tout dans un coin où aucune oreille indiscrète ne pourrait traîner. Sauf que c’était sans compter leur curiosité :
- Pourquoi ça semble t’embêter à ce point, Maria? S’enquit mon cousin.
- Ce n’est pas le moment pour en discuter, répondis-je en jetant un regard en biais à Katryne.
Ils comprirent tous que ce n’était surtout pas l’endroit pour en parler. Et je leur avais donné un indice. En bref, que cela concernait Katryne. Tandis que je m’apprêtais à leur demander autre chose une fille aux longs cheveux noirs bouclés artificiellement et des yeux vert océan passa près de la clôture qui interdisait l’entrée à des personnes extérieures. Elle tourna sa tête à la peau cuivrée vers nous et lança un sourire éblouissant à notre petite troupe. Je ne la connaissais pas. Je plissai les yeux en la voyant s’approcher de nous d’un pas légèrement sautillant. Comme si elle essayait de paraître inoffensif. Bizarrement je ne l’aimais pas. Quelque chose en moi se révoltait en la voyant, créant un malaise inconfortable. Qui fut aggravée lorsqu’elle fut à notre niveau et que tout en parlant elle passa sa main sur l’épaule de Lucas, sans que celui-ci ou Kylie ne fasse de commentaire :
- Hey, Lucas! Tu me présentes tes amis?
Son regard s’attarda sur Ethan et ce fut soudain comme si l’air ambiant devenait plus lourd. J’avançai d’un pas, comme pour le cacher à sa vue, sauf qu’il se décala, comme s’il voulait mieux la voir. La fille eut un autre sourire, ayant sans doute vu ma réaction. Elle s’appuya plus lourdement sur Lucas et dit :
- Alors, tu nous présentes?
- Maïa, je te présente Maria, ma cousine. Ethan, son petit-ami. Puis Katryne, une nouvelle comme toi. Donc, les revenants je vous présente Maïa et son amie Sarah, les nouvelles louves-garous de Shadow Falls.
Ce n’est qu’à ce moment que je remarquai la fille brune juste à côté de l’autre fille. Elle était beaucoup plus discrète que son amie, ça c’était clair. Des cheveux bruns assez foncés, des yeux gris comme les miens… Étrange. Quelque chose chez elle me semblait familier.
- Ravie de faire votre connaissance, susurra Maïa en dardant un regard appréciateur sur Ethan.
Je me retins de justesse de grogner, sauf que mon regard furieux ne lui échappa pas, pas plus qu’à Ethan qui se passait une main dans les cheveux comme s’il était nerveux.
- Ouais, moi aussi, marmonnai-je. Il faut que je vous laisse, ajoutai-je. Je dois aller voir Holiday avec Katryne.
Sur ces mots je les laissai planter là. Malgré que tout mon corps me demandait de repousser cette fille, cette garce loin de mes amis. Loin de tout ce que je considérais comme mien. Ce que je trouvais le plus surprenant, c’est qu’aucun d’eux n’avait semblé trouver que quelque chose clochait. À peine dix mètres plus loin Katryne, qui avec chance m’avait suivie, me demanda :
- Tu n’as pas l’air d’aimer la nouvelle… Maïa.
- Non, en effet je ne l’aime pas, admis-je en remarquant qu’Ethan ne m’avait pas suivi.
Il était resté avec eux. Avec elle. Bon, ça suffit la jalousie mal placée! Me morigénai-je mentalement. Reprends-toi, Maria, tu vaux plus que ça! Malgré ces paroles, j’avais toujours envie d’aller tordre le cou de l’autre. Comment Kylie avait-elle fait pour ne pas réagir devant l’air très familier de Maïa à l’égard de Lucas? Cela ne faisait pas très longtemps que nous étions partis. Pas assez pour que ces deux-là soient devenus proches à ce point. Et la façon qu’elle avait eu de regarder Ethan… Mes poings se serrèrent et je ressentis étrangement de la douleur. Je compris pourquoi lorsque je vis les entailles dans mes paumes certainement dû à mes griffes qui venaient de pointer le bout de leur nez.
- Oh, merde! Maria, à quoi tu joues?
- Rien. Je perds le contrôle… soupirai-je.
- Tu tiens à lui à ce point? S’étonna-t-elle.
- Hein? De quoi tu parles? Protestai-je un peu trop haut.
- Tu ne serais pas dans cet état-là avec n’importe qui. Tu as vu que cette fille, Maïa, semblait intéresser par Ethan. Et que ce dernier…
- Tais-toi! la coupai-je vertement.
- Maria, te voiler la face n’aidera pas, dit-elle sur un ton légèrement compatissant.
J’aurais voulu répliquer. Vraiment. Mais je savais qu’elle disait la vérité. Je fus presque reconnaissante d’être arrivé devant le bureau de la directrice du camp, car comme ça je n’avais pas à continuer sur la voie glissante où je me trouvais.
- Holiday? C’est Maria! Je suis ici avec Katryne! Lançai-je en cognant à la porte.
- Fais-la rentrer! M’invita Burnett. Tu peux rentrer à ton bungalow, nous la conduirons au sien tout à l’heure.
J’hésitai un instant, mais me souvenant du nouveau vampire en ville (façon de parler) je rétorquai :
- Je ne peux pas partir. Je crois que vous savez pourquoi…
La porte s’ouvrit sur le grand vampire ténébreux et il acquiesça en nous faisant signe d’entrer. Une fois à l’intérieur, il dit :
- Katryne, je t’inviterais à nous raconter dans les moindres détails ce dont tu te souviens. Sur ta transformation et tout le reste.
- D’accord, souffla mon ancienne amie en blêmissant.
Étrangement je me retrouvai à avoir pitié d’elle. Sauf que cette émotion ne m’empêcha pas de n’écouter que d’une seule oreille ce qu’elle racontait. J’étais trop préoccupée par cette louve. Cette Maïa. Quelque chose clochait chez elle et j’ignorais quoi. Mais sincèrement, en voyant l’allure des autres tout à l’heure, on aurait dit qu’ils étaient sous le charme. Ce n’est qu’à cet instant que je remarquai Kelsea à côté de moi.
- « Moi non plus, elle ne m’inspire pas confiance. Sauf que j’ignore si c’est un vrai pressentiment, ou seulement l’effet que produisent tes propres émotions qui déteint sur moi… » avoua-t-elle.
J’aurais donné n’importe quoi pour répondre. Je détestais être dans l’incapacité, du moins pour le moment, à communiquer avec elle à l’insu d’autrui. Je retins un soupir et me rendis compte que les deux directeurs me regardaient fermement. Est-ce que j’avais raté quelque chose?
- Quoi? M’enquis-je en ouvrant de grands yeux.
- Nous t’avons posé une question, précisa Holiday.
- Et c’est?
- Désires-tu réellement aider Katryne? Me questionna Burnett.
- Oui, affirmai-je. Pourquoi cette question?
- Nous voulions être certains que tu n’avais pas eu l’intention de te venger en l’amenant ici… où tous tes amis se trouvent.
Une question pour le moins négative se faufila dans ma tête : Pour combien de temps encore? Je secouai la tête et marmonnai :
- Je vois…
- Je leur ai dit que ça m’étonnerait, car ce n’était pas ton genre. Tu es plus directe, m’informa Katryne.
Je hochai la tête et demandai :
- Comment est-ce que ça va fonctionner?
- Nous hésitons entre trois possibilités, m’apprit la directrice.
- Et elles sont…?
- Soit elle emménage dans ta chambre pour que tu puisses avoir l’œil sur elle, soit vous emménager dans un même bungalow, ou encore elle va dans un qui lui est propre, mais tu demandes à ta chimère de la surveiller quand tu ne seras pas là, me renseigna son mari.
- Je préfère la dernière! Lançai-je.
- Très bien. Dans ce cas… Kelsea? Commença Holiday. (Cette dernière réapparut pour darder son regard sur la fée) Peux-tu rester avec nous et nous irons conduire Katryne à son bungalow?
Elle hocha la tête avant de se tourner vers moi.
- Bien, maintenant que les choses sont clarifiées. Je crois que tu peux rentrer à ton bungalow et défaire tes bagages, Maria, me dit le vampire avec un sourire.
Oh, merde! Mes bagages… Ils étaient restés là-bas… J’espérais qu’ils n’y seraient plus. Sincèrement. Le pire dans cette pensée c’est qu’elle me faisait mal. J’avais tellement désiré les revoir et voilà qu’une petite nouvelle s’incrustait. Peut-être que je n’étais très objective. Peut-être. Mais pourquoi avait-il fallu que ça arrive? Je secouai la tête et eut un soupir de soulagement lorsque j’arrivai à la voiture où étrangement se tenait encore Matthew. En me voyant approcher il dit :
- J’étais en train de retourner en ville lorsque j’ai remarqué que tes bagages se trouvaient encore dans la voiture.
- Merci d’être revenue, lui dis-je en souriant.
- Je ne comprends pas pourquoi Ethan ne les a pas sortis…
- Il devait penser à autre chose, dis-je en essayant d’avoir un air détaché.
Il hocha la tête et une fois que j’eus déposé mon sac par terre je me tournai vers lui. Il s’approcha pour me serrer dans ses bras et sans que je m’y attende il m’embrassa sur le front en disant :
- Prends soin de toi, Maria. Et garde l’œil ouvert, on ne sait jamais.
- Ne t’inquiète pas. Je l’ai toujours fait.
Il me serra l’épaule légèrement avant d’ajouter :
- Je passerai vous voir en fin de semaine prochaine.
- Tant mieux! Affirmai-je sincèrement. Ah et je crois que dans trois semaines ont va aller à ton appartement, c’est ça?
- Exact. Bon, je dois y aller. J’ai beaucoup de boulot qui m’attend. À bientôt.
- Oui, à bientôt, le saluai-je tandis qu’il s’installait au volant de sa voiture.
Je me détournai dès qu’il eut disparu à mes yeux. J’attrapai mon sac sans précaution et pris la direction de mon bungalow. J’avais l’intention de me transformer en loup une fois toutes mes choses revenues à leur place. J’avais comme qui dirait besoin de me défouler. Et pas qu’un peu.
******************

Ethan aurait eu envie de se frapper la tête contre quelque chose de dur. De très dur. Il ne comprenait pas son propre comportement. Alors que tout ce qu’il voulait faire c’était de rassurer Maria, d’être avec elle… il n’arrivait qu’à regarder l’autre fille. Elle était vraiment très belle, il fallait l’avouer. Sauf que ce n’était pas une raison d’ignorer sa copine! Surtout qu’elle avait clairement montré qu’elle n’appréciait pas l’attention qu’il portait à Maïa. Il remarqua d’ailleurs que Della lui jetait des regards furibonds lorsque la nouvelle louve-garou ne regardait pas dans sa direction. Il n’avait pas été sans s’apercevoir que Lucas ne faisait rien pour déloger la nouvelle, ni même Kylie. Ce qui était plutôt étrange compte tenu de la manière que la fille se retenait à lui. En même temps son cerveau semblait tourner au ralenti, alors au lieu de s’enquérir de cela auprès de ses amis, il passa outre.
Un peu plus tard, lorsqu’il réussit finalement à retourner à son bungalow il se souvint brusquement que Maria n’avait pas pris ses bagages avant de partir. Il s’empressa alors de déposer les siens et se rua à l’entrée de Shadow Falls. Pour découvrir qu’ils n’y étaient plus. Il poussa un soupir. Que lui arrivait-il? Cela ne lui ressemblait pas de négliger des détails aussi… importants. Il sentait bien au fond de lui-même qu’il devait des excuses à sa petite-amie, mais en même temps il ne savait pas comment il présenterait les choses. Et il était hors de question qu’il aille voir Maria sans un plan. Il s’adossa à un arbre et réfléchit pensivement à ce qu’il pourrait dire.
C’est précisément au moment où il se décida à se lever qu’une délicieuse odeur d’herbe fraîchement coupée lui parvint. Il fut un instant détourné de son objectif avant de se secouer et de s’élancer en direction du bungalow de celle qu’il aimait comme un fou. Il espérait qu’elle y serait, car sinon il devrait se lancer à sa poursuite. L’ombre d’un sourire s’ébaucha sur son visage à cette pensée, car après tout c’était comme ça qu’il avait commencé à l’approcher. En la poursuivant et en ne lui laissant que le choix de fuir ou de se laisser attraper. Pour le plus grand bonheur d’Ethan, elle avait choisi la dernière option.
Arrivé devant le bungalow il sauta d’un bon sur le perron et toqua à la porte. Ce fut Della qui ouvrit la porte, déclenchant une impression de déjà-vu chez lui, surtout lorsqu’elle dit :
- Elle n’est pas là. Alors tu peux partir.
Il remarqua qu’elle semblait divinement en colère contre lui. Particulièrement à la vue des deux canines parfaitement visibles. Alors que la vamp refermait déjà la porte, il glissa son pied entre cette dernière et le cadre, empêchant ainsi la coloc de sa copine de lui claquer la porte au nez. Il força ensuite le passage et pénétra à l’intérieur et défia la vampire du regard. Ce n’était peut-être pas franchement une bonne idée dans l’instant présent, mais il voulait connaître la raison de son comportement.
- Qu’est-ce qu’il y a?
- Alors toi non plus, tu n’as rien remarqué? ragea-t-elle en serrant les dents. Vous êtes bien tous pareils! Hurla-t-elle ensuite. Incapable de voir ce qui saute aux yeux! Espèce de petit loup-garou sans cervelle! Cracha-t-elle.
Elle l’empoigna alors par le col et lui siffla au visage :
- Surveille bien tes pas, Ethan. Si tu en fais ne serait-ce qu’un faux… Tu m’auras sur le dos. Maria ne mérite pas ça. Pas après les dernières semaines.
- J’en ai bien conscience, dit-il en respirant avec peine.
Suite à sa réponse, Della le jeta sans ménagement dehors et claqua la porte sans attendre. Secouant la tête d’incrédulité, il décida de faire le tour du bungalow à la recherche de l’odeur de celle qui faisait battre son cœur plus fort. Il savait que ce qu’avait dit la vamp était la vérité et c’était pour cette raison qu’il devait s’excuser. Il finit par repérer l’odeur tant recherché et il se mit immédiatement en Chasse.
Il finit par la trouver, sous forme de louve, assise dans une clairière à regarder le ciel. Il reconnut immédiatement la clairière en question. C’était celle-là même où ils avaient eu un premier « rapprochement ». Elle ne se retourna pas vers lui, mais il savait qu’elle l’avait entendue. Juste à voir sa tension. Il vint s’asseoir à côté d’elle et c’est à ce moment qu’il remarqua un petit sac qui semblait contenir des vêtements. Il prit une grande inspiration et décida de prendre la parole :
- Maria, je sais que tu es en colère contre moi.
Elle tourna brusquement la tête vers lui et lui montra les crocs avant de claquer de la mâchoire. Il renifla un instant l’air ambiant et comprit quelque chose. C’était pire que ce qu’il croyait. Elle n’était pas en colère contre lui, elle était blessée. Il baissa le regard et ajouta :
- Je suis vraiment désolé, Maria. Je ne comprends pas pourquoi j’ai réagi comme ça. J’ai été surpris par l’inaction de Lucas et puis… je n’aurais pas pensé que cela t’affecterait à ce point que j’essaye d’en apprendre plus sur la… les nouvelles de Shadow Falls.
Elle sembla se calmer légèrement, mais il vit dans son regard qu’elle avait toujours cette impression de trahison. Qu’elle était toujours blessée.
- Voudrais-tu reprendre ta forme humaine, s’il-te-plaît? J’aimerais pouvoir voir ton visage. Ton vrai visage.
Elle gronda légèrement lorsqu’il posa sa main sur sa tête, mais n’émit pas d’autre protestation. Une onde de choc traversa alors tout son avant-bras et son esprit lui parut plus clair. Pendant un instant il fut sur le point de comprendre quelque chose, mais alors qu’il ramenait sa main sur sa cuisse pour laisser Maria se métamorphoser, cela lui échappa.
Il savait qu’elle aurait préféré qu’il détourne les yeux pendant qu’elle se rhabillait, mais c’était plus fort que lui. Il finit par reposer son regard sur Maria et put de nouveau admirer son dos musclé juste comme il faut. Elle enfila un t-shirt sans soutien-gorge et il dut se répéter qu’il était là simplement pour s’expliquer avec elle. Pas pour autre chose. Tous ses bons sentiments s’envolèrent lorsqu’elle se retourna vers lui avec des yeux inquiets. Il bondit sur ses pieds et l’attrapa par la taille pour la serrer contre lui.
Il refusait de la perdre. Il ne serait pas capable de le supporter, il l’avait bien vu lorsqu’elle était morte devant ses yeux. Ce souvenir resterait pour toujours le pire de toute son existence avec celui où ses parents étaient morts.
- Je suis désolé, murmura-t-il dans les cheveux de Maria, inspirant doucement l’odeur qu’ils dégageaient.
Dire qu’il était fou de son odeur ne serait qu’un doux euphémisme. Elle possédait une odeur propre qu’il n’avait jamais sentie autre part. Il était incapable de la définir, sauf que dès qu’il la sentait, il désirait plus que tout serré sa propriétaire dans ses bras. Voire l’embrasser. Elle poussa un soupir et chuchota si bas qu’il manqua ne pas l’entendre :
- Je n’ai aucune expérience. Et je ne sais pas…
- Chut… souffla-t-il à son oreille. Je sais, ne t’en fais pas, ajouta-t-il en lui caressant les cheveux. Je te promets de faire attention à l’avenir.
Elle hocha la tête et fit ce qu’il attendait depuis une bonne petite minute, elle releva la tête vers lui. Il attrapa alors son visage entre ses mains et l’embrassa. Au début il avait eu l’intention d’être doux… mais son baiser devint rapidement beaucoup plus intense, comme chaque fois qu’il était avec elle. Sans trop se rendre compte de ses propres mouvements il la plaqua contre l’arbre et elle s’agrippa à lui. Sentir les mains fraîches de Maria se faufiler sous son t-shirt pour accéder à la peau nue de son dos laissa des marques ardentes sur ce dernier et le contrôle qu’il désirait garder lui parut désormais illusoire. Il promena alors ses lèvres un peu partout, allant de la bouche de sa copine à son menton, puis à son cou, avant de descendre jusqu’à la clavicule. Elle semblait littéralement fondre sous l’ardeur de ses baisers. Elle l’approcha alors un peu plus de lui et l’embrassa avec une fougue qu’à peine cinq minutes plus tôt il n’aurait pas cru possible. Ses propres mains s’apprêtaient à retirer le t-shirt de Maria lorsqu’il entendit quelqu’un trébucher et lâcher :
- Oh, merde! Je tombe mal, hein?
Maria se détacha rapidement de lui et ce fut comme un mur de béton lui tombait dessus. Il s’apprêta à invectiver avec force la nouvelle venue, car c’était une fille, lorsqu’il remarqua qui c’était. Les mots qu’il voulait prononcer moururent sur ses lèvres en voyant l’incroyable sourire de Maïa. Un coup d’œil vers Maria lui fit par contre comprendre à quel point ce qu’il allait dire était important.
- Ou… No… Ou… Non, pas du tout, finit-il par dire sans pouvoir sans empêcher.
Maïa sourit de plus belle, mais Maria… Elle le regarda avec un regard si froid qu’il le glaça tout entier. Il crut d’ailleurs entendre son cœur se briser en deux lorsqu’elle asséna avec haine :
- Ne t’approche plus jamais de moi. Tu m’entends? Plus JAMAIS!
Elle avait hurlé le dernier mot et avant qu’elle ne se soit totalement retournée il aperçut une larme rouler sur sa joue. Une larme qui brilla comme l’argent sous la lueur de la lune. Pourtant en la voyant détaler comme ça, il ne fit pas un seul mouvement. L’autre fille lui adressa une moue désolée, mais il n’y prêta presque pas attention, trop bouleversé par les derniers évènements.
****************

Della claqua la porte avec fureur. Cela faisait une semaine. Une semaine! Une semaine que tous ses amis se comportaient bizarrement. En particulier les couples, mais comme il n’y avait que ça, des couples, dans ses amis cela les englobait tous. Et aucun d’eux ne comprenait que leur comportement était étrange. La vamp ignorait si cela était dû à la nouvelle louve-garou, mais une chose était sûre, les gars n’avaient d’yeux que pour elle lorsqu’elle était dans les parages. Même Lucas et Ethan, alors que l’un comme l’autre il n’y avait qu’une seule fille qui importait pour eux même pas une semaine plus tôt! Elle espérait sincèrement avoir remis les idées en place à cet idiot de première.
Oh, bien sûr elle n’était pas vraiment une enfant de cœur, mais il y avait toujours bien une limite à ne pas dépasser. Et faire du mal à ses amies, c’était la goutte d’eau. Elle se retint pour ne pas hurler, sinon Kylie et Miranda risquaient d’encore la charrier. Même le comportement de ses amies avaient changés, imperceptiblement. Le pire dans tout ça, c’est qu’elle ignorait la cause de tout ce changement. Elles s’étaient faites un peu plus distante dans la semaine et Della ne pouvait s’empêcher de se demander pourquoi. Kylie était pourtant si prévenante d’habitude et elle avait à peine remarqué la réaction de Maria plus tôt. Quelque chose, donc, ne tournait pas rond. Elle se jura qu’elle allait le découvrir. Mais avant elle avait quelque chose à faire. Elle rouvrit donc la porte et disparut en coup de vent.
Arrivée à destination elle cogna à la porte du bungalow de Holiday et Burnett. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir Katryne de l’autre côté de la porte lorsqu’elle s’ouvrit!
- Toi? siffla-t-elle.
- Moi, acquiesça l’intéressée en fronçant les sourcils, comme si elle ne comprenait pas la réaction de l’autre vampire.
- Qu’est-ce que tu fais ici? marmonna Della en tentant de reprendre son calme, ou du moins un tout petit peu.
- Holiday et Burnett m’ont dit de venir ici, répondit la fille dans un anglais très écorché, à tel point qu’elle manqua ne rien comprendre.
- Est-ce que Burnett et Holiday sont là? S’enquit-elle, faisant comme si elle n’avait pas écouté un seul mot de la réponse, ce qui aurait pu être le cas, d’ailleurs.
La canadienne-française hocha la tête et laissa placer Della sans dire un seul mot supplémentaire. La vamp se précipita à l’intérieur et apparut devant les deux directeurs qui la regardèrent bouche-bée.
- Que se passe-t-il, Della? S’enquit Burnett.
- J’ai à vous parler, à tous les deux.
- À propos de quoi? Demanda Holiday d’une voix douce.
- À propos de Kylie, Miranda, Perry, Lucas, Derek, Jenny et Ethan.
- Il leur est arrivé quelque chose? Demanda la fée d’une voix blanche.
- Non! Enfin… peut-être. Je ne sais pas. Ils m’ont semblé bizarres. Surtout Kylie, Miranda, Lucas et Ethan, précisa-t-elle. Leur comportement semble avoir… changé, expliqua-t-elle ensuite.
- Allons, Della. Je crois que tu te trompes, ils doivent seulement être soulagés après tous les évènements des dernières semaines! Rétorqua Holiday avec un sourire. Tu devrais relaxer un peu… On est en sécurité maintenant.
La vamp ouvrit la bouche bien grande, mais fut incapable de prononcer un mot. Comment Holiday pouvait-elle dire cela? Elle qui d’habitude prêtait toujours attention à ce que les pensionnaires pensaient. Qui ne les remettaient pas en cause. Elle se tourna vers le directeur dans l’espoir qu’il la supporte, mais…
- Je suis d’accord avec Holiday, Della, furent ses seuls mots.
Et c’était un mensonge. Il lui adressa un petit signe de tête pointant vers l’extérieur.
- Très bien dans ce cas, j’ai compris.
Sur ces mots elle tourna les talons et sortit en flèche. Sauf qu’une fois à cent mètre du bungalow Burnett la rattrapa et sans dire un mot lui mit un bout de papier dans la main avant de s’éclipser aussi rapidement qu’il était apparu.
Tout en se dirigeant d’un pas lent vers son bungalow, Della regarda ce qu’il y avait sur le papier. Il était inscrit :
« Rejoins-moi à l’entrée de Shadow Falls à 1h00 du matin. Il faut qu’on parle. »
Elle s’apprêtait à le ranger dans sa poche de jeans lorsqu’on la percuta de plein fouet. Et à la vitesse à laquelle la personne se déplaçait, la vamp fut projeté plusieurs mètres plus loin, quant à l’autre elle s’écroula par terre dans une roulade disgracieuse. Elle bondit sur ses pieds dans l’intention d’aller remettre à sa place l’idiot ou l’idiote en question lorsqu’elle reconnut la personne qui était toujours prostrée par terre, en boule. Maria. Et quelle ne fut pas sa surprise, encore une fois, de voir que celle-ci pleurait. Maria, la seule résidente de Shadow Falls qui ressemblait assez à Della pour rarement pleurer en public, voire jamais, était en train de pleurer à s’en dessécher. Cela la choqua, sans trop savoir pourquoi. Peut-être parce qu’elle avait cru que son amie était plus forte que ça. Ou parce qu’elle avait la preuve que personne ne pouvait être toujours sur la défensive.
Elle s’approcha à pas tranquille, mais elle n’avait aucune idée de comment réagir. C’était toujours Kylie qui s’occupait de ce genre de cas, d’habitude. Ou encore Miranda quand ça lui chantait. Jamais elle. Bon, en même temps elle ignorait encore pourquoi son amie, celle avec qui elle avait eu du mal d’admettre qu’elle occupait cette place, pleurait autant. Elle commença par redresser la louve pour pouvoir voir son visage. Ce quelle aperçut fut pire que ce qu’elle craignait. Le visage de Maria était transfiguré par une rage et une tristesse si intense que soudain Della en fut foudroyée sur place. Elle arrivait à percevoir ce que ressentait son amie. Avec la même intensité. Elle s’affaissa par terre, à côté de la louve-garou et chercha l’air pour respirer. Elle avait à la fois l’envie de fracasser le crâne de quelqu’un, mais aussi de se rouler en boule pour ne plus jamais se relever. La vampire avait déjà ressenti les émotions de Maria auparavant et celle-ci leur avait expliqué que c’était souvent le cas avec les Alpha, malgré que ce ne soit encore jamais arrivé avec Lucas. Della réussit à articuler :
- Qu’est-ce qu’il y a, Maria?
- Je l’ai quitté. Je ne veux plus jamais le revoir, cracha la louve sur un ton venimeux.
- Qui? Ethan? S’étonna Della, sans pouvoir s’en empêcher.
À ce nom son amie la foudroya du regard et la vamp se retrouva sans trop savoir pourquoi à baisser la tête. Elle détestait quand le pouvoir de Maria la dépassait!
- Ne prononce plus jamais son nom. Jamais.
- Que s’est-il passé? S’enquit-elle.
Maria renifla une seconde, et peu à peu réussit à se calmer suffisamment pour que Della puisse à nouveau se tenir droite et être maîtresse de ses émotions. La louve-garou lâcha alors :
- Il était venu s’excuser. J’ai fini par accepter ses excuses, car elle me semblait sincère. Je suis redevenue humaine et… et là on a parlé une minute avant de commencer à s’embrasser. Disons qu’après tout a un peu dégénéré, mais pas trop non plus. Enfin… on n’a pas eu le temps d’aller plus loin.
Elle prit une inspiration pour tenter de se calmer un peu, car la colère reprenait possession de ses traits. Elle finit tout de même par cracher la suite :
- Puis, elle est arrivée. Nous interrompant apparemment par hasard. Sauf que je sais que c’était intentionnel. Elle s’est « excusée » si on peut dire en demandant si elle tombait au mauvais moment et là… (Elle retint un sanglot avec une moue dégoûtée) il a… il a dit qu’elle ne nous avait pas dérangé!
La vamp sentit ses canines s’allonger. Ethan ne l’avait pas écouté. Pourtant elle avait été on ne peut plus clair. Apparemment, non. Dans ce cas, il ne restait plus qu’à aller lui donner une leçon. Sauf qu’avant ça il fallait s’occuper de Maria. Et il était hors de question qu’elle ramène la louve à Kylie et Miranda. Elle décida d’opter pour la dureté, car après tout, si Maria lui ressemblait autant peut-être qu’en utilisant une méthode qui fonctionnait souvent pour elle, elle obtiendrait les mêmes résultats?
- Maria Parker-Lechasseur! Rugit-elle en montrant ses canines. Tu vas lever ton derrière de loup-garou tout de suite et oublier cet idiot. Ou encore mieux, tu vas lui faire payer d’être un crétin fini.
La louve releva la tête avec une expression surprise, puis elle fronça les sourcils en prenant une expression plus dure.
- Je vais aller lui régler son compte de ce pas à ce… commença-t-elle en s’apprêtant à s’en aller, mais elle fut brutalement interrompu par une main aux ongles griffus.
- Ne fais pas ça, Della. S’il-te-plaît. Ne lui donne pas cette récompense… soupira Maria.
- À Eth… à lui?
- Non, à elle.
- Qui?
- Maïa.
Bien sûr, elle aurait dû y penser. Le crétin!
- Très bien, je n’irai pas, capitula-t-elle en ajoutant intérieurement « pas tout de suite, en tout cas ».
- Merci.
La vamp hocha la tête en signe d’acceptation et aida son amie à se relever. Elle remarqua avec une certaine joie que les yeux gris acier de cette dernière semblaient beaucoup plus en colère que triste maintenant. La colère, une émotion puissante! Décidant de changer de sujet pour éviter que la louve repense à tout ça tranquillement dans sa tête, elle lui proposa :
- Dit Maria, ça te dit de m’accompagner?
- Où?
- Là, répondit-elle en lui tendant le bout de papier que Burnett lui avait donné.
Elle fut très heureuse de voir une nouvelle détermination dans les yeux de Maria et la saisissant par le bras l’entraîna à sa suite. Certes il n’était que vingt heures, mais mieux valait faire courir son amie et l’épuisée avant de la ramener au bungalow.
******************

Je n’arrivais toujours pas à croire que tout cela avait été réel. Comment Ethan avait-il pu faire ça? Juste après m’avoir promis qu’il ne le referait plus? Je ne comprenais rien à ses agissements. Tout allait si bien pourtant… Maintenant le trou dans ma poitrine était si béant que j’avais l’impression qu’un rien risquait de me faire basculer. Une chance que Della avait réussi à me sortir de mes idées noires, mais maintenant que j’attendais patiemment dans mon lit que l’heure du rendez-vous arrive j’avais tout le loisir de repenser à tout ça. Malgré que la vamp m’ait fait faire le tour de la propriété exactement trois fois à toute vitesse. En même temps, malgré la tristesse qui m’accablait j’étais en train de lentement tomber dans une colère noire. Une fureur telle que je devais absolument faire attention pour ne pas l’extérioriser, car sinon tous mes amis alentours la ressentirait et je serais forcée de l’expliquer. Et je ne tenais pas du tout à le faire. Della m’avait promis de n’en parler à personne. Je poussai un soupir et manquai bondir dans les airs lorsque Kelsea prit la parole :
- « Ce n’est pas de ta faute. »
Comment avait-elle fait pour comprendre ce que je n’avais même pas oser formuler dans mes pensées, malgré que je le croie fermement?
- « Aurais-tu oublié que nos deux esprits sont liés? Que je lis en toi comme dans un livre ouvert? »
- « Ouais, mais apparemment cette faculté n’est pas partagée! » rétorquai-je et je compris avec une seconde de retard que je n’avais pas ouvert la bouche.
- « Maria! » s’étonna mon amie la chimère en redressant vivement la tête, cette dernière étant auparavant sur ses pattes antérieures.
- J’ai réussi! Mais je n’ai aucune idée de comment je l’ai fait… marmonnai-je après ma première exclamation.
- « Essaie encore! » m’encouragea-t-elle.
Je pris une grande inspiration et tentai de reprendre le même état d’esprit que quelques minutes auparavant. Ensuite j’essayai de faire passer des phrases sans queue ni tête à Kelsea, sans résultat. Pourquoi est-ce que c’était toujours compliqué de maîtriser un nouveau pouvoir? Je remarquai alors l’heure. Une heure moins le quart. Il était plus que temps que je me lève! Je me redressai d’un bond, tout en étant silencieuse, puis je fis signe à mon amie de rester là avant de m’éclipser hors de ma chambre.
Dès que j’eus rejoins Della à l’extérieur elle me dit :
- Je me demande ce qu’il veut me dire.
- C’est pour quoi que tu es allée les voir, Holiday et lui? M’enquis-je.
- Le comportement de nos amis a changé dernièrement. Même Holiday, mais je ne m’en suis rendue compte que tout à l’heure en allant à leur bungalow. Celui d’Eth… enfin, tu-sais-qui aussi.
- Ah… dis-je en tentant d’ignorer la boule qui venait de se former dans ma gorge à l’annonce de la personne que j’aimais toujours furieusement malgré ce qu’elle m’avait fait.
Elle eut une moue à demi entre la compassion et l’exaspération. Je la fis alors accélérer la cadence. J’avais plus que hâte de savoir ce que Burnett avait à dire à propos de tout ça. Il me fallait me concentrer là-dessus, sinon je risquais de m’effondrer. Littéralement et émotionnellement. Et dire que mon père venait nous voir, tous les deux, la fin de semaine qui s’en venait! Arrête d’y penser, me morigénai-je.
Lorsqu’on arriva à l’entrée de Shadow Falls, le directeur vampire nous y attendait déjà. Ou plutôt il attendait Della, car il eut l’air légèrement contrarié par ma présence.
- Contente de vous revoir! Lançai-je sur un ton légèrement acide.
- Je n’ai rien contre toi, Maria. Mais ce que j’ai à dire ne concerne que l’URF.
- Alors pourquoi Perry, Derek et Lucas ne sont pas là? Rétorquai-je.
Qu’allais-je dire à mon cousin pour lui expliquer que je ne voulais plus voir Ethan?
- Très bien, tu peux venir. De toute manière nous devions aussi avoir une petite discussion, capitula le vampire.
Il nous fit alors signe de sortir de la propriété et ensuite il nous conduit jusqu’à sa voiture où il nous demanda de prendre place à l’arrière.
Il conduisit pendant au moins une bonne heure avant de s’arrêter finalement sur le bas-côté. Il se retourna alors vers nous après avoir arrêté la voiture. D’un ton grave il me demanda tout d’abord :
- Je voudrais savoir ce que tu comptais faire à propos de la proposition de l’URF, Maria.
C’était maintenant que je devais annoncer mon verdict apparemment. J’espérais réellement prendre la bonne décision lorsque je répondis :
- J’ai décidé d’accepter.
Je ne manquai pas le petit sourire satisfait de mon amie vampire ni le soulagement que je ressentais de la part de Burnett. Il y a à peine dix heures je me demandais encore ce que j’allais bien pouvoir leur dire lorsque la question allait être mise au tapis, mais les derniers évènements avaient complètement changés la donne.
- Qu’en pensais Matthew? Et Ethan?
- Mon père m’a dit qu’il accepterait ma décision, peu importe. Quant à l’autre je ne veux plus jamais entendre parler de lui, marmonnai-je en tournant mon visage vers la fenêtre vers la fin.
Sauf que grâce au reflet de ladite fenêtre je vis l’air stupéfait du vampire ainsi que le secouement de tête découragé de Della.
- Est-ce que je peux… commença Burnett, mais mon amie le coupa d’un ton sec.
- Elle n’a pas envie d’en discuter.
La remarque de Della sembla encore plus l’ébranlé. Apparemment il ne se doutait pas que notre relation s’était finalement rendue au stade d’amicale.
- Très bien, j’ai compris, fini-il par lâcher. Revenons-en à un sujet plus sérieux. Toutes les deux vous allez bientôt avoir vos dix-huit ans, n’est-ce pas?
- Ouais, si on veut. C’est dans moins d’un an, marmonnai-je.
- Pareille pour moi, renchérit la vamp.
Il hocha la tête et continua :
- Ce que j’insinue par-là, c’est qu’à vos dix-huit ans vous pourrez faire partie intégrante de l’URF. Mais avant vous devez faire vos preuves, c’est pourquoi des adolescents comme vous et les autres faites parfois des missions.
- D’accord, mais je croyais que Perry faisait déjà partie intégrante de l’URF et il n’a pas encore dix-huit ans, comme nous! Protesta Della.
- Perry est un cas à part, soupira Burnett avec un brin d’exaspération.
On l’enjoignit à continuer avec empressement d’un mouvement vers l’avant de la tête. Il soupira à nouveau, mais poursuivit tout de même :
- Mes supérieurs ont une proposition à vous faire. Bon, en fait c’était à Della qu’ils voulaient la faire, mais je suppose qu’ils accepteront avec joie que vous fassiez équipe toutes les deux. Par contre, avant que je vous en fasse part… il faudra se rendre au bureau central.
- Vous n’êtes pas sérieux, hein? Dis-je sur un ton rempli d’effroi.
- Bien sûr que si, rétorqua-t-il. Pourquoi?
- La dernière fois que j’y suis allée, j’ai foutu le bordel, vous ne vous en souvenez pas? Lançai-je avec l’envie de me frapper la tête contre la vitre de la voiture, mais je n’étais pas certaine qu’elle supporterait le choc.
- Cela n’a plus aucune importance, m’assura-t-il. Je disais donc qu’il faudrait se rendre là pour remplir quelques formulaires et une fois cela fait nous vous donnerions votre mission. De ce fait vous serez absente une bonne partie de la journée et chaque samedi vous devrez vous rendre là-bas. Vous m’avez compris?
- Oui, mais ce que je ne comprends c’est ce qu’on fait ici, dit Della avant que je puisse formuler le moindre mot.
- Même chose pour moi, renchéris-je.
Il regarda vers le ciel en ayant l’air de se demander ce qu’il avait fait pour mériter deux filles comme nous, mais au final il se tourna vers ma coloc vampire pour dire la suite :
- Je me suis arrêté ici, car je voulais m’entretenir avec toi à propos de ce que tu as mentionnée tout à l’heure au bungalow.
- Donc…?
- Je suis du même avis que toi, Della. Quelque chose ne tourne pas rond depuis une semaine. Holiday n’est plus la même et plusieurs résidents m’ont rapporté que le comportement de leurs colocataires n’était plus le même. Et c’était toujours les mêmes qui venaient me voir. Des vampires. Aucun loups-garous, métamorphes, aucune fée ou sorcière n’est venu me partager une information de ce genre. Ce qui signifie que tous sont touchés sauf les vampires. J’ignore encore ce qui cause ce changement et pourquoi nous en sommes épargnés, mais…
- Mon comportement à moi n’a pas changé à ce que je sache, rétorquai-je, le coupant au passage.
Son regard s’illumina un instant comme s’il venait de se rendre compte d’une évidence qu’il aurait dû comprendre il y a bien longtemps.
- Mais bien sûr! S’exclama-t-il. C’est forcément en lien avec toi!
- À parce que maintenant tout ce qui va être hors du commun à Shadow Falls sera forcément de ma faute? Répliquai-je avec la figure de quelqu’un qui venait de mordre dans un citron.
- Ce n’est pas ce que j’ai dit, me gourmanda Burnett.
- Euh… Désolée, mais ça y ressemblait beaucoup, affirma ma coloc avec un air contrarié.
Il marmonna dans sa barbe et s’expliqua :
- La sorcière que tu es allée voir à Québec… Elle a bien dit que tu attirerais des créatures provenant de ton territoire à l’endroit où nous nous trouverions, n’est-ce pas?
- Oui, mais je ne vois toujours pas le lien.
- Tu es rentrée du Québec pendant une semaine. Ensuite tu es repartie. Entre temps, il y a peut-être des créatures qui t’ont suivi jusqu’ici avant de se rendre compte que tu étais repartie. Peut-être qu’elles ont compris que tu reviendrais et elles sont restées.
- C’est un peu tiré par les cheveux, fis-je remarquer.
- Je suis de son avis, approuva mon amie.
Là, il paraissait vraiment en avoir marre. Il inspira, expira à plusieurs reprises avant de finalement conclure :
- Vous comprendrez peut-être un peu plus une fois que nous serons rendus là-bas et qu’ils vous donneront le dossier.
- Peut-être, admis-je sans grande conviction.
Après tout, qui aurait eu envie d’apprendre que c’était encore à cause d’elle que son entourage avait des problèmes? Burnett acquiesça avant de se replacer correctement devant le volant. En retournant sur la route et le reste du trajet en général se fit dans un silence sépulcral.
Lorsqu’enfin la voiture ralentit et s’arrêta nous nous étions pratiquement endormies toutes les deux. Après tout il était environ trois ou quatre heures du matin. J’étais un peu trop amorphe pour penser à regarder l’heure. Le directeur du pensionnat nous demanda de sortir et c’est là que je remarquai que nous n’étions pas au bureau central de l’URF, mais plutôt à un motel.
- Est-ce que je peux savoir ce qu’on fait là? M’enquis-je en bâillant longuement.
- Dormir, justement, répondit le vampire avec un sourire. Vous aurez droit à quatre bonnes heures de sommeil avant votre avant-midi bien remplie.
- C’est bon à savoir, marmonna Della en bâillant à son tour.
Il nous entraina alors jusqu’à la chambre portant le nombre 4. Je n’ai aucune idée pourquoi j’y portai attention, ce n’est pas comme si c’était important. Toujours est-il qu’à peine entrer à l’intérieur je m’effondrai sur le lit et m’endormis dans la seconde.
Je me réveillai en sursaut lorsque l’on me secoua de tous les côtés, mais avant d’avoir pris conscience de ce que je faisais je me redressai d’un bond, attrapai la personne qui se trouvait devant moi et la projetai à l’autre bout de la pièce. Cette personne rencontra le mur avec violence et lâcha un grondement que je reconnus. Oh, merde… Burnett. Je levai les mains rapidement dans les airs, paumes dévoilées et m’écriai :
- Désolée! Tu m’as surprise, c’est tout.
- Ça, crois-moi, je l’avais remarqué, marmonna-t-il en se redressant. C’est l’heure de se rendre au Bureau, ajouta-t-il.
Je me tournai vers Della et remarquai qu’elle retenait à grande peine un sourire moqueur.
- Toi, tais-toi, râlai-je en me prenant la tête entre les mains.
- Ça va, dit-elle en perdant son envie de rire et en fronçant les sourcils.
- Ouais, je commence simplement à avoir mal à la tête. Ça arrive chaque que l’on me réveille… brusquement.
Cette fois elle ne put s’empêcher d’éclater de rire en disant :
- Je ne sais pas si c’est toi ou Burnett qui a eu le réveil le plus brutal.
- Très, très drôle, grognai-je.
Le directeur nous ramena à l’ordre d’un sifflement bref qui aggrava mon mal de tête, pour cause d’une ouïe trop développé. Quant à ma colocataire elle grinça des dents.
Dès qu’on arriva dans le stationnement du Bureau de l’URF j’eus un frisson d’angoisse. Mes derniers souvenirs de l’endroit n’étaient pas pour ainsi dire agréables. Loin de là, même. En pénétrant à l’intérieur je me raidis instinctivement, sauf qu’avec chance on se dirigea dans la direction opposée aux cellules. Notre directeur de pensionnat nous conduisit alors à un petit bureau fermé où il nous demanda de l’y attendre.
Quand il revint il avait deux dossiers à nous remettre, chacun portant notre nom dessus. En l’ouvrant je remarquai qu’il y avait plusieurs questionnaires. Nous eûmes, la vamp et moi, le même soupir de découragement.
- Remplissez-le au complet. Pendant ce temps je vais aller nous chercher de quoi déjeuner. Dès que ceci sera fait, j’amènerai le document de votre mission. Où vous devrez aussi remplir quelques petites feuilles. Après ça, je vous expliquerai tout en détail. Puis il faudra retourner à Shadow Falls.
Nous hochâmes la tête et il s’éclipsa sans un mot. Nous laissant seules pour remplir ce formulaire incroyablement long et fastidieux. Il y avait parfois de ces questions où tu as conscience que la moindre erreur de notre part risque de nous être fatale. Bon, sans doute pas littéralement parlant, mais… peu importe.
Environ une heure plus tard nous avions déjeunés et rempli le foutu questionnaire/formulaire. Burnett s’installa alors face à nous et nous présenta le dossier. Il nous expliqua :
- Vous aurez le droit de conserver ce dossier avec vous. Par contre, il vous sera formellement interdit de mentionner ce qui se trouve à l’intérieur, ou de parler de votre mission à qui que ce soit. Compris?
- Oui, répondîmes en cœur la vampire et moi.
- Bien. Vous devrez aussi conserver ces deux carnets vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec vous, ajouta-t-il en nous présentant deux carnets noirs bien simples. C’est à l’intérieur de ceux-ci que vous noterez vos observations, vos hypothèses et tout ce qui aura un lien avec la mission, poursuivit-il. Autre chose, lorsque la mission sera terminée, vous aurez à remettre un rapport de mission basé sur ce que vous aurez noté dans le carnet. Ce dernier sera entre autre lu par mes supérieurs et moi-même, nous apprit-il. Toutes les informations qu’il vous faut se trouvent à l’intérieur du dossier, conclut-il en le glissant davantage vers nous.
Della et moi nous nous jetâmes un coup d’œil avant de l’approcher encore et de l’ouvrir. C’est comme ça que l’on apprit que ce n’était pas seulement à Shadow Falls que des personnes avaient changés de comportement, voire de personnalité, mais bien partout à Fallen. D’ailleurs, on remarqua que nous n’avions pas seulement une, mais bien deux missions à accomplir. Il y avait eu plusieurs meurtres inexpliqués dans la dernière semaine. Trois pour être exactes. C’était peu dans un certain sens, mais pour la période c’était énorme. Toutes les trois victimes étaient mortes de la même manière. En bref, un même mode opératoire. Les corps avaient tous été trouvé dans l’eau, mais la cause de la mort n’était pas la noyade, mais bien l’asphyxie, ou plus précisément elles avaient été étranglées. Détail alarmant, ce n’était pas des mains humaines qui avaient causé les lésions visibles sur les cous des victimes. Primo, la force employée était trop grande, deuzio l’empreinte de main relevée témoignait que les mains étaient palmées.
Lorsque nous eûmes terminés de tout lire je compris pourquoi Burnett pensait que tout ceci avait peut-être un rapport avec moi. Aucune espèce surnaturelle d’ici n’était répertoriée comme possédant des mains palmées. À moins bien sûr que ce soit un métamorphe. C’était une piste à envisager. Par contre, je me demandais pourquoi un dossier de cette envergure nous était donné à nous, des adolescentes.
- Pourquoi nous? M’enquis-je et à voir l’air de Della elle se posait la même question.
- Nous devons voir ce dont vous êtes capables. Ne vous inquiétez pas, vous n’êtes pas les seules à travailler sur ce dossier. Des agents que je connais très bien personnellement travaillent aussi sur ce cas. Nous voulons voir ce que vous êtes capable de faire en tant que détective, expliqua-t-il.
L’explication m’ayant satisfaite, je me contentai de hocher de la tête. Burnett nous fit alors signe de le suivre, ils devaient nous montrer les scènes de crime pour que nous puissions prendre des notes. Je me promis que dès que nous reviendrons à notre bungalow j’allais jeter un coup d’œil à mon guide familial.
Arrivés sur la première scène de crime, la première chose qui attira mon regard fut un petit bouquet de glaïeuls écarlates se trouvant à un mètre de l’endroit où ils avaient trouvés la victime. J’en fis rapidement la remarque :
- Pourquoi vous n’avez pas ramassé le bouquet de glaïeul pour les mettre dans les pièces à conviction?
- Quel bouquet… commença à m’interroger Burnett avant de s’interrompre brusquement.
Je vis qu’il regardait avec ébahissement le bouquet comme s’il était apparu de nulle part.
- Quoi? Vous ne l’aviez pas remarqué avant? M’étonnai-je.
- Non, en effet, marmonna le directeur vampire et agent de l’URF.
Un des agents qui se trouvait là s’empressa de les ranger dans un sac à pièce de conviction. Della et moi, avec un sérieux qui aurait fait rire nos amis, nous notions tout ce que nous jugions utiles.
Pour les deux nouvelles scènes nous trouvâmes à chaque endroit un bouquet de glaïeuls écarlates qui avait échappé à la fouille des inspecteurs précédents. Le pire dans tout ça, c’est qu’à chaque fois ce fut moi qui les découvris.
Une fois que nous eûmes fait le tour, Burnett nous annonça qu’il était temps de rentrer à Shadow Falls.
Je pouvais dire sans mentir que voir les corps des victimes m’avait ébranlée. Et c’est cette vision peu ragoûtante qui m’occupa l’esprit jusqu’à notre arrivé. Et à peine avions-nous fait un mouvement pour sortir de la voiture qu’un cri d’épouvante se fit entendre. Un cri de terreur absolu, et de souffrance. Et le pire c’était que je reconnaissais la voix.
J’aurais reconnu cette voix entre toute. Elle appartenait à Holiday. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire nous étions tous les trois sortis de la voiture, Burnett, Della et moi. Chacun d’entre nous ayant reconnu la directrice. Nous nous élançâmes tous d’un même mouvement en direction du cri de détresse. Par contre nous ne nous étions pas préparés à ce qui nous y attendait.

J'espère que cela ne vous a pas dérangés que j'ai inséré le point de vue de Della et Ethan... Si c'est le cas, je vous annonce qu'il est très probable que cela se poursuive dans les prochains chapitres. Sinon aimeriez-vous que je fasse la même chose avec un autre personnage? Certes je ne garantis pas d'avoir l'inspiration nécessaire pour le faire avec n'importe lequel, mais je pourrais essayer, ça ajouterait un nouveau défi :D Sinon, pour ceux qui ne savent pas à quoi ressemble des glaïeuls écarlates... Les voici.

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Un devoir
Nouveau départ
Morgane-Feroldi

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Morgane-Feroldi »

Salut, le point de vu d'ethan et della est une très bonne idée.
Sinon j'ADORE toujours autant !!!!
Mimie99

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Re: Nouveau départ [Nés à Minuit]

Message par Mimie99 »

Hey, me revoilà! C'est sans doute le chapitre que je vais avoir publié le plus rapidement :lol: Enfin, peu importe... J'espère que vous l'aimerez :D J'ai une petite précision à vous faire avant de vous laisser à votre lecture: dans ce chapitre j'ai ajouté le point de vue de deux autres personnes, par contre il se pourrait que le point de vue en question ne revienne pas dans les prochains chapitres, ou si c'est le cas, pas dans tous. Sinon, dernière chose, le point de vue de Della et Ethan seront toujours présent dans chacun des chapitres. Alors, voilà, désolée pour les fautes et sur ce, bonne lecture! :D


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Chapitre 4


Il y avait du sang partout. Le corps avait été éventré, mâchouillé, lacéré… La seule chose impeccable que l’on y retrouvait était le visage. Étrangement épargné. Holiday se tenait la main devant la bouche avec des yeux écarquillés par l’incompréhension, la douleur et l’étonnement. Comment cela avait-il pu se produire? Encore...
Une marque écarlate attira mon attention. C’était les mêmes fleurs. Les mêmes glaïeuls écarlates que nous avions trouvés sur les scènes de crime que nous avions visité le matin même. Je les désignai rapidement à Burnett, ce dernier serrant Holiday contre lui, il hocha la tête, confirmant ce que je pensais. Les meurtres étaient forcément liés. Je donnai un petit coup de coude à Della et on commença à prendre des notes discrètement tandis que les élèves débarquaient.
Bientôt des agents de l’URF vinrent nous prêter main forte et réussirent à éloigner les élèves trop curieux. Ce qui nous permit de faire notre travail plus facilement. La première chose qui nous surprenait c’était que pour une fois la victime n’était pas un élève, mais bien un professeur. En tout cas, pour ce qui était de Shadow Falls.
- Tu crois que ça veut dire quelque chose? M’enquis-je en faisant référence à l’âge de la victime.
- Je ne crois pas, non, dit Della. Ce n’est pas comme si on faisait de nouveau face à la chimère, non?
Je blêmis d’un coup. Quelque chose d’horrible venait de me traverser l’esprit. Mais c’était impossible, non? La créature qui causait tout ça… elle ne pouvait pas réellement faire ça, hein? Elle ne pouvait pas vraiment faire en sorte que tout le monde se mettre contre moi…
- Maria? S’enquit la vamp en fronçant les sourcils. Qu’est-ce qu’il y a?
- Rien… Rien, je dois sans doute être en train de devenir folle.
L’air qu’elle afficha ne me donnait pas vraiment envie de continuer mon mensonge, enfin… mon demi-mensonge.
- La chose qui a fait ça… On aurait dit qu’elle cherche justement à mettre la chimère en tant que suspect. Et le changement de comportement des autres… ils s’éloignent tous de moi.
- Et de moi, me fit-elle remarquer.
- Ce n’est qu’un effet secondaire. Je suis prête à parier que tous ceux qui sont sous l’influence de cette chose, quelle qu’elle soit… se montre particulièrement différent envers ceux qui sont toujours eux-mêmes. En bref, toi et les autres vampires. Et moi.
Elle ouvrit grands les yeux et je sus qu’elle comprenait tous les non-dits de ce que j’avais avancé. Della murmura à voix si basse que je l’entendis à peine :
- Si tout le monde s’éloigne de toi… ça voudra dire que… quoi? À quoi est-ce que ça l’avancerait?
Elle connaissait la réponse, ça se voyait à son visage.
- La seule raison pour laquelle j’ai vaincu à la fois la chimère que l’esprit maléfique… c’est parce que j’avais votre soutien et que je voyais que ça en valait la peine. Mais si tout le monde venait à me rejeter, comme c’est en train de se produire… je n’aurais pas la volonté de résister. Bien sûr je le ferais, mais on est toujours plus fort… avec une meute, répondis-je sur le même ton, voire encore plus bas qu’elle.
- Alors, c’est vraiment tourné contre toi? Faut-il en parler à Burnett?
Le fait qu’elle me demande si on devait en parler au directeur signifiait qu’elle ne pensait pas que ce soit une bonne idée. Sinon elle aurait simplement dit qu’il fallait qu’on le fasse, sans aucune autre marge de manœuvre.
- Non, pas tout de suite. On ne possède aucune preuve de ce que j’affirme. Tant qu’on n’aura rien de tangible, pas un mot à Burnett. Ni à qui que ce soit d’autre.
Elle acquiesça de la tête et je lui fis signe de continuer à prendre des notes.
C’est précisément pendant que j’analysais le corps que j’entendis un grondement bizarre. Un grondement qui me parvint à l’esprit :
- « Humm… le sang innocent est toujours le meilleur… »
Je sursautai fortement, ainsi que Della. Quoi, l’avait-elle entendu aussi? À voir son air catastrophé j’en conclus que oui. Je jetai un coup d’œil tout autour et remarquai qu’aucun des agents de l’URF n’avait cet air d’incrédulité.
- Tu as entendu? M’enquis-je.
- Oui, affirma-t-elle.
Et sans plus attendre on s’élança en direction du bungalow des directeurs, là on avait besoin de parler à Burnett. Et vite. Je manquai trébucher en apercevant une chevelure châtaine-doré derrière le couvert des arbres. Heureusement Della l’avait aperçu aussi et elle me rattrapa par le coude avant que je ne m’affale par terre. Je retins les larmes qui voulaient jaillir et j’accélérai encore. La douleur de mes jambes surmenées m’empêchait de ressortir quoique ce soit d’autre. Et pour l’heure c’était tout ce que j’étais capable de supporter.
*********************

Ethan retint un glapissement de loup en voyant Maria lui jeter un bref coup d’œil. Il vit la colère et la douleur traverser les yeux de sa petite louve malgré la distance où il se trouvait. C’est là qu’elle manqua perde l’équilibre. Il se retint de bondir pour la rattraper, il ne désirait pas avoir des os de casser en plus du trou béant dans sa poitrine. La vamp réussit à rattraper in extremis Maria avant qu’elle ne s’effondre. Sa louve, sa si forte Maria avait du mal à tenir debout. À cause de lui. Tout ça à cause de lui et de ses réactions bizarres. Il n’aurait jamais cru que cela serait si douloureux de se voir rejeter. De se voir rejeter alors que l’un comme l’autre, ils n’étaient pas prêt à se laisser partir. Alors pourquoi avait-il dit ça? Combien de fois encore ressasserait-il tout ce qu’il s’était passé cette nuit-là? Combien de fois essaierait-il de se souvenir de ce qu’il s’était passé après? En effet, le loup-garou n’avait plus aucun souvenir de ce qui s’était produit après que Maria aie disparu de sa vue. Pourtant il en avait une vague idée. Le fait qu’il se soit réveillé dans sa chambre avec l’odeur de Maïa sur lui révélait beaucoup de choses. Heureusement l’odeur n’était pas dans la chambre, mais uniquement sur ses vêtements. Par contre, s’il désirait reconquérir éventuellement sa petite louve, ce qu’il s’était passé risquait de poser problème. Après tout il avait retrouvé des traces de rouge à lèvre sur sa bouche. Ce qui ne signifiait qu’une chose. Elle l’avait embrassé. Maïa. Il était presque certain que ce ne pouvait pas être lui qui ait amorcé les choses. Non, il ne ferait jamais ça. Mais d’un autre côté il s’était toujours dit qu’il ne ferait jamais de mal à Maria… Et c’est pourtant ce qu’il avait fait. Il poussa un soupir avant de détourner les talons et de s’éloigner.
Étendu sur son lit il réfléchissait. En repensant à tout à l’heure, lorsqu’il avait aperçu Maria, il avait remarqué qu’elle arrivait tout droit de la scène de crime. Y avait-elle été mandée? Probablement pas si Della se trouvait avec elle. Mais non! Ce devait être pour l’URF. Alors elle avait accepté finalement. Il fut brusquement sortit de ses pensées lorsque la douce odeur de l’herbe fraîchement coupée lui parvint aux narines. Il renifla quelques secondes, les yeux à moitié fermé pour mieux l’apprécier. C’est là qu’il entendit murmurer son nom :
- Ethan… Ethan… Viens avec moi…
Il ne s’aperçut qu’il était descendu de son lit que lorsqu’il se retrouva à l’extérieur, après avoir passé par la fenêtre.
- Par ici…
Il suivit la voix pendant quelques secondes avant de se rendre compte que quelque chose clochait. Pourquoi suivait-il cette voix? Il ne la reconnaissait pas, même s’il admettait qu’elle était très charmante et semblait promettre plein de belles choses. Peut-être que la propriétaire de cette voix l’aiderait à regagner le cœur de sa bien-aimée? Non, il avait un doute. Et il préférait y arriver sans aucune aide.
- Ethan, approche. N’aie pas peur…
Il n’avait pas peur. Mais il ne faisait pas confiance à la voix. Il tenta de se retourner, dans l’intention de rejoindre son bungalow, mais tout d’un coup le noir tomba sur ses yeux et il perdit connaissance.
À son réveil il n’y avait que les arbres autour de lui et une désagréable odeur de sang dans sa bouche. Un sang à la fois extrêmement exquis et terriblement repoussant. Il remarqua avec étonnement que ses vêtements étaient déchirés en plusieurs endroits et cela ressemblait vaguement à des coups de crocs ou de griffes. Voire les deux. Sauf qu’il n’arriva pas à retracer la moindre blessure. Tandis qu’il touchait sa peau immaculée à travers un trou de son t-shirt un souvenir terrible lui vint.
Il sentit une terrible douleur lui transpercé le torse. On aurait dit que quelque chose venait de lui planter profondément les griffes dans sa peau. Il tenta de se relever et de se défendre, il s’en savait capable avec la Pleine Lune qui approchait. Sauf que quelque chose l’empêchait de bouger. Il manqua s’étouffer lorsqu’on lui fit boire un truc visqueux à l’arrière-goût métallique. Du sang. Aussi délicieux que dégoûtant. Il se surprit à agripper le poignet d’où jaillissait le sang pour boire le fluide vital plus rapidement, avec plus d’intensité. Il ressentait presque un sentiment d’ivresse.
- Continue comme ça, petit loup. C’est bien… Bientôt, bientôt tu m’appartiendras.
Il ne voulait pas savoir ce que cela signifiait, mais soudain une nouvelle blessure s’ajouta à l’autre. Cette fois sur sa cuisse, mais c’était une morsure. Celle d’une mâchoire immense. Plus grosse que celle de la chimère.

Ethan reprit conscience de la réalité en un sursaut. Que s’était-il passé? Et qui lui avait-il fait ça? Mais surtout quel était le but de tout ce cirque? Il se releva péniblement et se résigna à rentrer à son bungalow. Il fallait qu’il se change avant d’aller au diner. Peut-être allait-il avoir l’occasion de revoir Maria? Après tout, elle n’aurait pas le choix d’y aller! Et en plus, si elle s’assoyait avec ses amis, c’était autant les siens maintenant. Pourquoi n’en aurait-il pas le droit.
Tout en marchant d’un pas lent jusqu’à son bungalow, Ethan s’avait profondément qu’il n’irait pas s’asseoir à la même table qu’elle. Même s’il en mourrait d’envie. Même si la savoir si proche et pourtant inaccessible allait l’anéantir.
*********************

Della aurait eu envie de crier après Maria pour qu’elle se reprenne, mais elle n’en fit rien. Elle savait bien, au fond d’elle, que ce n’était pas vraiment de la faute de la louve si elle avait du mal avec tout ce qui se passait en ce moment avec Ethan. La réalité était que la vamp détestait par-dessus tout de voir son amie faible à ce point. Elle s’était habituée à la voir comme une fille qui ne se laissait pas abattre par tout ce qui se passait autour d’elle. Qui ne baissait jamais les bras et gardait la tête haute. Sauf qu’elle savait. Elle savait que Maria et elle se ressemblaient beaucoup plus qu’il n’y paraissait. Elle avait déjà vécu quelque chose de similaire et après… tout avait été très compliqué. Ou plutôt ce l’était toujours. Juste avec Steve. Puis Chase. Il valait mieux ne pas y penser, se morigéna-t-elle vertement et bien sûr mentalement.
Elle ne voulait pas l’avouer, mais elle avait quelques difficultés à suivre le rythme de Maria. On aurait dit que cette dernière allait encore plus vite qu’avant. Mais malgré ses difficultés aucune plainte ne sortit de la bouche fermée de Della.
Une fois finalement arrivée au bungalow des directeurs du pensionnat, ce fut Maria qui toqua à la porte. Cette dernière s’ouvrit avec brutalité sur Burnett. Il perdit toutefois rapidement son air contrarié et furieux en voyant qui était sous son proche. Au moment où la louve ouvrit la bouche pour parler, elle fut interrompu par l’arrivé d’autres personnes. Et pas n’importe qui. Il s’agissait de tous les vampires de Shadow Falls. Du moins… tous sauf un. Le nouveau. Comment il s’appelait déjà? Ah, oui, Jackson. Elle chercha Katryne une seconde dans la foule, avant de se rappeler que l’autre vamp était déjà là, elle habitait avec Burnett et Holiday.
- Que se passe-t-il ici! finit par lâcher le vampire, après une minute de silence.
Apparemment tout le monde se demandait pourquoi les autres étaient là. Ce fut finalement la seule louve-garou présente qui répondit à la question.
- Je ne sais pas pour les autres, mais Della et moi, on a entendu une voix qui grognait…
- Humm… le sang… la coupa quelqu’un.
- Innocent est… renchérit un autre.
- Toujours le meilleur, conclut Burnett. L’avez-vous tous entendu? Est-ce pour cela que vous êtes tous ici? s’enquit-il ensuite.
En voyant tout le monde hocher de la tête le cerveau de la vamp se mit à aller à toute vitesse. Comment était-ce possible? Soudain cela fit « tilt » dans sa tête. Une idée venait de lui traverser l’esprit. Et elle se demandait bien pourquoi elle n’y avait pas pensé avant.
- Vous l’avez aussi entendu, n’est-ce pas? Demanda-t-elle sur un ton pressant.
- Katryne et moi l’avons entendu, en effet, affirma-t-il.
Les épaules de Della s’affaissèrent. Si Katryne l’avait entendu aussi, sa théorie ne tenait pas la route. À moins que…
- Maria! S’écria-t-elle, faisant sursauter involontairement tous ceux autour d’elle.
- Quoi? Dit l’intéressée avec un ton légèrement sec.
- Est-ce que tu as donné de ton sang à Katryne ou… commençait-elle sauf que son amie la coupa avant la fin.
- Oui.
- Ma théorie fonctionne alors! Jubila-t-elle, peut-être avec un peu trop de force, car tout le monde la dévisagea.
Burnett, quant à lui, lui jeta un coup d’œil en haussant un sourcil inquisiteur.
- Il faut que je vous parle. C’est en rapport avec l’URF, lui dit-elle en jetant un petit coup d’œil discret vers les autres.
Le directeur comprit le message, car il dit :
- Rentrez tous à vos bungalows. Je vous tiendrai au courant si je devais avoir des informations à ce propos, mais pour l’instant je n’ai aucune idée de ce que ça peut-être.
Les vampires eurent tous un sifflement de colère et de résignation mêlés, mais ils obtempérèrent, car personne ne désobéissait à Burnett. Enfin… personne sauf elle et ses amis, bien sûr.
Dès qu’ils furent tous parti, le maître des lieux les fit entrer et ils se dirigèrent vers la chambre pour enfant d’Hannah. Une fois là il se tourna vers elle et avec un calme stupéfiant pour sa personne il demanda :
- Quelle est donc ta théorie, Della?
- Tous les vampires sauf un ont entendu cette phrase. Tous les vampires de Shadow Falls qui sont là depuis l’arrivée de Maria sont toujours eux-mêmes. Une seule personne qui n’est pas vampire a pu entendre la phrase et conserver son comportement. Maria. Une seule vampire a entendu la phrase sans jamais avoir été ici. Katryne. Quel lien y a-t-il entre tout ça? Expliqua-t-elle lentement.
Elle se doutait qu’il ne verrait pas le lien immédiatement. Mais Maria, si. Juste avoir sa réaction tétanisée, elle avait compris. C’est d’une voix blanche qu’elle lâcha :
- Mon sang. J’ai payé de mon sang pour passer une heure avec Lucas. Tu es en train de dire que vous en avez tous bu? Même vous, Burnett?
Burnett venait de comprendre, si les yeux de la vamp ne la trompaient pas.
- Oui. C’est une sorte de tradition, ici. Tous les vampires boivent une gorgée de la poche de sang du donneur.
- Nous avons tous, autant que nous sommes, bu le sang de Maria, approuva Della. Katryne aussi. Je crois que c’est grâce à son sang que nous devons notre capacité à rester nous-mêmes. D’une façon ou d’une autre, Maria est immunisée et en buvant son sang nous le sommes devenus aussi.
- Mais c’est impossible! Protesta la principale intéressée. Depuis tout ce temps vous auriez dû avoir éliminé tout mon sang!
- Peut-être que le sang n’était que le moyen de faire passer ton immunité, mais qu’elle agit dès qu’elle entre dans notre organisme? Proposa la vamp.
Le directeur semblait réfléchir profondément. Elle se demandait bien à quoi il pouvait penser. Elle n’eut pas à se questionner longtemps, car il partagea sa pensée avec elles :
- La théorie de Della se tient, Maria. Maintenant, il faudrait trouver comment cette immunité agit. Est-ce qu’une simple transfusion de sang suffirait à traiter tout le monde? En faut-il une certaine quantité? Est-ce qu’il faut l’ingérer comme de la nourriture, ou est-ce le transmettre par les veines fonctionneraient aussi?
- Hé! Je ne suis pas une donneuse ambulante! S’écria Maria, avec un soupçon de son ancienne colère.
Della la comprenait un peu, car de la manière dont s’était exprimé l’autre vampire, il laissait sous-entendre qu’il aurait besoin de beaucoup de sang. Et aussi de faire plusieurs tests.
- Pas même pour sauver tes amis? L’interrogea-t-il.
Il venait de la coincer. Ils le savaient tous les trois. Ce fut d’ailleurs confirmé lorsque la louve lâcha un grondement.
- Très bien, très bien! Je servirai de cobaye ambulant! Lâcha-t-elle sur un ton où pointait un peu de colère encore.
Au début la vamp ne comprit pas pourquoi. Jusqu’à ce qu’un nom lui traverse l’esprit. « Ethan. » Della sursauta. Le nom du loup-garou ne lui était pas venue à l’esprit comme ça. On le lui avait imposé. « Je ne veux plus avoir à faire à lui… plus maintenant. Mais je ne peux pas le laisser comme ça. Bon sang… que dois-je faire.» Que dois-je faire. Et voilà! Encore! Mais, qui donc s’amusait à envahir son esprit! La chimère? Elle ne sentait pas sa présence, ce qui était habituellement le cas lorsqu’elle se trouvait dans les parages. Alors qui pouvait bien… Maria. Il n’y avait que Maria pour penser à Ethan maintenant et de cette façon-là. La vamp se sentit bouillir de colère. Pas contre Maria. Mais contre le stupide petit loup-garou de pacotille! Elle sentit ses canines se pointer, mais fit en sorte de les cacher pour dire :
- Je vous laisse réfléchir à tout ça. J’ai un petit quelque chose à aller faire.
« Della, non… ne fais pas ça. Je t’en prie. » Reprit la voix de Maria qu’elle reconnaissait à présent, malgré qu'il y ait une certaine différence. Trop tard, pensa la vamp en sortant en coup de vent.
Elle n’était pas certaine que Maria ait vraiment su ce qu’elle faisait. Toujours est-il que ce pouvoir était très, très étrange. Elle ignorait que la louve le possédait et elle était prête à parier qu’elle aussi. Bien sûr, Kelsea, la chimère, avait dit qu’un jour Maria et elle seraient capable de communiquer ainsi. Mais elle n’avait jamais laissé entendre que la louve-garou serait capable de le faire avec d’autres personnes. Enfin, elle aurait tout le temps d’y réfléchir plus tard, se dit la vamp. Pour le moment elle devait trouver le petit con de loup-garou. Elle n’avait que trop tarder pour son châtiment.
Alors qu’elle percevait enfin l’odeur de l’odieux loup-garou, elle eut une idée bien meilleure. Pourquoi ne pas lui foutre la raclée et la honte de sa vie devant tout le monde? Cette idée l’enthousiasma beaucoup plus et c’est comme ça que Della retourna à la même vitesse qu’elle était partie vers le bungalow où elle avait laissé son amie.
********************

J’aurais voulu me frapper la tête contre le mur. Pourquoi fallait-il que j’aie une amie qui possédait pratiquement le même caractère que moi? Pour une fois j’aurais préféré que Della soit comme les deux autres, ou du moins qu’elle se contente d’une tape sur l’épaule et de dire « ça va aller, t’inquiète ». Mais non, il fallait qu’elle aille régler ses comptes. Sauf que si confrontation il devait avoir lieu, ce devrait être entre Ethan et moi. Pas entre lui et son amie. C’était hors de question que je laisse quelqu’un d’autre s’occuper de ses combats. Je m’apprêtais donc à emboiter le pas de la vamp avec la ferme intention de la ramener ici que celle-ci le veuille ou non lorsque Burnett me figea sur place en posant une minuscule question :
- Que s’est-il passé?
C’était la question à laquelle je ne voulais pas avoir à répondre. Jamais. Pourtant sous le regard scrutateur du vampire, je me retrouvai à tout déballer d’un coup. Sans éviter les petits détails.
À la fin j’aurais voulu m’enfoncer la tête dans le sol pour ne pas voir sa réaction. Qu’est-ce qui m’avait pris de lui dire tout ça? Bon sang! Il allait forcément croire que je pleurnichais pour rien. Ou pire il me retirerait de l’URF parce que j’étais trop faible selon lui. Oh, non! Pitié! Tout, ou presque, sauf ça! Malgré que tout mon être fût contre l’idée, je relevai la tête et je serais tombée de ma chaise si ça n’avait pas été du fait que j’étais debout. Burnett était blême de rage.
- Il ne trouvait pas que tu en avais déjà assez sur le dos, cet abru…
Il s’interrompit de lui-même, sans doute se rendait-il compte qu’un directeur n’était pas censé traiter ses élèves de nom? Et surement pas d’abruti. Ou sinon c’était parce que je m’étais soudainement crispée.
- Je vais aller lui parler de ce pas… dit-il en voyant sans doute à quel point j’étais sur le bord de l’effondrement.
Il s’avança d’un pas déterminé vers la porte, mais sans doute n’avait-il pas prévu que je m’interpose, car il me fonça de plein fouet dedans. Je profitai de son moment d’hébétude pour le repousser de l’autre côté de la chambre pour enfant.
Cela ne sembla pas trop lui plaire, ou sinon je n’y étais pas allée assez doucement, car il relava sa lèvre supérieure. Heureusement aucune trace de canine. Il reprit presque immédiatement le contrôle de lui-même et grogna, tout de même mécontent :
- Pourquoi?
- C’est à moi et à moi seule de faire regretter à… à Ethan d’avoir fait ça. Ce droit me revient à moi. À personne d’autre. Ni à toi. Ni à Della. Personne.
Il hocha la tête et dit :
- Tu n’as pas réussi à empêcher Della.
- Personne ne le peut, marmonnai-je.
C’est précisément à ce moment-là que la porte du bungalow s’ouvrit et que j’entendis quelqu’un s’approcher. Si je me fiais à mes oreilles la démarche de la personne correspondait à ma coloc vampire.
En effet, la porte de la chambre s’ouvrit sur le visage de mon amie.
- Tu n’as pas pris de temps, dis-je, dépitée.
- Tu aurais préféré que ce soit plus long? S’étonna-t-elle.
Je la foudroyai du regard, mais elle ne put s’empêcher d’éclater de rire. Elle ajouta :
- Tu n’as pas à t’inquiéter, en route je me suis rendue compte que j’avais un bien meilleur plan.
- Et c’est?
- Tu crois vraiment que je vais te le dire? Ricana-t-elle avec un grand sourire.
Tout ce que je trouvai à répondre ce fut un soupir. Pourquoi est-ce que nos amies trouvaient toujours le moyen de faire des bêtises en notre nom? Toutes les émotions qui se bousculaient en moi me donnaient presque envie de vomir. Colère (peut-être plutôt de la fureur), tristesse, désespoir, rancœur, soulagement… Un mélange un peu étrange, il fallait se l’avouer.
- Est-ce que vous avez réfléchi à propos de ma théorie? S’enquit la vamp.
Je suppose qu’elle remarqua immédiatement à mon visage que nous n’avions pas du tout discuté de ça, car un petit sourire pointa le bout de son nez. Sans doute avait-elle vu que Burnett était beaucoup plus proche du fond de la chambre que lorsqu’elle était partie. Pour répondre à sa question je me contentai de grogner, ce qui fit confirmer ses soupçons et de ce fait agrandit son sourire.
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Katryne ne savait pas trop quoi faire. Elle avait passé la plus grande partie de la journée à faire les cent pas dans sa chambre. Elle était une Québécoise, perdue au milieu d’Américain et d’une Québécoise reconvertie qui se trouvait être son ancienne meilleure amie. La seule qu’elle est eu la force d’abandonner de son plein gré, la seule avec qui elle avait tout gâché et aussi la seule qui pouvait l’aidé. Quelle ironie du sort! Pourquoi avait-il fallu qu’on la transforme en vampire? Toute cette histoire aurait ainsi été évitée et elle n’aurait pas eu à revoir Maria. Elle n’aurait pas eu à faire revivre leur passé difficile.
Elle avait tout entendu de la discussion entre le directeur de ce pensionnat… Comment s’appelait-il déjà? Ah, oui! Burnett. Entre Burnett, Maria et l’amie vampire de cette dernière. Une véritable amie. Elle avait été aussi choquée d’apprendre, pendant que l’autre vamp était partie, ce qu’avait fait le petit-ami, enfin… l’ex maintenant, de Maria. Mais quel idiot! Ne se rendait-il pas compte à quel point elle était… Ne pas aller plus loin, se morigéna-t-elle. Nous ne sommes plus amies, plus elle se ramène vers le passé, plus se sera dur d’oublier. De passer à autre chose. Ça lui avait pris plus de cinq ans pour réussir à éloigner de ses pensées sa meilleure amie d’antan. Elle n’avait pas totalement passé à autre chose, quoiqu’elle en ait dit. Avec Maria ça avait toujours été d’un extrême à l’autre, sauf qu’elle avait toujours su qu’elle pourrait compter sur elle. Mais l’inverse n’était pas vrai. Car son ancienne amie n’avait pas pu compter sur son soutien. Son soutien à elle, Katryne. Par contre Maria n’était pas au courant de tout. Elle ne lui avait jamais dit la terrible nouvelle qu’elle avait apprise la veille de la journée de la grande révélation de Maria. Elle avait été atteinte d’une terrible maladie. Le cancer. Elle avait compté le lui annoncer ce soir-là, mais… elle avait entrevue une autre possibilité. Pourquoi devrait-elle faire endurer toute cette longue agonie à sa plus grande amie? Par contre, elle n’avait pas prévu les conséquences de son acte. Alors là, pas du tout. Lorsque Maria était partie, Katryne avait été anéanti. Mais elle ne l’avait pas montré. Pas plus qu’elle n’avait montré l’immense joie qu’elle avait eu de la revoir après tant d’années. Si seulement cela avait pu avoir lieu en d’autres circonstances… Pas après qu’on l’avait transformé en une créature qui survivait grâce au sang. Elle n’avait jamais eu peur du sang, mais elle avait fini par en détester le goût, car durant ses traitements il était arrivé régulièrement que ce goût lui avait envahi la bouche. Même maintenant que son état de vampire rendait le goût du sang plus supportable, il y avait toujours un arrière-goût désagréable qui lui rappelait le prix qu’avait coûté son rétablissement miraculeux. Elle n’avait plus de cancer maintenant, mais il était fort probable qu’elle ne puisse plus jamais revoir sa famille. Une larme perla au coin de ses yeux et elle l’essuya d’un geste rageur. Elle aurait pu être meilleure en anglais. Certes, elle avait eu des difficultés au primaire, ce dont Maria se souvenait. Mais ce n’était pas à cause de cette difficulté que maintenant elle était toujours nulle. Ses traitements la vidaient tellement qu’elle n’avait plus l’énergie nécessaire pour ses cours, c’est comme ça qu’elle avait fini par en couler la majeure partie. Si elle continuait à y réfléchir, la colère risquait de la submerger. Et ce n’était jamais une bonne chose. Elle se résigna donc à aller se coucher sur son lit et dévisager le plafond inintéressant.
Plusieurs minutes, voire heures, plus tard on cogna à la porte.
- Oui? Marmonna-t-elle.
- C’est l’heure du diner, grinça Maria de l’autre côté. Le souper, précisa-t-elle après en français, mais beaucoup plus bas.
Katryne se redressa d’un bond et sortit à la nouvelle vitesse qui lui était propre à l’extérieur de sa chambre, manquant de percuter son ancienne amie au passage. Cette dernière leva les yeux au ciel et lui fit signe de la suivre.
Elle trouva très désagréable de se promener en compagnie des deux directeurs, leur petite fille, Della (c’était le nom de l’amie vampire de Maria) et son ancienne amie. En particulier, car toutes ces personnes savaient ce qu’elle avait fait. Elle acceptait leur colère, parce que c’était son problème à elle si aucun d’eux, Maria compris, ne connaissait la vérité sur les raisons qui l’avait poussé à faire ça.
- Qu’est-ce qu’il y a pour manger ce soir? Demanda-t-elle en maltraitant son anglais sans le vouloir.
- Aucune idée, répondit Maria sur un ton étrangement froid.
Ethan avait un méchant problème sur les bras, parce que lorsque Maria en aurait terminé avec la tristesse et que du même fait elle ne l’aimerait plus… sa colère allait être terrible. Voir horrifiante. Elle ne voulait surtout pas être à la place du loup-garou.
Lorsqu’ils arrivèrent au réfectoire, là où apparemment tout le monde mangeait et pour tous les repas, elle ne rata pas le sursaut qu’eurent Della et Maria. Elle suivit leur regard et elle remarqua que les autres personnes qui avaient accueilli Maria se trouvaient tous à des tables différentes. Ensuite elle les vit regarder une table vide, sans doute celle où ils avaient l’habitude d’aller manger tous ensemble…
- Qu’est-ce qu’on fait? Demanda l’autre vampire.
- Il est hors de question que j’aille manger avec mon cousin, Ethan et cette… commença Maria, mais elle décida de la couper.
- Je mange où?
Elle avait remarqué que l’attention de la « garce » en question s’était tournée dans leur direction. Ainsi que celle d’Ethan. Et à voir ses yeux… il était dans un état aussi pitoyable que Maria, malgré que l’autre louve tente tout pour attirer son attention. Elle entendit alors un murmure dans le fond de la salle :
- Je suis sûre que c’est encore à cause d’elle et de sa chimère! Shadow Falls était beaucoup plus paisible avant qu’elle arrive! Même avec ce qui arrivait à Kylie.
- Tu ne crois pas ce que tu dis, Helen… dit la voix d’un gars, paraissant embarrassé.
- Moi je crois qu’elle a raison, protesta quelqu’un d’autre. Elle devrait partir et ne plus jamais revenir.
Katryne vit parfaitement Delle se raidir, ainsi que Maria. Elle les avait entendus. Elle mourrait d’envie de crier à tous ces gens qu’ils étaient stupides de dire des choses pareilles, mais elle n’en fit rien. Son statut de la pire ex-meilleure amie ne lui en donnait pas le droit. Elle jeta un coup d’œil à Ethan et à voir son air encore plus affligé, elle comprit que lui aussi avait entendu. Elle entendait battre les cœurs en colère de tous les élèves alentours. Peut-être devraient-elles aller manger ailleurs?
- Tu mangeras avec nous, dit Maria sur un ton grondant. Venez les… commmençait-elle, mais elle s’interrompit brusquement en voyant fondre Della en direction de la table d’Ethan.
Maria tenta de la retenir, mais Della était trop loin. Quant à elle, elle ne savait pas trop où aller. Où est-ce qu’elle dérangerait le moins? Très vite cette préoccupation quitta son esprit, car ce que faisait l’autre vampire était autrement plus intéressant.
Elle avait saisi Ethan par le col et l’avait soulevé dans les airs. Elle le balança alors à l’autre bout de la pièce avec un sifflement de colère trop longtemps contenu. Elle hurla alors :
- Je t’avais prévenu, Ethan Dawson! Je t’avais prévenu qu’au moindre faux pas tu aurais à faire à moi.
- Je n’ai pas à me justifier devant toi! gronda le loup-garou, blême de colère.
Cette réaction ne ressemblait pas à celle qu’aurait dû avoir l’Ethan aux yeux tristes de plus tôt, ou même celui qu’elle avait appris à connaître dans la semaine avant de venir ici. Il fondit sur la vamp et ce fut au tour de celle-ci de se faire prendre par le col. Lui, par contre, il la balança à travers le mur. Elle se releva presque immédiatement, ivre de rage. Sauf qu’elle n’eut pas le temps de retourner se battre, car Maria entrait en scène. Katryne se dit en la voyant frapper son ex que celle-ci avait toujours eu un certain talent pour se battre et souvent pour protéger les autres, ou simplement parce qu’elle était en colère. Très en colère. Et c’était les deux cas présentement. Elle se mordit les lèvres. Qu’allait-il se produire?
Soudain Ethan saisit Maria par les avant-bras et il sembla les broyer comme s’ils s’étaient s’agit de beurre. Son ancienne meilleure amie hurla de douleur et de rage tandis que du sang dégoulinait de ses avant-bras tordus. Della revint à ce moment-là à la charge et le percuta de toutes ses forces, faisant ainsi lâcher prise le loup-garou. La vamp fit reculer prestement son amie et Katryne aperçut alors Ethan dévisager ses bras avec horreur. Qu’est-ce que cela signifiait-il? Avait-il agi de son propre chef ou… Elle refusa de réfléchir plus avant. Maria et Della revenaient et à voir leur regard, elles ne comptaient pas manger là.
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Je ne pouvais plus sentir mes doigts, mes mains, mes avant-bras. Ou peut-être que je sentais justement trop ces derniers… Comment Ethan avait-il pu avoir autant de force? J’avais été incapable de me déprendre de sa prise, malgré que théoriquement j’aurais dû être plus forte que lui. Je sentais le poids de son regard dans mon dos tandis que je me laissais entraîner par Della à l’extérieur. Katryne nous suivait sans dire un mot, mais à la tension de ses épaules je me doutais que la situation la touchait bien plus qu’elle ne le laissait croire. Je me demandais pourquoi.
Je remarquai rapidement qu’on ne se dirigeait pas vers notre bungalow.
- Qu’est-ce que tu fais, Della! M’exclamai-je.
- Comme aucune de nos amies n’avait l’air de voir que tu étais blessée, je crois qu’il vaut mieux… commençait mon amie, mais quelqu’un la coupa.
- Est-ce que je peux savoir ce qu’il s’est passé?
Burnett. Et à voir le ton grondant qu’il prenait, il était très en colère.
- Tu ferais mieux de m’expliquer, Maria, pourquoi je ne suis pas en train de ramener Ethan, les menottes au poignet.
- Burnett! M’indignai-je avec un peu trop de force pour que cela semble naturel.
Pourtant cela aurait dû l’être. Deux jours plus tôt je l’aurais fait, le croyant à ce moment incapable de me faire le moindre mal, physique ou émotionnel. Maintenant… je le croyais capable de faire les deux.
- Il faut t’amener chez le docteur Whitman.
- Encore lui? Me plains-je à moitié.
- Oui, se contenta-t-il de répondre. Et vous mangerez en ville toutes les trois.
- Seules? S’étonna Della.
- Maria, j’aimerais que la chimère vous accompagne et… des agents dont j’ai l’entière confiance vous suivront. Pour ne pas que celle-ci (il désigna Katryne) se retrouve de nouveau entre les mains de son Créateur.
- Donc vous restez ici? s’étonna Katryne.
- Je dois garder un œil sur mes élèves et sur… commença-t-il à répondre avant de se rendre compte que celle qui avait posé la question n’était pas au courant de l’enquête que nous menions. Oui, conclut-il.
Il passa alors les clés de sa voiture à Della et lui conseilla d’être prudente. Moi j’espérais simplement qu’il n’y aurait pas d’autres combats ce soir. Au fait… Comment étais-je censée faire pour appeler la chimère à moi? C’était probablement possible, mais… j’ignorais comment. Peut-être que si je pensais très fort à elle…
Je m’exécutai, mais j’avais très peu d’espoir en la réussite de ma tentative, c’est sans doute pourquoi je manquai faire un bond de dix mètres dans les airs en apercevant Kelsea devant moi. Elle eut un sourire canin et sans réfléchir je lançai :
- « Ce n’est pas drôle! »
- « Maria, tu l’as encore fait! »
- Oh, mince.
Et voilà, la magie était rompue. Pourquoi est-ce qu’instinctivement j’en étais capable, mais pas volontairement? J’en avais presque oublié la douleur de mes avant-bras jusqu’à ce que je vienne pour me frapper la cuisse du poing. Disons simplement que je ne réussis aucunement à me faire mal à la cuisse. Pour mes avant-bras, par contre, c’était une toute autre histoire. Je lâchai un glapissement involontaire.
- Tu peux faire quelque chose? M’enquis-je en présentant mes avant-bras à mon amie sur quatre pattes.
Si je pouvais m’éviter une nouvelle visite chez le vétérinaire, ce serait parfait. Kelsea s’approcha de moi lentement et renifla une seconde mes blessures avant de reculer d’un bond en arrière. Elle lâcha rapidement :
- « Je ne peux rien faire. Désolée, Maria. C’est beaucoup plus fort que mes pouvoirs. Qu’est-ce qui t’a fait ça? »
- Ethan.
Elle sembla stupéfiée, puis ensuite effrayée. Ce qui me fit paniquée à mon tour. Pourquoi est-ce que j’avais le sentiment que tout ça sentait très mauvais? Probablement parce que lorsqu’une créature de deux mètres et plus de haut avait peur de quelque chose, c’était que ce devait être horriblement terrifiant.
- Pourquoi est-ce que cela à l’air très grave? Demandai-je, même si intérieurement j’avais très peu envie de savoir la réponse.
- « Parce qu’il n’y a qu’une seule créature qui surpasse mes pouvoirs. En force. Et je n’en ai pas entendu parler depuis des siècles. Je croyais que tu avais eu affaire à un ancien, ce qui aurait déjà été très gros en soit, mais… si tu me dis que c’est Ethan, ton… Enfin, Ethan qu’on connaît qui t’a laissé ces marques, ça veut dire que c’est un jeune de cette espèce. Et ça c’est très mauvais. »
- En quoi est-ce mauvais? La questionnai-je malgré que je me sentais faiblir.
- « C’est créature ne peuvent pas se multiplier par elle-même, il leur faut une aide extérieure. Et cela demande beaucoup de puissance. Ce qui signifie que non seulement cette créature est présente, mais qu’en plus elle a un maître qui peut transformer des loups-garous en d’autres créatures comme elle. Ethan n’en ait encore qu’à la première phase. Lorsqu’il aura atteint la phase 3, il sera probablement trop tard pour lui… »
- Tu es en train de me dire qu’il se transforme en quelque chose et qu’il deviendra son pantin? Et qu’il y a peut-être un moyen de le sauver? Mais comment! M’exclamai-je.
- « Nous en reparlerons une autre fois. Là, il faut commencer par aller soigner tes blessures. Della, occupe d’emmener Katryne. Maria a besoin de soin et tout de suite. »
Sur ces mots la chimère me fit signe de grimper sur son dos, mais pour ce faire j’eus besoin de mon amie la vamp, car j’étais dans l’incapacité de monter par moi-même.
Tandis que je me demandais comment j’allais faire pour m’agripper à elle, et ne pas risquer de me perdre dans le passage entre l’Ombre et la Lumière, une force me plaqua contre son dos et je me retrouvai dans l’incapacité de bouger. Sur ce, elle bondit et pénétra dans l’étroit passage, laissant les deux vampires derrière nous.
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Matthew n’arrivait plus à se concentrer sur rien. Son travail ne l’intéressait plus et de toute manière il ne pouvait plus rien faire. Ça ne servirait à rien. Il ne voulait pas inquiéter Maria sur son état, mais il se doutait qu’elle réagirait encore très mal lorsqu’elle l’apprendrait. Ethan aussi probablement… Que ferait-il pour qu’ils soient tous les deux-là, avec lui! Surtout qu’il avait l’étrange impression qu’un truc terrible se préparait dans l’ombre. Malheureusement ses connaissances des créatures propres à l’entourage des Lechasseur se résumaient en la chimère. Il ne pouvait plus aider sa fille, c’était un fait. Et tant d’épreuves l’attendaient encore… il en était sûr.
Il s’affala sur le bord de son lit et lâcha une goutte de sa potion dans son verre d’eau, qu’il cala d’un trait malgré le goût infect. Il avait hâte de revoir sa fille, elle ressemblait tellement à sa mère, c’était incroyable. Son neveu aussi l’intriguait. Tant de choses qu’ils avaient manquées. Il plaignait Lucas d’avoir eu à endurer son frère. Pour rien au monde il ne voulait le revoir, à côté de lui les frères de Rose étaient de vrais anges. Il poussa un soupir, il n’avait qu’à attendre quelques jours. Seulement quelques jours et il reverrait sa petite famille.
Il s’étendit complètement sur son lit et regarda le plafond en disant :
- Rose… Ce serait tellement mieux si tu étais là. Notre fille n’aurait pas eu à vivre tout ça, d’un seul coup. Elle aurait eu une vie heureuse, sans problème. Et par-dessus tout tu serais avec moi. Je suis perdu, Rose. Je ne sais plus quoi faire. Ni quoi dire. Comment réagira-t-elle, tu crois? (Il prit une seconde de silence comme si sa femme allait lui répondre) Surement avec colère comme tu l’aurais fait. Tu me manques tellement… Chaque jour qui passe, je ne peux m’empêcher de penser à toi. À tous nos souvenirs et à ceux que nous aurions pu avoir. Tu étais à moi et je t’ai perdu. Sans pouvoir te dire au revoir. Et je l’ai perdu elle aussi. Et je n’ai même pas su veiller sur ton frère comme tu me l’avais demandé. Peut-être m’en veux-tu? Oh, Rose…
Il continua à murmurer des paroles dans le même genre jusqu’à tard dans la nuit. Lorsqu’enfin il fut épuisé, il s’endormit en prononçant son nom, car dès qu’il fermait les yeux il voyait son visage. Son visage souriant. Et maintenant il s’y ajoutait celui de sa fille. Celle qui avait toujours vécu sans lui.
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En atterrissant j’avais l’impression que mes avant-bras voulaient se détacher de mon corps. En plus précisément, c’était atrocement et terriblement douloureux. Pourquoi est-ce que je venais toujours ici quand… Parce que je suis bonne pour ça me faire blesser par des créatures tellement étrange qu’on ne peut pas être guérie d’aucune autre façon! Je retins un grognement de colère. Kelsea se coucha sur le ventre pour me permettre de descendre, c’était clairement plus facile que de grimper! Par contre en arrivant devant la porte j’étais autant dans l’incapacité de l’ouvrir que de cogner. Ce fut donc la chimère qui s’en chargea à ma place, grâce à l’une de ses griffes de raptor elle toqua contre la porte.
Une minute plus tard le docteur Whitman ouvrait la porte d’un air contrarié, jusqu’à ce qu’il aperçoive mon visage rouge de douleur et finalement mes avant-bras.
- Mais qu’est-ce qu’il t’est arrivé, par les dieux de l’Enfer, Maria! S’écria-t-il, éberlué et sous le choc.
- Ce serait très long à expliquer.
Il ne semblait pas avoir vu la chimère.
- Comment es-tu arrivé jusqu’ici?
- Par mes propres moyens, répondis-je avec un sourire forcé. Est-ce que vous… pouvez m’aider ou…?
- Si, bien sûr. Aller entre. On n’a pas de temps à perdre.
Il m’entraina rapidement jusqu’à sa salle d’opération et me demanda de m’installer aussi confortablement que possible sur la table d’examen. Il commença par m’administrer quelque chose dans le creux du coude qui me paralysa presque de douleur, ce qui me fit grogner :
- Hé! Mais qu’est-ce que vous faites, bon sang!
J’avais prononcé accidentellement les deux derniers mots en français.
- Je te donne un antidouleur. À moins que tu préférais que j’y aille à froid?
Il semblait limite en colère. Bon, d’accord, j’étais toujours en train de le sous-estimer, mais… il était vétérinaire! Je n’étais pas un chien, que je sache! D’accord, je suis une louve, mais… peu importe.
- Ah, d’accord, fut la seule chose que je prononçai, car après je me retrouvais à me tordre sur la table en hurlant de douleur.
C’était pratiquement comme si mes veines se consumaient par le feu, elles s’embrasaient à un tel point que j’étais sur le bord de rompre et de perdre la carte. La douleur était rendue plus que cuisante. Je passai à deux doigts de perdre connaissance, mais par un effort de volonté je réussis à articuler en postillonnant :
- Vous êtes sûr que c’était un antidouleur? Parce qu’il ne me semble pas très efficace.
Il grommela quelque chose comme :
- Une réaction. J’aurais dû m’y attendre.
C’est à ce moment, alors que la douleur était à son paroxysme que je compris quelque chose. Il ne me semblait pas exactement dans son état normal, mais pas non plus avec un comportement très différent. Y avait-il quelque chose de spécial à propos de ça? Je changeai d’opinion sur son compte lorsque je lus ce qui était écrit sur le flacon. Celui avec lequel il avait rempli sa seringue. C’était une sorte de vaccin. Uniquement utilisé sur les animaux, car contrairement à son effet bénéfique sur ceux-ci, la réaction qu’elle provoquait chez l’humain... La douleur m’arracha un nouveau cri de douleur.
C’est précisément à ce moment-là que la porte de l’hôpital vétérinaire vola en éclat et que Kelsea pénétra de force à l’intérieur. Elle défonça ensuite la porte de la salle d’examen, ainsi que son cadre. On pouvait dire qu’elle n’y allait pas de main morte… Et dire que Della et Katryne n’arriveraient pas avant un long moment! Je dus revenir brutalement dans le moment présent lorsque je vis que ma sauveuse s’apprêtait à redevenir une tueuse. Et c’est précisément à ce moment-là que je compris comment fonctionnait notre communication, je lui hurlai mentalement, en y mettant toute ma conviction d’Alpha :
- « Kelsea! Arrête! Coucher! »
J’avais conscience d’être limite insultante, car elle était loin d’être mon chien, mais… c’était tout ce qui m’était venue à l’esprit instinctivement. Au moins l’effet fut immédiat et tout ce qu’aurait le docteur comme désagrément ce serait un petit mal de dos après avoir rencontré le mur. Bon, ça et aussi les rénovations qu’ils allaient devoir effectuer après l’entrée en puissance de mon amie quadrupède.
Faisant abstraction de la douleur qui irradiait maintenant non seulement dans mes avant-bras, mais bien partout dans mon corps je descendis de la table d’examen. Ensuite je m’approchai du docteur qui dévisageait la chimère avec de grands yeux de lapin effrayé et là toujours sans tenir compte de la douleur je lui assenai un bon vieux coup de poing qui le fit immédiatement tomber dans les pommes. La chimère me regarda avec des yeux légèrement teintés de colère en disant :
- « Il aurait moins souffert avec moi. Là, il va se réveiller avec un méchant mal de tête! »
- « C’est sûr qu’avoir mal à la tête c’est pire qu’être mort! » rétorquai-je par télépathie.
J’étais peut-être un peu trop fière d’avoir réussi à comprendre comment ça fonctionnait… Ouais, sans doute.
- « Je n’allais pas le tuer! » protesta-t-elle.
- « Ah non? » dis-je en haussant un sourcil.
À voir la façon dont elle se détourna de moi, elle avait menti. Elle l’aurait tué et mon petit doigt me disait qu’elle n’aurait pas eu aucune hésitation au moment de passer à l’acte. Après elle s’enferma derrière un mur mental, m’empêchant ainsi d’atteindre ses pensées. C’était le calme plat.
Je décidai de rompre le silence après un petit moment en disant :
- Au moins il ne devrait pas bouger de là avant un petit moment.
Elle ne me répondit pas. Apparemment je l’avais vraiment offusquée… Bien, elle était orgueilleuse on dirait, ou sinon c’était quelque chose qui ressemblait beaucoup à ça.
La douleur était toujours présente, mais j’ignorais ce qui était le plus approprié dans l’instant : ne pas bouger ou essayer de me bander les avant-bras? Autant essayer quelque chose en attendant que les filles arrivent. Je me mis alors à farfouiller un peu partout à la recherche de bandage lorsque je me souvins de quelque chose. Je n’arrivais pas à bouger les mains tout à l’heure. Alors pourquoi y arrivais-je maintenant?
- « Ta nouvelle force fait en sorte que le processus de guérison est beaucoup plus rapide. D’ici demain matin tu n’auras plus aucune séquelle, théoriquement. » me souffla Kelsea et je sentis qu’elle reprenait sa sérénité habituelle.
- D’accord, lui dis-je à haute voix. Je peux te poser une autre question?
Elle hocha de la tête alors je continuai :
- Pourquoi as-tu perdu ton calme tout à l’heure?
En formulant ces mots j’avais finalement débusqué des linges qui pourraient me servir de bandage. J’en taillai alors des morceaux d’une taille suffisante pour mes blessures et je commençai à me recouvrir les avant-bras. Peut-être aurais-je dû me désinfecter avant? Humm… Trop tard.
- « Mon rôle premier dorénavant c’est de te protéger. À n’importe quel prix. Et j’ai failli à ma tâche en ne suspectant rien à propos du docteur. » finit-elle par répondre après un moment et sur un ton pincé.
- Mais tu ne pouvais pas le savoir!
- « Bien sûr que si! Pourquoi est-ce que lui serait resté normal alors que tous les autres ont vu leur comportement changé? Il n’est pas un vampire et tu ne lui as jamais donné de ton sang de toute façon. » rétorqua-t-elle d’un ton froid.
Je n’avais rien à répondre à ça. Mais je ne pouvais pas endurer le silence, car cela me faisait trop porter attention à mes blessures et à la douleur qui en résultait. De ce fait je changeai de sujet :
- Comment crois-tu que j’ai pu immuniser les vampires? Outre le fait qu’il me faut donner de mon sang?
- « Pour des sujets de cette envergure, tu devrais utiliser la télépathie. On ne sait pas si la créature peut percevoir ce que ceux sous son contrôle perçoive. Surtout que tu peux le faire, maintenant. »
Elle n’avait pas tort et ça me donnait la folle envie de me frapper la tête contre le mur à répétition. Je repris donc :
- « Alors? »
- « Je ne sais pas, mais peut-être pourras-tu trouver des informations dans le cahier de ta famille? » admit-elle.
- « Peut-être… » dis-je, mais je n’étais pas convaincue.
Cette fois je ne savais plus quoi faire ou quoi dire, alors je retournai à ma table d’examen et je me couchai dessus. Avant de fermer les yeux je formulai à voix basse :
- S’il se réveille… Contente-toi de me réveiller. Interdiction formelle de le tuer. Tu peux l’assommer à nouveau, par contre. Si tu en es capable.
Je suis presque sûre qu’elle essaya de me rétorquer quelque chose, mais le fait est que je m’étais déjà endormie, allez savoir pourquoi je me sentais horriblement fatiguée. Peut-être à cause de ton quatre heures de sommeil, me souffla une voix dans mon esprit alors même que je tombais dans mes rêves, la tête la première.
Je me réveillai au son d’une exclamation :
- Qu’est-ce qu’il s’est passé ici, merde!
- On a disons eu de la difficulté à se comprendre le docteur et moi, soupirai-je en ouvrant les yeux.
Je remarquai sans peine que la douleur avait considérablement diminuée. Kelsea avait raison, je guérissais. Je me tournai vers Della, après tout c’était elle qui avait posé la question, et devant son air estomaqué je m’expliquai plus clairement :
- Je voulais des soins, mais lui il me traitait pour autre chose.
Je lui pointai la fiole du doigt et elle blêmit.
- Il est touché lui aussi, alors? S’enquit-elle en fronçant les sourcils.
Je vins pour acquiescer, mais c’est à ce moment que le docteur Whitman se décida à se réveiller.
Je bondis hors de ma couchette improvisée et me plantai face à lui. Sauf qu’avant que j’aie pu faire quoique ce soit, ma vamp de coloc me poussait de son chemin et à l’aide des bandages restants elle le ligota et le bâillonna.
Devant mon air incrédule elle fut forcée de se justifier :
- Je ne veux pas courir le risque qu’il nous attaque par accident.
- Les agents de Burnett vont nous attendre un certain temps, car je viens d’avoir une idée pour amasser quelques réponses, dis-je comme si elle n’avait rien dit.
- Quoi?
- Oh… Seulement un petit interrogatoire à ma façon, affirmai-je avec un petit sourire en coin et moqueur.
Les yeux du futur interrogé s’arrondirent d’inquiétude et peut-être de peur aussi, car maintenant je souriais de manière plus… diabolique.


En écrivant ce chapitre j'ai remarqué quelque chose de vraiment bizarre et totalement pas prévu. La première rencontre de Maria avec le docteur c'est faite dans le chapitre 4 du tome 1. Elle y retourne une deuxième fois dans le chapitre 4 du tome 2. Enfin, je trouvais ça vraiment drôle de voir que j'avais fait un rapprochement entre les deux tomes sans le vouloir! :lol:

Un devoir
Nouveau départ
Dernière modification par Mimie99 le mer. 25 janv., 2017 2:05 am, modifié 1 fois.
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