- Qu’est-ce que tu as fait cette nuit, Scorp? Tu t’es amusé avec des seaux de peinture?
Albus ne tarda pas à me rejoindre dans mon hilarité et au loin j’aperçus Ruby qui regardait dans notre direction avec un grand sourire amusé aux lèvres.
- Merci de ton soutien, Alli. Vraiment, grommela mon meilleur ami. Et toi aussi, Al.
Rose nous foudroya du regard, sauf que qu’elle se contredisait elle-même à cause du petit soubresaut qui agitait sa lèvre supérieure. Je ne lui donnais pas une minute supplémentaire avant de rire à son tour.
- Mais vous ne savez pas le meilleur! S’écria Scorpius avec colère. Les foutus mèches argentés allument dans le noir! S’emporta-t-il vivement avec des yeux lançant des éclairs. Tout ça à cause de ton idiot de frère à toi (il pointa Albus) et ce même idiot qui te sert de cousin à toi (il pointa Rose).
Ce fut la goutte d’eau et cette fois Rose fut prise d’un rire aussi interminable que le nôtre. C'est vrai, quoi? Simplement imaginé Scorpius dans le noir avec des petites lanternes dans les cheveux, c’était hilarant!
- Au moins on n’aura pas peur de se retrouver dans le noir! M’exclamai-je en riant de plus belle.
- Tais-toi, Alli! Gronda Scorp. C’est le pire jour de ma vie là, et vous, au lieu de me soutenir vous riez comme des gamins!
- Ne le prends pas mal, Scorp, mais si la situation était inversée, tu rirais autant que nous! Rétorqua Albus en tentant de réfréner son rire pendant qu’il parlait, en vain.
Mon meilleur ami siffla à notre encontre, sauf que je crus déceler un sourire fugace sur ses lèvres. Soudain je me remémorai de quelque chose qu’il avait dit et je m’enquis rapidement :
- Au fait, comment sais-tu que c’est James qui a fait le coup?
- Parce que, je ne sais trop comment, il a réussi à laisser un mot sur mon oreiller. Et j’ignore totalement comment il a pu s’y prendre! Je suis presque sûr qu’il n’a pas pu pénétrer dans le dortoir.
- Et tu ne penses pas que quelqu’un aurait pu vouloir se faire passer pour lui? Demandai-je en repensant à l’air amusé d’une certaine Ruby qui détestait James Potter.
- Non, affirma-t-il. C’était la même lettre, exactement pareille, que celle qu’il a laissé à l’anniversaire de Rose et d’Albus l’année passée. Ainsi que les précédentes.
Ah oui, je les avais oublié celles-là. Bon, alors c’était bel et bien lui. Mais pourquoi s’en était-il pris à… Ah, mais bien sûr! Scorpius était le petit-ami de Rose, alors James s’attaquait maintenant à lui aussi. Jusqu’à maintenant je n’avais eu droit à l’humiliation que devant la famille de Rose et Albus. Sauf que j’avais l’impression que l’an prochain à mon anniversaire ce ne serait pas un cadeau. Et en plus ce serait l’année de ma majorité! Oh, bon sang! Mieux valait ne pas y penser!
Je hochai de la tête à ce qu’il avait dit et le reste du trajet ce fit dans le silence. Je savais parfaitement que la mention de l’évènement du matin et des coups que James avait portés à son frère et à sa cousine signifiait qu’il nous tendait une perche pour nous rappeler son anniversaire, sauf que pour rester conforme au plan on ne devait rien dire par rapport à la journée très spéciale qu’était celle d’aujourd’hui.
Lorsqu’enfin l’heure du diner arriva Rose, Al et moi on s’empiffra comme jamais de manière si rapide que je manquai à plusieurs reprises de m’étouffer. Les deux autres aussi, d’ailleurs. Dès que notre repas fut fini on sortit de table rapidement et le plus subtilement possible. Normalement Kieran devait tenir compagnie à Scorp le temps qu’on prépare le tout pour la fête. On aurait seulement jusqu’à dix-neuf heures, alors chaque minute et chaque seconde comptaient.
On retrouva rapidement Ruby Shepherd, Amy Derrick et Joshua Flint à l’extérieur de la Grande Salle. Là on s’empressa de rejoindre leur Salle Commune. Dès qu’on y fut je sortis toutes les décorations que j’avais et on se dépêcha de tout installer en temps. Rose et moi on se chargea de la décoration pendant que Ruby et Amy s’occupaient des petits encas à grignoter. Quant à Joshua il mélangeait plusieurs breuvages ensembles pour en créer un punch plutôt réussit si je me fiais à tout ce qu’en avait dit Scorp. Ils faisaient de leur truc en quantité, car même ceux qui n’étaient pas vraiment amis avec Scorp venait à sa fête. S’était ni plus ni moins une obligation pour tout le monde. Seulement à cause du fait que son père était quelqu’un d’important. La présence de trois Gryffondors risquait de ne pas leur plaire. Du tout.
À dix-neuf heures moins dix exactement, Ruby nous entraîna dans la direction des dortoirs pour garçon. Je supposais que c’était à cause de la présence d’Albus et qu’il devait y avoir comme pour chez les Gryffondors une sorte de mécanisme empêchant les gars de se rendre dans les dortoirs des filles.
- C’est la chambre de Scorpy, nous apprit-elle lorsque l’on fut dans une pièce possédant quatre lits à baldaquin aux rideaux vert émeraude.
- Tu devrais en profiter pour fouiller, chuchotai-je à Rose ce qui la fit rougir et fit éclater de rire Ruby.
- Ouais, bonne idée, approuva-t-elle. Bon, j’y vais. On se revoit dans dix minutes. Surtout… attendez le signal.
- Bien sûr, approuvais-je. Il ne faudrait pas faire une entrée prématurée.
Elle leva les yeux au ciel devant mon ton ironique et s’éclipsa pour rejoindre ses deux amis qui l’attendaient en compagnie de d’autres Serpentards. Ana n’avait pas été particulièrement ravie lorsque je lui avais annoncé que j’allais passé toute une soirée dans la Salle Commune des Serpentards, mais heureusement j’avais réussi à la convaincre de ne pas venir nous y retrouver. C’était une fête d’étudiant tout adulte qui n’était plus aux études n’y avait pas sa place.
- J’espère que Scorp ne nous en voudra pas trop… s’inquiéta Rose.
- Allons, Rose! La bousculai-je légèrement. Je suis sûre qu’il va adorer! Surtout si tu commences la soirée en l’embra…
- Alli! S’écria ma meilleure amie en rougissant.
- Bah, quoi? Je ne fais qu’énoncer une vérité! Protestai-je.
- Je confirme, il va surement adorer ça! Affirma Al en me jetant un petit coup d’œil prolongé.
- J’en prends bonne note, Al, dis-je en levant les yeux au ciel.
Tout ce qu’il fit ce fut de sourire comme s’il n’avait rien dit. Je le ferai, pensai-je. Du moins… si je n’étais pas morte d’ici là, n’est-ce pas? Après tout le 9 juin était dans un sacré bout de temps! Rose revint pour mentionner quelque chose, sauf qu’elle se vit interrompu par un :
- BONNE FÊTE SCORPIUS! Hurlèrent une dizaine de voix en même temps.
- Voilà le signal! M’enthousiasmai-je en souriant.
Nous sortîmes tous à toute vitesse du dortoir de Scorpius pour pouvoir rejoindre la Salle Commune. En pénétrant à l’intérieur on remarqua immédiatement que malgré le sourire qu’affichait notre ami il était triste. Déçu, même. Sauf que ses yeux s’arrondirent de surprise en nous apercevant et il le fut encore plus lorsque Rose s’avança d’un pas déterminé vers lui pour plaquer ses lèvres contre les siennes. Il la prit par la taille et sembla oublier tout ce qui se trouvait autour d’eux. Albus et moi on s’échangea un regard avant, d’un commun accord, à se mettre à taper dans nos mains en s’écriant :
- Ouuuhouuu!
On y ajouta quelques sifflements intempestifs et cela ne prit qu’un quart de secondes avant que Ruby et le groupe de Serpentard qui était amis avec Scorp se joigne à nous. Quant aux autres… ils semblaient royalement stupéfaits.
Les deux tourtereaux se relâchèrent finalement et en prenant conscience du tapage que l’on faisait ils rougirent jusqu’aux oreilles. J’éclatai de rire, car le contraste rouge et vert entre le visage et les cheveux de Scorp me rappelaient les couleurs de Noël. Albus partagea mon hilarité ainsi qu’une bonne partie des convives.
- Vous avez fini de rire? Grinça Scorpius, encore plus rouge que trente secondes plus tôt.
Je me fis la réflexion qu’à ce moment-ci sa voix était identique à celle de son père lors du bal de Noël. Al et moi on échangea un regard en souriant. Malheureusement notre ami le remarqua et avec des yeux soupçonneux demanda :
- Qu’est-ce que vous avez à sourire encore tous les deux?
- Pour rien… pour rien… lâcha Albus en se retenant de sourire.
- On voulait juste te dire « bonne fête » mais tu semblais assez occupé, alors… ajoutai-je avec un sourire moqueur.
Il grommela quelques mots que personne ne dut entendre, sauf peut-être Rose. Quelqu’un, je ne sais pas trop qui, sembla actionner un système pour mettre de la musique version Poudlard et magie, car je n’avais aucune espèce d’idée d’où pouvait provenir le son. Joshua et Amy commencèrent à distribuer le punch, tandis que Ruby et Kieran s’occupèrent des encas. Je pris une assiette de ces derniers ainsi qu’un verre de punch. Albus se contenta de piocher dans mon assiette d’encas et se prit, au moins, un verre pour lui seul.
Au bout d’une demi-heure tout le monde commença à se regrouper par groupe d’amis, alors nous rejoignîmes Rose et Scorp dans un coin, suivit rapidement par le quatuor de Serpentard.
- Je crois que c’est l’heure des cadeaux, qu’est-ce que vous en dites? Proposai-je.
Tous les autres hochèrent de la tête, Scorp en premier. Nous nous plaçâmes alors en cercle et il commença par sa gauche, ce qui ferait en sorte qu’il terminerait avec Rose. Le dessert en dernier, n’est-ce pas?
Il ouvrit tous ses cadeaux avec un certain enthousiasme et eut un sourire éclatant en voyant le mien. C’était un guide complet concernant le poste de Batteur. Je lui fis par contre un commentaire négatif en marmonnant :
- J’ai trouvé très insultant qu’ils disent que le poste était plus adapté pour les sorciers que pour les sorcières. Je n’ai jamais eu l’impression d’être diminué dans ma tâche… ou moins efficace que les autres Batteurs.
- Ça, c’est sûr! Acquiesça Kieran. Je n’ai jamais eu autant l’impression que l’on me voulait la peau que cette fois où on a joué un match « amical » l’année passée. J’ai bien cru que tu voulais me faire la peau.
- Ben voyons! M’offusquai-je.
- Je confirme! Renchérit Ruby. À chaque match je préfère dix fois plus avoir à faire à l’autre Batteur plutôt qu’à toi. J’ai toujours l’impression que tu m’en veux personnellement…
- Mais je fais ça avec tout le monde! M’exclamai-je en ouvrant de grands yeux incrédules.
- On le savait déjà que tu n’aimais pas grand monde Alli, mais maintenant on en est sûr! Me taquina Scorpius.
Ce qui lui mérita un regard furibond et une bousculade de ma part. La distribution des cadeaux reprit finalement après un petit éclat de rire de tout le groupe, sauf moi. Même Albus en faisait partie ce qui fit en sorte que je lui donne un coup de coude dans les côtes. Il ne s’en offusqua pas, car c’était à peine si je l’avais touché. Je me serais peut-être montrée plus violente si le sujet avait été un enjeu plus important.
Un peu plus tard, alors que nous discutions tous gaiement et que Ruby nous narrait avec un entrain certain quelque chose qui lui tenait à cœur, elle s’interrompit en pleine phrase en crachant :
- Alors ça, non! Pas lui! Pas lui, ici!
Je me retournai pour voir qui elle dévisageait comme ça, avec autant de fureur et d’envie de meurtre dans les yeux, lorsque je compris. Un sourire étira mes lèvres lorsque je vis James se diriger dans notre direction, l’air extatique. En arrivant il nous dit :
- Hé bien… Les décorations sont plutôt réussies, n’est-ce pas? Elles vont parfaitement bien avec le petit Scorpynouchet!
Sur ces mots il ébouriffa soigneusement les cheveux du petit-ami de sa cousine. Qui devint rapidement rouge tomate, mais je n’aurais su dire si c’était à cause de la colère ou de l’embarras. En tout cas la rougeur qui colorait les joues de Ruby n’avait qu’une seule cause. La fureur.
- TOI! rugit-elle. TU DÉGAGES!
- Qu’est-ce que j’ai fait? S’étonna l’intéressé.
Je pouvais presque voir la fumée sortir par les oreilles de la Serpentard. Mais comme pour James je me demandais soudainement pourquoi elle le détestait à ce point. C’était bizarre quand même. À ma connaissance James n’avait jamais rien fait contre elle. Il n’était pas du genre à s’en prendre aux nés-moldus, surtout pas ceux qui se trouvaient dans la Maison qui pendant longtemps ne les avaient pas accepté. Alors pourquoi toute cette colère?
- Ce que tu as fait? Tu as ridiculisé mon ami! S’insurgea-t-elle.
- Je ne crois pas que ça ait un lien et puis… je suis venu rectifier la chose, affirma-t-il en se tournant vers Scorpius.
Il sortit alors une petite pochette de sa poche et prit une poignée de ce qui se trouvait à l’intérieur. La petite poudre était d’une couleur violette très pâle. Il tendit sa main, paume ouverte sur la poussière et la présenta à Scorp.
- Je ne laisse jamais l’effet de mes sortilèges bien longtemps sur mes victimes, sauf avec Allison (Je lui jetai un regard mauvais qui déclencha un éclat de rire général, si on exceptait Ruby). Alors voilà, frotte ça dans tes cheveux et ils devraient reprendre la bonne couleur. La teinture partira avec la poudre.
Scorpius saisit la poudre avec reconnaissance, sauf que lorsqu’il commença à frotter ladite poudre dans ses cheveux… ils commencèrent à clignoter comme des lumières de Noël. Et bien sûr on éclata tous de rire. Même Ruby laissa échapper un petit gloussement avant de s’interrompre brusquement.
- Oh, merde! Mauvaise poudre, grommela James en rougissant légèrement.
Je ne compris que par ce rougissement que ce n’était vraiment pas voulu de sa part. Il sortit une seconde pochette, vérifia la couleur et marmonna en la donnant à mon meilleur ami :
- Je mélange toujours le violet pâle et le bleu pâle, c’est fou.
Après une minute en voyant que Scorpius ne faisait pas mine de prendre la nouvelle poudre (Et je ne lui en tiendrais pas rigueur), James s’excusa en disant :
- Je suis vraiment désolé, Scorpius. C’est celle-là la bonne. Je te le jure.
- Tu mélanges encore tes couleurs à ton âge, James? Me moquai-je gentiment tandis que Scorp prenait la poudre d’une main hésitante.
- Moque-toi donc comme tu veux, Allison, maugréa l’intéressé.
Bon, en même temps je devais admettre qu’en mettant les deux poudres une à côté de l’autre leur couleur était très semblable. Surtout à cause du fait qu’elles étaient très, très pâles. De son côté, Scorpius retrouvait finalement sa pâle blondeur naturelle.
- Bonne fête, l’jeune! Lança ensuite l’aîné des Potter. Et je te préviens, fais attention à ma cousine ou sinon tu auras affaire à moi! Le menaça-t-il.
Sur ce, James s’en retourna d’où il venait en sifflotant joyeusement.
- Mais quel crétin! Pesta Ruby.
- Je peux savoir pourquoi tu le détestes à ce point? M’enquis-je avec curiosité.
- J’ai mes raisons et elles sont suffisantes, se contenta-t-elle de dire.
Je ne pris pas la peine d’essayer de lui en soutirer davantage, elle ne parlerait pas. Ou en tout cas, pas tout de suite. Sauf que j’avais bien l’intention de lui tirer les vers du nez un de ces jours.
Nous fêtâmes jusqu’aux alentours de minuit. À ce moment-là, nous préférâmes nous en aller, car il y avait des cours le lendemain et on voulait pouvoir profiter de quelques heures de sommeil avant. Je partis en avant avec Albus pour permettre aux deux tourtereaux de se dire bonne nuit avec une relative intimité. Nous ne craignions pas grand-chose, après tout, Albus était un préfet, alors il avait, en quelque sorte, le droit d’être dehors en pleine nuit. Pour ma part… j’étais avec lui, alors on aurait qu’à inventer un petit mensonge de rien du tout. Ou dire la vérité si on tombait sur n’importe qui d’autre que Rusard.
En entrant dans la Salle Commune de notre Maison avec Albus, on tomba nez à nez avec une Ana frémissante de colère.
- OÙ ÉTAIS-TU PASSÉE! Rugit-elle d’une voix suffisamment basse pour ne pas être entendue par d’autres que nous.
Je me raidis instantanément. J’avais pourtant précisé que nous allions à la fête de Scorpius, non?
- On était à la fête de Scorpius… dis-je en fronçant les sourcils.
- Tout ce temps? S’étonna-t-elle en affichant un air profondément surpris.
Pourquoi est-ce que j’avais le pressentiment qu’elle croyait que j’étais allée ailleurs en prétextant la fête de mon ami.
- Je confirme on était à la fête de notre ami pendant toute la soirée, affirma Albus.
- Je confirme aussi, ajouta Rose en entrant dans la Salle Commune derrière nous.
- Vous y étiez tous entre dix-huit heures et minuit? Répéta-t-elle.
- Oui, pourquoi? m’enquis-je en la dévisageant.
- Car quelqu’un a pénétré le château, nous apprit Ana. Ton parrain et McGonagall ne voulaient pas que tu sois au courant. Je ne suis pas du même avis, car c’est toi qu’il cherche, alors il vaut mieux que tu sois au courant. Pour ne pas commettre de folie.
À la fin de sa dernière phrase son ton était légèrement (beaucoup) accusateur. Je croisai les bras et la défiai du regard en grommelant :
- Quel genre de folie?
- Aller chercher des réponses chez toi en est un bon exemple. Il est hors de question que tu y aille seule, que ce soit avec ou sans tes amis, précisa-t-elle. Si tu as une idée dans ce genre-là, Allison, je te préviens, tu ferais mieux de me le dire. Car il est hors de question que tu y ailles seule que tes amis soient présents ou pas ne compte pas, ajouta-t-elle sur un ton menaçant. Je ne t’empêcherai pas d’obtenir des réponses, mais je préfèrerais que je vienne avec vous. Ce serait plus prudent.
- Pourquoi est-ce que je désobéirais à un ordre direct de la directrice et de mon parrain? La contrai-je pour éviter d’aller sur une pente glissante.
- Car tu t’appelles Allison Lévesque et que tu as besoin de réponses, dit-elle en souriant. Sans oublier que tu es la digne fille de ta mère.
- Qu’est-ce que ça veut dire, ça? M’exclamai-je en ouvrant de grands yeux.
- C’est l’heure d’aller au lit, je crois, Allison, se contenta-t-elle de me dire en m’adressant un clin d’œil.
Suite à ces mots elle disparut d’un coup à mes yeux. C’était injuste! Pourquoi disait-elle que j’étais la digne fille de ma mère? Elle n’avait jamais transgressé une seule loi, il me semble! Ou désobéi à un ordre direct! Sauf en lors du Tournoi des Trois Sorciers, me souffla une petite voix. Je ne comprenais pas, mais la mention soudaine de ma mère alors que je ne m’y attendais pas me fit monter les larmes aux yeux.
Je déglutis difficilement et papillonnai des paupières pour tenter de chasser les larmes, mais l’une d’elle réussit tout de même à s’échapper et roula sur ma joue.
- Ça va, Alli? S’enquit Albus sur un ton doux et en m’essuyant la joue de son pouce.
- Ça va aller, affirmai-je en reprenant le contrôle de mes émotions.
Je savais que tenir la peine à distance n’était pas toujours la meilleure idée, sauf que je ne pouvais pas me permettre de m’effondrer. Pas quand celui qui me cherchait venait peut-être (très probablement) de s’infiltrer dans l’école.
- Je crois que je ferais mieux d’aller dormir, ajoutai-je.
Je commençai à m’éloigner de lui, suivit rapidement par Rose, sauf qu’il me retint par le bras en lâchant :
- Attends!
Ma meilleure amie se retourna un instant avant de continuer son chemin. Une fois que l’on fut seul, Albus me serra contre lui et me chuchota :
- Tout va bien aller, Alli. N’oublie pas ce dont tu m’as parlé au sujet de cet été. Je compte bien te faire tenir ton engagement!
J’eus un petit sourire et il m’embrassa fugacement les lèvres avant de me pousser vers les escaliers menant à mon dortoir.
- Bonne nuit Alli, me dit-il en s’éloignant vers les escaliers menant à son dortoir à lui.
- Bonne nuit, Al, répondis-je en m’empressant de m’engouffrer dans les escaliers pour m’empêcher de bondir de son côté.
Une fois rendue à ma destination je m’effondrai sur mon lit, sous les draps, et m’endormis dans la seconde. Enfin… presque.
Les jours suivants Malia commença chaque soir à m’imiter du mieux qu’elle pouvait, tandis que de mon côté je relisais attentivement chacune des lettres de ma mère. Rose et Scorpius avaient réussi à rassembler les ingrédients nécessaires pour la potion de polynectar et allaient bientôt commencer sa conception.
Cela faisait déjà une semaine depuis la fête de Scorpius et aujourd’hui se tenait le dernier jour de duel normal. La directrice ayant préféré nous donner un dernier cours après les vacances de Noël pour nous remettre dans l’ambiance avant les compétitions qui approchaient à grands pas.
- Alors prête à affronter de nouveau les sixièmes années, Allison? S’enquit James avec un sourire légèrement condescendant.
- Ce n’est pas parce que tu as réussi à me mettre à terre lors de la première fois que j’ai été avec vous que ça te donne le droit de… commençai-je à rétorquer avec hargne, mais je fus coupée par Chelsea McLaggen.
- Je te conseille de l’ignorer, Allison. C’est ce que je fais avec mon frère et ça fonctionne très bien.
Je me tournai vers elle et elle me sourit gentiment avec un éclair malicieux dans ses yeux bleu-gris. Elle passa ensuite l’une de ses mains à la peau hâlée dans ses longs cheveux châtains clairs et bouclés avant de m’adresser un clin d’œil complice.
- J’en prends note, mais il est tellement…
- Je sais, soupira-t-elle. Mon frère, dis-toi qu’il est bien pire.
- Je suis au courant. Je l’ai compris dès le premier soir où je suis venue avec vous, avouai-je avec une grimace.
- Voyons, très chère Allison! Tu n’as aucune idée de ce que tu manques! S’écria Sebastian McLaggen qui nous suivait de derrière.
- Tu peux te la fermer, Seb! Gronda sa sœur jumelle. Toutes les filles qui te disent non savent très bien ce qu’elles rejettent. Ta stupidité, ton arrogance, ton…
- Tais-toi, Chels! La coupa Sebastian en grommelant.
Chelsea eut un grand sourire réjoui et me tapa dans la main. Je ne pus m’empêcher de sourire à mon tour, sa joie était vraiment communicative. Les jumeaux McLaggen étaient vraiment comme le jour et la nuit. Leurs deux seuls points communs étaient leur physique assez semblables et le fait qu’ils appartenaient tous deux à Gryffondor. Sinon… leur caractère n’était pas du tout semblable. La sœur était d’un naturel jovial, malicieuse et plutôt humble pour une Gryffondor. Quant au frère il était arrogant, fier et dragueur. Il était pire que Dylan, en fait! Ce dernier ne se prenait pas pour le centre de l’univers au moins et ne croyait pas meilleur que tout le monde.
- Seb, tu sais qu’Allison sort avec mon petit-frère maintenant, n’est-ce pas? Gronda sourdement James.
- Ouais et qu’est-ce que ça change? Soupira l’intéressé.
- Mais ça change tout, sombre crétin! S’exclama Dylan, à ma grande surprise. Même moi je ne touche pas à ce qui appartient à quelqu’un d’autre!
Un bon point pour lui. Je l’appréciais un peu plus, d’un coup. Je ne l’avais jamais détesté, mais de là à dire que je l’aimais…!
- Si tu t’avise de faire quelques stupides que ce soit, ton pire cauchemar deviendra un paradis comparé à ce qui t’attends! Le menaça James. Allison est presque de la famille. Et d’en un sens, ma belle-sœur. Alors, pas touche, Sebastian!
J’entendis ce dernier grommeler quelque chose derrière mon dos, sauf que je ne réussis pas à saisir les mots. Sa sœur, à côté de moi, poussa un soupir et demanda :
- Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter un jumeau comme ça?
Je lui adressai un sourire compatissant avec de dire avec un air malicieux :
- Hé, James! Tu veux que je dise à Al que tu as protégé ses intérêts? Ou je ferais mieux…
- Allison… si tu fais ça tu vas le regretter pendant très longtemps, me coupa-t-il en me fusillant du regard.
Mon sourire s’élargit et le reste du chemin jusqu’au corridor de l’aile D du quatrième étage se fit dans une atmosphère plutôt légère.
Je perdis rapidement la sensation de bonheur qui m’habitait lorsque le professeur qui supervisait les sixièmes années plus la cinquième que j’étais annonça avec qui je me retrouvais pour le premier duel d’après Noël.
- Allison Lévesque… Tu affronteras Alexander Parkinson. Aller vous installer.
Je sentis mon sang se figer dans mes veines. Jusqu’à maintenant j’avais toujours eu l’incroyable chance de ne pas tomber sur lui ou sur Crabbe, mais là… J’aperçus le sourire carnassier que mon adversaire m’adressa, de l’endroit d’où il se trouvait, soit plusieurs mètres plus loin. Il se dirigea alors dans ma direction avec un air de conquérant, comme s’il pensait d’ores et déjà qu’il allait en sortir victorieux. C’est ce qu’on verra, pensai-je en serrant les dents. J’aperçus le regard inquiet que me jetèrent à la fois James et Liam. Tous deux connaissaient très bien les antécédents que j’avais avec le petit enfoiré qui s’en venait.
Dès qu’il se trouva à mon niveau, il me bouscula dans une direction qu’il avait choisie pour notre duel. Je le repoussai en grognant et je crachai :
- Ne me touche pas!
- On fait sa poule mouillée, Sang-de-Bourbe? Ricana-t-il. T’inquiètes, ça va bientôt être terminé.
Je ne pus me retenir que de justesse, ma salive resta coincée dans ma bouche. Ce n’était pas le moment de faire des enfantillages.
- C’est moi qui vais t’écraser, vermisseau! Grondai-je.
- Tu crois ça? Railla-t-il d’un ton condescendant.
- Bien sûr, dis-je en prenant un ton très digne.
J’étais loin de me sentir sûre de moi. Jusqu’ici il n’avait perdu qu’un seul de ses duels. Tout comme moi. Et j’ignorais toujours comment James avait réussi à me vaincre. C’est vrai, quoi?! J’avais toujours cru que j’aurais eu mes chances contre lui, mais le duel que nous avions eu m’avait prouvé le contraire.
Parkinson et moi on se mit en position, se défiant tous deux du regard. J’hésitais sur quelle technique employée. Dans certains cas j’avais commencé par un sortilège informulé, ensuite un à haute voix, puis deux informulés. Alors qu’à d’autres je faisais le contraire. Ou encore d’autres variantes. Mais avec lui, j’ignorais quelle technique serait la bonne. L’instinct me le dirait, sans doute.
- … vous serez ensemble. Bien, maintenant que tout le monde à son premier partenaire de duel… Dans 3… 2… continua le professeur que je n’avais pas suivi pendant un long moment.
- Serpensortia! Lança Parkinson alors que le « 1 » n’avait pas encore été prononcé.
Un long serpent noir d’aspect assez redoutable sortit de sa baguette pour atterrir droit devant moi. Je ne réfléchis qu’à peine et lançai en direction de Parkinson :
- Petrificus Totalus!
Pendant qu’il déviait mon attaque aléatoire, j’en profitai pour lancer un second sortilège :
- Vipera Evanesca!
D’un coup le serpent disparut dans un nuage de fumée noire et je n’eus que le temps de hurler « Protego » qu’un nouveau sortilège de Parkinson filait droit sur moi. Il était sacrément rapide, bon sang! Pendant au moins deux minutes entière je ne réussis qu’à éviter ses attaques et à en lancer une ou deux pour quatre de sa part. En tout cas on pouvait dire que j’étais vive, car je les arrêtais autant par le sortilège de protection que par le fait que je les évitais physiquement.
Au bout de ces deux minutes je me lançai plus vivement à l’attaque. Ce n’était pas vrai que j’allais me faire ridiculiser par Parkinson, alors ça non! J’eus alors une idée formidable qui pourrait peut-être me donner le temps nécessaire de lancer un second sortilège plus important. Sauf que pour ne pas gâcher la surprise, il valait mieux que je ne le prononce pas à haute voix. Le seul problème c’est que j’ignorais si on pouvait le faire avec ce sortilège-là. Je le saurais bien assez tôt, pensai-je avec angoisse.
- « Spero Patronum! » hurlai-je mentalement.
Je ne fus jamais aussi heureuse que de voir mon loup argenté sortir avec élégance et rapidité de ma baguette pour se ruer droit sur Parkinson qui avait ouvert de grands yeux éberlués. Je lançai alors immédiatement après avec la même méthode :
- « Obscuro! »
- Maudite Sang-de-Bour… commença mon adversaire, mais je le coupai rapidement.
- Silencio!
Ne pouvant plus parler, ni savoir où je me situais j’avais plutôt gagné notre duel. Sauf que je n’aimais pas faire les choses à moitié alors je m’écriai, un petit sourire aux lèvres :
- Stupéfix!
Parkinson s’écrasa immédiatement comme une masse et mon sourire s’élargit en un sourire satisfait. Je rangeai alors soigneusement ma baguette en attendant que les autres élèves aient terminé leur duel à leur tour. Mon Patronus avait disparu entre temps et avec chance cela ne semblait pas avoir bouleversé les duels des autres.
En revenant à la Salle Commune, James n’arrêtait pas de rigoler :
- J’avais terminé mon duel depuis un moment déjà… alors j’ai observé le tient. Tu as vu sa tête quand tu lui as lancé ton Patronus au visage? C’était à s’éclater la panse de rire! Par Merlin, j’aurais dû y penser aussi! Et après, ta chaîne de sortilèges. Et pleins d’informulés! C’était du grand art, Allison! Du grand art! Tu l’as tellement écrasé! Je suis fier de toi, la p’tite. Je dois admettre qu’au début j’ai cru que ce serait toi qui finirait au tapis, tu n’avais qu’à peine la chance de lui jeter un sort!
- Je sais, ne m’en parles pas… maugréai-je.
- Sauf qu’après tu as été… brillante! Parfaite! Si je ne peux pas être le vainqueur, il faut que ce soit toi! ajouta-t-il en donnant une bourrade vigoureuse dans le dos.
Je me contentai de sourire. Je devais admettre que j’avais bien réussi ce coup-là. Enfin… Parkinson ne devait pas être du même avis! Je retins un ricanement à cette pensée et dès qu’on eut rejoint les autres je leur racontai tous les détails de mon affrontement avec le petit Serpentard à la noix.
- Il a vraiment eu peur de ton Patronus? S’étonna Lily qui était venue nous rejoindre en nous voyant rire de manière incontrôlable.
Je hochai de la tête en souriant et elle gloussa.
- Par Merlin, j’aurais adoré voir ça! Dit-elle avec désolation.
Je lui tapotai l’épaule gentiment et je me tournai vers Rose et Albus :
- Bon, je crois que je vais monter… Je me sens un peu fatiguée.
- Je te suis, assura ma meilleure amie en se levant à ma suite.
Je lui souris et me tournai vers son cousin, le plus jeune, s’entend. J’embrassai alors Al sur la joue avant de me détourner rapidement ne lui laissant pas le temps de faire quoi que ce soit.
- Bonne nuit tout le monde! Lançai-je juste avant de m’engouffrer dans les escaliers.
Je montai alors les marches quatre à quatre, suivit de très près par Rose, Malia et Teena. Dès que nous fûmes en haut, à l’abri des oreilles d’Ana, je demandai sur un ton pressant :
- Est-ce que la potion avance?
- Oui, affirma ma meilleure amie. D’ici deux semaines et demie, on devrait pouvoir s’en servir.
- Parfait, dis-je en souriant.
Nous sourîmes toutes les quatre et un certain empressement se sentait dans l’air. J’avais hâte d’en avoir terminé avec tout ça. En particulier avec le mensonge que je n’arrêtais pas de servir à Ana. C’était dur de lui mentir, car je savais que tout ce qu’elle voulait c’était de me protéger et de m’aider. J’étais presque certaine qu’elle ne m’en empêcherait pas. Presque. Je l’appréciais beaucoup et je lui faisais confiance, mais de là à lui faire part de mon plan… Ce serait parfait si elle acceptait de nous aider, ça rendrait les choses moins compliquées. Mais dans le cas contraire… tout serait foutu.
- Et toi? Est-ce que tu as beaucoup avancé? Avec les lettres... me questionna Teena.
- C’est le cas, avouai-je. Je crois que j’ai compris plusieurs choses que je n’ai pas saisies sur le moment, mais qui me paraissaient étranges.
- Comme quoi? S’enquit Malia.
Je leur expliquai donc ce que je comprenais des indices apparents que ma mère m’avait laissé. Je commençai en abordant le sujet des nombres. 22. 30. 18.
- Lorsqu’elle m’a dit ces nombres-là, au début je n’ai absolument pas compris ce à quoi il pouvait bien faire référence. Jusqu’à ce que je lise une lettre, celle qu’elle m’a envoyée avant mon anniversaire. Dans cette lettre le mot « anniversaire » était beaucoup plus foncé que le reste de ce qu’elle avait écrit. Alors j’ai compris. Et j’étais découragée de ne pas avoir compris plus tôt. Je suis née le 18 novembre. Ma mère est née le 30 mai et mon père le 22 mars. C’était notre jour de naissance, ces nombres, entamai-je mes explications. Ensuite, je me suis demandé pourquoi elle m’avait donné ces nombres. Et j’ai réfléchi quelques minutes avant de saisir que ce devait être une combinaison que j’aurais à fournir pour atteindre quelque chose. C’était un mot de passe! Ajoutai-je, toute excité.
En voyant leur air très concentré et intéressé je me remis rapidement à ma narration. Je leur dis donc que par la suite je m’étais penchée sur la photo que ma mère m’avait remise et que j’avais de nouveau bloquée sur la petite inscription illisible. J’avais donc fouillé dans mes affaires jusqu’à retrouver la petite loupe que j’avais mis dans ma valise en première année et qui était restée là depuis tout ce temps. J’avais donc, à ce moment, été en mesure de lire ce qui était écrit. Armoire D, avais-je été en mesure de lire. Sauf qu’il n’y avait pas d’armoire à droite sur l’image. Et cela n’avait aucun sens avec la photo de toute manière, ça ne servait rien de l’avoir écrit là. Sauf si c’était une information capitale comme le reste. J’avais donc tout regardé depuis le début et en était venue à une conclusion. Je m’étais complètement fourvoyée en pensant que ma mère avait noté cela juste après avoir pris la photo. L’écriture était beaucoup trop récente! J’avais donc réfléchi sur la signification qu’aurait pu avoir les mots, outre ma conclusion de base. Je m’étais donc souvenue que dans son bureau, il y avait une armoire à gauche et à droite. Mais celle qui m’intéressait particulièrement était celle de droite. Ensuite, j’étais venue à la conclusion que le 15 N. ne signifiait pas 15 novembre. C’était illogique, car l’abréviation de novembre était « nov. ». À partir de là il ne restait qu’une chose, du moins pour moi. C’était sans doute une question de degré. 15 degré Nord. J’ignorais encore où exactement j’aurais besoin de cette position, mais je comptais bien le découvrir une fois là-bas. Par après je m’étais questionnée au sujet du nom de mon père avant de parvenir à la conclusion qu’il s’agissait sans doute d’un autre mot de passe. Ma mère n’était pas du genre à laisser tout au hasard. Elle ne laissait jamais rien au hasard. Une fois l’extase de ces découvertes retombée je m’étais remis à lire les lettres de ma mère, jusqu’à tomber sur celle de mon anniversaire. Et là, comble de la surprise, j’avais remarqué d’autres mots plus foncés que les autres. Sauf que ce qui était important, cette fois, n’était pas les mots plus foncés, mais ce qui suivait le « N’oublie pas ». J’avais l’infime conviction qu’il s’agissait là d’un nouveau genre de mot de passe. Après cela, je n’avais rien trouvé d’autre qui pourrait être utile.
- Et voilà, c’est tout, conclus-je en respirant un bon coup.
Cela prit une bonne minute avant que l’une d’elles ouvre la bouche. Elles semblaient toutes stupéfaites.
- Ta mère est… Euh… Était grandiose! S’extasia Rose en butant légèrement sur son temps de verbe.
Je déglutis, mais au moins cette fois je réussis à retenir mes larmes.
- Je sais, avouai-je en me rendant compte de tout ce qu’elle avait fait.
- Moi je n’arrive pas à comprendre comme tu as pu comprendre tout ça! S’exclama Teena avec des yeux ronds.
- Il ne faut pas chercher plus loin que ceci : c’est Alli! Répondit Malia en souriant.
Je levai les yeux au ciel et lâchai :
- Rose aussi aurait compris, j’en suis sûre.
- Probablement, approuva l’intéressée. Mais seulement si c’était des lettres de ma mère. Certains liens tu ne pouvais que les faire toi-même, car… Eh bien, c’était ta mère qui s’adressait à toi. Seulement à toi. Juste avec la photo… Je suis déjà allée dans son bureau, mais je ne me souvenais pas de l’armoire à droite avant que tu ne le dises.
Je concédai le point de mauvaise grâce. Soudain, Malia se dressa d’un coup sur ses pieds et me dit en pointant son index sur moi :
- Maintenant, debout, Alli! J’ai du travail, moi!
Je maugréai en levant les yeux au ciel pour la forme, mais m’exécutai ensuite avec un sourire. Je trouvais toujours amusant de voir Malia essayé de m’imiter. C’était très divertissant, disons. Teena et Rose servaient, dans ces moments-là, de juge pour guider Malia, la reprenant lorsque ses mouvements n’étaient pas parfaitement similaires aux miens.
Les derniers jours de la semaine passèrent beaucoup trop rapidement et nous arrivâmes au samedi. Durant les derniers jours James avait presque été invivable, nous obligeant à nous entraîner de manière très intense le jeudi, pendant au moins le double de temps de nos entrainements habituels. Et là c’était le jour du match.
Rose et moi nous nous levâmes à l’aube comme l’avait expressément demandé James. On s’habilla en marmonnant pendant que Malia et Teena dormaient encore à poings fermés. Je les enviais sérieusement en ce moment, car mes yeux voulaient se fermer tout seul.
En descendant en bas on retrouva rapidement tous les autres joueurs fins prêts pour aller pendre le petit-déjeuner. Malgré que chacun d’eux avaient les yeux encore bouffis et ensommeillés. Nous rejoignîmes Albus rapidement et ce dernier me prit la main mollement. Apparemment il était encore endormi. Je lui offris un petit sourire et il y répondit à moitié en bâillant.
Devant nous James faisait les cent pas, paraissant très agité. Ses cheveux me paraissaient d’ailleurs beaucoup plus emmêlés que d’ordinaire. Lorsqu’il tourna son visage vers nous, ses yeux étaient très éveillés et plutôt vifs. Il amorça alors un petit discours :
- Je ne crois pas que le match d’aujourd’hui sera très difficile. L’équipe de Poufsouffle est beaucoup moins excellente cette année que l’an passé. Et encore, nous sommes meilleurs, j’en suis sûr. Alors je sais que nous les auront haut la main. Mais! Ça ne veut pas dire qu’on peut se permettre de flâner. Si je me fie à toutes les années antérieures… nous sommes toujours en finale contre les Serpentards. Et je me doute bien que cela va se reproduire. Leur équipe est plutôt très douée cette année, alors ce sera rude. Mais il nous faut gagner. Donc aujourd’hui on doit obtenir le plus de points possible, vous m’entendez? Je compte sur vous, les Poursuiveurs. Sur les trois. Aucun de vous n’a droit à des traitements de faveurs et aucun n’a le droit de perdre son temps. Le Gardien, tu connais ton rôle. Ne laisse passer aucun but, ou du moins, le moins possible. Les Batteurs… (Il me jeta un bref coup d’œil) Vous connaissez votre boulot, alors… faites le bien! Maintenant allons nous restaurer un peu.
Lorsqu’il avait mentionné les Batteurs je lui avais adressé un sourire éclatant et j’étais presque certaine qu’il avait dû faire un gros effort pour ne pas lever les yeux au ciel. Nous nous dirigeâmes alors tous d’un même pas, derrière notre capitaine, en direction de la Grande Salle. Avant de sortir je vérifiai pour être certaine que j’avais bien mon sac à main de survie en Vision-Influençable. Rassuré sur ce point, je suivis les autres à l’extérieur. J’espérais sincèrement qu’une vision ne me frapperait pas en plein match. Mais connaissant ma chance… c’était possible. Surtout que cela un moment que je n’en avais pas eu. En règle générale plus elles étaient espacées et plus elles étaient intenses.
Une fois à la Grande Salle on ne fut guère surpris de ne découvrir que très peu d’élève. À la table des Poufsouffles se trouvaient évidemment l’équipe de Quidditch, mais sinon il n’y avait pas beaucoup d’autres élèves de leur maison. Sans parler des autres tables.
Je mangeai avec très peu d’appétit mon petit-déjeuner, mais il valait mieux que j’aie l’estomac plein et non pas vide lorsque l’heure du match arriverait, donc je fis de mon mieux pour en avaler un maximum. À voir l’air de Rose et Albus ils n’avaient pas très faim non plus.
Lorsque finalement toute l’équipe eut finit de manger nous nous rendîmes d’une démarche automatique jusqu’à nos vestiaires. Une fois là je sortis religieusement mon balai de mon casier et je me sentis immédiatement beaucoup plus énergique. L’adrénaline afflua dans mes veines et je n’eus plus qu’une envie, sortir dehors et frapper de toutes mes forces sur les Cognards. En prenant ma batte ce fut encore mieux, je me sentie sur un petit nuage. James nous demanda alors de tous nous asseoir et nous répéta la stratégie qu’il avait mise en œuvre.
Bientôt sonna l’heure du match. Nous dirigeâmes tous d’une démarche légèrement raide jusqu’à la porte menant sur le terrain de Quidditch. Je piétinais légèrement surplace et un sourire commençait à étirer mes lèvres. Le même phénomène se propagea dans toute l’équipe et c’est donc le sourire aux lèvres que James lança :
- Bonne chance, l’équipe! Allons donc leur montrer ce que jouer au Quidditch veut dire!
Je me mis en position tout comme les autres après avoir répondu à sa remarque. Les joueurs de l’autre équipe allaient regretter de s’être lever pour participer au match, car aujourd’hui je vibrais d’une énergie… destructrice. Tout ce dont j’avais envie s’était de faire des dégâts. Enfin, pas de gros dégâts, mais des dégâts dans leur stratégie, disons.
Ce fut alors le temps de sortir et nous fîmes notre entrée avec les hurlements des membres de notre Maison qui nous encourageaient. Je sentis un feu brûlant se propager dans mes veines et je dus me contenir pour ne pas aller à la vitesse supérieure sur mon balai.
Bientôt l’arbitre nous demanda de prendre place, demanda aux deux capitaines de se prendre la main comme le souhaitait la coutume, révisa les petits règlements que tout le monde connaissait par cœur et… ce fut le lancer du Souafle. Rose l’attrapa à la vitesse de la lumière et le match commença, accompagné des intarissables commentaires de la commentatrice, Phoebe Jordan. Elle était de mon année et remplaçait son frère qui avait terminé ses études deux ans plus tôt. En tout cas elle était comme lui et ne restait jamais neutre. Elle était très sympathique comme fille, malgré que je ne la côtoyais que très peu.
Je ne prêtais guère attention à ses commentaires, par contre. Beaucoup trop occupé à chasser les Cognards. C’était une tâche à temps plein, car tu ne pouvais pas t’arrêter une seule seconde pour souffler puisque les Cognards n’attendaient pas après toi pour aller frapper les joueurs de ton équipe. Je ne me concentrais que très peu sur les manœuvres des joueurs de mon équipe, excepté ceux de Samuel Crivey, l’autre batteur. Je n’en avais pas le temps, mais pour me tenir au courant des scores je me fiais au son qu’émettait la foule et de quelle direction les sons en question provenaient.
Soudain je remarquai l’un des deux Cognards qui se dirigeait droit vers Albus. Et ce dernier était en possession du Souafle. Je ne pris pas une seconde de réflexion et je me lançai à la poursuite du Cognards. D’un coup d’œil vers l’arrière je remarquai que les joueurs de l’autre équipe se lançaient eux aussi sur les traces d’Al.
J’accélérai encore un peu et je finis par rejoindre le Cognard. Au moment où je m’apprêtais à exécuter la figure que l’on appelait le « Revers de Cognard » un long frisson me traversa l’épine dorsale avec force. Je n’avais pas besoin de réfléchir longtemps pour comprendre ce que cela signifiait. Je frappai alors de toutes mes forces le Cognard vers l’arrière pour jeter la confusion parmi les joueurs de Poufsouffle, sans tenir compte de la direction exacte que je visais.
J’avais aperçu du coin de l’œil Albus faire un léger écart lorsque le frisson m’avait traversé et je ne fus guère surprise de le voir lancer le Souafle à sa cousine très rapidement. Je le rejoignis alors à toute vitesse et discrètement lui saisit fermement la main. Cela ne prit même pas une seconde que la vision nous emporta ailleurs, enfin… dans une autre époque.