Hello à tous ! Voilà la suite, c'est partie pour le plan de sauvetage plus ou moins foireux Bonne lecture !
24/ Mission de sauvetage
Ils avaient fait le choix de partir au premières lueurs de l'aube. C'était une idée de Wells, qui avait fini par accepter de se joindre à eux, non sans avoir tenté de les dissuader de participer. Mais personne n'avait vraiment le choix, dans cette situation. L'opération de sauvetage devait se faire à quatre, ou pas du tout ! Et Wells avait fini par le comprendre.
Selon lui, donc, partir aux aurores permettait d'arriver là bas à un moment où, avec un peu de chance, la plupart des partisans de Thanatius serait encore chez eux. Il était probable que certains d'entre eux, comme Calliope Baddock, soient installés là bas, mais d'après le plan du manoir, les lieux n'étaient pas si grand que ça, et le manoir serait sans doute moins peuplé tôt le matin. Par ailleurs, arriver en pleine nuit semblait plutôt suspect pour quelqu'un qui était seulement censé vouloir discuter avec Calliope, et ça leur permettait en plus de dormir quelques heures... Albus, Marius et Rose avait accepté facilement. La maison serait de toute façon encore endormie, et ils pourraient se glisser discrètement dehors.
- On a tout ? Vérifia Albus en étouffant un bâillement.
- Je pense que oui, confirma Rose en tapotant le sac en perles extensible que lui avait donné sa mère pour son anniversaire.
Pour autant, elle relu une fois de plus la liste du matériel dont ils avaient besoin.
- Je ne me souviens plus si j'ai rangé le plan dans le sac..., maugréa-t-elle.
- C'est moi qui l'ai répondit Marius en sirotant une gourde de jus de citrouille. Je commence à connaître l'organisation du manoir par cœur, je crois. Dommage qu'on ne sache pas dans quelle chambre est retenue Colleen...
- On trouvera.
Albus glissa dans le sac de Rose la cape d'invisibilité de moins bonne qualité qu'il avait trouvé la veille avant de jeter un coup d'œil à l'horloge murale.
- On retrouve Wells dehors dans cinq minutes, annonça-t-il.
Les deux autres hochèrent la tête. Tout était prêt. Ou tout du moins autant qu'il était possible de l'être. Marius rangea le plan dans le sac, et tous les trois enfilèrent leur cape et glissèrent leur bague dans une poche.
- On est sûrs que le Magicobus est le meilleur moyen d'accéder là bas ? demanda Rose. C'est facilement traçable. Et pas très discret...
- On a pas vraiment le choix. Les balais sont exclus, et Wells ne pourrait pas nous faire transplaner là bas tous les quatre en même temps... De toute façon, il n'y a jamais été. Non, le Magicobus est la meilleure option. On s'arrêtera en amont, et on marchera un kilomètre ou deux...
Ils en avaient déjà parlé, mais ils savaient que les questions étaient plutôt dues à l'angoisse qu'à la remise en question du plan. Ils voulaient tous s'assurer de ne rien manquer, de n'oublier aucuns détails.
- Allons-y, murmura finalement Marius.
Et le départ fut lancé. Albus referma avec précaution la porte de sa chambre, descendit les escaliers en prenant garde à éviter de faire grincer la cinquième marche, comme il l'avait expliqué aux autres, et ils franchirent la porte d'entrée en silence, accueillits par le froid mordant de la rue encore sombre. Ils parcoururent quelques mètres, jusqu'à la maison numéro 1 où ils avaient rendez vous avec leur professeur. Celui ci les y attendait déjà, unique promeneur dans cette rue déserte. Bien qu'en pleine rue londonienne, il portait une tenue typiquement sorcière.
- J'ai pensé que si je devais me rendre dans un manoir plein de Sang-Purs, il serait plus sage d'éviter les vêtements moldus, éluda-t-il devant le regard surpris des enfants. Et je ne risque pas de croiser grand monde à cette heure ci...
Ils hochèrent la tête, et Wells s'avança vers la route pour appeler le Magicobus. Ils n'avaient pas de temps à perdre. Sur un signe de Rose, les trois amis enfilèrent leur bague et devinrent invisibles quelques secondes avant l'arrivée du bus à impérial violet. Trois jeunes adolescents dans un bus alors que le soleil commençait à peine à se lever attirerait bien trop l'attention...
Mais si Albus avait pensé que le trajet se déroulerait de manière normale malgré leur invisibilité, il se trompait... Certes, on ne pouvait ni les voir, ni les entendre. Pour autant, lorsque le bus magique, dans un tournant laborieux, projeta violemment Rose contre un chariot plein de gobelets et de boissons, cela ne passa pas inaperçu. Les rares passagers matinales fixèrent les gobelets qui roulaient maintenant au sol sans raison, avant de retourner à leurs pensées, sans se départir de leur air interpellé. Ne pouvant communiquer avec Marius (Rose étant sa cousine, ils pouvaient se voir et communiquer sans être entendus), Albus rechercha à tâtons le corps de son ami, et lui agrippa le bras comme il le faisait avec Rose avant de se cramponner dans un coin à l'écart des autres passagers. Ils restaient solides malgré la bague, et ils devaient faire attention à ne rien toucher s'ils ne voulaient pas se faire repérer... Finalement, après un temps qui leur paru bien trop long, le Magicobus s'arrêta dans le village voisin au manoir de Thanatius, dont Wells avait donné l'adresse au contrôleur, et ils purent enfin en descendre. Celui ci repartit dans une embardée, et Wells s'avança vers les buissons, leur murmurant de les suivre. Cachés par les feuillages, ils enlevèrent leur bague. Le fait de ne pas pouvoir être entendu était certes une aubaine, mais également un sacré handicap !
- Bien, nous sommes tous là, apprécia leur professeur. Le manoir devrait être à trente minutes à pied. A partir de maintenant, nous n'aurons sans doute plus l'occasion de communiquer... Alors quoi qu'il arrive, tenons nous en au plan.
A la demande de Rose, ils répétèrent une fois de plus les différentes étapes qui les attendaient, pour s'assurer d'être sur la même page, puis il fut temps de partir. Albus saisit la main que lui tendait sa cousine, et remit sa bague. Ne pouvant se voir tous entre eux, ils devaient rester accrochés s'ils ne voulaient pas se rentrer dedans par erreur, risquer de se faire repérer, ou manquer une opportunité de rentrer dans le manoir. Et ils se mirent en route. Albus s'était imaginé une marche interminable, des minutes s'écoulant trop lentement, et un manoir qui ne se rapprochait pas suffisamment vite à son goût, mais la réalité fut tout autre. Et après ce qui lui sembla être quelques minutes seulement, ils étaient devant les grilles d'un vieux manoir à l'air abandonné. Le bâtiment avait sans doute dû être beau quelques années auparavant, mais il manquait cruellement d'entretien, et Albus songea qu'il devait appartenir à une famille de Mangemorts ou de sympathisants ruinés par les procès d'après guerre. Wells s'approchait du portail, se demandant sans doute comment entrer, lorsque celui ci s'ouvrit devant eux. Après un moment d'hésitation, Wells s'avança sur le chemin qui menait au manoir, et Albus, qui tenait toujours la main de ses amis, le suivit. Après quelques pas, il lui sembla apercevoir une silhouette sur le perron de la demeure, et il se demanda s'il s'agissait de celui qui leur avait permis d'entrer. Il s'étonna de la facilité avec laquelle on leur avait ouvert le portail, mais alors qu'ils se rapprochaient de plus en plus, il comprit que rien n'était encore gagné. En effet, l'homme qui se trouvait devant la porte tenait Wells en joue, un air plus que méfiant sur le visage.
- Qui êtes vous ? Que venez vous faire ici ? Comment avez vous trouvé cet endroit ? Qu'est ce qui m'empêche de vous faire déguerpir d'ici après une bonne leçon ?
- Je- Je ne vous veux aucun mal, promit Wells, la voie tremblante, en levant les bras devant lui, sa baguette toujours dans sa poche. Je vais tout vous expliquer. Je vous demande juste de m'écouter !
- Donne moi d'abord ta baguette, et après on verra, gronda le sorcier qui semblait prêt à l'attaquer au moindre geste.
Wells obéit, et sa baguette atterrit dans les mains de celui qui déciderait sans doute de la suite des événements. Albus resserra la pression sur la main de ses amis. Ils savaient que ça arriverait sans doute, ils en avaient tenu compte dans leur plan, mais voir Wells désarmé et seul face à ce manoir plein de sorciers peu fréquentables n'aidait pas à les rassurer...
- Alors ?, grogna le sorcier. Ma patience a des limites !
- Je suis le père de Co- Je suis le père d'Ariel, se reprit-il. Rhys Wells. Je souhaite simplement parler à Calliope. Je veux juste la voir, régler ça entre nous. Je ne veux vous faire aucun tort, je n'ai que faire de vos actions, qu'on lit dans la gazette. Je n'ai rien contre vous ! Je veux juste voir ma fille. Et je sais qu'elle est là ! Je suis sûr que je peux trouver un arrangement avec Calliope... Je vous en prie, laissez moi lui parler...
- Qu'est ce qui te fait croire que ta fille est là ?
- J'ai posé un Sortilège de Traçage sur elle avant les vacances. J'avais peur qu'il lui arrive quelque chose. Je vous promets que je n'ai prévenu personne ! ajouta-t-il devant le silence de son opposant. Je suis venu seul, et je n'ai plus de baguette. Je ne suis pas un danger pour vous ! Je veux juste parler à Calliope. Ca ne prendra que quelques minutes... S'il vous plaît !
- Un sort de Traçage, hein ? Baddock est une idiote de ne pas avoir vérifié ! Je te préviens, si j'apprends que tu as prévenu quelqu'un, ta gamine est morte ! Tu m'entends ? Entre. Je vais voir si elle accepte de te parler...
Et l'homme ouvrit la porte du manoir. Wells attendit quelques instants avant de s'avancer, laissant aux trois jeunes invisibles l'opportunité d'entrer.
- Qu'est ce que tu attends ?, entendirent-ils le sorcier demander. J'ai pas toute la journée !
Mais ils ne s'attardèrent pas, et s'avancèrent d'un pas vif vers l'étage où se situaient les chambres. Albus sentait son bras se faire tirer en avant par Marius qui avait mémorisé avec une facilité déconcertante le plan du manoir et les menait à travers les couloirs sans difficulté. Bien plus aisément qu'ils ne l'avaient prévus, ils se retrouvèrent à l'entrée d'un long couloir dont tout le mur de gauche comportait une bonne dizaine de portes en bois, tandis que les fenêtres qui composaient le coté droit offraient une vue imprenable sur le parc. Restait à surmonter le premier obstacle... Ils n'avaient aucune idée de la chambre qu'occupait Colleen. Bien sur, ils auraient pu tenter d'ouvrir chacune des portes discrètement, mais il était encore tôt, et ils risquaient d'éveiller la suspicion des sorciers qui s'y trouvaient, endormis... Albus jura en silence. Ils avaient compté sur le fait qu'il y aurait un signe devant la porte de Colleen, un plateau repas abandonné, ou bien qu'elle crierait pour tenter d'être libéré. Mais chacun des panneaux de bois était strictement identiques, et pas un son ne se faisait entendre... Il fallait faire quelque chose, pourtant. Il fallait trouver cette chambre ! Il cherchait frénétiquement une idée, le cerveau en ébullition, lorsque Rose enleva sa bague.
- T'es complètement folle ! chuchota-t-il, mais sa bague l'empêchait d'être entendu par Marius.
- Gardez la bague, murmura-t-elle. J'ai eu une idée. Je vais jeter un Sortilège, je voulais juste vous prévenir pour que vous ne vous inquiétiez pas...
Albus eut juste le temps de se demander pourquoi Rose tenait un pull dans sa main avant qu'elle ne remette sa bague et agite sa baguette. Si lui pouvait voir sa cousine, elle était de nouveau invisible pour Marius, et cette magie qui sortait de nul part devait effectivement lui paraître étrange... En effet, une fumerolle argentée était apparue devant eux, et quelques filaments se déplaçaient vers Rose, tandis que la plus grosse partie se dirigeait vers une porte, au bout du couloir. Le sort de signature olfactive ! C'était une idée brillante ! Ils l'avaient appris juste avant les vacances, et à l'image d'un fin limier, il permettait de suivre la piste de quelqu'un à l'odeur. Une chance que Rose ait pensé à prendre quelques vêtements appartenant à leur amie au cas où elle ne serait pas assez couverte pour s'évader... Albus remercia Merlin que Baddock n'ait pas pensé à prendre la valise de Colleen avec elle en transplanant.
La fumerolle disparut, et la main de Rose se glissa dans la sienne. Il enferma les doigts de sa cousine entre les siens, et tous les trois se dirigèrent vers la porte indiquée. La chambre de Colleen. Le plus discrètement possible, ils poussèrent la porte - après un simple Alohomora - et entrèrent dans la chambre. Ils ne s'étaient pas trompés. Colleen était là, profondément endormie, probablement aidée par une Potion de Sommeil, ou quelque chose du même genre. Heureusement, ils avaient prévu le coup, l'Auror dans la cheminée ayant expliqué que la jeune fille était gardée inconsciente par ses geôliers, et Wells leur avait fourni une fiole de Potion d'Éveil pour parer à cette éventualité. Après avoir enlevé sa bague pour la seconde fois, Rose sortit la fiole de son sac, et entrouvrit doucement les lèvres de Colleen pour l'aider à la boire, non sans peine. Finalement, après de longues secondes, leur amie ouvrit les yeux.
- Chut, lui dit Rose. Ne dis pas un mot, on ne doit pas se faire repérer ! Albus et Marius sont avec moi. On est là pour t'aider à t'échapper.
- Je..., commença Colleen.
Mais Rose lui fit signe de rester silencieuse, et elle lui tendit la cape d'invisibilité qu'elle sortit de son sac. Après s'être assurée qu'elle pouvait tenir sur ses jambes et qu'elle allait bien, elle l'aida à enfiler la cape, et lui fit signe qu'ils sortaient. Ils vérifièrent que le couloir était désert, puis ils quittèrent la chambre et regagnèrent le rez de chaussée.
La scène avait changée. Cette fois, il y avait beaucoup plus de monde qu'à l'arrivée. Et la porte d'entrée avait été refermée, les empêchant de sortir du manoir tant que quelqu'un ne se décidait pas à passer la porte pour leur permettre d'en profiter... Tous les quatre se réfugièrent dans un coin, derrière les escaliers, pour éviter de croiser quelqu'un d'un peu trop près en attendant une occasion de s'en aller. Le hall était plein de sorciers, passant d'une pièce à l'autre discutant de missions et de plans... Albus s'étonnait presque de les trouver si normaux. Pour la plupart, il s'agissait de sorciers qu'il aurait pu croiser sur le Chemin de Traverse, ou même au Ministère, sans penser une seule seconde qu'ils étaient des alliés de Thanatius ! Mais en les regardant de plus près, il lisait quelque chose de froid sur leur visage. Un regard d'acier, des traits marqués, presque durs... Ou alors était-ce son imagination ? Il ne saisissait pas grand-chose à leurs conversations, mais il finit pas comprendre que certains d'entre eux s'apprêtait à retrouver Thanatius dans une pièce du manoir pour faire le point sur leurs actions, tandis que d'autres préparaient quelques chose ou s'apprêtaient à partir. Albus était en train de se dire qu'ils auraient peut être bientôt l'occasion de sortir d'ici, lorsqu'il repéra Wells sur le mur d'en face. Ou plutôt son reflet, dans le miroir qui se trouvait sur le mur d'en face. Baddock était avec lui, et ils se trouvaient tous les deux dans une sorte de petit salon comme il n'en existe que dans les grands manoirs. Il n'entendait pas un mot de ce qu'ils se disaient, mais ils étaient en pleine discussion, et Wells était sans doute en train de la supplier de reformer une famille tous les trois... Il aurait aimé faire un signe à Wells, pour le prévenir qu'ils étaient là, qu'ils avaient réussis à récupérer Colleen, mais c'était beaucoup trop risqué dans ce couloir peuplé. Finalement, après quelques minutes supplémentaires d'attente, Calliope Baddock ouvrit la porte du petit salon et s'adressa à un sorcier plutôt âgé qui n'avait pas l'air commode. Avant même qu'elle n'ait ouvert la bouche, Wells lui cria qu'il valait peut être mieux la laisser dormir encore un peu, mais elle ne l'écouta pas, et s'adressa au sorcier.
- Jugson, tu tombes bien. J'ai besoin que tu préviennes Ariel que son père est là. La famille va enfin être réunie !
- Tu crois que j'ai que ça à faire que de m'occuper de tes affaires de famille ? Déjà que j'ai du mal à comprendre comment Elle a pu accepter que tu ramènes ta gamine ici, alors...
- Tu remets en cause ses décisions ? l'interrompit-elle, un sourire mauvais sur le visage.
Albus vit le dénommé Jugson jauger Calliope Baddock du regard, avant de répondre, avec toute la mauvaise volonté du monde.
- Très bien, je vais la chercher, ta gamine...
Il s'éloigna, et Calliope retourna dans le salon, sans fermer la porte, cette fois ci. Le couloir s'était vidé, depuis leur arrivée, la plupart des sorciers s'étant regroupés dans le grand salon de l'autre coté, ou étant reparti dans les étages, vacant à leurs occupations, et Albus, d'une pression sur la main de ses amis, les entraîna vers le petit salon où se trouvait toujours Wells. Ils manœuvrèrent tant bien que mal pour s'installer derrière le canapé où était assis leur professeur, assez près de la porte en cas de besoin. Calliope vint le rejoindre, et lui murmura qu'elle le trouvait toujours aussi beau, et qu'elle était ravie de le retrouver aujourd'hui. Albus sentit ses joues se colorer de gênes. Baddock se rapprochait de Wells, lorsque Jugson surgit dans la pièce en s'époumonant.
- Elle a disparu ! La chambre est vide ! Il l'a fait évader !
Il pointait Wells du doigt, et Calliope s'écarta du canapé d'un geste brusque.
- Qu'est ce que tu as fait Rhys ?
Sa voix tremblait, mais Albus avait du mal à savoir si c'était de tristesse ou de colère. Elle avait voulu y croire. Elle avait voulu s'imaginer qu'elle pourrait former une vraie famille avec lui et sa fille, et maintenant, elle se sentait trahie.
- Je n'ai rien fait, Callie, balbutia-t-il. Je te le jure, je...
Albus l'observait secouer la tête d'un air écœuré tandis que d'autres sorciers les rejoignaient, alarmés par les cris de Jugson. Les murmures dans la salle s'amplifiaient, alors que tous les regards été braqués sur Wells.
- Ca ne peut être que lui !
- Comme par hasard elle s'évade pile quand il est là...
- Je le savais que cette gamine ferait tout capoter ! Elle n'avait rien à faire là !
- Elle ne peut pas être bien loin...
- Elle va passer un sale quart d'heure quand on l'aura retrouvé, ça je vous le dis !
Albus distingua un éclair de terreur dans les yeux de Baddock, avant qu'elle ne se retourne vers Wells, furieuse.
- Où est ce qu'elle est ?
- Mais, enfin... Je ne sais pas ! J'étais là tout le temps, avec toi ! Je ne suis pas resté seul une seconde et j'ai encore moins eu l'occasion de quitter la pièce ! Je ne sais pas où elle est.
Calliope Baddock se détourna de lui sans même répondre, et des ordres furent donnés. Tous les sorciers de la pièce se dispersèrent dans le manoir à la recherche de Colleen, à l'exception de sa mère biologique qui resta surveiller Wells. Elle le fit déplacer sur une chaise, juste à coté du canapé, avant de le ligoter à l'aide d'un sort. Toujours invisibles, tous les quatre se déplacèrent de quelques pas vers la chaise, entraînés par Albus. Baddock maugréait des phrases à peine compréhensibles dont seuls quelques mots ou bouts de phrases, comme « ...pas y croire... » « trahison », « ...me venger » étaient intelligibles. Elle faisait les cents pas devant la cheminée, sans un regard pour Wells attaché juste en face. Albus réfléchissait. Pour l'instant, ils étaient plus ou moins en sécurité. Mais Wells était en danger ! Et la situation de Colleen restait précaire... Si quelqu'un l'effleurait, ou si elle faisait le moindre bruit... S'assurant que la geôlière ne regardait pas dans leur direction, Albus se baissa légèrement pour atteindre les liens de son professeur et commença à tenter de les desserrer. Celui ci eut un hoquet de surprise en sentant les doigts d'Albus sur sa peau, mais Baddock n'y prêta pas attention, et comprenant sans doute ce qu'il se passait, il ne broncha plus. Il avait presque défait le premier nœud lorsque l'homme qui leur avait ouvert la porte à l'arrivée entra dans la pièce.
- C'est vrai ce qui se dit, Calliope ? Ta fille s'est enfuie ?
- Thanatius... Elle est..., commença celle ci après avoir hoché la tête pour confirmer.
- On n'a pas jugé utile de l'interrompre pour ça en pleine réunion. Après tout, elle n'a pas pu aller bien loin. On va la retrouver ! Mais tu devrais aller avec les autres pour la chercher. Crois-moi, si tu entendais ce que dis le jeune Rookwood... Tu ne veux pas qu'il la trouve avant toi !
Elle acquiesça, semblant le remercier du regard, avant de jeter un œil à son prisonnier.
- Vas-y. Je vais le surveiller, proposa le sorcier.
- Merci, Roper, glissa-t-elle en quittant la pièce.
Roper ! songea Albus. L'Auror infiltré ! C'était l'occasion ou jamais ! Après s'être assuré qu'il soit bien seul dans la pièce, il enleva la bague un court instant, fit signe à l'Auror stupéfait de garder le silence, désigna ses amis invisibles de la main en levant quatre doigts, et renfila l'anneau. L'Auror hocha la tête, montrant qu'il avait compris. Puis il se mit à tripoter longuement sa montre, et Albus comprit qu'il devait utiliser ce moyen pour communiquer avec ses collègues.
- Alors, comme ça on vient ici et on sème la zizanie ? lança-t-il à Wells d'un air méprisant au bout d'un moment, après quelques regards en direction du couloir. Et tu crois que tu vas t'en sortir comme ça ? C'est ce qu'on va voir !, ricana-t-il en le menaçant de sa baguette.
Un éclair en sortit soudain, frappant le prisonnier de plein fouet. Albus vit la corde qui lui liait les mains tomber au sol, sanctionnée.
- Alors comme ça, on résiste à la douleur, hein ? s'amusa-t-il en s'approchant du professeur très surpris, qui dos à Albus, n'avait pas tout suivit.
- Je vais libérer le couloir, murmura-t-il lorsqu'il fut assez prêt du petit groupe, tout en promenant sa baguette sur le coup de Wells comme s'il s'apprêtait à le blesser. Je ferais diversion, et vous pourrez filer discrètement. Courrez le plus vite possible vous mettre à l'abri derrière les arbres. N'essayez même pas de sortir du parc, vous n'y arriverez pas... Cachez vous simplement en attendant qu'on vienne vous chercher. Les renforts arrivent. Mais d'abord, Wells, vous allez devoir prétendre souffrir. Hurler à la mort. Et quand j'en aurais fini avec les sorts, prétendez être évanoui, d'accord ?
Sans attendre sa réponse, Roper s'éloigna, et le visa de nouveau de sa baguette.
- On va voir si tu es aussi résistant, maintenant ! Jubila-t-il.
Et les sorts s'enchaînèrent sous les hurlements de la victime. Albus avait beau savoir que ce n'était pas vrai, il ne pouvait s'empêcher de se sentir mal face aux cris de son professeur. Finalement, les éclairs cessèrent, et la tête de Wells roula sur ses épaules, inconscient. Roper sortit dans le couloir, extatique.
- T'as pris ton pied ? se réjouit une voix d'homme.
- Qu'est ce que tu fais là, toi ? T'es pas censé chercher la fille ?
- Et toi ? Tu dois pas surveiller ton nouveau jouet ?
- Crois moi, vu l'état dans lequel il est, il ne va pas aller bien loin ! Je sors prendre l'air deux minutes. Toi, va chercher la fille.
- Je pourrais...
- N'y pense même pas ! Pour l'instant, il est à moi. Maintenant, vas aider les autres au lieu de rester là à profiter du spectacle.
Albus perçut un soupir, puis des pas qui s'éloignaient avant d'entendre la porte d'entrer s'ouvrir. C'était le moment. Il effleura la cape d'invisibilité de Colleen du bout des doigts, et se glissa dessous avec elle. Heureusement, elle était taillée pour un adulte, et permettait donc de les couvrir tous les deux. A l'abri, il retira sa bague, et la glissa dans la main de son professeur.
- Allons-y maintenant, souffla-t-il à l'attention du groupe, et il vit soudain Wells disparaître.
Tenant fermement la main de Colleen sous la cape, il entreprit de se déplacer le plus discrètement possible. Il percuta quelques chose, et une main s'agrippa autour de son bras. Il n'avait aucune idée de qui il s'agissait, ni de si ses autres complices était encore derrière le canapé ou non.
- Essayer de voir où Colleen et moi allons, souffla-t-il avant qu'ils ne quittent la pièce. Regarder les mouvements dans l'herbe, sinon on risque de se disperser.
Puis ils franchirent la porte. Roper avait réussi, le couloir était maintenant désert. Il distinguait des silhouettes dans le grand salon, mais personne d'assez prêt pour remarquer quoi que ce soit. De toute façon, ils étaient invisibles. Roper était à quelques mètres du perron, et il avait laissé la porte entrouverte. Il semblait très concentré, et marmonnait des paroles en agitant furtivement sa baguette.
- Merci, chuchota néanmoins Albus lorsqu'ils passèrent à coté de lui, au moins pour qu'il sache qu'ils étaient dehors.
Puis ils coururent. Ou du moins, ils marchèrent aussi vite que deux personnes cachées sous une cape le peuvent. Colleen et lui furent les premiers à arriver à l'orée des bois qui encadraient le parc. Au cas où les autres ne l'auraient pas suivi, il agita légèrement une branche pour leur indiquer leur présence. Il finit par voir quelques traces dans la terre, et quelques feuilles bruisser sous des pas invisibles. Il en conclut qu'ils étaient au complet. Alors débuta l'attente. Il devait s'être écoulé moins de deux minutes lorsqu'ils entendirent des éclats de voix venant du manoir. Ils avaient dû s'apercevoir de la défection du prisonnier. Roper n'était plus devant la porte, et Albus espéra qu'il allait bien. Les voix se turent, et ce fut le calme, jusqu'à ce qu'une série de « pop » caractéristiques résonnent dans le parc. La barrière anti-transplanage était tombé. Une vingtaine d'Aurors encerclaient le manoir. Et les cris reprirent. Les sorts fusèrent, des blessés tombèrent. De sa cachette, Albus voyait tout, et il était mort d'inquiétude. Il savait que son père était parmi eux, que chaque sorcier du camp opposé voudrait sa peau en particulier, qu'il était en danger. Sous la cape, Colleen serrait fort sa main, comme pour lui dire « ça va aller ». Il ne savait depuis combien de temps il était là, mais les minutes semblaient s'égrener au ralenti. Il avait vu quelques ombres courir à travers bois, cherchant sans doute à s'échapper. De plus en plus de sorciers semblaient allongés sur le sol. Stupéfixiés ou morts ? Il cherchait son père du regard sans le trouver nul part. Il devait être à l'intérieur, avec Thanatius, sans doute... Au moins les Aurors semblaient-ils avoir le dessus ! Ils étaient plus nombreux, préparés, avaient étudiés les lieux et attaquaient par surprise. L'intensité des combats finit par diminuer, et le calme revint doucement. Les Aurors avaient gagnés. Albus les voyait escorter des sorciers et des sorcières menottés, certains commençaient déjà à transplaner avec les suspects en direction du Bureau des Aurors. Mais Albus n'attendait qu'une chose : voir son père sortir du manoir. Maintenant qu'ils étaient hors de danger, ils avaient ôté capes et bagues, et ses amis l'entouraient, aussi inquiet que lui. Wells tenait la main de Colleen, soulagé de l'avoir retrouvé. Bientôt, une silhouette se détacha du manoir, s'avançant vers eux. Albus eut une bouffée d'espoir, mais comprit vite qu'il s'agissait de Roper. Il était salement amoché. Son visage était tuméfié, sa robe de sorcier était tachée de sang, indiquant une plaie au niveau de l'abdomen, et il boitait.
- Vous devriez aller à Ste Mangouste ! s'exclama Rose alors qu'il arrivait à leur niveau. Vous avez besoin d'être soigné !
- Je vais bien, ne vous inquiétez pas pour moi. J'ai déjà subi bien pire ! Vous devriez plutôt vous inquiéter pour vous, tiens... Vous allez en prendre pour votre grade, les jeunes ! Et les savons du Commandant, ça ne rigole pas !
- Alors mon père...
- Il va bien. Il est avec Thanatius, à l'intérieur. On l'a arrêté ! On n'en a pas eu autant qu'on aurait pu si on avait attendu un peu, mais on les trouvera. On sait qui chercher de toute façon, il ne nous échapperons pas longtemps.
- Alors tout le monde va bien ?, fit confirmer Colleen.
- On a deux Aurors qui ont été gravement blessés, soupira-il. Eux sont vraiment dans un sale état. Ils ont été transférés d'urgence à Ste Mangouste. Ils devraient récupérer, si tout va bien... Mais personne n'est mort.
Tout le monde souffla de soulagement. Ils devaient bien avouer qu'ils s'en voulaient tous un peu. Comme s'il lisait dans leurs pensées, Roper enchaîna.
- C'était stupide, les enfants ! On gérait, vous savez ? Il ne lui serait rien arrivé, à la Miss ! Je la protégeais, et on était presque prêt à intervenir. Vous avez eu beaucoup de chance, vous savez? Si le Pr Wells, poursuivit-il en le désignant, ne nous avait pas prévenu de votre plan par Hibou Express très tôt ce matin, ça ne se serait peut être pas terminé aussi bien...
Albus jeta un regard sidéré à son professeur. Il avait prévenu les Aurors avant de venir ? Celui ci avait baissé le regard, l'air coupable.
- Vous avez bien fait, Wells ! le rassura Roper. Comme je l'ai dit, sans ça, ça ne se serait sans doute pas passé aussi bien ! J'ai reçu un message une dizaine de minutes avant votre arrivée, c'était moins une ! Je me suis débrouillé pour être celui qui vous ouvrirait. J'ai accepté de vous laisser rentrer. J'ai prétendu ne pas sentir de courant d'air quand les jeunes sont passés. J'ai pu indiquer aux Aurors le meilleur moment pour intervenir, et de leurs cotés, ils étaient déjà tous prêts !
Effectivement, songea Albus, on ne pouvait pas savoir ce qu'il se serait passé sans le courrier de Wells. Mais pourquoi celui ci avait-il attendu le dernier moment pour l'envoyer ? Il s'était assuré qu'il soit reçu après leur départ de la maison, sinon son père l'aurait enfermé à double tour avant même qu'il mette un pied dehors... Wells n'avait pas voulu compromettre leur mission. Il avait voulu agir avec eux, mais il avait couvert leurs arrières. Il avait sans doute dû dire aux Aurors qu'ils iraient avec ou sans lui et qu'il préférait les accompagner. Alors même qu'il savait qu'ils ne pourraient rien faire sans lui. S'il avait voulu les empêcher d'agir, il aurait simplement pu ne pas venir, et rien ne serait arrivé. Mais il avait voulu sauver Colleen autant qu'eux. Albus se rendait compte maintenant, qu'un professeur qui accompagnait ses élèves dans une mission pareil, ce n'était pas forcement bon pour lui. Il allait sans doute se faire convoquer... Lui qui avait détesté Wells pendant des mois avait maintenant peur qu'il soit renvoyé. Il sourit. Ils témoigneraient en sa faveur. Ils diraient qu'ils l'avaient menacé d'y aller seuls, et qu'il n'avait eu d'autre choix que de venir pour les protéger.
- Tiens, au fait, la Miss, se souvint Roper, interrompant les pensées d'Albus. C'est à toi, n'est ce pas ?
Il récupéra un objet dans sa poche, qu'il tendit à Colleen.
- Ma baguette ! s'exclama-t-elle en la récupérant avec bonheur.
- J'ai la votre aussi, Wells, dit-il en la lui rendant. Vous pensez pouvoir rentrer seul ?
- Oui, bien sur, mais les enfants ?
- On va utiliser la cheminée du manoir. On va la relier à la maison des Potter pour quelques minutes. On s'est dit qu'ils n'auraient pas envie de prendre le Magicobus...
Albus le remercia intérieurement de leur éviter ça. Effectivement, le réseau de Cheminette serait bien plus rapide et confortable... Roper proposa à Wells de faire la même chose pour lui, mais celui ci affirma qu'il pouvait transplaner. Rose, Marius et lui le remercièrent chaleureusement, et Colleen le serra longuement dans ses bras.
- Merci à vous aussi, formula Marius avec reconnaissance à l'adresse de l'Auror. Vous nous avez sauvé !
- Mais ce fut un plaisir, jeunes gens ! Évitons tout de même de remettre ça, hein, rigola-t-il. Allez, je vous emmène à la cheminée. Moi aussi j'ai envie de rentrer ! Un peu d'essence de dictame, et au lit !
Merci d'avoir lu, j'éspère que ça vous a plu ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez