Un sourire quelque peu amusé étire mes lèvres quand il mentionne certaines blagues douteuses de nos élèves. Oh, oui, assurément, il nous arrive plus régulièrement de se serrer les coudes pour contrer ce genre de choses. Je suis son regard vers les tables des élèves et cherche, sans doute comme lui, la présence de nos élèves les plus... turbulents au niveau de la plaisanterie. Heureusement, aucun des Serpentards n'est aussi farceur. Du moins... pas aussi ouvertement. Je lâche, toujours avec un petit sourire:
- Je ne vois absolument pas de quelle genre de blague tu parles...
Je conclue ma phrase avec un clin d'oeil pour l'assurer que j'ai très bien compris au contraire. Et que je ne suis pas idiote au point de ne pas savoir que certains de nos élèves commettent des blagues douteuses. Toutefois, malgré que je ne l'admettrai jamais de vive voix, ces blagues sont un bon moyen de calmer l'atmosphère. Et on ne pourrait pas dire que j'ai été la Serpentard la plus sage lors de mes années d'études. Puis, fréquenter un Gryffondor n'était pas en soi l'une des actions les plus prisés par les élèves de ma Maison. Et ils m'en tenaient rigueur, ce qui m'avait toujours semblé bien stupide et je ne m'étais pas empêcher de le leur dire. Ah, Logan... N'y pense plus... je me sermonne encore avec un soupir intérieur.
Quand je lui dis que j'ai l'impression que ce n'était pas prévu, je ne m'attendais pas à ce qu'il se lance dans une explication plus ou moins clair, sans entrer dans les détails, puis en continuant sur les conséquences. Toutefois j'en comprends assez pour savoir que bien des problèmes l'attendent, mais sans doute aussi de grandes aventures bien... compliquées et sans doute certaines intéressantes et palpitantes. Enfin... cela si les autres membres de sa famille prenne bien la nouvelle et que la vision que j'ai eu n'est pas trop terrible en conséquence... Je lui dis rapidement:
- Je crois que c'est un bon plan.
Par la suite il mentionne qu'il ne me fera pas de leçon de moral pour le fait de ne pas manger, car on pourrait lui critiquer de boire du whiskey de bon matin, mais je suis d'accord avec sa première affirmation : cette journée sera en effet incroyablement longue.
- En effet, je crois bien que la journée sera longue...
Après quoi, il m'annonce qu'il va commencer à préparer sa salle de cours et qu'il me tiendra au courant s'il obtient des nouvelles de sa mère. Tandis qu'il me salue, je lui adresse un hochement de tête en guise d'au revoir. Je suis encore quelque peu bouleversé par tous les évènements récents. Mon don qui me fait défaut. Les nouvelles attaques. Logan... Oui, plein de charmantes sources de contrariété, d'inquiétudes pour créer un horrible bouleversement intérieur.
J'ai l'impression d'avoir avalé un crapaud particulièrement gros et visqueux quand elle me dit qu'elle s'en souvient. Qu'elles ont le même âge. Par Merlin, elles ont aussi toutes les deux des cheveux blonds... Mais elles ne se ressemblent pas, une fois la couleur des cheveux mis de côté. Non, il n'y a rien en Axelle qui pourrait me remémorer ma soeur, sinon ses cheveux et son âge. Sachant qu'elle attend peut-être une réaction de ma part, je hoche tranquillement de la tête, beaucoup trop bouleversé (et par manque d'envie) pour dire quoi que ce soit. Je ne suis pas le plus bavard des professeurs, même si je ne suis pas asociale pour autant. Enfin, avec Gaby, je n'ai pas trop le choix de parler plus. Sinon, elle me lance son regard dû « allez, dit quelque chose! Exprime-toi! ». C'est bien la seule qui parvient à me faire dire de longues phrases. Bien évidemment, il m'arrive de parler plus avec d'autres personnes que Gaby, mais c'est généralement dû au fait que mon interlocuteur parle encore moins que moi.
Malgré mon absence presque totale de l'endroit où je me trouve, mon esprit étant préoccupé par des évènements et des personnes passées, je remarque qu'Axelle ne semble pas tout à fait... aussi sereine qu'au tout début de son intervention dans ma bulle de culpabilité. Je sens le désir de lui demander ce qui ne va pas monter en moi, peut-être par une réminiscence de cette culpabilité envers ma soeur et du fait qu'elle aurait le même âge qu'Axelle. Que si je ne me concentre que sur ses cheveux blonds... je pourrais parvenir à visualiser ma soeur. Sauf que ce ne serait pas bien de faire une telle chose. Alors, pour éloigner ce désir imprégné d'une mauvaise pensée je lui demande comment s'est passé sa première semaine de cours.
J'esquisse un léger sourire en l'écoutant, très léger et presque imperceptible, mais il est bien là. Je sais parfaitement ce que c'est que de vouloir virer des élèves toutes les cinq minutes. Évidemment, de mon côté je fais de cette envie une réalité. Un jour, je me souviens dans mes débuts que je m'étais montré particulièrement... sévère et j'avais envoyé l'un de mes élèves faire connaissance de manière plus approfondie avec le coin d'un mur. Et je lui avais demandé s'il trouvait toujours aussi amusant de discuter à son voisin. Voisin qui se trouvait à l'autre coin de la pièce.
Elle continue rapidement en ajoutant qu'elle ne croit pas être un professeur très stricte, car elle n'aimait pas cela lorsqu'elle était jeune. Je fronce légèrement les sourcils en songeant qu'elle n'avait pas dû m'apprécier pendant sa dernière année d'étude... Je reprends toutefois une attitude plus neutre lorsqu'elle affirme que son présent travail est bien plus calme que l'ancien. Ce que je ne peux qu'approuver, puisqu'un métier impliquant des dragons est bien plus périlleux que celui de professeur. Quoique cette année, les choses pourraient bien... se renverser. Je fronce à nouveau les sourcils face à cette pensée bien sombre et douloureuse. Je lâche d'un ton que j'espère le plus neutre possible:
- Si je comprends bien... ma toute première année d'enseignement ne t'a sans doute pas enthousiasmée... Car j'étais déjà strict. Sans doute un peu moins... que maintenant.
Elle ne s'en souvient peut-être pas. C'était il y a déjà près de dix ans, après tout. Et parfois, notre dernière année d'étude passe comme dans un brouillard. Beaucoup trop vite pour qu'on puisse se souvenir de tout...