Lily & James [Harry Potter] - Terminée

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cochyo

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Re: Lily & James [Harry Potter]

Message par cochyo »

Très bon chapitre ! Tout s’emballe de plus en plus !
annabethfan

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Re: Lily & James [Harry Potter]

Message par annabethfan »

D'abord je tiens à dire que t'as raison, le café Elephant House à Edimbourg est juste génial, pareil pour la rue qui aurait inspiré le Chemin de Traverse ^^ J'ai des photos aussi des toilettes, c'est hyper impressionnant le nombre de graffiti!!!

Ton dernier chapitre était génial sinon!! (Désolée de pas avoir commenté....)
Sirius fixait Gandalf avec un dégoût non dissimulé
Ils l'ont appelé Gandalf je meurs :lol: :lol:
Tu sais que je les déteste ! Et tu en as quand même pris un chez toi !
Comme si Sirius avait son mot à dire sur ce qui passe chez les Potter ^^ En vrai c'est trop le quatrième membre informelle de la famille :lol:
Vous auriez pu l’appeler Vasaloppet.
Cazo c'est un délire perso? ^^
je me suis dit qu’il y avait peut-être moyen de travailler dans le domaine même sans être joueur.
Ca me brise le coeur... Il n'aura pas le temps de réaliser son projet ^^
Il semblait tant y croire que Sirius décida d’y croire avec lui.
Cette phrase est magnifique... ça en dit tellement sur eux, leur relation et leur amitié!
L’un d’eux m’a dit que c’était la troisième fois qu’il oubliettait le même Moldu !
James se mit à rire alors que Lily prenait un air horrifié.
- Ce pauvre type est un aimant à malchance, s’esclaffa James.
Ca serait pas Jacob qui s'est encore attiré des ennuis pendant ses vacances à Londres? ^^
Il s’empressa de cacher tout son linge sale dans une armoire.
:lol: Donc James avait raison!
Bon, quelqu’un transmettra à Lupin, annonça Gideon. Il est en mission ?
J'aime pas ça... Ils vont accuser un peu plus Remus à cause de son absence...
il faut s’attendre à tout cette année. Attaques en masse et de tous genres, instabilité politique, mise en danger du secret magique…
Oui bon rien de bien nouveau, la routine quoi ^^
Sans attendre de réponse, elle se leva lestement et quitta l’appartement en claquant la porte, l’air hors d’elle.
Je m'attendais tellement pas à ça de la part de Margaret...
- C’est toi qui va filer, Prewett, répondit calmement Sirius, tu es chez moi.
Le grand roux jeta un regard étonné à son environnement. Il semblait avoir oublié qu’il ne se trouvait pas au QG.
Ils sont fatigués :lol: :lol: :lol:
sa mère était normalement rentrée du travail à cette heure-ci. La voiture était dans l’allée, donc elle n’était pas sortie faire des courses. Légèrement inquiet, il monta à l’étage tout en appelant Espérance. La chambre de ses parents étaient dans un bazar indescriptible.
J'ai un très mauvais pressentiment... Tu peux pas faire ça! Pas les parents de Remus!
- Ta mère a disparu, annonça-t-il a voix basse. Il y a trois jours. J’ai demandé à Maugrey de te prévenir.
Trois jours? Trois jours? Et personne ne l'a prévenu?!!
L’Irlande est une sale épine dans le pied de l’Angleterre
Clem? Une réaction? :lol:
- Maugrey, grinça-t-il. Il faut que je vous parle.
- Je suis occupé.
- Je m’en fiche.
Remus en mode bad-ass, j'aime tellement ^^
Le QG, reprit-il. C’était la maison de mes parents. L’endroit où je rentrais pour les vacances, pendant ma scolarité à Poudlard. Tu crois que ça ne me fait pas mal de voir cet endroit réduit en cendres, le moindre souvenir de mes parents dispersé aux quatre vents, profané par les Mangemorts ?
C'est trop triste... je m'étais jamais demandé à qui appartenait le QG...
Et puis je pense au deuxième QG vingt plus tard qui est aussi la maison d'enfance des Black, mais cette fois Sirius aurait été ravi qu'elle brûle. Ironique...

Super chapitre!!!
Charmimnachirachiva

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Re: Lily & James [Harry Potter]

Message par Charmimnachirachiva »

Génial !!!!!

C'est sur que ça fait du bien de voir Lily et James de si bonne humeur ( en plus le projet de James est pas mal !!)
Gideon est vraiment pas pratique !!
Remuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuusssss !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Ta mère ne méritait pas ça !!
Maugrey est vraiment insensible ( mais, on a enfin appris quelque chose sur lui !!!!!! )
Hylla

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Re: Lily & James [Harry Potter]

Message par Hylla »

Oh une revenante! Oui je parle de moi-même ben bravo, ça commence bien...
Bref les derniers chapitres (12 à 15) étaient géniaux du coup j'ai tout lu d'un coup et je pouvais pas m'arrêter(il faudrait que j'arrête de dire ça à chaque fois)!

J'étais super intéressée par le passage sur les différentes couches de magie et dissonances (et yes j'ai enfin une référence: celle sur Cavalier Vert d'ailleurs je devrais lire la suite...) et le travail de Fabian et William tout ça :)
Evidemment c'était une diversion pour brûler le QG aaah! Classique, malheureusement (je dis ça j'y avais pas réfléchi)! Wow et Lupin qui est seul à ce moment, complètement affaibli et personne pour l'aider... J'étais tellement angoissée pour lui!
*racontage de vie time* ce passage m'a rappelé le jeu d'"horreur" Until Dawn auquel j'ai joué récemment (à l'échelle des 2 mois de mon retard) & qui m'a beaucoup fait paniquer bref
Oh et premier et dernier Noël de Harry avec ses parents, qui m'a également rendue nostalgique des moments passés à Poudlard tout ça! *racontage de vie time* qui m'a rappelé le collège quand je lisais L&J & qu'ils étaient vraiment jeunes: la nostalgie est présennnte Gandalf le chat, juste génial! :lol:
Ah oui 3 jours ça fait beaucoup, mais c'est horrible sinon pauvre Remus... Et je le soutiens dans sa mini révolte si on peut l'appeler comme ça! Et la maison d'enfance de Maugrey qui part en flammes, d'ailleurs après l'incendie je m'étais justement posé la question (je me suis surtout dit que j'avais du oublier XD).

Oh oui c'est vrai je me souviens du post tumblr à propos de Hp1 mais j'avais que le début mais le headcanon est super, je vois totalement Molly faire ça! Et à propos des sombrals, la théorie selon laquelle on ne les verrait que si on a accepté la mort de la personne, ou quelque chose comme ça, me paraît aussi plausible! J'avais jamais remarqué avant!

Dernière chose:
Lily glissa un bras autour de sa taille et se serra contre lui.

- Tu trouveras un autre rêve, murmura-t-elle. Quand tout ça sera fini, tu trouveras.

Pour toute réponse, il déposa un baiser sur sa tempe.
Image Image
pardon mais c'était une bonne occasion d'insérer mes gifs de b99

Sinon je le répète c'est toujours aussi bien écrit que ce soient des descriptions, des scènes banales entre L&J qu'on apprécie dans ce contexte pas très joyeux, les batailles ou la complexité de la politique etc...
Aucun rapport mais c'est trop cool que tu sois allée en Ecosse, ça me donne tellement envie d'y aller! Merci pour les petites photos d'ailleurs!

Bref voilà désolée du retard enfin de l'absence totale et merci d'avoir continué à me prévenir!
Hâte de lire la suite!

Oui mon commentaire est en désordre total oopsie
Cazolie

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Re: Lily & James [Harry Potter]

Message par Cazolie »

Hello tout le monde !

Merci beaucoup pour vos commentaires ! Encore une fois, pas le temps de répondre malheureusement :( Je viens de finir le chapitre haha
Comme je suis en pleine rédaction de mémoire, ça devient un peu compliqué de gérer les deux à la fois, MAIS JE M'ACCROCHE
Honnêtement, c'est possible que ça s'accélère un peu dans la fanfic, j'espère que je n'arriverai pas à la fin de façon trop précipitée. Si vous avez déjà l'impression que ça se précipite, n'hésitez pas à m'en faire part :) Je n'ai pas envie de bâcler cette dernière partie :)

Mille mercis en tout cas !

Bon je suis bof satisfaite de ce chapitre - enfin surtout de la première moitié. On sent que j'ai lutté :lol: C'est terriblement poussif haha
J'espère que ça vous plaira quand même !

Ah, et R.I.P "Au temps des Maraudeurs" :cry: Merci pour cette fanfic géniale Anna' <3 Je n'ai pas encore lu l'épilogue (je me prépare psychologiquement) mais ça va venir !

Note du bêta : Salut tout le monde ! Aujourd'hui je sais que vous êtes tous inquiets pour Espérance Howell épouse Lupin maman du pauvre Mumus alors on va voir ce qu'on peut faire pour elle. Ce chapitre, fait rarissime, est même quasi exclusivement consacré à ce sujet. Mais bien entendu, quelqu'un va nous quitter pour toujours et cela ne sera plus jamais comme avant... Bisous bonne lecture !!!!


Chapitre 16

Espérance Lupin avait vraisemblablement été enlevée chez elle. Sa voiture était là, c’était une indication suffisante. Remus avait dans l’idée que si des hommes encapuchonnés avaient débarqués dans les rues de leur quartier résidentiel pour s’en prendre à la petite Espérance Lupin, que tout le monde adorait, quelqu’un s’en serait rendu compte.
Lyall affirmait pourtant qu’il n’y avait aucun signe de lutte. Lorsqu’il était rentré du Ministère et qu’il n’avait pas trouvé sa femme dans la maison, il avait cru qu’elle était allée voir la voisine. Ne la voyant pas revenir, il avait commencé à s’inquiéter.

- Elle l’a peut-être suivi de son plein gré, commenta Remus, tout en compulsant les journaux locaux des derniers jours, à la recherche d’incidents étranges dans leur quartier. Un coup de Polynectar et le tour est joué.

Son père, avachi dans un fauteuil de leur salon, releva la tête pour jeter un regard inquiet à son fils, assis à la table du séjour.

- Alors elle aurait vraiment été visée ?
- On ne peut rien affirmer.
- Pourquoi est-ce que c’est si important pour toi de savoir où et comment elle a été enlevée ?

Remus referma le journal qu’il consultait pour accorder toute son attention à son père. Il avait mal au crâne.

- Récemment, les Mangemorts et leurs larbins se sont lancés dans l’enlèvement de masse. C’est ce qu’il s’est passé au Nouvel An. Dans ces cas-là, ils mettent toutes leurs victimes au même endroit. C’est rarement discret. Si elle est la seule à avoir disparu, c’est autre chose.

Lyall hocha la tête sans répondre. La dernière fois que Remus l’avait vu si perdu et désorienté, c’était lorsque Greyback l’avait mordu. Avec un soupir, il se plongea dans la lecture du journal du comté. Très vite, un article lui sauta aux yeux : « Un criminel dans nos rues ? Deux personnes portées disparues le même jour ». Si rien dans les colonnes n’indiquaient qu’il puisse s’agir de l’oeuvre d’un Sorcier, Remus n’en doutait pas. Ces deux victimes avaient disparu le même jour que sa mère. Après tout ce qu’il s’était imaginé, il était un peu désarçonné de constater qu’elle avait seulement joué de malchance et qu’on ne l’avait pas enlevée parce qu’elle était sa mère. Il ressentit une pointe de soulagement : elle risquait moins de souffrir de représailles.

- Je pense avoir trouvé quelque chose, annonça-t-il à son père en se levant.

Lyall sauta aussitôt sur ses pieds, mais Remus l’incita à se rasseoir.

- Tu as à peine dormi ces derniers jours, repose-toi. Promis, je viens te chercher dès que j’ai du nouveau et je ne pars pas la récupérer sans toi.

Son père hésita, mais finit par accepter. Il avait véritablement l’air épuisé. Remus quitta la maison à pas énergiques, dans l’optique de se rendre au QG. Il se figea devant la grille du jardin, le cœur serré. Il n’y avait plus de QG. Après avoir hésité quelques instants, il décida de se rendre chez Sirius pour lui demander de l’aide. Seulement, après avoir frappé deux ou trois fois, il dut admettre que son ami était absent. Il en allait de même pour Peter. Frustré de perdre tant de temps en déplacement, Remus transplana finalement chez Margaret. Il ne put retenir un soupir soulagé lorsqu’elle ouvrit la porte de son minuscule studio.

- Oh, Remus, salua-t-elle, étonnée. Je ne m’attendais pas à te voir. Je suis désolée pour ta mère…
- Rien n’est encore perdu, rétorqua-t-il. C’est pour ça que je suis là. Je sais que Maugrey a dit que je devais me débrouiller sans l’Ordre, mais est-ce que tu voudrais bien m’aider ?

Margaret le laissa aussitôt entrer, tout en commentant :

- Maugrey peut aller se faire voir de toute façon. L’Ordre aussi.

Remus l’entendit à peine, les yeux fixés sur les valises ouvertes qui encombraient le petit espace. Il tourna un regard interrogateur vers Margaret, qui haussa les épaules.

- Je t’expliquerai plus tard. Quand on aura retrouvé ta mère.
- Mais tu n’as pas de mission ?
- J’en reviens. Rassure toi, j’ai dormi, tout va bien. On peut s’y mettre si tu veux.

Le jeune homme lui adressa un regard reconnaissant avant de lui exposer la situation. Margaret l’écouta avec son attention habituelle, assise sur un tabouret brinquebalant.

- Donc elle aurait été raflée en même temps que d’autres Moldus ?
- A priori, oui. Ça veut dire …
- Qu’elle est dans une planque facile à trouver.

Remus acquiesça avec l’ombre d’un sourire.

- Sérieusement, je ne comprends pas comment ils se débrouillent pour qu’on les trouve aussi facilement, ajouta-t-elle. Autant il y a d’excellents Sorciers dans leurs rangs, autant les types chargés des enlèvements sont les pires enchanteurs du monde.
- Je pense qu’il faut chercher la zone désaffectée la plus proche, commenta Remus. Ils n’aiment pas transplaner avec des Moldus, généralement.

Un sourire vaguement sarcastique étira les lèvres de Margaret.

- Au Nouvel an, j’en ai entendu un se plaindre parce qu’un Moldu lui avait vomi dessus après un transplanage. Quelle bande de chochottes.
- Evidemment on pourrait utiliser le sortilège qui nous a servi pour retrouver Minchum il y a deux ans, mais…
- Aucun de nous ne serait capable de suivre l’objet enchanté, compléta-t-elle.

Remus hocha la tête. Lily avait enchanté un caleçon du Ministre de la Magie afin de le retrouver lorsqu’il avait été enlevé par les Mangemorts. James avait dû suivre le vêtement sur son balai, ce qui n’avait pas été une mince affaire. L’exploit n’avait jamais été réitéré depuis.

- Tu as une carte de la ville ?

Remus hocha la tête avant de déplier l’objet demandé. Ensemble, ils scrutèrent le plan de la petite ville où habitaient les Lupin, à la recherche de la planque idéale pour un Mangemort. Au bout d’un quart d’heure, ils avaient entourés plusieurs entrepôts et zones industrielles qui pourraient convenir.

- Plus qu’à aller faire le tour de tous ces endroits en espérant qu’on trouve ta mère, soupira Margaret, son stylo levé en l’air. Prêt ?
- Plutôt, oui. Moins on la laisse aux mains des Mangemorts, mieux je me porte.

***


Le soleil commençait à tomber lorsqu’ils ressortirent du premier entrepôt qu’ils avaient repéré. Margaret jeta un coup découragé au ciel qui s’obscurcissait. Elle n’aimait pas traquer les Mangemorts dans le noir ; elle avait l’impression que les ténèbres rendaient leur magie plus puissante. C’était probablement idiot, mais jamais depuis qu’elle travaillait pour l’Ordre elle n’avait pu s’ôter cette idée de la tête.
Comme la ville était plutôt petite, ils décidèrent de se rendre à pied sur le prochain lieu. Cela permettait une approche plus discrète. Alors qu’ils marchaient dans les rues où se hâtaient les quelques passants qui sortaient du travail, Remus demanda :

- Pourquoi est-ce que tu as fait ta malle ?

Margaret songea quelques instants à mentir. Elle aurait pu dire qu’elle n’avait toujours pas déballé ses affaires depuis son déménagement, mais étant donné le peu qu’elle avait pu récupérer après l’incendie, cette excuse ne tenait pas la route. Pratiquement toutes ses affaires étaient neuves. Pourtant, elle ne put se résoudre à dire la vérité. Le silence s’éternisa, tant et si bien que lorsqu’ils atteignirent leur nouvelle cible, elle n’avait toujours pas répondu. Remus, la personne la plus respectueuse du secret des autres, ne la poussa pas.

Ils se trouvaient à présent dans la zone industrielle de la ville, aussi laide que toutes les zones industrielles que Margaret avait pu voir dans sa vie. Les centres commerciaux débordaient de Moldus qui faisaient des courses de dernière minute. Margaret et Remus s’éloignèrent bien vite de la foule pour tenter de repérer un endroit plus discret qui pourrait correspondre à leur objectif. Ils errèrent un moment dans le parking puis repérèrent les entrepôts qui desservaient le magasin. La plupart avaient été repeints à neuf et étaient éclairés par des néons éblouissants. Margaret, une fois ses yeux habitués à la lumière aveuglante, repéra les bâtiments qui se trouvaient derrière. Elle fit silencieusement signe à Remus, et ils avancèrent un peu plus. Ces entrepôts ne bénéficiaient pas d’éclairage et la peinture partait en lambeaux. Les numéros peints en haut à gauche de la porte étaient presque complètement effacés. Margaret frissonna violemment. La nuit était à présent complètement tombée et l’endroit donnait la chair de poule.

- Ça ressemble plutôt à ce qu’on cherche, souffla Remus.

Margaret ne distinguait pas bien son visage dans l’obscurité, mais elle entendait à sa voix qu’il était tendu. Ils s’éloignèrent quelque peu des entrepôts, tout en restant loin de la lumière dispensée par les autres.

- Ouais. Tu crois qu’un jour on trouvera des Mangemorts dans un endroit agréable et sympathique ?
- Je pense qu’ils pervertissent tous les endroits où ils passent avec leurs Détraqueurs et leurs Inferis.
- Certes. Bon, qu’est-ce qu’on fait ?
- Est-ce qu’ils avaient jeté des sorts de protection autour de leur planque, au Nouvel an ?
- Je ne crois pas, non. Un Hominium Revelio attirerait leur attention.

Remus hocha la tête.

- On peut aussi fracasser la porter et compter sur l’effet de surprise.
- Hors de question, coupa Margaret. On ne sait pas combien ils sont, ni quel effet ça pourrait avoir sur les otages.

Le jeune homme soupira tout en faisant tourner sa baguette entre ses doigts.

- On n’a entendu aucun bruit, fit-il remarquer. Peut-être que ce n’est pas là du tout.
- Il n’y a rien de plus facile que jeter un sort insonorisant, objecta Margaret. On ne peut pas compter que sur cet argument. Il faut qu’on entre et qu’on vérifie.

Le silence s’installa entre eux alors qu’ils cherchaient une solution. Margaret entendit Remus murmurer quelque chose à propos d’un rat, mais il n’explicita pas quand elle lui demanda ce qu’il racontait.

- Bon, proposa finalement Margaret. Je vais faire une diversion, et on verra si quelqu’un sort de là. Si oui, on avisera.
- Quel genre de diversion ? Interrogea Remus après avoir acquiescé, un peu à contre-cœur.
- On va aller acheter un ballon dans ce super-marché.

***


Ils avaient acheté un beau ballon de plage rouge – pourquoi le magasin vendait un tel article au mois de janvier, Remus ne se l’expliquait pas. De retour auprès des entrepôts, Margaret le posa à ses pieds et tira sa baguette. Elle n’avait toujours pas expliqué ce qu’elle comptait faire. Si Remus avait bien vu qu’elle ne voulait pas répondre à sa question sur sa malle pour des raisons importantes, il était persuadé que cette fois elle voulait juste le faire marcher. L’avantage était qu’il se torturait trop l’esprit pour tenter de deviner ce qu’elle allait faire pour trop s’inquiéter pour sa mère.

- Bon. Je ne garantie rien.

Elle pointa sa baguette sur la balle et ferma les yeux. Le silence s’installa, s’étira… Remus, qui avait d’abord retenu son souffle, exhala bruyamment et commença à s’agiter. Margaret ouvrit un œil, grogna, puis reprit sa position.

- Maggy, qu’est-ce que…
- Chut ! J’essaie de me rappeler des conseils de McGonagall ! Si James était là ce serait beaucoup plus simple…

Une métamorphose, donc. Remus avait envisagé cette possibilité. Alors qu’il tâchait de trouver en quoi elle allait changer la balle, il y eut un éclair rouge, un « plop », puis un aboiement. Un petit chien dépourvu de queue et doté d’oreilles asymétriques sautillait là où se trouvait le ballon quelques instants plus tôt.

- Bien joué, admira Remus.
- Oh, tu parles. Regarde moi ça, McGonagall ne m’aurait accordé aucun point pour une métamorphose pareille.
- En attendant, il fera l’affaire.

Margaret hocha la tête avant de tendre sa baguette vers la porte de l’entrepôt. Le chien s’y rendit en bondissant, puis aboya avec force. Les cinq minutes que durèrent ce manège parurent horriblement longues à Remus. Enfin, alors qu’il allait conseiller à Margaret d’arrêter, il y eut un craquement, un éclair violet, et le chien s’écroula, raide mort. Un bref claquement suggéra que la porte s’était refermée. Un instant plus tard, le chien se retransforma en ballon.

- Je veux bien être pendu si ce n’était pas de la magie, murmura Remus.
- Hmm. Mais ça ne venait pas de l’entrepôt devant lequel aboyait le chien, j’en suis presque sûre.
- Ça doit être le plus proche, alors. Aucune chance qu’on ait aperçu aussi peu de lumière si le maléfice a été lancé depuis plus loin.

Margaret acquiesça avant de lui jeter un regard inquiet.

- Qu’est-ce qu’on fait ? On sait qu’ils sont là, mais on ne sait toujours pas combien ils sont.

Remus tenta de percer l’obscurité du regard pour apercevoir l’endroit où était certainement retenue sa mère. Maintenant qu’ils étaient sûrs qu’il y avait des Sorciers cachés là, l’angoisse lui serrait à nouveau la gorge. Il n’avait qu’une hâte, c’était ramener sa mère saine et sauve auprès de son père. Tant pis pour les conséquences. Il jeta un bref coup d’oeil à sa camarade, qui le dévisageait toujours, en attente d’une réponse. Son propre destin lui importait peu, mais il ne voulait pas risquer la vie de Margaret.

- Ne t’en fais pas pour moi, lança celle-ci comme si elle lisait dans ses pensées. J’ai l’habitude. Il faut qu’on récupère ta mère.
- Ma seule idée, c’est qu’on les somme de se rendre depuis l’extérieur, pour les forcer à sortir. Ensuite on avise.
- Non, protesta aussitôt Margaret. Ils risqueraient de tuer les otages sur le champ. Il vaut mieux que l’un d’entre nous face diversion pendant que le second s’introduit à l’intérieur et essaie de les mettre à l’abri.

Remus se mordit l’intérieur de la joue, les yeux fixés sur l’entrepôt sombre.

- Peut-être qu’ils sont déjà morts.
- Peut-être, admit Margaret d’une voix douce. Mais ils les auraient tués sur le champ, dans ce cas.
- Qu’est-ce qu’ils veulent faire d’eux ?
- On n’arrive jamais à savoir. Il ne vaut mieux pas se poser la question.
- Hmm. Tu veux bien faire diversion ?
- Je me doutais que ce serait ton choix, se résigna-t-elle. Sois prudent, s’il te plaît.
- Tu me connais, grimaça-t-il. Je vais tenter une entrée par l’arrière. Ouvrir une brèche dans cette bâtisse ne doit pas être si compliqué. Quand tu verras des étincelles vertes, lance la diversion.
- Entendu.

Remus lui adressa un dernier sourire avant de s’éloigner sans bruit vers leur cible. Il en fit prudemment le tour. Comme il le pensait, il n’y avait aucune ouverture en dehors de la grande porte coulissante à l’avant. Du bout des doigts, il sonda le panneau de bois qui se trouvait devant lui. Il se rappelait avoir découvert un sort, lorsqu’il était en Septième année, qui permettait de rendre n’importe quelle surface aussi perméable que de l’eau. Il n’avait réussi à jeter ce sort qu’une seule fois tant il était complexe, mais il pensait avoir progressé depuis. Il se rappelait encore parfaitement de la formule ainsi que de la façon dont il était construit. Il décida de tester tout de même et pointa sa baguette sur le mur. Il fallait définir la zone qu’on souhaitait modifier en la tapotant d’abord du bout de sa baguette, tout en prononçant la formule adéquate. Ensuite il jeta le sort en lui-même, puis appuya prudemment son doigt sur la zone concernée. A sa plus grande satisfaction, il s’enfonça dans le bois sans la moindre difficulté. Il leva donc sa baguette et jeta des étincelles vertes dans le ciel, sans se soucier de savoir si des Moldus allaient les repérer.

***


Margaret prit une profonde inspiration lorsqu’elle aperçut les étincelles. C’était le moment. Elle s’approcha de la porte de l’entrepôt et abattit fermement son poing dessus tout en braillant :

- George ! Qu’est-ce que tu fais ? Ils attendent le stock en magasin !

Comme elle s’y attendait, seul le silence lui répondit. Elle attendit un peu, puis réitéra :

- Bon sang, George ! Le patron va m’engueuler !

Elle ignorait si elle pouvait passer pour une manutentionnaire, mais les Mangemorts – ou plutôt les Raffleurs – n’en savaient sans doute rien non plus. Alors qu’elle allait frapper à nouveau sur le panneau de bois, il y eut un léger craquement. Elle dressa aussitôt sa baguette ; un maléfice s’abattit sur son bouclier. Une vague de soulagement déferla sur la jeune femme : son assaillant aurait très bien pu décider de tuer ce Moldu inopportun à l’aide du Sortilège de mort. Soit il avait été miséricordieux, soit il était incapable de le jeter. Quoi qu’il en soit, elle avait joué sa vie à quitte ou double sur ce coup.
La porte s’ouvrit un peu plus lorsque l’assaillant s’aperçut que son maléfice avait été contré. Maggy entendit une voix derrière lui mais elle ne distingua pas ses mots, trop concentré sur le duel. La lueur qui provenait de l’intérieur du bâtiment l’empêchait de distinguer le visage de son adversaire mais au moins voyait-elle où il se trouvait. Pendant quelques instants, ils parvinrent tous deux à contrer les attaques de l’autre. Margaret fut alors prise par surprise par l’irruption d’une nouvelle personne. Elle perdit un instant sa concentration et un maléfice Cuisant l’atteignit au genou. Elle geignit, chancela, mais parvint à se maintenir à d’aplomb. Surpris par sa résistance, l’autre ne put éviter l’attaque de Margaret. Il se trouva éjecter vers l’arrière et renversa son compagnon avant de s’assommer contre le chambranle de la porte. Margaret clopina aussi vite que possible vers l’embrasure de la porte, ficha un coup de pied au Raffleur qui était en train de se redresser et le stupéfixa dans la foulée. Elle se baissa juste à temps pour éviter le sortilège que lui jeta un autre homme qui courait vers elle, mais elle se trouva incapable de se relever à cause de son genou. A moitié vautrée sur l’homme qu’elle venait de stupéfixer, elle tendit sa baguette et parvint à lui tirer dans les jambes. La douleur qui pulsait dans sa jambe l’empêchait de réfléchir correctement, aussi ne réussit-elle qu’à jeter le maléfice de Jambencoton. L’homme tomba face contre terre et s’assomma sur le coup, mais Margaret n’y prêta pas attention ; un autre assaillant lui tirait dessus à feu continu. A plat ventre, les bras tremblants à cause de la position dans laquelle elle devait maintenir sa baguette, la jeune femme n’arrivait pas à faire autre chose que se défendre. Finalement, le voyant approcher de plus en plus, elle décida de risquer le tout pour le tout. Elle abaissa sa garde, roula loin de sa victime stupéfixée, posa ses mains à plat sur le sol au niveau de ses hanches et se propulsa sur son genou valide. Son mouvement subit surprit suffisamment son adversaire pour qu’il rate sa cible une première fois, mais elle n’eut pas autant de chance lorsqu’il la visa à nouveau. Un maléfice vint entailler méchamment son épaule droite. Sa baguette vacilla au moment où elle tentait de le stupéfixer et le sortilège alla se perdre dans l’entrepôt. Malgré la douleur, presque intolérable, Margaret ajusta une nouvelle fois sa cible, qui la mettait également en joue. Ils lancèrent leur sortilège au même moment. Margaret se laissa tomber sur le côté dès que son sort de stupéfixion fut parti. L’autre n’eut pas le même réflexe ; il se prit l’éclair de magie en pleine poitrine et s’écroula, alors que son maléfice explosait contre la porte de l’entrepôt. Une odeur de brûlé envahit aussitôt les narines de Margaret, qui roula tant bien que mal sur le dos pour contempler, horrifiée, les traces de brûlures qui ornaient à présent le panneau de bois.
Un bruit résonna dans l’entrepôt et Margaret se retourna sur son bras valide, paniquée. Le sang dégoulinait à gros bouillon de son épaule, son genou était inutilisable… Jamais elle ne pourrait faire face à une autre attaque. Elle serra sa baguette entre ses doigts tremblants tout en sondant du regard l’espace faiblement éclairé. De vieilles lampes pendaient du plafond au-dessus de l’entrepôt vide. La poussière formait une épaisse couche sur le sol. Margaret plissa les yeux. Il y avait tout de même quelques caisses vides, d’au moins deux mètres de haut, entassées au fond du bâtiment. Une silhouette sortit de derrière ces caisses, hésitante.

- Qu’est-ce qu’il se passe ? Interrogea le nouveau venu d’une voix faible et tremblante mais qui résonna dans l’espace vide.
- Qui êtes vous ? Répondit Margaret de façon aussi intimidante que possible.
- Vanessa Ross, balbutia la femme. Ces… ces hommes…

Margaret se laissa retomber sur le dos. Vanessa Ross. Remus avait mentionné son nom. C’était bien l’une des Moldus enlevés quelques jours plus tôt.

- Maggy ?

Elle releva la tête en entendant la voix de Remus. Il émergea d’une des caisses, quelque chose dans ses bras. Lorsqu’il fut plus près, Margaret s’aperçut qu’il portait quelqu’un. Son cœur rata un battement. Il était pâle, les sourcils froncés, mais elle ne voyait aucune trace de larme sur son visage.

- Ta mère, balbutia-t-elle. Elle…
- Elle est inconsciente. Il faut que je l’emmène à Ste-Mangouste, et …

Il s’aperçut soudain de l’état de son amie et écarquilla les yeux.

- Merlin, Maggy ! Toi aussi il faut que tu y ailles !
- Si tu peux juste… (elle serra les dents alors qu’une vague de douleur la submergeait). Si tu peux juste refermer la blessure, ça ira.
- Mais je ne sais pas trop…
- Moi je sais. Je vais te guider.

Il hocha la tête et vint jusqu’à elle. Il déposa sa mère près d’elle. Margaret crut qu’elle allait être malade lorsqu’elle vit son teint pâle, les traces d’hématomes sur son visage et les quelques tâches de sang sur ses vêtements. Elle ne voulait pas savoir ce qu’ils lui avaient fait subir.
Elle expliqua à Remus les formules à utiliser. Il fallut plusieurs essais au jeune homme, mais il finit par atteindre un résultat correct. Margaret s’efforça de ne pas penser à la cicatrice que ce traitement ne manquerait pas de laisser. Un bon médicomage pouvait faire disparaître à peu près n’importe quoi, mais une blessure mal refermée était très difficile à effacer. Elle souffla quelques instants, les yeux fermés. La douleur commençait à refluer. L’effet du maléfice Cuisant finirait par s’effacer et elle retrouverait l’usage de son genou.
Lorsqu’elle fut certaine de pouvoir bouger sans être malade, elle se redressa et ouvrit les yeux. Vanessa Roth et un homme s’étaient approchés de deux Sorciers. Ils ne semblaient très perturbés, mais pas blessés. Soudain, Vanessa poussa un cri et pointa le doigt vers l’un des Raffleurs qui commençait à s’agiter. C’était celui qui s’était assommé en tombant tête la première. Margaret le stupéfixa d’un geste négligent. Les deux Moldus fixèrent alors leurs yeux éberlués sur elle et elle haussa un sourcil.

- Ne me regardez pas comme ça, vous allez tout oublier, de toute façon.
- Merlin, c’est vrai, soupira Remus alors que les Moldus se regardaient d’un air perdu. Il faut qu’on appelle les Oubliators.
- Tu veux bien t’en charger ? Après avoir déposé ta mère à l’hôpital.

Il hocha sombrement la tête tout en observant Espérance.

- Ils ne … ils ne s’en sont prit qu’à elle ? Souffla Maggy.
- Oui. Je ne sais pas s’ils avaient des ordres, ou si c’était fortuit mais… Je doute que ce soit du hasard.
- Ce n’est pas ta faute, chuchota-t-elle.

Remus ne répondit pas. Il se redressa puis souleva sa mère dans ses bras.

- Attends moi pour rentrer. Hors de question que tu transplanes toute seule dans cet état.

Margaret hocha la tête tout en considérant les Moldus, qui avaient l’air de plus en plus paniqué.

- Verrouille la porte derrière toi, tu veux ? Chuchota-t-elle. J’ai peur qu’ils essaient de partir. Les Oubliators nous feraient tout un scandale.

Il hocha la tête, assura aux deux Moldus que tout irait bien, et referma l’entrepôt derrière-lui.

- Racontez-moi donc ce qu’il s’est passé, lança aimablement Margaret.

***


Les Moldus avaient été tout oublié de leur expérience traumatisante et déposé dans un coin de la ville, endormis. Ils se réveilleraient le lendemain, incapables de se rappeler ce qu’ils avaient fait durant la semaine écoulée, ni comment ils s’étaient retrouvés là. On leur avait volé quelques jours de leur vie, mais au moins étaient-ils vivants et en bonne santé.
Remus ne pouvait en dire autant de sa mère, qui gisait dans son lit d’hôpital depuis quelques heures déjà. Margaret avait réussi à tirer les vers du nez des deux autres Moldus ; Espérance avait sans doute été enlevée par hasard, mais les Raffleurs s’étaient vite aperçus que le Secret magique n’était pas du tout un secret pour elle. Roth et son compagnon avaient parlé de la venue d’un homme encapuchonné, sans doute un Mangemort, qui avait discuté quelques minutes avec les Raffleurs. Lorsqu’il était parti, les ravisseurs avaient commencé à s’en prendre à Espérance.

Remus, assis dans la chambre de sa mère à Ste-Mangouste, serra les poings. C’était à cause de lui qu’on lui avait fait du mal. Parfois, il détestait son rôle auprès de l’Ordre.

Lyall, installé en face de lui, contemplait le visage de sa femme depuis qu’il était arrivé. Il tenait l’une de ses mains inertes et attendait. Les Médicomages avaient dit qu’elle devrait se réveiller, mais Remus ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter. Il jeta un coup d’oeil à l’horloge, qui indiquait deux heures du matin. Il allait devoir retourner travailler pour l’Ordre à l’aube. Avec un soupir, il se cala dans son fauteuil pour tenter de voler un peu de sommeil.
Alors qu’il allait fermer les yeux, la porte s’ouvrit doucement et Margaret lui fit un petit signe de la main. Il fronça les sourcils mais se leva sans bruit. Lyall n’avait rien remarqué. Il quitta la chambre et referma le battant derrière lui. Margaret avait le bras en écharpe et son genou s’était remis. Elle avait bien meilleure mine que lorsqu’il l’avait retrouvée dans l’entrepôt.

- Tu devrais te reposer, dit-il à voix basse.
- Je n’arrive pas à dormir, soupira-t-elle en s’asseyant dans un des fauteuils alignés dans le couloir. Il faut que je te parle.

Elle tapota le siège à côté d’elle et il s’assit, intrigué.

- Il faut que je te dise pourquoi j’ai fait ma malle, expliqua-t-elle, les yeux fixés sur le lino grisâtre.

Elle prit une profonde inspiration pour planta ses yeux dans les siens.

- Je quitte l’Ordre. Et la Grande-Bretagne.

Remus cligna plusieurs fois des yeux sans rien dire. Il n’avait jamais envisagé une telle chose, et en même temps il n’était pas tellement surpris. Margaret semblait épuisée depuis des mois, agacée et à bout de nerfs. Parfois, il avait du mal à reconnaître la jeune fille timide de Poudlard. La fuite des Potter n’avait rien arrangé. Il crispa ses doigts sur ses genoux. Il aurait voulu lui dire qu’il était désolé de n’avoir pas pu pousser leur amitié plus loin, désolé de ne pas l’avoir plus soutenue, désolé de l’avoir entraînée dans cet entrepôt. Lui dire que son départ allait laisser un vide dans sa vie, qu’elle avait été une merveilleuse amie, un soutien discret mais toujours présent. Mais tout ce qu’il parvint à dire fut :

- D’accord.

Il déglutit et, après un instant de silence, prit sa main valide. Elle serra ses doigts entre les siens. A son plus grand embarras, Remus sentit les larmes affleurer dans ses yeux.

- Tu vas me manquer, parvint-il finalement à articuler.
- Toi aussi, souffla-t-elle d’une voix étouffée. Vous allez tous me manquer. Mais je ne… je n’en peux plus, Remus. Je ne peux pas continuer.
- Je comprends.
- J’ai l’impression… j’ai l’impression d’être lâche mais…
- Bien sûr que non, murmura-t-il en trouvant enfin le courage de la regarder dans les yeux. Tu t’es battue de toutes tes forces pendant des mois et des mois. Tu as sacrifié tellement de choses…
- Comme vous tous, et pourtant vous ne partez pas.

Il haussa les épaules.

- On est peut-être idiots. Ou alors on a peur de la vie sans l’Ordre. Tu as le droit, Margaret. Ça a toujours été très clair. Dès le début, on nous a dit qu’on pouvait partir quand on voulait.

Elle expira lentement, les lèvres tremblantes. Remus ne voulait pas qu’elle pleure, parce qu’il était sûr d’être incapable de la réconforter.

- Je vais l’annoncer à Maugrey demain.
- D’accord.
- Ensuite je partirai. Pour la France, sans doute. Je verrai ce que je fais là-bas.
- D’accord.

Une larme coula le long de la joue de la jeune femme.

- Je ne suis pas sûre de garder contact, Remus. Je… Peut-être qu’il vaut mieux que je refasse complètement ma vie, tu sais.

Remus hocha la tête, incapable de répondre. Il comprenait. Finalement, Margaret n’y tint plus et passa son bras valide autour de son cou pour le serrer contre elle.

- Je t’aimais, Remus, murmura-t-elle contre son oreille. Ou j’aurais pu, en tout cas. Ne laisse pas Greyback gâcher ta vie.

Sa voix dérailla sur la fin de phrase. Le jeune homme ne dit rien et se contenta de la serrer contre lui.

- Ça a été un privilège d’être ton amie, ajouta-t-elle, la voix entrecoupée de sanglots.
- Merci, souffla-t-il finalement. Pour… tout. Pour m’avoir aidé à retrouver maman.
- Je suis heureuse que ma dernière mission ait été pour toi.

Ils restèrent longtemps enlacés, le cœur lourd, environnés d’un silence plein de leurs souvenirs communs, de leurs sentiments cachés, de cette amitié qui les avait tous deux soutenus pendant la guerre. Lorsque Margaret s’éloigna, Remus songea qu’il ne s’était jamais senti aussi seul.
cochyo

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Re: Lily & James [Harry Potter]

Message par cochyo »

Super chapitre !
Au revoir Maggy !
Charmimnachirachiva

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Re: Lily & James [Harry Potter]

Message par Charmimnachirachiva »

Ohhhhhhhhhhhhhhh !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Un chapitre troooooop bien !!!
Pour une fois qu'il n'y a même pas trop de mort ! :lol: :lol:
Malgré les combats,un chapitre assez calme.
Sauf la fin qui'est triiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiste !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
On ressent mieux les émotions dans la deuxième partie du chapitre, la première est bien écrite mais plus neutre au niveau émotionnel
Hylla

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Re: Lily & James [Harry Potter]

Message par Hylla »

Naaaaan je suis trop triste j'étais tellement pas prête pour Margaret et le pauvre Remus...
Ils restèrent longtemps enlacés, le cœur lourd, environnés d’un silence plein de leurs souvenirs communs, de leurs sentiments cachés, de cette amitié qui les avait tous deux soutenus pendant la guerre. Lorsque Margaret s’éloigna, Remus songea qu’il ne s’était jamais senti aussi seul.
Argh ça m'a brisé le cœur.
Et wow elle s'est vraiment bien battue sinon, seule face à tous les autres.
(PS: RIP Au temps des maraudeurs ouais T.T)
PtiteCitrouille

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Re: Lily & James [Harry Potter]

Message par PtiteCitrouille »

Coucou !

Bon, faut pas le prendre mal, mais je vais arrêter de lire les notes du bêta hein :lol: c'est limite du spoil ses trucs :lol:
les Mangemorts et leurs larbins se sont lancés dans l’enlèvement de masse.
ça fait très rafle de la WWII tout ça. J'ai encore le cerveau en plein dans le sujet, entre le film la Rafle et la liste de Schindler que j'ai regardé y a pas longtemps, et deux sujets d'essays sur la déportation et tout, mon cerveau s'en remet pas
Promis, je viens te chercher dès que j’ai du nouveau et je ne pars pas la récupérer sans toi.
un demi chapitre plus tard... "tu m'avais dit que tu partirais pas la chercher sans moi !"
Frustré de perdre tant de temps en déplacement,
oui bon coco, tu transplanes, c'est pas comme si tu marchais ou si tu prenais le métro
- Maugrey peut aller se faire voir de toute façon. L’Ordre aussi.
Ah ...?
les yeux fixés sur les valises ouvertes qui encombraient le petit espace. Il tourna un regard interrogateur vers Margaret, qui haussa les épaules.

- Je t’expliquerai plus tard.
Ah.
Donc elle quitte l'Ordre.
C'est intéressant ce pdv d'un membre qui part, j'y avais jamais pensé mais d'un autre côté ça m'étonne pas, c'est normal de vouloir tout lâcher un moment donné, c'est juste trop des fois
On va aller acheter un ballon dans ce super-marché.
aaalright...?
qui permettait de rendre n’importe quelle surface aussi perméable que de l’eau
il existe ce sort ou tu l'as inventé?
Du coup le cambriolage, infiltration, tout ça, ça devient plutôt facile
il s’enfonça dans le bois sans la moindre difficulté.
vaut mieux pas y rester coincé :lol:

La scène de la bataille était super bien menée ! Margaret bad-ass on apprécie 8-)
Vanessa Roth
elle a changé de nom en cours de route ? ^^
Ne me regardez pas comme ça, vous allez tout oublier, de toute façon.
ou comment les perdre encore plus :lol:
On leur avait volé quelques jours de leur vie, mais au moins étaient-ils vivants et en bonne santé.
grave c'est pas le moment de chipoter
- Je quitte l’Ordre. Et la Grande-Bretagne.
there you go
Mais du coup je me demande, elle va sûrement survivre à la guerre, elle va vraiment pas essayer de reprendre contact plus tard? Elle doit bien imaginer comment Remus se sent après 1981...
- Je ne suis pas sûre de garder contact, Remus. Je… Peut-être qu’il vaut mieux que je refasse complètement ma vie, tu sais.
ça me fait vraiment de la peine.. Mais j'imagine que ça vaut mieux que de mourir (nous la tue pas au moment où elle part, ou dans le bateau/avion ou quoi que ce soit Cazo hein!)
Mais sa mémoire sera pas effacée quand même ?
- Je suis heureuse que ma dernière mission ait été pour toi.
c'est à la fois beau et triste.. C'est vraiment horrible comment les membres partent les uns après les autres. Au fond, on a l'impression que Margaret était la seule qui restait proche de Remus, alors que Sirius commence à prendre de la distance, et Peter (logiquement) aussi, et avec Lily qui est en cachette avec James, il reste plus grand monde pour Remus

Argh ça me fait trop de peine tout ça

VC'était un excellent chapitre, j'ai beaucoup aimé (même si c'est triste) que Margaret décide de quitter l'Ordre, ça apporte une nouvelle touche à l'expérience de ses membres. Un peu comme Lucinda dans ATDM qui veut pas rejoindre l'Ordre

Bref, j'ai adoré, bisous ! :)
Cazolie

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Re: Lily & James [Harry Potter]

Message par Cazolie »

Hello !

Premier chapitre posté depuis l'Allemagne ! Vous savez quoi ? Vendredi soir il n'était même pas commencé :lol: Mais il est prêt !
Bon comme d'hab je suis à la bourre. J'ai rattrapé ATMD, j'essaie de me lancer dans Minvera ou Ombre & Poussière ensuite. Je suis vraiment désolée les filles, mais vous savez bien que je suis toujours là quand même !!

Merci pour vos commentaires :mrgreen: Clem tu as relevé de façon très pertinente de grosses incohérences dans le chapitre précédent :lol: J'ai un peu lutté à l'écrire, alors ça donne ça

Bref, moins de blabla et la suite tout de suite :)


Chapitre 17

James, les bras croisés derrière la tête, fixait le plafond sans vraiment le voir. Harry était allongé sur son tapis de jeu, non loin de là, et ne cessait d’attraper un jouet au bruit agaçant. James tiquait à chaque fois que l’objet couinait.
Avec un soupir, il se retourna sur le côté. Il pleuvait, comme depuis environ deux semaines. Le mois de février était gris et dégoulinant. Il ne faisait même pas froid. Si encore ils avaient eu de la neige….

L’anniversaire de Lily s’était déroulé dans une bonne humeur feinte ; la jeune femme n’avait pas considéré la lettre d’adieux de Margaret comme un beau cadeau. James avait fait ce qu’il pouvait pour la réconforter pendant les premiers jours, puis il avait fini par s’agacer. Il n’était pas heureux non plus, faisait-il la tête pour autant ?

Le fait qu’Harry attrape un nouveau virus tous les trois jours n’arrangeait rien à la situation. Entre les dents, les gastros, la grippe et les rhumes, James n’en pouvait plus. Il ignorait depuis combien de temps il n’avait pas dormi correctement.
Un léger rictus étira ses lèvres. La nuit était le seul moment où il semblait être en accord avec Lily. Dans le noir, il la retrouvait. Les ténèbres masquaient le désastre de leur vie et pendant quelques heures ils n’étaient plus que deux jeunes gens, sans autre souci que le petit garçon enrhumé au bout du couloir. James se rendait bien compte que ce n’était pas une solution à long terme. Leur mariage ne pouvait reposer que sur leurs contacts physiques, pas plus que sur leur bébé. Ils devaient avoir autre chose. Ils avaient autre chose, par Merlin. Seulement, l’amertume et la détresse semblaient avoir fait disparaître leur camaraderie.

Oh, James ne doutait pas d’aimer encore sa femme. Mais aucune relation ne pouvait s’épanouir pleinement dans de telles conditions. Un couple n’était pas fait pour rester enfermer sur lui-même.

James aimait Lily. Mais là, tout de suite, il n’en pouvait plus d’elle. La seule raison qui l’empêchait de se sentir mal à ce propos, c’était que Lily pensait exactement la même chose. Elle ne l’avait pas dit, bien sûr, mais il le sentait. Elle agissait avec lui de la même manière que pendant toutes ces années à Poudlard où elle le détestait.
Parfois, cela l’amusait. La plupart du temps, il avait envie de s’enfuir en courant, pour pouvoir revenir douze heures plus tard, ravi de la retrouver. Malheureusement, il n’avait même pas cette possibilité.

L’arrivée de Gandalf dans le salon le tira de son introspection. Le chat s’avança, très sûr de lui, et vint se frotter contre Harry en ronronnant. James le tenait à l’oeil, même si jusque là le félin s’était montré incroyablement gentil avec le bébé. Avec l’ombre d’un sourire, il se demanda si Harry emmènerait Gandalf à Poudlard, quand il y entrerait.

- Tu veux que je donne son bain à Harry ?

James leva les yeux. Lily se tenait dans l’embrasure de la porte, les mains sur les hanches, un regard vaguement ennuyé posé sur lui. Il se redressa un peu.

- C’est mon tour.
- J’ai envie de le faire.
- D’accord.

Il la regarda emporter le bébé, qui se mit à gémir, déçu d’être séparé du chat. James retomba dans ses oreilles avec un grognement. Il ignorait depuis combien de temps il n’avait pas eu une vraie conversation avec Lily. La plupart de leurs échanges concernaient Harry ou la tenue de la maison. Ils ne parlaient vraiment que lorsqu’ils recevaient une lettre d’un des Maraudeurs. Atterré, James contempla la porte entrouverte du salon. Cette situation était d’une tristesse.
Pris d’une impulsion subite, il se redressa d’un bond, grimpa à l’étage et avança silencieusement vers la salle de bain, où Lily chantonnait tout en déshabillant Harry. Il franchit les derniers pas et l’enlaça, son torse contre son dos, ses mains croisées sur son ventre. Lily se figea, surprise, tout en maintenant Harry sur la table à langer.

- Tu sais que je t’aime, hein ? Souffla-t-il à son oreille.

Elle tourna simplement la tête pour déposer un baiser sur sa joue et souffla :

- Moi aussi.
- Très bien.

S’en rien ajouter, James s’en fut comme il était venu. Ils ne parleraient sans doute pas ce soir-là, et il aurait toujours envie de s’enfuir. Mais au moins Lily savait-elle que, dans le fond, ce n’était pas contre elle.

***


Le lendemain, il pleuvait toujours. Lily se leva tardivement ; James s’occupait d’Harry. Elle fixa longuement la fenêtre et, derrière, les nuages gris. Quand bouger devenait un tel effort, elle se demandait si elle ne devenait pas dépressive. Alors qu’elle ne faisait déjà rien d’intéressant de sa journée, elle n’aspirait à rien d’autre qu’à rester dans son lit et à regarder le vide.

Le rire de son fils, au rez-de-chaussée, parvint finalement à la secouer. Elle s’assit avec un soupir, tout en bâillant. Ses yeux tombèrent sur le bureau qu’elle partageait avec James. La dernière lettre de Remus était étalée dessus, maintenue à plat par des livres. Dans un coin, roulée dans sa forme originelle, se trouvait celle de Margaret. Lily se mordilla un instant la lèvre, puis se leva pour attraper le courrier. Elle ne l’avait jamais relu depuis qu’elle l’avait reçu, trois semaines plus tôt.

« Ma très chère Lily,

merci d’avoir été une merveilleuse amie pendant tout ce temps. Je t’ai connue pendant presque la moitié de ma vie, et te perdre comme nous avons perdu Val, et surtout Jenny, me brise le cœur. Pourtant je ne peux pas me résoudre à faire un autre choix.

Je quitte l’Ordre. J’ai pris cette décision il y a plusieurs jours déjà, mais me fallait régler quelques détails. Tout est prêt maintenant : je quitte l’Ordre, et je quitte l’Angleterre. Maugrey m’a imposé cette condition, mais c’était également ma volonté. Je ne peux pas rester dans ce pays, voir tous les malheurs qui accablent les Sorciers comme les Moldus, et savoir que j’ai abandonné le combat. C’est lâche, c’est tellement lâche ! J’aimerais être plus forte, Lily, mais je n’y arrive pas. Je n’y arrive plus. Si je continue, un jour je vais tout simplement me laisser tuer par un Mangemort pour que ça s’arrête. Et je veux vivre. Je veux vivre vraiment, pas cette vie de reclus, de parias, de cibles mouvantes pour Mangemorts. C’est égoïste de vouloir ceci et de ne plus me battre pour, je le sais bien. Et je suis désolée.

Si tu étais restée au QG, peut-être que j’aurais pu tenir le choc. Mais Lily, quand vous êtes partis… Nous avons perdu ce qui nous unissait. Même si nous sommes tous devenus amis à la longue, de véritables amis, au départ c’est James et toi qui avez réunis les deux groupes, les Maraudeurs d’un côté, nous quatre de l’autre. Et à partir du moment où tu as dû rester au QG, tu es devenue la flamme de notre foyer. Rentrer au manoir était un réel soulagement. On pouvait oublier tout ce qui était arrivé au-dehors. Puis vous êtes partis, et nous ne rentrions que pour voir votre chambre vide, la cuisine plongée dans le noir. Le QG a cessé d’être un foyer et est devenu un dortoir. Je ne me suis jamais sentie aussi seule que ces derniers mois. La désertion de Val, la mort de Jenny, ton départ… Oh, Jenny. Tu te souviens de son rire ? Merlin, elle pouvait être tellement insupportable ! Elle voulait toujours que je m’affirme plus, que j’ai plus confiance en moi. Elle me manque. Tu me manques.

Ce sera encore pire, là où je vais. Je serai isolée, et ce sera difficile au début, mais au moins personne n’essaiera de me tuer. Je veux recommencer ma vie. Je veux oublier la guerre. Je suis désolée d’être aussi égoïste, Lily. J’espère que tu me pardonneras.

Ma destination doit rester secrète, pour ma propre sécurité. Maugrey ne souhaite pas que je vous contacte, et à vrai dire je ne préfère pas non plus, pour les raisons évoquées plus haut. Une autre preuve de mon égoïsme et de ma lâcheté. Mais quitte à fuir, autant le faire vraiment, hein ? Tu vois, même moi je me méprise. Peut-être qu’une fois que ce sera fini… Je ne sais pas.

Tu vas terriblement me manquer. Merci pour ton amitié, Lily Evans – Lily Potter.

Margaret »


Lily lâcha le parchemin sur le bureau. Il s’enroula aussitôt sur lui-même, cachant ainsi les mauvaises nouvelles qu’il portait. La jeune femme desserra le poing après s’être aperçue qu’elle plantait ses ongles dans la paume de sa main.

James pensait qu’elle était triste à cause du départ de son amie. Peut-être était-ce le cas, dans le fond. Mais le véritable sentiment qui habitait Lily quand elle pensait à Margaret, c’était la colère. Pas forcément parce qu’elle était partie ; elle pouvait comprendre. Elle comprenait aussi son souhait de ne pas rester en Grande-Bretagne. Margaret avait bien vu, avec Lily et James, quelle torture c’était d’être là et de ne rien pouvoir faire. Non, si Lily lui en voulait vraiment, c’était parce qu’elle n’était pas venue lui faire part de sa décision en personne. Quitter l’Ordre n’était pas lâche, mais partir comme une voleuse en envoyant une simple lettre, ça l’était. Lily se sentait trahie.

Ses yeux tombèrent sur la lettre de Remus. Le pauvre ne semblait pas au mieux de sa forme ; Espérance se remettait mal de son enlèvement. Certains matins, elle ne parvenait même pas à se lever. Les Médicomages ne comprenaient pas d’où venait cette faiblesse. Remus craignait, à juste titre, que les Mangemorts n’aient usé de magie noire sur elle. Ils avaient déjà fait l’expérience de maléfices vraisemblablement inventés par les Mangemorts et donc ils avaient du mal à contrer l’effet. Amanda, la jeune fille fraîchement sortie de Poudlard qui avait intégré l’Ordre et était morte quelques mois plus tard, en avait fait les frais. Remus souffrait de ne pas pouvoir être plus auprès de sa mère à cause de ses missions pour l’Ordre. Apparemment, il n’avait pas vu Sirius ou Peter depuis une éternité.

Lily avait l’impression, en considérant les deux lettres, de contempler les ruines de ce que l’Ordre avait été. C’était encore plus parlant que le manoir. Jamais elle n’aurait imaginé que l’incendie du QG aurait une telle influence, et pourtant… Les Mangemorts pouvaient se montrer plus subtiles qu’elle ne l’imaginait.

La journée s’écoula lentement, bercée par le morne tapotement de la pluie contre les vitres. Harry se révéla insupportable, et c’est avec soulagement que Lily le coucha pour sa sieste. Il finit par s’endormir après quelques hurlements. Elle allait s’engouffrer dans son laboratoire pour vérifier quelques potions lorsque la voix de James interrompit son mouvement.

- J’ai besoin de sortir.

Il était allongé sur le canapé, comme souvent. Lily ne sut quoi répondre. Elle aussi en avait besoin, mais à part sortir dans le jardin ils n’avaient guère de possibilité.

- Il pleut vraiment fort, commenta-t-elle finalement.

Son mari eut un petit rire sardonique avant de se redresser pour la regarder.

- C’est tout ce qui t’inquiète ? Je ne parlais pas d’aller dans le jardin, Lily. J’ai besoin de sortir de cette baraque.

Son air de défi ne lui disait rien qui vaille. Lily leva les mains dans un geste d’impuissance.

- Une demi-heure. Ensuite je reviens.

Elle fronça les sourcils. Elle ne pensait pas qu’il était sérieux.

- C’est hors de question, répliqua-t-elle sèchement. On en a déjà parlé.
- J’ai la cape. Il ne m’arrivera rien.
- Non. Si on commence à relâcher la garde, c’est fini pour nous.

Il se leva carrément du canapé. Lily pouvait lire sur son visage qu’il tâchait de ne pas s’énerver.

- Une seule entorse, rien qu’une. Ça n’arrivera plus ensuite.

Lily sentit les larmes lui monter aux yeux.

- Si tu sors, pourquoi est-ce que je ne le ferai pas, hein ? On ne s’en sortira pas.
- Mais Lily, je ne peux plus… Argh !

Il battit l’air des bras inutilement. Tout son corps exprimait la frustration, mais Lily resta impassible. Elle combattit les larmes du mieux qu’elle put.

- On ne peut pas.
- Tu ne veux pas ! C’est différent !
- Tu es grand James, si tu y tiens, alors vas-y ! s’agaça-t-elle. Mais ne remets pas les pieds ici ensuite si c’est pour nous ramener des Mangemorts !
- Tu dramatises complètement ! Tu crois vraiment qu’ils nous attendent de pied ferme devant la porte ?
- Et pourquoi pas ? Tout le monde sait que ta famille est originaire d’ici ! Ce n’est pas dramatiser quand il s’agit de la sécurité d’Harry !
- Merlin, il va bien ! Il n’y a pas eu la moindre alerte depuis qu’on est arrivé !
- Et tu sais pourquoi ? Parce qu’on n’a pris aucun risque !
- Tu devrais peut-être apprendre à vivre de façon plus dangereuse alors, Evans, grinça-t-il.
- On n’est plus à Poudlard, Potter ! Asséna-t-elle en insistant sur son nom de famille comme il l’avait fait. Il n’est pas question de contourner le règlement pour aller faire l’idiot dans la forêt interdite !
- Bon sang, tu es tellement …
- Tellement quoi ? Cingla-t-elle.
- Insupportable ? Offrit-il sans le moindre sourire.
- C’est toujours mieux qu’être un connard égoïste.
- Evans ! Vociféra-t-il.
- C’est Potter, imbécile !

L’envie de le gifler la démangeait, mais elle se contint. Ils n’étaient plus à Poudlard. Ils pouvaient agir en adulte. Ou du moins elle le pouvait, si James s’y refusait. Il la fixait intensément, la respiration lourde, la mâchoire serrée. Pendant un court instant, Lily se demanda s’il regrettait qu’elle s’appelle à présent Potter.

- Une demi-heure, répéta-t-il entre ses dents serrées.
- Je ne te retiens pas, siffla-t-elle.
- Tu ne me laisseras pas rentrer.

Ce n’était pas une question.

- Fais ton choix, rétorqua-t-elle.
- Merlin, Lily !
- Euh… Je vous interromps ?

Les deux jeunes gens tournèrent d’un bloc leurs yeux vers Peter, qui se tenait dans l’entrée, l’air gêné.

- J’ai frappé plusieurs fois mais vous ne répondiez pas, alors je…

Lily battit rapidement des paupières pour reprendre ses esprits et se força à sourire :

- Entre, Peter. Viens te réchauffer. Il fait vraiment un temps abominable.

Elle pouvait sentir le regard furieux de James sur elle. Cette conversation n’était sans doute pas terminée. Peter accrocha son manteau trempé à la patère et allait saluer James lorsque celui-ci le dépassa en trombe pour sortir dans le jardin par la porte arrière. Même de là où elle était, Lily entendit le cri de frustration qu’il poussa.

- Qu’est-ce qu’il a ? souffla Peter.
- Il est enfermé, voilà ce qu’il a, murmura-t-elle.
- Ça va finir par s’arranger.
- Peut-être, répondit Lily, pessimiste.
- Lily, s’offusqua-t-il, la guerre ne durera pas éternellement. Vous ne resterez pas toujours ici.
- Mais qui c’est dans quel état on va en ressortir. Dans quel état notre mariage va en ressortir.

Peter rougit un peu, ce qui faillit arracher un sourire à Lily. Elle parlait de sa relation avec James à Sirius, éventuellement à Remus, mais jamais à Peter.

- Notre mariage ira très bien.

Surprise, elle dévisagea son mari qui venait de faire irruption derrière Peter. Quelques minutes dehors avaient suffi à le détremper. Lily se rappela ce qu’il lui avait murmuré la veille, alors qu’elle allait donner son bain à Harry. Elle hocha donc la tête, même si elle voyait l’orage couver dans les yeux de James. Il ne lâcherait pas l’affaire, elle en était persuadée.

Mais il ne lâcherait pas leur mariage non plus.

***


Lorsque Peter quitta les Potter, il pleuvait toujours autant. Comme les deux autres Maraudeurs, il aimait venir à Godric’s Hollow pour chercher du réconfort, notamment quand la mission avait été difficile. C’était le cas ce jour-là. Benjy et lui n’avaient pas réussi à sauver le vieux Sorcier que les Mangemorts traquaient. Ils ignoraient même pourquoi ils le cherchaient. Ils avaient mis du temps à remonter la tracer du vieil homme, qui s’était caché autant que possible en attendant des secours de l’Ordre. Ça n’avait pas été suffisant.

L’ambiance à Godric’s Hollow n’avait pas suffit à lui remonter le moral, cette fois-ci. La tension entre Lily et James était plus que palpable. De même, voir James souffrir ainsi d’être enfermé n’avait rien d’agréable, pour lui qui était son ami. Parfois, il avait l’impression que c’était lui qui le forçait à rester enfermé. Après tout, il était le gardien du secret.
Il frissonna à cette pensée, tout en se hâtant vers la forêt de Godric’s Hollow pour y transplaner. Sirius ne cessait de lui faire des recommandations, l’enjoignait à être prudent. Plus il le couvait de la sorte, plus Peter devenait paranoïaque. Sirius avait même un jour suggéré qu’il devrait arrêter les missions pour se mettre à l’abri et s’assurer que personne ne le trouverait. Peter avait été tenté d’accepter – Merlin, il aurait pu le faire. Seulement, il n’aurait alors plus eu d’information à donner aux Mangemorts. C’était la mort assurée, il en était certain. La seule façon d’y échapper serait de livrer le secret des Potter et ceci…

Peter serra le poing dans ses poches. Il ne pouvait pas faire ça. Il le savait. Cela entraînerait la mort des Potter. Sirius… Sirius saurait. Et puis les Mangemorts le tueraient probablement, de toute façon. Non, il devait continuer les missions, il devait collecter des informations sans trop d’importance à livrer, pour pouvoir cacher le véritable secret.

Après un instant de réflexion, Peter décida de transplaner à Cambridge pour aller sonner chez Sirius. Il ignorait s’il serait là, mais il pouvait toujours essayer. Il n’aimait pas être seul. Par chance, son ami était là. Il lui ouvrit après les questions de sécurité d’usage, une bouteille de bière à la main. Il semblait épuisé, de lourdes cernes noires sous les yeux.

- Queuedver, salua-t-il, surpris. Ça va, mon vieux ?
- Je reviens de chez Lily et James, soupira-t-il en balançant son manteau toujours détrempé sur un fauteuil. L’ambiance était… tendue.

Sirius grogna tout en agitant sa baguette vers le frigidaire. Une bière flotta jusqu’à Peter, qui l’attrapa machinalement.

- Je les comprends, commenta Sirius. Rester enfermés comme ça… (il frissonna). Ça me rappelle la maison de mes parents. Ils me punissaient si souvent que je ne sortais pratiquement jamais de l’été. Ils doivent avoir l’impression d’être prisonniers.
- En plus ça a toujours été assez explosif entre eux, ajouta Peter, pensif. Là ça macère et c’est encore pire.
- Je ne comprends pas pourquoi James n’a pas continué son projet sur les balais. Il semblait bien parti, après Noël. Ce n’est pas le genre à arrêter parce qu’il a du mal à progresser.
- Ça ne l’était pas, non. Mais j’ai peur que la réclusion l’ait un peu changé.

Sirius hocha la tête tout en avalant une gorgée de bière, les sourcils froncés.

- Peut-être qu’on devrait l’aider. La dernière fois qu’on en a parlé, il a évoqué l’idée de construire un prototype de balai. Si on lui fournissait de quoi le faire, ça le pousserait à se bouger, non ?
- Sans doute, approuva Peter avec enthousiasme. Remus sait sans doute de quoi il pourrait avoir besoin !

A ces mots, Sirius se rembrunit un peu.

- Tu l’as vu récemment, Remus ? Interrogea-t-il.
- Non, pas trop. Il est beaucoup auprès de sa mère. Ou alors il est en mission.
- Hmm.
- Un truc qui te tracasse ?

Sirius ouvrit la bouche, hésita, puis dit finalement.

- Rien d’important.

Peter se tendit imperceptiblement.

- Tu l’aurais dit à James ?
- Non, répondit sèchement son ami.

Le petit blond hocha la tête sans rien dire. Il détestait se sentir mis à l’écart ainsi. Mais, songea-t-il, ce devait être bien pire pour Remus, le seul des quatre Maraudeurs à ignorer l’identité du gardien du secret. Peter en comprenait pas tout à fait pourquoi il n’était pas au courant. Les Maraudeurs avaient toujours tout partagé, même la menace de finir à Azkaban si on découvrait qu’ils étaient des Animagus. La seule exception était les problèmes familiaux de Sirius ; James en savait plus que Remus et Peter, c’était certain. Mais il en avait toujours été ainsi ; Sirius et James avaient un lien spécial. Exclure seulement Remus ? Peter n’aimait pas ça.

Sirius relança la conversation sur les derniers résultats de Quidditch et les deux garçons bavardèrent un moment. Alors qu’ils terminaient leur bouteille, une lueur bleue illumina l’appartement. Le patronus de Maugrey ordonna à Sirius de se pointer dans un centre-commercial de Brighton aussi vite que possible. Le jeune homme sauta aussitôt sur ses pieds, et Peter suivit. Son ami le dévisagea un instant, l’air inquiet.

- Tu devrais peut-être rester ici. Minimiser les chances de te faire prendre.

Peter balaya cette objection d’un geste de la main, un peu vexé que la sûreté du secret intéresse plus Sirius que sa santé. Il sortit le premier de l’appartement afin de ne pas laisser le choix à Sirius et ils transplanèrent ensemble vers leur destination.

A l’extérieur du centre-commercial, c’était le chaos. Le parking était encombré de voitures qui klaxonnaient, alors que les Moldus tentaient de s’enfuir. Sirius et Peter se frayèrent un passage à travers les véhicules qui manoeuvraient en tous sens. La police n’était pas encore là mais les sirènes de leurs voitures résonnaient au loin. D’autres Sorciers transplanaient autour d’eux – des Oubliators, à en juger par leur uniforme. Peter ne s’attarda pas sur ce qu’ils faisaient, trop occupé à bousculer les Moldus pour entrer dans le grand magasin.

Le hall était désert, mais les vitrines éclatées de quelques magasins suggéraient qu’il y avait eu du grabuge. Peter aperçut quelques Moldus étendus au sol, immobiles. Il tiqua mais passa son chemin. Au centre, une grande fosse où se trouvaient des escalators permettaient de passer d’un étage à l’autre. Les deux garçons se penchèrent par-dessus la rambarde du rez-de-chaussée pour trouver le combat, dont les bruits leur parvenaient. Une plante en pot vola, deux étages plus haut, et alla s’écrasa au niveau le plus bas. Sans plus attendre, ils montèrent quatre à quatre les escalators jusqu’au deuxième étage. Emmeline et un petit homme que Peter se rappelait vaguement comme étant Mondingus Fletcher étaient déjà sur place. Ils se battaient pied à pied sur la coursive avec au moins cinq Mangemorts. Peter aperçut quelques Moldus victimes de l’attaque avant qu’un sort ne passe à un cheveu de sa tête.

Sirius et lui se jetèrent dans la bataille sans plus attendre. Peter crut entendre Emmeline marmonner « C’est pas trop tôt » mais ses mots furent avalés par le « Protego ! » que rugit Mondingus Fletcher.

- T’as toujours préféré la défense à l’attaque, hein, Ding ! s’esclaffa le Mangemort qui le pilonait sans relâche.
Peter aurait bien essayé de l’aider, mais il était lui-même sous le feu nourri d’un autre Mangemort. Emmeline et Sirius se retrouvèrent contre trois adversaires, mais ils se débrouillaient bien. Après quelques instants de combat intense, le groupe commença à se séparer. Le jeu des attaques et des esquives les éloigna les uns des autres – Sirius était une cible particulièrement mouvante, comme toujours. Son style de combat se caractérisait par les esquives et les roulades. Peter était toujours persuadé que les trois quarts de ses gestes étaient inutiles.

Le petit blond parvint à faire reculer son adversaire vers les entrailles du magasin devant lequel ils se battaient. L’échoppe vendait des parapluies, que Peter traita sans merci lorsqu’il envoya le Mangemort s’écrasa au milieu d’un étal. Il le stupéfixa avant qu’il n’ait eu le temps de se dépêtrer et fila vers la coursive. Emmeline et Sirius avaient réussi à éliminer l’un de leurs adversaires mais ils luttaient toujours contre les deux autres. Fletcher était hors de vue.

Un grand fracas attira l’attention de tout le monde sur le troisième et dernière étage, d’où se déversait une pluie de verre brisé.

- Queuedver, monte voir ! Lui hurla Sirius tout en parant de justesse l’attaque de son adversaire.

Figé sur place, Peter hésita un moment. Il ignorait ce qu’il allait trouver là-haut. Faire face à ce qu’il connaissait était déjà suffisamment difficile, mais marcher droit vers l’inconnu ? Seul ?

Il finit par se secouer et grimpa le dernier escalator. Il prit prudemment pied sur la coursive du dernier étage. A chaque pas, il écrasait un peu plus le verre répandu au sol. Il s’agissait des restes des vitrines éventrées, dans le contenu déchiqueté parsemait le sol de couleurs. Il avança prudemment tout en suivant les marques de la destruction. La gorge serrée, les paumes moites, il serrait convulsivement sa baguette entre ses doigts tout en priant pour ne pas tomber sur Bellatrix Lestrange, qui avait une certaine propension à détruire les choses.

Il s’enfonça dans une couloir perpendiculaire à la coursive. Des livres voletaient en tous sens dans une librairie saccagée. Comme tout était en ordre au-delà, Peter se décida finalement à entrer. Il suait à présent à grosses gouttes, les entrailles tordues par l’angoisse. Un dictionnaire se jeta sur lui pour tenter de lui faire avaler ses pages. Lorsque Peter parvint enfin à s’en débarrasser, non sans écoper de quelques coupures au visage, il se figea net.

En face de lui se trouvait le Mangemort. Son Mangemort. Celui qui lui soutirait des informations en échange de sa vie.
Peter avait cru que leur marché ne serait valable qu’une seule fois, mais il était revenu. Au bout de quelques mois, le petit blond avait fini par comprendre qu’il s’était engagé dans un cercle infernal. Jamais il n’en sortirait. Il s’efforçait donc de ne communiquer que des informations mineures. Jusqu’ici, il s’était bien débrouillé. A présent qu’il faisait face à son tourmenteur alors que l’Ordre se trouvait un étage en-dessous, il voyait une échappatoire. S’il parvenait à le maîtriser…
Il attaqua sans plus tergiverser. Le petit homme au crâne dégarni et aux chaussures aux bouts carrés fut pris par surprise par cet instant d’audace. Pas assez cependant pour être mis K.O. par l’attaque de Peter. Une expression froide se peignit sur le visage du Mangemort, qui tendit sa baguette vers Peter. Contrairement à celle de ce dernier, elle ne tremblait pas. Le jeune homme fit apparaître un bouclier, mais le maléfice coupa à travers comme dans du beurre. Peter se retrouva plaqué contre un pan de mur, à quelques centimètres du sol. Il y était maintenu par un étau autour de son cou, assez serré pour lui donner l’impression d’être étranglé sans pour autant le suffoquer. Ses pieds étaient bloqués de la même manière. Sa baguette lui échappa des mains presque aussitôt.

Le Mangemort s’approcha de lui à pas lents, tout en le fusillant du regard.

- Tu crois que tu as le droit de t’attaquer à moi, Pettigrow ? Siffla-t-il. Tu n’as donc pas compris ?

Il se tut un instant, mais Peter ne parvint qu’à le regarder avec de grands yeux apeurés.

- C’est moi le maître, reprit-il d’une voix glaciale. C’est moi qui commande. Si j’ai envie de te tuer, je le fais. Si j’ai envie de te dénoncer auprès de tes petits camarades, je le fais. Et si je te demande une information, tu me la donnes. Pas le contraire. La prochaine fois que tu m’attaques, ce sont tes amis qui en souffriront. Et ne crois pas que je parle à la légère. C’est compris ?

Peter ne put que cligner des yeux. Le Mangemort brandit sa baguette et l’enfonça dans l’estomac du jeune homme, qui exhala tout son air dans un gargouillement.

- C’est compris ? Répéta l’homme sur le même ton tout en saisissant le menton d’un Peter suffoquant.

- O… Oui, parvint-il à coasser.
- Bien. Tu as intérêt à avoir une information suffisamment intéressante. Je ne garantie pas ce qui pourrait t’arriver sinon. A toi ou à tes petits camarades.

Peter déglutit difficilement. De petites informations. Il devait trouver de petites informations.

- L’Ordre… L’Ordre doit es… escorter la Ministre pour…
- Endoloris !

Le jeune homme se tordit de douleur entre ses liens. Il entendit à peine le cri qui sortir de sa bouche. Puis, aussi soudainement qu’elle avait commencé, la douleur cessa. Elle laissa Peter pantelant, le front couvert de sueur.

- Je m’en fiche, cingla le Mangemort. Je veux une vraie information, Pettigrow. Je veux savoir quelle est la prochaine grosse mission de l’Ordre. C’est ta dernière chance. Si ton information n’est pas assez bonne, je… (il fit tourner sa baguette entre ses doigts, puis un sourire sans joie étira ses lèvres). Tu verras bien.

La respiration déjà hiératique de Peter s’affola un peu plus. Qu’allait-il faire ? Tuer l’un de ses amis ? Le tuer lui ? Lorsqu’il vit la baguette s’approcher de lui, Peter cessa d’hésiter.
cochyo

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Re: Lily & James [Harry Potter]

Message par cochyo »

La fin inexorable d’une époque et le début d’une autre.
Passionnant ! Tu le décris à merveille !
PtiteCitrouille

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Re: Lily & James [Harry Potter]

Message par PtiteCitrouille »

Oh mamma mia

Chapitre très intense et un des meilleurs je trouve. Tout était superbement bien maîtrisé, l'action de fin de chapitre, les doutes et peurs de Peter, les tensions entre Lily et James... Sincèrement, je suis impressionnée parce qu'on savait tous que les Maraudeurs allaient perdre leur amitié, mais tu travailles aussi la relation Margaret et Lily et surtout Lily et James. Jamais j'aurais pensé que ce soit un jour tendu comme ça entre eux, mais maintenant que tu construis cette histoire, on se rend compte que c'est tout à fait normal que ça se déroule ainsi. Et franchement, ça m'a brisé le cœur leurs disputes et leurs pensées l'un envers l'autre

Bref, je m'y mets avec les petites citations ^^
Premier chapitre posté depuis l'Allemagne !
t'es de retour en Allemagne ?? T'y fais quoi là du coup?
Le mois de février était gris et dégoulinant
ah ouais je vois ce genre de météo ^^ ma proprio dirait "un temps à se suicider" :roll: :lol:
James avait fait ce qu’il pouvait pour la réconforter pendant les premiers jours, puis il avait fini par s’agacer. Il n’était pas heureux non plus, faisait-il la tête pour autant ?
là je me suis dit que ce chapitre allait être rude entre les deux :? en soi Lily a le "droit" d'être plus vexée, c'était une de ses meilleures amies, et recevoir une lettre pour dire au revoir ainsi alors qu'elles se connaissent depuis une décennie et qu'elles se sont battues ensemble pendant des années, ça fait un peu maigre comme explications.
Seulement, l’amertume et la détresse semblaient avoir fait disparaître leur camaraderie.
laissez moi pleurer dans mon coin :cry:
Mais aucune relation ne pouvait s’épanouir pleinement dans de telles conditions. Un couple n’était pas fait pour rester enfermer sur lui-même.
le pire c'est qu'il a raison. Mais on s'imaginait tellement leur couple comme étant parfait, qui survit aux batailles, qui se sacrifie pour leur fils qu'on s'est jamais doutés que ça pouvait tourner au vinaigre, alors que si, c'est absolument normal de voir ça. Et franchement, c'est incroyable la façon dont tu mènes cette histoire, que ce soit niveau politique/économique, relations internationales et entre moldus et sorciers, relations entre personnages, aspects espionnage et trahison, abandon et fatigue de l'Ordre, les batailles, les aspects stratégiques.. vraiment, j'ai beaucoup d'admiration pour tout ça et ça doit être un boulot monstre (surtout que ce chapitre tu nous le ponds en 3 jours dans le plus grand des calmes :lol: )
Mais là, tout de suite, il n’en pouvait plus d’elle.
c'était tellement hardcore :lol:
Avec l’ombre d’un sourire, il se demanda si Harry emmènerait Gandalf à Poudlard, quand il y entrerait.
beuuuhh :cry: :cry: :cry: d'ailleurs je me demande ce qui lui arrive à Gandalf après octobre 1981 (c'est dingue comment on dit pas "la mort de James et Lily", genre moi c'est devenu "octobre 81", ça reste vague mais c'est sous entendu et tout le monde comprend)
- C’est mon tour.
- J’ai envie de le faire.
- D’accord.
Ok. Donc en l'espace de 9 mots, t'as réussi à retranscrire toue leur tension. Parfait.
Alors qu’elle ne faisait déjà rien d’intéressant de sa journée, elle n’aspirait à rien d’autre qu’à rester dans son lit et à regarder le vide.
ah ouais, c'est une bonne déprime ça. Pareil ça on n'y pense pas quand on lit les HP et pourtant... (tu veux pas envoyer ta 3ème partie à JKR, qu'elle lise un peu, je suis sûre qu'elle approuverait :lol: )
Si je continue, un jour je vais tout simplement me laisser tuer par un Mangemort pour que ça s’arrête. Et je veux vivre. Je veux vivre vraiment, pas cette vie de reclus, de parias, de cibles mouvantes pour Mangemorts.
elle dit que c'est égoïste de penser ça mais franchement je la comprends tellement, ça me fait plus de peine qu'autre chose. Devoir mettre sa vie de côté ainsi... et le pire serait de jamais se rendre compte de ce qu'ils sont en train de louper. Au fond ils ont rien connu d'autre que la guerre. Quand ils étaient à Poudlard ça commençait à monter mais ils restaient innocents et après en être sortis, tout ce qu'ils ont eu c'est des batailles et des morts.
D'ailleurs il fait quoi Dumbledore en soi? On le voit pas beaucoup, on a l'impression qu'il fait que recruter des jeunes qui se font tuer au bout de quelques mois. Limite ça me met en colère de le savoir en sécurité derrière son bureau pendant que des jeunes se font tuer un à un :|
Peut-être qu’une fois que ce sera fini… Je ne sais pas.
je retire ce que j'ai dit dans mon commentaire précédent sur le pourquoi Margaret ne pourrait pas reprendre contact avec Remus vu comment il souffre après 81. Ça serait beaucoup trop dur de revenir comme ça après la guerre alors que pleins sont morts, elle va trop culpabiliser
- Une seule entorse, rien qu’une. Ça n’arrivera plus ensuite.
je suis d'accord avec Lily là. C'est vrai que je voudrais sortir aussi à leur place, mais effectivement Lily aussi en a envie, sauf qu'il y a trop de choses en jeu (la vie de leur fils au passage), il sont en effet plus à Poudlard où tout ce que tu récoltais en cas de transgressions étaient des points en moins ou des heures de colle. Là c'est la mort
- Si tu sors, pourquoi est-ce que je ne le ferai pas, hein ? On ne s’en sortira pas.
bah ça m'a donné envie de pleurer ça
- Fais ton choix, rétorqua-t-elle.
- Merlin, Lily !
- Euh… Je vous interromps ?
bordel j'ai jamais été aussi heureuse de voir surgir Peter comme ça. Leur dispute était prenante, bien écrite et qui s'enchaînait bien, mais sérieux, ça m'a brisé le cœur
Mais il ne lâcherait pas leur mariage non plus.
:cry: :cry: :cry:
Sirius… Sirius saurait.
drôle de raison pour laquelle tu veux pas trahir les Potter... la question morale, la loyauté, ça te parle?
Sirius ouvrit la bouche, hésita, puis dit finalement.

- Rien d’important.
je déteste quand Sirius fait ce genre de choses. C'est injuste et indigne qu'il pense ça de Remus
Exclure seulement Remus ? Peter n’aimait pas ça.
merci Peter, sérieux
Sirius était une cible particulièrement mouvante, comme toujours. Son style de combat se caractérisait par les esquives et les roulades. Peter était toujours persuadé que les trois quarts de ses gestes étaient inutiles.
il doit pas avoir tort, ça doit le fatiguer plus qu'autre chose toutes ses pirouettes
Il ignorait ce qu’il allait trouver là-haut. Faire face à ce qu’il connaissait était déjà suffisamment difficile, mais marcher droit vers l’inconnu ? Seul ?
heuuu... Je flipperais aussi perso :lol:
Son Mangemort. Celui qui lui soutirait des informations en échange de sa vie.
ah, shit
A présent qu’il faisait face à son tourmenteur alors que l’Ordre se trouvait un étage en-dessous, il voyait une échappatoire. S’il parvenait à le maîtriser…
ah, il me fait de le peine Peter. Je l'aime bien ton Peter, tu nous as pas fait un traître-to-be blanc ou noir. Il flippe, c'est normal, mais c'est ses amis qui l'aident à tenir et il est pas non plus faible à tous les points de vue. Là, il tente de se sortir de sa spirale infernale (bon en vain mais l'intention était là), il est pas traître à 100% (pour l'instant). Et puis je sens qu'au final quand il trahira les Potter ça va pas être par conviction pour Voldemort (genre même pas à 1%), mais tout simplement parce qu'il a peur et qu'il se sent coincé. Et puis, après avoir trahi les Potter, comment retourner à une vie normale en sachant ce qu'il a fait? C'est tout simplement une longue, très longue descente aux Enfers pour lui
Qu’allait-il faire ? Tuer l’un de ses amis ? Le tuer lui ? Lorsqu’il vit la baguette s’approcher de lui, Peter cessa d’hésiter.
ah mon dieu, qu'est ce qu'il va dire?

Ce chapitre encore une fois était excellent, vraiment j'ai adoré, il y avait une tension atroce mais incroyablement réaliste. Bref, tu m'as brisé le cœur plusieurs fois et le pdv de Peter était superbe également

Bisous!
Charmimnachirachiva

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Re: Lily & James [Harry Potter]

Message par Charmimnachirachiva »

Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhh !

James est vraiment sur les nerfs, en même temps, ça se comprends, ça doit être horrible !!!!
Même si je comprend Margaret, c'est vraiment lâche de sa part d'envoyer juste une lettre.
Peter !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! J'ai a la fois envie de le tuer et de pleurer, c'est trop triste bien que son devoir et son coeur lui faisait suivre un autre chemin. ... :cry: :evil:

La fin approche... :cry:
Cazolie

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Re: Lily & James [Harry Potter]

Message par Cazolie »

HELLO

miracle, j'ai fini le chapitre. Flam' est à Munich ce week-end parce qu'elle est cool, mais j'avais pas anticipé que du coup j'aurai pas trop le temps d'écrire :lol:
Mais j'ai réussi quand même !
Mille mercis pour tous vos commentaires, vous êtes trop chouettes :D :mrgreen:

Je préviendrai plus tard


Chapitre 18

Dans ce qui servait autrefois de salle à manger au Snargalouf, une dizaine d’hommes et de femmes s’affairaient, hurlaient des ordres, des suggestions, et jetaient occasionnellement des boulettes de parchemins sur leurs collègues.

- Bon sang, Fabian, ça suffit ! Râla William après avoir reçu un nouveau projectile à l’arrière du crâne. Tu ne veux pas aller embêter quelqu’un d’autre ?

Prewett se contenta de sourire avec amusement tout en mâchouillant le bout de sa baguette. William, avec un soupir désabusé, se pencha à nouveau sur ses plans. Depuis la Foire internationale de botanique, il partait bien trop souvent en mission avec Fabian. A croire qu’ils formaient une bonne équipe ; difficile à dire quand l’un des membres du duo était un sale gamin.

Sans plus se préoccuper de son cauchemar roux personnel, William reprit l’examen du plan de Leeds qu’une Auror pressée lui avait confié. Autour de lui, des Aurors étaient penchés sur le même type de document. Sur chacune de ces cartes étaient indiquées un repère de Mangemorts, qu’il s’agisse d’une simple planque ou d’un lieu de réunion. Il avait fallu des mois et des mois aux Aurors pour rassembler toutes ces localisations. Il leur en manquait très certainement, mais Maugrey avait décidé qu’il était temps de mettre à exécution un plan de grande envergure.

La difficulté, quand on se battait contre des Sorciers, c’était la possibilité de déplacement instantané que représentait le transplanage. De gros effectifs d’Aurors s’étaient déjà retrouvés en difficulté après avoir attaqué un nid de Mangemorts, simplement parce que des renforts étaient arrivés. Maugrey espérait qu’en attaquant sur plusieurs fronts à la fois, ses Aurors n’auraient pas à faire face à des afflux continus de Mangemorts.

William suivit le tracé d’une rue, songeur. Il devait trouver le meilleur moyen de prendre en tenaille la planque de Leeds sans se faire remarquer par ses occupants – si tant est qu’il y en ait. Si l’endroit était vide, l’équipe de Leeds devait transplaner à Durham. S’il n’y avait personne à Durham, ils devraient se rendre à Whitehaven, etc. C’était un plan complexe, pourvu de bien des défauts, mais dont Maugrey espérait tout de même retirer quelques bienfaits.

Le jeune homme aperçut sur la carte ce qui devait être un restaurant et l’entoura en rouge, avant d’ajouter l’adresse sur une liste qui trônait au milieu de la table. Il s’agissait de tous les endroits où étaient susceptibles de se trouver des Moldus au moment de la descente des Aurors. William eut un petit sourire. Il s’était porté volontaire pour apporter toutes les listes à Carrie.

Afin de ne pas devoir traîner un contingent d’Oubliators derrière chaque équipe, Maugrey avait prié la Ministre de requérir l’aide des Moldus. Après bien des négociations, Thatcher avait accepté de réquisitionner la police, qui pensait agir en coopération avec le MI6 (Carrie avait tout expliqué à William, mais il n’était toujours pas sûr de comprendre qui étaient tous ces gens). Ils devaient boucler tous les quartiers concernés.

Quand William avait demandé pourquoi on ne se contentait pas de jeter des sortilèges Repousse-Moldu, Fabian l’avait frappé sur le haut du crâne et lui avait répondu que les Mangemorts risquaient d’en percevoir la trace, ce qui ruinerait l’effet de surprise. Etant donné qu’ils considéraient les Moldus comme des moins que rien, il y avait fort à parier qu’ils ne prêteraient pas la moindre attention aux aller et venues de la police.

Bien après la tombée de la nuit, la cloche qui annonçait la fin de la journée retentit enfin. William s’étira, empila tous les documents sur lesquels il avait travaillé ce jour-là et quitta son bureau – ou plutôt, le bureau qu’il occupait une fois tous les dix jours quand Maugrey le lui demandait. Le reste du temps, il chassait le Mangemort avec le reste de l’Ordre et observait la pile d’ordres de mission grossir, et grossir encore. Bien conscient de cela, il lutta contre l’envie d’aller retrouver Carrie, une fois sorti du Snargalouf, et partit accomplir la prochaine mission sur la liste.

***

Le grand jour était arrivé. Après des mois et des mois de préparation, l’opération « Filet du diable » allait enfin commencer. C’était Peter qui avait trouvé le nom ; d’après ce que Carrie avait saisi, seul l’Ordre l’utilisait. Les Aurors qui l’avaient entendu le trouvait absurde. Carrie l’avait néanmoins transmis à Thatcher, qui n’y avait vu qu’un sobriquet imagé. La jeune fille trouvait très amusant de voir passer tous les rapports de police avec comme en-tête le nom de cette plante magique dont elle ne comprenait pas très bien les effets.

L’opération était complexe et engageait un nombre invraisemblable de personne des deux mondes. La seule personne qui en connaissait tous les tenants et les aboutissants était Carrie elle-même, qui avait fait le relais entre monde moldu et monde magique. En cette fin de journée froide de février – la dernière du mois – elle était donc particulièrement sur les nerfs. Si quelque chose tournait mal côté moldu, les retombées politiques et diplomatiques seraient désastreuses. Rien que de penser à la réaction de Thatcher, Carrie avait la migraine.

Assise devant son bureau, dans son minuscule appartement de Londres, elle attrapa sa tresse blonde et en tritura machinalement le bout, les yeux fixés sur son réveil. L’aiguille s’arrêta enfin sur le 12. Il était dix-huit heures tapantes. L’opération avait commencé. On avait fait promettre à Carrie qu’elle ne viendrait pas sur l’un des lieux d’intervention de Londres. Maugrey, Bagnold et Gideon Prewett le lui avaient répété. Will aussi, bien entendu. Elle tint à peine une minute avant de bondir de son siège, d’attraper son manteau, son écharpe et son bonnet, et de quitter l’appartement en claquant la porte. Si seulement elle avait pu transplaner ! Heureusement, elle habitait en plein Londres. Il lui fallut à peine quinze minutes pour rejoindre la planque de Mangemorts la plus proche. Alors qu’elle marchait à grands pas, depuis la station de métro, elle aperçut les barrages de police. Les périmètres avaient été prévus larges : elle n’apercevait aucune trace de magie de là où elle se trouvait. Les policiers devaient être là depuis un moment, car aucune foule n’était présente. Elle avait déjà dû se lasser. Quant aux habitants, ils avaient été évacués. On prétexterait une fuite de gaz et l’affaire serait oubliée.

Carrie s’avança sans crainte et présenta un badge du Ministère de l’Intérieur qui l’habilitait à se rendre n’importe où. Elle put donc s’avancer dans la zone désertifiée sans problème. L’excitation qui bouillonnait dans ses veines commença alors à se changer en crainte. Le silence était surréaliste – mais il ne dura que quelques instants. Au tournant d’une rue, une scène de chaos se révéla soudain à elle.

Les Mangemorts, du moins elle supposait qu’il s’agissait d’eux, étaient rassemblés en cercle au milieu de la rue. Ils étaient sept, et se battaient dos à dos contre cinq Aurors qui ne parvenaient pas à prendre le dessus. Deux d’entre eux étaient couverts de sang. Carrie se plaqua aussitôt contre le mur pour ne pas être vue, le cœur battant. Son intention était d’observer le déroulement des opérations, pas d’interférer. A vrai dire, elle imaginait que les Aurors auraient déjà vaincu. Depuis combien de temps se battaient-ils ?

Elle enfonça ses mains dans ses poches, la respiration chaotique. Et si la même chose était en train de se produire partout ? Si William était comme l’un de ces Aurors, en train de se vider de son sang, en sous-nombre face à l’ennemi ? Il était à l’autre bout du pays, elle ne pouvait même pas aller le retrouver. Non, tout ce qu’elle pouvait faire c’était rentrer chez elle et l’attendre là.

Carrie se mit en mouvement, tout en tentant de faire abstraction des cris qu’elle entendait à quelques mètres d’elle. Elle regrettait déjà sa décision d’être venue ; à présent, elle s’inquiétait encore plus. Elle avait à peine fait un pas qu’un « CRAC » la fit sursauter. Sous ses yeux écarquillés se matérialisa un homme d’une trentaine d’années aux cheveux mi-longs qui l’agrippa par le poignet et fit un demi-tour sur lui-même. Carrie eut l’impression qu’on lui retournait l’estomac. Son seul point fixe était la main qui serrait son poignet à lui faire mal. Le reste de son corps comme le monde entier n’était que flou. La seule pensée cohérente qu’elle parvint à formuler fut : « Tu es en train de transplaner ». Avant même qu’elle ait fini de le penser, elle toucha brutalement terre. Ses jambes se dérobèrent sous son poids et elle rendit le contenu de son estomac sur le sol. Ses oreilles sifflaient, une douleur sourde tambourinait dans son crâne, et ses entrailles ne semblaient pas vouloir reprendre leur place. Alors qu’elle crachotait toujours, une main saisit durement sa tresse et lui tira la tête en arrière. Malgré ses yeux larmoyants, elle reconnut l’homme qui l’avait attrapée.

- Tu es la catin moldue du Ministère, hein ? Cracha-t-il. Quelle bonne idée de venir traîner là un jour pareil.

Si Carrie avait jamais eu l’intention de répondre, elle n’en eut pas l’occasion. Il la repoussa brutalement et son crâne heurta le sol avec un bruit mat. Le choc n’arrangea en rien sa vision trouble. L’homme la releva sans ménagement en l’attrapant durement par le bras et la traîna derrière lui. Carrie trébucha mais le suivit tant bien que mal. Elle s’aperçut vaguement qu’ils étaient dans une salle vide, au papier peint à moitié arraché et au sol couvert de poussière. Ils entrèrent dans une autre pièce éclairée par des globes de lumière. Au centre avait été disposée une grande planche sur des tréteaux. Autour se tenaient deux femmes et un homme vêtus de noir, qui relevèrent la tête lorsque Carrie et son agresseur entrèrent.

Ce dernier poussa Carrie vers la table. Elle se retrouva nez à nez avec l’une des femmes, une petite Sorcière rondelette au nez retroussé et aux cheveux châtains, qui la dévisagea un instant en fronçant les sourcils avant d’écarquiller les yeux.

- Qu’est-ce qu’elle fait là ? On ne nous a pas demandé de l’intercepter, s’exclama-t-elle, l’air sincèrement surprise.

Carrie se contenta de la dévisager, les mains tremblantes. Derrière elle, l’homme qui l’avait amenée répondit :

- Cette petite gourde est venue assister aux opérations. Je me suis dit que c’était le moment où jamais.
- Et qu’est-ce qu’on en fait ?

La surprise passée, la femme avait pris une voix tranchante.

- On l’amène là où se trouve Hardley et on ruine leur opération là-bas.

Carrie se figea, les yeux écarquillés, les doigts crispés. Elle n’avait pas voulu ça. Si William la voyait, il ferait quelque chose de stupide. Ses yeux s’emplirent de larmes.
C’était elle qui avait fait quelque chose de stupide.
Son vis-à-vis aperçut ses prunelles larmoyantes et soupira profondément.

- Fais en ce que tu veux mais je n’en veux pas ici. On a suffisamment à faire. Cet idiot de Pettigrow a été avare en détails.

La jeune Moldue tiqua, alors qu’on la tirait à nouveau vers une destination inconnue. Pettigrow. Elle était sûre que l’un des membres de l’Ordre s’appelait comme ça. Alors qu’elle trébuchait en arrière, son regard tomba sur la table couverte de cartes. Son cerveau s’activait tant bien que mal, malgré le choc et la panique. Etait-il possible que les Mangemorts soient au courant de toute l’opération ?

Un nouveau transplanage l’empêcha de plus y réfléchir. Elle fut à nouveau aspirée dans un tourbillon à travers l’espace-temps, le cœur au bord des lèvres.

***


William ne comprenait pas à quel moment la situation avait basculé. L’opération « Filet du diable » avait été préparée avec minutie. Tout était calculé – du moins dans la mesure du possible. Cela n’aurait pas dû être aussi difficile. Et pourtant, William et les Aurors qu’il accompagnait étaient en sous-nombre, aucun renfort ne venait, et ils perdaient du terrain.
Il se trouvait à l’extérieur d’une petite ville du nord de l’Angleterre. Les Mangemorts avaient une planque dans une gare désaffectée, où on trouvait encore de vieux wagons de marchandise rouillés. Adossé à l’une de ses machines, William se défendait tant bien que mal contre la silhouette encapuchonnée qui lui faisait face. Il avait vaguement conscience des Aurors qui l’entouraient et qui, pour la plupart, se battaient contre plusieurs Mangemorts à la fois. Il savait aussi qu’à quelques mètres de lui gisait un Auror appelé Romuald Barnes qui ne se relèverait plus jamais.

Le jeune homme parvint à blesser son adversaire et profita de sa distraction pour lancer un « Sutpéfix ! » dans sa direction. Le Mangemort parvint à esquiver et l’agressa avec plus d’ardeur encore, furieux du sang qui dégoulinait le long de son bras. Alors que le duel reprenait de plus bel, il y eut un « Crac ». Pendant un instant, William crut que c’était des renforts qui arrivaient. Il n’aperçut pourtant que deux silhouettes sur le quai de la gare : un homme en noir, et une fille dans un manteau rouge qui lui semblait horriblement familière.

L’atroce seconde que passa William a la dévisager fut fatidique ; un maléfice le heurta de plein fouet. Il sentit la blessure s’ouvrir, de son épaule droite jusqu’à son abdomen. Un sang chaud macula son torse et transperça ses vêtements alors qu’il tombait en avant avec un cri de douleur.

- WILL !

Le cri perçant confirma ses pires craintes. Il releva la tête tant bien que mal et aperçut Carrie, puisqu’il ne pouvait s’agir que d’elle, qui courait vers lui.

La situation semblait laisser perplexe le Mangemort contre lequel William se battait. Il fixait lui aussi la mince silhouette, sa baguette baissée, sans se préoccuper de l’homme qu’il avait mis à terre. Malgré sa panique et la douleur qui lui brûlait le corps, William était suffisamment lucide pour réaliser qu’il devait agir. Il le stupéfixa sans plus tarder.

Jeter le sort avait demandé trop d’effort à Willaim, qui s’écroula face contre terre. Il grogna, le nez dans la boue. Carrie allait courir au milieu de la bataille. Il devait l’en empêcher. Merlin, il n’avait même pas la force de se relever, comment pourrait-il faire quoi que ce soit ? La faire transplaner loin d’ici ? Et ses camarades, les Aurors avec qui il combattait ? Il leur avait fait défaut.

- Qu’est-ce qu’une Moldue fout sur le terrain ? Hurla une voix.

William aurait bien aimé connaître la réponse, lui aussi. Mais déjà une main fine se posait sur son épaule. Carrie l’aida doucement à rouler sur le dos. Son visage constellé de taches de rousseur était barbouillé de larmes. Ses mains tremblaient sur lui, de plus en plus fort à mesure qu’elles se tachaient de son sang.

- Will… William.. Oh mon Dieu, je…
- Dans ma cape, interrompit-il. Poche intérieure. Donne moi les fioles.

Carrie avait toujours su faire preuve d’un minimum de sang-froid dans les situations difficiles. Cette fois-là encore, elle parvint à reprendre ses esprits et repoussa William aussi délicatement qu’elle put pour fouiller dans sa cape. Elle en sortit deux fioles et les déboucha. Le jeune homme en avala une – une Solution de Force – mais lui laissa la deuxième.

- La blessure. Verse ça dessus.

Carrie pâlit un peu plus mais s’exécuta. Elle écarta ses vêtements comme elle le put, non sans lâcher un gémissement d’horreur lorsqu’elle révéla la plaie. Elle parvint finalement au bout de sa mission. Après quelques secondes de douloureuse agonie, William sentit enfin la blessure se refermer. Il savait que ce ne serait pas parfait, que la perte de sang l’avait affaibli durablement, mais au moins pouvait-il bouger.

Comme la douleur s’effaçait, il reprenait conscience du monde autour de lui. Les bruits de la bataille se firent plus forts autour de lui. Il réalisa brusquement dans quelle situation précaire ils se trouvaient.

- Merlin tout puissant, marmonna-t-il avant de se relever péniblement.

Un sort fusa aussitôt vers sa tête et il se baissa avec un juron, entraînant Carrie avec lui. La douleur lui déchira à nouveau la poitrine durant un bref instant, mais il s’efforça de ne pas y prêter attention. Sans rien ajouter, il la poussa devant lui et la força à contourner le vieux wagon. Les sorts trouaient la vieille carcasse derrière eux mais ils parvinrent à aller suffisamment vite pour les éviter – ou peut-être l’un des Aurors les aida-t-il.

Une fois à l’abri, William attrapa Carrie par les épaules et la secoua un peu sans vraiment le vouloir.

- Bon sang mais qu’est-ce que tu fais là ?
- J’ai été idiote, répondit-elle lentement. Je suis désolée.

Le voir sur pieds semblait l’avoir aidée à reprendre ses esprits. Elle le fixait maintenant avec détermination, même s’il pouvait toujours lire la peur au fond de ses yeux. Merlin, il aurait préféré qu’elle n’affiche pas cette air borné. C’était à croire qu’elle ne réalisait pas le danger de la situation.

- Effectivement, lâcha-t-il d’un ton sec. Reste-là, en espérant qu’on s’en sorte.

Il savait qu’elle n’aimait pas l’inaction – il ne se rappelait que trop bien du rôle qu’elle avait joué au Nouvel An. Néanmoins, elle hocha la tête sans protester. C’est d’une voix un peu tremblante qu’elle lui dit :

- Fais attention à toi.

Un peu adouci, il déposa un rapide baiser sur sa joue et se prépara à repartir à l’attaque. Mais alors qu’il contournait le wagon, le Mangemort sans capuche, celui qui avait amené Carrie, surgit devant lui. Il l’attrapa par les épaules et lui envoya son genou dans l’estomac. Le coup priva William d’air ainsi que de sa baguette, et même son cri de douleur ne put s’échapper de sa bouche. Il tomba à genoux, conscient du cri horrifié de Carrie derrière lui. Il aperçut le Mangemort lever sa baguette vers la jeune fille, malgré ses yeux brouillés par des larmes de douleur. Mais avant qu’il n’ait pu ouvrir la bouche, Carrie lui fonça dessus comme un boulet de canon et ils basculèrent tous les deux dans la boue.
Seulement Carrie, malgré toute sa bonne volonté, était un poids plume par rapport à l’homme auquel elle essayait de se mesurer. Il parvint bien vite à la repousser, se redressa d’un bond et pointa sa baguette sur elle, le visage congestionné par la fureur.

Poussé par l’adrénaline, William se jeta devant elle, une main levée, son visage ravagé par la douleur tourné vers celui du Mangemort.

- Laissez-la partir, supplia-t-il d’une voix rauque. Tuez… tuez-moi mais laissez-la partir.
- Will, tais-toi ! Tenta de protester Carrie.
- Tu penses vraiment que je l’ai amenée là juste pour te torturer un peu, Hardley ? Répliqua le Mangemort d’un ton agacé sans même tenir compte de Carrie, qu’il regardait d’un air vaguement dégoûté. Ça fait des mois qu’on cherche à se débarrasser d’elle de manière discrète. Votre alliance avec la ministre moldue est une sale épine dans le pied du Seigneur des Ténèbres.

La main de Carrie se crispa sur l’épaule de William. Il entendit sa brève inspiration qui hésitait à se changer en sanglot. Les yeux toujours fixés sur le Mangemort, William tentait vainement de comprendre comment la situation avait basculé en si peu de temps. Il ne saurait jamais comment ils avaient eu Carrie. Il ne cherchait même pas comment s’en sortir : sa baguette était à quelques pas de lui mais il était trop faible pour la récupérer. Trop faible pour se battre à la Moldue, également. Carrie ne pouvait rien non plus. Il était sûr qu’elle le savait. Il le sentait à la pression, désormais ferme mais tendre, de ses doigts sur son épaule. Elle ne dit rien, ne supplia pas. Elle garderait son sang-froid dans la mort comme elle l’avait toujours gardé dans la vie. Will décida de faire de même.

Le Mangemort ouvrit la bouche pour formuler le sort fatidique, et William ferma les yeux.

***


La nouvelle tomba alors que Peter se trouvait chez Lily et James. Il ne faisait pas partie de l’opération « Filet du diable », même s’il avait trouvé son nom. Après une mission de routine, il avait décidé de passer voir les Potter.

Alors qu’ils bavardaient agréablement autour d’un bon dîner, on frappa à la porte. James s’empressa d’aller ouvrir. Depuis la salle à manger, ils l’entendirent s’exclamer : « Eh, salut Patmol ! ». Aucune réponse joyeuse ne leur parvint. Peter percevait le timbre de Sirius sans parvenir à saisir ce qu’il disait. Les deux jeunes hommes firent leur entrée dans la pièce. James, qui avait affiché un joyeux sourire toute la soirée, présentait à présent un visage pâle aux lèvres pincées. Sirius n’arborait pas un air plus gai. Peter et Lily comprirent aussitôt ce dont il retournait. Lily eut finalement le courage de demander, d’une voix blanche :

- Qui ?
- La petite Carrie, répondit Sirius d’une voix dépourvue de timbre.
- Carrie ? Souffla Lily, pâle comme un linge. A cause… A cause du Ministère ?
- Elle s’est retrouvé sur les lieux de l’opération « Filet du diable », expliqua Sirius, les yeux fixés dans ceux de Lily. Elle était avec…
- William, compléta-t-elle, les yeux écarquillés. Il… Est-ce qu’il…
- Lui aussi.

La voix de Sirius s’éteignit avant même qu’il n’est fini sa phrase. Le regard de Peter allait de ses deux amis à Lily, qui fixait un point au-dessus de la tête de Sirius sans rien dire. Il l’avait rarement vue aussi pâle. Ses yeux se tournèrent un court instant vers James, puis elle se leva et quitta la salle. Son mari ne tarda pas à la suivre après avoir murmuré une vague excuse.

Son atroce mission de messager accomplie, Sirius sembla perdre toute force. Il se dirigea vers le buffet, en sortit une bouteille de whisky – le préféré de Fleamont Potter, si Peter ne se trompait pas – et se servit un verre. Lorsqu’il proposa à Peter, celui-ci refusa mais vint s’installer avec lui sur le canapé. Après quelques instants supplémentaires de silence, il demanda :

- Qu’est-ce qu’il s’est passé, exactement ?
- On ne sait pas, répondit doucement Sirius. Ils étaient tous les deux dans le nord, là où William avait été affecté. Sortilèges de mort. Deux Aurors sont morts là-bas, également.

Peter frémit. Il n’avait rien voulu de tout cela.

- Et le reste de la mission ? Interrogea-t-il, sa voyant partant dans les aiguës à la fin de sa mission.
- Pas une réussite, d’après ce que m’a dit Gideon. On pense que quelqu’un a parlé. Mais il y avait tellement de gens impliqués qu’on ne pourra jamais trouver qui c’est.

Le petit blond parvint à rester impassible. Il hocha la tête sans émettre le moindre son, peu sûr de sa voix. Non, il n’avait pas voulu ça.

- Maugrey a perdu plusieurs Aurors, ajouta Sirius. Il est furieux. Furieux d’avoir perdu Carrie, aussi. Elle était d’une aide précieuse.
- J’imagine, souffla Peter.

Après cela, le silence s’installa pour de bon. Peter ne parvint à l’endurer que quelques minutes ; il bondit tout d’un coup du canapé, demanda à Sirius de l’excuser auprès des Potter et prit la fuite. Seul dans la nuit froide, il prit une profonde inspiration tremblotante, confronté à une entêtante question : était-ce de sa faute ?

Il avait donné des informations sur l’opération « Filet du diable », c’était vrai. Mais était-il responsable de la mort de William et Carrie pour autant ? Carrie n’avait rien à faire là-bas.

Peter s’arrêta sur la place du village et s’assit au pied de la statue centrale. Les yeux fixés sur l’église de Godric’s Hollow, il s’efforça de calmer son cœur qui palpitait. Cacher ses véritables sentiments à ses amis n’avait pas été difficile ; après tout, c’était les Maraudeurs qui lui avaient appris à mentir. Toute leur scolarité, ils avaient dissimulé la condition de Remus ainsi que leur transgression de la loi. Ils avaient enfreint toutes les règles de Poudlard, et menti également à ce sujet. Malheureusement, mentir était devenu une seconde nature chez Peter Pettigrow.

Un instant, il s’imagina confesser ses crimes à ses amis. Il commença par se dire qu’ils lui pardonneraient, quand il leur expliquerait qu’il avait eu peur, que mourir lui faisait peur. Puis il songea à William et Carrie. Il serait tenu pour responsable. Il ne les avait pas trahi, eux, mais ils avaient vraisemblablement subi les conséquences de sa trahison.
Peter enfouit son visage entre ses mains pour mieux réfléchir. Non, ses amis ne lui pardonneraient jamais. Il ne pouvait rien dire. Il ne pouvait pas arrêter non plus : les Mangemorts le tueraient. Disparaître mènerait à la même conclusion : les Mangemorts le retrouveraient. Peut-être même que ses amis le chercheraient, le trouveraient, puis lui demanderaient des explications.

S’il avait été plus fort, il se serait rendu à la justice magique et aurait accepté la sentence. Mais la simple pensée des Détraqueurs le glaçait de l’intérieur. Il ne pouvait pas. Merlin, tout mais pas ça. Et puis, à quoi bon se faire juger par un gouvernement qui risquait d’être renversé d’un moment à l’autre ? Peter ne se faisait pas d’illusion : la guerre se passait mal pour l’Ordre et pour le Ministère. Leurs effectifs diminuaient de plus en plus alors que ceux de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom ne cessaient d’augmenter. A quoi bon endurer l’opprobre et le rejet quand, peut-être, il aurait sa place si l’autre camp gagnait ?

Ce n’était pas ce qu’il voulait ; il ne croyait pas aux idées du Seigneur des Ténèbres. Mais si c’était sa seule porte de sortie, le moyen d’échapper à la mort et à Azkaban… il la prendrait. Il se releva et continua son chemin vers la forêt de Godric’s Hollow, les mains enfoncées dans ses poches. Il pouvait rester dans cet entre-deux. Garder ses options ouvertes. Si le Ministère gagnait, il garderait le silence et personne ne saurait jamais. Si l’autre camp remportait la partie, on lui pardonnerait son rôle auprès de l’Ordre.

Ce n’était pas un compromis véritablement satisfaisant, mais Peter ne voyait pas d’autre solution. Alors qu’il s’apprêtait à transplaner, il songea une dernière fois que la mort de William et Carrie n’avait rien à voir avec lui.

Je sais que ça va hyper vite, et en même je crois que c'est ce que je voulais. Bref, dites moi ce que vous en pensez (je sais que vous me détestez)
LP-Eros

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Re: Lily & James [Harry Potter]

Message par LP-Eros »

Encore une fois au top ! :D ! J'ai bien aimé le petit "Je sais que vous me détestez" :lol: Après tout ça prouve que l'histoire est réussie :P Félicitations encore une fois !
cochyo

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Re: Lily & James [Harry Potter]

Message par cochyo »

Carrie était de trop.
Minute de silence.


Excellent chapitre !
Charmimnachirachiva

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Re: Lily & James [Harry Potter]

Message par Charmimnachirachiva »

Ahhhhhhhhhhhh !!!!!!

C'est trop triste la mort de Carrie et de William, :cry: :cry:
D'un coté, j'ai vraiment envie de tuer Peter, de l'autre, j'ai pitié de lui !
En plus, Carrie, elle avait entendue des infos...
Au moins, Will et elle sont mort cote à cote (bien maigre consolation :( )
C'est trop bien !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
annabethfan

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Re: Lily & James [Harry Potter]

Message par annabethfan »

Bon... J'ai trois chapitres de retard chez toi et deux chez Perri (mais ils sont tellement longs que ça pourrait bien être cinq :lol: ). Je commence par toi Cazo, mais promis Perri je commente au plus vite ^^

Cazo, les deux autres chapitres étaient incroyables!!! Le départ de Maggy était vraiment touchant, et les sentiments de James envers Lily, à cause de leur enfermement, sont tellement bien décrits et réalistes!

Cazolie a écrit :HELLO

miracle, j'ai fini le chapitre. Flam' est à Munich ce week-end parce qu'elle est cool, mais j'avais pas anticipé que du coup j'aurai pas trop le temps d'écrire :lol:
Mais j'ai réussi quand même !
Mille mercis pour tous vos commentaires, vous êtes trop chouettes :D :mrgreen:

Je préviendrai plus tard


Chapitre 18

Dans ce qui servait autrefois de salle à manger au Snargalouf, une dizaine d’hommes et de femmes s’affairaient, hurlaient des ordres, des suggestions, et jetaient occasionnellement des boulettes de parchemins sur leurs collègues. Quoi de plus normal dans une relation de travail saine et équilibrée? :lol:

- Bon sang, Fabian, ça suffit ! Râla William après avoir reçu un nouveau projectile à l’arrière du crâne. Tu ne veux pas aller embêter quelqu’un d’autre ?

Prewett se contenta de sourire avec amusement tout en mâchouillant le bout de sa baguette. William, avec un soupir désabusé, se pencha à nouveau sur ses plans. Depuis la Foire internationale de botanique, il partait bien trop souvent en mission avec Fabian. A croire qu’ils formaient une bonne équipe ; difficile à dire quand l’un des membres du duo était un sale gamin. On vous laisse deviner lequel ^^

Sans plus se préoccuper de son cauchemar roux personnel, William reprit l’examen du plan de Leeds qu’une Auror pressée lui avait confié. Autour de lui, des Aurors étaient penchés sur le même type de document. Sur chacune de ces cartes étaient indiquées un repère de Mangemorts, qu’il s’agisse d’une simple planque ou d’un lieu de réunion. Il avait fallu des mois et des mois aux Aurors pour rassembler toutes ces localisations. Il leur en manquait très certainement, mais Maugrey avait décidé qu’il était temps de mettre à exécution un plan de grande envergure.

La difficulté, quand on se battait contre des Sorciers, c’était la possibilité de déplacement instantané que représentait le transplanage. De gros effectifs d’Aurors s’étaient déjà retrouvés en difficulté après avoir attaqué un nid de Mangemorts, simplement parce que des renforts étaient arrivés. Maugrey espérait qu’en attaquant sur plusieurs fronts à la fois, ses Aurors n’auraient pas à faire face à des afflux continus de Mangemorts.

William suivit le tracé d’une rue, songeur. Il devait trouver le meilleur moyen de prendre en tenaille la planque de Leeds sans se faire remarquer par ses occupants – si tant est qu’il y en ait. Si l’endroit était vide, l’équipe de Leeds devait transplaner à Durham. S’il n’y avait personne à Durham, ils devraient se rendre à Whitehaven, etc. C’était un plan complexe, pourvu de bien des défauts, mais dont Maugrey espérait tout de même retirer quelques bienfaits.

Le jeune homme aperçut sur la carte ce qui devait être un restaurant et l’entoura en rouge, avant d’ajouter l’adresse sur une liste qui trônait au milieu de la table. Il s’agissait de tous les endroits où étaient susceptibles de se trouver des Moldus au moment de la descente des Aurors. William eut un petit sourire. Il s’était porté volontaire pour apporter toutes les listes à Carrie. Je le vois trop en réunion en mode "non laissez je vais le faire, vraiment j'insiste.... donnez moi cette liste!!" :lol:

Afin de ne pas devoir traîner un contingent d’Oubliators derrière chaque équipe, Maugrey avait prié la Ministre de requérir l’aide des Moldus. Après bien des négociations, Thatcher avait accepté de réquisitionner la police, qui pensait agir en coopération avec le MI6 (Carrie avait tout expliqué à William, mais il n’était toujours pas sûr de comprendre qui étaient tous ces gens). Ils devaient boucler tous les quartiers concernés.

Quand William avait demandé pourquoi on ne se contentait pas de jeter des sortilèges Repousse-Moldu, Fabian l’avait frappé sur le haut du crâne et lui avait répondu que les Mangemorts risquaient d’en percevoir la trace, ce qui ruinerait l’effet de surprise. Etant donné qu’ils considéraient les Moldus comme des moins que rien, il y avait fort à parier qu’ils ne prêteraient pas la moindre attention aux aller et venues de la police.

Bien après la tombée de la nuit, la cloche qui annonçait la fin de la journée retentit enfin. Mais peu importe, Daenerys a quand même tout brûlé ^^ (Sorry spoilers attention) William s’étira, empila tous les documents sur lesquels il avait travaillé ce jour-là et quitta son bureau – ou plutôt, le bureau qu’il occupait une fois tous les dix jours quand Maugrey le lui demandait. Le reste du temps, il chassait le Mangemort avec le reste de l’Ordre et observait la pile d’ordres de mission grossir, et grossir encore. Bien conscient de cela, il lutta contre l’envie d’aller retrouver Carrie, une fois sorti du Snargalouf, et partit accomplir la prochaine mission sur la liste.

***

Le grand jour était arrivé. Après des mois et des mois de préparation, l’opération « Filet du diable » allait enfin commencer. C’était Peter qui avait trouvé le nom ; d’après ce que Carrie avait saisi, seul l’Ordre l’utilisait. Les Aurors qui l’avaient entendu le trouvait absurde. Pour une fois je trouve que Peter a trouvé un nom bad-ass! Carrie l’avait néanmoins transmis à Thatcher, qui n’y avait vu qu’un sobriquet imagé. La jeune fille trouvait très amusant de voir passer tous les rapports de police avec comme en-tête le nom de cette plante magique dont elle ne comprenait pas très bien les effets.

L’opération était complexe et engageait un nombre invraisemblable de personne des deux mondes. La seule personne qui en connaissait tous les tenants et les aboutissants était Carrie elle-même, qui avait fait le relais entre monde moldu et monde magique. En cette fin de journée froide de février – la dernière du mois – elle était donc particulièrement sur les nerfs. Si quelque chose tournait mal côté moldu, les retombées politiques et diplomatiques seraient désastreuses. Rien que de penser à la réaction de Thatcher, Carrie avait la migraine. Perso j'ai une migraine depuis trois jours je sais pas pourquoi j'essaye de ps trop utiliser mon ordinateur mais rien à faire... Voilà c'est mon point bulletin de santé ^^

Assise devant son bureau, dans son minuscule appartement de Londres, elle attrapa sa tresse blonde et en tritura machinalement le bout, les yeux fixés sur son réveil. L’aiguille s’arrêta enfin sur le 12. Il était dix-huit heures tapantes. L’opération avait commencé. On avait fait promettre à Carrie qu’elle ne viendrait pas sur l’un des lieux d’intervention de Londres. Maugrey, Bagnold et Gideon Prewett le lui avaient répété. Will aussi, bien entendu. Elle tint à peine une minute avant de bondir de son siège, d’attraper son manteau, son écharpe et son bonnet, et de quitter l’appartement en claquant la porte. Si seulement elle avait pu transplaner ! Je me dis la même chose au moins trois fois par jour! Heureusement, elle habitait en plein Londres. Il lui fallut à peine quinze minutes pour rejoindre la planque de Mangemorts la plus proche. Alors qu’elle marchait à grands pas, depuis la station de métro, elle aperçut les barrages de police. Les périmètres avaient été prévus larges : elle n’apercevait aucune trace de magie de là où elle se trouvait. Les policiers devaient être là depuis un moment, car aucune foule n’était présente. Elle avait déjà dû se lasser. Quant aux habitants, ils avaient été évacués. On prétexterait une fuite de gaz et l’affaire serait oubliée.

Carrie s’avança sans crainte et présenta un badge du Ministère de l’Intérieur qui l’habilitait à se rendre n’importe où. Elle put donc s’avancer dans la zone désertifiée sans problème. L’excitation qui bouillonnait dans ses veines commença alors à se changer en crainte. Le silence était surréaliste – mais il ne dura que quelques instants. Au tournant d’une rue, une scène de chaos se révéla soudain à elle.

Les Mangemorts, du moins elle supposait qu’il s’agissait d’eux, étaient rassemblés en cercle au milieu de la rue. Ils étaient sept, et se battaient dos à dos contre cinq Aurors qui ne parvenaient pas à prendre le dessus. Deux d’entre eux étaient couverts de sang. Carrie se plaqua aussitôt contre le mur pour ne pas être vue, le cœur battant. Son intention était d’observer le déroulement des opérations, pas d’interférer. A vrai dire, elle imaginait que les Aurors auraient déjà vaincu. Depuis combien de temps se battaient-ils ?

Elle enfonça ses mains dans ses poches, la respiration chaotique. Et si la même chose était en train de se produire partout ? Si William était comme l’un de ces Aurors, en train de se vider de son sang, en sous-nombre face à l’ennemi ? Il était à l’autre bout du pays, elle ne pouvait même pas aller le retrouver. Non, tout ce qu’elle pouvait faire c’était rentrer chez elle et l’attendre là.

Carrie se mit en mouvement, tout en tentant de faire abstraction des cris qu’elle entendait à quelques mètres d’elle. Elle regrettait déjà sa décision d’être venue ; à présent, elle s’inquiétait encore plus. Elle avait à peine fait un pas qu’un « CRAC » la fit sursauter. Sous ses yeux écarquillés se matérialisa un homme d’une trentaine d’années aux cheveux mi-longs qui l’agrippa par le poignet et fit un demi-tour sur lui-même. Carrie eut l’impression qu’on lui retournait l’estomac. Son seul point fixe était la main qui serrait son poignet à lui faire mal. Le reste de son corps comme le monde entier n’était que flou. La seule pensée cohérente qu’elle parvint à formuler fut : « Tu es en train de transplaner ». Avant même qu’elle ait fini de le penser, elle toucha brutalement terre. Ses jambes se dérobèrent sous son poids et elle rendit le contenu de son estomac sur le sol. Ses oreilles sifflaient, une douleur sourde tambourinait dans son crâne, et ses entrailles ne semblaient pas vouloir reprendre leur place. Alors qu’elle crachotait toujours, une main saisit durement sa tresse et lui tira la tête en arrière. Malgré ses yeux larmoyants, elle reconnut l’homme qui l’avait attrapée.

- Tu es la catin moldue du Ministère, hein ? Cracha-t-il. Quelle bonne idée de venir traîner là un jour pareil.

Si Carrie avait jamais eu l’intention de répondre, elle n’en eut pas l’occasion. Il la repoussa brutalement et son crâne heurta le sol avec un bruit mat.Oh mon dieu... Le pire c'est que j'ai vu le commentaire de Charmi avant de commenter, je sais qu'elle va mourir, et c'est horrible!! Le choc n’arrangea en rien sa vision trouble. L’homme la releva sans ménagement en l’attrapant durement par le bras et la traîna derrière lui. Carrie trébucha mais le suivit tant bien que mal. Elle s’aperçut vaguement qu’ils étaient dans une salle vide, au papier peint à moitié arraché et au sol couvert de poussière. Ils entrèrent dans une autre pièce éclairée par des globes de lumière. Au centre avait été disposée une grande planche sur des tréteaux. Autour se tenaient deux femmes et un homme vêtus de noir, qui relevèrent la tête lorsque Carrie et son agresseur entrèrent.

Ce dernier poussa Carrie vers la table. Elle se retrouva nez à nez avec l’une des femmes, une petite Sorcière rondelette au nez retroussé et aux cheveux châtains, qui la dévisagea un instant en fronçant les sourcils avant d’écarquiller les yeux.

- Qu’est-ce qu’elle fait là ? On ne nous a pas demandé de l’intercepter, s’exclama-t-elle, l’air sincèrement surprise.

Carrie se contenta de la dévisager, les mains tremblantes. Derrière elle, l’homme qui l’avait amenée répondit :

- Cette petite gourde est venue assister aux opérations. Je me suis dit que c’était le moment où jamais.
- Et qu’est-ce qu’on en fait ?

La surprise passée, la femme avait pris une voix tranchante.

- On l’amène là où se trouve Hardley et on ruine leur opération là-bas.

Carrie se figea, les yeux écarquillés, les doigts crispés. Elle n’avait pas voulu ça. Si William la voyait, il ferait quelque chose de stupide. Ses yeux s’emplirent de larmes.
C’était elle qui avait fait quelque chose de stupide.
Son vis-à-vis aperçut ses prunelles larmoyantes et soupira profondément.

- Fais en ce que tu veux mais je n’en veux pas ici. On a suffisamment à faire. Cet idiot de Pettigrow a été avare en détails.

La jeune Moldue tiqua, alors qu’on la tirait à nouveau vers une destination inconnue. Pettigrow. Elle était sûre que l’un des membres de l’Ordre s’appelait comme ça.Si seulement elle avait pu en parler à quelqu'un... Alors qu’elle trébuchait en arrière, son regard tomba sur la table couverte de cartes. Son cerveau s’activait tant bien que mal, malgré le choc et la panique. Etait-il possible que les Mangemorts soient au courant de toute l’opération ?

Un nouveau transplanage l’empêcha de plus y réfléchir. Elle fut à nouveau aspirée dans un tourbillon à travers l’espace-temps, Ca fait très Doctor Who comme formulation :lol: le cœur au bord des lèvres.

***


William ne comprenait pas à quel moment la situation avait basculé. L’opération « Filet du diable » avait été préparée avec minutie. Tout était calculé – du moins dans la mesure du possible. Cela n’aurait pas dû être aussi difficile. Et pourtant, William et les Aurors qu’il accompagnait étaient en sous-nombre, aucun renfort ne venait, et ils perdaient du terrain.
Il se trouvait à l’extérieur d’une petite ville du nord de l’Angleterre. Les Mangemorts avaient une planque dans une gare désaffectée, où on trouvait encore de vieux wagons de marchandise rouillés. Adossé à l’une de ses machines, William se défendait tant bien que mal contre la silhouette encapuchonnée qui lui faisait face. Il avait vaguement conscience des Aurors qui l’entouraient et qui, pour la plupart, se battaient contre plusieurs Mangemorts à la fois. Il savait aussi qu’à quelques mètres de lui gisait un Auror appelé Romuald Barnes qui ne se relèverait plus jamais.

Le jeune homme parvint à blesser son adversaire et profita de sa distraction pour lancer un « Sutpéfix ! » dans sa direction. Le Mangemort parvint à esquiver et l’agressa avec plus d’ardeur encore, furieux du sang qui dégoulinait le long de son bras. Alors que le duel reprenait de plus bel, il y eut un « Crac ». Pendant un instant, William crut que c’était des renforts qui arrivaient. Il n’aperçut pourtant que deux silhouettes sur le quai de la gare : un homme en noir, et une fille dans un manteau rouge qui lui semblait horriblement familière. Je suis tellement triste, j'ai même pas l'espoir de me dire que ça va aller....

L’atroce seconde que passa William a la dévisager fut fatidique ; un maléfice le heurta de plein fouet. Il sentit la blessure s’ouvrir, de son épaule droite jusqu’à son abdomen. Un sang chaud macula son torse et transperça ses vêtements alors qu’il tombait en avant avec un cri de douleur.

- WILL !

Le cri perçant confirma ses pires craintes. Il releva la tête tant bien que mal et aperçut Carrie, puisqu’il ne pouvait s’agir que d’elle, qui courait vers lui.

La situation semblait laisser perplexe le Mangemort contre lequel William se battait. Il fixait lui aussi la mince silhouette, sa baguette baissée, sans se préoccuper de l’homme qu’il avait mis à terre. Malgré sa panique et la douleur qui lui brûlait le corps, William était suffisamment lucide pour réaliser qu’il devait agir. Il le stupéfixa sans plus tarder.

Jeter le sort avait demandé trop d’effort à Willaim, qui s’écroula face contre terre. Il grogna, le nez dans la boue. Carrie allait courir au milieu de la bataille. Il devait l’en empêcher. Merlin, il n’avait même pas la force de se relever, comment pourrait-il faire quoi que ce soit ? La faire transplaner loin d’ici ? Et ses camarades, les Aurors avec qui il combattait ? Il leur avait fait défaut.

- Qu’est-ce qu’une Moldue fout sur le terrain ? Hurla une voix.

William aurait bien aimé connaître la réponse, lui aussi. Mais déjà une main fine se posait sur son épaule. Carrie l’aida doucement à rouler sur le dos. Son visage constellé de taches de rousseur était barbouillé de larmes. Ses mains tremblaient sur lui, de plus en plus fort à mesure qu’elles se tachaient de son sang.

- Will… William.. Oh mon Dieu, je…
- Dans ma cape, interrompit-il. Poche intérieure. Donne moi les fioles.

Carrie avait toujours su faire preuve d’un minimum de sang-froid dans les situations difficiles. Cette fois-là encore, elle parvint à reprendre ses esprits et repoussa William aussi délicatement qu’elle put pour fouiller dans sa cape. Elle en sortit deux fioles et les déboucha. Le jeune homme en avala une – une Solution de Force – mais lui laissa la deuxième.

- La blessure. Verse ça dessus.

Carrie pâlit un peu plus mais s’exécuta.Cette fille a une force de caractère incroyable quand même... Elle écarta ses vêtements comme elle le put, non sans lâcher un gémissement d’horreur lorsqu’elle révéla la plaie. Elle parvint finalement au bout de sa mission. Après quelques secondes de douloureuse agonie, William sentit enfin la blessure se refermer. Il savait que ce ne serait pas parfait, que la perte de sang l’avait affaibli durablement, mais au moins pouvait-il bouger.

Comme la douleur s’effaçait, il reprenait conscience du monde autour de lui. Les bruits de la bataille se firent plus forts autour de lui. Il réalisa brusquement dans quelle situation précaire ils se trouvaient.

- Merlin tout puissant, marmonna-t-il avant de se relever péniblement.

Un sort fusa aussitôt vers sa tête et il se baissa avec un juron, entraînant Carrie avec lui. La douleur lui déchira à nouveau la poitrine durant un bref instant, mais il s’efforça de ne pas y prêter attention. Sans rien ajouter, il la poussa devant lui et la força à contourner le vieux wagon. Les sorts trouaient la vieille carcasse derrière eux mais ils parvinrent à aller suffisamment vite pour les éviter – ou peut-être l’un des Aurors les aida-t-il.

Une fois à l’abri, William attrapa Carrie par les épaules et la secoua un peu sans vraiment le vouloir.

- Bon sang mais qu’est-ce que tu fais là ?
- J’ai été idiote, répondit-elle lentement. Je suis désolée.

Le voir sur pieds semblait l’avoir aidée à reprendre ses esprits. Elle le fixait maintenant avec détermination, même s’il pouvait toujours lire la peur au fond de ses yeux. Merlin, il aurait préféré qu’elle n’affiche pas cette air borné. C’était à croire qu’elle ne réalisait pas le danger de la situation.

- Effectivement, lâcha-t-il d’un ton sec. Reste-là, en espérant qu’on s’en sorte. :( :( :(

Il savait qu’elle n’aimait pas l’inaction – il ne se rappelait que trop bien du rôle qu’elle avait joué au Nouvel An. Néanmoins, elle hocha la tête sans protester. C’est d’une voix un peu tremblante qu’elle lui dit :

- Fais attention à toi.

Un peu adouci, il déposa un rapide baiser sur sa joue et se prépara à repartir à l’attaque. Mais alors qu’il contournait le wagon, le Mangemort sans capuche, celui qui avait amené Carrie, surgit devant lui. Il l’attrapa par les épaules et lui envoya son genou dans l’estomac. Le coup priva William d’air ainsi que de sa baguette, et même son cri de douleur ne put s’échapper de sa bouche. Il tomba à genoux, conscient du cri horrifié de Carrie derrière lui. Il aperçut le Mangemort lever sa baguette vers la jeune fille, malgré ses yeux brouillés par des larmes de douleur. Mais avant qu’il n’ait pu ouvrir la bouche, Carrie lui fonça dessus comme un boulet de canon et ils basculèrent tous les deux dans la boue.
Seulement Carrie, malgré toute sa bonne volonté, était un poids plume par rapport à l’homme auquel elle essayait de se mesurer. Il parvint bien vite à la repousser, se redressa d’un bond et pointa sa baguette sur elle, le visage congestionné par la fureur.

Poussé par l’adrénaline, William se jeta devant elle, une main levée, son visage ravagé par la douleur tourné vers celui du Mangemort.

- Laissez-la partir, supplia-t-il d’une voix rauque. Tuez… tuez-moi mais laissez-la partir.
- Will, tais-toi ! Tenta de protester Carrie.
- Tu penses vraiment que je l’ai amenée là juste pour te torturer un peu, Hardley ? Répliqua le Mangemort d’un ton agacé sans même tenir compte de Carrie, qu’il regardait d’un air vaguement dégoûté. Ça fait des mois qu’on cherche à se débarrasser d’elle de manière discrète. Votre alliance avec la ministre moldue est une sale épine dans le pied du Seigneur des Ténèbres. Je tiens à souligner que tout ton travail sur la politique sorcière, moldue, les liens entre elles mais aussi le "fonctionnement" de la guerre et de la résistance est remarquable. Franchement Cazo tu décris tout ça tellement bien, tu mets ça en place de façon clair et cohérente c'est vraiment génial!

La main de Carrie se crispa sur l’épaule de William. Il entendit sa brève inspiration qui hésitait à se changer en sanglot. Les yeux toujours fixés sur le Mangemort, William tentait vainement de comprendre comment la situation avait basculé en si peu de temps. Il ne saurait jamais comment ils avaient eu Carrie. Il ne cherchait même pas comment s’en sortir : sa baguette était à quelques pas de lui mais il était trop faible pour la récupérer. Trop faible pour se battre à la Moldue, également. Carrie ne pouvait rien non plus. Il était sûr qu’elle le savait. Il le sentait à la pression, désormais ferme mais tendre, de ses doigts sur son épaule. Elle ne dit rien, ne supplia pas. Elle garderait son sang-froid dans la mort comme elle l’avait toujours gardé dans la vie. Will décida de faire de même.

Le Mangemort ouvrit la bouche pour formuler le sort fatidique, et William ferma les yeux.

***


La nouvelle tomba alors que Peter se trouvait chez Lily et James. Il ne faisait pas partie de l’opération « Filet du diable », même s’il avait trouvé son nom. Comme par hasard...Après une mission de routine, il avait décidé de passer voir les Potter.

Alors qu’ils bavardaient agréablement autour d’un bon dîner, on frappa à la porte. James s’empressa d’aller ouvrir. Depuis la salle à manger, ils l’entendirent s’exclamer : « Eh, salut Patmol ! ». Aucune réponse joyeuse ne leur parvint. Peter percevait le timbre de Sirius sans parvenir à saisir ce qu’il disait. Les deux jeunes hommes firent leur entrée dans la pièce. James, qui avait affiché un joyeux sourire toute la soirée, présentait à présent un visage pâle aux lèvres pincées. Sirius n’arborait pas un air plus gai. Peter et Lily comprirent aussitôt ce dont il retournait. Lily eut finalement le courage de demander, d’une voix blanche :

- Qui ?
- La petite Carrie, répondit Sirius d’une voix dépourvue de timbre.
- Carrie ? Souffla Lily, pâle comme un linge. A cause… A cause du Ministère ?
- Elle s’est retrouvé sur les lieux de l’opération « Filet du diable », expliqua Sirius, les yeux fixés dans ceux de Lily. Elle était avec…
- William, compléta-t-elle, les yeux écarquillés. Il… Est-ce qu’il…
- Lui aussi.

La voix de Sirius s’éteignit avant même qu’il n’est fini sa phrase. Le regard de Peter allait de ses deux amis à Lily, qui fixait un point au-dessus de la tête de Sirius sans rien dire. Il l’avait rarement vue aussi pâle. Ses yeux se tournèrent un court instant vers James, puis elle se leva et quitta la salle. Son mari ne tarda pas à la suivre après avoir murmuré une vague excuse.Ca fait mal...

Son atroce mission de messager accomplie, Sirius sembla perdre toute force. Il se dirigea vers le buffet, en sortit une bouteille de whisky – le préféré de Fleamont Potter, si Peter ne se trompait pas – et se servit un verre. Lorsqu’il proposa à Peter, celui-ci refusa mais vint s’installer avec lui sur le canapé. Après quelques instants supplémentaires de silence, il demanda :

- Qu’est-ce qu’il s’est passé, exactement ?
- On ne sait pas, répondit doucement Sirius. Ils étaient tous les deux dans le nord, là où William avait été affecté. Sortilèges de mort. Deux Aurors sont morts là-bas, également.

Peter frémit. Il n’avait rien voulu de tout cela.

- Et le reste de la mission ? Interrogea-t-il, sa voyant partant dans les aiguës à la fin de sa mission.
- Pas une réussite, d’après ce que m’a dit Gideon. On pense que quelqu’un a parlé. Mais il y avait tellement de gens impliqués qu’on ne pourra jamais trouver qui c’est.

Le petit blond parvint à rester impassible. Et c'est là où Peter plus qu'un simple idiot lâche comme la plupart des fanfics le dépeignent... Il n'aurait pas réussi à être un si bon espion s'il n'était pas intelligent et débrouillard (bref un Maraudeur)Il hocha la tête sans émettre le moindre son, peu sûr de sa voix. Non, il n’avait pas voulu ça.

- Maugrey a perdu plusieurs Aurors, ajouta Sirius. Il est furieux. Furieux d’avoir perdu Carrie, aussi. Elle était d’une aide précieuse.
- J’imagine, souffla Peter.

Après cela, le silence s’installa pour de bon. Peter ne parvint à l’endurer que quelques minutes ; il bondit tout d’un coup du canapé, demanda à Sirius de l’excuser auprès des Potter et prit la fuite. Seul dans la nuit froide, il prit une profonde inspiration tremblotante, confronté à une entêtante question : était-ce de sa faute ?Bon j'ai dit intelligent...relativisons... A ton avis, c'est la faute à qui?

Il avait donné des informations sur l’opération « Filet du diable », c’était vrai. Mais était-il responsable de la mort de William et Carrie pour autant ? Carrie n’avait rien à faire là-bas.

Peter s’arrêta sur la place du village et s’assit au pied de la statue centrale. Les yeux fixés sur l’église de Godric’s Hollow, il s’efforça de calmer son cœur qui palpitait. Cacher ses véritables sentiments à ses amis n’avait pas été difficile ; après tout, c’était les Maraudeurs qui lui avaient appris à mentir. Toute leur scolarité, ils avaient dissimulé la condition de Remus ainsi que leur transgression de la loi. Ils avaient enfreint toutes les règles de Poudlard, et menti également à ce sujet. Malheureusement, mentir était devenu une seconde nature chez Peter Pettigrow. C'est exactement ce que je disais... Et surtout, au-delà de mentir aux autres, il est devenu doué pour se mentir à lui-même aussi.

Un instant, il s’imagina confesser ses crimes à ses amis. Il commença par se dire qu’ils lui pardonneraient, quand il leur expliquerait qu’il avait eu peur, que mourir lui faisait peur. Puis il songea à William et Carrie. Il serait tenu pour responsable. Il ne les avait pas trahi, eux, mais ils avaient vraisemblablement subi les conséquences de sa trahison.
Peter enfouit son visage entre ses mains pour mieux réfléchir. Non, ses amis ne lui pardonneraient jamais. Il ne pouvait rien dire. Il ne pouvait pas arrêter non plus : les Mangemorts le tueraient. Disparaître mènerait à la même conclusion : les Mangemorts le retrouveraient. Peut-être même que ses amis le chercheraient, le trouveraient, puis lui demanderaient des explications. Et c'est là tout le drame... Une fois qu'il avait mis un pied dans l'engrenage, il ne pouvait plus s'en sortir, ni faire marche arrière, les deux camps ne lui auraient pas permis.

S’il avait été plus fort, il se serait rendu à la justice magique et aurait accepté la sentence. Mais la simple pensée des Détraqueurs le glaçait de l’intérieur. Il ne pouvait pas. Merlin, tout mais pas ça. Et puis, à quoi bon se faire juger par un gouvernement qui risquait d’être renversé d’un moment à l’autre ? Cette pensée est glaçante et tellement bien écrite Peter ne se faisait pas d’illusion : la guerre se passait mal pour l’Ordre et pour le Ministère. Leurs effectifs diminuaient de plus en plus alors que ceux de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom ne cessaient d’augmenter. A quoi bon endurer l’opprobre et le rejet quand, peut-être, il aurait sa place si l’autre camp gagnait ?

Ce n’était pas ce qu’il voulait ; il ne croyait pas aux idées du Seigneur des Ténèbres. Mais si c’était sa seule porte de sortie, le moyen d’échapper à la mort et à Azkaban… il la prendrait. Il se releva et continua son chemin vers la forêt de Godric’s Hollow, les mains enfoncées dans ses poches. Il pouvait rester dans cet entre-deux. Garder ses options ouvertes. Si le Ministère gagnait, il garderait le silence et personne ne saurait jamais. Si l’autre camp remportait la partie, on lui pardonnerait son rôle auprès de l’Ordre. Oh Peter... En fait, avec du recul, Peter était sans doute le personnage le plus humain. Il n'était pas un héros, juste un humain...

Ce n’était pas un compromis véritablement satisfaisant, mais Peter ne voyait pas d’autre solution. Alors qu’il s’apprêtait à transplaner, il songea une dernière fois que la mort de William et Carrie n’avait rien à voir avec lui.

Je sais que ça va hyper vite, et en même je crois que c'est ce que je voulais. Bref, dites moi ce que vous en pensez (je sais que vous me détestez)
Je ne trouve pas que ça va hyper vite, c'est très bien, et justement même ça évite la longueur que pourrais avoir la fanfic au bout de tant de temps! Vraiment un excellent chapitre, autant sur le plan de l'action que celui de la psychologie!
Cazolie

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Re: Lily & James [Harry Potter]

Message par Cazolie »

Heyyy

Désolée, encore une fois je préviendrai plus tard... Olala, il est trop tard pour faire une note correcte, bonne lecture les copains et à très vite !

Note du bêta : Saluuuuuuuut aujourd'hui on s'intéresse à la magingénieurie des balais, à la mort de quelqu'un, à la vie d'un couple reclus et aux souvenirs ressassés d'un vieil homme. Nan en vrai je manque d'inspiration mais sur la vie de hagrid que le chapitre est super. Gros bisous à tous, moi le travail m'as épuisé alors je vais me coucher (vivement les vacances) bonne lecture rappelez encore a Cazoue que sa fic est merveilleuse elle en as toujours bien besoin et a bientôt !


Chapitre 19

Le printemps arriva sur l’Angleterre, poussé par un vent glacial. Il ne cessa de tourner autour de la maison de Godric’s Hollow durant tout le mois de mars. Néanmoins, Lily l’appréciait : il chassait les nuages. Pas une goutte de pluie ne tomba pendant des semaines. Malgré le froid, la jeune femme passait à présent plus de temps dans le jardin que dans son laboratoire. Elle avait retourné tout un pan de terre et y avait planté un potager. Les parterres de fleurs étaient également prometteurs. Elle regardait la nature renaître avec un sourire confiant ; tout était plus facile au soleil. Tous ces mois qui lui avaient paru si longs lui semblaient maintenant être un rêve. Ils avaient déjà passé deux saisons à Godric’s Hollow. Ils pouvaient continuer.

Il était d’autant plus facile de s’imaginer rester dans la petite maison quand Harry s’éveillait de plus en plus à la vie. Son rire chassait le silence dans lequel ses parents avaient tendance à s’enfermer. Il tenait assis, bientôt il ramperait puis marcherait à quatre pattes. Quand l’automne reviendrait, peut-être ferait-il déjà quelques pas, ses minuscules doigts agrippés aux mains de ses parents.

Lily, appuyée contre l’embrasure de la porte ouverte de la cuisine, sourit à cette idée tout en contemplant le jardin encore grisâtre qui, bientôt, reprendrait ses couleurs. Elle entendait tout un remue-ménage derrière elle ; James avait reconverti une partie de la cuisine en atelier et travaillait sur un prototype de balai. Sirius, Remus et Peter lui avaient offert le matériel nécessaire quelques jours plus tôt et depuis il ne cessait de tout observer sans pourtant rien en faire. Il avait fixé des plans au mur. Lily, qui était pourtant bonne en arithmancie, n’y comprenait rien. Elle l’avait aidé à rattraper le niveau – il avait assez vite arrêté à Poudlard – mais il l’avait très vite dépassée. C’était une nouvelle preuve que si James voulait, il pouvait. Il n’avait simplement pas eu très envie durant sa scolarité.

Sa nouvelle passion le rendait heureux, et par conséquent Lily aussi. Il lui exposait ses plans avec passion, pendant le dîner, et lui expliquait tout ce qu’elle ignorait sur le Quidditch. Il rêvait à nouveau. Lily détourna son attention du jardin pour regarder son mari, qui se tenait face à ses plans, les mains sur les hanches. Elle vint sans bruit derrière lui et passa ses bras autour de sa taille, le visage pressé entre ses omoplates.

- Ça avance ? Interrogea-t-elle, la voix étouffée contre son t-shirt.
- Mmmh. J’ai peur de me lancer.
- Il va bien falloir t’y coller un jour, mon chéri.
- Quand Harry apprendra à faire du vélo, ça me paraît être un point de repère acceptable.

Lily rit un peu mais le força à se retourner.

- Je sais, soupira-t-il, je ne suis pas raisonnable.
- Depuis quand est-ce que James Potter a peur de se lancer dans de nouvelles aventures ?
- Depuis qu’il a compris qu’il y avait des conséquences, grimaça-t-il. Ce que je n’ai pas réalisé avant mes dix-huit ans je pense. Ou mes vingt ans ? Tu sais, quand je t’ai épousé et que je me suis retrouvé papa sans savoir ce qu’il m’arrivait.
- James !

Il rit et lui vola un baiser.

- C’est toi qui étais le plus pressé, en plus.
- A juste titre. Notre bébé est plutôt mignon.

Comme s’il savait qu’on parlait de lui, Harry se mit à hurler à pleins poumons depuis sa chambre.

- Finie la tranquillité pour cet après-midi, fit semblant de se plaindre Lily.

Elle avait tout à fait raison, dans la mesure où Bathilda se pointa à l’heure du goûter, des provisions plein son sac et des ragots à profusion. Si la vieille Sorcière connaissait parfaitement l’histoire de la magie, elle maîtrisait tout aussi bien les petits racontars de son temps. Elle leur compta les derniers ragots de Poudlard et du Ministère – un diplomate gobelin avait apparemment tenté de demander la Ministre en mariage. Elle leur donna aussi des nouvelles moins joyeuses, des choses qu’elle avait entendu dire mais qui n’étaient pas encore dans la Gazette.

La bonne humeur de Lily était retombée lorsque Bathilda regagna sa maison. James aussi avait le regard dans le vide. Comme elle, il pensait sans doute à William et Carrie, morts un mois plus tôt. Le choc passé, Lily avait réussi à aller de l’avant. Il y avait si longtemps qu’ils devaient faire ainsi. Parfois, sa faculté à continuer malgré les amis décédés l’angoissait. Elle avait l’impression de ne pas avoir de cœur. Puis quelque chose venait lui rappeler ceux qui étaient partis, et elle s’apercevait qu’elle avait bien un cœur, et qu’il souffrait.

Lily se demandait ce qu’il restait véritablement de l’Ordre. Elle avait l’impression qu’il partait en poussière, réduit à néant par la mort. Leurs petites victoires ne suffisaient pas à compenser leurs grosses pertes. Elle doutait que l’Ordre renaisse un jour de ses cendres, tel le phénix dont il tenait son nom. Elle se rappelait cette époque, lorsqu’ils sortaient tout juste de Poudlard et se pensaient invincible. Deux ans plus tard, tout partait à vau-l’eau.

Après avoir fait dîner puis couché Harry, Lily s’assit devant la fenêtre de sa chambre, dans l’un de ces grands fauteuils où James, Sirius et elle avaient passé la nuit de Noël 1977. Une demi-lune, brillante et lointaine, éclairait le village. Il était facile d’espérer lorsque le soleil brillait, mais la nuit ramenait les angoisses de Lily. Quand elle se satisfait de sa vie à Godric’s Hollow, elle avait tendance à oublier la menace qui pesait sur leur tête. Les nouvelles de Bathilda lui avaient rappelé à quel point la situation était précaire. Voldemort finirait peut-être par les trouver. Le Ministère tomberait, la Grande-Bretagne avec… Ils ne pourraient pas rester sur le territoire, mais comment fuir ?

Une planche du parquet craqua et, quelques instants plus tard, James s’installa dans le fauteuil jumeau.

- Ça va ? Demanda-t-il doucement.
- Est-ce qu’on va s’en sortir, un jour ?

James tendit la main pour attraper la sienne puis lui sourit.

- Je ne sais pas.
- Tu imagines ? Mourir à vingt-et-un ans ?

Il haussa les épaules.

- Je serais assez satisfait de la façon dont j’ai rempli ces quelques années, répondit-il. J’ai passé sept années magnifiques à Poudlard, où j’ai rencontré mes trois meilleurs amis. Je me suis battu pour ce en quoi je croyais. Je ne serai jamais un joueur de Quidditch, mais ça n’a pas d’importance. J’ai eu Harry. Je t’ai aimée autant que je pouvais.

Lily lui sourit et pressa sa main.

- Vu comme ça, admit-elle.
- Je n’ai pas de regret, murmura-t-il avant de se pencher pour l’embrasser.

***


Sirius fit rouler son dessous de verre sur la nappe immaculée, tout en songeant qu’il n’aurait jamais cru que les Londubat puissent être maniaques à ce point. C’était à peine si on remarquait qu’un bébé vivait dans cette maison.

- On te dérange, Black ?

Il releva la tête et sourit innocemment à Gideon, qui garda un visage impassible. Sirius ne put s’empêcher de noter ses joues creuses et les larges cernes sous ses yeux. Il savait, grâce à Emmeline, que Gideon se sentait responsable pour la mort de Carrie. C’était lui qui l’avait recrutée dans l’Ordre. Sirius avait bien envie de lui dire que Carrie était responsable de son sort. Une enquête avait permis de comprendre qu’elle s’était rendue sur l’un des lieux d’affrontements et, de là, avait été emmenée jusqu’à l’endroit où se trouvait William. Elle avait été inconsciente et en avait payé le prix. Sirius était désolé pour elle, ainsi que pour Hardley qu’il avait fini par apprécier, mais il n’avait pas le temps de appesantir sur les morts.

- J’ai du mal à comprendre ce qu’on cherche à faire, répondit Sirius. On n’est pas assez de toute façon. C’est comme ça depuis des mois et des mois. Quoi qu’on fasse, on ne pourra jamais aider toutes les personnes qui nous le demandent.

Gideon, Frank, Alice et Benjy le fusillèrent du regard, mais Sirius ne se démonta pas. S’ils voulaient jouer à qui avaient le plus d’espoirs absurdes, tant mieux pour eux, mais il ne participerait pas. Que Gideon et Benjy se prêtent à la mascarade l’étonnait d’ailleurs au plus haut point. Ils comptaient parmi les plus cyniques du groupe.

- Quoi ? Protesta-t-il face à leurs regards accusateurs. On va sans doute tous mourir et vous le savez très bien.
- Le but, Black, c’est d’éviter que trop d’innocents meurent. Comme on a à peu près tous déjà tué quelqu’un ici, je doute qu’on rentre encore dans cette catégorie.

Sirius retint un sourire. On n’était jamais déçu par ce bon vieux Benjy. Alice avait l’air d’avoir avalé une mandragore, Frank fixait la table et Gideon regardait le plafond, les poings serrés. Finalement, peut-être qu’aucun d’eux n’avait d’espoir absurde.

- Il faut quand même qu’on fasse ce qu’on peut, dit Alice d’une petite voix. On ne peut pas abandonner.
- Certains ne se sont pas gênés, marmonna Sirius.

Il savait que la plupart des membres de l’Ordre n’en voulait pas à Margaret, mais lui oui.
Les discussions reprirent autour de la table et plus personne ne tint compte des remarques de Sirius. Alors qu’ils élaboraient un nouveau système pour juger de l’urgence des missions, Remus fit son entrée dans la salle à manger des Londubat. Il semblait terriblement pâle et fatigué.

- Excusez-moi, murmura-t-il en tirant une chaise près d’Alice. J’étais à Ste-Mangouste.

La jeune femme posa une main compatissante sur son épaule alors que Sirius demandait :

- Tu es blessé ?
- Non, on a dû ramener Maman là-bas ce matin.

Sirius s’agita sur sa chaise, gêné. Espérance Lupin n’allait pas bien depuis qu’elle avait été enlevée par les Mangemorts. Sirius avait toujours trouvé que Remus avait réussi à la tirer de là bien vite, et dans un état moins pire que ce qu’on aurait pu imaginer, mais jamais il n’avait formulé cette pensée à voix haute. Surtout pas maintenant que, trois mois plus tard, elle n’était toujours pas remise.

Malgré son inquiétude, Remus se joignit à la discussion avec bien plus de bonne volonté que Sirius, que la culpabilité poussa finalement à faire de même. Lorsqu’il quitta la maison des Londubat, il était à peu près persuadé que tout leur travail n’avait servi à rien. Il devait cependant bien admettre que les réunions de l’Ordre, même inutiles, étaient préférables à la solitude.


La nouvelle lui parvint pas hibou le premier avril. Espérance avait rendu son dernier souffle pendant la nuit. Sirius revenait d’une mission éprouvante grâce à laquelle il arborait une longue plaie sanguinolente sur le bras, pourtant il n’hésita pas une seconde à se rendre à l’hôpital pour Sorciers. Devant le bureau d’accueil, occupé à parler avec la secrétaire, il trouva Peter. Le petit blond lui adressa un sourire triste avant de l’entraîner dans les étages.

- Comment as-tu appris ? Demanda Sirius tandis qu’ils montaient les escaliers. J’ai reçu un hibou de Remus qui me demandait de te prévenir, je ne vois pas comment tu aurais déjà reçu mon courrier.
- Lily et James. J’arrive de chez eux. Remus leur a envoyé un patronus. James aurait donné n’importe quoi pour pouvoir m’accompagner.

Sirius se contenta de grogner une réponse. Il aurait aimé voir son meilleur ami ; cela faisait près de deux semaines qu’il n’avait pas eu le temps de passer à Godric’s Hollow.

Une fois arrivés au bon étage, ils remontèrent le couloir jusqu’à apercevoir Remus, assis devant une porte, la tête entre les mains. Peter l’appela doucement ; il sauta sur ses pieds lorsqu’il vit ses amis et les serra tous les deux dans ses bras. Sirius se figea un instant. Il avait parfois l’impression que les Maraudeurs se disloquaient inexorablement, mais dans ces moments-là il ne savait plus que penser.

- Papa est à l’intérieur, annonça Remus après s’être écarté. Mais je ne pouvais plus rester là.

Sirius hocha la tête sans rien dire, tout en scrutant le visage de son ami. Il lisait sa souffrance au fond de ses yeux et dans chacun des traits de son visage.

- On fera ce qu’on peut pour être là au moment de l’enterrement, annonça Peter presque timidement tout en tapotant l’épaule de Remus.

Sirius lui adressa un sourire encourageant, tout en songeant qu’ils ne seraient certainement pas là. Si l’Ordre les avait un jour un peu plus soudés, il les séparait aujourd’hui plus que jamais.

***


James fouilla sous une pile de parchemins à demi enroulés pour en sortir triomphalement une équerre qui datait de l’époque de ses cours d’astronomie. Avec un sourire, il repensa à ces innombrables soirées où ils avaient pu chahuter un peu Sirius à cause de la constellation qui portait son nom.

Il appliqua finalement l’équerre sur le papier étalé devant lui, maintenu par un pot de confiture, un biberon rempli d’eau, un cube en bois et le livre qu’était en train de lire Lily. Alors qu’il traçait méticuleusement ses traits, Lily entra dans la cuisine, récupéra son bien en commentant « à moi, imbécile », puis partit dans tenir compte de ses protestations parce qu’un bout du parchemin s’était à nouveau enroulé sur lui-même. Elle revint dix secondes plus tard pour planter un baiser sur le sommet de son crâne. Il grommela quelques insultes avant de se remettre au travail, un léger sourire sur les lèvres.
Il était en train d’étudier la courbe du manche à balai et d’évaluer la nécessité que l’extrémité soit tordue. La prise en main était certes meilleure, mais la résistance au vent catastrophique. A croire que les concepteurs de balais avaient complètement laissé de côté l’aérodynamique.

Alors qu’il réfléchissait, ses yeux s’égarèrent vers un gribouillis, sous le biberon. Il le déplaça un peu et lut « sur mesure ? ». Il s’agissait d’une réflexion qu’il était venu écrire au milieu de la nuit. Tous les balais faisaient à peu près la même taille, à quelques millimètres près. Serait-il pertinent de tailler des balais sur mesure ? Les jeunes Sorciers y seraient certainement plus à l’aise, ainsi que toutes les personnes éloignées de la taille standard. Bien sûr, cela demanderait un travail colossal : il faudrait revoir toutes les variables pour chaque balai, recommencer chaque calcul pour chaque cas différent. James mordilla le bout de son crayon à papier, songeur. Plus il y pensait, et plus il était convaincu par l’idée.
Il commençait à s’imaginer couvert de gloire pour ses balais sur mesure lorsque Lily passa dans la cuisine, Harry assit sur sa hanche. Il gazouillait à tout va tout en bavant allègrement sur l’épaule de sa mère. Lily chantonnait, l’air sereine. Elle ouvrit la porte qui menait sur le jardin, et James lança, offusqué :

- Je croyais que tu allais lire !
- C’est un ouvrage sur le jardinage, mon p’tit pote Potter, rit Lily. Trouves-toi une autre cale que des choses qu’on utilise régulièrement. Un des bibelots posés sur la cheminée, par exemple.

James dut bien admettre que ce n’était pas idiot, mais il n’avait pas envie de se déplacer jusqu’au salon. Avec un temps de retard, il réalisa qu’il pouvait utiliser la magie. Il lui fallut ensuite un moment pour dénicher sa baguette sous tous les parchemins. Alors qu’il attirait à lui une monstruosité en fer que sa mère avait ramenée d’un quelconque endroit exotique, il songea que, plus le temps passait, moins il pensait à utiliser la magie pour des tâches quotidiennes. La magie faisait gagner du temps et, du temps, ils en avaient à revendre.

Le jeune homme jeta un coup d’oeil par la porte laissée grande ouverte. Lily s’affairait auprès de son potager et de ses parterres de fleurs en devenir. Elle avait posé Harry dans l’herbe, qu’il décimait allégrement tout en fourrant des brins dans sa bouche. James décida que ça ne pouvait pas lui faire de mal et se pencha à nouveau sur son travail. Lily allait être occupée pendant un bout de temps, c’était le bon moment.

Il ôta toutes les cales qui tenaient son plan, le roula plus soigneusement qu’il n’avait jamais roulé un seul de ses devoirs à Poudlard puis extirpa de sous la pile de papiers une liasse de feuilles. Celles-ci n’étaient pas couvertes de calculs d’arithmancie mais de la fine écriture de Sirius, qui n’aimait pas écrire de lettres mais n’avait rien contre les rapports de mission.

Il arrivait que Maugrey envoie des rapports à James pour qu’il les épluche et voit si quelque chose clochait, si un détail ressortait. Ces papiers-là n’avaient rien à faire à Godric’s Hollow. Sirius avait été assigné à une nouvelle mission, qu’il commençait tout juste à préparer. Il notait le résultat de toutes ses excursions préparatoires et James les lisait pour se tenir au courant. Il avait bon espoir de pouvoir conseiller Sirius sur la stratégie à adopter.
Il n’aurait su dire exactement pourquoi il ne voulait pas que Lily connaisse l’existence de ces rapports. Peut-être sa propre envie d’aventure, excitée par la préparation de cette mission, le faisait-elle culpabiliser. Il aurait donné n’importe quoi pour pouvoir accompagner Sirius sur le terrain. Son meilleur ami lui permettait de vivre la guerre par procuration. C’était peut-être une forme de masochisme, mais James préférait la frustration de ne pouvoir sortir à une ignorance totale de ce qu’il se passait.

Il parvint à trouver un bout de papier vierge et commença à griffonner dessus au fil de sa lecture, comme il le faisait au QG sur le grand tableau de la salle de réunion. C’était d’autant plus nécessaire ici que la mission était délicate : Sirius avait pour mission, avec quelques autres, de faire tomber les grosses fortunes des Mangemorts. Maugrey avait fait sien l’adage « L’argent est le nerf de la guerre » et espérait qu’en coupant les vivres des Mangemorts, ils seraient ralentis. Sirius, en raison de son excellente connaissance des grandes familles de Mangemorts, était le candidat parfait pour une telle opération.

James fourra précipitamment tous les documents sous des plans de balais lorsque Lily rentra dans la maison une heure plus tard, Harry sous le bras.

- Tu n’as pas beaucoup avancé, commenta-t-elle en lui tendant son fils.
- Je réfléchissais. Le potager s’annonce bien ?
- On va dire ça comme ça. Je crois qu’il manque un peu d’eau.
- Arrose-le ?
- Il n’y a pas d’arrosoir dans cette maison.
- Et ta baguette, Evans ?

Lily se frappa le front du plat de la main tout en grommelant. Il lui fallut au moins dix minutes pour mettre la main sur sa baguette. Après avoir arrosé son jardin, elle s’assit près de James et posa ses pieds sur ses jambes sans cérémonie.

- C’est toujours un soulagement quand la journée passe vite comme ça, souffla-t-elle.
- Je crois que le pire, ce sont les soirées. Plus de bébé baveux pour nous occuper.

Lily lui concéda cela d’une grimace avant de demander :

- L’enterrement de Mrs. Lupin était cet après-midi, non ?

James hocha lentement la tête.

- J’aurais aimé y être.
- Je sais bien. Moi aussi.
- J’espère que Remus ne m’en veut pas.
- Merlin, James, il sait bien que tu n’y peux rien. Il serait idiot de t’en vouloir.
- J’imagine, répondit-il lentement. C’est juste… Ce n’est plus comme avant.
- Ça fait un moment que ce n’est plus comme avant, dit-elle doucement. Les choses ont déjà changé quand on s’est mariés. Nos vies changent, c’est tout. Il faut juste apprendre à entretenir nos amitiés d’une nouvelle façon.

Le jeune homme acquiesça sans rien dire. Il savait que Lily avait raison, mais il n’aimait pas cette idée. Il aurait aimé pouvoir concilier sa vie de Maraudeurs et celle de père de famille. Son confinement à Godric’s Hollow l’en empêchait tout à fait mais il espérait pouvoir être un Maraudeur, un mari et un père une fois sorti de là.

- Ce sera sans doute plus facile quand les autres se poseront, reprit Lily. Quand je ne serai plus la seule fille du groupe et que Harry aura des petits copains avec qui jouer.

James éclata de rire avant de se rendre compte que Lily parlait sérieusement.

- Tu imagines l’un des trois marié et avec des enfants ? Sirius doit déjà s’occuper de lui-même, Peter a peur de parler aux filles et Remus… Remus serait fabuleux dans ce rôle mais tu sais bien qu’il se l’interdit.
- Oui, eh bien c’est idiot et j’espère qu’il changera d’attitude. Qu’une gentille fille le fera changer d’attitude. Quant à Sirius, il joue à l’enfant immature mais tu sais bien que ce n’est qu’une façade. Et Peter… Peter arrive à parler aux filles une fois qu’il les a un peu côtoyées.
- On est bien parti, railla-t-il.
- Ris tant que tu veux, mais un jour tu seras invité au mariage d’un autre Maraudeur, prophétisa Lily. Et moi j’aurai enfin une fille avec qui me plaindre de vous.
- Tu as déjà Bathilda.
- Ça ne compte pas. Bon je te laisse le monstre, je dois vérifier quelques potions.

Après le départ de Lily, James songea un moment à ce qu’elle lui avait dit. Sirius était en effet loin d’être immature. Ses plans pour l’opération contre les grandes fortunes de Mangemorts étaient ingénieux, même si James avait quelques suggestions à faire. Il avait hâte de pouvoir lui en parler et, ainsi, participer.

***


Albus Dumbledore, sous un sort d’invisibilité, observait l’espace à gauche de la maison de Bathilda Tourdesac. Même s’il ne voyait rien, il savait que la maison des Potter devait se trouver ici. C’était la rue des Sorciers : la maison où sa propre famille avait vécu se trouvait non loin. Tout, dans cette rue, lui était familier. Même s’il n’était pas venu pour ressasser les souvenirs, il ne pouvait s’en empêcher. Il avait passé les plus belles et les plus noires années de sa vie dans cette rue. Il leva les yeux vers le premier étage de la maison de Bathilda et, un court instant, cru apercevoir un jeune homme aux cheveux blonds s’échapper par la fenêtre. Il pouvait entendre le rire d’Ariana, lointain écho qui peinait à remonter du fond de sa mémoire. Il voyait le regard réprobateur d’Abelforth… qu’il avait vu quelques jours plus tôt à la Taverne du Sanglier. Enfin, un éclat de lumière traversait sa mémoire, celui-là même qui avait emporté Ariana dans la tombe. Debout dans cette rue, à quelques mètres seulement de l’endroit où il avait fait ses plus grandes rêves de gloire, Dumbledore se rappela pourquoi il n’avait pas proposé aux Potter d’être leur gardien du secret.

Il ne voulait pas détenir un tel pouvoir sur la vie de quelqu’un. Il s’agissait d’une question de vie ou de mort ; il n’y avait rien de plus puissant. Dumbledore savait que l’ambition risquait de le dévorer à tout moment. Tous ceux qui ne comprenaient pas pourquoi il avait toujours refusé le poste de Ministre ignorait quelles nuits d’agonie il avait passé à se rappeler pourquoi il ne le devait pas Même s’il acceptait, pourvu de la meilleure ambition du monde, il se savait capable de retomber dans ses propres travers. Tous ignoraient la façon dont il assassinait son ambition sans pitié, jour après jour, pour, enfin, servir véritablement le plus grand bien. La plupart des gens le croyaient imbus de lui même parce qu’il n’hésitait pas à reconnaître son propre génie ; ils ignoraient l’immense humilité dont il faisait preuve, jour après jour, pour se faire plus petit que ses pairs.

C’était pour cette raison qu’il était devenu directeur d’école. Il servait des enfants, des adolescents. C’était pour leurs intérêts qu’ils oeuvraient, pas pour les siens. Certains l’accusaient de formater les élèves à son image, mais tout ce qu’il souhaitait était leur communiquer une solide connaissance de la magie afin qu’ils puissent devenir ce qu’ils voulaient.
Bien sûr, il conseillait parfois le Ministère. Bien sûr, il avait des responsabilités. Mais être le maître de la vie de Lily et James Potter n’était pas envisageable. Surtout pas quand la vie de leur fils pouvait décider du cours de la guerre. Il avait préféré leur laisser le choix, les laisser décider de leur avenir. C’était ce à quoi il avait essayé de les préparer, à Poudlard.
Dumbledore reporta son attention sur l’emplacement présumé de la maison. Il y avait maintenant six mois qu’ils y étaient enfermés, et la situation n’avait pas évolué le moins du monde. Etait-il déjà trop intervenu en leur conseillant de se cacher ? Non, décida-t-il en se remémorant la façon dont Severus Rogue l’avait supplié. Ça n’avait pas été sa décision, ni même son idée, mais celle du jeune homme. Dumbledore les avait aidé et conseillé, mais il n’avait rien fait de plus. Il pouvait être en paix avec sa conscience sur ce point.

Il songea un instant à Sybille Trelawney, qui s’avérait être un professeur de Divination désastreux. Pourtant il ne doutait pas un instant que sa prophétie en était véritablement une. Un si piètre professeur n’aurait jamais pu élaborer une prophétie du genre dans son état normal. Le texte de la prophétie, gravé au fer rouge dans sa mémoire, lui revint. Maintes fois, il avait essayé d’imaginer comment les choses pourraient se dérouler. Mais tout ce qu’il voyait pour le moment, c’était que le Ministère perdait la guerre et que Harry était un bébé de huit mois. Il avait l’impression que le monde sorcier était dans une impasse. L’hypothèse la plus probable était que Voldemort vaincrait, puis que Harry le tuerait une fois en âge. Les Potter pouvaient-ils réellement rester cacher dans cette maison pendant quinze, vingt ans ? Comment Harry apprendrait-il à se battre s’il en était ainsi ? Comment tiendraient-ils, tous les trois ?

Dumbledore se rappelait très bien de la réaction de James lorsqu’il lui avait appris la nouvelle, et de la réponse qu’il lui avait donné : l’important, c’était que Voldemort les traquait. Il ne valait mieux pas se préoccuper de la façon dont un bébé était censé défaire le mage noir. Les prophéties étaient mystérieuses et, quoi que Dumbledore fasse, jamais il ne pourrait percer le mystère. Seuls les événements leur révéleraient le sens du texte.

Il ne pouvait voir la maison des Potter et en était heureux. Il valait mieux qu’il se tienne éloigné d’eux, afin qu’ils ne lui posent pas plus de question sur la prophétie. Edgar Bones lui donnait des nouvelles par le biais de Remus Lupin, et c’était bien suffisant.

Il fit donc volte-face pour rentrer à Poudlard. Il ne s’arrêta pas chez Bathilda. Il n’était pas rentré dans cette maison depuis sa jeunesse et ne comptait pas y remettre les pieds. Voir la vieille Sorcière était toujours un plaisir, mais cette bâtisse était trop pleine des souvenirs de Gellert. Il la doubla donc à grands pas, sans accorder de regard supplémentaire à cette fameuse fenêtre.
Perripuce

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Re: Lily & James [Harry Potter]

Message par Perripuce »

Cazolie a écrit :Heyyy Yoooo c'est moi ! Bon je suis DESOLEE d'avoir disparu de la circulation mais je reprend les commentaires ! (pas là où je m'étais arrêtée, je suis une flemmarde, mais tu aurais le droit de faire la même sur O&P et j'ai tout lu !)

Désolée, encore une fois je préviendrai plus tard... Olala, il est trop tard pour faire une note correcte, bonne lecture les copains et à très vite !

Note du bêta : Saluuuuuuuut aujourd'hui on s'intéresse à la magingénieurie des balais, à la mort de quelqu'un, à la vie d'un couple reclus et aux souvenirs ressassés d'un vieil homme. Nan en vrai je manque d'inspiration mais sur la vie de hagrid que le chapitre est super. Gros bisous à tous, moi le travail m'as épuisé alors je vais me coucher (vivement les vacances) bonne lecture rappelez encore a Cazoue que sa fic est merveilleuse elle en as toujours bien besoin et a bientôt !


Chapitre 19

Le printemps arriva sur l’Angleterre, poussé par un vent glacial. Il ne cessa de tourner autour de la maison de Godric’s Hollow durant tout le mois de mars. Néanmoins, Lily l’appréciait : il chassait les nuages. Pas une goutte de pluie ne tomba pendant des semaines elle a bien de la chance *lance un regard mauvais au ciel changeant du nord*. Malgré le froid, la jeune femme passait à présent plus de temps dans le jardin que dans son laboratoire. Elle avait retourné tout un pan de terre et y avait planté un potager. Les parterres de fleurs étaient également prometteurs. Elle regardait la nature renaître avec un sourire confiant ; tout était plus facile au soleil le pire 'est que c'est vrai, la perception du monde change en fonction du temps. Tous ces mois qui lui avaient paru si longs lui semblaient maintenant être un rêve. Ils avaient déjà passé deux saisons à Godric’s Hollow. Ils pouvaient continuer.

Il était d’autant plus facile de s’imaginer rester dans la petite maison quand Harry s’éveillait de plus en plus à la vie. Son rire chassait le silence dans lequel ses parents avaient tendance à s’enfermer Oh c'est une jolie phrase. Il tenait assis, bientôt il ramperait puis marcherait à quatre pattes. Quand l’automne reviendrait, peut-être ferait-il déjà quelques pas, ses minuscules doigts agrippés aux mains de ses parents. Les meilleurs moments <3 ma soeur et moi on se lançait mon frère c'était trop drôle

Lily, appuyée contre l’embrasure de la porte ouverte de la cuisine, sourit à cette idée tout en contemplant le jardin encore grisâtre qui, bientôt, reprendrait ses couleurs. Elle entendait tout un remue-ménage derrière elle ; James avait reconverti une partie de la cuisine en atelier et travaillait sur un prototype de balai Y'a un côté affreux à ce que James ait trouvé sa voie. Sirius, Remus et Peter lui avaient offert le matériel nécessaire quelques jours plus tôt et depuis il ne cessait de tout observer sans pourtant rien en faire. Il avait fixé des plans au mur. Lily, qui était pourtant bonne en arithmancie, n’y comprenait rien. Elle l’avait aidé à rattraper le niveau – il avait assez vite arrêté à Poudlard – mais il l’avait très vite dépassée. C’était une nouvelle preuve que si James voulait, il pouvait. Il n’avait simplement pas eu très envie durant sa scolarité.

Sa nouvelle passion le rendait heureux, et par conséquent Lily aussi Cool plus de tension :lol: :lol: . Il lui exposait ses plans avec passion, pendant le dîner, et lui expliquait tout ce qu’elle ignorait sur le Quidditch. Il rêvait à nouveau. Lily détourna son attention du jardin pour regarder son mari, qui se tenait face à ses plans, les mains sur les hanches. Elle vint sans bruit derrière lui et passa ses bras autour de sa taille, le visage pressé entre ses omoplates.

- Ça avance ? Interrogea-t-elle, la voix étouffée contre son t-shirt.
- Mmmh. J’ai peur de me lancer.
- Il va bien falloir t’y coller un jour, mon chéri.
- Quand Harry apprendra à faire du vélo, ça me paraît être un point de repère acceptable. Hey, ça peut arriver vachement vite ! D'ailleurs, est-ce que les sorciers éprouvent l'envie de faire du vélo, vu leur nombreuses façons de se déplacer? Peut-être que le vélo est fade quand on a un balai?

Lily rit un peu mais le força à se retourner.

- Je sais, soupira-t-il, je ne suis pas raisonnable.
- Depuis quand est-ce que James Potter a peur de se lancer dans de nouvelles aventures ?
- Depuis qu’il a compris qu’il y avait des conséquences, grimaça-t-il. Ce que je n’ai pas réalisé avant mes dix-huit ans je pense. Ou mes vingt ans ? Tu sais, quand je t’ai épousé et que je me suis retrouvé papa sans savoir ce qu’il m’arrivait. Mais j'avoue, ils sont si jeunes ... Je suis plus vieille qu'eux ans ils sont morts et je vis toujours chez mes parents mdr.
- James !

Il rit et lui vola un baiser.

- C’est toi qui étais le plus pressé, en plus.
- A juste titre. Notre bébé est plutôt mignon.

Comme s’il savait qu’on parlait de lui, Harry se mit à hurler à pleins poumons depuis sa chambre.

- Finie la tranquillité pour cet après-midi, fit semblant de se plaindre Lily.

Elle avait tout à fait raison, dans la mesure où Bathilda se pointa à l’heure du goûter, des provisions plein son sac et des ragots à profusion. Si la vieille Sorcière connaissait parfaitement l’histoire de la magie, elle maîtrisait tout aussi bien les petits racontars de son temps une histoire reste une histoire 8-) . Elle leur compta les derniers ragots de Poudlard et du Ministère – un diplomate gobelin avait apparemment tenté de demander la Ministre en mariage. Elle leur donna aussi des nouvelles moins joyeuses, des choses qu’elle avait entendu dire mais qui n’étaient pas encore dans la Gazette.

La bonne humeur de Lily était retombée lorsque Bathilda regagna sa maison. James aussi avait le regard dans le vide. Comme elle, il pensait sans doute à William et Carrie, morts un mois plus tôt :cry: :cry: :cry: :cry: . Le choc passé, Lily avait réussi à aller de l’avant. Il y avait si longtemps qu’ils devaient faire ainsi. Parfois, sa faculté à continuer malgré les amis décédés l’angoissait. Elle avait l’impression de ne pas avoir de cœur. Puis quelque chose venait lui rappeler ceux qui étaient partis, et elle s’apercevait qu’elle avait bien un cœur, et qu’il souffrait. Oh ma pauvre chérie :(

Lily se demandait ce qu’il restait véritablement de l’Ordre. Elle avait l’impression qu’il partait en poussière, réduit à néant par la mort. Leurs petites victoires ne suffisaient pas à compenser leurs grosses pertes. Elle doutait que l’Ordre renaisse un jour de ses cendres, tel le phénix dont il tenait son nom. Elle se rappelait cette époque, lorsqu’ils sortaient tout juste de Poudlard et se pensaient invincible. Deux ans plus tard, tout partait à vau-l’eau. Ce paragraphe est super bien écrit, et il fait aussi franchement de la peine, quand on voit l'Ordre hyper organisé dans HP5 on ne se doute pas d'à quel point c'était si difficile, qu'on a l'impression qu'au moment où Lily et James sont morts qu'ils étaient en train de perdre la guerre.

Après avoir fait dîner puis couché Harry, Lily s’assit devant la fenêtre de sa chambre, dans l’un de ces grands fauteuils où James, Sirius et elle avaient passé la nuit de Noël 1977. Une demi-lune, brillante et lointaine, éclairait le village. Il était facile d’espérer lorsque le soleil brillait, mais la nuit ramenait les angoisses de Lily. Quand elle se satisfait de sa vie à Godric’s Hollow, elle avait tendance à oublier la menace qui pesait sur leur tête. Les nouvelles de Bathilda lui avaient rappelé à quel point la situation était précaire. Voldemort finirait peut-être par les trouver. Le Ministère tomberait, la Grande-Bretagne avec… Ils ne pourraient pas rester sur le territoire, mais comment fuir ? C'est vrai qu'ils devraient avoir des plans de secours, des fois que le ministère tomberait

Une planche du parquet craqua et, quelques instants plus tard, James s’installa dans le fauteuil jumeau.

- Ça va ? Demanda-t-il doucement.
- Est-ce qu’on va s’en sortir, un jour ?

James tendit la main pour attraper la sienne puis lui sourit.

- Je ne sais pas.
- Tu imagines ? Mourir à vingt-et-un ans ? CAZO MAIS TU ES HORRIBLE

Il haussa les épaules.

- Je serais assez satisfait de la façon dont j’ai rempli ces quelques années, répondit-il. J’ai passé sept années magnifiques à Poudlard, où j’ai rencontré mes trois meilleurs amis. Je me suis battu pour ce en quoi je croyais. Je ne serai jamais un joueur de Quidditch, mais ça n’a pas d’importance. J’ai eu Harry. Je t’ai aimée autant que je pouvais. vas y j'vais pleuré

Lily lui sourit et pressa sa main.

- Vu comme ça, admit-elle.
- Je n’ai pas de regret, murmura-t-il avant de se pencher pour l’embrasser. JE VAIS PLEURER

***


Sirius fit rouler son dessous de verre sur la nappe immaculée, tout en songeant qu’il n’aurait jamais cru que les Londubat puissent être maniaques à ce point je suis sûre c'est un héritage d'Augusta ahah . C’était à peine si on remarquait qu’un bébé vivait dans cette maison.

- On te dérange, Black ?

Il releva la tête et sourit innocemment à Gideon, qui garda un visage impassible. Sirius ne put s’empêcher de noter ses joues creuses et les larges cernes sous ses yeux. Il savait, grâce à Emmeline, que Gideon se sentait responsable pour la mort de Carrie. C’était lui qui l’avait recrutée dans l’Ordre. Sirius avait bien envie de lui dire que Carrie était responsable de son sort. Une enquête avait permis de comprendre qu’elle s’était rendue sur l’un des lieux d’affrontements et, de là, avait été emmenée jusqu’à l’endroit où se trouvait William. Elle avait été inconsciente et en avait payé le prix. Sirius était désolé pour elle, ainsi que pour Hardley qu’il avait fini par apprécier, mais il n’avait pas le temps de appesantir sur les morts. Ouaaah je comprends en soi mais y'a un côté violent.

- J’ai du mal à comprendre ce qu’on cherche à faire, répondit Sirius. On n’est pas assez de toute façon. C’est comme ça depuis des mois et des mois. Quoi qu’on fasse, on ne pourra jamais aider toutes les personnes qui nous le demandent.

Gideon, Frank, Alice et Benjy le fusillèrent du regard, mais Sirius ne se démonta pas. S’ils voulaient jouer à qui avaient le plus d’espoirs absurdes, tant mieux pour eux, mais il ne participerait pas PA PA PA ! Franchement il est désabusé Sirius. Que Gideon et Benjy se prêtent à la mascarade l’étonnait d’ailleurs au plus haut point. Ils comptaient parmi les plus cyniques du groupe.

- Quoi ? Protesta-t-il face à leurs regards accusateurs. On va sans doute tous mourir et vous le savez très bien. Mais ce n'est pas ce qu'on a besoin d'entendre.
- Le but, Black, c’est d’éviter que trop d’innocents meurent. Comme on a à peu près tous déjà tué quelqu’un ici, je doute qu’on rentre encore dans cette catégorie. :lol: :lol: :lol:

Sirius retint un sourire. On n’était jamais déçu par ce bon vieux Benjy. Alice avait l’air d’avoir avalé une mandragore, Frank fixait la table et Gideon regardait le plafond, les poings serrés. Finalement, peut-être qu’aucun d’eux n’avait d’espoir absurde.

- Il faut quand même qu’on fasse ce qu’on peut, dit Alice d’une petite voix. On ne peut pas abandonner.
- Certains ne se sont pas gênés, marmonna Sirius.

Il savait que la plupart des membres de l’Ordre n’en voulait pas à Margaret, mais lui oui. et ça peut se comprendre.
Les discussions reprirent autour de la table et plus personne ne tint compte des remarques de Sirius. Alors qu’ils élaboraient un nouveau système pour juger de l’urgence des missions, Remus fit son entrée dans la salle à manger des Londubat. Il semblait terriblement pâle et fatigué.

- Excusez-moi, murmura-t-il en tirant une chaise près d’Alice. J’étais à Ste-Mangouste.

La jeune femme posa une main compatissante sur son épaule alors que Sirius demandait :

- Tu es blessé ?
- Non, on a dû ramener Maman là-bas ce matin. Oh mon petit chat :(

Sirius s’agita sur sa chaise, gêné. Espérance Lupin n’allait pas bien depuis qu’elle avait été enlevée par les Mangemorts. Sirius avait toujours trouvé que Remus avait réussi à la tirer de là bien vite, et dans un état moins pire que ce qu’on aurait pu imaginer, mais jamais il n’avait formulé cette pensée à voix haute. Surtout pas maintenant que, trois mois plus tard, elle n’était toujours pas remise. Tu vas nous faire mourir la mère de mon Lupin d'amour, c'est ça?

Malgré son inquiétude, Remus se joignit à la discussion avec bien plus de bonne volonté que Sirius, que la culpabilité poussa finalement à faire de même. Lorsqu’il quitta la maison des Londubat, il était à peu près persuadé que tout leur travail n’avait servi à rien. Il devait cependant bien admettre que les réunions de l’Ordre, même inutiles, étaient préférables à la solitude.


La nouvelle lui parvint pas hibou le premier avril. Espérance avait rendu son dernier souffle pendant la nuit Ah bah voilà il suffisait que je le dise. . Sirius revenait d’une mission éprouvante grâce à laquelle il arborait une longue plaie sanguinolente sur le bras, pourtant il n’hésita pas une seconde à se rendre à l’hôpital pour Sorciers. Devant le bureau d’accueil, occupé à parler avec la secrétaire, il trouva Peter. Le petit blond lui adressa un sourire triste avant de l’entraîner dans les étages.

- Comment as-tu appris ? Demanda Sirius tandis qu’ils montaient les escaliers. J’ai reçu un hibou de Remus qui me demandait de te prévenir, je ne vois pas comment tu aurais déjà reçu mon courrier.
- Lily et James. J’arrive de chez eux. Remus leur a envoyé un patronus. James aurait donné n’importe quoi pour pouvoir m’accompagner.

Sirius se contenta de grogner une réponse. Il aurait aimé voir son meilleur ami ; cela faisait près de deux semaines qu’il n’avait pas eu le temps de passer à Godric’s Hollow.

Une fois arrivés au bon étage, ils remontèrent le couloir jusqu’à apercevoir Remus, assis devant une porte, la tête entre les mains Non mais ça brise le coeur, on ne torture pas mon Remus-chéri enfin ... :cry: . Peter l’appela doucement ; il sauta sur ses pieds lorsqu’il vit ses amis et les serra tous les deux dans ses bras. Sirius se figea un instant. Il avait parfois l’impression que les Maraudeurs se disloquaient inexorablement, mais dans ces moments-là il ne savait plus que penser.

- Papa est à l’intérieur, annonça Remus après s’être écarté. Mais je ne pouvais plus rester là.

Sirius hocha la tête sans rien dire, tout en scrutant le visage de son ami. Il lisait sa souffrance au fond de ses yeux et dans chacun des traits de son visage.

- On fera ce qu’on peut pour être là au moment de l’enterrement, annonça Peter presque timidement tout en tapotant l’épaule de Remus.

Sirius lui adressa un sourire encourageant, tout en songeant qu’ils ne seraient certainement pas là. Si l’Ordre les avait un jour un peu plus soudés, il les séparait aujourd’hui plus que jamais. Et c'est le début de la fin. J'aime beaucoup comment chapitre après chapitre les liens se distandent, et que ça expliquera plus tard pourquoi Remus a cru à la culpabilité de Sirius, et tout des choses comme ça. Enfin c'est pas brusque, ça fait chaque fois un peu plus et ça brise le coeur.

***


James fouilla sous une pile de parchemins à demi enroulés pour en sortir triomphalement une équerre qui datait de l’époque de ses cours d’astronomie mdr je suis même plus sûre d'avoir un tel instrument :lol: . Avec un sourire, il repensa à ces innombrables soirées où ils avaient pu chahuter un peu Sirius à cause de la constellation qui portait son nom.

Il appliqua finalement l’équerre sur le papier étalé devant lui, maintenu par un pot de confiture, un biberon rempli d’eau, un cube en bois et le livre qu’était en train de lire Lily ce système D :lol: :lol: . Alors qu’il traçait méticuleusement ses traits, Lily entra dans la cuisine, récupéra son bien en commentant « à moi, imbécile », puis partit dans tenir compte de ses protestations parce qu’un bout du parchemin s’était à nouveau enroulé sur lui-même :lol: :lol: . Elle revint dix secondes plus tard pour planter un baiser sur le sommet de son crâne. Il grommela quelques insultes avant de se remettre au travail, un léger sourire sur les lèvres.
Il était en train d’étudier la courbe du manche à balai et d’évaluer la nécessité que l’extrémité soit tordue. La prise en main était certes meilleure, mais la résistance au vent catastrophique. A croire que les concepteurs de balais avaient complètement laissé de côté l’aérodynamique. Je trouverais ça drôle qu'il a crée les premiers prototypes de Nimbus ou d'Eclair de Feu

Alors qu’il réfléchissait, ses yeux s’égarèrent vers un gribouillis, sous le biberon. Il le déplaça un peu et lut « sur mesure ? ». Il s’agissait d’une réflexion qu’il était venu écrire au milieu de la nuit. Tous les balais faisaient à peu près la même taille, à quelques millimètres près. Serait-il pertinent de tailler des balais sur mesure ? Les jeunes Sorciers y seraient certainement plus à l’aise, ainsi que toutes les personnes éloignées de la taille standard. Bien sûr, cela demanderait un travail colossal : il faudrait revoir toutes les variables pour chaque balai, recommencer chaque calcul pour chaque cas différent. James mordilla le bout de son crayon à papier, songeur. Plus il y pensait, et plus il était convaincu par l’idée. C'est pas con, effectivement ...
Il commençait à s’imaginer couvert de gloire pour ses balais sur mesure lorsque Lily passa dans la cuisine, Harry assit sur sa hanche. Il gazouillait à tout va tout en bavant allègrement sur l’épaule de sa mère. Lily chantonnait, l’air sereine. Elle ouvrit la porte qui menait sur le jardin, et James lança, offusqué :

- Je croyais que tu allais lire !
- C’est un ouvrage sur le jardinage, mon p’tit pote Potter, rit Lily. Trouves-toi une autre cale que des choses qu’on utilise régulièrement. Un des bibelots posés sur la cheminée, par exemple.

James dut bien admettre que ce n’était pas idiot, mais il n’avait pas envie de se déplacer jusqu’au salon. Avec un temps de retard, il réalisa qu’il pouvait utiliser la magie ils se sont tellement efforcés de tout faire à la main qu'ils en oublient la baguette :lol: . Il lui fallut ensuite un moment pour dénicher sa baguette sous tous les parchemins J'y pense. Le fait qu'ils utilisent de moins en moins leur baguette explique sans doute qu'ils ne l'avaient pas le jour ù Voldemort est entré chez eux ... . Alors qu’il attirait à lui une monstruosité en fer que sa mère avait ramenée d’un quelconque endroit exotique, il songea que, plus le temps passait, moins il pensait à utiliser la magie pour des tâches quotidiennes. La magie faisait gagner du temps et, du temps, ils en avaient à revendre. et ça lui coûtera la vie ...

Le jeune homme jeta un coup d’oeil par la porte laissée grande ouverte. Lily s’affairait auprès de son potager et de ses parterres de fleurs en devenir. Elle avait posé Harry dans l’herbe, qu’il décimait allégrement tout en fourrant des brins dans sa bouche. James décida que ça ne pouvait pas lui faire de mal et se pencha à nouveau sur son travail Mais quel genre de père tu es? :lol: :lol: . Lily allait être occupée pendant un bout de temps, c’était le bon moment.

Il ôta toutes les cales qui tenaient son plan, le roula plus soigneusement qu’il n’avait jamais roulé un seul de ses devoirs à Poudlard puis extirpa de sous la pile de papiers une liasse de feuilles. Celles-ci n’étaient pas couvertes de calculs d’arithmancie mais de la fine écriture de Sirius, qui n’aimait pas écrire de lettres mais n’avait rien contre les rapports de mission.

Il arrivait que Maugrey envoie des rapports à James pour qu’il les épluche et voit si quelque chose clochait, si un détail ressortait. Ces papiers-là n’avaient rien à faire à Godric’s Hollow. Sirius avait été assigné à une nouvelle mission, qu’il commençait tout juste à préparer. Il notait le résultat de toutes ses excursions préparatoires et James les lisait pour se tenir au courant. Il avait bon espoir de pouvoir conseiller Sirius sur la stratégie à adopter.
Il n’aurait su dire exactement pourquoi il ne voulait pas que Lily connaisse l’existence de ces rapports. Peut-être sa propre envie d’aventure, excitée par la préparation de cette mission, le faisait-elle culpabiliser. Il aurait donné n’importe quoi pour pouvoir accompagner Sirius sur le terrain. Son meilleur ami lui permettait de vivre la guerre par procuration. C’était peut-être une forme de masochisme, mais James préférait la frustration de ne pouvoir sortir à une ignorance totale de ce qu’il se passait. So Jamesien

Il parvint à trouver un bout de papier vierge et commença à griffonner dessus au fil de sa lecture, comme il le faisait au QG sur le grand tableau de la salle de réunion. C’était d’autant plus nécessaire ici que la mission était délicate : Sirius avait pour mission, avec quelques autres, de faire tomber les grosses fortunes des Mangemorts. Maugrey avait fait sien l’adage « L’argent est le nerf de la guerre » et espérait qu’en coupant les vivres des Mangemorts, ils seraient ralentis. Sirius, en raison de son excellente connaissance des grandes familles de Mangemorts, était le candidat parfait pour une telle opération.

James fourra précipitamment tous les documents sous des plans de balais lorsque Lily rentra dans la maison une heure plus tard, Harry sous le bras.

- Tu n’as pas beaucoup avancé, commenta-t-elle en lui tendant son fils.
- Je réfléchissais. Le potager s’annonce bien ?
- On va dire ça comme ça. Je crois qu’il manque un peu d’eau.
- Arrose-le ?
- Il n’y a pas d’arrosoir dans cette maison.
- Et ta baguette, Evans ? :lol: :lol: :lol:

Lily se frappa le front du plat de la main tout en grommelant. Il lui fallut au moins dix minutes pour mettre la main sur sa baguette Franchement Maugrey les assassinerait. . Après avoir arrosé son jardin, elle s’assit près de James et posa ses pieds sur ses jambes sans cérémonie.

- C’est toujours un soulagement quand la journée passe vite comme ça, souffla-t-elle.
- Je crois que le pire, ce sont les soirées. Plus de bébé baveux pour nous occuper.

Lily lui concéda cela d’une grimace avant de demander :

- L’enterrement de Mrs. Lupin était cet après-midi, non ? :cry: :cry: :cry: :cry:

James hocha lentement la tête.

- J’aurais aimé y être.
- Je sais bien. Moi aussi.
- J’espère que Remus ne m’en veut pas.
- Merlin, James, il sait bien que tu n’y peux rien. Il serait idiot de t’en vouloir.
- J’imagine, répondit-il lentement. C’est juste… Ce n’est plus comme avant.
- Ça fait un moment que ce n’est plus comme avant, dit-elle doucement. Les choses ont déjà changé quand on s’est mariés. Nos vies changent, c’est tout. Il faut juste apprendre à entretenir nos amitiés d’une nouvelle façon. C'est tellement triste.

Le jeune homme acquiesça sans rien dire. Il savait que Lily avait raison, mais il n’aimait pas cette idée. Il aurait aimé pouvoir concilier sa vie de Maraudeurs et celle de père de famille. Son confinement à Godric’s Hollow l’en empêchait tout à fait mais il espérait pouvoir être un Maraudeur, un mari et un père une fois sorti de là. C'est CRUEL. CRU-EL.

- Ce sera sans doute plus facile quand les autres se poseront, reprit Lily. Quand je ne serai plus la seule fille du groupe et que Harry aura des petits copains avec qui jouer. Mouais. Au lieu de ça, il sera le parrain et père de substitution du fils de Remus. Des liens donc oui mais à quel prix ...

James éclata de rire avant de se rendre compte que Lily parlait sérieusement.

- Tu imagines l’un des trois marié et avec des enfants ? Sirius doit déjà s’occuper de lui-même, Peter a peur de parler aux filles et Remus… Remus serait fabuleux dans ce rôle mais tu sais bien qu’il se l’interdit.
- Oui, eh bien c’est idiot et j’espère qu’il changera d’attitude Un jour oui ... . Qu’une gentille fille le fera changer d’attitude Dora <3 . Quant à Sirius, il joue à l’enfant immature mais tu sais bien que ce n’est qu’une façade ouais mais avec ce qu'il s'est passé avec Ethel ... . Et Peter… Peter arrive à parler aux filles une fois qu’il les a un peu côtoyées.
- On est bien parti, railla-t-il.
- Ris tant que tu veux, mais un jour tu seras invité au mariage d’un autre Maraudeur, prophétisa Lily. Et moi j’aurai enfin une fille avec qui me plaindre de vous.
- Tu as déjà Bathilda. :lol: :lol: :lol:
- Ça ne compte pas. Bon je te laisse le monstre, je dois vérifier quelques potions.

Après le départ de Lily, James songea un moment à ce qu’elle lui avait dit. Sirius était en effet loin d’être immature. Ses plans pour l’opération contre les grandes fortunes de Mangemorts étaient ingénieux, même si James avait quelques suggestions à faire. Il avait hâte de pouvoir lui en parler et, ainsi, participer.

***


Albus Dumbledore, sous un sort d’invisibilité, observait l’espace à gauche de la maison de Bathilda Tourdesac. Même s’il ne voyait rien, il savait que la maison des Potter devait se trouver ici. C’était la rue des Sorciers : la maison où sa propre famille avait vécu se trouvait non loin. Tout, dans cette rue, lui était familier. Même s’il n’était pas venu pour ressasser les souvenirs, il ne pouvait s’en empêcher. Il avait passé les plus belles et les plus noires années de sa vie dans cette rue. Il leva les yeux vers le premier étage de la maison de Bathilda et, un court instant, cru apercevoir un jeune homme aux cheveux blonds s’échapper par la fenêtre Ouspie ... . Il pouvait entendre le rire d’Ariana, lointain écho qui peinait à remonter du fond de sa mémoire. Il voyait le regard réprobateur d’Abelforth… qu’il avait vu quelques jours plus tôt à la Taverne du Sanglier. Enfin, un éclat de lumière traversait sa mémoire, celui-là même qui avait emporté Ariana dans la tombe. Debout dans cette rue, à quelques mètres seulement de l’endroit où il avait fait ses plus grandes rêves de gloire, Dumbledore se rappela pourquoi il n’avait pas proposé aux Potter d’être leur gardien du secret. Une certaine logique, oui ...

Il ne voulait pas détenir un tel pouvoir sur la vie de quelqu’un. Il s’agissait d’une question de vie ou de mort ; il n’y avait rien de plus puissant. Dumbledore savait que l’ambition risquait de le dévorer à tout moment. Tous ceux qui ne comprenaient pas pourquoi il avait toujours refusé le poste de Ministre ignorait quelles nuits d’agonie il avait passé à se rappeler pourquoi il ne le devait pas Même s’il acceptait, pourvu de la meilleure ambition du monde, il se savait capable de retomber dans ses propres travers. Tous ignoraient la façon dont il assassinait son ambition sans pitié, jour après jour, pour, enfin, servir véritablement le plus grand bien. La plupart des gens le croyaient imbus de lui même parce qu’il n’hésitait pas à reconnaître son propre génie ; ils ignoraient l’immense humilité dont il faisait preuve, jour après jour, pour se faire plus petit que ses pairs. J'aime beaucoup ce paragraphe sur la psychologie de Dumbledore ...

C’était pour cette raison qu’il était devenu directeur d’école. Il servait des enfants, des adolescents. C’était pour leurs intérêts qu’ils oeuvraient, pas pour les siens. Certains l’accusaient de formater les élèves à son image, mais tout ce qu’il souhaitait était leur communiquer une solide connaissance de la magie afin qu’ils puissent devenir ce qu’ils voulaient.
Bien sûr, il conseillait parfois le Ministère. Bien sûr, il avait des responsabilités. Mais être le maître de la vie de Lily et James Potter n’était pas envisageable. Surtout pas quand la vie de leur fils pouvait décider du cours de la guerre. Il avait préféré leur laisser le choix, les laisser décider de leur avenir. C’était ce à quoi il avait essayé de les préparer, à Poudlard.
Dumbledore reporta son attention sur l’emplacement présumé de la maison. Il y avait maintenant six mois qu’ils y étaient enfermés, et la situation n’avait pas évolué le moins du monde. Etait-il déjà trop intervenu en leur conseillant de se cacher ? Non, décida-t-il en se remémorant la façon dont Severus Rogue l’avait supplié. Ça n’avait pas été sa décision, ni même son idée, mais celle du jeune homme. Dumbledore les avait aidé et conseillé, mais il n’avait rien fait de plus. Il pouvait être en paix avec sa conscience sur ce point.

Il songea un instant à Sybille Trelawney, qui s’avérait être un professeur de Divination désastreux Mais quelle surprise. . Pourtant il ne doutait pas un instant que sa prophétie en était véritablement une. Un si piètre professeur n’aurait jamais pu élaborer une prophétie du genre dans son état normal. Le texte de la prophétie, gravé au fer rouge dans sa mémoire, lui revint. Maintes fois, il avait essayé d’imaginer comment les choses pourraient se dérouler. Mais tout ce qu’il voyait pour le moment, c’était que le Ministère perdait la guerre et que Harry était un bébé de huit mois Ce qui doit être passablement désespérant. . Il avait l’impression que le monde sorcier était dans une impasse. L’hypothèse la plus probable était que Voldemort vaincrait, puis que Harry le tuerait une fois en âge C'est un peu ce qui va se passer avec un temps de retard. . Les Potter pouvaient-ils réellement rester cacher dans cette maison pendant quinze, vingt ans ? Comment Harry apprendrait-il à se battre s’il en était ainsi ? Comment tiendraient-ils, tous les trois ?

Dumbledore se rappelait très bien de la réaction de James lorsqu’il lui avait appris la nouvelle, et de la réponse qu’il lui avait donné : l’important, c’était que Voldemort les traquait. Il ne valait mieux pas se préoccuper de la façon dont un bébé était censé défaire le mage noir. Les prophéties étaient mystérieuses et, quoi que Dumbledore fasse, jamais il ne pourrait percer le mystère. Seuls les événements leur révéleraient le sens du texte.

Il ne pouvait voir la maison des Potter et en était heureux. Il valait mieux qu’il se tienne éloigné d’eux, afin qu’ils ne lui posent pas plus de question sur la prophétie. Edgar Bones lui donnait des nouvelles par le biais de Remus Lupin, et c’était bien suffisant. Et puis même s'il s'en occupait trop, ça attirait encore plus l'oeil de Voldemort sur les Potter.

Il fit donc volte-face pour rentrer à Poudlard. Il ne s’arrêta pas chez Bathilda. Il n’était pas rentré dans cette maison depuis sa jeunesse et ne comptait pas y remettre les pieds. Voir la vieille Sorcière était toujours un plaisir, mais cette bâtisse était trop pleine des souvenirs de Gellert. Il la doubla donc à grands pas, sans accorder de regard supplémentaire à cette fameuse fenêtre.
C'était un super chapitre ma petite Cazo, et encore une fois joyeux anniversaire !
cochyo

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Re: Lily & James [Harry Potter]

Message par cochyo »

J’ai adoré ce chapitre !
" tu t’imagines mourir à 21 ans " :cry:
C’Était super !
Charmimnachirachiva

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Re: Lily & James [Harry Potter]

Message par Charmimnachirachiva »

Ohhhhhhhhhhhhhhh

Eh bien James et Lily ont retrouvés le sourire, c'est bien ! :)
Le projet de ballet est super !
L'un des maraudeurs marié ? D'un coté c'est super triste car y a que à Remus que ça arrivera et encore pas pendant longtemps ! mais de l'autre c'est trop drôle !!
Et les pensées de Dumblebore sont vraiment bien faites ! Ça correspond au perso du livre tout en lui donnant une nouvelle dimension !
Cazolie

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Re: Lily & James [Harry Potter]

Message par Cazolie »

Coucou tout le monde !

Pas de chapitre cette semaine et... pas de chapitre pour le mois de juin, en fait ! Je suis en train de terminer mon mémoire et je n'arrive pas à tout gérer. Je préfère prendre une pause et revenir avec des chapitres de meilleure qualité en juillet :) Je vais pas mal m'y consacrer histoire de terminer la fanfiction avant septembre, donc c'est même possible qu'on revienne au rythme d'un chapitre par semaine !

Voilà voilà, à dans un mois et merci pour votre soutien ces derniers mois :D
Perripuce

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Re: Lily & James [Harry Potter]

Message par Perripuce »

Cazolie a écrit :Coucou tout le monde !

Pas de chapitre cette semaine et... pas de chapitre pour le mois de juin, en fait ! Je suis en train de terminer mon mémoire et je n'arrive pas à tout gérer. Je préfère prendre une pause et revenir avec des chapitres de meilleure qualité en juillet :) Je vais pas mal m'y consacrer histoire de terminer la fanfiction avant septembre, donc c'est même possible qu'on revienne au rythme d'un chapitre par semaine !

Voilà voilà, à dans un mois et merci pour votre soutien ces derniers mois :D
Keur, Keur, on attend de pied ferme en juillet :mrgreen: :mrgreen:
Cazolie

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Re: Lily & James [Harry Potter]

Message par Cazolie »

DEVINEZ QUI EST DE RETOUR

Eh oui j'ai fini mon mémoire wouhouuuu, demain matin je commence à préparer l'agrégation d'histoire :mrgreen: :cry: J'espère que vous êtes en vacances et que vous en profitez, parce que moi pas :lol:

Donc comme je le disais dans le message d'avant, mon but est de ponctuer ma prépa agreg ce mois-ci de séances d'écriture L&J pour... terminer la fanfiction pour de bon. Ca me fait trop bizarre haha
Plus de coupure jusqu'à la fin, normalement. Si je prends suffisamment d'avance je posterai peut-être même plus régulièrement, mais on verra. Enfin voilààà

Pour rappel (ça fait un mois quand même) : Margaret a quitté l'Angleterre, la maman de Remus est décédée des conséquences de son enlèvement par les Mangemorts deux mois plus tôt. Sirius prépare une mission contre les Lestrange et James l'a aidé à la préparer, complètement dans le dos de Lily. Il travaille aussi à la création d'un nouveau balai. On est au mois d'avril donc bébé Harry a huit mois à peu près.

Et bonne lecture :mrgreen:


Chapitre 20


Sirius détestait que des membres de l’Ordre lui rappelle que sa connaissance des familles Sang-Pur était un avantage. Cela lui donnait toujours l’impression qu’ils le considéraient un peu comme l’ennemi. Quand Maugrey l’avait approché pour lui parler de son nouveau plan, Sirius avait commencé par faire la sourde oreille. Il se fichait de la fortune des Lestrange et de celle des Malefoy, de leurs manoirs et de la volonté de Maugrey de les priver de leur fortune.

C’était James qui l’avait convaincu. James, qui avait toujours cru en lui. Ils en avaient longuement discuté et Sirius avait finalement accepté de faire remonter à la surface tous ses souvenirs d’enfance pour aider Maugrey dans son plan délirant. Il lui avait décrit autant que possible les manoirs Malefoy et Lestrange. Maugrey avait désigné Emmeline Vance et Gideon Prewett pour l’aider dans sa tâche.

Sirius leva les yeux sur la maison biscornue devant laquelle il venait de s’arrêter. Un petit écriteau planté dans le jardin mal entretenu indiquait « Le Terrier ». Amusé, Sirius poussa la barrière et alla frapper à la porte d’entrée. Elle s’ouvrit toute seule et il avança prudemment dans une grande cuisine encombrée d’une table en bois en son milieu. Une multitude de chaises hautes pour enfant l’entouraient. Gideon était assis entre deux d’entre elles. Il leva à peine les yeux vers lui avant de lui faire signe de s’asseoir.

- Désolé, je termine juste cette lettre, marmonna-t-il. Voilà, c’est bon. Ma sœur tient à ce que je lui écrive pour lui assurer que la maison n’a pas explosé.
- Ils sont en vacances ? Interrogea Sirius tout en fouillant la cuisine du regard.

Les plans de travail étaient bien rangés, les placards couverts de dessins d’enfants. Il pouvait apercevoir le salon, qui semblait être un endroit où il faisait bon vivre.

- Ouais. Ils en profitent, tant que les enfants ne sont pas à Poudlard. Ils sont allés en Irlande.
- Ils savent que tu utilises leur maison pour préparer des mission suicidaires ?
- Absolument pas.
- Ah, parfait.
- Bon, s’exclama Gideon en repoussant son nécessaire à correspondance, on commence ?
- On attend Vance.
- Ah. Maugrey m’a dit que vous aviez préparé un peu la mission en amont ?
- Il m’a torturé, oui, grommela Sirius. Tu n’imagines pas le temps qu’on a passé enfermé dans le Snargalouf pour qu’il me fasse passer des interrogatoires.

Gideon haussa un sourcil roux tout en attirant à lui une boîte de cookies.

- A quel sujet ?
- Mes souvenirs d’enfance. Je n’en ai pas assez à son goût. J’ai bien cru que j’allais l’étrangler, le dernier jour. Il a prétendu que je ne faisais pas assez d’effort. Je lui ai répondu qu’il pouvait aller se faire…
- Salut les garçons !

Sirius laissa sa phrase inachevée et salua Emmeline, qui semblait d’humeur guillerette. Elle tira une chaise près de lui et s’exclama joyeusement :

- Alors, contre qui est-ce qu’on tente une attaque foireuse, cette fois-ci ?
- Maugrey ne t’a pas du tout dit de quoi il s’agissait ? s’étonna Sirius.
- Non, il était pressé. Il m’a dit un truc genre « Mission, dangereux, vois avec Gideon, salut ». Et puis il est parti.
- On peut toujours compter sur lui pour l’organisation, râla Sirius. Pas étonnant que l’Ordre parte à vau-l’eau.
- En même temps, ce type gère toute la défense de la Grande-Bretagne pratiquement à lui tout seul, intervint Gideon. Difficile de lui en vouloir.
- Il a le droit de déléguer, rétorqua Sirius.
- C’est ce qu’il fait. C’est pour ça qu’on est là, non ? J’ai cru comprendre que le Bureau des Aurors gérait le manoir Malefoy pendant qu’on s’occupait de celui des Lestrange.

Sirius ne trouva rien à répondre et Emmeline lui jeta un regard amusé pour lui signifier qu’il avait perdu. Il grogna et entreprit de fouiller dans son sac sans rien ajouter. Il en sortit des parchemins enroulés qu’il entreprit de déplier sur la table. Emmeline et Gideon l’aidèrent en les maintenant à plat avec des verres et des bols vides. Quand tout fut étalé, Sirius considéra un instant ses plans, les poings sur les hanches. C’était la première fois qu’il montait une opération tout seul (enfin, avec l’aide de James) et il espérait ne pas avoir fait de bêtise.

- On doit agir dans cinq jours.
- Cinq jours ? s’insurgea Emmeline. Tu ne pouvais pas nous prévenir plus tôt ?
- Maugrey a imposé le délai. Pour éviter les fuites.

La jeune femme grommela, agacée. Gideon ne les écoutait même pas, trop occupé à regarder un plan du manoir Lestrange.

- Ne vous en faites pas, tout est déjà prévu. Si on est là, c’est pour que je vous mette au courant de l’opération et qu’on vérifie ensemble qu’il n’y a pas de faille.
- Bon, céda Emmeline. Vas-y, c’est quoi le plan ?
- Comme la plupart des familles Sang-Purs, les Lestrange gardent tout leur argent chez eux.
- Qu’est-ce que c’est ce que cette lubie encore ? Coupa-t-elle. Tout le monde sait qu’il n’y a pas d’endroit plus sûr que Gringotts.
- Peut-être, mais Gringotts est tenu par les gobelins, et ils sont considérés comme inférieurs.
- Eh, intervint Gideon, vous savez pourquoi les Sorciers détestent les Gobelins ?

Sirius haussa un sourcil perplexe dans sa direction. Le grand roux souriait, l’air fier de lui.

- Non, Gid, pourquoi ? Soupira Emmeline, atterrée.
- Parce qu’ils leur cherchent des noises !

Il se mit à rire tout seul alors que Sirius tentait de retenir un sourire. Il se rappelait très bien du jour où Peter leur avait sorti cette blague, durant leur première année à Poudlard. C’était l’une des premières fois que le petit blond, maladivement timide, ouvrait la bouche dans le dortoir.

- Je peux continuer ? reprit-il.

Gideon hocha la tête, mais il gloussait toujours.

- Bref, les Sang-Purs, et en particulier ceux qu’on va affronter, estiment que les Gobelins ne sont pas dignes de garder leur argent et qu’ils peuvent très bien le faire tous seuls.
- Présenté comme ça, c’est assez logique, admit Emmeline. Leur arrogance n’est pas une nouveauté.
- En effet. D’après mes souvenirs, les Lestrange ont une chambre forte au sous-sol du manoir. Je ne l’ai évidemment jamais vue, mais j’ai entendu le père de Rodolphus et Rabastan en parler au mien. Si mes souvenirs sont bons, il lui expliquait qu’il faisait venir de temps à autre un Briseur de sorts privé pour vérifier la sécurité de son coffre.
- Et chez les Black, intervint soudain Emmeline, vous mettez votre argent à Gringotts ?

Sirius se tendit. Il dut combattre l’envie de répondre sèchement à la jeune femme, même s’il savait bien qu’elle ne pensait pas à mal.

- L’argent, oui. La maison n’est pas assez grande pour aménager un coffre fort. Mais les Black préfèrent gardent toute leur bijouterie et autres objets de valeur chez eux.

A son plus grand soulagement, elle n’insista pas et demanda simplement :

- Tu sais quels sorts entourent le coffre-fort ?
- J’ai demandé son avis à Fabian, intervint Gideon. Il m’a dressé une liste. J’ai cru qu’il n’allait jamais arrêter de parler.

Les deux autres sourirent, amusés.

- Ça ne garantie rien, mais ça nous laisse une base assez solide sur laquelle travailler.
- Merci, Prewett. On regardera ça plus tard, il faut qu’on trouve les contre-sorts. Enfin, avant d’attendre le coffre il faut qu’on entre dans le manoir.
- Qui habite là-bas ? Demanda Emmeline.
- Le vieux Lestrange est mort il y a des années, mais sa femme vit toujours et elle habite là-bas. Rodolphus et ma charmante cousine Bellatrix vivent normalement là-bas, mais a priori ils passent le plus clair de leur temps dans des QG Mangemorts. Pareil pour Rabastan.
- Donc on ne devra affronter qu’une vieille Sorcière ?
- En principe, oui. Ça veut dire qu’on peut réussir à s’introduire dans les lieux sans qu’on nous repère.
- Gare aux elfes de maison, commenta Gideon, flegmatique.

Sirius se fit la réflexion qu’il ne l’avait jamais vu aussi détendu ; il était bien différent lorsqu’il n’était pas lui-même en charge de la mission.

- Effectivement. Ils peuvent être d’une loyauté écœurante, conclut-il en pensant avec dégoût au vieux Kreattur, qui vénérait Regulus.
- C’est noté. Et ensuite, on fait quoi ?
- On fait sauter les sorts autour du coffre en espérant ne pas mourir, et on met tout le contenu là-dedans.

Il exhiba une bourse en cuir capable de tenir dans une poche. Gideon haussa un sourcil sceptique.

- Il y a un sortilège d’extension indétectable, d’accord. Mais on est censés mettre les gallions là-dedans un à un ?
- Maugrey m’a dit qu’un type du Département des Mystères l’avait trafiqué pour qu’elle aspire tout objet qui se trouve devant-elle. Tant que personne ne se trouve devant au mauvais moment, ça va bien se passer.
- On passe à l’attaque à quelle heure ?
- Vingt-heures. La Ministre donne une conférence de presse à ce moment-là, Maugrey s’en sert comme appât.
- Sympa pour la Ministre.
- Apparemment ça lui convient. Je suis à peu près certain que les protections sont concentrées sur l’entrée du parc. On devrait entrer dans la maison sans problème, c’est la grille principale le problème. Il faudra être prudent, ce serait bête de déclencher une alarme.

Les deux autres hochèrent la tête. Ils continuèrent à parler des détails de l’affaire pendant encore un moment, réglèrent quelques détails et étudièrent la liste de sortilèges fournies par Fabian. Ils se donnèrent finalement rendez-vous le lendemain pour travailler sur les contre-sorts puis chacun rentra chez soi.

Affalé dans son canapé, à Cambridge, Sirius soupira de soulagement. Il n’avait pas réalisé à quel point cette réunion l’angoissait. Il avait craint que Gideon démonte son plan et le traite d’incapable. Mener une opération était bien plus angoissant qu’il ne l’avait imaginé. Néanmoins, il aimait plutôt ça. Etre maître de ses faits et gestes plutôt que suivre aveuglément Gideon ou Benjy était un agréable changement. Oui, somme toute, il était satisfait. A présent, il avait hâte de dérober toutes leurs richesses aux Lestrange.

***


Emmeline se pencha sur le lit et déposa un baiser sur les lèvres entrouvertes de Benjy. Il grommela, plissa ses paupières fermées puis ouvrit un œil.

- Je vais devoir y aller, murmura-t-elle.
- Déjà ? Croassa-t-il
- Ça fait deux heures que tu dors, répondit-elle avec un petit sourire moqueur, tout en chassant quelques mèches de cheveux de son front.

Il grommela et se redressa avant de se frotter les yeux.

- Pas dormi la nuit dernière.
- Je sais bien. Je rentre ce soir, de toute façon. Ce n’est pas une mission dangereuse.

L’air soudain tout à fait réveillé, Benjy fronça les sourcils.

- Toutes les missions sont dangereuses, Em.

Elle haussa les épaules.

- Si tu le dis.

Il lui adressa un regard peu amène, qu’elle ignora en l’embrassant. Il glissa une main dans sa nuque et retint son visage contre le sien. Emmeline avait encore un peu de temps devant elle ; elle se laissa attirer un peu plus sur le lit, jusqu’à basculer sur lui avec un petit rire. Il y avait toujours eu cette possibilité entre eux, mais le drame qu’avait été la vie de Benjy puis la guerre les avaient tenus éloignés. Emmeline aurait pu passer outre, mais Benjy jugeait que ce n’était pas le moment. Ils s’étaient embrassés quelques fois, des soirs de détresse, des nuits où ils noyaient leur désespoir dans l’alcool, mais Benjy s’était toujours enfui juste après. En revanche, elle ne comptait le nombre de nuits qu’elle avait passé dans ses bras. Juste pour ces nuits, elle s’était accrochée. Elle avait compris que l’indifférence de Benjy n’était qu’une façade, que, dans le fond, il avait autant besoin de cette tendresse qu’elle.

Puis un soir, quelques semaines auparavant, il lui avait dit qu’il en avait assez d’attendre. Que la guerre ne semblait pas proche de s’arrêter, et qu’il l’aimait trop pour rester plus longtemps loin d’elle. Emmeline n’avait pas eu besoin de plus d’encouragement. La situation était toujours aussi désastreuse pour l’Ordre. L’étau se resserrait autour du Ministère. Mais au moins, ils étaient ensemble.

- Il faut que j’y aille, souffla-t-elle finalement sans pouvoir réprimer le sourire qui montait sur ses lèvres.
- S’il t’arrive quelque chose, je butte Black, prévint-il.
- N’importe quoi, gros macho, rit-elle. S’il m’arrive quelque chose, ce sera de ma faute et pas de celle de Sirius. Je n’ai pas besoin qu’un gamin me surveille.

Benjy grommela quelque chose d’incompréhensible. Elle plaqua un dernier baiser sur ses lèvres puis s’extirpa du lit. Sans s’autoriser un regard en arrière, elle attrapa sa baguette, se drapa dans sa cape et quitta son appartement londonien. Elle transplana dans le Dorset quelques minutes plus tard.

L’air de la mer la frappa en plein visage. Elle avait oublié que le Dorset, comme les Cornouailles, était en bord de mer. Elle n’avait pas remis les pieds sur le littoral de la Manche depuis que le QG avait brûlé. Cette odeur iodé lui avait manqué… Le vent glacial, beaucoup moins. Pour se réchauffer, elle entama sa marche vers l’emplacement indiqué par Sirius. Il leur avait donné les coordonnées exactes, qu’elle parvint à suivre grâce à sa baguette. Il faisait déjà nuit, aussi n’eut-elle pas besoin de prendre trop de précaution pour se cacher.

Les Lestrange étant une famille en vue, l’emplacement de leur manoir était connu du monde sorcier. S’il était protégé, il n’était pas caché. Emmeline l’aperçut dans les rayons de la lune gibbeuse ; il s’agissait d’une grande bâtisse d’un seul bloc, au toit et à la façade ornés avec goût. Emmeline était presque déçue ; c’était bien moins grand que le QG, et loin d’être aussi arrogant ou glauque qu’elle ne l’imaginait. Que des gens si cruels puissent avoir du goût et une aussi jolie maison était agaçant.

- Vance ! Siffla une voix dans un murmure pressant. Arrête de bailler aux corneilles !

Elle fit volte-face, aperçut les deux garçons accroupis derrière un buisson et s’empressa de les rejoindre.

- Bien joué pour la discrétion, marmonna Gideon.
- Oh, ça va. Il n’y a aucune lumière aux fenêtres.
- Si, intervint Sirius, à l’arrière. Probablement la cuisine.
- Elfe de maison ?
- Sans doute. Je ne pense pas que la vieille douairière mette les pieds dans cette pièce. Pas assez digne pour elle.
- Où se trouve l’entrée du coffre-fort ? Demanda-t-elle.
- Je ne l’ai jamais vu, mais je suis à peu près sûr que c’est dans le bureau.

Sirius se pencha un peu et désigna une fenêtre sur la droite du bâtiment, au rez-de-chaussée.

- Je pense que c’est là. Au pire, explorer ne devrait pas être trop difficile. Il faut qu’on passe la grille d’abord.

Emmeline l’avait oubliée, obnubilée par le manoir. Pourtant elle était bien là : une haute grille de cinq mètres de hauteur en fer forgé, qui devenait ensuite une barrière d’environ deux mètres de haut. Elle encadrait le bâtiment puis allait se perdre dans les bois qui se trouvaient derrière la maison.
Sans attendre les instructions de Sirius, Gideon leva sa baguette vers la barrière. Une lueur violacée se répandit tout autour du manoir pendant un bref instant.

- Et c’est toi qui parlais de discrétion ? Commenta Emmeline.
- Fabian n’avait rien de mieux à proposer, répliqua-t-il. Les autres sorts de reconnaissance implique qu’on touche l’objet, et en l’occurrence ça risquerait de déclencher une alarme.

Emmeline hocha la tête sans rétorquer ; elle s’en remettait à l’expertise de Fabian. A côté d’elle, Sirius était en train de griffonner un parchemin.

- Qu’est-ce que tu fais ?
- Fabian nous a dit que la couleur qui apparaîtrait nous révélerait le type de sortilèges qui entourent la maison, expliqua-t-il. C’était du violet, donc mélange de rouge et de bleu. Ça veut dire qu’il y a à la fois des sortilèges de protection et des sorts d’attaque. Je suis en train de les lister.

Il leur fallut au moins une demi-heure pour venir à bout de toute la magie qui protégeait la barrière. S’ils n’avaient pas été trois, ils n’auraient jamais réussi : Emmeline était épuisée alors qu’elle n’avait fait qu’un tiers du travail. Enfin, le sortilège de détection ne déclencha aucune lueur autour de la maison. Les trois Sorciers poussèrent la grille prudemment ; rien ne se produisit. Cachés par la nuit, ils progressèrent jusqu’à la porte d’entrée qui n’était évidemment pas verrouillée. Le manoir était silencieux. Impossible de savoir s’il y avait toujours quelqu’un dans la cuisine, car la pièce se trouvait de l’autre côté du bâtiment. Sans tarder, ils traversèrent l’entrée puis un salon dont Emmeline ne put rien deviner. Elle aurait payé cher pour savoir à quoi ressemblait l’intérieur des Lestrange.

Sirius menait l’exploration. A la tête du groupe, il ouvrait précautionneusement les portes les unes après les autres, non sans avoir vérifié de la pointe de sa baguette qu’aucun sort de protection ne se trouvait derrière. Arrivé au bout d’un couloir, il murmura finalement :

- On a trouvé le bureau.

Il s’empressa d’entrer, suivi des deux autres. Une fois la porte refermée, ils allumèrent leur baguette magique. C’était un bureau très classique et austère ; les murs étaient couvertes d’étagères chargées de livres, un grand bureau occupait l’espace face à une cheminée où rougeoyaient encore quelques braises. Une photo de famille surplombait celle-ci. Emmeline s’en approcha, les sourcils froncés. Ce n’était pas l’un de ces clichés fait pour réchauffer le cœur, mais une photo où chacun posait, l’air guindé et sérieux, autour d’un grand tableau qui représentait les armes de la famille.

- Emmeline ! Siffla Sirius. On n’est pas là pour faire du tourisme !

Elle se détourna avec un soupir avant d’interroger :

- Une idée de la façon dont on peut trouver ce coffre ? Si la porte est cachée, un sort ne suffira pas à la révéler.
- On fouille, répondit-il avec un haussement d’épaules.

Sans tarder, il ouvrit un à un les tiroirs du bureau et fouilla leur contenu. Gideon entreprit de tirer sur tous les livres de la bibliothèque. Emmeline décida de passer sa main sur le contour de chaque meuble, à la recherche d’une aspérité. Comme elle ne trouvait rien, elle éteignit sa baguette et tapota les murs en marmottant des sorts. Alors qu’elle passait sa baguette entre deux étagères, une petite décharge la secoua. Intriguée, elle recommença. Aucun doute, la magie se manifestait bien. Elle passa sa main sur le pan de bois. Lorsqu’elle arriva au niveau de ses hanches, ses doigts rencontrèrent une poignée invisible. Elle s’y agrippa fermement, un sourire ravi aux lèvres.

- Les garçons ! Appela-t-elle tout bas. J’ai trouvé !

Ils furent derrière elle en un instant. Sirius tint à vérifier qu’aucun sort d’alarme ne risquait de se déclencher, même si Emmeline lui fit remarquer que cela aurait probablement déjà été le cas. Lorsqu’il fut satisfait, elle prit une inspiration et appuya sur la poignée. Elle poussa vers l’avant, révélant une porte juste assez large pour laisser passer un homme de corpulence moyenne se tenant de côté. L’ouverture de la porte actionna un système d’éclairage ; des torches s’enflammèrent dans un chuintement et illuminèrent une volée de marches qui descendait en colimaçon. Les trois Sorciers s’y engagèrent en faisant attention à ne pas glisser. Lorsqu’elle arriva enfin en bas, Emmeline avait le tournis. Ils se trouvaient à présent devant une porte en bois, qui s’ouvrit sans difficulté. La jeune femme s’arrêta net dès qu’elle l’eut passée, sidérée. Des monceaux de gallions étaient empilés sous ses yeux. L’alignement des piles était parfois interrompu par la présence d’un coffre fermé à clef, qui devait contenir des bijoux ou toute autre richesse. Gideon poussa un sifflement admiratif, tandis que Sirius commentait :

- Sérieusement ? Le dernier rempart avant leur coffre-fort est une porte en bois ? Ça ne vous paraît pas trop…

Un claquement sourd interrompit sa phrase. Ils firent volte-face d’un même mouvement pour constater que la fameuse porte en bois avait disparu. A la place se trouvait un pan de mur lisse.

- … Facile, acheva-t-il dans un souffle.
***



- Donc c’est facile d’entrer, mais pas de ressortir, commenta Gideon d’une voix égale. A ton avis, ils vérifient leur coffre-fort combien de fois par an ?
- Autant que les Gobelins à Gringotts, probablement, murmura Sirius tout en faisant courir sa main sur le mur devant lui. J’imagine qu’on ne peut pas transplaner ?
- Oui, tu as raison, ils ont dû oublier d’avoir un cerveau et ils n’ont pas prévu que les voleurs sauraient transplaner, railla Emmeline.
- Oh, ça va ! Je cherche des solutions, d’accord !
- On n’a plus qu’à attendre les Lestrange, soupira Gideon en s’asseyant face aux monceaux de gallions.
- Peut-être qu’on peut détruire quand même leur argent, ajouta Emmeline, songeuse. On est sûr de mourir quand ils nous trouveront – ou alors avant – mais au moins ce sera fait.
- Personne ne va mourir, protesta Sirius.

Il était habituellement le plus pessimiste mais il refusait d’entraîner deux personnes dans la mort alors que c’était lui qui était chargé de la mission. Durant plusieurs minutes, il essaya tous les sorts qui lui vinrent à l’esprit, mais rien n’y fit. Il ne parvint qu’à brûler un peu les cheveux de Gideon à cause d’un sortilège qui ricocha contre le mur. A part cet intermède, Emmeline et Prewett passèrent leur temps à bavarder comme si tout allait bien. Sirius hésitait entre les houspiller et les laisser à leur fatalisme. Il se laissa finalement tomber devant la muraille, défait.

- Je n’y arrive pas, annonça-t-il.

Ses deux compères cessèrent de bavarder. Après un court instant de silence, Emmeline suggéra :

- On pourrait prévenir quelqu’un. On ne peut pas transplaner, mais un patronus peut certainement passer.

Sirius tiqua. Il n’aimait pas l’idée d’avouer sa défaite à quelqu’un d’extérieur à leur petit groupe, mais si c’était la seule solution, il mettrait son orgueil de côté. Ce n’était cependant pas le seul obstacle.

- On ne peut pas faire appel à n’importe qui.

Il ne développa pas sa pensée, mais les deux autres comprirent très bien. La menace du traître pesait toujours sur l’Ordre. Sirius ignorait si elle était réelle ou si Maugrey était seulement paranoïaque, mais quoi qu’il en soit il avait fini par les rendre tous extrêmement prudent.

- En plus, qui sait si la personne qu’on contactera ne sera pas en mission. C’était pour ça qu’on devait envoyer nos patronus au QG, avant.

Nouveau hochement de tête de la part des deux autres. Plus personne n’appelait à l’aide depuis que Peter avait envoyé un patronus à Fabian alors qu’il faisait une filature. Il avait été repéré et s’était échappé de justesse. Sirius se prit la tête entre les mains, désespéré. Ils allaient donc mourir ainsi, faits comme des rats dans le coffre-fort d’une famille de psychopathes, qui danseraient probablement sur leurs cadavres. Sa première mission en tant que chef était loin d’être un succès. Alors qu’il se creusait toujours la tête, une idée germa dans son esprit.

- Je pourrais prévenir James, lança-t-il.
- Potter ? s’étonna Gideon. Il n’est pas mis au secret, je ne sais où ?
- Si, mais il pourrait prévenir quelqu’un d’autre. Ce sera toujours plus facile pour lui de contacter l’extérieur que pour nous.
- Ça se tente, approuva Emmeline. C’est toujours mieux que rien.

Sans plus attendre, Sirius fit apparaître son patronus et lui dicta le message. Le grand chien bondit et s’évapora, libéré des contraintes physiques qui emprisonnaient son créateur. Lorsque les dernières étincelles de lumières eurent disparu, Sirius se laissa retomber au sol. Ils devaient à présent attendre, et c’était pire que tout.

***


James abattit ses cartes sur les tables avec un cri de triomphe. Lily grogna de frustration en réponse ; il gagnait encore.

- Je te déteste, annonça-t-elle alors qu’il s’accaparait son tas de jetons.
- Tu as proposé de jouer au poker à tes risques et périls, rétorqua-t-il. Tu sais bien que j’ai gagné une moto comme ça.
- En trichant, imbécile immoral.
- Ouch, tu me blesses, Lily.
- Tais-toi et distribue.
- Merlin, je ne savais pas que tu étais si mauvaise joueuse !
- Bon sang, James, je vais te…

Il se pencha par-dessus la table et l’embrassa avec enthousiasme pour couper court à ses insultes. Lorsqu’elle finit par le repousser, son front n’était plus plissé par l’exaspération.

- Tu triches encore, commenta-t-elle.
- J’use de mes charmes, c’est différent.

Un petit rire échappa à la jeune femme, et James se rassit, satisfait. Il commença à distribuer les cartes mais s’arrêta net lorsqu’une lueur bleutée envahit la pièce. Un patronus en forme de grand chien apparut au milieu de leur salon et James bondit sur ses pieds, paniqué. Il savait que la mission de Sirius avait lieu ce soir-là ; quelque chose avait dû mal se passer. Le chien ouvrit la gueule et la voix de son meilleur ami se répandit dans la pièce :

- Coincés dans le bureau, une pièce secrète au sous-sol. Envoie quelqu’un nous chercher, surtout qu’il reste dans l’escalier.

Le patronus se volatilisa sur ces mots. James tourna les yeux vers Lily, qui fronçait les sourcils.

- Qu’est-ce que ça veut dire ? De quoi il parle ?
- Il est au manoir Lestrange. Ils devaient piller le coffre-fort, j’imagine qu’il se trouve dans la pièce secrète mais qu’ils s’y sont retrouvés bloqués.
- Comment sais-tu qu’il est au manoir Lestrange ?

James passa une main dans ses cheveux avant de répondre d’une voix incertaine :

- Je l’ai aidé à préparer la mission.
- Pourquoi tu ne m’en as pas parlé ?

Il haussa les épaules. Il ne savait pas exactement lui-même ; il aimait l’idée de faire quelque chose uniquement avec Sirius. Il avait peur qu’elle s’énerve et le trouve trop impliqué dans la guerre. Lily pinça les lèvres, mais ne dit rien. Si elle était en colère contre lui, elle mit cela de côté pour se concentrer sur l’urgence de la situation.

- Donc tu connais tous les détails ?
- A peu près, oui.
- Est-ce qu’il faut se dépêcher de les aider ?
- Avant l’aube, en tout cas.
- Bon. Qui est-ce qu’on peut prévenir ?

Les mots franchirent les lèvres de James avant même qu’il n’ait eu le temps d’y penser :

- Personne.
- Quoi ? Tu veux les laisser là ?
- Non. Je vais y aller moi-même.

C’était parfait, songea-t-il. Il connaissait même le plan du manoir Lestrange, il trouverait le bureau sans trop de difficulté. Il ne perdrait pas de temps à tout expliquer à quelqu’un. Il sortirait de la maison.

- C’est hors de question.

La voix sèche de Lily le ramena à la réalité. Elle s’était levée à son tour et le dévisageait, furieuse.

- Tu ne peux pas y aller.
- Pourtant je vais le faire, rétorqua-t-il d’un ton cassant. C’est la meilleure solution.
- La meilleure solution ? Te jeter tout droit dans les bras d’un Mangemort ?
- Le Mangemort est absent.
- Merlin, James ! Ne joue pas au plus malin ! Tu as fini par être d’accord avec moi quand j’ai refusé que tu sortes faire un tour, tu crois vraiment que je vais accepter que tu ailles chez les Lestrange ?

Si James manquait de résolution, ces derniers mots achevèrent de le convaincre qu’il devait y aller.

- Je n’ai pas besoin de ton autorisation, grinça-t-il, les poings serrés. Je suis un grand garçon.

Lily leva les yeux au ciel, blême de rage.

- Toi, oui, mais pas Harry. On a déjà parlé de ça !
- Il n’est pas question de Harry, il est question de Sirius ! La dernière fois tu m’as dit que ce serait égoïste de sortir juste pour moi, mais ça n’a rien à voir avec moi cette fois-ci ! C’est la meilleure solution !
- Non ! La meilleure solution c’est que tu ne mettes pas ton fils en danger !
- Lily, plus on attend et plus grandes sont les chances que Sirius, Emmeline et Gideon se fassent coincer.
- Oui, répondit-elle sèchement, alors on ferait mieux de contacter quelqu’un maintenant plutôt qu’essayer de te raisonner.

Il donna un coup de pied de frustration dans le canapé avant de plonger ses yeux dans ceux de sa femme.

- J’y vais, Lily. C’est tout.

Il avait parlé d’un ton plus calme, ferme et résolu. Les joues de Lily se colorèrent de rouge, mais c’est d’une voix tout aussi calme qu’elle répondit :

- D’accord. Mais ne remets plus jamais les pieds ici.

Sans répondre, James fit volte-face, attrapa sa cape d’invisibilité à l’étage, s’assura qu’il avait bien sa baguette et, pour la première fois depuis des mois, franchit le portail du jardin.
cochyo

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Re: Lily & James [Harry Potter]

Message par cochyo »

Oh mais oui !! Mais non !! Allez vas y sans y aller !! ( je sais plus ce que je raconte)
Très bon chapitre !
Perripuce

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Re: Lily & James [Harry Potter]

Message par Perripuce »

Cazolie a écrit :DEVINEZ QUI EST DE RETOUR

Eh oui j'ai fini mon mémoire wouhouuuu, demain matin je commence à préparer l'agrégation d'histoire :mrgreen: :cry: J'espère que vous êtes en vacances et que vous en profitez, parce que moi pas :lol: Je prépare le CAPES mais j'essaie d'en profiter ahah BON SANG CE QU'IL FAIT CHAUD A TOULOUSE

Donc comme je le disais dans le message d'avant, mon but est de ponctuer ma prépa agreg ce mois-ci de séances d'écriture L&J pour... terminer la fanfiction pour de bon. Ca me fait trop bizarre haha
Plus de coupure jusqu'à la fin, normalement. Si je prends suffisamment d'avance je posterai peut-être même plus régulièrement, mais on verra. Enfin voilààà Ce sera si triste quand tu arrêteras de poster :cry: :cry: :cry:

Pour rappel (ça fait un mois quand même) : Margaret a quitté l'Angleterre, la maman de Remus est décédée des conséquences de son enlèvement par les Mangemorts deux mois plus tôt. Sirius prépare une mission contre les Lestrange et James l'a aidé à la préparer, complètement dans le dos de Lily. Il travaille aussi à la création d'un nouveau balai. On est au mois d'avril donc bébé Harry a huit mois à peu près.

Et bonne lecture :mrgreen:


Chapitre 20


Sirius détestait que des membres de l’Ordre lui rappelle que sa connaissance des familles Sang-Pur était un avantage Je comprends parfaitement. Cela lui donnait toujours l’impression qu’ils le considéraient un peu comme l’ennemi. Quand Maugrey l’avait approché pour lui parler de son nouveau plan, Sirius avait commencé par faire la sourde oreille. Il se fichait de la fortune des Lestrange et de celle des Malefoy, de leurs manoirs et de la volonté de Maugrey de les priver de leur fortune. Quoi que c'est une bonne idée, mais ne faudrait-il pas voir du côté de Gringrott?

C’était James qui l’avait convaincu. James, qui avait toujours cru en lui. Ils en avaient longuement discuté et Sirius avait finalement accepté de faire remonter à la surface tous ses souvenirs d’enfance pour aider Maugrey dans son plan délirant. Il lui avait décrit autant que possible les manoirs Malefoy et Lestrange. Maugrey avait désigné Emmeline Vance et Gideon Prewett pour l’aider dans sa tâche.

Sirius leva les yeux sur la maison biscornue devant laquelle il venait de s’arrêter. Un petit écriteau planté dans le jardin mal entretenu indiquait « Le Terrier » OOOOOOH <3 . Amusé, Sirius poussa la barrière et alla frapper à la porte d’entrée. Elle s’ouvrit toute seule et il avança prudemment dans une grande cuisine encombrée d’une table en bois en son milieu. Une multitude de chaises hautes pour enfant l’entouraient Mon dieu quelle horreur ça doit être d'avoir tant d'enfant en bas âge :o :o :o En plus Molly doit être enceinte de Ginny non?
D'ailleurs je me suis faite la réflexion en relisant le 5 que c'est surprenant que Ron et les jumeaux n'aient aucune réaction quand le Mangemort qui a tué leurs oncles est libéré - et plus généralement qu'on ne parle jamais de Fabian et Gideon, alors qu'ils étaient les frères ainés de Molly et tout ...
. Gideon était assis entre deux d’entre elles. Il leva à peine les yeux vers lui avant de lui faire signe de s’asseoir.

- Désolé, je termine juste cette lettre, marmonna-t-il. Voilà, c’est bon. Ma sœur tient à ce que je lui écrive pour lui assurer que la maison n’a pas explosé. Oh triste je voulais voir Molly moi :cry:
- Ils sont en vacances ? Interrogea Sirius tout en fouillant la cuisine du regard.

Les plans de travail étaient bien rangés, les placards couverts de dessins d’enfants. Il pouvait apercevoir le salon, qui semblait être un endroit où il faisait bon vivre.

- Ouais. Ils en profitent, tant que les enfants ne sont pas à Poudlard. Ils sont allés en Irlande. Mon dieu la tribu qui débarque
- Ils savent que tu utilises leur maison pour préparer des mission suicidaires ?
- Absolument pas. J'aimerais bien voir la réaction de Molly si c'était le cas :lol:
- Ah, parfait.
- Bon, s’exclama Gideon en repoussant son nécessaire à correspondance, on commence ?
- On attend Vance.
- Ah. Maugrey m’a dit que vous aviez préparé un peu la mission en amont ?
- Il m’a torturé, oui, grommela Sirius. Tu n’imagines pas le temps qu’on a passé enfermé dans le Snargalouf pour qu’il me fasse passer des interrogatoires.

Gideon haussa un sourcil roux tout en attirant à lui une boîte de cookies.

- A quel sujet ?
- Mes souvenirs d’enfance. Je n’en ai pas assez à son goût. J’ai bien cru que j’allais l’étrangler, le dernier jour. Il a prétendu que je ne faisais pas assez d’effort. Je lui ai répondu qu’il pouvait aller se faire…
- Salut les garçons ! :lol: :lol: :lol: :lol:

Sirius laissa sa phrase inachevée et salua Emmeline, qui semblait d’humeur guillerette. Elle tira une chaise près de lui et s’exclama joyeusement :

- Alors, contre qui est-ce qu’on tente une attaque foireuse, cette fois-ci ? J'aime vraiment beaucoup ton Emmeline ahah
- Maugrey ne t’a pas du tout dit de quoi il s’agissait ? s’étonna Sirius.
- Non, il était pressé. Il m’a dit un truc genre « Mission, dangereux, vois avec Gideon, salut ». Et puis il est parti.
- On peut toujours compter sur lui pour l’organisation, râla Sirius. Pas étonnant que l’Ordre parte à vau-l’eau.
- En même temps, ce type gère toute la défense de la Grande-Bretagne pratiquement à lui tout seul, intervint Gideon. Difficile de lui en vouloir.
- Il a le droit de déléguer, rétorqua Sirius. On parle de Maugrey mon gars, le master de la paranoïa
- C’est ce qu’il fait. C’est pour ça qu’on est là, non ? J’ai cru comprendre que le Bureau des Aurors gérait le manoir Malefoy pendant qu’on s’occupait de celui des Lestrange.

Sirius ne trouva rien à répondre et Emmeline lui jeta un regard amusé pour lui signifier qu’il avait perdu. Il grogna et entreprit de fouiller dans son sac sans rien ajouter. Il en sortit des parchemins enroulés qu’il entreprit de déplier sur la table. Emmeline et Gideon l’aidèrent en les maintenant à plat avec des verres et des bols vides Comme James avec ses plans de balais. Quand tout fut étalé, Sirius considéra un instant ses plans, les poings sur les hanches. C’était la première fois qu’il montait une opération tout seul (enfin, avec l’aide de James) et il espérait ne pas avoir fait de bêtise.

- On doit agir dans cinq jours.
- Cinq jours ? s’insurgea Emmeline. Tu ne pouvais pas nous prévenir plus tôt ?
- Maugrey a imposé le délai. Pour éviter les fuites.

La jeune femme grommela, agacée. Gideon ne les écoutait même pas, trop occupé à regarder un plan du manoir Lestrange.

- Ne vous en faites pas, tout est déjà prévu. Si on est là, c’est pour que je vous mette au courant de l’opération et qu’on vérifie ensemble qu’il n’y a pas de faille.
- Bon, céda Emmeline. Vas-y, c’est quoi le plan ?
- Comme la plupart des familles Sang-Purs, les Lestrange gardent tout leur argent chez eux. C'est à cause de l'intrusion qu'après elle va tout mettre dans son coffre, Bellatrix?
- Qu’est-ce que c’est ce que cette lubie encore ? Coupa-t-elle. Tout le monde sait qu’il n’y a pas d’endroit plus sûr que Gringotts.
- Peut-être, mais Gringotts est tenu par les gobelins, et ils sont considérés comme inférieurs. Mais quels imbéciles ...
- Eh, intervint Gideon, vous savez pourquoi les Sorciers détestent les Gobelins ?

Sirius haussa un sourcil perplexe dans sa direction. Le grand roux souriait, l’air fier de lui.

- Non, Gid, pourquoi ? Soupira Emmeline, atterrée.
- Parce qu’ils leur cherchent des noises ! Hahahahaha. Je suis morte de rire.

Il se mit à rire tout seul alors que Sirius tentait de retenir un sourire. Il se rappelait très bien du jour où Peter leur avait sorti cette blague, durant leur première année à Poudlard Mais elle a pas été sortie chez Anna', celle la? Genre son Bonus sur l'épisode de Rogue et du Saule Cogneur, tout ça ... . C’était l’une des premières fois que le petit blond, maladivement timide, ouvrait la bouche dans le dortoir.

- Je peux continuer ? reprit-il.

Gideon hocha la tête, mais il gloussait toujours.

- Bref, les Sang-Purs, et en particulier ceux qu’on va affronter, estiment que les Gobelins ne sont pas dignes de garder leur argent et qu’ils peuvent très bien le faire tous seuls. Quelle arrogance. ça tuera toujours.
- Présenté comme ça, c’est assez logique, admit Emmeline. Leur arrogance n’est pas une nouveauté.
- En effet. D’après mes souvenirs, les Lestrange ont une chambre forte au sous-sol du manoir. Je ne l’ai évidemment jamais vue, mais j’ai entendu le père de Rodolphus et Rabastan en parler au mien. Si mes souvenirs sont bons, il lui expliquait qu’il faisait venir de temps à autre un Briseur de sorts privé pour vérifier la sécurité de son coffre.
- Et chez les Black, intervint soudain Emmeline, vous mettez votre argent à Gringotts ?

Sirius se tendit. Il dut combattre l’envie de répondre sèchement à la jeune femme, même s’il savait bien qu’elle ne pensait pas à mal.

- L’argent, oui. La maison n’est pas assez grande pour aménager un coffre fort Ah bon? Surprenant. Mais les Black préfèrent gardent toute leur bijouterie et autres objets de valeur chez eux. Comme le médaillon

A son plus grand soulagement, elle n’insista pas et demanda simplement :

- Tu sais quels sorts entourent le coffre-fort ?
- J’ai demandé son avis à Fabian, intervint Gideon. Il m’a dressé une liste. J’ai cru qu’il n’allait jamais arrêter de parler. :lol: :lol: :lol:

Les deux autres sourirent, amusés.

- Ça ne garantie rien, mais ça nous laisse une base assez solide sur laquelle travailler.
- Merci, Prewett. On regardera ça plus tard, il faut qu’on trouve les contre-sorts. Enfin, avant d’attendre le coffre il faut qu’on entre dans le manoir.
- Qui habite là-bas ? Demanda Emmeline.
- Le vieux Lestrange est mort il y a des années, mais sa femme vit toujours et elle habite là-bas. Rodolphus et ma charmante cousine Bellatrix vivent normalement là-bas, mais a priori ils passent le plus clair de leur temps dans des QG Mangemorts. Pareil pour Rabastan.
- Donc on ne devra affronter qu’une vieille Sorcière ? Hep Hep Hep, Dalwish aussi a sous-estimé une vieille sorcière : on sait tous qui est sorti vainqueur de son duel avec Augusta.
- En principe, oui. Ça veut dire qu’on peut réussir à s’introduire dans les lieux sans qu’on nous repère.
- Gare aux elfes de maison, commenta Gideon, flegmatique. Mouahahahahhahahahahaha

Sirius se fit la réflexion qu’il ne l’avait jamais vu aussi détendu ; il était bien différent lorsqu’il n’était pas lui-même en charge de la mission. Moins de pression

- Effectivement. Ils peuvent être d’une loyauté écœurante, conclut-il en pensant avec dégoût au vieux Kreattur, qui vénérait Regulus. Et sa mère
- C’est noté. Et ensuite, on fait quoi ?
- On fait sauter les sorts autour du coffre en espérant ne pas mourir, et on met tout le contenu là-dedans.

Il exhiba une bourse en cuir capable de tenir dans une poche. Gideon haussa un sourcil sceptique.

- Il y a un sortilège d’extension indétectable, d’accord. Mais on est censés mettre les gallions là-dedans un à un ?
- Maugrey m’a dit qu’un type du Département des Mystères l’avait trafiqué pour qu’elle aspire tout objet qui se trouve devant-elle. Tant que personne ne se trouve devant au mauvais moment, ça va bien se passer. :lol: :lol: :lol:
- On passe à l’attaque à quelle heure ?
- Vingt-heures. La Ministre donne une conférence de presse à ce moment-là, Maugrey s’en sert comme appât.
- Sympa pour la Ministre.
- Apparemment ça lui convient. Je suis à peu près certain que les protections sont concentrées sur l’entrée du parc. On devrait entrer dans la maison sans problème, c’est la grille principale le problème. Il faudra être prudent, ce serait bête de déclencher une alarme.

Les deux autres hochèrent la tête. Ils continuèrent à parler des détails de l’affaire pendant encore un moment, réglèrent quelques détails et étudièrent la liste de sortilèges fournies par Fabian. Ils se donnèrent finalement rendez-vous le lendemain pour travailler sur les contre-sorts puis chacun rentra chez soi.

Affalé dans son canapé, à Cambridge, Sirius soupira de soulagement. Il n’avait pas réalisé à quel point cette réunion l’angoissait. Il avait craint que Gideon démonte son plan et le traite d’incapable. Mener une opération était bien plus angoissant qu’il ne l’avait imaginé. Néanmoins, il aimait plutôt ça. Etre maître de ses faits et gestes plutôt que suivre aveuglément Gideon ou Benjy était un agréable changement. Oui, somme toute, il était satisfait. A présent, il avait hâte de dérober toutes leurs richesses aux Lestrange. ça doit avoir un côté jouissif, je comprends :lol:

***


Emmeline se pencha sur le lit et déposa un baiser sur les lèvres entrouvertes de Benjy Mwooooooooh. Il grommela, plissa ses paupières fermées puis ouvrit un œil.

- Je vais devoir y aller, murmura-t-elle.
- Déjà ? Croassa-t-il
- Ça fait deux heures que tu dors, répondit-elle avec un petit sourire moqueur, tout en chassant quelques mèches de cheveux de son front.

Il grommela et se redressa avant de se frotter les yeux.

- Pas dormi la nuit dernière.
- Je sais bien. Je rentre ce soir, de toute façon. Ce n’est pas une mission dangereuse. C'est ce que tu crois

L’air soudain tout à fait réveillé, Benjy fronça les sourcils.

- Toutes les missions sont dangereuses, Em.

Elle haussa les épaules.

- Si tu le dis.

Il lui adressa un regard peu amène, qu’elle ignora en l’embrassant. Il glissa une main dans sa nuque et retint son visage contre le sien. Emmeline avait encore un peu de temps devant elle ; elle se laissa attirer un peu plus sur le lit, jusqu’à basculer sur lui avec un petit rire. Il y avait toujours eu cette possibilité entre eux, mais le drame qu’avait été la vie de Benjy puis la guerre les avaient tenus éloignés. Emmeline aurait pu passer outre, mais Benjy jugeait que ce n’était pas le moment. Ils s’étaient embrassés quelques fois, des soirs de détresse, des nuits où ils noyaient leur désespoir dans l’alcool, mais Benjy s’était toujours enfui juste après. En revanche, elle ne comptait le nombre de nuits qu’elle avait passé dans ses bras. Juste pour ces nuits, elle s’était accrochée. Elle avait compris que l’indifférence de Benjy n’était qu’une façade, que, dans le fond, il avait autant besoin de cette tendresse qu’elle. C'est mignon ce petit paragraphe comme rappel de leur histoire, c'est vrai qu'on les voit régulièrement mais peu et ça fait du bien de voir d'autres sortes d'histoires d'amour que celles de Lily et James.
Bon, même si c'est d'autant plus cruel quand on sait ce que va devenir Benjy


Puis un soir, quelques semaines auparavant, il lui avait dit qu’il en avait assez d’attendre. Que la guerre ne semblait pas proche de s’arrêter, et qu’il l’aimait trop pour rester plus longtemps loin d’elle. Emmeline n’avait pas eu besoin de plus d’encouragement. La situation était toujours aussi désastreuse pour l’Ordre. L’étau se resserrait autour du Ministère. Mais au moins, ils étaient ensemble.

- Il faut que j’y aille, souffla-t-elle finalement sans pouvoir réprimer le sourire qui montait sur ses lèvres.
- S’il t’arrive quelque chose, je butte Black, prévint-il. :lol: :lol: :lol:
- N’importe quoi, gros macho, rit-elle. S’il m’arrive quelque chose, ce sera de ma faute et pas de celle de Sirius. Je n’ai pas besoin qu’un gamin me surveille.

Benjy grommela quelque chose d’incompréhensible. Elle plaqua un dernier baiser sur ses lèvres puis s’extirpa du lit. Sans s’autoriser un regard en arrière, elle attrapa sa baguette, se drapa dans sa cape et quitta son appartement londonien. Elle transplana dans le Dorset quelques minutes plus tard.

L’air de la mer la frappa en plein visage. Elle avait oublié que le Dorset, comme les Cornouailles, était en bord de mer. Elle n’avait pas remis les pieds sur le littoral de la Manche depuis que le QG avait brûlé. Cette odeur iodé lui avait manqué… Moi aussi j'adore la mer. Le vent glacial, beaucoup moins. Pour se réchauffer, elle entama sa marche vers l’emplacement indiqué par Sirius. Il leur avait donné les coordonnées exactes, qu’elle parvint à suivre grâce à sa baguette. Il faisait déjà nuit, aussi n’eut-elle pas besoin de prendre trop de précaution pour se cacher.

Les Lestrange étant une famille en vue, l’emplacement de leur manoir était connu du monde sorcier. S’il était protégé, il n’était pas caché. Emmeline l’aperçut dans les rayons de la lune gibbeuse ; il s’agissait d’une grande bâtisse d’un seul bloc, au toit et à la façade ornés avec goût. Emmeline était presque déçue ; c’était bien moins grand que le QG, et loin d’être aussi arrogant ou glauque qu’elle ne l’imaginait. Que des gens si cruels puissent avoir du goût et une aussi jolie maison était agaçant. Cette réflexion m'a tuée :lol: :lol: :lol: :lol:

- Vance ! Siffla une voix dans un murmure pressant. Arrête de bailler aux corneilles !

Elle fit volte-face, aperçut les deux garçons accroupis derrière un buisson et s’empressa de les rejoindre.

- Bien joué pour la discrétion, marmonna Gideon.
- Oh, ça va. Il n’y a aucune lumière aux fenêtres.
- Si, intervint Sirius, à l’arrière. Probablement la cuisine.
- Elfe de maison ?
- Sans doute. Je ne pense pas que la vieille douairière mette les pieds dans cette pièce. Pas assez digne pour elle. :lol: :lol:
- Où se trouve l’entrée du coffre-fort ? Demanda-t-elle.
- Je ne l’ai jamais vu, mais je suis à peu près sûr que c’est dans le bureau.

Sirius se pencha un peu et désigna une fenêtre sur la droite du bâtiment, au rez-de-chaussée.

- Je pense que c’est là. Au pire, explorer ne devrait pas être trop difficile. Il faut qu’on passe la grille d’abord.

Emmeline l’avait oubliée, obnubilée par le manoir. Pourtant elle était bien là : une haute grille de cinq mètres de hauteur en fer forgé, qui devenait ensuite une barrière d’environ deux mètres de haut. Elle encadrait le bâtiment puis allait se perdre dans les bois qui se trouvaient derrière la maison.
Sans attendre les instructions de Sirius, Gideon leva sa baguette vers la barrière. Une lueur violacée se répandit tout autour du manoir pendant un bref instant.

- Et c’est toi qui parlais de discrétion ? Commenta Emmeline.
- Fabian n’avait rien de mieux à proposer, répliqua-t-il. Les autres sorts de reconnaissance implique qu’on touche l’objet, et en l’occurrence ça risquerait de déclencher une alarme.

Emmeline hocha la tête sans rétorquer ; elle s’en remettait à l’expertise de Fabian. A côté d’elle, Sirius était en train de griffonner un parchemin.

- Qu’est-ce que tu fais ?
- Fabian nous a dit que la couleur qui apparaîtrait nous révélerait le type de sortilèges qui entourent la maison, expliqua-t-il. C’était du violet, donc mélange de rouge et de bleu. Ça veut dire qu’il y a à la fois des sortilèges de protection et des sorts d’attaque. Je suis en train de les lister. J'adore quand tu parles de magie, c'est fascinant.

Il leur fallut au moins une demi-heure pour venir à bout de toute la magie qui protégeait la barrière. S’ils n’avaient pas été trois, ils n’auraient jamais réussi : Emmeline était épuisée alors qu’elle n’avait fait qu’un tiers du travail. Enfin, le sortilège de détection ne déclencha aucune lueur autour de la maison. Les trois Sorciers poussèrent la grille prudemment ; rien ne se produisit. Cachés par la nuit, ils progressèrent jusqu’à la porte d’entrée qui n’était évidemment pas verrouillée. Le manoir était silencieux. Impossible de savoir s’il y avait toujours quelqu’un dans la cuisine, car la pièce se trouvait de l’autre côté du bâtiment. Sans tarder, ils traversèrent l’entrée puis un salon dont Emmeline ne put rien deviner. Elle aurait payé cher pour savoir à quoi ressemblait l’intérieur des Lestrange.

Sirius menait l’exploration. A la tête du groupe, il ouvrait précautionneusement les portes les unes après les autres, non sans avoir vérifié de la pointe de sa baguette qu’aucun sort de protection ne se trouvait derrière. Arrivé au bout d’un couloir, il murmura finalement :

- On a trouvé le bureau.

Il s’empressa d’entrer, suivi des deux autres. Une fois la porte refermée, ils allumèrent leur baguette magique. C’était un bureau très classique et austère ; les murs étaient couvertes d’étagères chargées de livres, un grand bureau occupait l’espace face à une cheminée où rougeoyaient encore quelques braises. Une photo de famille surplombait celle-ci. Emmeline s’en approcha, les sourcils froncés. Ce n’était pas l’un de ces clichés fait pour réchauffer le cœur, mais une photo où chacun posait, l’air guindé et sérieux, autour d’un grand tableau qui représentait les armes de la famille. Parce que c'est le plus important. Les armes familiales.

- Emmeline ! Siffla Sirius. On n’est pas là pour faire du tourisme !

Elle se détourna avec un soupir avant d’interroger :

- Une idée de la façon dont on peut trouver ce coffre ? Si la porte est cachée, un sort ne suffira pas à la révéler.
- On fouille, répondit-il avec un haussement d’épaules.

Sans tarder, il ouvrit un à un les tiroirs du bureau et fouilla leur contenu. Gideon entreprit de tirer sur tous les livres de la bibliothèque. Emmeline décida de passer sa main sur le contour de chaque meuble, à la recherche d’une aspérité. Comme elle ne trouvait rien, elle éteignit sa baguette et tapota les murs en marmottant des sorts. Alors qu’elle passait sa baguette entre deux étagères, une petite décharge la secoua. Intriguée, elle recommença. Aucun doute, la magie se manifestait bien. Elle passa sa main sur le pan de bois. Lorsqu’elle arriva au niveau de ses hanches, ses doigts rencontrèrent une poignée invisible. Elle s’y agrippa fermement, un sourire ravi aux lèvres.

- Les garçons ! Appela-t-elle tout bas. J’ai trouvé ! J'adore comment elle dit "les garçons", c'est trop drôle, ça fait la mère qui s'occupent de ses enfants

Ils furent derrière elle en un instant. Sirius tint à vérifier qu’aucun sort d’alarme ne risquait de se déclencher, même si Emmeline lui fit remarquer que cela aurait probablement déjà été le cas. Lorsqu’il fut satisfait, elle prit une inspiration et appuya sur la poignée. Elle poussa vers l’avant, révélant une porte juste assez large pour laisser passer un homme de corpulence moyenne se tenant de côté. L’ouverture de la porte actionna un système d’éclairage ; des torches s’enflammèrent dans un chuintement et illuminèrent une volée de marches qui descendait en colimaçon. Les trois Sorciers s’y engagèrent en faisant attention à ne pas glisser. Lorsqu’elle arriva enfin en bas, Emmeline avait le tournis. Ils se trouvaient à présent devant une porte en bois, qui s’ouvrit sans difficulté. La jeune femme s’arrêta net dès qu’elle l’eut passée, sidérée. Des monceaux de gallions étaient empilés sous ses yeux. L’alignement des piles était parfois interrompu par la présence d’un coffre fermé à clef, qui devait contenir des bijoux ou toute autre richesse. Gideon poussa un sifflement admiratif, tandis que Sirius commentait :

- Sérieusement ? Le dernier rempart avant leur coffre-fort est une porte en bois ? Ça ne vous paraît pas trop…

Un claquement sourd interrompit sa phrase. Ils firent volte-face d’un même mouvement pour constater que la fameuse porte en bois avait disparu. A la place se trouvait un pan de mur lisse. :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: Et miiiiiince

- … Facile, acheva-t-il dans un souffle.
***



- Donc c’est facile d’entrer, mais pas de ressortir, commenta Gideon d’une voix égale. A ton avis, ils vérifient leur coffre-fort combien de fois par an ?
- Autant que les Gobelins à Gringotts, probablement, murmura Sirius tout en faisant courir sa main sur le mur devant lui. J’imagine qu’on ne peut pas transplaner ?
- Oui, tu as raison, ils ont dû oublier d’avoir un cerveau et ils n’ont pas prévu que les voleurs sauraient transplaner, railla Emmeline.
- Oh, ça va ! Je cherche des solutions, d’accord !
- On n’a plus qu’à attendre les Lestrange, soupira Gideon en s’asseyant face aux monceaux de gallions.
- Peut-être qu’on peut détruire quand même leur argent, ajouta Emmeline, songeuse. On est sûr de mourir quand ils nous trouveront – ou alors avant – mais au moins ce sera fait.
- Personne ne va mourir, protesta Sirius.

Il était habituellement le plus pessimiste mais il refusait d’entraîner deux personnes dans la mort alors que c’était lui qui était chargé de la mission ça change vraiment d'être le chargé de mission dis donc. . Durant plusieurs minutes, il essaya tous les sorts qui lui vinrent à l’esprit, mais rien n’y fit. Il ne parvint qu’à brûler un peu les cheveux de Gideon à cause d’un sortilège qui ricocha contre le mur. A part cet intermède, Emmeline et Prewett passèrent leur temps à bavarder comme si tout allait bien. Sirius hésitait entre les houspiller et les laisser à leur fatalisme. Il se laissa finalement tomber devant la muraille, défait.

- Je n’y arrive pas, annonça-t-il.

Ses deux compères cessèrent de bavarder. Après un court instant de silence, Emmeline suggéra :

- On pourrait prévenir quelqu’un. On ne peut pas transplaner, mais un patronus peut certainement passer.

Sirius tiqua. Il n’aimait pas l’idée d’avouer sa défaite à quelqu’un d’extérieur à leur petit groupe, mais si c’était la seule solution, il mettrait son orgueil de côté. Ce n’était cependant pas le seul obstacle.

- On ne peut pas faire appel à n’importe qui.

Il ne développa pas sa pensée, mais les deux autres comprirent très bien. La menace du traître pesait toujours sur l’Ordre. Peter t'es un sale petit emmerdeur. Sirius ignorait si elle était réelle ou si Maugrey était seulement paranoïaque, mais quoi qu’il en soit il avait fini par les rendre tous extrêmement prudent.

- En plus, qui sait si la personne qu’on contactera ne sera pas en mission. C’était pour ça qu’on devait envoyer nos patronus au QG, avant.

Nouveau hochement de tête de la part des deux autres. Plus personne n’appelait à l’aide depuis que Peter avait envoyé un patronus à Fabian alors qu’il faisait une filature. Il avait été repéré et s’était échappé de justesse.Décidément t'es vraiment un blaireau mon petit gars. Sirius se prit la tête entre les mains, désespéré. Ils allaient donc mourir ainsi, faits comme des rats dans le coffre-fort d’une famille de psychopathes, qui danseraient probablement sur leurs cadavres. Sa première mission en tant que chef était loin d’être un succès. Alors qu’il se creusait toujours la tête, une idée germa dans son esprit.

- Je pourrais prévenir James, lança-t-il.
- Potter ? s’étonna Gideon. Il n’est pas mis au secret, je ne sais où ?
- Si, mais il pourrait prévenir quelqu’un d’autre. Ce sera toujours plus facile pour lui de contacter l’extérieur que pour nous.
- Ça se tente, approuva Emmeline. C’est toujours mieux que rien.

Sans plus attendre, Sirius fit apparaître son patronus et lui dicta le message. Le grand chien bondit et s’évapora, libéré des contraintes physiques qui emprisonnaient son créateur. Lorsque les dernières étincelles de lumières eurent disparu, Sirius se laissa retomber au sol. Ils devaient à présent attendre, et c’était pire que tout.

***


James abattit ses cartes sur les tables avec un cri de triomphe. Lily grogna de frustration en réponse ; il gagnait encore.

- Je te déteste, annonça-t-elle alors qu’il s’accaparait son tas de jetons. Ce n'est pas un scoop.
- Tu as proposé de jouer au poker à tes risques et périls, rétorqua-t-il. Tu sais bien que j’ai gagné une moto comme ça.
- En trichant, imbécile immoral. Comme Jack pour monter sur le Titanic ahah
- Ouch, tu me blesses, Lily.
- Tais-toi et distribue.
- Merlin, je ne savais pas que tu étais si mauvaise joueuse ! C'est fou ce qu'on en apprend avec le mariage.
- Bon sang, James, je vais te…

Il se pencha par-dessus la table et l’embrassa avec enthousiasme pour couper court à ses insultes. Lorsqu’elle finit par le repousser, son front n’était plus plissé par l’exaspération.

- Tu triches encore, commenta-t-elle. C'est de la triche agréable pour le coup ahah
- J’use de mes charmes, c’est différent.

Un petit rire échappa à la jeune femme, et James se rassit, satisfait. Il commença à distribuer les cartes mais s’arrêta net lorsqu’une lueur bleutée envahit la pièce. Un patronus en forme de grand chien apparut au milieu de leur salon et James bondit sur ses pieds, paniqué. Il savait que la mission de Sirius avait lieu ce soir-là ; quelque chose avait dû mal se passer. Le chien ouvrit la gueule et la voix de son meilleur ami se répandit dans la pièce :

- Coincés dans le bureau, une pièce secrète au sous-sol. Envoie quelqu’un nous chercher, surtout qu’il reste dans l’escalier.

Le patronus se volatilisa sur ces mots. James tourna les yeux vers Lily, qui fronçait les sourcils.

- Qu’est-ce que ça veut dire ? De quoi il parle ?
- Il est au manoir Lestrange. Ils devaient piller le coffre-fort, j’imagine qu’il se trouve dans la pièce secrète mais qu’ils s’y sont retrouvés bloqués.
- Comment sais-tu qu’il est au manoir Lestrange ? Ta-tata, tu es grillé.

James passa une main dans ses cheveux avant de répondre d’une voix incertaine :

- Je l’ai aidé à préparer la mission.
- Pourquoi tu ne m’en as pas parlé ?

Il haussa les épaules. Il ne savait pas exactement lui-même ; il aimait l’idée de faire quelque chose uniquement avec Sirius. Je comprends parfaitement le côté qu'il voulait avoir ses petits secrets Il avait peur qu’elle s’énerve et le trouve trop impliqué dans la guerre. Lily pinça les lèvres, mais ne dit rien. Si elle était en colère contre lui, elle mit cela de côté pour se concentrer sur l’urgence de la situation.

- Donc tu connais tous les détails ?
- A peu près, oui.
- Est-ce qu’il faut se dépêcher de les aider ?
- Avant l’aube, en tout cas.
- Bon. Qui est-ce qu’on peut prévenir ?

Les mots franchirent les lèvres de James avant même qu’il n’ait eu le temps d’y penser :

- Personne.
- Quoi ? Tu veux les laisser là ?
- Non. Je vais y aller moi-même.Mais quel imbécile. MAIS QUEL IMBECILE.

C’était parfait Non ce n'est pas PARFAIT DU TOUT , songea-t-il. Il connaissait même le plan du manoir Lestrange, il trouverait le bureau sans trop de difficulté. Il ne perdrait pas de temps à tout expliquer à quelqu’un. Il sortirait de la maison.

- C’est hors de question.

La voix sèche de Lily le ramena à la réalité. Elle s’était levée à son tour et le dévisageait, furieuse.

- Tu ne peux pas y aller. TU ENTENDS TU NE PEUX PAS
- Pourtant je vais le faire, rétorqua-t-il d’un ton cassant. C’est la meilleure solution.
- La meilleure solution ? Te jeter tout droit dans les bras d’un Mangemort ? Qui te livrera à Voldemort qui va détruire ton bébé !
- Le Mangemort est absent. Et qu'est-ce que tu en sais?
- Merlin, James ! Ne joue pas au plus malin ! Tu as fini par être d’accord avec moi quand j’ai refusé que tu sortes faire un tour, tu crois vraiment que je vais accepter que tu ailles chez les Lestrange ?

Si James manquait de résolution, ces derniers mots achevèrent de le convaincre qu’il devait y aller. Etrangement

- Je n’ai pas besoin de ton autorisation, grinça-t-il, les poings serrés. Je suis un grand garçon. Tu es surtout un père et tu as un petit garçon à protéger !

Lily leva les yeux au ciel, blême de rage.

- Toi, oui, mais pas Harry. On a déjà parlé de ça !
- Il n’est pas question de Harry, il est question de Sirius ! La dernière fois tu m’as dit que ce serait égoïste de sortir juste pour moi, mais ça n’a rien à voir avec moi cette fois-ci ! C’est la meilleure solution !
- Non ! La meilleure solution c’est que tu ne mettes pas ton fils en danger ! Je suis tellement team Lily :lol: :lol: :lol:
- Lily, plus on attend et plus grandes sont les chances que Sirius, Emmeline et Gideon se fassent coincer.
- Oui, répondit-elle sèchement, alors on ferait mieux de contacter quelqu’un maintenant plutôt qu’essayer de te raisonner.

Il donna un coup de pied de frustration dans le canapé avant de plonger ses yeux dans ceux de sa femme.

- J’y vais, Lily. C’est tout.

Il avait parlé d’un ton plus calme, ferme et résolu. Les joues de Lily se colorèrent de rouge, mais c’est d’une voix tout aussi calme qu’elle répondit :

- D’accord. Mais ne remets plus jamais les pieds ici. Est-ce que j'ai dit à quel point cette phrase était violente? Bah bon sang qu'elle est violente.

Sans répondre, James fit volte-face, attrapa sa cape d’invisibilité à l’étage, s’assura qu’il avait bien sa baguette et, pour la première fois depuis des mois, franchit le portail du jardin.
C'était un super chapitre, j'étais contente de retrouver des gens comme Emmeline et Benjy et de revoir Sirius à l'action ! Mais bon comme c'est les derniers chapitres où on pleure pas on profite à fond de chaque trace d'humour ... A plus !
Cazolie

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Re: Lily & James [Harry Potter]

Message par Cazolie »

Coucou ! Perri, cochyo, mille mercis pour les commentaires ! Vous êtes au top :mrgreen: Et encore un merci à Perri pour sa relecture, pas besoin de recommenter pour toi :p J'espère que cette version te convient mieux sur la fin ! J'en suis pas hyper convaincue mais j'avais pas envie de tout réécrire haha

Chapitre 21

James ne s’était pas senti aussi libre depuis des mois. Les nuits d’avril étaient encore fraîches ; l’air froid lui piquait la peau et semblait réveiller tout son corps engourdi par sept mois d’hibernation. Plongé dans son euphorie, il ne songeait même pas à Lily et aux derniers mots qu’elle lui avait jetés. Rien d’autre n’importait que la liberté. Plusieurs fois au cours des derniers mois il avait cru aller bien. Quand tout se passait bien avec Lily, quand il avait découvert sa passion pour la conception de balais… Mais maintenant qu’il était enfin dehors, il se rendait compte qu’il n’irait bien que lorsqu’il serait libéré de cette maison.

Il traversa Godric’s Hollow à grandes enjambées libératrices et, une fois dans le bois, transplana au manoir Lestrange. Il connaissait les étapes du plan par cœur, ainsi que le plan approximatif de la maison. Arrivé devant la grille, il lui fallut un instant pour retrouver la formule du sort de détection de sortilèges. Il n’avait pas exercé de magie complexe depuis longtemps. Même avec les balais, tout ce qu’il avait fait jusque-là était purement théorique. Il trouva finalement et put constater que tous les sorts de protection jetés sur la grille avaient bien été levés. Toujours sous la cape, il avança le long de l’allée qui menait à la porte d’entrée. Des mauvais souvenirs de l’attaque sur ce qu’ils pensaient être le QG des Mangemorts lui revinrent à l’esprit. Après sept mois passés au calme, il avait du mal à croire qu’ils aient vécu tant de choses.

Une fois à l’intérieur, il trouva sans mal le bureau. Il n’avait relevé aucun signe de présence. Eusse été le cas, il aurait été capable de s’en sortir. Après tout, il avait passé une bonne partie de sa scolarité à s’échapper sous le nez de ses professeurs. Mais c’était une fois dans le bureau que les difficultés commençaient. Sirius avait simplement indiqué : « coincés dans le bureau, une pièce secrète au sous-sol ». Un début de panique s’empara de lui lorsqu’il songea que, peut-être, il ne trouverait jamais le mécanisme d’ouverture du passage secret. Il s’empressa de le chasser : il allait réussir, rentrer, et prouver à Lily qu’il pouvait sortir sans entraîner leur mort à tous. Par ailleurs, c’était un défi à la hauteur de son passé de Maraudeurs. Lorsqu’ils étaient en deuxième année, ils avaient passé un certain temps à tirer sur des mains d’armures ou à tapoter sur des pierres suspectes, à Poudlard, dans l’espoir de trouver un passage secret. Peter avait finalement réussi lorsqu’il avait trébuché, attrapé une hallebarde pour tenter de se rattraper, et ouvert une porte par la même occasion.

James sourit à ce souvenir tout en entreprenant la fouille des lieux. Il tira, tripota, tira, enfonça même sa baguette dans les interstices du parquet. Une horloge, quelque part dans la maison, sonna deux fois durant sa recherche. Ses premiers doutes revenaient au galop. Comme sa fouille à la baguette ne donnait rien, il décida finalement d’utiliser les vieilles méthodes et passa sa main partout où il le pouvait. L’horloge venait de sonner vingt-trois heures lorsque ses doigts rencontrèrent enfin une résistance inattendue. Il établit les contours de la poignée invisible avant d’appuyer dessus. Une porte s’ouvrit, suscitant en lui un peu de cet émerveillement qu’il avait éprouvé durant ses premières années à Poudlard face à tous ces passages secrets. Des torches s’enflammèrent sous ses yeux. Il descendit prudemment la volée de marches, tout en se demandant pourquoi son ami enjoignait leur sauveur à rester dans l’escalier.
Arrivé en bas des marches, il dut s’arrêter net. Un mur lisse lui barrait la route. Perplexe, il l’examina pendant plusieurs minutes avant de songer qu’il devait y avoir deux pièces secrètes dans le bureau : l’une contenant le coffre-fort, l’autre condamnée. Pourtant, l’entretien parfait de l’escalier l’étonnait. Pourquoi s’occuper ainsi d’un endroit abandonné ? Alors qu’il songeait à remonter pour tenter de comprendre où il se trouvait, un bruit lointain lui parvint de derrière le mur. On aurait dit un grognement, le bruit du tonnerre ou… un rire.

- Prewett ? Appela-t-il.

***


Sirius s’autorisa un soupir satisfait lorsque la voix tonitruante de Gideon s’éteignit brusquement, soufflée par un sortilège de mutisme. Le grand roux le fusilla du regard et lui aurait probablement jeté un sort si un appel ne les avait pas tous figés sur place :

- Prewett ?
- Cornedrue ? Répondit Sirius après quelques secondes de silence perplexe.
- Patmol, c’est toi ?

Le jeune homme se colla à la paroi pour mieux entendre la voix étouffée de son meilleur ami. Soulagement, agacement et excitation se battaient pour avoir la place dominante dans le maelstrom de ses émotions. Soulagement que quelqu’un soit là pour les aider, agacement contre James qui était assez stupide pour venir lui-même, excitation à l’idée de vivre une nouvelle aventure avec son meilleur ami.
Il décida finalement de s’en prendre à James plus tard pour se concentrer sur le plus urgent : sortir de ce coffre-fort.

- Il y avait une porte en bois quand on est descendus, cria-t-il, est-ce qu’elle est toujours là ?
- Quoi ? Non, pas de porte !
- Il y a un système d’ouverture ?
- Évidemment, c’est pour ça que je vous laisse mariner là-dedans depuis cinq minutes.

Le sarcasme de James traversa sans difficulté l’épaisseur du mur qui les séparait, et Sirius grimaça.

- Très amusant, Potter. Il est peut-être dissimulé, comme la porte d’en haut ?
- Je sais, je cherche.
- En attendant, intervint Emmeline derrière Sirius, autant collecter tout ce pactole.

Il hocha la tête et lui tendit la bourse qu’il avait apportée à cet effet. Après avoir ordonné à un Gideon toujours muet et furieux de reculer, elle ouvrit le petit sachet de cuir. La bourse eut l’effet d’un trou noir : les richesses entassées devant elle disparurent à l’intérieur, aspirées par un maelstrom. Quelques secondes plus tard, le coffre-fort était vide, la bourse toujours aussi minuscule et à peine plus lourde. Emmeline la referma soigneusement avant de la faire sauter dans sa main, un sourire satisfait sur le visage.

- Je crois que je vais aller faire du shopping.

Sirius sourit, amusé, tandis que Gideon gesticulait vers sa gorge, le visage de plus en plus rouge. Avec un soupir, le jeune homme le libéra du sortilège.

- Sale petit parasite, éructa-t-il dès qu’il fut libéré, tu ne perds rien pour attendre. Heureusement pour toi qu’on a plus urgent à traiter. Potter !
- Le doux son de ta voix m’avait manqué, Prewett de mon cœur, répondit-il de l’autre côté du mur.

Sirius pouffa tandis que Gideon levait les yeux au ciel.

- Sois sérieux deux minutes. Ça m’étonnerait qu’il y ait un système mécanique d’ouverture. C’est une prison, seul celui qui nous retient doit avoir la clef.

L’hilarité de Sirius retomba aussitôt. Gideon n’avait pas tort ; ce serait trop facile. Si seulement deux d’entre eux étaient descendus, le troisième aurait pu les faire sortir sans difficulté. Non, le mur ne répondait certainement pas à un simple levier « ouvrir/fermer ».

- Tu veux dire que je vais devoir enlever Lestrange pour le forcer à vous libérer ?

La voix de James avait perdu toute trace d’amusement. Une autre inquiétude vint ajouter au poids qui pesait déjà sur l’esprit déjà troublé de Sirius : James ne pouvait pas être vu par un Mangemort. Ce serait compromettre toutes les précautions qu’ils avaient prises pour les cacher, lui et sa famille.

- Hors de question que tu le fasses toi-même ! Intervint-il. Rentre chez toi et envoie nous quelqu’un d’autre.
- Et perdre encore plus de temps ? Jamais. Il n’y a peut-être pas que Lestrange qui commande l’ouverture de cette porte.
- Je doute que la vieille Lestrange soit d’une aide quelconque, commenta Emmeline, les doigts crispés sur la bourse pleine d’or.
- La vieille, non, mais l’elfe de maison, peut-être, suggéra Gideon.
- L’elfe ? Protesta Sirius. Il trahirait sa famille ? C’est impossible d’obliger un Elfe de maison à quoi que ce soit quand on est pas son maître. Il va juste filer entre les doigts de James et aller prévenir Lestrange.
- Tous les Elfes ne sont pas dévoués à leurs maîtres, rétorqua Gideon. Eh, Potter ?
- Oui ?
- Tu penses pouvoir maîtriser un Elfe de maison ?
- Impossible, rétorqua-t-il. Par contre, je peux le convaincre que je fais ça pour aider sa famille.

Le perplexité qui s’afficha sur le visage de Gideon reflétait celle que ressentait Sirius.

- Comment ça ?
- J’ai un plan ! Ne faites pas de bêtises !
- Bon sang, Cornedrue ! Appela Sirius. Ne fais pas l’idiot ! Va chercher quelqu’un d’autre !

Seul le silence lui répondit.

***


James remonta vers le bureau, content de son idée. Il allait ressortir du manoir, puis tambouriner à la porte jusqu’à ce que l’elfe de maison vienne. Il lui raconterait ensuite qu’il était envoyé par la Brigade magique, qu’on lui avait signalé une effraction et qu’il souhaitait fouiller la maison avec l’elfe.

Il ne put jamais mettre son plan à exécution.

En haut de l’escalier en colimaçon se tenait l’elfe lui-même. C’était une créature assez jeune – bien que l’âge fut difficile à évaluer chez eux – vêtu d’un torchon un peu sale mais en bon état. Il portait même des sortes de chaussures faites dans des serviettes de bain. De cette rapide inspection, James conclut que l’elfe devait être relativement bien traité, ce qui compromettait ses chances de l’amener à trahir ses maîtres. L’expression pleine de colère du petit être suggérait d’ailleurs qu’il ne se laisserait pas attendrir.

- Un intrus ! s’exclama-t-il de sa petite voix aiguë. Un intrus chez le maître !

- Je, hum, je vérifiais la sécurité du coffre-fort, figure-toi, tenta James tout en descendant prudemment les marches, à mesure que l’elfe avançait vers lui. Je suis envoyé par la société de sécurité qui s’occupe des sorts, nous faisons des inspections surprises de temps en temps et…
- L’intrus est un menteur, rétorqua l’elfe. Ewok va le laisser dans le coffre-fort en attendant le maître !

James jeta un bref coup d’oeil derrière son épaule ; il avait à présent le mur du coffre-fort en vue. Ewok, puisque c’était son nom, ne tarda pas à le voir non plus. Cela sembla attiser sa colère. James entrevit une solution et commença à réfléchir à toute allure alors que l’elfe, la voix de plus en plus aiguë, se mettait à brailler :

- Le coffre est verrouillé ! D’autres intrus sont entrés ! Le voleur va rejoindre ses amis les voleurs !

Il claqua des doigts mais James ne s’attarda pas pour voir quel effet le geste avait eu ; il pivota sur la marche glissante et transplana juste derrière l’elfe, au moment même où celui-ci projetait une onde de force devant lui qui aurait très certainement projeté James au bas des escaliers. Le jeune homme parvint à stupéfixer l’elfe avant qu’il ne se retourne. Le petit être bascula en avant mais James le rattrapa par le pied avant qu’il ne dégringole toutes les marches tête la première. Il l’immobilisa au sol puis releva la tête pour croiser le regard pétillant de Sirius qui était en train de remonter vers lui.

- Sacré Cornedrue ! Alors, ton plan a marché ?

James se mit à rire tout en passant une main embarrassée dans ses cheveux.

- On va dire ça comme ça !

Derrière Sirius, Gideon et Emmeline émergèrent du coffre-fort désormais vide. Emmeline faisait sauter une bourse en cuir dans sa main, l’air satisfait.

- Voilà une mission rondement menée, commenta-t-elle, un brin sarcastique.
- Eh, je nous ai tirés d’affaire, non ? Protesta Sirius.
- On va faire semblant de te croire, grogna Gideon.

James n’intervint pas dans la conversation, trop pris par l’euphorie de se trouver à nouveau avec une équipe de l’Ordre. Il n’avait pas vu Gideon et Emmeline depuis des mois et des mois. Même s’ils n’avaient jamais été proches, il était heureux de les revoir. Malgré les sarcasmes de la jeune femme, il était satsifait d’avoir aidé à l’accomplissement d’une mission. Une soudaine brûlure dans ses yeux lui révéla à quel point il était épuisé émotionnellement. Il s’empressa de se pencher sur l’elfe de maison pour que ses acolytes ne remarquent pas son émotion. A cet instant, il ne pensait qu’à la satisfaction que lui procurait l’action, au bonheur qu’il éprouvait à être auprès de ses amis, à partager le danger avec eux.

- Tu étais obligé de l’assommer ? Interrogea Emmeline, une marche en-dessous de lui.
- Euh… plutôt oui, balbutia-t-il après s’être raclé la gorge. Je propose qu’on le laisse là. De toute façon Lestrange va vite s’apercevoir que son coffre a été pillé.

Les autres acquiescèrent. Quelque part dans la maison, une horloge sonna la dernière demi-heure avant minuit. Les quatre jeunes gens tournèrent la tête vers le bureau, seulement quelques marches au-dessus d’eux. Le carillon venait de leur rappeler la précarité de leur situation.

- En parlant de Lestrange, on ferait probablement mieux de déguerpir, commenta Gideon. Ils ne vont peut-être pas tarder à rentrer.

Ils regagnèrent donc le rez-de-chaussée de la maison toujours plongé dans le noir, fermèrent la porte secrète puis quittèrent le bureau. James fermait la marche, la cape d’invisibilité dans sa poche. Gideon et Emmeline ne connaissaient pas son existence. Alors qu’il fermait la porte de la pièce derrière lui, le claquement d’un autre battant lui fit écho. Gideon, en tête de file, se figea net. Des voix animées leur parvinrent, dont une parfaitement reconnaissable : celle de Bellatrix Lestrange. James n’entendit que des bribes qui lui suffirent à comprendre qu’ils avaient intérêt à filer au plus vite :

- … Malefoy… Intrusion…

Devant lui, Sirius jura tout bas. Dans la pénombre, Gideon tournait sur lui-même à la recherche d’une échappatoire. Emmeline signala tout à coup :

- Escaliers !

Au même instant, la voix péremptoire de Bellatrix se fit encore entendre :

- Ewok !

James n’entendit pas quelle réaction elle eut lorsque l’elfe ne se manifesta pas ; ils étaient déjà en train de monter aussi discrètement que possible le l’étroit escalier qui se trouvait à leur droite. Ils atteignirent un palier intermédiaire, d’où partaient une multitude de courtes volées de marches. C’était vraisemblablement un escalier de service qui desservait plusieurs endroits du manoir. Gideon s’engagea dans l’un d’entre eux, constitué d’une dizaine de marches, au hasard. A peine James eut-il mis le pied dessus que l’escalier pivota, les déséquilibrant tous. Sirius s’agrippa à Emmeline qui lui servit un « Bas les pattes ! », James eut la présence d’esprit d’attraper la rambarde, et Gideon s’écroula tout bonnement sur la marche devant lui. Ils s’immobilisèrent finalement devant une simple porte en bois, sans que James ne parviennent à comprendre quel mouvement ils avaient effectué. Sans attendre, Gideon saisit la poignée et poussa le battant. La lumière de la lune dégoulina sur les escaliers un court instant, puis fut percée par l’ombre des membres de l’Ordre qui s’empressaient de gagner le couloir.

Une rangée de fenêtres, sur leur gauche, laissait entrer la lumière. A leur droite se succédaient quelques portes à la poignée dorée. Le tapis épais qui recouvrait le parquet suggérait qu’ils se trouvaient dans un coin du manoir fréquenté par les maîtres. L’amour de l’exploration saisit James, mais il ne put s’y adonner : Gideon était déjà en train d’ouvrir une fenêtre.

- Damnation, marmonna-t-il dans le silence tendu qui régnait. On est au quatrième étage.
- Satané escalier, jura Sirius alors que tous se penchaient à la fenêtre.
- On n’a pas le choix, il faut partir, reprit Gideon. Impossible de transplaner, ça c’est certain.
- A poil ! lança soudain Emmeline.

Les trois garçons se tournèrent vers elle, le visage inexpressif. Elle affichait elle-même un air déterminé.

- Allez, on a pas de temps à perdre ! Insista-t-elle.
- Tu débloques, Vance ? Interrogea Sirius tout en jetant un coup d’oeil nerveux vers l’escalier.
- Désape-toi, je t’expliquerai pendant ce temps-là, rétorqua-t-elle tout en se débarrassant elle-même de sa cape.

James, aussi perplexe que les autres, décida finalement de lui faire confiance et commença à enlever ses vêtements Il prit soin de coincer sa cape d’invisibilité dans l’élastique de son caleçon. La tête coincée dans le col de son pull, Emmeline expliqua :

- Je peux faire une corde, mais vous savez bien qu’on ne peut pas créer de matière. On va attacher nos vêtements ensemble puis je les transformerai. Plus on a de matière, plus la chute sera courte.

Elle parvint finalement à se débarrasser son vêtement et le jeta sur la pile qu’ils étaient en train de former ; Sirius et Gideon avaient fini par obéir, eux-aussi. Alors qu’il ajoutait son pantalon au butin, Sirius marmonna qu’ils allaient se faire tuer en sous-vêtements. Personne ne lui répondit : James et Emmeline étaient déjà occupés à nouer les vêtements les uns aux autres.

Au bout de quelques minutes, tous leurs vêtements étaient reliés. Emmeline, étonnamment digne en dessous, pointa sa baguette dessus et ferma les yeux. James détourna son regard de la jeune femme, gêné. Il savait que c’était idiot, mais il n’avait jamais vu d’autres femmes que Lily dans cette tenue – exception faite des filles que les Maraudeurs et lui avaient espionné quand ils avaient quatorze ans, en petits pervers prépubères qu’ils étaient. Sirius lui donna un coup de coude dans les côtes en ricanant :

- Tu rougis, Cornedrue.
- Oh, la ferme, marmonna-t-il, tout en sentant effectivement ses joues s’échauffer.
- Lily entendra parler de ça, crois-moi.
- Lily s’en fiche, rétorqua-t-il, avant de se rappeler soudain les dernières paroles qu’elle lui avait adressées.

Il n’y avait pas vraiment prêté attention jusque là, pas même lorsqu’elle les lui avait jetées à la figure. Elles le frappaient soudain avec une violence qu’il s’efforça de mettre de côté ; ce n’était pas le moment d’y penser.
En un éclair de magie, la pile de vêtements devant eux se changea en corde. Emmeline poussa un soupir de soulagement tandis que Gideon rassemblait leur porte de sortie dans ses bras. Sirius se mit à chercher frénétiquement un endroit pour l’accrocher puis poussa un juron résigné avant de poser sa baguette sur le mur. Dans un craquement sourd, un anneau en sortit. Les quatre acolytes ne tergiversèrent pas sur le bruit que la transformation avait généré. Ils avaient quitté le rez-de-chaussée près de dix minutes plus tôt ; les Lestrange avaient sans doute découvert le pot-aux-roses à présent.
Gideon amarra la corde puis la jeta par la fenêtre. Sans même regarder si elle touchait le sol, il passa une jambe dans le vide et adressa un sourire sans joie à ses camarades.

- Accrochez-vous, ça va faire mal aux mains.

Sans plus de précaution, il se lança dans le vide. Emmeline se précipita aussitôt à la fenêtre et poussa un soupir de soulagement en constatant qu’il ne s’était pas écrasé comme une crêpe en bas.

- Bon, j’y vais, décida-t-elle sans laisser aux deux garçons le temps de se manifester.

Alors qu’elle disparaissait à la suite de Gideon, la bourse de cuir accrochée au poignet, James réalisa soudain :

- Ils vont nous voir passer par la fenêtre.
- Eh bien… effectivement, répondit prudemment Sirius. Quatre imbéciles en sous-vêtements.

Un rire nerveux échappa à James, qui flanqua une tape sur l’épaule de son ami.

- Merlin, ça m’avait manqué.

Sirius allait lui répondre lorsqu’une planche craqua soudain non loin d’eux. Les deux garçons se figèrent, les doigts serrés sur leur baguette. Il y eut un nouveau craquement. D’un commun accord, les deux jeunes gens se précipitèrent vers la fenêtre. James sauta dans le vide le premier, les doigts serrés autour de la corde, sa baguette entre les dents. Il ne prit pas la peine d’essayer de descendre en douceur ; il devait se rapprocher du sol le plus vite possible, avant qu’on ne coupe la corde. Il eut à peine le temps de songer qu’il allait souffrir ; déjà la brûlure dans ses mains était intolérable. Il aurait hurlé s’il n’avait pas eu sa baguette dans la bouche. Sirius semblait encore plus pressé que lui : il se prit son pied dans le crâne et faillit bien lâcher prise. La douleur le poussait à desserrer les doigts, mais son instinct de survie était plus puissant.
Cependant il n’eut pas à résister beaucoup plus longtemps. La corde se mit à vibrer entre ses doigts, puis elle se relâcha tout d’un coup. James continua à tomber, mais avec cette fois-ci la certitude de ne pas pouvoir s’arrêter. Des images de sa chute de la falaise lui jaillirent à l’esprit, alors même qu’il avait toujours eu la plus grande des peines à s’en rappeler. Mais avant qu’il ait eu le temps de réellement paniquer, sa chute ralentit soudain. Il heurta le sol assez brutalement, mais sans se briser quoi que ce soit.

- Vite, on bouge ! Hurla Gideon à son oreille tout en le tirant par le bras pour qu’il se relève.

Étourdit, James eut le réflexe de le repousser. Il tituba de quelques pas, le cœur au bord des lèvres et les mains en sang après sa descente, et sursauta lorsqu’un éclair de lumière fit jaillir une motte de terre pile à l’endroit où il se trouvait quelques instants auparavant. Il reprit brusquement ses esprits et détala derrière ses camarades sans prendre le temps de lever les yeux vers l’étage : les Lestrange étaient en train de les canarder depuis leur fenêtre de sortie.

Emmeline avait déjà atteint la grille d’entrée, qu’elle s’empressa de franchir. Elle tendit la main, les traits tendus par l’attente. Gideon ne tarda pas à la rejoindre, vite suivi de Sirius. James était à la traîne. Tous ces mois d’inaction avait miné son endurance. Le souffle court, les poumons en feu, il franchit les derniers mètres qui le séparaient des autres. Gideon et Emmeline transplanèrent ensemble avant qu’il ne les rejoigne mais Sirius l’attendait, la main tendue, aussi sanglante et brûlée que la sienne. Ils souffrirent autant l’un que l’autre lorsque James referma ses doigts dessus.

***


Sirius détestait pratiquer le transplanage d’escorte depuis qu’il s’était désartibulé. Il était certes seul lorsque c’était arrivé, mais traîner quelqu’un derrière soit exigeait encore plus de concentration qu’un simple transplanage. Il n’avait dû le faire qu’une ou deux fois en deux ans. Entraîner ainsi James derrière lui, avec les Lestrange à leurs trousses et leurs mains brûlées à vif par la corde, n’était pas franchement ce qu’il appelait transplaner dans de bonnes conditions. Peut-être était-ce l’adrénaline, ou bien la joie d’affronter le danger avec son meilleur ami ; quoi qu’il en soit, il atterrit durement sur le sol en un seul morceau, James entier à ses côtés.

Son ami jura avant de se mettre à gémir tout en regardant ses mains. Sirius ne réussit qu’à éclater d’un rire nerveux, qui ne tarda pas à gagner James également. Ils rirent comme ils ne l’avaient pas fait depuis une éternité, les côtés douloureuses, les larmes aux yeux – celles-ci étaient peut-être dues à la douleur, cela dit. Lorsqu’ils se calmèrent enfin, James se redressa en position assise et considéra leur environnement avec perplexité. Il était difficile de distinguer les détails dans la faible lueur de la lune qui ne cessait de se cacher derrière les nuages.

- Où est-ce qu’on est ?
- La lande près de Pré-au-Lard, répondit Sirius tout en inspirant à pleins poumons les effluves de la bruyère qu’ils avaient écrasée.
- Ah, c’est pour ça qu’il fait si froid.

Sirius faillit partir d’un nouvel éclat de rire lorsqu’il se rappela qu’ils étaient tous deux en caleçon.

- Merlin, c’est une des choses les plus absurdes qui me soient arrivées. Braquer les Lestrange en sous-vêtements !
- Pour ta défense, tu étais tout habillé quand tu es arrivé, ricana James.

Il alluma sa baguette. Sirius eut un instant de panique ; qu’avait-il fait de la sienne ? Il l’avait coincée entre ses dents pour descendre à la corde, puis … Avec un soupir de soulagement, il se rappela qu’il l’avait coincée dans l’élastique de son caleçon. Il fit lui aussi un peu de lumière. Il devait être près de minuit à présent, et la température était tout sauf clémente.

- On devrait rentrer, lança-t-il. Emmeline et Prewett vont croire qu’on s’est fait avoir.
- Envoie-leur un message, répondit James avec un haussement d’épaule indifférent.
- Certes. Mais honnêtement, on caille.
- Hmm.
- Cornedrue ? T’as l’air d’avoir envie de rester à te les peler ici. C’est bizarre.

James finit par tourner la tête vers lui avec un sourire grimaçant.

- Il faut que je rentre à Godric’s Hollow.

Il revint soudainement à l’esprit de Sirius que James n’avait effectivement rien à faire là. La colère qu’il avait éprouvée contre lui lorsqu’il avait entendu sa voix dans l’escalier secret se saisit un instant de lui. Cependant, la joie de l’avoir avec lui la balaya aussitôt. James avait fait l’idiot, mais il ne voulait pas gâcher ce moment. Ils ne devaient pourtant pas le prolonger plus.

- T’es vraiment un crétin d’être venu, lança-t-il tout de même avec un sourire.
- Trop tentant, rétorqua-t-il avec la même expression avant de donner un petit coup de poing dans son épaule. Je n’en pouvais plus.
- J’ai cru comprendre. Ça m’étonne que Lily ait dit oui.
- Ce n’est pas le cas, répondit-il en perdant son sourire.
- Tu es parti dans son dos ?
- Non. On s’est disputé. Elle m’a dit de ne plus jamais revenir. On en avait déjà parlé avant, elle m’avait dit qu’elle refusait que je rentre en traînant des Mangemorts derrière moi.
- Certes, mais ce n’est pas franchement le cas. Personne ne nous suit.
- Le principe d’une filature, c’est qu’on ignore qu’on est suivi, soupira James en passant une main dans ses cheveux. Je sais qu’elle a raison, mais Merlin ! J’allais exploser, dans cette baraque. Et je ne pouvais pas vous laisser.
- Tu aurais pu prévenir quelqu’un d’autre.
- Ça aurait pris des heures. Je suis arrivé juste à temps ; une demi-heure de plus et les Lestrange vous trouvaient.
- C’est vrai. Mais il faut que tu y retournes, James.

Le jeune homme poussa un profond soupir avant de s’étaler de tout son long dans la bruyère humide. Il se releva aussitôt avec un grognement.

- Par le caleçon de Merlin, on va attraper la mort.
- Une bonne raison de rentrer : ton lit est mille fois plus confortable.
- Même si ma femme me donne des coups de pied pour me faire payer ?
- Frappe-la aussi, elle arrêtera.

James éclata de rire avant de redresser tant bien que mal sans prendre appui sur ses mains.

- Avec un peu de chance elle aura pitié de moi. A moitié nu et les mains à vif.
- Au moins tu as quelqu’un pour te soigner, grommela Sirius. On doit se débrouiller seul depuis qu’il n’y a plus de QG, et crois-moi, je suis moins doué en soins que Lily.
- Il faut choisir mon vieux, une harpie qui soigne ou la tranquillité sans soin !
- Elle sera ravie de savoir que tu parles d’elle comme ça.
- Je parle d’elle comme ça devant elle, rétorqua-t-il avec un sourire.

Sirius fut rassuré lorsqu’il vit, dans l’expression de James, tout l’amour qu’il éprouvait pour Lily. Il s’était souvent inquiété pour eux ces derniers mois, mais il avait évité d’en parler avec James. Il était loin d’être le mieux placé pour conseiller les autres sur les histoires de cœur. Voir ce sourire dégoulinant d’amour lui rappela Poudlard et les airs résolument niais de James, en dernière année, dès qu’on parlait de Lily.

Il se releva à son tour et donna un coup de coude dans les côtes de son ami.

- Si jamais elle te fout à la porte, tu sais où me trouver.
- En fait non, je ne sais pas, rit James. Donne-moi ton adresse, on ne sait jamais.

Sirius roula des yeux agacés.

- Je plaisantais. Tu sais bien qu’elle ne va pas te mettre dehors. Et même si elle le fait, on sait toi et moi que tu vas camper dans le jardin jusqu’à ce qu’elle te laisse rentrer.

James soupira profondément, les yeux levés vers la lune. Sa mâchoire se crispa. Il répondit à voix basse :

- C’est vrai. Même si elle ne veut plus de mois, jamais je ne les abandonnerai, elle et Harry.

Il tourna la tête vers son meilleur ami et lui adressa un sourire espiègle.

- Merci pour les sensations fortes, Patmol. Toujours un plaisir de se faire presque prendre avec toi ! N’oublie pas de venir nous voir, hein ?
- Bien sûr que non. Allez, tire-toi !

James se recouvrit de sa cape d’invisibilité. Avant de la passer sur sa tête, il adressa un dernier sourire canaille à son ami. Une seconde plus tard, un « Clac ! » résonna dans la nuit claire. Sirius comprit qu’il était à nouveau seul.

***


Lily regretta ses paroles à l’instant même où la porte claqua derrière James. Elle n’avait pas eu l’intention d’être si extrême. Elle se laissa tomber sur la troisième marche de l’escalier, la tête entre les mains. Elle le sentait venir depuis des semaines. Elle était persuadée, au fond d’elle, que James ne tiendrait plus très longtemps enfermé. Surprise, elle s’aperçut qu’une partie d’elle était soulagée qu’il soit sorti. Elle ne supportait pas de le voir ainsi, rongé par l’inaction, prisonnier. Elle savait que cela le tuait à petit feu. Elle le voyait parfois dans son regard, cette étincelle de vie qui vacillait, s’éteignait parfois pour ne laisser place qu’à une morne indifférence que seul le rire d’Harry parvenait à chasser.

En un sens, elle lui en voulait. Elle lui en voulait, parce qu’elle n’était pas assez pour lui. Elle ne lui suffisait pas. Mais le pire, c’était qu’elle savait être hypocrite. Il ne lui suffisait pas non plus. Elle avait besoin de ses potions, d’un travail, de voir des amis. Merlin, elle adorait James, mais ce qu’elle voulait c’était le retrouver après une dure journée de travail, épuisée par la sensation du devoir accompli.

Alors, oui, elle était soulagée qu’il soit parti. Néanmoins, la colère était toujours là. Il avait négligé Harry. Il était parti, au mépris du danger que cela représentait pour son fils. Ils avaient disparu de la circulation depuis des mois ; s’il était vu, on les traquerait plus assidûment encore. Elle comprenait qu’il n’ait pas voulu laisser tomber Sirius, mais elle restait persuadée qu’il y aurait eu une autre solution. James avait la loyauté chevillée au corps, mais Lily avait l’impression que, ces derniers temps, il ne savait plus à qui il la devait en premier lieu. Pour elle, la réponse était simple : Harry.
Elle passa près d’une heure assise sur la marche, le cœur lourd, rongé par les regrets et l’inquiétude. Lorsque son corps fut trop ankylosé pour qu’elle reste là plus longtemps, elle se décida à aller s’allonger sur le canapé du salon. Minuit sonna, et James n’était toujours pas rentré. Elle se leva pour faire les cent pas, puis voulut gagner la cuisine pour prendre quelque chose à grignoter. Une façon de tromper son angoisse. Alors qu’elle traversait le vestibule, la poignée de la porte d’entrée s’abaissa. Elle se figea, sa baguette serrée entre les doigts, et s’approcha sans bruit. Son cœur battait à tout rompre, tandis que son esprit tentait d’éviter la pire des pensées ; non, James n’était pas mort, c’était simplement lui qui rentrait et non pas un ennemi ayant percé leur secret.

Le battant s’ouvrit, et déjà Lily tendait le bras, le visage fermé. La faible lueur qui provenait de la porte ouverte du salon lui permit de reconnaître le visage surpris de James. Par pur hasard, elle était parfaitement positionnée : sa baguette s’enfonçait dans sa gorge.

- Comment as-tu découvert qu’on allait avoir un bébé ? Interrogea-t-elle d’une voix qu’elle espérait neutre.
- C’est toi qui me l’a annoncé, répondit-il doucement. Tu m’as offert une paire de chaussons en laine pour bébé.

La jeune femme laissa retomber sa baguette. James referma la porte derrière lui et alluma la lumière du vestibule. Comme autrefois lorsqu’il rentrait de mission, le premier réflexe de Lily fut de l’observer, à la recherche d’éventuelles blessures. La première remarque qui lui vint fut :

- Mais qu’est-ce que tu as fait de tes vêtements ?

L’ombre d’un sourire étira ses lèvres, rien qu’un instant. Lily hésitait entre deux émotions : le soulagement intense de le voir en vie et la colère due à sa désertion. Avec un temps de retard, elle réalisa également qu’elle n’avait pas envie de se disputer encore avec lui ; elle avait été dure, un peu plus qu’elle ne l’avait voulue. Elle ne souhaitait pas tout à fait passer l’éponge, mais elle ne voulait pas non plus reprendre la discussion où il l’avait laissée.

- Longue histoire. Lily, je…
- Merlin, tes mains !

Affolée, elle saisit ses deux poignets et contempla ses paumes ensanglantées et brûlées. Il y avait si longtemps qu’elle n’avait pas vu James rentrer blessé. Elle avait oublié qu’elle effet cela faisait.

- Ah, eh bien, disons que je ne suis pas très doué à la corde raide.

Lily ne chercha pas à élucider cette réponse énigmatique et le traîna plutôt dans la salle de bain. Elle le fit asseoir sur le bord de la baignoire puis sortit des fioles et des bandages. Tout le feu de sa colère était retombé lorsqu’elle avait vu ses blessures.

- C’est comme être de retour au QG, souffla-t-il tandis qu’elle s’agenouillait devant lui pour s’occuper de ses blessures.

La jeune femme ne répondit rien. Elle avait trop peur de se mettre à pleurer si elle ouvrait la bouche. C’était sans compter sur son mari qui la connaissait trop bien.

- Oh, Lily, ne pleure pas, chuchota-t-il.
- C’est rien, coassa-t-elle tout en nettoyant aussi doucement que possible le sang qui maculait ses mains. Je me suis… je me suis inquiétée et puis… et puis je t’ai dit ces choses horribles, et…
- Elles étaient méritées, murmura-t-il, les yeux fixés sur le carrelage.
- Tu sais que je n’ai pas envie que tu sois malheureux, renifla-t-elle. Je sais comme ça te mine de devoir rester ici mais… (Sa voix chavira un peu.) James, Harry est notre responsabilité. Nous sommes tout ce qu’il a. On ne peut pas le trahir.
- Je sais, admit-il doucement. Je sais que… que je n’ai jamais été plus égoïste que ce soir. Je t’ai dit que je ne le faisais pas pour moi, mais pour Sirius et les autres. C’était vrai, en un sens, mais c’est d’abord pour moi que je suis parti. Merlin, si Peter avait appelé à l’aide pour ouvrir un pot de cornichons je t’aurais servi le même discours. Je pense sincèrement qu’on peut sortir en cas d’urgence, et si je ne l’avais pas fait ils auraient probablement été attrapés. Mais je sais que j’ai manqué à mes devoirs envers Harry et toi.

Il avait fini par plonger ses yeux dans les siens, des yeux plein de désarroi. Lily sentit une larme couler sur sa joue mais elle ne fit rien pour l’arrêter, ses mains toujours autour de celles de James. Elle avait l’impression qu’ils n’avaient jamais été aussi adultes qu’en cet instant, jamais aussi sincères l’un envers l’autre.

- Ça n’a pas d’importance, articula-t-elle finalement. Tout s’est bien passé, alors il n’y a pas de coupable. Du moins, si tu veux bien me pardonner.
- Si toi tu me pardonnes, répondit-il avec un sourire hésitant.

Pour toute réponse, elle glissa une main dans sa nuque pour attirer son visage vers le sien. Ils s’embrassèrent lentement, avec tendresse. Lily trouva dans ce baiser l’assurance qu’aucune dispute ne serait jamais la dernière.

- Merci d’être revenu, murmura-t-elle.
- Tu sais bien, Evans, rétorqua-t-il avec un sourire en coin. Tu peux me dire non un million de fois, je reviendrai toujours à la charge.
Perripuce

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Re: Lily & James [Harry Potter]

Message par Perripuce »

Je veux juste redire que le braquage des Lestrange en sous-vêtement c'est vraiment du génie - DU GENIE A L'ETAT PUR !
Non franchement, c'est la meilleure idée du siècle, plus je le relis, plus c'est drôle :lol:

Voilà comme ça j'aurais quand même laissé un bébé commentaire :lol: :lol:

(Y'a le Roi Lion ET Sherlock Holmes Jeu d'Ombre, c'est décidément une fantastique soirée télévisée)
Cazolie

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Re: Lily & James [Harry Potter]

Message par Cazolie »

Perripuce a écrit :Je veux juste redire que le braquage des Lestrange en sous-vêtement c'est vraiment du génie - DU GENIE A L'ETAT PUR !
Non franchement, c'est la meilleure idée du siècle, plus je le relis, plus c'est drôle :lol:

Voilà comme ça j'aurais quand même laissé un bébé commentaire :lol: :lol:

(Y'a le Roi Lion ET Sherlock Holmes Jeu d'Ombre, c'est décidément une fantastique soirée télévisée)
Hahahahaha merci merci ! Ravie que ça t'ait plu :lol:

Oh sérieux ? Pourquoi je suis pas en France làààà
Merci pour le bébé commentaire :mrgreen: :mrgreen:
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