Kholer18 ans│Sorcier de sang-pur│Russo-argentin│Démon de glace et de sexe│Hydre
Poker Face
Il est follement évident que je suis magnifique. Non, en réalité, je ne me considère objectivement ni magnifique ni laid : je suis simplement normal, ou du moins me situe dans une normalité positive si je crois ce que je vois chaque matin, dans le miroir de la salle de bain, pendant que je me prépare. Mes cheveux sont châtain foncé et soyeux, mais ils foncent avec le temps et sont devenus sombres, de jais, des mèches plus longues que d’autres me tombant insolemment devant les yeux. La forme de mon visage est géométrique : il est anguleux, mes traits fins marqués et ma mâchoire carrée. Mes yeux sont noirs, au point où on ne peut distinguer la pupille de l’iris, hormis si on est un vampire, un dhampir ou un loup-garou, dont les sens sont surdéveloppés. Le reste de mon corps est aussi fin, musclé, et je suis tatoué de la tête aux pieds, ou plutôt des épaules aux pieds, l’hydre recouvrant entièrement mon dos jusqu’au-dessus des fesses, et les runes le parsemant. Les runes capitales, les plus importantes, les plus complexes, les plus puissantes, ont été tatouées sur mes points vitaux sauf ceux au niveau de ma tête, des œuvres de Lourdes, tandis que les autres m’ont été tatouées par ma grand-mère maternelle, à ma demande.
Je ne sais pas d’où elles tiennent ce savoir relatif aux points vitaux et donc aux arts martiaux asiatiques, en revanche, je sais que Lourdes et ma grand-mère ont déjà plusieurs fois fait le tour du monde et que, lors de leurs multiples voyages, elles ont dû séjourner en Chine, au Japon ou en Thaïlande, voire dans ces trois pays et bien d’autres du continent, où les arts martiaux règnent en maître, surtout en Chine, où on en pratique depuis des millénaires, parce qu’on s’y transmet des techniques de combat ancestrales. Lourdes et ma grand-mère ont dû y apprendre à méditer, se battre et maîtriser ces techniques, car je ne suis pas naïf : je devine que si Lourdes et ma grand-mère avant elle se sont déplacées à travers le monde, c’était dans le but de s’immerger dans toutes les cultures et en retirer ce dont elles avaient besoin pour survivre, et non pour l’amour des cultures en elles-mêmes. Je n’ai jamais vu Lourdes ni ma grand-mère combattre, mais je me doute pertinemment qu’elles se sont entraînées seules, endurcies et aguerries au fil des années, jusqu’à devenir des soldats, et si ma grand-mère est âgée, elle n’en demeure pas moins un redoutable adversaire. Quant à Lourdes, qui est dans la force de l’âge, je pense qu’il y a difficilement plus fort qu’elle, mais je serai celui qui sera le plus fort d’entre nous : je la combattrai, je la battrai et je l’achèverai.
Bien que je ne me trouve pas fondamentalement beau, parce que ce sont les elfes qui le sont et que je n’en suis pas un, mais un sorcier, je constate que je corresponds aux critères de beauté qu’affectionnent un certain nombre de gens, que ce soit des gars ou des filles, car je n’ai jamais aucun problème à avoir un partenaire sexuel lorsque j’en ai envie, en sachant qu’on ne couche généralement pas avec quelqu’un qui n’est pas à son goût. Par ailleurs, j’ai récemment repéré un elfe, qui me plaît énormément. Il s’agit d’un brun, un
latino, dont les cheveux sont toujours parfaitement fixés avec du gel, aux traits harmonieux, aux yeux noisette pétillants, au nez et aux joues constellés de taches de rousseur ressortant sur une peau dorée, au bras gauche intégralement tatoué et au corps superbement tracé. Il est légèrement plus petit que moi en ce qui concerne la taille, idéale pour l’embrasser, ses lèvres étant pleines. Il est ce qu’on pourrait aisément qualifier de magnifique, et pas qu’en raison de sa nature elfique, loin, très loin de là, et la première fois que je l’ai aperçu, je me suis immédiatement dit que je prendrais beaucoup trop mon pied en m’envoyant en l’air avec lui, ce que je compte faire s’il l’accepte, parce que je l’aborderai prochainement. Il est définitivement parfait, car il m’a l’air caractériel et que j’adore les forts caractères, que ce soit dans la conversation ou au lit, la preuve en est quand je suis en compagnie d’Angélica, par exemple.
C’est que je suis au goût d’assez de personnes, et parmi elles d’Angélica, et observant comment Angélica choisit minutieusement ses propres partenaires, j’estime ne pas trop me tromper, et il n’y a qu’à noter le nombre de personnes avec qui j’ai couché dans cette école. Ce qui est sûr est qu’elles ne se comptent pas sur les doigts des deux mains, et ça fait longtemps que j’ai arrêté de compter, parce que c’est une perte de temps : ce qui importe est le ou les moments que je passe avec elles, rien de plus, rien de moins, et ça me convient, tel que ça convient à tous ceux qui partagent mon lit ou dont je partage le lit. Après, j’ai déjà eu droit à des commentaires et non des moindres sur mon physique, qui serait apparemment avantageux, et il doit l’être, autrement, je n’aurais pas autant de succès. Combien de fois m’a-t-on avoué que je suis « canon » ou « sexy », voire les deux ? Egalement trop pour les compter, et j’en ai ouvertement taquiné Elros, dont je n’ai pas oublié la tirade au mot près à mon propos - c’aurait été bien dommage tant elle est flatteuse -. Je m’en contente, ça me va, car dès l’instant où je peux baiser, tout me va. Néanmoins, je ne fais absolument pas attention à mon physique, uniquement à mon hygiène, qui est irréprochable, je me fais un point d’honneur à ce qu’elle le soit, quant au reste, je ne m’en préoccupe pas, je veux seulement que mon corps soit robuste face à Lourdes, sinon, il n’est qu’accessoire, et je sais m’en servir, je sais comment faire afin d’attirer l’attention de quelqu’un, l’accrocher, le captiver, pour le capturer.
Il suffit d’un regard appuyé, d’un sourire en coin et d’une caresse pour faire succomber, et, dans ce cas, les caresses se font plus lentes, sinueuses, languissantes, la personne en quémandant plus, encore plus, toujours plus. Tout est calculé et pourtant, lorsque je jauge, souris en coin ou caresse, je n’y réfléchis pas, j’agis comme je le désire, à l’instinct, alors que je connais inconsciemment les réactions que ça provoque : je n’y songe pas, je fais implicitement comprendre que je suis intéressé et vois si c’est réciproque ou non. Parfois, je suis direct, Elros peut en témoigner, quoique, il serait trop embarrassé pour le faire, et il a fallu deux ans avant que je ne couche avec, ce qui est finalement arrivé et dont je ne vais pas me plaindre. Je pense que la séduction est un jeu à la fois calculé et instinctif, et je joue habilement sur les deux tableaux, ce qui fonctionne excessivement bien, notamment avec Jax. Et je le sais, et j’en joue, parce que ce ne sont pas les gens qui m’intéressent, mais ce qu’ils peuvent m’offrir, du sexe, leur corps, c’est pourquoi j’agis de manière à ce qu’ils me l’offrent, même si ce n’est pas tout à fait la même chose avec Jax : Jax n’est pas qu’un partenaire, mais je l’occulte sciemment, car ce n’est pas pour autant que nous sommes proches, je ne suis proche de personne, au sens où il ne connaît rien de moi et que je refuse qu’il connaisse quoique ce soit de moi.
Il n’y a qu’Angel qui sait et il n’y a qu’elle que je veux qui sache, parce qu’Angel a partagé ma vie durant un temps et qu’elle méritait de savoir où je vais, mais Jax n’a pas à le savoir et ne le saura pas. Il en demeurera en dehors, car nos vies n’ont jamais été liées, excepté par une appréciation mutuelle, et qu’elles ne le seront pas davantage, ce qui est le mieux pour lui. Je ne décide pas de ce qui est le mieux pour autrui, et si ce n’est pas le mieux pour lui, c’est le mieux pour moi, je ne le blesserai pas et ne me blesserai pas. Ca n’a jamais manifestement dérangé Jax, qui ne se formalise plus de mon silence, et je le regarde, Jax qui s’est montré, même si j’ai perçu sa présence dans la forêt depuis longtemps. Je l’accueille avec sarcasme, que Jax envoie valser, et il ne bouge pas, pas encore, quand il me réplique qu’il est un cas désespéré, prétextant que les profs n’attendent plus grand-chose de lui, mais, sérieusement, les professeurs attendent toujours de leurs élèves, qu’ils soient difficiles, entêtés, dissipés, je-m’en-foutistes ou ayant des difficultés. Peu importe le profil de l’élève, les professeurs restent exigeants par rapport à lui et souhaitent qu’il réussisse, et si c’est désintéressé, car lorsqu’on est professeur, c’est qu’on aime son métier, ou on le regretterait amèrement, il y a quand même de l’autosatisfaction derrière, parce que ça signifie qu’on est bon dans son métier, et ça renforce son estime de soi.
Ca n’empêche pas que les professeurs de Ravenswood misent sur tout le monde, Jax n’y échappant pas, et je crois que s’il faisait plus d’efforts, il ferait partie des meilleurs, mais au lieu d’objecter, j’en prends volontairement le contre-pied et l’approuve, sarcastique :
-Tu as raison, plus personne ne parie un kopeck sur toi.
Je tire sur ma cigarette pendant que Jax se met en mouvement, et un sourcil se hisse pour la deuxième fois sur mon front, incrédule, les yeux mi-clos rivés sur Jax, que je fixe droit dans les yeux, la cigarette entre mes lèvres tandis qu’il marche dans ma direction, devant moi, son rythme de progression étant d’une lenteur consciente, et il me renvoie mon regard, avant que le mien ne dévie sur lui, de haut en bas, un éclat passant dans mes orbes obsidienne : Jax est un elfe, n’est-ce-pas, et sa beauté, son charme et sa fraîcheur sont aguicheurs. Ses mains dans ses poches lui donnent un côté décontracté, et je le déshabille du regard et en pensées, puisque je sais exactement ce qui se cache là-dessous, des couches de vêtements agaçantes. Je n’en manque rien et lui demande ce qu’il fait là, alors qu’il devrait non pas traîner dans la forêt de l’école, mais être au cours de compréhension des espèces de Monsieur Antosh, et moi aussi. Un ange passe, et il rit soudainement, ce qui me fait sourire en coin : mon ironie a fait mouche, mais mon sourire retombe rapidement lorsque Jax me répond en me questionnant : est-ce qu’on lui aurait donné l’apparence de Siofra sans qu’il ne le remarque, ou est-ce que je me découvre une fibre poétique ?
La fibre poétique, il devrait savoir que je l’ai depuis l’école primaire, car j’ai commencé à lire de la littérature après que Lourdes et moi nous ignorions, et je me suis plongé dans la poésie, qui est le sommet de la littérature à mes yeux. Mon poète préféré est un Français, Charles Baudelaire, et j’ai appris la langue française dans le but de lire ses poèmes non plus traduits en russe, mais en français, dans leur langue originale, ce que j’ai fait, et c’est grandiose quand je lis un poème de Baudelaire. Je pense sincèrement qu’il fut un temps, la littérature russe était la plus grande, mais la française l’a surpassée à un moment donné dans l’Histoire, et j’ai lu au moins une œuvre, que ce soit un roman, une pièce de théâtre ou un recueil de poèmes de tous les écrivains, les dramaturges et les poètes classiques russes, français, anglais et américains, espagnols, italiens et allemands, et je continue de lire de la littérature dès que j’en ai le temps. Mais, au-delà de la poésie, Jax a mentionné Siofra, et mon air s’assombrit alors que mon visage se ferme. Siofra m’exaspère, et il suffit que quelqu’un parle d’elle pour que ça me hérisse, me braque et me mette sur les nerfs.
Elle m’exaspère profondément, et si j’ai pris la peine de l’enlacer ce matin, dans un couloir, à la suite du cours d’histoire, c’était afin de m’excuser pour certains de mes mots, mais également lui signifier que je ne lui pardonnerai jamais et que je ne lui parlerai plus. Il m’a quand même fallu un moment avant que je ne me résolve à l’approcher, mais, maintenant, c’est terminé entre elle et moi, j’ai conclu ce chapitre : je ne reviendrai plus vers elle et elle ne reviendra plus vers moi, parce que je ne lui ai pas parlé et que je ne compte pas le faire, tandis que je parle à Jax, tous deux des elfes, mais qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre. Si Siofra est un elfe et, de fait, est d’une exceptionnelle beauté, elle ne m’attire pas : elle est enfantine, ce n’est qu’une gamine, et j’assène sèchement à Jax, cassant :
-Heureusement que tu n’as pas l’apparence de Siofra, ou je me serais taillé.
« Et je ne serais pas en train de te reluquer. » Je tire sur ma cigarette afin de me relaxer, avant que Jax ne se rapproche. Il est près de moi, en face de moi, et, sans m’en demander la permission, me prend la cigarette des mains et tire dessus à son tour. Je croise les bras sur mon torse en haussant exagérément les sourcils, faussement offensé par sa non-gêne, mais je n’en dis rien, le scrutant, jusqu’à ce que Jax ne reprenne la parole et me demande d’oublier, car il n’est pas là pour parler de Siofra ou de poésie. « Encore heureux », je m’apprête à lui rétorquer, parce que je ne suis pas enclin à parler de Siofra, certes, mais la poésie, c’est autre chose, et je ne me dépars pas de cet air offensé alors que je hausse les épaules, avant que Jax ne réponde enfin à mon interrogation : il ne sait pas pourquoi il est là. Il fait de l’humour en affirmant que c’est un intérêt pour le grand air ou sa nature d’elfe qui le pousserait à l’extérieur, et j’en souris en coin et étouffe un rire, amusé. S’il décide un jour de danser nu avec les animaux, il faudra que j’y assiste, je m’en voudrais de manquer un tel spectacle, et j’allais le lui faire savoir, lorsque Jax, qui est toujours en possession de ma cigarette, change de position, m’implique dans ce changement en posant ses bras sur mes épaules, établissant le contact physique, et s’incline, son visage proche du mien tandis qu’il me murmure que c’est peut-être parce qu’il avait envie de me voir, que je suis bien plus intéressant que les cours de Monsieur Antosh. On y est.
Je ne le quitte pas du regard, mes yeux dans les siens, et, lentement, bouge un bras de manière à récupérer ma cigarette et la ramener à mes lèvres, que j’entrouvre pour l’y glisser, tirant dessus sans lâcher Jax du regard, lascif. Je tourne la tête de manière à ne pas souffler sur Jax et la fais pivoter, la penchant sur un côté et mes mèches aile de corbeau tombant de nouveau devant mes yeux sans que je ne rompe le contact visuel. Je réduis la distance qui nous sépare plus que Jax ne l’a fait, les yeux dérivant sur ses lèvres, à quelques centimètres des miennes, et lui susurre, suave :
-Je suis effectivement bien plus intéressant que beaucoup de choses, et pour une en particulier.
Mon sous-entendu ne tombera pas dans l’oreille d’un sourd, et, la bouche entrouverte, je souris en coin et ne me recule pas, curieux de voir si Jax cédera ou non. Sa proximité ne m’indiffère pas, mais j’attends patiemment, persuasif.