Ombres et Poussières [Harry Potter]

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Charmimnachirachiva

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Charmimnachirachiva »

Perripuce a écrit :
*2e partie*


Je ne songeais même pas à tenter de transplaner : j’étais éprouvée par le duel, incapable de me concentrer sur ma destination, et les essais de Quidditch avaient réveillé de vieilles douleurs. C'est sur qu'il vcaut mieux éviter de se désartibuler en plein vol...Alors je poursuivis ma course, volant vite et haut pour éviter d’être vue des moldus. Le ciel sans nuage offrait peu de cachette mais à l’altitude et la vitesse à laquelle j’étais, j’espérais qu’ils me prendraient pour un étrange oiseau. Je descendais aléatoirement pour suivre la route jusque chez moi et je vis arriver avec un indicible soulagement la belle maison victorienne des Bones. J’atterris lourdement dans le jardin, le souffle court, le corps broyé. Ce fut George, posté dans la terrasse à m’attendre, qui m’atteint le premier. Les jambes tremblantes et l’adrénaline s’effritant pour ne laisser qu’un épuisement moral et physique, il dût me porter jusque la maison où m’attendaient Alexandre, secoué, choqué mais indemne et Melania, le bras enveloppé dans une tonne de tissu et qui devrait sans doute faire un passage à Ste Mangouste pour cette blessure. Amelia était également présente, Surement l'une des dernière fois qu'on la voit :cry: prévenue par Rose qui était allée avertir les Aurors qu’une attaque contre un moldu était en cours à Bristol. Possédant les rudiments de la magie curative, elle m’avait examinée et ressoudée les deux côtes qui s’étaient cassées dans ma chute mais j’avais bien senti que son esprit était à mille lieues de cette maison.

-Ils ne perdent pas de temps, râla-t-elle après m’avoir aidé à me redresser. Et même pas des Mangemorts, des aspirants d’aspirants, des gens qui profitent du retour de Vous-Savez-Qui pour accomplir des « exploits » personnels en espérant que les temps troublés les couvrent et que les Mangemorts les revendiquent … C’était déjà comme ça pendant la première guerre, des cas extrêmement difficiles à établir car on n’arrivait pas à tisser un lien tangible avec Lui. Regarde, ce n’est pas comme si Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom leur avait demandé de châtier Alexandre ?
-Mais ils ne l’auraient pas fait si son retour n’avait pas été officiel, protesta faiblement Melania.

Elle avait le teint blême du fait du sang qui s’écoulait toujours de sa blessure. Malgré tout, ni George ni Amelia ne préférait lui faire subir le transplanage, de peur d’aggraver la plaie magique. Alexandre était assis sur le bras de son fauteuil, prêt à la soutenir si jamais elle défaillait, mais la jeune femme se tenait aussi éloignée de lui que possible et évitai soigneusement de le regarder. Je la comprenais : il portait les stigmates des tortures qu’on lui avait fait subir, avec sa pâleur, les lèvres et le tee-shirt maculé du sang qui avait coulé de son nez cassé, et se tenait également les côtes d’une main. Amelia avait voulu plusieurs fois l’ausculter mais il avait refusé, préférant qu’elle s’occupe de Melania et moi en premier. La jeune femme avait les larmes aux yeux. C'est trop chou...

-Mais même là … Je ne pensais pas qu’il aurait la force … Qu’il aurait l’audace … Je veux dire, ça ne fait que trois jours que Fudge a admis son retour et Nestor …

Sa voix se brisa et elle pressa ses paupières pour retenir ses larmes. Elle devait sans doute se maudire d’avoir gardé ces lettres qui l’avaient découverte aux yeux de son frère jumeau et mis le feu aux poudres déjà fort inflammable de Nestor. George tapota son épaule avec douceur.

-Ne t’en veux pas, tu n’y es pour rien dans ce qui s’est passé. La seule personne à blâmer, c’est son frère et … (il nous interrogea tous du regard). Qui était avec eux ? Rowle ?
-Thorfinn Rowle, oui, confirma Melania sans rouvrir les yeux. Je l’ai reconnu tout de suite, il sert de secrétaire à Lucius Malefoy, son père est issu d’une grande famille de Sang-Pur …
-Je vois parfaitement qui sont les Rowle, ça ne me surprend pas que l’un d’entre eux passe Mangemort, maugréa Amelia. Tu aurais d’autres noms à nous fournir ? Avec la fuite de Victoria, je doute qu’ils y en aient beaucoup qui soient restés sur place, les Aurors n’auront pas grand-monde …

Melania acquiesça avec une lenteur qui trahissait sa faiblesse. Alexandre la contemplait et je sentais que tout son être ne souhait que l’envelopper de ses bras, pourtant il demeura immobile sur le bras du fauteuil. Mes entrailles se contractèrent quand je pris conscience des chocs physiques et émotionnels qu’avaient dû subir mon frère cette dernière heure. Effectivement...Tout ce quoi j’aurais voulu le protéger depuis des mois lui étaient tombé dessus avec une violence brutale.

-Alex … Je suis tellement désolée …

Mon frère vrilla son regard gris et étrangement éteint sur moi. Lentement, il se leva pour se laisser glisser dans le fauteuil d’à côté et pouvoir laisser enfin s’exprimer toute la fatigue qu’il devait ressentir. Il se frotta la mâchoire puis le visage, comme s’il espérait se réveiller d’un cauchemar.

-Ecoute, Tory … Je … je n’ai pas encore assimilé tout ce qui s’est passé, alors … Est-ce qu’on peut juste … Je ne sais pas, m’expliquer ce qui s’est passé, en fait ?

Melania tourna la tête pour ne pas avoir à affronter son regard et je vis les larmes emplir ses yeux gris. Amelia et George parurent comprendre qu’il nous fallait de l’intimité car ils s’isolèrent dans la cuisine pour attendre le retour de Rose. Ravalant ses pleurs, Melania se fit violence et finit par lâcher du bout des lèvres :

-Disons que … Tu as eu une rencontre un peu brutale avec mon frère jumeau … Sympa la réunion de famille !!!

Elle porta son poing au creux de sa gorge et s’interrompit, visiblement incapable de poursuivre sans craquer. Mon cœur saigna pour elle qui devait tant culpabiliser de la situation, mais je partageais sa responsabilité dans ce qui s’était passé. Ce fut pour cela que je poursuivis d’une voix éraillée :

-La famille Selwyn est l’une de celles qui considère que parce qu’ils n’ont eu que des sorciers dans leur famille, ils valent mieux que les autres, et surtout mieux que les non-magiques. Alors ce ne sont pas les pires, le père a fini par comprendre que leur monde changeait et ils n’aiment pas la Magie Noire, mais … ils ont produit tout de même un cas extrême en la personne de Nestor. (Je déglutis pour faire passer la boule chauffée à blanc qui s’était formée dans la gorge). Quand j’étais en première année, il a voulu me faire payer d’avoir donné un coup de pied à leur petit frère qui m’avait insulté et … en me défendant, j’ai brûlé son écharpe, sans le faire exprès … et …

Mais je n’eus besoin de poursuivre, Alexandre avait compris. Il avait vu les terribles cicatrices qui mangeaient une partie de la mâchoire de Nestor Selwyn. Il se prit la tête entre les mains avec un soupir avant de m’observer à travers ses doigts écartés, l’horreur et la colère se battant dans ses prunelles. Je reconnus là le frère qui m’avait toujours protégé : peu importait que j’aie accidentellement brûlé le visage de Nestor Selwyn. Ce qui comptait, c’était que lui m’avait attaqué et qu’Alexandre n’avait pas été là pour me défendre. Alex est une perle !Mais avant qu’il n’ait pu s’indigner, la voix de Melania s’éleva faiblement :

-Personne n’a jamais rien su sur ce qui s’était passé, mon père a voulu étouffer l’affaire parce que Nestor était en faute et Victoria n’a jamais rien dit parce qu’elle avait peur des conséquences. Mais il n’a jamais oublié, cette nuit-là a été lourde d’incidence pour lui … au-delà de la perte d’une partie de son visage … Alors quand on s’est rencontré je ne savais pas … j’étais loin de me douter, jamais … (elle se couvrit les yeux d’une main). Je t’ai caché que j’étais une sorcière parce que je préférais attendre d’être sûre que ce soit solide entre nous avant de te l’avouer. A dire vrai, j’étais déterminée à le faire … Mais Simon Bones m’a reconnue et a prévenu Victoria de qui j’étais. La sœur de qui j’étais. Nestor était déjà assez instable et ma famille bancale alors … alors …
-Alors tu m’as quitté, acheva Alexandre d’une voix morte, sans la regarder. Parce que tu as pensé que ça me protégerait de ton psychopathe de frère …

Il s’était tendu et les traits de son visage s’étaient crispés, animés par une sorte de colère froide. Mais il y avait quelque chose de positif dans la voix d’Alexandre, un peu rancœur, certes, mais aussi une vibration qui ressemblait à celle de l’espoir. Ce n’était pas l’amour la cause de cette rupture. Puis son regard se posa sur moi et cette fois j’y vis une touche de reproche.

-Et tu as approuvé ça, Tory… ? Gloups

Mon souffle se bloqua dans ma gorge mais je hochai la tête. La lueur s’embrasa dans les yeux de mon frère et il se leva de son fauteuil en grimaçant, malgré Melania qui s’était retournée vers lui pour la première fois depuis que j’étais revenue.

-Alex, on voulait t’éloigner de Nestor, me défendit-t-elle. Ça fait des années qu’il rêvait de se venger de Victoria et mon père et moi espérions réussir de le maintenir du bout côté de la magie …
-C’est une réussite …
-Je ne le nie pas, admit Melania en pâlissant encore. Il m’a prouvé aujourd’hui que peu importe ce qu’on aurait fait, il a une prédisposition pour la magie noire et un penchant pour les forces de Tu-Sais-Qui … Mais même dans cette optique … on pensait que si je te quittais, ça augmentait les chances que Nestor s’intéresse à Victoria et seulement à Victoria. Que tu puisses rester en dehors de ça …
-Alors c’était ça votre plan brillant ? explosa Alexandre, laissant éclater sa colère. Votre plan brillant c’était de me briser le cœur pour laisser ma petite sœur seule face au danger, c’est ça ?! Dit comme ça...

Melania détourna les yeux face à ceux furieux de mon frère. Malgré ses douleurs manifestes aux côtes, celui-ci se mit à faire les cent-pas dans le salon des Bones, tournoyant tel un lion en cage.

-Et vous avez fait tout ça dans mon dos … Vous ne m’avez caché ça, vous ne m’avez même pas laissé voix au chapitre !
-Evidemment qu’on ne l’a pas fait, Alex ! m’exclamai-je, par souci ardent de justifier ce que je lui avais fait. Parce qu’on te connait et qu’on sait très bien que peu importe le nombre de danger qu’on t’aurait miroité, tu t’en serais fichu. Tu es du genre à foncer tête baissée, sans réfléchir et moi je ne pouvais pas permettre ça, je ne pouvais pas permettre que tu te mettes plus en danger que tu ne le serais déjà ! Bon sang, tu as vu ce qu’il s’est passé ?! Tu peux m’en vouloir d’avoir voulu éviter que ça t’arrive ?
-Mais c’est arrivé, Tory ! C’est arrivé, ils m’ont assommé quand je sortais de mon appart et amené sur le toit pour … (il se prit la tête entre les mains et je sus qu’il ressentait l’écho de ce que Doloris lui avait fait ressentir). Je ne savais même pas ce que c’était, j’ai simplement cru que j’allais en mourir … Si je tenait Nestor et Rowle :evil: :evil:

Melania amorça un mouvement pour se lever, mais à peine redressée elle vacilla et devint blanche comme un linge avant de se laisser retomber sur le fauteuil. Dos à elle, Alexandre n’avait pas fini d’étaler son trouble et poursuivit avec ardeur :

-En plus derrière j’apprends que ma copine était une sorcière – et après avoir appris que papy l’était, qui plus est ! Bordel, si quelqu’un de mon entourage est sorcier sans me le dire, qu’il parle maintenant ou se taise à jamais ! Je pense que s'en est finit des surprises comme ça (enfin j’espère, deux c'est déjà beaucoup !)
-Votre grand-père ? s’étonna Melania dans un filet de voix.
-Pas biologique, rectifiai-je avant qu’elle n’ait pu s’imaginer qu’Alexandre ait du sang sorcier. Une longue histoire, elle attendra …
-Mais tu t’imagines ce que ça a été pour nous ? s’enquit mon frère à mon adresse. Pour papa, pour maman, d’apprendre que papy était un sorcier en plus de ne pas être notre grand-père ? Sans compter que lui avait le droit de savoir, lui avait le droit de se battre ?
-Lui a une baguette ! rétorquai-je. Lui peut se défendre si des sorciers viennent et nous attaquent, Alex, pas toi !
-Alors pardon ! Pardon d’être la sorte de rat et de vermine inutile qu’ils tabassent sans qu’il ne puisse rien y faire, même pas assez important pour qu’on puisse lui permettre de tout comprendre ! Parce que c’est ça, si j’avais eu la magie, vous m’auriez tout dit, vous ne m’auriez pas laissé à l’écart, mais je suis un pauvre « moldu » !
-Alex …

Il y avait la moitié d’un sanglot dans le gémissement de Melania et cela parut momentanément apaiser le courroux d’Alexandre. Je m’étais moi-même recroquevillée contre le canapé, recevant les mots de mon frère comme des lames glacées plantées dans mes entrailles. Il y avait du vrai et de l’inacceptable dans ces paroles qui firent remonter la bile dans ma gorge. Mais avant que je n’aie pu trouver une réponse acceptable à lui fournir, des flammes émeraudes envahirent la cheminée, faisant faire un véritable bond à Alexandre qui se tenait devant elle et Rose émergea, affolée. Elle poussa un immense soupir de soulagement en me remarquant dans le canapé et se précipita sur moi pour m’enlacer.

-Mille gorgones tu vas bien ! J’ai eu peur, si tu savais …

J’agrippai le bras de Rose, rassurée moi aussi de retrouver sa douce présence au moment où mon cœur semblait se déchirer. Et alors que je m’autorisais enfin à me détendre, une voix bourrue retentit derrière elle depuis la cheminée :

-Dépêchons-nous, Bones, la gamine doit retourner à Poudlard. J’ai promis de faire vite à Dumbledore.

Poudlard. Ça faisait plus d’une heure que devait être de retour à l’école … A regret, Rose se détacha de moi pour porter un regard peu amène sur l’homme qui se tenait toujours devant la cheminée. C’était quelqu’un de massif à la longue crinière grise qui n’était pas sans rappeler celle d’un vieux lion et aux lunettes cerclées de fer. Melania écarquilla les yeux, s’affalant toujours plus sur son canapé et George, qui était revenu dans la pièce au retour de sa femme, se rembrunit.

-Et pourquoi le directeur du bureau des Aurors et futur Ministre vient-il en personne ?
-Parce que ça concerne Vous-Savez-Qui, Bones. Il n’y a pas une seconde à perdre.

Un rire absurde me déchira la gorge et j’y portais la main pour le réprimer. Mais l’Auror m’avait perçu et darda un regard de glace sur moi. Rose se plaça devant moi en un geste protecteur pour me dérober aux yeux de l’homme.

-En réalité, je doute que ça concerne directement Vous-Savez-Qui, Scrimegeour, comme j’ai tenté de vous l’expliquer, cingla-t-elle d’une voix froide.
-C’est plus de l’ordre d’un gang de sympathisant qui ont voulu faire un coup d’éclat, enchérit Amelia. Mais si vous voulez vous donner bonne conscience …

Scrimegeour contempla la directrice de la Justice Magique avec une certaine stupeur, ne s’attendant sans doute pas à trouver sa patronne ici. Derrière lui, un autre homme en blouse bleue s’était approché de Melania et examinait son bras d’un œil critique.

-Mrs. Bones, je vous pensais en réunion avec le ministre …
-Une réunion pour déterminer la meilleure stratégie pour éviter son éviction, renifla Amelia avec un souverain mépris. J’ai mieux à faire de mon temps, Scrimegeour, les jours de Fudge sont comptés. Il n’en a simplement pas encore conscience. Par ailleurs, vous l’avez dit vous-même, Victoria doit vite rentrer à Poudlard alors si vous pouviez cesser de rester planter là et d’enfin faire le travail qu’on attend d’un Auror, j’en serais heureuse. Elle est géniale !
-Attendez, vous allez la renvoyer dans son école juste comme ça ? intervint Alexandre, incrédule. Après ce qui s’est passé ?
-Mon sortilège de guérison est fragile et elle a besoin des soins de l’infirmière de l’école, précisa Amelia. Et je pense que malgré tout, Victoria voudra profiter de ses derniers jours à Poudlard …

Mon cœur manqua un battement face à ce rappel que je vivais mes derniers instants dans l’école qui m’avait accueilli pendant sept ans. Je hochai la tête à l’adresse d’Amelia Bones qui eut un léger sourire, entendu. Melania, malgré le guérisseur qui s’occupait de son bras de sa baguette magique, intervint à son tour :

-Vous pouvez même la faire rentrer tout de suite, j’expliquerais tout à monsieur Scrimegeour, sans rien omettre. J’ai identifié mieux qu’elle les personnes qui étaient sur ce toit …
-Mais …, protestai-je faiblement.
-Excellente idée, je pense par ailleurs que Victoria a besoin de se reposer et se défouler sur mon neveu pour les prochaines heures, approuva Amelia avec un fin sourire. Simon : défouloir officiel de Victoria

La référence arracha un impensable sourire à Alexandre et cela me soulagea assez pour que j’arrête de protester contre mon renvoi à Poudlard. De toute manière, j’étais trop épuisée pour lutter contre la volonté de fer d’Amelia Bones. Rose m’aida à me relever mais avant de rejoindre George qui devait me raccompagner à Poudlard, je me précipitai vers Melania. La jeune femme se dressa maladroitement sur ses pieds pour m’étreindre de son bras valide. J’ignorais ce qui se serait passé si elle n’avait pas été là, si l’amour ne l’avait pas conduite à craindre pour mon frère et si elle n’avait pas été assez courageuse pour se dresser, seule face à toute cette bande enragée, prenant toute la lumière au risque d’en perdre la vie.

-Merci …
-Ne me remercie pas, tu as été extraordinaire, souffla-t-elle avant de se détacher de moi et de caresser mes cheveux. Tu es une battante, Victoria et une très bonne sorcière. Ils ne t’auront pas comme ça.

J’opinai du chef, la gorge serrée. C’était au moins ce que j’avais appris sur ce toit alors que les sortilèges fusaient de partout et que même sans baguette j’arrivais à leur échapper : j’en étais capable. J’avais l’énergie et la puissance magique nécessaire, une force que je ne soupçonnais pas et qui m’avait poussé à prendre ma baguette et avancer sur ce toit pour sauver mon frère. Au fond de moi, j’avais ce feu essentiel pour lutter et qui brûlait de milles flammes différentes : l’amour, la soif de justice, la volonté de ne pas se laisser faire … La proposition de Dumbledore me revint à l’esprit. Je comptais l’accepter, l’accepter malgré les risques, malgré ma peur de ce que cela pourrait engendrer mais ce qui s’était passé raffermi ma résolution. Je ne pouvais plus laisser ça arriver et j’étais capable de le faire. Melania m’adressa un dernier sourire avant que George ne me prenne par le bras et ne m’emmène vers le jardin. Je n’osais regarder Alexandre, dont les mots m’avaient blessée, ni Scrimegeour qui me fixait avec une certaine désapprobation. Je suivis George sur la terrasse, vannée mais avant qu’on ne puisse descendre la volée de marche qui menait à la pelouse, la porte s’ouvrit à la volée.

-Tory, attends !

Alexandre me retint par le bras et m’attira contre lui si brusquement que cela réveilla la douleur de mes côtes. Malgré tout, je me laissai faire, trop heureuse de pouvoir me plonger dans cette étreinte, enserrant son corps de mes bras, savourant son contact. Seigneur, j’aurais pu jamais le reprendre dans mes bras … Cette réalité que j’avais tenté d’occulter de mon esprit pour ne pas me troubler m’écrasa alors de tout son poids et je me sentis trembler. Alexandre raffermit sa prise sur moi.

-Ecoute … Je ne réalise pas réellement … Et je t’en veux mais … Juste … merci d’être venue. Vraiment. Je ne pensais pas que ma petite sœur était devenue une grande … mais ça m’a permis de le voir. Tu es devenue grande, Tory.

L’émotion menaça de me submerger alors que j’enfouissais un peu plus mon visage dans le tee-shirt de mon frère. George ne songea pas à nous séparer : il nous laissa nous étreindre, nous rappeler à quel point nous comptions l’un pour l’autre et l’un sur l’autre, malgré ma tromperie, malgré sa non-magie, malgré tout. Au bout de ce qui me sembla une éternité, je parvins à me détacher d’Alexandre. Il s’éloigna d’un pas, le regard toujours voilé. Sa lèvre tressaillit en l’ombre d’un sourire.

-Rappelle au crapaud qu’il a promis de prendre soin de toi en mon absence. Je le saurais s’il ne le fait pas.
-Oh Seigneur, il va me tuer …
-Il n’a pas intérêt, je suis toujours plus fort que lui.

J’essuyai un petit rire et enlaçai une dernière fois mon frère avant de m’éloigner en compagnie de George dans le jardin. Je doutais avoir la force nécessaire pour transplaner alors il me prit le bras avec une certaine douceur, m’adressant un sourire qui fit pétiller ses yeux d’un vert chatoyant dans lesquels le soleil faisait réfracter des éclats d’or.

-Tu es prête ?

Je hochai la tête. Oui, j’étais prête. Prête à transplaner et affronter la mauvaise humeur de Simon lorsqu’il apprendrait ce qu’il s’était passé. Prête à recommencer, à saisir ma baguette si Nestor tentait à nouveau de s’en prendre à mon frère. Prête à me battre, encore et encore, de me laisser consumer par la fureur de vivre avant de retourner à la poussière. Mais pour l’heure, il ne s’agissait que de transplaner alors la poigne de George se fit plus ferme. Alors sa magie nous emporta sous les yeux déchirés d’Alexandre.
Wa, cette fin de chapitre est très belle est la confrontation avec Alex très intéressante !

Ps : promi je reprend un rythme de com moins désordonné :lol:
Perripuce

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Perripuce »

HELLO TOUT LE MONDE !

C'est le dernier chapitre de la partie II ! Après ça je posterais un bonus en trois parties et la partie III est écrite à hauteur de sept chapitre donc on est pas trop mal ! Mais avant toute chose ...

... LE RETOUR DE LA CHRONIQUE SPORT DE PERRI avec pour commencer la victoire de l'équipe de France en Ligue des Nations hier soir sur un but de Kylian MBappé. Mais surtout c'est le retour (et j'en suis très heureuse) DU TOUR DE FRANCE MES AMIS avec une victoire française hier, celle en costaud de Nans Peters (AG2R La Mondiale). L'étape a néanmoins été ternie par la GROSSE DEFRAILLANCE DE MON CHOUCOU POUR LE GENERAL Thibaut Pinot, pour qui les années se suivent et se ressemble ... Bref, le Maillot Jaune c'est fini pour lui, c'est fini pour Alaph, il nous reste plus que Romain Bardet et Guillaume Martin pour sauver l'honneur des français.

Sinon, comme ça c'est passé la rentrée?
Bon, je vous laisse avec le chapitre ! Bonne lecture !



Chapitre 31 : Will you join in our crusade?

Viktor,

Tu m’avais demandé de t’envoyer une lettre à la fin de mes études. Tu ne t’attends peut-être pas à ce que je le fasse, mais ça me semble être la moindre des choses que de répondre à la proposition que tu m’as faite l’année dernière.

Déjà, sache que j’ai été et je suis toujours touchée par elle, et également très honorée. C’est vraiment gratifiant de voir son talent reconnu par un joueur de classe mondial et c’est grâce à cela que j’ai pu envisager de poursuivre une carrière dans le Quidditch. Avant que tu reconnaisses mes qualités, je ne pensais pas être assez bonne pour pouvoir prétendre à une place dans les ligues professionnelles. Rien que pour cela, je dois te remercier, tu m’as permis de tracer une voie vers mon avenir.

Malheureusement, je ne peux pas me permettre de le poursuivre en Bulgarie. Ne te méprends-pas, je suis réellement honorée et j’ai été tentée par cette aventure, les Carpates ont vraiment l’air magnifique … Mais je ne peux pas me permettre d’abandonner mon pays alors qu’il semble sur le point de sombrer. Je suis enfant de moldus, je ne peux pas laisser mes parents à la merci de Voldemort, je me dois de les protéger. C’est cette raison principale qui fait que j’ai décidé que si carrière de Quidditch il devait y avoir, elle serait en Angleterre. Ça et le fait que je suis très attachée à ma ville et que vivre si tôt loin de d’elle et de mes proches me ferait souffrir, je veux bien l’admettre. Je suis une fille du Gloucestershire.

Trois équipes anglaises m’ont proposées un poste, j’ai reçu les lettres ce matin … Les Harpies de Holyhead sont les seules à m’offrir une place en équipe A, mais ce n’est pas ce que je recherche dans un premier temps, ce serait trop de pression. En plus, je ne suis pas sûre d’apprécier la politique exclusivement féminine des Harpies, je trouve qu’il n’y a rien de telle que la séparation stricte pour que deux groupes cessent de se comprendre. Ça vaut entre sorcier et moldus, mais aussi entre homme et femme. Les Canons de Chudley m’offrent une place de titulaire en réserve mais les Tornades de Tutshill semblent avoir un meilleur projet de jeu, quelque chose qui me correspond un peu plus, en plus d’avoir l’avantage d’avoir leurs installations juste à côté de chez moi. Et elles sont les premières à m’avoir proposé des essais – enfin, les secondes après toi. Je pense que je vais m’orienter là-dessus, ma professeure de vol a l’air d’accord avec moi, mais je vais prendre les dix jours de réflexion avant de signer mon contrat.

Qui sait, peut-être que dans quelques années, on se croisera en rencontre européenne … Peut-être même que je finirais par accepter ta proposition, Vratsa a l’air d’être un très bel endroit et j’ai toujours rêvé de voyager. Mais la conjoncture actuelle rend cela pour l’instant impossible et je me vois dans l’incapacité de quitter mon pays tant que Voldemort y sera présent pour tenter de le détruire. Je pense que tu peux comprendre ça, toi qui as vécu dans un pays ravagé par les crimes de Grindelwald.

En tout cas, j’espère sincèrement que nos routes se croiseront de nouveau un jour. Bonne chance avec les Vautours, je les soutiendrais depuis l’Angleterre ! Encore merci pour tout.

Victoria Bennett.


Je relus la lettre plusieurs fois avant de décider que je ne pouvais rien rajouter qui la rendrait meilleure. Puis je l’abaissai, et ce furent trop enveloppes qui apparurent dans mon champ de vision, arrivée ce matin en provoquant l’hystérie des personnes qui s’étaient trouvées autour de moi. Et alors que l’agitation menaçait de me faire paniquer, j’avais décidé de m’isoler pour écrire cette lettre et espérer y voir plus clair. Pour mon plus grand soulagement, cela semblait avoir fonctionné : j’étais plus apaisée et le double « T » des Tornades semblait attirer plus mon regard que les autres. C’était une équipe compétitive, se situant juste à côté de chez moi et qui me proposait le poste parfait de gardienne de réserve. Chourave avait eu raison pendant notre entretien : je réfléchissais beaucoup trop. Parfois il fallait se laisser porter par l’évidence. Et concernant l’équipe, c’était exactement ce que je comptais faire.

Satisfaite de ma résolution, je pliai la lettre pour écrire l’adresse gracieusement fournie par Hermione Granger au dos. C’était le dernier jour d’école et les élèves étaient tous sortis profiter de l’agréable chaleur écossaise avant de reprendre le Poudlard Express le lendemain, ce qui faisait que j’étais seule dans la Salle Commune nous les yeux attendris d’Helga Poufsouffle. Ça avait été une drôle de dernière semaine entre ces murs. Simon s’était trouvé fort agité parce qu’il s’était passé et je le soupçonnais d’élaborer un sort pour pouvoir me suivre à la trace l’année prochaine, une fois dehors. Mais Susan et lui avaient été les seuls à savoir ce qui s’était déroulé après les essais, les autres élèves suggérant plutôt que je m’étais blessée pendant l’une des séances. Je présageai néanmoins qu’Ulysse Selwyn avait dû être prévenu, par son père ou par Melania, car je sentais régulièrement son regard entendu sur moi, ni bienveillant, ni agressif. Malgré le nom des Selwyn qui risquait de perdre du crédit et d’être taxé d’association avec Voldemort, il se retrouvait malgré tout seul héritier de la famille. Nestor était à présent recherché par les Aurors avec sa bande et risquait une peine à Azkaban pour usage de sortilège impardonnable et coups et blessures sur une personne non-magique, justement parce que cette personne était non-magique. Il avait fui la maison familiale, d’après la dernière lettre que m’avait adressée Rose Bones, et s’était envolé dans la nature.

Je passai une main sur mes côtes où la douleur s’était résorbée face aux bons soins de Pomfresh. Elle m’avait prévenu qu’il faudrait que je reste quelques semaines tranquilles si je voulais qu’elles se solidifient avant d’entonner une vie faite d’effort physique. J’avais subi deux gros chocs en l’espace de quelques semaines, il fallait que mon corps se régénère.

-Victoria ?

Je levai les yeux sur Emily, qui venait d’entrer dans la Salle Commune. Devant la chaleur de juin, elle avait attaché ses cheveux en chignon lâche sur sa tête et noué sa chemise autour de sa taille pour ne laisser que son débardeur. Elle se trémoussa, visiblement mal à l’aise. Nos rapports étaient loin d’être naturels depuis que Fudge avait admis avoir eu tort durant l’année écoulée : elle éprouvait de grande difficulté à nous regarder dans les yeux, rongée par la honte de nous avoir contrer pendant un an, soutenant que le Ministère avait raison et que Voldemort était mort et enterré. C’était une partie de son monde qui s’était écroulé la semaine dernière.

-Qu’est-ce que tu fais ici ? s’enquit-t-elle néanmoins. C’est notre dernier jour à Poudlard, tu ferais mieux de profiter …
-Je voulais être un peu seule. Les gens se sont faits un peu pressant quand j’ai reçu les lettres de réponse des équipes … Ton copain en tête, d’ailleurs.

Un furtif sourire passa sur ses lèvres.

-Ça ne me surprend pas, il t’aime bien et j’ai l’impression qu’il vit ta réussite dans le Quidditch par procuration … Juste … Si je peux me permettre, tu as une idée, alors ?

C’était vraiment étrange de voir Emily être si prudente, elle qui n’était connue pour avoir la langue dans sa poche. J’eus un petit sourire et ramassai tous mes parchemins qui jonchaient la table.

-Bien sûr que tu as le droit de demander, tu as été la première à le dire, après tout … Et on va dire que j’ai une petite idée, mais je me laisse tout de même le temps de la réflexion.
-D’accord. Alors … réfléchis bien.

Elle s’éloigna vers notre dortoir, l’air toujours profondément embarrassé. La voir me fuir ainsi occasionna un pincement au cœur alors que nous avions ses dernières années construit une amitié que j’avais pensé solide. Il avait fallu qu’elle le soit pour qu’on puisse se parler malgré nos divergences d’opinion. Avant qu’elle ne disparaisse dans notre couloir, je me levai pour l’interpeller :

-Emily !

Mon amie se figea à l’entrée, une main sur l’arrête de la porte, toujours sans me regarder. Je pris une inspiration tremblante. Peut-être que l’année prochaine, elle et moi ne nous trouverions plus dans le même monde, mais je ne pouvais me résoudre à laisser la guerre détruire tout ce que j’avais pu construire à l’école.

-Ecoute, je ne sais pas combien de temps il te faudra mais … quand tu seras prête, je serais toujours là, d’accord ?

Emily ferma les yeux et après quelques secondes d’immobilité elle hocha la tête et s’engouffra dans le couloir sans un autre mot. Avec un soupir, je songeais que je ne pourrais obtenir grand-chose de plus tant qu’elle n’aurait pas fait le point avec elle-même. Passablement déprimée, je songeais que l’air me ferait sans doute le plus grand bien et après avoir fourrer mes lettres sans mon sac, je me dépêchai de sortir. Le soleil s’élevait à son zénith et il me semblait que l’ensemble des élèves de Poudlard avait investi le parc pour profiter de notre dernier jour. Seule devant une arcade, une boite de fer qu’elle secouait à la main, Hermione Granger semblant être la seule à faire exception. Elle paraissait pâle et épuisée, mais déterminée, scandant aux quelques passants un sloggan :

-Engagez-vous pour la liberté pour les elfes de maison ! Adhérez à la S.A.L.E, Société d’Aide à la Libération des Elfes pour mettre fin à cette pratique de l’esclavage, c’est dix mornilles le badge !

Ah, elle avait été jusqu’à créer une association, constatai-je avec amusement. La façon dont les élèves qui se précipitaient dehors me fit de la peine alors je fouillais mes poches et réussi à trouver quelques pièces d’argent et de bronze. Je lui présentai l’argent avec un sourire penaud.

-Je n’ai que huit mornilles et trois noises, mais si ça peut aider …

Hermione m’adressa un sourire fatigué et me tendit sa boite de fer dans lequel je déposai des pièces. J’observai le badge qu’elle me confia alors qu’elle marmonnait :

-J’ai l’impression qu’il n’y a que les nés-moldus pour se soucier des elfes …
-C’est parce qu’on n’a pas grandi avec cette idée. Regarde chez nous, on a mis deux mille ans à abolir l’esclavage … (Je lui montrai le badge avec un sourire incertain). Tu ne veux pas trouver un nom plus vendeur ?

Son visage se renfrogna et je compris que je ne devais pas être la première à lui poser la question. Elle passa une main sur sa poitrine avec une grimace.

-Peut-être, je vais y réfléchir. C’est vrai que Ron s’en moque beaucoup, au fond il ne doit pas le seul … Mais merci pour ta contribution, en tout cas ! Tu as envoyé ta lettre à Viktor, du coup ?
-Oui, je viens de finir de l’écrire … Encore merci pour son adresse.

Un doux sourire s’étira sur les lèvres d’Hermione. Elle venait juste de sortir de l’infirmerie où elle était restée plusieurs jours dans un piteux état, selon les rumeurs. Et selon d’autres encore plus folles, cela aurait un rapport avec ce qui s’était passé au Ministère. Elle jeta un regard au parc. Plus loin sous un frêne, Harry et Ron jouaient aux échecs version sorcier.

-Je ferais bien d’y aller, souffla-t-elle, plus pour elle-même, avant de pivoter vers moi avec une main tendue. En tout cas, ça me fera vraiment plaisir de te revoir un jour …
-Moi aussi, assurai-je en serrant sa main. Peut-être un jour à Pré-au-Lard ?
-Avec plaisir.

Hermione m’adressa un dernier sourire et partit rejoindre Ron et Harry sous le frêne. Moi je me contentai de grimper quelques étages et de me poster à une fenêtre pour embrasser la place du regard et graver chaque arbre, chaque brin d’herbe, chaque éclat d’or qui se réfractait dans le lac dans ma mémoire. J’étais arrivée petite fille effrayée dans cette école, effrayée par sa magie et par celle qui l’entourait, effrayée à l’idée d’être différente. Je n’en ressortais pas grandie physiquement, j’avais toujours la même taille que lorsque j’y étais entrée, mais j’étais indéniablement différente. Je m’étais découverte une force que je ne soupçonnais pas au gré des épreuves, une force que je puisais au plus profond de mon être. J’avais également effleuré l’adulte qui frémissait en moi, prête à lentement déployer ses pétales le jour où elle sera arrivée à maturation. Et plus que tout, j’avais découvert que j’étais une sorcière, que la magie coulait dans mes veines et que rien ne justifiait qu’on me considère comme inférieure. Mes pouvoirs n’étaient pas moins grands que ceux des Sangs-Purs. J’avais une légitimité à porter ma baguette. Ma main se perdit sur ma chaine et je cueillis les breloques au creux de ma paume. Saint George qui représentait l’épreuve, l’adversité, la force et l’étoile de David le combat que je devrais mener. Ne les laisse pas te faire ce qu’ils nous ont fait.

-Tu flânes, Bennett ?

Je sursautai face à cette voix qui, un jour, aurait mérité que je prenne mes jambes à mon cou. Résistant à la tentation toujours présente, je lorgnais vaguement Ulysse Selwyn, son sourire cynique et ses yeux gris, semblables à ceux de Melania et Nestor. Sans attendre ma réponse, il s’accouda à l’immense fenêtre que j’avais ouverte pour profiter de la brise et observa le parc en contre-bas.

-Je comprends. On a une belle vue, d’ici, c’est un endroit apaisant. Et vu que ta vie ne sera pas très apaisée une fois que tu auras posé un orteil hors de Poudlard, bien …
-Si tu es venu me faire des menaces ou alors juste te moquer de moi, tu peux repartir, rétorquai-je vertement. Je pense que j’en ai assez vu avec ta famille pour que tu en rajoutes.

Un sinistre sourire s’étira sur les lèvres de Selwyn.

-Pourtant, il va falloir t’habituer à nous. Nestor n’a pas rejoint le camp du Seigneur des Ténèbres pour rester sagement dans ses jupes. Un jour, il reviendra : pour toi ou pour ma sœur, ça reste à déterminer. Ce qui m’amène à mon second point : apparemment, les choses se sont arrangées entre Melania et ton frère et elle a réussi à convaincre mon père que c’était une bonne chose pour la famille. De toute manière, s’il avait refusé, je pense qu’on se serait retrouvé avec une Selwyn en moins à la maison … Mais voilà, mon père a accepté, ce qui veut dire qu’il va s’investir. Bienvenu dans notre grande famille, Bennett.

Une grimace déforma mes lèvres malgré la joie que j’avais pu ressentir à l’annonce. J’avais craint qu’Alexandre n’en veuille trop à Melania pour que leur couple se reforme, mais il avait visiblement su mettre sa fierté de côté. Simplement, l’idée que cela insinue un peu plus de la famille Selwyn dans notre vie m’était désagréable.

-Je suppose que ça veut dire qu’on va être amené à se côtoyer, poursuivit Selwyn d’un ton neutre. Mon père va sans doute rencontrer tes parents et je serais là parce que cela sera une scène mémorable, puis il y aura un jour le mariage, la naissance des enfants …
-Est-ce que tu veux que je me jette de cette fenêtre ? Continue, alors, tu es bien parti.
-Ne te bile pas, ça ne plait pas plus qu’à toi. Devoir fréquenter des moldus … Aïe !

Je tenais de me tendre pour asséner une claque sèche à l’arrière de son crâne. C’était le genre de petite remarque que j’avais en horreur et de la bouche de Selwyn, c’était pire.

-Alors tu vas apprendre à les connaître, Ulysse Selwyn et à comprendre que tu ne vaux pas mieux qu’eux. C’est justement à cause de ce genre de comportement intolérant que le monde est sur le point de s’embraser.
-Epargne-moi ton discours plein de bons sentiments. Laisse-moi te dire que tu te fourvoies en songeant que sorcier et moldus peuvent vivre ensemble en toute harmonie, l’Histoire nous a prouvé que c’était impossible. Mais pour Melania, je ferais un effort.
-C’est toi qui vas valser par la fenêtre, en fait.
-Fais attention, Bennett, je ne suis pas Nestor.

Je le croyais sur parole. Il n’avait aucune appétence pour la magie noire et surtout, il était bien plus fin et intelligent, et sans doute plus doué magiquement. J’avais eu l’occasion de le constater, il était un adversaire coriace qui avait brusquement cessé d’être un adversaire. C’était assez incroyable comme cette année les alliances avaient été bouleversées et mon monde chamboulé. Me détournant de lui, je pris appuis sur la fenêtre pour me hisser sur le chambranle et mieux profiter de la brise qui soufflait sur le parc. Les élèves commençaient à retourner en masse dans le château pour le dîner.

-C’est assez frustrant de savoir que tout ce qu’on a fait ait servi à rien, lança sombrement Selwyn en suivant le cheminement des étudiants. J’ai demandé l’impossible à ma sœur pour préserver ma famille, toi l’impossible à ton frère pour préserver la tienne et … voilà. Tout cet émoi pour ça …

Son regard se fixa brusquement et je le suivis pour poser les yeux sur Octavia McLairds qui discutait étonnement avec Renata Morton. Les yeux de Selwyn ne quittaient pas la Serdaigle et un petit sourire fleurit sur mes lèvres. Si nous étions destinés à nous recroiser, je pouvais peut-être jouer carte sur table avec lui.

-Si tu veux, je t’autorise à lui dire que tu m’as aidé à sauver mon frère. Ça pèsera peut-être dans la balance.
Selwyn fronça les sourcils en me jetant un regard suspicieux.
-Mais de quoi tu parles ?
-D’Octavia McLairds. Qu’on se le dise, c’est une fille bien qui mérite mieux que toi. Mais toi, tu serais pire sans elle alors si vraiment il faut que tu fasses un jour parti de ma famille, autant que tu sois le meilleur possible.

Je n’avais jamais vu Ulysse Selwyn rougir, mais je devais admettre que c’était un spectacle distrayant qui vengeait presque des années entières de persécutions. A en regretter de ne pas avoir cette allusion à ses sentiments pour la Serdaigle plus tôt. Je n’avais pas voulu m’en mêler, considérant que c’était leur vie privée et que de toute manière, Ulysse Selwyn n’était pas quelqu’un de bien, je ne pouvais pas souhaiter à Octavia d’être avec lui. Mais alors que je l’avais observé contempler la jeune fille avec une certaine douleur, j’avais songé que la transformation d’Ulysse Selwyn en quelqu’un de respectable ne pouvait se faire que par elle. Je n’avais pas oublié la détermination qui s’était peinte sur ses traits lorsque Simon et moi les avions surpris et qu’il avait avoué être prêt à tout pour la mériter.

-Tu … Enfin, elle … elle t’a dit …
-Peu importe, le coupai-je, de plus en plus amusée. C’est juste une information, comme ça. Si tu lui dis que tu m’as aidé, ça peut peut-être effacer le fait que tu m’aies cassé le nez l’année dernière à ses yeux.

Le regard de Selwyn se fit presque furieux et mon sourire ne s’en agrandit que plus.

-D’un point de vue purement technique, tu te l’es cassé seule, rétorqua-t-il pour se redonner contenance.
-Ne me fais pas regretter d’avoir été gentille.
-C’est plus du sadisme que de la gentillesse, m’est avis.

Je ne le détrompai pas, d’autant plus qu’un grand cri venait d’éclater en contre-bas. Nous y baissâmes nos yeux d’un même mouvement pour voir Peeves muni d’une canne qui n’était décidemment pas à lui et ce qui ressemblait à une chaussette remplie de craies coursant une Dolores Ombrage qui poussait des cri aigu et terrifiés, son bagage par-dessus sa tête pour faire barrage aux coups de Peeves. Derrière eux, une nuée d’élève se déversa de la Grande Salles avec de grandes exclamations ravies, applaudissant ce dictateur qui avait failli détruire l’esprit de notre école qui prenait ses jambes à son cou face à l’esprit frappeur porté en héros.

-Je suis la sous-secrétaire d’état auprès du ministre ! hurla-t-elle d’une voix criarde en évitant un nouveau coup de canne.

Mais ça n’avait aucune importance pour Peeves qui continua de la poursuivre, et elle dut se résoudre à se mettre à courir de ses petites jambes de crapaud sous les cris de joies des élèves. Avec un immense sourire, j’entendis un chœur de Do you hear the people sing ? se faire entendre dans le tumulte, mené par Susan Bones qui chantait, le poing brandi, entouré d’autres élèves de Poufsouffle et de l’A.D. Mon cœur se gonfla d’un immense espoir. Je voulais voir dans la fuite de Dolores Ombrage le signe que dans ce monde, la dictature, l’injustice et l’hypocrisie ne triomphait pas. Elle n’avait pas gagné à Poudlard ; Voldemort ne gagnerait pas non plus à l’échelle de l’Angleterre. Je savais que c’était illusoire mais c’était une lueur à laquelle je voulais m’accrocher.

-Bon débarras, soupira Selwyn alors qu’Ombrage disparaissait au loin sous les cris de Peeves et les chants des élèves. Franchement, je veux bien admettre que c’était une plaie …
-Une plaie qui t’a nommé préfet-en-chef. D’ailleurs, je peux récupérer l’insigne ?

Selwyn haussa les sourcils avant de baisser les yeux sur la plaque dorée qui brillait sur sa poitrine depuis quelques semaines. Avec un ricanement de dépit, il la décrocha de son pull pour me le lancer. Mue de mes réflexes de gardienne, je le réceptionnais d’un geste leste.

-Je n’en ai pas besoin, tu peux lui rendre. De toute façon c’était assez artificiel.
-Heureuse que tu le reconnaisses. Maintenant continue sur cette voie et peut-être que sur un malentendu, je serais invitée à ton mariage avec Octavia.

Sans lui laisser le temps de répondre et savourant juste la rougeur qui colorait de nouveau ses joues, je fis volte-face, l’insigne serré entre mes doigts, un sourire satisfait aux lèvres. Dehors, le soleil jetait ses dernières lumières sur les montagnes d’Ecosse et rougeoyait sur le Lac pendant que l’espoir s’époumonait toujours :

When the beating of your heart
Echoes the beating of the drums
There is a life about to start
When tomorrow comes !

***


Le dernier jour à Poudlard arriva et ce fut les yeux humides que je fermais une dernière fois ma valise et contemplai la chambre aux fenêtres rondes, aux tentures moutarde et aux poignées de cuivre qui m’avait accueillie pendant sept ans. Mathilda avait versé quelques larmes avant de quitter la pièce qui l’année prochaine nous oublierait en accueillant de nouvelles élèves, des petites sorcières de onze ans qui seront tristement ignorante des aînées qui les avaient précédés. Emily avait laissé sa marque sous la forme d’une banderole que les elfes enlèveraient sans doute pendant les vacances et sur laquelle on pouvait lire « Faites honneur à Poufsouffle ! ». Renata trainait aussi, lissant le pardessus de son lit avec une certaine nostalgie.

-Ça va être drôle de pas prendre le Poudlard Express, l’année prochaine, soufflai-je avant de mettre une main résolue sur ma valise. Et que ce sont d’autres personnes qui dormiront dans nos lits …
-Il faut bien qu’un jour on poursuive notre route et que d’autres personnes prennent la relève, fit-t-elle valoir avec lenteur. Il y autre chose qui nous attendent, dehors …

Je lui jetai un regard oblique, indécise. Mon cœur fit un bond lorsque je remarquais qu’elle me fixait avec une certaine insistance, pinçant des lèvres avec une certaine nervosité. C’était une question muette que l’attitude de Renata. Alors avec une infinie prudence, je murmurai :

-Comme l’Ordre ?

Renata laissa échapper un infime soupir et se détendit. La commissure de ses lèvres se releva en un timide sourire.

-Je me doutais qu’on te proposerait, à toi. Et à Simon aussi, je suppose …
-Mathilda ?

Ses lèvres se pincèrent de nouveau et elle secoua la tête en un geste raide. Ce n’était pas une surprise. Mathilda était douce et aspirait à une vie simple qu’elle méritait. Et sans doute Renata souhaitait protéger sa candide sœur jumelle de la guerre.

-Non, Mathilda va devenir apothicaire, sans doute un jour se marier avec son vampire, avoir plein d’enfants et vivre heureuse. En tout cas, je ferais tout pour que ça se passe comme ça.
-Je t’aiderais, alors. Je suppose qu’on se reverra vite alors ?

Renata parut hésiter avant de lâcher :

-Je suppose. Et … Je suis contente que … Enfin, que tu fasses ça aussi, avec moi. Je pense que tu es sans doute la seule personne de l’école pour laquelle j’ai de l’affection. Enfin, la seule avec …

Le nom flotta entre nous comme un spectre. Cédric. Saint Cédric, qui s’était toujours soucié de ceux qui s’isolaient, qui avaient toujours tenté de comprendre ceux qui étaient différents … Une sollicitude et une abnégation qui avaient fini par toucher Renata. La jeune fille battit ses paupières et se détourna.

-Enfin bref. Bon courage, Victoria.

Avec un dernier signe de main, elle s’éloigna, trainant derrière elle sa malle et son matériel d’astrologie. J’éprouvais un sentiment ambivalent face à Renata, sa surprenante confidence d’avoir été l’une des rares personnes qu’elle appréciait dans cette école, son acceptation de l’Ordre et le souvenir de Cédric qui nous liait contre toute attente. Incapable de démêler mes émotions, je me laissai aller contre le pilier de mon lit à baldaquin. Je me trouvais dans un instant où j’avais l’impression que la femme ne pourrait jamais s’épanouir en moi car j’étais trop attachée au bourgeon de l’enfant.

-Il faut vraiment que je te détache de force de ce lit ?

Un sourire amusé s’étira sur mes lèvres et je n’en resserrais que plus les bras autour de la poutre, appuyant ma joue contre le bois. Simon m’observait d’un air désabusé, une main sur la porte et l’autre tenant sa baguette, l’air prêt à s’en servir. L’insigne de préfet-en-chef brillait sur sa poitrine. Il avait beau avoir assuré que ce titre n’avait aucune importance pour lui, il n’avait cessé de l’aborder depuis que je l’avais arraché à Selwyn.

-Allez Vicky, tu ne voudrais pas que je te fasse sortir d’ici en volant. Et ne me tente pas, ce serait franchement distrayant.
-Ce serait humiliant. Ne le fais pas.
-Alors lâche ce lit.

Avec un soupir à en fendre l’âme, j’obtempérai et empoignai ma valise et mes bagages avant de le rejoindre à l’entrée de ma chambre. Je lui jetai un dernier regard déchiré avant que Simon ne passe une main dans mon dos pour m’emmener vers la Salle Commune. Elle était pleine d’élèves, de bagages, d’animaux qui se débattaient dans leurs cages et qui expliquaient la cacophonie qui régnait dans l’espace. Parmi eux, Kenneth lâcha tout ce qu’ils tenaient pour se précipiter vers moi et m’enserrer à m’en étouffer dans ses bras musculeux.

-Non, toi tu restes ici ! Il est hors de question que tu nous quittes ce château, que tu nous laisses seuls l’année prochaine avec les ASPIC et Smith pour seule compagnie et une passoire dans les buts !
-Exactement ! enchérit Judy qui me donna un coup de balai sur le crâne une fois que Kenneth me relâcha. Tu refuses toutes tes propositions, tu redoubles, tu t’organises mais tu restes avec nous !
-Est-ce que je peux vous acheter avec la perspective de places gratuites pour aller voir un ou deux matchs pendant les vacances ?

Les paupières de Judy se plissèrent et elle échangea un regard très sérieux avec Kenneth, l’air d’évaluer ses choix entre la proposition ou m’assommer de sa batte pour que je reste. Ils finirent par céder d’un soupir qui leur semblait arracher.

-Le capitaine sait comment nous attendrir … Tu viendras nous voir, l’année prochaine ? Si nos matchs ne tombent pas en même temps que les tiens ?
-Je vous le promets. Et vous veillez à ce que Smith ne ruine pas tous mes efforts. Vous avez mon héritage entre les mains.

Une boule d’émotion se forma dans ma gorge à ce moment et Kenneth parut momentanément au bord des larmes avant qu’il ne me sourît vaillamment. Ils finirent par s’éloigner en se chamaillant comme à leur habitude et Simon posa une main sur mon épaule.

-Pari de moi à moi : tu pleures avant d’arriver au train.
-Et toi avant d’arriver aux diligences, contrattaquai-je en levant les yeux au ciel. Allez viens, dépêchons-nous, le monde ne veut pas voir ça.

Mais la traversée de Poudlard fut douloureuse et ce fut difficile de retenir ses larmes. La cuisine dans laquelle j’avais frappé Fred Weasley avec le poêle et embrassé Miles pour la première fois … La Grande Salle et tous les cris que j’avais pu y pousser contre Simon … Le sablier empli d’ambre que j’avais espéré voir plus haute que les autres pierres … La cabane de Hagrid, qui avait fini par revenir après le retour de Dumbledore … Le terrain de Quidditch qui rappelait cruellement à moi le fantôme de Cédric, nos courses de balai, mes débuts dans ce sport, mon apogée … et des mots, des mots qui résonnaient profondément en moi à présent, gravés dans mon âme.
Nous ne sommes qu’ombres et poussières. Mais avant de retourner à la poussière nous nous battrons.
La vision de Pomona Chourave, qui supervisait les opérations dans le parc, me fit monter les larmes aux yeux. Elle nous adressa un sourire ému en nous voyant arriver et se retenait visiblement de nous serrer dans ses bras.

-Ah, vous deux … (ne pouvant s’en empêcher, elle prit nos mains dans les siennes et les serra). Prenez soin l’un de l’autre, d’accord ?
-C’est prévu, professeur, assura Simon d’une voix rauque. Vous allez nous manquer.
-Vous aussi, Bones. Mais à dire vrai, je pense que même les Weasley me manquent, c’est dire … Mais revenez quand vous le souhaitez, les portes de Poudlard vous seront toujours grandes ouvertes, n’en doutez pas. Pour vous aussi, Bennett.
-Merci, professeur … Vraiment, merci pour tout.

Chourave serra ma main avant de tapoter ma joue d’un geste maternel. Ce fut aussi déchirant de quitter cette femme admirable qui fut l’un de mes guides dans le monde magique et dans la quête de mon identité que de quitter ma chambre et ce fut le regard légèrement humide qu’elle nous contempla nous éloigner sur la route qui menait à un avenir loin de Poudlard. Elle avait rempli sa mission en nous faisant grandir et en nous tenant la main jusqu’au bord de ce chemin. Je vis Simon s’essuyer discrètement les yeux et je profitai de ce geste pour éclater de rire et faire voler cette bulle d’émotivité qui semblait nous envelopper depuis ce matin.

-J’ai gagné ! Je veux que tu m’apportes mon chocolat tous les matins cet été, Bones !
-Tu es insupportable, râla Simon en baissant la main, les yeux luisants. Et fais attention, dans les équipes professionnelles, je suis sûr qu’on surveille l’alimentation, c’est peut-être fini le chocolat !
-Raison de plus d’en profiter cet été. Et de toute manière …

La fin de ma phrase s’étouffa dans ma gorge. Une autre personne arpentait le chemin, quelques pas devant nous, les cheveux bruns à peine décoiffés par la brise. Simon suivit mon regard et les traits de son visage se figèrent légèrement.

-Oh. Hum … Je t’attends près des diligences ?
-Ouais. Ouais, on fait ça. Tu peux prendre mes sacs ?
-Dans tes rêves.

J’eus un sourire amusé malgré tout, ces piques familières qui ne m’atteignaient même plus et laissai Simon me dépasser souplement. Il donna une tape dans l’épaule de Miles avant de s’éloigner sur le chemin d’un pas vif. Miles s’immobilisa et fit lentement volte-face en comprenant qu’un Bones seul ne pouvait signifier qu’une Bennett sauvage n’était pas loin. J’attendis la culpabilité, un pincement quelconque, l’accélération des battements de mon cœur, mais tout s’était tu en moi, comme enfin apaisé, une mer d’eau qui se calmait enfin après une atroce tempête. Ce fut néanmoins avec un certain embarras que j’avançai vers lui, trainant avec moi ma valise et les sacs que Simon avait refusé de prendre.

-Salut.
-Salut, répondit Miles, un sourire incertain aux lèvres. Ça va mieux ?

Je mis un moment à comprendre qu’il faisait référence à la soi-disant blessure que j’étais censé m’être faite aux essais et je portai une main mécaniquement à mes côtes depuis guéries.

-Oui, je vais bien. Un cognard chez les Harpies. Ça doit être à cause de ça que je n’ai pas choisi d’aller chez elles.
-Chez qui, alors ?

J’hésitai un instant. Seuls Simon et Susan étaient au courant de ma décision qui n’avait encore rien d’officiel, mais il avait menacé de divers maléfices qui m’avait très vite fait cracher le morceau. De toute manière, j’avais senti qu’une réponse différente de celle que j’avais donné m’aurait quoiqu’il arrivait valu un maléfice. Mais Miles avait été une part importante de ma vie durant cette année écoulée et ça je ne l’oubliais pas.

-Les Tornades. Je vais signer mon contrat la semaine prochaine.

Miles eut un sourire entendu. Il connaissait peut-être plus que quiconque mon envie de rester au plus près de chez moi. Et il était peut-être celui qui en avait le plus souffert. Les échos d’une ancienne culpabilité resurgirent et je ne pus m’empêcher de bredouiller :

-Ecoute … Je suis désolée de ce qui s’est passé …

Mais Miles m’interrompit d’un geste de la main et me gratifia d’un sourire rassurant.

-Ne t’en fais pas. Je n’ai pas été parfait non plus, sur la fin. Je pense qu’on tirait sur la corde, en fin de compte, qu’on arrivait à notre plafond de verre. Je ne dis pas que ça a été facile … C’est possible que je t’aie maudit deux ou trois fois pendant les ASPICs. Ou alors c’était Bones ? Bon sang, quand il a fait son patronus …
-On est dans le même cas pour ça. Au moins on aura tous une mauvaise note à cause de lui, mais je compte bien lui faire payer.

Un fin sourire s’étira sur les lèvres de Miles, légèrement teinté d’amertume. Il parut pendant quelques secondes en proie à un débat intérieur, avant de lâcher du bout des lèvres :

-Est-ce que je me permettre un conseil ? Pour la suite ?
-Bien sûr, assurai-je, assez surprise par la prudence de son ton. Quoi ?
-Définitivement, Vic’ … Arrête de te prendre la tête. Pitié. A chaque fois que tu réfléchiras trop à une question, pense à moi et laisse-toi emporter. Tu as un bon instinct, fais-lui confiance. Et je pense que tu en auras besoin dans les mois à venir.

Je le dévisageai un instant, étonnée avant qu’un sourire gêné ne s’étale sur mes lèvres. Je savais être une personne qui réfléchissait excessivement et c’était au moment où j’avais décidé de mettre mon cerveau en pause que j’étais sortie avec Miles, cédant à mes sentiments naissants. C’était peut-être un aspect de moi que Poudlard avait développé et que je devais amener à l’extérieur.

-J’essaierais, promis.

Miles sourit de façon plus franchement. Après encore une minute d’indécision, il ajouta même :

-Si un jour tu te poses trop et quand on sera prêt pour ça bien … n’hésite pas à venir me voir. Vraiment.
-Oh. C’est gentil, j’y penserais. Et euh … Toi aussi, d’accord ? Pour le coup, si une situation demande à être interrogé. Comme « est-ce que je dois ou non attaquer l’amie de ma copine ».
-Alors d’abord ce n’était pas une attaque ! Et ensuite, comment oses-tu me remettre ça dans la figure alors qu’on est plus ensemble ?

J’eus de prime abord un mouvement de recul avant de remarquer que Miles souriait, ses yeux bruns pétillants. Je me détendis alors et lui rendis son sourire. Il faudrait du temps avant que les choses ne deviennent naturelles entre nous – si tant étaient qu’elles pourraient l’être un jour. Mais Miles avait été une étape importante de ma vie – mon premier petit-ami, ma première fois … C’était impensable qu’il s’efface de ma vie, impensable que je le laisse s’évaporer. Les pires traumatismes restaient gravés dans les mémoires, il n’y avait pas de raison que les bons moments n’y restent pas non plus. J’empoignais ma valise, sentant que l’instant d’amabilité touchait à sa fin et que la situation ne tardait pas à devenir à nouveau gênante.

-Prends soin de toi, conclus-je avec un sourire. Vraiment. Et salue ton père de ma part.
-Et toi salue ton frère. Non, abstiens-toi, en fait, je ne suis pas sûr de l’avoir beaucoup aimé. Mais prends soin de toi aussi, Vic’.

J’essuyai un rire désabusé et nous descendîmes ensemble dans un silence embarrassant les derniers mètres qui nous séparaient des diligences. Miles monta dans la première d’entre elle qui contenait Ulysse Selwyn et je rejoignis Simon, qui m’attendait en fixait le vide devant la diligence. C’était l’une des dernières qui demeuraient et je vis avec une certaine stupeur Simon lever une main et caresser l’air, comme s’il faisait un signe à quelqu’un. Pourtant, l’intérieur était vide, aussi le contemplai-je avec étonnement.

-Euh … Qu’est-ce que tu fais ?

Les traits de Simon se crispèrent et il recula d’un pas en baissant la main. Il prit résolument ses bagages et les chargea dans la diligence, mais son visage demeurait troublé.

-Rien, laisse-tomber …
-Simon …, soupirai-je en posant une main sur son bras pour stopper son geste. Qu’est-ce qu’il y a ?

Simon laissa tomber son sac à l’intérieur de la diligence et contempla un instant l’endroit où il s’était tenu avec une sorte de déchirement. Sa bouche se tordit.

-Tu sais ce qu’est un sombral, Vicky ?
-J’ai déjà entendu, mais … pas vraiment…
-Ce sont de grands chevaux squelettiques, très sensible, tellement sensibles qu’ils en sont invisibles. Poudlard s’en sert pour tirer les diligences …. Seules … Seules des personnes qui ont vues la mort peuvent les voir.

Mon souffle se bloqua dans ma gorge et je fixai l’espace vide devant la diligence, ayant soudainement douloureusement consciente de ce que Simon pouvait y voir. Pas simplement le cheval squelettique qu’il m’avait décrit, mais tous les fantômes qui le hantaient depuis plusieurs mois. Je réalisai également que chaque fois que Simon avait dû prendre cette diligence, il s’était retrouvé face à cet preuve vivante du traumatisme qu’il avait vécu et qu’à chaque fois cela avait dû être comme une lame enfoncée dans son cœur. Mais j’avais toujours fait mes trajets avec lui ou presque et jamais je ne l’avais vu agir de la sorte. Ils les avaient toujours ignorés … Je laissai glisser ma main jusque la sienne et serrai doucement ses doigts.

-Tu n’as pas une petite larme à verser ?

Brusquement sorti de sa torpeur, Simon planta un coude dans mes côtes et je le poussai avec un éclat de rire à l’intérieur de la diligence. Cette acceptation de la présence du sombral devait déjà être assez douloureuse pour que j’en rajoute avec des paroles inutiles.

-Victoria Anne Jadwiga Bennett, tu es la personne la plus abjecte que je connaisse ! maugréa-t-il en se laissant tomber sur la banquette. Sérieusement, tu es atroce !
-Et c’est pour ça que tu me supporteras toute ta vie, jusqu’à ce que je t’enterre avec un « on se reverra en enfer, minus ! », chantonnai-je joyeusement. D’ailleurs, tu ne m’as toujours pas dit ton second prénom. Edgar ? Nicholas ?

Simon eut un sourire énigmatique et secoua lentement la tête avec un plaisir presque sadique.

-J’ai deux frères aînés, Vic’, Edgar et Nicholas auraient déjà été pris. Mais tu n’es pas dans le bon esprit.
-Hum … Ta mère était de Sang-Pur, et tu refuses de me le dire … C’est un nom ridicule du style Drago, Ulysse, tout ça … ? Oh mon Dieu ! (Simon venait de détourner les yeux, son sourire s’agrandissant sur ses lèvres). C’est ça ?!
-Non.
-Si c’est ça ! Tu me caches un prénom ridicule pour que je ne me moque pas, tu me caches ça depuis des années, honte à toi Simon prénom-ridicule Bones !

La diligence s’ébranla, m’empêchant de répandre davantage mon indignation. Nos regards se portèrent immédiatement sur le château derrière nous qui commençait à s’éloigner, emportant avec lui notre enfance, notre insouciance et tous nos souvenirs. Aucun de nous deux ne pûmes endiguer le voile humide qui nous couvrit la cornée alors qu’une partie de nous nous était arrachée. Il était tant de grandir … et de nous confronter à notre nouvelle vie.

***


Il se trouva que le seul compartiment acceptable était occupé par Octavia McLairds, qui leva les yeux au ciel en nous voyant arriver. Pourtant, je vis le léger sourire passer furtivement sur ses lèvres, comme si elle était secrètement ravie de ne pas faire le trajet seule. Forcée par Roger, Emily finit par nous rejoindre au milieu du trajet mais resta silencieuse, appuyée contre sa banquette à lire un épais grimoire, les lunettes perchées sur son nez. Roger et Simon discutaient de l’IRIS quand Susan passa la porte, un sourire immensément satisfait sur le visage qu’elle ne parvint pas à nous cacher. Il fallut plusieurs minutes d’interrogatoire de la part de Simon et de Roger pour qu’elle ne lâche du bout des lèvres :

-Bien … Il se peut que … Euh. Malefoy, Crabbe et Goyle ont tenté de tendre un piège à Harry alors … On leur a juste montré à quel point Harry nous avait bien entrainé et … ils ressemblent à présent à trois grosses limaces.

Il eut un instant de silence où Susan jeta des regards à la dérobée à son frère, l’air de craindre sa réaction. C’était d’ailleurs cela que chaque personne du compartiment, y compris Emily, guettait avec une certaine appréhension. Simon contempla quelques secondes sa sœur, bouche bée, avant d’éclater de rire et de la prendre dans ses bras. Susan se laissa faire, hébétée.

-Par Merlin, Susie, qu’on ne vienne jamais te dire que tu n’es pas ma petite sœur !

Susan battit des paupières et enlaça son frère qui ne l’était pas de sang, mais qui l’était indéniablement de cœur. Octavia et moi échangeâmes un sourire attendri et qui me sembla presque complice. Elle était l’unique autre personne consciente des véritables origines de Simon et je n’oublierais jamais que c’était grâce à elle que j’avais pu découvrir ce pan inconnu de sa vie.

Le train finit par ralentir à l’approche de la gare King’s Cross et il me sembla alors qu’il arrivait en gare que jamais je ne pourrais sortir de ce compartiment, que j’allais me cacher sous l’une de ses banquettes pour que le train puisse me ramener à Poudlard et que je n’aie pas à affronter tous les changements qui s’étaient opérés cette année. Pourtant, je suivis Simon hors du compartiment, la mort dans l’âme et faillis le heurter au moment où il allait descendre du train. Mais à peine avait-il passé la tête par la porte qu’il avait eu un mouvement de recule et j’échappai souplement à la collision.

-Bones !
-On ne descend pas, finalement ! décréta-t-il en reculant encore.
-Qu’est-ce qu’il y a cette fois ?
-Euh …, répondit à sa place Susan, qui fixait l’extérieur avec un sourire. Vic’, je pense que tu as un comité d’accueil.

Intriguée, je pris les devants et descendis du train avec mes bagages. Puis mon regard se promena sur le quai et mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Un immense sourire s’étira sur mes lèvres sans que je ne puisse le contenir. Un peu plus loin se tenait un groupe de personne que je n’aurais jamais cru pouvoir se tenir ensemble sur le quai de la voie 9¾ mais pourtant elles étaient là. George et mon père étaient l’un à côté de l’autre, comme un chaque retour de Poudlard cette année, mais cette fois, Alexandre les accompagnait, tenant par la main une Melania Selwyn qui me paraissait plus épanouie que jamais, malgré le bras qu’elle portait encore en écharpe. Et surtout, observant la vieille locomotive rouge d’un œil critique, Miroslav Liszka complétait cet incroyable tableau. Simon déglutit derrière moi.

-Ton grand-père était obligé de venir ?
-Seigneur, remets-toi ! Ferme ton esprit et ça devait bien se passer !
-Moi, je trouve ça génial ! s’exclama Susan en sautant du train, radieuse. On y va ?

Sans nous attendre, elle se précipita vers son père d’un pas bondissant alors que le mien se dépêchait vers moi. Je lâchai mes bagages pour le rejoindre et l’enlacer, poussant un immense soupir dans son polo alors qu’il me serrait à m’en rompre les os, appuyant ma tête contre son épaule en un geste tremblant et protecteur.

-Dieu tout puissant, ma chérie …

Un petit sourire retroussa mes lèvres alors que je m’écartai pour observer mon père. Il semblait avoir pris dix ans depuis les vacances de Pâques : les rides qui filaient sa peau s’était creusées et il me semblait même de nouvelles mèches grises étaient apparues dans sa chevelure châtain. Comme Alexandre, il avait appris trop en trop peu de temps. Il esquissa un petit sourire et m’embrassa sur le front.

-Je suis heureux que tu reviennes à la maison. Je crois que ta mère a prévu de te séquestrer.
-C’est une sorcière, Edward. Peu importe la prison que vous lui ferez, elle s’échappera.

Mon père grimaça et prit à peine la peine de tourner la tête vers mon grand-père. Il passa un bras derrière mes épaules.

-Merci, Miro, je sais, cingla-t-il avec une certaine froideur.
-Salut, papy.

Le regard de Miro pétillait mais je le vis régulièrement se porter sur quelque chose qui se tenait derrière moi. Comprenant soudainement, je claquais mes doigts sous son nez avec insistance.

-Arrête ça ! On fait comme la dernière fois !
-Aucun progrès, le moustique, il va falloir que je le prenne en main, grogna-t-il avant de reporter son attention sur moi. Alors perelko ? On se jette dans la mêlée sans moi ?
-On s’en serait bien passée, intervint Melania en s’avançant pour m’enlacer avant de me prendre à bouts de bras. Tu aurais vu mon frère, par le plus grand des hasards ?
-Je l’ai vu descendre là-bas, intervint Octavia, qui nous avait suivies.

Elle contemplait Melania avec incrédulité avant que son regard ne glisse sur les mains nouées de la sorcière et d’Alexandre, puis sur Simon, les sourcils dressés en une question muette. Melania fendit la foule à la recherche d’Ulysse pendant que je saluai George et qu’Alexandre entreprenait de frotter vigoureusement le sommet de mon crâne. Puis il se tourna souplement vers Simon pour pointer un index accusateur sur lui.

-Il faut qu’on parle, mon crapaud ! Tu as failli à ta mission, cette année !
-Crapaud ? ne put s’empêcher de glousser Emily alors que Roger éclatait de rire à côté.
-Je lui trouve plutôt l’air d’un moustique, évalua Miro en frottant sa barbe, avant de se pencher sur George. Je vous le prendrais quelques heures par semaines, ce n’est pas possible d’avoir un esprit si ouvert avec Voldemort qui se promène.

Il y eut une grimace collective au nom du Mage Noir, mais elle n’atténua pas l’embrasement des joues de Simon ni le rire sonore de Roger qui continuait de résonner sur le quai. George ne paraissait pas particulièrement enclin à laisser son fils à Miro et Simon finit par reprendre contenance pour cingler :

-Je pense qu’ils sauront parfaitement me l’apprendre à l’IRIS, mais merci de la proposition.
-Tu n’es pas encore pris à l’IRIS, rappela Octavia avec un fin sourire. Oh la la …

Melania venait de réapparaitre, un immense sourire aux lèvres et trainant derrière elle un Ulysse Selwyn de fort mauvaise humeur. Cela ne s’arrangea pas lorsqu’il remarqua Octavia dans le groupe et que ses joues pâles rosirent. Melania le planta devant Alexandre.

-Ulysse, je te présente Alexandre. Alex, mon petit frère, une des seules personnes à peu près acceptables dans la famille.
-A peu près, grinça Simon.

Melania et Selwyn s’accordèrent un regard peu amène, mais les lèvres d’Alexandre se relevèrent en un sourire dont, forte de mon expérience, je me méfiais. Il présenta sa main avec entrain.

-Ah oui ! On m’a raconté que ma sœur t’a mis un coup de pied dans les couilles y’a quelques années, j’espère que ça n’a pas fait trop mal…
-J’avais oublié à quel point j’adorais Alex, souffla Simon à mon oreille alors que je m’esclaffais, suivie de Susan et que mon père nous jetait à tous un regard surpris.

La mâchoire d’Ulysse se contracta, mais il serra tout de même la main de mon frère. Melania frappa celui-ci sur le bras, contrariée.

-Arrête, il m’a beaucoup aidé ces derniers temps … (Je la vis jeter un bref regard à Octavia, qui s’était dignement détournée de la scène à l’arrivée de Selwyn). C’est lui qui m’a mis en contact avec Victoria pour qu’un puisse trouver une solution, par exemple …
-Et il m’a prévenu pour les lettres, aussi, ajoutai-je malicieusement. Depuis quand tu sais écrire, Alex ?
-Des lettres ? s’étonna mon père.

Cette fois, ce fut lui qui se trouva dans l’embarras et provoqua le rire tonitruant de mon grand-père. Roger choisit ce moment pour annoncer qu’il s’en allait avec Emily : je les regardais s’éloigner, main dans la main d’un air mélancolique. Il faudrait du temps pour que le naturel revienne avec mon amie, mais je doutais que notre relation soit la même. Roger l’avait dit : à présent, c’était l’Ordre qui se mettrait entre nous. Puis mon regard se promena sur le quai et un nouveau sourire fendit mon visage. Je laissai mes bagages à mon père pour me précipiter vers une double silhouette vêtue de blouson verts criard qui jurait particulièrement avec leurs têtes rousses. Je frappai dans l’épaule du premier que j’atteint et il poussa un glapissement ridicule.

-Espèce d’imbéciles, j’ai été prise dans votre marécage ! Qu’avez-vous à dire pour votre défense ?
-Que l’idée est vraiment très drôle ? Non ! George, je la sens d’humeur à sortir la poêle !
-Ne me tente pas …

Fred et George Weasley me sourirent de concert. Je ne les avais jamais vu avec des vêtements si neuf et si clinquant, preuve que leurs affaires sur le Chemin de Traverse marchaient à merveilles. Derrière eux, un groupe de personne qui me tournaient le dos parlaient à un couple vêtu de vêtements moldus trop impeccablement pour ne pas en être de vrais, composé d’un gros homme à la moustache fournie et d’une femme toute frêle au visage chevalin. Entre eux, Harry Potter semblait hésiter entre l’amusement et l’émotion.

-Bon, Bennett, il parait qu’on va se revoir régulièrement cette année ? entonna George avec un sourire.
-Si Bones et toi pouviez juste baisser un petit peu le volume sonore quand vous vous criez dessus, nous avons assez entendu de cris pour le restant de nos jours, poursuivit Fred en se couvrant une oreille, une grimace aux lèvres. Tu veux qu’on te présente d’autres membres ? Tu en connais, en réalité. Oh, Bones ! Mais il a repris du poids !
-Très drôle, grimaça Simon en s’avançant vers eux. Ils font mal aux yeux, vos blousons.
-Je pense que c’est de la jalousie. Ah ! Voilà le plus bel homme de la terre, l’œil qui a fait trembler Tu-Sais-Qui !
-Le chapeau melon le moins dissimulateur de tous les temps …

Derrière eux, claudiquant après avoir salué le couple de moldu qui repartait à présent avec Harry, Alastor Maugrey leur jeta un regard mauvais de son œil sain. Il avait beau être identique à l’homme que j’avais connu durant l’année dernière, je savais qu’il n’en était rien et c’était déstabilisant. Je sentis Simon se soustraire un peu derrière moi.

-C’est ça, fanfaronnez, tous les deux, vous rigolerez moins quand j’en aurais fini avec vous, marmonna l’ancien Auror en rabaissant le chapeau melon sur son œil mécanique. Ah oui, les recrues, Albus m’en a parlé … T’es la petite gardienne, toi ?

C’était vraiment une expérience étrange et je m’efforçai de cacher mon trouble pour acquiescer. Puis l’œil d’un bleu sombre de Maugrey se planta quelque part derrière mon épaule et les traits de son visage parurent l’espace d’une seconde s’attendrir.

-Et le petit Bones. A moitié une surprise … Cassie serait fière.

Je sentis Simon se tendre et lui jetai un regard oblique, me refusant à faire le moindre geste pour ne pas alerter les jumeaux. Rose m’avait avoué que c’était Maugrey qui avait formé Cassiopée Bones à son poste d’Auror mais j’ignorais si Simon connaissait ce détail. Un silence parut s’éterniser assez pour que les jumeaux eux-mêmes n’échange un regard perplexe et Maugrey fut le premier à le rompre de sa voix bourrue :

-On vous recontactera cet été, tenez-vous prêts. Et en attendant …
-Vigilance constante.

L’éclat de nos quatre voix parut momentanément le surprendre. C’était ce que son imposteur nous avait martelé pendant un an et c’était un message qui s’était profondément ancré en nous. Un sourire sinistre s’étira sur ses lèvres, si fines qu’elles ne semblaient être qu’une balafre de plus.

-Parfait. Cet enfoiré vous aura au moins appris les bonnes bases.
-A bientôt, Bennett ! ajouta Fred en suivant sa famille qui s’avançait vers la barrière. Aiguise bien ta poêle !
-Et venez nous voir à la boutique quand vous aurez un peu de temps ! On pourra reparler du marécage !

Maugrey leva les yeux au ciel avant d’adresser un dernier regard à Simon et de suivre les Weasley dans le monde moldu. Je sentais bien qu’à chaque fois, c’était le visage de Cassiopée qui devait se dessiner par-dessus les traits de Simon et lorsque je levai le regard sur celui-ci, je vis qu’il l’avait très bien compris. Ma mâchoire s’était contractée et ses poings s’étaient serrés.

-Ça, ça va être pénible.
-Ta mère m’a dit qu’il l’avait formé … Peut-être qu’il devait beaucoup l’aimer …
-Peut-être mais je ne suis pas ma mère, Vicky, et s’il commence à le penser ça va vraiment devenir agaçant.

Malgré son visage qui demeurait crispée, je fus rassurée d’entre le « ma mère » sortir avec autant de naturel. Alors bien sûr, son souvenir le figeait toujours. Bien sûr que si un jour Jugson ressortait d’Azkaban, la tempête s’abattrait de nouveau dans son esprit. Mais s’il apprenait à vivre avec leur souvenir, à se remplir le vide qui s’était ouvert dans sa vie le jour où sa famille avait été tuée, alors j’avais espoir que la tempête soit moins violente. J’enroulai mon bras autour du sien et le geste lui arracha un sourire.

-Allez viens, crevette. On rentre à la maison.
-Crevette toi-même.

Je levai les yeux au ciel et nous rejoignîmes ma famille et la sienne. George discutait avec mon père et Miro devant une Susan qui lorgnait régulièrement vers la barrière, l’air d’avoir hâte de rentrer. Octavia était restée et observai à la dérobée l’échange entre Selwyn et sa sœur avec une indifférence feinte qui ne trompait personne. Elle tourna le regard vers nous, rosit légèrement et agrippa ses bagages.

-Bon, je vais y aller …
-Tes parents ne sont pas venus ?

Les yeux d’Octavia roulèrent dans ses orbites.

-Je suis majeure, Bennett, mes parents ont mieux à faire. Bien … Si je reprends notre dossier pour le compte du Département de la Coopération Magique Internationale, je te fais signe, d’accord ?
-Ça marche. Bonne chance.

Octavia eut un léger sourire avant de se tourner vers Simon. Mais je sentis leur gêne et ils se contentèrent d’un vague salut avant que la jeune fille ne repousse ses cheveux d’acajou sur son épaule et ne s’éloigne. Elle se fendit d’un « bonne vacance, Ulysse » en passant à côté de Selwyn qui fit sursauter celui-ci. Un sourire s’étira sur ses lèvres et il les tordit immédiatement pour le masquer. Sans doute était-ce la première fois qu’elle lui adressait la parole depuis une éternité. Je m’approchai de mon père qui, visiblement, débattait avec George et Miro de la pertinence d’avoir un train qui nous amenait tous à Poudlard quand on avait tant de moyen de transport magique.

-On devrait y aller aussi, maman va nous attendre, fis-je remarquer en prenant son bras.
-En réalité, elle est en train de préparer notre voyage pour Cracovie avec ta grand-mère donc je pense qu’elle ne s’ennuie pas, évalua mon père avec un sourire. Mais tu as raison, il est temps de partir.
-Enfin, soupira Susan en se mettant en marche.

George essuya un petit rire en ébouriffant les cheveux auburn de sa fille. Elle fut la première à passer la barrière avec une assurance nouvelle qu’avait pu lui donner les leçons de l’A.D., suivi d’Alexandre et de Melania qui se tenaient toujours la main, le sourire plein de promesse d’un avenir radieux. Puis ce fut mon tour de quitter le quai, la locomotive rouge qui déversait son panache de fumée blanche sur nous, de quitter définitivement cette vie, cette existence d’insouciance et de calme relatif pour plonger dans la grande inconnu, cet immense trou noir qui s’était toujours étalé devant moi et qu’on appelait l’avenir. Ces derniers temps, des zones s’étaient éclairés, mettant en lumières des pans du futurs qui étaient devenus tangibles, accessibles, apportant stabilité et effroi, car ces lueurs ne faisaient que rappeler à quel point la route restait sombre et incertaine. Et alors que je me figeai devant cette barrière, soudainement effrayée de la franchir et de découvrir ce qui se trouvait derrière, une main douce se plaça au creux de mon dos et j’entendis s’élever au-dessus de moi un chant familier :

-Will you join in our crusade? Will you be strong and stand we me? Somewhere beyond the barricade is there a world you long to see …
-Do you hear the people sing? poursuivis-je, un sourire mouillé d’une larme aux lèvres. Say do you hear the distant drums …? It is the future that they bring when tomorrow comes …

Un léger sourire flottait sur les lèvres de Simon, ému lui aussi. Ses prunelles d’un vert mousse s’étaient éclaircies face au soleil du juin et n’avaient plus rien de l’émeraude de la tourmente. C’était le vert de l’espoir qui brillait dans ses yeux. Je passai une main à mon col et emprisonnai dans ma paume les deux breloques qui pendaient à ma chaine. Ma force et mon combat. Ne les laisse pas te faire ce qu’ils nous ont fait. J’embrassai une dernière fois le quai du regard, tout ce que j’y laissais, avant de passer un bras derrière le dos de Simon pour me tourner vers la barrière. Ensemble nous étions arrivés un jour, deux crevettes de Terre-en-Landes sur le quai de la voie 9 ¾, King’s Cross, et ensemble nous le quittâmes, traversant la barrière derrière laquelle un nouveau monde s’offrait à nous.
Non, mamy. Je te jure que je ne les laisserais pas faire.

Fin de la partie II



Voilà, j'espère que vous avez apprécié le chapitre ! J'en profite pour faire un petit bilan de mi parcours parce que je me doute que dans deux ans vous ne vous souviendrez plus des événements de la partie II. Donc on est reparti pour un petit questionnaire type Lucy? C'est parti !

1) Qu'est-ce qui vous a plu dans cette fanfic' au final ?

2) Qu'est-ce qui vous a déplu ?

-Au niveau de l'histoire :

-Au niveau de l'écriture :

3) Quel(s) personnage(s) avez-vous préférés ? Et si possible pourquoi? *se prépare à une avalanche d'amour pour Simon Bones*

4) Si possible et si vous vous en souvenez, quelle a été votre scène préférée? Et celle que vous avez moins aimé? Et pourquoi?

5) On est reparti pour deux parties, qui couvriront les tomes 6 et 7. Qu'attendez-vous pour la suite?

6) Y'a-t'il des choses qui ne sont pas claires? Ou des défauts de confections qui vous ont gênés?

7) Allez, on va faire le sondage quand même par curiosité ! Pour ceux qui ont lu les deux, O&P ou Lucy ? Pourquoi?

8) D'autres choses auxquels je n'aurais pas pensée? Laissez libre court à votre imagination !
Scandium

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Scandium »

Ah !! Les rubriques sports de Perri m'avait manqué !! Trop contente moi aussi du retour du foot ! Et je suis trop contente que tu sois bien avancée pour la partie trois, j'aurai étée trop impatiente pour subir une longue pause, je crois ! ;)

Une rentrée ? Quelle rentrée ?? ;) Perso j'ai ma pré-rentrée est le 11 et askip mes cours commence le 21 :D :D :D


La lettre à Viktor, incroyable !! ça m'a trop fait plaisir ! Le fait que ce soit Hermione qui lui ait donné l'adresse :D :D Et c'était chouette d'apprendre le choix de Vic dans cette lettre, très bonne idée ! J'ai trouvé que ce que disait Vic dans cette lettre était très touchant, et ça m'a fait grave plaisir que ce soit addressé à Viktor qui est un perso qu'on connait de puis longtemps.

Cette ambiance de "dernière fois", quitter un lieu pour laisser la place aux nouveaux, se jeter dans l'inconnu, grandir, le sentiment de nostalgie, les au-revoirs ... C'était tellement bien retranscrit, je pense qu'on a tous vécu ça et c'est vrai que sur le coup c'est tellement émouvant et dur mais pourtant c'est nécessaire et on finit toujours par s'habituer à notre nouvelle vie ! C'était super bien décrit, les souvenirs liés à chaque salle, les adieux à Chourave,Miles, Ulysse Selwynn, Peeves et Ombrage ...

On sent qu'on est à un moment charnière, où la vie de Victoria va connaître plein de bouleversements et ne sera plus jamais comme avant. La, je sens bien un rapprochement avec Rénata et un éloignement avec Emily et Miles. Un rapprochement avec Ulysse et Octavia aussi. Et puis avec les autres membres de l'Ordre. Le trio et les jumeaux Weasley. Surtout les jumeaux en fait, le trio sera encore à Poudlard.

L'intervention de Maugrey m'a fait plaisir. On sent qu'il va y a avoir une petite sous-intrigue avec Simon dans la suite et ça m'emballe, j'ai hâte de voir leurs prochaines interactions. Et j'avoue, je suis grave fan de l'idée d'un Simon qui prend des cours d'Occlumencie avec Miro !
C'est fou n'empêche tous les parallèles que tu as crée entre Harry et Simon alors que c'est deux personnages et deux caractères très différents ! (la mort des parents, la nullité en occlumencie, le talent en DCFM, l'impulsivité, le passif avec Ombrage etcc ...)

Tous les moments entre Simon et Victoria m'ont fait grave plaisir comme d'hab, quand ils ont les larmes aux yeux, quand ils se tiennent la main, quand ils se taquinent, quand ils se disent qu'ils veilleront sur l'autre jusqu'à leur mort ... Argh, je les adore trop ! By the way, j'en peux plus de pas savoir le 2 ème prénom de Simon ! Si j'étais Vic j'aurais déjà harcelé Susan ou toute la famille Bones pour le savoir !

Ravie de voir Mélania et Alex toujours ensemble, heureux et amoureux !


C'est parti pour répondre au questionnaire ! J'adore répondre à des questionnaires d'aillleurs !

1) Toi qui est venu ici, pourquoi as-tu eu l'idée de lire cette fanfic? Qu'est-ce qui t'as attiré ? (Le titre, la pub, la première lecture ...).

Juste parce que j'avais adoré ton écriture et ta créativité dans Lucy Weasley donc quand j'ai découvert que tu avais une nouvelle histoire, j'ai naturellement voulu la lire.


2) Qu'est-ce qui vous a plu dans cette fanfic' au final ?

J'adore que les personnages soient très réalistes et qu'on s'y identifie très facilement ! J'adore que tu y intègre des sujets qui te font plaisir comme ta passion pour l'histoire, le sports, le fait que tu ai introduit un lien avec la 2nde guerre mondiale, que tu y est mis une chanson que tu adores, des pièces de théâtre etc ...
La relation Simon/ Victoria est un gros point fort de l'histoire je pense ! C'est tellement naturel que ça semble réel, j'ai pas du tout l'impression d'avoir affaire à des personnages inventés, créés de toute pièces par toi. C'est deux personnages très bien construits et surtout très attachants.
J'aime aussi ton écriture, il y a de tout, de l'émotion, de l'humour, j'aime bien les scènes sportives, les scènes chill, les scènes d'actions, les dialogues, les lettres. Tout est parfait et juste.
J'aime beaucoup le fait de revoir les évènements des Harry Potter d'un autre PDV que celui de Harry. C'est super intéressant et ça leur donne une saveur différente. J'adore aussi voir leurs interactions avec les personnages qu'on connaît : Maugrey, les jumeaux, le Trio, les profs etc ...
J'aime beaucoup l'ambiance que tu instaures petit à petit, cette atmosphère de guerre qui se prépare, de la résistance qui s'organise, tu gères de fou sur cet aspect je trouve et j'aime vraiment beaucoup.
J'aime bien comment à travers le personage de Victoria tu parles d'estime de soi, de s'épanouir, de grandir, de se faire confiance et tout ça, ça me touche beaucoup.
J'aime bien qu'à travers le personnage de Simon tu parles de vulnérabilité, de la difficulté de s'ouvrir aux autres, d'exprimer ses sentiments, ça me touche beaucoup aussi.
En règle générale, ce que j'aime dans cette fic, c'est que je me suis identifiée des milliers de fois à tes personnages ou bien à des situations. Je trouve par exemple l'ambiance dans la famille de Victoria très travaillée et très réaliste.
J'aime bien aussi les parallèles que tu fais entre les personnages (Simon/Harry et Simon/Jaga-Miro)

Il y a sans doutes d'autres choses à dire mais je vais m'arrêter là.

3) Qu'est-ce qui vous a déplu ?

-Au niveau de l'histoire :
"déplu", c'est un bien grand mot. Je pense que j'ai était disons "moins emballée" par l'intrigue avec Nestor Selwynn, Mélania et Alexandre. C'est une bonne intrigue, j'ai juste moyen accrochée je pense parce j'aimai pas trop la tournure des évènements, le fait qu'ils fassent casser Mel et Alex, je sais pas ... Et la quête de vengeance de Simon contre Jugson ... Je sais pas, je trouvais ça intéressant mais j'aurai aimé que ce soit plus imprévisible et qu'il y ait plus de bouleversements ... Mais l'histoire reste bien, c'est juste que parmi tous les éléments de ta fic que je trouve excellente, ces deux aspects je les trouve un peu moins bien mais ça veut vraiment dire qu'ils m'ont déplu ou qu'ils étaient moins bien. Et puis de toute façon, j'imagine que des bouleversements et des trucs imprévisibles, on en verra plein dans la prochaine partie ou là, on est que sur de la nouveauté.

-Au niveau de l'écriture :
Rien à redire comme d'habitude, c'est vraiment parfait.

4) Quel(s) personnage(s) avez-vous préférés ? Et si possible pourquoi? *se prépare à une avalanche d'amour pour Simon Bones*
- Les personnages de Simon et Victoria volent la vedette à tous les autres :D :D Non sérieusement, je l'ai déjà dit plus tot mais je les trouve hyper travaillés, réalistes, attachants, intéressants et surtout ils se complètent ! J'aime qu'ils fonctionnent à deux, qu'ils se supportent, qu'ils s'entraident, se confient, se consolent, se disputent gentiment. J'adore leur relation, elle est tellement équilibrée, y en a pas un qui prend le dessus sur l'autre, franchement, ce genre de relation ça me fait rêver ! Je les aimes beaucoup trop, tous les deux. Victoria et ses doutes, sa force intérieure, son altruisme, son envie de se battre, sa passion pour le théâtre, l'histoire, le sport. Simon et sa vulnérabilité, sa répartie, ses talents incroyables, sa douceur envers Vic et Susan, son impulsivité, sa pudeur.

5) Si possible et si vous vous en souvenez, quelle a été votre scène préférée? Et celle que vous avez moins aimé? Et pourquoi?
J'y ai pas réfléchi, il y a eu une seule qui direct m'ai venu à l'esprit comme une évidence. Quand on apprend la vérité sur le passé de Simon et qu'ils sont sur le pont avec Victoria, enlacés en train de pleurer. Je me rappelle plus de tout mais je me rappelle bien de l'intensité de l'atmosphère, de tes phrases et puis de la révélation que je n'avait pas du tout vue venir et qui était un gros choc. A partir de ce moment là, la relation entre Simon et Victoria a pris un gros tournant, ils se sont de plus en plus rapprochés et j'ai encore plus appréciés chaque interactions entre eux.

Parmis les autres scènes marquantes je dirai le début quand ils font leur deuil de Cédric et que Vic dort avec Simon, les matchs de Quiddich, la blessure de Vic, la révélation du passé de Miro et Jaga, la scène d'action à la fin avec les Mangemorts ... En fait toutes ces scènes sont superbes mais elles m'ont pas autant touchées que la scène que j'ai citée sur le pont ! Vraiment, meilleure scène ! J'ai trop envie de la relire là, elle m'a beaucoup marquée. J'ai pas de scènes qui m'ont déplues !

6) On est reparti pour deux parties, qui couvriront les tomes 6 et 7. Qu'attendez-vous pour la suite?
Des interactions avec les membres de l'Ordre. Des scènes de baston intenses ! Des retournements de situations ! J'ai pas vraiment d'attentes, je veux juste être surprise je crois !
Bien sur, je veux voir l’approfondissement de la relation entre SImon et Vic mais ça, je me doute pas que c'est déjà prévu ! J'espère qu'ils se disputeront pas trop sinon, ça va me briser le cœur. J'ai bien envie de voir la naissance d'une amitié Vic/Rénata. Et aussi avec les jumeaux. Et du Simon/Maugrey. J'ai hâte de savoir quel genre de missions ils vont effectuer pour l'Ordre. J'ai bien aussi envie de voir le quotidien de Vic j'ai les Tornades et de Simon à l'Iris.


7) Y'a-t'il des choses qui ne sont pas claires? Ou des défauts de confections qui vous ont gênés?
Non, du tout ...

8) Allez, on va faire le sondage quand même par curiosité ! Pour ceux qui ont lu les deux, O&P ou Lucy ? Pourquoi?

Les 2, quelle question !
Lucy m'avaient beaucoup emballés par l'intrigue, le suspense, c'était très tendu, noir, et j'adorais faire plein de théories pour anticiper la suite. Les personnages secondaires m'avaient aussi beaucoup emballé (Luke, Shannon, Adam, Lysander, Socrpius, Jina, Louis,Daphnéa, Eleonore, Will, Montague, Rose etc Lucy aussi m'avait énormément plu ...)
Dans Ombres et Poussières, je suis moins intéressée par l'intrigue que par tous les sujets sous-jacents, les détails, l'atmosphère, la maturité, la profondeur des sentiments des personnages, le côté ultra réaliste et attachant. Et la relation Vic/Simon qui est OVER THE TOP, phénoménale, jsp, j'ai pas les mots pour dire à quels points ils me touchent. Aussi, ton écriture s'est évidemment bien améliorée depuis Lucy Weasley et je trouve la construction de tes phrases et de tes chapitres est incroyable. Vraiment il y a des répliques, j'avais envie de les surligner pour les relire plus tard et plein de fois j'ai eu les larmes aux yeux. Et y à pas qu'en écriture que tu t'es améliorée, je trouve aussi dans l'ensemble que tu vas beaucoup plus en profondeur dans cette histoire que dans Lucy. Ca a pris en maturité, selon moi, c'est plus adulte, plus réfléchi !

Donc, impossible de choisir entre les deux ! D'un PDV écriture y a pas photo que O et P est au dessus mais bon Lucy m'avait laissé une très forte impression aussi et puis l'intrigue m'avait énormément plu.

9) D'autres choses auxquels je n'aurais pas pensée? Laissez libre court à votre imagination !

Je t'adore Perri, tu es très talentueuse et très inspirante !! ça me fait tellement plaisir de lire tes chapitres et d'avoir de tes nouvelles de temps en temps ! Tu as toujours de très bonnes idées et ton écriture est très fluide et agréable, ne change rien ! Aie confiance en tes capacités ! Tu gères de ouf ! Merci pour ce que tu fais !
annabethfan

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par annabethfan »

Bon, puisque tu postes à la vitesse d'un TGV et que je commente à la vitesse d'un escargot: je suis en retard :lol: Le chapitre 30 était super, mais du coup je vais passer direct à la fin ^^ Juste un mot quand même sur la scène de combat/attaque qui était si bien écrite, si vivante et intense ! Et la suite était si émotionnelle! Keur sur toi ^^

Bon allons-y maintenant pour le dernier chapitre ! Je ne vais pas faire de commenter citation comme d'habitude mais plutôt exposer mes réactions et mes remarques.

Pour commencer, la lettre à Viktor était superbement écrite et sincère. On sent toute la personnalité de Victoria, son attachement pour son pays qui va mal et surtout pour sa famille en danger mais aussi pour sa terre natale. On sent que même si elle va sortir de Poudlard, elle n'en est pas pour autant une adulte en tant que telle, mais dans cet entre-deux si perturbant. D'ailleurs j'ai bien aimé ses raisons de refuser des équipes qui lu offrent une place en équipe A, on dirait moi qui voulait une petite prépa parce que je voulais pas de pression :lol:
J'ai hâte de revoir Viktor un de ces quatre n'empêche!

La petite scène avec Emily, même si elle était courte, en disait tellement sur la honte et les regrets qu'elle ressentait... Elle en devient un personnage plus complexe que la jolie meilleure amie et c'est ce que j'adore dans la construction de tes personnages.

Le caméo d'Hermione aussi, ne serait-ce que pour quelques lignes, m'a fait un bien fou. C'est dingue ce que ça peut réancrer encore plus dans le canon de mentionner le Trio d'Or.

Ulysse et Victoria ont une dynamique intéressante, on sent qu'ils ne s'apprécient pas mais reconnaissent les capacités de l'autre et surtout ils vont devoir se côtoyer ^^ Le rôle de beau-frère/soeur va être épique :lol:

La scène avec Peeves je meurs :lol: :lol: :lol: Si visuelle, si bien décrite ! Tous les ingrédients sont là et je la trouve si imaginative avec la canne et la chaussette remplie de craie. Et puis c'est si typiquement Ombrage de déclarer qu'elle est sous secrétaire dans un moment pareil :lol:

Toute la nostalgie ressentie par Victoria et les autres en quittant Poudlard m'a vraiment touchée... C'était si poignant, si réaliste et si vivace. Vraiment superbement écrit. Et je ne parle même pas de la vision de Simon appuyé contre la porte et parlant à Victoria, je trouve ça trop mignon ^^ L'équipe de Quidditch était aussi toujours autant rigolote et attendrissante que d'habitude.
Je te jure qu'au moment des adieux à Chourave j'ai les larmes aux yeux, littéralement !
Le conseil de Miles sur "arrêter de penser", je suis sûre que c'est pour Simon :lol: :lol: :lol: Mais au-delà de ça la scène est vraiment belle, on sent la gêne mais aussi toute l'émotion qui perdure entre eux. Ils ne s'aiment peut-être pas dans le sens romantique, mais ils s'aiment d'une autre façon et je trouve ça très beau.

Le fait que Simon reconnaisse avoir deux frères aînés dans la discussion sur les seconds prénoms, et s'autorise à parler du sombral, ça en dit tellement long sur son avancée et son évolution ! Et la scène m'a fait mourir de rire au passage :lol: :lol:

La phrase de Simon sur Susan... J'ai eu le plus grand sourire attendrie du monde et le coeur qui a loupé un battement ! Littéralement !!

Question: est-ce que Miro capte les sentiments de Simon dans son esprit? :lol: :lol: :lol:

Et j'avais oublié à quel point j'aimais les jumeaux vraiment ! Je les aimes ils me font tellement rire! La remarque sur Maugrey, du génie :lol: :lol:

La description des yeux de Simon à la fin... Une merveille. J'ai pas les mots. J'ai les larmes aux yeux, tant d'émotion pour cette fin... Parce que même s'il reste deux tomes, c'est la fin de Poudlard et ça fait mal.

Allez le questionnaire !

1) Qu'est-ce qui vous a plu dans cette fanfic' au final ?

Tout ? L'histoire si originale, si intriquée dans le canon qu'elle en paraît réelle. La richesse des idées toujours si bien trouvées et percutantes, drôles ou émouvantes. L'attention portée aux détails mais surtout à l'évolution et à l'épaisseur des personnages. Le grand point fort de cette histoire, ce sont eux. Principales comme secondaires mais aussi tertiaires. Ils apportent tous quelque chose et sont superbement écrits.

2) Qu'est-ce qui vous a déplu ?

-Au niveau de l'histoire : Rien. Franchement je n'ai aucun défaut à formuler, vraiment.
-Au niveau de l'écriture : La longueur des chapitres parfois, mais ça serait vraiment le seul détail.

3) Quel(s) personnage(s) avez-vous préférés ? Et si possible pourquoi? *se prépare à une avalanche d'amour pour Simon Bones*

SIMOOOOOOOOOOOON
Je l'ai aimé dès le premier chapitre. Pourtant, il n'a rien du héros traditionnel mais j'ai aimé son originalité, son physique de crevette pas conforme aux normes qu'on attendrait d'un héros masculin, son humour, sa sensibilité. Il a atteint des sommets après LA révélation. Son histoire tragique et son traumatisme lui ont donné une autre dimension, encore plus forte.

Victoria a aussi été un personnage principal incroyable. J'aimais énormément Lucy - vraiment - mais je m’identifie plus à Victoria naturellement. Ses doutes, ses réflexions... Particulièrement le côté femme/enfant, ce tiraillement ressenti. Tu as réussi à lui donner une profondeur toute particulière.

J'ai aussi beaucoup aimé Susan. Même secondaire, elle s'est révélée attachante et forte. On a appris à la connaître, elle qui n'était que mentionnée dans les livres.

4) Si possible et si vous vous en souvenez, quelle a été votre scène préférée? Et celle que vous avez moins aimé? Et pourquoi?

Je pense que c'est la scène où Victoria confronte Simon sur la vérité. L'avalanche d'émotion, l'intensité dramatique, la saturation du récit par le retournement de situation. Ca m'a marqué.

5) On est reparti pour deux parties, qui couvriront les tomes 6 et 7. Qu'attendez-vous pour la suite?

Explorer l'Ordre bien sûr et en apprendre plus sur ses membres. Peut-être avoir quelques scènes où on aperçoit Harry, Ron et Hermione parce que ça fait plaisir. Revenir à Poudlard une fois peut-être ? Mais je te fais entièrement confiance !


6) Y'a-t'il des choses qui ne sont pas claires? Ou des défauts de confections qui vous ont gênés?

Nope ^^

7) Allez, on va faire le sondage quand même par curiosité ! Pour ceux qui ont lu les deux, O&P ou Lucy ? Pourquoi?

O&P ! Parce que je me suis sentis plus proches de Vic que de Lucy et parce que ton écriture a atteint un nouveau sommet. Ca n'enlève pas le fait que j'ai adoré Lucy de tout mon coeur. En fait je dirais que les personnages OP m'ont plus embarqué et touché, mais je donne l'avantage à Lucy sur l'intrigue parce que l'enquête/mystère était un chef d'oeuvre. OP est plus guidé par le canon même si tu y développes aussi une intrigue parfaitement menée et sublime, celle de Lucy était plus complexe ce qui lui donne le point. Mais de manière générale je dirais vraiment OP pour l'écriture et la façon dont tu écris les personnages sur la durée.

8) D'autres choses auxquels je n'aurais pas pensée? Laissez libre court à votre imagination !

JE T'AIME PERRI !!!
J'aime ton écriture, tes personnages, tes intrigues, tes histoires... Je t'aime en tant que personne et en tant qu'auteure parce que tu es incroyable ! Keur sur toi ^^
Perripuce

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Perripuce »

Bonjour tout le monde !

Donc voilà, la partie 2 est finie ! La partie 3 avance, mais en attendant de la poster, je préfère pour livrer un bonus que j'ai écrit il y a quelques mois déjà - pourquoi, bonne est la question. Je ne sais pas ce qui m'a pris, je devais être dans un mauvais mood à ce moment là ... BREF.

Le bonus est en trois parties et je posterais toutes les semaines (justement parce que c'est un bonus - désolée les filles, c'est une décision égoïste !). Le titre est tiré de la Divine Comédie de Dante, et comme cette oeuvre italienne, le bonus sera découpé en trois avec d'abord l'Enfer, ensuite le Purgatoire puis le Paradis.

Info : j'ai dû faire une légère modification, que je changerais également dans O&P, concernant l'âge de Matthew et Spencer Bones. Tout ça de la faute d'Anna, en réalité, pour que ma fanfic' et la sienne soient raccords parce qu'on a commencé une sorte d'univers partagé (pour pas grand-chose, des personnages, des clins d'oeil ...) Matthew devait être l'un de ses clins d'oeil, mais malheureusement, les dates ne correspondaient pas. J'ai donc pris la décision de vieillir Matthew, qui a ainsi non plus douze ans, mais dix-huit ans au moment de sa mort. Peut-être que ça vous troublera parce que j'ai beaucoup joué sur le pathos des deux enfants morts, mais je pense que Spencer (que j'ai vieilli aussi pour qu'il ait neuf ans) suffit amplement à ce pathos et que de toute manière c'était surtout sur lui qu'il était concentré. J'espère que la modification ne vous embêtera pas trop !

Et on commence tout de suite avec L'ENFER MOUAHAHAHHAHAHAH



La Divine Tragédie


Partie 1 : L'Enfer

Je vins en lieu où la lumière se tait. La tourmente infernale, qui n'a pas de repos, mène les ombres avec sa rage ; et les tourne, les heurte et les harcèle.
- Dante, La Divine Comédie, l'Enfer, Chant V
_________________________________________________________________________________________________________

Il était une fois trois frères qui voyageaient au crépuscule, le long d’une route tortueuse et solitaire. Après avoir longtemps cheminé, ils atteignirent une rivière trop profonde pour la traverser à gué et trop dangereuse pour la franchir à la nage. Les trois frères, cependant, connaissaient bien l’art de la magie. Aussi d’un simple mouvement de baguette, ils firent apparaître un pont qui enjambait les eaux redoutables de la rivière. Ils étaient arrivés au milieu du pont lorsqu’une silhouette encapuchonnée se dressa devant eux en leur interdisant le passage.
C’était la mort et elle leur parla.

-Encore sur les Contes de Beedle ?

Retenant un soupir devant l’ironie du ton, Edgar Bones releva les yeux des pages jaunies des Contes de Beadle le Barde pour les river sur son aîné. Matthew, dix-huit ans, s’était nonchalamment appuyé à l’encadrement de la porte. Il était peut-être l’enfant qui lui ressemblait le plus avec sa chevelure flamboyante et son nez qui pointait effrontément en sa direction, mais le feu qui animait ses yeux gris, sombres et voilés, était bien celui de Cassiopée. Il but une gorgée de jus de citrouille qu’il était probablement entrain de monter dans sa chambre, l’air vaguement amusé.

-Je n’ai jamais compris ce conte. « C’était la Mort et elle leur parla … ». Tu n’as pas honte de mentir à tes gosses ?
-Je t’ai raconté cette histoire toute ton enfance, c’est qu’elle ne t’a pas fait grand mal …, fit tranquillement valoir Edgar en tournant négligemment une page. Tu ne veux pas venir l’écouter avec nous ?

Matthew eut une moue dépitée.

-Mais c’est pour les bébés les histoires … On ne peut pas faire une Bataille Explosive, plutôt ?
-Laisse papa finir ! protesta Spencer, tout en se blottissant contre Edgar. Et Simon est encore un enfant, il a le droit d’entendre l’histoire.

En entendant son nom, Simon releva la tête et s’agita de l’autre côté de son père, ouvrait un œil vert ensommeillé. Edgar posa un regard attendri sur chacun de ses fils, assis de part et d’autre de lui. Spencer était encore petit pour ses neuf ans et ses traits fin et sa corolle de cheveux blonds lui donnait des airs d’ange descendu du ciel, un charme auquel tous étaient sensible, excepté son frère aîné. Doué d’une grande intelligence malgré sa timidité maladive, il lisait très bien pour son âge mais ne résistait jamais à l’envie de se faire raconter une histoire par Edgar avant de s’endormir, prenant son jeune frère comme excuse. Simon dormait déjà à moitié sur lui lorsqu’il avait commencé la lecture, son petit corps blotti contre son père, la tête posée sur son torse. Lui aussi ressemblait à Cassiopée mais Edgar éprouvait une certaine fierté à constater que plus il grandissait, plus il se rapprochait des Bones. Il était le seul à avoir ces yeux verts qui faisait l’une des caractéristiques de sa famille. Le sourire de Matthew se fit railleur.

-Simon dort à moitié, donc l’histoire elle est pour toi. Et il n’y a que les bébés qui ont besoin d’histoire pour s’endormir, Spence. Donc, tu es un bébé !

Spencer s’empourpra furieusement, rendue muet par la honte et Edgar darda un regard sévère sur son aîné.

-Matthew, je t’ai lu des histoires jusqu’à ce que tu entres à Poudlard, lui rappela-t-il d’une voix grave et profonde. Et celle-ci est particulièrement riche d’avertissement et d’enseignement, notamment une des vertus dont tu es totalement dépourvu et qu’il te faut apprendre, mon garçon : l’humilité.

Matthew leva les yeux au ciel et soupira devant la remarque qu’il avait entendu toute sa vie. Il venait de finir ses études à Poudlard où le Choixpeau l’avait envoyé à Gryffondor dès la seconde où il avait effleuré sa chevelure rousse. Et comme tout Gryffondor qui se respectait, Matthew était un brin orgueilleux et fanfaron. L’humilité était une chose qui ne lui disait rien. Mais devant le regard perçant de son père, il finit par céder, d’autant plus que Simon, à présent parfaitement réveillé, tapotait gaiement le livre d’un geste sans équivoque. Edgar acheva donc l’histoire de sa voix lente et grave qui avait un effet apaisant sur ses enfants, mais qui dans l’immensité du Mangemagot, portait haut, loin, avec autorité. Edgar caressa sa barbe auburn, un instant troublé à l’idée de devoir quitter cette salle où il s’était construit en tant qu’homme et politique. Millicent Bagnold, la Ministre de la Magie, l’avait convoqué quelques semaines plus tôt pour lui proposer de monter en grade et de prendre la tête du Département de la Justice Magique. Bien sûr, cela l’obligeait à quitter son poste qu’il aimait tant au Magenmagot et surtout ça lui attirait les foudres encore plus ardentes, si toutefois c’était possible, de Bathemius Croupton, l’actuel tenant du poste et surtout son beau-frère. Cassiopée ne lui avait pas adressé le moindre mot depuis la mort de leur mère, Charis, mais Croupton paraissait considéré la famille Bones comme la responsable de cette rupture, d’autant plus que cette même famille, puissante dans le Département, le menaçait chaque jour, lui, son poste, son pouvoir. Edgar n’avait que faire du pouvoir et trouvait détestable que ce soit cette passion de la puissance qui ait fait monter Croupton si haut. Et c’était parce qu’il désapprouvait totalement les méthodes mise en place par le chef de la Justice Magique qu’il avait consenti à donner son accord à la Ministre. Au rythme où allait Croupton, il n’y aurait bientôt plus de différence entre eux et les forces de Voldemort et l’idée lui était insupportable. Chassant ses sombres songes, il se concentra sur la lecture du conte, l’un de ses préférés à titre personnel et qui semblait exercer la même fascination sur Spencer, qui suivait de ses grands yeux les lignes au même rythme que son père. Il devait le connaître par cœur ou presque et ce fut de leurs deux voix emmêlées qu’ils lurent la fin :

-« Ce fut seulement lorsqu’il eut atteint un grand âge que le plus jeune des trois frères enleva sa Cape d’Invisibilité et la donna à son fils. Puis il accueillit la mort comme une vieille amie qu’il suivit avec joie et, tels des égaux, ils quittèrent ensemble cette vie ».

Matthew, qui avait pris place dans un fauteuil dans un coin de la pièce pour siroter son jus de citrouille – ou retomber en enfance ? – poussa un grognement sonore.

-Tu vois, cette histoire est idiote. Il avait l’occasion d’échapper à la mort toute sa vie et plus encore ! Pourquoi il l’enlève ?
-Parce que la vraie sagesse n’est pas de fuir la mort, expliqua tranquillement Edgar. Mais c’est de comprendre que la vie n’est précieuse que parce qu’elle a une fin, et que seule cette fin donne un sens à tout ce que nous ressentons, tous ce que nous vivons … l’amour, l’amitié, les peines, les épreuves, la famille … Tout cela est vain s’il n’y a pas la mort à la fin pour venir te chercher.

Matthew parut dubitatif face aux explications de son père, mais celui-ci ne s’attendait pas à ce qu’il comprenne. Il était si jeune, si entêté, si fougueux … Il avait toute la vie pour comprendre. Edgar ferma délicatement le livre qui avait appartenu à son propre grand-père et passa une main dans les cheveux de Simon, qui dormait de nouveau à moitié sur sa poitrine. Il hissa l’enfant dans ses bras et quitta le lit avec un regard sur les deux autres.

-Allez, il est l’heure de dormir, maintenant !
-Encore une autre, s’il te plait ! supplia Spencer en se dressant sur ses genoux.
-Encore ? grogna Matthew en secouant la tête. Personne ne veut faire une bataille explosive plutôt ?

Edgar faillit céder, attendri par les étincelles dans les yeux de ses enfants et son envie de profiter de ces moments privilégiés avec eux. Mais avant qu’il n’ait pu ouvrir la bouche, une voix cingla depuis la porte :

-Votre père vous a dit d’aller au lit, les garçons. Il est plus que l’heure, d’ailleurs, alors hop hop hop !

Matthew eut une moue boudeuse devant le regard impérieux de sa mère. Cassie se tenait dans l’encadrement de la porte, un coude appuyé contre le chambranle et un sourire flottait sur ses lèvres. Comme chaque fois qu’il la contemplait, le cœur d’Edgar se mit à battre à la chamade, tel celui d’un jeune adolescent. Spencer se pencha vers Matthew pour murmurer :

-Je ne pense pas que ça marchera avec maman.
-Exactement, confirma celle-ci avec un sourire carnassier. Alors vous allez tous les deux me brosser vos dents et vous mettre au lit ! Et que ça saute !
-Je suis majeur, rappela Matthew avec effronterie.
-Et tu vis encore sous mon toit et tant que ce sera le cas, tu obéiras à mes ordres. Va dans ta chambre et montre l’exemple à tes frères au lieu de rester avachi sur ce fauteuil.

Avec force de grommellement inintelligible, Matthew finit par s’extraire du lit et à sortir de la chambre de ses parents en prenant rudement Spencer par l’épaule. Restés seuls si l’on exceptait Simon qui sommeillait dans les bras de son père, la tête lourdement inclinée sur son épaule, Edgar adressa un sourire à son épouse.

-Tu vas traumatiser nos fils.
-Ce sont mes fils, justement, alors ils seront assez forts pour me supporter, rétorqua Cassie avant de caresser tendrement les cheveux de Simon. Et toi, mon chéri, tu penses que je t’ai oublié ?

Simon ouvrit à demi un œil chargé de sommeil avant de me fermer aussitôt et de resserrer sa prise autour du cou d’Edgar. Cassie laissa échapper un petit rire avant d’embrasser l’enfant sur la tempe. Puis ce fut sur son mari qu’elle se pencha pour poser ses lèvres sur les siennes. S’il n’avait pas été encombré de son fils, Edgar aurait enlacé Cassiopée avant de la conduire sur leur lit qui semblait leur tendre les bras, mais il dût se séparer d’elle à regret.

-Je vais coucher Simon et après j’aurais encore une tonne de dossier à traiter …

Les lèvres de Cassie se déformèrent en une moue adorable qui n’était pas sans rappeler celle de Matthew. Cassiopée Croupton, la beauté de glace, la lionne inaccessible que les garçons contemplaient sans jamais réellement y rêver. Pourtant quelques défauts physique – un visage trop mince, ces pommettes trop saillantes – rendait son visage imparfait, mais elle dégageait une telle aura de détermination et de noblesse que ça n’avait aucune importance : tous avaient été fasciné par Cassiopée Croupton à Poudlard. Edgar avait été l’un des rares à être resté indifférent à son attrait, plongé tout entier dans son travail et ses obligations de préfets, jusqu’à qu’ils soient forcés à collaborer ensemble suite à leur nomination comme préfets-en-chef. Et l’ensemble de Poudlard avait connu un véritable choc lorsqu’il fut évident quelques mois plus tard que le bourreau de travail, premier de classe et sévère Edgar Bones avait réussi à faire fondre les résistances de Cassiopée. Peu avait compris, d’autant que les prétendants étaient nombreux devant elle – parfois plus beaux, plus fortunés, et mieux nés qu’Edgar – mais ils avaient déjoué tous les pronostiques. Certes, Matthew était arrivé beaucoup trop tôt dans leur vie, les forçant à un mariage précipité malgré sa splendeur. Son enfance avait été si difficile qu’ils avaient renoncé à lui donner un frère, déjà surchargés de lui et de leur travail respectif. Spencer et Simon étaient arrivés lorsque la situation avait été apaisée et stabilisée. Edgar se serait sans doute replongé dans ses souvenirs avec délice si la voix de sa femme n’avait pas fusé :

-Pour l’Ordre ou pour le Ministère ?
-Oh. Hum. Sans doute les deux, maintenant que j’y pense. Les Lestrange accusent toujours l’Ordre d’être responsable de la disparition de leur or … Maugrey m’en voudrait fortement si je n’arrivais pas à régler cette affaire.
Cassiopée partit d’un impensable éclat de rire, songeant sans doute à la réaction de son mentor si pareille chose arrivait.
-Je vois ça d’ici ! Déjà qu’avec la mort de Marlène …

La fin de sa phrase s’étrangla dans sa gorge et elle préféra ne pas poursuivre, les yeux soudainement embués. Un silence lourd et pesant les enveloppa et ils baissèrent tous deux la tête en signe de recueillement silencieux. Marlène McKinnon avait été une amie précieuse pendant ces années de lutte et l’annonce de sa mort quelques semaines plutôt avait été douloureuse. Plus que la mort de Marlène, c’était l’accumulation de faits sinistres depuis un an qui faisait qu’Edgar avait l’impression de vivre constamment avec un Détraqueur avec lui, l’enveloppant de désespoir et de froid. Il avait l’impression que cela avait commencé avec la disparition soudaine et inexplicable de James et Lily Potter un an plus tôt : tous deux étaient extrêmement investis dans l’Ordre et personne n’avait compris pourquoi ils l’avaient brusquement quitté. Leurs amis étaient avares d’informations à ce sujet et Edgar avait fini par en conclure qu’ils agissaient ainsi pour sauvegarder leur fils, Harry. Mais pour les membres de l’Ordre, cela avait sonné le glas de la révolte et le début des doutes : si James, si courageux et Lily, si forte et intègre, fuyaient, alors restait-t-il vraiment un espoir ?

Edgar s’était réellement posé la question. Souvent, il s’était surpris à rêver de fuite avec Cassie et les garçons, d’une vie sans nuage au bord de la mer où aucune menace n’existerait et où il pourrait simplement être heureux. Mais presque aussitôt, le visage de ses parents, Susan et Nicholas, s’imposait à son esprit et il sentait en lui remonter la détermination et la haine qu’il éprouvait à l’égard du Mage Noir. Ses parents n’étaient pas morts pour qu’il abandonne sa terre aux mains d’un être aussi ignoble que Voldemort. Les Bones étaient attaché à Terre-en-Lande de façon presque filiale. Cette maison, c’était les dépositaires de leur lignée, Edmund et Antonia Bones, un moldu qui travaillait comme ébéniste et une sorcière de Terre-en-Lande, qui l’avaient édifiée et c’était leur fille Seraphina, l’une de leurs plus brillantes ancêtres, qui l’avait achevée. Edgar avait beau rêvé de soleil et de plage, il ne se voyait pas élevé ses enfants ailleurs que dans cette maison, léguée par ses parents à leur mort. Il ne se voyait pas abandonné sa sœur Amelia et son jeune frère George, dont le plus jeune enfant (nommée à la mémoire de leur mère) n’avait qu’un an, à l’obscurité que rependait Voldemort. Et il était certain que celui-ci, une fois l’Angleterre soumise, se tournerait vers les autres pays d’Europe comme Grindelwald avant lui.
Non. Il fallait absolument qu’il agisse. Pour ses parents comme pour ses enfants.

Le feu s’était rependu dans les prunelles grises de Cassiopée. C’était la couleur de l’orage que ces iris, voilée et constamment furieuse, notamment depuis la mort de son amie. Trop de choses lui avait été arraché pour qu’elle laisse Voldemort lui en prendre une seule de plus et ce fut d’un geste qui tremblait presque de fureur qu’elle caressa les épis blonds de leur garçon.

-Je te jure que si Travers était à la portée de ma baguette …
-Mais il ne l’est pas, la coupa fermement Edgar. Ce n’est pas le moment de faire des folies, Cassie. L’Ordre n’a jamais été aussi désunis, aussi désorganisé. Si on ne fait pas preuve d’un peu de prudence et sagesse … Si nous jetons nos dernières forces dans le feu, alors c’en est fini de nous.

S’adoucissant face aux mots de son mari et au contact des cheveux soyeux de Simon, le visage de Cassiopée se détendit enfin. Elle fixait le visage de leur fils, comme si elle cherchait à compter les tâches de rousseurs qui lui picoraient le nez, à imprimer chaque trait dans son esprit, gravant ce visage dans sa mémoire. Edgar savait pertinemment que chaque fois que Cassiopée prenait sa baguette pour l’Ordre, c’était l’image de leurs enfants qui lui donnait la force de se battre comme une lionne. Elle finit par s’arracher à sa contemplation et inclina de nouveau son visage pour poser ses lèvres sur celles d’Edgar.

-Qu’est-ce que je serais devenue si je ne t’avais pas épousé, murmura-t-elle en s’écartant d’un souffle.
-Une tête brûlée hors de contrôle et incapable d’exercer le moindre discernement. Oh, attends, c’est exactement ce que tu es.

Cassiopée essuya un petit rire rauque et enlaça son mari, pressant leur benjamin entre eux. Edgar savoura ce rare contact : leurs moments d’intimité étaient de plus en plus courts, de plus en plus espacés, morcelés entre les devoirs du Ministère et leur engagement pour l’Ordre. Il avait à peine vu grandir Simon ces trois dernières années. Et ce n’était pas prêt de s’arrêter maintenant qu’il s’apprêtait à prendre la charge du Département le plus important du Ministère. C’était pour cela qu’il prenait soin chaque fois qu’il était possible de lire une histoire à ses garçons ou de jouer à la Bataille Explosive avec Matthew. Le visage renfrogné de son aîné lui arracha un pincement au cœur. Il venait d’achever ses études, de belle manière en ce qui concernait les sortilèges et le vol, auréolé d’une coupe de Quidditch où il avait été Capitaine. Maintenant que cette vie était achevée, Matthew voulait plus : il voulait l’Ordre. Malgré ses vantardises, c’était un garçon qui avait un sens aigue de la justice des Bones et le feu de sa mère. Pas du genre à se cacher pendant que les autres se battaient. Edgar promettait depuis des semaines d’y réfléchir sans réellement avancer dans les démarches. C’était une véritable tête brûlée qui ne savait pas doser les risques, se répétait-il pour se donner bonne conscience. Mais la vérité, c’était que Matthew était son fils et qu’il ne supportait pas l’idée que son fils allait courir au-devant d’innombrables dangers.

-Tu sais, souffla Cassiopée, la tête penchée sur l’épaule que Simon n’occupait pas, s’il n’y avait pas cette guerre absurde, j’aurais aimé qu’on ait un autre enfant. Peut-être une fille, qui sait, je ne désespère pas …
-Oh, j’ai bien peur que ce soit George qui ait pris le secret pour engendrer des filles, commenta Edgar avec un léger sourire, sortant de ses songes. Et d’ailleurs, je suis très heureux de nos trois fils. Trois frères. Je trouve que ça a une puissante symbolique. Un lien fort.
-Tu penses au conte de Beedle ? plaisanta Cassie. Il était une fois trois frères qui voyageait à minuit …
-C’est au crépuscule, ma chérie.
-Non, à minuit, insista-t-elle d’un air buté. C’est comme ça que ma mère me le racontait donc c’est comme ça. Et si tu ne me crois pas, on en rediscutera la prochaine fois que Lysandra viendra dîner.

Edgar soupira, vaincu. Il n’avait pas le courage de lutter contre les deux sœurs Croupton pour une question de sémantique. Si sa relation avec sa jeune sœur avait longtemps été tumultueuse, la mort de leur mère les avait rapprochées l’une de l’autre et Edgar avait constaté à quel point elles étaient infernales – si semblables – quand elles étaient d’accord sur quelque chose … Satisfaite d’avoir eu le dernier mot, Cassiopée se fit soudainement songeuse.

-Trois frère comme le conte, donc … Maintenant que j’y pense, Matthew aurait sans doute pris la baguette.
-Spencer la Cape d’Invisibilité, par contre. Tu te souviens de la fois où il s’est fondu dans le décor parce que Fol Œil voulait lui parler ?

Cassiopée pouffa à ce souvenir intervenu trois ans plus tôt. Elle effleura le front de Simon, chassant quelques mèches blondes qui devenaient trop longues.

-Et toi mon chéri, qu’est-ce que tu ferais de la pierre de résurrection ? Tu ferais surgir des fantômes pour effrayer la petite Victoria Bennett ?
-Oh non, s’amusa Edgar. Qu’est-ce qu’il s’est encore passé ?
-Je ne suis pas sûre, mais il me semble que pendant que son père avait le dos tourné elle ait transformé le doudou de Simon en lézard vivant … (Les yeux de Cassiopée étincelèrent). J’ai tellement hâte qu’elle ait onze ans et de pouvoir annoncer au révérant que sa fille est une sorcière !

Elle croisa ses mains au niveau de son visage avec un rire machiavélique. Les Bones respectaient le pasteur du village, Edward Bennett, jeune ordonné et qui avait récupéré la maison de ses beaux-parents après que ceux-ci se furent installés sur la côte. Un homme sage, cultivé et apaisant comme Edgar en connaissait peu et Cassiopée avait été ravie un an plus tôt de lui annoncer que sa jeune fille, Victoria, alors qu’elle jouait avec Simon pendant une discussion des deux adultes, avait fait volé les cubes de celui-ci jusque elle après qu’il avait refusé de les lui prêter. Malgré tout, Edgar ne partageait pas l’enthousiasme de sa femme à cet égard : tout respectable qu’il était, Edward Bennett ne semblait pas homme à accepter facilement la magie et sa femme encore moins. Les années à Poudlard de la petite Victoria seraient difficiles – surtout s’ils n’avaient éliminé Voldemort d’ici-là.
Il s’apprêtait à faire part de ses réserves pour tempérer l’excitation de sa femme lorsqu’il entendit un cri d’alarme déchirer le silence. Tous deux se tendirent, aux aguets, et Cassiopée se détacha de lui pour courir vers leur fenêtre qui donnait sur le devant de la maison. Edgar vit son visage blêmir à la lueur des chandelles. Elle vrilla sur lui un regard où se mêlait la panique et la stupeur.

-Quatre, annonça-t-elle d’une voix étranglée. Au moins. Dont trois Mangemorts.

Le sang d’Edgar se figea dans ses veines. C’était impossible, ils avaient mis en œuvre les sortilèges les plus puissants pour protéger la maison … Avec un accès de rage, il se souvint que le Ministère était gangréné par des sorciers acquis à la cause de Voldemort ou soumis à l’Imperium, mais surtout que l’Ordre redoutait de compter un traitre dans ses rangs après la mort subite de plusieurs de leurs membres. De chaque côté, des informations avaient pu être recueillies sur les protections de la maison – et il ne connaissait qu’une poignée de personne assez brillante pour les annihiler. Par manque de chance, certaines se trouvaient dans le camp adverse. Cassiopée s’était déjà munie de sa baguette et avait traversé la pièce pour se ruer vers son mari, les yeux luisant de détermination.

-Ils sont presque à la porte, on n’a pas le temps de faire évacuer les garçons …

Et Matthew n’avait pas son permis de transplanage, regretta Edgar, affolé. Après deux tentatives l’année dernière, il avait argué que le permis attendrait l’été … Comme pour donner raison à Cassiopée, il entendit leur porte trembler devant les tentatives des hommes pour l’ouvrir. Le tambourinement de son cœur contre sa poitrine parut réveiller Simon, qui redressa vivement la tête, les yeux ensommeillés.

-Papa ?

Edgar fut incapable de lui répondre, le regard rivé sur celui de Cassiopée, le cœur au bord des lèvres, le cerveau au bord de l’implosion. Une nouvelle secousse, plus violente, agita la maison et sans réfléchir, il se pencha vers sa femme, la serrant contre elle d’un bras et l’embrassa comme il ne l’avait plus embrassé depuis une éternité. Les mots furent inutiles : ils savaient très bien ce qu’ils avaient à faire, ce qu’ils risquaient, l’enjeux. Ils s’attendaient à ce genre d’attaque depuis des années, depuis leur entrée dans l’Ordre, mais c’était pour la vie palpitante entre eux deux, le fruit de leur amour, qu’ils avaient été prêts à prendre ce risque. Malgré tout son courage, Cassiopée tremblait contre lui, pourtant ce fut avec un masque froid de détermination qu’elle se détacha, les yeux graves. Des étincelles crépitaient déjà au bout de sa baguette.

-Cache-les, je vais les retenir.

Sans laisser le temps à Edgar de protester, ni même s’attarder – comme si un regard en arrière pouvait lui arracher le cœur – Cassiopée disparut dans le couloir et il l’entendit dévaler les escaliers. Edgar n’attendit pas un instant de plus pour serrer Simon plus étroitement contre lui et de se précipiter lui aussi vers l’extérieur de la chambre. Au même moment, une troisième et ultime secousse ébranla si fort les murs qu’il vacilla en se rattrapant à une console poussée contre un mur. Matthew et Spencer sortirent de leurs chambre, paniqués :

-Papa, qu’est-ce qui se passe ?!
-La maison va tomber !
-Dans la chambre de Simon ! leur ordonna leur père d’une voix tonitruante. Et que ça saute !

Pour son plus grand soulagement, ils ne songèrent même pas à protester : Matthew hissa sommairement Spencer dans ses bras et ils se précipitèrent dans la pièce la plus éloignée de l’escalier, meublée d’une table à longer qui ne servait plus depuis un moment et du petit lit évolutif du benjamin. Edgar se précipita vers la fenêtre et lança sa baguette vers le ciel : des étincelles rouges en jaillirent, bondissant à chaque explosion un peu plus haut pour avertir du danger qui se jouait ici. Simon s’était mis à pleurer dans les bras d’Edgar.

-Maman …

Edgar sentit son cœur tomber dans sa poitrine lorsqu’au même moment, il entendit les premiers sorts être jetés au rez-de-chaussée. Cassiopée était une sorcière extraordinaire et une Auror de grand talent mais il doutait qu’elle soit capable de tenir durablement contre quatre adversaires … Il pressa les paupières, tentant de faire le vide dans son esprit. S’il laissait la panique le gagner, ses fils étaient perdus. Et avec un soupçon d’amertume, il se rendit compte qu’ils les avaient coincer ici avec son propre sort d’anti-transplanage. Le contrer prendrait trop de temps et Cassiopée était seule, en bas … Avec l’impression qu’il s’arracher une partie de lui-même, il déposa Simon dans son lit, non sans difficulté car l’enfant s’accrochait désespérément à lui.

-Qu’est-ce qui se passe ? s’enquit Matthew après avoir laissé tomber Spencer dans un coin de la pièce. Ce sont … ?
-Oui, Matt, ce sont eux. Tu as ta baguette ?

L’adolescent eut l’air sonné par la nouvelle. C’était quelque chose de vouloir se battre, mais c’en était une autre d’y être confronté et c’était bien cet écart qu’avait craint Edgar quand son fils avait commencé à lui parler de l’Ordre. Puis Matthew tira sa baguette d’aubépine de sa poche et quelques étincelles en jaillirent. Edgar hocha gravement la tête et mit une main sur l’épaule de son fils.

-Parfait. Reste avec tes frères et protège-les, d’accord ?
-Mais ça ne va pas ? protesta-t-il immédiatement avec fougue. Je viens avec toi, je viens vous aider, je ne peux pas …
-Si, tu peux ! Ta mère et moi savons nous défendre, nous avons une baguette ! (Il désigna ses deux plus jeunes fils d’un geste de la main). Eux, non !

Matthew parut ébranlé par les mots de son père et eut un instant un mouvement de recul. Puis il observa Simon pleurer dans son lit et Spencer collé au mur comme s’il espérait s’y fondre, le visage blanc comme neige. Une nouvelle détermination anima son visage et feu qu’il avait si souvent vu brûler dans les yeux de sa mère emplit son regard. Il empoigna sa baguette d’un geste qui tremblait, mais il hocha la tête, visiblement incapable d’articuler le moindre mot. Edgar serra son fils contre lui et preuve que la situation était grave, il lui rendit son étreinte.

-Protège tes frères, répéta Edgar à son oreille. Je suis fier de toi, mon garçon.

Puis il se leva d’un bond et comme Cassiopée, il s’éloigna sans un regard en arrière, malgré les suppliques de Spencer et de Simon lui coulèrent sur lui comme de l’acide, lui brûlant l’âme et le cœur. Mais il avait l’impression que s’il contemplait une dernière fois ses garçons, il serait incapable de les quitter. Ses doigts se serrèrent sur sa baguette magique de façon douloureuse. C’était pour eux qu’il descendait chaque marche de l’escalier, le cœur cognant si fort dans sa cage thoracique qu’il entendait à peine les hurlements de leurs agresseurs chaque fois qu’ils prononçait un maléfice, comme si la puissance vocale pouvait leur procurer plus de force. Mais chaque fois, Cassiopée les repoussait d’un sort silencieux qui semblait faire bien plus de dégâts que tous leurs cris. Edgar n’eut pas le temps de constater son état qu’un jet de lumière rouge fusait déjà sur lui. Mu des réflexes de l’excellent duelliste qu’il était, il repoussa le sort et poussa un grognement en reconnaissant l’homme qui l’avait lancé. Il n’éprouvait pas le besoin de se cacher sous sa cagoule noire de Mangemort et pour cause, il était très fier d’associer son visage aux méfaits de Voldemort et à toute la gloire que cela semblait lui inspirer. Enorgueilli de toute cette réussite dans les rangs du Mage Noir, il semblait plus détestable que jamais, bien plus que lorsqu’ils étaient tous deux à Poudlard et qu’ils se disputaient toutes les places honorifiques possibles, jusqu’à celle dans le cœur de Cassiopée. L’homme se fendit d’un rictus cynique.

-Edgar.
-Robert.

La pluie de sort qui acculait Cassiopée, la poussant au fond de leur salon, s’arrêta au moment où Robert Jugson avait pris la parole. Edgar put enfin observer en la regardant à la dérobée qu’elle avait la respiration sifflante et une entaille qui saignait sur sa joue, mais ses assaillants semblaient en pire état qu’elle. L’un d’entre eux – qui portait le manteau noir des Mangemorts, mais Edgar ne le reconnut pas et conclut qu’il devait être un aspirant – en profita pour éteindre les flammes qui avaient atteint sa cape. Le dernier Mangemort était cagoulé mais Edgar reconnaissait la silhouette trapue et la baguette noire comme la nuit d’Evan Rosier. Le dernier sorcier, seul à ne pas porter le manteau noir, gisait au sol et paraissait avoir toutes les peines du monde à se relever. Jugson avait sa baguette pointée sur Edgar alors que celui achevait de descendre la volée de marches qui le séparait de lui. Il eut un sourire suffisant.

-Tout n’est pas obligé de finir cette nuit, Bones. Je sais que tes fils sont là-haut, tu ne pourras plus les protéger si tu es mort. Rejoins-nous. Rejoins la puissance, rejoins le sommet – car je sais que les sommets t’ont toujours attiré, Edgar Bones. A présent, c’est du côté du Seigneur des Ténèbres qu’il se trouve. Rejoignez-nous et personne n’aura à mourir. Combattez … et vous aurez la mort de vos fils sur la conscience.

Le cœur d’Edgar battait la chamade et il repensa à ses enfants calfeutrés dans la chambre de Simon. Il porta son regard sur Cassiopée, haletante contre le mur et il sentit se tendre entre eux le fil qui s’était filé la première fois que leurs regards s’étaient plongé l’un dans l’autre. Leur vie sembla défiler et leurs souvenirs flotter entre eux tels des spectres bienveillants, les enveloppant de tout l’amour et le courage de leur vie. Edgar sut à cet instant en effleurant le feu intense qui brûlait dans les prunelles de la femme de sa vie qu’il ne pouvait se résoudre à abandonner ce pour quoi ils avaient tant sacrifié. C’était justement pour leurs enfants qu’ils l’avaient faits, pour qu’ils ne vivent pas dans un monde dénué d’espoir.
Il fallait qu’ils sauvegardent cet espoir. L’espoir d’un avenir meilleur, débarrassé des forces du mal, de la peur, de l’abandon. Et ce n’était certainement pas en leur cédant qu’ils y parviendraient.

Alors que la mort le guettait à l’âge de trente-six ans, Edgar Bones sentit un immense calme l’envahir. Tout ce qu’il avait fait, il l’avait pour ce en quoi il croyait. Parce que c’était juste, parce que sa cause était profondément bonne. Alors puisant sa force et son courage dans ce fil qui unissait son cœur à celui de Cassiopée, dans ces entrailles où brûlait l’amour qu’il avait pour ses fils et dans ses veines où coulait la soif de justice, Edgar Bones s’élança face à son destin.

***


-Je ne peux pas rester là … Nom d’un dragon …

Matthew avait ouvert la porte de quelques centimètres et observait ce qui semblait de dérouler en dehors de la chambre, la baguette frémissante entre ses doigts. Spencer l’observait, tétanisé. Même de l’autre bout de la pièce, il voyait les lumières des sorts éclabousser les murs du couloir en provenance de la cage d’escalier. A chaque éclaircie de couleur sombre, il se recroquevillait un peu plus sur le mur, le sang battant à ses tempes. Simon avait martelé la porte de ses petits poings lorsque leur père avait disparu, hurlant, pleurant, comme s’il avait deviné du haut de ses trois ans que quelque chose de grave se jouait en bas. Visiblement, les cris lui avaient lacéré la gorge parce qu’ils se contentait à présent de pleurer, collé aux grandes jambes de Matthew, attendant et murmurant de temps à autre un appel à leurs parents qui déchirait le cœur de Spencer. Lui aussi voulait réclamer papa et maman, mais s’il laissait échapper un soupçon de gémissement, Matthew se moquerait de lui.

-Papa nous a dit de rester là …

Matthew arracha son œil à son observatoire pour darder un regard furieux sur lui. Spencer se recroquevilla un peu plus et enserra ses jambes de ses bras maigres.

-Ils risquent de mourir, martela Matthew d’une voix qui tremblait néanmoins. Je les entends … Désolé, Spence, je ne peux pas les laisser ! Je dois y aller !
-Non ! (Cette fois, Spencer se dressa sur ses pieds). Papa t’a dit de rester là, de nous protéger !

Son frère parut hésiter, une main crispée sur la poignée de la porte. Les bruitages de la bataille du rez-de-chaussée leur parvenaient cruellement en sons indistincts qui allaient du grognement à des formules magiques – enfin, Spencer le supposait. A neuf ans, il était encore loin de prononcer une formule magique, mais il avait vu ses parents faire et il apprenait vite. Puis un cri leur parvint, et Spencer reconnut avec horreur la voix de sa mère qui hurlait de douleur. Comme si c’était le signal qu’il attendait, Matthew ouvrit la porte à la volée et s’élança dans le couloir.

-Non ! protesta Simon en agrippant l’une de ses jambes. Reste !

Mais Matthew le repoussa sèchement et l’enfant retomba sur ses fesses, sonné à la fois par la violence de ce frère qui l’avait toujours adoré et par le choc en lui-même. Spencer paniqua lorsqu’il disparut dans le couloir. Oubliant la peur qui menaçait de le paralyser tout entier, il le poursuivit et s’écria à la volé :

-Matt ! Matthew, s’il te plait !

Il ne put retenir son sanglot, mais c’était trop tard : son frère avait déjà atteint l’escalier et le dévaler, sa baguette à la main. Spencer le vit jeter un sort qui parut atteindre sa cible, mais le grognement fut noyé dans les cris qui tempêtèrent à son apparition. Avant qu’il ne puisse comprendre ce qui se disait, un jet vert jeta une lumière froide et crue sur de la cage d’escalier, découpant l’ombre de son frère qui sembla s’affaisser sur lui-même. Spencer se précipita sur le palier et sanglota de manière incontrôlable lorsqu’il vit Matthew étalé la tête la première sur les marches, le visage ensanglanté par la chute, sa baguette gisant quelques mètres plus bas. Il ne bougeait plus.
Un cri inhumain déchira le silence et emplit l’espace auditif de Spencer, si fort, si douloureusement qu’il se couvrit les oreilles pour l’atténuer, lui-même assourdi par la souffrance qui lui étreignait le cœur.
Il est mort.
Il ignorait d’où il tirait cette certitude, mais elle emplissait à présent toute sa réalité, comme le hurlement de sa mère emplissait ses oreilles et les yeux vides de Matthew sa vision. L’agitation reprit et la lumière violente des sorts coloraient son visage blafard. Sa mère ne cessait de crier, de hurler ces sorts, puis d’un coup, tout cessa. Et lorsqu’il cessa d’entendre la voix de Cassiopée Bones, Spencer sentit quelque chose se briser en lui.

-Spence ?

Le visage ruisselant de larme, Spencer fit volte-face pour voir que Simon l’avait rejoint. Simon, trois ans … qui savait à peine faire de la magie … Matthew était mort alors qu’il savait en faire alors lui, ce petit enfant … ? Et maman qui ne criait plus, pourquoi maman ne criait plus ? Pourquoi en bas les lumières s’étaient-elles faites moins nombreuses et qu’un silence emplissait de plus en plus insidieusement la maison ? Pendant un affreux instant, Spencer resta paralysé, figé par la terreur pure que lui inspiraient les questions. S’il n’y avait pas eu le sanglot sourd de Simon pour le réveiller, il serait sans doute resté là, impuissant, terrassé par la douleur et la peur que semblait rependre son cœur à part égale dans ses veines. Mais Simon sanglota et comme c’était le seul son sur lequel il avait envie de se concentrer, il prit son jeune frère par la main et l’entraina dans sa chambre.
Simon n’avait peut-être pas encore la magie, mais lui l’avait. Et il l’avait même très bien, parfois il l’entendait presque chanter dans ces veines, il la voyait flotter autour de la maison quand ses parents la pratiquer, il la sentait tout autour de lui comme une douce et bienveillante couverture, substance indistincte qui ne demandait qu’à être tissée. Et Spencer adorait tisser la magie.
Sa main tremblait dans celle de Simon – ou bien était-ce lui qui trembler ? – pourtant il parvint jusque la chambre et referma la porte derrière lui. Sans réfléchir, il se précipita vers la penderie qui se découpait sur le mur et l’ouvrit à la volée. Les étagères qui le découpaient la rendait trop petite pour lui, mais Simon pouvait passer sous la première … Il se tourna vers son jeune frère et le força à s’accroupir.

-Simon … il faut que rentre là-dedans.

Simon ouvrit de grands yeux effrayés et se remit à pleurer. Il tira sur sa main pour échapper à la prise de Spencer, paniqué.

-Non, non … je veux papa …

Mais Spencer n’entendait plus papa. A dire vrai, il n’entendait plus rien. Un silence de mort s’était installé dans la maison. Ravalant un sanglot, il prit fermement Simon par les épaules et le força à entrer dans le placard, ce qui n’eut pour effet que de redoubler ses pleurs. Il tenta de sortir, agitant ses poings, tentant de s’échapper, mais Spencer le repoussa dans le fond de la penderie et tendit ses deux paumes sur Simon. Presque aussitôt, il la sentit, la magie qui parcourant chaque fibre de son corps, chaque goutte de sang dans ses veines et Simon se retrouva soudainement figé, incapable de bouger et même de parler. Ses grands yeux s’exorbitèrent et se noyèrent de larme, accentuant la terreur qu’il ressentait à l’idée d’être enchainé. Le cœur brisé, Spencer enlaça son frère dans une tentative dérisoire pour le rassurer. Tout son petit corps tremblait. Et alors que les halètements paniqués de son petit frère semblaient devenir sa seule réalité, il entendit les marches de l’escalier grincer. Une partie de lui espéra que c’était les pas de son père qui faisait ainsi gémir le parquet, mais il savait pertinemment que ce n’était pas le cas. Papa ne faisait pas ce bruit-là lorsqu’il arrivait. Laissant éclater le sanglot qui lui nouait la gorge, il se détacha de son frère et ignorant les larmes qui ruisselaient sur ses joues, il referma la porte sur lui. Les stries resserrées de la porte le dissimuleraient bien assez … Du moins il l’espérait. Les bruits de pas se rapprochèrent et Spencer entendit les portes s’ouvrir une à une. La pièce n’offrait que peu de cachette et il eut tout juste le temps de se glisser sous le petit lit évolutif de Simon lorsque la sienne s’ouvrit à la volée. L’oreille collée au sol, Spencer entendait son propre cœur tambouriner contre le parquet alors que des pieds qui n’étaient définitivement pas ceux de son père entraient dans son champ de vision. Il ne faut pas qu’il trouve Simon … Pitié … Il ne faut pas qu’il le trouve … Sa prière fut exaucée d’une cruelle manière : une main surgit brusquement sous le lit et attrapa son pied pour le tirer sèchement de sa cachette. Avec un cri de surprise, Spencer découvrit le visage souriant d’un bel homme à la cape aussi noire que la nuit.

-Mais c’est qu’il ressemble à sa mère, celui-là …

Maman. Maman qui avait cessé de crier, comme Matthew et papa. Sans réfléchir, ne pensant qu’à eux et à Simon, Spencer tendit de nouveau les bras et la magie se tendit dans tout son corps, lui répondant plus docilement que jamais. L’homme le lâcha avec un cri de douleur, portant une main à son visage qui gonflait de manière grotesque et se couvrait de plaques rouges et brûlantes. Spencer n’eut pas le temps de songer à s’échapper : mu par la colère et la souffrance, l’homme avait sorti sa baguette pour la pointer sur lui. Et il trouva face à la lumière verte qui avait fauché Matthew.
Spencer n’avait pas peur. Alors que cette couleur glaciale devenait sa dernière réalité, il songeait au conte des Trois Frères et à la mort qui venait happer chacun d’entre eux car toute vie ne méritait d’être vécue parce qu’elle avait une fin. Et dans le cœur de Spencer, son dernier battement sonnait comme l’espoir : le dernier frère était celui qui lui échappait.
Scandium

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Scandium »

Ah la la, ce genre de bonus, c'est trop dur à lire pour mon petit coeur !

J'aime beaucoup l' analogie avec le conte des trois frères et que du coup, Simon soit associé à la pierre de Resurrection !

C'est super bien écrit, comme d'habitude, très intéressant. Je me demande ce que va être la deuxième partie du bonus du coup. Sans doutes l'enfance de Simon, chez George Bones. Avec Victoria.
MelleChachow

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par MelleChachow »

Oh. Doux. Jésus...
Cette première partie de bonus... Je n'ai pas de mots... Oh comme tu écris si bien !
J'ai senti les larmes monter aux yeux. C'est vraiment super bien écrit. Il n'y a rien a dire.
Je veux juste la suite !
Charmimnachirachiva

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Charmimnachirachiva »

Hey !
Bon je crois que je vais arrêter de dire que je commenterai dans les temps la prochaine fois... :? :lol:
Sinon, dernier chapitre très émouvant et un bonus encore plus (mon pauvre petit coeur !!!) Spenceeeeeeeerrrrr !!! A son pdv à la fin, ça m'a achevée, je suis trop triste :cry: :cry: .
Sinon, je vais répondre au questionnaire ;) allez c'est parti !

Fin de la partie II



Voilà, j'espère que vous avez apprécié le chapitre ! J'en profite pour faire un petit bilan de mi parcours parce que je me doute que dans deux ans vous ne vous souviendrez plus des événements de la partie II. C'est effectivement assez probable... Donc on est reparti pour un petit questionnaire type Lucy? C'est parti !

1) Qu'est-ce qui vous a plu dans cette fanfic' au final ?
Tout, ça marche ? :lol: Sinon, plus sérieusement, ce que j'ai le plus apprécié dans cette fanfic, ça doit être les relations sorciers/moldus et le contexte historique et aussi le réalisme des perso, c'est vraiment ton histoire la plus complète, la mieux construite aussi bien au niveau de l'écriture que des perso que de l'intrigue !

2) Qu'est-ce qui vous a déplu ?
Euh...
-Au niveau de l'histoire :
Pas grand chose en particulier, je voulais pas que Kamilia elle veuille tuer Vic (je l'aimais bien !) mais c'était si bien écrit que je te pardonne ;)
-Au niveau de l'écriture :
Euh... (a vraiment pas d'idée) quelques fautes d'orthographe mais qu n'en fait pas ? Et puis je les vois pas donc ça ne me dérange même pas !

3) Quel(s) personnage(s) avez-vous préférés ? Et si possible pourquoi? *se prépare à une avalanche d'amour pour Simon Bones*
Viiiiiictoriaaaaa !! C'est vraiment elle que je préfère, elle est tellement attachante, tellement réaliste (outre le fait qu'elle soit sorcière évidemment :lol: ) Et puis, j'aime bien le fait que tu écrives à la première personne. Sinon, bien sur j'adore Simon et la relation Vic/Simon mais comment faire autrement ?
Et, j'aime bien Ulysse aussi, je sais pas trop pourquoi...


4) Si possible et si vous vous en souvenez, quelle a été votre scène préférée? Et celle que vous avez moins aimé? Et pourquoi?
"do you hear the people sing", la scène avec les statues et le chant était vraiment trop trop trop belle, cette magie qui nous a fait aimé Poudlard dès que Harry y a mis les pieds, cette magie qu'on a tendance à réduire à une simple magie de combat, était si bien illustrée que je pense que c'est ma scène préférée (j'en avais les larmes aux yeux quand je l'ai lu)
hum, hum, je pense que c'est celle où Cho est jalouse de la relation de Vic et Cedric. De 1 parce que j'aime ni Cho, ni la relation qu'elle a avec Cedric et de 2 parce que je voyais vraiment pas leur relation comme ça et que du coup j'étais pas contente que Cho s'imagine des trucs...


5) On est reparti pour deux parties, qui couvriront les tomes 6 et 7. Qu'attendez-vous pour la suite?
Revoir la famille Selwyn (et surtout Ulysse) mais je pense que c'est déjà prévu... Sinon, continue comme ça et je serai très contente !

6) Y'a-t'il des choses qui ne sont pas claires? Ou des défauts de confections qui vous ont gênés?
Rien ne me viens...

7) Allez, on va faire le sondage quand même par curiosité ! Pour ceux qui ont lu les deux, O&P ou Lucy ? Pourquoi?
Je pense O&P quand même, parce que c'est plus complet et travaillé mais j'adore aussi Lucy !

8) D'autres choses auxquels je n'aurais pas pensée? Laissez libre court à votre imagination !
Je suis heureuse que tu postes toutes les semaines ton bonus et que le début de la partie 3 soit déjà écrit !!!!! :lol:
annabethfan

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par annabethfan »

Y a personne à la médiathèque et je m'ennuie donc commentons !

En vrai la partie 1 du bonus se prête mal à un com cit parce que tout ce que je ferai c'est de pleurer sur mon clavier donc je vais plus en faire un global et te déclarer mon amour éternel!

Déjà le conte des Trois Frères en filagramme est un crève cœur et une idée si bien trouvée, surtout pour la dernière phrase qui m'a juste achevée véritablement! Elle était sublime mais tragique.

En fait, l'espace d'un instant t'as réussi à redonner vie à la famille Bones et ça rend leurs mentions dans OP encore plus douloureuses parce que t'as capté leur essence le jour de leur mort. J'ai adoré le calme et la détermination d'Edgar, la fougue et l'amour de Cassie, et surtout la personnalité des trois garçons. C'est peut-être parce que j'ai lu les autres bonus et que j'ai écris sur Matthew, mais j'ai adoré voir la dynamique des trois frères et le parallèle avec le conte évidemment.

L'écriture était fluide, poignante, sublime! Le combat notamment, si vivant, et puis évidemment la peur des enfants... Je trouvais ça encore plus affreux de se dire que Matthew n'a même pas eu le temps de se battre... Le cri de Cassie d'ailleurs, ah ça m'a brisé le cœur. On sent toute la rage d'une mère ! Mais alors après le point de vue de Spencer mon dieu... Non vraiment tout était si bien écrit, si déchirant !

Perri t'es juste INCROYABLE!

Je ferai un com cit pour la partie 2 mais là ça n'aurait pas rendu justice à ton écriture, vraiment.
Perripuce

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Perripuce »

MAIS QU'EST-CE?
Une Perri qui poste en coup de vent parce qu'elle est en perme et qu'il lui reste une minute avant la sonnerie. Bisous et gloire éternelle à Tadej Pogacar qui a sauvé mon TOur de France avec un chrono EXCEPTIONNEL ! Enfin un gagnant du Tour que j'aime !


Partie 2 : Le Purgatoire


Il y a un lieu là-bas qu'attristent les ténèbres, mais non les peines, et où les plaintes ne résonnent pas en cri mais en soupir

- Dante, La Divine Comédie, Le Purgatoire, Chant VII


Rose Bones, née Faussecreth, bailla à s’en décrocher la mâchoire. Elle ne savait pas par quel miracle elle parvenait à garder les yeux ouverts alors qu’à chaque battement paupières, ils brûlaient affreusement et elle n’avait qu’une envie, c’était de se plonger dans ce noir complet et réparateur. Elle consulta sa montre et porta un regard mauvais sur la pile conséquente de dossier qui s’accumulaient sur son bureau. A à peine vingt-huit ans, elle était affectée à un poste à immense responsabilité en ces temps troublés : réunir un maximum de preuve et plaidoyer contre les Mangemorts arrêtés par le Ministère. Mais Rose n’était en rien arrivée là par hasard : sortie de sa promotion première de classe et Préfète-en-cheffe, elle s’était attirée la sympathie du Ministère avant même d’accroitre son crédit en épousant le plus jeune fils de Susan et Nicholas Bones, reconnu comme étant une immense famille de juriste. Elle jeta un regard attendri sur la photo que dissimulait presque ses dossiers : elle avait été prise le lendemain de la naissance de sa seconde fille, Susan qu’ils avaient nommé en mémoire de la mère décédée de George. C’était lui qui tenait le bébé dans ses bras musculeux alors que Rose avait hissé sur ses genoux leur aîné à présent âgée de cinq ans, Caroline. Elle avait l’impression que la photo avait été prise hier et pourtant Susan s’apprêtait à avoir deux ans en octobre ... Et tant de choses s’étaient passées depuis … Profitant de la fuite de deux membres du Mangemagot et de l’arrestation de l’un d’entre eux comme traitre, George y était rentré, rejoignant ainsi son frère et sa sœur aînés, Edgar et Amelia, déjà bien installés dans l’institution. Et Rose, après des années à servir d’assistante à Barty Croupton, s’était vu offerte ce poste de procureure par la Ministre elle-même. Mais elle ne s’y trompait pas : elle était certaine qu’un Bones lui avait soufflé l’idée à l’oreille. Millicent Bagnold avait une confiance inébranlable en Edgar. Mais personne, pas même Croupton – qui pourtant, vouait une véritable haine aux Bones et s’était montré extrêmement désagréable avec elle depuis qu’elle avait épousé l’un d’entre eux – n’avait émis la moindre objection : il était su par tous que Rose était une femme brillante, capable et surtout qu’elle était incorruptible. Cependant, en contemplant le doux visage de ses filles, elle se demandait si ce nouveau poste n’allait pas lui attirer les foudres des partisans de Vous-Savez-Qui. C’était une peur qui la hantait chaque matin lorsqu’elle s’asseyait à son bureau et qu’elle montait sans relâche des dossiers contre des Mangemorts présumés.

Il était presque vingt-trois heures, à présent, et Rose se résolut à s’arracher de sa chaise, tombante de fatigue. Elle rangeait son bureau avec des mouvements de baguette laconique lorsqu’elle entendit l’agitation qui s’éprenait des couloirs. Malgré son épuisement, Rose tendit l’oreille, habituée au raffut que pouvait provoquer les Aurors près desquels elle avait son bureau pour des raisons pratiques. Et ce genre de raffut n’annonçait généralement pas grand-chose de bon, surtout lorsque l’aboiement caractéristique d’Alastor Maugrey, le chef du bureau des Aurors, couvrit l’agitation :

-POURQUOI ON NE ME PREVIENT QUE MAINTENANT ?!

Quelqu’un tenta de donner des explications que Rose n’entendit pas, tant elles étaient basses et noyées dans le bruitage. Pourtant, son cœur fit un bond quand elle fut persuadée d’avoir entendu le nom de « Bones » dans les justifications bafouillées pour Maugrey. Son sang ne fit qu’un tour et elle ouvrit la porte à la volée. Un groupe de cinq Auror se préparait, armé jusqu’aux dents et menés par le visage balafré de Maugrey Fol Œil. Il congédia l’homme presque tremblant – un apprenti – devant lui d’un geste sec de la baguette et celui-ci déguerpi sans demander son reste. Voyant qu’il était dans l’un de ces états où il était capable de jeter un maléfice à n’importe qui, Rose faucha le coude de Kingsley Shacklebolt, un sorcier extrêmement doué qui l’aidait particulièrement dans ses affaires avec un sens fin de l’analyse et un recul apaisant des événements.

-Qu’est-ce qui se passe ? Ou est-ce que vous allez ?

Kingsley contempla un long moment Rose de ses yeux sombres. Le regard se prolongea assez pour qu’elle comprenne qu’elle n’avait pas simplement rêvé le nom qu’elle pensait avoir entendu. L’affolement s’éprit d’elle, trop pour qu’elle ne puisse le réprimer.

-On a reçu un message de Terre-en-Lande, finit par avouer Kingsley. A priori … La maison d’Edgar a été attaquée.
La première réaction de Rose fut du soulagement : son mari et ses filles n’étaient pas en danger. Puis presque aussitôt, balayant tout le reste telle la déferlante d’une rivière glacée vint l’angoisse la plus totale.
Edgar … Cassie … les garçons …
Rose s’entendit à peine bredouiller :

-Je … Je vais venir avec vous …
-Ne sois pas stupide, ce sont des Mangemorts qui ont attaqué la maison, rétorqua Kingsley d’un ton ferme. Il vaut mieux que tu restes là, on viendra te donner des nouvelles après …
-Je viens, répéta Rose d’un air buté. Je viens, il est hors de question que je reste ici, pendant que … dehors … peut-être …

La suite s’étouffa dans sa gorge : elle ne pouvait pas prononcer l’indicible, ce en quoi elle refusait de croire. Non, Cassie et Edgar étaient tous deux les meilleurs sorciers de leur génération, et ils étaient bien protégé, Rose le savait … Et Matthew était diplômé à présent, il pourrait leur prêter main forte … Il fallait juste qu’elle aille les aider, qu’elle se dépêche avant qu’il ne soit trop tard … Kingsley tenta de parlementer, mais Rose avait déjà saisi sa baguette et suivait les Aurors d’un pas vif jusque l’Atrium. Maugrey ne la repéra qu’au dernier moment, alors que les premiers d’entre eux utilisaient les cheminées pour transplaner jusque Terre-en-Lande et bloqua le passage à l’une d’entre elle.

-Je n’ai pas besoin de petite bureaucrate qui trainera dans mes pattes pendant une telle opération ! la rabroua-t-il, ses cicatrices animant sinistrement son visage. Tu m’as entendue ?
-Essaie un peu de m’en empêcher ! hurla Rose d’une voix presque hystérique, cédant à la panique qui déferlait en elle. Je ne suis pas qu’une petite bureaucrate, Fol Œil, je sais me servir de ma baguette et je serais ravie de te le prouver si on n’avait pas plus urgent à faire ! Chaque seconde que tu perds à essayer de me convaincre est une seconde qui rapproche Cassie de la mort !

Rose sut qu’elle avait fait mouche : Cassie était peut-être l’unique personne que Maugrey aimait, à la manière d’une jeune sœur. Il l’avait formée, façonnée et un lien assez fort s’était noué entre eux pour que Cassie envisage de faire de lui le parrain de son benjamin – honneur que Maugrey avait refusé, arguant que s’il arrivait quelque chose à ses parents, l’enfant aurait besoin d’un parrain en vie et que lui-même avait sans cesse un pied dans la tombe. C’était alors vers Rose qu’elle s’était tournée pour faire d’elle la marraine de Simon. Avec un grognement de reddition, l’Auror à la crinière grisonnante s’écarta, non sans asséner d’une voix sèche ses instructions :

-Tu restes dehors, tu ne rentres dans la maison que lorsque je t’en donnerais le feu vert. Si tu vois quelque chose bouger, tu dégaines ta baguette, pas pitié, Bones. Vigi…
-Vigilance constante, acheva Rose avec un hochement de tête tremblant. Je sais.

Sans attendre, elle s’engouffra dans la cheminée, la baguette frémissante entre ses doigts. Les flammes d’un vert émeraude l’enveloppèrent alors et elle se retrouva projetée dans la fraiche nuit d’août. Elle entendait les Aurors gravir les marches du perron et entrer à la volée dans la demeure ancestrale des Bones. Aucune lune n’était visible dans le ciel et pourtant la maison était baignée dans une lueur spectrale qui dessinait sa silhouette dans la nuit. Rose comprit un instant plus tard en levant la tête. Elle crut que son cœur allait exploser.
Au-dessus de la maison, la Marque des Ténèbres dansait.
Rose chancela, sous le choc. Cette marque, c’était une confirmation d’un fait auquel elle s’était refusé de croire. Quelqu’un était mort. C’était la seule explication, la seule qui pouvait justifier que cette immense tête de mort crachant un serpent éclaire sinistrement la maison. Horrifiée, Rose ne pensa même à se défendre, même pas à regarder si un Mangemort s’échappait de la maison. Elle avait le regard rivé sur la Marque et était écrasée par sa signification.

-Rose ?

D’un effort qui lui parut colossal, elle tourna la tête pour voir qui l’interpeller ainsi. Quelques mètres plus loin, se tenant en respect de la maison, un homme frêle à la barbe grisonnante enserrai son corps de ses bras, tremblant de tous ses membres. A ses côtés, un garçon d’une vingtaine d’année qui paraissait être son fils lui donnait des tapes sur l’épaule, l’air hagard.

-Vous êtes Rose, la belle-sœur d’Edgar ? s’assura-t-il dans un filet de voix.

A travers la brume de son esprit, Rose reconnut l’un des derniers sorciers qui habitait le village et qu’elle avait aperçu souhaitant la bienvenue à Edgar lors de son déménagement, dix ans plus tôt. Incapable d’articuler le moindre mot, elle hocha la tête. Sans crier garde, l’homme se mit à pleurer et le cœur de Rose saigna.

-Je suis désolé, sanglota-t-il sans même tenter de masquer ses larmes. Je … je n’ai rien pu faire, j’ai eu trop peur … J’ai vu … j’ai vu l’avertissement d’Edgar, je l’ai vu … Mais je n’ai pas osé … J’ai prévenu le Ministère mais … je n’ai pas osé … Je suis tellement désolé, j’avais peur …

Rose aurait voulu être bienveillante, lui assurer que ce n’était rien, qu’il avait fait ce qu’il fallait, ce que le Ministère préconisait … Pourtant, les larmes de l’homme coulèrent sur elle sans rien laisser d’autre qu’une sensation glacée, la nouvelle confirmation de ce qu’elle redoutait depuis qu’elle avait entendu le nom des Bones dans les murmures pressants de Aurors. Elle fut détournée de lui par le grincement de la porte principale et la silhouette massive de Maugrey découpée dans l’encadrement. Comprenant que les agresseurs étaient partis, Rose se précipita à sa rencontre. Le pauvre homme semblait avoir pris dix ans et s’appuyait si fort contre le chambranle qu’elle craignit un instant que le colosse de s’écroule sur ses pieds d’argile. C’était peut-être une déformation de ses propres larmes qui emplissaient ses yeux, mais il lui semblait que le regard de Maugrey s’était humidifié.

-N’entre pas, souffla-t-il d’une voix sans timbre. Non … crois-moi … n’entre pas.
-Alastor … qui… ?

Maugrey ferma les yeux et se les pressa du pouce et de l’index. Elle qui ne l’avait connu que fort, sûr de lui et cynique fut choquée de le voir d’apparence si chamboulé.

-Oh, Rose … Je doute qu’il y ait quelqu’un de vivant dans cette maison.

Mais Rose refusa d’y croire. Edgar était le meilleur sorcier qu’elle connaissait – si elle exceptait Dumbledore – et Cassie était une véritable lionne, pas du genre à se laisser mourir … Et les enfants … Ravalant un sanglot et ignorant les appels de Maugrey, elle s’engouffra à l’intérieur de la maison mais se figea telle une statue de sel sur le palier. Au pied de l’escalier, Edgar était étendu sur le flanc, ses yeux verts fixant un point qui ne se situait pas dans le même monde que Rose. A quelques centimètres de sa main, sa baguette avait été fendue en deux. Elle détourna le regard, un cri de détresse au bord des lèvres et levant les yeux sur l’escalier elle découvrit pire : Matthew, ce petit démon qu’elle avait si souvent réprimandé et qui avait grandi au point où elle avait fini par discerner l’homme en lui, se tenait face contre terre, allongé en travers des marches la tête la première. Se refusant à contempler davantage sa main inerte, Rose arracha son regard et il tomba alors sur le salon. Cette fois, ses pleurs déchirèrent le silence de plomb qui s’était installé dans la maison : Cassiopée, la lionne, l’Auror si féroce, son amie, était adossée au mur, une main pressée sur le flanc. Kingsley était à côté d’elle et sa main couvrait une plaie sur son cou où le sang coulait toujours à gros bouillon. Malgré sa pâleur cadavérique, l’espoir se mit à battre dans le cœur de Rose, et elle se précipita vers elle, écartant les Aurors qui tentaient de lui faire barrage. Elle s’agenouilla auprès de sa belle-sœur et sa robe de sorcière s’humidifia au niveau de ses genoux.

-Cassie …

Ses paupières lourdes trouvèrent dans sa voix la force de se relever, laissant apparaitre son regard voilé qu’elle fixa sur Rose. La jeune femme prit ses mains glaciales dans les siennes et la baguette que tenait toujours Cassie chuta et alla rouler sur le parquet couvert de sang.

-Cassie, c’est moi … Tiens bon, les secours vont bientôt arriver … Tiens bon …

Ce fut difficile pour Rose de ne pas laisser éclater le sanglot qui lui nouait la gorge. Elle était pâle, si pâle, et son souffle si court qu’il était à peine discernable et ne suffisait pas à faire voler les quelques mèches qui tombaient sur son visage. A côté d’elle, Kingsley appuyait toujours un linge sur la plaie dans son cou pendant qu’un autre tentait s’arrêter l’hémorragie sur son flan. Mais elle l’avait bien vu sur leur visage comme elle l’avait vu dans les yeux éteins de son amie et dans le sang qui tâchait à présent sa robe et ses mains … Cassie était en train de mourir. En un sursaut, ses doigts se crispèrent mollement sur les siens et un faible murmure éraillé voulut franchir les lèvres de Cassie. Rose caressa ses cheveux que le sang avait rendu de rouille.

-Chut … Non, ne parle pas ma belle … garde des forces …
-… suis morte … Edgar … Rose … les garçons … Simon … s’il te plait …

Une larme roula sur la joue de Cassie alors qu’une lueur de vie s’allumait une dernière fois dans ses iris grises et voilées. Rassemblant ses dernières forces, elle serra davantage les mains de sa belle-sœur.

-S’il te plait … S’il te plait …

Elle répéta ce mot jusqu’à qu’il n’ait plus de sens, jusqu’à qu’il soit réduit à un murmure indiscernable, inaudible. Même quand ses paupières épuisées se fermèrent pour toujours, ses lèvres s’agitaient toujours en cette supplique muette. Puis ses mains devinrent de plus en plus molles dans celles de Rose et ses lèvres se figèrent enfin. La jeune femme, sonnée, laissa échapper ses doigts quand ils glissèrent, telle la vie du corps de Cassie. Elle n’avait même pas donné de réponse à la dernière promesse de son amie.

Elle ne pouvait plus bouger. Elle était figée, baignant dans le sang de son amie, incapable de détacher son regard de ses lèvres qui, un instant plus tôt, remuaient encore sous les éclats de vie. Kingsley murmurait à côté d’elle à l’Auror qui avait tenté d’arrêter l’hémorragie, mais leurs voix ne parvenaient que par bride dans l’esprit embrouillé de Rose. Alors qu’elle se sentait prête à chanceler, à s’écrouler sur le parquet ensanglanté et à laisser éclater toute sa douleur, la grosse main de Maugrey se posa sur son épaule et la pressa. Rose la couvrit de la sienne et s’accrocha à ce contact, tremblant si fort qu’elle doutait être capable de bouger le moindre muscle. Il l’aida lentement à se relever, à s’arracher à cette scène déchirante, à Cassie qui venait de rendre l’âme sous ses yeux … Depuis, Rose avait l’impression de ne plus rien voir. Elle écouta vaguement le rapport fait à Maugrey, incapable de comprendre la scène qui se déroulait sous ses yeux.

-Celui-là est mort, annonça-t-il en désignant le corps que Rose ne connaissait pas. Il n’est pas connu de nos services et il n’a pas la marque, on pense que c’était un aspirant qui devait faire ses preuves … Mais celui-ci (il pointa un autre homme, caché derrière le canapé et dont Rose ne voyait que le pied dépassé) est simplement stupéfixié. Un petit délinquant notoire, surtout connu pour le braquage de riches maisons …
-Ce n’est pas un aspirant et un petit délinquant qui seraient venu à bout d’Edgar et Cassiopée Bones, rétorqua Maugrey d’une voix où commençait à enfler la colère. Il y en avait d’autre, c’est certain …
-Très certainement. On a vu deux hommes transplaner dans le jardin lorsque nous avons fait irruption dans la maison … Je crois que Williamson a pu les identifier, mais peut-être que celui-ci (Il désigna l’homme stupéfixié sur le sol) pourra nous donner des précisions …

L’œil d’un bleu sombre de Maugrey étincela et un sourire sinistre anima ses cicatrices de façon lugubre.

-Parfait. Emmène-le au Ministère et enferme-le sous bonne garde. Ensuite …
-Et les enfants ? interrogea Kingsley.

Il s’était redressé, les mains couvertes du sang de Cassiopée, le visage figé en un masque impassible pour ne pas laisser éclater l’horreur. Le cœur s’accéléra dans sa poitrine, et elle leva les yeux sur l’escalier, au-dessus d’Edgar, au-dessus de Matthew. Obnubilé par les morts et sa douleur, elle avait oublié que deux enfants manquaient au rez-de-chaussée.
Les garçons … Simon … S’il te plait. S’il te plait.
Le cœur de Rose s’emballa. Il n’y avait que l’instinct de la mère courage pour s’accrocher ainsi à cela. N’écoutant que l’espoir qui battait frénétiquement des ailes en elle et pompait dans cette veine une adrénaline, elle retrouva ses capacités motrices et s’élança dans l’escalier. Elle passa à côté de Matthew, trop fébrile, trop lâche pour lui jeter le moindre regard et atteint le pallier le souffle court. Les portes du couloir étaient toutes ouvertes, certaines pendaient sur leurs gongs, arrachées par la puissance de l’ouverture.

-Spencer ! cria-t-elle avec la force du désespoir. Simon !

Le silence qui lui répondit l’enveloppa telle une couverture glacée. S’accrochant désespérément à l’espoir qui était né de la question de Kingsley, malgré le calme total de l’étage – un calme de mort … – elle fouilla frénétiquement chacune des pièces, regardant sous le lit, ouvrant les placards à la volée, hurlant sans cesse le nom des garçons dans l’espoir qu’elle entende ne serait-ce qu’un frémissement qui pourrait indiquer leur survie. Enfin, elle poussa la porte à moitié ouverte de la chambre de Simon, au bout du couloir. Elle avait aidé à peindre cette chambre trois ans plus tôt, avec une Cassiopée clouée à la maison par la grossesse, mais qui s’était refusée à rester inactive. Cassiopée qui s’était vidée de son sang à l’étage du dessous … La douleur faillit de nouveau la paralyser, aussi se dépêcha-t-elle de se mettre en mouvement avant que désespoir ne lui cloue les jambes au parquet.

-Spencer ? appela-t-elle dans un murmure, la voix éraillée par les cris et les pleurs. Simon … ?

Elle embrassa la pièce du regard et cette fois, ses jambes se dérobèrent sous elle : dépassant de moitié de sous le lit, les jambes maigres de Spencer lui semblait affreusement immobile. Rose laissa libre court à ses larmes, la poitrine écrasée par une indicible douleur, le cœur surchauffant par trop d’émotion qui semblait avoir abandonné son rôle principal qu’était de pulser la vie en elle. Rampant sur le paquet de bois chaud, secouée par les sanglots, elle atteignit enfin le corps inerte de son neveu et avec des gestes doux et tremblant, elle le hissa sur ses genoux, le berçant dans ses bras comme elle avait pu le faire tant de fois auparavant. Son visage n’était même pas figé par la peur : ses traits étaient détendus et lorsque Rose pressa deux doigts sur ses paupières, ce fut presque comme s’il dormait. Déversant nombre de larme qui coulèrent sur son visage rendu pâle par la mort, Rose caressa ses cheveux blonds, ses joues où les tâches de rousseurs paraissaient être des tâches de sang, et sa peau froide, si froide … Une froideur qui ne trompait pas. L’ange descendu sur terre avait enfin rejoins les cieux.

-Rose ?

Rose eut l’impression que la voix lui parvenait sourdement, à travers la brume et la douleur. Elle releva à peine la tête et vit apparaitre à travers ses larmes les bottes massives de Maugrey. Mécaniquement, elle serra un peu plus le corps de Spencer contre elle, les épaules secouées par les sanglots. Elle eut à peine conscience de l’Auror qui parcourait la chambre, la baguette tirée devant lui, silencieux malgré sa massive silhouette. Puis il revint vers Rose et posa une main lourde sur son épaule.

-Les nécromages de Ste Mangouste arrivent pour prendre soin des corps …
-Non, pleura Rose, resserrant sa prise sur Spencer. Non, je ne peux pas …
-Rose … on n’a pas retrouvé le petit … le dernier …

Mais même l’espoir avait cessé de battre dans le cœur de Rose. Sa réalité était emplie de la sensation de ses doigts contre la peau glaciale de Spencer. Si ces monstres avaient pu tirer ce petit être innocent de sa cachette et lui arracher la vie, alors qu’avaient-ils bien pu faire du petit Simon … Elle n’avait pas la force de voir son petit corps de trois ans brisé par la mort. Elle se sentait déjà au bord du gouffre. Ce n’est que lorsqu’un grand fracas retentit dans la pièce qu’elle consentit à relever la tête. Maugrey avait ouvert si fort la porte du placard que Rose crut qu’elle allait l’arracher de ses gongs, la baguette brandie devant lui, une expression de férocité sauvage gravée sur ses traits. La vie parvint revenir en Rose lorsqu’elle entendit un petit cri de terreur émaner de l’intérieur du placard. Maugrey abaissa sa baguette et une profonde stupeur se peignit sur le visage de Maugrey.

-Rose, viens voir …

Rose fut interloquée par la surprenante tendresse dans la voix du si redoutable Auror. Elle posa délicatement Spencer sur le sol et se précipita d’un pas fébrile vers le placard, le cœur battant à tout rompre. Elle eut tout juste le temps de voir deux pieds avant qu’ils ne se retranchent sous l’étagères, accompagnés de gémissements de frayeur. Rose s’accroupit et son cœur explosa : collé au mur en position fœtale entre les chaussures et ses anciennes affaires de bébé, Simon tremblait de tous ses membres. Il était pâle … mais il était vivant. Elle avait traversé l’horreur, un véritable purgatoire pour atteindre cette timide lueur chassant l’obscurité.

-Mon Dieu, souffla-t-elle, abasourdie. Simon mon chéri, viens, c’est moi …

Mais sa voix était trop rauque, trop éloignée de son timbre chantant habituel et elle se savait couverte du sang de sa mère : l’enfant se recroquevilla un peu plus contre le mur, terrifié.

-Comment on peut être sûr que c’est le petit ? grogna alors Maugrey, reprenant toute sa sècheresse.
-Et des Mangemorts auraient pris l’apparence d’un enfant de trois ans ? rétorqua Rose avec un regard noir. C’est ça que tu veux me dire ?
-Ou alors c’est un Inferius.

Si Rose en avait eu la force, elle l’aurait giflé à toute volée. Faute de quoi, elle se laissa tomber sur les genoux et avança sa main au fond du placard. Simon recula avec un petit cri, comme un animal effrayé. Elle ne voulait pas le forcer à sortir, l’extirper de ce placard comme ces monstres avaient sans doute arracher Spencer à sa cachette. A l’idée, des larmes s’accumulèrent de nouveau à ses yeux, pourtant ce fut d’une voix dont elle parvint à masquer le tremblement qu’elle reprit :

-Simon, c’est moi, c’est marraine … S’il te plait, sors de là …
-Maman, gémit Simon, les mains crispées contre ses oreilles. Où est maman ? Et papa ?

La supplique de l’enfant acheva de morceler le cœur de Rose et l’image du corps brisé de Cassiopée se superposa à celui de Simon. Elle s’efforça de se ne se concentrer que sur cette image, l’incarnation même de l’espoir dans cet océan de désolation.
Simon n’avait plus personne. Elle se devait de rester forte pour lui.

-Tu vas venir chez moi, lui dit Rose d’une voix douce. D’accord ? Tu pourras jouer avec Susan et Caroline … George a fait des muffins …

Tous ces mots répandaient un goût de cendre dans sa bouche. Parler de choses si banales, de jouer avec ses filles, de muffins … alors que sa famille entière venait d’être annihilé, purement et simplement, que sa petite vie venait d’être mise sans dessus-dessous, brisée alors même qu’elle venait de commencer … Pourtant, la familiarité des termes et la douceur de la voix de sa marraine parut vaincre la frayeur de Simon, qui releva la tête qu’il avait caché entre ses bras. Ses prunelles vertes étaient assombries par le blanc de ses yeux veinés de rouge. Après plusieurs secondes de cajoleries, il finit par s’approcher de la main tendue de Rose. Sa main était aussi glaciale que celle de son frère, mais elle serrait la sienne avec toute la force du survivant et il se jeta dans les bras de Rose. Elle referma son étreinte sur son corps tremblant, et tout deux pleurèrent leur douleur et leur perte, leur soulagement de trouver une source de réconfort et d’espoir, une pâle lueur dans ce charnier. Frissonnante, Rose parvint à se relever avec l’aide de Maugrey, appuyant sur le crâne de Simon pour plaquer son visage contre son cou et qu’il ne voit pas le corps de son frère étalé sur le sol. Elle échangea un regard chargé de choc avec Maugrey. Visiblement, l’Auror avait fini par se persuader qu’il était le fils de Cassiopée et le contemplait à présent avec une sorte d’émerveillement. L’enfant pleurait désespérément dans les bras de sa marraine, ses quenottes crispées sur sa cape, si serrées qu’elles semblaient s’y être soudées.

-Un bébé, murmura Maugrey avec une pointe de ressentiment. Cassie … elle s’est vidée de son sang … une grande sorcière … Et c’est son fils qui ne sait même pas faire de la magie qui survit …
-Et c’est la seule raison pour laquelle elle se serait laissé mourir, Maugrey. Pour que son fils survive …

Les garçons … Simon … S’il te plait. S’il te plait.
Rose crut qu’elle allait s’écrouler. Seul le nom de son benjamin avait franchi les lèvres mourrantes de Cassie. Comme si on instinct, pour la consoler dans son trépas, avait voulu lui donner un ultime cadeau : son fils était vivant. Un sanglot faillit s’échapper de sa gorge, mais elle pressa son visage contre l’épaule de l’enfant pour l’étouffer. C’était pour lui, cette petite lueur d’espoir tremblante dans ses bras, qu’elle devait retenir ce sanglot qui grossissait à en devenir une boule chauffée à blanc dans sa gorge. Plutôt la laisser exploser que de le laisser s’échapper. Ce cœur qui palpitait contre elle, c’était le dernière trace du passage sur terre d’Edgar Bones et de Cassiopée Croupton. C’était l’espoir que quand on vous arrachait tout, il restait toujours la lumière tremblante d’un espoir. Et Rose était prête à s’y accrocher de toute ses forces, autant qu’elle s’accrochait à elle.
***


Il n’y avait pas d’espoir pour Lysandra Grims. Juste l’obscurité glaciale qu’offrait la mort.
Haletante, elle se redressa, un mouchoir en tissu pressée contre sa bouche. Elle venait beau venir de se vider de des tripes, elle avait toujours l’impression que le maigre contenu de son estomac avait été changé en plomb. Elle avait toujours été de nature délicate, mais ce qu’elle venait de subir l’avait retourné, envoyé pour un aller simple dans les ténèbres. Elle s’adossa au mur de pierre, une main sur le cœur, le souffle court et de nouveau les larmes se mirent à ruisseler sur son beau visage.

-Bon sang, Barty, tu aurais pu faire un effort, souffla-t-elle au mur en un mélange de gémissement et de rage.

Mais son frère, rappelé au Ministère après le drame, avait refusé de l’accompagner en ce moment difficile. Lysandra tenta de refouler ses larmes, mais c’était peine perdue : la douleur écrasait la moindre volonté. Pourtant, après une enfance capricieuse, sa mère Charis lui avait appris à mettre ses émotions dans une boite. Une Black est forte et fière, lui rappelait-t-elle en plantant son regard gris et voilé dans le sien. Sois en digne, ma fille, digne du sang qui coulait dans ses veines. Et Lysandra avait tout fait pour s’en montrer digne. Ses trente dernières années, elle s’était efforcée de tout faire pour l’honneur et la grandeur de sa famille mais à présent, la machine venait d’être broyée.
A quoi bon chercher la grandeur quand la famille était morcelée ?

Le visage de sa sœur rendu blafard par la mort lui revint en tête et la nausée la reprit un instant, si fort que des étoiles valsèrent devant ses yeux et qu’elle se pencha en avant, au bord du gouffre. Elle pressait les paupières en espérant que l’obscurité l’emporterait, elle et la douleur qui pulsait dans sa poitrine, mais c’était bien les traits de sa sœur aînée qui dansaient derrière ses paupières closes. Lysandra avait toujours été considérée comme la beauté de ma famille : son teint de porcelaine, ses pommettes hautes, son port altier, ses traits fins et son opulente chevelure noire en faisait une femme des plus ravissantes, et elle s’était toujours sentie fière d’avoir cela de plus que sa sœur, sur qui pourtant reposait les espoirs de la famille. Pourtant, la mort avait semblé rendre justice à la beauté froide de Cassiopée : pâle avec des tâches de rousseurs qui ressortaient et ses cheveux d’une douceur de soie, sans la ride soucieuse qui semblait ne jamais quitté son front et son sourire perpétuellement sarcastique, elle semblait enfin reposer en paix. Oui, la mort était un écrin parfait pour sublimer Cassiopée. Jamais elle n’avait semblé si belle à Lysandra. Elle irradiait. Elle rayonnait. Lysandra avait effleuré tremblant ses cheveux doux comme la soie, ces cheveux blonds comme les blés avec des reflets d’or et de cuivre qu’elle avait rêvé d’avoir … Le jais des Black étaient si vulgaire face à l’or des Croupton … Petite, avant même d’avoir une baguette et que Cassiopée exhibait fièrement ses premiers devoirs en rentrant de Poudlard, elle avait été prise d’une folle crise de jalousie et sa magie avait coupé la magnifique chevelure brillante de sa sœur, ce rare orgueil de beauté qu’elle avait. Ses parents avaient été furieux, Barty horrifié … Mais Cassie, ses longues mèches entre ses mains, avait éclaté de rire. Un rire aussi solaire que sa chevelure qui avait fait fondre la haine de Lysandra. C’était ainsi qu’elle se souvenait de sa grande sœur : une fille qu’elle s’était efforcée de détester, la détester pour son appartenance à Gryffondor, pour être la préférée de père, d’être intelligente et première de sa classe, d’avoir tout ce plus qu’elle, même deux ans de plus … mais sans jamais y parvenir. Car le même sang coulait dans leurs veines et qu’au fond d’elle, Lysandra rêvait de ressembler à sa grande sœur. D’être sûre d’elle comme elle l’était, d’avoir son caractère de feu, son magnétisme. Cassiopée, c’était son absolu, son modèle. La femme parfaite et accomplie : sorcière brillante, carrière parfaite, mère aimante de trois magnifiques garçons.
Mille gargouilles, les garçons …

Une larme glaciale sembla la traverser et un sanglot jaillit de sa gorge. Lysandra s’écroula sur l’herbe fraiche de la petite cour qui jouxtait la morgue de Ste-Mangoust. Au-delà de sa sœur, c’était la mort – que disait-elle ? Le massacre – de ses neveux qui la plongeait ainsi aux Enfers. Matthew, si semblable à sa mère avec son tempérament de feu et Spencer, son petit Spencer, son filleul, ce petite ange … C’était cette vision d’horreur dans la morgue qui l’avait poussée à fuir à toute jambe, à rechercher l’oxygène à tout prix, ne serait-ce qu’un simulacre de vie. A présent que l’obscurité l’entourait toute entière, il lui semblait qu’elle ne serait plus jamais forte, qu’elle s’écroulerait pour rejoindre Cassie et ses garçons. Que plus rien, rien de tout ce qui avait conduit sa vie – l’honneur, la vertu, l’ambition – n’avait d’importance. La mort éteignait tout, même dans le cœur des vivants. Et la vie de Lysandra semblait éteinte.
Elle ignorait combien de temps elle resta prostrée contre le mur, sanglotant à s’en déchirer la gorge, le visage de ceux qu’elle avait perdu la hantant tel des spectres. De son père, Caspar, un homme insipide et vaniteux, elle gardait peu de souvenir. Il avait été mordu par une tarentula vénéneuse lorsqu’elle avait neuf ans – dans la serre de sa maîtresse disaient certaines rumeurs. D’autres plus viles racontait qu’il aurait été empoisonné par sa mère. C’était elle qui avait élevé ses enfants, elle dont se souvenait Lysandra, son seul parent qui n’ait jamais compté. Charis née Black, ses yeux gris et incisif, de son opulente chevelure noire dont elle avait héritée, son exigence, sa dignité. Charis avait imposé le meilleur pour ses enfants, dans tous les domaines : hors de question qu’ils subissent leur vie comme elle l’avait subi. Forcée à un prestigieux mariage dont elle ne voulait pas après la déchéance de sa sœur aînée Cedrella, la brillante Charis Black n’avait pas eu la vie qu’elle méritait. Alors si elle n’avait pas réussi en tant que Black, elle réussirait en tant que Croutpon : ses enfants porteraient haut leur famille, feraient d’excellente études mais aussi de bons mariages. Contrairement à beaucoup de matrones Sang-Pur, Charis avait laissé une marge certaine de manœuvre à ses enfants concernant le choix de leur conjoint pour qu’ils ne soient pas si malheureux qu’elle l’avait été en ménage – un choix limité, mais un choix tout de même. Mais une vie d’exigence avait fini par user Charis jusque la corde et elle s’était éteinte d’une maladie du poumon à l’âge de cinquante-huit ans, quelques mois à peine après le mariage de Lysandra. Or Charis avait le ciment de la fratrie, la raison d’être de leur famille. Plus rien n’avait été pareil ensuite. Si Lysandra s’était à cet instant rapproché de sa sœur aînée, Cassie et Barty avait cessé eux net de se parler : l’animosité de Barty à l’égard d’Edgar était trop grande. La lutte d’influence entre Croupton et Bones à la Justice Magique n’était pas nouvelle mais elle avait pris une vigueur accrue avec la volonté de Barty de redorer le blason de sa famille pour rattraper les frasques de leur père. Ça n’avait pas empêché Edgar et Cassie de s’aimer … de s’aimer à en mourir à leur tour.

Lysandra crut qu’elle allait de nouveau recracher le maigre contenu de son estomac. La vie lui apparaissait soudain comme étant totalement vide de sens : à quoi bon s’échiner, s’écharper, monter, s’écraser, se blesser, s’aimer alors qu’au bout du fil l’obscurité s’abattait inévitablement sur tout ce qu’on avait accompli ?
Et alors que toute espoir s’éteignait en elle, la vie survint en la présence d’une main délicate posée sur son épaule. Rendue insensible par sa douleur, Lysandra ne réagit pas, pas même quand l’homme qui venait d’arriver se pencha sur elle pour entourer ses épaules d’un bras.

-Chut … Calme-toi, mon amour …
-Morte … Leo, elle est morte … Ils sont tous morts …
-Je sais, Lys … Je suis venu dès que j’ai su …

Lysandra sentait que l’homme à ses côtés n’avait pas les mots et à dire vrai, elle doutait même qu’elle les cherche. La mort vidait même les mots de leur sens. Elle leva les yeux sur lui mais les larmes brouillèrent son visage : elle ne distinguait que sa haute stature et ses cheveux d’un noir encore plus sombre que les siens, presque aile-de-corbeau. Il écarta tendrement la frange de cheveux qui tombait sur son front pour l’embrasser avec douceur avant de l’attirer dans ses bras. Lysandra s’accrocha à cette chaleur, cette vie inespérée qui réapparaissait dans son existence au moment où tout n’était qu’un océan de désespoir.
Elle allait finir par croire que Dumbledore avait raison. L’amour était vraiment la plus puissante de toutes les magies.

Lorsqu’elle s’extirpa de l’étreinte, la vie lui semblait quelque peu avoir retrouver des couleurs. Le poids sur sa poitrine était toujours aussi lourd et la nausée présente, mais elle était à présent certaine que quelqu’un la rattraperait si elle flanchait. Cette personne était même plus visible à présent : dans la pâle lumière des réverbères, Leonidas Grims, son mari depuis neuf ans, était soudainement apparu. Il caressait ses cheveux avec des gestes tremblants qui auraient pu ébranler Lysandra : Leonidas était l’incarnation même de l’assurance. Jamais troublé, toujours d’un caractère égal, toujours une solution à chaque problème. Son côté érudit hérité de sa formation à Ilvermory et un aspect de lui qui avait toujours apaisé Lysandra. C’était agréable d’avoir à ses côtés quelqu’un de calme qui savait ce qu’il faisait alors même qu’elle avait été élevée dans une famille aux forts caractères qui avait tendance à oublier de tourner leur langue dans leur bouche avant de parler. Alors si lui aussi perdait ses moyens, c’était qu’elle devait être dans un état épouvantable. Mais pour une fois, peu importait. Elle était toujours hantée par ses visages, hantée par les ténèbres. Plus rien ne faisait sens. Leonidas emprisonna une poignée de ses cheveux dans sa main pour ancrer un peu plus son contact.

-J’ai fait aussi vite que j’ai pu, je suis désolé d’avoir tardé … Ton frère … ?
- … a visiblement mieux à faire, laissa échapper Lysandra d’une voix morte.

Elle en tremblait encore de rage. Elle avait reçu le hibou de Barty vers minuit, lui annonçant sans une once de tendresse que Cassie était morte et qu’un membre de la famille devait s’assurer de l’identification à la morgue et s’occuper de la paperasse habituelle. Comme des obligations l’attendaient au Ministère après la mort de l’un de ses hauts fonctionnaires – car c’était tout ce qu’Edgar était pour lui – il l’avait priée de le suppléer.
C’était ainsi que Barty traitait leur famille, après tous les efforts de leur mère pour que malgré leur ambition elle reste soudée. C’était tous ce qu’inspirait la mort de leur sœur et de leurs neveux à son frères … Une lettre froide et des tracas. Et une voie libérée à la Justice Magique après la mort d’Edgar … Pour peu, Lysandra se serait remise à vomir.
Et au-delà de ça, elle aurait eu moins l’impression de sombrer et de dévaler aux Enfers avec son frère à ses côtés.
L’information parut aussi contrarier Leonidas, dont la colère embrasa l’iris. Mais ce fut d’une voix calme et douce qu’il reprit :

-Tu veux marcher un peu ?

Lysandra aurait voulu sourire – ils s’étaient rapprochés aux termes de longues balades à pied dans la campagne anglaise. Mais tous les muscles de son visage semblaient atrophiés. Elle se contenta donc d’acquiescer et de laisser Leonidas l’aider à se redresser puis à avancer dans la cour. Lysandra avait l’impression d’être un nouveau née cramponnée à son bras et aux jambes aussi flageolantes que celles d’un faon. Un sentiment de vide s’éprit d’elle lorsqu’elle se rappela que le cerf était l’emblème ancestral des Croupton. Mais si elle devait être parfaitement honnête, les Croupton n’étaient rien pour Lysandra. Elevée par sa mère et sa grand-mère, elle s’était, comme Cassie, toujours sentie d’avantage Black. Même physiquement, elle était plus une Black qu’une Croupton. Elle eut l’impression de se vider de toute substance.
Toute sa famille était morte. Ne restait qu’un frère incapable de voir l’importance du sang. Alors quelle importance ? Les noms, la famille, l’honneur … Pourquoi ? Pourquoi ?

Devant la nuit qui rafraichissait, Leonidas lui posa son veston sur les épaules et frictionna ses bras. Lysandra réagissait à peine : après son moment de désespoir après la découverte des corps, elle avait l’impression de ne plus rien ressentir. Pourtant, elle s’accrochait au bras de Leonidas comme à une bouée. C’était la première chose qu’il avait été pour elle : une bouée de sauvetage. Lysandra n’avait pour elle que sa beauté et une certaine intelligence : pas l’intelligence politique de Barty ou les grandes capacités scolaires de Cassie, mais Lysandra était ce qu’on pouvait qualifier de débrouillarde. Et bien que fière de sa famille, elle s’était découverte à Poudlard dans la maison Serpentard un goût certain pour l’indépendance, comme sa sœur avant elle. Contrairement à Cassie, ça ne l’avait pas menée à la rébellion ouverte, Lysandra était plus fine que cela. Le moment viendrait où elle pourrait échapper aux serres bienfaitrices de sa mère et cela en exauçant l’un de ses souhaits les plus chers : en se mariant. Mais les garçons de bonnes familles de sa génération n’avaient jamais trouvé grâce à ses yeux. Elle s’était retrouvée sans fiancé à la sortie de Poudlard, mais Lysandra ne voulait pas la liberté à n’importe quel prix : il était hors de question qu’elle quitte une prison pour une autre. Rabastan Lestrange avait déjà un gros penchant pour la magie noire, Adonis Greengrass ne laisserait aucune place à une femme et Titus Yaxley était son cousin au second degré. Et alors qu’elle avait trouvé une place grâce au réseau de la famille Black à la Confédération Magique Internationale, elle l’avait trouvé. Un bel américain avec un sourire timide mais qui lorsqu’il l’avait regardé dans les yeux ne voyait pas sa simple beauté mais la femme qui se cachait derrière. Et comme si cela ne suffisait pas au bonheur de Lysandra, elle avait appris au fil des déjeuners que ce jeune diplomate envoyé à Londres pour cinq ans dans le cadre de la lutte contre Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom était issu de l’une des plus prestigieuse, des plus fortunées et des plus pures familles de sorcier américain, les Grims. Le nom de famille avait enchanté Charis qui avait donné son consentement au mariage de sa benjamine et la nature charmante et intelligente de Leonidas avait convaincu Cassie, toujours très protectrice avec elle, que sa sœur était entre de bonnes mains. Lysandra en avait été étourdie de bonheur : elle aimait un homme, elle aimait un homme en accord avec son monde, et cet homme allait enfin pouvoir l’arracher aux griffes familiales, à Charis et son exigence, à Barty et Cassie, si parfaits, si écrasants par leur prestance, et surtout, dans un monde qui commençait à voir se déployer sur lui l’ombre d’un cruel Mage Noir, un homme qui allait pouvoir l’arracher à la guerre.
L’idée sortit si brusquement Lysandra de sa torpeur qu’elle s’immobilisa sans réellement l’avoir décidé.

-Il faut qu’on parte.

Les mots s’étaient envolés de sa bouche et elle ne reconnut pas sa propre voix tant elle était rauque, à peine plus haute qu’un murmure, un spectre qui bruissait dans le parc. Leonidas s’était arrêté face à elle mais elle fixait toujours devant elle, aveugle. Pourtant dans l’obscurité, elle avait l’impression d’entrapercevoir une lueur. Le contrat de Leonidas à Londres avait été prolongé de deux ans mais il touchait à présent à sa fin, se souvint-t-elle soudainement, reprenant contact avec la réalité. Il pourrait enfin l’emmener aux Etats-Unis, ils n’y étaient plus retournés depuis leur nuit de noce et la présentation de Lysandra à la famille Grims. Pourtant, l’Amérique n’avait jamais quitté son esprit et à présent qu’elle y songeait, le nom semblait baigné de lumière. L’Amérique, c’était la terre du renouveau. L’Amérique, c’était la terre de l’espoir. Des larmes lui montèrent aux yeux quand elle se souvint du cri indigné qu’avait poussé Cassie lorsqu’elle avait suggéré d’envoyer ses garçons dans la famille de Leonidas, en sécurité. Merlin ce que tu as pu être têtue … Si seulement tu m’avais écoutée, ma sœur …
Mais c’était trop tard pour les regrets. Elle n’avait pas pu sauver Spencer.
Hagarde, elle se précipita vers Leonidas et agrippa sa chemise, les larmes brillants dans ses yeux. Les yeux d’un Black, gris et voilés, étaient d’ordinaire intimidant mais là c’était la pure douleur qui les faisait briller d’un éclat spectral.

-Je t’en supplie, gémit-t-elle, la gorge nouée par les sanglots. Je t’en supplie, allons-nous-en … Cassie, c’était la seule chose qui me retenait ici … Je voulais …
Ses doigts se resserrèrent sur la poitrine de son m
ari et elle ouvrit la bouche pour ne sortir qu’un gémissement étranglé. La vérité, c’était qu’elle avait voulu voir grandir Spencer, son filleul. Cassie avait eu la conviction que ses fils avaient besoin de marraine et non de parrain – et il en aurait été inversement si elle avait eu des filles. Si la sœur d’Edgar avait eu le droit à la primeur, c’était à elle qu’avait échu le petit Spencer, cet ange tombé du ciel, trop pur pour la vie sur terre … brisé par sa chute … Spencer, c’était le fils qu’elle n’aurait jamais eu. Son esprit tangua et elle s’écrasa contre la poitrine de Leonidas et il referma ses bras sur elle en une étreinte forte, réconfortante, désespérée.

-Ils ne sont plus là … c’est fini, ils ne sont plus là …
-Lys … mon amour, tu te trompes … il reste Simon …

Les larmes de Lysandra se figèrent sur ses joues. Toute aveuglée qu’elle avait été par la perte de sa sœur et de son filleul, elle avait totalement occultée cette information. C’était une lumière trop faible pour dissiper les ténèbres. Mais une lueur toute de même, c’était vrai. Le benjamin de Cassie avait survécu. Elle visualisait très bien le bambin de trois ans, son regard vert aussi pétillant que celui de son père et son sourire … C’était Cassiopée et Charis que ce sourire. Si jeune et déjà toute la morgue des Black. Leonidas la repoussa doucement et prit son visage en coupe pour planter son regard dans le sien. Un regard bleu, magnétique, magnifique.

-Tu veux partir et je te comprends parfaitement. Si je dois être honnête, moi aussi je n’ai qu’une envie c’est de fuir cette terre maudite. Et crois-moi, si je m’étais écouté on serait parti après Aurelia …

La gorge de Lysandra se ferma. Aurelia Grims était la cousine préférée de Leonidas, mariée à un né-moldu anglais. Un incident obscur avait poussé la famille à plier bagage et à mettre ses enfants à l’abri outre-Atlantique. Pour Leonidas, pour qui Aurelia avait été un modèle et un mentor, le choc avait été rude. Il sembla en ressentir les échos car ses doigts se crispèrent sur la chevelure de Lysandra.

-Mais je ne voulais pas t’arracher à ta patrie, reprit-t-il d’une voix résolument calme. Ni à ta famille. Alors si aujourd’hui tu me demandes de partir, bien sûr qu’on partira. Mais réfléchis-bien mon amour … Tu es sûre que tu veux laisser le peu qu’il te reste derrière toi ? Ton frère, ton neveu … ? Je ne veux pas t’influencer mais … Si j’avais été dans ton cas, je sais que j’aurais du mal à laisser Julian ou Charly derrière.

L’argument ébranla sa résolution soudaine. Pas son frère : elle n’avait jamais eu le lien avec Barty qu’elle avait avec Cassie. Son comportement de ce soir prouvait encore que le sang n’était que partie négligeable pour lui : seul comptait le nom. Une vision de la famille inverse à celui de Lysandra. Une vision qui faisait qu’elle pouvait l’abandonner sans regret ici lui et son insipide famille. Mais Simon … Simon et son sourire … Le sourire de Cassie … Le sang de Cassie … La honte la submergea lorsqu’elle se rendit compte qu’elle ne s’était pas interrogé l’espace d’une seconde sur l’enfant.

-Mon dieu … Simon … Où … ? Comment … ?
-Je n’ai pas plus de détail que toi, Lys … Mais j’ai croisé Amelia Bones en arrivant ici. Apparemment, il est chez le frère d’Edgar, en sécurité.

Son soulagement n’eut d’égal que sa contrariété. Elle n’avait jamais réellement apprécié ni Amelia et son sens obtus à l’absurde de la justice, ni Rose Faussecreth qui avait le jugement prompt. Les femmes Bones étaient peut-être des femmes remarquables mais ça signifiait qu’elles étaient de caractère et cela pouvait s’avérer conflictuel. Elle ferma les yeux, en proie à un grand conflit intérieur. Mais elle fut soulagée de constater que cette fois, c’était le visage d’un vivant qui s’animait derrière ses paupières closes.
Elle ne savait pas quoi faire. Lysandra n’avait jamais été courageuse : cette guerre, elle voulait la fuir à toute jambe. Depuis que sa mère était morte dix ans plus tôt, tout semblait s’accélérer : les morts, les disparitions, les attaques … Elle ignorait comment elle avait pu tenir si longtemps. L’idée d’un exile avec Leonidas aux Amériques avaient toujours été en embuscade dans sa tête et à présent que Cassie étaient descendu aux enfers comme sa mère, ça semblait une évidence. Mais il demeurait quelque chose de sa sœur sur cette terre, quelque chose d’infime mais qui la faisait hésiter. Leonidas parut sentir son indécision car il pressa tendrement ses épaules pour l’attirer de nouveau contre lui.

-Je sais qu’on avait décidé … Mais je comprendrais … je comprendrais si tu voulais …

Le cœur de Lysandra se mit à battre la chamade lorsqu’elle comprit les mots que n’osait pas prononcer Leonidas. Mais ce n’était pas l’espoir qui le faisait s’emballer ainsi : c’était la panique. Une panique familière, une vieille Némésis qui l’accompagnait depuis qu’elle avait vu sa sœur devenir mère et qu’elle s’était rendu compte que la concernant … ça ne lui inspirait aucune envie. L’idée l’avait angoissé : toutes les femmes ne rêvaient-t-elles pas d’être mère ? Pourtant plus elle avait observé Cassie avec ses fils, plus la perspective d’avoir un enfant creusait un vide en elle. Elle aimait ses neveux, elle aimait être la marraine de Spencer, mais être mère elle-même ne lui inspirait rien. Etre mère c’était un absolu. C’était faire passer la vie d’un autre avant la sienne. C’était être altruiste, patiente, courageuse – tout ce que Lysandra n’était pas. Après quelques années de réflexion déchirantes, Lysandra avait dû se rendre à l’évidence : elle n’avait pas la fibre maternelle censée être innée pour toute femme. Elle avait mis du temps à en parler à Leonidas – ils étaient déjà mariés et elle craignait que sa décision ne le fasse fuir. Mais preuve en était s’il en fallait encore une qu’une force plus grande qu’eux les avaient mis sur le chemin l’un de l’autre, avoir un enfant n’était pas sa priorité non plus. Il avait les enfants d’Aurelia avec lesquels jouer, auxquels il pouvait apprendre des choses … Et il l’avait elle.
Les événements de la nuit confortaient Lysandra dans sa décision. Aurait-elle eu le courage de Cassie de se battre et de mourir pour ses enfants ? Elle eut honte de ressentir la réponse sous la forme d’une soif de la vie qui reprenait peu à peu ses droits au contact de Leonidas. Alors prendre la garde du petit Simon, s’occuper de lui comme Cassie l’aurait fait ? Elle n’était pas sa sœur. C’était au-dessus de ses forces. Mais l’idée de l’abandonner lui était tout aussi insupportable. Leonidas avait raison … il était sa dernière famille. La dernière qui comptait, tout au moins … Les larmes se remirent à couler abondamment sur ses joues et Leonidas la serra plus fermement contre lui.

-Tu n’es pas obligé d’y réfléchir tout de suite, fit-t-il valoir en la berçant alors qu’elle sanglotait éperdument contre lui. D’ailleurs, surtout, n’y réfléchis pas tout de suite. Si j’avais pris une décision le soir de la mort d’Aurelia, peut-être aurais-je fait une bêtise … Ce soir, pleure, mon amour. C’est la seule chose de saine que tu aies à faire …

Lysandra ne songea même pas à protester. L’instant de lucidité était passé – la douleur reprenait ses droits sur elle, l’enveloppant toute entière de sa glaciale couverture. Alors elle fit ce que son mari lui disait et pleura, pleura encore et encore dans l’espoir que le poison d’extirpe et que les fantômes s’envoleraient avec les larmes … Qu’une fois qu’elle serait vidée de son horreur, la vie reprendrait un sens et qu’elle sortirait du purgatoire. Ne restait qu’à pleurer.
Dernière modification par Perripuce le dim. 04 oct., 2020 11:04 pm, modifié 1 fois.
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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Perripuce »

C'est quoi ce nouveau design hyper troublant. Je suis pas fan. Cela dit, ne j'étais pas fan la dernière fois qu'ils ont changés et je m'y suis habituée ...

JE SUIS EN RETARD mais ça me permet de faire une rubrique sport de TOUTE BEAUTE ! Parce figurez-vous que le nouveau champion du monde de cyclisme sur route est FRANCAIS ! Il est le double tenant du titre de la flèche wallonne, il a gagné Milan San Remo, plusieurs étapes du tour de France, porté le maillot jaune qui lui sied si bien au teint j'ai nommé JULIAAAAAAN ALAPHILIIIIIIIPPE.
Est-ce que j'ai eu les larmes aux yeux lorsque je l'ai vu pleurer en franchissant la ligne d'arriver? Pendant son interview? Et en entendant la marseillaise résonner alors qu'il portait son magnfique maillot arc-en-ciel de champion du monde? Carrément. Félicitation et merci champion ! :mrgreen: RDV dimanche pour te voir sur Liège-Bastonne-Liège avec tes nouvelles couleurs.
Sinon Lille a gagné en foot, le tennis français reprend ses droits avec Roland Garros MUNI D'ECLARAGE ET D'UN TOIT (les organisateurs ont eu le nez fin vu que le tournoi est cette année en septembre et que ... Comment dire? Il fait un temps de merde).

ALLONS Y SINON la dernière partie de mon bonus sur la mort des Bones. Bonne lecture !

Ah et euh. C'est en deux parties *se sauve pour ne pas affronter le courroux de la foule*

Partie 3 : Le paradis


Toutes les choses de la terre vont comme vous à la mort ; mais cela ne se voit pas en quelques-unes qui durent longtemps parce que la vie de l'homme est courte.
- Dante, La Divine Comédie, Le Paradis, Chant XVI


C’était une magnifique journée d’août : le soleil dardait ses rayons de plombs sur l’herbe verte, révélant tout son éclat et ses plus jolies couleurs et une légère brise venait casser la chaleur qu’apportait la cruelle lumière. Sur la pelouse impeccable, une procession de célèbres sorciers serpentait jusqu’au cimetière, tous de noir vêtus. Même Albus Dumbledore en personne s’était drapé de sa plus sombre robe pour rendre hommage à celui qui, si on en croyait les rumeurs, l’avait aidé à former son organisation secrète qui luttait contre le Seigneur des Ténèbres.

Engloutie dans la foule, Rita Skeeter enrageait presque. Tout le gratin du monde sorcier était réuni pour les funérailles. N’étais-ce pas là-bas Barty Croupton, le directeur de la Justice Magique venu rendre hommage à sa jeune sœur ? Il n’avait pas l’air si affligé que cela …, remarqua Rita en glissant un doigt dans sa pochette avant de s’immobiliser net. Une vague honte la submergea.
L’occasion était trop belle, mais ce n’était pas pour cela qu’elle était là.

Au souvenir de la nuit atroce qu’elle avait vécu, la bile lui remonta à la gorge. Cela faisait plusieurs années qu’elle travaillait à La Gazette du Sorcier comme pigiste et recherchiste, tout juste bonne à courir partout pour dégoter les informations qui rendrait célèbres les journalistes qualifiés. Alors quand par une noire soirée d’été alors qu’elle était de garde aux locaux, on l’avait envoyé couvrir le meurtre d’une grande famille par les partisans du Seigneur des Ténèbres, elle avait sauté sur l’occasion, extatique d’avoir enfin l’occasion de briller par elle-même. Parce que c’était ce que Rita aimait par-dessus tout : briller. A Poudlard, tout le monde parlait d’elle, de cette excentrique blonde de Serpentard qui semblait savoir tout sur l’école. Rita l’avait appris très vite : l’information payait parfois bien mieux qu’un gallion. Si elle voulait avoir de l’influence et se mettre sur un piédestal, c’était de confidences qu’elle avait besoin. Alors très vite elle s’était appliquée à trainer les oreilles, y compris derrière les portes closes des professeurs, à faire le pied-de-grue devant la salle du directeur, apprendre qui sortait avec qui – et plus croustillant encore, qui trompait qui … Elle se souvint avec délice de la dissertation d’Histoire de la Magie qu’elle avait pu subtiliser à Vanessa Higgs, la préfète de Serdaigle, après l’avoir menacé de révéler à toute l’école qu’elle sortait en secret avec deux garçons … Elle était devenue bien plus qu’une commère. Une commère révélait tout : Rita était plus maligne que ça. Elle retenait le flot d’information qu’elle avait, distillait tout avec parcimonie quand c’était dans son intérêt. Bien sûr, elle avait fait également courir les plus folles rumeurs quand ça l’avait arrangé – Ah ! La tête d’Andromeda Black lorsqu’elle avait révélé à tout Poudlard que l’héritière Black sortait avec un né-moldu … Un scandale qui s’était répercuté à l’extérieur des murs de Poudlard et cela avait ravi Rita de suivre les conséquences en cascades de sa révélation.
Oui, les informations étaient vraiment la clef de tout. Et particulièrement sa clef pour briller se faire un nom dans la communauté magique.
Encore fallait-il percer et se voir donner une chance. La Gazette était un univers bien plus exigent que Poudlard …
Mais aujourd’hui, elle n’était pas là pour cela.

Elle s’avança dans le cimetière à pas feutré. Il était petit, étroit, surchargés de vieilles tombes qui laissaient deviner des noms sorciers. Tous peinaient à trouver une place entre les tombes et des officiels du Ministère se chargeait de repousser les moldus qui s’approchaient. Un sentier de gravier menait à la statue d’une vierge qui, en réalité, avait été gravée aux traits de Seraphina Bones, la plus célèbre ancêtre de la famille. Sous son regard de pierre aussi inflexible qu’elle l’avait été de son vivant, on pouvait entrer dans le mausolée où tous les Bones étaient enterrés depuis un siècle. Seule la famille avait été autorisée à entrer pour la mise en terre, mais tout le gratin du Ministère tenait à attendre avant de boire un dernier verre à la gloire des défunts chez Batemius Croupton – personne ne tenaient à entrer dans la maison du drame … Elle rabattit son foulard sur ses anglaises blondes pour éviter d’être reconnue et se glissa dans la foule, telle l’ombre qu’elle n’avait jamais été. Les conversations allaient bon train, entre mondanité et épanchement de tristesse. Dans ce marasme de voix indistinctes, Rita n’en étendait qu’une, issue du gouffre dans lequel s’engloutissaient ses souvenirs.
Tu penses que je vais te répondre ? Que je n’ai pas vu ton petit jeu ? Fais attention, Skeeter. Lorsqu’on se frotte au lion, on finit toujours par se faire mordre. Et crois-moi, je mords très vite et très fort.
La gorge de Rita se ferma. C’était sans doute la chose la plus vraie que Cassiopée Bones avait dit sur elle-même. C’était une lionne, une battante, mais une battante hargneuse, de celle qui faisait le plus de dégât possible dans sa chute. Et Merlin qu’elle en avait fait des dégâts dans celle-ci … Un mort, un capturé, son benjamin sauvé … Cassiopée était partie en beauté, à l’image de la lionne qui avait frappé son linceul.

Elle avait l’impression que Cassiopée Bones avait été en filigrane dans sa vie. Préfète-en-cheffe quand elle avait débarqué à Poudlard, elle lui avait offert sa première heure de colle après que Rita ait fait chanté une Gryffondor de son année pour lui subtiliser un devoir. Elle avait personnellement supervisé la punition, son regard gris planté sur Rita sans cligner des yeux, un regard ardent et déterminé. A la fin de deux heures à astiquer précautionneusement chaque recoin de la salle de Potion, elle l’avait libéré d’un sec, mais énigmatique : « fais attention, Rita. Tu iras loin, ça se voit … Mais fais attention de retomber du bon côté de la gloire ».
Elle avait retrouvé Cassiopée quelques années plus tard, lorsqu’elle était entrée à la Gazette après ses ASPIC et qu’elle avait dû vérifier une information au Bureau des Aurors. C’était là où elle s’était heurtée au feu de la lionne quand l’un de ses collègues l’avait félicité pour ses fiançailles. Rita avait entendu dire que ce mariage précipité était dû à une grossesse importune et elle s’était vu gratifier du regard le plus terrifiant qu’elle n’avait jamais vu. Malgré toute sa témérité, elle s’était promis à ce jour qu’elle ne se frotterait jamais à Cassiopée Bones. C’était le genre de femme prête à tout pour se préserver.
Depuis, elles s’étaient régulièrement croisées et Rita avait développé un mélange de respect et de fascination pour cette femme magnétique, sèche, fière. La journaliste n’avait pas pu s’empêcher d’admirer la façon dont elle s’était imposée au bureau des Aurors, un univers principalement masculin et aux codes étriqués. Elle l’avait envié, elle qui était confrontée aux mêmes problèmes dans La Gazette … Cassiopée Bones, c’était devenu une sorte de modèle de la femme forte et moderne et c’était pour cela que, lorsqu’elle avait aperçu son corps mutilé sur le parquet de sa maison, elle était immédiatement sortie pour rendre son dîner.
Personne ne méritait de finir ainsi.

-Ce n’est pas dans vos habitudes de vous cacher, Rita.

La jeune femme sursauta en entendant cette voix douce et familière. Elle leva les yeux sur la grande stature d’Albus Dumbledore, un léger sourire sur ses lèvres. S’il surchauffait dans sa robe noire de deuil et trop lourde pour cette journée d’août, il ne le montrait absolument pas. Rita repoussa quelque peu le foulard qui tombait sur ses yeux et se força à sourire.

-Vous savez que la qualité principale d’un journaliste est la discrétion, Dumbledore.
-Mais ça n’a jamais été la vôtre, fit tranquillement valoir son ancien directeur sur un ton aimable. Vos qualités ont toujours été ailleurs … Ingéniosité, détermination mais la discrétion, jamais.
-Vraiment ? cingla Rita, aigre. Vous voulez vraiment qu’on en débatte ?

Son regard glissa sur les pieds de la statue de la Vierge aux traits magiques, comme l’appelait les gens de Terre-en-Landes. A ses pieds, la terre venait de s’ouvrir pour laisser émerger la famille après un dernier adieu à leurs proches. Bartemius Croupton n’avait pas accompagné sa sœur dans son dernier voyage, remarqua Rita avant que ses yeux ne s’accrochent à Rose Bones. Vêtue d’une robe noire, les yeux rougies, elle dédaignait ses deux filles, dont la plus jeune avait un an, pour serrer contre son sein un garçon aux cheveux blonds. L’enfant avait enroulé ses bras autour du cou de la jeune femme et niché son nez dans son épaule. A la façon dont Rose Bones le pressait contre elle, caressant tendrement ses cheveux, il était évident qu’elle était devenue la figure maternelle en lieu et place de Cassiopée. L’idée amusait Rita. Comme si Rose avait le quart de la moitié de la prestance de sa belle-sœur … Elle se retourna fièrement vers Dumbledore.

-Vous êtes venus me voir pour ne surtout pas mettre dans l’information que le petit avait survécu, soi-disant parce que ça le mettrait en danger. En mémoire de la seule femme que je n’ai jamais admiré, j’ai accepté. Alors ne venez pas me parler de discrétion, Dumbledore.

Et le directeur de La Gazette avait accepté ce silence. Notamment parce que Leonidas Grims était venu prévenir que si l’information sortait, il ferait couler le journal avec tous les pouvoirs qu’il avait entre ses mains. Et connaissant les pouvoirs phénoménaux – en terme de relations, financier ou magique – que possédait les Grims, il y avait de quoi trembler et effacer le nom de Simon Bones de l’article de la Gazette après la bévue faite dans le Sorcier du Soir.
Dumbledore inclina la tête, l’air de lui concéder ce point. Pourtant et au plus grand agacement de Rita, il ne se départait pas de son sourire.

-Bien entendu, et je vous ai remercié pour votre … discrétion, sur cette affaire. Beaucoup de Mangemorts seraient ravie d’éradiquer pour toujours le nom des Bones – et, d’au passage, d’hériter de la jolie somme qui se trouve à présent dans le coffre fort du jeune Simon. Mieux vaut assurer au garçon une enfance discrète, vous ne pensez pas ?
-Si, lâcha-t-elle du bout des lèvres. Et je vous assure que … vous pouvez compter sur ma discrétion.

Elle aurait aimé rajouter « pour l’instant » d’un ton malicieux pour récupérer un peu de son panache, mais les mots restèrent bloquer dans sa gorge. « Lorsqu’on se frotte au lion, on finit toujours par se faire mordre. Et crois-moi, je mords très vite et très fort ». Par la barbe de Merlin, Cassiopée Bones serait capable de la mettre en charpie depuis les cieux si jamais elle mettait son fils en danger.
Les prunelles bleues de Dumbledore étincelèrent.

-Mais je n’en doutais pas. Je trouve toujours ça agréable de constater que, parfois, le drame, l’horreur et la guerre peuvent aussi révéler le meilleur de nous … Bonne journée, Rita.

Rita l’observa s’éloigner, une moue dédaigneuse aux lèvres. Albus Dumbledore et ses bons sentiments … Albus Dumbledore et son obsession de voir le bien en chacun … Albus Dumbledore si parfait, si puissant … Personne n’était aussi parfait, c’était impossible. Elle repoussa une mèche de cheveu blond et réajusta ses lunettes pour contempler le vieux sage. Ainsi il pensait qu’elle gardait le secret sur le petit Simon Bones par grandeur d’âme ? C’était mal la connaître. Elle garderait ce secret bien gardé, au chaud dans son esprit au milieu de tous les autres, tout ceux qui attendaient le moment propice pour être révéler. Et peut-être qu’un jour ce moment viendrait où elle pourrait enfin déterrer cette information et enfin révéler ce qui s’était réellement passé cette nuit-là … Leonidas Grims, de retour de la crypte avec sa femme Lysandra, s’approcha de Dumbledore et Rita se détourna. Elle n’avait pas encore assez d’information sur cette maudite famille pour se frotter à tel homme. Ça mériterait peut-être quelques recherches …

-Votre attention !

La foule, regroupée autour de la famille Bones pour lui adresser ses condoléances, leva le regard sur Barty Croupton. Sa moustache noire était impeccablement coupée et il se tenait droit, en hauteur sur un talus devant sa femme Annabella et son fils. Le garçon, à peine plus âgé que Matthew Bones, fixait la Vierge aux traits magiques d’un regard étrangement. Rita fut assez surprise de percevoir l’ombre d’un sourire sur ses lèvres fines.

-Je vous invite, si cela vous agrée, à nous rejoindre dans l’ancestrale demeure de ma famille, poursuivit le Directeur de la Justice Magique avec le ton sec qui le caractérisait. Nous pourrons y rendre un dernier hommage à ma si courageuse sœur … Pour ceux qui ne le souhaitent pas, je tiens à vous remercier au nom de toute la famille Croupton pour votre présence ici.

Rita essuya un rire incrédule, et elle ne fut pas la seule à avoir une réaction. Lysandra darda sur son frère un regard si noir qu’elle fut surprise que ça ne le réduise pas en cendre. Sans attendre, elle arracha son mari à sa conversation avec Dumbledore et quitta à quand pas le cimetière par son élégant portail de fer forgé – et ce n’était certainement pas pour rejoindre la maison de son enfance … Amelia Bones ouvrit de grands yeux choqués et se tourna vers son frère, trop occupé à calmer sa cadette qui pleurait dans ses bras. Rita pouvait comprendre le choc d’Amelia – Dieu que la situation était savoureuse … Les Croupton ne portaient pas les Bones dans leur cœur, mais le discours de Barty leur confisquait allégrement le dernier hommage à leur famille tout en réduisant les morts à Cassiopée Croupton, la lionne, sa sœur. C’était d’autant plus ironique que Cassiopée n’avait plus aucun lien avec son frère depuis des années … Trop sage pour faire un scandale, Amelia se contenta d’acquiescer avec raideur et les sorciers quittèrent le cimetière en trasplanant.

Découverte par cette foule de plus en plus clairsemée, Rita en profita pour s’avancer vers la Vierge aux traits magiques. Ils étaient vrai qu’elle ressemblait à Amelia, dut-t-elle admettre. La même inflexibilité dans le regard … La courbe des lèvres … L’opulente chevelure … Mais Saraphina Bones avait légué bien plus que son visage à sa famille. Des brides de phrase, piochant dans les scènes auxquelles elle avait été témoins, se formèrent dans son esprit, dessinant les contours d’un article qu’on ne la laisserait jamais publier … Un goût aigre se répandit dans la bouche de Rita. Que n’était-elle pas née, Bones, elle aurait la puissance suffisante pour s’imposer à La Gazette … Devoir lutter pour briller l’agaçait assez et c’était pour cela qu’elle avait tout donné pour l’article sur la mort des Bones. Cette exclusivité, c’était à elle, et elle-seule que le journal la devait. Et même s’ils n’avaient pas pu y inclure le détail « Simon Bones », il avait fait l’effet d’une bombe. Sans doute qu’elle proposerait un sujet sur Barty Croupton … Comment cette mort le rendait indifférent … Et que penser du sourire du fils alors qu’il quittait le cimetière ? Sans doute songeait-il à l’argent auquel il hériterait, libéré de deux cousins … Oui, l’article pourrait être explosif, il faudra qu’elle s’y mette …
Elle se détourna de la Vierge au moment où les traits de Cassiopée Bones, son modèle montée aux cieux, s’esquissaient par-dessus le visage de pierre. Il était temps pour elle de s’éclipser. Elle avait tenue à assister à l’enterrement de sa star, il était temps d’en devenir une elle-même. Slalomant entre les tombes, elle se surprit à lire les noms qui étaient gravés pour l’éternité dans la pierre et le marbre et s’arrêta devant l’une d’entre elle, les sourcils froncés. Elle repoussa le foulard dans ses cheveux et s’agenouilla devant, intriguée.

Wulfric Dumbledore
1828-1877


Un sourire retroussa les lèvres de Rita et elle coula un regard sur l’illustre directeur, qui adressait à présent ses respects à George Bones. Albus Perceval Wulfric Bryan Dumbledore. Cela ne pouvait être une coïncidence … Et une piste intéressante à creuser, décidemment. Elle se rendait compte qu’en dépit d’innombrables heures passées devant le bureau du directeur, elle en savait relativement peu sur celui qui se targuait d’être le plus grand sorcier du siècle. Personne ne savait rien, éblouis par l’aura de puissance et de bienveillance qu’il dégageait … Mais que restait-il une fois la lumière éteinte ? Encore une excellente idée à creuser, Rita, se réjouit-t-elle en se relevant. Décidemment, énormément de portes qui s’ouvrent à cet enterrement …

-Rita ? Eh, oh, Skeeter !
-Oh … Barnabas.

Pourquoi avait-elle éprouvé le besoin de retirer son foulard ? Avec un ennui qu’elle tenta de masquer, Rita pivota vers Bernabas Cuffe, son rédacteur en chef. Il portait certes une robe noire, mais sa besace et le parchemin couvert de rature qu’il tenait à la main laissait peu de place au doute sur la raison de sa présence dans le cimetière. Elle arracha son regard à sa main qui continuait de prendre distraitement des notes. Ce que c’était inefficace … Il devait forcément rater nombre de détail s’il gardait sans cesse les yeux sur son parchemin à préparer ses belles phrases grandiloquentes. Ce n’était pas le style de Rita, qui était plus franc et direct – et c’était sans doute pour cela que la direction peinait à lui confier des missions. Personne ne voulait se trouver à la pointe de la plume de Rita, comme personne ne se souhaitait se trouver à la pointe de la baguette de Cassiopée Bones.

-J’ai revu le vieux Slug, j’ai cru qu’il ne me lâcherait pas, marmonna-t-il en rangeant enfin son matériel. Qu’est-ce que t’es venue chercher ici, Skeeter ? T’es pas sur l’article, j’ai dit que je m’en chargeais.
-De l’inspiration pour d’autres papiers. C’est à l’encontre de tes directives ?

Barnabas partit d’un immense éclat de rire.

-Olala, ce que tu prends vite la mouche ! Tu m’en veux encore de t’avoir privée de la continuité de ton papier ?

Quelque chose comme ça, oui … C’était elle qui était de garde, elle qui avait sauté sur l’occasion dès les premiers échos de la mort des Bones, elle qui avait vidé ses tripes devant leur maison, elle qui avait passé une nuit blanche à rédiger son premier article, elle qui l’avait livré à temps avec les félicitations de l’homme qui se tenait devant elle … Qui, pour toute récompense, avait assuré tenir malgré son statut de rédacteur en chef qu’il reprenait le dossier. Ce que c’était pratique quand on était un homme, qu’on avait été aidé par le réseau sans limite d’Horace Slugorn et que tout lui réussissait depuis vingt ans … Elle apprécia d’autant moins qu’il se permette d’éclater de rire.

-Oh Rita, tu as tellement d’ambition ! Quel âge tu as ? Trente ans ? Crois-moi, tu as encore le temps de faire une magnifique carrière – et carrière magnifique il y aura, je te le garantie …
-Comment si tu persistes à me voler tous mes sujets ? Tu sais quoi, je vais finir par écrire sans ton accord, Barnabas et j’irais voir le directeur. On verra bien qui il choisira.

Le visage de Barnabas se figea de manière grotesque et le sourire mielleux que lui servit Rita ne devait absolument pas le rassurer. Chacun savait que le directeur accordait facilement des faveurs aux jolies filles qui savaient s’y faire avec lui et c’était uniquement parce qu’elle avait une fierté que Rita ne s’était jamais abaissé à cela. Mais le sujet volé, c’était le coup de grâce, trop pour qu’elle n’en supporte encore. Et par ailleurs, c’était peut-être une information qu’elle pourrait utiliser contre le directeur lui-même … Une stratégie à méditer.
Barnabas eut l’air de prendre la menace très au sérieux. Il frotta son menton couvert d’une barbe de trois jours et finit par proposer de mauvaise grâce :

-Il y a une série de procès qui s’ouvrent la semaine prochaine. J’avais pensé à Andrew Kraft mais … Peut-être que tu pourrais les couvrir. Croupton les président, Bones est procureure et tu as bien traité les deux familles dans ton dernier article. Ça, plus les procès en tant que tel, tu auras de la matière et de la visibilité.

Un sourire triomphant s’étala sur les lèvres de Rita. Ça, c’était la chance qu’elle attendait depuis presque dix ans. Evidemment que les procès de Mangemorts étaient très médiatiques, tout le monde lirait ses articles … Et c’était un moyen de continuer d’observer Croupton et Dumbledore, qui officiaient tous deux au Mangenmagot. Oui, décidément, c’était une véritable opportunité qui s’ouvrait à elle … Elle tendit volontairement la main à Barnabas, qui la lui serra avec un soupir de défaite.

-Marché conclu, Barnabas. Et la prochaine fois que tu veux sauter Angelique, n’oublie pas de fermer les persiennes.

Elle eut une seconde pour savourer l’air choqué de Barnabas avant de faire triomphalement volte-face et de s’éloigner, un sourire victorieux sur les lèvres. La brise arracha son foulard à sa chevelure et elle quitta le cimetière sans se soucier de qui la reconnaîtrait. Au contraire, à chaque personne elle croisait, elle songeait « souvenez-vous de moi, de mon visage. Je suis Rita Skeeter et bientôt ma plume vous terrifiera ». Laissant échapper un rire face au travail et à l’avenir qui s’étendait devant elle après des années d’anonymat, elle leva le regard vers le ciel et son modèle qui, depuis le paradis, lui avait offert l’opportunité de sa vie.

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

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*2e partie*

George Bones fut le dernier à passer la grille de fer forgé, qu’il scella d’un coup de baguette. Il avait longuement discuté avec Dumbledore mais les paroles réconfortantes de son ancien directeur avaient coulé sur lui comme de l’acide … Loin de l’abattement qu’il ressentait depuis une semaine, il avait bouillonné devant cet homme qui louait le courage d’Edgar et qui pourtant l’avait mené droit à la mort. George n’était pas dupe, il savait que son frère aîné était proche de Dumbledore, au point de l’aider à lutter clandestinement contre Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom … Amelia lui en avait voulu, l’accusant de bafouer la crédibilité et l’autorité du Ministère et George n’avait pas su que penser de l’engagement de son aîné. Maintenant qu’il l’avait vu blafard et inerte dans son cercueil, il savait.

George resta longuement dans les alentours de l’église dans l’espoir de se calmer. Il avait l’impression que depuis quelques jours, plus rien ne faisait sens autour de lui, que lui, colosse d’un mètre-quatre-vingt-dix, s’écroulait totalement sur ses pieds d’argiles. Il était habitué à être le plus faible malgré sa stature. Comment exister quand ses aînés étaient Edgar et Amelia Bones, si brillants, si puissants ? Face à une telle fratrie, George n’avait même pas essayé de briller. Que son frère et sa sœur prennent la lumière : quand il voyait leur vie, il se rendait compte que l’ombre et son anonymat réconfortant lui allait très bien. Dans l’obscurité, il pouvait s’occuper de ses filles, la chose la plus précieuse qu’il avait sur terre et faire son trou au Mangenmagot auquel il était entré quelques mois plus tôt sans attirer les regards. Oui, l’ombre était parfaite. La lumière, elle, avait tué son frère.
Il contempla l’église Saint-Edward, sa tour carrée et les deux ifs qui gardaient depuis des siècles son entrée avant de prendre le chemin du retour. Après la poussée de colère contre Dumbledore, son cerveau s’était éteint, ne laissant que sa douleur et l’épuisement. Il ne réalisait toujours pas qu’il venait d’enterrer son frère. Ils avaient trop d’écart – presque dix ans – pour être proches, mais Edgar était une figure indispensable dans sa vie. Amelia était froide, accaparée par les études, mais son frère avait toujours pris le temps pour lui, pour l’aider en cours, lui prodiguer des conseils – y compris sentimentaux … Edgar, c’était la lanterne qui l’avait guidé pendant toutes ses années où sa mère était occupée au Mangemagot et son père enfermé dans sa bibliothèque, celui qui avait réussi à trouver une ligne directrice dans sa vie. C’était lui, au moment où George était relégué à poste d’archiviste au Ministère, qui l’avait poussé à postuler au Magenmagot …

George agrippa l’un des barreaux de la grille, subitement incapable de soutenir son propre poids, écrasé par le manque. Il avait cru mourir en refermant les quatre cercueils dans la crypte … En un sens, c’était ce qui était arrivé. Une partie de lui était morte en même temps que son frère. Que sa belle-sœur. Que ses neveux. Il se serait laissé tomber sur le sol, à pleurer abondement sur cette terre qui abritait à présent son frère s’il n’avait pas encore du chemin à parcourir. Car malheureusement, loin d’être le douloureux point final d’une histoire, la mort d’Edgar était plutôt le début d’un long parcours tortueux dont il commençait tout juste à comprendre les implications. Il prit plusieurs inspiration tremblantes le temps de refouler les larmes et lâcha enfin la grille du cimetière pour lui tourner le dos. Il était temps de rentrer.

Il fut surpris en arrivant chez Edgar – la maison de son enfance – de voir que la vie avait retrouver ses droits. Sur la pelouse devant la terrasse, trois enfants jouaient sous le regard attentif d’un homme installé sur un banc. Caroline, son aînée de cinq ans avec ses cheveux bruns et son beau minois, riait aux éclats face à sa sœur Susan qui à un an faisait voler ses cubes d’enfants. En retrait et plus timoré, Simon contemplait les cubes qui lévitaient, les genoux serrés contre sa poitrine. George se figea devant sa maison, les yeux rivés sur ce garçon qui constituait la dernière preuve du passage sur terre d’Edgar. Pourtant, il lui ressemblait si peu … Il avait les cheveux blonds et les traits fin de sa mère. Puis l’enfant leva les yeux sur son oncle et le cœur de George acheva de se briser. Nom d’un dragon, que ce serait douloureux de contempler les prunelles vertes des Bones … Il arracha son regard au garçon pour ne pas sombrer, et se tourna vers l’homme. Leonidas Grims fumait paresseusement sa cigarette et tentait de faire des ronds avec sa fumée tout en prenant soin de ne pas la recracher sur les enfants.

-Vous avez réussi à le décrocher de Rose ?

Sa voix était éraillée, réduite à un souffle épuisé, mais Leonidas ne parut pas s’en formaliser. George, contrairement à sa femme, avait toujours plutôt apprécié le diplomate américain, qu’il trouvait infiniment moins intimidant que sa femme – et elle-même plus conciliante que sa sœur … Il avait toujours été intimidé par Cassiopée. Leonidas tira une longue bouffé de sa cigarette.

-Ça n’a pas été simple, Rose voulait le prendre avec elle, mais Amelia a argué avec sagesse qu’il n’avait pas à entendre les délibérations sur son avenir …
-Ah …

Son regard glissa sur la porte entrouverte. Des éclats de voix lui parvenaient sans qu’il ne puisse comprendre un mot. Il devait sans doute les rejoindre, songea-t-il distraitement. Après tout, il s’agissait de son neveu … Mais il ne pouvait s’y résoudre : l’idée d’entrer dans sa maison d’enfance éclaboussé du sang de Cassiopée et hantée par le spectre de son frère lui donnait la nausée. Faute de quoi, il s’écrasa sur le banc à côté de Leonidas et observa ses filles jouer avec Simon. Alors que les deux fillettes riaient aux éclats, le garçon restait coi, maussade, si craintif qu’il n’était pas sans rappeler Spencer … Oh par Merlin, Spencer …

-Elles débattent sur la garde ?

Leonidas essuya un ricanement amer et laissa tomber quelques cendres.

-Oh, non. Il y a une raison pour laquelle Lysa et moi n’avons pas d’enfant, George : nous ferions de très mauvais parents. Nous n’allons pas imposer ça à ce pauvre enfant … La garde du fils d’Edgar vous revient.

C’était bien ce qu’il avait pressenti lors de la semaine écoulée, où Simon refusait de lâcher Rose au point de dormir avec eux dans le lit conjugal, au point d’en rendre jalouse Caroline qui voulait les bras de sa mère … La pression d’abattit presque physiquement sur les épaules de George et il se frotta le visage, à deux doigts de fondre en larme. Elever le fils de son frère lui apparaissait soudainement comme une tâche énorme, insurmontable, et douloureuse, comme si la souffrance de la perte d’Edgar se prolongeait à travers les yeux verts de Simon.

-Très bien, souffla-t-il, conscient du regard de Leonidas qui pesait sur lui. Oui … Très bien …
-C’est mieux que l’héritier des Bones reste chez les Bones, argua l’américain avec douceur. Non, la raison pour laquelle elles débattent c’est le lieu …
-Pardon ?
-Lysandra et moi nous en allons. Ce qui s’est passé … ça a achevé Lysa, elle a trop souffert et j’ai des affaires qui m’attendent à Boston. Ça fait quelques années que ma famille réclame mon retour et que je refuse parce que Lysandra reste attachée à l’Angleterre – à sa sœur, tout particulièrement. Nous vous proposons de nous suivre à Boston, pour mettre Simon à l’abri. Dumbledore vous a prévenu, il y a un risque que les Mangemorts viennent finir le travail …

L’idée glaça le sang de George et il contempla son neveu, soudainement terrifié à l’idée de le perdre comme ses frères. Simon parut sentir son regard car il leva les yeux sur lui, l’air interrogateur. La proposition de Leonidas et Lysandra n’était pas dénué de sens … et George admettait être plus que tenté. Lui aussi était épuisé par cette guerre, broyé par ses implications et détruit par le drame qui s’était déroulé dans la maison à laquelle il était adossé. Partir en sécurité aux Amériques, guérir de la mort de ses parents, de celle d’Edgar, élevé ses filles et Simon dans un environnement sain … Mais aussitôt que s’épanouissait ses rêves, ils furent fracassés par les éclats de la dispute qui faisait rage à l’intérieur. Sa femme n’accepterait jamais de quitter l’Angleterre, sa sœur serait réticente à l’idée de les faire partir … Comme l’avait été Edgar quelques années plus tôt.

-Je n’en reviens pas qu’elle ose me proposer ça ! Dans sa famille de Sang-Pure qui ne doit certainement pas être mieux que la nôtre …
-Elle veut nous protéger, Cassie …
-Alors tu l’approuves ? Tu veux qu’on aille se cacher aux Etats-Unis, qu’on laisse notre pays se débrouiller avec Voldemort ? Mais quel exemple on donnerait à nos fils, Edgar, quelle leçon de vie ce serait ? Quand la tâche est trop difficile, on abandonne ? On fuit, on s’échappe ? C’est ça qu’on veut leur apprendre ?
-Bon sang, arrête de m’attaquer ! Je ne sais pas si tu as entendu ma réponse, mais j’ai refusé leur proposition comme toi ! C’est l’Angleterre que je veux pour mes fils, une Angleterre débarrassée de Voldemort ! Je veux pouvoir léguer cette maison à Matthew et voir sa famille prospérer comme la nôtre, marquer l’histoire magique anglaise comme le fait ma famille depuis un siècle ! C’est ça ma vision d’avenir, ça que je veux pour mes fils, Cassie. Et c’est pour ça qu’on continuera de se battre, ici.


George sentit tous ses espoirs voler en éclat. Pouvait-il réellement aller contre la volonté de son frère ?
Les éclats de voix se rapprochèrent jusqu’à ce que la porte s’ouvre en grand sur le visage fatigué de sa sœur.

-George, tu es là, constata-t-elle, l’air soulagé. Tu peux venir, s’il te plait ?

Il n’avait pas la moindre envie de mettre le moindre orteil dans cette maison. Pourtant, il se força à s’arracher du banc et suivit Amelia à l’intérieur. Tout avait été nettoyé, tout avait été remis en ordre. Des cartons couvraient la surface depuis quelques jours : Lysandra et Amelia avaient commencé à emballer les affaires des défunts. La sœur de Cassiopée était assise sur un fauteuil, les bras croisés sur sa poitrine, à l’opposé de Rose qui paraissait pareillement contrariée. Les deux femmes se fixaient en chien de faïence et George en conclut que ses conclusions avaient été les bonnes. Amelia les désigna d’un geste large de la main, l’air épuisé. Depuis une semaine, les cheveux blancs filaient de plus en plus sa chevelure auburn. George avait littéralement l’impression de la voir blanchir sous ses yeux.

-Nous avons un léger … désaccord.
-Ce n’est pas un désaccord, Lysandra veut prendre des décisions qui ne lui appartiennent pas, cingla Rose. Au-delà des décisions que nous avons prises, le testament était clair : les Bones ont la garde des enfants.
-Et tu es une Bones, Rose ? répliqua Lysandra avec aigreur. C’est drôle, il me semble que tu es née Faussecreth … Ce sont à Amelia et George de prendre les décisions pour Simon, pas à toi.
-Je suis sa marraine !
-Mesdames, s’il vous plait, les interrompit fermement Amelia avant de se tourner vers son frère : Leonidas t’a parlé de Boston ?

George acquiesça et elle poursuivit :

-Rose et moi apprécions évidemment la proposition, mais nous estimons que notre place demeure en Angleterre. Nous prendrons toutes les précautions possibles pour Simon …
-Les mêmes qui ont été prises pour ma sœur ?
-Lysandra, s’il te plait !
-Je suis d’accord avec vous.

Rose leva un regard stupéfait sur son mari et il se sentit rougir comme un adolescent. Par la barbe de Merlin, il ne méritait pas une telle femme. Rose était belle, intelligente, courageuse – bien plus qu’il ne le serait jamais … Il avait longuement été amoureux d’elle, l’observant de loin sans y croire, elle qui était populaire à Poudlard – préfète et préfète-en-cheffe, entourée d’une bande d’ami qui tournoyait autour d’elle, véritable lumière de Poufsouffle. Leur relation, leur famille, leur foyer, c’était l’orgueil et la fierté de George.
Amelia mit une main sur l’épaule de son frère, l’air aussi étonnée que Rose de sa prise de position.

-Vraiment ?

Leur surprise ouverte l’agaça. Il se savait être le plus faible et le moins courageux de la famille, mais ce n’était pour autant qu’il acceptait qu’on le lui rappelle à tout bout de champs. Seule Lysandra demeurait silencieuse, les paupières plissées en l’attente de sa réponse.

-Ce n’est pas ce qu’Edgar aurait voulu, expliqua-t-il simplement en tentant d’avoir l’air sûr de lui. Edgar voulait que ses enfants grandissent en Angleterre, comme nous, et il voulait une Angleterre meilleure pour eux et par eux. Je n’irais pas contre sa volonté …
-Même si ça signifie mettre son fils en danger ? rétorqua Lysandra. Je connais Robert Jugson, George. Il en a toujours voulu à Edgar d’avoir eu Cassiopée. Sans compter que Cassie a tué un ou deux Mangemorts ces dernières années … alors supprimer leur dernier enfant, ça peut être une vengeance parfaite pour tout ce beau monde …
-Mais sait-il qu’il y a un dernier enfant ?

La voix songeuse d’Amelia réduisit tout le monde au silence et tous réfléchirent à la question. Edgar et Cassiopée avaient depuis longtemps conscience d’être une cible privilégiée et c’était pour cela que leur vie de famille était entourée de secret. Aucun n’avait de photo de leurs enfants dans leurs bureaux respectifs, la naissance de Simon, arrivé en pleine tourmente, était passée inaperçue. Edgar parlait de ses fils, mais il était vrai que peu savaient leur nombre exact, réalisa George. La famille, les plus proches et les journalistes dont Grims et Dumbledore s’étaient assurés de leur silence. Lysandra ouvrit de grands yeux sur Amelia.

-Qu’est-ce que tu proposes ?
-Personne ne sait que le benjamin a survécu, explicita Amelia. Si tant est qu’on savait qu’il y avait un benjamin … George et Rose n’auront qu’à faire eux aussi profile-bas, maintenir le doute sur leur famille comme l’ont fait Edgar et Cassie et …
-Faire passer Simon pour leur fils ? C’est ça que tu proposes ?

Les mots de Lysandra furent presque crachés et elle se dressa sur ses pieds, impétueuse. Rose détourna les yeux et George comprit son malaise : avec ses aires de reines furieuse, elle était Cassiopée ressuscitée. Seule Amelia parut insensible à l’apparition.

-Rassure-toi, je n’ai pas l’intention de faire ça à mon frère, assura-t-elle avec douceur. Je ne lui enlèverais jamais son fils … Je suggérais juste que dans les mois à venir, on entretienne le flou, tout en couplant cela avec des mesures de sécurité, cela permettrait d’assurer la sûreté de Simon en Angleterre, comme le souhaiterait ses parents.

La voix d’Amelia se brisa sur le dernier mot et elle masqua cette faiblesse dans une toux. Encore une fois, George prit conscience du coup qu’avait pris son inébranlable sœur aînée, comment ses traits s’étaient creusés et comment les fils blancs avaient envahis sa chevelure. Elle qui s’était toujours sentie écrasée par la présence d’Edgar, elle devait ressentir le manque lié à son absence bien plus cruellement que lui.
Lysandra ne paraissait pas convaincue par l’argumentaire. Elle observa longuement Amelia, comme si elle était sa seule interlocutrice, avant de lâcher froidement :

-Je suppose que la décision est irrévocable … Vous avez la tête dure, chez les Bones. J’espère simplement que je n’aurais pas à apprendre la mort de mon neveu dans les journaux …
-Sois-en certaine, répondit Rose en se levant.
-Tu ne reviens pas sur ta décision ? osa demander Amelia. Simon aura besoin de sa tante, du sang de Cassiopée … Personne ne pourra mieux la raconter que sa sœur …

Lysandra parut vaciller devant l’argument pet l’espace d’un instant, son regard gris s’embua. Puis elle cligna des paupières et l’impression disparut pour ne laisser qu’une femme déterminée. Un léger sourire retroussa ses lèvres.

-Moi aussi j’ai la tête dure. Non, je ne reviendrais pas sur ma décision, mais je serais ravie de revenir de temps à autre en Angleterre pour rappeler à Simon quelle femme était sa mère ….

Elle garda son regard planté sur Amelia, mais George comprit que c’était surtout pour résister à la tentation de le glisser vers le fond du salon où était morte Cassiopée. Un tremblement agita ses doigts et elle n’attendit pas davantage pour quitter la place après les avoir salués en un murmure. Ils restèrent quelques instants silencieux, comme écrasés par les fantômes qui demeuraient dans cette maison. Amelia frotta sa tempe et se laissa aller dans le fauteuil. Son monocle pendait sur sa poitrine, attaché à une chaine d’or. Elle fit l’effort de se redresser avec un soupir.

-Très bien … Maintenant, il nous fait régler un dernier détail.

George sentit son sang se glacer. Il savait très bien de quel détail il s’agissait, le détail qui le terrifiait par-dessus tout, bien plus que la perspective d’élever Simon.
La maison.
Les Bones étaient attachés à leur demeure de Terre-en-Landes. Leur ancêtre, Edmund Bones, un moldu, l’avait construite à la force de ses bras. Sa fille Saraphina l’avait agrandie, ensorcelée, colorée de son identité de Poufsouffle et de sorcière. La modeste maison était devenue l’une des plus grandes de Terre-en-Landes, enracinant la famille au sein du village sorcier, s’ennoblissant en même temps qu’eux. Des générations étaient nées et mortes entre ses murs … Et c’étaient bien pour celles qui avaient péries que George s’était tendu en y entrant. Les fantômes effaçaient tous ses merveilleux souvenirs d’enfance.
Cela faisait deux jours, depuis l’ouverture du testament d’Edgar et Cassiopée que le débat faisait rage. Légalement, la maison se transmettait en ligne directe et c’était donc Simon qui en était le légitime propriétaire du haut de ses trois ans. George avait alors songé que le garçon réclamerait son dû à sa majorité et qu’ils pourraient l’élever dans leur demeure à Londres … Mais Amelia avait été réticente : la maison n’avait jamais été inhabitée. Il fallait un Bones à Terre-en-Landes. Elle ? Non, c’était trop grand pour elle seule. C’était une maison de famille …

-Les repères de Simon seraient moins chamboulés s’il reste ici, argua une nouvelle fois Amelia.
-A l’endroit où est morte toute sa famille ?! Enfin, Amy !
-Justement, sa famille lui a déjà été arrachée, fit valoir Rose d’un ton songeur. Peut-être que ce serait pire si on l’arrachait à son foyer …

George contempla sa femme, hébété. Jusque-là, elle était restée silencieuse dans le débat, se contentant de s’occuper de Simon pour laisser son mari et Amelia gérer ces questions. Pourtant, il savait qu’elle avait toujours eu un faible pour la magnifique maison. Ce n’était pas une surprise qu’elle soit du côté d’Amelia … Mais tout de même … Il avait songé que découvrir le massacre, d’avoir assisté à l’agonie de Cassie dans ce même salon où ils étaient assis, d’avoir trouver le petit Spencer dans son lit … Mais Rose hocha la tête, résolue.

-Oui, ce sera sans doute pour le mieux. Bien sûr, on ne peut pas le laisser dans sa chambre (on inflexion fléchit mais ne se brisa pas) … mais on pourrait peut-être l’installer dans la chambre du deuxième étage ? Elle n’était pas occupée, elle ne lui rappellera pas de souvenirs …
-Tu sais ce qui ne lui rappellera pas de souvenir ? Notre maison, à Londres.

Rose plissa des yeux.

-Tu veux dire la petite maison avec un minuscule jardin dans l’une des villes les plus polluées du monde ? Même pour Susan et Caroline, il sera plus épanouissant pour elles de grandir ici ! Elles adorent tellement y venir pendant les vacances ! Enfin, George, c’est l’occasion rêvée … !

Rose parut comprendre qu’elle avait dit une bêtise au moment même où les mots franchissaient ses lèvres. Elle plaqua ses deux mains sur sa bouche, comme pour les retenir, mais c’était trop tard : George la contemplait, frappé par la foudre.

-Non … Non, pardon, ce n’était pas ce que je voulais dire …
-L’occasion rêvée ? La mort de mon frère ? L’occasion rêvée pour récupérer sa maison de rêve, c’est ça … ?

Une larme roula sur la joue de Rose et elle se précipita vers son mari pour prendre ses mains. Sonné, il se laissa faire et elle y vit un signe encourageant qu’il n’était pas si furieux que cela :

-Non, bien sûr je me suis très mal exprimée … George … Bien sûr que … (Elle ferma les yeux, mais cela n’empêcha pas d’autres larmes de franchir ses paupières closes et de dévaler ses joues). Bon sang, j’y pense tous les jours, qu’est-ce que tu crois ? Et je pense que, même si on continue de vivre à Londres, on y songera tous les jours de notre vie … Mais il ne faut pas pour autant que cette maison devienne celle des morts, George. Il faut la remplir de vie, de joie, de rire, comme Edgar et Cassie le feraient … Si on laisse les fantômes en prendre possession … ça ne deviendra plus qu’une coquille vide, des murs hantés par ses drames … C’est ce que tu veux pour la maison de ton enfance ?

Non. Non, bien sûr que non. Il avait adoré grandir ici, entre la forêt de Dean et le canal de Bristol, au milieu des champs, des moldus et des sorciers. Il adorait cette maison à la cheminée frappée des armoiries de Poufsouffle, à la bibliothèque douillette et lumineuse et à la terrasse ombragée par un arbre à lilas qui répandait une odeur délicieuse le printemps venu … En un sens, Rose avait raison. L’abandonner par peur de l’horreur et des fantômes, cela revenait à tuer la demeure, à lui retirer toute vie et toute substance et à devenir une ruine hantée. Simon aura-t-il le courage de venir s’y installer lorsqu’il saurait qu’elle est inhabitée depuis la mort de ses parents et de ses frères ?

Amelia s’approcha de lui et tapota son épaule. Elle n’avait jamais été une grande consommatrice de tendresses physiques. Amelia Bones n’avait jamais souhaité qu’on la prenne pour ce genre de femme qui se laissaient aller aux caresses et aux effusions. Parfois, George songeait qu’elle avait tout fait pour justement qu’on oublie qu’elle était une femme, d’où ses cheveux courts et son monocle sévère.

-Vous n’avez pas à prendre la décision tout de suite, prenez quelques jours … Pourquoi ne pas emmener Simon et les filles sur la côte ? Ça vous permettra de réfléchir posément et d’éloigner un peu Simon des attentions …
-Pourquoi pas, céda George, vaincu. Le Mangemagot m’a déjà dit qu’ils me laissaient le temps de revenir …

Les lèvres fines d’Amelia se retroussèrent en un sourire amer.

-A moi aussi, mais je ne compte pas leur donner satisfaction. Je soupçonne Croupton de profiter de ce qui se passe pour nous éjecter de son département … Mais pars, vraiment ! insista-t-elle quand George ouvrit de grands yeux. Simon va avoir besoin de Rose et toi dans les jours à venir, et vous avez des décisions importantes à prendre, des mécanismes à retrouver … George, je suis désolée, je te laisse cet héritage de la famille, c’est une partie que … je ne peux pas assumer. Simon, la maison … Je suis navrée de te laisser ce poids, petit frère. En revanche, je te promets de te décharger de l’héritage politique d’Edgar. Et c’est pour cela que je dois rester au Mangenmagot. (Un rire tremblant qui ressemblait à s’y méprendre à un sanglot jaillit de sa gorge). Je l’entends se retourner dans sa tombe s’il entendait qu’on avait abandonné le département à Croupton …

George mit une main sur l’épaule de sa sœur, mais le geste lui sembla dérisoire, gauche, maladroit. Il n’était pas habitué à avoir des contacts physiques avec sa famille : sa mère avait été distante, son frère beaucoup plus âgé, et Amelia était une handicapée des sentiments. Le seul membre de sa famille de qui il s’était senti proche avait été son père, Nicholas. Sa sœur, elle, était une sorte de modèle de perfection inaccessible. Pourtant, il aurait voulu dire quelque chose à sa sœur, trouver les mots comme elle avait su les trouver lorsqu’elle était venue lui annoncer le drame … Lui dire qu’Edgar était déjà fière d’elle, qu’elle était déjà digne de l’héritage de leur famille … Mais avant qu’il ne trouve le courage, un grand cri s’éleva depuis l’extérieur. George sursauta, le cœur battant à tout rompre, craignant une attaque … avant de comprendre qu’il s’agissait tout simplement des pleurs angoissés d’un enfant. Il réagit avec sa sœur et sa femme et se précipita dehors, la baguette à la main. Lysandra, accroupie dans l’herbe, fixait d’un air choqué Simon qui pleurait toutes les larmes de son corps, se dérobant à elle en rampant, terrifié. Elle leva un regard décontenancé sur George.

-Je voulais juste … lui dire au revoir, simplement … il s’est mis à hurler …

Et il criait encore, et tentait de se mettre sur ses jambes flageolantes comme celles d’un jeune faon pour fuir cette tante qui, George le comprit d’un coup d’œil, ressemblait beaucoup trop à sa mère. Simon réussit enfin à se mettre debout et se dépêcha de se cacher derrière George, entourant ses jambes de ses bras et pleurant abandonnement dans le creux de ses genoux. Toute l’assemblée, de ses cousines hébétées dans l’herbe, Rose et Amelia qui avaient accourues derrière lui jusqu’à Leonidas Grims, le couvait d’un regard déchiré. George caressa maladroitement la tête de l’enfant dans l’espoir de le calmer et s’adressa d’un ton peiné à Lysandra :

-Je suis désolé … Il est encore sous le choc, tu as dû …
-Je sais, le coupa Lysandra d’un ton cassant, sans lâcher l’enfant du regard. Je … Non, c’est moi qui suis désolée … Je … Je repasserais chez vous avant mon départ. Oui, ce sera plus sage.

Elle rejeta ses longs cheveux noirs en arrière. Excepté cette chevelure d’ébène et ses traits plus harmonieux, elle ressemblait tant à sa sœur aînée … Ce n’était pas étonnant que Simon panique en voyant son visage … Rose plissait toujours les yeux, l’air suspicieuse et cela parut sonné pour Lysandra l’heure du départ définitif. Elle leur adressa un dernier « au revoir » du bout des lèvres et prit les devants de son mari pour s’engager sur le chemin qui menait à la route, sa longue robe de deuil ondulant sous la brise. Leonidas leur adressa un regard désolé, l’air de s’excuser du comportement de sa femme et s’en fut à son tour. Une fois le couple parti, la respiration de Simon s’apaisa et les larmes cessèrent de couler : d’épuisement, il se laissa affaler dans l’herbe et prit entre ses mains l’un des cubes de Susan.
George l’observa sans un mot. La capacité d’adaptation des enfants était stupéfiante … Peut-être que Simon s’adapterait à eux … à cette maison sans ses parents ni ses frères…

-Bon débarras, grommela Rose en fixant les silhouette de Lysandra et Leonidas qui s’éloignaient.
-C’est la tante de Simon, la sœur de Cassie et même si elle part aux Amériques on va devoir composer avec, la réprimanda vertement Amelia. Moi non plus je ne suis pas une grande admiratrice des Croupton, mais je préfère avoir à faire à Lysandra qu’à Barty …
-C’est drôle qu’il n’ait rien tenté, par ailleurs, fit remarquer George. Simon est de son sang … Il tient tellement à sa réputation …
-C’est parce que Simon est un Bones dans sa tête, pas un Croupton. Mais je méfie, il faudra être vigilent dans les semaines à venir … Si je suis prête à accepter Lysandra, il est hors de question que Barty Croupton mette un orteil dans cette famille.

George esquissa un sourire qui fit frémir sa barbe. Les tonalités de lionne qui avaient percé la voix d’Amelia étaient si familières … Rose poussa un grognement d’assentiment et s’avança dans le jardin.

-Bon, en attendant il faut nourrir ces trois monstres … Allez, viens mon chéri …

Elle tenta de hisser Simon dans ses bras, mais le garçon se mit à gémir. La crise était moins violente que contre Lysandra, mais Rose renonça tout de même et le laissa jouer dans l’herbe. Elle ouvrit les bras, impuissante.

-Il n’avale presque rien depuis … Il faut qu’il mange …
-Va faire à manger, je vais le surveiller, proposa George, qui était prêt à tout pour rester en dehors des murs de la maison. Ça fait longtemps qu’il n’a pas pris l’air, peut-être que ça lui fait du bien …
-Comme ça lui fait du bien d’être chez lui, ajouta Amelia d’un air entendu.

George leva les yeux au ciel. Voilà l’argument ultime qui le clouait dans cette maison pleine de souvenir … Rose paraissait hésiter au moment où Susan commençait elle aussi à gémir et tendre ses petits bras vers sa mère. Caroline aussi lui jetait un regard plein d’espoir. L’attitude de ses filles fut comme une sonnette d’alarme dans l’esprit de George. L’arrivée de Simon, c’était un nouvel équilibre à trouver et pour l’instant, la balance penchait trop lourdement en la faveur du garçon … Il enlaça sa femme et déposa un baiser dans ses cheveux. S’il y avait bien une personne avec laquelle il savait être tendre, c’était bien sa Rose.

-Allez, va avec les filles. Tu leur manques. Je m’occupe de Simon, j’essaierais de le faire manger, tu n’auras qu’à me ramener son assiette.

Rose poussa un soupir de réédition. Après un dernier regard inquiet à son filleul, retourné à ses jeux, elle hissa Susan dans ses bras et prit Caroline par la main pour les rentrer dans la maison. Amelia sourit à ses nièces avant de poser une main sur l’épaule de George.

-Je suis fière de toi, petit frère.

Elle tapota son épaule et entra également, mais elle pour continuer d’empaqueter les affaires d’Edgar. Epuisé, George se laissa tomber dans l’herbe à côté de Simon. Le garçon était en train de faire une tour de cube qui s’écroulait toujours et qu’il reconstruisait identiquement sans s’énerver. Un moyen d’occuper son esprit, comme sa sœur allait occuper le sien au Mangenmagot … George repensa à ce qu’Amelia avait proposé sur l’héritage de la famille et une paix étrange s’installa en lui. A sa sœur aînée l’héritage politique, le Mangemagot, le poids du nom et des fonctions … et à lui l’héritage familial, Simon et la maison. Un partage équitable, en accord avec leurs personnalités et leurs compétences, George se savait être meilleur père que politique … La situation était atroce, douloureuse, mais pour la première fois, il avait l’impression de savoir ce qu’il faisait, où il allait. Il allait élever le fils de son frère, dans la ligne directrice qu’il s’était défini pour ses enfants et qui lui été hérité de sa propre famille, probablement dans la maison de son enfance dont il apprendrait tous les secrets à ses filles …

Simon avait décidément les yeux verts des Bones, les mêmes que les siens, ceux qui se couvraient d’éclat d’or à la lueur du soleil … Peut-être même que son nez commençait à grandir, comme celui de son père, observa-t-il avec un certain amusement. Il ressemblait plus à Edgar qu’il n’y paraissait d’un prime abord … Soudainement, l’enfant se crispa et leva le regard sur la route où s’élevaient les crissements d’un vélo qui freinait. Sa tour venait une nouvelle fois de s’écrouler et au lieu de la reconstruire, il ramassa à la hâte ses cubes pour les loger entre ses jambes, comme pour les protéger.

-Elle est là …

George le considéra, incrédule. C’était la première fois qu’il entendait sa voix depuis que Rose l’avait sorti de ce maudit placard. Il en était si stupéfait qu’il en oublia la phrase qu’il avait prononcé et pourquoi il avait pris la parole. Alors lorsqu’un homme s’adressa à lui, il sursauta si fort qu’il en fit peur à Simon.

-Monsieur ?

C’était un homme d’environ son âge, aux cheveux châtains et aux yeux bleus et doux. Il poussait devant lui un vélo au guidon rouillé. Et surtout, droite dans son fauteuil accroché au porte-bagage, une fillette fixait Simon en mâchouillant machinalement sa tétine. Elle avait sensiblement le même âge, bien que plus chétive et ses boucles brunes étaient agitées par la brise. L’homme, qui devait être son père, fronça les sourcils.

-Excusez-moi de vous déranger, je suis le pasteur du village, Edward Bennett …
-Oh, réalisa George en se levant tant bien que mal. Bonjour, révérent …

Dans la brume de ses souvenirs, il semblait à George que c’était l’une des connaissances d’Edgar et Cassie. Il lui semblait même avoir eu connaissance d’anecdotes concernant la petite … mais en l’instant, elles lui échappaient. Edward Bennett contempla la maison, l’air affligé.

-Je n’ai pas pu … Enfin, je n’ai pas pu venir voir avant, je suis désolé … Vous êtes de la famille d’Edgar ?
-Son frère cadet, oui …
-Je vois … Je tenais à vous présenter mes plus sincères condoléances … Je connaissais votre frère, sans doute trop mal mais c’était un homme que je respectais sincèrement, comme son épouse … C’est si tragique qu’une fuite de gaz ait …

Il secoua la tête et redressa ses lunettes sur son nez. George ne répondit pas, la gorge nouée par l’émotion, comme chaque fois qu’on évoquait son frère devant lui. Il se contenta d’accepter les condoléances d’un hochement de tête.

-Je voulais aussi vous proposer mon aide si vous avez besoin de l’église ou de moi pour la cérémonie de la mise en terre, poursuivit le pasteur avec douceur. Je savais que votre frère n’était pas particulièrement croyant mais il aimait beaucoup notre église …
-A dire vrai, l’enterrement a eu lieu ce matin, précisa George, vaguement honteux car l’homme était de bonne foi. Nous avons fait une petite cérémonie … en petit comité. Avec la famille.

Le mensonge était gros, surtout quand il se souvenait du cimetière noir de monde. Edward Bennett ne parut pas vexé et inclina la tête en signe de compréhension.

-Soit. Ma femme et moi irons nous recueillir sur leur tombe … ainsi que celle des enfants …

Son regard se glissa sur Simon. Il ne s’était pas remis à jouer, se contentant d’entourer ses cubes de ses bras et de garder ses yeux rivés sur l’herbe. George, lui, se pencha pour observer la petite fille. Elle avait de beaux yeux bleus-gris en amande, les mêmes que son père. Et elle les gardait fixer sur Simon. Elle le pointa du doigt de sa petite main potelée et gazouilla des mots inintelligibles d’un ton inquiet. Son père caressa sa tête avec tendresse, mais son regard se teinta d’avertissement.

-Sois gentille, ma chérie … (Il pivota vers George). Désolé, il se peut que la dernière fois qu’ils se sont vus, elle lui ait tiré les cheveux … Je suppose que le petit viendra vivre avec vous ?
-C’est cela. Et peut-être nous ici … C’est encore en suspens.

Si le révérend était surpris, il ne le laissa pas paraitre. George commençait à apprécier cet homme, son calme, sa retenue, sa gentillesse évidente. Sa fille, elle, paraissait intriguée par le comportement de Simon : elle s’était dressée sur son siège et se tordait le cou pour mieux le voir.

-Je vois … Alors dans ce cas, n’hésitez pas à venir nous voir, ma femme et moi. Nous serons ravis de vous aider à vous installer ou si nous pouvons apporter notre assistante pour tout autre chose …
-J’y songerais. Merci beaucoup, révérend.

Edward Bennett lui adressa un sourire sincère et entreprit de faire un demi-tour avec son vélo. Mais la petite derrière se tournait en conséquence pour ne pas lâcher Simon du regard, au moment où lui gardait le sien toujours rivé sur le sol. Faute d’être victorieuse dans la confrontation, elle demanda à George :

-Il va pas bien ?
-Victoria, soupira son père en enfourchant son vélo.
-Non, c’est bon, le rassura George avant de s’adresser à la petite fille sur le ton de la confidence : pas vraiment, non, il faut être gentille avec lui pour l’instant. Donc, ne pas lui tirer les cheveux, d’accord ?
-D’accord, accepta-t-elle avec une certaine solennité. Je le ferais plus …
-Tu es adorable.

Le visage de l’enfant se fendit d’un magnifique sourire. Ce n’était la plus belles des petites filles qu’il ait vues, mais George admettait volontiers que ce sourire embellissait incroyablement son visage et était merveilleusement communicatif.

-Vous savez y faire, observa Edward, l’air attendri. Elle parle rarement aux inconnus …
-J’ai moi-même deux filles. C’est élever un garçon qui sera nouveau pour moi …
-J’en ai un aussi, mon aîné. Un petit diable … Croyez-moi, Simon est bien plus facile, de ce que j’ai pu observer. Mais encore une fois, si vous avez besoin de conseil, n’hésitez pas, je serais ravi de partager mon expérience avec vous.

Après un dernier sourire bienveillant, le pasteur se mit en route. La petite Victoria, elle, continuait de regarder en arrière et de contempler Simon, mais cette fois elle avait l’air triste, comme si le peu dit et observé lui avait comprendre qu’un drame s’était déroulé dans la vie de l’enfant à qui elle tirait les cheveux et qui refusait toujours d’affronter son regard. Et alors que son père, occupé à surveiller la route, s’apprêtait à passer la barrière, elle agita la main. George pensait que c’était pour dire au revoir et répondit à son geste avant de comprendre son erreur. Autour de Simon, des fleurs avaient jaillies, poussant en touffes diffuses : des jonquilles, des marguerites, des tulipes aux pétales chaudes et joyeuses rendues plus éclatantes encore par les rayons du soleil. Surpris, Simon cessa de protéger ses jouets et contempla les fleurs qui jaillissaient jusqu’à former un véritable bosquet autour de lui. Il effleura les clochettes d’un muguet qui répandait un parfum exquis et pour la première fois depuis cette nuit-là, un sourire se dessina sur les lèvres de l’enfant. Il leva enfin ses yeux verts sur Victoria au moment où son père roulait sur la route et la fillette agita la main avant d’enfin se retourner et laisser son père l’emmener. George le contempla la suivre des yeux, émerveillé par ce simple sourire, la façon dont il avait éclairé son regard et adouci son visage. Voilà comment il avait entendu parler de la petite Victoria Bennett : c’était une sorcière. Et faire parler et sourire Simon … ça avait été un sacré tour de magie.

-Tu vois, elle a été très gentille …
-Non, lâcha Simon en perdant son sourire. Non, elle est méchante, elle a volé mes jouets.
-Elle t’a donné des fleurs. Moi je pense qu’une fille qui t’offre des fleurs, c’est une amoureuse, non ?

Les joues pâles – si pâles – de Simon s’empourprèrent et il secoua obstinément la tête.

-Non ! Ce n’est pas mon amoureuse, c’est pas vrai !
-Qu’est-ce qui se passe ? Et d’où ça vient, tout ça ?!

Rose venait d’apparaître dans l’encadrement de la porte, l’assiette de pâtes au fromage de Simon dans une main et fixait les fleurs avec stupeur. George et Simon la contemplèrent avant de s’entreregarder. George eut le souffle coupé en prenant conscience qu’en quelques secondes, il avait tissé un lien avec son neveu, un lien qui serait appelé à s’étoffer, à s’épaissir, à devenir aussi indestructible que celui qui l’avait lié à Edgar. Emu sans savoir réellement dénouer tout ce qui se jouait en lui, il ébouriffa les cheveux soyeux de Simon.

-C’est notre secret à tous les deux …

Un sourire s’étira sur les minces lèvres de Simon, un sourire timide, tremblant comme un maigre rayon de soleil qui jaillit à travers un orage. Mais George arriva à y entrapercevoir toute l’espièglerie, toute la soif de vivre de ce garçon dont il avait la charge et qu’il devrait aider à se reconstruire. La route serait longue, douloureuse, tortueuse. Peut-être que tout ce qu’il bâtirait s’écroulerait comme la tour de cube, mais il se promettait de ne jamais rien lâcher. Il le devait à Edgar : il prendrait soin de son fils. Quoiqu’il en coûte.

Voilà ! J'espère que ce bonus vous aura plus malgré son côté ... tragique ahah ! On se retrouve la semaine prochaine pour le début de la partie 3 !
annabethfan

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par annabethfan »

Je suis presque pas en retard allez ! Je crois que j'avais dit que je ferai un com'-cit mais en vérité les parties 2 et 3 ne s'y prêtent pas tellement non plus donc je vais faire un peu comme en vocal et te faire des éloges, des analyses, des remarques :lol:

La partie 2

La montée en puissance de la découverte du drame du point de vue de Rose est magistrale et angoissante. On la découvre un peu, juste des détails, mais tu lui donnes une profondeur en quelques paragraphes qui rend ensuite le tragique encore plus tragique. J'aime la dualité que tu instaures entre les Bones et les Croupton, les liens qui se multiplient comme Rose assistance, les liens familiaux bien évidemment, toute cette généalogie et ces chemins croisés... Et puis autour de ça, on a les personnages qu'on connait en satellite comme Maugrey. Le fait que Cassie ait été sa protégée, de le voir - lui - déstabilisé par sa mort est profondément perturbant.

Quand Rose arrive devant la maison, le retardement de l'inévitable est suffocant. On ressent l'affolement de Rose que tu écris si bien, de façon si poétique aussi... Et je trouve que de découvrir la scène à travers son regard qui se promène... On a l'impression de voir des mouvements de caméra zoomés sur des points précis pour nous faire voir le pire, les corps, les traces de luttes. On voit ce qui est là et surtout ce qui n'est pas là, à savoir les enfants.

Je ne m'attendais pas du tout à ce que Cassie soit encore en vie. Ca m'a déstabilisé, je me disais que c'était impossible, parce que le but de bonus est bien de montrer leur mort donc il n'y a aucun espoir dans ce dernier instant de vie, juste une agonie pure, celui d'une mère qui pense à ses fils. C'est juste affreux et glaçant.
… suis morte … Edgar … Rose … les garçons … Simon … s’il te plait …
Au-delà des supplications de Cassie qui déchirent le coeur, je crois que cette phrase incomplète mais au sens si prégnant est la pire... "Je suis morte". Personne ne peut prononcer ça par essence, on ne peut pas prononcer sa mort et donc Cassie se projette, elle se sait condamnée. D'une certaine façon, c'est une morte vivante qui parle à ce moment et c'est glaçant. Il y a quelque chose de terrible dans ce présent, dans cette affirmation d'identité à travers le verbe être, dans cette revendication de la mort. Et pas la mort de n'importe qui, la mort d'une mère qui prononce le nom de son fils et qui supplie pour lui et ses frères.

En plus, il y avait un certain silence dans la scène jusque là... On imagine le son coupé au moment où Rose arrive devant la maison et voit la Marque, où les Aurors entrent, où Cassie prononce dans un souffle presque inaudible ses derniers mots... Et là le crie de désespoir de Rose qui appelle Spencer brise ça. La scène se remet en marche, elle s'accélère, on la voit monter les escaliers... Tu as une maîtrise de la tension de la scène incroyable parce qu'on sait ce qui s'est passé en lisant a partie 1, on sait où ils sont tous morts, mais tu relances tout l'enjeu à travers les yeux de Rose.

Au passage, le mot nécromage est bien trouvé !

Et puis évidemment quand Rose sort Simon du placard... Ah mon dieu....
Seul le nom de son benjamin avait franchi les lèvres mourrantes de Cassie. Comme si on instinct, pour la consoler dans son trépas, avait voulu lui donner un ultime cadeau : son fils était vivant.
La beauté de cette phrase...

Ensuite, le contraste avec Lysandra qui elle n'a rien à quoi se raccrocher... L'espoir de Rose est Simon, mais Lysa n'a rien et tout son tourment est si bien retranscrit. Tu as fait un travail d'écriture phénoménale pour illustrer l'horreur, le choc et le deuil qu'elle ressent. J'ai adoré découvrir son enfance et sa vie en même temps, ça nous laissait quelque chose pour souffler et surtout tu l'intègres parfaitement au reste. Le portrait en opposé de Cassie et Lysandra était sublime!
Inutile de dire que j'ai fangirlé au moment de l'apparition de Leo et des mentions de Julian et Charlotte :lol:
Tu sens tout l'amour entre eux, je trouve ça incroyable la façon dont tu poses le couple, la façon dont tu nous offres de nouveaux personnages mais on a l'impression de les connaître depuis dix chapitres tant ils paraissent vivants !

La partie 3

Je ne repasse pas sur la partie avec Rita parce que je te l'ai déjà analysé en vocal mais j'ai adoré ce que tu retranscris de sa personnalité ! L'écriture était sublime là encore, genre vraiment j'ai vu passer des phrases juste renversantes !
Dans ce marasme de voix indistinctes, Rita n’en étendait qu’une, issue du gouffre dans lequel s’engloutissaient ses souvenirs.
Tu penses que je vais te répondre ? Que je n’ai pas vu ton petit jeu ? Fais attention, Skeeter. Lorsqu’on se frotte au lion, on finit toujours par se faire mordre. Et crois-moi, je mords très vite et très fort.
Ce passage par exemple ! Mais incroyable !
Et il y aurait encore plein de citations à faire mais vraiment t'as mon admiration éternelle (smiley keur) !

Pareil, je ne le redis pas, mais la personnalité de Dumbledore, les tensions avec les Croupton, ou la dynamique de famille au sein des Bones sont superbement visibles en filagramme !

On a un peu évoqué George aussi en vocal mais ce renversement de rôle par rapport à Amelia est si subtil et si bien fait ! On ressent son individualité par rapport à son frère et sa soeur, mais on la ressent de manière positive: George réussi là où ils ont sans doute échoué (rester en vie déjà...haha) en étant présent pour sa famille.

Le passage où Simon hurle et repousse Lysandra... Mon dieu mon coeur. Ca m'a fait tellement mal pour elle, le traumatisme prend racine sous nos yeux autant pour lui que pour elle.

Et enfin, l'arrivée de Victoria, poseyy dans son porte bagage :lol: Ah cette scène faisait du bien! C'était la note d'espoir qui rattache la tragédie qu'est ce bonus à la fanfiction principale parce que le message est là : Simon est en vie, Simon et Victoria vont se retrouver ensemble à affronter leur avenir, et les mangemorts n'ont pas gagné. Je te le disais, les fleurs ne faisaient pas cliché. On en avait besoin et c'était profondément poétique.

Un travail magistral donc Perri vraiment :D
Scandium

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Scandium »

Bah, j'ai pas grand chose à commenter. On est sur du tragique. J'ai adoré avoir le PDV de Skeeter (punaise j'aurai jamais pensé dire ça un jour). C'était super intéréssant. Cassiopée avait l'air incroyable au fait. Et l'introduction de la découverte du passé de Dumbledre...

La scène avec Victoria m'a remplie de joie !
Cazolie

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Cazolie »

HELLOOOOO oui c'est moi pour le dernier chapitre ! Tu sais ce que je déteste ? Quand je trouve enfin le bon endroit de la page sur BN puis que je réduis la fenêtre pour en ouvrir unr 2e spécial commentaire et que du coup JE PERDS LE BON ENDROIT DE LA PAGE QSJFHERLGBBZKHGHZJKHVJKBj

Lol en vrai mon TD de géographie commence dans 5min mais bon (big up à Anna' et son "tu postes à la vitesse d'un TGV" hahaha)

Bon bah voilà y a pas que Hermione qui écrit à Viktor, calme-toi Ron (la prof vient d'arriver et elle a un petit ventre de femme enceinte c'est juste trop mignon)
"Je ne peux pas me permettre d'abandonner mon pays" OU D ABANDONNER SIMON ???
Haha ton petit speech sur les Harpies, on sent que tu t'y connais en sport quand même, jamais j'aurais pu insérer ce genre de détail

HAHAHA l'adresse fournie par Hermione, je ris. J'espère que Ron n'était pas dans les parages quand elle l'a demandée

Elle est bizarre, la relation entre Emily et Victoria. Ce mélange de tension permanente et de "j'ai besoin de toi". C'est probablement réaliste hein haha, j'ai juste jamais vécu ça
C'était gênant cette discussion un peu

J'ai lu 10 000 mornilles le badge :lol: :lol: Victoria qui donne de l'argent on dirait moi dans le métro

Attends attends elle a pas grandi depuis ses 11 ans ?
Très joli cette introspection sinon :)
AH je m'attendais pas à ce rapprocheme,nt avec les Selwyn je dois dire haha

Aaaaaah Peeves :') J'avais oublié cette scène :lol:
Tous ces gens de Poudlard qui vont se retrouver liés les uns aux autres par les mariages divers :lol: Victoria s'imaginait pas non plus qu'elle allait partager des neveux avec Octavia tiens

"se marier avec son vampire" mais sympa :lol: Aucun intérêt mais j'aime trop le terme d'apothicaire
"la seule personne de l'école pour laquelle j'ai de l'affection" DUUUUR RENATA

Aaaaah Simon on l'avait pas encore vu, ça me manquait
Judy et Kenneth ont vraiment un grain haha, j'ai l'impression qu'à chaque fois qu'on les voit y en a un qui tape avec un balai
-Pari de moi à moi : tu pleures avant d’arriver au train.
-Et toi avant d’arriver aux diligences, contrattaquai-je en levant les yeux au ciel. Allez viens, dépêchons-nous, le monde ne veut pas voir ça.
Pouahahah ce retour à l'envoyeur
(ne pouvant s’en empêcher, elle prit nos mains dans les siennes et les serra). Prenez soin l’un de l’autre, d’accord ?
Hop là un petit mariage vite fait bien fait par Chourave
ne pouvait signifier qu’une Bennett sauvage n’était pas loin.
POKEMOOOON
Simon prénom-ridicule Bones !
Pouahahaha
Simon Wait-For-It Bones

Simon et Susan sont tellement mignons aaaah

OOOOH ILS SONT TOUS VENUUUUS
-Je l’ai vu descendre là-bas, intervint Octavia, qui nous avait suivies.
Evidemment Octavia est au courant des faits et gestes d'Ulysse

Est-ce qu'on peut noter que Miles n'apprécie pas Alex alors que Simon si ? Révélateur j'ai envie de dire
débattait avec George et Miro de la pertinence d’avoir un train qui nous amenait tous à Poudlard quand on avait tant de moyen de transport magique.
Le débat qui nous anime tous

Mooooh cette conclusion

Ah misère le bilan :lol:

1) Le développement des personnages, particulièrement Simon. Et l'intrication des histoires (ce qui se passe à Poudlard/les Selwyn/la famille de Simon, celle de Vic...) T'as super bien tenu tout ça !
2) Peut-être un peu trop de reprise de certains éléments ? Genre la métaphore filée sur le passage à l'âge adulte, ou Do you hear the people sing
3) SIMOOOOOOOOOON (et Vic). Chais pas, j'aime son évolution, et puis son caractère en général. Il est vraiment accessible comme personnage en plus (enfin la plupart de tes persos le sont) Dans le sens où on dirait pas un personnage idéalisé, je veux dire

4) EUUUUuuuh la plus marquante pour moi est celle de la révélation sur Simon, qui était en plus un très beau morceau d'écriture. Après je sais pas si c'est ma préférée parce que c'est horrible quoi :lol: Et je ne pense à aucune scène que j'ai moins aimé haha

5) BEAUCOUP DE LOVE

6) Non non, intrigues ficelées comme un rôti comme toujours !

7) O&P haha, je préfère les personnages. Je les trouve plus réalistes justement ! Ca sonne plus juste je pense, et tu abordes (selon mon souvenir) plus de problématiques un peu quotidiennes (les difficultés d'une relation, grandir, les tensions dans l'amitié) dans O&P

8) Tu es si talentueuse Perri <3
Tu sais que je dis ça en toute bienveillance Perri (vazy y a pas d'emoji bisou là)
Sinon rien au niveau de l'histoire :mrgreen:
Perripuce

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Perripuce »

BONJOUR A TOUS !

On commence par l'actualité sport ? C'est parti ! C'est le grand retour du tennis avec Roland Garros. Dimanche dernier, j'ai vraiment eu peur : les françaises et français se faisaient éliminer les uns après les autres après des combats parfois titanesque (Moutet, Herbert ...), j'ai vraiment cru qu'on finirait avec aucun français en deuxième semaine - ce qui aurait vraiment été la loose, un exploit digne de la FFL.
Or, nous voilà en deuxième semaine avec trois français.e.s en lice ! Chez les filles, Caroline Garcia tient admirablement son rang et Fiona Ferro crée la surprise. Mais la plus grande surprise c'est côté garçon avec le petit Hugo Gaston qui s'est défait de Stan Wawrinka (vainqueur en 2015) en 5 sets dans un match incroyable ! Par contre, il joue aujourd'hui contre Thiem (3e mondial, favori derrière l'intouchable Nadal), je crains que la marche soit un peu trop haute ...
Cyclisme maintenant avec Liège-Bastonne-Liège, ardennaise doyenne des classiques ET LA PREMIERE COURSE AVEC SON BEAU MAILLOT DE CHAMPION DU MONDE DE JULIAAAAAAAAN (Alaphilippe, hein, pas celui d'Anna'). Donc je vais croiser les doigts pour une victoire avec la plus belle des tenues héhéhéhé.
Oh, et y'a le Giro (Tour d'Italie) qui a commencé aussi, je mets une petite pièce sur Simon Yates que j'aime assez (et qui a donné son nom à Simon Bones, pour la petite histoire ! Je n'arrivais pas à trouver un prénom et j'ai pris Simon parce, par le plus grand des hasards, Simon Yates a un jumeau cycliste également (dans la même équipe) qui s'appelle Adam - soit mon perso principal masculin dans Lucy, j'ai trouvé ça drôle ... Ah, ça n'intéresse que moi? D'accoooooord j'arrête ...)

BON A PART CA : C'est parti pour une nouvelle partie d'Ombres et poussières ! Bon, là c'est le chapitre de transition (d'un autre point de vue, donc) et après je reprendrais mon rythme normal d'un chapitre toutes les deux semaines, en alternance avec Clem sur Minerva du coup ! Je vous avoue que j'ai du mal à trouver mon rythme, peut-être que ça se ressentira : je dois poser de nouvelles bases, prendre de nouveaux repères, enclencher de nouvelles dynamique et ça prend du temps. J'espère que vous comprendrez et que vous serez patient et que vous aimerez la mise en place !

Enfin, j'ai décidé de reprendre les citations (n'y voyez pas une copie d'Anna', ça fait un moment que j'y pense ! ça me manquait de découvrir et de faire découvrir des citations pour annoncer les chapitres ... J'ai un peu commencé avec le Bonus ahah mais ça commence vraiment maintenant ! Bonne lecture !


***


Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher à tout coup ! C’est la loi.
Le jour décroît ; la nuit augmente ; souviens-toi !
Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide.
- L’Horloge, Les Fleurs du mal, Baudelaire.
***


Chapitre de transition : L’horloge.

Tic-tac. L’horloge semblait être seule réalité dans la pièce, la dictatrice qui rythmait chaque journée et qui symbolisait le cours effroyable de la vie qui jamais ne cessait d’aller vers l’avant. Chaque avancée de l’aiguille tressautant rapprochait quiconque de la tombe et de son dernier souffle. C’était la machine impitoyable qui ne daignait jamais être compatissante lorsqu’on espérait durant un heureux instant que le temps s’arrête ou s’accélère, qu’il suive le cours de nos envies. L’horloge était là pour rappeler que le temps était la constante la plus sûre de l’existence : il s’écourtait, toujours au même rythme, inlassablement, inéluctablement. L’horloge était là pour rappeler à tout homme l’humilité et la brièveté d’une vie, car quand le temps finissait toujours par avoir son dû et réduisait les chairs à la poussière tout en poursuivant son cours.
Amelia Bones aimait cette horloge. Elle lui rappelait que chaque jour, elle n’avait pas une minute à perdre avant que le temps ne fasse son œuvre et ne fauche à son tour son souffle.

Elle redressa le monocle que lui imposait une vue extrêmement basse sur son œil droit. Elle aurait bien sûr pu choisir des lunettes à la correction différenciée, mais elle aimait assez cet anneau de fer qui la distinguait des autres et qui ne faisait qu’ajouter à l’aura de fermeté qui la baignait. Amelia était connue pour être une femme incorruptible et elle aimait que son apparence ne laisse aucun doute là-dessus.
Tic-tac. Le coucou sortit du ventre de l’horloge, annonçant les vingt-trois heures. Devant elle, penchée sur un coin de son bureau, sa belle-sœur Rose sursauta avant de mettre une main sur son cœur.

-Amy, cette horloge fait vraiment beaucoup trop de bruit, à chaque fois ça me fait peur …
-Moi je l’apprécie. C’est ma grand-mère Antonia qui me l’a offerte le jour où Herbert Perkins m’a demandé en mariage. Elle a été fort désappointée quand j’ai refusé.

Rose partit d’un petit rire et Amelia lui fut reconnaissante de ne pas avoir posé la question que chacun aurait posée à sa place. Pourquoi ne pas avoir accepté ? Pourquoi ne pas s’être mariée et avoir fondé une famille, comme ses frères ? Cela devait affreusement lui manquer … Mais Amelia déconcertait tout le monde en répondant que ce n’était absolument pas le cas. Elle était une femme de conviction et de travail, toute l’énergie qu’elle avait en elle, elle avait envie de la donner à la soif de justice qui brûlait dans ses veines et à sa volonté profonde de rendre ce monde meilleur. Par ailleurs, pourquoi faire des enfants alors qu’elle savait pertinemment faire une mère abominable ? La seule fois où Edgar lui avait laissé son fils Matthew âgé de trois ans avait suffi à le prouver. Non, réellement, la famille qui s’était constituée autour d’elle suffisait à son bonheur. Elle aimait tendrement ses frères qui avaient tous deux épousé des femmes de valeur qui avaient fini par devenir ses sœurs. Ses neveux et nièces étaient là pour assurer son envie de transmission, pas de son sang mais de son savoir. Elle était aussi fière de sa famille que de sa carrière, mais la perte d’une partie avait été sa plus douloureuse épreuve. Elle se souviendrait toute sa vie du jour où George était venue la sortir de son lit, dans ce même appartement, pour lui apprendre qu’il était arrivé malheur à Edgar. C’était elle, membre plus âgée et à présent cheffe de la famille Bones, qui avait été reconnaître son corps ainsi que celui de Cassiopée et de leurs deux fils à Ste Mangouste. Ce fut par ce droit d’aînesse qu’on lui avait proposé de reprendre la maison parentale de Terre-en-Landes et d’avoir la garde du petit Simon, unique survivant de la tuerie. Mais elle les avait refusés tout deux : que ferait-t-elle d’une maison si grande ? Par ailleurs, le titre de propriété se transmettait en ligne directe et c’était donc Simon qui en était le propriétaire en tant que dernier héritier d’Edgar et l’enfant serait bien mieux élevé avec George, au milieu de ses cousines Caroline et Susan et avec Rose qu’il ne lâchait plus depuis qu’elle l’avait découvert dans le placard.

Amelia ferma les yeux pour refouler tous ses souvenirs. Par Merlin, cela avait été des heures sombres … Mais des heures qu’elle semblait destiner à revivre. Car le Seigneur des Ténèbres était de retour. Et c’était ça qui la faisait travailler jusque tard dans la nuit.

-Rosie, tu peux repartir chez toi, je pense, évalua-t-elle en avisant la fatigue de son amie. Nous finirons ça demain …
-Attends … J’aimerais finir le dossier de la réhabilitation de Sirius.
Amelia abaissa son parchemin et jeta un regard compatissant sur Rose. Sa belle-sœur lui adressa un sourire penaud.
-Je sais, il y a plus urgent, mais … J’ai laissé Croupton l’envoyer à Azkaban sans procès, je n’ai pas pris la peine de réviser son dossier derrière … Et maintenant il est mort.

Elle se frotta la tempe, le visage décomposé par la dure réalité.

-Cassie ne l’aurait pas laissé pourrir à Azkaban … Elle savait que Sirius était quelqu’un de bien …
-Je doute que Cassie aurait pu faire quelque chose, même moi je n’ai pas réussi à faire entendre raison à Barty pour le procès de Sirius … Et de toute manière, je ne pense pas que ça aurait changé grand-chose avec les preuves qu’on avait … Jusque la semaine dernière, j’étais intimement persuadée que Sirius était coupable. Peter Pettigrow avait bien joué son coup …
-Et maintenant Sirius est mort et lui court dans la nature … Bon sang, vivement que tu deviennes ministre.

Amelia leva les yeux au ciel. Elle savait être pressentie pour remplacer Fudge aux élections qui auraient lieu à la fin de la semaine. Le ministre sortant avait tenté pendant deux semaines de se maintenir à un poste où il n’avait plus aucune légitimité après l’année atroce qu’il venait de faire subir à la Communauté Magique. Et alors qu’il déployait des trésors d’ingéniosité pour rester ministre, Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom lui avait posé un ultimatum qui se traduisait par « ne te dresse pas contre moi, ou je tuerais de moldus en masse ». L’effondrement causé par des Mangemorts du pont de Brockdale et l’attaque de géant qui avait lieu dans le Somerset avait eu raison de l’acharnement de Fudge, qui avait été mis en minorité au Mangemagot, déclenchant des élections expresses pour lesquels Amelia semblait favorite. Ce n’était pas une surprise, ni même une pression. C’était une éventualité à laquelle elle se préparait depuis qu’elle avait posé un pied au ministère, depuis qu’elle avait revêtu le badge de préfète-en-cheffe, depuis que Choixpeau avait susurré à son oreille qu’elle avait d’immense capacité que Poufsouffle affinerait, depuis que sa mère Susan l’avait emmené sur la tombe de leur ancêtre Seraphina Bones pour lui rappeler que les femmes de la famille étaient des femmes d’exception. Quelques années elle avait douté, car elle était tombée dans une fratrie, exceptionnellement dans la famille, c’était un homme qui prenait toute la lumière. Elle avouait qu’une sorte de rivalité l’avait animé face à Edgar, ce frère si doué, intelligent et prestigieux. C’était à la fois un modèle et un adversaire qui l’avait rendu plus forte. Et c’était bien pour cela qu’elle s’était crue mourir lorsqu’elle avait avisé son visage rendu blafard par la mort.
Ce poste de ministre qui semblait lui tendre les bras, elle le devait bien à Edgar. Parce que c’était grâce à lui qu’elle était devenue apte à l’occuper. Et qu’elle refusait qu’une telle tragédie se reproduise.

Elle réprima un soupir. Il y avait bien d’autres sorciers capables d’assumer le poste. Elle savait que Rufus Scrimegeour, le chef du bureau des Aurors, se présentait également et avait nombre de partisan, des partisans de la ligne dure, de ceux qui avaient portés aux nues Barty Croupton lors de la première guerre. Mais Amelia avait une certaine avance, celle que lui donnait l’expérience, du nom et de la stabilité. Personne ne doutait des capacités d’Amelia Susan Bones, de son sens de la justice, de son incorruptibilité qui en faisait la personne idéale face à des forces aussi sournoises que celles du Seigneur des Ténèbres. Et ça l’obligeait à régler sa succession à la Justice Magique, puisqu’elle comptait bien emmener sa brillante belle-sœur dans ses bagages et lui donner le poste de Dolores Ombrage.

-Je pensais à Tiberius Ogden pour prendre la tête du Département. Il a plusieurs années d’expérience au Magenmagot et il a été l’un des rares à prendre de bonnes décisions pendant l’aveuglement de Fudge et à résister à la pression de Malefoy …
-Je ne suis pas sûre qu’il ait la stature, Amy … Pourquoi pas Pius Thickness ?

Amelia grimaça. Evidemment que Pius Thickness avait une plus grande autorité : il était membre du Mangemagot depuis plus longtemps, avait fait parti de commission importante et était assurément un animal politique très habile. Trop habile, Amelia n’avait jamais réellement réussi à le cerner alors qu’il serpentait avec habilité d’un haut fonctionnaire à l’autre pour dispenser de ses conseils, ce qui lui avait donné un soutien certain. De l’impartialité ou de l’opportunisme … Amelia n’avais jamais su le dire. Avec un pincement au cœur, elle songea que Cassie ou Edgar avec leur instinct sûr aurait su. Un fin sourire s’étira sur les lèvres.

-Va me chercher Simon. Il va me dire.
-Oh, si tu veux un bon flair, demande plutôt à Victoria. Elle a un bien meilleur instinct que Simon et surtout, elle est bien plus réfléchie, Simon est un peu trop impulsif …

Elles soupirèrent toutes deux, le nom de Cassie au bord des lèvres. Son neveu avait beaucoup de sa mère biologique et elle avait très surprise que le Choixpeau ne l’ait pas envoyé comme elle et Matthew à Gryffondor. A dire vrai, elle soupçonnait que Simon, qui avait profondément enfoui son traumatisme à s’en persuader qu’il ne l’avait pas vécu, s’était totalement refusé à l’idée d’entrer dans cette maison qui n’était pas celle de George et Rose. Parfois, le Choixpeau prenait en compte les préférences de chacun … Puis un sourire retroussa ses lèvres lorsqu’elle repensa à la petite Victoria, la voisine de Rose qui avait été répartie à Poufsouffle avec Simon. Une jeune fille qui lui avait paru manquer d’une certaine assurance d’un prime abord, mais Amelia avait très vite perçu que ce n’était qu’une surface qui dissimulait une grande force. Elle avait très vite apprécié sa fraicheur et sa vivacité d’esprit.

-Victoria … Voilà une femme qui mériterait d’un jour porter le nom de Bones …

Rose eut regard éperdu avant de gratter son nez du bout de sa plume.

-Tu penses ? Avec Simon ? Enfin, Amy, ils se tapent dessus depuis qu'ils ont l'âge de le faire ... Je sais qu'ils se sont rapprochés, mais ...

De nouveau, Rose gratta l'arrête de son nez de sa plume et un pli soucieux apparu entre ses sourcils.C’était une expression habituelle chez elle lorsqu’un souci la tiraillait et qu’il concernant l’un de ses enfants. Et à bien des égards, Simon était devenu son fils, dès l’instant où il s’était désespérément accroché à elle lorsqu’elle l’avait extirpé de ce maudit placard. Amelia fronça les sourcils.

-Qu’il y-a-t-il ? C’est … c’est par rapport à Edgar, Simon est encore troublé ?
-Non, ça va un peu mieux, soupira Rose en laissant tomber sa plume. Victoria a fait de l’excellent travail, elle le force petit à petit à accepter … La semaine dernière, il m’a demandé des détails sur Edgar, par exemple. Sur sa vie à Poudlard …
-C’est parfait. Alors pourquoi tu fais cette tête ?

Rose se trémoussa sur sa chaise.

-Disons que George et moi … on soupçonne que Dumbledore lui ait proposé d’intégrer l’Ordre du Phénix. Et qu’il ait accepté.

A dire vrai, Amelia en était intimement persuadée sans avoir aucune information. Elle connaissait Dumbledore et elle connaissait son neveu, qui était le digne fils de ses parents. L’entrée de Simon dans l’Ordre du Phénix était une évidence pour elle depuis qu’elle avait compris que Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom était de retour. Bien sûr, ce n’était pas un choix qu’elle approuvait, elle qui était une femme de loi. Elle considérait qu’il n’y avait rien de pire que de s’opposer à Lui en utilisant les mêmes méthodes de clandestinités et de tromperies. S’il fallait triompher, il fallait que ce soit fait dans le cadre de la loi car les actions comme celles de l’Ordres réduisait celles du pays en miette et justifier qu’au nom d’un idéal, on pouvait les outrepasser. C’était que jeter l’autorité du Ministère à terre que cet Ordre. Malgré tout, elle comprenait mieux que quiconque pourquoi il avait été mis en place et quand bien même elle le désapprouvait, elle acceptait de coexister et de coopérer avec lui. Si vraiment il fallait qu’un tel organisme existe, alors autant que ce soit lui, guidé par le plus grand sorcier de tous les temps, du meilleur Auror que le Ministère n’ait jamais connu et … Edgar avait participé à sa formation. C’était son héritage et Amelia n’y était pas insensible. Simon non plus, visiblement.

-Si c’est le cas, j’espère que Victoria aura accepter aussi, dit-t-elle en trempant sa plume dans l’encrier. Ça ne serait pas surprenant avec tout ce qui se passe autour d’elle avec les Selwyn … et elle calmerait les ardeurs de Simon.
-Ça ne t’inquiète pas ? s’étonna Rose avec une note de reproche. Ton neveu qui ressemble décidemment trop à Cassie s’engage dans l’Ordre du Phénix et va risquer sa vie, et ça ne t’inquiète pas ?
-Je n’ai pas attendu ça pour être inquiète pour Simon, rétorqua Amelia, piquée au vif. Dès que Jugson s’est échappé, j’ai eu peur. Pourquoi crois-tu que je sois venue autant pendant les vacances de Pâques ? Jugson a tué tout le monde, même Spencer sous son lit. Il aurait tué Simon s’il avait eu le temps de le chercher et je ne pense pas qu’il soit ravi que le benjamin lui ait échappé. D’autant qu’il doit se douter que Simon a quelque part dans l’idée de venger ses parents et ses frères. C’est une menace réelle pour lui.

Rose écarquillait les yeux, soudainement anxieuse. Amelia s’en voulait ainsi d’agiter ce spectre sous son nez, mais c’était une triste réalité : même sans l’Ordre, Simon était en danger.
A dire vrai, quand on connaissait leurs antécédents, toute personne portant le nom « Bones » était en danger.

-Et pour ceux qui savent qu’il est le fils de Cassiopée … Elle a tué deux Mangemorts pour le compte du Ministère et de l’Ordre, tu le sais, Rosie, et d’autres s’en souviendront lorsqu’ils se retrouveront face à son fils. Plus Rosier que Maugrey a tué parce qu’il avait fait parti de l’attaque contre elle … Et ajoute à ça qu’avec l’héritage des Croupton et d’Edgar, Simon doit être dans les cinq chambres fortes les plus remplies de Gringrotts et que certaines familles partisanes peuvent avoir des droits sur cet argent …
-J’ai compris, la coupa Rose, livide. Ordre ou pas, ça ne change rien pour lui… Mais quand même, Amy, il n’a que dix-sept ans …
-Bientôt dix-huit, si je ne m’abuse. Il est majeur, Rose. Je sais que c’est douloureux, mais tu n’as plus ton mot à dire sur ses choix de vie. Si tu y tiens vraiment, j’irais lui parler, mais je doute que ce soit efficace. J’avais essayé de parler à Edgar et regarde ce qu’il s’est passé … Par ailleurs, ne sous-estime pas ton fils, Rose. Il a été accepté à l’IRIS, par Merlin, ça montre à quel point il est brillant. Même pour la petite Victoria je ne me fais qu’un souci modéré : occlumante, patronus corporel et ce qui s’est passé à Bristol montre parfaitement qu’elle a des capacités de duel. Elle a des atouts indéniables pour s’en sortir. Ils veulent se battre pour rendre le monde meilleur et même si j’aurais préféré qu’ils le fassent autrement, c’est une volonté que je respecte et j’admire. Comme je l’ai fait chez Edgar et Cassie.

Rose paraissait déchirée et Amelia ne pouvait pas l’en blâmer. Elle tapota la main de son amie avec un sourire qui se voulait rassurant.

-Rentre chez toi et pense à ça. Le dossier de Sirius pourra attendre demain.
-Très bien, céda-t-elle en s’arrachant de sa chaise. Oh et demain il faut aussi qu’on arrange ton programme pour l’élection …
-Mon programme est simple, l’interrompit fermement Amelia. Mettre tout en œuvre pour détruire les forces de Tu-Sais-Qui et le soumettre à la justice.

Rose eut un faible sourire, un sourire désabusé. Elle se drapa de sa cape d’été et posa son chapeau de soie violette qu’Amelia lui avait offert pour son anniversaire sur sa tête.

-Mon dieu, Amy, parfois je me dis que tu ne vaux pas mieux qu’Edgar … A demain.

Après un dernier signe, elle se dirigea vers la cheminée et les flammes vertes l’enveloppèrent pour l’emmener jusque Terre-en-Lande. Amelia se pencha de nouveau vers ses nombreux dossiers et jeta un coup d’œil sur celui de la réhabilitation de Sirius Black. Une photo, prise avant le drame, représentait un homme brun et souriant aux traits nobles et au charme indéniable. Une vie doublement fauchée par la guerre … Amelia s’était demandé pourquoi il n’avait jamais clamé son innocence et elle avait fini par comprendre qu’une partie de lui était morte le jour où son meilleur ami James Potter avait été tué. Qu’Azkaban avait été sa punition pour ne pas s’être dressé pour empêcher cette catastrophe.

Tic-tac. Minuit approchait et la pile des dossiers semblait encore haute. Mais Amelia ne s’attendait pas à avoir le moindre répit dans les années à venir. Pour une fois, elle se surprit à espérer que le temps ne suspende son cours assassin. Et le temps se chargea de lui rappeler qu’il n’avait aucune pitié. La trotteuse avançait toujours de son rythme infernal et un grand cri rempli l’espace, un cri strident qui perça les oreilles d’Amelia. Elle se leva d’un bond, baguette à la main, le cœur battant la chamade.
Ça, c’était son charme du cave inimucum. Et ce cri, ça signifiait qu’un ennemi était en train dans son champ d’action.
Amelia regarda un instant la vieille horloge avec une certaine amertume avant qu’un grand bruit ne se fasse entendre à l’intérieur de sa maison. Une sensation glacée s’empara de ses jambes et elle reconnut les effets du sortilège anti-transplanage. Alors son sang ne fit qu’un tour et elle entreprit de s’activer dans son bureau, le barricadant avec tous les sortilèges de protection qu’elle connaissait.

Evidemment. Amelia s’attendait à être un jour la cible du Seigneur des Ténèbres, comme Edgar l’avait été, non pour son appartenance à l’Ordre, mais parce que sa place au Ministère menaçait le bon déroulé de ses plans. Personne ne voulait de l’inébranlable et incorruptible Amelia Bones pour guider de façon avisée le Ministère.

Les volés se fermèrent, la clef tourna dans la porte pour la verrouiller, des ondes de lumières bleues, blanches et argentées ondulèrent dans l’air alors qu’elle se faisait prisonnière de son propre bureau. Avec un rire cynique, Amelia songea que cela résumait bien sa vie : prisonnière de son bureau, mariée à son travail, aliénée à ses dossiers. Et pourquoi ? Parce que la soif de justice coulait dans ses veines comme dans celles de chaque Bones et ce fut avec ce sang centenaire qui battait à ses tempes qu’elle attendit, la baguette dressée, qu’un ennemi voulant faire voler en éclat la justice de ce monde ne se présente devant elle. Alors que son cœur battait la chamade, elle invoqua à elle l’habilité de son frère Edgar, le courage de Cassiopée, les mots de sa mère Susan face à la tombe de leur ancêtre. Les Bones sont des femmes d’exception. Elle entendit un rire aigu de l’autre côté de la porte, sentit les secousses du mur alors qu’ils tentaient de briser ses sorts de protection. Alors qu’elle songeait qu’elle aurait peut-être le temps d’annihiler leur sortilège anti-transplanage, une déflagration retentit depuis le centre de la pièce et Amelia se trouva projetée au sol, le souffle coupé mais la baguette toujours fermement enfermée dans sa main. Elle se redressa aussi vite que lui permettait ses vieux os et son cœur faillit s’arrêter de battre lorsqu’elle vit qui était soudainement apparu dans la pièce, un fin sourire aux lèvres et la baguette d’if tenue entre ses longs doigts blafard.
Lord Voldemort en personne était venu s’occuper d’elle.

Elle se dressa sur ses pieds, prête à affronter la mort personnifiée en cet homme qui n’avait plus grand-chose d’humain. Sa tête plate et sans relief évoquait celle d’un serpent et ses yeux rougeoyait d’une lueur malsaine. Elle ignorait totalement comme il avait réussi à briser ses sortilèges : la pièce était intacte, la porte encore verrouillée, la fenêtre fermée de ses volets. Il connaissait décidément des trésors de magies inconnu du commun des mortels … Elle sentit à peine la peur l’envahir, tout étourdie qu’elle était encore par la chute. L’homme en face d’elle semblait jubiler.

-Amelia Bones, entonna-t-il d’une voix qui la caressait comme du velours. Je dois dire que … c’est un honneur.

Amelia n’attendit pas qu’il joue avec elle comme d’une souris : elle attaqua. Voldemort para sans peine et jeta un sortilège de la mort qu’elle évita d’un bond. Pendant plusieurs minutes, l’adrénaline gonfla ses veines et à chaque étincelle projetée en l’air elle voyait un pan de sa vie, un visage perdu, des personnes qu’elle avait aimées. Elle revoyait sa mère, cette femme forte et intègre qu’un Mangemort avait fauché un jour, Edgar, prêt à se battre pour ses enfants et pour la justice, Cassiopée la lionne capable de lutter jusqu’au dernier souffle. Elle puisa en eux pour livrer au Seigneur des Ténèbres un combat acharné : le miroir derrière elle vola en éclat, le pied de son bureau fut brisé, déséquilibrant le plateau qui envoya valser son contenu, un sortilège l’atteint au bras d’où du sang se déversait à présent en abondance. Et alors qu’il prenait le dessus sur elle, elle se fendit avec un cri de rage et un éclair sombre l’atteint à la joue, y creusant un sillon écarlate. Le sang qui perla jusqu’au coin de sa bouche si fine qu’elle semblait être une cicatrice parut décupler la fureur qu’il éprouvait face à sa résistance : avec un cri de rage, il projeta contre elle un sortilège qui l’atteint en pleine poitrine et l’envoya s’écraser contre le mur, haletante, meurtrie. Elle passa une main sur son flanc où une tâche de sang de plus en plus étendue tâchait sa robe de sorcière, s’écoulant comme sa vie d’une plaie qu’elle sentait profonde. Elle tenta de se relever mais la douleur était insoutenable et elle s’affaissa contre le mur sous les yeux satisfait du seigneur des ténèbres. Malgré tout, elle continua d’attaquer depuis sa modeste position, des sorts de plus en plus faibles qu’il n’eut aucun mal à parer jusqu’à ce sa baguette s’échappe de ses mains pour aller rouler contre le parquet, vaincue. Amelia se laissa aller contre le mur, à bout de souffle, la main crispée contre son côté alors que Voldemort approchait à pas lents pour pointer sa baguette sur sa tête. Amelia leva les yeux et un sourire absurde s’étira sur ses lèvres. Depuis la mince ligne écarlate sur sa joue, du sang s’écoulait toujours. Les dieux ne saignaient pas. Lord Voldemort, malgré ses pouvoirs hors norme, malgré sa résurrection inexplicable, malgré tous ses prodiges, était un homme. Comme eux, sa vie était liée à son sang. Et comme eux il saignait.

-Vous ne gagnerez pas, lança-t-elle d’une voix rendue rauque par le combat. Un jour, quelqu’un se dressera et vous prouvera que vous n’êtes que mortel.
-Et qui pourrait se dresser contre moi, dis-moi ? douta Voldemort d’une voix doucereuse. Quand Albus Dumbledore n’a pas su au Ministère me vaincre, quand toi qu’on dit plus grande sorcière de ta génération gît devant moi comme une proie offerte … Qui pourra se dresser contre Lord Voldemort ?
-Je n’ai pas la réponse. Mais la Mort vient toujours chercher son dû. Ce n’est qu’une question de temps.

Tic-Tac. L’horloge n’avait pas dit son dernier mot alors que les secondes qui rapprochaient Amelia de la mort ne semblait jamais avoir été si courte. La fureur anima brièvement les traits floutés du mage noir et il siffla avec colère :

-Avada kedavra !

La lumière verte devint la seule réalité d’Amelia alors que son temps arrivait à son terme et que l’horloge qui régissait sa vie enfin s’apaisait avant de se briser. Son esprit quitta cette vie avec la certitude que son combat n’était pas perdu. D’autres étaient là pour le mener à sa suite … pour réduire son assassin à ombres et poussières.
Dernière modification par Perripuce le dim. 11 oct., 2020 6:07 pm, modifié 1 fois.
Scandium

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Scandium »

Oh la la ! Super inattendu !! ça annonce du lourd pour cette troisième partie, j'ai hpate de voir ça !
Charmimnachirachiva

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Charmimnachirachiva »

Coucou !
Alors je sais que j'ai pas com depuis ... il y a quelques chapitres... :?
Du coup commentaire du bonus :

Partie 1 :
Déjà, ce pdv d'Edgar, c'était déchirant, la ref au conte des trois frères était magnifique, le "pourquoi Simon prendrait la pierre de résurrection" était juste !!!!!!!!!!!!
Et Matthew, avec la fanfic d'Anna en plus, c'est d'autant plus déchirant.
Comme je suis un peu étrange, c'est la partie que j'ai préféré, elle m'a fait monter les larmes aux yeux ! (je trouve que les scènes tristes sont les plus belles)

Partie 2 :
Les derniers mots de Cassiopée, cet instinct de mère comme quoi elle sait que Simon est encore en vie, c'est super beau.
Sinon, le pdv de Rose, le moment où elle trouve Simon, j'ai adoré. Là, c'était une période pdv des Bones (je me suis toujours pas remise de la mort d'Amy) et c'est troooooooop triste mais du coup aussi magnifique.
J'ai était super contente de découvrir un peu plus le côté ''Croupton'' de la famille de Simon avec Lysandra (les Black sont partout !!! ça me fait vraiment bizarre de me dire que Simon est Black au xxxième degré) et Leonidas GRIMS (genre comme le cousin que la maman de Julian aime bien ;) :shock: ). J'aime bien la personnage de Lysandra, je la trouve pas parfaite mais cohérante ! Ses larmes à la fin donnaient tout son sens au titre de cette partie de bonus.

Partie 3 :
Il fallait y penser pour faire l’enterrement des Bones du pdv de Skeeter !
Je trouve ...instructif le fait de rentrer dans sa tête pendant quelques minutes.
Après je trouve que ça enlève un peu le côté tragique de l'enterrement, mais comme t'as pas mal (BEAUCOUP) insisté dessus sur les deux autres parties c'est pas bien grave.
J'ai bien aimé la ref au cimetière de Godric's Hollow avec la vierge au trait de Seraphina Bones ! Et le père de Dumby enterré ici...
La dernière scène avec Vicky était juste parfaite !!!

Alors maintenant, passons au chapitre (toujours pas de com-cit) :
Déjà, la métaphore du temps vers la mort représenté par l'horloge était, certes, classique mais aussi superbe !
La goutte de sang, le savoir que quelqu'un finira par battre Voldy à la fin est génial ! Enfin, Voldemort est quand-même venu spécialement pour Amy, ce qui montre bien qu'elle est très puissante !!!
Je suis trop triste qu'elle soit morte :cry: :cry: :cry: , moi je l'aimais bien Amy !

Et sur ce mot de la fin, je dis juste que j'ai hâte de connaitre la réaction de Simon quand il apprendra la mort de sa tante !
Mali26

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Mali26 »

Nooooooooooooooooooooooooooooooooooooooon

Je ne voulais pas arriver à la fin de ce qui est publié, maintenant je vais devoir attendre toutes les deux semaines :cry:
...Tu l'auras compris, j'adore, ça fait un petit bout de temps que je n'étais pas venue sur Booknode et quel plaisir de voir que il y a de nouvelles fanfic HP géniales à dévorer !!! Mon week end et mes révisions y sont passées :lol:

Petit(gros) (pas Peter) retour :

J'avais lu Lucy que j'avais déjà trouvé super mais je préfère celle-ci car j'adore évoluer d'un point de vue extérieur au golden trio et revivre les évènements des derniers tomes !

Les personnages sont super bien développés et on a envie d'intégrer la bande (enfin en 6eme année en tout cas). J'adore ce que tu as fait avec Cédric, déjà que sa mort me touchait pas mal à travers Harry mais après ça je vais pleurer à chaque fois c'est sûr :lol:

Je suis contente que la relation Victoria-Simon arrive pas trop vite, ça prend son temps un peu comme dans la vraie vie parfois..même si on a quand même en vie de les secouer un bon coup pour qu'ils se réveillent, avec les déclarations qu'ils se font, comment ne se sont-ils pas déjà rendu compte qu'ils vont finir ensemble??
Sinon j'ai hâte de les voir intégrer l'ordre et effectuer leurs 1ères missions toussa toussa

J'ai bien aimé aussi que tu parles de la seconde guerre mondiale, l'intrigue par rapport au grand père de Victoria était vraiment bien. Celle des origines de Simon aussi, j'ai beaucoup aimé les parties sur les Bones. L'intrigue que j'ai peut être la moins aimée est celle sur Alexandre et Melania mais juste parce que ça me paraissait trop improbable qu'ils se rencontrent, j'ai quand même adoré la scène du toit !

Voilà voilà tu peux compter sur moi pour être là dans 2 semaines ;)
Dernière modification par Mali26 le dim. 11 oct., 2020 1:52 pm, modifié 1 fois.
MelleChachow

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par MelleChachow »

Un super bonus et un chapitre de transition juste parfait !
Je savais qu'Amelia mourait et j'avais hate de savoir ce que tu allais faire à ce sujet et je ne suis vraiment pas déçue !
Elle meurt dignement, comme une vraie Bones !
Hate de lire la suite ! :D
annabethfan

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par annabethfan »

Perripuce a écrit : dim. 04 oct., 2020 12:39 pm BONJOUR A TOUS !

On commence par l'actualité sport ? C'est parti ! C'est le grand retour du tennis avec Roland Garros. Dimanche dernier, j'ai vraiment eu peur : les françaises et français se faisaient éliminer les uns après les autres après des combats parfois titanesque (Moutet, Herbert ...), j'ai vraiment cru qu'on finirait avec aucun français en deuxième semaine - ce qui aurait vraiment été la loose, un exploit digne de la FFL.
Or, nous voilà en deuxième semaine avec trois français.e.s en lice ! Chez les filles, Caroline Garcia tient admirablement son rang et Fiona Ferro crée la surprise. Mais la plus grande surprise c'est côté garçon avec le petit Hugo Gaston qui s'est défait de Stan Wawrinka (vainqueur en 2015) en 5 sets dans un match incroyable ! Par contre, il joue aujourd'hui contre Thiem (3e mondial, favori derrière l'intouchable Nadal), je crains que la marche soit un peu trop haute ...
Cyclisme maintenant avec Liège-Bastonne-Liège, ardennaise doyenne des classiques ET LA PREMIERE COURSE AVEC SON BEAU MAILLOT DE CHAMPION DU MONDE DE JULIAAAAAAAAN (Alaphilippe, hein, pas celui d'Anna'). Donc je vais croiser les doigts pour une victoire avec la plus belle des tenues héhéhéhé.
Oh, et y'a le Giro (Tour d'Italie) qui a commencé aussi, je mets une petite pièce sur Simon Yates que j'aime assez (et qui a donné son nom à Simon Bones, pour la petite histoire ! Je n'arrivais pas à trouver un prénom et j'ai pris Simon parce, par le plus grand des hasards, Simon Yates a un jumeau cycliste également (dans la même équipe) qui s'appelle Adam - soit mon perso principal masculin dans Lucy, j'ai trouvé ça drôle ... Ah, ça n'intéresse que moi? D'accoooooord j'arrête ...) Tu te rends compte que ton intro sport fait un quart du chapitre de transition :lol: :lol:

BON A PART CA : C'est parti pour une nouvelle partie d'Ombres et poussières ! Bon, là c'est le chapitre de transition (d'un autre point de vue, donc) et après je reprendrais mon rythme normal d'un chapitre toutes les deux semaines, en alternance avec Clem sur Minerva du coup ! Je vous avoue que j'ai du mal à trouver mon rythme, peut-être que ça se ressentira : je dois poser de nouvelles bases, prendre de nouveaux repères, enclencher de nouvelles dynamique et ça prend du temps. J'espère que vous comprendrez et que vous serez patient et que vous aimerez la mise en place !

Enfin, j'ai décidé de reprendre les citations (n'y voyez pas une copie d'Anna', ça fait un moment que j'y pense ! ça me manquait de découvrir et de faire découvrir des citations pour annoncer les chapitres ... J'ai un peu commencé avec le Bonus ahah mais ça commence vraiment maintenant ! Bonne lecture !


***


Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher à tout coup ! C’est la loi.
Le jour décroît ; la nuit augmente ; souviens-toi !
Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide.
- L’Horloge, Les Fleurs du mal, Baudelaire.
Très belle citation au passage, Baudelaire toujours dans mon coeur !

***


Chapitre de transition : L’horloge.

Tic-tac. L’horloge semblait être seule réalité dans la pièce, la dictatrice qui rythmait chaque journée et qui symbolisait le cours effroyable de la vie qui jamais ne cessait d’aller vers l’avant. Engageant déjà comme début... La phrase est d'une beauté absolue mais ça déprime bien :lol: Chaque avancée de l’aiguille tressautant rapprochait quiconque de la tombe et de son dernier souffle. T'étais pas bien ce jour là ? (Mais vraiment e le répètes c'est magnifique ! C’était la machine impitoyable qui ne daignait jamais être compatissante lorsqu’on espérait durant un heureux instant que le temps s’arrête ou s’accélère, qu’il suive le cours de nos envies. L’horloge était là pour rappeler que le temps était la constante la plus sûre de l’existence : il s’écourtait, toujours au même rythme, inlassablement, inéluctablement. CE TALENTL’horloge était là pour rappeler à tout homme l’humilité et la brièveté d’une vie, car quand le temps finissait toujours par avoir son dû et réduisait les chairs à la poussière tout en poursuivant son cours. Ce premier paragraphe est vraiment une pure merveille, je suis tellement admirative de ta plume Perri *keur keur*
Amelia Bones aimait cette horloge. Elle lui rappelait que chaque jour, elle n’avait pas une minute à perdre avant que le temps ne fasse son œuvre et ne fauche à son tour son souffle. Je vois où tu vas en venir rien qu'avec cette phrase et je te déteste

Elle redressa le monocle que lui imposait une vue extrêmement basse sur son œil droit. Elle aurait bien sûr pu choisir des lunettes à la correction différenciée, mais elle aimait assez cet anneau de fer qui la distinguait des autres et qui ne faisait qu’ajouter à l’aura de fermeté qui la baignait. Amelia était connue pour être une femme incorruptible et elle aimait que son apparence ne laisse aucun doute là-dessus. Je trouve ça intéressant de se dire qu'Amelia, même si elle n'accorde pas de l'importance à son apparence de manière classique et "féminine" comme on l'entend traditionnellement, se soucie de l'image qu'elle renvoie et assoit son autorité grâce à son apparence.
Tic-tac. Le coucou sortit du ventre de l’horloge, annonçant les vingt-trois heures. Devant elle, penchée sur un coin de son bureau, sa belle-sœur Rose sursauta avant de mettre une main sur son cœur.

-Amy, cette horloge fait vraiment beaucoup trop de bruit, à chaque fois ça me fait peur …
-Moi je l’apprécie. C’est ma grand-mère Antonia qui me l’a offerte le jour où Herbert Perkins m’a demandé en mariage. Elle a été fort désappointée quand j’ai refusé.

Rose partit d’un petit rire et Amelia lui fut reconnaissante de ne pas avoir posé la question que chacun aurait posée à sa place. Pourquoi ne pas avoir accepté ? Pourquoi ne pas s’être mariée et avoir fondé une famille, comme ses frères ? Cela devait affreusement lui manquer … Mais Amelia déconcertait tout le monde en répondant que ce n’était absolument pas le cas. Elle était une femme de conviction et de travail, toute l’énergie qu’elle avait en elle, elle avait envie de la donner à la soif de justice qui brûlait dans ses veines et à sa volonté profonde de rendre ce monde meilleur. Par ailleurs, pourquoi faire des enfants alors qu’elle savait pertinemment faire une mère abominable ? La seule fois où Edgar lui avait laissé son fils Matthew âgé de trois ans avait suffi à le prouver. Je veux un bonus là-dessus :lol: :lol: Non, réellement, la famille qui s’était constituée autour d’elle suffisait à son bonheur. Elle aimait tendrement ses frères qui avaient tous deux épousé des femmes de valeur qui avaient fini par devenir ses sœurs. Ses neveux et nièces étaient là pour assurer son envie de transmission, pas de son sang mais de son savoir. Elle était aussi fière de sa famille que de sa carrière, mais la perte d’une partie avait été sa plus douloureuse épreuve. Elle se souviendrait toute sa vie du jour où George était venue la sortir de son lit, dans ce même appartement, pour lui apprendre qu’il était arrivé malheur à Edgar. C’était elle, membre plus âgée et à présent cheffe de la famille Bones, qui avait été reconnaître son corps ainsi que celui de Cassiopée et de leurs deux fils à Ste Mangouste. J'ai l'image du bonus avec Lysandra complètement désespérée... Ce fut par ce droit d’aînesse qu’on lui avait proposé de reprendre la maison parentale de Terre-en-Landes et d’avoir la garde du petit Simon, unique survivant de la tuerie. Mais elle les avait refusés tout deux : que ferait-t-elle d’une maison si grande ? Par ailleurs, le titre de propriété se transmettait en ligne directe et c’était donc Simon qui en était le propriétaire en tant que dernier héritier d’Edgar et l’enfant serait bien mieux élevé avec George, au milieu de ses cousines Caroline et Susan et avec Rose qu’il ne lâchait plus depuis qu’elle l’avait découvert dans le placard.

Amelia ferma les yeux pour refouler tous ses souvenirs. Par Merlin, cela avait été des heures sombres … Mais des heures qu’elle semblait destiner à revivre. Car le Seigneur des Ténèbres était de retour. J'imagine tellement pas le désespoir des personnes comme Amelia qui ont tant perdu dans la première guerre... Le voir revenir après tout ce temps...Et c’était ça qui la faisait travailler jusque tard dans la nuit.

-Rosie, tu peux repartir chez toi, je pense, évalua-t-elle en avisant la fatigue de son amie. Nous finirons ça demain …
-Attends … J’aimerais finir le dossier de la réhabilitation de Sirius. OUI MERCI
Amelia abaissa son parchemin et jeta un regard compatissant sur Rose. Sa belle-sœur lui adressa un sourire penaud.
-Je sais, il y a plus urgent, mais … J’ai laissé Croupton l’envoyer à Azkaban sans procès, je n’ai pas pris la peine de réviser son dossier derrière alors que j’avais promis à Lysandra de le faire … Et maintenant il est mort. Pourquoi Lysandra particulièrement ?

Elle se frotta la tempe, le visage décomposé par la dure réalité.

-Cassie ne l’aurait pas laissé pourrir à Azkaban … Elle savait que Sirius était quelqu’un de bien …
-Je doute que Cassie aurait pu faire quelque chose, même moi je n’ai pas réussi à faire entendre raison à Barty pour le procès de Sirius … Et de toute manière, je ne pense pas que ça aurait changé grand-chose avec les preuves qu’on avait … Jusque la semaine dernière, j’étais intimement persuadée que Sirius était coupable. Peter Pettigrow avait bien joué son coup … Et on oublie souvent ce coup de "génie" de Peter quand même. Il a réussi à duper les plus grands esprits de son temps. En faire un simple imbécile est si loin de la réalité, je le vois vraiment comme une personne avec des talents opposés à James et Sirius. Peter savait se faire discret, être subtil, retourner les choses en sa faveur et c'est ce qui lui a permis de s'en sortir toute sa vie.
-Et maintenant Sirius est mort et lui court dans la nature … Bon sang, vivement que tu deviennes ministre. Si seulement

Amelia leva les yeux au ciel. Elle savait être pressentie pour remplacer Fudge aux élections qui auraient lieu à la fin de la semaine. Le ministre sortant avait tenté pendant deux semaines de se maintenir à un poste où il n’avait plus aucune légitimité après l’année atroce qu’il venait de faire subir à la Communauté Magique. Et alors qu’il déployait des trésors d’ingéniosité pour rester ministre, Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom lui avait posé un ultimatum qui se traduisait par « ne te dresse pas contre moi, ou je tuerais de moldus en masse ». L’effondrement causé par des Mangemorts du pont de Brockdale et l’attaque de géant qui avait lieu dans le Somerset avait eu raison de l’acharnement de Fudge, qui avait été mis en minorité au Mangemagot, déclenchant des élections expresses pour lesquels Amelia semblait favorite. Ce n’était pas une surprise, ni même une pression. C’était une éventualité à laquelle elle se préparait depuis qu’elle avait posé un pied au ministère, depuis qu’elle avait revêtu le badge de préfète-en-cheffe, depuis que Choixpeau avait susurré à son oreille qu’elle avait d’immense capacité que Poufsouffle affinerait, depuis que sa mère Susan l’avait emmené sur la tombe de leur ancêtre Seraphina Bones pour lui rappeler que les femmes de la famille étaient des femmes d’exception. Quelques années elle avait douté, car elle était tombée dans une fratrie, exceptionnellement dans la famille, c’était un homme qui prenait toute la lumière. Elle avouait qu’une sorte de rivalité l’avait animé face à Edgar, ce frère si doué, intelligent et prestigieux. La dynamique entre eux devait être fascinante n'empêche ! C’était à la fois un modèle et un adversaire qui l’avait rendu plus forte. Et c’était bien pour cela qu’elle s’était crue mourir lorsqu’elle avait avisé son visage rendu blafard par la mort. Bah vas-y achève nous !
Ce poste de ministre qui semblait lui tendre les bras, elle le devait bien à Edgar. Parce que c’était grâce à lui qu’elle était devenue apte à l’occuper. Et qu’elle refusait qu’une telle tragédie se reproduise. Je le redis je sais, mais ce texte est d'une beauté !

Elle réprima un soupir. Il y avait bien d’autres sorciers capables d’assumer le poste. Elle savait que Rufus Scrimegeour, le chef du bureau des Aurors, se présentait également et avait nombre de partisan, des partisans de la ligne dure, de ceux qui avaient portés aux nues Barty Croupton lors de la première guerre. Mais Amelia avait une certaine avance, celle que lui donnait l’expérience, du nom et de la stabilité. Personne ne doutait des capacités d’Amelia Susan Bones, de son sens de la justice, de son incorruptibilité qui en faisait la personne idéale face à des forces aussi sournoises que celles du Seigneur des Ténèbres. Et ça l’obligeait à régler sa succession à la Justice Magique, puisqu’elle comptait bien emmener sa brillante belle-sœur dans ses bagages et lui donner le poste de Dolores Ombrage.

-Je pensais à Tiberius Ogden pour prendre la tête du Département. Il a plusieurs années d’expérience au Magenmagot et il a été l’un des rares à prendre de bonnes décisions pendant l’aveuglement de Fudge et à résister à la pression de Malefoy …
-Je ne suis pas sûre qu’il ait la stature, Amy … Pourquoi pas Pius Thickness ?

Amelia grimaça. Evidemment que Pius Thickness avait une plus grande autorité : il était membre du Mangemagot depuis plus longtemps, avait fait parti de commission importante et était assurément un animal politique très habile. Trop habile, Amelia n’avait jamais réellement réussi à le cerner alors qu’il serpentait avec habilité d’un haut fonctionnaire à l’autre pour dispenser de ses conseils, ce qui lui avait donné un soutien certain. De l’impartialité ou de l’opportunisme … Amelia n’avais jamais su le dire. Avec un pincement au cœur, elle songea que Cassie ou Edgar avec leur instinct sûr aurait su. Un fin sourire s’étira sur les lèvres.

-Va me chercher Simon. Il va me dire.
-Oh, si tu veux un bon flair, demande plutôt à Victoria. Elle a un bien meilleur instinct que Simon et surtout, elle est bien plus réfléchie, Simon est un peu trop impulsif … Comme sa mère... N'empêche j'adore comment ils ont débarqué dans la conversation :lol:

Elles soupirèrent toutes deux, le nom de Cassie au bord des lèvres. Son neveu avait beaucoup de sa mère biologique et elle avait très surprise que le Choixpeau ne l’ait pas envoyé comme elle et Matthew à Gryffondor. A dire vrai, elle soupçonnait que Simon, qui avait profondément enfoui son traumatisme à s’en persuader qu’il ne l’avait pas vécu, s’était totalement refusé à l’idée d’entrer dans cette maison qui n’était pas celle de George et Rose. Parfois, le Choixpeau prenait en compte les préférences de chacun … Puis un sourire retroussa ses lèvres lorsqu’elle repensa à la petite Victoria, la voisine de Rose qui avait été répartie à Poufsouffle avec Simon. Juste avant Simon en plus... Ca se trouve ça a joué aussi. Il ne voulait pas aller dans une autre maison et laisser Vic toute seule !Une jeune fille qui lui avait paru manquer d’une certaine assurance d’un prime abord, mais Amelia avait très vite perçu que ce n’était qu’une surface qui dissimulait une grande force. Elle avait très vite apprécié sa fraicheur et sa vivacité d’esprit.

-Victoria … Voilà une femme qui mériterait d’un jour porter le nom de Bones … J'ai explosé de rire!!! Même Amélia le dit !!!

Rose eut un sourire entendu avant de gratter son nez du bout de sa plume.

-Bien, maintenant qu’elle n’est plus avec son petit-ami, ça peut s’envisager … J’ai très attentivement étudié Simon quand il le l’a appris. Tu aurais vu son sourire … Je le connais trop pour qu’il me trompe. Je fangirl comme une idiote !

De nouveau, Rose gratta l’arrête de son nez de sa plume et un pli soucieux apparu entre ses sourcils. C’était une expression habituelle chez elle lorsqu’un souci la tiraillait et qu’il concernant l’un de ses enfants. Et à bien des égards, Simon était devenu son fils, dès l’instant où il s’était désespérément accroché à elle lorsqu’elle l’avait extirpé de ce maudit placard. Amelia fronça les sourcils.

-Qu’il y-a-t-il ? C’est … c’est par rapport à Edgar, Simon est encore troublé ?
-Non, ça va un peu mieux, soupira Rose en laissant tomber sa plume. Victoria a fait de l’excellent travail, elle le force petit à petit à accepter … La semaine dernière, il m’a demandé des détails sur Edgar, par exemple. Sur sa vie à Poudlard …Je trouve ça vraiment beau la façon dont Simon surmonte son traumatisme doucement
-C’est parfait. Alors pourquoi tu fais cette tête ?

Rose se trémoussa sur sa chaise.

-Disons que George et moi … on soupçonne que Dumbledore lui ait proposé d’intégrer l’Ordre du Phénix. Et qu’il ait accepté. Well...

A dire vrai, Amelia en était intimement persuadée sans avoir aucune information. Elle connaissait Dumbledore et elle connaissait son neveu, qui était le digne fils de ses parents. L’entrée de Simon dans l’Ordre du Phénix était une évidence pour elle depuis qu’elle avait compris que Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom était de retour. Bien sûr, ce n’était pas un choix qu’elle approuvait, elle qui était une femme de loi. Elle considérait qu’il n’y avait rien de pire que de s’opposer à Lui en utilisant les mêmes méthodes de clandestinités et de tromperies. S’il fallait triompher, il fallait que ce soit fait dans le cadre de la loi car les actions comme celles de l’Ordres réduisait celles du pays en miette et justifier qu’au nom d’un idéal, on pouvait les outrepasser. C'est marrant, ça me rappelle James qui pose la questions de la légalité à Dumbledore et ça le dérangeait justement parce que son père était Auror et que ça voulait dire outrepasser la loi ^^ C’était que jeter l’autorité du Ministère à terre que cet Ordre. Malgré tout, elle comprenait mieux que quiconque pourquoi il avait été mis en place et quand bien même elle le désapprouvait, elle acceptait de coexister et de coopérer avec lui. Si vraiment il fallait qu’un tel organisme existe, alors autant que ce soit lui, guidé par le plus grand sorcier de tous les temps, du meilleur Auror que le Ministère n’ait jamais connu et … Edgar avait participé à sa formation.Ce trio de choc n'empêche ! C’était son héritage et Amelia n’y était pas insensible. Simon non plus, visiblement.

-Si c’est le cas, j’espère que Victoria aura accepter aussi, dit-t-elle en trempant sa plume dans l’encrier. Ça ne serait pas surprenant avec tout ce qui se passe autour d’elle avec les Selwyn … et elle calmerait les ardeurs de Simon.
-Ça ne t’inquiète pas ? s’étonna Rose avec une note de reproche. Ton neveu qui ressemble décidemment trop à Cassie s’engage dans l’Ordre du Phénix et va risquer sa vie, et ça ne t’inquiète pas ?
-Je n’ai pas attendu ça pour être inquiète pour Simon, rétorqua Amelia, piquée au vif. Dès que Jugson s’est échappé, j’ai eu peur. Pourquoi crois-tu que je sois venue autant pendant les vacances de Pâques ? Jugson a tué tout le monde, même Spencer sous son lit. Il aurait tué Simon s’il avait eu le temps de le chercher et je ne pense pas qu’il soit ravi que le benjamin lui ait échappé. D’autant qu’il doit se douter que Simon a quelque part dans l’idée de venger ses parents et ses frères. C’est une menace réelle pour lui.

Rose écarquillait les yeux, soudainement anxieuse. Amelia s’en voulait ainsi d’agiter ce spectre sous son nez, mais c’était une triste réalité : même sans l’Ordre, Simon était en danger.
A dire vrai, quand on connaissait leurs antécédents, toute personne portant le nom « Bones » était en danger.

-Et pour ceux qui savent qu’il est le fils de Cassiopée … Elle a tué deux Mangemorts pour le compte du Ministère et de l’Ordre, tu le sais, Rosie, et d’autres s’en souviendront lorsqu’ils se retrouveront face à son fils. Plus Rosier que Maugrey a tué parce qu’il avait fait parti de l’attaque contre elle … Et ajoute à ça qu’avec l’héritage des Croupton et d’Edgar, Simon doit être dans les cinq chambres fortes les plus remplies de Gringrotts et que certaines familles partisanes peuvent avoir des droits sur cet argent …
-J’ai compris, la coupa Rose, livide. Ordre ou pas, ça ne change rien pour lui… Mais quand même, Amy, il n’a que dix-sept ans …
-Bientôt dix-huit, si je ne m’abuse. Il est majeur, Rose. Je sais que c’est douloureux, mais tu n’as plus ton mot à dire sur ses choix de vie. Si tu y tiens vraiment, j’irais lui parler, mais je doute que ce soit efficace. J’avais essayé de parler à Edgar et regarde ce qu’il s’est passé … Par ailleurs, ne sous-estime pas ton fils, Rose. Il a été accepté à l’IRIS, par Merlin, ça montre à quel point il est brillant. Même pour la petite Victoria je ne me fais qu’un souci modéré : occlumante, patronus corporel et ce qui s’est passé à Bristol montre parfaitement qu’elle a des capacités de duel. Elle a des atouts indéniables pour s’en sortir. Elle est loin la petite Victoria au début du Tournoi qui pensait ne pas être douée et galérait à boucler ses devoirs ! Ils veulent se battre pour rendre le monde meilleur et même si j’aurais préféré qu’ils le fassent autrement, c’est une volonté que je respecte et j’admire. Comme je l’ai fait chez Edgar et Cassie.

Rose paraissait déchirée et Amelia ne pouvait pas l’en blâmer. Elle tapota la main de son amie avec un sourire qui se voulait rassurant.

-Rentre chez toi et pense à ça. Le dossier de Sirius pourra attendre demain.
-Très bien, céda-t-elle en s’arrachant de sa chaise. Oh et demain il faut aussi qu’on arrange ton programme pour l’élection …
-Mon programme est simple, l’interrompit fermement Amelia. Mettre tout en œuvre pour détruire les forces de Tu-Sais-Qui et le soumettre à la justice.

Rose eut un faible sourire, un sourire désabusé. Elle se drapa de sa cape d’été et posa son chapeau de soie violette qu’Amelia lui avait offert pour son anniversaire sur sa tête.

-Mon dieu, Amy, parfois je me dis que tu ne vaux pas mieux qu’Edgar … A demain. Fameuse dernières paroles envers Amelia....

Après un dernier signe, elle se dirigea vers la cheminée et les flammes vertes l’enveloppèrent pour l’emmener jusque Terre-en-Lande. Amelia se pencha de nouveau vers ses nombreux dossiers et jeta un coup d’œil sur celui de la réhabilitation de Sirius Black. Une photo, prise avant le drame, représentait un homme brun et souriant aux traits nobles et au charme indéniable. Une vie doublement fauchée par la guerre … Nan mais vraiment tu veux me déprimerAmelia s’était demandé pourquoi il n’avait jamais clamé son innocence et elle avait fini par comprendre qu’une partie de lui était morte le jour où son meilleur ami James Potter avait été tué. Qu’Azkaban avait été sa punition pour ne pas s’être dressé pour empêcher cette catastrophe. J'ai les larmes aux yeux.... Rah ce que j'aime Sirius

Tic-tac. Minuit approchait et la pile des dossiers semblait encore haute. Mais Amelia ne s’attendait pas à avoir le moindre répit dans les années à venir. Pour une fois, elle se surprit à espérer que le temps ne suspende son cours assassin. Et le temps se chargea de lui rappeler qu’il n’avait aucune pitié. La trotteuse avançait toujours de son rythme infernal et un grand cri rempli l’espace, un cri strident qui perça les oreilles d’Amelia. Elle se leva d’un bond, baguette à la main, le cœur battant la chamade.
Ça, c’était son charme du cave inimucum. Et ce cri, ça signifiait qu’un ennemi était en train dans son champ d’action.
Amelia regarda un instant la vieille horloge avec une certaine amertume avant qu’un grand bruit ne se fasse entendre à l’intérieur de sa maison. Une sensation glacée s’empara de ses jambes et elle reconnut les effets du sortilège anti-transplanage. Alors son sang ne fit qu’un tour et elle entreprit de s’activer dans son bureau, le barricadant avec tous les sortilèges de protection qu’elle connaissait. FALLAIT TRANSPLANER AU PREMIER CRI

Evidemment. Amelia s’attendait à être un jour la cible du Seigneur des Ténèbres, comme Edgar l’avait été, non pour son appartenance à l’Ordre, mais parce que sa place au Ministère menaçait le bon déroulé de ses plans. Personne ne voulait de l’inébranlable et incorruptible Amelia Bones pour guider de façon avisée le Ministère.

Les volés se fermèrent, la clef tourna dans la porte pour la verrouiller, des ondes de lumières bleues, blanches et argentées ondulèrent dans l’air alors qu’elle se faisait prisonnière de son propre bureau. Cette phrase est sublimeAvec un rire cynique, Amelia songea que cela résumait bien sa vie : prisonnière de son bureau, mariée à son travail, aliénée à ses dossiers. Et pourquoi ? Parce que la soif de justice coulait dans ses veines comme dans celles de chaque Bones et ce fut avec ce sang centenaire qui battait à ses tempes qu’elle attendit, la baguette dressée, qu’un ennemi voulant faire voler en éclat la justice de ce monde ne se présente devant elle. Je suis sans voix... Chaque phrase est une pépite. Vraiment, je t'admire tellement, ton style mon dieu !Alors que son cœur battait la chamade, elle invoqua à elle l’habilité de son frère Edgar, le courage de Cassiopée, les mots de sa mère Susan face à la tombe de leur ancêtre. Les Bones sont des femmes d’exception. Elle entendit un rire aigu de l’autre côté de la porte, sentit les secousses du mur alors qu’ils tentaient de briser ses sorts de protection. Alors qu’elle songeait qu’elle aurait peut-être le temps d’annihiler leur sortilège anti-transplanage, une déflagration retentit depuis le centre de la pièce et Amelia se trouva projetée au sol, le souffle coupé mais la baguette toujours fermement enfermée dans sa main. Elle se redressa aussi vite que lui permettait ses vieux os et son cœur faillit s’arrêter de battre lorsqu’elle vit qui était soudainement apparu dans la pièce, un fin sourire aux lèvres et la baguette d’if tenue entre ses longs doigts blafard.
Lord Voldemort en personne était venu s’occuper d’elle.

Elle se dressa sur ses pieds, prête à affronter la mort personnifiée en cet homme qui n’avait plus grand-chose d’humain. Sa tête plate et sans relief évoquait celle d’un serpent et ses yeux rougeoyait d’une lueur malsaine. Elle ignorait totalement comme il avait réussi à briser ses sortilèges : la pièce était intacte, la porte encore verrouillée, la fenêtre fermée de ses volets. Il connaissait décidément des trésors de magies inconnu du commun des mortels … Rappeler la puissance de Voldemort est vraiment brillant. D'une certaine façon, il est aussi fascinant que peut l'être Dumbledore mais dans sa version le plus noire et angoissante. Elle sentit à peine la peur l’envahir, tout étourdie qu’elle était encore par la chute. L’homme en face d’elle semblait jubiler.

-Amelia Bones, entonna-t-il d’une voix qui la caressait comme du velours. Je dois dire que … c’est un honneur. Les frissons

Amelia n’attendit pas qu’il joue avec elle comme d’une souris : elle attaqua. Voldemort para sans peine et jeta un sortilège de la mort qu’elle évita d’un bond. Pendant plusieurs minutes, l’adrénaline gonfla ses veines et à chaque étincelle projetée en l’air elle voyait un pan de sa vie, un visage perdu, des personnes qu’elle avait aimées. Elle revoyait sa mère, cette femme forte et intègre qu’un Mangemort avait fauché un jour, Edgar, prêt à se battre pour ses enfants et pour la justice, Cassiopée la lionne capable de lutter jusqu’au dernier souffle. Elle puisa en eux pour livrer au Seigneur des Ténèbres un combat acharné : le miroir derrière elle vola en éclat, le pied de son bureau fut brisé, déséquilibrant le plateau qui envoya valser son contenu, un sortilège l’atteint au bras d’où du sang se déversait à présent en abondance. Et alors qu’il prenait le dessus sur elle, elle se fendit avec un cri de rage et un éclair sombre l’atteint à la joue, y creusant un sillon écarlate. Le sang qui perla jusqu’au coin de sa bouche si fine qu’elle semblait être une cicatrice parut décupler la fureur qu’il éprouvait face à sa résistance : avec un cri de rage, il projeta contre elle un sortilège qui l’atteint en pleine poitrine et l’envoya s’écraser contre le mur, haletante, meurtrie. Je respire plus. Ce combat est si bien décrit, on sent la rapidité de l'action, la violence, et surtout l'inéluctable qui approcheElle passa une main sur son flanc où une tâche de sang de plus en plus étendue tâchait sa robe de sorcière, s’écoulant comme sa vie d’une plaie qu’elle sentait profonde. Elle tenta de se relever mais la douleur était insoutenable et elle s’affaissa contre le mur sous les yeux satisfait du seigneur des ténèbres. Malgré tout, elle continua d’attaquer depuis sa modeste position, des sorts de plus en plus faibles qu’il n’eut aucun mal à parer jusqu’à ce sa baguette s’échappe de ses mains pour aller rouler contre le parquet, vaincue. Amelia se laissa aller contre le mur, à bout de souffle, la main crispée contre son côté alors que Voldemort approchait à pas lents pour pointer sa baguette sur sa tête. Amelia leva les yeux et un sourire absurde s’étira sur ses lèvres. Depuis la mince ligne écarlate sur sa joue, du sang s’écoulait toujours. Les dieux ne saignaient pas. Je suis sans voix.... Cette phrase....Lord Voldemort, malgré ses pouvoirs hors norme, malgré sa résurrection inexplicable, malgré tous ses prodiges, était un homme. Comme eux, sa vie était liée à son sang. Et comme eux il saignait. Du génie cette réflexion

-Vous ne gagnerez pas, lança-t-elle d’une voix rendue rauque par le combat. Un jour, quelqu’un se dressera et vous prouvera que vous n’êtes que mortel. En pensant à cette phrase, on voit Harry comme les sorciers pourront le voir plus tard : un espoir et un héros.
-Et qui pourrait se dresser contre moi, dis-moi ? douta Voldemort d’une voix doucereuse. Quand Albus Dumbledore n’a pas su au Ministère me vaincre, quand toi qu’on dit plus grande sorcière de ta génération gît devant moi comme une proie offerte … Qui pourra se dresser contre Lord Voldemort ?
-Je n’ai pas la réponse. Mais la Mort vient toujours chercher son dû. Ce n’est qu’une question de temps. Le retour du temps.... Si bien pensé....

Tic-Tac. L’horloge n’avait pas dit son dernier mot alors que les secondes qui rapprochaient Amelia de la mort ne semblait jamais avoir été si courte. La fureur anima brièvement les traits floutés du mage noir et il siffla avec colère :

-Avada kedavra !

La lumière verte devint la seule réalité d’Amelia alors que son temps arrivait à son terme et que l’horloge qui régissait sa vie enfin s’apaisait avant de se briser. Son esprit quitta cette vie avec la certitude que son combat n’était pas perdu. D’autres étaient là pour le mener à sa suite … pour réduire son assassin à ombres et poussières. Je.... Respect... Juste incroyable. T'as atteint un niveau incroyable, je ne peux pas dire autre chose. Ton écriture est sublime, tu t'es surpassée !
Cazolie

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Cazolie »

Let's go commenter la divine tragédie et je ne suis pas ravie
Attends c'est fait exprès que t'aies changé ça en divine tragédie haha?
T'es vraiment cruelle T.T

Mooow bébé Simon
Dommage que Spencer soit mort il avait l'air intéressant AHA
Mais quel gamin dans sa tête Matthew

COMMENT EDGAR L A REMBARREEEEEEEEEEE
Oh non Simon est trop mignon arrête ça Perri

J'en reviens toujours pas que Croupton soit le frère de Cassiopée
C'est beau ce petit discours sur la mort Perri :)

"Il avait toute la vie pour comprendre" t'es vraiment cruelle
Il a le seum Matthew, à 18 ans il peut aller se coucher plus tard que ses frères quand même :lol:

Naaan Edgar est trop mignon
Oulala Edgar (wink wink) ça manque de smiley suggestif
T'as vu le film Crazy Stupid Love ? Avec Ryan Gosling. Y a la mêem histoire un peu haha, le couple a leur premier bébé à la fin de leur lycée et les deux autres beaucoup plus tard

Ouais c'est compliqué la question de la façon dont l'Ordre a envisagé la disparition de Lily et James. Je crois que j'ai un peu évacué le problème :lol: vu que je parlais que de leurs amis proches qui savaient en gros qu'ils devaient se protéger.

ILS SONT SI CHOUX EGARD ET CASSIOPEE JE TE DETESTE

Cassiopée et Lysandra on dirait ma soeur et moi haha
Cette petite allusion à Vic iiiiih

AH MAIS COMMENT CA ARRIVE BRUTALEMENT HELP J AI PAS ENVIE DE CONTINUER
Je frissonne comme devant Mor'Du
-Papa ?
Non je veux paaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaas
ni même s’attarder – comme si un regard en arrière pouvait lui arracher le cœur
C'est très beau ça Perri

Je te jure j'ai la chair de poule c'est horrible
Alors puisant sa force et son courage dans ce fil qui unissait son cœur à celui de Cassiopée, dans ces entrailles où brûlait l’amour qu’il avait pour ses fils et dans ses veines où coulait la soif de justice, Edgar Bones s’élança face à son destin.
Cette phrase est trop belle

Mais Serieux Perri tu t'ais pas fait pleurer en écrivant ça ?! Matthew vient d'y aller

Okay désolée j'ai pas trop commenté la fin parce que c'est trop HORRIBLE PERRI
Juste la conclusion est trop belle
le dernier frère était celui qui lui échappait.
Mais franchement c'était horrible
Ca montre que c'était écrit avec talent, hein, mais c'était horrible

Et ouais Anna a raison, c'est ouf comme tu as réussi à rendre vivante la famille Bones pour seulement quelques lignes et en seulement deux trois souvenirs. Quel talent avec tes personnages :)
Perripuce

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Perripuce »

HELLO !!
C'est parti pour la partie III d'Ombres et poussières ! Est-ce que je vais réussir à aller au bout de cette histoire, je l'ignore, mais je ferais mon maximum je vous le promets ! Grâce à la règle des moins de 8000 mots qui m'a été imposée, j'ai réussi à me constistuer une petite avance de 10 chapitres (QUEL SOULAGEMENT d'arriver à 10 Chapitres d'avance, je respire de nouveau !)

Je n'ai pas d'actualité sport, aujourd'hui : les événements arrivent demain avec le Tour des Flandres (et Alaph et son maillot arc en ciel héhé) et le grand retour du derby du Nord en foot, Lille-Lens demain à 21H (et à huis-clos, couvre-feu oblige ...)

Sinon, je suis désolée de ne plus répondre aux commentaires ces derniers temps : ils sont moins nombreux, parfois je passe deux chapitres sans en en voir un et, je suis idiote, je les prends en quantité négligeable alors que justement ils devraient être valorisés. Je n'ai pas trop le temps de le faire là, mais je pense que pendant les vacances je prendrais le temps de répondre à tous les commentaires que vous me ferez pour vous remercier de continuer à être actifs sur cette histoire, je vous remercie énormément et ne doutez pas que chacun d'entre eux me fait évidemment plaisir !

Sur ce, bonne lecture à tous !


Partie III :

Sous le signe de Mars et de Vénus


***

A Auschwitz, sous les cendre, s'éteignirent les promesses de l'Homme.
- Elie Wiesel.
***


Chapitre 1 : Cendres et poussières.

-Arthur, viens ici tout de suite ! Et dépêche-toi, ta grand-mère nous attend à la maison … Oh révérend, bonnes vacances ! Revenez-nous vite !

La mère du petit Arthur adressa un sourire radieux au révérent Edward Bennett, un grand homme au doux regard et au sourire tranquille qui le lui rendit poliment. Il rangeait dans le coffre des valises pendant que sa femme donnait ses dernières instructions à son père derrière lui avec une certaine anxiété. A dire vrai, une certaine appréhension semblait s’être emparé des vieilles pierres de Terre-en-Landes depuis que leur chef spirituel, apprécié de tous, avait annoncé partir en voyage au moment où le village perdait l’une de ses enfants de la façon la plus brutale qui soit. Amelia Bones avait beau avoir quitté la place depuis plus de trente ans, les anciens persistaient à se rappeler du sérieux de la petite fille qu’elle avait été, de ses beaux yeux verts, quelle tragédie c’était pour cette famille qui s’était déjà amputée de deux branches, retenue à la vie que par un fil … Les hommages se multipliaient sous forme de fleurs dans le cimetière ou de plat déposé sous le porche de la belle maison victorienne qu’occupait les survivants de la famille, mais la belle porte de bois ciré était demeurée hermétiquement close.

Il n’en fallait pas moins pour les habitants se mettent à tempêter : le silence était le terreau le plus fertile pour les spéculations et tous s’en était donné à cœur joie. On ne savait pas ce qu’Amelia avait fait de sa vie, avait rappelé l’épicière Elisabeth Fisher, et le meurtre avait été particulièrement brutal. Assez pour étayer la piste d’un règlement de compte ? Les Bones avaient toujours été si mystérieux … A cela le garagiste répondait d’un air bourru que cela se prêtait mal à la personnalité inflexible d’Amelia, mais c’était une femme d’un certain âge et vivant seule – vulnérable selon tous les critères, de quoi attirer les voleurs, les Bones paraissaient riches … Seuls les McDougal de l’autre côté du village ne s’y trompaient pas et restaient soigneusement loin des ragots des villageois. Eux aussi avaient clos leur porte et interdit à leurs filles de sortir ; on parlait même d’un déménagement. Après tout, le père, Jack, avait été là lorsque, quinze ans plus tôt, une sinistre marque avait coiffé la belle demeure victorienne et amené la mort sur Terre-en-Lande …
Non, il n’y avait pas à dire, cette terre était maudite pour les sorciers.

Depuis la fenêtre de ma chambre, grande ouverte pour laisser s’engouffrer la légère brise de l’été, j’observais le village s’étendre devant moi. Les maisons avaient poussé en quartiers disparates autours de deux axes principaux qui se coupaient au Market Square, place sur laquelle se tenaient nombre de boutique d’antiquité qui faisaient la renommée locale de la ville. Surplombant les toits, l’église Saint-Edward se découpait dans le ciel d’un bleu pur et sans nuage de sa tour rectangulaire percée de pic. Avec des pierres couleurs miel typique de la région et ses rues sinueuses, elle me faisait parfois songer à une ville médiévale et figée. C’était certes une ville ancienne dont l’origine se portait à l’époque romaine, mais elle était loin d’être figée, en attestait les nombreux passants qui profitaient de la fraicheur de la fin de journée pour sortir enfin et profiter des derniers rayons du soleil. Je vis la mère d’Arthur se pencher sur Rodolph Blake et lui chuchoter quelques mots à l’oreille en pointant une direction à l’est. Je suivis son geste mais l’objet son attention, si dissimulé qu’il soit par les nombreuses bâtisses, me semblait limpide. Tous discutaient du silence des Bones depuis la mort d’Amelia, quelques jours plus tôt. Beaucoup songeaient que ce repli cachait un déménagement, comme les McDougal, d’autre imaginaient des choses bien plus sombre. J’eus un sourire désabusé. C’était drôle de songer que, sans avoir réellement conscience de la situation, sans savoir ce qui se jouaient réellement dans un système parallèle au leur, qui à la fois ne leur était rien et qui pourtant pouvait tant influencer le leur, ils aient compris quelque chose de sombre se jouait derrière les portes closes des sorciers.

-Victoria ! Victoria, donne ta valise, on va partir !

Le cri creva la bulle de contemplation et je posai le regard sur les affaires qui s’étalaient grossièrement sur mon lit, puis sur ma valise béante qui n’attendait que d’être remplie. J’avais attendu le dernier moment pour pouvoir la faire, incertaine jusqu’au bout de pouvoir faire ce voyage que j’avais attendu presque toute ma vie. Le moment où je quitterais pour la première fois les îles britanniques pour enfin poser le pied sur le continent, si proche et lointain à la fois. Le moment où j’assouvirais les envies de voyage qui me meurtrissaient depuis des années où je me sentais aliénée à ma patrie. Le moment où je découvrirais le pays de mes ancêtres, ce pays où mes grands-parents avaient soufferts et aimés. Je poussai un gros soupir.
Oui. S’il fallait vraiment sortir de Grande-Bretagne pour la première fois, c’était pour découvrir mes origines.

-Tory ?

Un grand garçon brun aux yeux bleus-gris étaient entré dans ma chambre, sans même prendre la peine de frapper. Mais il y avait longtemps qu’Alexandre se passait de ce genre de politesse, surtout lorsqu’elles concernaient sa petite sœur. Il posa le regard sur le lit jonché d’affaires et la valise vide avant de darder sur moi des yeux désabusés.

-Tu as encore changé d’avis ?
-Non, je viens, affirmai-je en hissant ma valise sur mon lit.
-Ça se voit … Tu es courant qu’on part dans cinq minutes ?

Un léger sourire retroussa mes lèvres et je fouillai mes affaires pour sortir de l’amoncellement de vêtement une baguette de bois pâle que je fis tournoyer entre mes doigts. Une légère chaleur se diffusa dans mes doigts et mes muscles se détendirent face à ce contact si familier, rassurant, naturel. La touche qui me complétait, qui me rendait entière.

-Et tu es courant que je suis une sorcière ?

Avec un sourire malicieux, j’opérais un léger mouvement de baguette et sans prononcer le moindre mot, l’ensemble de mes vêtements se plièrent d’eux-mêmes pour se rangeait de façon plus ou moins ordonnée dans la valise. Lorsque je me retournais vers mon frère en exécutant une révérence moqueuse, il fixait mon œuvre avec un mélange d’envie et d’admiration. Presque aussitôt je m’en voulus : tout acte magique provoquait chez mon frère le passage d’un ombre sur son visage, vestige de sa première confrontation avec mon monde. Brutale. Amère. Pourtant il sourit et l’ombre s’effaça aussitôt pour ne laissait que le visage enjoué du garçon dynamique qu’il était.

-Et j’admets que ça a des côtés pratiques, convint-t-il en empoignant ma valise. Maintenant va dire au revoir au crapaud et on décolle.
-Le crapaud m’a presque claqué la porte au nez ce matin alors il va se faire voir.

Alexandre fut secoué d’un rire pendant que je faisais mon sac à dos avec de grands gestes rageurs alors que toute la colère que j’avais pu éprouver le matin même face à la porte qui s’était refermée sur moi remontait brusquement. Je fus presque tentée de tout de même y retourner pour lui asséner Cyrano de Bergerac sur son grand nez, mais étouffai l’envie en fourrant la pièce dans mon sac avant de le fermer brusquement. Je levai alors les yeux sur le sourire désabusé de mon frère, visiblement amusé par mon énervement manifeste.

-Je me doute bien, Tory. Il fallait bien qu’il te claque la porte au nez pour que tu acceptes de le lâcher et de partir.
Je m’empourprai furieusement avant de me détourner pour qu’Alexandre ne voit pas ma frustration. J’avais passé une année éprouvante à en perdre le sens commun sur ce qui était normal et ce qui ne l’était pas, surtout le concernant. Peut-être était-ce le moment de prendre un peu de distance avec tout cela. J’avais eu toutes les peines à accepter cette idée et peut-être qu’au fond, c’était heureux qu’on m’ait claqué la porte au nez, me forçant ainsi à faire ma valise et m’envoler pour la Pologne. J’entendis Alexandre soupirer derrière moi :

-Je sais que tu t’inquiètes pour lui, mais ce n’est pas parce que tu pars une semaine qu’il va forcément faire des conneries. Je ne suis pas sûre que ses parents ou Susan le laisserait faire et tu as demandé à des amis de faire attention, non ? Et si ça se passe mal et bien tu pourras le tuer. Joyeuse perspective, pas vrai ?

Un rire tremblant s’échappa de ma gorge. Je me laissai allée à l’étreinte familière de mon frère. Sans doute avait-il raison : je m’inquiétais trop. J’étais si habituée à tout gérer à Poudlard que j’avais oublié que d’autres à l’extérieur pouvaient m’aider. Dieu que c’était dur de lâcher prise … Je pivotai vers Alexandre pour lui sourire.

-Bon. Direction Cracovie, donc ?
-A la bonne heure, se réjouit-t-il en prenant ma valise et mon sac à dos. Et j’ai promis au crapaud de te perdre dans les souterrains du château de Wawel : a priori, il y a vraiment un dragon qui dort sous ses fondations, du coup Mel refuse d’y aller.
-Tu te ligues avec lui contre moi ? m’indignai-je
-Les enfants ! rugit la mère depuis le rez-de-chaussée. Si vous n’êtes pas dans la voiture dans deux minutes, nous partons sans vous !

Alexandre leva les yeux au ciel avant que ses lèvres ne se retroussent d’un sourire amusé.

-Prête pour tes premiers pas en dehors de la mère patrie ?

Un rire sortit de ma poitrine au ton de ces derniers mots, prononcé dans une imitation parfaite de l’Ancien, dernier poilu du village, qui avait un jour exhorté Alexandre à s’engager dans l’armée au commencement de la guerre du Golfe. Je m’éloignai enfin de mon frère pour prendre mon sac. Ce faisant, mon regard fut accroché par ma fenêtre toujours ouverte sur la ville et vagabonda, suivant le chemin sinueux de l’artère principal que je savais s’achever au pied de la maison des Bones. Une vague de remords m’envahit soudainement et je fermais minutieusement mes volets, puis ma fenêtre avant que l’envie ne me prenne de défaire mes bagages. Puis, chassant toute malaise et cédant à l’aventurière qui avait en un sens toujours dormi en moi, je me tournai vers mon frère avec un immense sourire.

-Oui. Plus que prête.

Alexandre me rendit mon sourire et prit ma valise pour la descendre. Profitant de mon dernier instant seule avant d’arriver à Cracovie, je plongeai ma main dans la poche de mon short et effleurai le rouleau de parchemin qui avait fini écorné et écrasé. Je le déployai une dernière fois. Les mots avaient beau être imprimé dans mon esprit, je les relisais sans cesse dans un espoir vain de me rassurer, de trouver un point d’ancrage. Mon souffle se bloqua dans ma gorge. Ce voyage, ce n’était pas simplement l’ivresse de découvrir de nouveaux rivages.
C’était la vraie vie qui commençait pour moi.

***


C’était un voyage des plus singuliers. La destination, une ville certes riche d’histoire, mais d’un ancien pays communiste qui se laissait à présent aller au nationalisme, n’était pas des plus ordinaires. Tout était organisé avec un budget réduit mais fort heureusement, la Pologne n’était pas un pays cher, bien au contraire et la location me surprit agréablement.

Mais plus que tout, c’était la composition des voyageurs qui était disparate. Mes parents se laissaient rarement aller au voyage : mon père gagnait peu et préférait de loin rester à Terre-en-Landes et ma mère était une véritable bourreau de travail. Elle avait par ailleurs amené avec elle nombre de dossiers dont elle comptait s’acquitter le soir, mais Alexandre avait projet de les cacher. Elle avait d’ailleurs longtemps refusé de faire ce voyage au pays de ses ancêtres, elle qui était née de sang polonais en terre anglaise. Cela se constatait sur son visage : avec son nez épaté et ses pommettes rebondies, ma mère avait tout le charme d’une belle polonaise et ses boucles brunes ne souffrait d’aucun cheveu blanc. Il avait fallu que les fondements de son identité soient secoués pour qu’elle ressente le besoin de faire cette sorte de pèlerinage. Et bien sûr, elle ne l’admettait pas, mais la volonté de sa propre mère, Jadwiga Liszka, d’enfin faire ce voyage qui la ramènerait dans son pays natal l’avait fortement influencé. Jaga avait beau être une femme forte du haut de ses soixante-dix ans, cette visite risquait bien fort de rouvrir d’anciennes plaies. Survivante de la Shoah et du camp d’Auschwitz, elle retrouvait une Pologne changée, et une Cracovie figée dans son aspect et pourtant si différent dans sa composition. Le quartier juif, malgré ses nombreuses synagogues, n’avait plus grand-chose de juif, m’apprit-t-elle avec un certain dépit, puisque c’était l’endroit où elle avait grandi. L’immeuble dans lequel elle vivait avant la déportation était à présent un restaurant ouvrant sur une place agréable.

Mes parents avaient décidé de l’accompagner dans une synagogue et nous nous retrouvions à trois assis sur la fontaine. Alexandre s’était allongé sur le rebord, les mains derrière la tête. Melania Selwyn, sa petite-amie observait l’environnement à travers ses nouvelles lunettes de soleil, son appareil photo entre ses doigts. J’avais passé une après-midi avec elle à Bristol pour l’aider à constituer une parfaite garde-robe moldue pour la sorcière qu’elle était : malgré sa grande connaissance de notre monde, celle de notre mode était encore un peu désuète pour Melania. Elle tira sur le short qui découvrait assez inhabituellement ses jambes. Elle avait d’abord refusé de mettre quelque chose d’aussi court avant que la chaleur polonaise n’ait raison de sa pudeur.

-En quoi une synagogue diffère d’une église ? s’enquit-t-elle à Alexandre alors qu’elle observait le bâtiment avec attention.
-Demande à Tory, elle sait mieux que moi, répliqua-t-il sans ouvrir les yeux.

Je levai les yeux au ciel face au flegme de mon frère. Bien que baptisé selon les rites anglicans et en partie juif, Alexandre n’avait aucune appétence pour la religion. Je n’aurais pas été contre le fait de visiter une synagogue, mais c’était plus par curiosité que par recueillement et je doutais que les motivations aient été du goût de ma grand-mère, aussi avais-je préféré rester à l’extérieur également.

-On n’y pratique pas la même religion, expliquai-je à Melania. L’anglicanisme est une forme de christianisme où on considère que Jésus est le Messie envoyé par Dieu pour sauver les hommes. Pour les Juifs, ce Messie n’est pas encore arrivé. Alors les rites et les croyances diffèrent assez à l’intérieur. Ce sont deux traditions différentes.
-Mais qui vénèrent le même Dieu ?
-On va dire que oui, simplifiai-je, peu envieuse de m’embarquer dans un sujet si pointu. Mais pas de la même manière. C’est assez difficile d’expliquer pourquoi et comment, parles-en avec mon père, si tu veux.

Melania fronça les sourcils et baissa ses lunettes sur son nez pour mieux contempler la synagogue. Elle qui était sorcière et qui avait grandi dans la croyance simple de la magie, l’idée de religion était un véritable mystère, pour ne pas dire une absurdité. Alexandre avait plaisanté en songeant qu’elle brûlerait sans doute en entrant dans une église, toute sorcière qu’elle était.
Mes parents finirent par sortir de la synagogue et Alexandre éclata d’un rire franc lorsque mon père ôta la kippa que les autorités locales l’avaient forcé à porter. L’image avait aussi fortement amusé Jaga, qui malgré l’émotivité qui se lisait dans ses yeux, esquissait un sourire moqueur et un peu fier. Ce fut ma mère qui se chargea de faire taire Alexandre d’un regard incisif.

-Moque-toi, jeune homme, renchérit ma grand-mère en prenant le bras que je lui tendais. Tu feras moins le malin dans trois jours …
-Tu veux toujours y aller, maman ? s’inquiéta ma mère alors que nous nous remettions en chemin. Tu n’es pas obligée, tu peux rester à …
-Je viendrais. Je ne suis pas venue ici pour manger des pierogis, je sais très bien les faire seule Marian.

La sécheresse de Jaga souffla la voix de ma mère qui se contenta donc d’échanger un regard sceptique avec moi. Je haussai discrètement les épaules et ma mère secoua la tête en prenant les devants. Marian Bennett avait la tête dure, mais elle n’oubliait pas que celle de sa mère l’était encore plus. Mon père entoura ses épaules de son bras et prit la tête de notre groupe avec entrain, nous faisant visiter la ville comme si c’était lui qui avait grandi ici. Nous faisions si peu de voyage que lui se délectait de chacun d’entre eux et les préparait dans les moindres détails, aussi nous emmena-t-il à la place principal, Rynek Główny, la place du Marché, avec une grande facilité. C’était un grand espace coupé en son centre par des Halles au sein desquelles nous déambulâmes, vaguement intrigués par les étales touristiques.

-Il y a vraiment un dragon sous le château de Wawel ? m’enquis-je à Melania en observant les peluches en forme de dragons que vendaient presque tous les marchants ambulants.
-Il y en a eu un, c’est sûr … Après est-ce qu’il est encore en vie, je ne sais pas, ce serait quand même vraiment imprudent de la part des autorités polonaises de laisser un dragon sous un lieu si fréquenté … Tu m’achètes une peluche ? demanda-t-elle à Alexandre avec un adorable sourire.

Alexandre leva les yeux au ciel.

-Vu que maintenant que je sais que tu es pleine aux as, c’est moi qui vais te demander de m’acheter des choses. Tu me payes le restaurant de ce soir ?
-Je t’ai connu plus galant.
-Je t’ai connue plus pauvre, ça doit être pour ça.

Alexandre plaqua un baiser contre son crâne pour adoucir la pique et s’éloigna pour aider Jaga à grimper une volée de marche. Melania le contempla un instant, les sourcils froncés et je ne pus m’empêcher de demander :

-Euh … Est-ce que ça va mieux ?

Les lèvres de Melania se pincèrent. Même si leur couple s’était reformé, je savais que leurs relations étaient tendues depuis juin. Ce n’était pas l’attaque de Nestor qui en était en cause : toute violente et inattendue qu’elle avait été, Alexandre savait pertinemment que nous n’y étions pour rien. En revanche, je doutais qu’il ait parfaitement réussi à nous pardonner d’avoir fomenter leur rupture et de lui avoir caché tout ce qu’il risquait. Cela se manifestait par des petites piques et une sorte de distance qui s’était instaurée depuis le début de l’été. Et moi qui avais toujours été proche de mon frère, cette nouvelle barrière m’était désagréable.

-J’avoue que j’espère que ce voyage va remettre les choses en perspective pour lui, m’avoua-t-elle du bout des lèvres. Et lui changer les idées … C’est pour ça qu’on sort à deux, ce soir … A ton tour, maintenant. (Elle piocha une boule à neige représentant le château de Wawel). A quoi ça sert ?

J’éclatai de rire devant sa mine perplexe et lui expliquai l’intérêt décoratif de l’objet. Cela parut vaguement l’intriguer et elle paya la boule à neige avec mon aide. Elle se débrouillait avec la livre-sterling, mais le zloty lui était totalement étranger. A moi aussi du reste et il nous fallut quelques minutes pour se familiariser avec la monnaie avant de payer le commerçant. Mes parents, Jaga et Alexandre avaient depuis longtemps avancer et nous flânâmes plus lentement entre les arcades jusqu’à ce que Melania s’arrête devant l’une d’entre elle. Elle passa sa main sur son sac à main et je devinai qu’elle s’empêchait s’attraper la baguette qu’elle avait cachée à l’intérieur.

-Je pense que c’est là …
-Quoi donc ?

Melania m’adressa un sourire malicieux, le regard pétillant.

-L’entrée vers le monde magique polonais.

Elle jeta un regard à la ronde avant de sortir discrètement sa baguette et de la passer sur le pilier. Il se mit à luire légèrement avant que cela ne s’estompe, mais j’avais senti l’air se tendre autour de moi, inexplicablement. Le sourire de Melania s’élargit.

-Mais oui, c’est là ! Il faudra que j’y retourne demain, j’ai des affaires à régler …
-Des affaires ?

Je savais que Melania avait fait deux années de formation à la Justice Magique avant d’intégrer la Fondation de son père, le très influent Julius Selwyn et de l’aider grâce à ses connaissances juridiques et surtout des moldus. Elle m’adressa un sourire penaud en rangeant sa baguette.

-Tu penses que le rayonnement des Selwyn s’arrête aux frontières de l’Angleterre ? Nous avons des intérêts un peu partout en Europe … Mais peu en Europe de l’Est, je l’admets. Et ici les institutions sorcières ont refusés de suivre leurs homologues moldues à Varsovie, ils préfèrent la vieille ville … Alors j’en profite pour rencontrer quelques familles, disons …
-Quelques familles ? répétai-je, horrifiée.

Melania parut surprise de ma réaction, avant de comprendre et de mettre une main sur mon épaule.

-Nom d’une gargouille non, pas des Liszka, ne t’en fais pas ! Enfin, j’aurais aimé, ce sont eux qui contrôlent tout en Pologne et c’est bien pour ça qu’ils sont inaccessibles … Et puis, je ne vous aurais pas fait ça, enfin …

La culpabilité qui se peignit sur le visage de Melania acheva de me rassurer. C’était la présence en ville de sa famille, les Liszka, qui avait dissuadé mon grand-père Miroslav de faire le voyage avec nous. Il était un sorcier en exil et la Pologne l’avait que bien trop meurtri : parfois, je songeais qu’il y avait laissée la partie déchirée de son âme. Je n’étais pas sûre qu’il apprécierait de savoir que Melania était venue pour les affaires, mais chacun voyait son propre but à Cracovie. Ma grand-mère y cherchait la paix, Alexandre une échappatoire, ma mère une identité, et mon père se resourçait dans un pays connu pour sa piété.

-Tu en as parlé à Alexandre ?
-Non, répondit Melania d’une voix prudente. Peut-être ce soir …
-Ce soir, oui. Ce serait bien.

Melania finit par hocher lentement la tête. J’avais fini par deviner que c’était difficile pour elle de se livrer après avoir passé toute sa vie à mentir, dissimulé et cacher. Ce double-jeu était une partie d’elle et c’était sans doute pour cela qu’il lui avait été si aisé d’être heureuse tout en cachant à Alexandre qu’elle était une sorcière. Melania avait tout simplement du mal à abattre ses cartes, mais après ce qu’il s’était passé en juin, Alexandre ne supporterait plus la moindre omission, même si elle concernait les affaires familiales.

-C’est vrai que ce n’est pas le moment pour faire cela, admit-t-elle en se remettant en marche. Et ça ne prendra pas de temps, promis … Peut-être que je profiterais de la fois où tu iras voir ton ami. Tu y vas quand, déjà, demain ?
-Non, demain on va aux mines de sel, rappelai-je, le ventre soudainement noué. Sans doute en fin de séjour …
-Je trouve génial que tu aies gardé des contacts du Tournoi, sourit Melania, soudainement plus gaie. Même si évidemment ils étaient là pour battre Dumbledore, je suis contente que ce soit de vraies valeurs saines qui en découlent. Que tout le discours sur la coopération magique internationale, l’amitié des communauté magiques et tout cela ne soit pas qu’un discours vide de sens … Je pense que c’est un événement que j’aurais adoré vivre …
-Vraiment ?

Je n’avais pu endiguer l’amertume dans ma voix en songeant à comment s’était terminé le fameux Tournoi pour moi. La mort de Cédric avait beau dater d’un an, la douleur liée à sa disparition restait toujours en embuscade dans ma poitrine. Melania me jeta un regard désolé en comprenant son erreur et passa un bras par-dessous le mien.

-Désolée, j’ai été maladroite … Euh … Si je t’achetais une peluche dragon pour me rattraper ?

La proposition m’arracha un sourire et je la laissai le conduire aux étales avec plus d’entrain pour faire passer la boule d’émotion qui était apparue au souvenir de Cédric.

***


Je pensais que je n’aurais pas été dépaysée en Pologne. Après tout, les peuples étaient si connectés les uns aux autres que leurs urbanismes avaient fini par se ressembler. Malgré tout, j’avais trouvé un véritable charme à Cracovie. J’avais craint la ville-musée, enfermée dans ses vieilles pierres et dans le tourisme, mais c’était en réalité une ville très vivante, agréable avec ses animations de rues, ses jeunes qui riaient aux éclats en babillant en polonais et la beauté de son architecture. Je m’y sentais chez moi : l’accent roulant que j’avais entendu chez Miro et Jaga, les traits slaves que j’observais chaque fois que je me regardais dans un miroir et même la nourriture, tout me paraissait familier et réconfortant, et malgré tout j’éprouvais l’ivresse d’une sensation d’ailleurs. Les mines de sel, véritable ville sous-terraine à quelques kilomètres de Cracovie m’avaient véritablement enchantée tout comme la vision des vestiges du Ghetto m’avait révolté et attristé. Ma grand-tante Emilia était morte entre ces murs et nous avions déposé des fleurs au pied du morceau du mur. Cela avait éprouvé ma grand-mère et pourtant, le pire était à venir.
Ce voyage, c’était sa mémoire qui se réactivait, son identité qui se reconstruisait. Et une partie d’elle, c’était à Auschwitz qu’elle l’avait laissé.

Nous fîmes le voyage de la plus cruelle des manières : en train. Selon les guides, c’était le meilleur moyen de se rendre là-bas, près de la petite ville d’Oswiecim, qui germanisée avait donné « Auschwitz ». C’était en prenant ce train que je m’étais rendue compte du retard qu’avait pris les pays sous influence communiste sur les pays occidentaux : la machine était digne du Poudlard Express, la magie en moins. Rien de la modernité des trains britanniques. De plus, la marche avait été si haute qu’Alexandre avait dû me porter pour que j’y grimpe – Melania s’était faite une joie de prendre une photo de l’exploit.

Jaga était restée coite tout le trajet, contemplant les paysages d’un regard indifférent. J’étais presque certaine que dans sa tête, elle s’était refaite le voyage dans les wagons à bestiaux, celui qui pour la première fois l’avait amené de Cracovie à Auschwitz. Personne n’osait lui parler, pas même ma mère qui se contentait de la couver d’un regard inquiet. Elle et moi l’avions aidé à descendre du train et elle s’était accrochée à mon bras sur la route qui conduisait à ce qui était à présent un musée. J’avais senti sa main se refermer comme une serre sur mon avant-bras à mesure que nous avancions, sa respiration se faire de plus en plus haletante alors que nous arrivions devant l’entrée du musée jusqu’à ce qu’enfin tout son corps se relâche devant les grilles qu’elle avait passé pour la première fois à l’âge de quatorze ans.

Jadwiga Liszka fixa les lettres de fer forgé qui surplombait la grille, la respiration si lourde qu’elle emplissait mon espace auditif. Une inscription en allemand que je ne parvins pas à traduire, découvris-je en levant la tête. Ma mère, qui avait étudié cette langue dans le secondaire, poussa un grognement de dépit.

-Quel culot …
-Qu’est-ce que ça veut dire ? demanda Melania, handicapée comme moi par la paresse que donnait la magie.
-Arbeit marcht frei, lut mon père avec un profond mépris. « Le travail rend libre » …

Melania pinça des lèvres. Alexandre et moi avions passé la soirée de la veille à l’informer sur Auschwitz. Ayant fait Etude des Moldus à Poudlard et ayant beaucoup lu, elle avait déjà une très bonne base concernant les événements mais apprendre les détails l’avait horrifié au delà des mots. Elle jeta un regard révérencieux à ma grand-mère qui restait silencieuse, le cou dévissé pour fixer l’inscription de ses yeux sombres. Ce ne fut que lorsqu’elle le décida que nous nous ébrouâmes pour suivre le chemin de terre battu entre les bâtiments de brique.

La visite se en silence : les panneaux explicatifs en polonais et en anglais nous suffisaient. Il faisait beau : le soleil brillait, les oiseaux chantaient et j’entendais même des enfants rires. Je leur jetai un regard de coin, consciente qu’il serait injuste de ma part de targuer leur insouciance d’indécence dans un tel endroit. Malgré les fils barbelés et les explications morbides, difficile de croire que cet endroit était l’Enfer incarné. La place figée avait presque quelque chose de joli, de poétique. Cela expliquait sans doute pourquoi Jaga paraissait plus détendue et que sa main s’était décrispée sur mon bras.

Mais très vite, même le soleil ternit et l’atrocité nous sauta à la gorge. Etait-ce à cause de toutes ses chaussures, des centaines, de milliers, disposées de part et d’autre d’un baraquement ? Celles d’homme, de femme et même une chaussure d’enfant placée en évidence ? Les longues mèches de cheveux exhibées pareillement en touffes plus haute que moi, écrasante dans leur quantité et qui correspondait pourtant qu’aux derniers jours et dont les tresses et les coiffures étaient encore discernables ? Ou le passage dans le baraquement 11, la prison dans la prison avec ses cellules où étroites munies d’une trappe en bas où quatre prisonniers devaient passer la nuit debout, ou cette geôle d’étouffement avec sa toute petite fenêtre où un prêtre catholique y était mort en martyr ? Je ne sus dire, mais l’insouciance passa vite, l’illusion vite balayée par l’Histoire écrasante du lieu, par le mal et l’horreur qu’il incarnait. Mon père s’était signé plusieurs fois, avait prié devant la cellule du prêtre et Alexandre avait quitté la pièce des cheveux d’un grand pas furieux.

-Je ne me souviens plus de tout ça, je n’étais pas ici, m’avoua alors Jaga alors que nous tournions de la première chambre à gaz expérimentée et dans laquelle elle avait refusé d’entrer. J’étais à Birkenau, c’est trois kilomètres plus loin …
-C’est là où les trains arrivaient ?
-La rampe, oui. Ils l’ont faite pour l’arrivée des Hongrois en 1944. Elle n’était même pas finie quand je suis partie …

Le moment où les chambres à gaz avaient obtenus leur meilleur ratio, me souvins-je sombrement pour l’avoir lu sur un panneau. La Hongrie avait longtemps refusé de livrer ses juifs avant que les nazis, sentant la guerre tourner en leur défaveur, ne les y force. Nous nous étions éloignées de la chambre à gaz expérimentale reconstituée pour les visites et dans laquelle le reste du groupe s’était aventurée.

-C’est Ceslaw, mon frère, qui était là, poursuivit-t-elle alors que nous retournions sur nos pas. D’ailleurs, si je ne me trompe pas il doit être mort … ici.

Nous étions arrivés à un espace ouvert entre les baraquements 10 et 11. La potence élevée au milieu de laisser que peu de place à la spéculation concernant l’utilité de l’endroit. C’était sans doute un effet d’optique, mais il me semblait presque que les pierres au fond de la cour était encore rougeâtre de sang. Jaga prit une inspiration tremblante mais ne laissa échapper aucune larme alors qu’elle avançait sur les dalles. Je jetai un regard à la ronde avant de sortir ma baguette de mon sac à dos et de l’agiter dans le vide. Une couronne de fleur apparut devant nous et Jaga s’en empara d’une main tremblante pour aller la déposer au pied de la potence. Elle se recueillit quelques minutes et je lui laissai de l’intimité : c’était la première fois qu’elle se retrouvait à l’endroit où avait péri son frère. Quelques touristes nous jetèrent un regard curieux, puis peinés quand ils comprirent et passèrent leur chemin. Jaga finit par revenir vers moi, digne malgré son regard sombre et luisant.

-Merci Perelko, souffla-t-elle en reprenant mon bras. Maintenant allons retrouver tes parents … Cela serait triste si nous loupions le dernier bus pour Birkenau.

Le bus, oui. Le bus qui devait nous amener dans la partie la plus noire et la plus célèbres d’Auschwitz. Je la reconnus dès que nous tournâmes au détour d’une route, la célèbre façade percée d’une arche qui avait laissé entrer les trains. Ce fut par-là que nous entrâmes, avec pour ma part je l’avouai une certaine réticence. Cette fois, même l’aspect n’avait rien d’idyllique : une longue voie de chemin de fer, un chemin en parallèle qui menait droit aux chambres à gaz et sur notre gauche, les baraquements à perte de vue. Enfin, ce qu’il en restait, constatai-je en voyant qu’en réalité, une minorité était encore debout. Jaga eut un ricanement amer.

-Mais c’est parfait. Pas de fumée, pas de boue, pas de cri, pas d’orchestre, pas de chien … Et même le paysage est défiguré.
-Donc ça va… ? s’inquiéta ma mère.

Jaga haussa ses frêles épaules et s’avança seule sur le chemin caillouteux.

-J’ai l’impression de visiter un autre endroit. C’est Auschwitz, certes. Je reconnais le bâtiment, je reconnais la façade … Mais je ne sais pas, c’est comme si on l’avait vidé de toute substance. Déjà, je l’ai dit à Perelko, la rampe n’était pas achevée quand je suis partie. Tous les baraquements étaient debout. Et il manque plein d’élément … Les odeurs, les sons … En fait, c’est un Auschwitz aseptisé.

Le ton neutre qu’elle avait utilisé me glaça, mais je compris en me promenant dans les baraquements, net et propres, ce que Jaga avait voulu dire. Les paillasses par rangée de trois étaient vides, tout au plus poussiéreuse, la longue pièce silencieuse : rien de la réalité qu’avait dû connaître Jaga lors de son internement. C’était la même chose aux latrines où tout était impeccable et dehors où l’air était pur. L’air de Jaga n’avait jamais été pur à Auswitz. Il avait toujours été empoisonné par le souffre, les excréments, les cris, les aboiements et la fumée, la fumée qui s’élevait depuis le fond du camp où nous nous dirigions à présent, longeant la voie de chemin de fer comme les juifs hongrois cinquante-deux ans avant nous. Rien des marqueurs sensoriels qui avaient accompagnés sa vie à Auschwitz, réalisai-je, comprenant son sentiment de ne pas reconnaître le lieu. Une place aseptisée de toute son horreur.

-Je travaillais là, m’apprit-t-elle après s’être de nouveau accrochée à mon bras et désignant un baraquement détruit sur notre droite. Avec Rachel, au Kanada … Tu peux me faire apparaître une nouvelle fleur, Perelko ? Des lys. Rachel adorait les lys …

J’attendis qu’un groupe de touriste – français, si j’en jugeais l’accent – passe derrière nous pour sortir la baguette de mon sac et faire surgir du vide un magnifique bouquet de fleur blanches, pures et éclatantes. Jaga les attrapa avec un faible sourire et Alexandre l’aida à se rendre jusqu’aux pierres incrustées dans le sol qui délimitaient le contour d’un baraquement détruit.

-Qui était Rachel ? me demanda ma mère avec douceur.

Dans son ton, je sentais également une pointe de jalousie. Elle était la fille de Jaga, pourtant sa mère ne s’était jamais confiée à elle concernant la vie dans ce camp. Ces premières confidences depuis cinquante ans, c’était moi qui les avais reçues à Noël, à l’époque où ma grand-mère tentait de me convaincre de la bonté de mon grand-père. Mais j’avais fini par le comprendre, il y avait autre chose que mon grand-père derrière le récit des plus noires années de sa vie. Je le sentais chaque fois qu’elle tendait la main pour prendre mon bras – le mien, celui de personne d’autre – et qu’elle me le serrait, d’une pression qui faisait résonner en moi les mots qui avaient conclu son récit à Noël.
Ne les laisse pas te faire ce qu’ils nous ont fait.
Je chassai l’idée de mon esprit. Ce camp, ce n’était pas mon histoire, me morigénai-je, vaguement honteuse. C’était celle de ma grand-mère : ses fantômes, sa douleur mais sa rédemption aussi. C’était au cœur de l’enfer qu’elle avait accroché sa lumière, l’homme qui la sortirait des ténèbres et lui donnerait la force de s’élever au-delà de l’ombre et la poussière.

-Rachel, c’était la fille qui travaillait avec elle au Kanada, expliquai-je à ma mère, tout bas car ma grand-mère revenait vers nous. Elle a été tuée par un kapo …
-Seigneur, souffla mon père en se signant une nouvelle fois. J’ai toujours su que Jadwiga était une femme forte mais … Je ne sais pas, j’ai l’impression que ce n’est qu’aujourd’hui que je le réalise vraiment.
-Et encore, j’ai l’impression qu’on ne voit pas le pire, renchérit sombrement ma mère. Enfin, on va s’y rapprocher …

Son regard se perdit au loin, vers les débris que l’on commençait à apercevoir et le mémorial qui se dressait devant. Ma gorge se ferma. On arrivait au cœur de l’horreur … Inconsciemment, mes doigts agrippèrent ma baguette dans la poche extérieure de mon sac à dos.
Ne les laisse pas te faire ce qu’ils nous ont fait …
Je profitai que l’endroit soit vide pour faire apparaitre une nouvelle gerbe de fleur et chaque membre de ma famille s’en saisit en silence, même Melania dont le visage n’avait cessé de s’assombrir. Son appareil photo dont on ne pouvait faire taire le cliquetis depuis le début du voyage pendait inutilement sur sa poitrine. Une fois revenue, Jaga s’arrima de nouveau à mon bras et nous poursuivîmes notre descente vers le point culminant de l’horreur. D’abord le mémorial, toutes ces pierres sombres disposées comme des ruines et les plaques traduites en plus d’une dizaine de langue et qui scandaient toutes le même message :

Que ce lieu où les nazis ont assassiné un million et demi d'hommes, de femmes et d'enfants, en majorité des Juifs de divers pays d'Europe, soit à jamais pour l'humanité un cri de désespoir et un avertissement.

Auschwitz - Birkenau 1940 – 1945


-Mille gorgones, laissa échapper Melania à côté de moi. Et nous … Nous, qu’est-ce qu’on a fait … ?
-Je sais que Grindelwald s’est intéressé de près aux plans d’Hitler, avouai-je, provoquant son regard incrédule. C’est pour ça que mon grand-père a été envoyé ici …

Mes yeux glissèrent vers l’endroit où ma grand-mère venait de déposer des fleurs, qui avait certes vu Rachel mourir, mais également l’amour naître entre Miro et Jaga. Et je voulais me soustraire au regard de Melania dont je sentais la brûlure. Sans la regarder, je pouvais suivre le cheminement de ses pensées et cela ne manqua pas :

-Si Grindelwald s’est intéressé au système concentrationnaire, tu es consciente qu’on peut s’imager … ?
-… Que Voldemort s’y est intéressé aussi ? achevai-je avec un pauvre sourire. Oui, j’en ai conscience. Alors je ne sais pas qui a été élu Ministre de la Magie, mais j’espère que ce sera plus un Churchill qu’un Chamberlain.

Melania fronça du nez. Les élections express provoquées par la mise en minorité de Cornelius Fudge au Mangemagot s’étaient tenues hier, mais notre éloignement nous maintenait dans l’ignorance. A dire vrai, avec la mort d’Amelia, je doutais qu’il reste beaucoup de candidat crédible. J’avais cessé de m’y intéresser dès que j’avais su la nouvelle : en plus de ma propre perte car j’admirais énormément cette femme, j’avais dû gérer la peine de Simon et Seigneur que c’était un travail à plein temps. Melania posa une main sur mon épaule.

-Pas de besoin de Ministre. On a déjà notre Churchill, Victoria, et il s’appelle Albus Dumbledore.

Le nom provoqua autant d’espoir de que gêne en moi et je me contentai d’un sourire d’approbation. Bien sûr que le directeur de Poudlard était le sorcier le plus puissant en Europe. Bien sûr qu’il était le seul à effrayer Voldemort, et qu’il avait été le seul l’année dernière au moment où le Ministère s’aveuglait à agir contre son pouvoir. Bien sûr que j’avais plus confiance en lui qu’en nos dirigeants. Mais cet espoir rimait avec danger : pour lutter, il fallait se découvrir. Et quand bien même j’étais certaine de mon choix, je refusais de faire part de cette décision à qui que ce soit.
Si Dumbledore était Churchill, alors j’étais en passe de devenir le soldat qui s’engageait bénévolement dans l’armée pour combattre les nazis en France. Et mon Dieu que c’était effrayant de prendre le bateau.

Melania tapota ma main et partit rejoindre Alexandre qui passa un bras autour de ses épaules. Tous deux portaient une rose blanche que j’avais fait apparaître et je serais la mienne entre mes doigts, passant le pouce sur l’une de ses épines. La douleur me ramena à la réalité et je les suivis jusqu’aux ruines, laissées en état après le départ précipité des SS. Ils avaient tenté de supprimer toute trace de leur crime et avait dynamité les quatre bâtiments mais seuls les négationnistes étaient dupes. Au contraire, je trouvais ces tas de gravas était le plus poignant des aveux : le mal absolu avait été en ce lieu, si incompréhensible que personne ne devait savoir. C’était l’humanité qui était engloutie sous ces pierres : celle qu’ils avaient détruite, celle à laquelle il avait renoncé.

Jaga laissa échapper sa première larme en s’approchant du gouffre, une vaste pièce ouverte à ses pieds, tombeau dans lequel s’était engouffré son père Jakob cinquante-quatre ans plus tôt. Pourtant, elle se dégagea lorsque ma mère voulu la prendre dans ses bras ou que mon père lui proposa le sien pour avancer. Dignement, elle s’avança au bord du vide et laissa tomber la rose. Sa blancheur trancha avec la pierre, sa beauté avec l’horreur qu’elle refermait. Celle de ma mère suivit, puis celle de mon père, avalanche d’hommage et de pureté pour ceux qui avaient perdu la vie pour des idées qui ne devraient jamais être. Melania avait sorti sa baguette pour les démultiplier et jeta presque une centaine de roses dans le gouffre.

Nous nous retrouvâmes tous les six alignés face à l’horreur et au deuil. Mon père s’était agenouillé en toute humilité, l’air prêt à racheter les pêchers de ces hommes. Ma mère pleurait pour la première fois cette famille qu’elle n’avait jamais connu, pas même en souvenir : enfin, son histoire la prenait à la gorge. Melania et Alexandre fixaient les fleurs pour ne pas voir le reste. Et moi je m’avançais vers ma grand-mère dont les yeux sombres et brillants parcouraient la moindre pierre, la moindre rose, comme si elle espérait voir les traces de son père.

-Je ne sais même pas si je saurais retourner au baraquement où est morte ma mère, souffla-t-elle d’une voix éteinte. Je … Je ne reconnais plus rien … Même ça, je ne reconnais plus … C’était encore debout quand je suis partie … Enfin, pas le quatre … (Elle pointa l’une des ruines d’un geste vague). Des Sonderkommando se sont rebellés et l’ont fait exploser … J’avais un ami … Ils sont tous morts …

Jaga prit une grande inspiration pour faire passer son émotivité à ce souvenir et je compris que les souvenirs de l’explosion affluaient à sa mémoire. Puis elle reporta son attention sur la chambre devant laquelle nous nous trouvions et acheva dans un filet de voix :

-Je sais juste que mon père est quelque part. Partout et nulle part, si on veut … Mais j’aurais voulu revoir ma mère …

Helen Stern. Je me souvins de ses boucles et de son regard sombre, si semblable à celle de Jaga … Je passai une main dans mes propres cheveux que je savais tenir de cette femme, morte du typhus quelque part dans ce camp. Jaga aurait pu la rejoindre immédiatement après dans ma tombe … Mais Miro l’avait sauvé. De toutes les manières que l’on pouvait sauver quelqu’un. Ma grand-mère serra mon bras.

-Perelko … Est-ce que je pourrais avoir une rose rouge, s’il te plait ?
-Bien sûr … C’est pour ta mère ? devinai-je en sortant discrètement ma baguette.

Jaga hocha distraitement la tête et prit la fleur que je venais de faire surgir du néant, sans même sourciller. Elle ramassa difficilement une rose blanche qui n’était pas tombée dans le gouffre et la noua à la rouge, reconstituant floralement le couple qu’avait formé ses parents, avant de les lâcher et de les laisser se rejoindre dans la mort. Elle s’enferma ensuite dans un long mutisme et je la laissai à son recueillement, la gorge nouée. Je fis quelques pas pour m’éloigner de ces fosses, le cœur au bord des lèvres et ce faisant, je me rapprochais d’un groupe guidé par un homme d’un certain âge qui parlait anglais avec un fort accent slave. Les touristes, américains si j’en jugeais leur accent, l’écoutait religieusement, la mine grave. Ils étaient campés devant une marre d’eau grisâtre à l’écart des chambres et le guide fit un grand mouvement vers elle. Je parvins à capter ces derniers mots :

-… pouvez l’observer, l’étang est encore gris des cendres que les nazis récoltaient des crématoires … Parfois, ils les jetaient simplement là… Maintenant, si vous voulez bien me suivre jusqu’au mémorial …

Les touristes le suivirent docilement, non sans lancer à la marre un regard révérencieux, parfois dégoûté. Alors que leur départ découvrait l’étendue d’eau à ma vue, je restais figée par l’horreur, hypnotisée par les quelques vagues que formaient la brise sur la surface sombre. Grisâtre, donc, grise des cendres, grises des morts … Une véritable urne funéraire creusée dans la nature et l’horreur. C’était étrangement le symbole le plus tangible que j’avais eu des crimes qui avaient été perpétrer dans ce lieu car je visualisais très bien cette couleur grise, grise des cendres, grises des morts brûlés dans les crématoires … Je tombais à genoux devant l’étendue d’eau, la poitrine compressée, et sans même vérifier si un touriste passait derrière moi, je pointai ma baguette sur les bords de la marre. Quelques fleurs jaillirent, rouges, jaunes, mauves, tranchant avec le gris de l’eau. J’avais eu ce besoin compulsif, trivial, de faire sortir la vie de la mort, des cendres, comme un phénix.
Un phénix.
La solennité de l’enjeu me fit serrer les poings et empêchèrent les larmes de couler. Cet endroit, cette marre grise de cendre, ces ruines derrières moi, cela représentait tout ce pourquoi j’avais pris mon engagement. Ce qui était arrivé en Europe chez les moldus pouvait parfaitement se reproduire en Angleterre chez les sorciers. Et je ne comptais laisser docilement faire Voldemort alors qu’il menaçait de réduire ma famille à néant.
J’avais choisi le phénix pour espérer que mon monde ne finisse pas en cendre et poussière.
MelleChachow

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par MelleChachow »

C'est un chapitre hyper fort en émotions.
J'en ai eu les larmes aux yeux. Tu as une plume vraiment fantastique et j'adore !
Le périple en Pologne en famille, on l'attend depuis un moment et je ne suis vraiment pas déçue.
Je suis très contente de tous les retrouver !
Un chapitre magnifique, comme toujours !!
Charmimnachirachiva

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Charmimnachirachiva »

Perripuce a écrit : sam. 17 oct., 2020 4:43 pm HELLO !! Coucou !
C'est parti pour la partie III d'Ombres et poussières ! Est-ce que je vais réussir à aller au bout de cette histoire, je l'ignore, mais je ferais mon maximum je vous le promets ! On est avec toi Perri !Grâce à la règle des moins de 8000 mots qui m'a été imposée, j'ai réussi à me constistuer une petite avance de 10 chapitres (QUEL SOULAGEMENT d'arriver à 10 Chapitres d'avance, je respire de nouveau !)

Je n'ai pas d'actualité sport, aujourd'hui : les événements arrivent demain avec le Tour des Flandres (et Alaph et son maillot arc en ciel héhé) et le grand retour du derby du Nord en foot, Lille-Lens demain à 21H (et à huis-clos, couvre-feu oblige ...)

Sinon, je suis désolée de ne plus répondre aux commentaires ces derniers temps : ils sont moins nombreux, parfois je passe deux chapitres sans en en voir un et, je suis idiote, je les prends en quantité négligeable alors que justement ils devraient être valorisés. Je n'ai pas trop le temps de le faire là, mais je pense que pendant les vacances je prendrais le temps de répondre à tous les commentaires que vous me ferez pour vous remercier de continuer à être actifs sur cette histoire, je vous remercie énormément et ne doutez pas que chacun d'entre eux me fait évidemment plaisir !

Sur ce, bonne lecture à tous !


Partie III :

Sous le signe de Mars et de Vénus
Hum hum, si je décrypte ce titre ça donne : Mars = la guerre (bon on s'y attendais un peu...) et Vénus = l'amour (ça c'est intéressant ! Hein mon petit Simon ? (oui, ta mère ta percée à jour et NOUS AUSSI !!!!))

***

A Auschwitz, sous les cendre, s'éteignirent les promesses de l'Homme.
Triste mais belle citation
- Elie Wiesel.
***


Chapitre 1 : Cendres et poussières. Si ça fait pas le parallèle entre la 2nd GM et la guerre des sorciers et ta fanfic... Très bien trouvé !

-Arthur, viens ici tout de suite ! Oh, ça me rappelle le first chapitre ! Et dépêche-toi, ta grand-mère nous attend à la maison … Oh révérend, bonnes vacances Ouais ! Tu nous emmène en Pologne! Revenez-nous vite !

La mère du petit Arthur adressa un sourire radieux au révérent Edward Bennett, un grand homme au doux regard et au sourire tranquille qui le lui rendit poliment. Il rangeait dans le coffre des valises pendant que sa femme donnait ses dernières instructions à son père derrière lui avec une certaine anxiété. A dire vrai, une certaine appréhension semblait s’être emparé des vieilles pierres de Terre-en-Landes depuis que leur chef spirituel, apprécié de tous, avait annoncé partir en voyage au moment où le village perdait l’une de ses enfants de la façon la plus brutale qui soit. Amelia Bones :cry: avait beau avoir quitté la place depuis plus de trente ans, les anciens persistaient à se rappeler du sérieux de la petite fille qu’elle avait été, de ses beaux yeux verts, quelle tragédie c’était pour cette famille qui s’était déjà amputée de deux branches, retenue à la vie que par un fil … Les hommages se multipliaient sous forme de fleurs dans le cimetière ou de plat déposé sous le porche de la belle maison victorienne qu’occupait les survivants de la famille, mais la belle porte de bois ciré était demeurée hermétiquement close.

Il n’en fallait pas moins pour les habitants se mettent à tempêter : le silence était le terreau le plus fertile pour les spéculations et tous s’en était donné à cœur joie. On ne savait pas ce qu’Amelia avait fait de sa vie, avait rappelé l’épicière Elisabeth Fisher, comment dire.... et le meurtre avait été particulièrement brutal. Assez pour étayer la piste d’un règlement de compte ? Les Bones avaient toujours été si mystérieux … A cela le garagiste répondait d’un air bourru que cela se prêtait mal à la personnalité inflexible d’Amelia, effectivementmais c’était une femme d’un certain âge et vivant seule – vulnérable selon tous les critères, de quoi attirer les voleurs, les Bones paraissaient riches … Seuls les McDougal de l’autre côté du village ne s’y trompaient pas et restaient soigneusement loin des ragots des villageois. Eux aussi avaient clos leur porte et interdit à leurs filles de sortir ; on parlait même d’un déménagement. Après tout, le père, Jack, avait été là lorsque, quinze ans plus tôt, une sinistre marque avait coiffé la belle demeure victorienne et amené la mort sur Terre-en-Lande …
Non, il n’y avait pas à dire, cette terre était maudite pour les sorciers.

Depuis la fenêtre de ma chambre, grande ouverte pour laisser s’engouffrer la légère brise de l’été, j’observais le village s’étendre devant moi. Les maisons avaient poussé en quartiers disparates autours de deux axes principaux qui se coupaient au Market Square, place sur laquelle se tenaient nombre de boutique d’antiquité qui faisaient la renommée locale de la ville. Surplombant les toits, l’église Saint-Edward se découpait dans le ciel d’un bleu pur et sans nuage de sa tour rectangulaire percée de pic. Avec des pierres couleurs miel typique de la région et ses rues sinueuses, elle me faisait parfois songer à une ville médiévale et figée. C’était certes une ville ancienne dont l’origine se portait à l’époque romaine, mais elle était loin d’être figée, en attestait les nombreux passants qui profitaient de la fraicheur de la fin de journée pour sortir enfin et profiter des derniers rayons du soleil. Je vis la mère d’Arthur se pencher sur Rodolph Blake et lui chuchoter quelques mots à l’oreille en pointant une direction à l’est. Je suivis son geste mais l’objet son attention, si dissimulé qu’il soit par les nombreuses bâtisses, me semblait limpide. Tous discutaient du silence des Bones depuis la mort d’Amelia, quelques jours plus tôt. Beaucoup songeaient que ce repli cachait un déménagement, comme les McDougal, d’autre imaginaient des choses bien plus sombre. J’eus un sourire désabusé. C’était drôle de songer que, sans avoir réellement conscience de la situation, sans savoir ce qui se jouaient réellement dans un système parallèle au leur, qui à la fois ne leur était rien et qui pourtant pouvait tant influencer le leur, ils aient compris quelque chose de sombre se jouait derrière les portes closes des sorciers.

-Victoria ! Victoria, donne ta valise, on va partir !

Le cri creva la bulle de contemplation et je posai le regard sur les affaires qui s’étalaient grossièrement sur mon lit, puis sur ma valise béante qui n’attendait que d’être remplie. J’avais attendu le dernier moment pour pouvoir la faire, incertaine jusqu’au bout de pouvoir faire ce voyage que j’avais attendu presque toute ma vie. Le moment où je quitterais pour la première fois les îles britanniques pour enfin poser le pied sur le continent, si proche et lointain à la fois. Le moment où j’assouvirais les envies de voyage qui me meurtrissaient depuis des années où je me sentais aliénée à ma patrie. Le moment où je découvrirais le pays de mes ancêtres, ce pays où mes grands-parents avaient soufferts et aimés. Je poussai un gros soupir.
Oui. S’il fallait vraiment sortir de Grande-Bretagne pour la première fois, c’était pour découvrir mes origines.

-Tory ?

Un grand garçon brun aux yeux bleus-gris étaient entré dans ma chambre, sans même prendre la peine de frapper. Mais il y avait longtemps qu’Alexandre se passait de ce genre de politesse, surtout lorsqu’elles concernaient sa petite sœur. quel grand frère/soeur à déjà était respectueux de l'intimité du plus petit franchementIl posa le regard sur le lit jonché d’affaires et la valise vide avant de darder sur moi des yeux désabusés.

-Tu as encore changé d’avis ?
-Non, je viens, affirmai-je en hissant ma valise sur mon lit.
-Ça se voit … Tu es courant qu’on part dans cinq minutes ?

Un léger sourire retroussa mes lèvres et je fouillai mes affaires pour sortir de l’amoncellement de vêtement une baguette de bois pâle vive la magie !que je fis tournoyer entre mes doigts. Une légère chaleur se diffusa dans mes doigts et mes muscles se détendirent face à ce contact si familier, rassurant, naturel. La touche qui me complétait, qui me rendait entière.

-Et tu es courant que je suis une sorcière ?

Avec un sourire malicieux, j’opérais un léger mouvement de baguette et sans prononcer le moindre mot, l’ensemble de mes vêtements se plièrent d’eux-mêmes pour se rangeait de façon plus ou moins ordonnée dans la valise. Lorsque je me retournais vers mon frère en exécutant une révérence moqueuse, il fixait mon œuvre avec un mélange d’envie et d’admiration. Presque aussitôt je m’en voulus : tout acte magique provoquait chez mon frère le passage d’un ombre sur son visage, vestige de sa première confrontation avec mon monde. Brutale. Amère. Pourtant il sourit et l’ombre s’effaça aussitôt pour ne laissait que le visage enjoué du garçon dynamique qu’il était.

-Et j’admets que ça a des côtés pratiques, convint-t-il en empoignant ma valise. Maintenant va dire au revoir au crapaud et on décolle.
-Le crapaud m’a presque claqué la porte au nez ce matin alors il va se faire voir. La seule question est de savoir quand est-ce que Simon se transformera définitivement en animal :lol:

Alexandre fut secoué d’un rire pendant que je faisais mon sac à dos avec de grands gestes rageurs alors que toute la colère que j’avais pu éprouver le matin même face à la porte qui s’était refermée sur moi remontait brusquement. Je fus presque tentée de tout de même y retourner pour lui asséner Cyrano de Bergerac sur son grand nez, mais étouffai l’envie en fourrant la pièce dans mon sac avant de le fermer brusquement. Je levai alors les yeux sur le sourire désabusé de mon frère, visiblement amusé par mon énervement manifeste.

-Je me doute bien, Tory. Il fallait bien qu’il te claque la porte au nez pour que tu acceptes de le lâcher et de partir.
Je m’empourprai furieusement avant de me détourner pour qu’Alexandre ne voit pas ma frustration. J’avais passé une année éprouvante à en perdre le sens commun sur ce qui était normal et ce qui ne l’était pas, surtout le concernant. Peut-être était-ce le moment de prendre un peu de distance avec tout cela. J’avais eu toutes les peines à accepter cette idée et peut-être qu’au fond, c’était heureux qu’on m’ait claqué la porte au nez, me forçant ainsi à faire ma valise et m’envoler pour la Pologne. J’entendis Alexandre soupirer derrière moi :

-Je sais que tu t’inquiètes pour lui, mais ce n’est pas parce que tu pars une semaine qu’il va forcément faire des conneries. Je ne suis pas sûre que ses parents ou Susan le laisserait faire et tu as demandé à des amis de faire attention, non ? Et si ça se passe mal et bien tu pourras le tuer. Joyeuse perspective, pas vrai ? L'argument qui tue

Un rire tremblant s’échappa de ma gorge. Je me laissai allée à l’étreinte familière de mon frère. Sans doute avait-il raison : je m’inquiétais trop. J’étais si habituée à tout gérer à Poudlard que j’avais oublié que d’autres à l’extérieur pouvaient m’aider. Dieu que c’était dur de lâcher prise … Je pivotai vers Alexandre pour lui sourire.

-Bon. Direction Cracovie, donc ?
-A la bonne heure, se réjouit-t-il en prenant ma valise et mon sac à dos. Et j’ai promis au crapaud de te perdre dans les souterrains du château de Wawel : a priori, il y a vraiment un dragon qui dort sous ses fondations, du coup Mel refuse d’y aller.
-Tu te ligues avec lui contre moi ? m’indignai-je T'inquiète, tu fera alliance avec Mel !
-Les enfants ! rugit la mère depuis le rez-de-chaussée. Si vous n’êtes pas dans la voiture dans deux minutes, nous partons sans vous !

Alexandre leva les yeux au ciel avant que ses lèvres ne se retroussent d’un sourire amusé.

-Prête pour tes premiers pas en dehors de la mère patrie ?

Un rire sortit de ma poitrine au ton de ces derniers mots, prononcé dans une imitation parfaite de l’Ancien, dernier poilu du village, qui avait un jour exhorté Alexandre à s’engager dans l’armée au commencement de la guerre du Golfe. Je m’éloignai enfin de mon frère pour prendre mon sac. Ce faisant, mon regard fut accroché par ma fenêtre toujours ouverte sur la ville et vagabonda, suivant le chemin sinueux de l’artère principal que je savais s’achever au pied de la maison des Bones. Une vague de remords m’envahit soudainement et je fermais minutieusement mes volets, puis ma fenêtre avant que l’envie ne me prenne de défaire mes bagages. Puis, chassant toute malaise et cédant à l’aventurière qui avait en un sens toujours dormi en moi, je me tournai vers mon frère avec un immense sourire.

-Oui. Plus que prête.
C'est émouvant ce contraste entre l'envie d'aventure et de voyage de Vic qui s'oppose à sa peur se s'éloigner de sa maison, très enfantine quelque part
Alexandre me rendit mon sourire et prit ma valise pour la descendre. Profitant de mon dernier instant seule avant d’arriver à Cracovie, je plongeai ma main dans la poche de mon short et effleurai le rouleau de parchemin qui avait fini écorné et écrasé. Je le déployai une dernière fois. Les mots avaient beau être imprimé dans mon esprit, je les relisais sans cesse dans un espoir vain de me rassurer, de trouver un point d’ancrage. Mon souffle se bloqua dans ma gorge. Ce voyage, ce n’était pas simplement l’ivresse de découvrir de nouveaux rivages.
C’était la vraie vie qui commençait pour moi.

***


C’était un voyage des plus singuliers. La destination, une ville certes riche d’histoire, mais d’un ancien pays communiste qui se laissait à présent aller au nationalisme, n’était pas des plus ordinaires. Tout était organisé avec un budget réduit mais fort heureusement, la Pologne n’était pas un pays cher, bien au contraire et la location me surprit agréablement.

Mais plus que tout, c’était la composition des voyageurs qui était disparate. Mes parents se laissaient rarement aller au voyage : mon père gagnait peu et préférait de loin rester à Terre-en-Landes et ma mère était une véritable bourreau de travail. Elle avait par ailleurs amené avec elle nombre de dossiers dont elle comptait s’acquitter le soir, mais Alexandre avait projet de les cacher. :lol: Elle avait d’ailleurs longtemps refusé de faire ce voyage au pays de ses ancêtres, elle qui était née de sang polonais en terre anglaise. Cela se constatait sur son visage : avec son nez épaté et ses pommettes rebondies, ma mère avait tout le charme d’une belle polonaise et ses boucles brunes ne souffrait d’aucun cheveu blanc. Il avait fallu que les fondements de son identité soient secoués pour qu’elle ressente le besoin de faire cette sorte de pèlerinage. Et bien sûr, elle ne l’admettait pas, mais la volonté de sa propre mère, Jadwiga Liszka, d’enfin faire ce voyage qui la ramènerait dans son pays natal l’avait fortement influencé. Jaga avait beau être une femme forte du haut de ses soixante-dix ans, cette visite risquait bien fort de rouvrir d’anciennes plaies. Survivante de la Shoah et du camp d’Auschwitz, elle retrouvait une Pologne changée, et une Cracovie figée dans son aspect et pourtant si différent dans sa composition. Le quartier juif, malgré ses nombreuses synagogues, n’avait plus grand-chose de juif, m’apprit-t-elle avec un certain dépit, puisque c’était l’endroit où elle avait grandi. L’immeuble dans lequel elle vivait avant la déportation était à présent un restaurant ouvrant sur une place agréable.

Mes parents avaient décidé de l’accompagner dans une synagogue et nous nous retrouvions à trois assis sur la fontaine. Alexandre s’était allongé sur le rebord, les mains derrière la tête. Melania Selwyn, sa petite-amie observait l’environnement à travers ses nouvelles lunettes de soleil, son appareil photo entre ses doigts. J’avais passé une après-midi avec elle à Bristol pour l’aider à constituer une parfaite garde-robe moldue pour la sorcière qu’elle était : malgré sa grande connaissance de notre monde, celle de notre mode était encore un peu désuète pour Melania. Elle tira sur le short qui découvrait assez inhabituellement ses jambes. Elle avait d’abord refusé de mettre quelque chose d’aussi court avant que la chaleur polonaise n’ait raison de sa pudeur.

-En quoi une synagogue diffère d’une église ? s’enquit-t-elle à Alexandre alors qu’elle observait le bâtiment avec attention.
-Demande à Tory, elle sait mieux que moi, répliqua-t-il sans ouvrir les yeux. On se demande même pourquoi Mel pose la question à Alex !

Je levai les yeux au ciel face au flegme de mon frère. Bien que baptisé selon les rites anglicans et en partie juif, Alexandre n’avait aucune appétence pour la religion. Je n’aurais pas été contre le fait de visiter une synagogue, mais c’était plus par curiosité que par recueillement et je doutais que les motivations aient été du goût de ma grand-mère, aussi avais-je préféré rester à l’extérieur également.

-On n’y pratique pas la même religion, expliquai-je à Melania. L’anglicanisme est une forme de christianisme où on considère que Jésus est le Messie envoyé par Dieu pour sauver les hommes. Pour les Juifs, ce Messie n’est pas encore arrivé. Alors les rites et les croyances diffèrent assez à l’intérieur. Ce sont deux traditions différentes.
-Mais qui vénèrent le même Dieu ?
-On va dire que oui, simplifiai-je, peu envieuse de m’embarquer dans un sujet si pointu. Mais pas de la même manière. C’est assez difficile d’expliquer pourquoi et comment, parles-en avec mon père, si tu veux. de longues discussions théologiques en perspective

Melania fronça les sourcils et baissa ses lunettes sur son nez pour mieux contempler la synagogue. Elle qui était sorcière et qui avait grandi dans la croyance simple de la magie, l’idée de religion était un véritable mystère, pour ne pas dire une absurdité. Alexandre avait plaisanté en songeant qu’elle brûlerait sans doute en entrant dans une église, toute sorcière qu’elle était. Imaginez ce qu'il serait arrivé à Vic dans ce cas là !
Mes parents finirent par sortir de la synagogue et Alexandre éclata d’un rire franc lorsque mon père ôta la kippa que les autorités locales l’avaient forcé à porter un comble pour un prêtre. L’image avait aussi fortement amusé Jaga, qui malgré l’émotivité qui se lisait dans ses yeux, esquissait un sourire moqueur et un peu fier. Ce fut ma mère qui se chargea de faire taire Alexandre d’un regard incisif.

-Moque-toi, jeune homme, renchérit ma grand-mère en prenant le bras que je lui tendais. Tu feras moins le malin dans trois jours …
-Tu veux toujours y aller, maman ? s’inquiéta ma mère alors que nous nous remettions en chemin. Tu n’es pas obligée, tu peux rester à …
-Je viendrais. Je ne suis pas venue ici pour manger des pierogis, je sais très bien les faire seule Marian.

La sécheresse de Jaga souffla la voix de ma mère qui se contenta donc d’échanger un regard sceptique avec moi. Je haussai discrètement les épaules et ma mère secoua la tête en prenant les devants. Marian Bennett avait la tête dure, mais elle n’oubliait pas que celle de sa mère l’était encore plus. Mon père entoura ses épaules de son bras et prit la tête de notre groupe avec entrain, nous faisant visiter la ville comme si c’était lui qui avait grandi ici. Nous faisions si peu de voyage que lui se délectait de chacun d’entre eux et les préparait dans les moindres détails, aussi nous emmena-t-il à la place principal, Rynek Główny, la place du Marché, avec une grande facilité. C’était un grand espace coupé en son centre par des Halles au sein desquelles nous déambulâmes, vaguement intrigués par les étales touristiques.

-Il y a vraiment un dragon sous le château de Wawel ? m’enquis-je à Melania en observant les peluches en forme de dragons que vendaient presque tous les marchants ambulants.
-Il y en a eu un, c’est sûr … Après est-ce qu’il est encore en vie, je ne sais pas, ce serait quand même vraiment imprudent de la part des autorités polonaises de laisser un dragon sous un lieu si fréquenté …Certes, mais ce serait quand même drôle ! Tu m’achètes une peluche ? demanda-t-elle à Alexandre avec un adorable sourire.

Alexandre leva les yeux au ciel.

-Vu que maintenant que je sais que tu es pleine aux as, c’est moi qui vais te demander de m’acheter des choses. Tu me payes le restaurant de ce soir ?
-Je t’ai connu plus galant.
-Je t’ai connue plus pauvre, ça doit être pour ça.

Alexandre plaqua un baiser contre son crâne pour adoucir la pique et s’éloigna pour aider Jaga à grimper une volée de marche. Melania le contempla un instant, les sourcils froncés et je ne pus m’empêcher de demander :

-Euh … Est-ce que ça va mieux ?

Les lèvres de Melania se pincèrent. Même si leur couple s’était reformé, je savais que leurs relations étaient tendues depuis juin. Ce n’était pas l’attaque de Nestor qui en était en cause : toute violente et inattendue qu’elle avait été, Alexandre savait pertinemment que nous n’y étions pour rien. En revanche, je doutais qu’il ait parfaitement réussi à nous pardonner d’avoir fomenter leur rupture et de lui avoir caché tout ce qu’il risquait. Cela se manifestait par des petites piques et une sorte de distance qui s’était instaurée depuis le début de l’été. Et moi qui avais toujours été proche de mon frère, cette nouvelle barrière m’était désagréable.J'aime pas les savoir comme ça, c'est triiiiiste

-J’avoue que j’espère que ce voyage va remettre les choses en perspective pour lui, m’avoua-t-elle du bout des lèvres. Et lui changer les idées … C’est pour ça qu’on sort à deux, ce soir … A ton tour, maintenant. (Elle piocha une boule à neige représentant le château de Wawel). A quoi ça sert ?

J’éclatai de rire devant sa mine perplexe et lui expliquai l’intérêt décoratif de l’objet. Cela parut vaguement l’intriguer et elle paya la boule à neige avec mon aide. Elle se débrouillait avec la livre-sterling, mais le zloty lui était totalement étranger. A moi aussi du reste et il nous fallut quelques minutes pour se familiariser avec la monnaie avant de payer le commerçant. Mes parents, Jaga et Alexandre avaient depuis longtemps avancer et nous flânâmes plus lentement entre les arcades jusqu’à ce que Melania s’arrête devant l’une d’entre elle. Elle passa sa main sur son sac à main et je devinai qu’elle s’empêchait s’attraper la baguette qu’elle avait cachée à l’intérieur.

-Je pense que c’est là …
-Quoi donc ?

Melania m’adressa un sourire malicieux, le regard pétillant.

-L’entrée vers le monde magique polonais. Tu nous y ferra entrer Perri ???

Elle jeta un regard à la ronde avant de sortir discrètement sa baguette et de la passer sur le pilier. Il se mit à luire légèrement avant que cela ne s’estompe, mais j’avais senti l’air se tendre autour de moi, inexplicablement. Le sourire de Melania s’élargit.

-Mais oui, c’est là ! Il faudra que j’y retourne demain, j’ai des affaires à régler …
-Des affaires ? j'imagine tellement le ton suspicieux de Vic

Je savais que Melania avait fait deux années de formation à la Justice Magique avant d’intégrer la Fondation de son père, le très influent Julius Selwyn et de l’aider grâce à ses connaissances juridiques et surtout des moldus. Elle m’adressa un sourire penaud en rangeant sa baguette.

-Tu penses que le rayonnement des Selwyn s’arrête aux frontières de l’Angleterre ? Nous avons des intérêts un peu partout en Europe … Mais peu en Europe de l’Est, je l’admets. Et ici les institutions sorcières ont refusés de suivre leurs homologues moldues à Varsovie, ils préfèrent la vieille ville … Alors j’en profite pour rencontrer quelques familles, disons …
-Quelques familles ? répétai-je, horrifiée.

Melania parut surprise de ma réaction, avant de comprendre et de mettre une main sur mon épaule.

-Nom d’une gargouille non, pas des Liszka, ne t’en fais pas !ba heureusement Enfin, j’aurais aimé, ce sont eux qui contrôlent tout en Pologne et c’est bien pour ça qu’ils sont inaccessibles … je comprend tellement cet intérêt, qui peut en choquer certains (dont Vic) de vouloir rencontrer des salauds qui ont le pouvoir, c'est mal perçu mais il faut bien commencer quelque part pour faire changer la société Et puis, je ne vous aurais pas fait ça, enfin …

La culpabilité qui se peignit sur le visage de Melania acheva de me rassurer. C’était la présence en ville de sa famille, les Liszka, qui avait dissuadé mon grand-père Miroslav de faire le voyage avec nous. Il était un sorcier en exil et la Pologne l’avait que bien trop meurtri : parfois, je songeais qu’il y avait laissée la partie déchirée de son âme. Je n’étais pas sûre qu’il apprécierait de savoir que Melania était venue pour les affaires, mais chacun voyait son propre but à Cracovie. Ma grand-mère y cherchait la paix, Alexandre une échappatoire, ma mère une identité, et mon père se resourçait dans un pays connu pour sa piété.

-Tu en as parlé à Alexandre ?
-Non, répondit Melania d’une voix prudente. Peut-être ce soir …
-Ce soir, oui. Ce serait bien.

Melania finit par hocher lentement la tête. J’avais fini par deviner que c’était difficile pour elle de se livrer après avoir passé toute sa vie à mentir, dissimulé et cacher. Ce double-jeu était une partie d’elle et c’était sans doute pour cela qu’il lui avait été si aisé d’être heureuse tout en cachant à Alexandre qu’elle était une sorcière. Melania avait tout simplement du mal à abattre ses cartes, mais après ce qu’il s’était passé en juin, Alexandre ne supporterait plus la moindre omission, même si elle concernait les affaires familiales. Belle analyse

-C’est vrai que ce n’est pas le moment pour faire cela, admit-t-elle en se remettant en marche. Et ça ne prendra pas de temps, promis … Peut-être que je profiterais de la fois où tu iras voir ton ami Victooooooor. Tu y vas quand, déjà, demain ?
-Non, demain on va aux mines de sel, rappelai-je, le ventre soudainement noué. Sans doute en fin de séjour …
-Je trouve génial que tu aies gardé des contacts du Tournoi, sourit Melania, soudainement plus gaie. Même si évidemment ils étaient là pour battre Dumbledore, je suis contente que ce soit de vraies valeurs saines qui en découlent. Que tout le discours sur la coopération magique internationale, l’amitié des communauté magiques et tout cela ne soit pas qu’un discours vide de sens … Je pense que c’est un événement que j’aurais adoré vivre …
-Vraiment ?

Je n’avais pu endiguer l’amertume dans ma voix en songeant à comment s’était terminé le fameux Tournoi pour moi. La mort de Cédric avait beau dater d’un an, la douleur liée à sa disparition restait toujours en embuscade dans ma poitrine. Melania me jeta un regard désolé en comprenant son erreur et passa un bras par-dessous le mien.

-Désolée, j’ai été maladroite … Euh … Si je t’achetais une peluche dragon pour me rattraper ? Tout s'achète avec des peluches dragons :lol:

La proposition m’arracha un sourire et je la laissai le conduire aux étales avec plus d’entrain pour faire passer la boule d’émotion qui était apparue au souvenir de Cédric.

***


Je pensais que je n’aurais pas été dépaysée en Pologne. Après tout, les peuples étaient si connectés les uns aux autres que leurs urbanismes avaient fini par se ressembler. Malgré tout, j’avais trouvé un véritable charme à Cracovie. J’avais craint la ville-musée, enfermée dans ses vieilles pierres et dans le tourisme, mais c’était en réalité une ville très vivante, agréable avec ses animations de rues, ses jeunes qui riaient aux éclats en babillant en polonais et la beauté de son architecture. Je m’y sentais chez moi : l’accent roulant que j’avais entendu chez Miro et Jaga, les traits slaves que j’observais chaque fois que je me regardais dans un miroir et même la nourriture, tout me paraissait familier et réconfortant, et malgré tout j’éprouvais l’ivresse d’une sensation d’ailleurs. Les mines de sel, véritable ville sous-terraine à quelques kilomètres de Cracovie m’avaient véritablement enchantée tout comme la vision des vestiges du Ghetto m’avait révolté et attristé. Ma grand-tante Emilia était morte entre ces murs et nous avions déposé des fleurs au pied du morceau du mur. Cela avait éprouvé ma grand-mère et pourtant, le pire était à venir.
Ce voyage, c’était sa mémoire qui se réactivait, son identité qui se reconstruisait. Et une partie d’elle, c’était à Auschwitz qu’elle l’avait laissé.

Nous fîmes le voyage de la plus cruelle des manières : en train. Selon les guides, c’était le meilleur moyen de se rendre là-bas, près de la petite ville d’Oswiecim, qui germanisée avait donné « Auschwitz ». C’était en prenant ce train que je m’étais rendue compte du retard qu’avait pris les pays sous influence communiste sur les pays occidentaux : la machine était digne du Poudlard Express, la magie en moins. C'est pour dire ! Rien de la modernité des trains britanniques. De plus, la marche avait été si haute qu’Alexandre avait dû me porter pour que j’y grimpe – Melania s’était faite une joie de prendre une photo de l’exploit. :lol:

Jaga était restée coite tout le trajet, contemplant les paysages d’un regard indifférent. J’étais presque certaine que dans sa tête, elle s’était refaite le voyage dans les wagons à bestiaux, celui qui pour la première fois l’avait amené de Cracovie à Auschwitz. Personne n’osait lui parler, pas même ma mère qui se contentait de la couver d’un regard inquiet. Elle et moi l’avions aidé à descendre du train et elle s’était accrochée à mon bras sur la route qui conduisait à ce qui était à présent un musée. J’avais senti sa main se refermer comme une serre sur mon avant-bras à mesure que nous avancions, sa respiration se faire de plus en plus haletante alors que nous arrivions devant l’entrée du musée jusqu’à ce qu’enfin tout son corps se relâche devant les grilles qu’elle avait passé pour la première fois à l’âge de quatorze ans.

Jadwiga Liszka fixa les lettres de fer forgé qui surplombait la grille, la respiration si lourde qu’elle emplissait mon espace auditif. Une inscription en allemand que je ne parvins pas à traduire, découvris-je en levant la tête. Ma mère, qui avait étudié cette langue dans le secondaire, poussa un grognement de dépit.

-Quel culot …
-Qu’est-ce que ça veut dire ? demanda Melania, handicapée comme moi par la paresse que donnait la magie. c'est bien vrai
-Arbeit marcht frei, lut mon père avec un profond mépris. « Le travail rend libre » … Ils avaient quand même le sens de l'humour eux... :evil: :evil:

Melania pinça des lèvres. Alexandre et moi avions passé la soirée de la veille à l’informer sur Auschwitz. Ayant fait Etude des Moldus à Poudlard et ayant beaucoup lu, elle avait déjà une très bonne base concernant les événements mais apprendre les détails l’avait horrifié au delà des mots. Elle jeta un regard révérencieux à ma grand-mère qui restait silencieuse, le cou dévissé pour fixer l’inscription de ses yeux sombres. Ce ne fut que lorsqu’elle le décida que nous nous ébrouâmes pour suivre le chemin de terre battu entre les bâtiments de brique.

La visite se en silence : les panneaux explicatifs en polonais et en anglais nous suffisaient. Il faisait beau : le soleil brillait, les oiseaux chantaient et j’entendais même des enfants rires. Je leur jetai un regard de coin, consciente qu’il serait injuste de ma part de targuer leur insouciance d’indécence dans un tel endroit. Malgré les fils barbelés et les explications morbides, difficile de croire que cet endroit était l’Enfer incarné. La place figée avait presque quelque chose de joli, de poétique. Cela expliquait sans doute pourquoi Jaga paraissait plus détendue et que sa main s’était décrispée sur mon bras.

Mais très vite, même le soleil ternit et l’atrocité nous sauta à la gorge. Etait-ce à cause de toutes ses chaussures, des centaines, de milliers, disposées de part et d’autre d’un baraquement ? Celles d’homme, de femme et même une chaussure d’enfant placée en évidence ? Les longues mèches de cheveux exhibées pareillement en touffes plus haute que moi, écrasante dans leur quantité et qui correspondait pourtant qu’aux derniers jours et dont les tresses et les coiffures étaient encore discernables ? Ou le passage dans le baraquement 11, la prison dans la prison avec ses cellules où étroites munies d’une trappe en bas où quatre prisonniers devaient passer la nuit debout, ou cette geôle d’étouffement avec sa toute petite fenêtre où un prêtre catholique y était mort en martyr ? Je ne sus dire, mais l’insouciance passa vite, l’illusion vite balayée par l’Histoire écrasante du lieu, par le mal et l’horreur qu’il incarnait. Séquence émotion, on sent que ça tu prends ce chapitre très à coeur Perri (ou peut être que je me foire, même si je pense pas) Mon père s’était signé plusieurs fois, avait prié devant la cellule du prêtre et Alexandre avait quitté la pièce des cheveux d’un grand pas furieux.

-Je ne me souviens plus de tout ça, je n’étais pas ici, m’avoua alors Jaga alors que nous tournions de la première chambre à gaz expérimentée et dans laquelle elle avait refusé d’entrer. J’étais à Birkenau, c’est trois kilomètres plus loin …
-C’est là où les trains arrivaient ?
-La rampe, oui. Ils l’ont faite pour l’arrivée des Hongrois en 1944. Elle n’était même pas finie quand je suis partie …

Le moment où les chambres à gaz avaient obtenus leur meilleur ratio, me souvins-je sombrement pour l’avoir lu sur un panneau. La Hongrie avait longtemps refusé de livrer ses juifs avant que les nazis, sentant la guerre tourner en leur défaveur, ne les y force. Nous nous étions éloignées de la chambre à gaz expérimentale reconstituée pour les visites et dans laquelle le reste du groupe s’était aventurée.

-C’est Ceslaw, mon frère, qui était là, poursuivit-t-elle alors que nous retournions sur nos pas. D’ailleurs, si je ne me trompe pas il doit être mort … ici.

Nous étions arrivés à un espace ouvert entre les baraquements 10 et 11. La potence élevée au milieu de laisser que peu de place à la spéculation concernant l’utilité de l’endroit. C’était sans doute un effet d’optique, mais il me semblait presque que les pierres au fond de la cour était encore rougeâtre de sang. Jaga prit une inspiration tremblante mais ne laissa échapper aucune larme alors qu’elle avançait sur les dalles. Je jetai un regard à la ronde avant de sortir ma baguette de mon sac à dos et de l’agiter dans le vide. Une couronne de fleur apparut devant nous et Jaga s’en empara d’une main tremblante pour aller la déposer au pied de la potence. Elle se recueillit quelques minutes et je lui laissai de l’intimité : c’était la première fois qu’elle se retrouvait à l’endroit où avait péri son frère. Quelques touristes nous jetèrent un regard curieux, puis peinés quand ils comprirent et passèrent leur chemin. Jaga finit par revenir vers moi, digne malgré son regard sombre et luisant.

-Merci Perelko, souffla-t-elle en reprenant mon bras. Maintenant allons retrouver tes parents … Cela serait triste si nous loupions le dernier bus pour Birkenau.

Le bus, oui. Le bus qui devait nous amener dans la partie la plus noire et la plus célèbres d’Auschwitz. Je la reconnus dès que nous tournâmes au détour d’une route, la célèbre façade percée d’une arche qui avait laissé entrer les trains. Ce fut par-là que nous entrâmes, avec pour ma part je l’avouai une certaine réticence. Cette fois, même l’aspect n’avait rien d’idyllique : une longue voie de chemin de fer, un chemin en parallèle qui menait droit aux chambres à gaz et sur notre gauche, les baraquements à perte de vue. Enfin, ce qu’il en restait, constatai-je en voyant qu’en réalité, une minorité était encore debout. Jaga eut un ricanement amer.

-Mais c’est parfait. Pas de fumée, pas de boue, pas de cri, pas d’orchestre, pas de chien … Et même le paysage est défiguré.
-Donc ça va… ? s’inquiéta ma mère.

Jaga haussa ses frêles épaules et s’avança seule sur le chemin caillouteux.

-J’ai l’impression de visiter un autre endroit. C’est Auschwitz, certes. Je reconnais le bâtiment, je reconnais la façade … Mais je ne sais pas, c’est comme si on l’avait vidé de toute substance. Déjà, je l’ai dit à Perelko, la rampe n’était pas achevée quand je suis partie. Tous les baraquements étaient debout. Et il manque plein d’élément … Les odeurs, les sons … En fait, c’est un Auschwitz aseptisé.

Le ton neutre qu’elle avait utilisé me glaça, mais je compris en me promenant dans les baraquements, net et propres, ce que Jaga avait voulu dire. Les paillasses par rangée de trois étaient vides, tout au plus poussiéreuse, la longue pièce silencieuse : rien de la réalité qu’avait dû connaître Jaga lors de son internement. C’était la même chose aux latrines où tout était impeccable et dehors où l’air était pur. L’air de Jaga n’avait jamais été pur à Auswitz. Il avait toujours été empoisonné par le souffre, les excréments, les cris, les aboiements et la fumée, la fumée qui s’élevait depuis le fond du camp où nous nous dirigions à présent, longeant la voie de chemin de fer comme les juifs hongrois cinquante-deux ans avant nous. Rien des marqueurs sensoriels qui avaient accompagnés sa vie à Auschwitz, réalisai-je, comprenant son sentiment de ne pas reconnaître le lieu. Une place aseptisée de toute son horreur.

-Je travaillais là, m’apprit-t-elle après s’être de nouveau accrochée à mon bras et désignant un baraquement détruit sur notre droite. Avec Rachel, au Kanada … Tu peux me faire apparaître une nouvelle fleur, Perelko ? Des lys. Rachel adorait les lys …

J’attendis qu’un groupe de touriste – français, si j’en jugeais l’accent – passe derrière nous pour sortir la baguette de mon sac et faire surgir du vide un magnifique bouquet de fleur blanches, pures et éclatantes. Jaga les attrapa avec un faible sourire et Alexandre l’aida à se rendre jusqu’aux pierres incrustées dans le sol qui délimitaient le contour d’un baraquement détruit.

-Qui était Rachel ? me demanda ma mère avec douceur.

Dans son ton, je sentais également une pointe de jalousie. Elle était la fille de Jaga, pourtant sa mère ne s’était jamais confiée à elle concernant la vie dans ce camp. Ces premières confidences depuis cinquante ans, c’était moi qui les avais reçues à Noël, à l’époque où ma grand-mère tentait de me convaincre de la bonté de mon grand-père. Mais j’avais fini par le comprendre, il y avait autre chose que mon grand-père derrière le récit des plus noires années de sa vie. Je le sentais chaque fois qu’elle tendait la main pour prendre mon bras – le mien, celui de personne d’autre – et qu’elle me le serrait, d’une pression qui faisait résonner en moi les mots qui avaient conclu son récit à Noël.
Ne les laisse pas te faire ce qu’ils nous ont fait.
Je chassai l’idée de mon esprit. Ce camp, ce n’était pas mon histoire, me morigénai-je, vaguement honteuse. C’était celle de ma grand-mère : ses fantômes, sa douleur mais sa rédemption aussi. C’était au cœur de l’enfer qu’elle avait accroché sa lumière, l’homme qui la sortirait des ténèbres et lui donnerait la force de s’élever au-delà de l’ombre et la poussière.

-Rachel, c’était la fille qui travaillait avec elle au Kanada, expliquai-je à ma mère, tout bas car ma grand-mère revenait vers nous. Elle a été tuée par un kapo …
-Seigneur, souffla mon père en se signant une nouvelle fois. J’ai toujours su que Jadwiga était une femme forte mais … Je ne sais pas, j’ai l’impression que ce n’est qu’aujourd’hui que je le réalise vraiment.
-Et encore, j’ai l’impression qu’on ne voit pas le pire, renchérit sombrement ma mère. Enfin, on va s’y rapprocher …

Son regard se perdit au loin, vers les débris que l’on commençait à apercevoir et le mémorial qui se dressait devant. Ma gorge se ferma. On arrivait au cœur de l’horreur … Inconsciemment, mes doigts agrippèrent ma baguette dans la poche extérieure de mon sac à dos.
Ne les laisse pas te faire ce qu’ils nous ont fait …
Je profitai que l’endroit soit vide pour faire apparaitre une nouvelle gerbe de fleur et chaque membre de ma famille s’en saisit en silence, même Melania dont le visage n’avait cessé de s’assombrir. Son appareil photo dont on ne pouvait faire taire le cliquetis depuis le début du voyage pendait inutilement sur sa poitrine. Une fois revenue, Jaga s’arrima de nouveau à mon bras et nous poursuivîmes notre descente vers le point culminant de l’horreur. D’abord le mémorial, toutes ces pierres sombres disposées comme des ruines et les plaques traduites en plus d’une dizaine de langue et qui scandaient toutes le même message :

Que ce lieu où les nazis ont assassiné un million et demi d'hommes, de femmes et d'enfants, en majorité des Juifs de divers pays d'Europe, soit à jamais pour l'humanité un cri de désespoir et un avertissement.

Auschwitz - Birkenau 1940 – 1945


-Mille gorgones, laissa échapper Melania à côté de moi. Et nous … Nous, qu’est-ce qu’on a fait … ?
-Je sais que Grindelwald s’est intéressé de près aux plans d’Hitler, avouai-je, provoquant son regard incrédule. C’est pour ça que mon grand-père a été envoyé ici …

Mes yeux glissèrent vers l’endroit où ma grand-mère venait de déposer des fleurs, qui avait certes vu Rachel mourir, mais également l’amour naître entre Miro et Jaga. Et je voulais me soustraire au regard de Melania dont je sentais la brûlure. Sans la regarder, je pouvais suivre le cheminement de ses pensées et cela ne manqua pas :

-Si Grindelwald s’est intéressé au système concentrationnaire, tu es consciente qu’on peut s’imager … ?
-… Que Voldemort s’y est intéressé aussi ? achevai-je avec un pauvre sourire. Oui, j’en ai conscience. Alors je ne sais pas qui a été élu Ministre de la Magie, mais j’espère que ce sera plus un Churchill qu’un Chamberlain.

Melania fronça du nez. Les élections express provoquées par la mise en minorité de Cornelius Fudge au Mangemagot s’étaient tenues hier, mais notre éloignement nous maintenait dans l’ignorance. A dire vrai, avec la mort d’Amelia, je doutais qu’il reste beaucoup de candidat crédible. J’avais cessé de m’y intéresser dès que j’avais su la nouvelle : en plus de ma propre perte car j’admirais énormément cette femme, j’avais dû gérer la peine de Simon et Seigneur que c’était un travail à plein temps. Melania posa une main sur mon épaule.

-Pas de besoin de Ministre. On a déjà notre Churchill, Victoria, et il s’appelle Albus Dumbledore.

Le nom provoqua autant d’espoir de que gêne en moi et je me contentai d’un sourire d’approbation. Bien sûr que le directeur de Poudlard était le sorcier le plus puissant en Europe. Bien sûr qu’il était le seul à effrayer Voldemort, et qu’il avait été le seul l’année dernière au moment où le Ministère s’aveuglait à agir contre son pouvoir. Bien sûr que j’avais plus confiance en lui qu’en nos dirigeants. Mais cet espoir rimait avec danger : pour lutter, il fallait se découvrir. Et quand bien même j’étais certaine de mon choix, je refusais de faire part de cette décision à qui que ce soit.
Si Dumbledore était Churchill, alors j’étais en passe de devenir le soldat qui s’engageait bénévolement dans l’armée pour combattre les nazis en France. Et mon Dieu que c’était effrayant de prendre le bateau. Belle métaphore

Melania tapota ma main et partit rejoindre Alexandre qui passa un bras autour de ses épaules. Tous deux portaient une rose blanche que j’avais fait apparaître et je serais la mienne entre mes doigts, passant le pouce sur l’une de ses épines. La douleur me ramena à la réalité et je les suivis jusqu’aux ruines, laissées en état après le départ précipité des SS. Ils avaient tenté de supprimer toute trace de leur crime et avait dynamité les quatre bâtiments mais seuls les négationnistes étaient dupes. Au contraire, je trouvais ces tas de gravas était le plus poignant des aveux : le mal absolu avait été en ce lieu, si incompréhensible que personne ne devait savoir. C’était l’humanité qui était engloutie sous ces pierres : celle qu’ils avaient détruite, celle à laquelle il avait renoncé.

Jaga laissa échapper sa première larme en s’approchant du gouffre, une vaste pièce ouverte à ses pieds, tombeau dans lequel s’était engouffré son père Jakob cinquante-quatre ans plus tôt. Pourtant, elle se dégagea lorsque ma mère voulu la prendre dans ses bras ou que mon père lui proposa le sien pour avancer. Dignement, elle s’avança au bord du vide et laissa tomber la rose. Sa blancheur trancha avec la pierre, sa beauté avec l’horreur qu’elle refermait. Celle de ma mère suivit, puis celle de mon père, avalanche d’hommage et de pureté pour ceux qui avaient perdu la vie pour des idées qui ne devraient jamais être. Melania avait sorti sa baguette pour les démultiplier et jeta presque une centaine de roses dans le gouffre.

Nous nous retrouvâmes tous les six alignés face à l’horreur et au deuil. Mon père s’était agenouillé en toute humilité, l’air prêt à racheter les pêchers de ces hommes. Ma mère pleurait pour la première fois cette famille qu’elle n’avait jamais connu, pas même en souvenir : enfin, son histoire la prenait à la gorge. Melania et Alexandre fixaient les fleurs pour ne pas voir le reste. Et moi je m’avançais vers ma grand-mère dont les yeux sombres et brillants parcouraient la moindre pierre, la moindre rose, comme si elle espérait voir les traces de son père.

-Je ne sais même pas si je saurais retourner au baraquement où est morte ma mère, souffla-t-elle d’une voix éteinte. Je … Je ne reconnais plus rien … Même ça, je ne reconnais plus … C’était encore debout quand je suis partie … Enfin, pas le quatre … (Elle pointa l’une des ruines d’un geste vague). Des Sonderkommando se sont rebellés et l’ont fait exploser … J’avais un ami … Ils sont tous morts …

Jaga prit une grande inspiration pour faire passer son émotivité à ce souvenir et je compris que les souvenirs de l’explosion affluaient à sa mémoire. Puis elle reporta son attention sur la chambre devant laquelle nous nous trouvions et acheva dans un filet de voix :

-Je sais juste que mon père est quelque part. Partout et nulle part, si on veut … Mais j’aurais voulu revoir ma mère …

Helen Stern. Je me souvins de ses boucles et de son regard sombre, si semblable à celle de Jaga … Je passai une main dans mes propres cheveux que je savais tenir de cette femme, morte du typhus quelque part dans ce camp. Jaga aurait pu la rejoindre immédiatement après dans ma tombe … Mais Miro l’avait sauvé. De toutes les manières que l’on pouvait sauver quelqu’un. Ma grand-mère serra mon bras.

-Perelko … Est-ce que je pourrais avoir une rose rouge, s’il te plait ?
-Bien sûr … C’est pour ta mère ? devinai-je en sortant discrètement ma baguette.

Jaga hocha distraitement la tête et prit la fleur que je venais de faire surgir du néant, sans même sourciller. Elle ramassa difficilement une rose blanche qui n’était pas tombée dans le gouffre et la noua à la rouge, reconstituant floralement le couple qu’avait formé ses parents, avant de les lâcher et de les laisser se rejoindre dans la mort. Elle s’enferma ensuite dans un long mutisme et je la laissai à son recueillement, la gorge nouée. Je fis quelques pas pour m’éloigner de ces fosses, le cœur au bord des lèvres et ce faisant, je me rapprochais d’un groupe guidé par un homme d’un certain âge qui parlait anglais avec un fort accent slave. Les touristes, américains si j’en jugeais leur accent, l’écoutait religieusement, la mine grave. Ils étaient campés devant une marre d’eau grisâtre à l’écart des chambres et le guide fit un grand mouvement vers elle. Je parvins à capter ces derniers mots :

-… pouvez l’observer, l’étang est encore gris des cendres que les nazis récoltaient des crématoires … Parfois, ils les jetaient simplement là… Maintenant, si vous voulez bien me suivre jusqu’au mémorial …

Les touristes le suivirent docilement, non sans lancer à la marre un regard révérencieux, parfois dégoûté. Alors que leur départ découvrait l’étendue d’eau à ma vue, je restais figée par l’horreur, hypnotisée par les quelques vagues que formaient la brise sur la surface sombre. Grisâtre, donc, grise des cendres, grises des morts … Une véritable urne funéraire creusée dans la nature et l’horreur. C’était étrangement le symbole le plus tangible que j’avais eu des crimes qui avaient été perpétrer dans ce lieu car je visualisais très bien cette couleur grise, grise des cendres, grises des morts brûlés dans les crématoires … Je tombais à genoux devant l’étendue d’eau, la poitrine compressée, et sans même vérifier si un touriste passait derrière moi, je pointai ma baguette sur les bords de la marre. Quelques fleurs jaillirent, rouges, jaunes, mauves, tranchant avec le gris de l’eau. J’avais eu ce besoin compulsif, trivial, de faire sortir la vie de la mort, des cendres, comme un phénix.
Un phénix.
La solennité de l’enjeu me fit serrer les poings et empêchèrent les larmes de couler. Cet endroit, cette marre grise de cendre, ces ruines derrières moi, cela représentait tout ce pourquoi j’avais pris mon engagement. Ce qui était arrivé en Europe chez les moldus pouvait parfaitement se reproduire en Angleterre chez les sorciers. Et je ne comptais laisser docilement faire Voldemort alors qu’il menaçait de réduire ma famille à néant.
J’avais choisi le phénix pour espérer que mon monde ne finisse pas en cendre et poussière.
Bon, j'ai rien pu écrire avant la fin parce qu'il n'y a rien à dire, c'est juste magnifique, j'avais la gorge serrée tout le long. J'ai même les larmes aux yeux en lisant le dernier passage. Le parallèle que tu fais entre ce qu'a vécu Jaga et ce que va vivre Vic est magnifique. Je suis vraiment émue. Merci Perri.
Scandium

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Scandium »

Désolée pour le retard ! Cette semaine, j'étais beaucoup trop occupée à rendre des devoirs baclés et à râter mon permis de conduire.

Bref, de toute façon, je sais pas trop quoi dire et quoi commenter... Le chapitre parle de lui-même y a rien à ajouter. Tu écris toutjours aussi bien, c'est très émouvant, le parrallèle entre la Shoah et l'extermination des Moldus et Nés Moldus est toujous aussi fort, intéréssant et bien travaillé. Je suis contente de voir Mélania Selwyn avec les Benett, je l'aime bien.

voila, que dire de plus ? Bravo pour ce chapitre en tout cas.
annabethfan

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par annabethfan »

Je vais quand même te laisser un bébé commentaire pour ce premier chapitre de la partie III ! En vrai ça me fait bizarre, j'ai l'impression que c'était hier qu'on commençait cette histoire avec toi et je me disais "oh la la 4 tomes prévus c'est énorme" et en fait on en est déjà à la moitié !

Bon en vrai j'ai déjà tout dit dans mon vocal-commentaire mais je voulais juste laisser une trace écrite en te redisant à quel point c'était bien écrit, poignant, juste et très bien pensé ! Et j'aime beaucoup que tu arrives à faire ressentir l'ambiance lourde du camp mais aussi légère des vacances, c'est incroyable d'arriver à retranscrire les deux dans un même chapitre.

Voilà, vraiment tu commences fort ! :D

Keur sur toi Perri !
Perripuce

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Perripuce »

BONJOUR TOUT LE MONDE !

Comment vous allez bien? Après ce reconfinement FANTASTIQUE? Après qu'on a tous été "bannis" pour insultes? (sérieusement, j'ai flippé). Avec cette rentrée incertaine qui se rapproche? Tout ça, ça mérite bien un chapitre :mrgreen: :mrgreen:

Je vais adopter la technique Anna' pour répondre aux commentaires, je la trouve très efficace ! Donc allons-y !

_____


MelleChachow : merci beaucoup tu es adorable ! Je suis contente de ne pas t'avoir déçue pour ce chapitre que tu attendais, j'avoue que je ne savais vraiment pas comment il pouvait être reçu donc ça me fait plaisir que tu aies apprécié !

Charm' : déjà un immense merci pour ce commentaire citation, je sais à quel point c'est long donc c'est super sympa de prendre le temps ! Je suis contente que tu aimes le titre du chapitre (qui par ailleurs, aurait carrément pu être le titre de la fanfic'). Et tu as raison, je prenais ce chapitre très très à coeur, c'est un voyage que j'ai moi-même fait donc pour le coup c'était réellement mes mots ... et je suis contente que tu aies trouvé ça réussi, merci beaucoup Charm' !
Et pour l'univers magique polonais bieeen ... réponse maintenant !

Chloé : je compatis pour le permis, je l'ai passé quatre fois donc je te suis à fond avec toi et je souhaite bien du courage ! Et merci énormément pour ton commentaire et ta fidélité, ça me touche réellement <3

Anna' : Cf notre conv, écoute :lol: :lol:
_______

Maintenant le chapitre ! (oui pas de chronique sport, tout arrive ce soir (France Irlande pour la tête du Tournoi des 6 nations hiiii) et demain (Lille Lyon hiiii)). Pas grand-chose à dire, sinon que le titre est emprunté à Anna' et à son bonus "Et si?" ! Bonne lecture !


***

Je ne te dis pas de ne pas te battre. Je te dis de ne pas haïr. Ce ne sont pas les guerres qui conduisent à des excès meurtriers, mais la haine. Des villages entiers, des villes et des gens balayés de la carte. La haine est pire que la peste.

- Banouin, Rigante Tome 1 l'épée de l'orage, David Gemmel
***



Chapitre 2 : Dans les griffes du phénix.


Le soir venu, personne n’avait été d’humeur à la conversation. En revanche, nous avions tous apprécié de manière plus vives les petites joies de la vie : Alexandre s’était montré plus tendre avec Melania qu’il ne l’avait été depuis l’attaque de Nestor, ma mère n’avait pas déversé sa rage sur moi après que j’ai accidentellement renversé mon jus de fruit sur l’un de ses dossiers et nous avions tous profité du repas, pourtant de simples pâtes au fromage mais me concernant, rien ne m’avait semblé si délicieux. Il avait fallu que je relise l’intégralité de Cyrano de Bergerac pour faire passer la boule que j’avais au ventre depuis le retour du camp. Même aujourd’hui, il me semblait que personne ne ressortait indemne d’Auschwitz.
Mais le lendemain, la vie reprenait son cours. Il ne nous restait que deux jours de séjour et nous avions fait presque tout ce qu’il y avait à faire à Cracovie. Ma grand-mère comptait se reposer : Jadwiga Liszka était forte, mais le pèlerinage de la veille l’avait éprouvée au-delà de mots.

-Je vais retourner à la basilique Sainte-Marie, m’apprit mon père au petit-déjeuner. J’ai croisé un chanoine cette semaine qui a accepté de me faire visiter la sacristie et les dépendances …
-Maman vient avec toi ?

Les lèvres de mon père se pincèrent et il but une gorgée de café avant de me répondre :

-Non, je pense qu’elle va rester avec ta grand-mère aujourd’hui. Elle est assez secouée, elle aussi … Ta mère a appris trop en peu de temps, Victoria.

Ça je ne le savais que trop bien … J’avais encore la lettre qu’elle m’avait envoyée après avoir appris que son père était un sorcier caché dans mon dictionnaire de rune. Cela et à présent l’horreur de l’histoire maternelle … Mes doigts se resserrent machinalement autour de ma tasse de chocolat. Froid, pour l’occasion : il était dix heures et il faisait déjà plus de vingt degrés.

-Mais c’est pour cela qu’elle est venue, soupira mon père en redressant ses lunettes sur son nez. Pour savoir. Ce n’est jamais agréable de savoir, mais la vérité est toujours plus gratifiante que l’illusion …
-C’est Saint-Edward qui parle ? plaisantai-je avec l’ombre d’un sourire.

Les yeux bleus-gris de mon père pétillèrent d’amusement.

-Tu sais bien que je suis la voix de la sagesse dans cette famille, ma chérie. Et toi, qu’est-ce que tu fais ? C’est aujourd’hui que tu dois voir ton ami roumain ?
-Il est bulgare, pas roumain. Mais oui, c’est aujourd’hui. Je rentrerais dans l’après-midi, normalement.
-Moi, je note que c’est « ami » au masculin, se moqua Alexandre en entrant dans la pièce. Des choses à nous avouer, Tory ?

Je le fusillai du regard alors que mon père recrachait une gorgée de café. Contrairement à mes parents, Alexandre n’ignorait rien de ma vie amoureuse et savait pertinemment que je venais de rompre avec Miles Bletchley, mon petit-ami depuis un an. Alors il profitait de mon nouveau célibat pour se permettre ce genre de pique qui ne manquait pas d’interloquer mon père, toujours réticent à l’idée que sa petite fille grandisse – et malgré tous les efforts qu’il avait pu faire, qu’elle grandisse avec des sorciers.

-Ami, ami, insistai-je, ravie d’avoir pu garder mon sang-froid face au sourire goguenard de mon frère.
-Ami et il y a moyen que ça change, ami qui marche sur mes plates-bandes ou … ?
-Fiche-lui la paix, intervint Melania. Et dépêche-toi de te préparer, je dois être sur la place du Marché dans une demi-heure …

Pour un rendez-vous d’affaire, compris-je en la voyant si apprêtée, maquillée, vêtue d’une robe bleue légère qui cette fois couvrait pudiquement ses jambes et ses cheveux châtains attachés soigneusement en un élégant chignon. Puis je posais les yeux sur Alexandre, ce grand dadais aux cheveux bruns qu’il ne prenait jamais la peine de coiffer, contemplant son tee-shirt Star Wars et son bermuda d’un œil critique.

-Vous y allez ensemble ? vérifiai-je, sceptique.
-Si Alex accepte de passer une chemise, oui.
-Avec cette chaleur ? se recria mon frère, horrifié. Mais c’est de la torture !

Melania en laissa échapper le verre qu’elle venait d’attraper et il se brisa sur le sol avec fracas. Ils se fixèrent tous les deux un instant, entre horreur et consternation, le verre morcelé entre eux. Mon père but une si longue gorgée de café que je le soupçonnais de vouloir se noyer dans la tasse.

-Bien, lâcha Alexandre sans détourner le regard. Je pense que … je vais aller passer une chemise.

Melania hocha la tête, visiblement incapable d’articuler le moindre mot et Alexandre rompit le contact en s’engouffrant dans leur chambre. La jeune femme se détourna également, livide et répara le verre d’un coup de baguette avant de le remplir de jus de fruit. J’en profitai pour lorgner mon père du coin de l’œil. Il était au courant de ce qui s’était passé à Bristol le mois dernier – tout simplement parce que cela avait nécessité qu’Alexandre déménage pour éviter de nouvelle visite impromptue de son beau-frère – et je voyais à sa mâchoire contractée que l’affaire lui restait encore en travers de la gorge. Il attendit que Melania s’éloigne en direction de la salle de bain pour me demander d’un ton neutre :

-Nous sommes obligés de rencontrer ces gens ?

Je réprimai la grimace qui me venait spontanément aux lèvres. Rose Bones avait proposé, afin de désamorcer le conflit entre nos deux familles, d’organiser une rencontre avec les Selwyn. Mais c’était avait la mort d’Amelia et j’ignorais si elle y était toujours disposée. Personnellement, je restais mal à l’aise à l’idée que mes parents moldus rencontrent Julius et Thalia Selwyn, les parents de Melania mais également ceux de son frère jumeau Nestor, le garçon à qui j’avais accidentellement brûlé le visage sept ans plus tôt et qui en retour s’était cru le droit de torturer mon frère avec ses amis … Et bien évidemment, qui disait Selwyn disait également Ulysse, leur fils cadet et héritier assumé de la famille depuis la fuite de Nestor suite à l’incident à Bristol. Et même si tout le monde s’accordait pour dire qu’Ulysse s’était assagi au cours de l’année écoulée, je n’oubliais pas qu’il m’avait persécuté presque toute ma scolarité.
Non, plus je mettais les éléments les uns derrière les autres, plus cette idée me semblait mauvaise.

-Il faudra en rediscuter avec Rose, éludai-je en haussant les épaules. Mais je ne pense pas qu’elle aura la tête à ça tout de suite …
-Ah oui, c’est vrai … Pauvre Amelia, ça m’avait l’air d’être une femme si bien … Et George …
-Ouais.

Je n’avais croisé George Bones qu’une fois après la mort d’Amelia, le jour de l’enterrement dans la crypte des Bones dans laquelle seule la famille avait été admise. Le géant s’écroulait sur ses pieds d’argile. Le pauvre homme était l’ultime survivant de sa famille, la mémoire vivante de son frère et de sa sœur, de ses parents. Tous étaient morts de la faute d’un seul homme qui revenait comme une vieille Némésis dans l’histoire de la famille.
Lord Voldemort.
Seigneur Simon, si tu fais la moindre connerie lors de mon absence, je te tue.
Mes doigts se crispèrent sur mon bol. Amelia était un nom de plus à rajouter à une longue liste de raison se battre. Une nouvelle étincèle qui venait attiser un brasier déjà ardent : la soif de vivre, de justice, de lutter pour que l’innommable ne se produise pas.
Si je restais statique alors que Lord Voldemort déployait son ombre sur ma vie, qu’adviendrait-t-il de moi ?
L’horloge de l’appartement de location sonna les onze heures et j’achevai mon bol de chocolat froid dans un silence gênant. Melania et Alexandre s’éclipsèrent discrètement, toujours tendu par le mot lancé en toute insouciance par mon frère mais qui réveillait tant de blessure et de culpabilité chez sa petite-amie. La jeune femme me prit à part avant de s’en aller alors que je me préparais dans la salle de bain.

-Ecoute, je ne sais pas exactement où tu vas, mais fais attention à toi quand même, prévint-t-elle de but en blanc. Les sorciers d’ici n’ont pas la même mentalité que chez nous : ils ont été à Durmstrang où on t’apprend la magie noire et surtout, où les nés-moldus ne sont pas admis. Il y a une raison à cela, Victoria, Grindelwald n’a pas été accepté ici sans fondement. Alors si on te demande, tu es de sang-mêlé, d’accord ?
-Oui, Mel, soupirai-je en rangeant ma baguette dans mon sac à dos. De toute manière, la personne que je vois n’a rien contre les nés-moldus, sois tranquille.

Mais Melania ne paraissait pas tranquille. Elle se mordit nerveusement la lèvre inférieure, les bras croisés sur sa poitrine avant de céder et de rejoindre Alexandre dans l’entrée. Je profitai de son départ pour achever de me préparer et observai le résultat dans le miroir. Ce qui me rassurait, c’était que je passerais parfaitement inaperçue : j’avais les joues rondes et le nez épaté des polonais et je faisais plus jeune que mon âge avec ma petite taille et ma totale absence de forme. Je passai une main dans mes boucles brunes que j’avais consenti à laisser pousser et qui m’atteignaient à présent les épaules et quittai la salle de bain.
Je partis quelques minutes après Alexandre et Melania, mes lunettes de soleil sur mon nez, en short et en tee-shirt et mon sac à dos sur l’épaule : une parfaite moldue et une parfaite touriste. Je consultai régulièrement la montre offerte par les Bones à mes dix-sept ans et me dépêchai de trouver un point à l’abri des regards à l’ombre de l’immeuble pour sortir mon livre de mon sac. Un sourire effleura mes lèvres lorsque je me souvins de la mien renfrogné d’Alastor Maugrey lorsqu’il m’avait demandé quel objet était le plus susceptible de ne pas me quitter lors de mon voyage et que je lui avais tendu Cyrano de Bergerac. Le rire de Fred et George Weasley résonnait encore à mes oreilles. Je regardai de nouveau ma montre. Onze heure dix-sept. Mes doigts se crispèrent sur le livre et je contemplai le nez proéminent de Cyrano avec une certaine appréhension. « Vigilance constante, Bennett », m’avait rappelé Maugrey en me rendant l’ouvrage accompagné du petit rouleau de parchemin que j’avais détruit une fois arrivée en Pologne. Ce furent ces mots qui m’accompagnèrent quand mon livre se mit à briller et qu’un hameçon agrippait mon nombril pour m’emporter loin de Cracovie.

***


Etourdie, je faillis vaciller en posant de nouveau le pied sur la terre ferme, des étoiles dansants devant mes yeux. L’air marin me chatouilla les narines et le vent ébouriffa mes boucles brunes, les plaquant contre mon visage. J’étais en train de recracher une mèche lorsqu’une voix s’éleva devant moi :

-Onze heurrre dix-huit … Pile à l’heurrre …

Je fis vivement volte-face, une baguette dans la main et Cyrano de Bergerac dans l’autre, prête à me servir de l’un ou de l’autre pour me défendre. Devant moi se tenait un jeune homme aux sourcils broussailleux et au nez brusqué, me tenait lui-même en joue avec une baguette sombre et courte. Malgré ses traits en totale conformité avec ceux de mon souvenir, je me forçai à asséner, le cœur battant :

-Quelle est la première question que tu m’as posée ? Lorsqu’on s’est rencontré ?
-A quel poste tu jouais, dans le Hall d’entrrréé de Poudlarrrd, avec Kamila, répondit immédiatement Viktor Krum, un fin sourire aux lèvres. C’est tout ce que tu as trrouvé, Victorrria ?

Je haussai les épaules en abaissant ma baguette, satisfaite de sa réponse. Je doutais qu’un possible imposteur se soit échiné à trouver les détails de la rencontre entre le célèbre attrapeur Bulgare et une anglaise anonyme.

-J’aurais pu te demander dans quelle équipe je jouerais en septembre, mais malheureusement c’est paru dans Balais Magasine la semaine dernière …, plaisantai-je malgré mon appréhension.

Les sourcils épais de Viktor se froncèrent un peu plus. Il me dépassait de plus d’une tête et malgré sa démarche gauche je ne pouvais m’empêcher de me sentir impressionnée par son aura.

-Choisir les Torrrnades, pff, maugréa-t-il en abaissant sa baguette. Une équipe de nouveau-riche bonne uniquement parce que des amérrricains ont injecté de l’arrgent … Tu m’as déçue.
-Désolée, mais c’était soit ça, soit les Canons de Chudley.
-Les Canons sont un club historrriques …
-Et derniers du championnat !

Viktor leva les yeux au ciel et m’accorda ce dernier point. Il avait été l’un des premiers que j’avais prévenu pour les Tornades, une façon pour moi de décliner sa propre offre pour l’équipe de réserve de son club, les Vautours de Vratsa. J’avouai avoir été tentée par l’aventure Bulgare avant de me décider que je ne quitterais pas les rivages de l’Angleterre tant que Voldemort nuirait. Dans sa réponse, Viktor avait compris ce choix tout en fustigeant celui des Tornades, une équipe qui avait toute son aversion depuis qu’elle avait arraché aux Vautours l’un de leurs Batteurs. Une correspondance était donc née en juin où le célèbre attrapeur m’avait prodigué des conseils en tout genre pour mon entrée dans le Quidditch professionnel. Ce lien avait fortement intéressé Maugrey lorsqu’il avait épluché l’intégralité de mes relations et il avait envoyé l’un de ses agents à l’étranger contacter Viktor. D’après Maugrey, Voldemort avait profité de son année d’impunité pour étendre ses réseaux, notamment en Europe de l’est où son idéologie avait beaucoup de résonnance. Les nostalgiques de l’époque de Grindelwald se tournaient volontiers vers lui, espérant qu’après l’Angleterre ce serait l’Europe entière qui tomberait ensuite sous sa coupe. Alors de contact à l’étranger, c’est précisément de quoi l’Ordre du Phénix avait besoin et Maugrey avait trouvé en mon voyage en Pologne une occasion parfaite. Et je lui avais transmis des cartes qui avait fait s’étirer un sourire sinistre sur son visage.
Des cartes qui méritaient bien que je garde un peu ma baguette en main.

-Tu as signé ton contrat chez les Torrrnades du coup ? s’enquit-t-il d’un ton bougon alors que nous nous mettions en route. Quel gâchis …

J’eus un sourire désabusé devant la nouvelle pique.

-Oui, j’ai signé. Mais ça ne veut pas dire que je passerais professionnelle chez les Tornades. Peut-être que d’ici-là Voldemort sera vaincu et que je pourrais te rejoindre chez les Vautours.

Mon inflexion avait baissé pour se muer en un murmure étranglé. Je me sentais assez présomptueuse, mais un léger sourire sur les lèvres fines de Viktor me rassura.

-Si la proposition tient toujours, complétai-je humblement.
-Avec une garrrdienne talentueuse comme toi, évidemment qu’elle tient. J’ai assisté aux essais de la réserrrve … Mon Dieu, je t’en ai voulu, le garrdien qu’ils ont prris est une buse. Tu n’aurras aucun mal à prrendre sa place si tu veux quitter ton Angleterrre.

Mes joues rougirent d’un plaisir coupable et je laissai couler le compliment. La vérité était que je ne me sentais pas assez mûre pour quitter l’Angleterre – je n’arrivais déjà pas à quitter mon village … Mais le voyage avait réveillé en moi des rêves oubliés, étouffés par l’urgence de la guerre et des problèmes quotidiens. J’avais toujours rêvé d’ailleurs, de dépaysement, de voyages … Mais vivre à l’étranger ? La marche était trop haute pour moi. Viktor parut lire la réponse sur mon visage car il poussa un nouveau grognement de dépit.

-Ouais, je suppose que ce ne serrra pas pour tout de suite … Au fait, tu aurais des nouvelles d’Her-miôn-euh ?
-Hermione ? répétai-je, amusée par la couleur rose qui était venue délicatement teindre les joues du Bulgare. Hermione Granger, la Gryffondor ?

Son heureuse cavalière au bal de noël … l’être qui avait été attachée au fond du lac pour lui … C’était la jeune fille qui m’avait transmis son adresse en juin dernier et je me demandais depuis quels étaient réellement leurs relations. L’idée me semblait étrange tant Viktor Krum semblait à l’opposé d’Hermione, Gryffondor studieuse, vive et souriante. Et puis, il était tout de même quelque peu plus âgé qu’elle … Mais la rougeur de Viktor comme sa question prouvait qu’il n’avait pas oublié sa cavalière d’un soir.

-Je n’étais pas particulièrement proche d’elle à l’école … Mais je pense qu’elle doit avoir eu ses BUSE – euh, nos examens en cinquième année – avec brillo. Ah et elle a été nommé préfète aussi …
-Ça j’ai su, m’apprit-t-il avec un sourire fier. Elle m’a envoyé une longue lettre pour me l’annoncer … Je penserais qu’elle viendrrrait … Enfin, je ne sais pas, l’homme qui est venu me voir en Bulgarrrie ressemblait à son ami, le rouquin …
-C’était son grand frère, confirmai-je. Charlie, je crois ? Il travaille avec des dragons en Roumanie.
-Ah, ça explique les cicatrrrices …
-Mais Hermione et Ron sont encore mineurs, ils ne peuvent pas encore s’engager …

Viktor se renfrogna, et je le laissai ruminer sa déception en silence. Nous longions une vaste digue sur laquelle s’écrasait la mer Baltique. Le vent marin ébouriffait mes boucles et je me trouvais vite à devoir les tenir d’une main pour qu’elles ne se plaquent pas systématiquement contre mon visage. L’air était plus frai qu’à Cracovie et je me félicitai d’avoir enfilé ma veste en jean. Gdansk était bien plus au nord et surtout côtière où les vents amenaient volontiers un froid venant de Scandinavie. Malgré tout le soleil demeurait éclatant et je remontai mes lunettes de soleil sur mon nez, de plus en plus nerveuse à mesure que nous avancions sur la digue.

-Il était trrrès gentil, Charrrlie, reprit soudainement Viktor alors que nous quittions la côte pour aller à l’intérieur de la ville. Un ancien attrrrapeur … Je lui ai prrroposé de venir faire un match amical quand il aurrrait envie. Une vie à s’occuper des drrragons, ce n’est pas moi qui dois l’effrrayer …
-Tu acceptes notre proposition, du coup ?

Viktor hocha sombrement la tête. Il s’était certes habillé en jean et en tee-shirt comme un moldu, mais il gardait sur ses épaules une cape noire et légère qui accentuait sa ressemblance avec un rapace. Un albatros, songeai-je en me souvenait de l’oiseau maladroit sur terre mais majestueux dans les airs. C’était cela, Viktor Krum était un albatros.

-Evidemment que j’accepte. Mon grrrand-père a été tué par des sbires de Grrindelwald, il est horrrs de question que je laisse mon pays sombrrer de nouveau dans l’horrreur … Et le meilleur moyen de le faire, c’est d’agir préventivement contre les agents de Voldemorrrt ici. De promouvoir le contraire de son idéologie. Je ne suis qu’un joueur de Quidditch, Victorrria mais sache ceci : on a un grrros avantage. Nous, on nous entend. Et je compte bien me fairrre entendre.

Je lui jetai un regard oblique, assez soufflée par son sérieux et la ferveur de son ton. J’avais deviné lors de son année passée à Poudlard qu’il était de ces élèves qui rejetait l’héritage de Grindelwald mais je n’avais pas songé pour autant qu’il souhaiterait agir contre cela.

-C’est courageux de ta part.
-Ça ne demande pas un gros investissement pour l’instant, évalua Viktor d’un ton neutre. Charrrlie a proposé que je multiplie les déclarations publiques en faveur de l’acceptation et de la tolérrrance et je dois donner une interrrview à un journal de Quidditch Bulgarrre et Russe aussi, je profiterais pour faire passer quelques messages … J’espère que ça pèserrra sur les esprits.
-Tu es le meilleur attrapeur du monde, connu et reconnu partout en Europe … Evidemment que ça pèsera.

Viktor eut un vague mouvement d’épaule.

-Si je suis honnête, je ne le ferrrais pas que pour vous. Il est temps que nos pays guérrrissent de Grindelwald et qu’on se libèrrent de notre réputation. Si on prône la tolérrrence et l’égalité entrre tout sorciers pour vous, on la prône pour nous. Et il y a de quoi fairrre quand on sait que les nés-moldus ne sont même pas acceptés à Durmstrang, pas considérrré comme des sorciers par notre administrration … Vous aider c’est aussi changé cet aspect-là de notrre culturrre.
-Tu vas demander a ce que les nés-moldus soient intégrés à Durmstrang ?
-Peut-être pas dans un prremier temps, admit Viktor, maussade. Le successeur de Karkarroff était son adjoint, tout aussi pourrri que lui. L’école se considèrrre comme pure, intacte, un sanctuaire pour le sang sorcier … jamais elle n’accepterrrait la moindre goutte de sang moldu … Mais je sais qu’il en existe une autre, dans les Carrrpates slovaques. Elle n’est reconnue par la Confédération Internationale et c’est tout une toute petite strructurre mais c’est une petite strructurre qui perrmet aux nés-moldus d’Europe d’étudier. Je compte les aider d’une manière ou d’une autrre à être reconnue comme treizième école de sorcellerie mondiale.
-Whao, soufflai-je, assez impressionnée. C’est un sacré projet …

Et qui donnait une toute nouvelle dimension au célèbre attrapeur de Quidditch. Au fil des lettres échangées en juin et début juillet, j’avais pu apprécier son ouverture d’esprit et son accessibilité que son attitude réservée ne laissait pas apercevoir d’ordinaire. Mais c’était une profondeur insoupçonnée que j’appréhendais là. Viktor Krum n’était pas qu’un joueur de Quidditch de grand talent : c’était un sorcier en mission pour son pays, pour le bien de tous. A côté de cela, le Quidditch semblait bien fade … Mais apportait la visibilité et les fonds nécessaires à ses ambitions.
Viktor ne répondit pas, se renfermant dans un silence quelque peu maussade en songeant sans doute à la masse de travail qui l’attendait pour réaliser ce projet. J’avais déjà remarqué à Poudlard que ce n’était pas quelqu’un de très bavard : la longueur de ses lettres m’avait surprise et il devait avoir épuisé son quota de mots pour la journée.
Le silence se poursuivit alors qu’il me guidait dans les rues étroites de Gdanks. J’avais l’impression qu’il évitait soigneusement les endroits fréquentés – sans doute de peur d’être reconnu, sa popularité dépassant de très loin la Bulgarie. Pourtant, d’après les livres que j’avais lu cet été pour familiariser avec ma nouvelle vie, la Pologne n’était pas connue pour être une grande terre de Quidditch, au contraire puisqu’elle n’avait pas de championnat propre et que ses talents s’exilaient en Bulgarie et jusqu’en Angleterre. Je le suivis jusqu’à une grille d’apparence anodine fermée par des chaînes. Il sortit discrètement sa baguette pour ouvrir le cadenas d’un cliquetis et me tint galamment la grille qu’il referma ensuite.

-Espace sorrrcier, tu peux sorrrtir sa baguette sans prrroblème, m’apprit-t-il alors que nous entrions dans une petite cour bordée d’immeuble de brique rouge. Tout ce complexe est frrrappé d’un sorrrtilège repousse-moldu … Si j’ai bien comprrris, ils ne voient qu’une ancienne usine désafectée …
-Je vois … Et donc … Elle habite ici ?
-Par là, confirma-t-il en pointant un escalier qui menait à l’une des habitations. Au quatrième étage …

Mon estomac se contracta lorsque mon regard effleura l’appartement en question. Les fenêtres, frappées de plein fouet par le soleil, étaient à moitié cachées par des persiennes donc je doutais qu’elle nous ait vu entrer dans la cour. Par mesure de précaution, je me munie de ma baguette avant de suivre Viktor dans les escaliers. Je fus presque soulagée d’arriver au quatrième étage sans être essoufflée : mon programme de remise en forme portait ses fruits. Avant d’avancer davantage dans le couloir, Viktor s’immobilisa pour me jeter un regard oblique.

-Tu es sûre que tu veux fairrre ça ?

Malgré mon appréhension, je hochai résolument la tête. Ça faisait deux semaines que je me préparais psychologiquement à ce jour et même si j’admettais que son souvenir me faisait encore avoir des sueurs froides, j’avais fini par me persuadée que j’avais besoin de cette rencontre, autant que l’Ordre. Viktor ne paraissait pas convaincu.

-Elle n’a peut-être pas changé d’avis te concerrrnant …
-On est deux contre une, répliquai-je avant qu’il n’arrive à me faire douter. Et même si elle était la meilleure duelliste de Durmstrang, je pense qu’on peut parfaitement la vaincre si jamais ça dérape.

Viktor me concéda ce point d’un grognement.

-Très bien. Mais ne te montrrre pas tout de suite, reste sur le côté et attends mon signal. Et surrrtout, ne lâche pas ta baguette.

Ça, je n’en avais pas l’intention …, songeai-je sombrement en le suivant jusque la porte de l’appartement. Je me collai contre le mur pour ne pas être vue de la résidente et hochai la tête à l’adresse de Viktor. Le visage grave, il frappa trois coups contre le battant. Je penchai la tête pour écouter un signe de présence à l’intérieur et sursautai presque en entendant des pas qui venaient dans notre direction. Après quelques secondes qui s’écoulèrent à une lenteur infinie, la porte s’ouvrit à la volée, si brusquement que Viktor eut presque un mouvement de recul. Un rire se fit alors entendre, suivit de quelques mots en polonais dont le ton était très clairement ironique. Le Bulgare se rembrunit.

-Je ne parle toujours pas polonais, rappela-t-il en anglais, puisque c’était la langue universelle de communication. Tu permets ?

Il leva sa baguette et prononça une formule qui sembla nous engloutir dans une bulle, avant que cette sensation ne disparaisse. Mais à partir de ce moment, je pus parfaitement comprendre ce que baragouina la fille dans depuis son appartement :

-Je disais donc : mais quelle immense surprise. Qu’est-ce que tu fais si loin de Vratsa ?
-Ravi de te revoir aussi, rétorqua Viktor du bout des lèvres. Comment vas-tu ?

La fille essuya un nouveau rire, plus amer que le premier.

-Un an à m’ignorer et tu vas me faire croire que tu te présentes devant chez moi juste pour me demander comment je vais ? Qu’est-ce que tu veux, Viktor ?
-Juste discuter. Et pour cela, j’aurrrais besoin que tu lâches ta baguette.
-Pas question.
-Tu crrrains une attaque de moi ? Allons … Moi je n’attaque pas les gens par derrrière.

Le reproche voilé parut soufflé les protestations de son interlocutrice. Le cœur battant, j’attendis jusqu’à entendre un petit choc, indiquant qu’elle venait de poser sa baguette, vraisemblablement sur un meuble à côté de la porte.

-C’était petit.
-C’était la vérité. Maintenant, je te demande de ne pas paniquer et de garder ton calme, sinon je t’assurrre qu’au moindrrre mouvement brusque, je te stupéxie, tu m’as comprrrise ?
-Attends, tu es sérieux ? Mais pourquoi tu … ?

Sans lui laisser le temps de finir, Viktor m’adressa un bref hochement de tête et recula d’un pas, sa baguette fermement tenue en main. Agrippant la mienne, je pris une immense inspiration et me décollai du mur pour me découvrir à la jeune femme qui se tenait dans l’encadrement de la porte. Ses mots s’étouffèrent dans sa gorge lorsqu’elle m’aperçut. Elle avait maigri depuis notre dernière rencontre : ses joues rebondies semblaient avoir fondu pour ne laisser qu’un visage maigre et marqué par la fatigue. Pour autant, sa queue-de-cheval brune était toujours aussi impeccable et son allure tout aussi féline. Elle me le prouva en bondissant sur la console sur laquelle elle avait laissé sa baguette mais Viktor et moi levâmes la nôtre d’un même mouvement, la stoppant net dans son geste.

-Ne fais pas ça. On vient juste parrrler.
-Parler ? cracha Kamila Tokarsky, incrédule. Avec elle ?
-Si tu te souviens de moi, tu dois aussi te souvenir de mon nom, lui rappelai-je d’une voix que j’espérais calme et assurée.

Soit tout le contraire de ce que je ressentais intérieurement. J’avais beau me préparer à ce moment depuis des semaines, revoir Kamila avait ravivé toutes les appréhensions, toutes les douleurs liées à cette nuit là où elle avait tenté de me tuer, en réparation du meurtre de sa grand-mère par mon grand-père. C’était elle qui m’avait mise sur la piste de l’histoire des Liszka, elle qui était à l’origine du drame familial qui avait suivi. Elle qui m’avait retenue alors que Cédric mourrait dans le labyrinthe. Toutes ses émotions remontèrent et faillirent me faire suffoquer. Kamila plissa ses yeux bruns en me contemplant.

-Victoria. (Un sinistre sourire s’étira sur ses lèvres). Tu viens te venger ?

Ma gorge se ferma au mot qui avait justifié son acte perpétré plus d’un an plus tôt. Je te tuerais, et je retournais chez moi, avait-t-elle juré en pointant sa baguette sur moi. J’irais sur la tombe de ma grand-mère pour lui dire que j’ai rétabli l’équilibre, et que la dette est payée. A titre personnel et malgré ce qu’elle m’avait fait, Kamila n’avait aucune dette envers moi. Tout ce que j’avais voulu, c’était la fuir et oublier cet épisode et s’il n’y avait pas eu cette idée absurde de Maugrey, jamais nous ne nous serions retrouvées de nouveau l’une en face de l’autre. Mais parfois, mieux valait affronter le destin que le fuir.

-Désolée de te décevoir, mais je prends ce genre d’histoire moins à cœur que toi. Et crois-moi, j’ai autre chose à penser que ça. On peut rentrer ?

J’abaissai ma baguette en signe de bonne foi, songeant qu’elle n’y consentirait pas si elle se sentait agressée. Viktor parut faire de même dans mon dos car elle lui adressa un long regard, à la fois entendu et furieux. Il dut silencieusement la convaincre, car elle poussa un grognement et s’en retourna dans son appartement en fauchant sa baguette au passage, laissant la grande porte ouverte comme une invitation à entrer. Peu téméraire, je laissai Viktor me précéder dans le petit espace, à peine assez grand pour qu’y tiennent une petite cuisine, une table et des chaises dépareillées et un salon fait de bric et de broc. Un journal sorcier polonais était étalé sur une table et Kamila y donna un coup de baguette pour qu’il aille se ranger sur une pile fournie sur laquelle une tasse était posée en équilibre précaire. Elle rangea magiquement les verres et l’assiette qui allèrent se poser dans l’évier déjà débordant, et je vis également un placard se refermer sur une bouteille de vodka. Sur le canapé était jeté pêle-mêle des couvertures et un oreiller, indiquant très clairement que c’était ici qu’elle dormait. Je refermai la porte, nerveuse, alors que la jeune femme prenait place sur sa chaise la plus confortable.

-Tu n’as toujourrs pas trrrouvé d’emploi, pas vrai ? devina Viktor en se défaisant de la cape. Difficile sans diplôme, je suppose …
Kamila le fusilla du regard, sa baguette frémissante entre ses doigts. Elle avait été renvoyée de Durmstrang suite à mon agression, quelques jours à peine avant la fin de son cursus scolaire. De quoi, je supposais, justifier amplement qu’elle m’adresse de nouveau un regard féroce.
-Je ne pense pas non plus que tu sois venu ici pour cela. Venons-en au fait. Qu’est-ce que vous voulez ?

Viktor et moi échangeâmes un regard, se demandant mutuellement par où commencer la conversation. J’avais beau m’être faire mille scénarios, je n’étais toujours pas certaine de moi. Pour apaiser la tension qui agitait toujours la jeune femme, je préférais entonner par le sujet le moins brûlant :

-Je ne sais pas si tu lis la presse étrangère, mais l’Angleterre entre en guerre contre Voldemort.
-Qui ça ?
-Un mage noir, Kamila, précisa sombrement Viktor. Comme Grindelwald.

Les sourcils de Kamila se froncèrent et son regard glissa ostensiblement vers moi.

-On en avait parlé, je crois. A la bibliothèque, pour ton devoir.
-C’est ça, confirmai-je, soulagée d’avoir réussi à piquer sa curiosité. En réalité, ça fait un an qu’il a retrouvé sa puissance, mais il a profité que notre Ministère n’y croit pas pour restaurer ses forces. Maintenant que c’est fait, il attaque. (Je déglutis). Par exemple, il y a quelques jours, ses partisans ont fait s’effondrer un pont, ça a tué des dizaines de moldus … Et il s’est allié avec des géants qui sévissent actuellement dans le Somerset.

Si Kamila était restée impassible face à l’effondrement du pont, la notion des géants provoqua chez elle un léger écarquillement des yeux. Elle consulta un instant Viktor du regard avant de croiser les bras sur sa poitrine.

-Des géants, répéta-t-elle, dubitative.
-Les autorités font passer ça pour une tempête qui déracine des arbres et détruit des maisons de moldus, mais en réalité c’est bien eux. Voldemort a profité de l’année écoulée pour créer une alliance avec eux … Comme pour étendre son réseau à l’étranger.

Kamila dressa un sourcil, nullement impressionnée. Sa baguette faisait toujours des bonds entre ses mains, créant des marques de brûlure sur la table à chaque coup et j’en crispai mes doigts sur la mienne, lorgnant le moindre mouvement de sa part. La jeune femme eut un sourire en captant mon geste.

-Tu as peur que je t’attaque, avoue ?
-Je pense que tu ne m’en voudras pas là-dessus.
-Et c’est bien pour ça que je suis assez surprise de te voir ici… Faire des milliers de kilomètres pour venir voir une personne qui a tenté de te tuer … Je suppose que tu représentes l’autre camp et que tu es là pour faire votre réseau à l’étranger, c’est ça ?

Je hochai la tête, sans chercher à nier. Maugrey avait été prévenu par Dumbledore de ma mésaventure avec Kamila et comme la moindre petite information qui passait dans son esprit, il cherchait à l’exploiter. La polonaise avait certes tenté de me tuer, mais elle n’en demeurait pas moins la meilleure duelliste de Durmstrang et singulièrement opposée à toute forme de magie noire. Un sourire tordu déforma les lèvres de Kamila.

-Et tu t’imagines que je vais accepter alors que l’ambassadrice a du sang Liszka dans les veines ?

Kamila cracha presque le nom de famille et mon cœur se mit à battre ma chamade. J’avais reconnu dans ses intonations la même haine maladive qui l’avait habité le soir où elle avait tenté de me tuer. Viktor dût les percevoir également car il s’avança pour être à ma hauteur.

-En l’occurrrence, nous ne sommes pas là pour discuter de cela, rappela-t-il durement. A l’ouest, un nouveau mage noir s’élève, Kamila et il a déjà commencé à répandrrre son venin à l’est. Je ne tiens pas à vivre ce qu’a vécu mes grands-parents et toi ?
Elle se leva d’un bond, si brusquement que la chaise sur laquelle elle était assise valsa en un bruit sourd.
-Tu oses me parler de mes grands-parents ? Devant elle ? Je t’ai expliqué ce qu’il s’était passé, Viktor, comment Miroslav Liszka a tué ma grand-mère, comment sa famille (elle me pointa d’un index tremblant) avait contracté une dette envers la mienne et tu n’as pas daigné comprendre ! Et maintenant tu viens me parler de ce qu’ont vécu nos grands-parents ?!
-Est-ce que t’aiderait de savoir que je ne suis pas sa petite-fille biologique ?

J’avais lancé l’information dans l’espoir que ça éteindrait le début d’incendie qui étincelait dans le regard de Kamila, des flammes douloureusement familières et qui m’avait forcée à lever la baguette, d’instinct. J’exhalai un léger soupir en constatant que cela fonctionnait : la jeune femme s’était figée et me contemplait à présent avec suspicion.

-Comment ça ?
-Tu avais raison. Miro Liszka, mon grand-père dont je t’avais parlé, est bien celui qui a tué ta grand-mère à Gdansk. Cependant, je peux t’assurer qu’il n’est pas celui qui a estropié ta mère – l’homme en question est en prison – et il s’est marié avec ma grand-mère, une moldue, après qu’elle est tombée enceinte.

Je tirai Cyrano de Bergerac de mon sac et d’une main, réussis à en extraire la photo de famille que j’avais pris le soin d’emporter. Sachant très bien qu’en cas d’échec, il était question d’effacer les souvenirs de Kamila, je la glissai sur la table sans crainte. Elle daigna y jeter un coup d’œil et ses prunelles flamboyèrent quand elle découvrit le visage de mon grand-père.

-Comme tu peux le constater, ma mère ne lui ressemble pas – et moi non plus alors que je tiens d’elle, détaillai-je pour éloigner son esprit de Miro. En plus de cela, je peux t’assurer qu’elle, sa sœur et mon frère sont parfaitement moldu. Je suis la seule sorcière de la famille. Pas par le sang, mais par le hasard. Alors si c’est le sang qui t’importe, tu peux immédiatement arrêter de fomenter mon assassinat pour payer celui de ta grand-mère.
-Et à dire vrai, tu n’aurrrais pas dû attendrrre d’avoir cette inforrrmation pour arrrêter, grondra sourdement Krum. Tu as tenté de jouer le jeu de ceux qui ont tué ta grrrand-mère et en faisant cela tu t’es déshonorrrée, Kamila.

Une pointe de rancœur avait percée malgré le ton neutre que Viktor avait tenté d’aborder. Malgré tout, il semblait être en permanence déçu par le chemin pris par celle qui avait été son amie à Durmstrang. Kamila le toisa sombrement avant de reporter son attention sur la photo, sans oser y toucher.

-C’est facile de parler d’honneur quand la justice a été faite. Ceux qui sont responsables de la mort de ton grand-père sont en prison depuis longtemps, Viktor, mais moi …
-Miro ne t’a pas attendu pour se punir, Kamila, la coupai-je. Quand il a quitté l’Angleterre, il a cassé sa baguette et cessé la magie. Je pense que tu peux t’imaginer quelle douleur c’est pour un sorcier d’abandonner ce qui fait toute son identité et sa distinction …
-Tu prétends que ça efface l’ardoise ? s’indigna Kamila, incrédule. Que parce qu’il arrête la magie, son acte est effacé, qu’il …

Mon cœur eut un soubresaut aux mots de la polonaise. C’étaient exactement les mots que j’avais objecté à mon grand-père … Ils ravivèrent les cendres de la colère qui m’avait animé en décembre dernier, lorsque je l’avais enfin confronté aux allégations de Kamila, à son passé, et elles furent comme un écho de la propre douleur de la jeune femme face à une justice qui n’avait pas fait ton travail.
Je pouvais comprendre sa colère. En un sens, elle était un reflet de la mienne.
Avec lenteur, je tirai une chaise vers moi et m’y installai pour être à la même hauteur que Kamila, cesser de la prendre de haut avec mes bons sentiments et mes airs de victimes. Cette affaire dépassait de loin cette simplicité manichéenne. Nous avions toutes les deux un peu raisons – et un peu tort.

-Bien sûr que non. Non, je ne prétendrais jamais cela. Kamila, lorsque mon grand-père m’a avoué tout cela, je lui en ai voulu, si fort que j’ai cru que je ne serais jamais capable de lui parler, de lui pardonner. A dire vrai, je ne lui pardonne toujours pas. Rien ne justifie qu’il ait pris la vie d’Agata. Je n’ai pas vocation à m’excuser à sa place mais … je suis quand même désolée.
-Et tu n’as pas à l’être, maugréa Viktor en prenant une chaise à son tour, la baguette posée en évidence sur la table. Ce serrrait plutôt à Kamila de s’excuser.
-Bah bien sûr, railla-t-elle avec un sourire désabusé. Si c’est ça que vous êtes venus chercher, vous pouvez partir immédiatement.
-Je n’ai pas besoin de tes excuses, je vis très bien sans, répliquai-je, piquée au vif. Je ne fonctionne pas comme toi avec un système strict de dette et remboursement, je me fiche de ça. A dire vrai, je me fiche de nous et de ce qui s’est passé il y a un an, ce n’est pas pour ça que je suis ici. Ce n’est pas notre histoire, Kamila, c’est celle de nos grands-parents et je trouve ça stupide de nous déchirer pour ce qui appartient au passé. Je tenais quand même à te fournir une explication parce que ta famille le mérite, pour comprendre pourquoi ta grand-mère est morte. Tu la veux, ou je passe directement à la vraie raison de ma présence ici ?

Elle me fixa un instant de ses prunelles sombres, enflammées, torturées. Malgré tout, malgré ces mots, malgré ces actes, je percevais toujours ce doute en elle, cette incertitude quant à faire le bon choix, la chose juste. C’était sur cette incertitude que je devais jouer et j’avais réussi à la faire vaciller car elle baissa les yeux sur la photo et finit par hocher sèchement la tête. Soulagée, je me mis alors à raconter l’histoire comme mon grand-père me l’avait narrée quelques mois plus tôt : son endoctrinement sur la suprématie du sang, comment il avait adhéré aux idées de Grindelwald tout en détestant le personnage et son usage de la magie noire, comment il avait été chargé d’arrêté un résistant caché chez une tante, Agata Tokarsky. Comment un duel à la mort s’était engagé entre elle et lui et comment il l’avait remporté en la tuant. Comment l’acte avait déchiré sa vie au point que ses convictions en aient été totalement ébranlées. Comment la mission à Auschwitz et la rencontre avec ma grand-mère l’avait totalement fait changer d’idée, au point où en décide de vivre avec une moldue, sans magie.
Kamila écouta tout cela en silence, les yeux rivés sur la photo qui représentait mes grands-parents, ma mère, mon frère et moi. Au moment où j’évoquais Auschwitz et le sort de Jaga, elle osa enfin l’effleurer du bout des doigts et j’y vis un signe de trouble qui ne transparaissait pas sur son visage. Profitant de cette fulgurance de fragilité, j’achevai avec douceur :

-Ne crois pas qu’il n’y pense jamais. Il y pense tous les jours. Ça ne rachètera jamais ce qu’il a fait alors on a tenté une autre méthode. Après avoir fait le mal pour une idéologie nauséabonde, il va tenter de faire le bien pour la justice. Si j’ai accepté de passer l’éponge, c’était parce que j’avais besoin de lui pour protéger notre famille. Je suis née-moldue, Kamila, je suis une des personnes qui risquent le plus, dans cette guerre. Il est hors de question que j’attende tranquillement que Voldemort me prive de mes droits et il est hors de question pour mon grand-père qu’il attende que ses partisans s’en prennent à notre famille parce que ce sont des moldus. On compte se battre pour la protéger.

Je pris une profonde inspiration, étrangement émue pour ces mots que j’avais, somme toute, prononcer assez peu de fois à voix haute. C’était un sentiment vertigineux que d’affirmer ainsi, à la face de tous, mon engagement.

-Je pense qu’on a des visions inverses de la dette qu’il a contractée, Kamila. Tu veux rachet
er le sang par le sang. Moi je veux racheter la vie par la vie. Laisse-le en sauver plutôt que de prendre inutilement la sienne.
Viktor m’adressa un regard et malgré son air renfrogné et alerte, je crus percevoir une note admirative qui disparut lorsque je le fixai. Kamila resta longuement silencieuse, contemplant ma photo d’un œil indéchiffrable. En tout cas, elle ne touchait plus sa baguette à quelques centimètres de sa main sur ta table. Elle finit par lever les yeux sur moi et je fus rassurée de constater que dans ses iris, le feu s’était étouffé.

-Je vois que tu as bien préparé ton discours … Et je suppose que la conclusion de tout ça, c’est que tu vas me proposer de rejoindre ton combat ?
-Pas tout-à-fait, intervint Viktor. Comme elle te l’ai dit, son mage noir a activé des réseaux dans nos pays, à la fois pour recrrruter mais aussi pour trrrouver des fonds et, on peut l’imaginer, préparer une offensive quand il aurrra l’Angleterre. Enfin, si il l’a, ajouta-t-il en remarquant mon regard peu amène. J’espère que vous l’aurrrez arrêté avant.
-Je t’avoue que j’espère aussi.
-Vous êtes sûrs qu’il s’intéressera à nous un jour ? demanda Kamila.

Je haussai les épaules.

-On ne peut pas te le garantir. Mais si un jour il a le Royaume-Uni entier sous sa coupe, il se peut qu’il tourne son regard vers les pays continentaux. Et je pense que l’Europe de l’est, élevée à Durmstrang et qui a accueilli avec joie Grindelwald, sera ravie de le suivre.
-Et quand bien même ce n’est pas lui qui vient à nous, notre modèle est tout de même en danger, enchérit Viktor alors que Kamila ouvrait la bouche, indignée. Si l’Angleterrre passe sous le règne d’un homme qui crroit en la suprématie du sang, alors cerrrtains de nos dirigeants songerrront à lui emboiter le pas. Ce serrrait nous voiler la face que de ne pas admettrre que nos pays ont un penchant cerrrtains pour les chefs forts et suprrémacistes … Beaucoup sont nostalgiques de l’époque de Grrrindelwald.
-Pas tous.
-Mais une majorrité, Kamila. Et cette majorrrité se situe aux sommets de l’état.

Kamila se mura dans un silence bougon, mais qui sonnait comme une défaite. Chaque sorcier d’Europe de l’est était façonné à Durmstrang, école où les nés-moldus étaient persona non grata et symbolisant bien la hiérarchie qui existait dans l’esprit des dirigeants de ce monde : les sorciers valaient plus que les moldus. Des adolescents grandissaient avec cette idée en tête et j’étais persuadée que les adultes qu’ils devenaient étaient plus aptes à suivre Voldemort que Dumbledore.

-Chez nous, une organisation a été mise en place, poursuivis-je pour en venir au cœur du sujet. Pour lutter contre Voldemort et ses partisans, éviter qu’il n’arrive au pouvoir. Elle s’appelle l’Ordre du phénix. Je ne te dirais pas qui la dirige ni qui elle compte dans ses rangs mais …
-Mais tu en fais partie. Toi, la petite maigrichonne qui m’a suivie sans te méfier dans la forêt ?

Mes joues se mirent à chauffer. J’avais beau être de nature confiante, le fait d’avoir effectivement suivie la meilleure duelliste de Durmstrang au moment où j’étais menacée d’étrange notes, seule et dans un endroit reculé, me paraissait à posteriori d’une incroyable naïveté.

-Je n’étais pas censée me méfier de toi. Je ne sais pas, j’étais persuadée que tu étais une bonne personne, pas du genre à m’attaquer par surprise.

Le rire étouffé de Viktor lui valut le regard noir de Kamila.

-Mais j’avoue que c’était naïf de ma part, admis-je finalement. Mais j’ai grandi, j’ai changé, en un an. Je t’assure que ça n’arrivera plus.

Comme ça ne m’arriverait plus de croire une bataille gagnée d’avance, songeai-je amèrement en songeant au sort que Drago Malefoy m’avait jeté dans le dos alors que je l’avais cru occupé avec les chauves-souris. J’avais appris nombre de leçon en un an, mais je comprenais avec une certaine appréhension que les plus grandes des leçons étaient encore à venir – avec les douleurs qui allaient avec. Kamila parut plus sérieuse.

-Mais c’est vrai que tu étais une bonne duelliste, se souvint-t-elle, puisqu’elle avait assisté à nos cours. Tu avais une très bonne gestuelle, une excellente réactivité … Si tu avais la puissance magique, tu serais une sorcière redoutable.

Elle me contempla un instant, l’air de se demander si j’avais acquis la puissance magique qui me manquait. Je tentai de soutenir son regard sans laisser paraître ma gêne – car en toute honnêteté, j’en doutais. De manière générale, j’étais soulagée de la façon dont la conversation tournait et se détournai de mon grand-père et de la haine qu’elle éprouvait face à ma famille. Le feu brûlait toujours au cœur de ses prunelles, mais un feu moins destructeur. Le feu purificateur des bonnes causes.

-Qu’est-ce que ton Ordre attend de moi ? s’enquit-t-elle finalement du bout des lèvres. De nous ?

Elle désigna Viktor du menton, le visage grave. Pas haineux ni belliqueux : juste la gravité que provoquait les moments solennels et les choix difficiles. Je retins un soupir rassuré et ma main se détendit pour la première fois de l’entretien sur ma baguette.

-Pas grand-chose. Juste trainer les oreilles et nous donner des informations sur le réseau de Voldemort à l’étranger. Viktor compte promouvoir des idées de tolérances et d’équité afin que le terreau des pays de l’est soit un peu moins fertile à la magie noire.
-Je pense que tu m’as cernée, Victoria, je ne suis pas faite pour le bla-bla, ironisa Kamila avec un petit sourire. Tu n’as rien de mieux à me proposer ?

Je clignai les yeux, surprise et coupée dans le discours appris par cœur et répété cent fois à Maugrey.

-Je pense qu’on pourrrait également recrrruter pour des antennes locales, proposa Viktor, me sauvant de l’embarras. Les gens feront plus confiance à des locaux qu’à des anglais. Ça nous permettrait également de court-circuiter leur propre recrrrutement. Certains de leurs recrrues sont peut-être indécises … Et puis, au cas où les choses se passeraient mal, il faudrrra sauvegarrder nos propres pays.
-Et si tu acceptes, je suis sûre que nos chefs seront ravis de te faire part de mission plus … actives. Après, bien sûr, tu n’es pas obligée. Mais je suis certaine que tu n’es pas le genre de femme à rester inactive face à un danger potentiel. Pas vrai ?
-Alors ça, non, laissa échapper Viktor avec l’ombre d’un sourire. Tu te souviens que tu as provoqué Sisko en duel en quatrrrième année parce qu’elle portait le symbole de Grrrindelwald ?

Le souvenir fit s’épanouir un sourire fier sur les lèvres de Kamila autant qu’il fit pincer les miennes. Je me souvenais de cette jeune fille froide qui m’avait traitée de « Sang de Bourbe » dès notre première rencontre. La polonaise croisa ses bras sur sa poitrine et battit tranquillement son pied dans le vide.

-Elle ne l’a plus porté après ça, cette petite peste.
-Et elle t’a respectée. Beaucoup de monde te respectait à Durmstrang, Kamila et peu savent que tu as été renvoyée – et s’ils le savent, ils ne savent pas pourrrquoi. Beaucoup t’écouterrraient si tu leurs parrrlais … ils t’écoutaient déjà à Durmstrang, au club de duel. Je te connais, nous avons été amis. Je t’estimais beaucoup, Kamila, jusqu’à ce que tu cèdes au pirrre de toi. Je suis prêt à oublier cet incident et à te tendrrre de nouveau la main si tu es prête à redevenir la perrrsonne que tu étais.

La mine de Kamila s’adoucit aux mots de Viktor et une vague de nostalgie sembla traverser son regard. J’observai ton teint cireux, son appartement miteux et les verres et bouteilles vides qui s’alignaient dans la cuisine. Peut-être que finalement, c’était précisément ce dont Kamila avait besoin en ce moment. Une main tendue et un sens à sa vie. Du moment que le sens de sa vie n’est pas d’exterminer la lignée Liszka … La polonaise fut prise d’une sorte de spasme dans le bras, comme si elle avait voulu amorcer un mouvement.

-Je t’ai déçue, pas vrai ? souffla-t-elle sans le quitter du regard. Ce jour-là.
-Prendrrre au sérieux une dette de sang et s’en prendrrre à une innocente … Des actes dignes des parrrtisans de Grindelwald, Kamila. Je suis d’accord qu’il faut savoir se battre – férrrocement – pour la justice, mais il ne faut pas le faire avec leurs arrrmes, ni de façon injuste. Ça, c’était injuste.
-Donc s’en prendre à Miro Liszka …
-… Aurait déjà été plus acceptable, mais tu as entendu Victorrria. Sa pénitence se situe autre part. Il serrrait totalement contre-prroductif de l’éliminer.

Je m’attendais à ce que Kamila se rembrunisse et proteste, mais elle me surprit en esquissant un petit sourire. Ses yeux se mirent à étinceler, apaisant mon cœur qui s’était mis à battre la chamade à la mention de mon grand-père.

-Je vais réfléchir à cette idée. Mais pour le reste …

Elle se retourna sur les placards, abandonnant sa baguette et ma photo sur la table. Elle saisit trois verres assez petits et évasés puis empoigna une bouteille au liquide transparent dont je reconnus immédiatement l’odeur forte lorsqu’elle le posa devant nous. Je fronçai du nez. Une bouteille qui hantait également les placards d’Alexandre … Kamila versa trois généreuses doses avant de redresser la chaise qu’elle avait fait tomber et de s’y installer. Son regard sombre se planta sur moi alors qu’elle levait son verre, comme pour me porter un toast.

-Très bien. Bois cul-sec, l’anglaise, tu as beaucoup de choses à me raconter. Je veux des détails. Des détails sur ton Ordre, comment tu as fini par y entrer, sur comment le pire raciste de la terre a pu épouser une moldue … (Son sourire se fit sinistre). Et lorsqu’on aura éplucher tout ça et que tu auras fini, je déciderai si j’accepte ton offre et renonce à la vengeance familiale. La balle est dans ton camp, Victoria. Sois convaincante.

L’œil pétillant devant mon visage décomposé, elle éclata de rire avant de renverser sa tête en arrière et porter le petit verre à ses lèvres pour l’avaler d’un trait.
Scandium

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par Scandium »

Ah la la ! ça m'avait manqué Ombres et POussières ! Je sais pas pourquoi mais j'ai l'impression que j'ai attendu ce chapitre beacoup plus longtemps que d'habitude !! Les jours pensent lentement en ce moment j'imagine.

Bref, c'était super bien écrit comme d'habitude. C'est chouette de continuer à exploiter la relation Viktor/Victoria et Kamila/Victoria. Puis toutes les fos ou tu mentionnais Maugray, Cyrano, Hermione et Viktor, pref, je suis toujours friande de tes petits détails !

Le revirement de Kamila est très bien expliqué. Bon elle a pas encore totalemment accepté mais on sent bien petit à petit pourquoi elle va changer d'avis, quels arguments la convainquent, quels sont ses regrets etc ... Ca devait être difficile à écrire j'imagine mais on y croit, Vicky est très convaincante aussi.

Voila, sinon c'est une bonne idée de voir que l'Ordre joue sur tous les plans et que les missions que les membres effectuent sont très variées. ça va de faire des interview et proner la tolérance, à recruter des gens en Pologne, surveiller des Mangemorts, la prophétie etc ... Bref, je trouve ça cool de voir comment la Résistance ce prépare, j'ai hâte d'en savoir plus et de voir la contribution de Simon ! (et de tous les autres d'ailleurs, Fred et George, Rénata etc ! )
MelleChachow

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Re: Ombres et Poussières [Harry Potter]

Message par MelleChachow »

Un très bon chapitre, comme toujours !

C'est super de retrouver Krum et encore plus Kamila ! Je ne m'y attendais pas et c'est génial !
Peut-être une nouvelle relation va se mettre en place même si ça reste compliqué entre les deux jeunes filles !

Hate de revoir Simon et l'ordre !
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