C'est le destin inéluctable de la plupart de nos livres préférés, dans les premières centaines de titres qu'on a lus
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Je recherche des romans avec ces 4 qualités / Ma présentation
C'est le destin inéluctable de la plupart de nos livres préférés, dans les premières centaines de titres qu'on a lus
Ici, je répondrai surtout à la question du jugement des livres jeunesse...Bloulou a écrit : ↑jeu. 24 déc., 2020 9:15 am Comment faites vous lorsque vous relisez des livres et que votre avis diffère ? Lorsque vous trouvez le livre mieux ou moins bien ?
Certains livres et auteurs ciblent un public en particulier, ici c'est de la jeunesse, étant donné que je ne me considère plus comme une lectrice de jeunesse, que feriez vous ? Les rangeraient vous en diamant ? En argent ? Entre les deux ?
J'ai lu un livre jeunesseBloulou a écrit :Comment faites vous lorsque vous relisez des livres et que votre avis diffère ? Certains livres et auteurs ciblent un public en particulier, ici c'est de la jeunesse (...)
Sweetones a écrit :Ai-je répondu à la question?
Sweetones a écrit :- Avec l'âge, les livres me tombent plus facilement des mains, mais c'est dorénavant sans regret.
- les marque-pages finissent par m'énerver. D'abord je les perds ou les mélange, tant il y a de livres commencés
- Les grandes machines, après m'avoir enchanté, me fatiguent.
Autrement dit, plus tu lis de livres, plus tes attentes évoluent (car nourries par toutes les lectures précédentes). J'imagine que dans ton cas ça vaut aussi pour le fait d'écrire. Ça expliquerait qu'on devienne plus exigeant en vieillissant, ou qu'un livre lu cinq ans auparavant ne te plaise plus du tout aujourd'hui : tu n'es plus la même personne que tu étais au moment de le lire la première fois et tu n'as plus le même bagage. Lire c'est avant tout faire l'expérience d'un livre. Les modalités vont forcément dépendre de ce que tu recherches et de ton état au moment de la lecture.[l’inscription de la figure du lecteur dans l’œuvre] crée une attente car elle s’insère nécessairement dans un contexte de références, de caractéristiques, de systèmes de valeurs. Ainsi, la réception de l’œuvre est-elle guidée par les attentes créées par les œuvres antérieures. Le lecteur dont parle H.R. Jauss est un lecteur ordinaire qui goûte le texte et garde en mémoire cette expérience lorsqu’il fait une interprétation réflexive.
Merci pour ton miroir intègre. Tu ne te payes pas de mots, je le sais. Parce que je suis devenu indifférent à une certaine littérature, je me pensais plus indulgent.theyoubot a écrit : ↑ven. 25 déc., 2020 8:13 pmSweetones a écrit :Ai-je répondu à la question?
Oui. Tu sembles être devenu moins indulgent.
Sweetones a écrit :- Avec l'âge, les livres me tombent plus facilement des mains, mais c'est dorénavant sans regret.
- les marque-pages finissent par m'énerver. D'abord je les perds ou les mélange, tant il y a de livres commencés
- Les grandes machines, après m'avoir enchanté, me fatiguent.
Tu trouves plus difficilement ton bonheur. C'est le cas de beaucoup des intervenants de ce topic
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Je recherche des romans avec ces 4 qualités / Ma présentation
Merci MoneyPenny pour ta réflexion sur la lecture en tant qu'expérience. J'aime bien ce concept "d'horizon d'attente". Il a pour mérite de décentrer cette expérience, de ne pas l'enfermer dans une pure subjectivité. Lire c'est combler un manque, rechercher une certaine plénitude, mais c'est aussi créer une attente, et cette attente te déhale hors de cette même expérience, elle attise ou crée un désir d'autre. Lire consisterait donc à retrouver les traces éparses de son désir, à les unifier par l'inscription dans une œuvre et à le projeter dans cet horizon d'attente, qui à son tour construirait le temps des futures lectures, voire le temps tout court.MoneyPenny a écrit : ↑sam. 26 déc., 2020 12:23 am Bonjour !
Je pense que notre rapport au livre n'est pas figé et c'est là tout le problème soulevé par ton post !
En études littéraires, on fait généralement appel à la « théorie de la réception » pour évoquer ces questions : c'est globalement l'idée selon laquelle le lecteur fait intégralement partie de l'oeuvre et que pour avoir une meilleure compréhension du texte, il est nécessaire d'analyser l'acte de lecture en lui même. Ça a permis l'émergence de certains concepts, notamment celui d'horizon d'attente, théorisé par Hans Robert Jauss :
Autrement dit, plus tu lis de livres, plus tes attentes évoluent (car nourries par toutes les lectures précédentes). J'imagine que dans ton cas ça vaut aussi pour le fait d'écrire. Ça expliquerait qu'on devienne plus exigeant en vieillissant, ou qu'un livre lu cinq ans auparavant ne te plaise plus du tout aujourd'hui : tu n'es plus la même personne que tu étais au moment de le lire la première fois et tu n'as plus le même bagage. Lire c'est avant tout faire l'expérience d'un livre. Les modalités vont forcément dépendre de ce que[l’inscription de la figure du lecteur dans l’œuvre] crée une attente car elle s’insère nécessairement dans un contexte de références, de caractéristiques, de systèmes de valeurs. Ainsi, la réception de l’œuvre est-elle guidée par les attentes créées par les œuvres antérieures. Le lecteur dont parle H.R. Jauss est un lecteur ordinaire qui goûte le texte et garde en mémoire cette expérience lorsqu’il fait une interprétation réflexive.
tu recherches et de ton état au moment de la lecture.
De fait je ne pense pas que ça soit une question d'âge - même si les éditeurs visent forcément un public cible au moment de vendre leurs livres, mais de tout un tas d'autres choses nettement moins arbitraires (besoin, goût, expérience, contexte etc.) !
J'ai tendance à penser que 2 de ces 4 choses évoluent dans un seul sens au fil du temps. Le même chez la plupart d'entre nous.MoneyPenny a écrit :Les modalités vont forcément dépendre de ce que tu recherches et de ton état au moment de la lecture.
De fait je ne pense pas que ça soit une question d'âge - même si les éditeurs visent forcément un public cible au moment de vendre leurs livres, mais de tout un tas d'autres choses nettement moins arbitraires (besoin, goût, expérience, contexte etc.) !
Oui, c'est ce que j'appelle le paradoxe du mauvais serveur. Il met plus de temps à t'apporter ta bière et cette attente exacerbe ta soif. Du coup la bière qu'il finit par te servir te donne beaucoup plus de plaisir. Ponctuellement, un mauvais serveur concourt plus à ton plaisir qu'un bon.Sweetones a écrit :Quand j'ai le bonheur d'une trouvaille, je n'en perds pas une miette, jouissant de chaque phrase, m'en imprégnant jusqu'à la moelle. D'autant plus que j'en connais l'éphémère. (Les relectures sont parfois terriblement décevantes
Sweetones a écrit : ↑sam. 26 déc., 2020 11:12 am Pour l'écriture, c'est encore plus cruel. Je comprends les auteurs qui ne relisent jamais leurs anciens romans. Ecrire, c'est faire du neuf, radicalement. En gros, cela consiste à ne s'appuyer sur rien, vingt quatre heures sur vingt quatre, rêves compris, et surtout pas sur l'œuvre passée, dont ce ne serait qu'une désolante resucée. En cours de gestation, féroce critique, un auteur peut se relire cent fois, jusqu'au par cœur, et pourtant, dès le bon pour imprimer, il s'empresse de tout oublier. Ecrire serait-il donc une expérience de lecture radicale, d'horizon en horizon?
En quoi cette expérience peut-elle être utile à la lecture commune? De quelle matière est composée la passerelle fragile où se rejoignent le livre et son lecteur?
Bien entendu ces relations ne suffisent pas à étudier un texte puisqu'il y a en effet une grande part de création brute, que rien ne précède, mais je trouve assez juste cette idée qu'un texte ne gravite jamais tout seul dans le vaste paysage littéraire. De la même façon, ce concept peut en partie répondre à tes deux dernières questions : en un sens, nous (lecteurs, auteurs, chercheurs) alimentons ces relations entre les textes ; les productions écrites qui analysent notre expérience de lecture avec un livre donné en sont le métatexte (auquel, c'est un exemple comme un autre, nous participons activement sur ce site en laissant des commentaires et en discutant de nos lectures) et permettent de rendre tangible cette passerelle entre livre et lecteur.- Intertextualité : la présence effective d'un texte dans un autre.
- Paratextualité : la relation d'un texte avec ce qui l'accompagne (préfaces, préambules, notes, etc.).
- Architextualité : c'est l'ensemble des déterminations thématiques, formelles, qui rattachent un texte à un genre particulier
- Métatextualité : c'est tout ce qui concerne le discours critique sur un texte, le commentaire, la glose.
- Hypertextualité : toute relation unissant un texte B (hypertexte) à un texte antérieur A (hypotexte), à l'exclusion du commentaire (par exemple, la relation parodique, la traduction, le pastiche).
Merci MoneyPenny d'avoir remis en perspective tout l'excessif de mon post. Effectivement, personne ne crée ex-nihilo. Chacun s'inscrit dans une histoire textuelle et dans le méga-texte de sa contemporanéité. Chacun est au croisement de la verticalité diachronique portée par ses filiations, sa généalogie littéraire, et de l'horizontalité synchronique dans lequel il baigne, quoi qu'il en ait. Je pense en particulier à ces notions de Genette, que tu cites, d'Architextualité et d'Hypertextualité.MoneyPenny a écrit : ↑sam. 26 déc., 2020 3:15 pmSweetones a écrit : ↑sam. 26 déc., 2020 11:12 am Pour l'écriture, c'est encore plus cruel. Je comprends les auteurs qui ne relisent jamais leurs anciens romans. Ecrire, c'est faire du neuf, radicalement. En gros, cela consiste à ne s'appuyer sur rien, vingt quatre heures sur vingt quatre, rêves compris, et surtout pas sur l'œuvre passée, dont ce ne serait qu'une désolante resucée. En cours de gestation, féroce critique, un auteur peut se relire cent fois, jusqu'au par cœur, et pourtant, dès le bon pour imprimer, il s'empresse de tout oublier. Ecrire serait-il donc une expérience de lecture radicale, d'horizon en horizon?
En quoi cette expérience peut-elle être utile à la lecture commune? De quelle matière est composée la passerelle fragile où se rejoignent le livre et son lecteur?
Oui, lire quelque chose que l'on a écrit soi-même reste un acte de lecture à part entière - auquel s'ajoute bien entendu la (très grande) difficulté de l'acte de création. Dans cette perspective, à la question « Écrire, est-ce faire du neuf ? » on peut trouver à y redire, apporter quelques nuances. Gérard Genette notamment, a développé le concept de « transtextualité » pour mettre en évidence tout ce qui met un texte en relation, manifeste ou secrète, assumée ou non, avec un autre texte. Il distingue 5 types de relations :
Bien entendu ces relations ne suffisent pas à étudier un texte puisqu'il y a en effet une grande part de création brute, que rien ne précède, mais je trouve assez juste cette idée qu'un texte ne gravite jamais tout seul dans le vaste paysage littéraire. De la même façon, ce concept peut en partie répondre à tes deux dernières questions : en un sens, nous (lecteurs, auteurs, chercheurs) alimentons ces relations entre les textes ; les productions écrites qui analysent notre expérience de lecture avec un livre donné en sont le métatexte (auquel, c'est un exemple comme un autre, nous participons activement sur ce site en laissant des commentaires et en discutant de nos lectures) et permettent de rendre tangible cette passerelle entre livre et lecteur.- Intertextualité : la présence effective d'un texte dans un autre.
- Paratextualité : la relation d'un texte avec ce qui l'accompagne (préfaces, préambules, notes, etc.).
- Architextualité : c'est l'ensemble des déterminations thématiques, formelles, qui rattachent un texte à un genre particulier
- Métatextualité : c'est tout ce qui concerne le discours critique sur un texte, le commentaire, la glose.
- Hypertextualité : toute relation unissant un texte B (hypertexte) à un texte antérieur A (hypotexte), à l'exclusion du commentaire (par exemple, la relation parodique, la traduction, le pastiche).
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