Pâris Estrella
24 ans, 1m89, Evayen, Elite
Acteur, Fêtard, Diva, Coeur brisé
Elastic Heart
Parfois, souvent même, je m'en veux de traîner Garry partout... Le pauvre n'a rien demandé, il voudrait peut être juste rester à la maison, à se reposer pendant que je suis enfin absent. Mais plus le temps passe, et plus j'ai du mal à me passer de lui. J'ai l'impression qu'il est le seul à vraiment me comprendre... Bon sang... ça en dit long sur moi... Je suis attaché à un robot, je le considère comme mon seul véritable ami, le seul à me comprendre... alors que ce n'est qu'un robot bon sang... Parfois, mes "amis", ces gens censés être pareil que moi, de mon milieu social, me conseillent de nouveaux modèles d'Android, plus performants, plus innovants... Mais moi je veux garder Garry. Il est avec moi depuis que je vis seul, il m'a vu dans mes pires moments, comme dans mes meilleurs, et parfois, je me surprends à croire qu'il ressent quelque chose, qu'il n'est pas juste un assemblage de métaux et de circuits... Et puis je me rends compte de l'absurdité de ma réflexion... Si il ressentait quoi que ce soit, il serait parti depuis longtemps. Qui pourrait supporter une telle débâcle sans sourciller? Un robot qui ne ressent rien, voilà qui. Au moins, il ne m'en voudra pas de le traîner partout, il s'en fiche certainement...
Mais j'ai besoin de lui. J'ai besoin de lui, parce que je me sens vide. Je me suis toujours senti un peu vide, parce que tout n'a toujours été qu'apparence, même avec mes parents, mais depuis Clay, c'est encore pire. Il avait rempli ce vide, et en partant, il a comme agrandi le trou dans ma poitrine... Je lui en veux, terriblement, et pourtant, je n'arrive pas à me le sortir de la tête. Je me demande si il sera là aujourd'hui. Evidemment qu'il le sera, il sort avec une membre de l'Elite... Mais quand même... Peut être qu'il ne viendra pas... Je le cherche dans la foule, je retiens mon souffle chaque fois que je crois l'apercevoir. et je me sens ridicule. Si il est bien là, je veux qu'il voit comme je rayonne, comme je suis heureux sans lui... peu importe que ce soit vrai ou faux, Garry est le seul à connaître la vérité de toute façon, il n'en dira rien, il doit s'en moquer...
Il me suit, et je ne peux m'empêcher de me demander, cent fois au moins, si il serait si il avait le choix. Si je lui laissais la possibilité de partir, est-ce qu'il partirait? La réponse à cette question me terrifie... Je suis monstrueux, non? Je le garde contre peut être contre son gré, parce que, de ce que j'en sais, les robots ont peut être bien des émotions... Je le séquestre, tout ça parce que je suis terrifié à l'idée de me retrouver seul... c'est encore pire que tout ce qu'on pourrait imaginer...
Et pourtant, je suis là, à sourire, à serrer des mains, comme si le monde était un endroit merveilleux, rempli de joie et aussi parfait qu'on veut bien le faire croire au bon peuple d'Evaya. J'essaie d'intéresser Garry, et quand il me répond de sa voix monotone, je ris légèrement, comme si il avait fait une bonne blague, et fais un geste futile de la main :
- Tu as sûrement raison, vu l'état dans lequel ils le laissent! Et puis je ne veux pas te donner plus de travail.
Mes yeux rencontrent les siens sur ces derniers mots, et j'espère qu'il voit comme je suis sincère. Je m'en veux de tout lui faire ranger derrière... mais je suis beaucoup trop bourré pour faire quoi que ce soit la plupart du temps, et je sais pas rangé comme il le fait... C'est lui qui range tout, à tel point que je ne saurai sans doute rien trouver dans mon propre appartement... Et on me dit élite de la société... quel bel exemple.
Mes yeux reviennent sur la foule qui nous entoure et, soudain, je l'aperçois... Cette fois c'est lui, c'est certain... Mes yeux s'accrochent à sa chevelure châtain clair, et mon coeur saigne quand il se retourne en riant aux éclats. Il est au bras de cette fille... Instinctivement, je tends la main, et m'accroche au bras de Garry, un peu trop fort... J'espère ne pas lui faire mal, mais je ne sais même pas si il est capable de ressentir la douleur en réalité... Au moins, le serrer m'aide à reprendre un peu contenance, et j'efface ma grimace de douleur, au profit d'un sourire encore plus éclatant que le précédent.
- Oh Garry, je meurs de soif, et si nous allions me chercher une petite coupe! je m'exclame avec un air enjoué.
Mon coeur bat si fort, si vite... je parle à Garry, mais je peine à quitter Clay du regard... j'ai peur du moment où ses yeux croiseront les miens, j'ai peur qu'il remarque ma détresse... Je serre Garry un peu plus fort, je m'accroche à lui comme si il pouvait me sauver... si il ressent quoi que ce soit, il doit me trouver bien pitoyable.