Hey !
Cette fois je ne suis pas en retard !
Je crois qu'on peut fêter ça, non ?
Un peu plus sérieusement, je mets un
Trigger Warning pour ce chapitre (ça spoile un peu mais vaut mieux vous prévenir quand même) !
TW : Ce chapitre contient des scènes de sexe pouvant heurter la sensibilité des plus jeunes. Je vais mettre des * colorés afin de prévenir quand cela commence, et quand c'est terminé.
Bonne lecture !
Chapitre 14
J’étouffai un cri en me réveillant en sursaut. Je mis un moment avant de me rappeler où je me trouvais. Des images d’un grand couloir sombre envahissaient mon esprit, mais je tentai de les repousser avec force. La solitude étreignait mon cœur avec une rare violence. Je n’avais encore jamais ressenti ça. Pas même dans mes pires moments.
Dean…
Je secouai la tête.
Je ne le verrai plus jamais…
Je mis mes mains sur mes tempes. Bien sûr que j’allais le revoir ! J’avais seulement fait un cauchemar. Un cauchemar dont je ne me souvenais pas, mais dont je ressentais encore les échos.
Mais, poussée par un instinct et ces émotions, je sortis du lit, encore haletante. Un coup d’œil au réveil m’apprit qu’il n’était qu’une heure du matin. Mes yeux me piquaient et je sentais des larmes couler sur mes joues. Des sanglots comprimaient ma gorge, luttant pour s’en échapper.
J’ouvris la porte et me retrouvai, encore une fois, devant celle de la chambre de Dean. Je ne savais absolument pas ce que je voulais lui dire ou faire, mais je frappai.
Pas de réponse.
Sous le coup de l’émotion, je n’avais pas utilisé mon odorat. Lorsque je le fis, je me rendis compte qu’il n’était pas là. Ma poitrine se serra, renforçant les impressions du cauchemar.
Du calme… C’est normal…
Il m’avait prévenue qu’il avait une urgence, au boulot, et que cela risquait de se terminer tard. Mais il m’avait aussi dit qu’en cas de problème, il serait joignable. Seulement, je n’allais pas l’appeler et le déranger pour ça.
Je ne pus m’empêcher d’ouvrir la porte. Je m’engouffrai dans la pièce et inspirai le parfum de Dean à pleins poumons. Ma respiration ne se calma pourtant pas, et j’étais toujours en train de pleurer. Je mis une main sur ma poitrine. Je me sentais si mal… J’avais la sensation que la seule personne capable de combler ce vide, c’était lui. La seule chose dont je me souvenais, c’était que dans ce cauchemar, je le cherchais, sans relâche, sans jamais le trouver. Et ça me tuait à petit feu.
Je ne perçus l’autre présence qu’à la dernière seconde.
— Qu’est-ce que tu fais ici ?
Je sursautai et me retournai vivement.
Son ton était empreint de douceur, mais également de perplexité. Sa voix grave parvint à me faire frissonner.
Il était en face de moi. Il était rentré.
Aussitôt, un immense soulagement m’envahit et je me mis à pleurer de plus belle, tout en parvenant à rester silencieuse, comme si j’étais sous le choc. J’essuyai mes larmes du dos de la main.
— Je… désolée je…
Je n’avais aucune explication. Il me serait compliqué de justifier le fait que j’étais dans sa chambre, en pleurs, seulement vêtue de ma longue chemise de nuit d’un rose pâle.
Ses yeux s’écarquillèrent lorsqu’il remarqua dans quel état j’étais. Il laissa tomber sa sacoche sur le sol et me rejoignis en deux grandes enjambées. Avant que je puisse réagir, ses bras se refermèrent dans mon dos et il m’attira contre lui. Je me laissai faire et enfouis mon visage dans son tee-shirt. Une de ses mains se mit à caresser tendrement mes cheveux, alors que j’étais prise de tremblements.
— Que se passe-t-il ? me murmura-t-il. Tu peux tout me dire…
Je ne répondis rien pendant un long moment. Je profitai simplement du fait qu’il était là, que je pouvais sentir son parfum réconfortant et familier. Même s’il y avait quelque chose de différent, cette fois…
J’allais enfin dire quelque chose, lorsque je m’aperçus qu’il s’agissait d’une odeur métallique.
Du sang.
Je me reculai et me mis à chercher du regard une blessure, sur lui. La panique commença à me gagner. D’où est-ce que ça venait ?
Je me mis à inspecter son visage du regard, puis ses mains, ses bras. Mais je vis une tache brune sur son tee-shirt, que j’aurais pu louper à cause de l’obscurité si ma vision n’avait pas été exacerbée.
Je relevai son haut. Un bandage fait dans l’urgence avait été placé sur un bout de peau. Un halo rougeâtre en maculait le centre. Ma respiration se bloqua.
— Ce n’est rien, ne t’en fais pas…, tenta-t-il de me rassurer.
Il prit mes mains dans les siennes pour que je lâche son vêtement, que je ne me préoccupe pas de la blessure. C’était mal me connaître. Je me libérai de son emprise et regardai à nouveau le pansement. Il soupira.
— Que s’est-il passé ? m’étranglai-je.
Pour le coup, j’avais totalement cessé de pleurer. L’inquiétude et la colère prenaient le dessus sur ma peine.
— Un homme armé d’un couteau et complètement bourré a commencé à être violent, à la boîte. Il m’a égratigné quand j’ai voulu l’arrêter, expliqua-t-il.
« Égratigné » ?!
Je vis rouge. J’avais envie de me rendre dans cette boîte de nuit pour trouver cet individu. J’étais si furieuse que je ne parvenais pas à me dire qu’il ne devait plus y être depuis un moment.
Cela dut se lire sur mon visage, car Dean le prit entre ses paumes.
— Je l’ai neutralisé et il est en garde à vue à l’heure qu’il est, lança-t-il.
Je grognai. J’étais hors de moi. Je ne pouvais pas accepter que quelqu’un s’en prenne à lui. Je secouai la tête et lui désignai le lit.
— Assieds-toi, ordonnai-je.
Il parût sur le point de protester et de me dire qu’il allait bien, mais mon regard lui fit changer d’avis. Tout Alpha qu’il était, je n’en avais rien à faire. Il obtempéra.
— Lyn, je t’assure que ça va.
— Non ça ne va pas, rétorquai-je entre mes dents en m’asseyant à côté de lui.
— Je vais guérir vite.
— C’est sûr, puisque je suis guérisseuse.
Alors que j’enlevais le bandage afin de voir l’ampleur des dégâts et pour pouvoir utiliser mon pouvoir, il saisit mes épaules pour m’arrêter.
— Non. Tu vas en souffrir, contra-t-il, l’air déterminé.
Je soutins son regard.
— Laisse-moi faire ça pour toi. Je ne peux pas supporter l’idée que tu sois blessé. Ça ira vite. Et il faut que j’apprenne à m’approprier mon don, argumentai-je.
Il s’apprêta à dire autre chose, mais je ne lui en laissai pas le temps. J’approchai ma paume de sa blessure, et l’appuyai doucement dessus. Même s’il se retenait de grimacer, je vis un muscle de sa mâchoire tressaillir. Je fermai les yeux et cherchai la puissance, en moi.
Rapidement, la douleur familière me transperça. J’eus la sensation que du feu se répandait en moi et s’échappait de mes mains. Je crispai les paupières et serrai les lèvres. Je n’avais qu’un objectif en tête : le soigner autant que je le pouvais. Peu importe ce que ça me faisait.
Une caresse dans mes cheveux m’aida à surmonter au moins un peu ces sensations.
— Arrête…, me chuchota-t-il.
Mon souffle se coupa, tandis que je sentais sa plaie se refermer sous ma main, sa peau retrouver sa douceur, comme si elle n’avait jamais été coupée.
— Lyn.
Il tenta de retirer ma main, mais je résistai. Mon expiration se fit hachée.
— Stop.
Cette fois, il ne me laissa pas le choix. Ma paume fut éloignée et les effets de mon don s’estompèrent. Je pus enfin reprendre ma respiration.
Je rouvris les yeux et ils croisèrent les siens. Il me caressa la joue et mis son front contre le mien. Mon souffle reprit petit à petit un rythme normal. Je baissai ensuite le regard. La plaie avait disparue.
J’avais réussi. Un sourire fatigué étira mes lèvres. Il n’y avait plus que les taches de sang comme seules preuves de sa blessure.
— Je ne veux pas que tu souffres pour moi, me chuchota Dean.
— Je refuse de te laisser ainsi, alors que je peux te guérir.
Il serra les lèvres. Je savais que je le rendais fou. Mais là-dessus, c’était plus fort que moi.
— Je ne veux pas non plus qu’ils… aient réussi à me faire avoir peur de moi-même, poursuivis-je. Je ne peux pas leur laisser ça. Et soigner sera toujours un réflexe, pour moi.
Je me levai et me dirigeai vers la salle de bain. J’allai ouvrir le robinet du lavabo, afin de nettoyer ma main et effacer ces traces de sang. Une fois fait, un poids s’envola de mes épaules. Je pris un torchon que j’humidifiai.
Je retournai dans la chambre. Dean n’avait pas bougé et me regarda m’approcher de lui. Je repris ma place initiale.
— J’ai l’impression que ça a bien marché, fis-je, satisfaite.
J’appliquai le tissu sur sa peau pour ôter les tâches rouges sur son ventre. Son souffle se coupa un instant. Avait-il toujours mal ? Ou… était-ce autre chose ?
— Je ne sens plus rien, avoua-t-il.
Alors il était vraiment guéri. C’était mon geste, qui avait produit cette réaction.
— Je suis contente… Je préfère avoir le contrôle là-dessus, décider quand je le fais.
Il se recula un peu pour mieux me regarder. Je posai le chiffon sur la table de nuit.
Un silence s’installa, le temps de quelques secondes.
— Ils te forçaient à te servir de la guérison ? fit-il, d’un ton tranchant.
Je hochai la tête. Je le vis se raidir, pourtant, sa paume, soudainement sur ma joue, était d’une infinie douceur.
— Ils voulaient mesurer ma puissance, expliquai-je. Tester mes limites.
Son autre main se ferma en un poing. Je l’entourai des miennes pour le calmer.
— Ils voulaient que je sois l’esclave parfaite en se montrant violents. Ils ne se sont pas rendus compte que dans mon état, s’ils s’étaient montrés aimants, au moins un minimum, sans tomber dans la cruauté, j’aurais tout fait pour eux. Et avec joie.
Je déglutis et mes yeux se mirent à me piquer à nouveau.
— À l’époque, j’aurais pu me raccrocher à n’importe quoi. Mais finalement, je préfère que cela se soit passé ainsi.
Dean se crispa. Il dut penser qu’il n’avait pas bien entendu.
— Quoi ?
— Au moins, j’ai vu leur vrai visage et je n’ai pas hésité à te délivrer.
Un ange passa. Le doré de ses yeux était éclatant de colère et d’une autre émotion, plus tendre, profonde.
— Au-delà du fait que tu m’étais familier, je ne pouvais pas te laisser subir ça, poursuivis-je.
Son poing se desserra et il finit par entrelacer nos doigts. Ce contact me fit du bien.
— Si tu n’étais pas venue me libérer, j’aurais fini par venir te chercher moi-même, déclara-t-il. (Je haussai les sourcils.) Maintenant que tu sais tout, tu penses vraiment que j’aurais sagement attendu ? Ou que je t’aurais laissé là-bas ?
Évidemment que non. J’esquissai un sourire triste.
— Quand je t’ai vu, j’ai cru que j’hallucinais. C’est d’ailleurs ce que je me suis dit en me réveillant, mais je voulais m’attacher à ça. J’avais l’impression de sentir encore ton odeur. J’étais en train de fomenter un plan pour qu’on s’échappe, quand tu as débarqué.
J’eus un rire nerveux.
— Je ne savais même pas ce que je faisais, soupirai-je. J’avais le début d’un plan, mais j’improvisais, pour le reste. Tout pouvait tomber à l’eau à tout moment.
Je serrai un peu plus ses doigts entre les miens.
— Si c’était toi qui étais venu… J’aurais probablement flippé encore plus, admis-je.
— Je le sais bien, répliqua-t-il en répondant à mon geste. Mais je m’étais dit que je t’expliquerais tout plus tard.
— Je t’aurais suivi quoiqu’il arrive, j’en suis sûre. Même en ayant peur. Je l’ai bien fait une fois.
Il eut un rictus en coin, se donnant un air malicieux même si je voyais qu’il était touché.
— Je te faisais autant peur que ça ? s’enquit-il.
— Oh oui.
— Et maintenant ?
Il porta ma main à ses lèvres, pour embrasser mes doigts délicatement. Je me sentis rougir. Je ne savais même pas s’il pouvait le voir.
— Tu m’effraies toujours…, soufflai-je. Mais pas pour les mêmes raisons.
Ma lèvre inférieure se mit à trembloter, sans que je ne puisse l’empêcher. L’émotion me prit à la gorge et je sentis les larmes monter, encore une fois. Je me serais giflée, pour être aussi faible.
— Dis-moi… Est-ce que ça a un rapport avec le fait que tu pleurais, tout à l’heure ? fit-il d’une voix douce.
Mon estomac se noua. Il fallait bien que je le dise un jour.
— J’ai rêvé qu’on t’arrachait à moi et j’ai… Tu me manquais, bredouillai-je. Terriblement. Je ne peux plus le cacher.
Son regard s’éclaira. Il me transperça.
— J’ai très peur, moi aussi…, murmura-t-il.
Mon cœur rata un battement.
— De ce que je peux ressentir, poursuivit-il. À l’idée que tu disparaisses à nouveau.
— Je ne te laisserai plus jamais, assurai-je.
Je ne pouvais pas savoir de quoi l’avenir serait fait, mais j’avais besoin de croire en ce que je disais.
Il prit mon visage dans ses mains et se pencha en avant. Mes paupières s’abaissèrent et je m’approchai à mon tour. Ses lèvres furent sur les miennes. Ce fut comme un électrochoc. Un éclair parcourut ma colonne vertébrale et j’en oubliai de respirer.
Son baiser était doux, léger, pour me laisser tout le loisir d’y échapper, mais je sentais la force qu’il contenait, derrière. Cela me provoqua un déclic et je mis mes mains dans sa nuque pour nous rapprocher encore. Il parût soulagé et ses lèvres qui étaient d’une douceur que je n’aurais pas imaginée, se mirent à bouger contre les miennes. Je suivis leur rythme en m’abandonnant à toutes ces sensations qui m’étaient à la fois inconnues et familières. Mon corps commençait à réagir d’une drôle de manière.
Cela me rappela le rêve que j’avais fait, où Dean et moi étions sur la table de la cuisine. C’était cela, que j’avais ressenti. Mais la réalité était beaucoup plus intense.
Mon gémissement fut étouffé par sa bouche et ses bras se retrouvèrent autour de ma taille. Il me souleva pour que je me retrouve sur ses genoux, face à lui, sans rompre une seule fois le contact. Très vite, le baiser s’intensifia pour devenir passionné. J’en avais le tournis. Je ne pouvais plus le lâcher et cette constatation remua une puissante émotion en moi. Je sentais tout son désespoir, ses craintes, l’intensité de ses sentiments, dans notre échange. Il agrippait mon tee-shirt comme si l’idée que je puisse m’éloigner était inconcevable.
Cette force balaya mes doutes concernant ce que je voulais, mais ouvrit la porte à d’autres incertitudes, d’autres peurs. Une de mes mains alla se perdre dans ses longs cheveux noirs, tandis que des larmes se remirent à rouler sur mes joues. Qu’est-ce que je ferais s’il me lâchait ? Est-ce que je pourrais seulement le supporter ? Il fallait que je lui fasse part de mes inquiétudes, mais j’avais peur de ses réponses. Je voulais retarder le moment le plus possible.
Mes mains se mirent à trembler, mais je n’en avais presque pas conscience. Seul Dean comptait, ainsi que ses lèvres contre les miennes.
Mais il finit par se reculer légèrement, rompant le contact. Je laissai échapper un gémissement de protestation. Il s’était rendu compte de ce qui se passait. Une goutte d’eau salée devait avoir coulé dans sa bouche.
Il eut l’air horrifié en me voyant pleurer, encore une fois. Il se mit à essuyer mes larmes de ses pouces, tendrement. J’osais à peine le regarder.
— Je suis désolé… C’était trop tôt. Je n’aurais pas dû…
Je relevai les yeux. Il arborait un air coupable, honteux, même. Je secouai vivement la tête.
— Non, le coupai-je. Ce n’est pas ça. C’est ce que je veux aussi.
Il allait falloir que j’arrive à trouver les mots pour expliquer pourquoi j’étais dans cet état, parce qu’il devait être totalement perdu.
J’avais toujours une main dans ses cheveux et une autre dans sa nuque. Je ne parvenais pas à le lâcher. Il garda les siennes sur mes joues, attendant patiemment que je poursuive, sans me presser, compréhensif.
— J’ai juste… (Je déglutis et ravalai un sanglot.) Je veux juste être sûre que c’est bien
moi que tu embrasses…
Au début, il parût confus, puis il finit par saisir le sens de mes paroles. Il me regarda avec sérieux.
— C’est bien
toi, que j’embrasse, Lyn…, m’assura-t-il.
Je me mordis la lèvre.
— Je ne veux pas être l’écho d’un souvenir, pour toi. Même si j’avais déjà une sorte d’instinct te concernant, il a fallu que je réapprenne à t’aimer, mais sans mes souvenirs, c’était sûrement plus simple que pour toi.
Ma voix s’étrangla sur la fin.
— Toi… il faut que tu parviennes à me vouloir,
moi, tout en ayant en mémoire celle que j’étais avant mais que je ne suis plus aujourd’hui. Parce que je ne suis plus la même et que je ne retrouverai peut-être jamais ma mémoire… Je souhaite que tu m’embrasses en ayant conscience de tout ça…
Je parvins à soutenir son regard, qui brillait d’émotion. Il ne répondit rien pendant une longue minute, et à chaque seconde qui s’égrenait, ma poitrine se serrait un peu plus. Un nœud se forma dans ma gorge. Afin de me préserver un minimum face à ce silence, je détachai mes bras de lui et me préparai mentalement à m’éloigner. Je n’eus pas le temps d’esquisser un geste de plus, qu’il rattrapa mes mains des siennes, comprenant mon intention.
— C’est
toi que j’embrasse, répéta-t-il, sa voix ne cillant pas.
Je fermai les paupières, le soulagement menaçant de me terrasser.
Il mit un doigt sous mon menton.
— Ouvre les yeux…, murmura-t-il.
Je le fis, lentement. Mon cœur se mit à battre plus vite devant l’intensité de son regard.
— Tu as l’impression que tu es scindée en deux parties, commença-t-il, mais c’est faux. Moi, je vois qui tu es et comment tu es. Tu es à la fois celle que tu appelles « l’ancienne Lyn », et la nouvelle. Pour moi, tu n’es pas l’une ou l’autre, ni même les deux, tu es juste
toi.
Toi. Et tu es incroyable. Un miracle.
Le timbre grave de sa voix ressortait encore plus lorsqu’il parlait aussi doucement. Et avec ces paroles, les sensations de caresse qu’il me procurait étaient décuplées.
— Je vois comment tu es au quotidien et tu es la même. Oui, tu as aussi changé sur certains points, mais je l’accepte. J’accepte tout, parce que tu ne cesses de me surprendre et que chaque nouvelle facette de toi me rend encore un peu plus fou de toi. Je ne cesse de retomber amoureux de toi, tous les jours. Et comme je te l’ai dit, avec ou sans tes souvenirs, ça ne change rien. Si tu ne te souviens pas, tu te créeras de nouveaux souvenirs.
On se créera de nouveaux souvenirs.
Un sanglot s’échappa de mes lèvres, mais ce fut comme si un énorme poids venait de s’ôter de mes épaules.
Je lui faisais confiance. Peut-être que j’aurais encore des moments de doute, parfois, mais tout, chez lui, me laissait penser qu’il était sincère. Son air déterminé, son ton, son langage corporel.
Il m’embrassa les joues, recueillant mes larmes pour les faire disparaître, et mes mains se retrouvèrent dans son dos. Je pris les devants et ma bouche finit par retrouver la sienne et, cette fois, notre baiser n’avait plus rien de retenu. Il passa un bras autour de mes hanches et me serra contre lui, même si j’avais la sensation que nous étions encore trop loin l’un de l’autre.
***
La pointe de sa langue vint lécher ma lèvre inférieure, me provoquant un frisson délicieux, afin que je lui ouvre le passage. Je cédai à sa demande et notre baiser se fit plus intense. Nos langues se rencontrèrent et se caressèrent. Mes mains se mirent à serrer son tee-shirt, puis l’une d’elle remonta jusqu’à ses cheveux, se fermant en poing sur une mèche. Je tirai légèrement dessus, lui arrachant un gémissement ressemblant à un grognement. Je souris contre ses lèvres, et il y répondit de la même manière, sans que nous ne cessions de nous embrasser. C’étaient de véritables assauts, une lutte qui semblait ne pas avoir de fin.
Dean bascula en arrière et m’entraîna avec lui, puis il nous fit rouler de sorte à se retrouver au-dessus de moi, mon dos entrant en contact avec le matelas moelleux. Je tendis les bras pour l’entourer à nouveau et sa bouche fondit à nouveau sur la mienne, comme s’il ne pouvait supporter qu’elles ne soient plus en contact l’espace de quelques secondes. Une de ses jambes s’insinua entre les miennes, et je les écartai en réponse. Mes cuisses vinrent entourer sa taille. Je savais que j’avais déjà fait cela avant, car même si je n’en avais plus aucun souvenir, mes gestes me paraissaient naturels, même s’ils devaient être maladroits.
Ma respiration se fit haletante, mais je n’en avais cure. J’aurais très bien pu ne jamais reprendre mon souffle, simplement pour ressentir cela.
Ses lèvres quittèrent les miennes et déposèrent une nuée de baisers dans mon cou. Mon dos se cambra et je me mordis la lèvre, fermant les yeux. Ma main passa sous son haut afin d’être en contact avec sa peau. Aussitôt, il se fit plus langoureux, sa langue laissant une ligne de feu sur ma chair. Dean écarta le col de ma chemise de nuit pour semer des baisers sur mes clavicules. Ses doigts se promenèrent sur mon seul vêtement, passant sur ma taille, avant de se faufiler en dessous. La chaleur de ses paumes et la douceur de ses caresses me donnèrent la chair de poule. J’avais l’impression qu’il me connaissait par cœur, qu’il connaissait mon
corps, par cœur. Chacun de ses gestes me provoquait une réaction et je nageais en plein délice. Des sensations qui étaient beaucoup plus vives que dans mon rêve m’assaillaient, réveillant une chaleur dont je ne soupçonnais pas l’existence, dans mon corps.
Il suspendit soudainement ses gestes et mes paupières se soulevèrent. Pourquoi cessait-il ? J’étais à deux doigts de geindre pour qu’il continue.
— Tu es sûre que c’est ce que tu veux… ? s’enquit-il, son timbre si grave qu’il me faisait de l’effet, comme à chaque fois que je l’entendais.
Je hochai la tête.
— Certaine, répondis-je d’une voix hachée.
Je serrai un peu plus ses cheveux dans ma main, lorsqu’il se mit à m’embrasser l’épaule.
— Arrête-moi si je vais trop loin…, me demanda-t-il.
J’acceptai, mais je savais que je ne l’arrêterais pas. J’en avais envie. Je voulais aller plus loin parce qu’à ce moment-là, pour moi, rien d’autre ne comptait.
Sa barbe de trois jours laissait des picotements sur ma peau et ses cheveux tombant dans mon cou me chatouillaient. Le tout contribuait à affoler mes sens. Son parfum entourait mon être et je ne pouvais plus avoir conscience d’autre chose que de sa présence au-dessus de moi et de ce qu’il me faisait.
Sa langue vint retrouver la mienne le temps d’une danse passionnée, puis se mit à tracer un sillon le long de ma gorge, jusqu’à la naissance de mes seins. Sa main effleura une de mes jambes, puis son contact se fit plus affirmé, lorsqu’il poursuivit jusqu’à ma cuisse, me maintenant contre sa hanche.
Désirant être encore plus proche de lui, j’attrapai le bas de son tee-shirt et le soulevai. Il se redressa brièvement, pour m’aider à le lui ôter, puis ses mains et sa bouche reprirent leur place sur moi.
Sentir sa peau sous mes paumes alimenta mon envie et exacerba la sensation désagréable d’être toujours habillée. Je lâchai un grognement malgré moi et je me tortillai afin de pouvoir faire remonter ma chemise de nuit, un peu maladroitement. Dean émit un léger gloussement en me voyant si pressée, mais je vis à la lueur dangereuse dans ses yeux qu’il en était ravi. Ses mains écartèrent doucement les miennes pour prendre le relais. Elles se saisirent du tissu, qu’elles firent remonter le long de mes cuisses, puis je les sentis sur mes fesses. Un long frisson parcourût ma colonne vertébrale. Ma chemise finit par se retrouver à hauteur de ma poitrine, la dévoilant petit à petit.
Je fus gênée, pendant quelques secondes, de ma nudité. Je n’étais pas particulièrement fière de mon corps, même si j’avais repris du poil de la bête, ces dernières semaines. Mais le regard affamé et émerveillé de l’Alpha me fit comprendre que cela n’avait pas d’importance. À travers son regard, je me sentais jolie. Belle. Désirable.
Sa bouche se referma autour d’un téton. Un petit cri de surprise et de plaisir s’échappa de ma gorge. C’était semblable à une décharge électrique. Son contact, à cet endroit-là, envoyait directement des signaux dans le bas de mon ventre. Sa langue se mit à tournoyer autour de l’aréole et mon corps se contracta pour se délecter de chaque sensation. La chaleur qui s’était installée en moi devint un véritable brasier. Il asséna la même sentence délicieuse à mon autre sein, mordillant, suçotant, puis léchant, avant de recommencer.
— Dean…, suppliai-je dans un murmure.
J’ignorais même ce que je voulais lui demander. Il leva les yeux vers moi un instant, afin d’être sûr que je voulais continuer, se méprenant sur le but de mon appel. Je lui fis comprendre d’un regard que je ne voulais pas que cela cesse.
Il poursuivit son manège pendant un moment encore, puis il s’arrêta pour faire passer ma chemise de nuit par-dessus ma tête. J’en profitai pour l’embrasser dans le cou, sentant des vibrations dans sa gorge. Un grondement. Mais en voyant son expression, je sus que je parvenais à le mettre dans tous ses états, dans le bon sens du terme, également. Satisfaite, je laissai mes lèvres se promener sur chaque parcelle de sa peau que je pouvais atteindre, en passant par ses épaules et le haut de son torse. Il mit fin à ma lente torture en plaquant sa bouche sur la mienne. Il se mit à mordiller ma lèvre inférieure, avant de l’apaiser d’un coup de langue.
Sa main traça un nouveau passage sur mon corps, en passant sur mon ventre, puis mon nombril. Je retins mon souffle quand je sentis qu’elle s’aventurait plus loin. Mon regard s’embrasa, et je le rivai dans le sien. Il comprit. Je ne savais pas à quoi m’attendre, mais je désirais plus que tout le découvrir.
Un nouveau gémissement de ma part se fit entendre lorsque je sentis ses doigts sur ma féminité. J’étais à fleur de peau, la moindre parcelle de ma chair brûlait et était devenue très sensible. Ses caresses, qui furent tout d’abord légères comme des plumes, devinrent plus confiantes, plus intenses. Mes cris furent étouffés par ses lèvres sur les miennes et mon excitation était à son comble. J’avais terriblement chaud, mais je n’aurais voulu pour rien au monde qu’il ne s’éloigne.
Il prit son temps, afin de me laisser ressentir pleinement tout le plaisir que ses gestes me prodiguaient. Il me caressait sur toute la longueur de mon intimité, et taquinait de son pouce mon bouton de rose, en imprimant des cercles tantôt légers tantôt appuyés, dessus, à travers ma culotte. En réponse, je n’étais plus que gémissements et je suivais le rythme de nos baisers en y mettant plus de fougue.
Il m’ôta mon sous-vêtements, et son glissement sur ma peau renforça les flammes dans mes veines. Doucement, il fit glisser un doigt en moi, son passage facilité par mon excitation. Je me cambrai à nouveau et il plaça son autre main sur le dessus de ma tête, pour serrer mes longs cheveux dans son poing, comme je l’avais fait avec lui. Les miennes étaient désormais dans son dos et je le griffai sans pouvoir me retenir, sous le coup des vagues de plaisir. Il ne semblait pas être dérangé le moins du monde par mon geste.
Le va-et-vient de son doigt et les caresses sur mon clitoris me poussèrent au bord du précipice. Je chutai dans un cri que Dean me laissa exprimer, l’œil illuminé par le désir et le ravissement de me voir dans cet état, avant qu’il ne m’embrasse à nouveau, cueillant mes derniers soubresauts sur sa paume, m’accompagnant jusqu’à ce que la tempête se calme.
Mes mains quittèrent son dos pour aller trouver le bouton de son pantalon. Je mourais d’envie de le sentir en moi, mais autrement que de cette façon, même si elle avait été exquise. Je mis un temps fou à parvenir à ouvrir son vêtement, tant j’étais prise de frissons. Il me vint en aide et retira son jean ainsi que son boxer, avant de se replacer entre mes jambes. Il entortilla une mèche de mes cheveux autour de ses doigts.
— Lyn…, chuchota-t-il, et je sentis son souffle contre mon cou.
Je faillis ne pas reconnaître mon propre prénom. J’étais bien trop occupée à l’admirer, les yeux à demi fermés et à essayer de dompter les flammes dans mon bas-ventre, ce qui était impossible.
— Dis-moi ce que tu veux…, poursuivit-il.
Il s’en doutait, mais il voulait que je le confirme. Il voulait que je sois sûre de moi, me laisser le temps de réfléchir.
Je soulevai le haut de mon corps pour aller trouver ses lèvres. Mes mains serrèrent ses épaules.
— Toi, répondis-je. Je te veux
toi.
Mon dos se souleva pour aller à sa rencontre, qu’il comprenne ce que je voulais dire par-là.
Il se redressa un instant et sans me lâcher des yeux, il fouilla dans le tiroir de sa table de chevet. Il en sortit un petit paquet entouré d’aluminium et l’ouvrit. Mes yeux descendirent sur son ventre, puis plus bas. Pendant un instant, je fus fascinée par ce que je voyais et en même temps, légèrement inquiète. Je n’avais aucune expérience. Du moins, pas que je me souvienne. Je craignais un peu de ne pas faire les choses correctement et surtout, je trouvais son membre assez imposant.
Je me giflai mentalement pour chasser tous ces doutes de mon esprit. Mais, alors qu’il venait de dérouler le préservatif sur lui, il vit la lueur d’hésitation dans mes yeux. Il se pencha vers moi et déposa un baiser sur mon front.
— Je te promets d’être doux, m’assura-t-il. Et tu peux m’arrêter n’importe quand. Un seul mot de ta part et je cesserai.
J’opinai. Mon trac était mêlé à mon désir, offrant un mélange explosif. Même si j’étais inquiète, je ne pouvais plus attendre.
— On n’est pas obligés de le faire maintenant, ajouta-t-il. Si c’est ce que tu souhaites, je peux attendre…
Je le fis taire en prenant son visage entre mes paumes et en l’embrassant. J’étais sûre de moi, malgré tout. Et mon cœur fondait de le voir aussi prévenant.
Il se réinstalla entre mes cuisses et les enserra de ses mains, nous rapprochant un peu plus. Je soulevai mon bassin pour aller à la rencontre du sien. Il nous inclina à l’angle parfait et, la seconde d’après, je le sentis me pénétrer, lentement, avec douceur. Je cessai de respirer et ma bouche s’entrouvrit sur un cri qui ne sortit pas. Je ressentais une pointe de douleur mêlée à une intense chaleur. Encore une fois, je fus projetée dans mon rêve, qui était, définitivement, bien terne comparé à la réalité. Je n’aurais jamais pu imaginer cela.
Ses lèvres recouvrirent les miennes et il s’immobilisa, le temps que je m’adapte à son contact. Une fois la douleur passée, je bougeai mes hanches, timidement, et il se glissa un peu plus en moi, m’arrachant des gémissements de plaisir, jusqu’à y être entièrement. Il imprima un mouvement sur mon bassin, du sien, et je suivis. Je répondais à ses va-et-vient lents, qui ravivèrent le plaisir que j’avais ressenti, plus tôt. Mais cette fois, c’était plus puissant.
Notre rythme garda cette cadence exquise mais qui était une torture, et nos lèvres et nos mains furent partout à la fois. Elles ne pouvaient pas avoir de point d’ancrage. Ce ne fut que lorsque nous nous mîmes à bouger plus rapidement, qu’une de mes mains se mit à serrer le drap du lit de toutes ses forces. Chaque coup de rein de Dean me mettait au supplice. Il paraissait s’aventurer à chaque fois plus profondément et à nouveau, je m’approchais du vide libérateur. Je voulais l’atteindre, et en même temps, je voulais retarder ce moment le plus longtemps possible. Je ne voulais pas que ça cesse un jour. Jamais.
— Ne… t’arrête pas…, le priai-je, sanglotant presque sous le coup du plaisir.
Il plongea son regard doré dans le mien et son expression faillit avoir raison de moi. Personne ne m’avait jamais regardé ainsi et je n’aurais pas pensé que cela arriverait un jour.
— Pour rien au monde…, répondit-il.
Sa bouche fut dans mon cou, puis sur ma poitrine, avant de revenir à mes épaules puis réclamer mes lèvres, imprimant le même rythme à ses baisers que celui de nos bassins. Ma féminité s’étirait pour accepter la présence de son membre à chaque mouvement et se contractait de plus en plus autour de lui. Dean laissa échapper des gémissements rauques à son tour et sa fougue prit le dessus. J’y répondis avec plaisir.
Il prit ma main qui serrait le drap dans la sienne, et la deuxième également. Il les ramena sur les côtés de ma tête et nos doigts s’entrelacèrent, tandis que je n’étais même plus capable de penser. Des vagues de brûlure me traversaient, les flammes dans mes veines couraient sous ma peau. Une intense sensation de bien-être se propageait dans mon bas-ventre. Des milliers de picotements de plaisir secouaient tout mon corps et j’en arrivai à un point où je me mis à trembler, incapable de contrôler mes réactions et de gérer tout cela.
Mes cris furent de plus en plus rapprochés, et le précipice m’appelait, tentateur. Nos langues se cherchèrent à nouveau et nos lèvres furent scellées pendant notre plongeon dans l’abîme. Je basculai la première, et j’eus l’impression que mon orgasme dura une éternité. Je n’avais plus conscience de rien, mis à part le fait que je tombais dans l’extase. Je n’étais plus sur terre, j’étais quelque part au-dessus de l'univers.
Je serrai Dean aussi fort que je le pouvais, tandis qu’il me rejoignait dans cet endroit que nous seuls pouvions atteindre. Je le sentis trembler lui aussi, et à son tour, il parût être loin de tout.
***
Le silence de la chambre était entrecoupé par nos respirations haletantes. Il nous fallut du temps pour revenir à la réalité, mais nous y parvînmes finalement. Je l’embrassai tendrement et il répondit à mon baiser avec une douceur qui me fit fondre.
Il ôta le préservatif et le jeta, puis s’empressa de venir me retrouver. Il s’allongea sur le côté et m’attira contre lui, une main derrière ma tête et une autre dans mon dos. Mon bras entoura sa taille.
Mes yeux se rivèrent aux siens et nous n’eûmes pas besoin de parler pour nous comprendre. Un sourire béat et exténué étira mes lèvres, et le sien fut tout aussi révélateur.
Je finis par enfouir mon visage contre son torse et je fermai les yeux. Si on m’avait éloignée de lui, le mien se serait brisé instantanément. Je me demandais si je pourrais seulement quitter ce lit un jour.
La fatigue me rattrapant et ayant le dessus sur mes questionnements, je finis par m’endormir, bercée par la présence du loup, son parfum, ainsi que les battements de son cœur.
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Chapitre 13
Chapitre 15