Au fait, quelqu'un veut rp avec Alastair ou Willow?
Garry
Est-ce que je ressent la même chose pour Monsieur Pâris que ce que j'éprouvais pour Monsieur Ambroise? Qu'éprouvais-je exactement pour ce dernier? Il était le premier et le seul enfant dont j'ai eu la garde, j'ai pris soin de lui depuis son plus jeune âge, il a grandit sous mes yeux, et il a été le premier à m'aimer, le seul autre semblant éprouver de l'affection pour moi étant Monsieur Pâris. Dans ce cas, pourquoi est-ce que j'ai l'impression que mon affection pour les deux est d'une nature entièrement différente? Est-ce parce que pour moi, Ambroise sera éternellement l'enfant que j'ai élevé, tandis que Monsieur Pâris était déjà un adulte quand j'ai fait sa rencontre? Mais j'ai l'impression que cela va au-de-là de cette différence. Mon devoir envers le jeune Kane était de le protéger, de m'assurer qu'il s'épanouissait correctement, même quand ça voulait dire qu'il apprenait à cesser de m'aimer, à s'intégrer dans la société, au prix de notre relation, car on lui inculquait que je n'étais qu'un tas de ferraille, construit uniquement pour le servir, et il apprenait à me traiter comme tel, sans y réfléchir à deux fois. Et il m'a également enseigner, avec la cruauté innocente propre à son rang d'humaine et de maître, à accepter cela. Est-ce que je l'aime encore malgré la douleur qu'il m'a infligé? Oui et je l'aimerai toujours, d'un amour inconditionnel et qui ne saurait connaître la rancœur. Mon devoir envers Pâris est aussi de veiller sur lui, et de nettoyer sa maison. Mais pas de l'aimer. Je n'avais pas prévu de ressentir pour lui ce que je ressens aujourd'hui. Je voulais le servir au mieux, et m'appliquer à ma tâche, évidement, mais j'avais prévu de m'en tenir à mon rôle d'androïde, ne plus dépasser les bornes, ne plus souffrir comme j'ai souffert avec Ambroise. Mais pourtant, Monsieur Pâris ne voyait pas les choses ainsi, et jour après jour, il a tenté de m'inclure de son univers, cherchant ma présence, sollicitant mon opinion, me faisant la conversation, comme si j'étais son égal. Il m'a donné son affection alors que strictement rien ne l'y obligeait, et je n'ai pas pu m'empêcher de faire de même très rapidement. Je ne devrais sans doute pas penser ainsi, mais Monsieur Pâris est peut-être une meilleure personne que Monsieur Ambroise. Il souffre aussi plus, et comme moi, il s'est fait abandonner par quelqu'un qu'il aimait, et comme moi avant, il a du mal à sortir du rôle qu'il estime être plus sûr pour lui, jouant les acteurs superficiels. Mais il m'a bien aidé en me traitant comme plus qu'un androïde, et j'aimerai tellement pouvoir lui rendre la pareil, et lui permettre de se voir à travers mes yeux, comme un jeune homme talentueux qui a été injustement blessé et ignoré dans sa vie, mais qui a encore le potentiel d'être heureux, si jamais il s'y autorisai un peu plus... C'est sans doute la différence entre mon affection pour Monsieur Ambroise et pour Monsieur Pâris, la première était à sens unique, et nous n'étions clairement pas sur un pied d'égalité, j'étais l'adulte, il était l'enfant dont je me devais de m'occuper. Serai-ce arrogant de ma part de me dire que c'était un amour paternel que je ressentais pour lui? Peut-être... Je ne sais pas s'il m'a jamais vu comme son père, mais je me dis que peut-être que si j'avais été un humain et que j'avais eu une descendance, ce que j'aurais ressentis pour elle n'aurait pas été si différent de ma relation avec mon premier maître. Mais Pâris, lui, s'assure que notre relation est plus équilibré, il semble m'apprécier et je le lui rend certainement. Sans que je ne lui demande rien, et avec le plus grand naturel du monde, il a fait de nous des égaux, autant que nos situations nous le permettent. Est-ce cela que les humains appellent l'amitié? Ou bien est-ce que je ne suis qu'un robot qui a la folie des grandeurs, au point qu'il se convainc de choses qui ne sont pas, et qui ne seront jamais? Et pourtant, son intonation quand il dit qu'il espère que nos chemin ne se sépareront jamais... Je voudrais pouvoir sourire à l'idée de vivre toujours à ses côtés, le servir fidèlement, l'écouter me poser sur des questions sur mon opinion sur tel ou tel sujet. Mais bien sûr, quand les commissures de mes lèvres se retroussent, je sais que je ne fait que le sourire polie de celui qui n'a simplement rien à rajouter. Rien de ma reconnaissance ou de mon espoir pour notre avenir commun n'est visible pour lui.
Nous sommes tout les deux ramenés brusquement à nos réalités respectives quand Clay et sa nouvelle partenaire nous rejoignent. Celle-ci commence à échanger avec mon jeune maître quelque politesse, mais quand son ancien amant croit bon de le questionner sur qui l'accompagne ce soir, devant sa détresse, je me dois d'intervenir.
Je ne sais pas ce que je ressens devant toute l'attention qui se porte soudainement sur moi, moi que personne ne remarque jamais dans des circonstances habituelles. Je ne suis pas sûr d'apprécier ça, néanmoins, j'ai l'impression que mon message est passé, ce qui me soulage un peu. Cependant, je déteste qu'il faille que mon maître sois en danger pour que je puisse exprimer une faction de ce que je pense à Clay. Ce n'est pas normal, je ne devrais pas avoir à attendre que son ancien partenaire sois juste sous son nez à presque le narguer pour que je puisse le protéger de manière convenable. Mon programme est mauvais. Cette pensé me traverse l'esprit sans que je ne puisse rien y faire, s'y imposant presque. Pourquoi est-ce que cacher mes émotions est tellement plus important que ma capacité à être là pour Pâris? Bien sûr, j'imagine que mes créateurs avaient leur raisons, sans doute voulaient-ils éviter que nous puissions blesser les humains. Mais c'est injuste, et là, présentement, je ressent de la colère, une colère que je voudrais pouvoir exprimer librement, une colère qui devrait avoir le droit de s'exprimer librement, puisqu'elle a pour but de protéger quelqu'un qui ne mérite pas la situation dans laquelle il se trouve. C'est Clay qui lui a fait du mal, et pourtant, c'est lui qui se tient là, heureux, au bras d'une nouvelle partenaire. Au moins, je peux voir le sourire de Pâris, et même si je ne comprends pas forcément toute la subtilité de sa relation avec son ancien partenaire, je sais que le fait qu'il parvienne à sourire en face de lui n'a pas de prix. Ce sourire, comme sa façon de me serrer légèrement le bras, aide un peu ma colère à redescendre, surtout que je me dis que, pour l'une des première fois de ma vie, j'ai peut-être réussis à le protéger correctement.
Mais l'amie de Clay qui rompt le silence me ramène brusquement à la réalité. Ancien. Vintage. Les nouveaux sont mieux. Je suis bon à jeter, et cette maigre victoire n'est sans doute que dû à un coup de chance. Peut-être qu'en la compagnie d'un androïde plus récent, le couple d’importuns seraient déjà partis... Je me dis que j'ai de la valeur parce que pour une raison ou une autre, Pâris tiens à moi, mais peut-être est-il naïf, car comment peut-il m'apprécier s'il ne sais rien de moi? Et puis peut-être que je casserai bientôt, qu'il le veuille ou non, et que nos belles idées de rester ensembles éternellement chuteront avec moi dans l'oublie, tandis que mon propriétaire n'aura qu'à racheter une version de moi plus performante pour se remettre de ma perte, et toute trace de moi et de mon désir de le voir heureux et en sécurité disparaitront à jamais.
Garry est parfait. Pâris assène ça comme s'il avait lu dans mes pensés et décidé de m'en arracher. De m'en sauver. Je suis parfait à ses yeux. Peut-être qu'il est encore jeune, peut-être qu'il est encore naïf vis-à-vis de ma condition, mais là, tout de suite je suis parfait pour lui, et c'est tout ce qui m'importe. Je ne peux m'empêcher de le fixer un instant, mais la nouvelle remarque de Clay m'oblige à me reconcentrer sur lui, même s'il est la chose la plus désagréable de cette pièce et sans doute de cette ville. Nouveau silence de Pâris qui me serre la poitrine. Il me semble percevoir un sous-entendu dans la voix de l'autre homme, mais je préfère ne pas m'attarde sur s signification. Clay est un danger pour Monsieur Pâris, et c'est tout ce qui m'importe.
-Il semble en tout cas que l'androïde que je suis fasse un meilleur travail que vous quand il s'agit de prendre soin de quelqu'un, Monsieur Mann.
Mon ton est toujours plat. On n'y perçoit ni agressivité, ni rancœur, et pour une fois ce n'est pas forcément une mauvaise chose, car je ne voudrais pas non plus causer une scène. J'espère cependant que mon interlocuteur y comprendra que c'est une invitation plus qu'insistante à partir.