Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 25) [Terminé]

Postez ici tous vos écrits qui se découpent en plusieurs parties !
cocovanilleguimauve

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 17)

Message par cocovanilleguimauve »

Salut !!!
Ça fait longtemps que je n'ai pas mis de commentaire mais je continue à lire ton livre évidemment 😁
Ce que j'aime le plus dans ton écriture, c'est que tu met vraiment du temps à décrire les sentiments de Neeve et ça aide le lecteur à s'identifier à elle, à ses peurs, ect.
En tout cas je n'ai qu'un mot à la bouche : chapeau !!!
lacrystal

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 17)

Message par lacrystal »

Chloe38200 a écrit : mer. 25 août, 2021 11:02 pm Hello ! :D Puisque ça a perturbé tout le monde que je poste en avance -c'est faux-, je poste en retard. Comme ça tout le monde il est bien content. :mrgreen: Les astres s'alignent à nouveau, le monde retrouve un équilibre et tout, et tout.
Comment ça hier j'ai maté un livre intégral de Kaamelott, ce qui m'a mise en retard ? Je proteste. Calomnies.
Bref. :lol:
:lol: :lol: :lol: :lol: J'suis morte dès les premières lignes de ton intro, j'ai peur de la suite

Voici donc le chapitre 17 à base de cadavres d'animaux (youpi joie)
J'avoue, ça va être chouette :mrgreen:
de Nora (non parce que quand même faut avouer qu'elle a la classe. 8-) Oui elle pointe un flingue sur ma tempe. Call 911.)
:lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:
de balade en forêt (par ces temps radieux c'est extraordinaire) mais la nuit eeeeeet... Bon ben je vais pas vous spoiler le reste hein, mon intro est déjà assez longue ! (On dirait une youtubeuse jpp.)
Jpp non plus non mais rien qu'avec l'intro tu m'as achevée sérieux :lol: :lol: :lol: :lol:

Oui je suis fatiguée du coup je raconte n'importe quoi. :mrgreen: Et puis ça me plaît de parler un peu avec vous aussi. Comment vous allez ? J'espère que vous êtes prêt(e)s pour la rentrée !
La rentrée ? Hein ? C'est quoi ce mot ? :mrgreen: Sinon ça va et toi ? :D
Et si non, beeeen... J'espère que ce chapitre vous remontera un peu le moral. :lol: (Sachant qu'il est pas joyeux joyeux c'est pas gagné.)
Yay ça va être chouette :lol: :lol: :lol:

C’était la seule question qu’elle se posait ? Non parce que j’en avais bien quelques-unes qui me venaient, à moi. Et peut-être une dizaine, si je prenais un instant pour y réfléchir.
En effet moi aussi je m'en pose une tonne de questions :lol:
Ils ont voulu partager un repas convivial entre eux.
:lol: :lol: :lol: :lol: Je m'y attendais tellement pas
Pour trouver Nora, suivre les corps jonchant le sol. Noté.
Ah oui, bonne idée pour s'orienter. Bon habituellement les gens utilisent une boussole ou à la limite les étoiles mais les corps, pourquoi pas :lol: :lol: :lol:

Elle avait une manière de voir les choses, avec cette ironie bien caractéristique, qui me laissait souvent sans voix.
J'allais le dire :lol: :lol: :lol:

— Oui. Mais je ne comprends pas ce qu’il se passe. Il n’y aurait pas dû y en avoir autant. Pourquoi un vampire qui raterait toutes ses transformations, persévérerait tout en connaissant le résultat ? Et pourquoi y avait-il autant de cadavres d’animaux ? D’autres vampires devaient être là.
Je sais pas ce que tu nous prépares avec tout ça mais franchement je m'attends au pire et je sens que ce ne sera même pas suffisant

— Tuez-moi…, m’implora-t-il.
Le pauvre :cry: :cry:


Je joignis mes mains au-dessus de son torse, mes doigts crispés au point qu’ils en blanchirent. Le temps sembla se suspendre. Je restai immobile un moment. J’avais conscience que l’homme souffrait et qu’il ne changerait pas d’avis, mais j’attendais. Juste… au cas-où.

Seulement, rien ne vint. Je pris une grande inspiration et abaissai mes bras, visant l’emplacement du cœur. La pointe du pieu fendit la peau meurtrie avec une facilité qui me fit pleurer encore plus. Le vampire laissa échapper un gémissement étouffé, à peine audible.
:cry: :cry: :cry:
— Merci…
Ok je pleure :cry: :cry: :cry:

Ou libéré, d’après son sourire.
Elle a vraiment eu de courage d'avoir fait ça mais elle a raison, c'était pour le libérer. J'adore Neeve qui a préféré affronter ça plutôt que de laisser le Vampire souffrir. Elle est vraiment courage et empathique

— Je leur ai injecté de l’argent liquide, m’apprit-elle. Et il est possible d’assommer un vampire. Il faut simplement y mettre beaucoup de force, et ça ne dure pas longtemps.
Oh d'accord :o

— Ben oui, il est jaune ! répondis-je, comme si c’était une évidence.
Ben oui voyons ! C'est la logique même (j'ai une nièce, je comprends toute la logique des enfants 8-) :lol: )
Mon père étant mort peu de temps après ma naissance, qui appelais-je « papa » ? Ma mère avait-elle eu quelqu’un d’autre, des années après ?
Était-ce seulement réellement la voix de ma mère ?
:o :o :o J'ai plein de questions en tête maintenant xDD

— Je t’en prie… Libérons-le…, supplia-t-il.

Le ton de sa voix me provoqua un sursaut. Je ne l’avais jamais entendu parler ainsi. Lucian, le Lucian, chef du clan River, qui paraissait si fragile…
:o :o :o
À côté d’elle, l’impression que m’avait laissée Savari était gentillette.
AH on est sur du high level là alors

Mon amour ?
Qui était cette femme ? Ou plutôt : qui avait été cette femme, pour Lucian ?

:o :o :o :o :o :o Roooh lala je me pose plein de questions encore plus qu'avant maintenant, ma tête va exploser xDD


— Sander mérite son sort. Il ne sortira pas de cette pièce avant que je ne l’ai fait ramper. Pendant des semaines.

« Trouve Sander. » Encore ce nom.

Ce Sander m'intrigue vraiment. Je vais mener mon enquête :ugeek:

Le visage de Lucian se décomposa. Je vis ses yeux rougir et une larme de sang rouler sur sa joue. En voyant cela, je tentai de pousser Viviane.

:cry: :cry: :cry: :cry:

Jamais de ma vie je n’avais autant eu envie de comprendre ce qu’il se passait.

Moi aussi j'ai envie de comprendre :ugeek:

— Admets que tu ne pouvais pas couvrir toute la distance d’un seul bond et que tu devais te rattraper au mur, le repris-je.
Il haussa une épaule et balaya mon commentaire d’un geste.
— C’est le résultat qui compte, affirma-t-il en quittant le bord pour entrer dans la pièce.

:lol: :lol: :lol:

— Seulement dans la tienne.

J'ai trop envie de mettre le smiley avec le sourire en coin là :lol:


— Tu es important, Adam, lui chuchotai-je sans toutefois le regarder. Tu n’en as pas l’impression, mais tu l’es.

Les autres ne s’angoissaient peut-être pas quand il partait en mission, ou bien ne le montraient pas, pour autant, je savais qu’ils l’aimaient.

— En tout cas, tu l’es pour moi. Et tu m’as manqué, avouai-je. J’étais inquiète.

Moooooowwww *-*


J’en fus incapable pendant un moment. Il continua à me serrer dans ses bras. Il enfouit son visage contre le sommet de ma tête et il se mit à caresser doucement mes cheveux. Mes sanglots se firent de plus en plus faibles et espacés, jusqu’à ce qu’il ne reste plus que des larmes silencieuses. Seulement, mes tremblements ne cessaient pas.

Il me souleva et passa un bras sous mes jambes, pour me porter jusqu’au lit. Il me déposa dessus et s’adossa au sommier puis m’attira à lui. Il remonta la couverture pour me réchauffer et frotta ses mains sur mes bras. En effet, maintenant que je faisais attention, je pouvais entendre mes dents claquer et j’avais effectivement l’impression d’être gelée. Même si son corps n’était pas à une haute température, notre contact m’apaisa.

Je veux un Adam :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: Il est trop chou je l'aime d'amour

— Si je pars une semaine, est-ce qu’il y a un risque que je te retrouve avec un sabre laser ou en train de manier la Force ?
J’écarquillai les yeux puis pouffai de rire. Après toutes ces émotions, ça faisait du bien.
— Je n’imaginais pas que tu aimerais Star Wars.

Non mais- Là, non- naaan- mais- Je sais plus parler xDDDD Il vient de gagner de gros points là, Star Wars c'est la base (enfin tu sais avec Harry Potter, les romans, tout ça tout ça xDD) *-*


— Ça n’arrive pas souvent, en effet, répondit-il. Et puis je connais vaguement, ce n’est pas comme si j’avais tout regardé.

Ah merde :lol: :lol: :lol: :lol: Tant pis je l'aime quand même <3


— Est-ce que tu veux bien… rester ? demandai-je.
Il s’allongea également, ses yeux pleins de tendresse.
— Je n’allais nulle part, assura-t-il.

*-* *-* *-* *-* *-*

Les souvenirs qu’entraînait ce prénom étaient en train de le heurter de plein fouet. J’aurais voulu ne jamais avoir posé cette question. Je ne pensais pas que cela susciterait une telle réaction. Si je l’avais vu avoir peur pour moi, là, c’était assez semblable. Une panique tout aussi viscérale. Qui le prenait aux tripes.

Wow je me demande vraiment qui ça peut être ce Sander


Il mit sa main sur la mienne et entrelaça nos doigts, d’un geste tendre qui contrastait avec son air mi-affolé, mi-furieux. Cette rage n’était pas dirigée contre moi. Mais contre cette mystérieuse personne. Ou peut-être Viviane, s’il l’avait connue.

Bon du coup, je sais pas s'il peut vraiment aider Adam ce Sander si il est furieux contre cette personne :ugeek: mode Sherlock activé


— Sander est mort, annonça-t-il. Il y a bien longtemps.

:o :o :o

À l’idée qu’il soit mort, j’avais la sensation qu’on m’avait arraché un bout de mon âme.

:o :o :o :o Mais dans ce chapitre ça va de choc en choc xDDD


— Je ne sais pas ce qu’il se passe, admis-je. J’éprouve des… choses, mais ce n’est pas comme avec toi. Et ça me tue parce que personne ne pourrait jamais te remplacer, à mes yeux. Je tiens à toi. Réellement. Je ne veux pas que tu penses qu’une vision a pu tout changer…

Mon
Coeur
Fond
Littéralement
*-*


— Et tu es sûrement la seule personne qui puisse me redonner mon souffle quand j’ai l’impression de suffoquer. La seule qui compte autant. Et ça, ce n’est pas rien.

Maintenant je pleure tellement c'est adorable :cry: :cry: :cry: :cry:



— Si tu comptes t’éloigner, fais-le maintenant, ou bien tu devras attendre un moment.
Je fronçai les sourcils, la respiration courte.
— Parce que je vais t’embrasser, me prévint-il.

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Wow ce chapitre m'a achevée. Sérieux, je sais pas quoi dire tellement que je suis... Je suis sans voix :lol: :lol: Je l'ai adoré ce chapitre <3 Adam et Neeve serieux, ils sont adorables je pleure :cry: :cry: :cry: :cry: J'adore ce roman, j'adore les perso, j'adore l'histoire, j'adore absolument tout *-*

J'ai encore plus hâte de lire la suite, d'en découvrir plus parce que il y a un paquet de mystères ! En bref j'adore *-*
Chlawee

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 18)

Message par Chlawee »

Hello ! :D
Oui je suis en retard encore. :lol: Sinon on a qu'à dire que je poste une fois par semaine, comme ça... :mrgreen:
Merci pour vos commentaires, je suis contente de voir que le chapitre précédent vous a plu autant ! <3
Bonne lecture !

Chapitre 18


Je me trouvais dans ce qui me semblait être un sous-sol. Tous les River étaient présents, dans cette pièce exiguë, excepté Adam. Et en face de moi, il y avait une cellule. Je levai une main pour la poser sur l’épaule d’Emma, qui était la plus proche de moi, pour lui demander ce qui se passait, mais je ne pus la toucher, ma main traversant son corps.
Une vision ?

Très vite, mon attention fut accaparée par autre chose. Mon souffle se coupa quand je vis une silhouette, emprisonnée à l’intérieur. C’était moi.
Je voyais mes longs cheveux roux retomber autour de mon visage, alors que j’étais recroquevillée dans le fond de la cellule. Ma gorge se serra et je me pétrifiai.

— Qu’est-ce qu’on fait ? finit par souffler Nora. On la tue ?

S’il ne s’était pas agi d’une vision et que j’étais bien présente, ils auraient entendu mon hoquet de stupeur. Me tuer ? J’eus un mouvement de recul, même s’ils ne pouvaient pas me voir.

Je grimaçai en entendant l’atroce mélodie jouée à la flûte, retentir dans mon esprit, une fois de plus. Il fallait que je sache d’où venait cette musique. Sûrement de mon enfance, que j’avais fini par oublier partiellement. Mais peut-être qu’elle avait une signification.
April secoua vivement la tête et foudroya Nora du regard. Lucian arbora la même expression. Cependant, les autres semblaient hésiter.

Qu’allais-je bien pouvoir faire pour qu’ils m’enferment et qu’ils envisagent de m’éliminer ? Nora n’avait pas l’air emballé par cette idée, mais elle l’avait tout de même proposé. Cela me fit atrocement mal. Je commençais à les considérer comme des amis, ma famille, pour certains… Qu’est-ce que j’allais leur faire de si horrible ?
De plus, je semblais… différente. Je n’arrivais pas à bien saisir pourquoi.

Je portai les mains à mes tempes, alors que la mélodie à la flûte se faisait plus forte, lancinante.
Et où était Adam ?
Mon dieu… Où était Adam ? Lui avais-je fait du mal ?
Non. Non, impossible. Je n’en aurais jamais été capable, j’aurais préféré souffrir à sa place. C’était absolument hors de question.

— Je ne pense pas qu’ils seraient d’accord, intervint Tim.
— Elle ne voudra sûrement pas qu’on l’élimine, et Adam l’écoutera, soupira Brooke.

Mon premier réflexe fut de soupirer de soulagement. Adam était vivant. Puis je captai ce qu’elle avait dit d’autre.
Qui ça
elle ?

— Nous pourrions aller les chercher, proposa son frère.
— Non, rétorqua-t-elle. Laissons-les tranquille, ils méritent d’être un peu seuls au calme.

Ce n’était pas la réalité, pourtant, je commençais à avoir du mal à respirer. J’avais l’impression qu’un étau se resserrait sur ma poitrine.

Je me mis à grimacer de douleur, alors que la sensation s’intensifiait. Le décor changea soudainement et je me retrouvai face à une paire d’yeux d’un bleu très clair, tirant sur le gris. Le visage de l’homme qui m’était inconnu, était dur. Ses lèvres, pincées.
Je baissai les yeux sur mon corps. Ce n’était pas le mien. Je voyais à travers le regard de quelqu’un d’autre. Une femme.
Et un pieu était planté dans ma poitrine. Ma vision commença à se brouiller, à noircir sur les côtés, tandis qu’une brûlure intense m’envahissait.

L’arme fut retirée, avant d’être plantée de nouveau.



Je me réveillai en sursaut et me retrouvai en position assise. J’avais le souffle court. Je sentis remuer à côté de moi et Adam me tint contre lui, comprenant ce qui venait de se passer, afin de me rassurer. Mais je n’arrivais pas à me calmer, la main sur mon cœur, qui était encore douloureux.

Adam était resté près de moi. Il ne m’avait pas lâchée. J’ignorais toujours qui était Sander et je voyais bien qu’il s’agissait d’un souvenir déplaisant, alors je n’avais pas insisté. Je ne voulais pas le forcer à en parler s’il n’était pas prêt.
Je mis du temps avant que mes tremblements ne s’apaisent.

J’allais faire quelque chose d’assez ignoble pour que ceux que je considérais comme ma famille m’enferment et veuillent me tuer. J’allais changer. Et Adam ne serait pas là, alors que je serais enfermée, car il se trouverait avec une autre.

Et quelqu’un allait mourir.

~


Il fallait que je sois sûre de ce qu’il s’était passé, durant la nuit. J’avais bien l’impression d’avoir eu plusieurs visions, et, si je ne pouvais pas avoir de preuve pour la mort du vampire, la souffrance que j’avais ressenti m’avait paru bien réelle. Cependant, je ne pouvais pas en être certaine. J’en avais parlé à Adam lorsqu’il m’avait demandé ce que j’avais vu, et il m’avait promis que nous découvririons le fin mot de l’histoire. Il m’avait fallu un bon moment avant que je ne parvienne à me détendre. Vivre une mort par procuration n’était pas l’expérience la plus agréable qui soit, et même s’il essayait de ne pas le montrer, je sentais qu’Adam était horrifié que j’aie vécu cela, une fois de plus. Je ne savais même pas ce qui était le pire entre la suffocation et la brûlure d’un pieu droit dans le cœur, en me trouvant à la place d’une vampire.

En revanche, il y avait une chose que je pouvais vérifier par moi-même. Ce que j’avais vu, à propos du sous-sol, je l’avais gardé pour moi. Y repenser me serrait le cœur et je n’étais pas prête à me confier à propos de ça. De plus, il y avait une chance pour qu’il ne s’agisse que d’un rêve.

Je me rendis donc au sous-sol du manoir, pour m’assurer qu’il n’y avait aucune cellule ici. Je savais que cela aurait pu se passer ailleurs, mais je pourrais déjà éliminer le manoir de la liste, si c’était le cas.
Je descendis les marches et passai devant la chambre de Stuart sans entrer, me disant que je lui rendrais visite plus tard. Je continuai mon exploration. Je ne m’étais jamais aventurée trop loin. J’ouvris toutes les portes sur mon passage. Des bureaux, un garage, un cellier… Jusqu’à ce qu’une autre mène sur un nouvel escalier.
Une certaine appréhension me saisit. J’appuyai sur l’interrupteur. Arrivée en bas, je me figeai.

C’était exactement la même pièce. Avec la même cellule. Et je n’étais jamais venue ici auparavant, alors mon cerveau n’avait pas juste enregistré cet endroit.
J’allais réellement être emprisonnée ici.

Je me mis à espérer que mes visions de l’avenir n’étaient pas immuables, et que je pouvais faire quelque chose pour les empêcher de se réaliser.
Je remontai les étages la boule au ventre. Je ne croisai qu’Emma sur le trajet jusqu’à ma chambre et je me forçai à sourire. Elle me demanda si j’allais bien, inquiète, et je lui assurai que oui.

Quand je m’étais réveillée, Adam était là, mais m’avait annoncé qu’il allait aider les autres, avec les vampires de stade quatre. Il n’y avait qu’Emma, Cristobal et Stuart. Mon amie m’avait d’ailleurs tenu compagnie, ayant appris ce qu’il s’était passé et ce que j’avais dû faire. Mais je n’attendais qu’une chose : m’éclipser pour aller fouiller le sous-sol.
C’était chose faite.

Arrivée dans ma chambre, je dénichai un cahier et un stylo et commençai à écrire mes rêves. Tous. Même ceux qui n’étaient peut-être pas des visions. Les écrire m’aiderait sûrement à y voir plus clair, à faire le tri entre ce qui allait se produire et ce qui n’était qu’une chimère.

~


Je refermai mon ordinateur avec frustration. J’avais passé plusieurs heures sur internet, à chercher la fameuse mélodie, que j’entendais. Mais je ne trouvais rien. Mon cœur manquait un battement quand j’avais la sensation qu’une musique y ressemblait, mais cela ne durait que le temps de quelques notes. J’avais fini par me dire que l’originale n’était peut-être pas jouée à la flûte, mais grâce à un autre instrument, seulement, cela revenait à chercher une aiguille dans une botte de foin. Le foin étant l’immensité d’internet et du répertoire musical stocké dedans. Je n’avais aucune information. Peut-être que je l’avais tout simplement inventé, un jour, et que depuis, je me la répétais.

— Un problème ? me demanda Cristobal, à l’autre bout de la pièce.
— Je cherche une musique qui me trotte dans la tête depuis un moment. Impossible de la trouver.
Il fronça les sourcils et se redressa, m’accordant toute son attention.
— Chante-la moi, pour voir ?
Puisqu’il n’y avait aucune parole, je la lui sifflotai. Il l’écouta attentivement, mais finit par secouer la tête. Je fus un peu déçue.
— Tant pis, lâchai-je.
Je jetai un regard à son grand carnet, dans lequel il écrivait souvent.
— Tu répertories tout ce que tu sais sur les vampires et la magie, c’est ça ? m’enquis-je.

En tout cas, il notait tout ce que je pouvais lui dire à propos de mes pouvoirs.
Il releva à peine les yeux de son travail.

— C’est ça.
— Est-ce que… je peux y jeter un œil ? Du moins, si tu as d’autres carnets, je ne voudrais pas t’interrompre…

Il se mit à sourire, visiblement ravi que je m’intéresse à ce qu’il faisait et que je veuille en savoir plus. Peut-être que ce serait vain, mais je pourrais trouver des informations sur d’autres personnes ayant eu des visions et qui seraient parvenus à les empêcher. Ou sur une mélodie en lien avec un pouvoir. Cela me paraissait tiré par les cheveux, mais c’était toujours mieux que de ne rien faire.
Il progressa dans la pièce en manquant à plusieurs reprises de buter dans une table ou une chaise, mais il parvint finalement à la bibliothèque sans trébucher. Il tira deux gros volumes d’un rayon et me les présenta. Je haussai les sourcils en les prenant. Eh bien ! Il avait eu du temps, pour écrire tout ça !

— Tout ce que nous savons pour le moment, est dedans, annonça-t-il. Mais il faut garder en tête qu’à propos de magie, tout peut être différent d’une personne à une autre.

Je hochai la tête et le remerciai. Je les emportai à ma table, tandis qu’il reprenait son travail. J’ouvris le premier livre. L’écriture de Cristobal était délicate, raffinée et très claire. Je balayai rapidement les pages des yeux en espérant tomber sur un mot clé qui m’intéressait. Mais je connaissais déjà les premières informations.

Jusqu’à ce que je tombe sur quelque chose qui m’intéressait. C’était à propos des transformations. Je ne m’étais jamais vraiment demandé comment cela se passait, lorsqu’on ne naissait pas vampire.

Apparemment, il fallait vider un humain de son sang et lui faire boire celui d’un vampire par la suite, à condition que la personne ne soit pas morte depuis longtemps. Quelques minutes suffisaient à faire la différence. Pour que cela se passe mieux, il était préférable de faire boire l’humain avant qu’il ne meure. Le sang d’origine était remplacé petit à petit. Cependant, il fallait faire très attention durant la transformation à certains signaux : si l’humain avait des spasmes, rouvrait les yeux alors que la transformation n’était pas achevée ou si, au contraire, il mettait bien trop de temps à se réveiller. Il fallait rester près de la personne et lui redonner du sang de vampire à intervalles réguliers si besoin.

Un autre mot attira mon attention, une page plus loin : paralysie.
En mordant un humain, les vampires pouvaient injecter une sorte de poison, s’ils le désiraient. Je grimaçai en lisant cela. Cela pouvait provoquer une forte fièvre ainsi que des hallucinations et une incapacité à bouger, ou très peu. C’était ce qu’on appelait la « paralysie du vampire ». Et ça faisait froid dans le dos. Je n’avais vraiment pas envie d’en faire l’expérience un jour. La morsure mettait plus de temps à disparaître, même avec l’aide du sang de vampire.

Je tournais les pages, mais il n’y avait rien à propos de ce que je cherchais. Finalement, je lisais surtout par curiosité, me disant que je finirais par voir quelque chose qui me ferait « tilt ».
Je relevai la tête quand Emma passa la sienne dans l’embrasure de la porte, un grand sourire aux lèvres, comme à son habitude.

— Vous venez ? Les autres sont rentrés ! annonça-t-elle. On est dans le salon.

Je hochai la tête et elle repartit. J’allais ranger les volumes à leur place tout en me disant que je pourrais toujours revenir pour les lire. Cristobal termina sa phrase puis referma son carnet. Il s’effaça sur le côté pour me laisser passer par la porte, et je lui souris. Nous nous dirigeâmes vers le salon. En effet, l’équipe River au complet était réunie. J’avais même un peu le trac. Les jumelles n’étaient pas loin de me ficher une peur bleue, je n’avais pas spécialement envie de me rapprocher de Brooke pour des raisons évidentes, même si elle n’y était pour rien, et Ned… paraissait si sérieux qu’il en était inquiétant.

April se leva pour me prendre dans ses bras. Je lui rendis son étreinte avec un sourire. Quelques semaines auparavant, je me serais étonnée de ma facilité à être en contact avec eux. Même avec des humains, j’avais du mal, à cause de Connor.
Lucian fit de même, si bien que je me retrouvai presque entre eux. Ils étaient comme un cocon rassurant.

— Tu vas bien ? s’inquiéta-t-il.
— Oui, répondis-je.

J’étais encore un peu sous le choc et des larmes pouvaient me monter aux yeux à tout moment, mais je parvenais un peu mieux à me dire que le vampire souffrait et qu’il n’y avait plus rien à faire pour lui que de l’achever. Cependant, je savais que je n’oublierais jamais.

Ils m’offrirent des sourires réconfortants, puis s’éloignèrent. Emma tapota une place libre à côté d’elle sur le canapé et je m’y assis. Nora était à ma droite. Elle paraissait toujours un peu coupable et je mis une main sur son épaule.
Adam était en face de moi, de l’autre côté de la petite table, sur l’autre canapé, en compagnie de Tim, Ned, Brooke et de celle qui devait être Harper, si je ne me trompais pas. Celle qui s’était un peu trop rapprochée de mon cou lorsque je l’avais rencontré. Sa jumelle était accroupie à-même le sol, les genoux repliés contre sa poitrine. Lucian gagna son fauteuil préféré et April prit place sur l’accoudoir, à moitié avachie sur lui, ce que je trouvai mignon.

Ils me saluèrent tous et je fis de même, un peu timidement. Ils reprirent leurs conversations là où elles s’étaient arrêtées. Je croisai le regard d’Adam, qui devait être posé sur moi depuis plusieurs secondes. Il ne paraissait pas du tout écouter les autres. Je lui adressai un petit sourire discret, qu’il me rendit.

« Trouve Sander. » Même si ce n’était plus qu’un chuchotis, je remuai légèrement sur le canapé, afin de me redresser et dissiper le sentiment de malaise qui s’empara de moi. Je m’en voulais terriblement de penser à cet homme, alors que j’étais en face d’Adam, et après ce qu’il s’était produit entre nous, cette nuit.
De plus, à quoi cela rimait-il de courir après un fantôme ?

L’instant d’après, je vis que Cristobal me toisait. Forcément, lui, il savait tout. Il ne laissa cependant rien paraître et détourna les yeux. Je savais qu’il ne dirait rien. Ici, il était le gardien de toutes les émotions, j’étais certaine qu’il ne se servait pas de cela pour nuire. Il était parfaitement conscient de ce que je ressentais pour Adam, bien plus que les autres. Ainsi que de ma culpabilité.

— Tu ne m’as jamais dit ce que tu voulais faire, comme métier, lâcha Emma, plusieurs minutes plus tard. Ou ce que tu fais comme études.

Elle claqua des doigts et je vis la théière posée sur la table prendre vie, afin de verser du thé dans une tasse. Tasse qui se mit à sautiller dans ma direction. Je gloussai légèrement. Son pouvoir m’impressionnerait toujours.

— Je n’avais encore jamais vu une tasse aussi serviable, m’amusai-je.

Je soufflai sur le liquide brûlant.
Je repensai à sa question. Ce que je faisais comme études… Je n’étais même pas sûre de les poursuivre un jour. Ni même si je le désirais.

— J’étais en sciences humaines et sociales, répondis-je enfin. Je ne savais pas trop ce que je voulais faire ensuite, en revanche.
— « Étais » ? intervint Nora. Tu pourras toujours reprendre plus tard, non ?
Je haussai une épaule.
— En réalité, je n’aimais pas beaucoup ça, avouai-je.
— Oh… Mais tu pourrais faire autre chose, alors ? proposa-t-elle.
— Jamais elle ne le pourra, s’éleva la voix de Tim qui avait suivi notre conversation, pas après avoir connu ma boutique merveilleuse et un patron formidable.
Son air vantard me fit rire. Je jouai le jeu :
— Évidemment ! Je suis bien plus heureuse dans la chocolaterie que je ne l’ai jamais été dans un amphithéâtre.
Au final, ce n’était même pas exagéré. C’était la vérité.
— C’est vrai, je dois tester tous les chocolats et je peux même en avoir en bonus, ajoutai-je. Que demander de plus ?
Il roula des yeux.
— Ah ça, je sais que les invendus ne sont pas perdus, soupira-t-il.
— Tu sais que quand les choses seront revenues à la normale, tu pourras reprendre les études que tu veux, n’est-ce pas ? Ou travailler dans un autre domaine ? me glissa doucement April.

Je me mordis la lèvre inférieure. Cette fois, même les autres écoutaient. Ils attendaient tous une réponse de ma part.
Je commençais à être de plus en plus repoussée par l’idée de retrouver ma vie d’avant. D’une, elle ne serait plus jamais normale et de deux…

Le « deux », Cristobal l’avait deviné. Sûrement depuis plus longtemps que moi. Je n’avais pas vraiment envie de partir. Plus maintenant. Je serais propulsée dans un monde où je serais seule. À nouveau. Mais il n’y avait pas que ça. C’était surtout parce qu’il s’agissait d’eux, et qu’ils allaient me manquer. Si j’avais été sous la protection d’autres vampires, même la peur d’être seule n’aurait peut-être pas suffi à me faire rester.
De toute façon, ce n’était pas comme si je devais signer un contrat, là tout de suite. J’avais le temps de réfléchir.

— Oui, sûrement, finis-je par dire.

Je jetai un bref regard à l’empathe, qui eut un sourire entendu, complice. Adam, lui, avait un air impénétrable, pourtant, je crus voir une lueur d’intérêt briller dans ses yeux. Mon hésitation ne lui avait pas échappé.
Ni à Ned, ni à Brooke. Je vis cette dernière baisser les yeux et son petit-ami prendre sa main dans la sienne. Ma gorge s’assécha. Ma présence ici n’aurait pas dû tout compliquer autant. Personne n’avait prévu qu’il se passerait quelque chose entre Adam et moi. Pour elle, le fait que je puisse rester était un risque que les fiançailles tombent à l’eau et qu’elle soit livrée au roi. Je me demandai comment Ned vivait tout cela. Il donnait l’impression que quoi qu’elle puisse décider ou que peu importait le danger, il serait là.

Ma conviction pour trouver une solution et contrer Savari ne fit que grimper.
Et s’il y en avait bien une, alors oui, je resterais. Dans ce cas de figure, j’en étais certaine. Il était inutile de me mentir à moi-même.

— Je n’arrive toujours pas à croire que vous avez pu vous charger de ma désinscription à la fac aussi vite, lançai-je à April et Lucian pour changer de sujet.
Je secouai la tête.
— Avec la bourse, et tout ça…
— C’était si horrible ? s’enquit Emma.
— L’administration française, Emma. L’administration française… Si même ça, ça ne peut pas mettre de bâtons dans les roues à un vampire, alors rien ne le peut.
April éclata de rire.
— Je te rassure, ce n’était pas une partie de plaisir ! assura-t-elle.
— Comment ça ? Vous n’aviez qu’à hypnotiser les gens qui s’en occupent, non ? lâcha Crystal, dubitative.

Les mariés River durent craindre que cela ne m’inquiète, mais j’étais surtout en train de me retenir de pouffer. On pouvait compter sur les jumelles pour être toujours cash, quoiqu’il arrive.

— Ben quoi ? s’étonna-t-elle quand elle se rendit compte que cela avait jeté un froid.
— Je suppose que l’hypnose a vraiment du bon, alors, présumai-je d’un ton léger.
Crystal arbora un rictus presque diabolique.
— Tu n’as pas idée, confirma-t-elle.

Sa jumelle ricana.
« Rassurantes » n’était décidément pas un adjectif que je leur attribuerais.

~


— Qu’est-ce que tu as fait ?! s’écria la femme à côté de laquelle je me tenais.

Je compris rapidement que j’étais dans une vision. Lorsque je rêvais, je ne me rendais compte qu’à la fin, en me réveillant, qu’il s’agissait d’un songe. Là, j’étais très lucide. Et le fait de porter ma chemise de nuit violette était un sacré indice.

En revanche, je ne connaissais absolument pas les deux femmes qui se trouvaient dans mon esprit. Celle qui venait de crier était plus petite que moi, peut-être dans les un mètre cinquante-cinq, et possédait des yeux marrons en amande ainsi que de longs cheveux bruns. La deuxième, en face d’elle, était dotée de jambes interminables, une chevelure à peine plus sombre et des yeux aigue-marine pénétrants. Elle avait les bras croisés et un air de défi. Un pendentif en argent en forme de goutte pendait à son cou. Elle me faisait penser à quelqu’un, mais je n’aurais su dire qui. J’étais trop accaparée par ce qu’il se passait.

— Qu’est-ce que tu as fait, Rose ?! insista la première.
— Calme-toi, Astra, grogna la deuxième. Je ne pensais pas qu’ils feraient ça.
Astra secoua la tête, bouche-bée.
— Putain mais à quoi tu t’attendais, au juste ? s’énerva-t-elle. Tu les as laissés tous seuls ! Ne me dis pas que tu ignorais qu’ils feraient des victimes ?
Rose se détourna d’elle après avoir levé les yeux au ciel et fit mine de s’éloigner.
— Ce n’est pas mon problème, déclara-t-elle.
Cela eut le don de mettre la plus petite encore plus en rogne.
— Non, évidemment ça ne l’est plus, puisqu’ils se sont fait chopper, mais ça aurait dû l’être bien avant !
Tu les as transformés ! Tu en étais responsable !

Ses yeux virèrent au rouge et je vis deux canines s’allonger parmi sa dentition parfaite. Je crus qu’elle allait se jeter sur Rose.
Mais elle n’en fit rien, et l’autre vampire quitta la pièce sans répondre.

Je fus comme aspirée et tout devint noir pendant quelques secondes. Puis je me retrouvai dans le salon du manoir. Lucian et Adam étaient en pleine discussion.

— Je ne sais pas si elle se sentira bien, ici, déclara ce dernier.
— Neeve n’est là que depuis un mois, répondit Lucian avec calme. Les choses sont encore compliquées.

J’assistais donc à une conversation qu’ils avaient eu un mois plus tôt. Le pire, c’était que j’étais vraiment intéressée par ce qui se disait. Ces visions allaient finir par me donner un côté voyeur.
Il soutint le regard d’Adam.

— Je sais que tu ne laisseras rien lui arriver. C’est pour ça que je préfère qu’elle reste.

Mes yeux passèrent de lui, à Adam. Ce dernier avait un air fermé mais je pouvais deviner l’émotion qui se cachait derrière. Son ami semblait avoir visé juste.

— Comment tu peux en être certain ? fit le vampire blond d’un ton sec.
— Parce que tu tiens à elle plus que tu ne veux bien l’avouer.

Adam ne nia pas, mais ne répondit rien non plus pour aller dans son sens. Seulement, je commençais à le connaître, à le déchiffrer. Et Lucian paraissait avoir raison.
Je me sentis fondre, mais n’eus pas le temps d’en entendre plus. Je fus à nouveau transportée ailleurs.

Je me retrouvai dans un couloir. Je fronçai les sourcils. Il ressemblait beaucoup à celui que j’avais pu voir dans une vision concernant Lucian et Viviane. D’ailleurs, ils étaient là, tous les deux.

— Tu ne peux pas m’abandonner ! C’est toi qui m’as fait ça ! s’insurgea-t-il, l’air affolé.

Il avait l’air encore plus fragile, plus perdu, que dans ma dernière vision. Je me deman-dai si cette scène avait eu lieu avant, ou après.
En face de lui, Viviane le regardait avec un air hautain.

— Tu ne m’amuses plus du tout, cingla-t-elle. Tu ne fais que te lamenter et j’en ai plus qu’assez de ton comportement.
— Je me lamente… ?
Il secoua la tête, l’air de ne pas croire à ce qu’il entendait.
— Parce que je veux me montrer clément envers les humains et ne pas les tuer à tour de bras comme tu le fais, je me lamente ? s’énerva-t-il.
Elle ne parût pas du tout aimer son ton.
— Va-t’en, Thibalt.

Thibalt ? Lucian s’était autrefois appelé Thibalt ?
— Viviane… Je ne sais pas comment m’en sortir, tout seul ! Je ne connais aucun autre comme nous ! Je ne contrôle pas encore ma soif et tu ne fais rien pour m’y aider !
Il fit un pas en avant, soudainement suppliant.
— Mais on pourrait vivre mieux, ensemble, plaida-t-il. Je t’apprendrais à être plus indulgente et toi, tu me montrerais comment m’abreuver sans tuer.
— Ne me force pas à te faire du mal, le menaça-t-elle, nullement sensible à ses paroles.
— C’est déjà fait.
— Très bien, alors dans ce cas…

Elle leva une main et les grandes portes d’entrée de ce qui devait être un château, s’ouvrirent. Puis, Lucian se plia en deux, en avant, sous le coup d’une douleur qui semblait immense. Viviane le fixait avec intensité et ses yeux rouges brillaient avec autant d’ardeur que les flammes de l’Enfer, s’il y en avait un. Cela ne m’étonnait pas, elle était démoniaque.

Je m’approchai de Lucian, affolée. Je voulus l’aider, mais je ne pouvais rien faire. J’étais fantomatique et cela avait déjà eu lieu.
Puis, il fut projeté à l’extérieur par une force invisible et les portes se refermèrent. Sachant que je pouvais traverser les gens, je pouvais certainement le faire avec les surfaces solides. Je m’approchai des portes et…
… me retrouvai effectivement à l’extérieur, mais pas à l’endroit que j’avais aperçu, depuis l’intérieur.

Lucian était là, dans une ruelle sombre, en pleine nuit. Et à en juger par l’état de ses vêtements, je pariai que nous étions quelques jours plus tard. Et surtout, il avait l’air d’avoir soif. Terriblement soif.
Des larmes de sang roulaient sur ses joues. Il me donnait l’impression d’être un véritable zombie, à errer ainsi, dans cet état. Il croisa une personne et son regard écarlate la suivit jusqu’à ce qu’elle disparaisse, plus loin. J’avais vu Lucian amorcer un geste, comme pour lui bondir dessus, mais il s’était retenu.

Je me mis à maudire Viviane de toutes mes forces. De ce que j’avais compris, elle l’avait transformé, puis abandonné à son sort parce qu’il ne l’amusait plus. Il était seul, sans savoir comment se contrôler ni comment faire pour ne pas tuer. J’entendis presque mon cœur se briser pour lui.
Cette femme était un monstre.

Il finit par ne plus avoir la force de continuer à marcher. Il se laissa tomber contre un mur, à moitié allongé. Un râle grave lui échappa, démontrant sa douleur. Je m’accroupis en face de lui. Si j’avais pu pleurer, je l’aurais fait. Lucian, un des chefs du clan River, un roc, mon sauveur, m’apparaissant ainsi, était inconcevable.

Je relevai la tête en entendant un sifflotement et il fit de même. Plus loin, un jeune homme était en train d’empiler du foin sur une charrette. Je plissai les yeux, intriguée. Il avait des cheveux longs d’un blond foncé, qui lui arrivaient aux épaules. Il était plutôt grand et n’avait pas de larges épaules, mais cela se voyait que le dur labeur quotidien lui avait conféré des muscles.
Adam. C’était Adam.

Et son expression… Ses lèvres étaient étirées en un sourire innocent. Si innocent… Un soleil au milieu de la nuit. Cela me frappa. Je me promis de le faire sourire ainsi, un jour. Et chaque fois que je le pourrais. Le monde ne pouvait pas être privé d’un tel spectacle.

Je me relevai, la respiration haletante. Il avait l’air encore humain. Et il se trouvait non loin d’un Lucian assoiffé.
Je savais où cette scène allait nous conduire. Sa mort. Même s’il se relèverait transformé.

Vint un moment où il repéra Lucian. Il marqua un arrêt, cessant son travail. Il écarquilla les yeux, puis se rapprocha de lui.
Non… Il fallait que je me réveille. Je ne voulais pas voir ça.

— Monsieur ?


Non, par pitié, reste loin…
Et au regard de Lucian, je compris qu’il souhaitait la même chose que moi. Qu’Adam s’éloigne. Ce qu’il ne fit pas.

— Vous avez besoin d’aide ? Que vous est-il arrivé ?

Il se retrouva bien trop près. Il s’accroupit devant Lucian. Il ne remarqua pas tout de suite ses canines et son regard écarlate. Il faisait si sombre, et pour une vision d’humain, cela n’était pas flagrant. Je ne les avais aperçus, pour ma part, que lorsqu’il était encore debout et un peu plus éclairé par l’éclat de la lune.
Adam mit ses doigts sur le côté de la tête de Lucian et se mit à l’ausculter du regard.

— Il faut que vous soyez soigné. Et nourri.
Je déglutis. « Nourri », c’était le mot.
— Depuis combien de temps êtes-vous dans la rue ? Mon pauvre ami… Vous n’avez pas eu de chance. Venez, j’ai de quoi vous alimenter…

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase. Le regard du vampire se fit plus brillant et il entrouvrit un peu plus ses lèvres, dévoilant une paire de crocs. Adam se décomposa.

— Qu’est-ce que…

Alors qu’il allait reculer, de peur, Lucian le retint en l’attrapant par sa chemise. Il mit une main sur le haut de sa tête pour l’incliner et exposer son cou.

— Je suis désolé…, murmura le vampire, un sanglot dans la voix.
— Non ! hurlai-je malgré moi.

Mais cela ne changea rien.
Il mordit dans la chair rosée, si douce. Adam émit un gémissement de douleur. La panique me submergea au point que j’en oubliai que tout ceci appartenait au passé.

— Lucian ! Arrête !

Je tentai de m’interposer, de tirer l’homme que j’aimais en arrière, en vain.
Adam se débattit, mais il ne faisait pas le poids, même si le vampire était affaibli. Plus il bougeait, plus Lucian prenait de grosses gorgées. Au fur et à mesure, ses mouvements s’espacèrent et se firent plus faibles, tandis que son agresseur reprenait des forces. Son teint se fit moins blafard. Ses yeux n’étaient plus aussi creusés. Ses membres ne tremblaient plus.

Adam finit par tomber inerte, dans ses bras. Et quand je décelai son visage aux paupières closes, sous les rayons de la lune, l’horreur de ce que je venais de voir me frappa avec puissance. Je cessai de vouloir intervenir, restant les bras ballants. J’avais vu l’étincelle dans ses yeux s’éteindre.

Je sentais que je me mettrais à vomir, au réveil. C’était certain. Voir Adam perdre la vie était tout simplement insupportable, même si je savais qu’il renaîtrait sous une autre forme.
Lucian le relâcha et eut un mouvement de recul. Je vis sur son visage qu’il venait de se rendre compte de ce qu’il venait de faire. L’effroi le saisit.

— Non…, chuchota-t-il. Non…
Une larme rouge coula sur sa joue.
— Sois maudite, Viviane…, souffla-t-il.

Puis il le répéta, encore et encore, de plus en plus violemment. Pour ma part, je ne pouvais plus quitter Adam des yeux. Tout mon être me hurlait de me détourner, mais j’en étais incapable.
Lucian l’allongea un peu mieux sur le sol. Il le regarda longuement, lui aussi. Je ne sus d’ailleurs pendant combien de temps. Il était pris dans ses pensées.

Je le regardai, lorsque je le vis bouger. Il semblait avoir eu une idée. Je compris de quoi il s’agissait. Je vis ses doigts s’allonger et se transformer en griffes. Je restai bouche-bée. Il se blessa largement au bras, puis colla la plaie contre la bouche d’Adam. Il resta ainsi pendant un long moment, recommençant plusieurs fois. Savait-il ce qu’il devait faire, ou était-il poussé par l’instinct, agissant à l’aveugle ?

Il finit par s’arrêter, restant à genoux, à regarder Adam. C’était difficile. Difficile d’observer le cadavre de cet homme qui n’avait rien demandé de mieux que de simplement accomplir sa tâche quotidienne, et venir en aide à quelqu’un. Et avec le sourire.
Un sourire étincelant qui avait désormais disparût.

Le temps était étrange, pendant une vision, mais j’eus la sensation que des heures avaient défilé, pour Lucian. À contrecœur, il finit par se lever et il s’approcha de la charrette. Les rues étaient désertes, mais il vérifia tout de même plusieurs fois qu’il n’y avait personne. Il trouva une pelle et je saisis ce qu’il voulait faire. Un frisson d’effroi me parcourut.

— Ne le touche pas ! hurlai-je.

Je m’interposai, mais il me traversa sans aucune peine, inconscient de ma présence. Le désespoir m’envahit et je dus me gifler mentalement pour me souvenir qu’il s’agissait d’une vision du passé, que je ne pouvais pas changer.

Il creusa un trou assez grand. Il s’approcha ensuite d’Adam et le regarda avec espoir, souhaitant sans doute qu’il ouvre les yeux avant qu’il ne l’enterre. Mais cela n’arriva pas. Il le porta et l’emmena au fond du trou. Puis il remonta et commença à jeter de la terre sur le corps. Je détournai les yeux. C’en était trop.
Il y eut un grand silence, pendant un très long moment.


Réveille-toi, maintenant !

Mes yeux étaient résolument baissés, fixant le sol, alors que je me demandais pourquoi je ne pouvais pas retourner dans la réalité. Je me pinçai même violemment les bras. Rien.
Et je savais pourquoi je voyais ça : j’avais appris comment fonctionnaient les transformations, le jour-même. Cela devait avoir un lien.


Allez, Neeve !

Je fis volte-face quand j’entendis un gémissement de douleur. Je crus qu’il s’agissait de Lucian, mais non. Il était tout aussi surprit. Il cessa de jeter la terre.

— Mon dieu…, souffla-t-il.

En bas, Adam souffrait. Cela voulait aussi dire qu’il était revenu à la vie, mais pas de la meilleure des manières. Lucian s’activa immédiatement. Il jeta la pelle et bondit afin de récupérer le jeune vampire. Il le remonta à la surface et le déposa sur le sol. Je me postai près d’eux. Même si cela ne ferait rien, j’effleurai le corps d’Adam de mes doigts. J’avais terriblement envie de le soulager de sa douleur.

Adam ouvrit légèrement les yeux et je fermai les miens un instant, de soulagement. Cependant, il ne put rester conscient plus longtemps et ses paupières se baissèrent à nouveau. Lucian s’éloigna et disparût de mon champ de vision. Je refusai de bouger. Puis j’écarquillai les yeux en le voyant revenir, un corps inerte dans ses bras. Un humain inconscient. Il lui égratigna l’avant-bras et fit couler le sang dans la gorge d’Adam, qui se mit petit à petit à boire à-même la peau. Il en vint même à se redresser et il reprit des forces. Le précieux liquide rouge coula sur ses vêtements, sa peau.

— Tu ne dois pas en prendre trop, sinon ce sera la mort pour lui…, lui conseilla Lucian.

Mais Adam réalisait à peine ce qu’il lui arrivait. C’était comme s’il était absent. Alors il continua. Son créateur dut arracher la victime à son emprise, puis l’emmena un peu plus loin, hors de portée du nouveau-né vampire.

Adam protesta à peine, les yeux encore fermés, léchant les gouttes aux coins de ses lèvres. Quand Lucian fut de retour près de lui, Adam se relevait lentement, secoué d’une énergie nouvelle. Il ouvrit enfin les paupières.

Il baissa les yeux sur ses mains, et les retourna. Elles étaient tâchées de rouge. Je déglutis en le voyant aussi confus. Il écarquilla les yeux puis passa ses doigts sur son cou, se souvenant sûrement de la morsure. Effrayé, prenant conscience de ce qu’il s’était passé, il se détourna de Lucian et se mit à courir. Mais il n’avait pas fait une dizaine de pas, que le deuxième vampire se trouvait déjà devant lui. Je me précipitai pour les rattraper.
Adam se tourna encore, mais cela donna le même résultat.

— Laissez-moi ! s’écria-t-il, paniqué.
— Tu dois te calmer, fit doucement Lucian en levant ses mains. Je vais t’expliquer…
— M’expliquer quoi ? Vous êtes un monstre !
Son interlocuteur ferma brièvement les yeux, accusant le coup.
— Tu es comme moi, désormais.

Il y eut un court silence. Je les regardai l’un après l’autre. J’étais immensément soulagée de voir Adam debout, mais également en colère et peinée par la situation.

— Suis-je… mort… ?
— Oui. En quelque sorte… Nous sommes morts et vivants à la fois.
— Qui êtes-vous ?
— Je me nomme Thibalt. Tu dois rester auprès de moi.
— J’ai une mère. Elle est malade. Je dois la retrouver et prendre soin d’elle, refusa mon compagnon de rêves.
— C’est impossible. Tu pourrais la tuer dans une perte de contrôle.
Cette idée horrifia tellement Adam qu’il ne trouva rien à redire, dans un premier temps. Il resta bouche-bée.
— Mais elle n’a que moi… Et je n’ai qu’elle…
— Maintenant, nous n’avons plus que nous deux, soupira son créateur. Je suis désolé, j’aurais voulu qu’il en soit autrement.
— Comment est-ce possible… ? finit par murmurer Adam.
— Viens. Allons ailleurs. Je vais tout te raconter.
Au début, il ne voulut pas le suivre. Quand il remarqua sa méfiance, Lucian hocha la tête.
— Je comprends. Mais tu vas devoir me faire confiance.
Nouveau silence.
— Comment t’appelles-tu ?

Adam hésita encore. À sa place, je me serais montrée méfiante, moi aussi. Et Lucian le comprenait. Il patienta donc, restant très calme.
La réponse s’échappa des lèvres du nouveau-né après un long moment, et elle me pétrifia, quand je l’entendis :

— Sander.


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Chapitre 17
Chapitre 19
Dernière modification par Chlawee le mer. 15 sept., 2021 12:01 am, modifié 1 fois.
lacrystal

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 18)

Message par lacrystal »

Chloe38200 a écrit : jeu. 02 sept., 2021 3:16 pm Hello ! :D
Oui je suis en retard encore. :lol: Sinon on a qu'à dire que je poste une fois par semaine, comme ça... :mrgreen:
Tant que j'ai ma dose de Neeve toutes les semaines, je suis d'accord :mrgreen:

Très vite, mon attention fut accaparée par autre chose. Mon souffle se coupa quand je vis une silhouette, emprisonnée à l’intérieur. C’était moi.
Je voyais mes longs cheveux roux retomber autour de mon visage, alors que j’étais recroquevillée dans le fond de la cellule. Ma gorge se serra et je me pétrifiai.

— Qu’est-ce qu’on fait ? finit par souffler Nora. On la tue ?
AH donc ça commence direct comme ça. Non mais d'accord, faut que je m'en rappelle que maintenant ce sont les fins ET les débuts de chapitres qui nous lâchent des trucs énormes :lol: :lol:

Qui ça elle?
Ouais, qui ça ELLE ? :x Je sais pas qui c'est mais je l'aime pas d'avance parce que si Adam n'est pas avec Neeve alors qu'elle est enfermée et qu'il reste avec ELLE, alors je l'aime pas
— Non, rétorqua-t-elle. Laissons-les tranquille, ils méritent d’être un peu seuls au calme.
Je n'aime pas du tout la tournure des évènements

Je me mis à grimacer de douleur, alors que la sensation s’intensifiait. Le décor changea soudainement et je me retrouvai face à une paire d’yeux d’un bleu très clair, tirant sur le gris. Le visage de l’homme qui m’était inconnu, était dur. Ses lèvres, pincées.
Je baissai les yeux sur mon corps. Ce n’était pas le mien. Je voyais à travers le regard de quelqu’un d’autre. Une femme.
Et un pieu était planté dans ma poitrine. Ma vision commença à se brouiller, à noircir sur les côtés, tandis qu’une brûlure intense m’envahissait.

L’arme fut retirée, avant d’être plantée de nouveau.
Punaise, ses rêves enfin plutôt ses nuits puisque j'imagine que c'est une vision, c'est un autre level. Et moi qui croyait que mes nuits étaient agitée xDDDD
J’allais faire quelque chose d’assez ignoble pour que ceux que je considérais comme ma famille m’enferment et veuillent me tuer. J’allais changer. Et Adam ne serait pas là, alors que je serais enfermée, car il se trouverait avec une autre.

Et quelqu’un allait mourir.
ça fout PAS DU TOUT la pression pour la suite de l'histoire
C’était exactement la même pièce. Avec la même cellule. Et je n’étais jamais venue ici auparavant, alors mon cerveau n’avait pas juste enregistré cet endroit.
J’allais réellement être emprisonnée ici.
Oh shit :o :o :o :o :o
Apparemment, il fallait vider un humain de son sang et lui faire boire celui d’un vampire par la suite, à condition que la personne ne soit pas morte depuis longtemps. Quelques minutes suffisaient à faire la différence. Pour que cela se passe mieux, il était préférable de faire boire l’humain avant qu’il ne meure. Le sang d’origine était remplacé petit à petit. Cependant, il fallait faire très attention durant la transformation à certains signaux : si l’humain avait des spasmes, rouvrait les yeux alors que la transformation n’était pas achevée ou si, au contraire, il mettait bien trop de temps à se réveiller. Il fallait rester près de la personne et lui redonner du sang de vampire à intervalles réguliers si besoin.
Oh :o C'est intéressant de savoir comment ça marche !
Un autre mot attira mon attention, une page plus loin : paralysie.
En mordant un humain, les vampires pouvaient injecter une sorte de poison, s’ils le désiraient. Je grimaçai en lisant cela. Cela pouvait provoquer une forte fièvre ainsi que des hallucinations et une incapacité à bouger, ou très peu. C’était ce qu’on appelait la « paralysie du vampire ». Et ça faisait froid dans le dos. Je n’avais vraiment pas envie d’en faire l’expérience un jour. La morsure mettait plus de temps à disparaître, même avec l’aide du sang de vampire.
AH c'est sympa dis donc les trucs de vampires
Ils étaient comme un cocon rassurant.
Mooooooow réfléchit wait réfléchit encore et repense à la vision Chloé t'es méchante :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry:

Lucian gagna son fauteuil préféré et April prit place sur l’accoudoir, à moitié avachie sur lui, ce que je trouvai mignon.
Moooowwwwww Je suis fan d'eux *-*

« Trouve Sander. » Même si ce n’était plus qu’un chuchotis, je remuai légèrement sur le canapé, afin de me redresser et dissiper le sentiment de malaise qui s’empara de moi. Je m’en voulais terriblement de penser à cet homme, alors que j’étais en face d’Adam, et après ce qu’il s’était produit entre nous, cette nuit.
De plus, à quoi cela rimait-il de courir après un fantôme ?
Non mais c'est quoi ce monde à l'envers là entre Adam qui est avec une autre au début du chapitre et Neeve qui arrête pas de penser à ce Sander tu vas me tuer :cry: :cry: :cry:
— Évidemment ! Je suis bien plus heureuse dans la chocolaterie que je ne l’ai jamais été dans un amphithéâtre.
Je suis TEEEELLLLEEEEEMMMEEENNNNTT d'accord, c'est trop bien de bosser en chocolaterie !

— L’administration française, Emma. L’administration française… Si même ça, ça ne peut pas mettre de bâtons dans les roues à un vampire, alors rien ne le peut.
:lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:

On pouvait compter sur les jumelles pour être toujours cash, quoiqu’il arrive.
J'avoue :lol: :lol: :lol: :lol:

En fait tu veux me tuer avec ces visions là :cry: :cry: :cry: :cry: :cry:
Viviane, mais c'est une horreur sérieux. Pauvre Lucian il me fait tellement de peine :cry: J'arrive pas à être réellement en colère de s'être nourri sur Adam parce qu'il peut pas lutter quoi, tout ça c'est de la faute de l'autre :cry: :cry: :cry: :cry: :cry:
Je tentai de m’interposer, de tirer l’homme que j’aimais en arrière, en vain.
AAAAAAAHHHHHHHH ELLE L'AIME ELLE L'AIME ELLE L'AIMEEEEEEEEEEEEE
DANSE DE LA JOIEEEEEEE


:o :o :o :o :o :o :o :o :o :o :o :o :o
Je
Suis
Sous
Le
Choc
Adam=Sander
Bon déjà je tiens à m'excuser de toute la colère que j'avais contre ce Sander. Mais hé, je croyais vraiment que tu allais mettre Neeve avec Sander, j'ai pris peur moi ! :lol: :lol: :lol: :lol: En tout cas bravo, wow, je m'y attendais tellement pas :o Pa contre pauvre Adam :cry: Et Lucian aussi
C'est vraiment le diable incarné en fait cette Viviane !

A part que mon coeur a fait des montagnes russes, c'était un super chapitre ! et que mon coeur ait été malmené à ce point, c'est que tu écris vraiment bien que tes personnages sont parfaits et ton intrigue vraiment prenante *-* Donc vraiment bravo, je suis totalement fan <3

Vivement la suite ! (au début, j'ai écrit Viviane la suite xDDDDDDDDD)
Chlawee

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 19)

Message par Chlawee »

Bonsoir, bonjour à tous ! :D Alors là, oui, effectivement, je suis très en retard. :lol: Je suis désolée. Du coup ce chapitre est un peu plus long, ça rattrapera peut-être. :mrgreen: Le prochain l'est encore plus, il me semble. Aïe, aïe, aïe.
Enfin bref, je vous souhaite une bonne lecture ! :D

Chapitre 19


Le sommeil m’échappa et, comme je l’avais prédit, la nausée me saisit. Je me levai rapidement, repoussant la couverture, et me précipitai dans la salle de bain. Je m’agenouillai devant les toilettes et le contenu de mon estomac se déversa dedans. Je restai un moment ainsi et, lorsque mes haut-le-cœur se calmèrent, je m’aspergeai le visage d’eau et me rinçai la bouche.

Certaine que je ne pourrais pas me rendormir, j’enfilai une veste et descendis au rez-de-chaussée, avant de sortir du manoir. J’allai m’asseoir sur les marches du perron, là où j’avais l’habitude de me placer, quand je regardais le soleil se lever avec Adam, alors que nous n’arrivions pas à dormir.

Je m’appuyai contre la rambarde et me mis à respirer profondément, savourant l’air rafraîchit de cette nuit de juin.
Je relevai la tête quand j’entendis la porte d’entrée s’ouvrir. Adam s’approcha et mon cœur fit une embardée en le voyant. Des images de lui, mort, me revinrent en tête et je frissonnai. Il m’adressa un sourire et s’assit à côté de moi. D’habitude, il se mettait à l’autre bout des escaliers, mais bien des choses avaient changé, depuis.
Rassurée de le voir aller bien, je lui rendis son sourire.

— Ça faisait un moment, qu’on ne s’était pas retrouvés ici…, observa-t-il.
Je hochai la tête.
— C’est vrai…
Il passa un bras autour de mes épaules et je mis ma tempe contre son épaule.
— Tu veux en parler ? me demanda-t-il doucement.

Je serrai les lèvres. Il faudrait que je lui dise, que j’avais vu certaines choses de son passé. J’avais l’impression d’avoir fouiné dans son histoire, même si ce n’était pas voulu. Je ne voulais pas lui cacher cela. Mais pas maintenant. Je lui avais déjà porté un coup difficile en mentionnant son vrai prénom, je ne voulais pas en rajouter là tout de suite.

Je comprenais désormais pourquoi cela m’avait fait aussi mal quand il m’avait dit que Sander était mort. Parce qu’il s’agissait de lui. En revanche… Pourquoi se considérait-il comme mort ? Voulait-il enterrer définitivement ce passé-là ? Pourtant, j’étais convaincue que je devais retrouver le Sander en lui, pour une bonne raison.
Et cela me portait un coup à la poitrine de savoir qu’il estimait que son humanité était détruite. Qu’elle avait disparu. Alors que c’était tout le contraire.

Même si je savais que Lucian lui avait fait du mal sans le vouloir, je ne pus m’empêcher de ressentir de la colère envers lui.
Je me fis la promesse que j’aiderais Adam à se réconcilier avec lui-même. Je n’aimais pas le fait qu’il puisse se détester à ce point. Au point qu’il considère qu’il était mort.
Je secouai la tête.

— Et toi ? m’enquis-je.
— Je viens seulement de rentrer, déclara-t-il. Je ne suis pas allé me coucher.
Je me rendis compte que son corps semblait bien plus chaud que d’ordinaire. Il s’était nourri.
— Tu n’es pas fatigué ?
— Je suis bien, là, avoua-t-il.

Je n’entendis pas la voix qui m’invitait à trouver Sander. C’était déjà fait. Même s’il pensait qu’il n’était plus là, c’était faux. C’était également pour cette raison, qu’elle s’était faite plus faible, lorsque nous nous étions grandement rapprochés, dans ma chambre, après le désastre qu’avait été la mission de Nora et à laquelle j’avais participé. Jamais je n’avais été aussi proche de Sander, de sa façon d’être naturelle. Avec moi.
Je ne voulais plus le voir partir. Mourir. Ni en vrai, ni en vision.

Poussée par un écho de l’angoisse que j’avais ressenti quand je l’avais vu succomber, je levai la main pour caresser sa joue. Je dus me mordre l’intérieur de la mienne pour ne pas laisser les larmes affluer. Il fronça les sourcils devant mon changement d’expression. Je tapotai du doigt le coin de sa bouche.

— J’aime quand tu souris, déclarai-je.

Une seconde s’écoula, puis ses lèvres s’étirèrent. Ses traits s’étaient faits doux. Il affichait plus de gaieté. C’était exactement ce que j’avais aperçu, dans ma vision, juste avant que Lucian ne s’en prenne à lui.

— Ne cesse jamais de le faire, le suppliai-je presque. Exactement de cette manière.

Parce qu’il éclairait tout, ainsi. Il chassait l’obscurité pour apporter du bien-être. Et j’en savais quelque chose : j’étais faite d’ombres. Sa présence était plus apaisante que je ne l’aurais jamais imaginé.
Il attrapa ma main pour en embrasser la paume. Une chaleur diffuse se répandit sur mes joues et dans mon corps.

— Tant que tu seras là j’aurai une raison de sourire, répondit-il.

Je me sentis fondre. Je mis ma tête contre son épaule et nous restâmes là, jusqu’à voir le soleil se lever.

~


— Ah ! J’ai gagné ! m’exclamai-je.

Je posai la manette sur mes cuisses, alors que j’étais assise en tailleur sur une chaise, face à la télévision. Je brandis mes deux poings avec un air victorieux. Stuart soupira, exaspéré et amusé à la fois.

— Alors, ça fait quoi de perdre contre une humaine en ayant des réflexes de vampire, hein ? Pour la troisième fois d’affilée ? le narguai-je.
— Réflexes de vampire que je n’ai pas vraiment. Et c’est un jeu-vidéo, cela ne me demande pas d’utiliser mes réflexes de v…
— C’est bien une phrase de perdant, ça ! rétorquai-je.
Il se redressa et tendit le bras pour me donner une pichenette sur la joue.
— Hé ! protestai-je.
— Ça t’apprendra à faire la maline, ricana-t-il.
Un sourire espiègle étira mes lèvres.
— Commence pas, sinon je mets la pagaille dans tes DVD, le menaçai-je. Ou pire… je pourrais déplacer un roman d’un millimètre.

Il parût horrifié. C’était hilarant. Mais je savais que ses tocs pouvaient être très handicapants, alors jamais je ne l’aurais fait. Il en bavait déjà assez comme ça.

— Ne touche pas à mes affaires ! grommela-t-il. Sinon je te livre au clan Lane !
— Faudrait déjà que tu puisses te lever !

J’aimais beaucoup l’embêter. C’était une chose que j’avais découvert, ces derniers jours. J’appréciais grandement sa compagnie et cela était réciproque. Nous nous chamaillions et j’avais l’impression de m’être fait un ami. Même si nos piques paraissaient violentes, nous, ça nous faisait rire.
La porte s’ouvrit. Emma et Adam entrèrent dans la pièce.

— Salut, nous lança la première. On interrompt un championnat ?
— Pas du tout, répondis-je. Il a déjà perdu.
Nouvelle pichenette de la part de Stuart. J’éclatai de rire.
— C’est ce que j’ai cru comprendre, lança Adam avec un sourire en coin.
— Et il est mauvais perdant, ajoutai-je.
— Et toi tu es une mauvaise gagnante.

Je chassai sa remarque d’un geste de la main. Je me levai pour aller ranger les manettes. Emma tenant deux poches de sang, je compris qu’il allait se nourrir et qu’elle allait lui tenir compagnie.

— Comment tu te sens ? s’enquit Adam en regardant son ami.
Stuart haussa une épaule, toujours avec un sourire doux sur les lèvres.
— Je vais bien, le rassura-t-il. Je me suis bien diverti.
Je levai le pouce dans sa direction.
— C’est quand tu veux, pour une revanche ! lançai-je.
— Je ne bouge pas d’ici de toute façon, rétorqua-t-il avec ironie.

Nous nous regardâmes pendant quelques secondes, puis pouffâmes de rire tous les deux. Emma haussa les sourcils et Adam eut l’air perplexe. Il était vrai que notre humour était plutôt sarcastique.
Alors que j’allais sortir de la chambre, je vis Emma se pencher vers Stuart. Il leva une main pour la porter à sa joue et… ils s’embrassèrent.

J’écarquillai les yeux et fus bouche-bée un instant. Emma et Stuart ? Et ils le faisaient avec tant de naturel que cela ne devait pas être nouveau. Comment avais-je pu ne rien remarquer ?
Adam fut amusé par ma réaction et me fit signe que nous devrions les laisser tranquilles. Je le suivis dans le couloir et nous nous éloignâmes, afin d’être hors de portée de l’ouïe vampirique d’Emma. Celle de Stuart devait être équivalente à la mienne.

— Ils sont ensemble ? chuchotai-je, lâchant enfin cette question. Depuis quand ?
— Depuis des années, répondit Adam.
— Mais… Mais je n’ai jamais vu…

Je me coupai. En réalité, Emma n’était pas souvent avec Stuart en même temps que moi et, le peu de fois où nous nous étions croisées là-bas, je partais au même moment.
Je me rendis compte que j’étais presque en train de sautiller. Un grand sourire devait manger mon visage.

— C’est génial !

Il faudrait que je lui en parle. J’avais tellement envie de la questionner !
Il laissa échapper un petit rire et mit ses mains sur mes épaules.

— Et si tu te calmais ? me proposa-t-il.
— Nan, rétorquai-je instantanément.

Cette bonne nouvelle tombait à pic. J’étais contente pour mon amie et en plus, au milieu de tout ce qui avait pu se passer de sombre, ces derniers jours, c’était un petit miracle. Je préférais me focaliser là-dessus.

Ce sourire ne me quitta pas pendant de longues minutes.

~


J’avais besoin de me défouler, alors je m’entraînais à la télékinésie et utilisais mes vagues d’énergies, avec Adam, dans le jardin. J’étais comme une pile électrique. Et j’avais progressé. De plus, cela me permettait de ne pas trop réfléchir à autre chose.

— Impressionnant, lâcha une voix dans mon dos.

Je me retournai et vis les Harpies. Pardon, les jumelles. Qui avaient les bras croisés. J’ignorais laquelle avait parlé. Je n’avais pas vraiment fait attention, alors je ne savais pas depuis combien de temps elles étaient là.
Je venais d’envoyer une pierre à plusieurs mètres sans trop forcer. Cela ne paraissait pas être grand-chose, mais pour moi, c’était beaucoup. Adam s’adossa à un tronc d’arbre, sûre-ment un peu agacé par leur intervention. Bon, ça nous ferait une pause.

— Qu’est-ce que vous faîtes là ? leur demandai-je en souriant un peu timidement.
— On voulait voir ce que tu avais dans le ventre, déclara Harper.

Je faillis rire en me rendant compte qu’elle portait toujours le manteau volé d’Adam. Je me demandai si elle n’avait pas trop chaud, là-dedans, puis me rappelai que les vampires devaient s’en ficher de la température.

— Eh bien, si je vous fascine, ne vous privez pas et admirez le spectacle, répondis-je avec un peu d’ironie.
— Tu n'es qu'une humaine. Les vampires ne pourraient jamais être fascinés par toi, décréta Crystal.

Alors que j’allais me pencher pour ramasser une autre pierre, je me stoppai puis me tournai lentement vers elles, un sourcil levé. Adam roula des yeux. C’était le contraire de ce que lui avait pu me dire.
Finalement, je me mis à sourire. Un sourire de défi. J’en avais assez de me laisser écraser.

— On parie ? provoquai-je.
— Qu’est-ce que tu proposes ? s’intéressa Harper.

Je ne répondis pas et m’assis dans l’herbe. Du coin de l’œil, je vis le vampire blond se détacher de son arbre, s’approchant, tandis que je me mettais à fixer le grand portail. Ah, je ne pouvais pas fasciner des vampires ? Très bien. En plus, j’avais tout mon temps.

— Tu fais quoi, là ? s’enquit l’une d’elles.

Mon silence lui répondit.
Je mène ma petite expérience.

Je restai ainsi un long moment et, curieux, les trois vampires restèrent autour de moi, se demandant ce que je faisais. Pour alimenter un peu plus leur curiosité, je me mis à faire de légers gestes avec mes mains, laissant de petite volutes d’ombres m’échapper, parfois. Le tout donnait l’impression que je savais ce que je faisais, que c’était précis, mais en réalité, c’était tout le contraire. J’improvisais totalement, et ça me faisait bien rire, intérieurement.
Plus tard, je sentis une nouvelle présence près de nous.

— Qu’est-ce qu’elle fait ? demanda Nora.
J’imaginais très bien son air perplexe. Elle vint se poster en face de moi et agita une main devant mes yeux.
— Hé ho ? me héla-t-elle.

Je ne répondis pas et ne bougeai pas non plus mon regard.
Quelqu’un dut lui faire signe de reculer pour ne pas me déranger, car elle alla se poster près des autres. Mais j’entendis un « Elle a encore bu de l’Elixir ? Elle s’est pris un coup sur la tête ? ». Je m’amusais comme une folle. Et je poursuivis les mouvements de mes mains.
Il s’écoula encore un long moment avant que ça ne soit à Emma d’entrer en scène.

— Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda-t-elle.
— Je ne sais pas, admit Nora. Elle fixe le portail depuis tout à l’heure. Elle est concentrée sur quelque chose mais je ne sais pas ce qu’elle fait…
— Un nouveau pouvoir pour lequel elle s'entraîne ?
— Aucune idée…

J’avais tellement envie de me retourner pour voir leur tête, à tous.
Je poussai encore ce petit jeu pendant de très longues minutes. D’autres se joignirent à nous. J’ignorais d’où je sortais cette patience. Puis je décidai que ça suffisait.

— Elle va peut-être finir par nous dire..., commença Brooke.
Elle se coupa quand elle me vit me relever. J’époussetai mon jean et regardai les jumelles.
— Voilà. Combien de temps ai-je tenu ? demandai-je.
Crystal regarda sa montre.
— Une heure, répondit-elle.

J’arborai un air satisfait, alors que tous les River me regardaient comme si une corne venait de pousser sur mon front. Seul Adam semblait se retenir de rire.

— Et ils sont tous restés, hein ? insistai-je.
Harper grimaça, frustrée.
— Ouais, grommela-t-elle.
— Super. Alors l'humaine qui ne peut pas fasciner un vampire vous emmerde bien cordialement.
Elles froncèrent les sourcils et je me demandai si j’avais un bon instinct de survie. Puis le coin des lèvres de Crystal frémit.
— D’accord, c’était bien joué, avoua-t-elle.

Je me tournai vers les autres. Adam était hilare. Cela ne m’étonnait pas de lui. Je venais de faire l’équivalent d’un gros doigt d’honneur aux Harpies.

— Il n'y avait rien à voir en fait, les informai-je. Bon, j'ai faim du coup.

Sur ces bonnes paroles, je m’éloignai et en passant, Adam leva une main avec un air fier. Victorieuse, je fis claquer ma paume contre la sienne.
Nora leva le pouce dans ma direction et je lui fis un clin d’œil.

Je venais de marquer des points. En continuant comme ça, je finirais par ne plus passer pour la petite humaine toute fragile. Je faisais mes preuves petit à petit.

~


J’avais fait un gros plat de pâtes, pour Emma et moi. Mon amie s’était absentée un moment et je voulais lui faire une surprise pour son retour. J’avais suivi une des recettes qu’elle adorait. Seulement, j’avais pensé qu’elle arriverait plus tôt, et le plat commençait à refroidir.
En plus, j’avais envie de lui parler de Stuart.

Je crus qu’elle arrivait quand je sentis la présence d’un vampire. Mais c’était Adam. Il tira une chaise pour s’asseoir en face de moi. Et comme à chaque fois que mon regard croisait le sien, je sentis de drôles de sensations dans mon ventre.

— T’en veux ? lui proposai-je.

J’étais certaine qu’il refuserait, car il n’était pas à l’aise avec la nourriture humaine, mais je le lui avais demandé par politesse. Cependant, il parût y réfléchir. Oh ?

— Pourquoi pas, répondit-il.
— Sérieux ?
Il rit.
— Tu préfères que je refuse de goûter ?
Je secouai la tête et lui tendis une assiette vide.
— Tiens !
— Mmhh… Est-ce que ça te dérange si je rajoute du sang ?
Je fronçai les sourcils.
— Non, répondis-je. Si ça peut t’aider à mieux apprécier. Emma fait ça souvent. (Je levai un index.) En plus, c’est comme si j’étais obligée de vous demander si ça vous dérange à chaque fois que je veux mettre du sel dans mon assiette. Vous faîtes ce que vous voulez.
Bon, d’accord, le sel et le sang n’étaient pas pareils. Mais si le sang était leur condiment… Alors soit.
— Je reviens tout de suite, annonça-t-il.

Il reparût une minute plus tard, une poche de sang à la main. Finalement, je m’étais habituée à ça. Il remplit son verre et parsema le plat de gouttes rougeâtres.
Il surprit mon regard.

— Tu es sûre que ça ne te dérange pas ?
— Certaine. C’est juste marrant de constater à quel point on n’a pas la même conception de la bolognaise.
Il souffla du nez, amusé.
— Comment est-ce que vous pouvez avoir… de telles pulsions ? (Craignant que cela ne passe pour un reproche, je me rattrapai : ) Attends, je reformule… Qu’est-ce qui fait que vous pouvez être aussi happés par la vue du sang ?
— Peut-être parce qu’il nous nourrit ? ironisa-t-il.
— D’accord, mais quand nous, nous avons très faim, nous ne sautons pas sur le premier steak qui passe dans notre champ de vision, comme l’a si bien dit Harper la dernière fois. On peut se retenir, quand même.
Il eut un rictus en coin.
— Un point pour toi, concéda-t-il. Mais je ne saurais pas comment te décrire ce qui se passe… C’est un peu comme si le sang nous appelait. Et c’est encore pire pour les plus jeunes vampires.
J’enroulai des spaghettis autour de ma fourchette avec une moue pensive.
— Est-ce que mon sang vous appelle ? ne pus-je m’empêcher de demander.

Il me lança un regard mystérieux. Sa spécialité en ce moment. Je savais qu’il faisait ça pour me faire tourner en bourrique. Je soupirai, me retenant de rire.

— Allez, réponds !
— Si tu te blessais, la vue et l’odeur de ton sang nous ferait quelque chose, oui, mais ce serait minime. En tout cas pour Lucian, April, Nora et moi. Pour les autres, il y aurait plus d’impact, mais mis à part pour les Harpies, ils se contrôlent plutôt bien.
Je me souvins des yeux rouges d’Emma, lorsque je m’étais blessée avec des bouts de verre. Elle n’avait pourtant rien fait.
— C’est vrai que vous avez eu plus de temps pour apprendre à vous contrôler, affirmai-je. Comment ont fait les plus jeunes River ?
— Lucian et moi le leur avons appris dès le départ. Certains n’y parvenaient pas tous seuls ou avaient encore un peu de mal. Et tous les deux, nous savions quelles étaient les erreurs à ne pas commettre.

Je ne relevai pas. Je savais de quoi il était question, même si Adam ignorait que j’étais au courant. Viviane ayant abandonné Lucian, et ce dernier ayant créé le vampire qui se tenait en face de moi, ils avaient dû apprendre par eux-mêmes, sans aucun guide. Il était normal que désormais, ils aient envie de préserver les nouveaux, de leur tendre la main, afin qu’ils ne vivent pas la même chose.

— Mais sache que ton sang sent très bon, ajouta-t-il avec malice.
J’eus un sourire en coin.
— Tant que tu ne m’attaques pas, tout va bien, répondis-je.

Emma arriva à ce moment-là et ouvrit de grands yeux en voyant le plat de pâtes. Elle m’embrassa sur la joue et me remercia, avant de prendre place et de se servir généreusement. Elle taquina Adam sur le fait qu’il mangeait. Et il parût même apprécier. Le reste du repas se déroula dans une bonne ambiance.
J’ignorais quand j’allais la questionner sur Stuart. J’attendais le moment où nous serions seules.

— Ça vous dit qu’on regarde un film ensemble, ce soir ? nous demanda Emma quand nous eûmes terminé de débarrasser.
Je hochai la tête, mais Adam secoua la sienne.
— J’ai une mission, ce soir, annonça-t-il.

Ma poitrine se serra. Emma opina puis s’éclipsa, nous laissant seuls, après m’avoir dit que je pouvais la rejoindre quand je voulais, car sa proposition tenait toujours.

— Tu dois déjà repartir ?
Ma question était presque un chuchotement.
— Je rentrerai vite, c’est promis. Ça ne durera que quelques heures. Il ne m’arrivera rien. Et j’allais justement t’en parler.
Je levai une main avec un sourire triste.
— Tu n’as aucun compte à me rendre, tu sais ?
— Oui, mais je vois bien que tu es inquiète.
Je me mis à triturer mes doigts.
— Et… en quoi consistera la mission, cette fois ?
— Un vampire en frénésie s’en prend à des jeunes femmes chaque nuit. Depuis près de deux mois. (Je frissonnai. Mon dieu… Cela faisait un gros paquets de victimes.) Dans les clubs ou les bars. Les autres n’étaient pas assez organisés ou puissants, je ne sais pas, mais ils n’ont pas réussi à l’attraper. Mais il ne couvre pas assez bien ses traces et les Exécuteurs ont fini par comprendre qu’il n’attaque jamais deux fois au même endroit, et qu’il suit une ligne bien précise. Ce soir, le bar où il devrait sévir se trouve dans les environs, alors on m’a demandé d’aller le cueillir.

J’avais les yeux écarquillés, tandis que je réfléchissais. Je savais qu’il avait l’habitude de ces missions, mais après la vision de cette nuit, j’avais terriblement peur qu’il n’arrive quelque chose. Je ne voulais pas le voir mort à nouveau.
Et… je ne supportais pas l’idée qu’un vampire en frénésie tuant à tour de bras sévisse.

— Ils n’arrivaient pas à le neutraliser parce qu’ils étaient seuls ? demandai-je.
— Je pense. Mais ils ne sont pas moi.
Il osa ponctuer cette phrase d’un sourire insolent. Je levai les yeux au ciel.
— Et… est-ce qu’il leur échappait parce qu’il avait déjà tué ou… parce qu’ils étaient repérés ?
— Je n’en sais rien. En tout cas, s’il était en train de se nourrir, ils auraient pu intervenir. Son attention aurait été accaparée.

Je hochai la tête lentement. Il faudrait donc une autre personne, susceptible d’attirer l’attention du vampire, sans mêler une victime innocente et inconsciente du danger à cela.

— Je viens avec toi, fis-je, résolue.
Il haussa les sourcils.
— Quoi ?
— Je viens avec toi, répétai-je.
Cette idée l’horrifia.
— Non.
Je mis mes mains sur mes hanches.
— Je peux faire l’appât ! Il voudra s’attaquer à moi et non à une autre femme. Je l’attirerai à l’extérieur et tu pourras lui tomber dessus.
Ses mâchoires se crispèrent et une lueur de colère traversa ses iris.
— C’est bien le fait qu’il s’attaque à toi qui me dérange, grogna-t-il.
— Mais moi j’aurai conscience de ce qu’il se passe, et je ne serai pas sans défense, contrai-je. Et tu seras là. La faille, avec les autres, devait être le fait que justement, il était encore bien trop alerte pour se laisser avoir. Je n’aurai qu’à le distraire. Et je pourrai utiliser mes ombres.

Il me regarda intensément et j’aurais donné cher pour savoir à quoi il pensait. Il était clair que cette idée ne l’enchantait pas. Je fis un pas vers lui.

— Je sais que je suis en sécurité avec toi. Laisse-moi t’aider, s’il te plaît…
Mon ton s’était fait presque suppliant.
— Quand tu as accompagné Nora, ça s’est mal terminé, me rappela-t-il.
Je baissai les yeux et me mordis la lèvre.
— Mais là je n’aurai pas à tuer qui que ce soit. Et… je serai plus préparée.
— Tu risques de ne pas aimer ce que tu vas voir, me prévient-il pour me dissuader. Cette fois, je ne suis pas censé le ramener gentiment aux Exécuteurs. Ils ont déjà essayé de lui faire quitter sa frénésie pendant des mois, et il a fini par s’enfuir avant de recommencer. Cette fois, c’est la mort qui l’attend. Et c’est moi qui dois la lui donner.

Je rivai mon regard dans le sien. Ses paroles me tordirent un peu l’estomac, mais j’étais déterminée. Et cela faisait écho avec ce qui était arrivé à ma mère. À ce moment-là, je n’avais rien pu faire. Désormais, je pouvais agir.

— Très bien. Je ne change pas d’avis, déclarai-je.

S’ils étaient certains qu’il était préférable de lui ôter la vie, c’était ainsi. Ce n’était pas mon monde, je ne le comprenais pas aussi bien qu’eux. La morale, ce qui était juste ou non, avait plus de nuances.
Dans tous les cas, je souhaitais l’accompagner.
Il ne répondit pas. Je savais qu’il avait envie de dire non, mais mon aide pourrait être précieuse.

— Ma présence pourrait faire la différence et il ne s’en prendrait plus à personne.

Je le vis prendre une grande inspiration, même si les vampires n’avaient pas besoin de respirer, ce qui en disait long.
Il garda le silence pendant un moment.

— D’accord, finit-il par dire.
Je soupirai de soulagement.
— Mais il faudra que tu écoutes mes instructions.

Je hochai vivement la tête.
Mes questions pour Emma, à propos de Stuart, attendraient.

~


Nous nous retrouvâmes au bout d’une ruelle. De l’autre côté, se tenaient les grandes portes d’un bar dansant. Nous avions passé près d’une heure en voiture pour atteindre cet endroit. Le vent frais caressa mes jambes. Je m’étais habillée léger, appelant à l’aide auprès de Nora pour qu’elle me déniche une jolie tenue, qui pourrait mettre mes formes en valeur. L’objectif serait de séduire, ce soir.
Elle m’avait demandé pourquoi je m’apprêtais et je lui avais expliqué que j’accompagnais Adam. Elle avait fait de gros yeux et j’avais dû lui affirmer plusieurs fois que j’étais sûre de moi.

Je m’étais donc vêtue d’un joli top d’une teinte vermillon, d’une courte jupe noire moulante, ainsi que d’une veste en cuir sombre qui, elle, m’appartenait. J’avais à nouveau emprunté les talons que je portais pour le bal avec le roi. J’avais réhaussé mon regard d’un trait d’eye-liner et avais appliqué un rouge à lèvre écarlate sur mes lèvres. J’avais discipliné ma longue chevelure rousse afin qu’elle soit bien lisse, faisant ressortir un peu plus ses reflets.

Lorsque j’avais rejoint Adam en décrétant que j’étais prête, il s’était figé un instant en me voyant. J’avais dû me retenir de sourire avec satisfaction. Et de rougir, aussi. J’avais eu l’impression d’être… comme un bonbon, à ses yeux.
Je vis quelques personnes entrer dans le bar. Adam se pencha vers moi.

— Attends-moi ici, je reviens tout de suite, me chuchota-t-il.

Il recula dans la pénombre afin de ne pas être vu, et il bondit sur le toit d’un bâtiment. Je fis mine de regarder mon portable, afin de me donner une contenance et ne pas éveiller de soupçons, au cas-où notre cible apparaîtrait.

— Bonsoir, entendis-je.
Je relevai les yeux de l’écran. Devant moi, un jeune homme me regardait en souriant.
— Euh… bonsoir ?
— Tu es vraiment…

Je haussai un sourcil, me demandant s’il oserait vraiment poursuivre. Je dus repousser avec force une peur familière, habituelle. Savoir qu’Adam était dans les parages et que je pouvais me défendre, bien plus qu’il y a des années, m’aida beaucoup.
Il ne termina pas sa phrase.

— J’attends quelqu’un, lui dis-je pour qu’il me laisse tranquille.
— Ah. Mais il n’y a personne, en attendant…
Là, je vis rouge. Je me tins bien droite, la tête haute, rassemblant tout l’aplomb dont j’étais capable.
En attendant rien du tout, fis-je sèchement. Dégage.
Il eut le réflexe de rire. Je me sentais bouillir.
— Je crois que tu ne m’as pas très bien comprise. J’ai. Dis. Dégage, répétai-je en appuyant sur les mots afin que ça rentre bien dans son crâne d’imbécile.

L’homme se mit à pâlir, tout à coup. J’étais surprise de parvenir à l’impressionner ainsi. Il leva ses deux mains et recula, avant de détaler. Je le suivis des yeux, puis un sourire de pure satisfaction naquît sur mes lèvres.
Puis je me retournai et sursautai en voyant Adam. Je clignai des yeux. Le choc passé, je me mis à râler :

— Pendant une seconde, j’ai cru que c’était moi qui lui avais fait peur…

J’étais clairement déçue.
Il pouffa.

— Peut-être une prochaine fois.
Je lui tirai la langue et il finit par reprendre son sérieux.
— Il est déjà arrivé. Il doit être au bout du bar, m’annonça-t-il. J’ai senti sa présence en passant sur le toit. Avec tout ce monde il n’a pas dû me sentir. Et il ne doit pas être spécialement concentré. Un comble, alors qu’il est recherché. (Il roula des yeux.) Lorsque vous partirez, prend la porte de sortie au fond du bar. Essaye de le guider dans la rue encore derrière. Il ne devrait y avoir personne, ça m’a l’air vide.
Je hochai la tête. Prendre la sortie et ne pas repasser par l’entrée. Une ruelle plus loin. Compris.
— Je me tiendrai plus loin afin qu’il ne me sente pas, mais en aucun cas je ne cesserai de surveiller, d’accord ? me rassura-t-il.
Malgré une appréhension et un trac qui commençait à grimper, j’acquiesçai.
— Je te fais confiance, répondis-je.
Je me raclai la gorge.
— Bon. Est-ce que tu sais comment il est ?
— Je n’ai discerné qu’un vampire et d’après son aura, il est en frénésie. C’est forcément lui. Et si tu ne parviens pas à le reconnaître, on m’a dit qu’il est très grand, avec de courts cheveux bruns. Pour ses yeux, il doit porter des lentilles différentes souvent, puisqu’ils sont écarlates, donc je ne pourrais pas te dire la couleur.
— Tu as une idée de ce qu’il peut aimer ?
— Son instinct de prédateur est éveillé continuellement. Il doit adorer susciter la peur, chez sa proie. Peut-être la fascination, également. Si jamais un autre homme venait te parler alors qu’il t’a dans son viseur, il s’accrocherait encore plus. De même si tu décidais de t’éloigner de lui, de lui échapper.

Je méditai là-dessus quelques secondes, puis élaborai un début de plan. Pour le reste, j’improviserais. Il n’y avait pas de temps à perdre. Il pourrait attraper une autre femme dans ses filets.

— Je pense avoir cerné sa personnalité, déclarai-je.

Il ne supporte pas vraiment la compétition, alors…

— J’ai une idée, lâchai-je. Mais il va falloir que tu entres aussi dans le bar, après moi. Juste le temps qu’il te voit, après, tu pourras ressortir.
— Il ne doit pas me repérer, Neeve.
— Fais-moi confiance. S’il te plaît ?
Je le priai du regard et il le soutint un instant. Puis il soupira et accepta.
— Merci, lui soufflai-je.

Et sur ce, je me dirigeai vers la porte, que j’ouvris d’un coup, comme si j’étais pressée, que je fuyais quelque chose. Ou quelqu’un. Ne sachant pas si le vampire recherché m’avait déjà repéré ou non, je tournai tout de même la tête vers Adam, qui m’avait suivi, avec un air inquiet que je voulais convaincant. Je voulais donner l’impression de le fuir, lui.

Je traversai la salle et me dirigeai droit vers le bar, de l’autre côté, là où notre cible devait se trouver. Je ressentis des picotements dans ma nuque et je le vis, en pleine conversation avec une jeune femme qui lui souriait comme s’il était une merveille du monde. Il fallait agir vite.

Je m’assis un peu maladroitement sur le tabouret à côté de lui. Je n’avais pas vraiment besoin de feindre la crainte, puisque j’avais réellement peur. Mais pas d’Adam. Du vampire en frénésie, à côté duquel j’étais désormais assise. Et il venait de porter son attention sur moi, se détournant de la jeune femme. Je fis mine de ne pas l’avoir remarqué. Son aura paraissait m’écraser. M’étouffer. Elle était presque palpable, mais d’une manière désagréable. Elle était épaisse, toxique, visqueuse. Comme si je risquais de mourir rien qu’en m’approchant un peu trop près.

— Vous paraissez inquiète, s’éleva sa voix.
Pour le coup, je ne fis même pas semblant de sursauter. Au moins, cela me plongeait dans mon rôle. Je gardai les yeux baissés.
— Il est toujours là… ? murmurai-je à l’homme.
Je tournai légèrement la tête pour apercevoir Adam, puis regardai à nouveau le comptoir du bar en pestant.
— J’ai l’impression qu’il me suit, soupirai-je.

Je le toisai discrètement. Un vampire de haute taille, avec de courts cheveux bruns, comme l’avait décrit Adam. Il portait des lentilles lui conférant de jolis yeux verts. D’instinct, il avait dirigé son attention dans la direction du deuxième vampire. À nouveau, je jetai un œil à l’entrée. Le vampire blond fit mine d’abandonner l’idée de me suivre en me voyant avec un autre, et sortit. J’eus un pincement au cœur, mais poussai un soupir de soulagement.

— Enfin…, grommelai-je.

La jeune femme avec qui il discutait plus tôt, s’éloigna, vexée d’avoir été laissée de côté. Au-delà du fait que je lui avais peut-être sauvé la vie, elle était offensée en voyant qu’un homme s’était intéressé à la détresse d’une autre, qui était suivie ?
On vivait dans un monde bien étrange.

— Qu’est-ce qu’il vous voulait ? s’enquit le vampire.
— Sûrement coucher avec moi, ricanai-je. D’après vous, qu’est-ce que ça veut dire quand un homme que vous ne connaissez pas vous aborde et vous propose sa compagnie alors que vous êtes seule, en pleine rue déserte ? Et qui ne sait pas ce que veut dire « non » ?

Oui, je m’étais grandement inspirée de ce qui s’était passé avec le jeune homme, juste avant.
Il afficha un rictus qui m’effraya. Il dut le percevoir. Tant mieux, cela serait utile. Un mélange de peur et de fascination ? Il allait être servi.

— Vous avez raison, répondit-il.
Je hélai un serveur, qui me fit signe qu’il arrivait dans un instant.
— Vous buvez avec moi ? lui demandai-je. Ça sera une manière de vous remercier de… l’avoir découragé en vous voyant avec moi, je suppose.
Il ne se départit pas de son affreux sourire.
— Je ne pense pas qu’on boirait la même chose, lança-t-il.

Ça, je le sais bien.
Je levai un sourcil.

— Vous êtes au bar pour ne rien boire ? ris-je.
Je haussai une épaule.
— Si je ne vous intéresse pas, dîtes-le simplement, souris-je.
— Oh ? Parce que vous voudriez que je m’intéresse à vous ?

Même s’il essayait de garder un air détaché, quelque chose dans son aura me fit penser que je venais d’attiser son intérêt pour moi. Je le regardai droit dans les yeux et me mordis la lèvre inférieure, délicatement, presque innocemment. Ça, ça devrait le titiller.

— Peut-être… Je dois dire que vous semblez de meilleure compagnie.
Je levai les deux mains.
— Je peux toujours tenter ma chance avec le gars qui ne voulait pas me lâcher, si vous avez mieux à faire, ajoutai-je sur le ton de la plaisanterie.

Son visage montrait de l’amusement, mais je vis bien la lueur de froide détermination et d’agacement dans ses pupilles. Adam avait vu juste : il ne supporterait pas que la petite humaine qui l’intéressait, parte avec un autre vampire que lui.

— Oh mais vous m’intéressez, m’assura-t-il.

Il commanda donc un verre également, et nous trinquâmes. Je fis en sorte de ne boire que du bout des lèvres. Il ne manquerait plus que l’alcool m’ajoute des obstacles pour mener la mission à bien.

La conversation restait légère, mais je ne m’étais jamais sentie aussi oppressée. Au moins, je parvenais à donner le change.
Au bout d’un moment, je regardai les danseurs, plus loin.

— Vous voulez danser ? m’enquis-je avec un grand sourire.
— Ce n’est pas vraiment mon truc.
Je descendis du tabouret.
— Eh bien, c’est mon truc, à moi, répondis-je. J’y vais.
Je me retournai une dernière fois vers lui avant de m’éloigner.
— Je vous dis au revoir, si vous êtes déjà parti quand je reviendrai au bar, ajoutai-je.

Je lui adressai un clin d’œil et me retournai. Seulement, j’avais eu le temps de voir son visage se fermer. L’idée que je ne lui accorde plus d’attention et que je ne prévoie pas spécialement de retourner près de lui, le rendait furieux.

J’allai me mêler aux autres. Étant très peu à l’aise au milieu des autres, surtout s’il s’agissait de danse, je me mis à imiter certains gestes. Je faisais rarement cela et quand ça arrivait, j’étais avec Carla. Il nous arrivait de sortir quand nous nous retrouvions, avant que je ne sorte avec Connor - puisqu’il me convainquait que je ne devais pas m’amuser sans lui.

Petit à petit, des souvenirs de ces moments-là me revinrent, et je me laissai porter par la musique. Je fis en sorte de rester le plus souvent possible dans le champ de vision de ma cible et de ne disparaître que de temps en temps, pendant quelques secondes, afin d’alimenter son instinct de prédateur. Mes mouvements se firent plus grâcieux, plus voluptueux. Je fermai même les yeux, afin de faire comme si j’avais réellement l’impression d’être seule, dans ma bulle, loin de tout. Inconsciente du danger.

Je me mis à onduler des hanches en souriant, passant mes mains sur mes cuisses et les faisant remonter jusqu’à ma taille. Je rouvris les yeux. Ceux du vampires croisèrent les miens. Je lui adressai un sourire en coin et tendis ma main dans sa direction, en pliant mon index plusieurs fois pour lui faire signe d’approcher. Et, tandis qu’il avançait, je reculais dans la foule, afin de lui donner envie de me pourchasser.
Ce qui fonctionna à merveille. C’était moi, qui l’avais attrapé dans mes filets.

Il me rejoignit et se mit à danser avec moi. Je parvins à ne pas tressaillir lorsqu’il mit ses mains sur mon bassin. En revanche, mon dégoût grimpait.
Et je ne pus masquer ma peur quand il laissa entrevoir ses canines de vampire. Mais cela tombait bien et permettrait la suite du plan. Je n’avais jamais été aussi heureuse de ne pas pouvoir cacher mes émotions.
Je m’arrêtai de danser. Cela le fit sourire avec malice.

— Que vous arrive-t-il ? m’interrogea-t-il.
— Je… Vous… avez…

Je devais me mettre dans la peau d’une humaine qui n’était absolument pas au courant de leur existence. Je fis mine de secouer la tête comme pour me remettre les idées en place.

— Oubliez, j’ai cru voir… quelque chose, dis-je.
— Vous avez cru voir… ça ?

Et sa dentition apparût plus clairement, ne laissant aucun doute. Je restai bouche-bée. De plus, il était penché en avant, si bien que j’étais la seule à voir ça.

— Bientôt, vous les verrez d’encore plus près, ma jolie, susurra-t-il à mon oreille, afin que je puisse l’entendre par-dessus la musique.

Tout se passait comme je le voulais, mais c’était très difficile.
Je reculai d’un pas et mis mes mains en avant, comme pour le repousser, l’empêcher de m’approcher.

— Je dois y aller, déclarai-je.

Mon cœur battait la chamade. Il ne se départit pas de son sourire, et je pris la fuite. Je me dirigeai tant bien que mal jusqu’à la porte de sortie au fond du bar, esquivant les danseurs. Une fois dehors, je marchai le plus vite possible.

La prochaine ruelle. La prochaine ruelle…

Alors que je l’avais presque atteinte, je sentis des picotements dans ma nuque.

Parfait.

Je me retournai et vis le vampire, près de la porte du bar. Et cette fois, je me mis à courir. Il n’y avait rien de tel pour exciter un instinct de prédateur. Et il fallait en finir au plus vite.

Encore trois pas. Deux. Un…

J’atteignis la rue déserte qu’Adam m’avait conseillé. Mais la seconde d’après, je me retrouvai plaquée contre un mur. Je lâchai un hoquet de stupeur et me retrouvai face à un regard mi-vert, mi-écarlate. Les lentilles ne parvenaient plus à cacher l’intensité qu’il y avait derrière.

— Où crois-tu aller, comme ça ? ricana-t-il.
La lumière de la lune fit briller ses canines d’une funeste manière.
— Laissez-moi tranquille…, m’étranglai-je.

Je regardai aux alentours, comme pour appeler quelqu’un à l’aide. Je me fis force pour ne pas jeter un œil aux toits, au cas-où mes yeux tomberaient sur Adam et que cela ne dévoile sa position.

— Personne ne te viendra en aide, ma jolie.
— Qu’est-ce que vous voulez… ?
Je ne devais pas beaucoup me forcer pour qu’il y ait des trémolos dans ma voix.
— Ton sang.
D’un doigt, il écarta un peu le col de ma veste en cuir, afin d’avoir une meilleure vue sur mon cou.
— Et cela tombe bien… J’aime le goût du sang quand il est mélangé à l’alcool.

Je tentai de me débattre, mais il me retint avec force. Il attrapa le bas de mon visage d’une main afin que je le regarde dans les yeux.

— Ne bouge plus.

Un étrange ressenti me saisit. J’avais la sensation que j’aurais dû obéir, mais que quelque chose m’en empêchait.
Et je compris. Il voulait m’hypnotiser, mais le rosier sauvage contenu dans mon médaillon me permettait de résister. Mais cela, il ne le savait pas. Je laissai donc retomber mes bras le long de mon corps, n’opposant plus aucune résistance.

— C’est bien, sourit-il. Tu vas faire tout ce que je te demande.

Je me concentrai afin de rassembler mon pouvoir, en restant discrète. Il se pencha afin d’approcher sa bouche de mon cou. Par-dessus son épaule, je vis mon complice, sur le toit d’en face, une arme à la main, prêt à intervenir. Notre cible était désormais accaparée par l’odeur de mon sang. Et comme l’avait dit Adam, il sentait bon.

Je hochai la tête de manière presque imperceptible et au même moment, alors que je sentais les canines du vampire effleurer ma peau, je laissai mes ombres s’exprimer. Je les dirigeai droit vers son visage et il recula en hurlant de douleur. Les volutes noires s’infiltrèrent dans ses yeux et je fis en sorte de les rendre encore plus douloureuses. Il plaqua ses mains sur son visage. Adam en profita pour bondir. Il atterrit souplement à quelques mètres de là puis se précipita vers nous si vite que je le vis à peine bouger. Il fut derrière le vampire en un rien de temps, mais ce dernier, qui l’avait désormais senti, donna un coup en arrière. Adam fut déséquilibré un instant seulement, mais notre cible en profita pour tenter de courir. Il n’alla pas bien loin. Mes ombres le handicapaient grandement et je ne voulais pas relâcher leur pression. J’ajoutai à cela une salve d’énergie, qui le fit trébucher. Adam bondit sur lui, brandissant une dague. Il se mit à califourchon sur son dos et orienta la lame vers l’endroit où se trouvait son cœur. Le vampire essayait de lui échapper, en vain. Il criait de frustration, de rage et de peur mêlées.

L’instant d’après, il se tut. Mon complice venait de planter l’arme dans son corps. En quelques secondes, l’homme fut réduit en cendres. Il n’avait fallu qu’un coup.
Je lâchai une expiration que je retenais jusque-là. Mes ombres me revinrent et j’eus un vertige. L’alcool, même léger, et les pouvoirs ne faisaient pas bon ménage, pour moi.

Adam se releva et rangea sa dague dans un holster dissimulé sous son long manteau noir. En un clignement de paupières, il fut devant moi. Il effleura mon cou pour s’assurer que je n’avais pas été mordue et s’éloigna ensuite légèrement pour m’examiner. Il parût soulagé, même si son regard était toujours dur.

Ses yeux étaient rouges. Sous le coup de la colère, de l’excitation du combat, ou que sais-je.
Nous nous regardâmes un moment, ainsi, encore sous le coup de l’adrénaline et de l’inquiétude.

C’est fini. Ce monstre est mort.

J’étais si soulagée que ça soit terminé, que nous allions bien tous les deux, que j’eus subitement envie de réduire la distance entre nous pour l’embrasser, alors que tout se mélangeait, dans mon esprit. Mes yeux se posèrent sur ses lèvres et, quand ils remontèrent, je constatai que son regard avait pris une teinte écarlate encore plus vive.
Avant que je n’amorce le moindre geste, nous entendîmes la musique provenant du bar, plus loin. Quelqu’un devait avoir ouvert la porte. Nous revînmes à la réalité.

Adam alla ramasser les vêtements du vampire afin de les jeter dans la première poubelle venue. Je voulus le rejoindre, mais je chancelai un peu. La prochaine fois, je ne boirais pas du tout. Je n’étais pas ivre, mais j’avais donné trop d’énergie avec ma magie. Il me tendit la main, que je pris, afin de m’aider à garder l’équilibre.

Nous nous éloignâmes en vitesse, afin de regagner la voiture. Une fois à l’intérieur, je soufflai un bon coup.
Si on m’avait dit, quelques mois plus tôt, que je ferais ça un jour, j’aurais probablement éclaté de rire. Et si j’avais vécu cela avec quelqu’un d’autre, j’aurais sûrement craqué. J’aurais peut-être couru comme une furie en hurlant. Ou peut-être que je me serais évanouie. Ou bien j’aurais décidé de faire un marathon sur l’autoroute. Heureusement, je ne le découvrirais jamais.

— Un seul coup ? chuchotai-je.
Il devina tout de suite ce dont je voulais parler.
— C’était de l’argent. Parfois, un coup est amplement suffisant, répondit-il sans quitter la route des yeux.
Je hochai la tête et me laissai aller contre le dossier de mon siège.
— On a réussi…, murmurai-je. Il ne fera plus de mal à personne.
Cette fois, il me regarda. Sa main vint à nouveau étreindre la mienne et je la serrai.
— On a réussi, répéta-t-il.

---


Chapitre 18
Chapitre 20
Dernière modification par Chlawee le mer. 22 sept., 2021 6:39 pm, modifié 1 fois.
lacrystal

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 19)

Message par lacrystal »

Chloe38200 a écrit : mer. 15 sept., 2021 12:00 am Bonsoir, bonjour à tous ! :D Alors là, oui, effectivement, je suis très en retard. :lol: Je suis désolée. Du coup ce chapitre est un peu plus long, ça rattrapera peut-être. :mrgreen:
Hey !
Mmh... ça veut dire que plus tu es en retard, plus le chapitre est long ? :ugeek: non je vais pas faire en sorte de te mettre en retard la prochaine fois, t'inquiète eyes

— Je suis bien, là, avoua-t-il.
Mooowww
Je ne voulais plus le voir partir. Mourir. Ni en vrai, ni en vision.
Moi non plus
— J’aime quand tu souris, déclarai-je.

Une seconde s’écoula, puis ses lèvres s’étirèrent. Ses traits s’étaient faits doux. Il affichait plus de gaieté. C’était exactement ce que j’avais aperçu, dans ma vision, juste avant que Lucian ne s’en prenne à lui.

— Ne cesse jamais de le faire, le suppliai-je presque. Exactement de cette manière.

Parce qu’il éclairait tout, ainsi. Il chassait l’obscurité pour apporter du bien-être. Et j’en savais quelque chose : j’étais faite d’ombres. Sa présence était plus apaisante que je ne l’aurais jamais imaginé.
Il attrapa ma main pour en embrasser la paume. Une chaleur diffuse se répandit sur mes joues et dans mon corps.

— Tant que tu seras là j’aurai une raison de sourire, répondit-il.

Je me sentis fondre.
Moi aussi je me sens fondre *-* *-* *-* *-* *-*

— Alors, ça fait quoi de perdre contre une humaine en ayant des réflexes de vampire, hein ? Pour la troisième fois d’affilée ? le narguai-je.
— Réflexes de vampire que je n’ai pas vraiment. Et c’est un jeu-vidéo, cela ne me demande pas d’utiliser mes réflexes de v…
— C’est bien une phrase de perdant, ça ! rétorquai-je.
xDDDDDDDDDD

— Ne touche pas à mes affaires ! grommela-t-il. Sinon je te livre au clan Lane !
— Faudrait déjà que tu puisses te lever !
J'suis morte :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:
— C’est quand tu veux, pour une revanche ! lançai-je.
— Je ne bouge pas d’ici de toute façon, rétorqua-t-il avec ironie.

Nous nous regardâmes pendant quelques secondes, puis pouffâmes de rire tous les deux. Emma haussa les sourcils et Adam eut l’air perplexe. Il était vrai que notre humour était plutôt sarcastique.
Ils me fument tous les deux xDDDDDDDDDDD

Alors que j’allais sortir de la chambre, je vis Emma se pencher vers Stuart. Il leva une main pour la porter à sa joue et… ils s’embrassèrent.
:o :o :o :o :o :o :o TROP BIEN !!!!!
— Et si tu te calmais ? me proposa-t-il.
— Nan, rétorquai-je instantanément.
xDDDDDDDDD
— Et ils sont tous restés, hein ? insistai-je.
Harper grimaça, frustrée.
— Ouais, grommela-t-elle.
— Super. Alors l'humaine qui ne peut pas fasciner un vampire vous emmerde bien cordialement.
Elles froncèrent les sourcils et je me demandai si j’avais un bon instinct de survie. Puis le coin des lèvres de Crystal frémit.
— D’accord, c’était bien joué, avoua-t-elle.

Je me tournai vers les autres. Adam était hilare. Cela ne m’étonnait pas de lui. Je venais de faire l’équivalent d’un gros doigt d’honneur aux Harpies.

— Il n'y avait rien à voir en fait, les informai-je. Bon, j'ai faim du coup.
xDDDDDDD P*tain mais Neeve elle est trop forte en fait :lol: :lol: :lol: :lol: C'est une génie

— Je peux faire l’appât ! Il voudra s’attaquer à moi et non à une autre femme. Je l’attirerai à l’extérieur et tu pourras lui tomber dessus.
Neeve au début du roman : a peur des Vampires, même des River
Neeve maintenant : Idée de génie Hé ! Viens je vais faire l'appât pour un vampire et toi tu le dézingues !!

Lorsque j’avais rejoint Adam en décrétant que j’étais prête, il s’était figé un instant en me voyant. J’avais dû me retenir de sourire avec satisfaction. Et de rougir, aussi. J’avais eu l’impression d’être… comme un bonbon, à ses yeux.
eyes eyes eyes eyes eyes eyes

— J’attends quelqu’un, lui dis-je pour qu’il me laisse tranquille.
— Ah. Mais il n’y a personne, en attendant…
Là, je vis rouge. Je me tins bien droite, la tête haute, rassemblant tout l’aplomb dont j’étais capable.
En attendant rien du tout, fis-je sèchement. Dégage.
Il eut le réflexe de rire. Je me sentais bouillir.
— Je crois que tu ne m’as pas très bien comprise. J’ai. Dis. Dégage, répétai-je en appuyant sur les mots afin que ça rentre bien dans son crâne d’imbécile.
Il est bouché celui-là ou quoi ? Attends je vais le déboucher à coup de pied au c*l on va voir s'il continue de rien entendre
L’homme se mit à pâlir, tout à coup. J’étais surprise de parvenir à l’impressionner ainsi. Il leva ses deux mains et recula, avant de détaler. Je le suivis des yeux, puis un sourire de pure satisfaction naquît sur mes lèvres.
Puis je me retournai et sursautai en voyant Adam. Je clignai des yeux. Le choc passé, je me mis à râler :

— Pendant une seconde, j’ai cru que c’était moi qui lui avais fait peur…
:lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:
— Vous paraissez inquiète, s’éleva sa voix.
Pour le coup, je ne fis même pas semblant de sursauter. Au moins, cela me plongeait dans mon rôle. Je gardai les yeux baissés.
— Il est toujours là… ? murmurai-je à l’homme.
Je tournai légèrement la tête pour apercevoir Adam, puis regardai à nouveau le comptoir du bar en pestant.
— J’ai l’impression qu’il me suit, soupirai-je.
Punaise mais Neeve elle a des idées, je sais pas où elle les trouve mais elle est vraiment maline !
La jeune femme avec qui il discutait plus tôt, s’éloigna, vexée d’avoir été laissée de côté. Au-delà du fait que je lui avais peut-être sauvé la vie, elle était offensée en voyant qu’un homme s’était intéressé à la détresse d’une autre, qui était suivie ?
On vivait dans un monde bien étrange.
J'avoue
— Je ne pense pas qu’on boirait la même chose, lança-t-il.
Hahahaha rire nerveux

Il me rejoignit et se mit à danser avec moi. Je parvins à ne pas tressaillir lorsqu’il mit ses mains sur mon bassin.
Euuuuh tu te calmes ou je te calme
En plus je suis sûre il danse comme un manche

— Bientôt, vous les verrez d’encore plus près, ma jolie, susurra-t-il à mon oreille, afin que je puisse l’entendre par-dessus la musique.
Il est ouf lui :o :o Bon après c'est un frénétique mais quand même on est sur du high level là


Mais quelle puissance *-* Neeve elle est vraiment forte, je l'admire énormément *-*

J’étais si soulagée que ça soit terminé, que nous allions bien tous les deux, que j’eus subitement envie de réduire la distance entre nous pour l’embrasser, alors que tout se mélangeait, dans mon esprit. Mes yeux se posèrent sur ses lèvres et, quand ils remontèrent, je constatai que son regard avait pris une teinte écarlate encore plus vive.
eyes eyes eyes eyes eyes

Avant que je n’amorce le moindre geste, nous entendîmes la musique provenant du bar, plus loin. Quelqu’un devait avoir ouvert la porte. Nous revînmes à la réalité.
Roooh shit. Bon en même temps j'imagine que s'embrasser là où on a buté un vampire aurait été de mauvais goût après réflexion :lol: :lol:
Cette fois, il me regarda. Sa main vint à nouveau étreindre la mienne et je la serrai.
Mon
Coeur
Fond


Wow quel chapitre *-* ça valait tellement le coup d'attendre ! Toute cette action là *-* Neeve elle a vraiment beaucoup évolué depuis le début du roman c'est incroyable *-*
En bref, c'était un super chapitre et comme d'habitude j'ai trooooooop hâte de lire la suite *-* :D
Pendergast

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 19)

Message par Pendergast »

Bonsoir, toujours aussi excellent, un long chapitre passionnant et Neeve nous étonne de plus en plus ! Bonne soirée
Chlawee

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 20)

Message par Chlawee »

Bonjour à tous ! :D Alors ce chapitre est... long. :lol: Trèèèèès long, je suis désolée. Genre vraiment. Navrée. Au point que j'ai dû le poster en deux messages. :lol: Pour vous donner envie, au programme : de l'amour, du sang, la mort... Blablabla. Non mais à la fin, quand j'aurai bien tout relu, je re-découperai les chapitres. :mrgreen: Enfin bref j'espère qu'il vous plaira parce qu'il est assez riche en... à peu près tout. :lol: Les ennuis ne sont pas terminés.
Bonne lecture ! :D

Chapitre 20


Quand nous rentrâmes au manoir, Lucian nous y attendait de pied ferme. En nous voyant, il nous servit son meilleur air sévère et sa plus belle posture autoritaire, à savoir les bras croisés et un regard foudroyant. Dans un premier temps, il m’observa, afin de s’assurer que je n’avais rien, puis il passa à Adam.

— Vraiment, Adam ? lui lança-t-il.

Pour ma part, mon cœur se serra en le voyant. Des images de ma vision me revinrent. J’avais envie de courir vers lui pour le prendre dans mes bras et de m’interposer entre les deux. C’était assez perturbant, comme émotion.
Le vampire aux cheveux blond foncé leva les deux mains.

— Elle est en un seul morceau, non ? répondit-il avec un air désinvolte.

Ouais. Il disait ça maintenant, mais j’avais ressenti son inquiétude et sa colère le long du trajet. Il était encore plongé dans ce qu’il s’était passé. Ce n’était que vers la fin, qu’il s’était détendu. Je m’étais mise à décrire des cercles de mon pouce sur sa paume, alors qu’il tenait encore la mienne.

Lucian se pinça l’arête du nez. Finalement, j’optai pour l’étreinte, en voyant qu’il avait vraiment eu peur. Je m’approchai et mis mes bras autour de lui. Il me prit dans ses bras en retour et laissa échapper un long soupir de soulagement.

— Je vais bien, le rassurai-je.
Je me reculai un peu pour pouvoir le regarder.
— Tout s’est bien passé, ajoutai-je. Je n’ai pas été blessée et Adam a maîtrisé le Frénétique en un rien de temps.
Je ponctuai ma phrase d’un rictus victorieux, pour détendre l’atmosphère. Il haussa un sourcil puis eut un léger sourire.
— « Frénétique ». C’est un nom qui convient bien, approuva-t-il après avoir été apaisé.

Ah ? Je pensais qu’ils les nommaient déjà ainsi. Je pourrais déposer un brevet.
Il ébouriffa gentiment mes cheveux.

— D’accord, d’accord. Mais la prochaine fois, prévenez-moi, que j’évite de frôler la crise cardiaque, nous demanda-t-il.
— Ton cœur ne bat plus, vieille charogne, le taquina Adam en retour.

Lucian lui adressa un regard qui valait toutes les injures du monde. Cela ne fit qu’amuser un peu plus l’autre vampire.
Mon sauveur se tourna ensuite vers moi.

— Tu ferais mieux de te reposer, me conseilla-t-il.
J’acquiesçai. Il regarda ensuite Adam avec une expression dédaigneuse.
— Et toi, va te nourrir, que tu puisses enfin ranger ces crocs, grommela-t-il.
L’intéressé fronça les sourcils, comme si Lucian l’avait un peu offensé. Je retins un petit rire.
— Qu'est-ce qu'ils ont mes crocs ? râla-t-il.
Lucian ne répondit pas et quitta le couloir. Je fis face à mon complice et désignai ses canines.
— Tu dois être encore un peu sur les nerfs, lui indiquai-je. Et tes yeux sont encore rouges.

Il parût enfin se rendre compte qu’il avait manqué de contrôle, là-dessus. Il resta silencieux quelques secondes et fit en sorte de se calmer. Ses iris retrouvèrent toute leur obscurité et ses crocs se rétrécirent.

— C’est mieux ? me demanda-t-il.
J’eus l’audace d’afficher un sourire en coin.
— Je n’ai pas dit que ça me dérangeait, moi, plaisantai-je.

Je me haussai sur la pointe des pieds pour l’embrasser sur la joue, puis je m’éloignai à mon tour, direction ma chambre.

~


Après avoir pris une longue douche chaude et avoir enfilé ma chemise de nuit violette - celle que je portais dans mes rêves avec Adam, car elle me procurait un peu de réconfort -, je tentai de m’endormir. Une heure passa. Puis deux. Mon corps semblait encore secoué d’adrénaline, même s’il était aussi épuisé. J’étais trop en état d’alerte, encore. Quand je fermais les yeux, j’avais l’impression d’être à nouveau près du Frénétique, plaquée contre le mur du bâtiment, tandis qu’il tentait de m’hypnotiser. Puis cela me renvoyait au vampire qui avait tenté de m’enlever, à l’université. Je le sentais m’agripper, puis le voyais être réduit en cendres, encore et encore. Et invariablement, j’étais ramenée à l’agression de ma mère. Lorsque je compris qu’essayer de dormir ne ferait que me rendre nauséeuse et tremblante, je me résolus à quitter mon lit.

Je me levai et me rendis au salon du manoir. Il n’y avait personne. Je souris en voyant un bol de bonbons sur la table. Emma avait dû les laisser là après son film. Et en parlant de films…
Tout en cherchant la télécommande, je me mis à fredonner. Petit à petit, ma voix se fit plus puissante, même si je n’haussais pas vraiment le ton. Je faillis lâcher l’objet que je cherchais quand je vis que des ombres s’échappaient de mes mains. Je cessai immédiatement de chanter et clignai plusieurs fois des yeux.
Qu’est-ce qu’il m’arrivait ?

Je mis ça sur le compte de mon état de fatigue. Je grimaçai quand je me mis à entendre la mélodie de la flûte, dans ma tête. Je grommelai quelque chose de vaguement insultant et maudis cet instrument ainsi que toute sa famille des vents sur plusieurs générations. Cela n’avait que très peu de sens.

J’allumai la télévision et piquai un bonbon dans le bol. Je le jetai en l’air et le rattrapai avec ma bouche. Je n’avais pas perdu la main. Je recommençai plusieurs fois, avant de décider de jouer autrement, tandis que le son émanant des haut-parleur prenaient petit à petit le dessus sur la musique jouée dans ma tête. Je me concentrai et quelques sucreries se soulevèrent. En souriant, je les rassemblai dans les airs, leur faisant prendre diverses formes.

— Tu t’amuses bien ? entendis-je.
Les bonbons retombèrent sur la table. Adam vint s’assoir avec un sourire en coin. Je tournai la tête vers lui.
— Je m’amusais bien, rectifiai-je.
— Mais je t’en prie, continue.

Je reniflai et pris un air faussement vexé devant son expression moqueuse. Je fis s’élever à nouveau les bonbons, et formai un doigt d’honneur avec. Il rit.

— Très mature, lâcha-t-il.

Pour toute réponse, j’en dirigeai deux droit sur lui. Il leva une main et les friandises furent stoppées dans leur trajectoire, à quelques centimètres de lui. Elles restèrent suspendues dans les airs. Je croisai les bras.

— Tu triches. Tu as des réflexes de vampire et ce pouvoir, râlai-je.
— C’est ainsi.

Un jour, j’allais l’atteindre. Un jour.
Il pencha la tête sur le côté.

— Tu portes la chemise de nuit…, remarqua-t-il.
Je baissai les yeux sur ledit vêtement.
— Oh. Oui. J’avais envie de la mettre, souris-je.
Je décidai de remettre les bonbons dans le bol et de les laisser tranquille. Je m’affalai contre le dossier du canapé.
— Qu’est-ce que tu regardes ? me demanda-t-il.
— Rien, encore.

Je pris la télécommande et zappai.
Je finis par tomber sur une série policière.

— Tiens, ça à l’air bien ça ! m'exclamai-je en avisant l'écran. C’est un bon moyen de décompresser.
— En regardant des meurtres ? Des effusions de sang ? fit-il, sarcastique.
Il n’avait pas tort.
— Tu sais, on aurait pu faire des paris sur l’assassin. Tiens, j’aurais parié sur lui, là ! dis-je en désignant un type au hasard qui avait le malheur d'entrer en scène au moment où il ne fallait pas. Sous ses airs angéliques il a tout de même l’air louche…
— Tu n’as même pas vu le début de l’épisode.

Je lui tirai la langue et zappai encore une fois, bien décidée à trouver quelque chose. Je n'avais absolument pas envie d'aller me recoucher. En tout cas, Adam prenait grand soin de critiquer chaque programme sur lesquels je m’arrêtais. Il le faisait exprès.

— Je ne t’ai pas demandé de regarder avec moi, hein, grognai-je.
— Oui, mais je manquerais de nombreuses occasions de t’emmerder.
Je plissai les yeux dans sa direction.
— C’est vrai que ça serait dommage, ironisai-je.

En réalité, ça m’amusait beaucoup. Et il le savait, le bougre.
Le silence retomba sur nous, et je regardai sans trop la voir l’émission de danse qui passait. J’étais presque avachie et j’aurais pu m’endormir, mais impossible. Et je n’avais que trop conscience de la présence d’Adam juste à côté de moi.

— Merci, soufflai-je au bout d’un moment.
Il tourna la tête vers moi.
— De quoi ?
— De ne pas penser que je suis en sucre. Et parce que… ça m’a vraiment fait du bien. D'utiliser mon pouvoir, ainsi, sans le craindre, mais plutôt pour qu’il m’aide… Sans compter que je voulais vraiment être utile. Et parce que tu m’aides aussi chaque jour. Vraiment, c’est bénéfique. Alors merci.

Mes paroles avaient été débitées à une vitesse folle, comme si j’avais peur de les retenir si je me laissais le temps de réfléchir. Ou comme si elles attendaient depuis longtemps d’être prononcées.
Ses yeux rencontrèrent les miens et pendant de longues secondes, il ne dit rien.

— On forme une équipe, maintenant, répondit-il.
Un grand sourire étira mes lèvres, et je hochai la tête. J’aimais beaucoup cette idée. Une équipe.
— C’est moi qui te remercie, ajouta-t-il avec douceur.
Je lui jetai un regard inquisiteur. Cette fois, ce fut à moi de demander :
— De quoi ?
Lentement, le coin de ses lèvres se releva, mais le résultat était plus tendre que malicieux.
— D’être dans ma vie, souffla-t-il.

Mon cœur manqua un battement. Il avait dit cela avec tellement de naturel, sans vouloir en rajouter mais sans cacher non plus ce qu’il ressentait.

— Qu’est-ce qu’il se passera si tu te maries ? Ou… si je pars ?
Son regard s’assombrit.
— Je préfère ne pas y penser, répondit-il.
J’acquiesçai.
— Mais si tu partais, je pense que je ne pourrais pas m’empêcher de te chercher, poursuivit-il. Et je te rappelle que tu as promis d’être là pour mon anniversaire.
Je souris, attendrie.
— Et il y aurait toujours les rêves…, murmurai-je.
— Je ne pourrais pas me contenter de rêves.

Moi non plus. D’ailleurs, ce serait bien triste de ne compter que sur des miettes, à défaut de pouvoir avoir plus. Mais là, tout de suite, j’avais envie de me raccrocher à n’importe quoi.

— C’est ce que tu voudrais, partir ? me demanda-t-il d’un ton bas.
Je me mordis la lèvre, puis finis par soupirer.
— Je sais que je ne veux pas partir, admis-je. (Il se redressa et je vis une lueur d’espoir dans son regard, qui me fendit le cœur.) Ce que je ne sais pas en revanche, c’est si ce ne serait tout de même pas mieux pour tout le monde.
Il secoua vivement la tête.
— Non, affirma-t-il. Ce ne serait pas mieux. La situation ne changerait pas tellement. Parce que j’étais sérieux, je suis certain que je te chercherais. Ou bien je partirai avec toi, si tu le veux bien.

Son ton était si sincère et ses paroles si belles, pour moi, que je me sentis fondre et que les larmes me montèrent aux yeux. J’avais envie de l’embrasser, là tout de suite.

— Mais… Savari…
— Je trouverai une autre solution. Ce n’est pas possible autrement. Je ne pourrai pas te laisser. Jamais. Je n’accepterai pas que Savari nous sépare. Et je ne laisserai pas non plus Brooke entre ses mains. Je suis prêt à me battre. Ned aussi.

Je baissai les yeux et eus une moue pensive. Moi aussi, j’étais prête à me battre, s’il le fallait. Seulement… face à l’armée du roi, nous ne ferions sûrement pas le poids. Cela se finirait en bain de sang.

— Nous trouverons autre chose, assurai-je.

Et si ce n’était pas le cas… alors je m’effacerais. Peut-être qu’en fin de compte, il pourrait tout de même épouser Brooke. Faire semblant. Même si cela était une souffrance de le penser, au moins, personne ne mourrait. Même si Ned lutterait pour elle, peut-être qu’il resterait sage en voyant qu’elle était entre de bonnes mains. Seulement, il ne pourrait sûrement plus vraiment l’approcher. Savari pourrait déceler leurs odeurs mêlées.
Mon dieu, c’était horrible. La meilleure solution restait vraiment d’en trouver une autre.

— Un jour Savari va être assassiné, et il ne faudra pas se demander d’où ça vient, ajouta-t-il.
C’était dit sur un tel ton sarcastique, que j’en ris nerveusement.
— Tu vas t’en charger ? lançai-je.
— Oh, j’aimerais bien. Ou Ned. Il a l’air de n’attendre que ça.
Il redevint sérieux.
— Je crois qu’il va bientôt nous rendre visite…
Je grimaçai. Il ne manquait plus que ça.
— Je suppose qu’on saura l’accueillir chaleureusement, plaisantai-je.

Le silence retomba autour de nous et je tendis la main pour attraper la sienne. Il la caressa du pouce, distraitement.

— Tu n’es vraiment pas obligée de partir si tu n’en as pas envie, reprit-il dans un chuchotement.
J’eus un petit sourire triste.
— Je n’en ai pas envie, confirmai-je. Ici, je peux enfin être moi-même. Ne plus me cacher. Et au final… j’ai la sensation d’avoir trouvé une famille. Et je t’ai trouvé, toi. Je crois que si je pars, je rappliquerai en vitesse au manoir dans les jours qui suivent.
— Mon manoir a un charme fou. À l’image de son propriétaire.
J’éclatai de rire.
— Un point pour toi, lui accordai-je. Mais… si le propriétaire me suit en dehors du manoir, alors ce sera peut-être plus simple de ne pas revenir. Sans vouloir offenser ce sublime bâtiment, bien sûr.
Le sourire de Sander fut si franc et si beau que je sentis mon cœur battre un peu plus vite.
— Il s’en remettra, promit-il. (Il redevint sérieux.) Neeve… Il n’y a personne qui te manque, à l’extérieur ? Ou quelque chose que tu voudrais faire ?
— Mon amie d’enfance, Carla, me manque. (Je serrai les mâchoires.) Je l’adore et elle a été là pour moi pendant des années. Mais même auprès d’elle… quelque chose me manquait. Mes pouvoirs. Une famille. (Je reniflai.) Je dois être une amie horrible.
— Tu ne l’es pas. Horrible, je veux dire. Ce que tu ressens est normal. (Il se tourna un peu plus vers moi, avec un sourire.) Et si tu me parlais d’elle ?

Je me redressai, déjà prête à raconter pleins de choses.

— Elle est incroyable, commençai-je. Elle a été un soutien inconditionnel après la mort de ma mère. Puis après… Connor. On a fait pleins de conneries ensemble, aussi. Depuis notre plus jeune âge.
— Tu es une rebelle dans l’âme ? s’amusa-t-il.
— Un jour, après l’école, nous sommes allées dans un pré et nous avons cueillis des fleurs. Et comme nous avions faim et que nous avions oublié notre goûter, nous avons frappé aux portes et prétendu vendre ces fleurs pour une association à l’école, avouai-je. Avec l’argent, on a acheté des croissants et des pains au chocolat.
Un ange passa, puis il pouffa.
— Deux petites pestes, se moqua-t-il.
— Je te l’accorde.
Une pensée me vint.
— Et toi ? Est-ce que tu ne manquerais pas à Lucian, si tu partais ? m’enquis-je.
Même si le début de leur relation n’avait pas été simple, leur amitié était très forte, cela se voyait.
— Si, peut-être, répondit-il. Mais nous pourrions toujours nous voir de temps en temps. Souvent, même. Et je suis sûr qu’April et lui te manqueraient, à toi aussi.
J’opinai. Évidemment qu’ils me manqueraient aussi.
— Et puis, ils sont bien parti pendant des années, eux. Je n’avais aucune nouvelle.

Je fronçai les sourcils, surprise.

— Quoi ? fis-je, effarée.
— Ils sont partis pendant dix ans, deux mois et quatre jours. Non pas que j’aie compté.
Je clignai plusieurs fois des yeux, ayant du mal à assimiler cette information.
— Mais pourquoi ? m’étranglai-je.
— Lucian et moi on a… eu des gros différends. Même si on les a surmonté, il a sûrement ressenti le besoin de s’éloigner. Afin de se remettre de tout ça, lui aussi.

Je plissai les yeux. Je me doutais de la raison. Il culpabilisait de l’avoir transformé et de l’avoir laissé se faire enfermer par Viviane. Il se sentait coupable et avait donc préféré… partir sans laisser de nouvelles.
C’était mal joué de sa part, sur ce coup-là.

— Mmhh.
— Il ne faut pas lui en vouloir, me conseilla-t-il.
— Je n’ai rien dit.
— Non, mais je vois de la fumée sortir de tes oreilles et un nuage noir au-dessus de ta tête. Tu devrais arrêter de regarder des cartoons.

Je lui donnai une bourrade dans l’épaule et il me pinça les côtes en réponse. Je sursautai, étant chatouilleuse. Cela ne lui échappa pas. Il continua et je ne pus m’empêcher de rire.

— Ça suffit, Dracula ! m’exclamai-je. Transforme-toi en chauve-souris et va voler ailleurs !
— C’est tout ce que t’as comme insulte ? railla-t-il.
— Oui mais je peux te balancer le bol de bonbons à la figure ! répliquai-je en tentant de l’atteindre pour lui ébouriffer les cheveux. (Il parvint sans mal à me stopper.) Ou te mettre la tête dans le mur, je n’ai pas encore décidé !
— Arrête ou je te balance dans la piscine.
Je levai les mains en signe de reddition. J’étais sûre qu’il le ferait.
— Ok, ok, capitulai-je. J’arrête.
Je me renfonçai contre le dossier du canapé et croisai les bras. C’était bien trop facile pour lui.
— Tu triches, grommelai-je.
— Évidemment, sinon je n’aurais aucune chance contre toi.

Je secouai la tête. Puis très vite, la réalité reprit ses droits. Je me rendis compte à quel point cela faisait du bien de rire avec lui. Si bien que quand l’arrivée imminente de Savari, ainsi que les agressions auxquelles j’avais pu assister, me revinrent en tête, l’atterrissage fut compliqué. Je ramenai mes genoux contre ma poitrine et les entourai d’un bras.

— Peu importe ce que tu peux dire, ce n’était pas sympa de leur part, repris-je.
Cela me faisait énormément de peine pour lui, que son meilleur ami ainsi qu’April l’aient laissé derrière eux si longtemps.
— Je voudrais te parler de quelque chose, déclara-t-il.
— Oui ?
— C’est moi, Sander.
Je ne m’y attendais absolument pas. Ce fut si soudain que je restai bouche-bée, les sourcils haussés. Il eut l’air gêné.
— Je n’étais pas prêt à en parler, la dernière fois, alors j’ai menti et j’ai préféré dire qu’il était mort. Quand j’ai vu à quel point cela te faisait de la peine, j’ai eu envie de revenir en arrière mais… J’ai paniqué. Je suis désolé. Je ne voulais pas que tu te sentes mal et après ça je n’ai pas trouvé le courage ou le bon moment pour…
Je me mis sur mes genoux et me hissai pour river mon regard au sien. Je pris son visage dans mes mains.
— Ne t’excuse pas pour ça, murmurai-je. Je comprends.

J’étais bouleversée par le fait qu’il ose m’en parler, parce que ce n’était pas rien, pour lui. Et il me faisait assez confiance pour me le révéler.
C’était à mon tour d’être honnête.

— En fait… Je le savais déjà, admis-je.
Son regard se fit interrogateur.
— J’ai vu Lucian te transformer, dans une vision… Te vider de ton sang. Et… tu étais inerte. (Je frissonnai.) Et quand tu es revenu, tu lui as dit ton nom, expliquai-je. Je sais aussi que Lucian s’appelait Thibalt.

J’avais parlé tout bas, afin que personne d’autre n’entende. De toute façon, si un vampire était réveillé, Adam l’aurait sûrement senti et me l’aurait fait comprendre.
Je me mordis la lèvre.

— Plus jamais… Plus jamais je ne veux voir cette lueur qui brille dans tes yeux, s’éteindre. Plus jamais, fis-je d’une voix étranglée.
Il resta silencieux, surpris.
— Je suis désolée. Je n’ai pas contrôlé mon pouvoir, je ne voulais pas volontairement observer quelque chose que tu ne souhaitais pas que je voie…
Il secoua la tête et porta une de mes mains à ses lèvres.
— Ne t’en fais pas, répondit-il. C’est plutôt moi qui suis désolé que tu aies assisté à ça.
Je déglutis. Il mit son front contre le mien.
— Mais cela ne change rien… Sander est quand même mort, en un sens.
— Ne dis pas ça, protestai-je.
— Neeve…
— Non. Tu es Sander. Tu le confirmes toi-même en disant « c’est moi Sander ». Et moi, je le vois. Sander et Adam sont mélangés.

Je restai contre lui, quand le silence revint. Il ne nia pas, mais ne confirma rien non plus. Doucement, il caressa mon bras.

— Pourquoi avoir choisi ces noms-là ? m’enquis-je, afin de revenir sur un sujet peut-être plus léger.
— « Lucian », parce que cela vient de « Lux » et que cela signifie « lumière ». Ça lui a plût, après tout ce qu’il a pu vivre.
— Et toi ?
— J’ai choisi « Adam », parce que je suis le premier homme dans vos cœurs, voyons, sourit-il.
Je lui mis une pichenette sur le torse.
— En réalité, je n’en sais rien, déclara-t-il. J’ai dû choisir au hasard.
Il déposa un baiser sur mon front.
— Je m’appelais Sander Lochan Ceres.
Mes lèvres s’étirèrent.
— J’aime beaucoup.
Je me reculai légèrement.
— Dis-moi… Comment Lucian a-t-il su comment te transformer ?
— Il m’a expliqué qu’il avait déjà vu un autre vampire soigner quelqu’un par son sang. (S’il s’agissait de Viviane, je trouvais ça bizarre.) Plusieurs fois. Peut-être pour garder la victime en vie et mieux la tuer ensuite.

Ah, si, cela devait être Viviane.
Il se rendit compte de ce qu’il venait de dire.

— Pardon, je ne voulais pas te choquer…
— Ne t’inquiète pas, continue, l’encourageai-je.
— Il voulait tellement me ressusciter, qu’il a pensé à cela. Et son instinct l’y a poussé également. Et me voici.

Et le voici… Je n’osais imaginer ce qu’il se serait passé si ça n’avait pas marché. Je chassai d’ailleurs immédiatement cette pensée avant de me mettre à vomir.

— Il y a quelque chose d’inexplicable entre nous, n’est-ce pas ? chuchotai-je.
Il n’eut même pas besoin de demander ce que j’entendais par là. Ce lien étrange qui nous reliait.
— Oui. Mais je le sais depuis toujours.
Avant de fondre en larmes à cause de ces émotions, de ma fatigue et de ses paroles, je pris un air faussement ennuyé.
— Tu peux arrêter de dire des choses qui me donnent envie de t’embrasser ? lâchai-je. Sinon on ne va pas avancer.
— Je suis navré, répondit-il avec une expression innocente. Je suis assez insupportable, dans mon genre, je m’en rends bien compte. Par contre, je suis sérieux. Et ça s’est confirmé quand tu m’as demandé qui était Sander. D’abord, tu m’appelles en rêve sans me connaître, puis ça…
Je souris.
— Tu dois être dans mon esprit depuis longtemps, quelque part. Et tu l’as compris avant moi quand je t’ai parlé de toi, déduisis-je.

Je refusais qu’il parle de lui-même au passé. Je sentais que ce n’était pas seulement pour oublier un épisode terrible de son passé, mais bien parce qu’il pensait que son humanité était morte. Ce qui était faux.

— C’est cela, répondit-il avec tendresse. Tout comme tu étais dans le mien.

Je passai mes mains dans son dos, comblant un peu plus la distance entre nous. Il m’étreignit en retour.
Il leva une main pour placer une mèche rousse derrière mon oreille. Ses doigts restèrent sur ma joue.

— J’ai failli faire foirer la mission à de nombreuses reprises, m’apprit-il soudainement.
Je me lovai contre la paume de sa main avec un regard interrogateur.
— J’étais à deux doigts de rentrer dans le bar pour te sortir de là. J’étais inquiet. Terrifié à l’idée de te perdre. Même si cela voulait dire que nous laissions filer le Frénétique. J’étais sur le point d’intervenir quand je t’ai vu sortir dans la rue pour la suite du plan.

Je soutins son regard, son aveu me touchant. « Terrifié à l’idée de te perdre. » C’en était trop. J’eus comme un déclic. J’en avais assez de me brider pour rester éloignée de lui. Je voulais en profiter tant que nous le pouvions.
J’inclinai mon visage et ma bouche rencontra la sienne. Il me rendit immédiatement mon baiser, signe qu’il l’avait attendu, lui aussi. Avec délicatesse, une tendresse incomparable. Je mis mes mains dans sa nuque et mon buste fut presque collé au sien. Ses lèvres étaient plus froides que des lèvres humaines, même s’il s’était nourri, mais je ne trouvai pas cela désagréable, au contraire. Et elles étaient si douces, contre les miennes.

Il me souleva et je me retrouvai à califourchon sur lui. Le baiser s’intensifia. Je mis une de mes mains sur le dossier du canapé, à côté de sa tête, et l’autre dans ses douces mèches blondes. Une chaleur délicieuse envahit mon corps et alla se concentrer dans mon bas ventre. Je bougeai légèrement les hanches et gémis doucement contre sa bouche. Pendant un instant, j’avais oublié que je n’étais vêtue que d’une chemise de nuit et qu’il n’y avait qu’un sous-vêtement me séparant du tissu de son jean, que je sentais tout de même contre moi.

Je rompis le baiser le temps de reprendre ma respiration et en rouvrant les yeux, je vis que les siens étaient devenus rouges. Cela ne m’arrêta absolument pas. Je l’embrassai à nouveau et une de ses mains remonta dans mes cheveux, tirant légèrement dessus. Je sentis la pointe de sa langue contre mes lèvres et je les entrouvris, afin qu’elle trouve la mienne. Elles entamèrent une danse lascive, enivrante. Son autre bras enserra un peu plus mes hanches, pour me rapprocher encore, ce qui occasionna un autre frottement qui fit grimper mon excitation.
Le baiser n’était plus tendre. Il était passionné. Brûlant. Je sentais les pointes de ses crocs effleurer ma lèvre inférieure, parfois, mais elles ne me faisaient jamais mal. Et je m’en fichais.

Bientôt, mes doigts s’aventurèrent sur son torse et il quitta mes lèvres pour les déposer délicatement dans mon cou. J’aurais pu avoir peur qu’il me morde, mais ce ne fut pas le cas. Je laissai échapper un soupir, tandis que mes paumes entraient en contact avec sa peau, se faufilant sous son tee-shirt. Des images du rêve érotique que j’avais fait, nous présentant tous les deux, me revinrent. J’étais certaine que cela n’avait été qu’un rêve, et non une vision, mais je souhaitai de tout mon cœur qu’il se réalise tout de même.

Je frissonnai lorsqu’il laissa courir ses doigts sur mes cuisses, tandis qu’il parsemait mes clavicules de baisers. Le bas de ma chemise de nuit était remonté et même si sa peau était plus froide que la mienne, j’avais la sensation que son contact était enflammé. De la lave coulait dans mes veines. Avec lui, c’était si simple, si exaltant. Je ne pensais pas ressentir à nouveau du désir un jour, ayant commencé à mépriser mon propre corps, après ce qu’il s’était passé avec Connor. Et là, c’était bien plus que tout ce que je n’avais jamais pu imaginer. Et je voulais qu’Adam m’effleure, qu’il me caresse.

Ma main se serra en poing dans ses boucles blondes. Il me regarda dans les yeux, semblant attendre mon accord, et je hochai la tête. Il m’embrassa à nouveau et mordilla ma lèvre inférieure, me provoquant de nouveaux frissons délicieux. Ses doigts s’aventurèrent plus loin, jusqu’à atteindre le point névralgique de mon désir, par-dessus le tissu de ma culotte.
Mon gémissement fut étouffé par ses lèvres. Je me rendis soudainement compte que nous nous trouvions dans le salon et que n’importe qui pouvait nous surprendre. Nous étions dans notre bulle. Et plus le plaisir grimpait, moins j’arrivais à rester alerte.
Jusqu’à ce que ladite bulle éclate.

Adam rompit le baiser et tourna la tête. Je relevai les yeux juste à temps pour voir une silhouette féminine et de longs cheveux bruns faire demi-tour rapidement dans le couloir.

Merde.
Brooke. Adam ne l’avait pas senti arriver, son attention étant trop détournée.

Il ferma les yeux et soupira. La magie du moment était brisée. Même si elle n’avait rien dit et ne serait sûrement pas en colère, elle n’avait peut-être pas envie de voir ça et devait avoir peur. Peur qu’Adam change d’avis à propos des fiançailles. Même si finalement, c’était déjà fait, en quelque sorte.

À regret, je m’éloignai. Ce n’était clairement pas l’endroit adéquat pour aller plus loin et j’étais sûre que ça ne se poursuivrait pas, ce soir. Pas après ça.
Il se leva à son tour et leva une main vers moi, craignant que je ne le fuie. Je lui souris, un peu tristement.

— Je pensais tout ce que j’ai dit, lui chuchotai-je pour le rassurer.
Je pris son visage en coupe dans mes mains et l’embrassai.
— On trouvera une solution, murmura-t-il.

Je ne savais pas qui il essayait de convaincre, lui ou moi ?
Je hochai la tête, puis me retournai, le cœur meurtri.
Alors que j’allais m’éloigner, l’idée d’être seule dans ma chambre, après tout ça, et de m’éloigner de lui, me frappa de plein fouet. Je m’entourai de mes bras et me retournai.

— Tu veux bien… venir avec moi ? demandai-je d’une petite voix.

Il eut l’air soulagé par ma requête. Il n’hésita pas une seconde et me rejoignit. Je me détendis immédiatement. Il mit une main dans mon dos et nous montâmes les escaliers. Nous gagnâmes ma chambre et je m’empressai de m’engouffrer sous la couette. Il prit place à côté de moi. Sa présence me déclencha des frissons, mais l’envie était retombée. Quelque part, Brooke devait être en plein tourment, même si elle était auprès de Ned. C’était une douche froide.

— Je suis désolée… Je crois qu’il vaut mieux qu’on en reste là pour le moment…
Il fronça les sourcils.
— Pourquoi tu t’excuses ?
J’ouvris la bouche pour répondre, mais ne sus quoi dire dans un premier temps.
— Qu’il n’y ait rien de plus ce n’est absolument pas grave, assura-t-il, et tu n’as pas à te justifier ou à t’excuser de ne pas en avoir envie. Je comprends parfaitement.

Je hochai la tête. Je me rendis compte à quel point Connor avait impacté mes pensées, sur le plan intime. Cela m’avait parût normal de m’excuser de ne pas vouloir aller plus loin.
Adam m’entoura de son bras pour me rapprocher de lui.

— Je vais tuer ton ex, un jour, mon ange.
— Laisse tomber, ça ne vaut pas le coup.
— Je n’en suis pas si sûr…

Ça allait être très dur de le convaincre. Je n’avais plus qu’à espérer qu’il ne croise pas son chemin. Je ne voulais pas qu’il ait un mort de plus sur la conscience. Je me doutais que l’histoire d’Adam était déjà chargée en drames et en émotions.
Il se redressa sur un coude pour me regarder.

— On a d’autres manières de s’occuper, annonça-t-il avec un sourire en coin. On peut dormir ? Discuter ? Regarder des films ?
— On peut discuter de nos films préférés, et dormir ensuite ? suggérai-je en mélangeant un peu le tout.
— Vendu !

Il s’allongea à nouveau et je me blottis contre lui, ma tête sur son torse. Nous nous mîmes à débattre de Star Wars. Il eut l’air outré quand je déclarai que si les sabres laser avaient été remplacés par des pistolets, les choses seraient allées plus vite. Je lui assénai une tape sur l’épaule quand il osa me dire que Gizmo, des Gremlins, n’était pas si mignon que ça. Nous tombâmes d’accord sur le fait qu’il fallait absolument que je lui montre Princesse Mononoke et que nous devrions tous les deux revoir V pour Vendetta. J’eus envie de l’embrasser quand il argua que Rose n’aurait pas pu laisser de la place pour Jack sur la porte, à cause du poids, à la fin de Titanic - le film que j’avais visionné des dizaines de fois -, parce que je n’arrêtais pas de le répéter à Carla et qu’elle ne voulait pas m’écouter. Et je ressentis le désir de l’étouffer avec un oreiller quand il m’assura qu’Aragorn n’était absolument pas le meilleur personnage du Seigneur des Anneaux. Je le soupçonnais d’être jaloux.

Cette conversation m’aida à me détendre et je finis par m’endormir, le sourire aux lèvres.

~


J’étais dans mon ancienne maison, près du salon. Plus loin, je vis mon double tenter de décrocher le cadavre de ma mère.
Non… Ça recommence…
Je voulais me réveiller. Au manoir. Je voulais retrouver Adam. Je ne voulais pas vivre ça.

Adam… Adam… Concentre-toi sur lui…

Je fermai les yeux et mis mes mains sur mes tempes. Mais c’était comme si le son était amplifié. Je ne pouvais pas faire abstraction d’un souvenir. Mes paupières se soulevèrent à nouveau lorsque j’entendis le verre qui se tenait sur le meuble de l’entrée, rouler et se briser sur le sol. Encore ce fichu verre.
Je me figeai. J’étais lucide. Je pouvais voir autre chose.

J’étais dans une vision du passé. Pas dans un souvenir. C’était pour cette raison que j’avais conscience de plus de choses, notamment de la trajectoire du verre, alors que je ne l’avais pas regardé, lorsque c’était arrivé.
Mais alors…

Une voix s’éleva, m’appelant, par-dessus les sanglots de l’autre Neeve, derrière moi, alors que j’avais fait quelques pas en avant. J’écarquillai les yeux et me retournai. Adam était là. Étais-je en train d’avoir une vision et de faire un rêve en même temps ?

— Qu’est-ce que…
— Tu m’as appelé, expliqua-t-il en se rapprochant de moi.

Il regarda la scène macabre qui se déroulait juste à côté et je vis son visage se décomposer. Il fixait la Neeve de dix-huit ans, qui tenait sa mère contre elle après l’avoir détachée. Je crus le voir esquisser un geste. Pour aller l’aider ? Même s’il ne pouvait rien changer, il avait peut-être le même réflexe que j’avais eu, lorsque j’avais souhaité le défendre contre Lucian, quand j’avais assisté à sa transformation.
Il pouvait entrer dans mes visions, si je l’appelais…

— Ne regarde pas, lui intimai-je.
C’était atroce, d’assister à ça. Il détourna les yeux pour se concentrer sur moi.
— Partons, me dit-il en me tendant la main.
Je me retins car, avant de la saisir, je me souvins que j’avais un objectif en tête, avant qu’il n’apparaisse.
— Attends, soufflai-je. Je crois qu’il s’est passé quelque chose.

Je me souvenais de ce que j’avais vu, lors de ma première vision de cet événement tragique. Je me ruai vers les escaliers et regardai en haut.
Une ombre apparût de manière fugace. Une silhouette.

Je m’élançai, désireuse de ne pas la laisser partir sans voir de qui il s’agissait, cette fois. Je sentis la présence d’Adam, derrière moi. Je grimpai les marches et atteignis la fenêtre du couloir, à l’étage. Elle était ouverte. Et par le passé, je m’étais demandé pourquoi c’était le cas. Nous ne l’ouvrions que rarement.
Nous regardâmes à l’extérieur. Plus loin, nous vîmes quelqu’un s’éloigner avec une telle rapidité qu’il ne pouvait s’agir que d’un vampire.

Adam mit une main sur mon épaule et m’étreignit. Il se mit à me chuchoter des paroles rassurantes, afin de dévier nos attentions de mes sanglots de plus en plus déchirants, au rez-de-chaussée. J’enfouis mon visage contre son torse, mille et unes questions me trottant dans la tête.
Qui était ce vampire ? Que faisait-il là ? Était-il arrivé trop tard ou au contraire… était-ce lui, qui avait tué ma mère ? En la faisant pendre, afin qu’on ne sache pas qu’il s’agissait de lui ?

Soudain, de l’air frais caressa mes bras. Je me reculai un peu. À la place du parquet de mon ancienne maison, il y avait de l’herbe. Une rivière. Et plus loin, un saule pleureur. Je soupirai de soulagement.

— Ce sont eux, n’est-ce pas… ? chuchotai-je.
Il caressa ma joue, d’un geste si tendre que je manquai d’éclater en sanglots.
— Les Lane, poursuivis-je. Lucian m’a dit qu’ils étaient des ennemis de mon père. Et ils ont voulu m’enlever. Ils auraient pu tuer ma mère.

Il me serra un peu plus fort contre lui. Le silence nous enveloppa et nous ne bougeâmes pas pendant un moment. Il fallait que je me calme sinon, toute cette histoire à propos des Lane ne serait plus qu’une simple question de survie, pour moi. Ça pourrait devenir une question de vengeance.
Mais j’étais certaine que c’était eux. La coïncidence serait trop grosse, sinon. Mais pourquoi ne pas m’avoir enlevée, à ce moment-là ? Pourquoi avoir attendu ?

Je finis par me reculer et par m’allonger dans l’herbe. Adam fit de même et ma main chercha la sienne. Nos doigts s’entrelacèrent. Il ne dit rien, ne voulant sûrement pas envenimer les choses. Mais ce n’était pas parce qu’il n’intervenait pas qu’il était indifférent à ce qu’il se passait.
Je respirai profondément, tout en fixant le ciel.

— Quand j’étais malade, fis-je subitement, tu m’as dit que tu avais bien connu cet endroit. C’est pour ça que tu le choisis systématiquement quand nous rêvons ensemble ?
Il se mit à décrire des ronds sur ma paume, de son pouce.
— Je ne choisis pas, à vrai dire, répondit-il. Il s’impose à moi quand tu es là. Mais je suppose qu’on pourrait changer le décor, si nous le voulions. Même s’il serait notre point de départ.
— J’aime bien qu’il soit comme ça, notre rêve…
Il sourit.
— Moi aussi. Mais on pourrait modifier un petit quelque chose ? Il faut en profiter, ça fait partie de mon pouvoir.
— Ton pouvoir de manipulation de rêves ?
— Exactement.
— Mais tous les vampires ne peuvent pas changer un songe comme ils le veulent ?
— Les autres vampires pourraient seulement être appelés dans les rêves et assister à ce qui se trouve déjà dedans, sans avoir aucun réel impact. Moi si. C’est ainsi que j’ai pu nous faire changer d’endroit.
Il arbora un sourire empreint de fierté.
— Et c’est pour cela que je peux faire ça, ajouta-t-il.

Il claque des doigts et mon attention fut accaparée par un changement brutal. Ma mâchoire manqua de se décrocher.
Au-dessus de nous, le voile bleuté s’était fait beaucoup plus sombre, avec des nuances de violets caractéristiques au ciel nocturne. Des étoiles scintillaient. C’était époustouflant. Encore plus beau que dans la réalité. Je me sentis pousser des ailes. Nous retrouver ici, avec un tel décor, après ce que nous venions de voir, était un véritable bonheur. Adam parvenait à me distraire de mes sombres pensées comme personne.

— C’est incroyable…, murmurai-je, épatée.
Je devais avoir autant d’étoiles dans les yeux qu’il n’y en avait dans le ciel.
— J’adore regarder les étoiles, quand je le peux.
— C’est vrai ? Alors, mon instinct a visé juste, s’enorgueillit-il.

Le fameux lien. Plus j’y pensais, plus il me paraissait bel et bien réel. Ce n’était pas possible autrement.
Mais j’avais envie de l’embêter :

— Oh, tu sais, nous ne devons pas être nombreux sur terre à ne pas aimer, de toute façon.
— Cesse immédiatement de briser mes espoirs.
Je lui tirai la langue et il grimaça à son tour.
— C’est également possible de créer ce lieu sans dormir, reprit-il. Il faudrait que je te montre l’évasion mentale.
— L’évasion mentale ?
Alors là, j’étais curieuse.
— Je peux nous faire nous échapper de la réalité, créer un monde dans notre esprit, que nous partagerions, sans nous être endormis. Une sorte de… faux rêve.
— J’ai hâte de voir ça, m’enthousiasmai-je. Maintenant que tu l’as dit, tu as intérêt à le faire.
— Bien sûr, sourit-il. Je n’ai jamais proposé à quelqu’un de s’évader avec moi.
— Je serai la première…
J’étais touchée.
— Combien de fois es-tu entré dans les rêves des gens, auparavant ? m’enquis-je.
— Je ne sais pas. Seulement quelques fois, parce que des gens m’avaient croisé et s’étaient souvenus de moi, ou de mon aura un peu étrange, pour des humains. Mais je restais le plus discret possible et ne modifiais rien. Ou seulement quand il s’agissait de cauchemars, pour les aider un peu.

Et il disait qu’il n’avait plus son côté humain ? C’était adorable de sa part, de faire ça.

— Il n’y a que dans les tiens, que j’aime mettre le bazar, railla-t-il en me pinçant le bout du nez.
J’eus un petit rire et englobai le lieu d’un geste du bras.
— Et quel
bazar tu mets ! plaisantai-je. Tu es vraiment infernal.
— Je peux arrêter si tu le souhaites, répondit-il avec un sourire carnassier.
— Non, ça va aller. Et entre vampires, c’est possible ?
Il eut une moue pensive.
— Je crois. Je n’ai jamais expérimenté cela, fit-il avec nonchalance.
Je me relevai sur un coude.
— Tu t’
évades tout seul alors, d’habitude ? le questionnai-je doucement.
— C’est exact.
— Et où est-ce que tu te rends ? m’intéressai-je.
Il eut un sourire en coin.
— Ici.
— Mais…
— Je ne vois pas cet endroit, sans toi. Et quand je dors… Disons que c’est bien moins joyeux et que je fais en sorte de dormir le moins possible.

Mon cœur se serra à son aveu. Je n’en avais vu que très peu, de son passé, et c’était déjà beaucoup. Je n’osais imaginer ce qui avait pu lui arriver en quatre-cents ans.

— Alors quand ça me manque, j’utilise ce pouvoir, conclut-il.
— Tu as bien raison.
Je mis ma tête sur son torse. Il passa un bras autour de moi et planta un baiser sur le sommet de ma tête.
— Ça va aller, mon ange…, murmura-t-il. Ça va aller…

Je me mis à sourire en entendant ce surnom et je sentis mon cœur fondre. Attendrie, je hochai la tête et me blottis un peu plus contre lui.
Ici, nous étions plus sereins. Personne ne pouvait venir nous déranger, à moins qu’on ne nous réveille.
Le sourire aux lèvres, je me mis à siffloter. Il mit quelques instants avant de reconnaître la chanson.

— Tu es sérieuse ?
— Quoi ? Tu n’aimes pas la Belle au Bois dormant ? Je trouve que ça s’applique bien à notre cas. On s’est vu au beau milieu d’un rêve !
Je poursuivis la mélodie de « J’en ai rêvé ».
— Je suis ton prince charmant ?
— Charmant, oui, un prince, je ne sais pas. Tu es prince ?
— Pas à ma connaissance.
— Alors ça répond à ta question, le taquinai-je.
Il se mit à me chatouiller. Quel dommage qu’il se soit rendu compte de cette faiblesse. Même en songe, je n’étais pas immunisée.
— À cause de toi je vais l’avoir dans la tête pendant trois jours ! me reprocha-t-il, amusé.

Je me tordis de rire sous ses attaques.
La présence de l’autre était comme un baume, sur nos blessures. Grâce à lui, je parvins à m’apaiser et j’eus la sensation qu’il en allait de même pour lui. Nous faisions de notre mieux pour laisser le souvenir de ce qu’il s’était passé dans mon ancienne maison, loin de nous, ainsi que notre passé, d’une manière générale.


~


Je disposai les cookies dans la boîte, puis refermai le couvercle. Quelques heures plus tôt, j’avais croisé Emma, mais à la place de son éternel sourire jovial, je n’avais trouvé qu’un petit rictus un peu triste. Elle avait les traits tirés, les yeux cernés, mais pas à cause de la soif. Quand je lui avais demandé ce qui n’allait pas, et si elle voulait en parler, j’avais cru voir des larmes rouges perler dans son regard avant qu’elle ne m’assure que tout allait bien.

Au-delà du fait que la voir ainsi me brisait le cœur, parce que j’adorais ce petit bout de femme, si Emma n’allait pas bien, c’était qu’il s’agissait de quelque chose de grave.
Je me rendis à sa chambre et frappai à la porte. N’obtenant aucune réponse, mais sachant très bien qu’elle était là, je réitérai. Elle finit par venir m’ouvrir.

— Je t’assure que ça va, ronchonna-t-elle avant même que je ne dise quoi que ce soit.
— Je n’en ai pas l’impression. Je peux entrer ?
J’ouvris le couvercle de la boîte, puis tendis les bras pour l’exposer sous son nez.
— J’ai des cookies, déclarai-je comme si ces gâteaux étaient la réponse à tout.
Je plaquai un sourire innocent sur mon visage.
— Tu oses essayer de m’amadouer avec des cookies ? fit-elle, les yeux plissés avec un air suspicieux.
— Ils sont aux pépites de chocolat, insistai-je.
Elle croisa les bras.
— Avec de la vanille, ajoutai-je.
Elle parût y réfléchir.
— C’est bon, entre, soupira-t-elle.

Emma me prit la boîte des mains quand je passai devant elle. J’avais eu bon instinct.
J’allai m’asseoir sur le rebord de son lit et elle me rejoignit. Elle piocha un cookie et commença à manger. J’attendis patiemment qu’elle veuille bien me parler et si elle ne le faisait pas, je voulais tout de même qu’elle comprenne que j’étais là, si besoin. Le silence s’étira, puis je remarquai que ses mains commençaient à trembler. Elle baissa les yeux et je vis une larme rougeâtre couler sur sa joue.

Je me rapprochai d’elle et l’attirai contre moi, sa tête sur mon épaule. Rapidement, un sanglot lui échappa et ma poitrine se serra. Je me mis à frotter doucement son bras, ne sachant pas quoi faire.

— Tu es sûre de ne pas vouloir en parler ?
Elle renifla.
— Stuart ne se sentait pas bien ce matin…, débuta-t-elle d’une voix étranglée.
Oh…
— Parfois… Parfois il a des crises, à cause de son état… Et à chaque fois j’ai l’impression qu’il va…

Elle n’eut pas besoin de terminer sa phrase. J’eus comme un sursaut, intérieurement, mais je ne laissai rien paraître, de peur de retourner le couteau dans la plaie. Je la serrai un peu plus fort contre moi.

— Mais il va bien…, ajouta-t-elle, comme pour se convaincre elle-même. J’ai juste… J’ai juste eu très peur…

Je déposai un baiser sur le sommet de sa tête. Je n’osais pas imaginer ce qu’elle était en train de vivre. De voir l’homme qu’elle aimait dans cet état. De savoir qu’il allait finir par mourir, alors qu’elle continuerait à vivre.

— Et je vois bien qu’il s’en veut, continua-t-elle. Il s’en veut parce que ça me fait peur et que ça me fait de la peine, mais il n’y est pour rien ! Et moi, je me déteste de ne pas pouvoir masquer mes émotions…

Sa voix dérailla sur la fin et elle fondit en larmes. Ses épaules étaient secouées de gros sanglots et je sentis mes yeux me piquer. Je la gardai contre moi et me mis à la bercer, tandis que la tempête passait.

— Ce n’est de la faute de personne, Emma…, lui murmurai-je. Ni de la sienne, ni de la tienne. Et vous êtes incroyablement forts, tous les deux. Tu l’es. Ne pense pas le contraire…

Elle ne répondit pas et se laissa petit à petit tomber jusqu’à se retrouver avec la tête sur mes cuisses. Je portai une main à ses cheveux pour la réconforter.

— Ne te déteste pas… C’est normal de ressentir cela et on ne peut pas toujours le cacher. Et tu es la femme la plus douce que j’aie pu rencontrer. Tu es courageuse, rayonnante, incroyable.
Cela lui arracha un rire, qui était probablement nerveux.
— Tu veux peut-être que je prenne la grosse tête ? me lança-t-elle.
J’eus un petit sourire triste.
— Je te le répéterai aussi longtemps qu’il le faudra, la prévins-je.
— Et si… s’il en avait assez que je réagisse comme ça ?
— Ma belle, il t’aime. Ça se voit. Et s’éloigner de toi est bien la dernière chose qu’il veut. Et je suis sûre qu’il ne te voit pas ainsi. Quand il te regarde, c’est comme si tu étais son soleil. Et toi et moi, nous savons à quel point il l’aime, le soleil. Et pour lui, tu l’éclipses facilement.

Elle ne répondit rien mais ne se recula pas. Nous restâmes un moment ainsi, jusqu’à ce que ses larmes se tarissent. Elle finit par se redresser et se sécha les yeux.

— Merci… Je crois que j’avais besoin de craquer un bon coup, soupira-t-elle.
Je mis une main sur son épaule.
— Ça sert à ça les amis, souris-je.

Elle opina.
Je décidai de passer un peu plus de temps avec elle. Je n’avais pas oublié le fait qu’elle m’avait proposé de regarder un film. Ce que nous fîmes, assises au fond de son lit, sur son ordinateur.
Et pendant environ deux heures, elle put penser à autre chose.

~


Je mordis dans mon beignet à la framboise, tandis que Madelaine me parlait de ses lectures préférées. J’étais allée la voir à sa librairie, comme je le lui avais promis, même si j’avais mis un peu de temps avant de me décider à le faire. En retour, elle avait assuré qu’elle viendrait un jour à la chocolaterie, histoire de « faire notre chiffre d’affaires ». En effet, elle paraissait aimer les sucreries au moins autant qu’Emma. Ce qui était beaucoup.

— Je pourrais te prêter des livres, si tu veux ! me proposa-t-elle avec enthousiasme.

J’opinai en souriant. Je n’étais pas une grande lectrice, ces derniers temps, mais je pourrais peut-être m’y remettre. De plus, j’avais eu tendance à fuir tous les romans fantastiques, ma première expérience avec le surnaturel m’ayant laissé une très mauvaise impression et une phobie de tout ce qui pouvait représenter les vampires. J’avais du retard à rattraper.

— Et on pourrait en parler quand on se verrait !

Ses yeux pétillaient, en véritable passionnée qu’elle était. Cela mettait du baume au cœur. Puis, se rendant compte de ce qu’elle venait de dire, elle baissa les yeux et eut un air gêné.

— Enfin… si tu veux bien. Excuse-moi, je suis sûrement un peu insistante, surtout qu’on ne se connaît pas depuis longtemps, soupira-t-elle.
Je secouai la tête et levai les mains.
— Ne t’excuse pas, lui répondis-je. J’aime beaucoup cette idée.
Je haussai une épaule.
— Et puis tu n’es pas la pire compagnie qui soit, ajoutai-je sur le ton de la plaisanterie.

Cela la fit rire.
J’avais la sensation que Madelaine était plutôt seule. Je n’avais pas eu de vision à propos d’elle, mais j’avais le sentiment qu’elle n’avait pas eu de chance dans sa vie et qu’elle s’accrochait au peu de joie que l’existence pouvait lui donner. J’ignorais tout de son passé, mais à l’idée qu’une femme aussi adorable, serviable et enthousiaste puisse être seule, le tout en essayant de cacher au mieux sa tristesse, j’étais horrifiée.
Je ne voulais pas continuer à la voir parce qu’elle me faisait de la peine, mais parce que je l’appréciais bel et bien. Et j’avais envie qu’elle se rende compte qu’elle ne méritait pas ça.

La porte du café s’ouvrit, et je vis Emma entrer. Je l’avais invité, afin de lui changer les idées, à elle aussi. Je lui fis un grand signe de la main et elle sourit en nous voyant. Elle s’assit en face de moi et à côté de Madelaine, et elles firent les présentations. Emma sembla la mettre tout de suite très à l’aise. En même temps, mon amie avait ce pouvoir-là. Et je manquai d’éclater de rire quand elle passa une commande mirobolante. D’accord, la gourmandise de Madelaine n’arrivait finalement pas à la cheville de celle de la vampire.

Tout en buvant mon chocolat chaud, je les observai, alors qu’elles discutaient d’un film à renfort de grands gestes pour illustrer leurs propos, et de sourires.

Je me rendis compte que là, ici, avec elles, je me sentais incroyablement bien.

(suite dans le post suivant)
Dernière modification par Chlawee le mer. 22 sept., 2021 6:39 pm, modifié 1 fois.
Chlawee

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 20)

Message par Chlawee »

(suite)

~


En rentrant du travail, le lendemain, je me sentais légère. J’essayais de repousser du mieux que je pouvais toutes les pensées négatives qui auraient pu m’assaillir, ainsi que mes doutes. Profitant du fait d’être seule sur le chemin, je me mis à chanter. Cela m’avait manqué. Cela plaisait aussi beaucoup à Connor, mais justement, ça m’en avait dégoûté, par la suite.

Je sursautai et faillis trébucher quand j’eus une drôle de sensation, comme si un courant électrique venait de me parcourir. Une volute d’ombre s’échappa de mes mains. Je la rappelai en vitesse. Heureusement qu’il n’y avait personne autour…

— Vous vous manifestez quand je chante, maintenant ? C’est nouveau, grommelai-je à l’intention de mes ombres, comme si elles étaient vivantes.

Au début, je n’osai plus chanter, puis je me remis à fredonner doucement. Aucun signe de mon pouvoir. Bien.
J’étais arrivée au portail du manoir, mais je sentis la présence d’un vampire, plus loin. Et c’était une aura que je connaissais, me semblait-il.

Je m’éloignai du portail et avançai dans le chemin. Plus loin, je vis Brooke, qui était adossée au tronc d’un arbre. Elle était pliée en deux, les bras autour de ses genoux. J’écarquillai les yeux et elle releva les siens, ayant senti ma présence.
Ses iris étaient d’un rouge écarlate. Elle avait l’air de souffrir le martyr et des larmes sombres s’écoulaient sur son visage. Je me précipitai vers elle et m’accroupis.

— Brooke…
— Va-t’en ! cingla-t-elle.
— Non, pas alors que tu es dans cet état.
Je remarquai qu’elle avait griffé ses bras jusqu’au sang. Mon dieu…
— Qu’est-ce qu’il se passe ? Comment je peux t’aider ?
— Tu en as déjà assez fait comme ça, rétorqua-t-elle sèchement.
Je fermai les yeux une seconde et pris une grande inspiration.
— D’accord, je comprends qu’avec ce qu’il se passe, tu ne m’aimes pas beaucoup, mais là, tu souffres. Alors…
— Tu ne comprends rien du tout ! me coupa-t-elle avec tant de véhémence que j’eus un mouvement de recul.
Elle me fixa droit dans les yeux, ses traits tordus par la haine. J’eus l’impression d’avoir reçu un coup à l’estomac.
— Tu as débarqué de nulle part pour venir étouffer la dernière lueur d’espoir qu’il me restait pour m’en sortir ! Non tu ne comprends pas parce que tu ne sais pas ce que je vais vivre avec Savari !

Ses larmes, de douleur, de colère et de peine mélangées, redoublèrent.

— Il va m’utiliser… Il va m’utiliser d’une manière…
Elle fut incapable de terminer sa phrase.
— Je ne vais pas seulement être sa maîtresse, je vais être son jouet. Et quand tu regardes à quoi peut ressembler la reine, maintenant, tu comprends qu’il n’a rien d’un ange, même avec elle ! (Je tressaillis. Je me rappelai qu’au bal, la reine ne se sentait pas assez bien pour assister à la fête.) Alors voir… voir Adam te regarder comme si tu étais la personne qu’il attendait depuis toujours ça me fait… Il va rompre les fiançailles. J’en suis certaine. Il va rompre les fiançailles à cause de toi.

Chacun de ses mots était acéré. Une lame plongée dans ma poitrine. La colère commença à enfler en moi. Je savais que la crainte avait pris le dessus, ce que je comprenais parfaitement. À sa place, j’ignorais comment j’aurais réagi. Mais je ne pouvais pas m’empêcher de ressentir ça. Et ce n’était pas dirigée que contre elle, mais surtout contre le roi.

— On va trouver un moyen, Brooke. Aucun River ne te laissera tomber.
— Les River ne peuvent rien contre la volonté du roi si celui-ci pense qu’on se fout clairement de sa gueule ! vociféra-t-elle. Il me faut Adam !
Et là, je craquai.
— Adam n’est pas ton outil, d’accord ? m’énervai-je. Il fait ce qu’il veut. Quand il le veut. Personne ne devrait décider à sa place.
Cela eut le don de la mettre un peu plus en colère.
— Ça t’arrange bien de dire ça, hein ? cracha-t-elle. Si tu veux aider tout le monde ici, alors reste éloignée de lui et pars !
— Je ne vais pas partir ! Et c’est comme si je te demandais de t’éloigner de Ned !
— Ne nous compare pas ! hurla-t-elle. Et moi je ne risque pas de mettre un terme à ma future union avec Adam !

Future union.

Je sentis une vague de puissance monter, sous le coup de l’émotion. La lumière d’un lampadaire à côté de moi se mit à grésiller, puis le verre explosa. Je sursautai et tournai la tête en direction de ma pauvre victime.

— Merde…, soufflai-je.

Apprendre à contrôler l’énergie quand je suis en colère. Noté.
Brooke jeta un œil au lampadaire, puis soupira longuement, se prenant la tête dans les mains. Aussitôt, ma colère fondit comme neige au soleil.

Quelques secondes s’écoulèrent et je me relevai. J’avais envie de partir, mais je ne souhaitais pas non plus la laisser là, comme ça. Au moment où je me dis que je ferais mieux d’aller chercher un des River, Ned fit son apparition. En voyant sa bien-aimée roulée en boule, les bras ensanglantés, il s’approcha à grands pas en me jetant un regard interrogateur. Je haussai une épaule.
Il alla s’accroupir auprès d’elle.

— Tu as donné de ton sang, c’est ça ? demanda-t-il.

Quoi ?
Lentement, elle hocha la tête. J’avais du mal à faire le rapprochement entre ça, et son état.

— Une humaine… qui était blessée…, chuchota-t-elle.

J’essayai de me rappeler si Lucian s’était senti mal après m’avoir donné de son sang. Mais non, il m’avait transportée loin de mon université, et en utilisant son pouvoir. Qu’arrivait-il à la vampire ?
Au même moment, Tim arriva et il se rua vers eux, comprenant également immédiatement ce qu’il se passait. Son visage exprima une forte inquiétude en voyant sa sœur ainsi. Ils l’aidèrent à se relever.

— Est-ce que tu peux aller chercher des poches de sang ? me pressa mon patron.

Je hochai la tête, confuse. Puis je rentrai au manoir, direction le sous-sol, alors que la mélodie de la flûte se remettait à jouer, dans mon esprit.

~


C’était la course folle, au manoir.

Le matin-même, Lucian avait annoncé que le roi comptait nous rendre une petite visite. Nous savions que cela arriverait un de ces jours, mais nous avions été pris de court. Ned était déjà en train d’improviser une escapade avec Brooke afin de l’éviter, mais apparemment, Savari tenait à ce qu’elle soit présente. Que tous les River soient présents. Et je me doutais bien qu’il aurait été infiniment contrarié qu’on ne lui obéisse pas.
Je n’avais pas reparlé à Brooke depuis la veille et le peu de fois où j’avais croisé son regard, j’y avais décelé de la colère ainsi que de la culpabilité.

Tout le monde était à cran. Lucian essayait de masquer son appréhension sous son éternel masque de bienveillance. April y parvenait un peu moins. J’avais l’impression qu’elle pourrait mordre le roi à la moindre menace envers nous. Tim voulait alléger l’atmosphère, mais il était bien plus sarcastique et sec que d’ordinaire, dans ses blagues. Emma faisait en sorte de remonter le moral des troupes. Cristobal devait être tendu à l’idée de toutes les émotions qu’il ressentirait. Nora vivait cela avec son éternel air plein de défi. Adam, lui, semblait être dans le même état qu’April, sauf qu’il lui en faudrait beaucoup moins pour attaquer.
Les jumelles, elles… C’étaient les jumelles. Elles s’en fichaient totalement. Pour elles, c’était un peu un jour comme un autre. Je me demandais ce qui pouvait bien les atteindre.

J’avais décidé de m’habiller beaucoup plus simplement que pour le bal. Après tout, ce n’était pas le même contexte. Mais je veillai à ce que ça soit tout de même élégant, puisque nous recevions le roi. Ce n’était pas n’importe qui.
Enfin, il s’était invité tout seul, mais ça, c’était un autre débat.

J’avais donc enfilé une chemise d’un rose pâle, presque blanc, ainsi qu’un jean noir. Je m’étais maquillée légèrement. Nora avait déclaré qu’elle ne ferait aucun effort pour cet enfoiré de… À vrai dire, elle avait lâché tellement d’insultes que je ne m’en souvenais pas. Au final, elle était vêtue de la même manière que moi, et je me demandai comment je devais prendre le fait qu’elle n’avait fourni « aucun effort ». À cause d’elle, je faillis aller me changer, dépitée.

Je n’avais pas reparlé de Sander avec elle, mais j’y avais songé depuis que j’avais découvert qu’il s’agissait de la véritable identité d’Adam. Je savais qu’elle était au courant pour ce prénom. C’était pour cela, qu’elle avait réagit d’une manière aussi étrange. Qu’elle était aussi confuse. Elle aussi, devait se dire qu’il y avait quelque chose de fort entre lui et moi. Je lui avais dit que Sander était important, à mes yeux, sans savoir de qui il s’agissait, à ce moment-là.

Nous étions tous dans le salon, à attendre. Des verres étaient disposés sur la table, ainsi que des bouteilles qui devaient contenir du sang. Je me demandai combien de vampires allaient composer l’escorte du roi.
Je fronçai les sourcils quand Nora se mit à fermer tous les rideaux.

— Certains craignent le soleil ? demandai-je.
Après tout, la nuit n’était pas encore tombée, même si cela ne saurait tarder.
— Ce n’est pas pour eux, répondit-elle.

Je manquai de m’étrangler en voyant Stuart débarquer. J’écarquillai les yeux. Il ne venait jamais au rez-de-chaussée. Et je l’avais encore moins vu debout. Emma se tenait à ses côtés, prête à le soutenir.

— Je ne peux décemment pas me cacher du roi, lâcha-t-il en voyant mon expression.
Lucian voulut aider Emma à le guider jusqu’à un fauteuil, mais Stuart secoua la tête.
— Ne vous en faîtes pas, ça va aller, s’opposa-t-il. Je suis allongé depuis un moment, je peux rester debout pour l’arrivée de Savari.

Je me demandai si c’était lui qui tenait à faire ça, ou si c’était le roi qui voulait qu’on l’accueille ainsi, même pour les plus faibles.
Connaissant le personnage, je penchais pour la deuxième option.
L’agacement commença à se faire sentir. Le pauvre. De plus, il avait fait une crise deux jours avant. Emma faisait en sorte de cacher son angoisse, mais je savais qu’elle s’inquiétait.
Stuart lui fit un sourire rassurant, puis son regard tomba sur les bouteilles de sang. Le rouge de ses yeux s’intensifia.

— Tu veux un verre ? m’enquis-je.
— Non. Il serait impoli de ne pas attendre Sa Majesté, ricana-t-il avec ironie.
Je serrai les lèvres.
— Vous pouvez toujours me faire penser à autre chose, sourit-il.
— Je peux déplacer des trucs sur l’étagère pour qu’ils ne soient pas bien alignés et que ça accapare ton attention, proposai-je.

Je priai pour que l’humour soit la solution, là tout de suite.
Je soupirai de soulagement quand il rit.

— Tu ferais ça pour moi ? fit-il avec théâtralité, une main sur son cœur.
— Pour toi, je mettrai la pagaille partout, répondis-je avec un air solennel.

Nous pouffâmes tous les deux. Ça devait être nerveux, mais d’ordinaire, il ne nous en fallait pas beaucoup, de toute façon. Emma parût se détendre en le voyant ainsi.

— Bon sang non, vous vous êtes trop bien trouvés, niveau humour, soupira Adam.
— C’est parce que tu n’en as aucun, Moineau, répliqua Nora.

Puis, tout le monde se raidit et j’en conclus que le roi et sa bande arrivait. Lucian alla ouvrir la porte et Ned s’éloigna un peu de Brooke, même s’il restait assez proche. Mon cœur se brisa pour eux. April mit une main sur l’épaule de la brune avec compassion.

— Ça va être le bordel, me chuchota Nora en se penchant vers moi.

Merci, Nora.

L’instant d’après, une aura bien sombre et un visage bien fait, devenu pourtant repoussant à mes yeux, firent leur entrée. Ses yeux d’un gris pâle parcoururent notre petite assemblée, puis s’arrêtèrent sur Brooke. Ma gorge se serra.

— Ma chère Brooke. C’est un vrai plaisir de te voir, déclara-t-il sur un ton mielleux.
Un frisson glacé traversa ma colonne vertébrale.
— Majesté, répondit-elle en se forçant à sourire.
Il se pencha pour baiser sa main et je retins à grande peine une grimace. Puis il me regarda.
— Neeve. Ravi de vous revoir.
— De même, mentis-je.
— Il me tardait de vous revoir. Je commençais à m’ennuyer de vous.
Mal à l’aise, je me forçai pourtant à sourire.
— Eh bien je suis… honorée, mentis-je.

Il fallait que j’y mette plus de conviction. Mais il avait l’air ravi de produire cette crainte, chez moi. C’était ce qu’il aimait.
Répugnant.

— Toujours pas intéressée par l’idée de rejoindre ma cour personnelle ?

Plutôt mourir.
Du coin de l’œil, je crus voir Lucian mettre une main sur le ventre d’Adam pour le retenir. Et enrouler ses doigts autour du bras d’April.

— Non merci, refusai-je poliment.
— Dommage. Mais je vous ferai changer d'avis.

Il ponctua sa menace d’un sourire mielleux, puis se détourna. Une sueur froide parcourût mon dos et je fus sur le point de dire que je m’absentais un moment. Pour pouvoir aller vomir de dégoût et de peur.

Cette fois, ce furent Nora et Tim qui durent retenir Lucian, April et Adam. Heureusement que Savari ne lorgnait pas dans leur direction.
Je soufflai un bon coup pour me ressaisir.

— Stuart, poursuivit le roi. Toujours parmi nous.

Il avait déjà tourné la tête, si bien qu’il ne nous vit pas, Stuart et moi, poser une main sur les bras d’Emma, afin de l’empêcher de faire une bêtise. C’était fou le nombre d’ennemis que Savari pouvait se faire à la minute sans craindre personne. La douce Emma avait été prête à bondir sur le roi. Elle se calma en un clin d’œil, surtout parce qu’il y avait d’autres vampires.

Savari alla se placer près d’une femme d’une haute stature, très belle, aux traits fins. Elle semblait avoir été sculptée par un grand artiste. Ses longs cheveux étaient noirs, mais devenaient de plus en plus clair, tout en contraste, jusqu’à ses fesses. Ils étaient flamboyants.
Mais le reste de son être ne l’était pas. Elle souriait et ce sourire était magnifique, cependant, elle était plus pâle que les autres vampires. Ses grands yeux bleu clair étaient éteints, vidés de toute étincelle. Elle paraissait si fragile, alors qu’elle donnait l’impression d’avoir été si forte…

Je devinai qu’il s’agissait de la reine. Et Brooke avait raison : je ne savais pas ce que le roi avait fait, mais elle n’était plus maîtresse d’elle-même.

— Neeve, je vous présente ma reine, Iseult Fiercastel.

Et, parce qu’il était facile de comprendre que cette femme n’était pas du tout comme lui et qu’elle devait manquer cruellement de soutien, je lui adressai un vrai sourire. Je ne m’étais même pas forcée à sourire autant pour son mari. J’inclinai légèrement la tête.

— Enchantée, fis-je sincèrement.

Je crus voir quelque chose remuer dans ses yeux. Il y aurait peut-être encore de l’espoir pour elle, si seulement elle n’était plus avec cet homme atroce.
Elle me rendit mon signe de tête, faiblement.

Tous les deux allèrent discuter avec les River un par un. Derrière, je pus voir les trois prétendants. Jehan s’avança et me salua, avant de faire de même avec Lucian, chaleureusement. Au moins, lui, me semblait bien plus rassurant que les autres. Quand il se tourna vers Adam, ce dernier lui accorda à peine un regard. J’étais curieuse de savoir ce qui avait pu se passer entre eux, auparavant.

Ce fut au tour de la femme à qui je n’avais pas eu l’occasion de parler, la dernière fois. Elle était impressionnante. Je savais qu’elle, je n’avais pas envie de l’embêter, même si elle ne paraissait pas méchante. Ses longues tresses noires encadraient joliment un visage à la peau d’ébène. Elle me jaugea, m’observant des pieds à la tête.

— Marianne Mondragon, se présenta-t-elle.
C’est classe, comme nom.
— Neeve Lefevre, répondis-je.
— Je sais.

Et elle passa à la personne suivante. D’accord.
Quand je vis qui s’approcha de moi par la suite, je retins un juron, ne le prononçant qu’en pensée. Hé merde.

— Anselme, fis-je en me forçant à sourire.
Son rictus faussement joyeux mangea la moitié de son visage et ses petits yeux de fouine se plissèrent. Le résultat était terrifiant.
— Neeve. Je suis ravi de voir que vous êtes en pleine forme. Il m’a semblé que vous aviez un problème, au bal.

Ah. Alors ça commence directement. Au moins ça me ferait une distraction, après la bombe que m’avait lâché Savari et qui m’avait rendue nauséeuse.
Évidemment, il faisait référence à l’Elixir qu’on m’avait fait boire à mon insu, sous sa supervision et son œil amusé.

— C’est gentil de vous être autant inquiété pour moi, répliquai-je d’une voix douce. Je vous rassure, tout va bien.
— J’en suis soulagé, mentit-il.

C’était assez drôle, dans le fond. Nous savions tous les deux que nous n’en pensions pas un mot.
Je sentais les regards de Nora, Adam, Emma et Stuart, sur nous. Ils ne manquaient pas une miette de cette conversation.

— Vous êtes très élégante, ajouta-t-il.
— Je vous retourne le compliment. J’aime beaucoup votre coiffure. Celle de Sa Majesté doit vous plaire, puisque vous vous en inspirez. Vous avez bon goût.

Son sourire vacilla quelque peu.
Bam.
Je m’étais bien dis, au bal, qu’il avait dû chercher à ressembler au roi. Ils avaient quasiment le même style.

Nora dût se retourner pour ne pas montrer qu’elle souriait et même si Adam était imperturbable, cela se voyait dans ses yeux qu’il riait, intérieurement.

— J’espère qu’on se reparlera très rapidement, conclut-il. Votre compagnie me manque déjà, Neeve.
— J’ai hâte, minaudai-je.

Il s’éloigna, imaginant sûrement une centaine de scénarios différents pour me faire payer mon effronterie.
C’était la conversation la plus hypocrite et la plus passive-agressive que j’avais pu avoir de toute ma vie. Stuart voulut étouffer un rire en le transformant en quinte de toux. Il me fit un clin d’œil, que je lui rendis.

Une dizaine de vampires avait accompagné Savari et Iseult, mais la plupart restèrent dans le fond ou ne prirent pas la peine de se présenter à moi.
Mon regard s’attarda sur une femme, très grande, majestueuse, qui se tenait dans un coin, regardant par la grande fenêtre du salon. Je ne voyais qu’une partie de son visage, encadrée par de longues mèches noires. Ses mâchoires étaient plutôt carrées, lui conférant un air sévère, bien qu’elle ait une expression rêveuse, à cet instant.

Je tressaillis. Quelque chose dans son aura était inquiétant. Ma magie était rebutée par la sienne, mais également attirée, ce qui était paradoxal. Le premier mot qui me vint à l’esprit quand je vis cette femme, fut « mort ». Je pouvais presque voir les ténèbres l’entourer.

— C’est Sophia, la Faucheuse du roi, me chuchota une voix féminine.
Je sursautai. Crystal. Et Harper se tenait maintenant à mon autre côté.
— Faucheuse ? relevai-je.
— C’est ainsi qu’on l’appelle, expliqua sa sœur. Elle est médium. Elle voit les fantômes et peut communiquer avec eux. Elle peut aussi tuer une personne en un claquement de doigts.

Je serrai les dents et réprimai un violent frisson. Alors c’était bien ça. La mort l’entourait. Ma magie était repoussée par Sophia, mais aussi intriguée, la mort étant également fascinante.

— Fais en sorte de ne pas être dans sa ligne de mire, ricana Crystal. Et je te conseille de ne pas la regarder trop longtemps. Elle pourrait se demander ce que tu lui veux et se mettre en colère.

Je ne savais pas si elle voulait seulement me faire peur ou non, mais dans le doute, je détournai les yeux. Elle tapota mon épaule, avant de s’éloigner avec sa jumelle.

Merci beaucoup pour l’info…

Deux autres vampires entrèrent dans la pièce. Un homme et une femme. Le premier avait des cheveux bruns très courts. Il faisait partie des rares vampires que je connaissais qui n’avait pas gardé une longue chevelure. Lui aussi possédait des yeux gris, mais qui étaient bien plus sereins que ceux du roi, dépourvus de mesquinerie. Ils paraissaient même… sages. Une jeune femme qui faisait presque la même taille que lui - alors qu’il était assez grand -, se tenait à ses côtés. Sa tignasse était d’un roux clair et ses yeux si sombres qu’ils paraissaient noirs. Leur aura, au lieu de me percuter de plein fouet, sembla m’entourer avec douceur. Je devinai qu’ils étaient aussi vieux que Lucian et Adam, voire plus. Le fait qu’ils n’aient pas autant l’air de prédateurs que Savari ou Anselme me laissait penser qu’ils devaient surtout être là car ils étaient proches d’un des deux autres prétendants.
J’eus ma réponse quand l’homme offrit une accolade à Jehan.

— Cela faisait longtemps, lança-t-il avec chaleur. Comment vas-tu ?
L’intéressé lui rendit son sourire.
— Arthur, le salua Jehan. (Il se tourna ensuite vers la femme.) Katarina.

Elle le prit dans ses bras à son tour.
Arthur se tourna vers Lucian et Adam, et parût presque attendri.

— Je suis heureux de vous voir, avoua-t-il avec franchise.

Pour lui, Adam était beaucoup moins hostile. Même… amical ? Tout comme avec Katarina.
Donc, Lucian, Adam, Jehan, Arthur et Katarina avaient eu un passif ensemble. Vu les tensions ou la camaraderie entre certains, je me demandais encore plus ce qu’il s’était passé.
Avaient-ils connu Viviane, eux aussi ? Savaient-ils qu’Adam avait été emprisonné par elle ?

Ils se rendirent compte que je les regardais. Katarina s’approcha de moi avec un grand sourire et je n’échappai pas à son étreinte. Mais cela faisait tellement de bien, dans ce monde où la plupart ne m’acceptait pas, que je la lui rendis. Cela faisait chaud au cœur. Elle se recula.

— Tu dois être Neeve.
— Et toi, Katarina.
— Oh, je t’en prie, appelle-moi Kata. De toute façon, c’est comme ça qu’on m’appelle, souvent.
Elle plissa les yeux en direction d’Arthur, qui leva ses mains.
— C’est de ma faute, maintenant, si tu es une catastrophe ambulante ? Ce surnom te convient très bien, se défendit-il.
Il me regarda et me tendit la main, avec gaieté. Je la pris pour la serrer.
— Je m’appelle Arthur De Hauterive. Ravi de te rencontrer.
— Ravie…

Je me coupai quand nos paumes entrèrent en contact.
Le salon s’évanouit.

Je me trouvai dans une petite pièce ronde, aux murs faits de pierres. Devant moi, Adam se tenait face à une étroite fenêtre. Il avait un air sérieux, regardant l’horizon droit devant lui et s’amusant à faire tourner quelque chose entre ses doigts.
Un pieu.

Alors que je venais tout juste de me demander ce qu’il comptait faire avec ça, il tendit subitement le bras devant lui. Il n’avait jamais eu l’air aussi décidé de toute sa vie. Quand je compris ce qu’il comptait faire, je m’élançai afin de l’arrêter. Même si je me trouvais dans une vision.

La pointe de l’arme était orientée vers sa poitrine et il la tenait désormais à deux mains. Je posai mes doigts fantomatiques sur son poignet et sursautai quand j’en vis de vrais surgir, le retenant. Pendant un instant, je crus que j’avais réussi. Sauf que ce n’était pas moi.

C’était Arthur. Il paraissait désespéré. Il avait des cheveux bien plus longs et les vêtements d’Adam et lui dataient. Cela avait dû se passer il y a très longtemps.

— Sander, ne fais pas ça.
L’intéressé lui jeta un regard assassin.
— Laisse-moi, Arthur. J’en ai plus qu’assez ! Regarde autour de toi ! Ne vois-tu pas qu’elle fait de nos vies un enfer ?

Il devait parler de Viviane. Pour ma part, j’avais du mal à m’horrifier à cette pensée. J’étais encore sous le coup de la panique après avoir vu Adam à deux doigts de se donner la mort.
Arthur prit le visage de Sander dans ses mains, avec délicatesse.

— Je le sais, répondit-il. Mais un jour, tout changera. Tu verras.
— Tu parles encore de cette chimère, cracha le vampire blond.
Il rompit le contact et s’écarta de lui. Mais au moins, il avait lâché le pieu, qui se trouvait désormais sur le sol.
— Ce n’est pas une chimère. Ce que j’ai ressenti est bien réel, Sander. Mais il te faudra être patient.
Adam plissa les yeux et serra les mâchoires.
— Patient ? Et combien de temps encore vais-je devoir attendre, d’après toi, avant de trouver cet
ange qui n’existera probablement jamais ?

Cet ange. J’écarquillai les yeux.
Arthur soupira et se passa une main sur le visage.

— Aie la foi, Sander. Je t’en prie.
— Je ne l’ai plus depuis longtemps.

Et il se dirigea vers la porte de la pièce, qu’il ouvrit, puis referma dans un claquement fracassant.


— Neeve ?

J’eus un hoquet de stupeur. J’avais l’impression d’être essoufflée. Je lâchai sa main et me reculai comme s’il m’avait giflée.
C’était la première fois que j’avais une vision en touchant quelqu’un.
Arthur m’avait apparemment posé une question. D’autres paires d’yeux étaient posées sur nous. Je secouai légèrement la tête pour revenir à la réalité.

— Je… Excuse-moi…
— Je connais bien ce regard, me dit-il avec calme. (Il regarda autour de nous, puis m’invita à me décaler, dans un coin de la pièce, afin que nous soyons tranquilles.) Tu as eu une vision ?
Je fus incapable de répondre, étonnée.
— J’ai la même capacité, m’apprit-il. Qu’as-tu vu ?

Par réflexe, mon regard se porta sur Sander… Adam, qui était plus loin, mais qui nous observait, inquiet, se demandant sûrement ce qu’il se passait. Puis je regardai à nouveau Arthur et secouai légèrement la tête. Il acquiesça.

— Je comprends que tu ne veuilles pas en parler, répondit-il.

À côté de nous, Katarina nous couvait d’un regard patient. Elle n’exigea aucune réponse de ma part et semblait veiller à ce que personne ne vienne nous déranger.

— Puis-je ? Je voudrais vérifier quelque chose, me demanda Arthur en désignant ma main.

Je déglutis, craignant un peu d’avoir une autre vision. Mais j’acceptai et ses doigts touchèrent doucement mes mains. Je vis son front se plisser et il sembla se concentrer pendant quelques secondes. Puis, un sourire à la fois tendre et plein de joie étira ses lèvres et il me lâcha.

— C’est toi. Tu es son ange, chuchota-t-il.

J’avais la sensation que c’était plus une confirmation pour lui-même, comme s’il n’en re-venait pas que je sois enfin là, plutôt que pour moi. Toutes ces fois où Adam m’avait appelée « mon ange », prenaient un sens.
Le principal intéressé commença justement à s’approcher de nous.

— Je vois que cela te parle, poursuivit Arthur en avisant mon expression. Il a fini par avoir la foi, de toute évidence…

Je ne répondis pas. J’étais encore sous le coup de la vision et le reste me renvoyait à l’idée de lien, que nous avions, le chef River et moi.

Adam fut à nos côtés et nous interrogea du regard. Sans pouvoir m’en empêcher, je mis une main sur son bras, voulant m’assurer qu’il était bien là, bien vivant. J’en avais assez de le voir soit mort, soit sur le point de mourir.
Arthur m’offrit un sourire empreint de gentillesse et de sincérité. J’aurais même dit qu’il était ému. Il fit glisser son regard jusqu’à Adam.

— Si par hasard tu avais encore un doute à propos de ton ange… (Arthur me jeta un bref regard, pour me désigner.) … alors sache qu’il n’est désormais plus permis. Tu l’as bel et bien trouvé.
Mon souffle se coupa et je sentis mes yeux me piquer. Ce fut encore plus intense quand j’entendis Adam répondre :
— Je n’en ai jamais douté.
Je pris une grande inspiration pour ne pas fondre littéralement sous les yeux de tous ces vampires.
— C’est pour cette raison qu’elle a pu t’appeler en rêve, nota Arthur à voix basse. Vous partagez un lien qui va au-delà de ce que vous pouvez concevoir. Peu importe où vous serez, vous finirez toujours par vous retrouver.

Un lien. C’était confirmé. La chair de poule me saisit. J’ignorais si je devais me réjouir pour cela, ou être terrifiée, si jamais nous devions être séparés.
Je me demandai comment il était au courant pour les rêves en commun. Mais c’était un voyant, lui aussi. Qui savait l’étendue de ses connaissances ?

Adam leva une main et s’apprêta à me caresser la joue. J’en oubliai presque la présence du souverain et le jeu dangereux auquel mon compagnon et moi nous livrions.
Presque.
Une voix désagréable et suave nous parvint :

— Une vision, alors…

Savari.
Je m’écartai d’Adam, mais c’était trop tard. Quelques mètres plus loin, je vis Brooke baisser les yeux et Iseult la regarder avec compassion.

Putain.

Je n’avais jamais souhaité aussi fort la mort de quelqu’un que depuis que j’avais entendu parler du roi.
Je hochai la tête et me raclai la gorge.

— En effet, répondis-je.
— Vous êtes décidément pleine de surprises, commenta-t-il. Je me demande à quel point vous êtes puissante.

La grande femme à l’aura inquiétante que j’avais observé plus tôt, s’avança vers nous, puis se stoppa à une certaine distance. Ses yeux étaient d’un vert pâle et je n’y décelai qu’une lueur de reddition, de culpabilité. Elle me faisait penser à Iseult, même si elle semblait plus en vie, que la reine. Elle me regarda avec un air désolé.

L’instant d’après, je vis Savari esquisser un sourire détestable. Il fixait un point derrière moi. Je me retournai, me demandant ce qu’il se passait.
Et je vis mon corps tomber.

Mon. Corps.

Alors que j’étais toujours debout. Quelques pas plus loin. Comme si mon âme avait été propulsée. Et avant que mon corps ne touche le sol, Adam le rattrapa dans ses bras.

En une seconde, ce fut l’horreur. Des cris et des hoquets de stupeur parcoururent l’assemblée. Les River se précipitèrent autour d’Adam. Personne ne se rendait compte que j’étais debout, au milieu de la pièce. Je n’étais plus qu’un fantôme. Mais la sensation était si étrange que je n’arrivais même pas à paniquer. Je… flottais. J’étais morte.

Personne, sauf une femme.
La Faucheuse.
Elle me regarda droit dans les yeux. Pas mon corps. Moi.

Au même moment, une aura bien plus puissante que ce que j’avais pu ressentir jusqu’ici s’éleva dans la pièce, prête à tout détruire sur son passage. Étouffante. Et un grognement à en faire trembler les murs retentit.

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Chapitre 19
Chapitre 21
Dernière modification par Chlawee le ven. 01 oct., 2021 10:42 am, modifié 3 fois.
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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 20)

Message par lacrystal »

Chloe38200 a écrit : mer. 22 sept., 2021 6:37 pm Trèèèèès long, je suis désolée. Genre vraiment. Navrée. Au point que j'ai dû le poster en deux messages.
:lol: :lol: :lol: Booknode s'attendait pas à avoir un message si long xD

Les ennuis ne sont pas terminés.
Yay :lol: :lol: :lol:
En nous voyant, il nous servit son meilleur air sévère et sa plus belle posture autoritaire, à savoir les bras croisés et un regard foudroyant. Dans un premier temps, il m’observa, afin de s’assurer que je n’avais rien, puis il passa à Adam.

— Vraiment, Adam ? lui lança-t-il.
xDDDD Je sais pas pourquoi ça m'a fait trop rire xD On dirait le papa qui engueule les gamins parce qu'ils font des conneries
Je m’étais mise à décrire des cercles de mon pouce sur sa paume, alors qu’il tenait encore la mienne.
Moooow *-*
Lucian se pinça l’arête du nez. Finalement, j’optai pour l’étreinte, en voyant qu’il avait vraiment eu peur. Je m’approchai et mis mes bras autour de lui. Il me prit dans ses bras en retour et laissa échapper un long soupir de soulagement.
Moooooowwwwww²

— Ton cœur ne bat plus, vieille charogne, le taquina Adam en retour.
xDDDDDD J'ai éclaté de rire devant mon écran je m'y attendais pas
— Je n’ai pas dit que ça me dérangeait, moi, plaisantai-je.

Je me haussai sur la pointe des pieds pour l’embrasser sur la joue, puis je m’éloignai à mon tour, direction ma chambre.
eyes eyes eyes eyes

Je le jetai en l’air et le rattrapai avec ma bouche.
Elle a des pouvoirs. Elle est trop gentille. Elle est trop belle. ET elle sait faire ça ? Mais elle est parfaite en fait xDDD
Je fis s’élever à nouveau les bonbons, et formai un doigt d’honneur avec. Il rit.
Et en plus elle est drôle :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:

Un jour, j’allais l’atteindre. Un jour.
ça me rappelle la pub. Je l'aurais un jour, je l'aurais xDDD
— Tu portes la chemise de nuit…, remarqua-t-il.
Je baissai les yeux sur ledit vêtement.
— Oh. Oui. J’avais envie de la mettre, souris-je.
eyes eyes eyes eyes

— Tu sais, on aurait pu faire des paris sur l’assassin. Tiens, j’aurais parié sur lui, là ! dis-je en désignant un type au hasard qui avait le malheur d'entrer en scène au moment où il ne fallait pas. Sous ses airs angéliques il a tout de même l’air louche…
On dirait toi qui soupçonnes tout le monde dans mes romans xDDDDD Je comprends mieux de qui tu tiens ça (ouais, dans ma tête, les personnages existent pour de vrai et tu les connais :lol: :lol: :lol: )

— D’être dans ma vie, souffla-t-il.
Moooooooooooowwwwwwwwwwww
— Je ne pourrais pas me contenter de rêves.
Mais dis le si tu veux m'achever hein
— Un jour Savari va être assassiné, et il ne faudra pas se demander d’où ça vient, ajouta-t-il.
xDDDDD Ce gars il lit dans mes pensées :o :o

— Un jour, après l’école, nous sommes allées dans un pré et nous avons cueillis des fleurs. Et comme nous avions faim et que nous avions oublié notre goûter, nous avons frappé aux portes et prétendu vendre ces fleurs pour une association à l’école, avouai-je. Avec l’argent, on a acheté des croissants et des pains au chocolat.
Ces businesswomen 8-) :lol: :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:
— Ils sont partis pendant dix ans, deux mois et quatre jours. Non pas que j’aie compté.
:o :o :o :o :o

— Non, mais je vois de la fumée sortir de tes oreilles et un nuage noir au-dessus de ta tête. Tu devrais arrêter de regarder des cartoons.
xDDDDDDDDD
— Ça suffit, Dracula ! m’exclamai-je. Transforme-toi en chauve-souris et va voler ailleurs !
Ils me font trop marrer xDDDDDDD

— C’est moi, Sander.
Wow je pensais pas il allait lui dire :o :o :o :o

— J’ai choisi « Adam », parce que je suis le premier homme dans vos cœurs, voyons, sourit-il.
xDDDDDDDDDDD

Avant de fondre en larmes à cause de ces émotions, de ma fatigue et de ses paroles, je pris un air faussement ennuyé.
Moi aussi j'allais fondre en larme :cry:


J’inclinai mon visage et ma bouche rencontra la sienne. Il me rendit immédiatement mon baiser, signe qu’il l’avait attendu, lui aussi. Avec délicatesse, une tendresse incomparable. Je mis mes mains dans sa nuque et mon buste fut presque collé au sien. Ses lèvres étaient plus froides que des lèvres humaines, même s’il s’était nourri, mais je ne trouvai pas cela désagréable, au contraire. Et elles étaient si douces, contre les miennes.
ENFIIIIIIIIIIIN

Wow la scène qui suit *-* Elle est beaucoup trop bien écrite franchement bravo *-*
Merde.
Brooke. Adam ne l’avait pas senti arriver, son attention étant trop détournée.
Ah merde

— Qu’il n’y ait rien de plus ce n’est absolument pas grave, assura-t-il, et tu n’as pas à te justifier ou à t’excuser de ne pas en avoir envie. Je comprends parfaitement.
Je l'aime d'amour. Connor je vais lui dézinguer la tête par contre
— Je vais tuer ton ex, un jour, mon ange.
Va falloir faire la queue, j'ai dit prem's

Nous nous mîmes à débattre de Star Wars. Il eut l’air outré quand je déclarai que si les sabres laser avaient été remplacés par des pistolets, les choses seraient allées plus vite.
JE SUIS OUTREE AUSSI (même si tu as un peu raison quand même xDDDDD)
que nous devrions tous les deux revoir V pour Vendetta.
J'approuve
Et je ressentis le désir de l’étouffer avec un oreiller
xDDDDDDDD Elle fait pas les choses à moitié
Une ombre apparût de manière fugace. Une silhouette.
Oh bordel :o :o :o :o :o :o :o
Plus loin, nous vîmes quelqu’un s’éloigner avec une telle rapidité qu’il ne pouvait s’agir que d’un vampire.
:o :o :o :o :o :o :o :o :o
— J’aime bien qu’il soit comme ça, notre rêve…
Il sourit.
— Moi aussi.
Moi aussi
— Cesse immédiatement de briser mes espoirs.
xDDDDDDDD

— Je peux nous faire nous échapper de la réalité, créer un monde dans notre esprit, que nous partagerions, sans nous être endormis. Une sorte de… faux rêve.
Sinon c'est possible d'avoir les mêmes pouvoirs ? C'est pour une amie...

— À cause de toi je vais l’avoir dans la tête pendant trois jours ! me reprocha-t-il, amusé.
Haha :lol: :lol: :lol: :lol: ..... Merde moi aussi je l'ai en tête maintenant D:
Je disposai les cookies dans la boîte, puis refermai le couvercle.
T'as mis Cookie dans une boîte ? :evil: Ah pardon, pas le même cookie. Ben maintenant j'ai envie de cookies D: :lol:

Elle est trop chou Neeve avec Emma *-* <3
— Stuart ne se sentait pas bien ce matin…, débuta-t-elle d’une voix étranglée.
Oh…
— Parfois… Parfois il a des crises, à cause de son état… Et à chaque fois j’ai l’impression qu’il va…
:cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry:
— Je pourrais te prêter des livres, si tu veux ! me proposa-t-elle avec enthousiasme.
J'en veux bien aussi mais je risque je repartir avec une cinquantaine de bouquin xDDDD


Bon déjà cette première partie, j'ai trop aimé. Ils sont trop chou Adam et Neeve :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: Et Neeve et Emma :cry: :cry: Et Neeve avec Madeleine :cry: :cry:
En fait Neeve je la surkiffe :lol: :lol: :lol: :lol:
Allez go lire la 2ème partie !
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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 19)

Message par lacrystal »

Chloe38200 a écrit : mer. 22 sept., 2021 6:38 pm Ses iris étaient d’un rouge écarlate. Elle avait l’air de souffrir le martyr et des larmes sombres s’écoulaient sur son visage. Je me précipitai vers elle et m’accroupis.
:o :o :o

AH la dispute bien sympathique après ça installe une bonne ambiance
— Adam n’est pas ton outil, d’accord ? m’énervai-je. Il fait ce qu’il veut. Quand il le veut. Personne ne devrait décider à sa place.
Cela eut le don de la mettre un peu plus en colère.
— Ça t’arrange bien de dire ça, hein ? cracha-t-elle. Si tu veux aider tout le monde ici, alors reste éloignée de lui et pars !
— Je ne vais pas partir ! Et c’est comme si je te demandais de t’éloigner de Ned !
— Ne nous compare pas ! hurla-t-elle. Et moi je ne risque pas de mettre un terme à ma future union avec Adam !
Je suis trop partagée c'est horrible xDDD En même temps je comprends teeeeellement Brooke et en même temps, ouais Adam n'est pas un outil il a le droit de vivre sa vie. Mais punaise Savari quoi D:
Moi j'ai une idée, on le bute et tout le monde est content :)
Je sentis une vague de puissance monter, sous le coup de l’émotion. La lumière d’un lampadaire à côté de moi se mit à grésiller, puis le verre explosa.
Le pauuuuuuvre D:
Le lampadaire : n'a rien demande, se contente d'être allumé
Neeve : lui éclate sa tête


Le matin-même, Lucian avait annoncé que le roi comptait nous rendre une petite visite.
Yay il m'avait manqué
J’avais donc enfilé une chemise d’un rose pâle, presque blanc, ainsi qu’un jean noir.
J'adore comment elle s'habille
À vrai dire, elle avait lâché tellement d’insultes que je ne m’en souvenais pas.
xDDDDDDDD

Je me demandai si c’était lui qui tenait à faire ça, ou si c’était le roi qui voulait qu’on l’accueille ainsi, même pour les plus faibles.
Connaissant le personnage, je penchais pour la deuxième option.
Mais quel %¨/£µ£%DXEZµD
Je deviens comme Nora
— Pour toi, je mettrai la pagaille partout, répondis-je avec un air solennel.
xDDDDDDD
— Stuart, poursuivit le roi. Toujours parmi nous.
Le roi : parle à Brooke
Moi : Ok reste calme
Le roi : parle à Neeve
Moi : fu... non je reste calme
Le roi : parle à Stuart
Moi : WTF TU VAS TE CALMER JE VAIS TE DECALQUER TA TETE :evil: :evil: :evil: :evil: :evil: :evil: :evil:


Elle me fait de la peine Iseult :cry:

[/uote]C’est classe, comme nom.[/quote]
J'avoue
— Anselme, fis-je en me forçant à sourire.
Mais c'est la fête aujourd'hui
— C’est Sophia, la Faucheuse du roi, me chuchota une voix féminine.
Je sursautai. Crystal. Et Harper se tenait maintenant à mon autre côté.
— Faucheuse ? relevai-je.
— C’est ainsi qu’on l’appelle, expliqua sa sœur. Elle est médium. Elle voit les fantômes et peut communiquer avec eux. Elle peut aussi tuer une personne en un claquement de doigts.
C'est pas une fête c'est un festival

— Tu dois être Neeve.
— Et toi, Katarina.
— Oh, je t’en prie, appelle-moi Kata. De toute façon, c’est comme ça qu’on m’appelle, souvent.
Elle plissa les yeux en direction d’Arthur, qui leva ses mains.
— C’est de ma faute, maintenant, si tu es une catastrophe ambulante ? Ce surnom te convient très bien, se défendit-il.
:lol: :lol: :lol: :lol: :lol:

Punaise à chaque fois les visions me mettent KO xDDDD Genre comme Adam me fait trop de peine :cry: :cry: :cry: Il DOIT être avec Neeve. Il n'y a pas d'autres possibilités !

— C’est toi. Tu es son ange, chuchota-t-il.
Mon coeur fond :cry: :cry: :cry: :cry: :cry:
Un lien. C’était confirmé. La chair de poule me saisit.
Moi aussi j'ai la chair de poule
J’étais morte.
what
the
f***
:o :o :o :o :o :o :o :o :o

NON
JE PROTESTE
Le chapitre ne peut pas se finir comme ça
Nop. Nop. Nop nop nop.
Non.
Nan.
Niet (je sais pas si ça s'écrit comme ça xDDDD)

Naaaaaaan :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry:

Sérieux pourquoi ? Genre juste pourquoi ? C'est pas foutu, on est d'accord, c'est impossible ? Mais oui c'est impossible regard suspect vers Chloé Impossible. Non. Impossible.

A part cette crise cardiaque de fin, ton écriture est superbe, j'ai trop aimé ce chapitre *-*
Pendergast

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 20)

Message par Pendergast »

Bonsoir, alors là :o :shock: :shock: :shock: :? Euh c'est quoi cette fin de chapitre ?? :mrgreen: Bonne soirée
MGT_

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 20)

Message par MGT_ »

Hello ! J'ai (enfin) fini de lire ce chapitre et quelle fin ! Tu nous laisses sur un suspend complètement ouf !

Bon, un petit bémol que j'ai repéré, les éléments que tu nous annonces sont parfois prévisibles. Par exemple, l'ange d'Adam, on se rend compte à la fin, voir même pendant la vision, que c'est Neeve. Et tu le confirme de but en blanc. Peut-être un peu de subtilité rendrait la chose moins évidente. Du genre, "oui, c'est elle mais je le te dis noir sur blanc". Tu vois ce que je veux dire ?
Peut-être suis-je la seule à penser ça ou pas mais voilà mon avis.

Bref, comme toujours, vivement la suite que j'attends avec impatience !
Chlawee

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 20)

Message par Chlawee »

MGT_ a écrit : lun. 27 sept., 2021 9:10 am Hello ! J'ai (enfin) fini de lire ce chapitre et quelle fin ! Tu nous laisses sur un suspend complètement ouf !

Bon, un petit bémol que j'ai repéré, les éléments que tu nous annonces sont parfois prévisibles. Par exemple, l'ange d'Adam, on se rend compte à la fin, voir même pendant la vision, que c'est Neeve. Et tu le confirme de but en blanc. Peut-être un peu de subtilité rendrait la chose moins évidente. Du genre, "oui, c'est elle mais je le te dis noir sur blanc". Tu vois ce que je veux dire ?
Peut-être suis-je la seule à penser ça ou pas mais voilà mon avis.

Bref, comme toujours, vivement la suite que j'attends avec impatience !
Hey !
Je n'ai pas trop le temps de répondre aux commentaires mais du coup je voulais juste dire qu'en effet, ça paraît peu subtil. :lol: Quand Arthur le confirme à Neeve, je le voyais plus se le confirmer à lui-même, mais c'est vrai que c'est peut-être pas bien dit. Je vais préciser que c'était surtout un commentaire pour lui, et je verrai ce que je peux faire à la relecture ! :D
Merci en tout cas !
Chlawee

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 21)

Message par Chlawee »

Chapitre 21


Je me retournai pour voir d’où venait ce raffut et cette impression que chaque personne présente allait être terrassée par une rage palpable. Cela venait d’Adam, qui était penché au-dessus de mon corps inerte, le serrant dans ses bras. Il ne quittait pas mon visage des yeux. Sa main était posée contre ma joue et il ne bougeait plus. Nous pouvions tous sentir sa colère, qui s’exprimait par ce grognement et l’appel de sa puissance.
Il voulait en découdre. Son regard était écarlate. Je comprenais pourquoi le roi pouvait le craindre.

Lucian et April étaient près de moi, eux aussi, agenouillés. La femme murmurait des « Non… Non… ». Des larmes perlaient à ses yeux. Lucian était en proie à un choc profond. Les yeux d’Emma et de Stuart menaçaient de s’échapper de leur orbite. Les autres étaient frappés de stupeur, réalisant à peine ce qu’il se passait, puisqu’il ne devait s’être écoulées que quelques secondes. Même le sourire d’Anselme avait disparu.
Je coulai un regard empli d’incompréhension à la Faucheuse.

— Pourquoi… ? lui soufflai-je.
— Je suis désolée. Ça ne durera pas longtemps, me répondit-elle.

Quelques têtes se tournèrent vers elle. Ils devaient se demander à qui elle s’adressait exactement.
Son intervention fit enrager un peu plus Adam. Son pouvoir d’énergie émana de lui et fit reculer les River présents autour de lui. Ils luttèrent cependant pour rester, même s’ils perdaient l’équilibre.

— Adam, arrête ! hurla quelqu’un.

Sûrement une des jumelles. Il ne l’écouta pas.
Je focalisai à nouveau mon attention sur Sophia. Elle m’examinait du regard, avec minutie, sous toutes mes coutures.
Sous cette forme, je pouvais mieux discerner son aura. Et dans ses ténèbres, des volutes d’ombres se mouvaient. Et j’avais la sensation qu’elles n’auraient pas dû être là. Pire encore, elles apparaissaient aussi dans l’aura de Savari, placé à côté d’elle.
Je fronçai les sourcils. Elle était la mort, mais cette obscurité-là ne lui appartenait pas… Et elle m’était familière.
Elles étaient semblables à mes ombres. Cela expliquait pourquoi je me sentais autant fascinée par cette femme. En revanche, j’ignorais comment une telle chose était possible.

Sophia hocha la tête, ayant visiblement terminé son inspection. Elle leva une main en me fixant et opéra une légère torsion du poignet.
Je me sentis aspirée vers l’arrière.
Et je réintégrai mon corps.

Je rouvris les yeux d’un coup en essayant d’avaler de grandes goulées d’air. Mes poumons étaient en feu. Sentir en direct son cœur repartir était une expérience que je ne souhaitais à personne. La mort temporaire non plus, d’ailleurs.
Je mis une main sur ma poitrine et me redressai légèrement. J’entendis des exclamations autour de moi et Adam fut frappé de stupeur. Le grognement cessa, même si sa colère était toujours aussi forte. Mais son pouvoir cessa subitement d’agir. Je vis un immense soulagement sur son visage, ainsi qu’une peur intense.

Je pus reprendre ma respiration. Ma paume se retrouva sur son torse, pour me rassurer autant que lui. Je regardai Lucian et April. Cette dernière s’était mise à sangloter. Elle passa une main dans mes cheveux et Lucian serra fort ma main libre dans la sienne. Je ne pouvais pas vraiment voir les autres, ainsi, mais je savais qu’ils étaient là.

Et alors qu’Adam se calmait petit à petit, quelqu’un fit le pas de trop. Il releva vivement la tête et je vis par-dessus l’épaule de Lucian, que Sophia voulait s’approcher. Aussitôt, le vampire qui me tenait encore contre lui avec la force du désespoir darda sur elle un regard qui me fit frémir, alors que je n’en étais pas la cible. Je sentais ses doigts se crisper et trembler légèrement, sur mon bras et dans mon dos. La Faucheuse s’arrêta. L’aura de puissance reprit de plus belle. Dans le fond, je vis des vampires s’échapper à l’extérieur, craignant que tout ne parte en vrille.

Oh, oh.

— Si tu t’approches, tu ne reverras plus jamais la lumière du jour, prévint Adam sur un ton à la fois calme et incroyablement menaçant.
Ses instincts de vampires étaient si à vif que le rouge de ses yeux s’intensifia encore, prenant une teinte bien plus sombre.
— Je suis désolée, s’excusa encore Sophia. Je devais jauger sa puissance. Je perçois bien mieux les auras des morts.

Cela ne le calma pas du tout. Au contraire. Le mot « morts » le fit tiquer. Quelque part, il était encore prisonnier de l’image de mon corps sans vie, même s’il m’avait vu rouvrir les yeux.

— Je n’ai fait qu’obéir aux ordres, ajouta-t-elle.

Pitié, Sophia… Tais-toi…

Savari affichait encore un sourire condescendant. Derrière lui, Iseult était toujours de marbre, n’exprimant rien.
Puisque je n’avais pas entendu le roi appeler la Faucheuse, alors ils devaient communiquer par télépathie. Je me souvins des ombres en commun que j’avais décelées, en eux. Étaient-ils liés ainsi ?

— À quel point est-elle puissante ? demanda-t-il.
— À un point que je ne soupçonnais pas, répliqua Sophia sans nous quitter des yeux.
— Bien. Voyons voir ça.

Pensant qu’ils allaient à nouveau m’infliger quelque chose, Adam me serra un peu plus contre lui dans un élan protecteur. Il fit un geste de la main et je vis quelque chose briller autour de nous. Comme si des vitres avaient été placées là. Et je me rappelai qu’il avait le pouvoir de créer des barrières invisibles.

Étant contre lui et partageant la même capacité, je n’eus aucun mal à ressentir une vague d’énergie le parcourir. J’écarquillai les yeux en le sentant prêt à l’utiliser. Il tendit les doigts en direction de Sophia. Apparemment, les murs invisibles ne retenaient pas sa magie, à lui.

Au même moment, je vis la Faucheuse être soulevée dans les airs. Près d’elle, Harper avait levé un bras. Je remarquai avec stupéfaction que les vêtements et les cheveux de Sophia n’avaient pas bougé, comme si la gravité ne s’appliquait plus sur elle. La Harpie était capable d’une telle chose ?

La salve d’énergie alla donc frapper la table du salon et les vampires tout autour se reculèrent d’un bond. Les verres et les bouteilles volèrent en éclat et une grande quantité de sang aspergea les alentours.

— Adam ! le héla quelqu’un.

Arthur, qui se trouvait apparemment dans le périmètre à l’intérieur des murs invisibles, se fraya un chemin jusqu’à nous. De mon côté, je voulais me redresser, mais le vampire avait une poigne solide. Il ne devait même pas se rendre compte que j’essayais de bouger. Alors je levai une main et la plaçai sur sa joue.

— Adam…, l’appelai-je. Adam, écoute-moi… Arrête ça. Je t’en prie.
Je ne savais pas comment réagirait le roi face à une tentative d’agression envers Sophia, alors s’il faisait pire…
— Ça suffit Adam, ajouta Arthur avec sévérité.

Il me jeta un coup d’œil et je vis à quel point il était soulagé, lui aussi. Pas parce qu’il était attaché à moi - après tout il me connaissait à peine -, mais parce que d’après ce que j’avais vu, j’étais l’espoir d’Adam. Il voulait le bonheur de son ami.
Il mit une main sur son bras et le vampire blond le fusilla du regard. Puis il tressaillit légèrement. April parût se concentrer, elle aussi, ainsi que Cristobal, qui venait de s’accroupir près de nous. Je savais que la femme avait un don pour insuffler du bien-être. Apparemment, Arthur pouvait également apaiser. Et mon professeur devait tenter d’absorber la colère d’Adam pour la remplacer par autre chose.

J’attrapai sa main libre afin de le rassurer également. Je n’avais peut-être pas le même genre de magie qu’eux, mais je voulais le calmer, moi aussi.

J’étouffai une exclamation horrifiée quand je vis que ses bras étaient désormais glacés. Nora. Je regardai autour de moi afin de la voir. Je ne pouvais apercevoir qu’un bout de sa silhouette, mais j’étais certaine que c’était son pouvoir à elle. Elle voulait l’empêcher de bouger afin qu’il n’attaque pas.

— Je vais bien… Je t’assure que je vais bien…, chuchotai-je. Ne fais rien. Sinon ils pourraient attaquer eux aussi. C’est le roi, Adam. C’est le roi. Je vais bien.

Les autres devaient être parvenus à l’apaiser, car il détacha enfin son regard de Sophia pour me regarder moi, droit dans les yeux. Petit à petit, sa puissance s’amenuisa, laissant place à son aura habituelle. Les River finirent par s’écarter un peu, afin de nous laisser de l’espace. Je vis Nora lever une main, et la glace sur les bras d’Adam s’estompa, lui permettant à nouveau de bouger. Lentement, Harper fit redescendre Sophia, qui était presque collée au plafond.
Le visage d’Emma fut dans mon champ de vision. Elle avait pleuré. Je voyais encore des traces rosées sur ses joues, séchées.

— Je veux juste m’assurer que tout va bien…, nous chuchota-t-elle.

Doucement, elle posa une main sur mon front et ferma les yeux. Elle pouvait détecter les maladies, les poisons et je supposai que même si j’étais bien vivante, elle voulait vérifier qu’il n’y avait aucun problème. Rien que pour se rassurer. Ses paupières se rouvrirent et elle hocha la tête avec un faible sourire.

— C’est bon, fit-elle, rendant son verdict.

L’emprise d’Adam se fit un peu moins forte, et je me redressai, dans le but de me lever. La pièce se mit à tourner et je chancelai sur mes jambes. Ressusciter devait prendre de l’énergie, c’était sûr.
Il préféra me porter. Et de toute façon, j’avais bien l’impression qu’il n’avait pas envie de me lâcher.

Mes yeux passèrent sur les visages des autres. Cristobal paraissait en colère - tout comme Nora - et le fait d’avoir absorbé les émotions d’Adam ne devait pas aider. Mais il se contenait. Arthur me toisait avec bienveillance. Katarina et Jehan surveillaient le roi du coin de l’œil. Anselme donnait l’impression de s’ennuyer profondément et Marianne était sur ses gardes. Stuart ne cessait de me regarder avec inquiétude, les yeux encore écarquillés. Je hochai la tête dans sa direction pour essayer de le rassurer. Tim paraissait ébranlé. Brooke aussi.

Mais je fus surprise par l’expression de Ned. Il était réellement marqué par ce qu’il venait de se produire. Lui qui ne montrait jamais rien au point que j’avais parfois la sensation qu’il était un robot, fut comme un livre ouvert, pendant un instant. Pourtant, il me connaissait à peine et j’avais ajouté de la difficulté à une situation déjà complexe. Quand il remarqua que je le fixais, il fit de son mieux pour retrouver un air neutre.
Peut-être que la mort me rendait paranoïaque. Ou me faisait voir des choses qui n’étaient pas vraiment là.
Je croisai le regard de Savari. Là, c’était sûr qu’il était au courant pour notre rapprochement, avec Adam.

— Eh bien, Adam, lança-t-il, le regard dur. Quelle maîtrise de toi-même.

Je serrai les dents et pressai légèrement le bras de mon compagnon en espérant qu’il ne répondrait pas à la provocation. De plus, tout le sang présent dans la pièce semblait mettre plus d’un vampire présents sur les nerfs.

Les jumelles se dirigèrent vers les dégâts. Rapidement, je vis des morceaux de verre voler et reconstituer les bouteilles. Harper s’occupait de réparer, tandis que Crystal utilisait son pouvoir pour aspirer chaque goutte de sang, afin que le salon redevienne propre et que tout ce liquide cesse de faire tourner les têtes.
Adam plissa les yeux, mais Brooke intervint en se plaçant devant le roi.

— Majesté, commença-t-elle avec douceur. Je vous en prie, il était simplement sous le choc.

Je sentis une boule se former dans ma gorge. Je me doutais à quel point cela devait lui coûter, de lui parler ainsi. Et pour prendre la défense de son ami, en plus. Elle marquait des points, à mes yeux.
Savari la regarda longuement, puis un sourire atroce étira ses lèvres.

— Je le sais bien, Brooke. Mais il ne faudrait pas qu’il oublie qu’il vaut mieux ne pas m’avoir comme ennemi.

À son tour, Adam esquissa un rictus en coin, plein de défi.
Oh bordel.

— Vous avez l’air bien proches, constata le roi en nous regardant.
Je déglutis. Mon protecteur ne répondit pas.
— J’espère que tu n’as pas oublié ta promesse, continua Savari.

Toujours aucune réponse, et je craignis le pire. Brooke, qui s’était mise de côté mais nous observait, était tendue. Je serrai un peu plus le bras d’Adam. Il valait mieux ne rien dire de compromettant maintenant. Nous trouverions une solution, j’en étais certaine.
Je surpris le regard d’Arthur. Lui, en revanche, paraissait prêt à s’opposer avec force à ces fiançailles. Pour lui, la relation que j’avais avec l’homme dont j’étais amoureuse, était trop importante.

— Comment l’oublier ? rétorqua sèchement l’intéressé.
Je soupirai intérieurement de soulagement.
— Me voilà apaisé. Sophia ?

Cette dernière, qui était postée près de la reine, lui jeta un regard méfiant. J’étais certaine que peu importait ce qu’il pourrait lui demander, elle serait obligée d’obéir.

— Oui, Savari ?
Elle devait être plus proche de lui que les autres, pour le nommer ainsi.
— Penses-tu que la puissance que tu as sentie puisse se transmettre facilement ? s’enquit-il.
— Je l’ignore, répondit-elle.
De quoi parlaient-ils, là ? Allais-je à nouveau servir de cobaye ? Adam se raidit et Lucian et April se rapprochèrent, nous entourant.
— Nous allons en avoir le cœur net, trancha-t-il.
— Hors de question, grogna April.

Rien ne va plus. Rien ne va plus…

— April, ma chère… Tu me dis non ? À moi ?
Lucian mit une main sur son épaule pour la retenir, alors qu’elle allait s’avancer, même s’il paraissait contenir sa colère.
— Elle vient déjà de… mourir, intervint-il.
— Cela ne sera pas grand-chose. Il ne suffit que d’un peu de sang, renchérit Savari.
En voyant mon air confus, il me sourit.
— En buvant le sang d’un humain possédant des pouvoirs, ou celui d’un vampire, il est possible de récupérer un peu de sa magie. (Je haussai les sourcils.) Je voudrais voir quelle dose il faudrait pour que tu transfères un peu de ton don. Mais rassure-toi, il ne disparaîtra pas pour autant de ton corps. Et ce sera temporaire.

À quel moment je devais être rassurée, exactement ? Je ne voulais pas qu’il me morde.

— Ça ne marchera pas avec moi, tentai-je de le dissuader. J’ai déjà bu le sang de Lucian et je n’ai pas été capable d’utiliser ses pouvoirs.
Il leva un sourcil.
— Quand ça ? m’interrogea-t-il.
— Quand… Quand j’ai été blessée après la tentative d’enlèvement, il y a deux mois…
Il leva un index.
— Exactement. Tu étais blessée. Es-tu restée consciente, après cela ?
Je serrai les lèvres. Mon absence de réponse voulait tout dire.
— Tu ne peux donc pas vraiment savoir. Et c’est différent avec chacun. Parfois, il faudra boire le sang d’une même personne régulièrement avant d’en sentir les effets. Parfois, il suffira d’une seule prise. C’est ce que nous allons essayer de déterminer.
— Vous ne la toucherez pas, gronda Adam.
Sur ses paroles, il fit demi-tour et se dirigea à grands pas vers la porte du salon, en m’emportant avec lui.
— J’en conclus que c’est toi qui vas le faire ? retentit la voix de Savari, derrière nous.
— Alors lui, il a le droit de la mordre, mais moi non ? entendis-je Harper se plaindre.

Je me demandai si je cesserais un jour d’être une proie, à ses yeux.
Mon protecteur s’arrêta et son visage se ferma. Il secoua ensuite la tête, comme pour lui-même, et se remit en marche.
Et je me détendis. Parce que je m’éloignais de toute cette foule qui me mettait mal à l’aise et parce que je préférais de loin que ce soit Adam qui me morde, si cela devait vraiment se faire. Après tout, je venais de mourir et une guerre civile avait failli éclater dans le manoir, que pouvait-il arriver de pire, aujourd’hui ?

Il grimpa les escaliers et prit une autre direction que celle qui menait à ma chambre. Il s’arrêta au bout d’un couloir et ouvrit une porte. Son parfum frais et poivré étant omniprésent dans la pièce, j’en déduisis qu’il s’agissait de la sienne.

Elle n’était pas très grande et ne contenait qu’un grand lit ainsi qu’une armoire et un bureau. Au fond, une porte semi-ouverte laissait entrevoir des carreaux caractéristiques d’une salle d’eau. C’était un peu vide, mais je savais aussi qu’il ne passait pas beaucoup de temps dans sa chambre. Il s’assit sur le lit et je mis mes bras autour de son cou. En réponse, il m’étreignit plus fort. Dans le silence, ce qu'il lui restait de colère et de peur semblait prendre toute la place. Il lui faudrait un moment pour digérer ce qu’il venait de se passer.
Un instant plus tard, Lucian, April et Nora entrèrent dans la chambre. Nous tournâmes la tête vers eux.

— Ne vous fatiguez pas, grogna Adam. Personne ne va la mordre.
L’autre chef, ainsi que sa femme, parurent soulagés. Nora écarquilla les yeux et les regarda.
— Quoi ? Je croyais qu’on venait justement pour lui dire que nous n’avions pas le choix ! s’exclama-t-elle.
— Elle en a assez bavé, rétorqua April, catégorique.
— C’est le roi qui le demande ! Je le déteste sûrement autant que vous, mais là je reconnais que nous n’avons pas d’autre solution. Il n’abandonnera pas tant que ça ne sera pas fait !

Même si je me doutais que Savari avait conscience qu’on ne l’aimait pas beaucoup, j’espérais qu’il ne nous entendait pas, de là où il était.

— Oui, c’est le roi, répéta Adam avec sarcasme. Et je vais foutre le feu à son misérable corps avant de brûler son royaume avec. C’est bon pour vous ?
Je soupirai et m’extirpai de l’étreinte d’Adam pour me relever. Il me proposa sa main en appui le temps que je trouve mon équilibre.
— Nora a raison, fis-je. Il ne lâchera pas l’affaire et nous savons tous ici qu’il est tenace. Alors on va lui donner ce qu’il veut. Tout ce que je souhaite, c’est que ça ne soit pas Savari qui me morde. Ni Anselme.
Si je devais y passer, alors d’accord, mais tout le monde sauf eux.
— Je préfère que ça soit l’un d’entre vous, terminai-je.
Nora hocha la tête.
— Je me porte volontaire, se proposa-t-elle. Ce sera rapide et sans douleur.
Un grognement sourd s’éleva du côté d’Adam. Elle le foudroya du regard.
— Pas de ça avec moi, Moineau.
Je me tournai vers lui.
— Tu veux le faire ? demandai-je, comprenant qu’il aurait du mal à laisser quelqu’un me mordre.
Il se leva et reporta son attention sur les autres.
— Sortez, exigea Adam.

Lucian et April semblèrent sur le point de protester, mais il leur adressa un regard si courroucé que même moi, j’étais sur le point de quitter la pièce. Elle me jeta un regard inquiet et je lui offris un sourire rassurant. Lucian défia son associé du regard, mais la brune finit par mettre une main sur son torse pour le faire sortir de la pièce. Quand ils eurent disparu, Adam se tourna vers moi.

— Tu es sûre ? Ça pourrait te rappeler de mauvais souvenirs. Je ne le ferai pas si tu ne le veux pas. Le roi pourra aller se faire voir.
J’étais touchée par sa prévenance, mais je secouai la tête.
— Il n’abandonnera pas tant que personne ne l’aura fait… Au risque qu’il le fasse lui-même.
Cette idée sembla l’horrifier autant que moi.
— Je préfère que ce soit toi…
Je triturai mes doigts.
— Mais c’est beaucoup de te demander, ça, alors si tu veux que ce soit quelqu’un d’autre qui…
— Non.
Il leva sa main et le bout de ses doigts caressa tendrement ma joue. Je frémis.
— Je vais le faire.
— Je peux aussi me couper et verser dans un verre…
— Tu te ferais mal. Je peux faire en sorte que la morsure ne soit pas douloureuse.
J’acquiesçai.
— Je peux te mordre dans le cou, ou au poignet. Qu’est-ce que tu préfères ? s’enquit-il de son ton doux et suave.

Je baissai les yeux sur les cicatrices que je portais sur mes bras. Elles n’étaient pas si éloignées du poignet et je ne savais pas très bien pourquoi, mais je ne voulais pas que la marque d’Adam se trouve au milieu de celles-ci, qui étaient si horribles, pour moi.

— Le cou, soufflai-je.

Il opina et écarta mes cheveux, afin de dégager ma gorge. Le trac, l’appréhension ainsi qu’un pic d’excitation montèrent en moi. Il dut le ressentir, car il me regarda droit dans les yeux.

— Je te promets que tu n’auras pas mal, me rassura-t-il. Je ferai très attention.

Je lui souris.
Il se pencha vers moi, une main sur ma joue, et m’embrassa. Je répondis à son baiser avec tendresse et soulagement. Après ça, nous en avions tous les deux besoin. Nos lèvres entamèrent un ballet de plus en plus passionné et mes jambes faillirent à nouveau se dérober sous moi. Il nous fit reculer, jusqu’à ce que nous soyons à nouveau assis sur le bord du lit. Puis, sa bouche parcourut une ligne invisible, jusqu’à mon cou, sur lequel il déposa une nuée de baisers.
Il s’arrêta et je sentis son hésitation comme si c’était la mienne. Je mis une main dans sa nuque, pour l’encourager.

— Je te fais confiance…

Je sentis ses lèvres s’entrouvrir contre ma peau et la pointe de ses canines m’effleurer. Je serrai ses cheveux dans mon autre main. La seconde d’après, ses crocs percèrent ma chair.
Sur le coup, je laissai échapper un léger gémissement et grimaçai. La première gorgée qu’il but me fit mal. Mais très rapidement, une douce chaleur se fit ressentir dans cette zone. La douleur aiguë s’estompa petit à petit. Je n’aurais su décrire avec fidélité ce que je ressentis. C’en devint… agréable.

Quoique « agréable » était un euphémisme. J’avais la sensation de flotter et chacune des aspirations d’Adam alimentait la chaleur qui se propageait désormais dans tout mon corps. Je laissai échapper un soupir et je sentis ses doigts se crisper dans mon dos. Mes mains s’agrippèrent à son tee-shirt et à ses cheveux et je laissai ma tête retomber en arrière, en fermant les yeux. Des arcs électriques me parcouraient, pour se diriger ensuite vers mon bas-ventre.

Était-ce parce que c’était lui, ou la morsure pouvait-elle vraiment être aussi érotique, d’ordinaire ? Puis je me souvins de ce que j’avais lu à propos de la paralysie et me fis la réflexion que les vampires devaient sûrement pouvoir choisir s’ils voulaient que leur morsure soit douloureuse, ou très agréable. Et si « agréable » signifiait cela, alors cela devait être pas mal utilisé dans l’intimité, chez ces créatures.

Lorsque les gorgées se firent de plus en plus petites, j’eus envie de protester. Cela signifiait que c’était bientôt fini. Et en effet, je sentis ses crocs se rétracter, puis sa langue passer sur la marque. Des picotements se manifestèrent à cet endroit, la blessure se résorbant. Il s’éloigna de mon cou pour me regarder. À travers mon esprit embrumé, je le vis lécher ses lèvres afin de récolter les gouttes de sang qui s’y trouvaient encore. Ses yeux étaient toujours aussi rouges. Ils n’avaient pas retrouvé leur teinte normale depuis ma mort.

— Tu m’as… guérie ? demandai-je.
Il me sourit.
— La salive de vampire peut être efficace face aux petites blessures, m’apprit-il.
Je hochai la tête et eus un léger sourire.
— Oui… Emma m’en avait parlé…

Il passa un bras sous mes jambes et me porta pour m’installer plus haut, sur le matelas. Ma tête tournait légèrement. Il me maintint assise et fit pousser une griffe, au bout de son index. Il se coupa l’avant-bras jusqu’au sang et le leva vers mon visage.

— Il faut que tu boives, mon ange, m’indiqua-t-il. Ça te redonnera des forces.

Je lui jetai un regard hésitant, mais il m’encouragea d’un signe de tête. Je posai mes lèvres contre l’entaille dans sa peau et fronçai les sourcils, un peu perturbée par le fait de boire son sang. Puis, je me mis à l’aspirer et j’eus comme un sursaut. Le sang était épais, mais doux et sucré. Le goût métallique possédait également une pointe florale. Et après plusieurs gorgées, une tension grimpa en moi, me donnant envie de continuer. Adam se raidit et je compris sans avoir besoin de le regarder qu’il devait ressentir la même chose que moi, quand il avait bu à mon cou.
Je fus un peu déçue quand sa blessure cicatrisa. Déjà ?

Je me reculai. J’avais réellement la sensation d’être dans un nuage après ces deux expériences et après le drame qui s’était produit juste avant, cela faisait du bien.
Il m’aida à m’allonger, alors qu’une certaine torpeur me saisissait. Mes paupières se baissaient toutes seules. Son sang était en train de me soigner, je n’échapperais donc pas au sommeil réparateur forcé.
Il mit la couverture sur moi et je levai une main pour le retenir par la manche.

— Ne t’en vas pas…, chuchotai-je, suppliante.
Il déposa un baiser sur mon front.
— Je reste jusqu’à ce que tu t’endormes, répondit-il. Je vais devoir aller dire au roi les effets que ça a eu sur moi, mais je reviens dès que c’est fait.

Je l’avais presque oublié, celui-là.
J’acquiesçai. Il prit ma main dans la sienne et en effet, il resta jusqu’à ce que le sommeil m’emporte.

~


Je rouvris les yeux. Il faisait sombre dans la chambre, à peine éclairée par les rayons de la lune. J’ignorais quelle heure il était, mais ça devait être le milieu de la nuit.
Je souris en sentant une main caresser mes cheveux. Je levai les yeux vers Adam.

— Ils sont partis ? m’enquis-je.
— Oui.
Je soupirai de soulagement.
— Est-ce que ça a marché ? murmurai-je.

Il tendit un bras pour allumer une lampe et la lumière me fit cligner des yeux. Il sourit et leva une main, la paume vers le plafond.
Ma bouche forma un « o » quand je vis de fines volutes d’ombres sortir de sa peau. Les miennes.

— Il y a quelques heures, je pouvais faire plus que cela, déclara-t-il.
Je fronçai mon nez avec un air faussement vexé.
— Tu les as contrôlées bien plus vite que moi, me plaignis-je.
Il eut un petit rire et fit disparaître les ombres.
— Il suffit donc qu’un vampire boive un peu de mon sang pour qu’il s’accapare mon pouvoir, soupirai-je.
Il retrouva son sérieux et hocha la tête.
— Oui. Mais il est aussi probable que ça soit possible grâce à mon ancienneté et ma puis-sance. Ou notre lien.
Il mit un doigt sous mon menton.
— Le premier qui essayera de s’en prendre à toi le regrettera amèrement, me promit-il.
Je le crus sans aucun mal.
— Est-ce que… mon sang était bon ? ne pus-je m’empêcher de demander.

Ses yeux - qui avaient repris leur couleur sombre d’origine - se mirent à me contempler avec une lueur de gourmandise. J’en eus le souffle coupé.

— Très, répondit-il. Ton parfum est si… envoûtant.
Je me mis à rougir et à sourire, un peu timidement.
— Tu es incroyable, lâcha-t-il.
— Comment ça ?
— Malgré tout ce qui a pu t’arriver, ce que tu as pu voir, tu es toujours là. À me sourire.
Je sentis mon cœur se serrer.
— Je ne cesserai jamais de te sourire, déclarai-je avec franchise.
Mes paroles le laissèrent sans voix pendant un instant.
— Quelque part, j’ai toujours craint qu’un jour tu puisses avoir peur de moi, souffla-t-il.
Je secouai la tête et entremêlai mes doigts aux siens.
— Tu m’effrayais, au début, avouai-je.
Il eut un sourire amusé.
— Je suis effrayant.
Sa réponse me fit sourire un peu plus.
— C’est sûr que j’avais peur en partie parce que tu es un vampire et qu’à ce moment-là j’étais encore trop… inquiète, par ça. Mais aussi parce que tu étais… bien réel.

Je cherchai mes mots, ne sachant pas comment décrire ce que j’avais pu ressentir.

— Je me disais que j’étais effrayée parce que le fait que tu sortes tout droit de mon rêve posait beaucoup trop de questionnements. Et je commençais à me rendre compte que j’étais capable de bien plus que ce que je ne pensais. Mais désormais… je sais que ce n’était pas la seule raison, même s’il m’a fallu du temps pour le comprendre. J’avais peur parce que je voulais partir et en même temps, cela voulait dire que je m’éloignerais de toi, après avoir tant espéré que tu existes vraiment. J’étais perdue et c’était terrifiant.

Il plaça une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. Son sourire était tendre et je décelai une émotion profonde au fond de ses yeux.

— Et il faut dire que je n’ai pas été très agréable avec toi, au début, ajouta-t-il.
— Est-ce que tu crois toujours que je t’ai ensorcelé ? demandai-je en prenant un ton mystérieux.
Cela le fit rire.
— J’en suis certain. J’attends seulement que tu finisses par avouer, plaisanta-t-il.
Il se pencha au-dessus de moi, emplissant presque tout mon champ de vision. Tant mieux. Il était le seul que je voulais voir.
— Mais finalement, être ensorcelé a du bon, ajouta-t-il.
Je souris, mais repris mon sérieux quand je vis son regard se faire bien plus intense.
— Si j’ai dormi toutes les nuits pendant deux semaines, c’est parce que je savais que je te retrouverais dans mon rêve.

Son aveu me coupa le souffle. Je ne m’y attendais pas. Cela fit écho à quelque chose de familier. Peu de temps après notre rencontre, Adam avait dit devant Emma qu’il s’était trouvé dans mes songes chaque nuit, pendant quinze jours. Elle avait été étonnée qu’il ait dormi autant et je n’avais jamais su pourquoi. Je m’étais même demandée si c’était parce qu’il avait été blessé. Elle avait dit qu’il ne dormait pas toujours, et maintenant, je savais pourquoi : à cause de ses cauchemars.
Mais pour me voir, il avait pris le risque. Pendant deux longues semaines.

— Te voir dans mes rêves m’a sauvé. Et je n’aurais pas tenu sans ton visage dans mon esprit pendant tout ce temps, et l’envie de te retrouver nuit après nuit, poursuivit-il.

Je sentis les larmes me monter aux yeux, alors que mon cœur battait la chamade. Ma gorge était serrée par l’émotion. Son honnêteté me frappa et m’attendrit à la fois. Je ne connaissais peut-être pas tout de lui et de son passé, mais j’avais l’impression qu’il avait dû brider ce qu’il pouvait éprouver pendant des siècles, et surtout, qu’il ne s’était jamais senti aussi bien auprès de quelqu’un. Et désormais, il ne voulait plus se contenir. Il avait raison. Pourquoi cacher des choses, quand tout pouvait basculer à tout moment ?

— Je voulais passer mon temps à dormir, pour te voir, admis-je à mon tour. J’aimais bien plus être dans mes rêves que dans la vraie vie.

Son sourire me désarma. Il se pencha un peu plus et je nouai mes bras autour de son cou. Il se plaça entre mes jambes, se tenant en appui sur ses mains. Je me rendis compte qu’il tremblait légèrement.

— Adam ?
— Ça va…
Je n’étais absolument pas convaincue.
— Parle-moi…, murmurai-je.
— J’ai eu si peur, si tu savais.
Je me mordis la lèvre et hochai la tête. Il y avait tant de désespoir dans sa voix que c’en était insoutenable.
— Tu étais morte et…
— Je sais…
— Quand je t’ai vu tomber… j’ai cru que tout s’arrêtait. Tout, Neeve.
Je pris son visage en coupe dans mes mains. Mes yeux s’embuèrent un peu plus.
— Mais je suis bien là…, chuchotai-je. Bien vivante.
Malgré ces mots, je voyais que l’inquiétude était profondément ancrée dans son regard. Elle mettrait du temps à partir.
— Laisse-moi chasser tes peurs, lui demandai-je.
— Et laisse-moi chasser les tiennes.

Je relevai mon visage afin qu’il se rapproche du sien et l’embrassai. Il y répondit avec tant de tendresse que je crus que j’allais me mettre à pleurer. Mes mains glissèrent jusqu’à se retrouver dans ses cheveux. Les yeux fermés, je me délectai de ce baiser. J’avais l’impression que c’était la première fois. Encore et encore, à chaque fois que je l’embrassais. Je le redécouvrais.

*(La scène qui va suivre peut heurter la sensibilité des plus jeunes. Rendez-vous aux prochains astérisques. Si non, bonne lecture !)*


Il se détacha de mes lèvres pour faire courir les siennes dans mon cou, lentement. Je retins un gémissement, et ma peau se couvrit de chair de poule. Je le serrai plus fort contre moi, souhaitant qu’il ne s’arrête pas. Sa main se faufila sous mon tee-shirt pour décrire des cercles de son pouce autour de mon nombril et ma température augmenta. Il laissait des sillons d’une douce chaleur sur mon ventre, qui se creusa sur son passage.

Je me sentais déjà mieux en me réveillant, mais c’était bien dérisoire à côté de ce que je ressentais, là maintenant. À côté du désir qui me brûlait les veines et qui commençait à être délicieusement insupportable. Et malgré mon expérience, je ne pus m’empêcher de ressentir du trac. Adam n’était pas n’importe qui. Et les derniers rapports que j’avais eu m’avaient enlevé une sacré confiance en moi.

Il se pencha en avant pour s’emparer de mes lèvres, ses bras autour de moi. Je répondis à son baiser avec fougue, et mon cœur se mit à battre plus rapidement. Nos langues se cherchèrent et finirent par se trouver, entamant une danse lascive. Je me pressai un peu plus contre lui et mes mains trouvèrent le bas de son tee-shirt, cherchant à le faire remonter. Adam se redressa le temps de l’ôter, puis ses lèvres furent à nouveau sur les miennes. Sa peau était tiède, mais agissait comme un baume sur la chaleur que je ressentais. Mes doigts parcoururent sa peau nue, en prenant leur temps. Il me rendit la pareille en caressant mon ventre, mes côtes et la rondeur de mes seins tendus, me faisant frissonner.

Il fit remonter mon tee-shirt et me l’ôta, suivi de mon soutien-gorge, avant de le jeter quelque part dans la pièce. Il resta quelques instants à m’observer, tandis que je me mordais la lèvre, nerveusement. Avec son pouce, il la libéra de mes dents pour la prendre entre les siennes, l’aspirant et la mordillant. Les pointes de ses crocs vinrent la titiller, ce qui ne fit qu’augmenter mon excitation.

— Tu es si belle…

Je sentis ensuite la pointe de sa langue sur mon cou, puis mes clavicules, avant de descendre plus bas. Mes mains se perdirent dans ses longs cheveux blonds et je tirai légèrement sur ses boucles, tout en le maintenant contre moi. Je laissai échapper un gémissement de plaisir, la tête basculée en arrière, quand il se mit à taquiner mes seins et leurs pointes dressées.

Il attrapa un téton entre ses lèvres et le suçota, ce qui ne fit qu’attiser le feu qui se propageait en moi en une douce torture, avant de passer à l’autre. Mes mains parcoururent son torse, puis son ventre. Quand elles finirent par rencontrer le bord de son pantalon et que l’une d’elle se faufila timidement dessous, Adam laissa échapper un grognement. Cela me fit sourire. En retour, il se mit à me mordre gentiment, envoyant des éclairs de plaisir à travers tout mon corps.

Ma main alla de plus en plus loin, jusqu’à rencontrer ce qu’elle cherchait. Mes doigts se refermèrent autour de son membre, ce qui eut pour effet de faire grimper son impatience. Mes mains et mes lèvres se mirent à explorer chaque recoin de sa peau à ma portée puis mes doigts allèrent trouver la fermeture éclair qui retenait son bas. Je parvins à l’ouvrir après plusieurs essais, tremblante et le souffle court. Je fermai les yeux un instant et pris une grande inspiration. Bon sang, il fallait que je me calme.
Adam attrapa ma main et se mit en appui sur un coude, me regardant dans les yeux, soucieux.

— Est-ce que ça va… ? me chuchota-t-il.
Je hochai la tête plusieurs fois.
— Tu es sûre de vouloir le faire ? On n’est pas obligé de…
— Non. C’est juste… Ça fait longtemps. Et… c’est toi…
S’il parvenait à me comprendre, chapeau. Même moi j’avais du mal. Il mit un doigt sous mon menton.
— De quoi as-tu peur ? me demanda-t-il tendrement.
— De ne pas… être à la hauteur ?

Mon affirmation sonnait beaucoup plus comme une question. Je me maudis pour cet instant de faiblesse. Il m’embrassa sur le front.

— Neeve… Tu es déjà tellement plus que ce que j’aurais pu espérer. Tout ce dont j’ai pu rêver, me sourit-il, ses yeux reflétant des flammes de désir. Tu es incroyable et c’est un honneur de pouvoir être près de toi. Personne n’a le droit de te faire croire le contraire.

Je déglutis, touchée par ses paroles.
Avec Connor, les choses n’étaient pas simples, notamment sur le plan sexuel. La plupart du temps, je couchais avec lui car je craignais qu’il s’énerve si je refusais, au point que j’avais finis par prendre cela comme une corvée inévitable. Il était rare que je prenne réellement du bon temps, dans ces moments-là. La pression et la peur étaient omniprésentes, gâchant même ces moments d’union qui auraient dû être épanouissants. Au final, je m’étais forcée pendant deux ans et il était déjà arrivé que ça soit lui qui me force. J’avais pensé, jusqu’à maintenant, que plus jamais je ne pourrais laisser un homme me toucher.

Mais aujourd’hui, il y avait Adam. Avec lui, tout était si différent… Il était si compréhensif et son envie de m’aider à reprendre confiance m’émouvait. Le mot « désir » prenait un tout autre sens et j’avais la sensation de ne jamais avoir eu cette expérience avant lui. Mon cœur se réchauffa.

Je plaquai mes lèvres sur les siennes et, quand il me regarda à nouveau, un doute dans le regard, je hochai la tête. Oui, j’étais sûre de moi. Je voulais être unie à lui. Notre baiser reprit et il détacha le bouton de ma braguette.

— J’ai envie de toi depuis si longtemps…, m’apprit-il.
— Si tu veux savoir, j’ai eu envie de te clouer à mon lit à plusieurs reprises, révélai-je avec un sourire en coin. J’en ai même rêvé, une fois.
— Tu aurais dû le faire, mon ange… J’aurais été à ta merci.

Il fit courir ses lèvres sur mon corps, tout en ôtant mon pantalon. Un frisson d’excitation et d’impatience me traversa, même si j’étais encore nerveuse. Il déposa une volée de baisers le long de mon ventre, puis de mes cuisses, en retirant mon dernier sous-vêtement. Pendant une seconde, je fus timide à l’idée qu’il me voit entièrement, me demandant s’il appréciait ce qu’il voyait. Son regard affamé et appréciateur me rassura en un rien de temps.

Il n’y eut plus que des cris de plaisir étouffés, et un désir qui s’attisait de plus en plus, ce que je n’aurais pas cru possible, quand sa bouche se posa délicatement sur les replis de ma féminité. Par réflexe, mon corps eut un soubresaut et Adam enroula ses bras autour de mes cuisses pour me maintenir en place.

La pointe de sa langue me poussa sans cesse au bord de l’extase, sans jamais me laisser basculer dans le précipice. Il me faisait languir, jouant également de ses doigts pour me rendre folle. J’agrippai un oreiller d’une main, des soupirs de volupté m’échappant, tandis que l’autre était perdue dans les cheveux de mon vampire.
Une chose était sûre, toute nervosité s’était envolée pour ne laisser place qu’à mon envie de lui, de le sentir en moi.

— Adam…, haletai-je.

Il m’adressa un sourire ravageur et poursuivit sa lente torture. Je mis un moment avant de retrouver l’usage de la parole et prononcer à nouveau son nom.

Alors qu’une boule de chaleur menaçait d’exploser, dans mon ventre, il s’arrêta et se débarrassa de son pantalon. Il remonta le long de mon corps, pour que ses lèvres retrouvent les miennes. Je répondis férocement à son baiser, mes doigts enfoncés dans ses épaules. Il se plaça entre mes cuisses et je serrai sa taille de mes jambes.

Mon bassin se souleva pour aller à sa rencontre. Je l’accueillis quand il commença à me pénétrer lentement. Il marqua une pause afin que mon corps s’adapte à son intrusion et je bougeai les hanches pour l’encourager. Il donna une poussée en avant pour entrer plus profondément. Un gémissement rauque lui échappa et mon cri fut étouffé par sa bouche qui me dévora, exigeante, me réclamant sans relâche. J’y répondis comme si ma vie était en jeu. Je n’avais jamais ressenti ça. Je ne pensais même pas que ce serait possible. Comme si j’étais enfin complète, que j’avais trouvé ma place, mon foyer. Là où j’aurais toujours dû être. Nous entamâmes un lent va-et-vient, voulant d’abord nous découvrir.

Je ne savais plus où commençait son corps et où finissait le mien. Nos mains étaient partout, nos langues se cherchaient. Le nom de l’autre était sur nos lèvres, et plus rien d’autre au monde n’existait à part lui, sa douceur, sa passion, ses coups de reins me faisant tourner la tête. Je perdis complètement la notion du temps. J’embrassais son cou, ses épaules, le haut de son torse, puis à nouveau ses lèvres, avant de recommencer depuis le début.

Et le plaisir montait en une spirale infernale, prêt à tout emporter sur son passage. Mes ongles s’enfoncèrent légèrement dans sa peau, tandis que mon corps se crispait de plus en plus.
Mon regard croisa celui d’Adam. Un grognement guttural de plaisir entrecoupa ses gémissements graves, et ses mouvements se firent plus rapides, plus forts. Je suivis le rythme en sentant une délicieuse sensation se propager dans mon ventre, tel un tourbillon dévastateur. Je laissai libre cours à mes cris, peu soucieuse du fait d’être potentiellement entendue. Les yeux de mon protecteur se changèrent pour devenir écarlate. J’étais en train de lui faire perdre ses moyens. J’en fus ravie.

Il plongea à nouveau sur mes lèvres avec véhémence, sa langue partant à la recherche de la mienne. Ma lèvre inférieure s’égratigna contre un de ses crocs et le goût métallique du sang emplit ma bouche. Il se mit à lécher la plaie et ce geste alimenta mon désir. Jamais, avant lui, je n’aurais pu penser que le sang et le sexe pouvaient être intimement liés. Pourtant, c’était le cas. Il aspira légèrement le sang avant que la blessure ne se referme.

Je me rendis compte que j’avais laissé des ombres m’échapper, sous le coup du plaisir et des émotions. Elles vinrent nous entourer et nous effleurer, mais elles étaient inoffensives, pour Adam. En aucun cas je ne les aurais rendues brûlantes. C’était comme si elles le caressaient. Elles se dressèrent autour de nous et le vampire sourit contre ma bouche, satisfait de m’avoir fait perdre le contrôle, également. Elles formèrent une sorte de barrage, pour nous séparer du reste du monde. Inconsciemment, je devais leur avoir ordonné de nous protéger.

Il entrelaça nos doigts et passa son autre main sous mes hanches, accélérant le rythme, quand un plaisir comme je n’en avais jamais connu explosa dans tout mon corps, qui se tendit. Je me sentis de plus en plus légère, comme si j’allais m’envoler. Ce dut être le cas, car ses doigts me maintinrent plus fort à la taille, pour me retenir. Mes ombres m’auraient soulevée du matelas s’il n’avait pas été là. C’était si intense, que je me demandai par quel miracle je pouvais rester en vie sous un tel assaut.
Adam bascula peu de temps après moi dans ce gouffre charnel. Et je fus presque surprise de constater que j’étais toujours consciente. Jamais je n’aurais pu ne serait-ce qu’imaginer ce que cela faisait, de coucher avec un vampire.

Non. De faire l’amour avec Adam. J’étais certaine que je n’aurais pas pu ressentir cela, même avec un autre vampire. C’était à un niveau que jamais personne d’autre que lui n’aurait pu atteindre. Tant sur le plan émotionnel que physique. J’avais d’ailleurs l’impression que ça avait été ma vraie première fois.

**

Il resta contre moi mais veilla à ne pas m’écraser. Mes ombres se rétractèrent. Je mis quelques minutes à reprendre une respiration normale. Lui, n’en avait pas besoin, même s’il avait pris de grandes inspirations pendant quelques secondes, ce qui était assez révélateur de ce qu’il avait pu ressentir. J’étais encore émue et béate de plaisir.

Il m’embrassa délicatement, et roula sur le côté. Plus bas, le drap était tacheté de gouttelettes rosées. Je crus avoir saigné, avec surprise, quand je comprit que ce n’était pas assez rouge, et qu’il s’agissait des fluides ensanglantés typiques des vampires.

Il passa un bras autour de ma taille et je me retrouvai face à lui. Il tendit la main pour éteindre la lampe et la pièce fut à nouveau plongée dans l’obscurité. Je lui souris tendrement et il fit de même, ses doigts courant sur ma joue. Je me rapprochai de lui et enfouis ma tête contre son torse avant d’y déposer un baiser. Il caressa mes cheveux d’une main et mon dos de l’autre, me tenant fort contre lui. Je traçai doucement des cercles au niveau de son omoplate, presque distraitement. Le silence nous enveloppait, mais il n’était absolument pas gênant. Il en disait bien plus que des mots.

Jamais je ne pourrais quitter ce lit et m’éloigner de lui. Cela me paraissait impossible.

Je restai un moment éveillée, à profiter de ce moment, ne sachant pas si nous pourrions en avoir d’autres de semblables, mais la fatigue commença à me rattraper. Mes caresses étaient de plus en plus faibles et distancées les unes des autres.

Je m’endormis contre Adam. Je ne connaissais pas de meilleure façon de céder à l’appel du sommeil.

---


Chapitre 20
Chapitre 22
Dernière modification par Chlawee le sam. 09 oct., 2021 11:36 am, modifié 1 fois.
lacrystal

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 21)

Message par lacrystal »

Hey ! AH oui, la suite du fameux chapitre où Neeve s'est faite tuer. Bon j'imagine que s'il reste des chapitres c'est qu'elle va survivre mais je me méfie quand même xDD
Chloe38200 a écrit : ven. 01 oct., 2021 10:41 am Cela venait d’Adam, qui était penché au-dessus de mon corps inerte, le serrant dans ses bras. Il ne quittait pas mon visage des yeux. Sa main était posée contre ma joue et il ne bougeait plus. Nous pouvions tous sentir sa colère, qui s’exprimait par ce grognement et l’appel de sa puissance.
Le pauvre :cry: :cry: :cry:
Lucian et April étaient près de moi, eux aussi, agenouillés. La femme murmurait des « Non… Non… ». Des larmes perlaient à ses yeux. Lucian était en proie à un choc profond. Les yeux d’Emma et de Stuart menaçaient de s’échapper de leur orbite. Les autres étaient frappés de stupeur, réalisant à peine ce qu’il se passait, puisqu’il ne devait s’être écoulées que quelques secondes. Même le sourire d’Anselme avait disparu.
Oh punaise, ils me font trop de la peine :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry:

Et dans ses ténèbres, des volutes d’ombres se mouvaient. Et j’avais la sensation qu’elles n’auraient pas dû être là. Pire encore, elles apparaissaient aussi dans l’aura de Savari, placé à côté d’elle.
Je fronçai les sourcils. Elle était la mort, mais cette obscurité-là ne lui appartenait pas… Et elle m’était familière.
Elles étaient semblables à mes ombres.
:o :o :o :o :o Qu'est-ce que ça signifie ?
Et je réintégrai mon corps.
Ouuuufff dieu merci

Savari affichait encore un sourire condescendant.
j'ai envie de l'atomiser ce type

Il me jeta un coup d’œil et je vis à quel point il était soulagé, lui aussi. Pas parce qu’il était attaché à moi - après tout il me connaissait à peine -, mais parce que d’après ce que j’avais vu, j’étais l’espoir d’Adam. Il voulait le bonheur de son ami.
ça va pas d'écrire des choses pareilles ? :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry:


Mais je fus surprise par l’expression de Ned. Il était réellement marqué par ce qu’il venait de se produire. Lui qui ne montrait jamais rien au point que j’avais parfois la sensation qu’il était un robot, fut comme un livre ouvert, pendant un instant. Pourtant, il me connaissait à peine et j’avais ajouté de la difficulté à une situation déjà complexe. Quand il remarqua que je le fixais, il fit de son mieux pour retrouver un air neutre.
Quelque chose me dit que tu n'as pas mis ça au hasard eyes

Pour lui, la relation que j’avais avec l’homme dont j’étais amoureuse, était trop importante.
Je fonds *-* *-* *-* *-* *-*

— Alors lui, il a le droit de la mordre, mais moi non ? entendis-je Harper se plaindre.
J'suis morte xDDDDDDD

Il s’assit sur le lit et je mis mes bras autour de son cou. En réponse, il m’étreignit plus fort.
Non mais comment c'est possible d'être aussi cute ? *-* *-* *-* *-*

— Oui, c’est le roi, répéta Adam avec sarcasme. Et je vais foutre le feu à son misérable corps avant de brûler son royaume avec. C’est bon pour vous ?
Perso j'ai 0 protestation à faire
— Je te promets que tu n’auras pas mal, me rassura-t-il. Je ferai très attention.
Non mais :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: Je l'aime trop en fait genre, vraiment


Quoique « agréable » était un euphémisme. J’avais la sensation de flotter et chacune des aspirations d’Adam alimentait la chaleur qui se propageait désormais dans tout mon corps. Je laissai échapper un soupir et je sentis ses doigts se crisper dans mon dos. Mes mains s’agrippèrent à son tee-shirt et à ses cheveux et je laissai ma tête retomber en arrière, en fermant les yeux. Des arcs électriques me parcouraient, pour se diriger ensuite vers mon bas-ventre.

Était-ce parce que c’était lui, ou la morsure pouvait-elle vraiment être aussi érotique, d’ordinaire ? Puis je me souvins de ce que j’avais lu à propos de la paralysie et me fis la réflexion que les vampires devaient sûrement pouvoir choisir s’ils voulaient que leur morsure soit douloureuse, ou très agréable. Et si « agréable » signifiait cela, alors cela devait être pas mal utilisé dans l’intimité, chez ces créatures.
Moi avant : les vampires ça fait flipper avec leurs morsures et tout
Moi, maintenant : Mmh... c'est pas si mal en fait les vampire. Où est-ce qu'on peut en trouver un ? xD

— Je ne cesserai jamais de te sourire, déclarai-je avec franchise.
:cry: :cry: :cry: :cry: *-* *-* *-* *-* *-* *-*

— J’ai eu si peur, si tu savais.
Je me mordis la lèvre et hochai la tête. Il y avait tant de désespoir dans sa voix que c’en était insoutenable.
— Tu étais morte et…
— Je sais…
— Quand je t’ai vu tomber… j’ai cru que tout s’arrêtait. Tout, Neeve.
Oh non, ça me fait vraiment trop de la peine :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry:

— Neeve… Tu es déjà tellement plus que ce que j’aurais pu espérer. Tout ce dont j’ai pu rêver, me sourit-il, ses yeux reflétant des flammes de désir. Tu es incroyable et c’est un honneur de pouvoir être près de toi. Personne n’a le droit de te faire croire le contraire.
OK, je ne pleure pas, je ne pleure pas s'évente les yeux pour les sécher

Avec Connor, les choses n’étaient pas simples, notamment sur le plan sexuel. La plupart du temps, je couchais avec lui car je craignais qu’il s’énerve si je refusais, au point que j’avais finis par prendre cela comme une corvée inévitable. Il était rare que je prenne réellement du bon temps, dans ces moments-là. La pression et la peur étaient omniprésentes, gâchant même ces moments d’union qui auraient dû être épanouissants. Au final, je m’étais forcée pendant deux ans et il était déjà arrivé que ça soit lui qui me force. J’avais pensé, jusqu’à maintenant, que plus jamais je ne pourrais laisser un homme me toucher.
Punaise mais Connor aussi je vais lui faire sa fête il va rien comprendre à sa vie

Wow la scène qui suit :o Franchement, elle était super, super bien écrite. Je suis totalement fan d'Adam et Neeve, genre vraiment, je les aime d'amour *-*
En tout cas bravo pour la scène érotique, c'est pas facile de les écrire et là, t'as complètement éclaté le game :lol: :lol: :lol:
Je l'attendais, cette première scène entre Adam et Neeve et je n'ai pas été déçue du tout !

Vivement la suite *-*
Chlawee

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 22)

Message par Chlawee »

Hello ! :D J'espère que vous allez tous très bien !
Ce chapitre sera riche en révélations (si tout va bien), alors accrochez-vous. :lol:
Bonne lecture !

Chapitre 22


Je ne pouvais pas croire ce que j’avais vu. Pourtant, son image me hantait. Lucian avait ramené une humaine au manoir - la fille d’un de ses défunts amis - et, curieux, j’avais voulu voir comment elle était. En entendant la voiture se garer, à l’extérieur, j’avais écarté légèrement le rideau de la fenêtre de mon bureau pour l’apercevoir.
De là où j’étais, je ne pouvais voir que de longs cheveux roux. Pourtant, son apparence me frappa.


C’était moi. Je me voyais, dans la cour du manoir au moment où j’étais arrivée, à travers les yeux de quelqu’un d’autre. Et je sentais qu’il s’agissait d’une vision. Mais jusqu’ici, j’avais toujours été extérieure à la scène.

Pendant des heures, j’étais resté dans mon bureau, le souvenir de sa chevelure tournant en boucle dans mon esprit. Si bien que je ne tins plus. Je sortis de la pièce et me mis à la chercher. Une force invisible, un instinct que je n’aurais pas soupçonné, me poussait à avancer, à la retrouver. Il fallait que je sois certain…

Je sentis son parfum de rose et de fraise, sucré et envoûtant. Il me conduisit jusqu’au salon. Et je me figeai.
C’était bien
elle. Celle qui hantait mes rêves. Qui m’offrait du répit dans cette existence. Une vision qui ne m’avait jamais quittée. J’avais à peine osé parler d’elle à Nora, voulant garder l’existence de cette femme fantasmée, secrète. C’était à moi, rien qu’à moi. Personne ne devait atteindre cette image qui me réconfortait tant, me l’enlever. Si je la protégeais suffisamment, elle resterait là, ancrée dans mon âme, sans que personne ne puisse y avoir accès.
Et elle était bien réelle.

Je pourrais reconnaître sa silhouette entre mille. Je n’avais pas besoin de voir son visage pour savoir qu’il s’agissait de Neeve. Je me rendis également compte que son odeur était telle que je l’aurais imaginée, pour elle. Elle lui convenait parfaitement.
Elle faisait les cent pas dans la pièce, attendant le retour d’Emma, que j’avais entendu un peu plus tôt. Dans un premier temps, je restai complètement immobile, l’observant, sous le choc. Je suivis le moindre de ses gestes du regard, me demandant même si je n’étais pas en train de rêver, si je ne m’étais pas assoupi sur mon bureau.


Adam. J’étais dans l’esprit d’Adam, au moment de notre rencontre.

Je m’adossai à un mur, sans la quitter des yeux. L’espoir côtoya bientôt la méfiance, l’inquiétude. Si tout cela était bien réel, comment était-ce possible ? Je ne l’avais jamais vu ailleurs qu’en songe. Ce petit bout de femme m’avait donc appelé, mais par quel moyen ?

Et surtout… que se passerait-il lorsqu’elle me verrait, elle aussi ? Elle avait déjà l’air d’avoir peur des vampires, à en croire les battements de son cœur qui peinaient à s’apaiser et sa posture tendue, il y avait donc de fortes chances pour que je la fasse fuir.
Et ça, ce serait douloureux.

Elle se retourna et je vis ses jolis yeux d’une teinte émeraude s’écarquiller. Sa beauté me frappa, comme à chaque fois que je la voyais. Sa chevelure flamboyante, ses lèvres pleines qui avaient l’air si douces. Cette lueur si particulière dans son regard. Elle avait l’air à la fois si fragile et forte en même temps. Libre et inquiète. Courageuse et méfiante.
Si mon cœur avait continué de battre, il se serait arrêté en la voyant. Puis à nouveau, quand je compris qu’effectivement, je lui faisais peur. Qu’elle aussi, elle était pétrifiée en se rendant compte que j’étais réel. Et j’étais certain, aux battements de son palpitant et à sa respiration, qu’elle ne jouait pas la comédie.

La voir tous les jours, dans ce clan, serait à la fois la meilleure et la pire chose qui soit. Surtout si je devais affronter ce regard-là.
La dernière chose au monde que je souhaitais, en partageant mes rêves avec elle, était qu’elle me voit comme un monstre. C’était peut-être désormais le cas. Et je ne pouvais pas lui en vouloir.



La vision se brouilla et je me sentis déconnectée de lui, emportée ailleurs. Cela me fit bizarre. Peut-être que j’avais été capable d’une telle prouesse parce que nous nous étions grandement rapprochés, avant que je ne m’endorme ?

J’avais été certaine d’avoir vu un rideau bouger, au troisième étage du manoir. Il m’avait observée, à mon arrivée. Et je comprenais mieux certaines choses : son comportement, au début, ainsi que sa surprise en voyant que mon dessin de lui ne le représentait pas comme un monstre. Tout comme j’étais surprise de remarquer à quel point je rayonnais, à travers ses yeux. Il me l’avait déjà dit, mais je n’arrivais pas à me voir ainsi.
Désormais, je savais.


Je fus transportée ailleurs, mais cette fois-ci, je n’étais dans la tête de personne. Je me retrouvai devant une maison délabrée. Adam s’avança et poussa la porte d’entrée. Je le suivis, alors qu’il entrait. Plus loin, dans un lit, une silhouette se redressa péniblement.

— Qui est là ?

Elle plissa les yeux. Elle était frêle, pâle. Presque autant que le vampire à côté de moi, qui restait à l’écart, un sourire triste sur les lèvres. Ses cernes si sombres contrastaient avec son teint. Puis, il se mit à avancer, quittant la pénombre et elle porta une main tremblante à sa bouche.

— Sander…
— C’est bien moi, mère…
Elle sourit comme si elle venait d’assister à un miracle.
— Tu es vivant ! (Elle se mit à tousser, comme si elle n’avait pas le droit de hausser le ton et que l’univers le lui faisait payer. Je grimaçai.) Je croyais qu’il t’était arrivé quelque chose…
Il baissa les yeux.
— C’est le cas… Mais ce serait trop long à t’expliquer.
Elle mit sa main sur celle de son fils.
— Et tu ne peux pas rester…, devina-t-elle.
Sander serra les lèvres, alors que celles-ci étaient tremblantes. Il ne pouvait détacher son regard de sa main.
— Je pourrais… Peut-être que je pourrais réussir à…
— Non, mon fils… Non.
Une larme roula sur la joue du vampire et l’émotion s’empara de moi.
— Regarde-moi, Sander.
— Je ne peux pas…
— Regarde-moi.

Lentement, il finit par relever la tête vers elle. Elle fronça les sourcils en voyant ses joues. Elle tendit une main tremblante et recueillit une larme rouge sur son doigt. Il se figea.

— C’est du sang… Tu es malade, toi aussi…
Il ouvrit la bouche pour répondre, mais rien n’en sortit.
— Trésor… C’est pour cette raison que tu ne pouvais pas revenir…
— Oui, mentit-il.
— Alors retourne là où tu étais soigné, exigea-t-elle. Tu es encore jeune et… tu as l’air plus vigoureux… Seigneur, comment ai-je pu ne pas remarquer à quel point tu étais devenu fort ?
Son étonnement m’arracha un sourire contrit. Si elle savait pourquoi il avait autant changé…
— Mais… qui va s’occuper de toi… ?
— Personne, mon Trésor. J’ai essayé de le faire moi-même, mais je ne peux même plus marcher.
Cet aveu me glaça le sang et me porta un coup au cœur. Sander n’en menait pas large non plus.
— Alors je reste.
— Non. Retourne d’où tu viens. Tu guériras. Il est trop tard pour moi. Même avec tous les efforts du monde, il ne me resterait que quelques jours.
Il détourna les yeux. Sa main serrait toujours la sienne.
— Est-ce que je peux… faire quelque chose… ? demanda-t-il.
— Non mon fils, tu ne peux rien faire. C’est terminé, pour moi. Va-t’en, maintenant. Mais n’oublie pas que je t’aime, Sander. Je t’aimerai éternellement. Je serai toujours ta mère.
— Je t’aime…

Une grimace de douleur s’inscrivit sur les traits de sa mère et cela lui fit un choc, comme un sursaut.

— Mère ?
— Ce n’est rien… Ce n’est rien…

Mais ce n’était pas « rien ». Elle était désormais pliée en deux, la respiration hachée, de plus en plus courte. Et je vis la panique se dessiner sur le visage de Sander. Il resta figé, pendant quelques instants.
Puis une de ses mains agrippa doucement les cheveux de sa mère. Il fit relever sa tête et la regarda droit dans les yeux.

— Je vais t’aider. Je ne veux pas que tu souffres encore. Seule, déclara-t-il.


Oh, misère…

— Tu ne sentiras rien. Tu as très envie de dormir…

Elle parût confuse et je vis ses paupières se baisser. Un sourire triste étira les lèvres de son fils, dont la voix était devenue profonde, captivante.
De l’hypnose.

— Adieu, mère… Je t’aime, répéta-t-il.

Il se pencha vers son cou et se mit à boire. Je me détournai et attendis, le cœur brisé pour lui. Le temps sembla se distordre, car j’eus l’impression qu’il ne s’était écoulé que quelques secondes, lorsqu’il regagna la porte. Je luttai pour ne pas regarder en direction du lit. Son vi-sage était fermé. Une larme roulait sur sa joue. Et je m’alarmai quand je le vis grimacer de douleur.
Je le suivis à l’extérieur. Sur le chemin, je vis Lucian, qui semblait l’attendre. Il le regarda dans les yeux avec une expression compatissante.

— Tu savais que je serais là, soupira Sander.
— Ce n’était pas difficile à deviner.
— Qu’est-ce qu’on va faire, Thibalt ? Nous peinons à nous contrôler. Nous tuons des gens sans pouvoir nous en empêcher. Nous sommes seuls. Tout le monde nous craindra. Et je viens de faire une chose… horrible…

Il baissa les yeux et fondit en larmes. Je crus que mon cœur s’était arrêté. Lucian s’approcha de lui et le prit dans ses bras. Même s’il ne me sentait pas, je m’approchai et mis une main contre son épaule. Ils restèrent ainsi pendant un moment.

— Sander… Tu as bu du sang malade, reprit Lucian.

Merde. C’était pour cela qu’il avait l’air si mal en point. L’intéressé ne répondit pas, mais cela valait bien un aveu.
Ils se remirent à marcher. Je me demandais quand j’allais me réveiller. Soudain, Lucian s’arrêta brusquement. Je levai les yeux vers lui, étonnée, tout comme Adam, puis suivis la direction de son regard. Le mien tomba sur une femme, grande, à la peau dorée.
La colère monta quand je la reconnus.

— Thibalt…, sourit-elle.
— Viviane ? s’étonna-t-il.
À ses côtés, Sander fronça les sourcils puis prit son ami par le bras.
— Viens, on s’en va, exigea-t-il.
— Attends, s’opposa Lucian.
— Non. Tu m’as dit qu’elle t’a abandonné.
— Mais qui est ce délicieux jeune homme ? fit-elle en le regardant, nullement vexée.

J’avais l’impression de me trouver face à un serpent. Et ma fureur ne fit que grimper. Sander plissa les yeux, se montrant hostile envers elle.

— Personne, répondit-il.
— Oh, allons…

Elle reporta son attention sur Thibalt, qui ne bougeait pas malgré les tentatives d’Adam. Il était comme… happé. Je n’aimais pas ce qui était en train de se passer. Mon amant cessa de tirer sur son bras en voyant qu’il ne bougeait pas. C’était comme s’il essayait de déplacer un mur.

— Viens, Thibalt, tu as l’air affamé, commenta-t-elle.
— Nous pouvons nous débrouiller, contra Sander.
Elle se mit à rire. Un rire à la fois beau, mélodieux, et terrifiant.
— Voyons… Tu as l’air mal en point. Tu as bu un sang empoisonné. Je ne dirais donc pas que vous vous en tirez à merveille. Vous êtes jeunes. Vous avez besoin d’être entourés.
— Tu m’as rejeté…, intervint enfin Lucian.
Elle soupira.
— Je sais. J’en suis navrée. J’ai fait une erreur.
— Je ne viendrai pas sans Sander.
— Je n’ai pas envie que nous y allions tout court, pour ma part, rétorqua l’intéressé.

En effet. Je ne pensais pas non plus que c’était une bonne idée. Malheureusement, je savais déjà qu’ils iraient. Et que l’homme que j’aimais serait emprisonné quelque part.

— Je ne comptais pas vous séparer. Il est le bienvenue chez moi également. Suivez-moi, ordonna-t-elle en ignorant totalement les paroles de Sander.

Ce dernier jeta un regard à Lucian, qui hocha la tête. Je secouai la mienne, sachant que cela n’allait rien apporter de bon.
Afin de nous montrer le chemin, elle passa près d’eux. En frôlant Sander, elle lui adressa un clin d’œil. L’expression du vampire me fit penser qu’il se sentait pris au piège. Je vis rouge.
Mais c’était trop tard pour reculer : Lucian avait déjà commencé à la suivre.

À nouveau, mon être fut aspiré par le néant, avant d’être recraché dans un autre lieu. Je me trouvais dans un long couloir et la décoration m’était familière. Le château de Viviane.
Lucian marchait d’un pas rapide. Il finit par se figer en entendant quelque chose, et je fis de même. Des gémissements, provenant d’une pièce, plus loin. Je crus que j’allais m’évanouir en pensant reconnaître les voix.

Le vampire ne bougea pas. Pendant ce qui semblait être un très long moment. Puis, au bout du couloir, une porte s’ouvrit et Sander en sortit. Seulement, quelque chose clochait. Il referma derrière lui d’un air hébété, alors que Viviane était encore à l’intérieur. Il fronça les sourcils, puis je vis ses mâchoires se contracter. Soudain, ses yeux virèrent au rouge et il s’approcha à grand pas d’un Lucian tout aussi confus, voire peiné. Peiné que sa belle ait couché avec un autre.

— Est-ce que tu sais ce qu’il vient de se passer, Thibalt ? éructa Sander.
Son ami ne répondit pas, perdu et soudainement si fragile devant cette agressivité.
— Elle joue avec nous ! Ne le vois-tu pas ? Ce n’est pas la première fois que je me retrouve dans son lit sans avoir aucun souvenir d’y être allé de mon plein gré !


Pardon ?
Je crus que le monde venait de basculer. Si j’avais été bien présente physiquement, je serais tombée à la renverse.

— Elle me manipule ! Elle te manipule ! Elle utilise son pouvoir sur nous, Thibalt !
— Non… Sander, ce n’est pas…
— Tu ne peux même plus penser par toi-même. (Je vis une lueur de désespoir et de fureur au fond de ses yeux.) Regarde ce qu’elle a fait de toi. Elle a réussi à ancrer sa volonté dans ton esprit.

Lucian secoua la tête, ne voulant pas y croire. Je me fis la réflexion qu’elle devait les entendre, et je l’imaginai sans mal être amusée par la situation. J’avais envie de vomir.

— Si tu ne lui fais pas la peau, Thibalt, je vais le faire moi-même. Elle n'a pas le droit de nous traiter ainsi. Crois-moi, tant que je pourrais encore être lucide, je ferai tout pour chercher un moyen de l’anéantir.

Je regardai attentivement Lucian. Il était en proie à un profond dégoût. Peut-être qu’au fond, il savait que Sander avait raison. Seulement, il y avait également une lueur d’amour, bien trop forte. Un amour probablement factice, créé par un tour de Viviane, mais bien présent.
Adam s’éloigna.

Au lieu de le suivre, comme je le faisais d’habitude, je me mis presque à courir dans la direction opposée, les poings serrés. J’avais la sensation de ne plus avoir qu’un objectif, dans la vie : détruire Viviane.
De quel droit osait-elle… Elle s’en était prise à eux. Avait abusé d’eux. Et continuerait sûrement de le faire tant qu’elle aurait une emprise sur eux.

Une image de Connor, fugace, s’imposa à mon esprit et cela fit redoubler ma colère. J’avais envie de les étriper tous les deux, mais j’allais commencer par elle. Je ne pouvais pas la toucher ? J’allais trouver un moyen. J’étais si enragée que j’avais bien l’impression que rien ne pourrait m’arrêter. Un cri mélangé à un grognement de fureur m’échappa.
Jusqu’à ce que l’univers me prouve le contraire, en me faisant reculer, alors que j’approchais la porte de la chambre. Le décor s’effaça.

— Comment fais-tu ? s’éleva une voix.

Je clignai des yeux et vis que je me trouvais sur un toit. Adam était assis aux côtés… d’Arthur. C’était ce dernier, qui venait de poser une question.

Je hurlai de frustration, déçue de ne pas avoir pu étrangler Viviane. Je me passai une main sur le visage et pris une profonde inspiration.
Sander lui adressa un sourire mystérieux.

— Tu aimerais le savoir, hein…
— Oui. Tu peux enfin résister à la manipulation mentale de Viviane, ce n’est pas rien. Ta technique pourrait profiter à d’autres.

Je fermai les yeux tandis qu’un soulagement immense m’envahissait. J’étais parvenue à un moment où Adam avait réussi à s’affranchir de cette femme abominable. Soudainement privée de forces, je me retrouvai à genoux devant lui. J’avais terriblement envie de serrer ses mains dans les miennes.

Ses cauchemars. Son envie de penser que Sander était mort. Tout ça à cause d’elle.
Il se rembrunit légèrement et baissa les yeux.

— Cela ne marche pas pour tout le monde… Crois-moi, j’ai essayé avec Thibalt.
Mon soulagement fut de courte durée. Lucian était toujours sous le joug de Viviane.
— Viendra un jour où il y parviendra, crois-moi, assura Arthur.
— Oh. Encore tes histoires à dormir debout ?
— Non, Sander. April sera bien réelle. Elle n’est pas encore née, mais elle lui apportera beaucoup de bonheur.
— Cela veut dire que Viviane ne sera plus dans les parages.
Sander releva les yeux vers Arthur. Le visage de ce dernier se ferma.
— Viviane De Hauterive ne sera pas éternelle, répondit-il simplement, un sourire presque imperceptible flottant sur ses lèvres.

De Hauterive ? Il avait bien dit… Mais c’était le nom de famille d’Arthur ! S’agissait-il de son frère ? Pourtant, il ne lui ressemblait pas du tout. Il devait donc avoir pris le nom du clan de Viviane. Pourquoi l’avoir conservé, jusqu’à aujourd’hui ?
Cette nouvelle sembla ravir Sander.

— Tu l’as
vu ? Quand va-t-elle mourir ? De quelle main ?
— Je ne saurais le dire avec précision. Mais elle va mourir. Et par l’un d’entre nous.

Je n’étais pas croyante, mais j’eus très envie de faire un signe de croix ou de crier « Hallelujah ! ».
Le vampire blond fronça les sourcils, puis parût pensif. Néanmoins, je pouvais voir l’esquisse d’un sourire. Il espérait que ce serait lui, qui l’anéantirait.

— Et tu ne vas rien faire pour empêcher ça ? se méfia Adam.
— Non. J’ai été… profondément attaché à Viviane. Mais elle n’est plus l’amie que j’ai connue, depuis très longtemps. Elle n’est même plus la même personne. La Viviane que j’ai aimée est déjà morte. Il ne m’est pas difficile d’imaginer sa pathétique copie d’elle-même, suivre le même chemin.
Il eut un air pensif.
— Mais parle-moi un peu de ta technique. Que vois-tu, pour t’aider ? Que fais-tu pour contrer les manipulations ?
Sander soupira.
— J’essaye de penser à ce que tu m’as dit. Je me raccroche à ça.
Le visage d’Arthur s’éclaira.
— Ton ange, n’est-ce pas ? fit-il d’une voix douce.
— Je n’y crois pas réellement. Mais c’est tout ce que j’ai, actuellement.
Arthur mit une main sur son épaule.
— Si ça peut t’aider, de penser à elle, peu importe que tu y croies vraiment ou non. Mais fais-moi confiance. Cela paraît difficile à croire, maintenant, mais…
— Difficile à croire ? Tu m’as dit que je serai heureux, mais regarde où on est. (Il écarta les bras.) Dans combien de temps cela arrivera ? Parce que je ne suis pas certain de tenir jusque-là.

Il fallait que je me réveille. J’allais me réveiller et j’allais m’empresser de rassurer et réconforter Adam pour toutes les fois où personne n’avait été là pour le faire.
Arthur se rembrunit et ne sut quoi répondre. Si je datais correctement les choses, nous devions êtres quelques semaines, ou peut-être quelques années après la transformation de Sander.

Il avait donc attendu presque quatre siècles que j’arrive. J’espérais de tout cœur qu’il avait vécu des choses bien plus belles, par la suite. Et que Viviane était bel et bien morte.

— Arthur ! s’écria une voix enfantine, provenant d’en bas.

Curieuse, je me penchai pour voir. Un petit garçon qui devait avoir à peine dix ans levait ses bras en l’air pour attirer l’attention du devin. À ses côtés, un autre qui lui ressemblait beaucoup. Son petit frère, à n’en pas douter. Et ils avaient l’air parfaitement humains. Que faisaient deux enfants humains, dans ce clan horrible ?

— Viens voir ! insista le petit garçon, tandis que le deuxième restait silencieux, mais arborait un grand sourire. J’ai fait des progrès avec ma magie !
— Il fait nuit ! répondit Arthur. Vous devriez déjà être au lit.
— S’il te plaît, encore quelques minutes !
— Non, Jehan.


Jehan ? Le Jehan ?

J’écarquillai les yeux et me laissai tomber dans le vide. Je savais que je ne me ferais pas mal. Je voulais me rapprocher des enfants. Je regardai le plus âgé et eus un choc. Il ressemblait effectivement au prétendant au trône. Alors ils s’étaient connus depuis le clan De Hauterive… Que s’était-il passé, pour que les choses dégénèrent entre Adam et lui ? Et je n’avais jamais vu son frère. Peut-être qu’il détestait les réunions avec le roi.

— Mère a dit que nous pouvions jouer encore, intervint le plus jeune.
— Eh bien Viviane n’a pas toujours que des bonnes idées !

C’était décidément la nuit des frôlements de crise cardiaque. Si je récapitulais, Viviane tenait toujours Lucian sous son emprise, ils étaient encore tous dans cet affreux château, et en plus de cela, elle avait adopté deux enfants humains ?
Encore une fois, je me retrouvai soudainement à un autre endroit. Je me mis presque à supplier de me réveiller. Je voulais dormir paisiblement, dans les bras de l’homme que j’aimais. Pas assister à des horreurs. Surtout pas s’il n’avait pas envie que je voie ça. C’était aussi son droit de ne pas tout me raconter. J’avais la sensation d’outrepasser ce droit.

Sander se tenait au milieu d’une grande pièce, le dos bien droit, la tête haute. La porte en face de lui s’ouvrit. Lucian apparût, un pieu en main. Je pris une grande inspiration, craignant le pire.

— Eh bien. Cela n’a pas traîné, fit Adam avec un rire amer.
— Je… Je ne veux pas le faire mais…
Sander secoua la tête, même si je voyais de la compréhension dans son regard. Il fit un pas en avant.
— Tu peux résister. Elle ne pourra pas te manipuler éternellement.
— Je ne vais pas te faire de mal, Sander. Elle ne me contrôle pas ainsi, tu te trompes…
— Pourtant, tu as un pieu dans la main, Thibalt.
Il sembla se rendre enfin compte qu’il tenait cette arme. Le choc se peignit sur ses traits.
— Regarde-moi, lui ordonna Sander. (Son ami obéit.) Concentre-toi sur moi. Tu peux arrêter cela. Il faut que tu trouves une chose à laquelle te raccrocher. Pense à April.
— Elle n’existe pas. Et j’aime Viviane.
— Thibalt… Ce n’est pas réel.

Lucian parût pensif, tout en le fixant. Pendant un instant, je vis ses traits se détendre. Les doigts autour du pieu se firent moins crispés.

— Comment as-tu essayé de la tuer, aujourd’hui ? lui lança-t-il.
Sander afficha un sourire narquois.
— J’ai trouvé une très jolie machette. J’ai raté mon coup. Je réessayerai avec le feu, la prochaine fois, répondit-il avec audace.
Lucian laissa échapper un léger rire. J’y vis une lueur d’espoir. Adam s’avança vers lui et tendit la main.
— Donne-moi ce pieu, Thibalt.

L’intéressé hocha la tête et fut sur le point de le lui donner. Mais tout à coup, la voix de Viviane sembla retentir à travers tout le château.

— Thibalt !

Je levai les yeux vers la porte. Elle l’appelait. Ou plutôt… elle l’encourageait à…
Je me tournai vivement en entendant un gémissement de douleur, étouffé. Je baissai les yeux. Le pieu était fiché dans le ventre de Sander. Puis son ami le retira à la vitesse de l’éclair et il termina près de son cœur. Puis dans son épaule. Chacun de ses coups me provoqua un sursaut.

Avec horreur, je vis Adam s’écrouler.
Lucian laissa tomber le pieu sur le sol, ayant du mal à croire à ce qu’il venait de faire.

— Je suis désolé… Sander… Je ne voulais pas…
— Trop tard… Elle est en train de gagner…

Il fut incapable de bouger, alors que celui qu’il considérait comme son allié le traînait dans une pièce, le laissant à bout de forces et sanglant. Lucian lui adressa un dernier regard coupable et je vis une larme rouge rouler sur sa joue. Il sortit et j’entendis le bruit d’une clé, dans la serrure.

J’eus soudainement l’impression que le temps venait de s’accélérer. La seconde d’après, j’étais toujours dans la même pièce, mais Adam était dans un autre état. Il devait s’être écoulé des jours, ou même des semaines. À moins qu’il ne soit régulièrement emprisonné dans cette petite pièce, qui ne contenait rien. Je voyais seulement des cadavres de rats, dont il avait dû se nourrir pour survivre.

Il était à bout de forces, adossé à un mur. Ses blessures s’étaient refermées, mais il ressemblait à un cadavre.
La porte s’ouvrit et je ne regardai même pas qui entrait. Je le savais déjà. Je sentais son aura. J’en grimaçai d’avance.

— Enfin calmé ?

Il ne répondit pas. Viviane s’approcha et vint s’accroupir devant lui, pour être à sa hauteur. Elle fit pivoter son visage pour qu’il la regarde.

— Ne le touche pas ! hurlai-je.
Le silence me répondit.
— Comme tu as mauvaise mine…, soupira-t-elle.
Cette fois, Sander réagit et son regard se chargea d’éclairs. Sans blague ? Elle en avait de bonnes.
— Je ne comprends pas pourquoi tu t’obstines. Il te suffit de cesser de lutter contre moi. À me promettre que tu ne recommenceras pas et à m’obéir. Thibalt le fait bien, lui. Sa vie est simple.
— Sa vie est un Enfer, cracha-t-il.
Elle secoua la tête et roula des yeux.
— Tu es toujours si… dramatique, Sander. C’en est lassant.
— Non. Ce que tu trouves lassant, c’est le fait que tu ne puisses plus me forcer à obéir, ricana-t-il avec un air mauvais.

J’étais à la fois immensément fière de lui et en même temps, j’avais peur qu’il ne lui fasse perdre patience et qu’elle le fasse souffrir, encore.
Elle soupira, se releva et se mit à faire les cent pas dans la pièce.

— Ce serait si simple ! Ensuite, tout redeviendrait comme avant, reprit-elle. Tu pourrais te nourrir à ta guise et il n’y aurait plus cette guerre entre nous. Ce sera bien plus reposant.
— Personnellement, je me reposerai quand tu seras morte.

Elle se rapprocha à nouveau de lui et le regarda dans les yeux. Elle se pencha pour caresser sa joue de ses longs doigts. Je frémis, écœurée. J’eus envie de la pousser dans un brasier géant, d’un coup de pied dans le dos pour que plus jamais elle ne le touche.

— Sander… Nous avons passés tant de bons moments. Ce serait dommage de gâcher tout cela. Regarde comme tu es affamé. Une brise pourrait t’emporter. Tu n’as plus aucune force.
— Tant mieux. Laisse-moi mourir à petit feu, alors. Tu auras ce que tu souhaites, à savoir me faire souffrir, et moi, à la fin, je ne serai plus obligé de voir ton visage chaque jour.

Je fermai brièvement les yeux.

Bon sang.

Heureusement que j’étais bien consciente qu’aujourd’hui, il était toujours là. Sinon, je me serais écroulée, à force. Il n’y avait plus qu’à savoir comment était morte Viviane ou, si elle était toujours vivante, comment je pouvais la trouver afin de la massacrer.
Elle secoua la tête.

— Je ne te laisserai pas mourir.
— C’est bien dommage.
— Sander… La vie éternelle. Sans souffrir. Avec tout le sang dont tu auras besoin. Un clan. Et surtout, Thibalt. Ton ami. N’est-ce pas ce que tu veux ?

C’était un coup bas.
Il serra les lèvres. Cette salope savait taper là où ça faisait mal. Et je devinai aisément ce qu’il pensait : comment pourrait-il laisser Lucian aux mains de cette vipère alors qu’il avait terriblement besoin qu’on l’en sauve ? Adam faisait toujours en sorte de protéger tout le monde, au point de s’oublier. De passer à côté de ce dont il avait besoin.

Il baissa les yeux et elle prit ça pour de la réflexion. Un sourire victorieux étira ses lèvres. Elle mit un doigt sous son menton pour le regarder dans les yeux.

— Tu vois… Tu as besoin de moi, pas vrai ?

Il la fixa pendant de longues secondes, puis se mit à sourire. Il n’en fallut pas plus pour qu’elle pense avoir gagné. Peut-être était-ce le cas. Il souffrait tellement, cela n’aurait pas été étonnant qu’il cède. Pourtant, j’étais sûre qu’il n’en était rien. Elle se pencha vers lui et ses lèvres effleurèrent les siennes.

Personne n’a besoin de toi, asséna-t-il juste avant qu’elle ne l’embrasse.

Elle recula comme s’il l’avait frappé, une main sur sa poitrine. Son visage changea du tout au tout et la haine se refléta sur ses traits. Elle plaqua sa main contre son torse, laissant agir un funeste pouvoir, et un gémissement de douleur s’échappa de la bouche de Sander. Par réflexe, je voulus faire appel à mes ombres, mais elles n’apparurent pas.

— N’oublie pas à qui tu t’adresses.
— Tu n’es rien, à mes yeux…, parvint-il à affirmer malgré la torture, les dents serrées.
Elle finit par le lâcher. Elle se dirigea vers la porte mais s’arrêta.
— Crois-moi, je vais veiller à ce que tu ne meures pas. Pendant des mois, Sander, tu resteras ici, à croupir. Je te maintiendrai en vie juste assez pour que tu puisses souffrir encore et encore. Tu ne trouveras pas le repos tant attendu.
— Et toi, tu perdras Thibalt. Quoique tu puisses penser.
Elle frémit, comme s’il venait de retourner sa magie contre elle.
— Cela fait mal, hein ? la provoqua-t-il. D’imaginer que ton jouet le plus docile puisse être hors de portée ?
— Si tu ne te tais pas, Sander, je te ferai taire moi-même.
— Bonne chance pour y arriver. Tu essayes de me museler depuis si longtemps, et regarde où on en est… Crois-moi, un jour, tu mourras. Et je ferai tout pour être ton meurtrier.

Elle ne répondit rien et s’éloigna. Le ricanement de Sander accompagna sa sortie.
À nouveau, le temps accéléra.

Lucian fit son apparition. Il avait apporté des rongeurs morts. Adam se redressa. Je vis les yeux de mon sauveur s’embuer quand il l’observa. L’état d’Adam était pire de jour en jour. Il refusait de céder. Il préférait ce sort, à ce qui l’attendait en étant proche de Viviane.

Mon cœur se mit à déborder de peine et d’amour pour lui. J’aurais voulu remonter le temps pour qu’il n’ait pas à vivre tout ça. Mais je ne pouvais qu’observer. Pas intervenir.

— J’ai… Je t’ai apporté de quoi te nourrir…
Lucian déposa les rongeurs à ses pieds. Puis il s’accroupit et l’examina.
— Tes blessures se sont bien refermées, observa-t-il.
— Cela fait un moment. La prochaine fois, n’utilise pas un pieu en érable. Ça brûle un peu trop, lâcha Sander avec un sourire en coin.

Cela me rappela douloureusement la conversation qu’il avait eu avec Emma, à propos du bois qui faisait le plus souffrir. Une discussion qui m’avait parue plutôt drôle, devint tout à coup horrifique, maintenant que je savais d’où lui venait une telle aversion pour l’érable.

— Comment as-tu réussi à esquiver son ordre de ne rien me donner ? s’enquit Sander.
— Je… Je n’en sais rien… Elle ne faisait pas attention, c’est tout…

Encore une fois, je me mis à espérer. Peut-être qu’il avait tout simplement enfin réussi à désobéir à un ordre mental. Pour Adam. C’était un début.

— Mon Dieu… Je vais essayer de lui parler. Cela ne peut pas continuer.
Il se releva et sortit de la pièce, déterminé. Quand la porte s’ouvrit, j’entendis :
— Sander est encore puni ?

Un des deux enfants. Et il ne paraissait pas du tout surpris. Je n’entendis pas la réponse de Lucian. La porte se referma.
De son côté, Adam fixait les cadavres de souris, disposés près de lui. Il leva un bras, pour en attraper un, mais il tremblait bien trop.

Et il abandonna, résigné. Il secoua la tête et ferma les yeux, à bout de forces, et de nerfs. Les miens s’écarquillèrent et je me précipitai vers lui.

— Tu peux le faire, Adam. Tu y étais presque.

Je refusais de penser qu’il avait lâché prise parce qu’il n’avait pas envie de continuer. Pourtant, j’aurais aisément compris pourquoi. C’était simplement… une idée insoutenable. Et tant que je ne serais pas tirée de cette vision, j’aurais envie de l’aider. Même si cela était vain.

— Adam ? appelai-je. Ouvre les yeux. Il faut que tu te nourrisses.

Je commençais à craquer, oubliant presque que je ne me trouvais pas dans la réalité. C’était trop d’un coup. Tout ce dont j’avais conscience, c’était que mon amant était en train de se laisser mourir.

— Recommence ! le suppliai-je. Adam ?
Je passai une main sur mon front, en pleine détresse.
— Sander ? tentai-je. Tu peux y arriver, Sander ! Je t’en prie…
— Neeve…

Je sursautai et tournai la tête. Mes yeux embrumés tombèrent sur… Adam. Celui de maintenant. Je me figeai et me mis à l’examiner des pieds à la tête. Il allait bien. Il était vêtu comme dans nos rêves en commun et non comme Sander, tout comme je portais ma chemise de nuit violette. Il n’arborait aucune blessure.

Aussitôt, la réalité me rattrapa, m’arrachant à cette folie passagère. Une vision. Ce n’était qu’une vision. Je ne pouvais rien faire. Pourtant, j’étais encore profondément ébranlée, et je n’arrivais pas à m’éloigner de Sander, qui avait besoin d’aide. Mon regard passa de l’un à l’autre, successivement.

Adam s’approcha. Il tendit la main vers moi et attrapa la mienne, pour m’attirer contre lui. Je me laissai faire mais ne pus m’empêcher de jeter un œil à l’autre Adam, qui était recroquevillé dans le coin de la pièce.

— Ne restons pas ici, me chuchota-t-il avec douceur.
— Mais… Tu…
Je serrai les dents en entendant Sander grogner de douleur, dans le fond. Cela suffit à m’éloigner à nouveau de la réalité.
— Non ! m’exclamai-je. Je vais
la tuer, tu m’entends ? Elle ne te fera plus de mal et je vais l’empêcher de vous atteindre encore !
Je voulus me débattre, mais il mit ses mains sur mes épaules pour me retenir.
— Je vais la trouver ! Laisse-moi aller la trouver ! Je vais… Je vais la détruire quitte à en mourir parce que je refuse que…
— Neeve. Neeve ! Regarde-moi.
Il me secoua légèrement et je rivai mes yeux dans les siens.
— Tu ne peux pas aider mon moi du passé, mon ange. Mais tu m’aides dans le présent. C’est tout ce qui compte.

Je me mordis la lèvre. Finalement, j’étais peut-être bien capable de pleurer, même dans une vision, car j’avais l’impression que j’étais à deux doigts de le faire.

— Et il est hors de question que tu meures, continua-t-il. Il n’y a aucune raison valable qui…
Je fronçai les sourcils et le toisai avec détermination.
— Pour toi je le ferai, lâchai-je avec aplomb. Je mourrais pour toi.

J’étais plus que sérieuse.
Le choc se peignit sur ses traits, puis il se mit à secouer vivement la tête, frappé d’horreur.

— Non, contra-t-il. Ne fais jamais ça.

Je ne dis rien, mais ce n’était pas la peine. Il pouvait voir que je n’en démordrais pas. Un élan de tendresse le prit et il me serra à nouveau contre lui. Je le sentis trembler. Le silence nous enveloppa, mais nous reprîmes nos esprits quand nous entendîmes un bruit sourd. Les yeux écarquillés, je vis que dans le coin, Sander venait de tomber sur le côté et était incapable de se relever. Puisque je ne pouvais pas l’aider lui, je m’accrochai à Adam de toutes mes forces.
Il prit mon visage dans ses mains.

— Je vais finir par me nourrir, m’apprit-il. Lucian va parvenir à me faire libérer et ça ira mieux.

Je soupirai intérieurement de soulagement. Je savais pourtant qu’il n’avait pas pu mourir à ce moment-là, mais j’étais trop ancrée dans ce passé, qui ne m’appartenait pas.

— Est-ce que ça arrivera à nouveau… ? soufflai-je.
Il ne répondit pas et je compris que la réponse était « oui ». Je relevai la tête, la colère montant à nouveau.
— Est-ce qu’elle est morte ? Est-ce que
Viviane est morte ? l’interrogeai-je en prononçant le nom de ce monstre comme s’il s’agissait d’une insulte.
Mes mains se serrèrent en poing, puis se desserrèrent, avant de recommencer, plusieurs fois.
— Elle est morte, confirma-t-il.


Dieu merci.

Dire que je ressentis du soulagement à ce moment précis serait un euphémisme. J’avais plutôt l’impression que c’était un véritable miracle.

— Partons, insista-t-il.

Je hochai la tête.
Le château disparût. J’eus le temps d’apercevoir la clairière au saule pleureur pendant quelques secondes, avant de me réveiller, en proie à un malaise grandissant suite à tout ce que je venais de voir.



J’ouvris les yeux et je me rendis compte que mes joues étaient humides. J’avais la nausée et je pris une grande goulée d’air afin de m’apaiser. Sander… Adam se réveilla une seconde après moi. Il me regarda puis m’attira à nouveau à lui, alors que j’avais bougé, m’arrachant à son étreinte, pendant mon sommeil. Je passai un bras autour de lui et le serrai contre moi avec force. Je devais serrer les lèvres pour qu’elles arrêtent de trembler.

J’essayai de me concentrer sur ce que j’avais pu voir de positif. Ma rencontre avec lui de son point de vue, peut-être ? Si on omettait le fait qu’il se sentait tout de même mal ?
Son ange. Voilà. Je devais penser à ça. À ce qu’avait dit Arthur et au fait que même s’il était sceptique, Adam y avait cru, pendant un moment. Ça, c’était positif.

— Je t’ai appelé, encore une fois…, chuchotai-je.
Il se mit à caresser mon dos.
— C’est bien ça, qui est étrange… Tu ne m’as pas appelé, répondit-il.
Je fronçai les sourcils.
— Quoi ?
— Je me suis réveillé parce que… Peu importe. (Je tiquai. Cela, ça voulait dire qu’il avait fait un cauchemar, j’en étais certaine.) Je t’ai vu pleurer, et tu as utilisé tes ombres. J’ai compris qu’il y avait un problème.

Je me souvins en effet avoir voulu faire appel à elles, pour le défendre face à Viviane. J’ignorais que cela aurait eu un impact dans la réalité.

— Alors comment se fait-il que tu aies pu me rejoindre ? fis-je, perdue.
— Je l’ignore, répondit-il avant de déposer un baiser sur mon front.

Puis, il posa ses lèvres sur ma peau, afin de sécher mes larmes, les recueillir. Ce geste me fit fondre. Je mis une main dans sa nuque et l’embrassai sur les lèvres, puis sur les joues, le menton, tout ce qui était à ma portée. Je finis par enfouir mon visage contre son cou.

— Tu n’es plus tout seul, mon amour…, lui murmurai-je. Je veux que tu le saches.
— Je le sais…
Il se redressa et m’entraîna avec lui. Mon dos fut contre son torse et il passa ses bras autour de mon ventre et de ma poitrine.
— Qu’est-ce que tu as vu ?

Dans un premier temps, j’hésitai à lui répondre, mais je finis par tout déballer. Depuis son point de vue lors de notre rencontre, jusqu’au moment où il m’avait retrouvée dans ma vision, en passant par toutes les autres scènes auxquelles j’avais pu assister. Mon récit était parfois entrecoupé de légers sanglots et mon ton était empli de trémolos, mais je refusais de laisser couler mes larmes, encore. Il se mit à me bercer. Je secouai la tête.

— C’est à moi de te réconforter, Adam, m’opposai-je.
— Neeve, tu viens tout juste de voir tout ça.
— Ce n’est pas une raison, contrai-je. Ça me tue de savoir que tu as enduré tout ça sans que personne ne t’aide réellement et…

Ma voix s’étrangla sur la fin et je ne terminai pas ma phrase. Je pris une grande inspiration et clignai des yeux afin de refouler des larmes. Lorsqu’il avait perdu sa mère, Viviane avait débarqué et il n’avait eu aucun soutien. Du moins, j’en étais sûre. Sans compter que même s’il avait bien fait d’abréger ses souffrances, il avait dû vivre avec la pensée qu’il avait mis fin à ses jours, lui. Son fils.
Il me fit pivoter afin de pouvoir me regarder dans les yeux.

— Écoute… J’ai eu quatre siècles pour digérer tout ça, mon ange. (Je fus sur le point de protester, mais il m’en empêcha en poursuivant.) Non, laisse-moi finir. Oui, j’ai mis énormément de temps à faire le deuil de ma mère, mais je l’ai fait. Même si je pense encore à elle très souvent, je n’ai plus cette grande tristesse en moi. Viviane ? Elle est morte depuis longtemps. Le souvenir de cette période peut encore être douloureux, mais nous avons appris à vivre avec.

J’expirai longuement et hochai la tête plusieurs fois, une main contre son torse, même si je n’étais pas convaincue. Il fallait que je me calme.

— Ok…, soufflai-je.
Je reniflai.
— Est-ce que c’est après sa mort, que tu as changé de nom ? demandai-je.
— Oui. Tout comme Lucian.

J’avais la sensation que la page « Viviane » n’avait pas vraiment été tournée, contrairement à ce qu’il disait. Plutôt qu’elle avait été masquée. Une couche de peinture sur une feuille contenant cette histoire. Elle était toujours là, quelque part.

— Alors, reprit-il, tu as besoin de réconfort. Tu viens seulement d’assister à ces choses. Moi, j’ai eu près de quatre siècles pour m’en remettre.

Il n’avait pas tort. Seulement j’avais peur que même en quatre siècles, personne ne l’ait vraiment écouté. Mais il y avait Nora, sa meilleure amie. Emma, aussi. Peut-être qu’elles avaient pu l’aider. J’ignorais s’il en avait réellement parlé avec Lucian.
Une question me brûlait les lèvres, mais je n’osai pas la poser. Le silence nous entoura, mais il le rompit rapidement :

— Dis-moi ?

J’étais un vrai livre ouvert, ma parole !
Je soupirai.

— Tu n’es pas obligé d’y répondre, si tu n’en as pas envie, assurai-je.

Il y avait trop de flou, dans ce que j’avais pu voir. Comment était morte Viviane ? Que faisaient ces deux enfants là-bas ? Pourquoi la relation entre Adam et Jehan était aussi tendue ?

— Que s’est-il passé dans ce château ? chuchotai-je.

Je revoyais Jehan et son frère. Leurs visages si détendus et joviaux. Un vrai contraste avec les expressions tourmentées des De Hauterive.
Les secondes s’écoulèrent et je crus qu’il n’allait pas me répondre. Ce qui aurait été compréhensif. Mais contre toute-attente, il le fit :

— D’accord. Je vais te raconter.

---


Chapitre 21
Chapitre 23
Dernière modification par Chlawee le dim. 24 oct., 2021 10:34 pm, modifié 1 fois.
Pendergast

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 22)

Message par Pendergast »

Bonjour, euh non, "d'accord je vais te raconter", tout de suite, pas dans une semaine, c'est quoi cette fin de chapitre !! :shock: :mrgreen: :D Excellentissime sinon !
Yaya2408

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 22)

Message par Yaya2408 »

aaaaaah j'adooore ton écriture !!!!!
tu es tellement forte je ne sais pas comment tu arrives à faire cela mais c'est comme ci on se retrouvait transportés dans ton monde, dans ton histoire et c'est magique alors merciiii. ^^
Je manque de temps donc il m'est plus difficile de laisser des messages sur le forum mais je continues de lire ton histoire ne t'en fais pas. j'en suis accro . ;)
bisous <3 à la prochaine j'ai vraiment hâte de lire la suite
lacrystal

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 22)

Message par lacrystal »

Chloe38200 a écrit : sam. 09 oct., 2021 11:35 am Hello ! :D J'espère que vous allez tous très bien !
Ce chapitre sera riche en révélations (si tout va bien), alors accrochez-vous. :lol:
Oooooh eyes eyes eyes
C'est parti 8-)

Je sentis son parfum de rose et de fraise, sucré et envoûtant. Il me conduisit jusqu’au salon. Et je me figeai.
C’était bien elle.Celle qui hantait mes rêves. Qui m’offrait du répit dans cette existence.
Punaise mais Adam il a tellement pas une vie facile :cry: :cry: :cry:
Ce petit bout de femme
Je sais pas pourquoi mais j'ai trouvé ça trop chou *-* :lol:

Elle se retourna et je vis ses jolis yeux d’une teinte émeraude s’écarquiller. Sa beauté me frappa, comme à chaque fois que je la voyais. Sa chevelure flamboyante, ses lèvres pleines qui avaient l’air si douces. Cette lueur si particulière dans son regard. Elle avait l’air à la fois si fragile et forte en même temps. Libre et inquiète. Courageuse et méfiante.
Si mon cœur avait continué de battre, il se serait arrêté en la voyant. Puis à nouveau, quand je compris qu’effectivement, je lui faisais peur. Qu’elle aussi, elle était pétrifiée en se rendant compte que j’étais réel. Et j’étais certain, aux battements de son palpitant et à sa respiration, qu’elle ne jouait pas la comédie.
Mooowww c'est tellement beau de voir comment il l'a vue la première fois *-* Par contre c'est trop triste au début qu'elle ait peur de lui :cry:
son comportement, au début, ainsi que sa surprise en voyant que mon dessin de lui ne le représentait pas comme un monstre. Tout comme j’étais surprise de remarquer à quel point je rayonnais, à travers ses yeux.
Punaise mais ils sont trop chou *-* Adam il me fait vraiment de la peine à penser qu'il est un monstre, j'ai envie de lui faire un câlin
— Non mon fils, tu ne peux rien faire. C’est terminé, pour moi. Va-t’en, maintenant. Mais n’oublie pas que je t’aime, Sander. Je t’aimerai éternellement. Je serai toujours ta mère.
— Je t’aime…
:cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry:
— Adieu, mère… Je t’aime, répéta-t-il.

Il se pencha vers son cou et se mit à boire. Je me détournai et attendis, le cœur brisé pour lui. Le temps sembla se distordre, car j’eus l’impression qu’il ne s’était écoulé que quelques secondes, lorsqu’il regagna la porte. Je luttai pour ne pas regarder en direction du lit. Son vi-sage était fermé. Une larme roulait sur sa joue. Et je m’alarmai quand je le vis grimacer de douleur.
:cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: ²
— Thibalt…, sourit-elle.
— Viviane ? s’étonna-t-il.
À ses côtés, Sander fronça les sourcils puis prit son ami par le bras.
— Viens, on s’en va, exigea-t-il.
— Attends, s’opposa Lucian.
AH NON :x :x :x :x :x :x

— Elle joue avec nous ! Ne le vois-tu pas ? Ce n’est pas la première fois que je me retrouve dans son lit sans avoir aucun souvenir d’y être allé de mon plein gré ![/i]
:o :o :o :o Je vais la défoncer
De Hauterive ? Il avait bien dit… Mais c’était le nom de famille d’Arthur ! S’agissait-il de son frère ? Pourtant, il ne lui ressemblait pas du tout. Il devait donc avoir pris le nom du clan de Viviane. Pourquoi l’avoir conservé, jusqu’à aujourd’hui ?
:o :o :o :o :o :o :o :o :o :o :o
— J’essaye de penser à ce que tu m’as dit. Je me raccroche à ça.
Le visage d’Arthur s’éclaira.
— Ton ange, n’est-ce pas ? fit-il d’une voix douce.
Mon coeur fond *-* *-*

— Non, Jehan.[/i]

Jehan ? Le Jehan ?
Mais- Mais- tombe
En effet, il y a un paquet de révélations !

— Mère a dit que nous pouvions jouer encore, intervint le plus jeune.
— Eh bien Viviane n’a pas toujours que des bonnes idées !
Retombe alors que je venais de me relever
— J’ai trouvé une très jolie machette. J’ai raté mon coup. Je réessayerai avec le feu, la prochaine fois, répondit-il avec audace.
Il m'a tuée :lol: :lol: :lol:
Adam c'était Vivane qu'il fallait viser, pas moi !
Je levai les yeux vers la porte. Elle l’appelait. Ou plutôt… elle l’encourageait à…
Je me tournai vivement en entendant un gémissement de douleur, étouffé. Je baissai les yeux. Le pieu était fiché dans le ventre de Sander. Puis son ami le retira à la vitesse de l’éclair et il termina près de son cœur. Puis dans son épaule. Chacun de ses coups me provoqua un sursaut.

Avec horreur, je vis Adam s’écrouler.
Lucian laissa tomber le pieu sur le sol, ayant du mal à croire à ce qu’il venait de faire.

— Je suis désolé… Sander… Je ne voulais pas…
— Trop tard… Elle est en train de gagner…
:o :o :o :o :o :o :o :o :o :o :o
— Personne n’a besoin de toi, asséna-t-il juste avant qu’elle ne l’embrasse.
Prends ça, espèce de %¨°%£%

— Ne restons pas ici, me chuchota-t-il avec douceur.
— Mais… Tu…
Je serrai les dents en entendant Sander grogner de douleur, dans le fond. Cela suffit à m’éloigner à nouveau de la réalité.
— Non ! m’exclamai-je. Je vais[/i] la tuer, tu m’entends ? Elle ne te fera plus de mal et je vais l’empêcher de vous atteindre encore !
Je voulus me débattre, mais il mit ses mains sur mes épaules pour me retenir.
— Je vais la trouver ! Laisse-moi aller la trouver ! Je vais… Je vais la détruire quitte à en mourir parce que je refuse que…
— Neeve. Neeve ! Regarde-moi.
Il me secoua légèrement et je rivai mes yeux dans les siens.
— Tu ne peux pas aider mon moi du passé, mon ange. Mais tu m’aides dans le présent. C’est tout ce qui compte.

:cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: J'imagine ce que Neeve doit traverser en voyant Adam dans cet état

— Elle est morte, confirma-t-il.
Ooooouuuuffffff
Quoi que j'aurais bien aimé la buter moi-même
Puis, il posa ses lèvres sur ma peau, afin de sécher mes larmes, les recueillir. Ce geste me fit fondre. Je mis une main dans sa nuque et l’embrassai sur les lèvres, puis sur les joues, le menton, tout ce qui était à ma portée. Je finis par enfouir mon visage contre son cou.

— Tu n’es plus tout seul, mon amour…, lui murmurai-je. Je veux que tu le saches.
— Je le sais…
:( :( :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: Ils sont beaucoup trop cute
— D’accord. Je vais te raconter.
Mais non en fait, tu peux pas finir le chapitre maintenant ! :cry: Je veux savoir moi ce qui s'est passé là-bas :cry:
Tu aimes décidément finir les chapitres là où il faut pas, entre Métamorphes et Céleste blessée et là :(
A part ça, wow que de révélations ! Je suis choquée genre vraiment j'étais comme ça: :o :o :o :o tout le long
Ta plume est toujours aussi belle *-*
Vivement la semaine prochaine !! *-*
Chlawee

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 23)

Message par Chlawee »

Hello ! :D Désolée pour le retard, avec le boulot et les occupations... Mais voici un chapitre normalement riche en émotions, pour compenser ! :)
Bonne lecture !

Chapitre 23

Devinant que ce qu’il allait me dévoiler ne serait pas facile, pour lui, j’entremêlai nos doigts afin de lui apporter mon soutien. Je lui demandai s’il était certain de vouloir en parler, et il confirma. Je me montrai donc attentive, pendue à ses lèvres.

— Lucian avait été envoyé sur le territoire de Viviane afin de négocier le terrain. Mais il a fini par en oublier son objectif. Il est rapidement tombé amoureux d’elle en ignorant ce qu’elle était. Mais il a fini par apprendre la vérité. Elle ne prenait même plus vraiment la peine de cacher ses victimes. Quand il a découvert des cadavres, il a essayé de s’enfuir, mais il était pris au piège. (Je tressaillis.) Elle ne voulait pas que son nouveau jouet s’en aille. Alors elle l’a transformé de force. À son réveil, il a perdu le contrôle et…
Il me jeta un coup d’œil hésitant et je l’encourageai à poursuivre d’un signe de tête.
— … elle n’a rien fait pour l’empêcher de tuer. Elle l’a même poussé à le faire. Plusieurs fois. Cela l’amusait. Elle était sadique, cruelle. Seulement, Lucian a voulu se reprendre en main, ce qu’elle n’a pas apprécié. Il l’a supplié pendant des mois de cesser ces massacres et elle en a eu assez. Alors qu’ils étaient en voyage là où je vivais, elle l’a chassé de son château alors qu’il ne connaissait rien d’autre que les meurtres, qu’il avait à peine appris à contrôler sa soif. Il a essayé plusieurs fois d’y retourner, mais elle était catégorique. Alors, un soir où il était particulièrement affamé et qu’il m’a croisé… Enfin, tu l’as vu, ça…

J’opinai, la gorge serrée. Je serrai sa main un peu plus fort. Je ne savais pas vraiment lequel de nous deux je voulais le plus rassurer.

— Il n’était même pas certain qu’il parviendrait à me transformer, poursuivit-il. Il avait vu Viviane soigner des personnes grâce à son sang, avant de mieux leur faire mal plus tard. Il a cru comprendre que c’était ainsi que les métamorphoses fonctionnaient. Disons qu’il était désespéré et qu’il a tenté le tout pour le tout. Quand je me suis réveillé, il a tout fait pour qu’on s’en sorte. Et finalement, tous les deux, on a réussi à trouver un certain équilibre, même si nous étions livrés à nous-mêmes et que c’était souvent difficile.
Il eut un sourire qui n’avait rien de joyeux. Amer.
— Mais je savais que cela ne serait pas mieux avec Viviane. Je ne l’avais encore jamais vu, mais la description qu’il m’en avait faite était assez révélatrice. Elle a fini par nous trouver, comme tu le sais aussi. Et c’est là que ça a commencé. Lucian est retombé amoureux d’elle, un an après son abandon, comme s’il ne s’était pas écoulé une seule minute. J’ai tout de suite compris que quelque chose clochait. Et un soir, je l’ai vu user d’un autre genre d’hypnose que celle dont nous étions capables, sur quelqu’un d’autre. Et nous avons rencontré Arthur, qui m’a fait part de l’étendue des pouvoirs de Viviane.
Je laissai ma tête retomber contre son épaule et mon pouce se mit à décrire des cercles sur sa paume.
— Nous sommes arrivés en France par la suite. Nous avons fait le tour de plusieurs pays, avant cela. Puis des villes. Elle cherchait des châteaux possédant des cachots, afin de m’enfermer dès que possible, quand elle a compris que je la haïssais assez pour lui vouloir du mal. Un peu comme un humain exigerait une maison avec jardin, ou un nombre de chambres précis. C’était son critère à elle.

Je devais me répéter qu’elle était morte pour ne pas péter un plomb. J’avais envie de bondir du lit pour aller la chercher et lui faire regretter d’être née. Les mots d’Adam étaient durs, mais incroyablement sincères et ils lui venaient au fil de ses pensées. Il voulait tout exprimer. Je voulais qu’il continue, même si c’était compliqué à entendre. Cela lui ferait du bien.

— J’essayais de faire comprendre à Lucian qu’il ne l’aimait pas vraiment, qu’elle nous manipulait, mais elle avait bien trop d’emprise. Au fond, je suis sûr qu’il le savait, mais il ne pouvait pas l’accepter physiquement. J’ai tenté de la tuer à plusieurs reprises, mais à chaque fois, elle envoyait Lucian pour m’arrêter, ou elle s’en chargeait elle-même. Elle était bien plus forte que moi et elle savait que je n’oserais pas m’en prendre à mon ami. Il est intervenu quelques fois afin qu’elle ne me force plus à la toucher, et j’ai fini par développer une sorte de bouclier mental contre ses manipulations.
Un rictus acerbe étira ses lèvres, alors que son regard était dans le vague.
— Ça l’a vraiment mise en rogne. Alors elle s’est encore plus vengée sur Lucian.
Si cette femme n’était pas déjà morte, je serais déjà à sa recherche.
— Mais il est arrivé un moment où Lucian se rebellait un peu trop à son goût. Alors elle a trouvé un nouveau moyen de l’atteindre.
À ce niveau-là, je m’attendais à absolument tout. J’avais l’impression qu’il n’y avait rien dont elle n’aurait pas été capable.
— Elle a repéré un enfant qui possédait des pouvoirs, alors qu’il était humain, comme toi. Elle a sauté sur l’occasion : elle pourrait faire pression sur nous d’une autre manière et elle aurait un nouveau jouet. Deux, pour être exact. Jehan refusait de venir sans son frère. Apparemment, leurs vrais parents s’occupaient à peine d’eux et étaient pauvres. Ils étaient ravis de vendre leurs progénitures à Viviane.
Je me mordis si violemment la lèvre inférieure pour ne pas crier quelque chose, que je crus que j’allais me faire saigner.
— Elle avait peur qu’on finisse vraiment par la tuer, et elle s’est cachée derrière les deux enfants pour qu’on la laisse un peu tranquille. Elle a sûrement fini par vraiment s’attacher à eux, mais elle était surtout intéressée par les pouvoirs de Jehan. Elle agissait comme si elle était leur mère et très vite, Lucian est devenu le père, puisqu’il était toujours avec elle.

Je restai bouche-bée. Je comprenais mieux pourquoi Lucian et Jehan s’entendaient autant, encore aujourd’hui. Mon sauveur était son père, en quelque sorte.

— Il a donc pris les petits sous son aile et s’est laissé attendrir un peu plus, ce qui a permis à Viviane de reprendre le contrôle sur lui. Jehan et Robin ont grandi en sachant qu’ils finiraient par être transformés en vampire. Viviane le souhaitait. C’était même… inévitable. J’ai essayé de la faire changer d’avis, mais elle ne voulait rien entendre. Plusieurs fois, j’ai voulu partir en les emmenant avec moi, mais ça n’a jamais abouti. Nous étions toujours retrouvés avant même d’avoir quitté le territoire. Et en grandissant, Jehan était devenu de plus en plus fort, contrairement à son frère. Les vampires du clan de Viviane, qui venaient souvent, l’adoraient et l’adulaient. Grâce à lui, elle avait de plus en plus d’alliés. Je sais que j’étais injuste, parce qu’il a vécu ainsi, mais je lui en voulais de toujours obéir à Viviane. Robin le souhaitait aussi, mais… Je ne sais pas. Les choses paraissaient différentes, avec lui.

Une lueur de peine se mit à briller dans ses yeux. Contrairement à ce qu’il disait, ces blessures-là étaient toujours ouvertes, même si elles étaient enfouies. Parler de ce garçon ravivait des émotions intenses. Je portai sa main à mes lèvres et embrassai tendrement ses doigts.

— Différentes comment ? murmurai-je.
Il eut un sourire triste.
— Plus les années passaient, plus Viviane montrait de l’amour envers Jehan. Ou en tout cas, de la fascination pour ses pouvoirs. D’après elle, il serait un grand atout dans le clan. Et Robin était… délaissé. Il avait toujours été proche de Jehan, mais il s’est éloigné de plus en plus. Son aîné lui montrait qu’il l’aimait, lui, mais ça ne suffisait pas à Robin. Il avait l’impression d’être seul. Jehan a fini par arrêter d’essayer d’arranger les choses. Ils étaient presque… devenus des inconnus l’un pour l’autre. Et la rancune de Robin s’est petit à petit transformée en colère. J’étais le seul à pouvoir l’approcher et il m’écoutait, moi. Je comprenais sa solitude et je voulais qu’il comprenne qu’il n’y était pour rien, dans cette histoire. J’étais presque parvenu à lui enlever toute cette haine de la tête, mais Viviane s’en est mêlée. Elle pensait que je voulais éloigner ses fils d’elle pour les convaincre de rester humains et ça a empiré quand Jehan a changé d’avis.
Je haussai les sourcils.
— Il ne voulait plus devenir un vampire. À ce moment-là, il est d’ailleurs remonté dans mon estime. Je ne saurais même pas dire précisément pourquoi je lui en voulais. Je pense que je reportais ma colère contre moi-même, sur lui. Jehan aimait profiter de la vie, mais une vie humaine. Il avait d’ailleurs rencontré une femme. Du moins, c’est ce qu’il m’a semblé. Et il a aussi appris que Robin et lui avaient une sœur, même si je l’ai su plus tard. Alienor a trouvé Jehan après avoir découvert qu’elle avait des frères et qu’ils étaient au château. Pour ces raisons, Jehan voulait rester humain.
Je demeurai silencieuse, encaissant les informations les unes après les autres.
— Lucian et moi avons été appelés en renforts contre des ennemis. Et Viviane a profité de notre absence pour transformer ses fils. De force, d’après Jehan. En tout cas, pour lui. Robin l’avait voulu, souhaitant devenir aussi fort que son frère. La jalousie était devenue omniprésente, chez lui. Quand nous sommes rentrés, Viviane était assommée et les deux frères avaient disparu. Et je sentais l’odeur de deux nouveaux vampires. C’était forcément eux. Il y avait eu un combat. J’ai finalement attrapé Viviane en saisissant l’occasion et je l’ai attachée avec des chaînes en fer. Lucian m’a même aidé. Il semblait… libéré de son emprise. Elle s’est réveillée et a tenté de reprendre le dessus, mais c’était trop tard. J’ai mis le feu à la pièce, et le château a brûlé.

Je retins ma respiration. Je me sentis comme soulagée, alors même que je savais déjà qu’elle était morte.

— Nous sommes partis à la recherche de Jehan et Robin. J’espérais de tout cœur retrouver le plus jeune, refusant de le laisser à nouveau tomber dans la haine, tout en sachant que Lucian pourrait, lui, s'occuper de l'aîné. Mais quand nous avons retrouvé Jehan, en compagnie d’Alienor devenue une vampire, nous avons su qu’il était trop tard. Robin était entré en frénésie et commettait de véritables carnages. Il avait atteint un niveau de cruauté ressemblant à celui de Viviane. C’est lui qui s’en est pris à sa propre sœur. Jehan l’a métamorphosée pour la sauver.
Il baissa les yeux et son expression me chagrina profondément.
— J’ai su que Jehan comptait tuer son frère et j’en étais horrifié. Je n’arrivais pas à me dire qu’il était trop tard pour lui. Je voulais l’aider. Jehan a été mis à la tête du clan de Viviane, puisqu’il apprenait vite et qu’il était fait pour ce rôle. Pendant des années, il a cherché son frère sans parvenir à le trouver. Il a fini par le faire, alors que Lucian et moi n’étions pas présents. Encore. Il l’a tué.

Prononcer ces mots lui coûta. Je sentis son étreinte autour de moi se raffermir et je mis une main sur sa joue, la caressant. Je n’osais imaginer ce qu’il avait dû ressentir. Ce qu’il ressentait encore.

— Jehan a retrouvé sa sœur et a quitté ce clan pour en fonder un nouveau. Et Lucian et moi sommes partis de notre côté. Il a rencontré April, des années plus tard. Elle le rendait tellement heureux que c’en était miraculeux. Et cette fois, il aimait réellement. Et elle le lui rendait bien. Pauvre April, je suis resté méfiant un moment, avec elle, alors qu’elle ne le méritait pas. Mais ça m’est passé quand j’ai vu qu’elle était sincère et qu’elle préférerait souffrir plutôt que de faire du mal à Lucian. Et ça a été le début du clan River. Pendant longtemps, le contact entre Jehan et lui a été difficile, et ça faisait de la peine à Lucian, qui se considère comme son père. Petit à petit, les choses sont revenues à la normale. Mais…
Il se tut.
— Mais pas pour toi, terminai-je à sa place d’une voix douce.
— Non, en effet. J’ai toujours eu le sentiment que j’aurais peut-être pu changer quelque chose, pour Robin. Je m’en suis toujours voulu de ne pas avoir été là. Lorsqu’il a disparu, et lorsqu’il s’est fait tuer. Je n’ai pas réussi à le sauver.

Je me redressai pour lui faire face, agenouillée entre ses jambes. Je pris son visage dans mes mains et il riva ses yeux emplis de regrets dans les miens. Je mis mon front contre le sien.

— Tu as fait ce que tu pouvais, Adam. Tu ne pouvais absolument pas deviner ce qui allait se passer, fis-je d’une voix douce.

Il ne répondit rien. Je savais que c’était simple pour moi, de dire cela. Je ne l’avais pas vécu. Il lui faudrait du temps. Encore plus de temps. D’après ce qu’il racontait, Robin était contrôlé par sa rage, sa jalousie et sa soif de sang, le tout en ayant eu Viviane pour mère. Peut-être que tous les efforts du monde n’auraient pas suffi à le ramener à la raison.

— C’est suite à cela que j’ai découvert la clairière, reprit-il soudainement.

Je me reculai légèrement pour mieux le voir, inclinant la tête sur le côté. Puis je compris. Il se mit à sourire tendrement, en même temps que moi.

— Celle de nos rêves ?
— Oui. Lucian s’était absenté, avec April. Je venais tout juste de revoir Arthur et encore une fois, il me parlait de toi. Quand il est parti, je suis allé marcher, seul. J’ai trouvé cet endroit et, pour la première fois depuis longtemps, j’ai espéré. J’ai cru à ce qu’il me disait. C’est pour ça que cet endroit m’a marqué.
Les larmes me montèrent aux yeux, alors que j’étais profondément touchée.
— Je n’ai pu y retourner que quelques fois, avant que nous changions encore de ville, déclara-t-il.
— Nous pourrions y aller, un jour…
Il sourit, mais secoua la tête.
— J’y ai pensé, mais j’ai peur que tout ait changé, là-bas, depuis le temps. C’était il y a quelques siècles. Peut-être qu’il n’y a plus de saule pleureur.

Je grimaçai. Ah non. Ce lieu sans cet arbre symbolique, pour nous, ne serait plus le même. Après tout, c’était à côté de cet arbre que j’avais rencontré Adam.

— Il y a sûrement un McDonald’s, maintenant, ajoutai-je.

Il éclata de rire et je me sentis plus légère en le voyant ainsi. Le silence revint petit à petit et nous ne pouvions pas nous quitter des yeux. Je me demandais quelle heure il était, mais je n’avais pas envie que la réalité nous rattrape. Mais à en juger les minces rayons de soleil qui se frayaient un chemin à travers les volets, la journée avait commencé.

Ses doigts glissèrent sur un de mes avant-bras. Je ne tressaillis même pas. En réalité, avec lui, je n’avais pas peur, même s’il me touchait là où Connor m’avait fait du mal. Ses yeux tombèrent sur mes cicatrices.

— Est-ce que tu veux en parler ? me demanda-t-il.

Je baissai les yeux, hésitante. Je laissai passer quelques secondes. Mais c’était Adam et je savais que je lui en aurais parlé un jour ou l’autre. De plus, il connaissait déjà les grandes lignes.

— Tu n’es pas obligée. Ce n’est pas parce que je t’ai raconté mon passé que…
— Non, ne t’en fais pas, le coupai-je avec un sourire.
Je pris une grande inspiration.
— Ma mère était morte depuis seulement quelques mois quand j’ai rencontré Connor. Elle s’est suicidée parce que… Après l’agression qu’elle a subie par un vampire, quand j’avais dix ans, elle n’a plus jamais été la même. Enfin, si elle s’est vraiment suicidée…
Après la vision que j’avais eu, je n’en étais plus tellement sûre.
— J’avais toujours été solitaire et j’étais loin de mon amie d’enfance, Carla. Et même elle n’était pas au courant pour mes pouvoirs. Alors… Je ne sais pas vraiment ce qu’il s’est passé. Tout est allé très vite. Je sais maintenant que je ne l’aimais pas vraiment, mais sur le moment, j’en avais l’impression. J’étais surtout encore… fragile. Il s’était attaché à moi et j’étais… ravie de ne pas être seule. Même s’il n’était pas au courant pour ma magie, je me disais que c’était déjà beaucoup, ce que j’avais. Au début, c’était vraiment bien. J’étais à des années-lumière de me douter de ce qui allait se passer.

Je déglutis et baissai les yeux.

— Quand les… coups et les viols ont commencé, j’ai minimisé les choses. Je lui trouvais toujours des excuses. Je ne me suis pas rendue compte tout de suite qu’il me poussait à changer. Petit à petit, j’ai aussi modifié mes tenues, pour ne pas plaire à d’autres hommes. Il me convainquait que je n’avais pas besoin de sortir, que nous étions bien ensemble, chez lui. J’habitais presque dans son appartement. Il ne supportait pas quand je partais et qu’il ne pouvait pas garder un œil sur moi. Il était persuadé que j’en profiterais pour le tromper. Il venait même me chercher après les cours.
Maintenant que j’en parlais, j’avais du mal à croire que je n’avais rien vu. Que j’avais supporté tout ça.
— Au début, je trouvais ça mignon, puis j’ai fini par en être effrayée. Je ne pouvais même pas voir Carla, qui essayait pourtant de me faire comprendre que quelque chose n’allait pas. Un jour, alors que j’étais au téléphone avec elle, elle a entendu Connor m’insulter violemment. Elle s’est mise à hurler et m’a dit qu’elle venait me chercher. J’ai paniqué et comme elle ne savait pas où je me trouvais, j’ai raccroché. Ce soir-là j’ai récolté… ça.
Je regardai une cicatrice sur mon avant-bras. Une brûlure de cigarette.
— Ça a duré deux ans, soupirai-je. Pendant deux ans j’ai dû me plier à ses moindres désirs. Et si je refusais d’obéir, c’était la cigarette, ou le couteau.

Adam leva mes bras pour embrasser délicatement chaque cicatrice, comme pour en ôter le souvenir douloureux. Sa tendresse contrastait avec le regard dur, empli de colère, qu’il avait.

— Est-ce qu’il y en a d’autres… ? demanda-t-il.

Je pivotai pour lui faire voir mon dos. Il y avait une ligne blanche, juste au-dessus de mes hanches. Il la caressa du bout des doigts, de sa main libre.

— J’ai eu un déclic un soir. J’étais malade et j’avais manqué les cours. Connor était injoignable, je ne pouvais pas le prévenir. J’étais chez lui, à attendre qu’il rentre. Et en même temps… j’avais peur. Parce que je savais qu’il serait furieux et penserait que j’avais été infidèle, que je n’étais pas vraiment malade. Il y avait aussi le fait que je n’avais pas fait la vaisselle. Il est rentré totalement bourré et a commencé à m’engueuler. Je me suis levée pour aller nettoyer, et il…
Ma gorge se noua.
— Il m’a frappé parce que je ne voulais pas coucher avec lui. Et il est devenu fou. Il a pris un couteau et a essayé de me poignarder. C’est là que j’ai utilisé mon pouvoir. Pendant un instant, j’ai cru que je l’avais tué. J’ai vérifié qu’il était bien vivant, j’ai pris mes affaires et je suis partie. J’avais peur qu’il raconte à tout le monde ce que je pouvais faire, mais il était ivre et je ne pensais pas que quelqu’un le croirait. Je suis allée chez Carla et elle m’a hébergée un moment, pour que je reste loin de lui. (J’eus un petit sourire en pensant à elle.) Elle a été d’une grande aide. Sans elle, je ne sais pas ce que j’aurais fait. Elle s’est même occupée d’envoyer des amis à elle récupérer mes affaires chez lui, pour que je n’aie pas besoin d’y retourner.
Je passai une main dans mes cheveux, nerveusement.
— J’ai fini par trouver un appartement à Lyon et j’ai repris mes études là-bas. Et la suite, tu la connais.

Il hocha la tête et m’attira à nouveau contre lui, m’entourant de ses bras. Son menton était contre mon front. Il ne dit rien, mais je savais que ça bouillonnait en lui. Nous restâmes sans rien dire pendant un long moment. Aucun de nous ne bougea.

— Parfois je crois entendre le « tic, tac » de la pendule qui était chez lui, quand j’attendais qu’il rentre en ayant peur, avouai-je. Et maintenant que je sais que j’ai des visions… (Ma gorge se serra. Prononcer les prochains mots rendrait tout plus réel.) … je suis terrifiée à l’idée que ça veuille dire qu’il va revenir.
Il se raidit. Il lâcha un long sifflement sinistre.
— Qu’il essaye, cracha-t-il. S’il pose un pied dans le manoir il repartira sans. Ou il ne repartira pas du tout, c’est mieux.
Je tapotai le dos de sa main.
— Mais… Mais ça n’arrivera pas, tentai-je de me convaincre. Ce ne sont que des « tic, tac »…
— Si tu as le moindre doute, dis-le moi.
— Promis.
— J’ai envie de le tuer. Pour ce qu’il t’a fait vivre. Pour chaque cauchemar qu’il provoque. Pour ta peur constante et ton dégoût de toi-même, que tu peux ressentir, parfois. Je sais que tu ne souhaites pas que je lui fasse du mal, mais j’en ai terriblement envie.
Je me blottis contre son torse.
— Je ne peux pas t’en tenir rigueur pour ça, répondis-je. Même si je te dis que je ne veux pas que tu t’en prennes à lui, c’est avant tout pour toi. Jamais je ne pourrais t’en vouloir. J’ai envie de détruire Viviane. Si elle n’était pas déjà morte, je serais sûrement déjà en train de la chercher. Parce qu’à cause d’elle, tu vis en pensant que tu n’es rien. Parce qu’elle t’a fait souffrir et parce que -même si tu affirmes le contraire -, c’est encore le cas.

Il voulut répondre quelque chose et j’attendis, mais finalement, il ne nia pas.

— J’aime quand c’est toi qui prononces mon vrai nom, lâcha-t-il soudainement.
Je lui coulai un regard mi-interrogateur, mi-attendri.
— Je l’ai changé parce qu’il était lié à de mauvais souvenirs et que j’avais l’impression de ne plus être… Sander. De ne plus être humain. Mais avec toi…
— Tu es toujours lui. Je le vois, moi. Ce n’est pas parce que tu es un vampire que tu n’as plus d’humanité. L’humanité, ce n’est pas un état, c’est une manière de penser et d’agir.
J’en avais fait du chemin, en peu de temps. Je ne pensais pas vraiment ainsi, quelques mois plus tôt.
— Des humains sont moins humains que vous, ajoutai-je. Peut-être que tu as du mal à laisser s’exprimer Sander, mais il est toujours là…

Je mis une main sur sa poitrine, à l’endroit où son cœur battait, quatre siècles plus tôt. Il la recouvrit de la sienne, doucement. Un sourire incertain flottait sur ses lèvres.

— Quand c’est toi qui le dis, reprit-il, je ne me sens pas horrifié comme je l’ai été pendant longtemps. Tu donnes un nouveau sens à ce nom. À mon vrai moi.

Je me souvins que lorsque je lui avais demandé qui était Sander, il m’avait demandé de répéter. Il s’était rendu compte que ce n’était pas aussi désagréable que ce qu’il avait pensé. Et il m’avait entendu le dire plusieurs fois, depuis.

Je l’embrassai délicatement, puis souris contre ses lèvres, émue. Adam était l’identité qu’il avait adopté pour se protéger du passé, créer un nouveau lui. Sander était qui il était réellement. Et il essayait tant bien que mal de composer avec les deux, désormais.
J’étais certaine qu’il finirait par parvenir à être celui qu’il désirait vraiment être. J’avais foi en lui. Et si l’univers me le permettait, je ferais tout ce qui était possible pour l’y aider.

— Concentrons-nous sur le présent, suggérai-je.

À ce moment-là, mon ventre se mit à gargouiller. Je le regardai comme s’il venait d’exprimer quelque chose d’extrêmement intéressant.

— J’ai faim, constatai-je avec le plus grand des sérieux.
Je sentis un rire secouer les épaules d’Adam.
— J’aimerais bien savoir quand ce n’est pas le cas, rétorqua-t-il.

Je lui donnai un coup au visage avec un oreiller.

~


Nous mîmes un temps fou à nous décider de sortir du lit. Nous ne voulions pas rompre cette bulle autour de nous, mais nous finîmes par nous dire qu’il était temps de montrer signe de vie aux autres.
Je remis mes vêtements de la veille, afin de pouvoir rejoindre ma chambre et prendre une douche sans être nue. Je l’observai ouvrir son placard et je haussai les sourcils en voyant certains de ses vêtements. Des chemises à jabot, de longs manteaux, et beaucoup de velours.

— Tu as donc une moitié de garde-robe plutôt clichée, le taquinai-je.
Il prit un air faussement outré.
— Quoi ? Ce sont les humains qui se sont inspirés de nos tenues pour écrire leurs histoires de vampires. Je n'allais pas changer toute ma garde-robe pour eux.
Je m’approchai et étudiai avec attention ses habits.
— Je vais peut-être faire comme Harper et me mettre à te voler des vêtements, moi aussi.
— Vous pouvez me laisser de quoi m’habiller, s’il vous plaît ?
Je fis mine d’y réfléchir.
— Bon… Je vais aller me changer. Je vous rejoins dans un moment, prévins-je.

Les doigts sur la poignée de la porte, j’hésitai. Je me mordis la lèvre. J’avais l’impression que notre cocon allait exploser, si je sortais. Alors que je venais de vivre les meilleurs moments de ma vie. Mon autre main effleura mon cou, là où il m’avait mordue. Même s’il n’y avait plus la marque. Je le sentais encore me mordre et les délicieuses sensations qui m’avaient parcouru.
Il constata mon hésitation et se tourna vers moi. Il mit ses bras autour de ma taille et m’embrassa.

— Crois-moi, ce n’est pas parce que tu quittes cette chambre que c’est la fin, me rassura-t-il.
Ça, nous n’en savions rien. Mais il avait l’air sûr de lui.
— Ouais, répondis-je en hochant la tête.
— File, avant que je te ramène dans ce lit.
Je pris un air malicieux.
— T’es censé me convaincre de sortir, pas m’encourager à rester, ricanai-je.

Je vis une lueur rougeâtre dans ses yeux et un sourire en coin de prédateur releva le coin de ses lèvres. Je frémis, mais pas d’effroi.

— Ok, ok, j’y vais ! lâchai-je en ouvrant la porte.

Sinon les choses allaient déraper. Je n’étais pas certaine de pouvoir résister à ce regard-là.
Je m’empressai de rejoindre ma chambre. Je me rendis compte au milieu de ma douche, que j’avais un sourire aux lèvres. Et il ne me quitta pas, même après.

Je me séchai et enfilai en vitesse les premiers vêtements qui me tombaient sous la main, à savoir un jean, et un tee-shirt à l’effigie du film V pour Vendetta, comportant l’inscription « People should not be afraid of their government. Government should be afraid of their people ». Je sortis de ma chambre et entendis des voix, provenant de la cuisine. À peine avais-je mis un pied dans la pièce, qu’une tornade nommée Emma me tomba dessus pour me prendre dans ses bras.

— Comment tu te sens ? s’enquit-elle.
Elle se recula, ses mains sur mes épaules.
— Tu as besoin de quelque chose ? J’ai fait des crêpes ! Tu veux boire un jus de fruits ? Un chocolat chaud ? Dis-moi !
J’eus un petit rire.
— Je vais bien. Merci, c’est adorable, lui répondis-je. Ne t’en fais pas, je peux me débrouiller.
— Tu es sûre ?
— Sûre.

Adam était là et il me sourit. Ses cheveux étaient humides et je me fis la réflexion que nous aurions pu prendre notre douche ensemble.
Je dus chasser cette pensée perverse, puisque Lucian et April vinrent m’entourer. La gaieté me quitta, pour être remplacée par la peine ainsi que le soulagement. J’avais envie de serrer Lucian dans mes bras pendant des heures, après ce que j’avais pu voir dans mes visions. Et j’étais absolument ravie qu’April soit entrée dans sa vie. Alors je les étreignis avec force.

— Tu es sûre que ça va, ma chérie ? s’enquit-elle.
Je hochai la tête, refoulant mes larmes. Je me reculai un peu, les lâchant. Je me forçai à sourire.
— Oui, répondis-je.
— Laissez-moi passer ! exigea une deuxième furie.
Ce fut au tour de Nora. J’étais surprise qu’elle me prenne ainsi dans ses bras.
— Plus jamais tu ne nous fais un coup pareil ! me gronda-t-elle.
— Euh… D’accord ?
— Merci ! Ce n’est pas parce que nous sommes immortels, qu’on ne peut pas se faire de cheveux blancs, ajouta-t-elle. Et je n’ai pas envie d’en trouver sur ma tête !
Elle se recula mais garda son regard sévère. Je devinai que c’était sa façon à elle de masquer un surplus d’émotions.
— Promis, je ferai attention pour tes cheveux, répondis-je.

Elle eut l’air satisfaite.
Je tirai une chaise et m’assis à côté d’Adam. J’eus toutes les peines du monde à me retenir de rougir et à ne pas afficher un sourire idiot.

— Alors ? C’était comment, de se faire mordre ? intervint soudainement quelqu’un.

Crystal entra dans la pièce d’un pas nonchalant. Je baissai la tête en espérant que mes cheveux d’une rougeur saisissante cacheraient celle de mes joues. Un silence suivit sa question et je n’osai regarder les réactions des autres.
Heureusement que Brooke et Ned n’étaient pas là. D’ailleurs, je me demandais où ils pouvaient bien être.

— Ben quoi ? reprit-elle.

Je me saisis d’une crêpe afin de me donner une contenance. Quand j’osai enfin relever les yeux, je vis qu’Emma regardait ailleurs en retenant mal un sourire et Nora paraissait jubiler. April était un peu gênée et Lucian toisait Adam avec sévérité, l’air de dire « Tu n’as pas intérêt à la faire souffrir » et les yeux de l’intéressé fusillaient la Harpie.

— Donc on va tous faire comme s’il n’y avait rien ? insista-t-elle.

Elle paraissait si spontanée et franche que je doutai qu’elle fasse cela par pure provocation. Elle me donnait surtout l’impression de ne pas vraiment se rendre compte de ce qu’elle pouvait dire ou de l’effet que ça pouvait avoir sur les autres.

— J’aime bien ton tee-shirt, intervint Emma.
— Merci.
V pour Vendetta… C’est un truc pour Adam ça, ricana Nora. Des explosions. Des coups d’état… C’est tout lui !

Je leur en étais reconnaissante de changer de sujet.
Adam haussa un sourcil mais, encore une fois, il afficha un rictus mystérieux.

Ça recommence…

— On a dit « non » pour les coups d’état, lui rappelai-je, amusée.
— Et encore une fois, je répète que je n’ai jamais confirmé que j’en ferai un.

Je mordis dans la crêpe en le regardant avec suspicion.
Tim fit son entrée et me sourit.

— Content de voir que tu vas bien, me dit-il. Qu’aurais-je fait sans mon humaine pour goûter les chocolats ?
— Ravie de voir que tu tiens à moi, Tim, ironisai-je.
Il nous tendit deux enveloppes, à Adam et moi. Je haussai les sourcils, surprise. J’ouvris la mienne et trouvai… un chèque.
— Qu’est-ce que…
— De la part des Exécuteurs, fit-il.
— Tim, gronda Adam.
— Quoi ? Elle le sait non, que ça fait partie de votre travail ?

Oh !
Lucian aussi était tendu. Ils craignaient ma réaction.

— Ne vous en faîtes pas, je me doutais déjà que vous étiez payés pour les missions, les rassurai-je.

J’acceptais décidément beaucoup de choses, depuis que j’étais arrivée ici. Je me demandais ce qui pouvait encore me surprendre.
Je sortis totalement le chèque de l’enveloppe.

— Mais pourquoi est-ce que je suis payée moi aussi… La vache !
Mes yeux venaient de se poser sur le montant et ils s’écarquillèrent. J’étais bouche-bée.
— Attendez… J’ai seulement fait l’appât, fis-je, incrédule.
— Les Exécuteurs s’en fichent, tant que tu as contribué et que le travail a été fait, expliqua Crystal.

Je mis encore quelques secondes à réaliser ce que j’avais sous les yeux.
Neeve : chasseuse de primes.

~


Mes écouteurs dans les oreilles, avec My Escape, de Ravenscode, qui jouait, je poussai le portail du manoir. J’étais allée passer un peu de temps avec Madelaine. La voir avait quelque chose de réconfortant. Même si j’aimais profondément les River, avoir une amie humaine m’était familier, apaisant.

There's so much love in your smile when I look at your face
And I'm here to stay
You're my first and my last love and you're my escape…


Je souris en entendant ces paroles. J’avais toujours aimé cette chanson, mais là, maintenant, elle me parlait particulièrement.
Oui, je commençais à être fleur bleue, mais ça me faisait du bien.

So tell me you'll be right here with me
Hearing your voice is like hearing an angel sing


Je coupai la musique et ôtai mes écouteurs en voyant une silhouette que je reconnaîtrais entre mille, plus loin. Adam volait. Je souris et rangeai mes affaires. Je m’approchai et laissai mon sac dans l’herbe. Il me repéra et me regarda.

— Tout va bien là-haut ? lançai-je.
De là où j’étais, je pus voir son rictus en coin.
— Viens voir par toi-même, me défia-t-il.

Il ne fallait pas me le dire deux fois.
Un certain trac m’envahit, car je n’avais fait qu’une seule autre tentative pour voler, seule, quelques jours auparavant. Je me concentrai et fis appel à mes ombres. Je me sentis soulevée dans les airs et je respirai profondément. Je fis en sorte de garder l’équilibre. Je gardai à l’esprit que s’il se passait quelque chose, il n’aurait aucun mal à me rattraper. Cette confiance me permit de gagner en puissance.

Lentement, mais sûrement, je m’élevai jusqu’à atteindre sa hauteur. Il suivit ma progression avec un regard plein de fierté. Et pour le provoquer un peu, j’allai même un peu plus haut que lui. Il me rejoignit en un rien de temps.
Il se rapprocha de moi. Et alors que nos lèvres allaient se frôler, j’eus un sourire espiègle.

— Oups !

Je relâchai un peu mon pouvoir pour redescendre, en riant. Mes pieds furent à nouveau sur le sol. J’étais contente d’avoir réussi à faire ça, même si ça n’avait pas duré longtemps.
Alors qu’il faisait de même, Lucian débarqua. Comme à chaque fois que je le voyais, depuis deux jours, je ressentis un pincement au cœur.

— Je croyais que tu voulais te dépenser, Adam, lui lança-t-il avec provocation. Il faut me dire si tu veux reporter.
Le vampire blond eut un rictus qui n’augurait rien de bon.
— Je t’attends, Lucian, répliqua-t-il.
Je fronçai les sourcils, ne comprenant pas au milieu de quoi j’étais tombée.
— Je comprendrais que tu veuilles partir, Neeve, déclara mon sauveur sans lâcher Adam des yeux. Tu ne veux peut-être pas me voir lui mettre une raclée.
— Tu rêves, rétorqua mon amant.
J’écarquillai les yeux.
— Vous allez vous battre, là ? m’étranglai-je.
Ils tournèrent tous les deux la tête vers moi.
— Oui, répondirent-ils en même temps comme si c’était parfaitement normal.

Je levai les deux mains et reculai de plusieurs pas. Apparemment, c’était habituel. Néanmoins, je ne pus empêcher des images de mes visions de défiler dans mon esprit. J’avais vu Lucian battre Adam, mais d’une autre manière.

Ce n’est qu’un entraînement, là, Neeve… Ne t’en fais pas…

Devinant ce que je pensais, Adam m’adressa un regard rassurant, discrètement. Je m’assis donc dans l’herbe, ne sachant pas trop à quoi m’attendre. Si ça pouvait les défouler…

Je clignai simplement des yeux, pourtant, tout bascula. Ils s’étaient jetés l’un sur l’autre et leurs gestes étaient si rapides que leurs silhouettes paraissaient floues. Leurs mouvements aussi. De temps en temps, j’en voyais un par terre, avant qu’il ne se relève en un éclair.
Soudain, je vis Emma. Elle s’assit à côté de moi et me tendit un pot de pop-corn.

— Tiens, me proposa-t-elle. C’est toujours divertissant de les voir se battre.
— Cinquante euros qu’Adam va gagner, intervint subitement Nora, qui prit place à ma droite.
— Deal, répondit Emma en lui serrant la main.

C’était surréaliste.
Nous suivîmes le combat des yeux - du moins, elles le suivaient, puisque je ne voyais pas grand-chose -, et au fur et à mesure, je me détendis. Je les entendais surtout rire et se provoquer. À un moment donné, Adam eut le dessus et il eut l’audace de prendre le temps de me faire un clin d’œil… avant de se faire renverser par Lucian.

— Qu’est-ce que tu fous Moineau ?! s’écria Nora. J’ai parié cinquante euros sur toi !

Je retins un rire et pris une poignée de pop-corn.
Cela dura un moment. Finalement, Lucian déclara forfait. Nora bondit sur ses pieds en brandissant un point victorieux, puis elle tendit la main à Emma, qui râla avant de lui donner plusieurs billets. Pour ma part, j’applaudis.

— Ça va, je te rends seulement l’argent que je t’ai pris la dernière fois, ricana Emma avec malice.

La blonde lui tira la langue.
Lucian se redressa et Adam mima une révérence. Je secouai la tête, amusée, puis me relevai.

— Vous pourriez m’apprendre ? leur demandai-je.
Ils me jetèrent des regards surpris.
— J’aimerais bien savoir me battre, ajoutai-je. Certes, ça ne sera pas au même niveau, mais tout de même.

Les yeux de Nora se mirent à pétiller. C’était sûr, elle était fière de moi. Emma m’adressa un signe de tête encourageant.
Les deux hommes finirent par hocher la tête.

— Je pourrais t’apprendre, oui, répondit le brun.
— Oh, Lucian. Il vaudrait mieux qu’elle s’entraîne avec le meilleur, répliqua Adam avec un sourire insolent.
Pour toute réponse, Lucian roula des yeux et le poussa violemment à l’épaule. Mon amant se retrouva par terre.
— Il faudrait que tu apprennes à être modeste, le rabroua son ami.

~


Je lisais avec attention les pages des livres de Cristobal. Ce dernier n’était pas là aujourd’hui, mais j’étais certaine que cela ne le dérangerait pas. Et depuis plusieurs secondes, j’étais en train de sourire, car j’étais tombée sur une information que je trouvais adorable. Il s’agissait d’un lien de « Compagnon », entre deux vampires, qui était l’équivalent d’un mariage. Il fallait que les deux personnes échangent leur sang, prononcent un serment et entremêlent leur magie. Cela les unissait définitivement et l’union était sacrée, aux yeux des autres vampires. Je soutins ma tête d’une main et lus la suite :

Il a été démontré que certains avaient reconnu l’autre comme étant leur moitié, poussés par un instinct troublant. À leurs yeux, il s’agissait d’une évidence et ce, bien avant l’union. Cela n’est pas sans rappeler les mythes des âmes-sœurs. Il semblerait qu’il soit possible que la puissance de certains sentiments nous dépasse.
Aucun cas montrant que deux vampires liés de cette manière avaient fini par ne plus s’aimer, n’a été recensé. Nous avons cependant pu voir que deux personnes n’ayant aucun sentiment pour l’autre à l’origine, et s’étant unis pour d’autres raisons, ont pu développer de l’amour au fil du temps.


S’ensuivit une illustration joliment dessinée, montrant un couple entouré d’une aura lumineuse, pendant l’échange de sang.
Certains mots m’avaient fait tiquer, comme le fait de reconnaître l’autre par instinct, mais je ne m’attardai pas dessus. Cela n’aurait pas dû me concerner, je n’étais pas une vampire.

Pourtant, Arthur avait dit que nous partagions un lien allant au-delà de ce que nous pouvions concevoir. Et j’y croyais. Adam et moi devions être une exception. J’eus un léger sourire. Cela ne m’étonnait même pas. Nous formions un sacré duo. Haut en couleurs et en surprises.
Je tournai la page et un mot attira mon attention : dévoreurs. Je fronçai les sourcils.

Il est difficile de décrire exactement ce que sont les Dévoreurs. Il s’agit surtout de légendes parcourant le monde des vampires depuis des lustres. Mais s’il fallait livrer une idée générale, voici ce que cela donnerait : deux personnes aux pouvoirs complémentaires seraient liées et auraient la capacité d’absorber la magie d’un autre, mourant. Elles dévorent les pouvoirs. Ce statut particulier resterait très rare.

Je tournai la page afin de voir s’il n’y avait pas plus d’explications sur cette légende. En tout cas, elle était assez inquiétante. Mais rien. J’en demanderais plus à Cristobal, plus tard.

Mes yeux parcoururent les lignes. J’eus une grimace en lisant qu’il était possible pour un humain de devenir addict au sang d’un vampire, surtout celui des plus puissants, et inversement, si celui-ci était consommé régulièrement. J’eus un petit rire ironique en repensant à ma réaction après la morsure d’Adam, ou quand il m’avait guéri. Bon, ce n’était arrivé qu’une fois, pas la peine de s’inquiéter.

Et puis si c’est lui, ce n’est pas bien grave…

Je repoussai aussitôt cette pensée hors de mon esprit. Ce n’était pas le moment.
J’eus un mouvement de recul en poursuivant. Là encore, il était question de sang. Mais ce que je vis me coupa le souffle.

Le Sang Suprême : il permet à un vampire de se retransformer en humain, mais cela laissera une empreinte magique très forte tant que la personne vivra, et paraît très complexe. Nous n’avons toutefois pas plus d’informations sur le déroulement de la transformation, les vampires possédant ce don restant discrets et s’abstenant de métamorphoser les leurs. Nous sommes cependant certains que la personne possédant ce sang souffrira en le donnant. Son instinct la poussera à en offrir toujours plus, comme si c’était fait pour ça. Cela occasionne des douleurs et une instabilité émotionnelle, régulières. Le vampire aura envie de laisser s’écouler son sang, afin qu’il cesse de le brûler autant.

Je me figeai. Je voulus empêcher mon esprit de faire des liens trop rapidement entre les choses, en vain.
Brooke. Elle souffrait, la dernière fois, lorsque je l’avais trouvé sur le chemin, près du manoir. Et Ned lui avait demandé si elle avait donné son sang. Elle s’était griffée jusqu’à se blesser.
Je secouai la tête. Je n’avais aucune preuve de ce que j’avançais.

Je voulus lire encore un peu, mais l’atroce mélodie de la flûte se mit à jouer dans mon esprit. J’étais habituée, désormais, alors je me mis à siffloter l’air que j’entendais. Incapable de me concentrer, j’allai ranger le volume à sa place. Je sortis mon carnet et avec le sourire, je repris le dessin d’Adam là où je l’avais laissé.

— Où as-tu entendu ça ? s’éleva une voix.

Je levai les yeux. Lucian se tenait près de ma table avec un air interrogateur. Je refermai le carnet, puis captai enfin ce qu’il venait de me demander.

— Attends… Tu connais cette mélodie ? fis-je, sous le choc.
Il s’assit en face de moi et souris avec douceur.
— Oui, répondit-il.
Hallelujah ! J’allais enfin savoir ce que c’était.
— C’était une berceuse que ton père connaissait de ses propres parents, m’apprit-il. Quand il a appris que Malia était enceinte de toi, il m’a juré qu’il te la chanterait.

Ce souvenir le fit sourire et il y eut une lueur de nostalgie dans son regard.
Je ne m’attendais tellement pas à cela que mon cœur menaça de s’arrêter de battre. Une bouffée d’émotion me saisit.

— Il s’était entraîné devant moi. Il était déjà fou de toi avant même que tu ne viennes au monde. Il a dû te la chanter pendant le peu de temps qu’il a pu passer avec toi. Et tu as peut-être eu une vision liée à cela.
Un rire nerveux m’échappa, tandis que les larmes me montaient aux yeux.
— Malheureusement, je ne me souviens que très peu des paroles, soupira-t-il. Je crois qu’il était question de nuages, d’une belle enfant, de la neige… Je suis désolé, impossible de m’en souvenir.
Je secouai la tête.
— Ça ne fait rien, c’est déjà beaucoup, lui assurai-je d’une voix étranglée. Je l’ai entendu dans des visions.
Il se rapprocha de moi en voyant mes yeux rougis. Il passa un bras autour de mes épaules et je me laissai aller contre lui.
— J’aurais bien aimé le connaître…, avouai-je.
— Je sais, ma puce. Je sais…

En tout cas, je savais qu’à partir de maintenant, je n’allais plus détester cette mélodie avec autant d’aplomb. Peut-être qu’il me fallait l’accepter pleinement pour connaître cette berceuse et qu’elle cesse de surgir n’importe quand. Même si par ce biais, j’avais encore un lien avec mon père biologique.
Il se mit à frotter mon bras.

— Je suis désolé de ne pas avoir été là, chuchota-t-il.
— Comment ça… ?
— J’étais parfois dans les parages pour veiller sur toi, pourtant… j’ai été absent dans les pires moments.
— Tu ne pouvais pas savoir… Et tu avais un clan à gérer, de ton côté.
— Peut-être, mais… J’aurais dû être là quand…
Je fronçai les sourcils et relevai la tête.
— Quand… ? l’encourageai-je.
— Quand Malia a été agressée. Et quand elle est morte. Et pour ce qu’il s’est passé ensuite.

Je blêmis. Je savais qu’Adam n’avait rien dit, mais d’autres personnes devaient avoir vu mes cicatrices et surtout, il y avait eu l’accident du verre, quand j’avais été prise de panique.

— C’est Emma, qui te l’a dit ? devinai-je.
— J’avais entendu quelque chose. Je suis venu lui demander ce qui s’était passé et elle m’a expliqué que tu avais eu peur qu’Adam se mette en colère. J’ai également vu tes marques, expliqua-t-il avec douceur.
Je hochai la tête et pris une brusque inspiration.
— Tu n’y es pour rien. Arrêtez de penser que vous auriez dû sauver tout le monde, tout le temps, répondis-je. (Je mis une main sur son bras.) Vous avez fait ce que vous pouviez, avec les meilleures intentions du monde.
Il soutint mon regard pendant un instant. Je doutais qu’il soit réellement convaincu. Il fallait que je change de sujet.
— Est-ce que… Brooke a le don du Sang Suprême ? demandai-je.
Il n’eut pas besoin de répondre. Sa réaction confirma mon soupçon.
— Comment sais-tu cela ? s’enquit-il, surpris.
Je désignai la bibliothèque. Il soupira. Il se pinça l’arête du nez.
— Je vois.
— Je l’ai aussi vu souffrir, alors qu’elle venait apparemment de donner son sang, poursuivis-je.
— En effet, c’est bien le cas, affirma-t-il. Nous sommes au courant, dans le clan, mais nous essayons de faire en sorte que cela reste un secret, pour les autres.
— Je ne dirai rien.

Je triturai mes doigts.

— Mais est-ce que Savari est au courant ? l’interrogeai-je.
Il y eut quelques secondes de silence.
— Oui, soupira-t-il.
Les pièces du puzzle commençaient à s’imbriquer dans mon esprit.
— Est-ce que c’est pour cette raison qu’il est aussi obsédé par elle ?
— Nous n’en sommes pas certains, mais c’est une possibilité.

Alors au-delà du fait de l’avoir pour amante, il voulait également se servir d’elle comme d’un outil. Tout en sachant que ça la ferait horriblement souffrir. Je doutais fortement qu’il ne soit pas au courant de cela, alors que je pouvais l’apprendre en lisant un livre de Cristobal.

Je pinçai les lèvres. Ma détermination à sortir Brooke de cette situation tout en préservant la liberté d’Adam ne fit que grimper.
Et une image bien particulière me revint.

— Lucian… Est-ce que mon père connaissait bien Sophia et le roi ?
Il fronça les sourcils.
— Il me semble qu’il les avait vu quelques fois, oui. Pourquoi ?
Je venais d’avoir une idée. Je ne savais absolument pas ce que cela allait donner ou si je me faisais des films.
— J’étais curieuse, mentis-je.

Il ne me crut peut-être pas, mais je n’en dis pas plus.

~


J’ouvris la portière de la voiture et en sortis, en tremblant. Cela faisait une éternité que je n’étais pas revenue ici.

Devant moi, les grilles du cimetière dans lequel reposait ma mère se dressèrent, imposantes. Je restai figée devant elles.
L’instant d’après, une main rassurante se posa sur mon épaule. April. Lucian et elle m’avaient demandé si je voulais venir ici. J’étais certaine que la discussion que j’avais eu avec lui à propos de mon père lui avait donné cette idée. En me voyant aussi bouleversée, il avait dû penser que j’en aurais besoin. D’ailleurs, peut-être même qu’ils en avaient également besoin, tous les deux. Après tout, ils l’avaient connue.

Nous entrâmes dans le cimetière et, même si cela faisait longtemps, je me souvins aisément de l’emplacement de la tombe. Bientôt, le nom « Malia Lefevre » surgit sous mes yeux. Me causant un choc. Les deux vampires m’entourèrent, en silence. Je me baissai pour déposer le bouquet de fleurs que j’avais apporté.
Certaines blessures étaient tout simplement impossibles à refermer. Ou ne s’apaisaient jamais vraiment. Mais au fil des années, j'avais tout de même réussi à ne plus m'effondrer sur le sol à la simple vue de cette tombe.

Le souvenir de son enterrement continuait à me hanter. J'avais été tellement perdue et désespérée ce jour-là, au milieu de ces personnes prétendant avoir bien connu ma mère. Ces gens qui s'étaient mis en file pour me faire part de leurs « sincères condoléances », comme si cela allait m'aider. En vérité, je ne les entendais même pas. Je ne voulais pas les entendre. J’avais eu la sensation - probablement faussée - qu’ils m'avaient regardée comme si j'étais coupable. J’étais persuadée qu’ils m'en voulaient de ne pas être intervenue.

Je n'avais fait que baisser les yeux pendant toute la cérémonie, mon bout de papier contenant mon discours à la main. Discours que je n'avais même pas osé prononcer, parce que j'avais honte. Oui, à ce moment-là, j'avais honte et j'étais en colère contre moi-même pour ne pas avoir été avec elle. Pour ne pas l’avoir sauvé.
Nous restâmes ainsi un moment, à nous recueillir. Puis Lucian me chuchota qu’ils me laissaient un peu seule avec… elle. J’entendis leurs pas s’éloigner et je restai plantée là. Je finis par prendre une grande inspiration pour trouver le courage de me lancer.

— Salut, maman.
Je me raclai la gorge.
— Je ne sais pas si tu as suivi mes périples, de là où tu es.
Je ris, nerveusement. Je n’arrivais pas à croire que j’étais en train de faire ça. De dire ça.
— Enfin, je ne l’espère pas, tu es censée être en paix, et c’est franchement le bazar, là en bas, poursuivis-je.
Les larmes se mirent à couleur toutes seules, sans que je ne puisse les contrôler, en silence. C’était arrivé d’un seul coup.
— En fait… je ne sais pas vraiment comment va se poursuivre mon existence, ni si elle va se terminer précocement. Si je pourrai revenir. Alors… sache que je t’aime. Je fais ce que je peux et j’aimerais que tu sois… fière de moi. Bon, tu serais horrifiée en voyant que je suis entourée de vampires, mais ce sont des gens bien. Vraiment. Et si j’en ai la possibilité, alors peut-être que… que je vais rester avec eux. J’ai l’impression d’avoir trouvé une famille. D’avoir un foyer.

Ça faisait du bien de dire tout ça. Même si personne ne m’entendait, et que je ne croyais qu’à moitié au fait que ma mère reçoive ces paroles. Ou qu’elle en ait vraiment quelque chose à faire. Je m’étais toujours sentie si gauche, avec elle. Ennuyante. J’étais de trop et mon existence ne la rendait pas heureuse.

Je restai encore un instant, sans rien dire. Puis je m’assis et me mis à tout lui raconter. Tout ce que j’avais pu vivre depuis sa mort. Cela me fit un bien fou et je me sentis comme libérée d’un poids.

Quand j’eus terminé, je me relevai et allai retrouver Lucian et April, qui m’attendaient près de la voiture. Ils me serrèrent dans leurs bras avec tendresse.

~


Nous ne nous attendions pas à ce que ce soit si animé, au manoir, lorsque nous rentrâmes. Les autres River n’avaient même pas fait attention à notre présence.
Lucian, April et moi restâmes figés, à l’entrée du salon. Dans la pièce, Ned et Tim essayaient de calmer une Brooke paniquée, tandis qu’Adam et Emma voulaient éloigner Nora, qui semblait furieuse après la première.

— Pourquoi est-ce qu’il va venir, à votre avis ? s’écria Brooke. Il a vu que vous étiez proches !
Elle pointa Adam du doigt.
— Il va venir me réclamer ! ajouta-t-elle.
Mon sang se glaça.
— Tu n’en sais rien ! répondit-il. Calme-toi, maintenant. On va trouver une solution.
— Alors c’est ça, hein ? poursuivit-elle. Tu vas rompre les fiançailles ? Sinon la solution est toute trouvée : il va falloir qu’on se marie !
— Il ne va rien falloir du tout ! renchérit Nora. Adam n’est pas à ta disposition ! Ce qu’il faut surtout, c’est que tu la fermes quelques minutes pour qu’on puisse réfléchir !
— Nora, intervint Emma, qui était dépassée par la situation.
— Il a promis ! argua Brooke.

Mes yeux tombèrent sur un liquide rougeâtre. Sur ses bras. Je fis immédiatement le lien avec sa crise de panique qui devait être amplifiée par son pouvoir.
Ned chuchota quelque chose à sa petite-amie, mais celle-ci secoua la tête, les joues pleines de larmes. Tim fusilla Nora du regard, une main dans le dos de sa sœur pour la rassurer.

— C’était une très mauvaise idée de l’emmener ici…, sanglota Brooke en s’entourant de ses bras. Qu’est-ce qu’elle a apporté de bon depuis qu’elle est là, exactement ? Mis à part un contentieux avec le clan Lane ? Vous êtes tous d’accord pour vous faire des ennemis afin de protéger une simple humaine que vous ne connaissiez même pas !
— Neeve ne vient pas seulement d’arriver. Elle était là, quelque part dans mon esprit, depuis des siècles ! répliqua Adam, hors de lui. Elle a toujours été là ! Qu’elle soit venue ici ou non, ça n’aurait rien changé, au final. Ça a toujours été elle, depuis le début.

Mon cœur se mit à battre plus vite. Je restai bouche-bée devant sa conviction, ses mots, qui m’atteignaient de plein fouet mais étaient aussi doux que de la soie.
Brooke était au bord des larmes.

— Tout ça va finir par vous revenir en pleine figure, sanglota-t-elle.
— Dis plutôt que c’est surtout toi que ça n’arrange pas, grogna Nora.

Mon estomac se serra et je pâlis. Je savais qu’elle était sous le coup de la peur, mais ça faisait mal. Très mal.
Lucian laissa échapper un sifflement désapprobateur.

La seconde d’après, toutes les têtes se tournaient dans notre direction. Ils se figèrent tous. La colère sur le visage d’Adam, suite à ce qu’il venait d’entendre, fondit comme neige au soleil en me voyant, remplacée par l’effroi que j’ai assisté à cela. Brooke baissa les yeux. Nora était toujours folle de rage et Emma coula un regard suppliant à Lucian et April, afin qu’ils l’aident à apaiser la situation. Tim paraissait désolé. Ned ferma les yeux un instant, désespéré par ce qui était en train de se dérouler. Il était rare de le voir exprimer une émotion. La situation était grave.

J’ignorais où se trouvaient les jumelles, mais c’était mieux qu’elles ne soient pas là pour envenimer la situation. Et heureusement que Cristobal était absent, avec toute cette avalanche d’émotions.
April mit une main dans mon dos.

— Est-ce que quelqu’un peut m’expliquer ce qu’il se passe, exactement ? gronda Lucian.

Je ne l’avais encore jamais entendu parler aussi sèchement. Son expression n’avait jamais été aussi sévère. Ce n’était plus le Lucian amical et bienveillant avec tout le monde en toutes circonstances, là, il s’agissait du deuxième chef de clan.
Ce fut Tim qui se lança, après un bref silence gêné :

— Le roi va venir nous rendre une petite visite, dans trois jours.

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Chapitre 22
Chapitre 24 (première partie)
Dernière modification par Chlawee le ven. 12 nov., 2021 10:41 am, modifié 2 fois.
Yaya2408

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 23)

Message par Yaya2408 »

Woooow je pense qu'à part répéter la même chose que dans mon précédent message je ne peux pas faire grand chose de plus. C'EST TROP MÉGA GIGA TROOOP BIIIEN !
Voilaa c'est tout ce que j'avais à dire
Bisous<3
lacrystal

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 23)

Message par lacrystal »

Chloe38200 a écrit : dim. 24 oct., 2021 10:32 pm Hello ! :D Désolée pour le retard, avec le boulot et les occupations...
Hey ! Pas de soucis, t'inquiète :D

— Lucian avait été envoyé sur le territoire de Viviane afin de négocier le terrain. Mais il a fini par en oublier son objectif. Il est rapidement tombé amoureux d’elle en ignorant ce qu’elle était. Mais il a fini par apprendre la vérité. Elle ne prenait même plus vraiment la peine de cacher ses victimes. Quand il a découvert des cadavres, il a essayé de s’enfuir, mais il était pris au piège. (Je tressaillis.) Elle ne voulait pas que son nouveau jouet s’en aille. Alors elle l’a transformé de force. À son réveil, il a perdu le contrôle et…
Il me jeta un coup d’œil hésitant et je l’encourageai à poursuivre d’un signe de tête.
— … elle n’a rien fait pour l’empêcher de tuer. Elle l’a même poussé à le faire. Plusieurs fois. Cela l’amusait. Elle était sadique, cruelle. Seulement, Lucian a voulu se reprendre en main, ce qu’elle n’a pas apprécié. Il l’a supplié pendant des mois de cesser ces massacres et elle en a eu assez. Alors qu’ils étaient en voyage là où je vivais, elle l’a chassé de son château alors qu’il ne connaissait rien d’autre que les meurtres, qu’il avait à peine appris à contrôler sa soif. Il a essayé plusieurs fois d’y retourner, mais elle était catégorique. Alors, un soir où il était particulièrement affamé et qu’il m’a croisé… Enfin, tu l’as vu, ça…
Non mais-
Si elle était pas morte, je l'aurais déglinguée
— Nous sommes arrivés en France par la suite. Nous avons fait le tour de plusieurs pays, avant cela. Puis des villes. Elle cherchait des châteaux possédant des cachots, afin de m’enfermer dès que possible, quand elle a compris que je la haïssais assez pour lui vouloir du mal. Un peu comme un humain exigerait une maison avec jardin, ou un nombre de chambres précis. C’était son critère à elle.
Non mais cette femme c'est une malade o.o
Je devais me répéter qu’elle était morte pour ne pas péter un plomb.
Moi aussi je dois me le répéter D:
— Lucian et moi avons été appelés en renforts contre des ennemis. Et Viviane a profité de notre absence pour transformer ses fils. De force, d’après Jehan.
.... :evil: :evil: :evil: :evil: :evil: :evil: :evil: :evil: je vais la défoncer. J'admire le self control de Neeve

Elle s’est réveillée et a tenté de reprendre le dessus, mais c’était trop tard. J’ai mis le feu à la pièce, et le château a brûlé.
Allez bim dans tes dents Viviane
— J’ai su que Jehan comptait tuer son frère et j’en étais horrifié. Je n’arrivais pas à me dire qu’il était trop tard pour lui. Je voulais l’aider. Jehan a été mis à la tête du clan de Viviane, puisqu’il apprenait vite et qu’il était fait pour ce rôle. Pendant des années, il a cherché son frère sans parvenir à le trouver. Il a fini par le faire, alors que Lucian et moi n’étions pas présents. Encore. Il l’a tué.
Je comprends tellement pourquoi Adam est triste :cry: :cry: :cry:
— Non, en effet. J’ai toujours eu le sentiment que j’aurais peut-être pu changer quelque chose, pour Robin. Je m’en suis toujours voulu de ne pas avoir été là. Lorsqu’il a disparu, et lorsqu’il s’est fait tuer. Je n’ai pas réussi à le sauver.
:cry: :cry: :cry: :cry: :cry:
— Il y a sûrement un McDonald’s, maintenant, ajoutai-je.
xDDDDD Elle m'a tuée

— Quand les… coups et les viols ont commencé, j’ai minimisé les choses. Je lui trouvais toujours des excuses. Je ne me suis pas rendue compte tout de suite qu’il me poussait à changer. Petit à petit, j’ai aussi modifié mes tenues, pour ne pas plaire à d’autres hommes. Il me convainquait que je n’avais pas besoin de sortir, que nous étions bien ensemble, chez lui. J’habitais presque dans son appartement. Il ne supportait pas quand je partais et qu’il ne pouvait pas garder un œil sur moi. Il était persuadé que j’en profiterais pour le tromper. Il venait même me chercher après les cours.
Je.
Vais.
Le.
Tuer.
:evil: :evil: :evil: :evil: :evil:
— Ça a duré deux ans, soupirai-je. Pendant deux ans j’ai dû me plier à ses moindres désirs. Et si je refusais d’obéir, c’était la cigarette, ou le couteau.
Non mais sérieux je vais lui éclater la tête. Non mais-
J'ai pas les mots
Je vais lui faire la misère
Il est passé à un autre level de la boîte à Connor là
Je vais le démonter ce %£µ¨%£


Non mais sérieux, je m'en remets pas de Connor là. Faut l'enfermer ce gars.
— J’aime quand c’est toi qui prononces mon vrai nom, lâcha-t-il soudainement.
Je lui coulai un regard mi-interrogateur, mi-attendri.
— Je l’ai changé parce qu’il était lié à de mauvais souvenirs et que j’avais l’impression de ne plus être… Sander. De ne plus être humain. Mais avec toi…
— Tu es toujours lui. Je le vois, moi. Ce n’est pas parce que tu es un vampire que tu n’as plus d’humanité. L’humanité, ce n’est pas un état, c’est une manière de penser et d’agir.
J’en avais fait du chemin, en peu de temps. Je ne pensais pas vraiment ainsi, quelques mois plus tôt.
— Des humains sont moins humains que vous, ajoutai-je. Peut-être que tu as du mal à laisser s’exprimer Sander, mais il est toujours là…
Je vais pleurer ils sont trop cute :cry: :cry: :cry:

— Quand c’est toi qui le dis, reprit-il, je ne me sens pas horrifié comme je l’ai été pendant longtemps. Tu donnes un nouveau sens à ce nom. À mon vrai moi.
:cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry:
En effet, chargé en émotions ce chapitre :cry: :cry: :cry:
— J’ai faim, constatai-je avec le plus grand des sérieux.
Je sentis un rire secouer les épaules d’Adam.
— J’aimerais bien savoir quand ce n’est pas le cas, rétorqua-t-il.
xDDDDDD
Léna : euh sinon moi aussi j'ai faim, si ça vous intéresse
— Quoi ? Ce sont les humains qui se sont inspirés de nos tenues pour écrire leurs histoires de vampires. Je n'allais pas changer toute ma garde-robe pour eux.
Je m’approchai et étudiai avec attention ses habits.
— Je vais peut-être faire comme Harper et me mettre à te voler des vêtements, moi aussi.
— Vous pouvez me laisser de quoi m’habiller, s’il vous plaît ?
xDDDDDDDDDDDDDDDDD J'suis morte :lol: :lol: :lol: :lol:

V pour Vendetta, comportant l’inscription « People should not be afraid of their government. Government should be afraid of their people ».
8-) 8-) 8-) J'adore
— Ben quoi ? reprit-elle.
xDDD Tout va bien pour elle
Neeve : chasseuse de primes.
La classe 8-) 8-) 8-)
My Escape, de Ravenscode, qui jouait, je poussai le portail du manoir. J’étais allée passer un peu de temps avec Madelaine. La voir avait quelque chose de réconfortant. Même si j’aimais profondément les River, avoir une amie humaine m’était familier, apaisant.

There's so much love in your smile when I look at your face
And I'm here to stay
You're my first and my last love and you're my escape…
Ooooooooh *-* *-* *-*
— Qu’est-ce que tu fous Moineau ?! s’écria Nora. J’ai parié cinquante euros sur toi !

Je retins un rire et pris une poignée de pop-corn.
:lol: :lol: :lol: :lol: :lol:
— Oh, Lucian. Il vaudrait mieux qu’elle s’entraîne avec le meilleur, répliqua Adam avec un sourire insolent.
j'suis morte xDDDD
Il a été démontré que certains avaient reconnu l’autre comme étant leur moitié, poussés par un instinct troublant. À leurs yeux, il s’agissait d’une évidence et ce, bien avant l’union. Cela n’est pas sans rappeler les mythes des âmes-sœurs. Il semblerait qu’il soit possible que la puissance de certains sentiments nous dépasse.
Aucun cas montrant que deux vampires liés de cette manière avaient fini par ne plus s’aimer, n’a été recensé. Nous avons cependant pu voir que deux personnes n’ayant aucun sentiment pour l’autre à l’origine, et s’étant unis pour d’autres raisons, ont pu développer de l’amour au fil du temps.
Oh :o :o :o

Il est difficile de décrire exactement ce que sont les Dévoreurs. Il s’agit surtout de légendes parcourant le monde des vampires depuis des lustres. Mais s’il fallait livrer une idée générale, voici ce que cela donnerait : deux personnes aux pouvoirs complémentaires seraient liées et auraient la capacité d’absorber la magie d’un autre, mourant. Elles dévorent les pouvoirs. Ce statut particulier resterait très rare.
:o :o :o
Je sens je vais pas arrêter de mettre ce smiley xDDD
Le Sang Suprême : il permet à un vampire de se retransformer en humain, mais cela laissera une empreinte magique très forte tant que la personne vivra, et paraît très complexe. Nous n’avons toutefois pas plus d’informations sur le déroulement de la transformation, les vampires possédant ce don restant discrets et s’abstenant de métamorphoser les leurs. Nous sommes cependant certains que la personne possédant ce sang souffrira en le donnant. Son instinct la poussera à en offrir toujours plus, comme si c’était fait pour ça. Cela occasionne des douleurs et une instabilité émotionnelle, régulières. Le vampire aura envie de laisser s’écouler son sang, afin qu’il cesse de le brûler autant.
:o :o :o
— C’était une berceuse que ton père connaissait de ses propres parents, m’apprit-il. Quand il a appris que Malia était enceinte de toi, il m’a juré qu’il te la chanterait.
:o :o :o :o
— Il s’était entraîné devant moi. Il était déjà fou de toi avant même que tu ne viennes au monde. Il a dû te la chanter pendant le peu de temps qu’il a pu passer avec toi. Et tu as peut-être eu une vision liée à cela.
Mooowwww *-*

Non mais Lucian il est trop chou *-*
— Mais est-ce que Savari est au courant ? l’interrogeai-je.
Il y eut quelques secondes de silence.
— Oui, soupira-t-il.
Les pièces du puzzle commençaient à s’imbriquer dans mon esprit.
— Est-ce que c’est pour cette raison qu’il est aussi obsédé par elle ?
— Nous n’en sommes pas certains, mais c’est une possibilité.
Allez après Viviane et Connor, des problèmes encore :cry: :cry: Pauvre Brooke :cry:
Je venais d’avoir une idée. Je ne savais absolument pas ce que cela allait donner ou si je me faisais des films.
eyes eyes eyes quelle idée ?

— En fait… je ne sais pas vraiment comment va se poursuivre mon existence, ni si elle va se terminer précocement. Si je pourrai revenir. Alors… sache que je t’aime. Je fais ce que je peux et j’aimerais que tu sois… fière de moi. Bon, tu serais horrifiée en voyant que je suis entourée de vampires, mais ce sont des gens bien. Vraiment. Et si j’en ai la possibilité, alors peut-être que… que je vais rester avec eux. J’ai l’impression d’avoir trouvé une famille. D’avoir un foyer.
:cry: :cry: :cry: :cry: :cry:
— C’était une très mauvaise idée de l’emmener ici…, sanglota Brooke en s’entourant de ses bras. Qu’est-ce qu’elle a apporté de bon depuis qu’elle est là, exactement ? Mis à part un contentieux avec le clan Lane ? Vous êtes tous d’accord pour vous faire des ennemis afin de protéger une simple humaine que vous ne connaissiez même pas !
— Neeve ne vient pas seulement d’arriver. Elle était là, quelque part dans mon esprit, depuis des siècles ! répliqua Adam, hors de lui. Elle a toujours été là ! Qu’elle soit venue ici ou non, ça n’aurait rien changé, au final. Ça a toujours été elle, depuis le début.
Moi au début de la réplique de Brooke : Je la comprends mais quand même angry
Moi en entendant Adam : mon coeur fond
— Le roi va venir nous rendre une petite visite, après-demain.
Moi : bon ça va, y'a pas beaucoup de problèmes ce chapitre
Also moi à la fin du chapitre : panic


Wow quel chapitre ! :o :o Bon déjà tu as raison, plein plein d'émotions, de révélations, mais par contre la fin :o :o :o :o Je flippe maintenant pour la suite xDDDDD
Mais Adam et Neeve ils sont trop chous par contre *-* *-* *-*
Vivement la suite ! :D
Chlawee

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 24)

Message par Chlawee »

Hello ! :D Voici le chapitre 24, avec un peu de retard ! Je l'ai coupé en deux, puisqu'il est assez long ! Il s'agit donc de la première partie !
J'espère qu'elle vous plaira ! :) Bonne lecture !

Chapitre 24
Première partie


Un silence accueillit la déclaration de Tim. L’urgence de la situation me frappa. Dans trois jours, Adam serait peut-être marié. Ou Brooke serait la maîtresse de Savari. Je n’avais que très peu de temps pour développer l’idée que j’avais eue. Mon cœur se mit à résonner dans mes tempes.
April s’adressa à Adam :

— Il t’a dit en quoi consisterait sa visite ?
— Non, répondit-il.
— Mais nous avons notre petite idée, ajouta Ned.
Je pinçai les lèvres et baissai les yeux. Moi aussi, je me doutais de la raison.
— Je ne veux pas qu’il m’emmène, lâcha Brooke, à bout de souffle.
Ma poitrine se serra. Elle paraissait étouffer, alors qu’elle n’avait même pas besoin de respirer.
— Tu penses vraiment que je te laisserais aux mains de ce type, Brooke ? intervint Ned. (Je ne l’avais jamais vu aussi déterminé et aussi froid.) Je suis prêt à me battre.
— Je ne veux pas que tu meures !
— Je suis un guerrier, mon cœur. Savari ne me fait pas peur. Et si je dois mourir, alors je l’emporterai avec moi.

Un ange passa. Ned était un guerrier ?
Tout le monde le regarda. Il ne flancha pas. Il y avait encore tellement de choses que j’ignorais. Et le voir prêt à se sacrifier pour elle m’attendrit autant que cela m’effraya.

— C’est de sa faute, cingla Brooke.
— Arrête ça tout de suite, rétorqua sèchement Adam, furieux. Tu veux blâmer quelqu’un ? Blâme Savari. Neeve n’y est pour rien.
— Elle a tout changé ! protesta-t-elle.
— Tu ne pourras pas toujours compter sur Adam pour régler tous tes problèmes, Brooke, cracha Nora.

Le visage de l’intéressée se décomposa. Un silence de plomb s’abattit sur la pièce. J’ignorais à quoi elle faisait allusion, mais l’ambiance était encore plus tendue, chose que je n’aurais pas cru possible. Le temps parût se suspendre.

Puis, Brooke s’éloigna à grandes enjambées, partagée entre la colère, la peur et le dégoût. Nous la suivîmes des yeux. Ned secoua la tête en avisant Nora, avec une expression haineuse, puis il suivit sa bien-aimée. Emma se pinça l’arête du nez en soupirant.

Et tout à coup, la tension retomba. La vampire blonde afficha un air coupable et Adam s’approcha d’elle. Il la prit dans ses bras et elle se laissa aller contre lui. Puis il l’entraîna doucement avec lui, passant près de nous. Il me jeta un regard inquiet, et je sus que nous parlerions de tout ça plus tard. Ils se rendirent à l’extérieur. J’avais la gorge nouée.
Lucian se tourna vers moi.

— Tu n’es absolument pas un fardeau, pour nous, voulut-il me rassurer. Rien n’est de ta faute et tu es la bienvenue ici, aussi longtemps que tu le voudras.
Je hochai la tête mais ne répondis rien. Je n’étais pas certaine de ne pas être un poids, pour eux.
— Viens, fit Emma, doucement.

Une main dans mon dos, elle me poussa jusqu’à la cuisine. Elle me força presque à m’asseoir sur une chaise et me servit un grand verre d’eau. Elle se plaça en face de moi, et Tim nous rejoignit.

— Qu’est-ce qui vient de se passer ? soufflai-je.
Il soupira.
— Adam a dû se débarrasser d’un vampire du clan, une fois, déclara-t-il.
Je faillis avaler mon eau de travers.
— Pardon ?
— Luka, continua-t-il. Il… n’était pas un exemple de stabilité. Et ma sœur en était amoureuse. Quand il a commencé à entrer en frénésie, elle n’a pas voulu voir le changement. Nora, si. Elle était son amie, mais quand elle a vu que toutes les tentatives pour le raisonner échouaient, elle a voulu le détruire. Il devenait violent, même avec elles. Brooke a essayé d’empêcher Nora de le faire. Et on l’a enfermé, encore une fois.
— Jusqu’à ce qu’il s’enfuit, poursuivit Emma. Et qu’il…
Elle baissa les yeux.
— … qu’il essaye de s’en prendre à moi, acheva-t-elle.

À l’idée que quelqu’un ne lui fasse du mal, tout mon être fut répugné. Je regardai ses bras nus, sur lesquels se trouvaient ses marques, qu’elle m’avait montrées, une fois.

— C’est lui qui…
— Non, me coupa-t-elle. Ça, c’est une autre histoire…
— C’était la violence de trop, reprit Tim. Adam l’a tué. Et… je ne sais pas comment toute cette histoire avec Savari pourrait se terminer. Dans un bain de sang, probablement… Encore.

Je me pris la tête dans les mains. Le silence tomba sur la pièce.
Il n’y a pas de temps à perdre.
Je me redressai et pris une grande inspiration.

— Emma, est-ce que tu pourrais m’aider, pour quelque chose ?
— Bien sûr. Quoi ?
Je baissai la voix :
— Ne parlez pas de ce que je vais vous montrer, parce que je ne suis absolument pas sûre de réussir, et je ne veux pas donner de faux espoirs aux autres.

~


— Encore une fois, exigeai-je.
— Neeve, tu perds de l’énergie, remarqua Emma.
— Je suis à deux doigts d’y parvenir, protestai-je.

Elle lança un regard interrogateur à Tim et ce dernier haussa une épaule. Elle soupira et céda. Je fixai les deux tasses qui se trouvaient devant moi.

Cette fois, c’est la bonne…

Je me concentrai et fis voler mes ombres jusqu’aux objets. Elles les entourèrent et je les imaginai être attachées à eux. Une fois cela fait, je me frottai les mains et me penchai en avant. Je fis un petit signe à Emma, qui utilisa son pouvoir pour que les tasses se mettent à bouger. Les ombres restaient autour d’elles. Très bien. Cela, je l’avais déjà réussi plusieurs fois. C’était la suite, qui était plus compliquée.

Je focalisai mon attention sur une seule d’entre elles afin de renforcer les ombres. Je respirai profondément et la visualisai, encore et encore, plus fortement que la deuxième, tout en renforçant le lien entre les deux.

— Est-ce que tu peux faire avancer seulement celle-ci ? demandai-je à mon amie en désignant la tasse qui contenait l’ombre la plus dense.

Elle s’exécuta.
Et j’eus un hoquet de surprise. La deuxième suivit le mouvement. Emma et Tim écarquillèrent les yeux.

— Qu’est-ce que…, murmura-t-elle.
— Tu promets que tu n’as pas voulu faire avancer les deux ? voulus-je m’assurer.
— Je te le promets.

Un grand sourire victorieux étira mes lèvres. J’avais réussi. Le lien d’ombres faisait en sorte que la deuxième tasse suive la première, comme si elle suivait des directives.

— Tu l’as fait, fit Tim avec un air approbateur. Bien joué.
— Ce n’est pas fini, répondis-je.

Le plus dur restait à faire. Je demandai à Emma de continuer à animer le récipient qui guidait l’autre tout en fixant les ombres. Je puisai dans ma magie pour qu’elle appelle celle qui se trouvait autour des objets et regardai attentivement la tasse qui « obéissait ». Je serrai les lèvres en tentant d’aspirer les volutes, défaisant les nœuds de fumée résistants qui s’étaient formés, l’un après l’autre.

La deuxième tasse cessa de suivre la première.
Je m’écroulai presque sur la table, épuisée et terrassée par le soulagement. Peut-être que j’allais pouvoir faire quelque chose.
Ils me félicitèrent et Emma frotta mon dos.

— Il faut que j’essaye sur des choses plus grosses, maintenant, déclarai-je.
— Non, refusa-t-elle. Maintenant, tu vas surtout aller dormir. On s’entraînera demain, si tu veux. Je préfère que tu ne t’évanouisses pas.

Elle me raccompagna jusqu’à ma chambre et je lui assurai que j’allais me coucher. Mais malgré ma fatigue, je ne pus trouver le sommeil. Mon esprit était trop encombré, je ne cessais de penser à ce qui allait se passer. Je n’arrêtais pas de me seriner que je devais agir au lieu de perdre du temps.

À bout, je finis par me lever de mon lit et allai ouvrir la fenêtre, afin de prendre l’air. Je tirai une chaise pour m’asseoir et attrapai un peigne et un stylo. Je les disposai sur le rebord et recommençai à utiliser mes ombres, afin de lier les deux objets. J’essuyai plusieurs échecs, mais refusai d’abandonner. J’eus droit à une petite victoire, mais qui ne dura pas. Et petit à petit, je sentis mes yeux se fermer.

Je sursautai quand je sentis une main sur mon épaule. Je soulevai mes paupières et levai la tête. Adam se trouvait à côté de moi, la mine inquiète.

— Tu es entré par la fenêtre ? demandai-je doucement.
Il hocha la tête.
— Qu’est-ce que tu fais ? s’enquit-il. (Il regarda le peigne et le stylo.) Pourquoi est-ce que tu t’es endormie ici ?
Je me frottai les yeux.
— Rien d’important, mentis-je.

Je me levai mais mes jambes flageolèrent. Emma m’aurait tuée, si elle m’avait vu ainsi, alors qu’elle m’avait dit de me reposer. Il passa un bras autour de ma taille pour éviter que je ne tombe. Je rejoignis le matelas tant bien que mal et m’écroulai dessus. Adam alla fermer la fenêtre, puis fit le tour du lit mais hésita. Je me décalai un peu et lui fis signe qu’il pouvait me rejoindre. Ce qu’il fit. Il s’allongea et me fit face. Il leva un bras pour caresser ma joue.

— Ce n’est pas de ta faute, me chuchota-t-il. Ce qu’elle a dit…
Je baissai les yeux.
— Si je n’avais pas été là…, commençai-je.
— Non, me coupa-t-il. Arrête. Premièrement, je serais tout aussi fautif, dans ce cas-là. Et il ne faut pas oublier que le vrai coupable, c’est Savari.
Il mit un doigt sous mon menton.
— Ne te flagelle pas, me dit-il. Jamais.

Je ne répondis rien mais me rapprochai de lui. Il m’étreignit en retour et je nichai mon visage dans son cou, m’agrippant à son tee-shirt. Le silence nous enveloppa et je sentis que le sommeil était en train de m’emporter. Sa présence m’apaisait.

— Je ne veux pas te perdre.

Je ne sus si j’avais rêvé ces paroles, ou si je les avais véritablement entendues. La seconde suivante, je m’endormis.

~


J’avais l’impression de flotter. J’ouvris les yeux et regardai autour de moi. J’étais à nouveau seule. Adam était parti.
En fait ce n'était pas qu'une impression. J'étais vraiment en train de voler. Et des objets qui auraient dû être sur mes étagères, se trouvaient en fait, en lévitation contre le plafond. Je lâchai un cri, et ce fut comme si tout à coup, la loi de la gravité s'appliquait de nouveau à moi. Je retombai sur le lit.

Qu’est-ce qu'il venait de se passer, là ?

Je sentis mon bras me picoter et je baissai les yeux. Une marque d’ombre. Je haussai les sourcils. Cela faisait longtemps, que ça n’était pas arrivé… J’avais trop fait appel à ma magie, la veille. C’était peut-être pour cette raison que mes pouvoirs venaient de se dérégler.
J’entendis frapper à la porte. Je me levai et allai ouvrir, alors que les objets étaient toujours en suspension.

— Tu es prête ? me demanda Emma, avec qui je devais m’entraîner.
— Disons que j'ai un petit problème là...
Elle regarda derrière moi et ouvrit de grands yeux. Je la fis entrer et refermai la porte.
— Je ne sais pas ce qu'il s'est passé cette nuit, mais les objets se sont mis à voler, commençai-je, et moi avec.
Elle soupira.
— Tu as peut-être besoin d’une pause ?
Je secouai la tête.
— Je ne peux pas. Le temps presse.
— Tim va venir nous aider, m’apprit-elle.

Je hochai la tête, contente d’avoir deux alliés.
Deux alliés qui m’aidèrent à repousser mes limites, tout en étant inquiets de mon état pendant l’entraînement. Nous restâmes dans le jardin, estimant que l’air extérieur pourrait me faire du bien, pendant plusieurs heures. Je maniais les ombres avec aisance, mais l’exercice se compliquait quand il s’agissait de répéter l’exploit de la veille avec les tasses. J’y parvins plusieurs fois, seulement, quand je faillis faire un malaise pour la deuxième fois en peu de temps, Emma se leva et Tim brandit ses deux mains en un geste m’invitant à m’arrêter.

— Il est clair que tu es épuisée, déclara mon amie. Ça suffit.
Je serrai les lèvres, frustrée et agacée. L’utilisation intensive de mon pouvoir ainsi que ma fatigue contribuaient à m’irriter.
— Je ne peux pas abandonner maintenant, protestai-je.
— Tu n’abandonnes pas, réfuta Tim. Tu as déjà réussi, tu en es capable. Mais là, tu te fais du mal.
Emma me tendit la main pour m’aider à me relever. Avec un soupir, je capitulai.
— J’étais si près du but, cette fois ! Avec un objet plus gros et…
— Et nous préférons que tu ne t’évanouisses pas et que tu restes en assez bonne santé pour réussir à nouveau plus tard, me coupa-t-elle avec fermeté.
— Réussir quoi ? retentit une voix.

Adam. Et aucun de nous trois ne l’avait senti arriver. Son regard inquisiteur se fit inquiet, quand il vit ma tête. Je devais offrir un spectacle pathétique et affolant, avec mon air épuisé, mes cernes et mon teint pâle. Je tentai de prendre une expression confiante, mais il n’était pas dupe.

— Un exercice de contrôle des ombres, répondit Tim.
Il ne mentait pas, mais ne dévoilait pas la vérité pour autant.
— En quoi est-ce qu’il consiste ? s’intéressa Adam sans me lâcher des yeux.
Il s’approcha et effleura mon front, craignant sûrement que je n’aie de la fièvre. Il m’inspecta du regard.
— Elle voulait créer des objets à partir d’exemples, grâce à ses ombres, improvisa Emma sans sourciller. Et à les rendre palpables.

Là, c’était un mensonge.
Adam fronça les sourcils. Il avait peine à croire que je m’enfonce dans un tel état pour ça. Il m’avait répété plusieurs fois, pendant mes entraînements, qu’ils seraient tous là pour m’aider, mais qu’il fallait aussi que je prenne soin de moi et que je ne tire pas sur la corde. Que la magie prenait du temps et de la patience. Ce qu’il ignorait, c’était que là, du temps, je n’en avais pas.
Il secoua la tête et passa son bras par-dessous le mien, remarquant que mes jambes tremblaient.

— Je la raccompagne, déclara-t-il.
— Force-la à se reposer, ordonna Emma.
Il acquiesça et nous nous éloignâmes. Je leur en étais reconnaissante d’avoir menti.
— C’est vraiment cela, que tu faisais ? me questionna-t-il.

Je détestais lui cacher des choses, mais je ne pouvais pas lui dévoiler mon plan. Premièrement, j’ignorais s’il fonctionnerait et je ne voulais pas lui donner de faux espoirs. Deuxièmement, il y avait un risque pour que Savari détecte quelque chose. Or, moins il y avait de personnes au courant, mieux c’était. Sans compter qu’Adam était le plus important, à mes yeux, et ça, le roi le savait. S’il soupçonnait la moindre chose, cela pourrait mettre l’homme que j’aimais en danger.

Je croyais aux talents de comédiens d’Adam et en sa capacité à mentir en face du roi, mais je devais prendre en compte le fait que le pire pourrait bien arriver et que le plan pouvait être deviné, échouer.
Je tournai mon visage dans sa direction. Mes yeux tombèrent droit dans les siens.

— Tu me fais confiance ? lui soufflai-je.
Il inspira un bon coup.
— Oui, assura-t-il comme si cela lui coûtait.

Parce que désormais, il ne pourrait plus vraiment me demander ce qu’il se passait. Je hochai la tête, satisfaite. Il se doutait que les autres avaient tenté de le duper, mais je ne le confirmais pas.

— Mais est-ce que toi, tu me fais confiance ? s’enquit-il.
J’opinai vivement, ce qui me déclencha un vertige. Je faillis trébucher et il resserra son emprise autour de ma taille.
— Oui, affirmai-je. Je pourrais mettre mon existence entre tes mains sans hésitation et sans avoir peur.

Je fus incapable de soutenir son regard plus longtemps, devant son intensité. Mes yeux balayèrent l’herbe, tandis que nous progressions jusqu’au manoir.
J’avais eu le temps de voir la perplexité dans ses pupilles. Il était touché, et il se demandait aussi pourquoi je ne lui disais pas tout, si je lui faisais autant confiance.

La réponse que j’aurais voulu fournir à sa question silencieuse était simple : parce que si je pouvais lui confier ma vie, je voulais tout de même préserver la sienne.

— Je suis avec toi, Neeve, fit-il tout bas. Quoiqu’il arrive. Tu auras toujours tout mon soutien. Je n’insisterai pas, mais promets-moi au moins de prendre soin de toi. Je refuses que tu te tues à petit feu avec ces entraînements.

Je relevai les yeux et vis ses mâchoires se crisper, tandis qu’il regardait droit devant lui, déterminé, faussement calme. Je laissai retomber ma tête contre son épaule et serrai sa main dans la mienne. Il pressa mes doigts en retour.

— Promis.

~


— Il s’agit surtout d’une légende, m’indiqua Cristobal.

Je hochai la tête. Le livre qu’il avait écrit était ouvert sur la page mentionnant les Dévoreurs et je lui avais demandé plus d’informations. J’étais un peu déçue de ne pas en savoir plus et en même temps, rassurée. Si de tels créatures existaient, elles ne devaient pas être rassurantes.

— C’est une histoire que les parents vampires racontent à leurs enfants pour qu’ils se tiennent à carreaux. « Si tu ne vas pas te coucher, les Dévoreurs vont venir te tuer pour aspirer ta magie ! »
J’eus un sourire amusé.
— Les adultes vampires ne sont pas du tout rassurants, observai-je.

Je m’étirai et mes courbatures se réveillèrent. J’avais passé la journée à m’entraîner, avec Emma et Tim. Ils m’avaient forcé à arrêter, alors j’essayais de penser à autre chose qu’à Savari et sa visite imminente. J’avais à peine croisé les autres River. J’ignorais ce qu’il se tramait, mais ils paraissaient tous en grande conversation, ou en conseil de guerre, quelque part dans le manoir.

— Bon, lâcha-t-il soudainement. Et si tu en parlais ?
Je fronçai les sourcils.
— De quoi ?
— Dois-je te rappeler que je ressens tes émotions ?

Je ne répondis pas et grimaçai légèrement. Il était vrai que j’étais animée par la colère, l’inquiétude, ainsi que la peine. J’avais peur que tout dérape. Qu’Adam épouse Brooke, que je finisse par quitter le manoir, ou qu’elle soit livrée au roi. Et l’idée que j’avais n’était peut-être pas bonne, et je risquerais sûrement gros, si je me loupais.

— Je ne sais plus ce que je dois penser, soupirai-je. Je suis perdue.
— Dis-moi une chose dont tu es sûre et certaine.
— Je l’aime, répondis-je du tac-au-tac, avec franchise.
Mes yeux s’embuèrent et je les baissai.
— Alors dis-lui, me conseilla-t-il.
Je secouai la tête.
— Je ne veux pas l’influencer et…
— Neeve. Je suis certain qu’il le sait déjà. Et tu regretterais sûrement de ne pas le lui avoir dit, si les choses ne tournaient pas dans le bon sens.
Ma gorge se serra. J’avais envie de vomir.
— Je ressens l’amour que vous avez l’un pour l’autre. Parfois j’ai l’impression d’être amoureux de toi quand il est dans les parages. Et inversement, d’ailleurs, ajouta-t-il sur le ton de la plaisanterie.
Je ne m’attendais pas à cela et relevai la tête. Il soupira d’une manière un peu théâtrale.
— Jamais je n’avais trouvé le sourire d’Adam aussi magnifique que depuis que je te côtoie, fit-il.
Je pouffai, surprise, et de nervosité.
— Je sais aussi qu’il ne te ferait jamais de mal. Je m’en suis tout de suite rendu compte. Il n’est pas une menace pour toi, ajouta-t-il.
— Mais ça ne change rien… On est dans une impasse. Qu’est-ce que je suis censée faire ?
Je sentis des larmes me piquer les yeux, mais je refusai de les laisser couler.
— Si tu comptais sur moi pour trancher sur ce cas, Neeve, laisse-moi te dire que tu vas être déçue. Ce que je viens de te dire, c’est tout ce que je sais. C’est à toi de voir ce que tu veux faire, maintenant, répondit-il avec douceur.

Je m’affalai contre le dossier de ma chaise.
Je me mis à prier pour que tout se passe bien, comptant sur une idée aussi risquée que sortie de nulle part. J’avais la sensation que j’allais dans la bonne direction, mais j’ignorais s’il ne s’agissait pas surtout d’un espoir vain.

---


Chapitre 23
Chapitre 24 (deuxième partie)
Dernière modification par Chlawee le ven. 12 nov., 2021 3:07 pm, modifié 1 fois.
Yaya2408

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 24)

Message par Yaya2408 »

Aaaah je veux la suite !!!
Bisous et encore bravo
Pendergast

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 24)

Message par Pendergast »

Bonjour, on croise les doigts pour Neeve et on attend patiemment la suite! :mrgreen:
JaneSerpentard

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 24)

Message par JaneSerpentard »

Ouiii !!! J’adore ce chapitre et j’ai vraiment très hâte de lire la suite ;)
lacrystal

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 24)

Message par lacrystal »

Chloe38200 a écrit : mer. 03 nov., 2021 1:16 pm Un silence accueillit la déclaration de Tim. L’urgence de la situation me frappa. Dans deux jours, Adam serait peut-être marié. Ou Brooke serait la maîtresse de Savari.
Je veux voir aucune de ces deux choses arriver :cry:

— Je ne veux pas qu’il m’emmène, lâcha Brooke, à bout de souffle.
Ma poitrine se serra. Elle paraissait étouffer, alors qu’elle n’avait même pas besoin de respirer.
— Tu penses vraiment que je te laisserais aux mains de ce type, Brooke ? intervint Ned. (Je ne l’avais jamais vu aussi déterminé et aussi froid.) Je suis prêt à me battre.
— Je ne veux pas que tu meures !
— Je suis un guerrier, mon cœur. Savari ne me fait pas peur. Et si je dois mourir, alors je l’emporterai avec moi.
OK alors d'abord Brooke me fait trop de la peine, Ned il est adorable et je l'aime trop et Savari je vais le démonter
— Luka, continua-t-il. Il… n’était pas un exemple de stabilité. Et ma sœur en était amoureuse. Quand il a commencé à entrer en frénésie, elle n’a pas voulu voir le changement. Nora, si. Elle était son amie, mais quand elle a vu que toutes les tentatives pour le raisonner échouaient, elle a voulu le détruire. Il devenait violent, même avec elles. Brooke a essayé d’empêcher Nora de le faire. Et on l’a enfermé, encore une fois.
— Jusqu’à ce qu’il s’enfuit, poursuivit Emma. Et qu’il…
Elle baissa les yeux.
— … qu’il essaye de s’en prendre à moi, acheva-t-elle.
:o :o :o :o :o

Un grand sourire victorieux étira mes lèvres. J’avais réussi. Le lien d’ombres faisait en sorte que la deuxième tasse suive la première, comme si elle suivait des directives.
:o :o Bravo Neeve ! Je sais pas ce qu'elle prépare mais je sens qu'elle va nous surprendre

J’avais l’impression de flotter. J’ouvris les yeux et regardai autour de moi. J’étais à nouveau seule. Adam était parti.
En fait ce n'était pas qu'une impression. J'étais vraiment en train de voler. Et des objets qui auraient dû être sur mes étagères, se trouvaient en fait, en lévitation contre le plafond. Je lâchai un cri, et ce fut comme si tout à coup, la loi de la gravité s'appliquait de nouveau à moi. Je retombai sur le lit.
:o :o :o :o
— Mais est-ce que toi, tu me fais confiance ? s’enquit-il.
J’opinai vivement, ce qui me déclencha un vertige. Je faillis trébucher et il resserra son emprise autour de ma taille.
— Oui, affirmai-je. Je pourrais mettre mon existence entre tes mains sans hésitation et sans avoir peur.
Mooowwww *-* *-* *-*

— Je l’aime, répondis-je du tac-au-tac, avec franchise.
Mes yeux s’embuèrent et je les baissai.
:cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: Je suis trop comme une dingue là devant mon écran *-*
— Je ressens l’amour que vous avez l’un pour l’autre. Parfois j’ai l’impression d’être amoureux de toi quand il est dans les parages. Et inversement, d’ailleurs, ajouta-t-il sur le ton de la plaisanterie.
xDDDDD

Bon ce chapitre était génial comme d'habitude *-* Je n'arrive pas à deviner ce que Neeve prépare pour Savari, mais wow j'ai teeeeeellement hâte de le savoir *-* A chaque fois que je lis tes chapitres je deviens hyper impatiente après pour la suite xD
et ta plume comme d'habitude est magnifique *-*
A bientôt pour la suite ! Bisous !
Chlawee

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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 24)

Message par Chlawee »

Hello tout le monde ! :D
Avant de commencer, merci pour tous vos retours !
Et ensuite... roulement de tambours
Allez voir la couverture ajoutée sur la page 1, dans la présentation ! *-* C'est Lacrystal qui l'a faite, et elle est SUBLIME. Elle a parfaitement su retranscrire ce que je pouvais imaginer pour la couverture. Alors encore un grand merci Lacrystal ! <3
J'ai changé un petit truc : Savari ne devait pas venir deux jours après, mais trois jours après. C'est pas très important mais vu que j'ai changé, je voulais vous prévenir. :mrgreen:
Voici donc la deuxième partie du chapitre 24 ! J'espère qu'il vous plaira ! :D Bonne lecture !

Chapitre 24
Deuxième partie

Le vampire grimaça de douleur, avant de s’affaisser. Je plaquai une main sur ma bouche. Il s’agissait de celui que Lucian avait tué, pour me protéger. J’ignorais ce qu’il faisait ici, devant moi. Ou comment j’avais atterri dans cet endroit, une pièce plongée dans le noir que je distinguais à peine.

Mon estomac se tordit et je sentis une sueur froide parcourir mon dos et me faire trembler. Le cadavre vola en cendres. Je relevai la tête, sachant que Lucian se trouverait là.
Mais non, ce n’était pas lui.

Le visage grisâtre d’un vampire de stade quatre me fit face. Et pas n’importe lequel. Celui que j’avais éliminé, dans la petite maison, lors de ma mission avec Nora.
Il tenait l’arme qui avait contribué à la mort de mon agresseur. Il plongea son regard vide dans le mien et je me mis à hurler en voyant sa peau se craqueler. Encore plus quand je me rendis compte que cette fois, c’était moi, qui brandissait le pieu, dont la pointe s’était nichée dans son cœur.

Le stade quatre s’effondra. Je me pliai en deux, à deux doigts de vomir, tandis que les larmes me brouillaient la vue. Je lâchai le pieu qui roula sur le sol, avant de se volatiliser. La culpabilité était mordante. Elle me déchirait le cœur, transperçait mon âme.

— Je ne peux pas t’aider, s’éleva une voix.

Je chassai violemment les larmes, afin de voir qui me faisait face. Mais en réalité, je n’en avais pas besoin.
Adam.
Je crus que j’allais tomber à genoux en voyant son air désolé. Ses traits reflétaient son désespoir. Il amorça un pas vers moi, mais se ravisa, secouant la tête.

— Je suis désolé.
— S’il te plaît…, le suppliai-je.
— Tu vas venir avec moi, retentit une autre voix.
Mon sang se glaça. Je fermai les yeux pour ne pas voir Connor.
— Adam…, appelai-je, la voix tremblante.

Mes paupières se soulevèrent juste pour voir celui que j’aimais rejoindre Brooke. Savari les observait, avec un sourire en coin sur les lèvres. Il me jeta un regard inquiétant. Qui semblait dire qu’il n’en avait pas terminé avec moi. S’il ne pouvait pas avoir Brooke, alors je serais sa nouvelle cible.
Brooke attrapa la main d’Adam et ils s’éloignèrent tous les deux.

— Je suis désolé, répéta-t-il.

Je tendis une main devant moi, mais je sentis une douleur dans mon dos, comme si on venait de me frapper. Je tombai en avant, la tête contre le sol.

— Adam ! hurlai-je.
— Tais-toi, cingla Connor.

Il attrapa le col de mon tee-shirt pour me traîner en arrière. Je me débattis et je sentis qu’on retenait mes bras, alors même qu’il était seulement derrière moi. Je criai encore plus fort, à m’en faire mal à la gorge. J’entendis mon nom, mais cela ne venait pas de lui, étrange-ment. Cela ressemblait à la voix d’Adam. Pourtant, il n’était plus là.

Je continuai à lutter, tandis que je sentais qu’on me traînait sur le sol. Pendant un millième de seconde, je crus apercevoir le saule pleureur. La vision s’estompa. Puis elle revint, avant de mieux disparaître, encore.
On me souleva et mon dos douloureux rencontra une surface moelleuse. Le matelas d’un lit. Dont je reconnaissais parfaitement l’odeur de la lessive.


Non…

— Laisse-moi tranquille ! braillai-je.
— Je fais tout ça pour toi ! s’énerva Connor. Parce que je t’aime ! Pourquoi est-ce que tu es toujours aussi égoïste ?!

Mon souffle se coupa et la nausée s’intensifia quand je sentis sa chaleur m’envelopper. Sa présence au-dessus de moi. La souffrance dans mon être.

Cela ne pouvait pas être de l’amour. C’était de la haine.
Et je ne comprenais pas pourquoi il me haïssait comme ça.

Je restai immobile, pourtant, j’hurlais toujours, avec l’horrible impression que personne ne pouvait m’entendre. Si je me déconnectais simplement de moi-même, ce serait plus supportable. Cela fonctionna, jusqu’à ce que quelque chose change.
Il se mit à me secouer par les épaules.

— Neeve !
Ce n’était pas sa voix.
— Réveille-toi !



J’ouvris les yeux en prenant une goulée d’air, paniquée. Je voulus me redresser, mais je butai contre quelque chose.
Non. Quelqu’un.

Je cessai à nouveau de respirer et je manquai de défaillir. Pendant un instant, je crus que Connor était toujours là. Chacune de mes cicatrices me brûlait. La douleur dans mon bas ventre me semblait bien trop réelle. Mais non, c’étaient des douleurs fantômes.
Cela n’avait été qu’un cauchemar.

Un parfum plus rassurant remplaça celui de Connor. Une aura apaisante m’entoura. Il n’y avait plus cette atroce chaleur, mais plutôt la fraîcheur d’un corps de vampire.

Adam.

Je l’avais rarement vu aussi affolé. Il était dans tous ses états. Ses yeux menaçaient de virer au rouge sous le coup de l’émotion. Ma gorge me piquait. Évidemment, qu’il avait peur : j’avais réellement hurlé à pleins poumons.
Voyant que j’étais revenue à moi, réveillée, il me lâcha lentement, comme pour être sûr que je n’allais pas me faire mal en me débattant.

— Laissez-nous ! s’exclama-t-il en regardant brièvement la porte de ma chambre.

Je fronçai les sourcils et je réalisai ensuite que mes cris avaient alerté tout le monde et que certains devaient être prêts à débarquer, dans le couloir. La porte était fermée. Je n’étais pas certaine qu’il aurait pris le temps de la refermer derrière lui, alors dans l’urgence, il avait dû traverser la serrure sous forme de brume. Emma m’avait prévenue que les vampires pouvaient prendre cette forme afin de passer à travers les plus petits interstices.

Puis il recula, les mains levées, signe qu’il ne me ferait rien.
Il craignait de m’inquiéter encore plus en me touchant. Il avait parfaitement compris ce que j’avais pu voir, dans mon cauchemar.

— C’est moi, Neeve…, chuchota-t-il. Tu es en sécurité, ici…

Je déglutis et me mis à hocher la tête. Mais ce n’était pas réellement pour confirmer, plus pour me convaincre.
Même s’il était encore assez près, le voir s’éloigner me rappelait le moment où il était parti avec Brooke, dans cet affreux cauchemar.
Alors que mes pleurs avaient cessé sous le coup du choc, mes sanglots reprirent de plus belle.

— Ne me laisse pas seule…, implorai-je. Ne me laisse pas…

À bout, je me pliai en avant et faillis basculer. Je ne pouvais pas me redresser complètement. Quand j’essayais de le faire, une douleur aiguë et vive traversait mon abdomen. J’avais la sensation que mon corps était sur le point de se déchirer.
Il me rattrapa et je m’accrochai à lui.
Si ça n’avait pas été Adam, personne n’aurait pu m’approcher.

Au début, il n’osa pas m’étreindre, même si je savais qu’il se contenait. J’enfouis mon visage contre son torse et il cessa d’hésiter. Il me serra contre lui et je me roulai en boule, secouée par les larmes.

— Je ne te laisserai pas, promit-il. Jamais.
Je le sentis lever la tête.
— Lucian, ça va aller. Je m’occupe d’elle.

Je tendis l’oreille, mais j’étais bien incapable de déceler les pas du vampire, dans le couloir.
Adam tenta de m’installer dans une position plus confortable, mais je grimaçai. Je voulais me battre contre ces souffrances fantômes, mais j’étais encore trop secouée pour le faire. Alors il fit en sorte de bouger lui, afin d’étendre ses jambes, pour ne plus que ses genoux soient contre mes côtes. Je restai immobile, toujours roulée en boule. Je me rendis compte que j’étais agrippée à son bras, ma tête reposant dans le creux de son coude. Il avait passé une main autour de ma taille et je me trouvais entre ses cuisses. Son contact remplaça celui de Connor. Bientôt, les doigts invisibles de mon ex cessèrent de se frayer un chemin sur moi.
Je sentis son visage contre mes cheveux tandis qu’il me murmurait des paroles que je ne saisissais pas. Mais le ton de sa voix était incroyablement doux.

— J’ai… J’ai vu le saule…, bredouillai-je. Est-ce que c’était…
— Réel ? devina-t-il. Oui.

Un drôle de son me parvenait. Je mis quelques secondes avant de comprendre que mes dents claquaient de manière incontrôlable.

— J’essayais de changer ton rêve parce que tu ne te réveillais pas… Mais je n’arrivais pas à m’endormir rapidement alors… Je suis désolé.
— Tu n’y es pour rien…

Voyant que je tremblais encore, il tira sur la couverture pour nous envelopper dedans. Il se mit à me bercer et je mis un temps fou à me calmer. Les larmes finirent par se tarir, tandis qu’il caressait mes cheveux. Je me tenais prête à me pencher pour vomir en dehors du lit, mais la nausée finit par refluer.

— Merci…, murmurai-je.

Mes paupières commencèrent à se fermer et je les relevai dans un sursaut. Je ne devais pas m’endormir. Ce manège dura un certain temps. Jusqu’à ce qu’Adam le perçoive.

— Dors… Tu es exténuée.
J’eus envie de nier, mais c’était un fait. Et avec les entraînements intensifs que j’avais enduré, c’était encore pire.
— Je ne peux pas, m’étranglai-je.

Il ne répondit rien pendant un temps. Puis il souleva légèrement une de ses mains et fis un petit mouvement. Je clignai des yeux en croyant voir quelque chose briller dans la pièce. Comme un reflet.
Son pouvoir de protection. Il y avait des barrières invisibles autour de nous.

— Je te promets de veiller sur ton sommeil et que Connor ne s’approchera pas, me souffla-t-il. Je ne quitterai pas ce lit, tu as ma parole.

Je restai bouche-bée. Nous savions tous les deux que la menace était surtout dans ma tête, mais quelque part, savoir qu’Adam était là et que mon ex ne pourrait pas m’atteindre dans la réalité, pouvait m’aider. M’apaiser un peu. Une partie de ma peur et de mes cauchemars étaient provoquée par mon incertitude concernant la localisation de Connor et ce qu’il pouvait prévoir. Je me demandai s’il avait déjà eu recours à cette technique, pour échapper à Viviane, dans la vraie vie, et dans ses cauchemars.
Je tins bon un moment, en silence, refusant de fermer les yeux. Puis je finis par céder, laissant ma sécurité aux mains d’Adam. Je pus enfin m’allonger un peu mieux et je me retournai pour enfouir mon visage contre son torse.

Je fermai les yeux. C’était sûrement la plus grande marque de confiance que je pouvais lui témoigner.

~


Je me rendis au sous-sol, sans croiser les autres. Je n’avais vu Adam que quelques fois, quand il était venu s’assurer que j’allais bien, ce qui avait eu le même effet qu’un baume sur une brûlure. Je refusais de trop réfléchir au « pourquoi » de leur absence, à tous. Étaient-ils en plein conseil de guerre ? Avaient-il pris une décision ? Est-ce qu’ils… avaient décidé de m’éviter, pour faciliter les choses ? Allais-je devoir partir ?
J’ouvris la porte de la chambre de Stuart. J’avais terriblement envie de le voir et de lui parler.

— Salut. Tu serais partant pour que je te mette une raclée à…

Je me coupai et mon cœur cessa de battre pendant un instant.
Mon ami se tenait là, les yeux clos, si pâle que c’en était effrayant, les yeux creusés. Pendant une seconde, je crus même qu’il était mort. Je dus me répéter qu’un vampire mort disparaissait en poussières.
Je me précipitai à son chevet.

— Stuart ? Stuart ? appelai-je en le secouant.
Il entrouvrit légèrement les paupières.
— Du… sang…

Je bondis et me mis à courir dans la pièce d’à côté, poussée par la panique. J’attrapai trois poches dans le réfrigérateur et retournai près de lui en courant. Je m’assis au bord du lit. Je vis ses yeux rouges rivés sur mon cou.

— Tu sais que je te donnerais mon sang sans hésiter s’il le fallait, mais regarde, tu as trois jolis casse-croûte juste là. Pas besoin de me mordre.

J’essayais d’adopter un ton léger, mais c’était peine perdue. Ma voix déraillait.
J’ouvris une première poche puis passai un bras dans sa nuque pour le redresser, le cœur battant la chamade, les larmes aux yeux. J’inclinai l’ouverture contre sa bouche, et il se mit à boire. Quand il termina, je fis de même avec les deux autres. Petit à petit, il reprit des couleurs et le soulagement m’envahit. Je ne l’avais jamais vu comme ça.
Il m’adressa un regard désolé.

— Plus jamais tu me fais un coup pareil ! le grondai-je.
Il n’y était pour rien, mais j’étais secouée. Il arbora un léger sourire.
— Je t’ai vu mourir, rappelle-toi… C’était à ton tour de paniquer un peu, répliqua-t-il.

Voir qu’il faisait encore de l’humour acheva de me rassurer. Je relâchai la pression et éclatai de rire à travers les quelques larmes qui m’avaient échappées.

— Tu marques un point, admis-je.

Je respirai un bon coup. Un instant plus tard, il me désigna les manettes avec un air interrogateur. J’opinai.
Nous passâmes une heure à jouer en essayant de ne pas évoquer ce qui venait de se passer. Mais je finis par ne plus tenir.

— Est-ce que ça t’arrive souvent ? demandai-je, timidement.
— Une fois par semaine, environ. Ou un peu plus, parfois, répondit-il. Mais ça passe re-lativement rapidement.
Je me mordis la lèvre. Je comprenais encore mieux le désarroi d’Emma.
— Comment est-ce arrivé ? Je veux dire…
— Pour que je sois un stade trois ?
— Oui.
Il se redressa.
— J’avais une fiancée, il y a environ… cinquante ans. Anya. Elle a été transformée de force par un vampire qui l’avait repérée. Elle ne voulait pas m’abandonner, alors elle a fait de même avec moi. Ça a rendu son créateur furieux. Il était jaloux et il a tenté d’interrompre le processus de ma transformation. Je n’ai pas reçu suffisamment de sang. Ça a perturbé ma métamorphose.
Mon cœur se serra.
— Je me suis tout de même réveillé alors il m’a fait enfermer. Et elle avec, en voyant qu’elle essayait de me défendre. Il… (Il soupira.) Il l’a achevée, un soir. Il allait faire pareil avec moi, mais trois super héroïnes m’ont trouvé à temps.

Il sourit. J’inclinai la tête sur le côté.

— April, Crystal et Harper étaient aux trousses de cet homme depuis un moment. Elles l’ont trouvé avant qu’il ne me tue. Elles s’en sont débarrassées et m’ont libéré. Elles ont fait en sorte que j’arrive sain et sauf au manoir.

Mon cœur se mit à déborder d’affection pour April. C’était déjà le cas, mais ce fut amplifié. Et même si elles étaient effrayantes, les jumelles avaient leurs bons côtés, elles aussi. Il fallait seulement les connaître un peu mieux.
Je mis ma main sur la sienne.

— Je suis heureuse qu’elles l’aient fait, chuchotai-je.
Il sourit, attendri.
— Moi aussi.
— Stuart… Le Sang Suprême ne pourrait pas… t’aider ?
Il secoua la tête.
— Non, répondit-il. (La déception me serra comme un étau.) Il est trop tard pour ceux dont la transformation a été compliquée. Encore plus pour les stades trois et quatre. Nous mourrions, si nous redevenions humains.

J’opinai, terrifiée à l’idée de perdre mon ami un jour, sans qu’aucune solution ne soit possible.

~


Je fus surprise de trouver les Harpies, quand je me rendis au salon, le soir venu. Elles tournèrent la tête vers moi.

— Ah, tu tombes bien, me lança Crystal. Brooke veut te voir. Ça avait l’air urgent.
Génial. Juste avant d'aller dormir.
— Je suppose qu'il serait impoli de la faire attendre, commentai-je avec sarcasme.
Harper haussa les épaules.
— Tu pourrais très bien lui dire d'aller se faire mettre et on irait boire un coup au bar le plus proche ? proposa-t-elle.
J’eus un petit rire.
— Et tu pries pour qu'elle ne t'en tienne pas rigueur, finit sa jumelle en ouvrant les bras de façon théâtrale.
Je secouai la tête.
— Vous me tentez, mais je vais aller voir ce qu’elle veut.
— Comme tu le souhaites.

Elles m’indiquèrent qu’elle se trouvait dans sa chambre. Puisque je ne m’y étais jamais rendue, mais que j’avais vu celles des autres, je devinai où elle se situait. L’appréhension se mit à grimper. Je ne savais pas à quelle sauce j’allais être mangée.
Alors que je m’apprêtais à frapper, la porte s’ouvrit, Brooke ayant senti ma présence. Je laissai retomber mon bras et déglutis. Elle s’effaça sur le côté et me fit signe d’entrer. Elle referma derrière moi. Pendant un instant, je me dis qu’au moins, s’il arrivait quelque chose, les jumelles étaient au courant que j’étais allée la voir. Si elle me tuait, il y aurait deux personnes qui seraient au courant.

— Tu voulais me parler ? lançai-je après m’être raclée la gorge.

Elle hocha la tête et se tritura les doigts. Aussitôt, ma méfiance s’évapora, remplacée par de la compassion, en voyant son air désespéré.

— Je voulais te présenter mes excuses, déclara-t-elle.
Je restai silencieuse, ma mâchoire manquant de se décrocher. Elle baissa les yeux.
— Je suis désolée pour tout ce que j’ai pu te dire, continua-t-elle. Je ne le pensais pas et je me suis laissée submergée par la peur.
Je hochai la tête et m’entourai de mes bras.
— Je comprends, répondis-je.
— Peut-être, mais je tiens à te dire qu’en aucun cas tout ça est de ta faute. Et… je n’avais jamais vu Adam aussi heureux. Alors…
Elle prit une grande inspiration.
— Je vais céder à Savari. (Mes joues perdirent toutes leurs couleurs.) Je finirai par m’adapter à la situation et je préfère ça plutôt que de passer l’immortalité auprès d’un homme qui serait malheureux car il ne pourrait pas être avec la personne qu’il aime. Je ne peux pas lui imposer ça.

J’écarquillai les yeux. Je secouai la tête et m’approchai d’elle.

— Brooke, tu n’as pas à t’adapter à une telle situation. On fera en sorte que tu n’y sois pas forcée. Tu ne subiras pas cela. Tu ne seras pas seule, quoiqu’il arrive. S’il faut que ça soit moi qui me battes pour que tu ne vives pas ça, je le ferai. Peu importe que je sois une humaine.
— Pourquoi tu ferais ça ?
— Parce que c’est… horrible. Et je sais ce que c’est. Je ne veux pas que tu…
— J’ai déjà été avec quelqu’un de violent.
— Ce n’est pas parce que tu l’as vécu une fois que la deuxième sera acceptable. Ça ne l’est jamais et personne ne mérite ça.

Elle resta silencieuse quelques secondes et son regard se chargea de compassion, de chagrin. Je crus sentir un lien s’établir entre nous. De la compréhension. Je la vis triturer ses doigts, puis elle eut un rire amer.

— Les autres prévoient de lutter, m’apprit-elle. Finalement, vous êtes sur la même longueur d’ondes.
Je me figeai.
— Quoi ?
— Ils cherchent encore une solution pour éviter le mariage, de quoi négocier, mais ils veulent se battre, en dernier recours. Et Adam… Je sais qu’il ne veut pas se marier. Pas avec moi. Je veux éviter un bain de sang.
Je me passai une main dans les cheveux, dépassée par ce que je venais d’entendre.
— Mon dieu…

Ça va mal se passer… Ça va mal se passer…

Pourvu que j’aie raison et que mes entraînements avec mes deux complices aient porté leurs fruits. Elle alla s’asseoir sur le bord de son lit, et épuisée par cette journée et à l’idée de celle qui allait arriver, je fis de même.

— Pourquoi ne pas vous être unis, avec Ned ? m’enquis-je. Peut-être que ça aurait fait une différence ? Ce mariage a l’air sacré, pour vous…
— On y a pensé. Mais… Je craignais qu’il s’en fiche et ne s’en prenne à Ned quand même. Il n’est pas aussi puissant qu’Adam. Les autres auraient eu plus d’inquiétudes à suivre Savari s’il avait voulu nuire à un chef de clan. Ned… aurait pu être une proie facile. Il est loin d’être faible, mais aux yeux des autres, si. Et je savais que le roi n’abandonnerait pas l’idée de me posséder.

Je grimaçai en entendant ce dernier mot. Au-delà du fait de s’approprier le pouvoir de Brooke, Savari la voulait également pour son physique. Il n’y avait qu’à voir la lueur lubrique dans ses yeux, quand il les posait sur elle. Il n’y avait pas que le Sang Suprême, qui était en jeu, même si son obsession était en grande partie pour ça. Après tout, pouvoir menacer ses ennemis de les transformer en humain, même pour les vampires de naissance, c’était un sacré atout. Nul doute qu’il ne désirait pas cela pour lui-même, cela signifierait qu’il perdrait sa précieuse puissance.

Je restai un moment à côté d’elle, alors que le silence nous entourait. Puis je finis par me lever et gagner la porte. Elle m’adressa un sourire triste et me salua d’un signe de tête. Le cœur lourd, je quittai la pièce.

Je descendis les marches à toute vitesse et me rendis à la cuisine, où Emma et Tim devaient m’attendre. J’avais fait une pause de quelques heures, il était temps de recommencer.
Je vérifiai que personne d’autre n’était dans les parages, l’adrénaline coulant dans mes veines.

— J’aurais besoin que vous me rendiez encore un service, les suppliai-je.
Ils s’alarmèrent en voyant mon expression.
— Quoi ? s’inquiéta Emma.
— Demain, si vous sentez qu’Adam ou Brooke sont sur le point de parler des fiançailles, faîtes diversion. Gagnez du temps pendant que je m’occupe du reste. Parce que je crois que l’un ou l’autre s’apprête à faire une connerie.

~


Je ne quittai pas des yeux ma silhouette, alors que j’étais enfermée dans la cellule se trouvant au sous-sol des River. Autour de moi, les membres du clan parlaient de mon sort. Comme la fois d’avant, Nora proposa qu’on me tue. Et je frémis, encore.
La mélodie à la flûte accompagnait cette vision, mais je ne cherchai pas à lutter pour qu’elle s’arrête.
Quelque chose clochait, dans ce que je voyais. Mais je ne saurais dire quoi.

— Ça n’arrivera pas, retentit une voix.
Je sursautai. Adam était à côté de moi, s’immisçant dans ma vision, observant mon corps recroquevillé dans un coin de la prison.
— Tu ne seras pas emprisonnée et aucun de nous ne te tuera, fit-il, catégorique.
Il secoua la tête.
— Personne ne le voudrait. Nora n’aurait jamais dit une chose pareille, reprit-il.
Je haussai une épaule avec un air triste.
— Je vais sûrement faire quelque chose d’horrible, pour que ça en arrive là… (Je me tournai vers lui.) Mais je ne comprends pas, en aucun cas je ne voudrai vous faire du mal…
Ma voix s’étrangla. Son expression s’adoucit.
— Ça ne se produira jamais, m’assura-t-il. Et quelque chose ne va pas.
— J’en ai l’impression aussi.
Il prit ma main dans la sienne et m’attira contre lui.
— Quelle est cette mélodie… ? demanda-t-il.
— Tu peux l’entendre ?
Il hocha la tête. Je souris faiblement.
— Une berceuse que me chantait mon père.
Une de ses mains vint caresser mes cheveux.
— Viens…, me chuchota-t-il.

Je me serrai contre lui. Un instant plus tard, nous étions dans la clairière. Sous le saule pleureur. Je fus émerveillée en voyant qu’il avait imaginé un ciel étoilé, tout comme il l’avait fait, une fois. La nuit était tombée d’une douce manière, sur le lieu. Les rayons de la lune nous éclairaient.

Je me rendis compte que je ne m’étais jamais tenue à cet endroit. Le feuillage formait un cocon protecteur, autour de nous. Je me reculai un peu pour regarder Adam et lui souris tendrement.
La flûte avait cessé. Comme si elle ne pouvait pas être présente dans nos rêves communs.

— Tu es encore venu sans être appelé ?
— Oui.
— Je me demande comment c’est possible…
Il porta une de mes mains à ses lèvres.
— Plus rien ne m’étonne, à propos de nous deux, déclara-t-il.
Il n’avait pas tort.
— Comment tu te sens ? demandai-je.
— Bien, maintenant, répondit-il.
Il caressa ma joue, puis son visage se fit un peu plus sérieux.
— Je n’ai pas hâte d’être à demain, soupira-t-il.
— Moi non plus.
Je me forçai à sourire.
— Que la Force soit avec nous ! m’exclamai-je.
Il roula des yeux.
— Je n’aurais jamais dû te parler de
Star Wars.

Le silence retomba. Silence qu’il finit par rompre :

— Neeve… Si les choses s’enveniment…
Je fronçai les sourcils, pressentant où ces paroles allaient nous mener.
— Ne me demande pas de rester à l’écart.
Il s’apprêta à protester, mais je levai une main pour le faire taire.
— On fait équipe, tu l’as dit toi-même. Et un capitaine n’abandonne pas son équipage !
— C’est le bateau, que le capitaine n’abandonne pas.
— Ce n’est pas grave, grommelai-je.
— Et sous-entends-tu que tu es le cerveau de l’équipe ? railla-t-il.
Je croisai les bras avec un air que je voulais autoritaire.
— Je ne vous laisserai pas vous battre en restant dans mon coin, le prévins-je. (Il ouvrit la bouche pour parler et encore une fois, je ne le laissai pas faire.) Et oui, j’ai parlé avec Brooke.
La peur dans ses yeux s’intensifia, et il m’attira à lui pour me serrer fort dans ses bras. Il enfouit son visage dans mes cheveux.
— Tu es sans cesse entourée de violences, à cause de nous, commença-t-il. Tu ne regrettes pas… ta vie d’avant ?
Je m’accrochai à lui.
— J’ai trouvé bien plus d’amour
grâce à vous que de violences. Et non, je ne regrette pas. Jamais je ne pourrais regretter de vous avoir connu, fis-je.

Je sentis les larmes monter.

— Si tu avais l’opportunité de rentrer chez toi…
— Je n’ai pas de chez-moi, répliquai-je, la gorge nouée.
— Alors… un endroit où tu te sentirais mieux, en tout cas… Est-ce que tu…

Je le regardai, alors que mes yeux me piquaient. Les siens étaient baissés. J’avais l’impression que cette discussion était aussi difficile pour lui que pour moi.

— Je me sens bien ici, avouai-je.
Ses iris trouvèrent les miens.
— Enfin, tant que vous voudrez bien de moi…
J’eus un léger rire.
— C’est vous, mon chez-moi. C’est
toi…
Je pris une grande inspiration.
— Je sais que la situation est très compliquée mais il y a une chose que je dois te dire, même si tu décides d’épouser Brooke…
— Je n’épouserai pas Brooke.

Cela me coupa dans mon élan. Je l’avais déjà plus ou moins deviné, mais je savais aussi qu’il pouvait encore changer d’avis. Mais là, je ne l’avais jamais vu aussi déterminé.

— Je te cherchais avant même de te rencontrer. J’ai su, quand je t’ai vu, que je ne pourrais jamais m’éloigner. On trouvera une autre solution, pour Savari.

Je mis un peu de temps avant de me remettre de ce que je venais d’entendre. Mon palpitant menaçait de s’échapper de sa cage thoracique. J’étais pendue à ses lèvres et j’étais à deux doigts de me noyer dans ses yeux noirs.

— Je t’aime, Neeve.

Mon souffle se brisa. Même si je le savais déjà, l’entendre me le dire me procurait une sensation incroyable. Je dus me mordre la joue pour ne pas fondre en larmes.

— À mes yeux, tu es exceptionnelle. Unique. Je sais de quelle manière tes cheveux brillent au soleil. Je sais à quel point ils sont doux. Je pense que je pourrais les reconnaître les yeux fermés. Je connais parfaitement ton odeur, la douceur de ta peau, même si j’ai l’impression de la redécouvrir à chaque fois que je te touche. Tous mes sens s’affolent quand tu es près de moi et je n’ai jamais ressenti ça pour qui que ce soit, pendant ma très longue vie.

Il se pencha vers moi, appuyant son front contre le mien. Je dus lever les yeux pour continuer de contempler les siens. Je ne pouvais plus m’en détacher.

— J’aime ton rire, ta façon de sourire, aussi… (Comme par réflexe, je souris comme une idiote. Il mit son index sur ma lèvre inférieure.) Exactement…
ce sourire. C’est de celui-là que je parle. Il perdure même quand tu aurais toutes les raisons du monde de t’effondrer. Tu es l’ombre, et pourtant, il illumine tout. Je connais la façon dont tes yeux pétillent quand tu parles de quelque chose que tu aimes ou quand tu t’amuses. J’ai l’impression de très bien te connaître, même si je dois bien avouer que tu me surprends beaucoup. Je sais aussi que si je n’ai pas fait partie de ton passé, je veux être ton présent, et ton futur. De la manière dont tu voudras.

Je sentis mes yeux me piquer, signe que les larmes n’étaient pas loin. J’étais profondément touchée et je ne savais plus quoi dire. J’étais figée. Je voulais qu’il cesse car mon cœur menaçait de s’arrêter de battre, mais une part bien plus grande de moi-même désirait plus que tout qu’il continue.

— C’est toi que je veux. Pour toujours. Ma vie est déjà longue, et je pensais qu’elle touchait à sa fin, pourtant j’ai l’impression qu’elle ne fait que commencer. Tu es celle qui m’a redonné le goût de vivre. Et oui, peut-être que je ne te mérite pas, mais je vais être très égoïste et dire que… je m’en fous. Tant pis. Oui, je t’avais bien dit que j’étais insupportable.
Je lâchai un petit rire, tandis qu’une larme roulait sur ma joue. Il l’essuya d’un geste délicat, du pouce.
— Les choses sont compliquées, mais on nous a accordé une chance. Fais-moi confiance, je vais la saisir. Nous sommes là, tous les deux, c’est tout ce qui m’importe. Tu es mon ange. Mon miracle.

Je pris son visage dans mes mains et l’embrassai avec langueur. Ce n’était rien comparé à ce que je ressentais en le touchant, dans la réalité, même si c’était délicieux, tendre. Il répondit à mon baiser avec douceur et je sentis mes jambes flageoler.
Je m’éloignai légèrement afin de pouvoir le regarder.
Lui. Qui il était vraiment.

— Je t’aime, Sander.

Pendant quelques secondes, il resta figé et je vis une lueur bien particulière briller dans ses yeux. De la joie. De l’espoir.
Lui aussi, avait besoin d’entendre ces mots magiques. Et son nom. Son
vrai nom.

Et il se mit à sourire avec tant d’éclat, que j’eus l’impression de revoir l’homme que j’avais aperçu avant qu’il ne soit transformé.
Il fondit sur mes lèvres pour les plaquer contre les siennes. Je mis mes mains dans son cou pour mieux me serrer contre lui. Il m’embrassa avec fougue. Ses bras étaient autour de ma taille. Je dus me faire force pour ne pas rendre notre étreinte plus intense encore. Mon corps se réveillait et réclamait Sander haut et fort.
Je me détachai de lui à contrecœur, à bout de souffle.

— Tu pourrais me rejoindre…, murmurai-je.
Son regard tomba sur mes lèvres, tandis qu’il restait silencieux.
— Viens… Si tu en as envie… Profitons du fait d’être ensemble.

Il disparut avant que je ne puisse connaître sa réponse. Et le décor se fit de plus en plus flou, jusqu’à s’estomper complètement.


*** (La scène qui va suivre peut heurter la sensibilité des plus jeunes. Rendez-vous aux prochains ***.)

Je rouvris les yeux. Mon corps était électrisé, impatient, trempé. Je retins ma respiration en voyant une sorte de brume traverser ma chambre. La seconde d’après, mon regard en croisa un autre, écarlate. Mon cœur rata un battement, mais non à cause de la peur. De joie. D’impatience.

Il n’avait même pas eu besoin d’ouvrir la porte de ma chambre. Je souris.
Je sentis son corps contre le mien, alors qu’il se tenait entre mes jambes écartées.

— C’est très pratique…, chuchotai-je.

Il sourit et, alors qu’il était au-dessus de moi, je levai les mains pour les enfouir dans ses cheveux et ma bouche trouva la sienne. Nous nous embrassâmes longuement, nos lèvres se dévorant. Une chaleur grandissante naquît dans mon bas ventre et je sentis le renflement dans son caleçon – qui était le seul vêtement qu’il portait –, contre mon intimité. Mes doigts descendirent sur son torse, profitant de la douceur de sa peau et je le sentis frissonner à mon contact.

Ses mains trouvèrent le bas de ma chemise de nuit. La violette. Il eut un sourire de prédateur en la voyant. C’était symbolique, pour nous.
Il la fit remonter le long de mon corps et je levai les bras afin qu’il me la retire. Nos gestes étaient empressés, nous voulions ressentir l’autre, être réunis, le plus vite possible. Il se débarrassa de mon sous-vêtement et je lui ôtai le sien. J’entourai sa taille de mes jambes.

Sans que nous n’ayons besoin de parler, les choses se firent naturellement. Il me pénétra d’un coup de rein, et l’univers retrouva son équilibre. Il me rendait folle. Le simple fait de le sentir en moi suffirait à mon plaisir. Un gémissement m’échappa. Les va-et-vient de nos bassins étaient passionnés. Mes ongles le griffèrent légèrement, tandis que la chaleur grimpait encore, s’emparant de tout mon être.

Il nous fit basculer, et je me retrouvai au-dessus. Je mis mes mains contre son torse et ondulai contre lui. Au début, je n’étais pas sûre de moi, mais rapidement et sous son regard intense, appréciateur, je gagnai en confiance. Je me mis à monter et redescendre, sur lui, à un rythme plus soutenu. Ses mains furent sur mes hanches pour accompagner mes mouvements. Mes lèvres s’entrouvrirent sous mes soupirs et je devais avoir un air extatique. Lèvres qu’il vint embrasser, se redressant pour se retrouver assis. Ma poitrine était plaquée contre son torse. Il parsema ma peau de baisers, partout où il le pouvait, ce qui alimenta le plaisir, qui était en train de monter.

J’entrouvris les yeux alors que sa bouche était dans mon cou, la pointe de sa langue passant sur mon pouls, m’arrachant des frissons, je mis une main à l’arrière de sa tête. Je sentais qu’il en avait envie.
Autant que moi.

— Vas-y…, lui susurrai-je.
Il ne fit rien, hésitant.
— Fais-le…, l’encourageai-je, mes paroles entrecoupées par mon souffle haché.

Je sentis ses canines s’enfoncer doucement dans ma peau. Je fermai les yeux afin de mieux profiter de toutes ces sensations simultanées. Un mélange de plaisir et de douleur. Douleur qui s’estompa très vite.

Il aspira mon sang et le vide brûlant dans mon bas-ventre s’intensifia. Je laissai échapper un cri de volupté et mes va-et-vient se firent plus appuyés, plus rapides. Les chambres étaient insonorisées, mais avec leurs ouïes de vampires, les autres avaient sûrement conscience de ce qu’il se passait. S’ils m’avaient entendue crier lors de mon cauchemar, alors là… J’espérais qu’ils feraient en sorte de ne pas écouter.

Mes ombres s’exprimèrent à nouveau et je souris en les sentant m’entourer pour me soulever. Un léger rire, profond et grave fit vibrer la gorge de mon amant et il me retint par les hanches, afin de ne pas me laisser m’envoler.

Il se laissa pousser une griffe et, d’un doigt, il se fit une entaille au niveau du cou, à son tour. Mes yeux durent se mettre à briller. Je n’eus qu’à pencher la tête pour goûter à ce délicieux nectar. Tout mon corps fut parcouru d’une décharge électrique et je me sentis revigorée. Ses gestes furent plus ardents encore. Déchaînés. Je n’avais jamais rien connu de tel. C’était comme si nous étions profondément connectés. Il y avait un peu de moi dans ses veines, et un peu de lui dans les miennes.
Quand sa blessure se referma, je léchai mes lèvres et rejetai la tête en arrière.

— Sander…

M’entendre prononcer ce nom lui fit perdre le peu de contrôle qu’il lui restait. Notre rythme s’accéléra encore. Il cessa de boire et referma la blessure d’un coup de langue, avant de m’embrasser. Sa main libre trouva la mienne et entrelaça nos doigts, tandis que le plaisir nous emportait.
Je me laissai retomber contre son torse et il passa ses bras autour de moi. J’avais un air béat mais je m’en fichais.

***

— Je t’aime…, chuchotai-je.
— Je t’aime, répondit-il avec douceur.

Nous restâmes ainsi, dans les bras l’un de l’autre, un moment. Lorsque le sommeil menaça de m’attirer dans ses filets, il me souleva pour m’allonger et m’attira à lui. Je m’endormis le sourire aux lèvres.
Nous ne savions pas ce qu’il se passerait le lendemain, mais désormais, j’étais sûre que quoiqu’il arrive, nous serions ensemble.

Quitte à nous battre pour ça.

~


Savari allait arriver d’une minute à l’autre. Stuart était présent lui aussi, encore une fois. Il essayait de nous rassurer, Emma et moi, mais nous étions tous encore plus tendus que la dernière fois.
Je me rendis à la cuisine afin de boire de l’eau et me calmer. J’avais l’impression d’être une vraie pile électrique et j’avais la nausée. J’étais terrifiée.

— Neeve.

Je me retournai et vis Tim. Il regarda autour de lui pour s’assurer que personne n’était là et il me tendit un verre. J’écarquillai les yeux.
Il contenait du sang.

— C’est le mien, fit-il à voix basse. Ça t’aidera, pour ton pouvoir. Tu auras plus d’énergie.

J'avais bu un peu de celui d’Adam, durant la nuit. Mais les effets s’étaient estompés, depuis. Alors en prévision d’un combat à venir, il m’en avait redonné, peu de temps auparavant. Au cas-où.
Mais tout sang de vampire était bon à prendre.

Je hochai la tête et le remerciai. Je portai le verre à ma bouche et me mis à boire. Son sang était moins riche, moins puissant, mais il était délicieux. Je le terminai en un rien de temps et je me sentis plus… puissante encore. Et puisque je n’étais pas blessée, ni sur le point de m’endormir, les effets dureraient tout en restant consciente.

Les sangs d’Adam et de Tim se mêlèrent. Je ne tenais déjà plus en place, avant ça, mais là, c’était encore plus saisissant.
Je regardai mes main, avec la drôle d’impression que le bout de mes doigts picotait. J’avais envie de rire, soudainement euphorique de ressentir autant d’énergie.

— Tu vas y arriver. Libère ma sœur.

Tim mit une main sur mon épaule. Au même moment, j’entendis la porte d’entrée s’ouvrir et sentis une aura menaçante.
Il venait d’arriver.

— En piste, me souffla mon ami.

Je posai le verre dans l’évier et traquai les vestiges de sang sur mes lèvres. Puis je rejoignis le salon.
Savari était venu avec Iseult, Jehan, Anselme et Marianne. Ils étaient toujours là, ceux-là. Cela me fit bizarre de voir Jehan, après ce que j’avais vu de son passé, mais j’en fis rapidement abstraction. Arthur et Katarina étaient présents, eux aussi. Ainsi qu’un petit groupe, derrière eux.
Mais la plus importante accapara mon attention. Sophia.

En la voyant, je ressentis du soulagement. Elle aurait pu ne pas venir et dans ce cas-là, mon plan aurait été chamboulé.
Je saluai le roi lorsqu’il prononça mon nom, et allai me poster dans un coin. J’adressai un signe de tête presque imperceptible à mes deux complices et ils me le rendirent.

Je rivai mon regard sur la Faucheuse. J’espérais que personne ne s’adresserait à moi, car je devais me concentrer. Peut-être qu’ils prendraient cela pour de la peur envers Sophia. Après tout, elle m’avait bien tuée une fois.
J’inspirai profondément et imaginai les ombres que j’avais vu, entourant son aura, lorsque j’étais morte. Elles étaient désormais invisibles à mes yeux, mais il fallait que ça change, ou au moins que je les sente.

Où êtes-vous… Où êtes-vous…
Là !


Je perçus quelque chose. Pas de doute, il s’agissait bien de l’obscurité qui m’était familière. Je ne savais pas comment une part de la magie de mon père s’était retrouvée là, mais je reconnaissais bien notre pouvoir. Lucian m’ayant appris que mon géniteur les avait connus, je n’avais pas mis longtemps à faire le lien.
Je réveillai ma propre puissance, afin d’appeler les volutes sombres. Ce fut comme si je les sentais passer sous mes doigts psychiques. J’en attrapai une pour la tirer vers moi.

Sophia tiqua. Elle leva les yeux et ils tombèrent sur moi. Je lui coulai un regard rassurant et suppliant, pour qu’elle ne dise rien.
Et en entendant Savari s’adresser à Brooke et Adam, je sus qu’il fallait que j’accélère le rythme. Aussitôt, Emma et Tim se mirent en action. Le plus naturellement possible, avant que les principaux intéressés puissent intervenir, ils firent dévier la conversation et proposèrent un verre de sang à leur souverain. Je savais que je pouvais compter sur eux.

Et Sophia me fixait toujours. Je tirai mentalement la volute que j’avais saisi vers moi, lentement. Elle sembla comprendre ce que j’étais en train de faire, même si elle ignorait pourquoi je faisais cela, car elle détourna les yeux, faisant comme si de rien n’était. Elle intervint même dans la conversation, venant involontairement en aide à mes deux complices.

Le fait d’avoir retiré une ombre allégea le nœud que je sentais dans son aura et contribua à le défaire. À défaire ce que mon père avait créé. Bientôt, je pus voir ce qu’il restait. J’ôtai chaque parcelle de mon pouvoir qui l’entourait, pour les ramener à moi. Comme avec les tasses mouvantes d’Emma. Et comme avec les tasses, Sophia était contrainte d’obéir à Savari par le biais de ces ombres.

Je regardai ensuite le roi et fis de même avec lui. Il parût ne rien sentir du tout. Ses ombres furent plus difficiles à ôter, me faisant suer, mais j’y parvins.

— Est-ce que tu te sens bien ? me murmura April.

J’opinai simplement sans quitter mon objectif des yeux.
Les ombres de Sophia suffisaient peut-être, mais celles de Savari n’avaient rien à faire là, elles non plus. Et j’ignorais quel effet secondaire cela pourrait produire.

Je me mordis violemment la lèvre inférieure. Les volutes cédèrent sous ma pression et se mirent à glisser dans ma direction. Je les accueillis avec plaisir, les laissant trouver la place où elles auraient toujours dû être.
J’eus un mouvement de recul suite au choc et je mis une main sur ma poitrine, émettant un bruit étouffé. Cette fois, j’attirai l’attention de tout le monde.

— Neeve, y a-t-il un problème ? me lança Savari.
Je secouai la tête.
— Ce n’est rien, mentis-je.

Je croisai le regard alarmé d’Adam. Puis, ceux pleins d’espoir de Tim et Emma. Je leur adressai un sourire presque imperceptible.
J’avais réussi.

« Tu m’as libérée. »
Cette voix venait de résonner dans ma tête. Je la reconnus immédiatement et regardai Sophia. Elle me fixa, en retour.
« J’ai une dette envers toi. Immense. »

Je crus mourir de soulagement.
Ça a marché. Ça a marché.

« J’ai justement quelque chose à te demander », lui répondis-je en pensée, hurlant presque ces mots afin d’être sûre qu’ils lui parviendraient.

Elle m’adressa un signe du menton, me faisant signe de poursuivre. Elle m’avait entendu.
Rapidement, je lui exposai mon idée. Elle m’écouta sans m’interrompre, puis, finalement, un grand sourire étira ses lèvres.

— Je vois que vous vous êtes passés le mot pour me faire perdre mon temps, grogna le roi en avisant Emma et Tim. Mais je ne suis pas venu là pour ça.
Il jeta un regard impatient à Adam et Brooke.
— Qu’en est-il des fiançailles ? reprit-il.

Arthur ferma les yeux un instant, peiné. Katarina mit une main sur son épaule. Jehan baissa les siens. Anselme et Marianne étaient attentifs. Les membres du clan River attendaient le verdict, prêts à agir.
Les deux concernés échangèrent un regard entendu. Bon sang… Adam n’était même pas au courant de la décision qu’elle avait prise. Il pensait qu’ils pourraient encore négocier, ou se battre.

— Il n’y a plus de fiançailles, annonça-t-il.
La vampire baissa les yeux. Ceux du roi se mirent à pétiller d’un sadisme qui atteignait peut-être le niveau de celui de Viviane.
— Brooke, tu sais ce qu’il te reste à faire, jubila-t-il comme un enfant le matin de Noël.
Avant que quiconque ne puisse protester, ou que Brooke ne se rende, je m’avançai.
— Non, contrai-je d’une voix forte.
Il y eut un hoquet de stupeur dans l’assemblée, suivit d’un court silence. M’adresser ainsi au roi était bien trop audacieux.
— Non ? répéta-t-il avec un sourire en coin. Je crois bien qu’elle n’aura pas le choix.
— Je crois bien que si, rétorquai-je.

Là, il fut beaucoup moins amusé. Il se rapprocha de moi. Du coin de l’œil, je vis Adam s’avancer jusqu’à se poster à mes côtés. Il ne devait pas comprendre ce que j’étais en train de faire. Les autres non plus, à en juger par leurs yeux écarquillés. Lucian et April paraissaient prêts à se jeter sur Savari s’il me touchait.

— Brooke ne vous appartiendra pas.
— Oh ? Et que comptes-tu faire ? Te dévouer à la place ?
Je sentis l’aura d’Adam s’intensifier, menaçante.
— Vous aimeriez beaucoup, n’est-ce pas ? fis-je, avec défi.

Je tournai la tête pour apercevoir la Faucheuse. Celle-ci eut un sourire en coin et s’approcha.

— Je pense que Sophia vous expliquera tout ça mieux que moi, ajoutai-je.

---


Chapitre 24 (première partie)
Chapitre 25
Dernière modification par Chlawee le dim. 28 nov., 2021 7:36 pm, modifié 2 fois.
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Re: Neeve, Tome 1 : L'éveil des Ombres [Fantastique, bit-lit, romance] (Chapitre 24)

Message par lacrystal »

Chloe38200 a écrit : ven. 12 nov., 2021 3:07 pm Hello tout le monde ! :D
Avant de commencer, merci pour tous vos retours !
Et ensuite... roulement de tambours
Allez voir la couverture ajoutée sur la page 1, dans la présentation ! *-*
Elle est trop belle :o
Ah on me dit dans l'oreillette que les fleuristes vont faire grève si on continue de les dévaliser comme ça
C'est Lacrystal qui l'a faite, et elle est SUBLIME. Elle a parfaitement su retranscrire ce que je pouvais imaginer pour la couverture. Alors encore un grand merci Lacrystal ! <3
Je suis contente qu'elle te plaise c'était avec un grand plaisir que je l'ai faite *-*
— Je suis désolé.
— S’il te plaît…, le suppliai-je.
— Tu vas venir avec moi, retentit une autre voix.
Mon sang se glaça. Je fermai les yeux pour ne pas voir Connor.
— Adam…, appelai-je, la voix tremblante.

Mes paupières se soulevèrent juste pour voir celui que j’aimais rejoindre Brooke. Savari les observait, avec un sourire en coin sur les lèvres. Il me jeta un regard inquiétant. Qui semblait dire qu’il n’en avait pas terminé avec moi. S’il ne pouvait pas avoir Brooke, alors je serais sa nouvelle cible.
Stare Ce chapitre commence bien
— Adam ! hurlai-je.
— Tais-toi, cingla Connor.

Il attrapa le col de mon tee-shirt pour me traîner en arrière. Je me débattis et je sentis qu’on retenait mes bras, alors même qu’il était seulement derrière moi. Je criai encore plus fort, à m’en faire mal à la gorge. J’entendis mon nom, mais cela ne venait pas de lui, étrange-ment. Cela ressemblait à la voix d’Adam. Pourtant, il n’était plus là.

Je continuai à lutter, tandis que je sentais qu’on me traînait sur le sol. Pendant un millième de seconde, je crus apercevoir le saule pleureur. La vision s’estompa. Puis elle revint, avant de mieux disparaître, encore.
On me souleva et mon dos douloureux rencontra une surface moelleuse. Le matelas d’un lit. Dont je reconnaissais parfaitement l’odeur de la lessive.


Non…

— Laisse-moi tranquille ! braillai-je.
— Je fais tout ça pour toi ! s’énerva Connor. Parce que je t’aime ! Pourquoi est-ce que tu es toujours aussi égoïste ?!

Mon souffle se coupa et la nausée s’intensifia quand je sentis sa chaleur m’envelopper. Sa présence au-dessus de moi. La souffrance dans mon être.

Cela ne pouvait pas être de l’amour. C’était de la haine.
Et je ne comprenais pas pourquoi il me haïssait comme ça.
Mais quel co***** doublé d'un sal*** Sérieux je vais le massacrer. Non, ce n'est pas du tout de l'amour, il a rien compris, cette enflure. AAAH MAIS QUEL SAL*** Sérieux il n'existe pas assez d'insultes pour lui là
Punaise mais heureusement il est pas en face de moi, je l'aurais déglingué, mais vraiment
Comme j'ai trop la haine contre lui là :evil:

Puis il recula, les mains levées, signe qu’il ne me ferait rien.
Il craignait de m’inquiéter encore plus en me touchant. Il avait parfaitement compris ce que j’avais pu voir, dans mon cauchemar.

— C’est moi, Neeve…, chuchota-t-il. Tu es en sécurité, ici…
Il est tellement prévenant, je l'aime trop

— Ne me laisse pas seule…, implorai-je. Ne me laisse pas…

À bout, je me pliai en avant et faillis basculer. Je ne pouvais pas me redresser complètement. Quand j’essayais de le faire, une douleur aiguë et vive traversait mon abdomen. J’avais la sensation que mon corps était sur le point de se déchirer.
Il me rattrapa et je m’accrochai à lui.
Non mais-
La pauvre :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: Je donne pas cher de la peau de Connor je parle pas que d'Adam qui risque de l'assassiner mais de moi aussi
Au début, il n’osa pas m’étreindre, même si je savais qu’il se contenait.
Voilà, ça c'est un comportement d'amour !
— Je te promets de veiller sur ton sommeil et que Connor ne s’approchera pas, me souffla-t-il. Je ne quitterai pas ce lit, tu as ma parole.
Pour revenir, il va devoir m'affronter d'abord et je vais le tailler en pièce avant même qu'il ait levé le petit doigt
(il devrait vraiment craindre pour sa vie là :evil: )
Mon ami se tenait là, les yeux clos, si pâle que c’en était effrayant, les yeux creusés. Pendant une seconde, je crus même qu’il était mort. Je dus me répéter qu’un vampire mort disparaissait en poussières.
Je me précipitai à son chevet.
:o :o :o :o
— Je t’ai vu mourir, rappelle-toi… C’était à ton tour de paniquer un peu, répliqua-t-il.
Punaise mais leur humour à eux deux xDDDDD
— Non, répondit-il. (La déception me serra comme un étau.) Il est trop tard pour ceux dont la transformation a été compliquée. Encore plus pour les stades trois et quatre. Nous mourrions, si nous redevenions humains.

J’opinai, terrifiée à l’idée de perdre mon ami un jour, sans qu’aucune solution ne soit possible.
Si tu ne trouves vraiment pas de solution pour lui je sens je vais pleurer de ouf
— Ah, tu tombes bien, me lança Crystal. Brooke veut te voir. Ça avait l’air urgent.
stare
— Je vais céder à Savari. (Mes joues perdirent toutes leurs couleurs.) Je finirai par m’adapter à la situation et je préfère ça plutôt que de passer l’immortalité auprès d’un homme qui serait malheureux car il ne pourrait pas être avec la personne qu’il aime. Je ne peux pas lui imposer ça.
Mais nan mais :cry: :cry: :cry: :cry: On va trouver une solution, hors de question qu'il t'approche !
Jpp je parle comme si j'étais à côté d'elles xDD
— Ce n’est pas parce que tu l’as vécu une fois que la deuxième sera acceptable. Ça ne l’est jamais et personne ne mérite ça.
Exactement !
— On y a pensé. Mais… Je craignais qu’il s’en fiche et ne s’en prenne à Ned quand même. Il n’est pas aussi puissant qu’Adam. Les autres auraient eu plus d’inquiétudes à suivre Savari s’il avait voulu nuire à un chef de clan. Ned… aurait pu être une proie facile. Il est loin d’être faible, mais aux yeux des autres, si. Et je savais que le roi n’abandonnerait pas l’idée de me posséder.
Mais bon sang ce Roi %¨£%$ lui aussi je vais l'étriper
Je grimaçai en entendant ce dernier mot. Au-delà du fait de s’approprier le pouvoir de Brooke, Savari la voulait également pour son physique. Il n’y avait qu’à voir la lueur lubrique dans ses yeux, quand il les posait sur elle. Il n’y avait pas que le Sang Suprême, qui était en jeu, même si son obsession était en grande partie pour ça.
...
...
...
Non mais j'ai pas les mots
Allez dans la boîte à Connor là, ils vont bientôt plus avoir de place
Je ne quittai pas des yeux ma silhouette, alors que j’étais enfermée dans la cellule se trouvant au sous-sol des River. Autour de moi, les membres du clan parlaient de mon sort. Comme la fois d’avant, Nora proposa qu’on me tue. Et je frémis, encore.
La mélodie à la flûte accompagnait cette vision, mais je ne cherchai pas à lutter pour qu’elle s’arrête.
Quelque chose clochait, dans ce que je voyais. Mais je ne saurais dire quoi.
J'aime pas du tout cette vision stare

— Que la Force soit avec nous ! m’exclamai-je.
Il roula des yeux.
— Je n’aurais jamais dû te parler de[/i] Star Wars.
xDDDDD Elle est trop chou Neeve
— Neeve… Si les choses s’enveniment…
Je le sens venir alors tu te calmes ou je te calme

— On fait équipe, tu l’as dit toi-même. Et un capitaine n’abandonne pas son équipage !
Je sais pas pourquoi j'ai voulu crier Aye Aye Captain xDDD

— C’est le bateau, que le capitaine n’abandonne pas.
Ah merde c'est vrai xDDD
— C’est vous, mon chez-moi. C’est[/i] toi…
Mooooooowwww *-*
— Je t’aime, Neeve.
JE T'AIME AUSSI ADAM
Euh je voulais dire, ELLE T'AIME AUSSI ADAM
— À mes yeux, tu es exceptionnelle. Unique. Je sais de quelle manière tes cheveux brillent au soleil. Je sais à quel point ils sont doux. Je pense que je pourrais les reconnaître les yeux fermés. Je connais parfaitement ton odeur, la douceur de ta peau, même si j’ai l’impression de la redécouvrir à chaque fois que je te touche. Tous mes sens s’affolent quand tu es près de moi et je n’ai jamais ressenti ça pour qui que ce soit, pendant ma très longue vie.
Non mais il est trop adorable :cry: :cry: :cry: :cry:

Non mais les répliques qu'il te sort là :cry: :cry: :cry: :cry: :cry:
— Je t’aime, Sander.

Pendant quelques secondes, il resta figé et je vis une lueur bien particulière briller dans ses yeux. De la joie. De l’espoir.
Lui aussi, avait besoin d’entendre ces mots magiques. Et son nom. Son vrai nom.
*-* *-* *-*

Wow alors la scène suivante tu l'as super bien décrite *-* Je trouve que l'utilisation de la morsure était très intéressante eyes :lol: :lol: Vraiment GG pour cette scène, elles sont super dur à écrire xD
Je perçus quelque chose. Pas de doute, il s’agissait bien de l’obscurité qui m’était familière. Je ne savais pas comment une part de la magie de mon père s’était retrouvée là, mais je reconnaissais bien notre pouvoir. Lucian m’ayant appris que mon géniteur les avait connus, je n’avais pas mis longtemps à faire le lien.
:o :o :o

Oh lala mais Neeve
Quelle puissance *-*

— Non, contrai-je d’une voix forte.
Il y eut un hoquet de stupeur dans l’assemblée, suivit d’un court silence. M’adresser ainsi au roi était bien trop audacieux.
— Non ? répéta-t-il avec un sourire en coin. Je crois bien qu’elle n’aura pas le choix.
— Je crois bien que si, rétorquai-je.
Oh lala mais je JUBILE
— Je pense que Sophia vous expliquera tout ça mieux que moi, ajoutai-je.
HAHA IN YOUR FACE SAVARI

Wow quel chapitre xDDD
Par contre va falloir acheter une plus grande boîte pour les c*nnards ou alors j'ai pensé à les changer en puce, comme ça on pourra tous les faire rentrer
Ou alors on les laisse être serré et bien fait pour eux :twisted: :lol:
Dans tous les cas, c'était un super chapitre, comme d'habitude *-* J'admire vraiment énormément Neeve, je l'adore, sans parler d'Adam *-* Je l'aime d'amour lui aussi
Vivement la suite j'ai hâte de voir la tête de Savari quand Sophia va tout lui expliquer xDDDD
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