AMETHYST CHANDRILA ✧ 22 ANS ✧ EVAYA ✧ ETUDIANTE EN PHYSIQUE ✧ CHANTEUSE DE CABARET ✧ FRAÎCHEUR AUTHENTIQUE
Dans le hall du casino | Avec Zekaria Damaris (Tally)
Bon sang, fait chier... Les insultes défilent et défilent dans mon cerveau, décidant parfois de manière aléatoire de franchir mes lèvres. C'est fou, comme quoi, lorsqu'on est en retard, tout parait être beaucoup trop long, trop lent pour nous. Je ne sais pas combien de fois j'ai pu faire des allers-retours dans mon minuscule studio du fin fond de la banlieue populaire d'Evaya. 19 mètres carrés à tout casser, presque aucun meuble et, pourtant, incapable de retrouver mes affaires, incapable de ne pas faire d’aller-retour avec un objet inutile dans la main. Et, maintenant que je suis sur le quai du tram, je ne peux m’empêcher de repasser les images en boucle. « Ah, si je n’avais pas fait ça, ah si j’avais fait si, je serais arrivée plus tôt ». N’importe quelle bêtise pour occuper mon cerveau en attendant que mon tram daigne démarrer.
La faute à un rythme de vie particulier, je me retrouve complètement inadaptée à la vie diurne evayenne. Les horaires du tramway en journée me sont complètement inconnus, pas étonnant que je me retrouve en retard. Dommage que ce soit pour une journée aussi importante. J’aurai sans doute dû faire plus attention et me renseigner à l’avance sur les passages des transports, mais la soirée de la soirée de la veille a été quelque peu…arrosée. J’ai bu le plus d’eau possible en arrivant chez moi et ça m’évite une trop grosse gueule de bois aujourd’hui, mais ça ne change pas le coup de barre soudain et l’incapacité à réfléchir. Pour le moment, je ne regrette en rien ces quelques verres descendus en compagnie de Wemov, mais je changerais peut-être d’opinion si ce fichu tramway ne se décide pas à arriver !
Au bout d’une attente interminable, me voilà enfin en train de quitter le terminus pour le centre-ville et le Casino que je connais par cœur. Du moins de nuit, car j'ai rarement l'occasion de voir autant d'effervescence devant. Les gens se pressent et, comme dans une mauvaise comédie, le tram poursuit sa course, car personne ne s'est dit que la meilleure place pour un arrêt serait devant le Casino, mais 50 mètres plus loin. Courte distance, à vrai dire, mais je ne suis pas d'humeur. Ce gala, c'est une chance en or. L'entièreté de la ville, de l'élite evayenne s'y rend, à tout moment je pourrais saisir cette opportunité que j'attends tant, l'occasion de me faire remarquer, et, même si c'est par le chant, rien ne me rendrait plus heureuse au monde. Depuis que je suis partie de chez mes parents, j'écris et compose moi-même, le PDG du Casino m'autorise même parfois à les chanter. Je n'en suis plus à chanter ce que d'autres ont déjà écrits, j'ai ma propre voix. Je préférais me faire reconnaître pour mes prouesses en physique, mais je n'ai pas encore fini mes études, je ne dois pas précipiter les choses. Dans tous les cas, je vais pouvoir observer mes potentiels futurs supérieurs, il faut que je fasse bonne impression ! Et ce n'est pas en arrivant à la bourre que ça marchera.
- Dites moi, ça n'a pas encore commencé, n'est-ce pas ? demandé-je à la première personne que je croise dans le hall, un jeune homme brun au regard bridé et aux traits doux.
Il m'a l'air un peu plus âgé que moi, peut-être membre de l'élite, peut-être pas. S'il en est, en tout cas, il l'a rejoint après que je fus parti, parce qu'il ne me dit rien. Peu importe, il faut que je fasse bonne impression. Malgré ma course soudaine dans les escaliers, je me tiens bien droite, tentant tant bien que mal de ralentir les battements de coeur et ma respiration, tout sourire. Je dois sans doute avoir les joues légèrement rouges, mais j'espère qu'il ne le relèvera pas.