Au temps des Maraudeurs [Harry Potter]

Vous écrivez une fan fiction et vous voulez la partager avec la communauté Booknode? Faire vivre à vos personnages favoris des aventures inédites?
Alors postez vos textes ici afin qu'ils soient bien différenciés des essais classiques tout droit sortis de l'imaginaire d'autres booknautes.
Répondre
annabethfan

Profil sur Booknode

Messages : 1490
http://tworzymyatmosfere.pl/poszewki-jedwabne-na-poduszki/
Inscription : sam. 27 nov., 2010 8:58 pm

Re: Au temps des Maraudeurs [Harry Potter]

Message par annabethfan »


Chapitre XI : Le règne des mangemorts


Enfouie sous ses couvertures, Lily se recroquevilla sur elle-même pour échapper à l'air frais de la fin octobre qui s'infiltrait dans tout le QG. A tous les coups, Sirius avait encore oublié de refermer une fenêtre après avoir fumé et le froid s'était répandu dans la vieille maison toute la nuit. Agacée, elle se replia un peu plus sur elle-même et ses pieds entrèrent en contact avec une surface chaude et ferme.

La dite surface glapit soudainement.

- Lily ! Merlin, écarte tes pieds-glaçons de moi !

- Mais j'ai froid, protesta-t-elle.

- Et bien t'as qu'à avoir froid sans moi. Distance de sécurité, Evans !

- A une époque t'aurais tout donné pour être si proche de moi. T'as changé Potter.

Pour toute réponse, James roula sur lui-même pour se détourner et Lily n'eut en champ de vision que ses épis bruns décoiffés.

- Jaaames, geignit-elle d'une voix plaintive.

- Non.

- Je vais perdre mes pieds.

- Je t'aimerais toujours, t'en fais pas.

Malgré son ton ensommeillé, Lily perçut la certitude qui émanait de lui et elle sentit son cœur se réchauffer faute des ses pieds. Elle cacha son sourire sûrement niais dans son oreiller. Si Dorcas et Alexia avaient pu la voir à cet instant, elles se seraient certainement moquées d'elle et de sa mauvaise foi. Après tout, elle avait revendiqué pendant des années être insensible au charme de James, voire trouver ses phrases de dragues niaises et agaçantes. Si ça avait été vrai un temps, elle devait bien admettre qu'elle avait fini par les apprécier pour ce qu'elles étaient, c'est-à-dire l'expression sincère des sentiments de James à son égard. Elle l'avait compris à partir de leur mise en couple : James était incapable de garder quelque chose qu'il ressentait à l'intérieur de lui. Il fallait qu'il le crie au monde ou, à défaut, à la personne concernée. Personne qui s'avérait souvent être elle-même. Cette simple constatation agrandit son sourire et elle se rapprocha de James, l'enlaçant en posant sa joue contre son dos musclé. Il ne protesta pas cette fois-ci. Encore une preuve – s'il en fallait une – que James avait un seuil de tolérance plus grand pour elle, mais il avait après tout des années de pratique. C'était la seule explication pour le fait qu'il ait réussi à supporter ses piques et ses refus sans se démoraliser.

A bien y réfléchir, il s'agissait peut-être d'une autre particularité de James : il était expansif avec ses sentiments, incapable de les garder pour lui, mais il ressentait également tout avec une intensité impressionnante. C'était aussi vrai pour son amour à son égard que sa haine vouée à Severus ; haine qu'il n'avait d'ailleurs jamais vraiment réussi à garder pour lui, même si elle supposait que Severus lui rendait bien aussi. Par bien des aspects, les deux garçons ne se rendaient pas compte à quel point il pouvait être semblable dans leur fonctionnement tout en étant diamétralement opposés, mais elle ne le percevait sans doute que parce qu'elle les connaissait si bien tous les deux.

Brusquement, elle sentit l'apaisement que la nuit lui avait amené s'envoler, remplacée par une inquiétude sourde et familière dès qu'elle songeait à Severus. Elle n'avait plus eu de nouvelles de lui depuis leur remise des diplômes à la fin du mois de juin, mais elle savait bien quel chemin il avait emprunté. Une part d'elle ne pouvait pas s'empêcher d'espérer qu'il ait renoncé à rejoindre les mangemorts. Après tout, il ne l'avait jamais évoqué explicitement. Elle savait simplement qu'il s'était intéressé à la magie noire à partir de leur cinquième année et qu'il s'était mis à fréquenter des personnes comme Mulciber ou Avery, mais ça ne voulait pas dire avec certitude qu'il s'était joint aux rangs des mangemorts. Tout ce qu'elle savait, c'était qu'il travaillait en tant que laborantin potioniste chez LaboPotions, un poste tout à fait convenable à peine sorti de Poudlard mais qui ne reflétait pas les véritables aptitudes de Severus en la matière. Pourtant, Lily se considérait elle-même comme douée. Elle avait pris spécialité Potioniste pour sa formation de médicomage à St-Mangouste, mais Severus, lui, était d'un autre niveau. Il pouvait certainement devenir l'un des plus grand Maître de Potions de leur génération s'il le voulait et elle espérait qu'il ne gâcherait pas son potentiel pour la magie noire... Rien que l'idée lui donnait la nausée.

- Je t'entends penser tellement ton cerveau est en surchauffe, marmonna James d'une voix ensommeillée. Qu'est-ce que t'as ?

Lily se raidit. Il valait qu'elle évite de lui dire qu'elle pensait à Severus, sujet tabou entre eux. Elle s'éclaircit la gorge et repoussa son ancien meilleur ami dans un coin de son esprit.

- Rien, je me demandais juste combien de baisers ça me couterait pour te soudoyer.

- Me soudoyer ?

- Pour que t'ailles me chercher mes chaussettes et que je n'ai pas à sortir de ce lit.

James émit un rire étouffé.

- T'as pas une baguette pour ça, Evans ? Tu sais un sort utile qui s'appelle Accio ?

- Ma baguette est moins agréable à embrasser que toi, rétorqua-t-elle d'un ton joueur avant de déposer un baiser léger sur l'épaule de James. S'il te plaît ?

- Rah Evans, t'auras ma peau...

- Du moment que j'ai mes chaussettes.

Pour toute réponse, James roula à nouveau sur lui-même et s'assit dans le mouvement, rejetant la couverture vers elle. Elle se retrouva avec l'édredon sur la tête, la vision obstruée, et poussa un cri mêlé d'un rire.

- James !

- Tu vas pas en plus de plaindre de ma méthode !

Amusée, Lily mit quelques secondes à se dépêtrer de la couette et émergea enfin. Elle se prit alors successivement en plein visage l'air frais du QG et une paire de chaussettes roulées en boule. Par réflexe, elle recula, surprise, et James éclata de rire.

- Potter ! s'exclama-t-elle.

- Quoi ? Tu voulais tes chaussettes, non ?

- Oui et maintenant que je les ai, je t'interdis de revenir dans ce lit !

- Comme si tu pouvais m'en empêcher avec ta force de botruc.

- J'ai ma baguette, menaça-t-elle.

C'était une affirmation un peu galvaudée, elle devait le reconnaître. Sa baguette n'était pas vraiment dans sa main, mais sur sa table de chevet et le regard de James dériva d'ailleurs vers cette dernière. Il devait tout juste en percevoir les contours sans ses lunettes, restées sur sa propre table de chevet.

Une certaine tension se suspendit entre eux.

- Potter, tu n'oserais pas...

Mais elle n'eut même pas le temps de terminer sa phrase. James s'était élancé vers la table de chevet – vers sa baguette – et Lily poussa un cri en se jetant à travers le lit pour l'attraper avant lui. Malheureusement, elle était aussi en train de passer une chaussette à son pied en même temps et son mouvement fut tout sauf gracieux. Elle s'étala sur le matelas, une jambe tordue et les bras tendus vers sa baguette. James, lui, manqua de trébucher, entraîné par son élan, et s'affaissa à moitié contre le lit près d'elle. Lily n'hésita pas à saisir sa chance : elle se jeta sur lui pour le retenir.

- Lily ! Lâche-moi !

- C'est ma baguette !

- Tu triches !

D'un mouvement d'épaule, il tenta de se dégager, mais elle s'accrocha à lui, enroulant un peu plus ses bras autour de son cou avant de le faire basculer en arrière. Il poussa un cri indigné et se mit à se débattre, bras tendus vers la table de chevet, mais il ne réussit qu'à s'étrangler lui-même. Lily resserra un peu plus sa prise et essaya de se redresser, écrasée par le poids de James au-dessus d'elle. Malheureusement, il comprit ce qu'elle voulait faire et il roula sur lui-même à nouveau pour venir la plaquer contre le matelas.

- Qui est-ce qui triches maintenant ? s'indigna-t-elle, gigotant pour tenter de se libérer.

- Être plus lourd et plus fort que toi n'est pas de la triche, rit-il.

- Plus fort ? Plus fort ? Donne-moi ma baguette Potter et tu vas voir qui est le plus fort !

A nouveau, James éclata de rire. Il ouvrit la bouche pour répliquer quand soudain la porte de leur porte s'ouvrit également. Lily dû se contorsionner pour voir qui venait les déranger de si bon matin et découvrit Sirius, Peter et Remus sur le seuil. Le premier tenait encore un bol de céréales dans les main, la cuillère suspendue dans le vide. Tout le monde se figea.

- On dérange peut-être ? railla Sirius.

- Oh Merlin, je t'avais dit de toquer espèce d'imbécile ! renchérit Remus en se couvrant les yeux d'une main.

Peter, lui, se mit à regarder le plafond en se retenant visiblement de rire.

Lily mit une seconde à comprendre ce qu'ils insinuaient et à prendre conscience de leur position. Elle était toujours allongée sur le dos au travers du lit, tandis que James se trouvait au-dessus d'elle et la maintenait en étant assis à califourchon sur ses cuisses. En une seconde, elle sentit son visage s'embraser et se mit à frapper James au torse.

- Crétin ! s'écria-t-elle. Allez, bouge de là !

- Aïe ! C'est comme ça que tu me remercies de t'avoir passé tes chaussettes ? Je ne te savais pas si ingrate, Evans !

Pourtant, il se releva et lui tendit même une main pour l'aider à en faire de même. Par fierté, elle l'ignora. Drapée dans sa dignité bafouée, elle récupéra enfin sa baguette sur la table de chevet et envisagea une seconde de vraiment envoyer un sort à James, mais le rappel de ses chaussettes qui réchauffaient désormais ses pauvres orteils l'arrêta dans son élan. Au lieu de ça, elle se passa une main dans les cheveux pour essayer de les discipliner alors que James mettait enfin ses lunettes. Il plissa d'ailleurs les yeux vers ses trois meilleurs amis, toujours plantés en ligne à les observer entre gêne et moquerie.

- Et vous êtes dans notre chambre à 8h du matin un dimanche parce que... ? leur lança-t-il.

- Eh, nous blâme pas ! se défendit Peter. On a été envoyés vous chercher.

- Quoi ?

- Réunion avec les Prewett ! Ils nous envoient chercher tout le monde.

- Tout le monde ? s'étonna Lily. Mais Alexia et Marlène n'ont pas dormi ici, non ? Elles étaient chez leurs parents ?

- Emmeline est partie transplaner chez elles pour les faire venir, informa Remus. Je pense qu'on a une bonne demi-heure devant nous avant qu'elles ne reviennent.

James laissa échapper un nouvel éclat de rire.

- J'imagine Marlène ouvrir en pyjama à Emmeline, se moqua-t-il.

- J'imagine surtout Janice McKinnon ouvrir à Emmeline, corrigea Peter en se hissant sur le rebord de fenêtre. Ça doit être drôle à voir, surtout qu'Em' va devoir inventer une excuse pour débarquer un dimanche et emmener Marlène avec elle.

- Eh, c'est moi qui l'appelle Em' ! protesta Sirius.

- T'as posé un brevet sur le surnom ?

En réponse, Sirius lui envoya une céréale qu'il évita. Lily se plaça entre eux.

- Eh ! Eh ! protesta-t-elle. C'est ma chambre ici, pas de bataille de nourriture ou je vous fait faire le ménage ! D'ailleurs, dehors tous les trois ! Je veux prendre une douche avant la réunion.

- La salle de bain est au bout du couloir, indiqua Remus.

- Merci pour ta perspicacité, mais je veux revenir dans ma chambre ensuite sans avoir trois idiots qui m'attendent. Allez !

- Seulement trois ? releva James. Ça veut dire que tu ne me comptais pas dedans ?

- C'est Remus que je ne comptais pas.

Des éclats de rire et des cris indignés mêlés lui répondirent et elle s'enfuit vers la salle de bain, fière d'elle.

**

*

Sortie de sa douche plusieurs minutes plus tard, Lily entra à nouveau dans sa chambre. Visiblement, son autorité de préfète faisait encore effet car trois des Maraudeurs étaient partis, ne laissant que James en train d'enfiler un pull.

- Désolé, ce n'est que moi, dit-il dès que sa tête émergea de l'encolure, cheveux en bataille. Je crois que tu aurais préféré Remus, hum ?

- Oh arrête de faire ton susceptible, Potter.

Pour adoucir ses mots, elle se hissa sur la pointe des pieds et déposa ses lèvres sur celles de James. En retour, il passa un bras autour de sa taille, approfondissement le baiser et elle se mit à sourire, une bulle d'euphorie coincée dans la poitrine.

- Merci pour les chaussettes... souffla-t-elle sans cesser de sourire.

- Ah Evans, qu'est-ce que je ne ferais pas pour toi ! (Il l'embrassa à nouveau, puis se décala). On descend ? Gideon ne pourra pas nous accuser d'être en retard pour une fois !

- Je suis toujours à l'heure, objecta-t-elle pour la forme. Et tu sais ce qui ne me manque pas ? ajouta-t-elle alors qu'ils sortaient dans le couloir.

- Non ?

- Les escaliers mouvants ! Regarde ! (Elle posa le pied sur la première marche de l'escalier qui menait au rez-de-chaussée du QG). Pas de détours, tout droit vers là où on veut !

- J'aimais bien ces escaliers, dit James avec une moue.

- C'est ta nostalgie de Poudlard qui parle.

- Peut-être...

Pendant un instant, le regard de James se perdit dans le vide, et Lily regretta presque d'avoir évoqué le château. Elle se creusa la tête pour changer de sujet, mais un seul lui vint à l'esprit, justement en lien avec Poudlard.

- Et la Carte ? demanda-t-elle. Qu'est-ce qu'elle est devenue ?

- Oh... On l'a laissé dans le bureau de Rusard, la dernière semaine.

Elle manqua de s'arrêter net au milieu des escaliers.

- Quoi ? Mais... pourquoi ?

- Pour les futures générations de blagueurs bien sûr ! Ils devront braver Rusard, trouver la Carte dans le tiroir des objets dangereux, et deviner la formule pour l'ouvrir ! Être nos dignes successeurs en somme.

- A ce rythme, il faudra au moins quinze ans !

James haussa les épaules, l'air tranquille.

- J'ai confiance en l'avenir, assura-t-il.

Cette déclaration – pourtant si simple – prit Lily de cours. Avoir confiance en l'avenir, c'était une notion presque étrange à entendre en temps de guerre. Elle tenta d'envisager le sien et de se projeter dans dix ans. Être avec James lui paraissait une évidence, mais sa mère lui dirait qu'elle pensait comme une jeune fille amoureuse pour la première fois... Médicomage ? Certes, elle aimerait le devenir, mais ça lui paraissait encore tellement loin. Il y avait des choses plus importantes aujourd'hui. A choisir, elle préférait que les mangemorts et Vous-Savez-Qui aient disparu dans dix ans...

- Eh Lily tu vas rester à penser dans l'escalier pendant une heure ? lui lança James, arrivé en bas.

Tirée de ses pensées, Lily se remit en mouvement. Quand ils entrèrent dans le salon du QG, le reste des Maraudeurs, les frères Prewett et même Marlène, Alexia et Emmeline étaient déjà présents. Etonnement, Gideon ne fit aucune remarque sarcastique sur leurs quelques minutes de retard, la tête plongée dans un parchemin et Lily vint s'assoir sur le canapé près d'Alexia.

- Emmeline est vraiment venue te chercher ? lui souffla-t-elle.

- M'en parle pas, maugréa Alexia. Toute ma famille la maudit je crois.

- Pourquoi ?

- Elle a sonné à la porte. Le problème, c'est que ma sœur a passé le week-end chez nous et donc Ellie était là aussi.

- Oh... Elle l'a réveillée ?

- Ouais... Déjà qu'on n'avait presque pas dormi parce qu'elle est malade, elle n'arrêtait pas de pleurer... Et là quand elle s'était enfin endormie...

Alexia imita le carillon d'une sonnerie avec une grimace et Lily fit une moue compatissante.

- Et toi ? Tu sais pourquoi ils ont programmé une réunion ?

- Aucune idée, on vient d'être réveillés avec James. Un dimanche en plus...

- C'est la dure vie d'un membre de l'Ordre, chantonna Emmeline en arrivant à leur hauteur. Encore désolée pour ta nièce, Cassidy, d'ailleurs.

- Pas de problème... Tu sais pourquoi on est là toi ?

- Gideon va bientôt vous le dire. Mais ça y est, vous rentrez dans la cour des grands. Enfin certains d'entre vous...

Lily fronça les sourcils. Elle s'apprêtait à demander à Emmeline ce qu'elle entendait par là quand les frères Prewett se plantèrent enfin au milieu de la pièce pour réclamer l'attention. Elle remarqua que la barde mal rasée de Fabian ne suffisait pas à cacher ses traits fatigués et que Gideon avait un bandage à la main...

- Désolé de perturber votre du Jour du Seigneur, commença celui-ci avec sarcasme, mais on a une grande nouvelle pour vous !

- T'es enceinte ? lui lança Sirius, goguenard.

- Quel esprit, Black, merci pour cette intervention. (Il lui fit un signe grossier de la main et Lily retint un soupir). Non, on vient simplement vous annoncer votre première mission.

Aussitôt, tout le monde se redressa, piqué par la curiosité. Lily aurait pourtant dû s'y attendre. Leur introduction officielle dans l'Ordre datait maintenant d'une dizaine de jours, ça n'avait été qu'une question de temps avant que l'occasion se présente.

- Pour certains d'entre vous, nuança toutefois Emmeline près d'elle avec un regard entendu. On est justement ici pour déterminer qui participera de manière... disons active. Les autres aideront à préparer. On a décidé que c'était plus simple de vous travailler en équipe pour la première mission, ça vous aidera à voir comment on se prépare, ce qu'on doit faire, les procédures à suivre. Après ça, vous aurez des missions individuelles.

Intérieurement, Lily approuva. Elle se sentait plus à l'aise de commencer avec les autres avant d'être jetée dans la « cour des grands ».

- Et ça consiste en quoi exactement ? voulut-elle savoir. La mission ?

- C'est très simple : c'est une mission d'infiltration, annonça Fabian. C'est le meilleur moyen pour en apprendre plus sur les activités des mangemorts et en l'occurrence nous allons avoir une cible de choix.

- Une cible plus brillante qu'une étoile, railla Gideon avec un coup d'œil vers sa gauche.

Vers Sirius. Le jeu de mot ne lui échappa pas car Lily le vit se tendre et elle échangea un regard inquiet avec James au moment même où Gideon laissait tomber l'information avec délectation :

- On va investir la fête de fiançailles de Narcissa Black, bientôt Malefoy !

Un lourd silence tomba sur la pièce. Presque par automatisme, ils s'étaient tous tournés vers Sirius, jugeant sa réaction, mais celui-ci restait adossé au mur près de la fenêtre, son masque bien en place.

Lily en était venue à détester ce masque. Il était froid et détaché, tout le contraire du Sirius qu'elle avait appris à connaitre, habitée d'une énergie brûlante. Ce n'était peut-être pas étonnant que son prénom signifie « ardent » en grec. Après tout, Sirius n'était pas censé être le mesuré de leur groupe : il était sans doute celui dont les convictions finiraient par le consumer jusqu'aux cendres.

Ce masque froid n'était qu'une façade qui se craquela d'ailleurs bien vite, attisé par l'air de Gideon qui toisait Sirius, attendant une réaction.

- Tu ne peux pas infiltrer la fête de Narcissa, dit-il brusquement. Elle aura une liste d'invités tellement précise que même la Reine n'arriverait pas à entrer si elle se pointait. Et surtout, elle aura le meilleur système de protection au monde.

- C'est-à-dire ?

- Bellatrix.

Le nom de la seconde cousine de Sirius, craché avec animosité, fit grimacer Gideon et il porta sa main mécaniquement à son nez tordu, celui que Bellatrix lui avait justement cassé l'année dernière.

- Tu te doutes bien qu'on y a déjà pensé, répondit Fabian, imperturbable. Mais justement, certains d'entre nous seront invités par convenance, comme Dorcas ici présente. Quant à Bellatrix, elle n'a aucune raison d'agir contre ceux qui seront infiltrés, ils ne sont pas officiellement identifiés comme membres de l'Ordre, du moins pas encore.

- Contrairement à nous, ajouta Gideon. Malheureusement, pas de petites fours ni de champagne pour les braves. Notre tante Lucretia nous a interdit de mettre un pied au Manoir Malefoy de toute façon.

- Pourtant elle aurait adoré la distraction... marmonna Sirius.

Lily, elle, avait pourtant tiqué sur une autre information.

- Donc Dorcas fera la mission ? Sur le terrain ?

- C'est l'idée, confirma Emmeline avant de se tourner vers la concernée. Encore une fois, tu ne seras pas seule, tu auras toujours d'autres membres de l'Ordre avec toi. L'idée est vraiment de laisser traîner tes oreilles et de parler avec plein d'invités pour savoir ce qui se trame... Dans certaines sphères, les mangemorts ne se cachent qu'à moitié, voire ils revendiquent leurs activité. Tant que Minchum et le Ministère ne les déclareront pas comme organisation illégale...

- Jusqu'à quand ils vont se voiler la face ? ragea Alexia.

Gideon eut un rire méprisant.

- Jusqu'à ce que les sorciers soient touchés, dit-il sur le ton de l'évidence.

- Mais c'est déjà le cas !

- Non, ils s'en prennent aux moldus et aux né-moldus, nuance. Le Ministère, et même la société sorcière, ne sont pas prêts à s'indigner pour ça. Après tout, les mangemorts revendiquent une idéologie que beaucoup de personnes pensent tout bas : les vrais sorciers méritent plus, la magie leur appartient de façon plus légitime. A partir de là, les choses peuvent mettre du temps à bouger...

Sur ses genoux, Lily crispa les poings. Les nés-moldus... La Sang-de-Bourbe. Une boule chauffée à blanc se glissa dans sa gorge et se mit à grossir. Elle avait toujours su qu'elle était visée plus que quiconque dans cette guerre qui taisait son nom, mais la réalité venait la heurter certains jours. A côté d'elle, James paraissait furieux, mais il prit la peine de tendre la main vers la sienne et de nouer leurs doigts ensemble dans un geste étonnamment doux. Leurs regards se croisèrent et Lily y vit toute la détermination de James, tout ce qu'il ne pouvait pas lui dire à voix haute : il serait là avec elle jusqu'au bout à se battre et à la protéger, même s'il devait être le dernier rempart entre elle et Voldemort. Brusquement, la boule dans sa gorge changea de nature. Jamais elle ne s'était sentie aussi aimée de toute sa vie... Le sentiment était vertigineux.

Elle aurait pu rester emprisonnée dans les yeux noisette de James encore longtemps si la voix de Fabian n'avait pas fait éclater sa bulle.

- Ne vous en faites pas, le Ministère finira bien par réagir. Même Minchum ne peut pas ignorer la situation éternellement... En attendant, c'est juste à nous d'agir.

- Et alors ? Qu'est-ce que je vais devoir faire à la fête de la future mariée ? demanda Dorcas, bras croisés contre son ventre.

Lily aurait pu croire qu'elle était confiante si elle ne la connaissait pas si bien.

- Danser, faire la conversation, explorer le Manoir pour trouver des preuves, parler de rumeurs et de ragots avec les autres invités... Et la partie la plus dure pour toi : avoir l'air aimable.

- Très drôle, marmonna Dorcas.

- Attendez, attendez, intervint Remus, sourcils froncés. Elle sera la seule d'entre nous à entrer à proprement parler ?

- A moins que tu sois digne d'être invité, Lupin, tu restes dehors, c'est l'idée, confirma Gideon.

- Mais je pourrais y aller avec elle, protesta Sirius.

A cette affirmation, Gideon éclata d'un rire cynique.

- Toi ? Black, comme tu l'as dit toi-même, la fête sera déjà assez dure à infiltrer. Tu serais la pire personne pour le job !

- Mais je connais les invités, je connais le Manoir...

- Et ils te connaissent aussi, souligna Fabian. Non vraiment, t'es hors-jeu sur ce coup.

Lily retint une grimace en voyant son ami se redresser, l'air agacé. Il était là, le feu ardent qui habitait Sirius : elle le voyait dans ses yeux gris.

- Comme si on n'allait pas utiliser du polynectar ! lança-t-il. Qui est-ce que vous voulez envoyer avec elle sinon ? Soit ils vous connaissent, soit vous serez refoulés avant même d'avoir franchi la grille.

- Pas tous, contra Gideon. Emmeline n'est pas compromise, Benjy et les Londubat non plus.

- Ils ne seront jamais invités par les Malefoy, protesta Sirius sur un ton qui indiquait clairement qu'il prenait les frères Prewett pour des idiots.

A sa droite, Lily sentait la tension qui émanait d'Alexia. La pauvre ne devait pas en mener large entre le fait que Sirius était prêt à se jeter tête baissée dans une mission dangereuse et surtout qu'il le faisait pour prendre la défense de Dorcas. Elle n'avait pas oublié sa discussion avec Alexia il y a plusieurs semaines, ni l'aveu de ses doutes et de ses insécurités. Il fallait impérativement qu'elle trouve le temps de lui reparler.

- Détrompe-toi, jeune recru impertinente, rétorqua Gideon, visiblement heureux de pouvoir contrarier Sirius un peu plus. Alice et Frank sont conviés, tout comme Marlène au passage. Mais on a décidé que de votre groupe, Dorcas aurait le plus de chance de ne pas se faire remarquer à une fête de cette ampleur et de ce « milieu ».

- Tu parles ! Je pourrais être plus utile, je pourrais...

- Tu peux surtout poser tes fesses sur une chaise et arrêter de geindre, mon garçon, aboya soudain une voix.

Lily sursauta en même temps que les autres. D'un bloc, ils se tournèrent vers la porte d'entrée, celle qui débouchait sur le couloir reliant l'entrée de la maison près de la cuisine au reste des pièces du rez-de-chaussée, et Maugrey en personne fit son apparition.

- Evidemment que tu pourrais être plus utile que tout le monde sur ce terrain ! continua-t-il sans prendre la peine de les saluer. Mais tu es trop compromis sur tous les plans. T'envoyer dans ce manoir serait une mission suicide. Rappelles-toi une chose : tu les connais, mais ils te connaissent aussi. Même sous polynectar, le danger d'être intercepté demeure, et tu serais capable de dévier de la mission confiée par intérêts personnels. Meadowes est un choix plus neutre que ça te plaise ou non ! Elle infiltrera la soirée et vous allez l'y aider.

- Nous tous ? fit Marlène.

Maugrey promena son regard pénétrant sur chacun d'eux.

- Ceux qui pourront apporter quelque chose. Black, tu as soulevé un point important : tu seras une pièce maîtresse dans la préparation de Meadowes. Je veux qu'elle entre dans ce Manoir comme si elle y avait grandi, tu m'entends ?

- Traumatisée, vous voulez dire ? nargua Sirius, l'air renfrogné et provocateur.

Maugrey ne prit même pas la peine de lui répondre. Il continua à les observer, puis son œil magique d'un bleu profond s'arrêta sur elle.

- Evans, tu sais faire du polynectar ? demanda-t-il de but en blanc, la prenant au dépourvu.

- Hum... oui, balbutia-t-elle. En théorie, oui...

- Tu referas les stocks ! Je veux qu'on en ai assez pour le soir de la fête au cas où. Lupin t'assistera et ira acheter ce dont tu as besoin.

Lily hocha la tête vers Remus. S'il lui fallait un assistant, il était le mieux placé pour le rôle.

- Potter, Cassidy, et McKinnon, vous vous occuperez de préparer Meadowes pour qu'elle retienne le nom de chaque invité, de chaque membre des familles proches, de chaque partenaires financiers, de chaque animal de compagnie, vous m'entendez ? Faites de recherches ! (Il fit ensuite volte-face). Et toi, Pettigrew...

Peter se tassa sur lui-même.

- Oui ? dit-il dans un filet de voix.

- Tu sais dessiner les cartes si je me souviens bien ?

- Oh... Oui, oui, c'est ça... J'aime dessiner et je ne suis pas mauvais en cartographie.

- Parfait, tu feras un plan détaillé du Manoir Malefoy en indiquant tous les points d'entrée et de sortie, toutes les pièces, tous les mètres carrés de cette foutue propriété ! Black, tu l'aideras en supervisant le tout, c'est clair ?

Toujours posté près de la fenêtre, Sirius acquiesça, mâchoire crispée. Visiblement, il n'aimait toujours pas l'idée d'être mis à l'écart, mais Lily voyait bien que son rôle de « superviseur » aidait à faire passer la pilule.

Au milieu d'eux, Dorcas était rigide sur sa chaise, comme si elle ne savait soudain pas quoi faire de cette soudaine responsabilité. Lily admira pourtant sa posture, droite et fière, et surtout son visage impassible. Seule l'expérience permettait de percevoir la tension dans ses épaules.

Merlin, leur première mission... songea-t-elle. Emmeline avait raison. Ils rentraient dans la cour des grands. Et comme pour souligner un peu plus cette idée, Fabian reprit la parole avec sévérité :

- N'oubliez pas une chose, déclara-t-il. C'est le règne des mangemorts qui a commencé, mais nous ne sommes pas leurs sujets. (Il marqua une pause, solennel). Nous sommes la révolution.

Lily espéra simplement qu'ils n'y laisseraient pas leur tête...
annabethfan

Profil sur Booknode

Messages : 1490
Inscription : sam. 27 nov., 2010 8:58 pm

Re: Au temps des Maraudeurs [Harry Potter]

Message par annabethfan »

Chapitre XII : L'apprentissage

- Je ne vais jamais retenir tout ça, déplora Dorcas, la tête entre les mains.

- Mais si, regarde, ce n'est pas difficile. Pense aux cartes du ciel en Astronomie.

- J'ai arrêté l'Astronomie après les BUSES.

Marlène grimaça. C'était vrai, Dorcas ne s'était jamais passionnée pour cette matière. Elle n'était pas du genre à être la tête dans les nuages après tout. Si Dorcas Meadowes était quelque chose, c'était bien pragmatique et elle se souvenait qu'elle s'était même moquée d'une fille de Serdaigle plus jeune qu'elles un jour parce qu'elle se trimballait avec un télescope même de jour. Matthew Bones s'était chargé de la défendre – Hanna Faucett était peut-être son nom si elle se rappelait bien – mais Dorcas n'avait pas paru en être très affectée.

Désemparée, Marlène échangea un regard avec Remus par-dessus sa tasse de café. Lui aussi avait les traits tirés et il fit défiler les diverses photos entre ses mains.

- Ils sont tous la même tête en plus, grommela-t-il.

- C'est à cause de la consanguinité, lança Dorcas, hargneuse. Bande de Sang-purs dégénérés.

- Tu sais qu'on est techniquement tous les trois Sang-purs, pas vrai ?

- Remus... Laisse-moi tranquille.

Marlène retint un sourire dépité alors que Remus reposait les photos, défait. En un sens, Dorcas n'avait pas tort. Les Black se ressemblaient souvent d'une façon frappante. Et ce n'était qu'une partie des invités de Narcissa Malefoy pour sa fête de fiançailles. Après eux, Dorcas allait devoir retenir bien plus de noms et de physiques pour pouvoir mener sa mission d'infiltration de façon efficace.

Leur séance de travail de l'après-midi consistait à éplucher le profil des invités les plus importants de la soirée, prévue dans deux semaines. Et force était de constater que les Black avaient dû avoir une carte du ciel sous la main à chaque naissance. Elle ne comptait plus les noms d'étoiles qui s'étalaient sur la table.

- Bon on reprend, dit Remus avec autorité. Allez, concentre-toi. La grand-mère maternelle de Narcissa ?

- Ce n'est pas une étoile, tu triches...

- En fait, il y a presque un piège.

Dorcas plissa les yeux et se mit à réfléchir avec intensité. Marlène vit précisément l'instant où elle comprit l'indice.

- Vesper Rosier ! s'exclama-t-elle. Parce que son nom veut dire « nuit » ou « soirée » en latin !

- Parfait, approuva Remus en souriant. Tu vois, tu y arrives !

Les encouragements n'eurent pas l'effet escompté : Dorcas se rembrunit et se laissa aller contre le dossier de sa chaise.

- Tu ne seras pas là pour me mettre sur la piste pendant la fête...

- Mais tu viens juste de commencer, la consola Marlène. C'est déjà bien ! Leur arbre généalogique est tellement compliqué. (Elle parcourut les photos devant elle, songeuse, et en pointa au hasard d'une femme au menton pointu). Elle ?

- Hum... Callidora ?

- Charis, corrigea une voix derrière eux. Callidora est morte en début d'année d'une crise cardiaque.

Marlène se retourna. Sirius et Benjy venaient de passer le seuil du salon, le premier une cigarette encore au coin des lèvres, le second encore en uniforme de la Brigade. Alors qu'elle renversait la tête en arrière pour que Benjy dépose un baiser sur son front, Sirius se pencha au contraire par-dessus la table pour mieux voir leur « programme de révision ».

- Bordel, les psychopathes, jugea-t-il. Si t'as l'occasion, hésite pas à brûler le Manoir surtout. Et les invités avec.

- Et encore, ce ne sont que les invités du côté de Narcissa, commenta Dorcas. Attends qu'on arrive à ceux de Lucius Malefoy.

Marlène soupira en songeant effectivement à tout le travail qui les attendait encore. Même si elle n'était pas celle qui devait tout retenir, aider Dorcas à se préparer demandait un investissement certain. Quand elle avait objecté face à Maugrey que personne à la fête ne s'attende à ce qu'elle connaisse tout le monde, le célèbre Auror lui avait rétorqué que l'Ordre s'y attendait pour avoir des informations fiables. Marlène supposait qu'il avait raison. Dorcas ne pouvait pas revenir en disant que « la femme aux cheveux noirs » cachait une cave remplis de potions malveillantes à destination des mangemorts sans plus de précision. Autant n'envoyer personne dans ce Manoir.

Positionné dans son dos, les mains sur ses épaules, Benjy lui adressa une pression réconfortante. Elle se força à ne pas se dérober, encore gênée de leurs gestes d'affection en public comme le baiser il y a quelques secondes. Après un troisième rendez-vous concluant en début de semaine, ils avaient décidé de s'afficher plus franchement pour voir où ils allaient, et Benjy s'était montré plus à l'aise envers elle. Même si ce n'était pas désagréable, elle n'arrivait juste pas à trouver cette nouvelle dynamique naturelle, mais elle supposait que ce genre de choses demandait un peu de temps.

- Vous y êtes depuis combien de temps ? s'enquit Benjy, curieux.

- Une heure environ, dit Remus avant de jeter un coup d'œil sur sa montre. Je vais devoir y aller d'ailleurs, je passe récupérer Peter à la poste de Pré-au-Lard. On a promis à Lily d'aller lui acheter les ingrédients dont elle a besoin pour le Polynectar.

- Elle bosse tard à St-Mangouste aujourd'hui ?

- C'est ça. Et James doit passer chez ses parents alors on s'est proposés. Sirius, tu fais quoi toi ?

Tournée vers Remus, Marlène s'étonna de ne pas entendre Sirius répondre à la question de son meilleur ami et elle coula une œillade dans sa direction. Il était toujours penché au-dessus de la table, le regard fixé sur un point précis, et Marlène le suivit avant de se tendre. Sirius contemplait avec attention une des photos. Celle de son frère.

Marlène ne savait pas quel membre de l'Ordre avait réussi à prendre le cliché, mais il devait dater de cet été tout au plus. Les cheveux de Regulus étaient un peu plus longs au niveau des oreilles que la dernière fois qu'elle l'avait vu, le dernier jour à Poudlard. Il se tenait devant la devanture d'un commerce – sûrement sur le Chemin de Traverse – et son visage était figé en un masque d'ennui, comme s'il attendait quelqu'un. Pour la centième fois, elle se fit la réflexion que les deux frères se ressemblaient de plus en plus avec les années, à ceci près que Sirius avait toujours l'air prêt à s'embarquer dans un mauvais coup, là où Regulus aurait été celui qui le démantelait par sa perspicacité.

Avec douceur mais fermeté, Remus tendit la main pour retourner la photo face contre table, la soustrayant avec brusquerie au regard de Sirius. Celui-ci cligna des yeux.

- Quoi ? Désolé, Lunard, tu me parlais ?

- Malgré ta grande capacité à ignorer ce que je dis, oui, répondit-il avec indulgence. Je te demandais ce que tu comptais faire ? Tu viens faire les courses de potions avec Pete et moi ou tu vas chez les Potter avec James ?

- Ni l'un ni l'autre, intervint Dorcas, autoritaire. Tu restes m'aider.

- Je te demande pardon ?

- T'as entendu Maugrey quand on nous a confié la mission ? T'es la pièce maîtresse de ma préparation. Alors allez, mets tes talents à contribution.

Du bout du pied, elle repoussa la chaise en face d'elle sous la table en un geste d'invitation. Sirius se contenta de la dévisager.

- Et si je n'ai pas envie ?

- Alors Gideon t'enverra un maléfice Cuisant en guise de punition, lança Benjy.

Surprise, Marlène releva la tête vers lui et il lui sourit.

- Si tu demandes, oui je parle d'expérience.

- Dur, jugea Remus.

Pourtant, ça ne lui échappa pas qu'il observa à nouveau Sirius, attendant sa décision. Ce dernier grogna, défait, et se laissa tomber sur la chaise qui lui était destiné.

- Très bien, très bien... Vas-y, Lunard, vous arriverez à trouver les ingrédients sans moi. Et si tu croises James, dis-lui que je le rejoindrais à la mai... chez ses parents plus tard.

Malgré son rattrapage, Marlène n'avait pas manqué le presque lapsus de Sirius. Elle ne l'en blâmait pas. Après tout, il avait habité chez les Potter presque deux ans ; ce n'était pas étonnant qu'il considère leur maison comme la sienne. Remus, lui, fit mine de ne rien remarquer et se leva.

- Pas de problème. Dorcas, bon courage !

- C'est ça...

Dès qu'il sortit de la pièce, Dorcas lui jeta un coup d'œil, sourcil dressé.

- Et toi ? voulut-elle savoir. Tu restes avec moi ?

- Je n'ai rien de mieux à faire. Je suis là pour t'aider !

Le léger sourire de Dorcas, signe de reconnaissance, lui fit chaud au cœur, mais elle sentit Benjy piétiner derrière elle, mal à l'aise. Elle mit un temps de retard à se rencontre compte qu'elle n'avait même pas songé au fait qu'il était rentré au QG pour la voir et potentiellement passer du temps ensemble. Elle sentit ses joues s'empourprer.

- Enfin, si ça ne te dérange pas... ? ajouta-t-elle, penaude.

- Pas de soucis, tu fais ce que tu veux, dit-il avec politesse. En attendant, je vais me doucher et voir ce qu'on peut faire pour le dîner. Je vais rester au QG ce soir.

Avec un signe de la main qui devait signifier « à plus tard », Benjy sortit lui aussi du salon, sa carrure imposante jetant une ombre sur le parquet quelques secondes après son départ. Marlène se prit le visage entre les mains, mortifiée, et Dorcas et Sirius éclatèrent de rire.

- Oh Merlin, tu me ferais presque de la peine, se moqua son amie.

- Dorcas...

- Le pauvre, tu ruines tous ses efforts ! Même Lily comprenait plus les tentatives de rapprochement de James.

- C'est toi qui voulait que je reste !

- J'avoue, j'ai parlé trop vite. Mais je ne sors pas avec lui, moi.

Marlène retint le « moi non plus » qui monta spontanément à ses lèvres. Elle supposait que vu tous leurs rendez-vous et leur proximité soudaine, elle sortait en quelque sorte avec Benjy. Sirius se chargea d'enfoncer le clou. Il se balança sur sa chaise et lâcha, amusé :

- Et en plus il a dit qu'il restait dormir au QG ce soir. Il espère peut-être que...

- Je rentre dormir chez mes parents ce soir, coupa Marlène, paniquée.

Sa voix qui dérailla provoqua à nouveau l'hilarité de Dorcas et Sirius et elle enfouit son visage brûlant derrière ses mains. Elle aurait tout donné pour avoir la douceur et le réconfort de Lily à cet instant plutôt que ces deux idiots.

- On se moque de toi, Marlène, allez, la rassura Dorcas. Benjy ne voulait pas dire ça, tu le sais. A la limite, il espère sûrement que tu restes au moins dîner pour pouvoir passer du temps avec toi.

- Je sais...

- Alors arrête de faire ton effarouchée.

Le ton sarcastique – bien que teinté d'un fond de vérité qui la dérangea – la fit enfin réagir.

- Bon, on a assez perdu de temps, déclara-t-elle en attrapant une photo sur la table. On reprend ta formation spéciale « fête de Sang-pur ». Qu'est-ce que tu peux me dire sur lui ?

- La Grande Ours ? tenta Dorcas avec humour.

- Ils ne sont pas encore timbrés à ce point, dit Sirius en roulant des yeux. C'est Cygnus, le père de Narcissa. Un misogyne de première. Il n'a jamais digéré que sa sœur soit plus puissante que lui en tout, ni le fait d'avoir eu seulement des filles et donc de ne pas avoir transmis son nom.

- Sa sœur... Donc ta mère ? comprit Marlène avec un temps de retard.

Le regard de Sirius se fit à nouveau lointain, comme s'il était le seul à voir les visages dont il parlait, pareils à des fantômes qui s'agitaient devant lui. Il serra les mâchoires.

- La Harpie en personne, confirma-t-il en attrapant une photo près de lui avant de la jeter au centre d'un geste désinvolte. Une folle de première, mais une folle puissante, je peux lui accorder ça.

Presque avec crainte, Marlène osa croiser le regard de la Walburga Black de la photographie. Elle portait une lourde robe noire à bouton, sa chevelure relevée en chignon élaboré, ce qui dégageait son profil aux traits marqués. Sa bouche formait un pli sévère, mais on devinait une beauté fané, encore présente grâce au charisme qui émanait d'elle. Sirius avait raison. Elle dégageait une sorte de puissance effrayante.

- Je devrais connaître qui d'autre ? demanda Dorcas, méfiante.

- Hum...

Sirius prit quelques secondes pour sonder les photos qui jonchaient la table, puis il en pointa une. Elle représentait une femme qui devait avoir le même âge que Walburga Black et qui partageait la chevelure de jais de la famille, à ceci près qu'elle les portait détaché, comme une cascade sombre venant encadrer une moue mutine et des yeux trop maquillés pour une femme de cet âge.

- Lucretia, déclara Sirius. Fais attention à elle.

- Pourquoi ?

- Parce qu'elle a l'air moins dangereuse que les autres et pourtant elle est une des pires. Elle se donne des airs d'éternelle jeune fille, mais elle est aussi vicieuse qu'une vipère. Je pense qu'elle aime combler l'ennui de sa vie de riche aristocrate en provoquant des scandales et en se nourrissant de ragots. Elle risque de repérer le moindre grain de sable pendant la soirée.

- Et donc me repérer si je fais le moindre faux pas...

- C'est l'idée.

- Merlin...

Dorcas se passa une main sur le visage, l'air soudain inquiète.

- Je suis complètement hors de mon domaine là... A quoi ils pensaient en m'envoyant là-bas ?

- Tu seras invitée.

- Marlène aussi, pourtant elle n'y va pas ! Je ne suis même pas sûre qu'ils s'attendent à ce que je me pointe, j'ai juste reçu une invitation parce que mon père à fait fortune en faisant de bons investissements...

- Pour eux, la richesse est un critère déterminant.

- Le statut aussi. Je ne fais pas partie de ce cercle, on le sait tous les deux.

Marlène assista alors au regard chargé de sens qu'échangèrent Dorcas et Sirius. A leur expression, elle comprit que tous les deux savaient que la jeune femme disait vrai. Ils n'appartenaient pas au même monde et pourtant Dorcas allait être amenée à y évoluer toute une soirée.

- Raison de plus pour bosser, intervint-elle avec entrain pour remonter leur moral. Allez, on y retourne !

**

*

Ils y passèrent encore une heure. Marlène avait l'impression de devoir faire rentrer de force des informations, des liens familiaux, et des noms dans l'esprit de Doras. Cette dernière s'évertuait à engranger tout ce qu'elle faisait avec l'aide de Sirius et finit par réussir à citer chacun des invités Black par cœur. Marlène devait avouer qu'elle était proche d'y parvenir aussi tant elle avait fait répété Dorcas.

Fatiguée et la tête douloureuse, elle se décida finalement à faire une pause et laissa les deux autres dans le salon pour rejoindre la cuisine. Benjy y était déjà en train de mettre la table.

- Eh... souffla-t-il. Alors ? La leçon est apprise ?

- Une partie en tout cas. On a encore un peu de temps.

- C'est déjà bien. (Il eut un sourire rassurant). T'en fais pas, ça paraît toujours impressionnant la tonne d'informations à retenir au début, mais ça devient une gymnastique mentale à force. Et puis, c'est ce qui permet de bien réaliser nos missions.

Curieuse, Marlène vint s'assoir près de lui alors qu'il continuait à installer les couverts.

- T'en as déjà fait, toi ? demanda-t-elle Des infiltrations ?

- Quelques-unes. Chez les Yaxley notamment.

- Sérieusement ?

- Ouais... Caesar Yaxley donnait une garden party pour l'anniversaire de son fils, Malcom. C'était l'année dernière.

- Mais ils ne t'ont pas remarqué... ? Tu sais, comme tu es...

« Sang-mêlé » n'osa-t-elle pas achever. Benjy afficha un sourire tordu et ironique avant d'éteindre le feu sous la casserole qui mijotait d'un coup de baguette.

- J'étais sous polynactar. J'avais pris l'apparence d'une cousine allemande à eux. D'après les sources qu'on avait, elle n'était plus venue en Angleterre depuis des années. Ils se souvenaient si peu d'elle que ça n'a pas été dur de l'imiter. (Il grimaça). A part le corset à porter toute la journée, ça je m'en remets pas.

Marlène cacha son sourire derrière sa main.

- Parce qu'elle portait un corset en plus ?

- Je sais, les sang-pur sont tarés. Il faudrait passer au XXe siècle à un moment, mais tu les connais.

- Eh, je suis sang-pur je te ferais dire.

- Sang-pur aristo alors, corrigea-t-il.

Elle lui accorda la nuance avec un hochement de tête appréciateur. Satisfait, Benjy se détourna pour enlever sa casserole d'eau du feu et verser les pâtes dans un immense saladier. Les quantités de nourriture dont ils avaient besoin pour nourrir des garçons dans la fleur de l'âge ne cessaient jamais d'étonner Marlène. Elle se demandait même comment Peter ne s'étouffait pas parfois, ni comment Remus arrivait à rester aussi mince alors qu'elle-même devait avoir pris deux kilos rien qu'en regardant Benjy ajouter la sauce tomate.

Soudain une pensée lui traversa l'esprit.

- Et la fameuse cousine allemande des Yaxley, entonna-t-elle en fronçant les sourcils, qu'est-ce que vous faites si quelqu'un lui parle un jour de la fête d'anniversaire à laquelle elle n'est jamais allée ? Ce n'est pas risqué ?

- On avait prévu le coup. Fabian avait réussi à lui faire boire une potion de sommeil à son insu, j'ai pris sa place et après on... infiltré quelques flash de la journée dans son esprit.

Marlène cligna des yeux, hébétée.

- Infiltré... Attends, vous voulez dire que vous avez trafiqué sa mémoire ?

- J'en suis pas fier... mais oui. C'était le seul moyen de ne pas se faire prendre et d'assurer nos arrières.

- Mais c'est illégal !

Benjy lui renvoya un regard à mi amusé mi condescendant, son bol de pâtes entre les mains.

- Tu sais que techniquement faire partie de l'Ordre est illégal en soi, pas vrai ?

- Je... oui, oui, mais... Ce n'est pas la même chose ! On parle de falsifier les souvenirs de quelqu'un, de jouer avec sa mémoire et son esprit ! Si quelque chose avait mal tourné, vous auriez pu la rendre folle !

- On sait, c'est pour ça que Fabian s'en est chargé. Il est Inventeur de sort à l'Iris au département Sortilège. Tu sais, sous les ordres de Caradoc. Leur expertise à tous les deux est précieuse pour ce genre de choses.

Profondément mal à l'aise, Marlène continua à dévisager Benjy. Que Caradoc et Fabian soient des sorciers brillants et des chercheurs éminents n'y changeaient rien... La falsification de l'esprit par la magie restait une branche fortement controversé, a fortiori l'implantation de souvenirs qui n'était qu'expérimental. De quelle information déterminante avait bien pu avoir besoin de l'Ordre pour prendre un tel risque ? Et surtout... est-ce que n'importe quelle information – aussi importante soit-elle – justifiait vraiment un acte aussi immorale ?

La mémoire était une chose intime, une part intégrante de l'esprit et donc de la personne qu'on était. Marlène aurait détesté qu'on touche à la sienne, même pour simplement implanter le souvenir d'une journée banale. Surtout que l'implantation pouvait mal prendre et alors la pauvre fille avait dû avoir l'impression d'avoir « vécu » cette journée comme dans un brouillard.

- Je vois bien à ta tête que tu désapprouves, lança soudain Benjy. Je sais que ce n'est pas idéal mais...

- Pas idéal ? répéta-t-elle, indignée. Vous avez pris un risque énorme ! Et pour quoi en plus ? Caesar et ses fils sont encore dans la nature à ce que je sache. Je suis même presque sûre que Malcom et Corben sont des mangemorts à part entière !

- Mais justement, ce n'étaient pas eux qui nous intéressaient ce jour-là.

- Quoi ?

- C'était la nièce. Elizabeth Yaxley.

Surprise, Marlène eut la vision de son ancienne camarade de Serpentard. La première chose qui lui revint fut sa silhouette au centre du terrain de Quidditch le jour où son épouvantard avait pris la forme de Gemma Ackerley. Benjy devait avoir eu vent de cet épisode car il reposa le pot de sauce tomate avec un peu de trop violence.

Elle déglutit et croisa ses mains sur la table, consciente d'être revenue sur un terrain glissant.

- Celle...

- Celle qui était fiancée avec Rosier et a pris la fuite après le meurtre de Gemma, oui, cracha-t-il.

- Benjy...

- On l'a soupçonné de se rapprocher des mangemorts de manière anormale. D'habitude, ce sont plus des hommes qui intègrent leur rang et là elle était tout juste majeur, à peine fiancée à Rosier.

- Elle était enceinte, bientôt en disgrâce...

- On l'a appris plus tard ça. A la fin de la journée à vrai dire. On a aussi appris qu'elle devait passer une espèce de cérémonie d'initiation avec un autre élève et on voulait l'empêcher...

L'estomac de Marlène se retourna. En écho, elle se souvint d'une conversation dans une salle de classe au vieux canapé vert qui avait eu les couleurs des aveux... Ce jour-là, elle avait appris que Regulus et Elizabeth avaient été conviés pour faire leur cérémonie d'initiation, mais qu'un seul des deux était allé au bout. La même sensation d'étouffement et de vertige qu'elle avait ressenti la première fois que Benjy lui avait parlé de sa relation avec Gemma l'étreignit à nouveau. Elle chercha son souffle, tremblante, et se força à rester immobile. Benjy, lui, ne la regardait plus : il avait les yeux rivés sur un point au-delà de la fenêtre, sûrement perdu dans les landes irlandaises.

- On n'a pas réussi à savoir où la cérémonie aurait lieu, reprit-il d'une voix sourde. Si on avait su... On aurait pu sauver Gemma.

- Elle a été tuée là-bas ?

Elle posa la question en connaissant sa réponse. Glacée, elle vit Benjy se retourner enfin vers elle, une lueur hantée dans ses prunelles couleur écorce.

- C'est ce qu'on suppose... Elle a disparu un jour avant et on a retrouvé son corps sur les quais de la Tamise. Un Impardonnable apparemment, il n'y avait pas d'autres causes possibles de décès. Je n'étais pas sûre de l'identité de son meurtrier avant que la nièce Yaxley ne se trahisse pendant le Tournoi de Poudlard. (Il déglutit, puis vint s'assoir en face d'elle, tendu). Si j'avais réussi à obtenir plus d'informations le jour de la garden party... peut-être que...

- Arrête. Tu ne peux pas penser comme ça... C'est une des premières choses qu'on a nous a appris au début de l'entraînement, non ? Tu ne peux pas refaire les choses avec des « et si ».

Au fond d'elle, Marlène eut l'impression de parler comme Lily et son éternel regard optimiste sur les choses. Elle supposait qu'elles n'étaient sans doute pas différentes dans leur caractère, à ceci près qu'un feu intérieur animait Lily. Elle-même n'était pas sûre de le posséder, pas encore, et d'ailleurs Benjy ne parut pas bien convaincu par son conseil vide de sens. Après tout, elle ne faisait qu'énoncer une platitude tout en sachant pertinemment que Gemma Ackerley n'avait pas été tuée par Elizabeth Yaxley.

- Tu sais ce qui m'énerve en plus... ? dit soudain Benjy, poing crispé près de sa main ouverte sur la table.

- Non ? souffla-t-elle.

- Elle va sûrement s'en sortir. A part ce que j'ai entendu à cette garden party – de manière illégale donc – on a aucune preuve. Ni les Aurors, ni la Brigade. Yaxley doit avoir quitté le pays si elle n'est pas idiote et le dossier va finir classé d'ici la fin d'année. Et Gemma n'aura jamais de justice.

- Benjy...

- Moi à la limite j'ai l'habitude. Avec la Brigade et l'Ordre, tu sais, ça fini par endurcir. Mais je pense à ses parents et à son frère. Ils veulent une réponse...

- Oui, Tiberius était affecté... Il voulait rejoindre l'Ordre...

Benjy se pinça l'arrête du nez, expirant de dépit.

- Je sais. Il voulait même arrêter Poudlard et ne pas faire sa dernière année pour venir nous aider. J'ai convaincu Maugrey de ne pas le laisser faire, et heureusement Dumbledore était d'accord avec moi. Bones aussi.

- Si on commence à accepter des gens qui n'ont pas fini leur étude, ça irait trop loin, jugea Marlène. Mais c'est bien que tu continues à veiller sur lui, il en a besoin...

Il haussa les épaules.

- Je peux au moins faire ça en l'honneur de Gemma.

Le nom de la jeune femme décédée convoqua un silence respectueux. Le visage grave, Benjy la regardait maintenant bien en face et elle se sentit rougir lorsqu'il desserra enfin son poing pour venir glisser ses doigts entre les siens. Le cœur affolé, elle contempla leurs mains jointes entre eux. La paume de Benjy dégageait une chaleur réconfortante et elle pouvait sentir les calles qui marquaient sa peau, signe de son entraînement intensif aussi bien au sein de la Brigade que de l'Ordre. Les callosité de ses mains marquaient presque un décalage avec ses traits encore juvénile, même si ses yeux bruns écorce traduisaient son expérience de la vie.

Pour la première fois, Marlène entrevit Benjy dans toute sa complexité et pas seulement à travers l'image de gendre idéal qu'il s'efforçait de renvoyer. Après tout, il avait été blessé, fissuré et abîmé lui aussi... Comme tant d'autres pendant cette guerre. Marlène était presque découragée face aux corps et aux esprits esquintés qu'elles devinaient depuis plus de deux ans. Regulus en avait fait partie à sa manière, Sirius aussi évidemment, mais également Fleamont Potter, Tiberius Ackerley, Lily, Mary McDonald...

Elle secoua la tête. Elle n'avait pas le droit d'être découragée maintenant, pas alors qu'elle venait d'entrer dans l'Ordre et n'avait même pas encore réalisé une véritable mission à proprement parlé.

- Ah c'est de retour... commenta Benjy, presque amusé.

Elle le fixa, perplexe.

- Qu'est-ce qui est de retour ?

- Ce que j'ai perçu chez toi et que j'ai aimé tout de suite. Ta compassion et ta volonté.

Immédiatement, elle retint un mouvement de recul, les joues rouges.

- Quoi ? fit-elle d'une voix bien trop aigue. Arrête...

- Non, je suis sérieux. T'avais l'air prête à t'effondrer il y a quelques minutes – et désolée, je sais que je ne devrais pas mettre le poids de la mort de Gemma sur toi – mais d'un coup tu t'es repris. (Il émit une pression douce autour de sa main et sourit un peu plus). Je ne sais pas ce qui se passe dans ta tête, Marlène McKinnon, mais en tout cas ça doit être intéressant.

Au fond d'elle, elle ne put s'empêcher de trouver le compliment agréable, même si elle demeurait gênée. Benjy n'était pas le premier à louer sa volonté : les frères Prewett et Emmeline avaient tenté de l'encourager en le soulignant aussi pendant l'entraînement. C'était pourtant quelque chose dont elle ne se serait pas crue capable il y a quelques années. Elle n'était pas comme Lily, Dorcas ou Alexia. Trop timide, trop réservée, trop ronde, trop effacée... Mais elle prenait confiance. Elle commençait à réaliser qu'elle n'avait pas à leur envier leur puissance magique, bien au contraire, ni leur personnalité ou leur beauté.

- Et dans ta tête à toi ? répliqua-t-elle, audacieuse. Qu'est-ce qui se passe ?

- Tu veux vraiment savoir ?

Il y avait une sorte de défi dans la voix de Benjy. Un défi doublé d'un éclat espiègle au fond de ses yeux et il fit parfaitement passer le message de ses intentions. Elle sentit son souffle se bloquer une seconde. Peut-être que c'était le moment... Elle n'était pas une Gryffondor pour rien après tout.

- Je veux, oui...

Elle remercia Merlin que sa voix n'ait pas tremblé. En face d'elle, Benjy la scruta encore un instant, comme pour s'assurer qu'elle était sûre de ce qu'elle affirmait et elle redressa le menton pour se donner un air affirmé. Alors seulement, il se pencha avec lenteur. Il lui laissait la possibilité de refuser.

Nerveuse, elle ne sut pas pendant une seconde où poser ses yeux tant Benjy était désormais proche et, faute de mieux, elle se décida à les fermer. Guidée par son instinct, elle se pencha à son tour... et rencontra Benjy. Ou plutôt, ses lèvres rencontrèrent celles de Benjy. La sensation était familière et étrange à la fois. C'était une bouche contre la sienne, légère et chaude, qui réduisait son champ de perception à cette seule expérience à l'exception de son cœur battant. Embrasser Benjy n'avait rien à voir avec son baiser avec Regulus. Ce dernier avait été chargé de regrets et d'aveux impossibles, celui-ci avait le goût d'une échappée et d'une fuite en avant. Visiblement encouragé par ses réactions, Benjy accentua un peu plus la pression et elle dût admettre que ce n'était pas désagréable. Elle remonta sa main – qui avait été jusque là nouée avec la sienne – le long de son bras pour la poser contre son cou. Elle pouvait sentir sa barbe naissante sous ses doigts et surtout son pouls qui battait la mesure sous sa peau. Elle se mit à mouvoir ses lèvres en concert avec les siennes dans un ballet désorganisé. A vrai dire, elle n'était même pas sûre de bien s'y prendre, mais après tout Alexia avait bien dit que « personne ne sait embrasser, on comprend juste au bout d'un moment ». Marlène aimait au moins l'idée de passer un moment à comprendre, juste pour sentir la façon dont Benjy semblait littéralement attiré vers elle.

Finalement, il fut le premier à reculer, l'air prudent. Son sourire s'était accentué.

- Alors... ? murmura-t-il. Ça va ?

- Disons que c'est une expérience qui pourra être reconduite, dit-elle avec humour.

Benjy éclata de rire.

- Ravie de le savoir, McKinnon.

Instinctivement, elle sentit son sourire se figer sur ses lèvres.

- Marlène, corrigea-t-elle. Je préfère Marlène.

« McKinnon » avait été réservé à Regulus quand elle l'exaspérait ou au contraire quand il laissait filtrer sa tendresse pour elle. C'était devenu un code entre eux. Heureusement, Benjy ne sembla pas s'en formaliser, inconscient de son trouble.

- Parfait alors... Marlène.

Et il ponctua sa phrase d'un léger baiser volé. Elle renversa la tête en arrière, amusée, juste au moment où Sirius et Dorcas arrivèrent brusquement dans la cuisine. Ils traînaient tous les deux les pieds.

- Elle a la mémoire d'un strangulot ! dénonça-t-il.

- C'est faux, c'est ta famille qui a beaucoup de trop de membres ! Vous n'avez jamais entendu parler de la contraception ?

Marlène ne put retenir son éclat de rire, suivi de Benjy. Celui-ci secoua la tête.

- Je pense surtout qu'il est temps que vous fassiez une pause. Venez, j'ai cuisiné.

- Des pâtes bolognaise ? reconnu Dorcas. Benjy, tu as ma reconnaissance éternelle !

- Rien que ça ! (Il leva les yeux vers la fenêtre). Ah tiens, voilà la cavalerie. Dépêche-toi de te servir avant que Potter ne se jette dessus.

Effectivement, quelques minutes plus tard, James, Peter, et Remus étaient assis autour de la table avec eux, une montagne de pâtes dans leur assiette respective. Dorcas louchait d'ailleurs sur la casserole au centre de la table, comme si elle veillait à ce qu'il lui en reste assez pour se resservir. Une bulle joyeuse dans la poitrine, Marlène observa tout leur petit groupe, ravie d'être restée dîner.

- Alors ? demanda-t-elle en se tournant vers Peter qui était son voisin de table. Vous avez trouvé les ingrédients que Lily voulait ?

- Ouais, répondit-il, la bouche pleine de sauce tomate. On a dû faire trois apothicaires et on a fini par trouver chez le nouveau sur le Chemin de Traverse, tu sais le vieux Nolan O'Neil ? Son gamin est resté dans mes jambes... Enfin, de toute façon, elle a encore du polynectar, ça sera juste pour augmenter le stock.

Au bout, Remus approuva avant de s'adresser à Dorcas.

- Et alors toi ? Les révisions ?

- M'en parle pas... En plus des noms, j'ai l'impression de devoir retenir trois cents codes et coutumes. Tu sais que je dois apprendre à faire la révérence ?

- Mais non ! s'esclaffa Peter. C'est juste une blague, pas vrai ?

Pour toute réponse, Dorcas pointa Sirius du bout de sa fourchette.

- Non, pas d'après lui.

- Mais... sérieusement ?

Renversé contre le dossier de sa chaise, Sirius prit le temps de boire une gorgée de vin – qu'ils avaient potentiellement piqué dans la réserve personnelle de Gideon – avant de répondre.

- Malheureusement oui... Je vous dis, c'est un autre monde dans ce manoir. Révérence, danse de bal, étiquette de table. La totale.

- Etiquette de table ?

- Tu ne manges pas avec n'importe quelle fourchette, expliqua-t-il sur le ton de l'évidence. Il y a un ordre.

Marlène haussa les deux sourcils, surprise. Elle avait cru que ce genre de choses s'étaient arrêtées au siècle dernier. James se mit à rire.

- Une vraie révérence ? lança-t-il, hilare.

- T'arrives à en faire des fausses, toi ? rétorqua Sirius.

Il n'en fallu pas plus à James. Il bondit sur ses pieds et entreprit de faire une révérence exagéré vers eux. Peter manqua de s'étrangler avec sa bouchée de pâtes et Remus cacha son sourire derrière ses mains, l'air gêné d'avoir des amis pareils. Dorcas, elle, entra dans son jeu.

- Mônseigneur, attendez, proclama-t-elle d'une voix noble.

Et elle fit aussi une révérence dans sa direction, courbant les genoux et déployant sa robe de sorcière. Marlène roula des yeux.

- Vous la faites très mal, les informa Sirius, amusé.

- Tu remets en cause nos manières, Patmol ? Fais attention ou je te provoque en duel !

James fit mine de brandir une épée imaginaire, indigné, et tout le monde éclata de rire.

- Black, vas-y, montre-nous, enjoignit alors Benjy. Je veux voir une révérence dans les règles de l'art !

- Certainement pas.

- Oh allez, encouragea Marlène. Pour que Dorcas apprenne !

- Je veux voir aussi ! renchérit Remus.

Sirius lui jeta un regard noir, mais à eux deux ils lui rendirent une expression pleine d'espoir et d'innocence. Il grogna.

- Je vous déteste... grommela-t-il en se levant.

James poussa un cri de victoire et lui céda la place. Avec Dorcas, ils l'encadrèrent pour prendre exemple sur lui, attentifs, et Sirius attendit qu'ils soient en place pour commencer à expliquer en faisant sa meilleure imitation de McGonagall.

- Essayons de faire rentrer quelque chose dans vos têtes de babouins braillards et empotés, dit-il avec un accent écossais approximatif. D'abord, c'est différent pour les hommes et les femmes. Ensuite, vous n'avez pas besoin de vous pencher jusqu'au sol, vous n'êtes pas des elfes de maison. Et surtout, il faut avoir une certaine élégance.

Il prononça le dernier mot de telle façon à ce que tout le monde comprenne ce qu'il pensait : ils en étaient dépourvus. James et Dorcas pouffèrent comme des gamins. Puis, avec précision, Sirius effectua donc une révérence parfaite. C'était presque étonnant à voir tant il avait cherché pendant des années à déconstruire la façon de bouger qu'on lui avait enseigné. A croire que les automatismes ne se perdaient pas tant que ça...

Impressionnée, Marlène se mit à applaudir avec les garçons tandis que Dorcas et James tentaient de l'imiter. La première perdit l'équilibre et fit un pas en avant, le second avait l'air d'avoir avalé son balai tant il était raide. Ils se remirent à rire.

- C'est pas gagné, jugea Benjy. Reprenez plutôt des pâtes.

Les trois se rassirent. Sirius finit son verre de vin en une longue gorgée, puis leva les yeux au ciel.

- Hâte de devoir leur apprendre la valse... marmonna-t-il.

- La quoi ? s'étrangla Dorcas.

Son expression paniquée les fit repartir tous dans un fou rire. Décidément, Marlène ne regrettait vraiment pas d'être restée ce soir.
annabethfan

Profil sur Booknode

Messages : 1490
Inscription : sam. 27 nov., 2010 8:58 pm

Re: Au temps des Maraudeurs [Harry Potter]

Message par annabethfan »

Salut tout le monde ! Désolée de poster si tard, mais ça a été une journée horrible... Après 1h30 chez SFR, définitivement des blaireaux, j'ai enchaîné avec des heures de transport tout ça pour dix minutes de rdv médical où j'ai eu l'impression d'être à peine écoutée. Bref, vraiment un coup au moral.

Heureusement, j'ai terminé en allant au cinéma voir Notre-Dame Brûle ! Un chef-d'oeuvre magnifique, je vous encourage à aller le voir, surtout que les places de cinéma sont à 4 euros cette semaine ^^ La mise en scène est entre documentaire et film, les images sublimes, j'en ai eu les larmes aux yeux et des frissons !

Et sinon, voici le chapitre de cette semaine. J'emprunte évidemment le titre à la fameuse chanson de Sardou, n'hésitez pas à aller l'écouter ^^


******************************************************

Chapitre XIII : Mes chers parents je vole

James ne se lassait pas de revenir à Godric's Hollow. Le village l'avait vu grandir et il n'y avait pas une ruelle ni une maison qui ne lui était pas familière. A chacune de ses visites, il avait l'impression de laisser la guerre derrière lui pour quelques heures, comme si le temps s'était suspendu. Rien ne pouvait lui arriver ici. Après tout, il avait joué à pourchasser des dragons imaginaires sur la place principale et il avait toujours gagner contre eux.

Les mains plongées dans ses poches, il observa les couleurs des arbres. Octobre était bien entamée et avait paré les feuilles de nuances rouge, orange et jaune qui se mêlaient dans le soleil automnal. Le village n'était jamais plus beau qu'en cette période. Il aurait aimé que Lily soit avec lui, mais il se refusait à la faire venir lors de ses visites à ses parents. En tant que née-moldue, elle n'avait pas attrapé la dragoncelle petite et ça aurait été un risque trop important de l'y exposer. Il savait qu'elle avait entamé un traitement préventif développé par la sorcière Gunhilda de Gorsemoor il y a plusieurs siècles à Ste-Mangouste puisqu'elle était en première ligne en tant qu'apprentie médicomage, mais il préférait rester prudent. Il valait mieux que son système immunitaire intègre la maladie sans qu'elle ne la développe grâce au remède plutôt qu'elle ne l'attrape violemment lors d'une visite au Manoir Potter.

De toute façon, elle travaillait justement aujourd'hui. Parfois, il ne savait pas comment elle arrivait à tenir le rythme entre sa formation et les entraînements de l'Ordre. Il espérait que Maugrey en tiendrait compte quand il commencerai à leur attribuer des missions. Lily pouvait très bien gérer les stocks de potions pour l'Ordre et servir de contact au sein de Ste-Mangouste, il y avait d'autres personnes plus disponibles pour les missions qui prenaient du temps. Des personnes comme Sirius, Dorcas ou lui-même.

En songeant à ses amis, il les revit il y a vingt minutes quand il était parti du QG et retint un sourire. Sirius essayait d'apprendre à Dorcas à différencier les services de table compliqués utilisés par les sang-purs avec les fourchettes et couteaux dépareillés du QG. Autant dire que la perplexité semblait s'être collée en expression permanente sur le visage de Dorcas.

- James Potter ! héla soudain une voix. L'enfant prodige serait de retour au bercail ?

Surpris, James se retourna. Il aurait reconnu cette voix rauque et autoritaire n'importe où et il tenta de prendre un air d'enfant sage alors que Bathilda Tourdesac clopinait vers lui. Agée de presque soixante-dix ans aujourd'hui, elle avait toujours une allure vigoureuse et elle vint se planter de lui, traînant son chariot de course dans son sillage.

- Madame, ravie de vous revoir, dit-il avec politesse.

- Ne me sers pas du « madame » maintenant, gamin. Je ne me fais plus d'illusion sur toi depuis que tu as lancé un souafle dans mes fenêtres !

- J'avais sept ans, se défendit-il. Y'a prescription non ?

- Ce sont mes fenêtres, c'est moi qui juge s'il y a prescription ou non, tu m'entends ?

James leva les mains, vaincu, et les yeux de Bathilda pétillèrent de malice.

- Je suis contente de te voir, reprit-elle après un court silence. J'ai l'impression de ne plus t'avoir vu depuis une éternité.

- J'étais souvent à Poudlard.

- Je sais, je sais... Tu as passé tes ASPIC alors ?

- Deux Optimals, trois Efforts Exceptionnels et un Acceptable, énuméra-t-il avec fierté.

Bathilda le toisa, peu impressionnée.

- J'espère qu'un de ces deux Optimals était en Histoire de la Magie ?

- Hum... je...

Son manque de réponse parut être une réponse suffisante pour elle.

- Je vois.

- Mais votre bouquin était vraiment intéressant, tenta-t-il de se rattraper.

- Mon « bouquin ». Ah, James, si je ne te connaissais pas depuis que tu sais marcher je te ferai avaler ce bouquin comme tu dis ! Un peu de respect pour mes écrits, petit impertinent.

- Oui madame.

Il lui fit son plus beau sourire d'enfant terrible et elle secoua la tête. Ses cheveux, qui avaient entièrement virés au gris désormais, avaient la même couleur que le ciel de plomb au-dessus d'eux. C'étaient dans ces moments-là qu'il se rendait compte que le temps passait : ils avaient beau tous les deux jouer leur rôle, James n'était plus le petit garçon espiègle du village et Bathilda ne rajeunissait pas.

Peut-être qu'elle aussi se faisait le même constat car elle eut une expression soudain plus mélancolique. Elle pencha alors la tête sur le côté et son sourire se fit plus compatissant.

- Comment vont tes parents ? souffla-t-elle.

James sentit son propre sourire mourir sur ses lèvres. Il se passa une main nerveuse dans les cheveux avant d'arrêter son geste en plein mouvement, conscient que sa mère lui ferait certainement une remarque s'il arrivait décoiffé.

- Je viens leur rendre visite justement, avoua-t-il. Ils tiennent le coup... Mais papa est plus affecté, la maladie progresse rapidement.

- La dragoncelle est vraiment une harpie. Le pauvre ! Et Euphemia ?

- Elle attend les résultats de ses analyses. Elle ne l'a pas encore contractée officiellement, mais le virus peut rester en latence quelques jours avant de se déclarer. C'est une question de temps comme elle persiste à vouloir rester à son chevet.

- Une femme courageuse, ta mère, très courageuse, jugea Bathilda, l'air triste.

James déglutit.

- Je crois qu'elle veut surtout éviter à papa d'être hospitalisé, avoua-t-il, un poids dans la poitrine. Il a du mal à marcher maintenant, si elle ne s'occupait pas de lui, il ne pourrait pas rester tout seul.

- Et ça ne doit pas être facile pour un homme comme lui, n'est-ce pas ?

La question n'appelait pas de réponse. Ils savaient bien tous les deux que Fleamont Potter devait trouver la situation insupportable. Il avait dû prendre sa retraite de manière anticipée : on ne passait pas second en chef du Bureau des Aurors à malade assigné à domicile sans difficultés. Là encore, Bathilda parut comprendre les mots qu'il ne prononçait pas et elle lui laissa un temps de silence pour encaisser le tableau qui se déroulait dans leur esprit respectif.

Après tout, ils savaient tous les deux que la prochaine fois qu'ils se reverraient, ils seraient peut-être autour d'une tombe... L'idée même lui donna la nausée. Heureusement, Bathilda reprit ses questions, chassant ses pensées macabres :

- Et toi alors ? voulut-elle savoir. Qu'est-ce que tu deviens ? Je pensais te voir en une de tous les magazines de sport ! La nouvelle recrue prometteuse d'un club de Quidditch !

James esquissa un sourire. Il imaginait mal la vieille historienne feuilleter les magazines sportifs spécialisés, mais se la représenter en train de le faire pour lui le toucha étrangement. Il haussa les épaules.

- C'était seulement une idée... J'ai changé d'avis. J'aurais aimé être joueur de Quidditch, mais je ne suis pas sûr que j'aurais eu le niveau pour avoir une carrière en pro. Pas en première division.

- Tu n'as pas essayé. Poudlard est une chose, mais avec un peu d'entrainement et de temps, je suis sûre que tu aurais pu !

Elle avait peut-être raison, même si elle n'y connaissait pas grand-chose. S'il avait décidé de se lancer dans le Quidditch, il aurait pu être formé dans une équipe de réserve d'un bon club. Certains recruteurs avaient eu leurs yeux sur lui en dernière année, mais James n'avait pas pris le temps de leur accorder un seul rendez-vous.

Être joueur en réserve supposait prendre le temps de se former et justement il avait l'impression que c'était précisément la chose dont il manquait. Qui avait du temps ? Qui pouvait avoir le temps alors même que la magie noire gagnait du terrain et menaçait le monde tel qu'il le connaissait ?

La futilité d'un projet pareil l'avait frappé juste avant son entretient d'orientation avec McGonagall l'année dernière et il ne regrettait pas sa décision. Personne ne pouvait lui assurer qu'il aurait eu le talent nécessaire, ni la persévérance. S'il devait faire une prédiction, Artemisia Meadowes était peut-être celle qui pouvait avoir un avenir brillant dans le Quidditch. Lui ? Il était plus utile ailleurs.

Seulement, il se voyait mal l'expliquer à Bathilda et celle-ci plissa les yeux en constatant qu'il ne s'expliquait pas davantage.

- Très bien, si tu ne veux plus être joueur de Quidditch, ça sauvera au moins mes pauvres carreaux de tes souafles perdus. Mais ça ne me dit pas ce que tu fais ?

- Oh... C'est compliqué...

Cette fois, il se passa une main dans les cheveux sans réussir à se retenir. Peut-être qu'il aurait dû se préparer à cette question. C'était même idiot de sa part et de celle des frères Prewett de ne pas l'avoir anticipé. Il ne pouvait pas décemment dire à Bathilda qu'il était entré dans une organisation secrète et illégale pour aider Dumbledore à lutter contre Voldemort. La veille femme était peut-être une voisine qu'il tenait en haute estime, mais elle travaillait pour le Ministère et il ne connaissait rien de ses opinions sur la guerre en cours.

- Disons que je me suis engagé pour la population sorcière, éluda-t-il.

- Une sorte d'activité caritative ? Comme ce que faisait ta mère quand elle était bénévole ?

- Un peu, oui...

En vérité, sa mère avait surtout apporté des plats cuisinés à St-Mangouste et donné de son temps à des sorciers ou des sorcières âgés qui n'avaient pas d'elfes de maison pour les aider. Autant dire qu'il était loin de faire la même chose, à part si on considérait Dumbledore comme un vieillard dans le besoin pour sa lutte contre les forces du mal. L'idée même faillit lui arracher un rire.

L'air peu convaincu, Bathilda le toisa de ses yeux clairs qui avaient perdu de leur éclat avec l'âge – comme si un voile commençait à tomber entre elle et le monde – mais elle eut la décence de faire comme si elle le croyait.

- C'est bien, approuva-t-elle. C'est généreux de ta part, tout comme ta mère. J'espère que tu trouveras ta voie dans tous les cas.

- Merci madame.

Soudain impatient de justement retrouver sa mère, il piétina sur place et Bathilda agita la main.

- J'ai compris, je t'ennuis. Allez va, espèce de garnement ! Et tiens-toi loin de mes fenêtres !

- Y'a prescription ! se récria-t-il en reculant, mains dans les poches.

Il vit Bathilda rouler des yeux, agacée, et il éclata de rire. Il allait se retourner pour poursuivre sa route lorsque la voix de la célèbre historienne fut une dernière fois portée par le vent :

- James !

- Oui ?

Elle ne formait plus qu'une silhouette frêle sur la place du village et il s'arrêta, les pieds ancrés dans le sol alors que els bourrasques faisaient bruisser les feuilles au-dessus d'eux.

- Pour tes activités de bénévolat... dit-elle, soudain solennelle. Fais attention à toi. Aider les autres, c'est bien, mais n'oublies pas de penser à toi et à ceux que tu aimes.

James se figea un peu plus. Pourtant, elle ne le laissa pas répondre à son conseil cryptique : elle empoigna son chariot de course et continua son chemin d'un pas clopinant, le dos voûté par le poids de la vie. Il resta planté au milieu de la rue un moment à la regarder devenir un point lointain avant qu'elle ne disparaisse totalement, puis il s'ébroua. En ce moment, il avait l'impression d'entendre des double sens et des remarques cachées dans tout ce que tout le monde lui disait. A croire que Maugrey et sa paranoïa déteignaient sur lui. Bathilda ne savait rien, elle ne le pouvait pas. Personne ne connaissait l'Ordre à part ses membres et les mangemorts. Et il se refusait à penser que Bathilda puisse être du mauvais côté. Ça aurait été impossible : il la connaissait depuis toujours.

Confiant, il se reprit en marche vers la maison de ses parents. Le Manoir Potter, que son père avait acheté juste après avoir fait fortune grâce à sa potion capillaire étant jeune, se situait juste à la sortie de Godric's Hollow. L'ancienne demeure faisait presque office de gardienne et il pouvait l'apercevoir à plusieurs mètres de distance.

Les épaules rentrées pour lutter contre le vent, il dépassa le cottage abandonné qui se trouvait en début de rue. Il l'avait toujours bien aimé avec son toit de chaume et son petit portail en bois. Quand il était petit, un couple l'avait habité longtemps, avant de le céder à un vieux monsieur venu profiter de ses derniers jours à la campagne. Il avait dû décédé durant l'été car un panneau à vendre était planté sur la pelouse, légèrement de travers. Il n'était pas sûr que le pauvre cottage trouve preneur tout de suite. Godric's Hollow avait beau être un village plein de charme à ses yeux, il était surtout excentré, perdu au milieu de l'Angleterre et les rumeurs qui hantaient les ruelles n'arrangeaient rien. Les plus anciens aimaient sans cesse raconter l'histoire d'une famille étrange qui s'était installé au début du siècle. James avait eu beau interrogé Bathilda à ce sujet – elle qui était une mémoire vivante – elle ne lui avait jamais répondu clairement. Il avait juste fini par comprendre que la famille en question avait dû être des sorciers et il supposait que le village en comptait assez. Pas étonnant que des rumeurs circulent encore...

Le bout des doigt engourdi par le froid, James arriva enfin devant chez lui. Ou devant chez ses parents. Il ne savait plus très bien. Est-ce qu'une maison qu'on avait considérée comme la sienne toute sa vie cessait de l'être le jour où vous deveniez adulte et que vous voliez de vos propres ailes ? C'était une question sur laquelle il ne voulait pas s'attarder et il toqua trois coups fermes contre le porte. Le battent ne mit pas cinq secondes à s'ouvrir, révélant sa mère dans l'embrasure.

- James ! Oh James !

Il fut englouti dans son étreinte avant même d'avoir pu esquisser un geste. Pas de doute, il était bien à la maison.

D'instinct, il referma ses bras autour du corps mince de sa mère qu'il dépassait maintenant de plus d'une tête. Ça aussi, c'était étrange. Il ne l'avait vraiment vu arriver, il était allé à Poudlard et, un beau jour, il s'était surpris à la regarder de haut en la retrouvant sur le quai. Le temps avait décidément une drôle d'emprise...

- Salut maman, murmura-t-il. Content de te voir.

- Moi aussi ! Je commençais à croire que tu avais oublié que tu devais passer aujourd'hui.

- Non, désolé, j'ai été retenu par Bathilda un peu plus loin. On a discuté.

- Oh cette chère Bathilda ! Comment va-t-elle ?

- Toujours aussi effrayante quand elle le veut.

Sa mère émit un rire étouffé. Puis, elle recula d'un pas sans le lâcher pour autant et se mit à le détailler à bout de bras.

- Tu as encore grandi, toi, jugea-t-elle avec tendresse. Et tes cheveux... Oh Merlin, James, fais un effort.

- Eh, mes cheveux sont très bien !

- Si tu le dis... Lily ne se plaint pas ?

- Lily m'adore ! Elle adore mes cheveux ! C'est elle qui me l'a dit !

Il avait conscience de déformer un peu la réalité : jamais Lily n'aurait affirmé son adoration pour lui de manière aussi peu subtile. Comme elle aimait le rappeler, elle n'était pas une de ses « greluches » qui le regardaient avec des yeux énamourés dans les couloirs de Poudlard et il s'était fait un malin plaisir de rétorquer qu'elles n'avaient pas toutes été greluches. Artemisia avait eu le béguin pour lui après tout et même si elle n'avait eu que treize ans « si ça compte, Lily ! ».

Pourtant, sa mère ne parut pas si dupe et eut un sourire amusé.

- C'est ça, dit-elle du ton de celle qui voulait lui faire plaisir mais n'en croyait pas un mot. Allez, rentre au chaud. (Elle referma la porte derrière lui). D'ailleurs en parlant de Lily, elle va bien aussi ? Je suis désolée qu'on ne puisse pas la recevoir...

- Ce n'est rien. Je préfère qu'elle ne vienne pas, on ne sait jamais. Elle est en train de prendre le remède de Gunhilda de Gorsemoor contre la Dragoncelle, mais on attend de voir avec les médicomages pour être sûrs qu'elle soit complètement immunisée avant qu'elle soit exposée à la maladie. Mais sinon, elle va bien ! Son apprentissage à St-Mangouste est intéressant, même si elle est un peu fatiguée.

- Les pauvres internes... compatit sa mère dans un soupir las. Je les vois parfois, on leur en demande beaucoup à cause du manque d'effectifs. Tu savais que plusieurs médicomages avaient démissionné pour protester contre l'inaction du Ministère ?

- Lily m'en a parlé, oui... Mais ils vont bientôt être réintégré dans le service, le Ministère n'a pas l'air prêt à faire quelque chose.

Il remonta le couloir qui menait au salon, quelques pas derrière sa mère, et celle-ci secoua rageusement la tête.

- Oh le Ministère s'en donne seulement l'illusion. Ils font des discours qui appellent à ne pas être tenté par la magie noire et ils renforcent les perquisitions un peu partout dans le pays. Seulement, d'après les contacts que ton père a gardés chez les Aurors, la Brigade magique n'a pas assez de personnels et surtout ils ont des instructions pour ne pas aller « déranger » certaines familles...

- Certaines familles qu'il faudrait justement surveillé, devina James.

Il n'avait pas besoin qu'elle lui explique davantage. Il l'avait bien compris pendant sa formation au sein de l'Ordre : sous prétexte que certaines familles faisaient parti des hautes sphères du Ministère ou finançaient gracieusement plusieurs institutions, elles n'étaient pas inquiétées de peur des répercussions. Les Malefoy, par exemple, siégeait au conseil des parents d'élèves de Poudlard ou faisait un don caritatif pour les services publics liés au Ministère chaque année. C'était impensable de les remettre en cause et c'est bien pour cela que leur surveillance revenait à l'Ordre. Dorcas ne se préparait pas pour rien en ce moment-même.

Conscient d'être sur un terrain glissant vis-à-vis de son activité, il garda le silence jusqu'à arriver dans le salon. Rien n'avait bougé. Toujours le même mobilier, les mêmes boiseries, la même véranda qui avançait dans le jardin. Et dans celle-ci, assis sur un fauteuil à contempler le temps qui se dégradait, se trouvait son père. Il ne se retourna pas en entendant du bruit.

- Mia ? James est arrivé ?

- Lui-même ! proclama-t-il.

D'un pas décidé pour s'empêcher d'hésiter, il contourna le fauteuil pour faire face à son père. Son sourire vacilla une seconde, mais il réussit à le maintenir en place face à la scène qui se présenta devant ses yeux. Son père était assis, le dos droit et les mains fermement agrippées autour des accoudoir en acajou comme s'il voulait préserver l'image d'une santé qu'il ne possédait plus. James pouvait le déceler dans des détails plus ou moins frappant. Le premier d'entre eux était bien sûr les cheveux de son père qui avaient virés au blanc intégral depuis la dernière fois qu'il l'avait vu. Il semblait avoir pris dix ans en seulement deux semaines. Surtout, son teint paraissait aussi maladif, presque verdâtre, et sa peau était marquées de points grêlés.

- Ce n'est pas beau à voir, n'est-ce pas ? déplora son père avec fatalisme. Je suis désolé de te présenter ce spectacle.

- Non, non... Désolé, j'ai juste été surpris. Mais ça va, ça pourrait être pire...

- Je crains que ça le sera. Dans les semaines à venir du moins...

James sentit ses espoirs s'effondrer comme un château de cartes.

- La maladie a progressé ?

- Et elle ne cessera pas de le faire, j'en ai peur. (Il soupira). Ne fais pas cette tête, James, tu le savais.

- Oui mais...

Il ne savait même pas quoi opposer à son père. Savoir et voir n'étaient pas la même chose. Compatissante, sa mère se rapprocha et posa une main réconfortante sur son épaule.

- On sait, mon chéri, on sait... Ce n'est facile pour personne. Mais dis-toi que papa ne souffre pas. N'est-ce pas Fleamont ?

- C'est vrai. La maladie fatigue beaucoup et elle contamine le corps toujours un peu plus, mais je ne souffre pas énormément. Le plus dur, c'est de rester dans ce satané fauteuil !

- Et tu y resteras ! maintint sa mère. Plus tu économises tes forces, moins la maladie progresse. Je suis là pour t'aider, moi.

- Et quand nous serons tous les deux cloués au lit, hum ? Comment est-ce qu'on fera ? Mia, tu devrais vraiment...

- Fleamont ! On en a déjà parlé !

Sa mère n'avait jamais été une femme très impressionnante – clairement James avait plus eu peur de se faire gronder par son père quand il était petit – mais le regard sévère qu'elle lui envoya suffit à le faire taire. Il se retint de s'en mêler. Il se doutait que le fait que sa mère s'entête à rester auprès de son mari était un sujet de tension entre eux et il ne pouvait pas s'empêcher de ressentir une pointe de ressentiment envers elle... Il allait déjà perdre son père. C'était presque certain. Et il essayait de s'y préparer, mais il avait l'impression que rien ne pourrait vraiment le préserver de la peine qu'il finirait par ressentir. S'il devait en plus perdre sa mère...

Celle-ci se passa soudain une main sur le visage, l'air de se retenir de fondre en larmes. Elle lui prit soudain la main et le guida vers le petit banc en face de son père qui donnait une vue imprenable à travers la verrière de la véranda.

- Puisque tu es là, James... Autant vous l'annoncer maintenant. Nous le savions tous de toute façon, mais...

Elle s'étrangla un instant. James comprit en un battement de cœur sourd et ses doigts se crispèrent autour de ceux de sa mère.

- Non... souffla-t-il. Tu...

Elle hocha la tête et James ne put que la fixer, dévasté. Elle tenta de présenter une expression brave, même s'il pouvait voir la peur briller dans ses prunelles noisette, celles dont il avait hérité.

- J'ai eu les résultats, confirma-t-elle. Les médicomages sont formels. J'ai attrapé la Dragoncelle... Il fallait bien que ça arrive...

- Mia...

La voix de son père, rauque, enfonça James un peu plus dans son désarroi. Il se mit à la dévisager. Sa mère ne présentait pour l'instant aucun signe de la maladie, mais c'était désormais une question de semaine avant que sa peau ne commence à tirer vers le vert et se couvre de marques... Il en eu la nausée.

- Maman...

- Je sais, mon chéri, je sais. Mais c'était mon choix. Je ne le regrette pas. (Elle se mit à caresser le dos de sa main d'un geste absent). Nous avons encore un peu de temps, tout ira bien...

- Tu sais que c'est faux...

- Ce n'est faux que si tu vois la fin comme quelque chose de triste. Ça le sera, bien sûr, mais je le répètes. Je ne regrette rien et toi... Oh James, je veux que tu saches que tu es la plus grande fierté de ma vie, d'accord ? Peu importe ce qui arrivera dans les mois qui vont suivre, je veux que tu te rappelles ça. Et ton père le penses aussi, même s'il n'ose pas le dire.

- Je peux très bien m'exprimer pour moi-même, merci bien, rétorqua-t-il avec un faux air indigné.

James laissa échapper un rire étranglé. Il avait conscience d'avoir les yeux plein de larmes – tout comme ses parents – mais chacun d'eux faisait semblant de l'ignorer pour garder la face. Pourtant, entendre sa mère lui déclarer sa fierté faillit le faire s'écrouler. Il n'avait pas été un enfant facile, loin de là... Toujours bruyant, toujours à parler dans tous les sens, toujours à préparer une farce pour tromper l'ennui d'être fils unique dans cette grande maison. Mais ses parents ne lui avaient rien donné d'autre que de l'amour et il leur en était tellement reconnaissant qu'il ne parvenait pas à trouver les mots pour l'exprimer. Son expression devait malgré tout parler pour lui car sa mère lui fit un sourire à travers ses propres larmes.

- Ta mère a raison, intervint soudain Fleamont. Nous ne pouvons pas changer ce qui nous arrive et ça ne va pas être facile, mais les elfes de maison pourront nous aider. Ils le font déjà. Quant à toi, James... Elle a encore une fois raison. Je ne le dis pas souvent, mais je suis infiniment fier de toi, tu m'entends ?

- Arrêtez de dire ça... On dirait que vous vous attendez à passer la baguette à gauche demain !

Son père roula des yeux.

- Mais non, nous voulons juste mettre les choses au clair, rassura-t-il.

- De toute façon, tu as raison. Assez parlé de ça ! décréta sa mère. Tu n'es pas venu ici pour ça. On va prendre le thé et discutez de choses plus joyeuses, d'accord ?

Elle ne leur laissa pas le temps de répondre. En bonne maîtresse de maison, elle était celle qui gérait le rythme de chacun sous son toit et elle claqua des doigts pour appeler un elfe. James échangea un regard entendu avec son père.

En une seconde, un des elfe se matérialisa entre eux.

- Madame a appelé Hitty ? dit-il de sa voix haut perchée. Hitty peut faire quelque chose pour les Maîtres ?

- Oui, Hitty. Nous prendrons le thé ici dans la véranda, s'il te plaît.

- Tout de suite, madame. Hiddy prépare le thé tout de suite !

Avec une révérence, il disparut aussi vite qu'il était apparu. James fixa le point où il s'était tenu, déstabilisé.

- Ca me fait bizarre, avoua-t-il. Je n'ai plus l'habitude.

- Pourtant je te le redis, si tu veux prendre un elfe pour chez toi, nous pouvons te...

- Maman, on vient de dire que vous aurez besoin des elfes pour vous aider. Et ne t'inquiète pas, je m'en sors très bien sans.

- Tu t'en sors ? Ou Lily s'en sort ? se moqua son père.

James lui tira la langue avec maturité.

- Eh, je participe aussi ! Je sais faire le thé !

- Le Reine devrait te remettre une médaille.

- Fleamont, laisse-le tranquille.

Une lueur amusée brilla dans les yeux de son père qui fit mine de s'indigner, une main sur la poitrine.

- Moi ? Mia, rappelles-moi qui voulait le harceler de questions au sujet de Lily hier soir ? Je te cite : « mais tu crois qu'il va nous parler d'elle, j'aimerais savoir quand même ! ».

- Fleamont Eugène Potter ! C'est de la dénonciation !

James secoua la tête et ses yeux firent la navette entre ses parents.

- Vous êtes impossible ! s'exclama-t-il.

- Quoi ? Une mère n'a pas le droit d'être curieuse ? J'ai l'impression qu'on ne sait rien ! Reis-moi un peu où vous avez emménagé avec Lily déjà ?

- En Irlande...

Sa mère leva les mains au ciel.

- En Irlande, répéta-t-elle, incrédule. Tu ne peux pas faire plus vague ?

- La planète terre ?

- James !

Il se mordit la lèvre. C'était une chose de mentir ou d'esquiver les questions avec Bathilda, mais c'étaient ses parents devant lui. Il avait l'horrible impression qu'ils savaient très bien tous les deux qu'il cachait quelque chose : entre un Auror et la femme qui l'avait élevé, il supposait qu'il n'avait aucune chance. Son cerveau se mit à tourner à plein régime. Il ne savait pas ce qu'il pouvait révéler... Maugrey avait été clair. L'Ordre n'avait rien d'officiel. Si le Ministère avait vent de leur projet, ils passeraient devant le Mangenmagot en tant que bande de hors-la-loi vengeur en deux minutes et même Edgar Bones ne pourrait rien pour eux. Et même si ses parents ne le dénonceraient jamais, il ne voulait ni les entraîner là-dedans, ni les inquiéter inutilement. Lily n'avait rien révélé aux siens par exemple, mais elle avait l'avantage de leur ignorance. Chris et Marguerite Evans ne savaient rien de la guerre qui déchiraient le monde à côté de chez eux. Ses parents, eux, étaient bien au courant et surtout ils n'étaient pas dupes.

- James, souffla alors son père. Nous ne poserons pas de questions si tu ne veux pas nous donner les réponse mais... je ne crois pas me tromper en disant que ça va au-delà de Lily, non ?

Il se réajusta sur le banc, mal à l'aise.

- Peut-être...

- Et je sais bien que je suis à la retraite, mais avant mon départ je voyais bien que... Enfin, je n'ai jamais eu de preuves mais Maugrey voyait soudain beaucoup plus Dumbledore je crois...

- Ils font peut-être partis du même club de tricot ?

Sa tentative d'humour ne détourna pas l'attention de son père qui se contenta de le fixer avec sérieux. James soupira.

- Très bien... Disons que tu as raison, mais... je ne peux pas en parler...

- Alors nous n'en parlerons pas, rassura sa mère, l'air tout de même inquiète. Mais promets-moi une chose.

- Oui ?

- Si tu as besoin de nous à un moment... Pour n'importe quoi, peu importe les conséquences, d'accord. Tu viendras nous voir ?

James déglutit. Ils le regardaient tous les deux avec une confiance sans borne et, porté par cette confiance, il acquiesça.

- Promis.

- Merci, mon chéri... Et dernière chose, mais ça vaut aussi pour Lily et Sirius, tu le sais ?

- Qu'est-ce qui te fait croire que Lily et Sirius...

- Oh James, je t'en prie, coupa son père. Ne nous prends pas pour des vieillards séniles. Si nous parlons bien de la même chose, il n'y a aucune chance que tu te sois embarqué seul dans une telle entreprise. D'ailleurs, je pense qu'on peut également compter Remus et Peter dans cette promesse, n'est-ce pas ?

Merlin, ses parents étaient bien trop perspicaces...

- Vous voulez une liste officielle aussi ? dit-il en levant les yeux au ciel.

- Non, j'ai ma réponse, s'amusa son père. D'ailleurs où est Sirius ? Je m'attendais à le voir aujourd'hui.

Sa mère hocha la tête en approbation.

- Oui, j'avais prévu ses gâteaux préférés... renchérit-elle.

- Eh ! C'est moi votre fils !

- Sirius aussi, tu le sais bien.

- Certes, mais il aime les gâteaux bizarres que tante Giselle nous envoie... Alors que des gâteaux, des vrais, c'est...

- Ne t'inquiète pas, j'ai aussi fait une tarte au citron pour aller avec le thé.

Immédiatement, James sentit un sourire se déployer sur son visage et ses parents éclatèrent de rire. Il n'y avait vraiment rien de tel que de rentrer à la maison.

**

*

Les assauts du vent irlandais n'avaient rien à envier à ceux de Godric's Hollow. A peine James avait-il transplané dans les landes aux abords du QG qu'il manqua de se faire renverser par une bourrasque et il planta fermement ses pieds dans le sol pour avancer. Quitter ses parents après l'après-midi passé avec eux avait été dur, mais il ne regrettait pas d'être venu les voir. Bientôt, il n'aurait peut-être plus de maison dans laquelle revenir...

Dans sa poitrine, la chaleur des retrouvailles se battait au sentiment glacé qui l'éprenait à chaque fois qu'il repensait à l'annonce de sa mère. Merlin, ce qu'il détestait être impuissant. Il aurait aimé pouvoir faire quelque chose, mais la maladie était inexorable et il comprenait mieux que jamais la frustration de Sirius face à celle d'Alexia. Voir des gens qu'on aimait dépérir doucement ou tenir sur une corde raide était une expérience affreuse. Il supposait qu'il devait s'estimer heureux... Après tout, il aurait au moins le temps de dire au revoir...

Le cœur lourd, il poussa la porte du QG. Le sang se mit à recirculer dans le bout de ses doigts et il soupira de soulagement avant de se rendre compte d'un bruit inhabituel. Des notes de musiques flottaient dans l'air et il fronça les sourcils. Sans enlever sa cape, il se dirigea vers le salon. Il manqua d'éclater de rire devant le spectacle qui s'y jouait.

Sirius et Dorcas se faisaient face, mains nouées et coudes relevées dans un angle tout sauf naturel en tournoyant sur place pendant que Marlène tapait la mesure.

- Et 1, et 2... Voilà ! Dorcas, attention à tes pieds !

- Attention aux miens, oui... marmonna Sirius.

- C'est toi qui les place sous les miens !

- Bah bien sûr, c'est comme ça que fonctionne la valse ! Et arrête de vouloir guider, c'est l'homme qui guide par Merlin !

- C'est sexiste !

Marlène se prit la tête entre les mains.

- Mais qu'est-ce qui se passe ?

Surpris, James se retourna. Il n'avait pas entendu Alexia se glisser dans son dos, mais elle se tenait juste derrière lui et observait la scène avec de grands yeux. Ils avaient dû arriver à littéralement une minute d'écart : elle devait revenir du Ministère après sa journée de travail, ce qui expliquait ses traits fatigués et son badge frappé du M violet épinglé sur sa poitrine.

- Dorcas n'a aucune coordination, voilà ce qui se passe, lâcha Sirius, frustré.

- Peut-être que le professeur n'est pas aussi doué qu'il le pense !

- Je ne suis pas un professeur, justement ! C'est idiot en plus. Si quelqu'un t'invites – ce dont je doute – t'auras qu'à refuser.

- Pourquoi tu doutes ? se vexa Dorcas. Tu crois que personne ne m'inviterait à danser ?

- A la fête de fiançailles de Narcissa ? Vu les invités et ta réputation ? Non, jamais.

- Ma réputation ? répéta-t-elle d'un ton venimeux.

James grimaça. Il voyait très bien où Sirius voulait en venir, mais il n'était pas sûr que ça soit une très bonne idée. Il tenta de le mettre en garde d'un geste pour lui dire de se taire en secouant sa main au niveau de sa gorge, mais Sirius ne le vit pas.

- Plusieurs personnes sont au courant de ton histoire avec Lucinda. Ça ne passera pas avec toute l'aristocratie sorcière, c'est tout.

- Donc quoi ? En plus d'avoir des noms imprononçables et d'être des mangemorts en puissance, ils sont homophobes ? Qu'est-ce que ça peut leur faire si je suis sortie avec une fille ? Je suis aussi sortie avec des gars ! Je peux encore sortir avec un gars ! (Elle le pointa soudain du doigt). Je suis même sorti avec toi, ça compte, non ?

Sirius émit un ricanement amer.

- En ta défaveur, rétorqua-t-il.

- Double disgrâce à leurs yeux donc...

- T'as tout compris.

Dorcas poussa un cri rageur. Dans le coin de la pièce, le gramophone continuait de tourner et de laisser échapper une musique entraînante, ce qui offrait un contraste presque comique. James frappa dans ses mains.

- Oh allez, ça ne peut pas être bien compliqué ! On va vous aider. J'ai des vagues souvenirs de valse, ma mère m'avait forcé à apprendre.

- Merlin, ça devait être quelque chose, rit Marlène.

- Tu es sur le point de le découvrir ! Il me faut une partenaire, allez !

- Pourquoi pas Alexia ?

- Ah non, laissez-moi en dehors de ça. J'ai travaillé aujourd'hui, je mérite du repos et de rire un peu. (Elle le dépassa pour aller s'avachir dans un fauteuil). Je vous regarde ! claironna-t-elle.

- Merci pour ton aide, princesse, railla Sirius.

Alexia haussa les épaules et lui fit une moue innocente.

- Tu te débrouilles très bien avec Dorcas en partenaire.

James haussa un sourcil alors que Marlène glissait sa main dans la sienne. Il n'en jurerait pas, mais il avait cru entendre une note de sarcasme dans la voix d'Alexia, presque piquante. Il aurait presque pu croire qu'il l'avait imaginé si Marlène n'avait pas tiqué elle aussi et il se promit d'en parler à Sirius quand ils seraient seuls.

Celui-ci se remit en place avec Dorcas à peu près à leur niveau et James s'empressa de prendre une position de danse correcte.

- Au fait, tes parents... commença Sirius, l'air de soudain se rappeler où il avait passé la journée.

- Plus tard. Je... je te dirais plus tard.

Son meilleur ami dû lire son trouble sur son visage car il n'insista pas.

- Ok, pas de problème... Donc on reprend. Et Dorcas, par pitié, fais attention où tu poses tes pieds.

- C'est ça...

Depuis son fauteuil, Alexia rit et relança le disque sur le gramophone au début d'un coup de baguette.

- Et 1, 2, 3 ! En rythme !

L'esprit occupé par la musique, James se plongea dans la valse... Et alors qu'ils faisaient tournoyer Marlène, l'image de ses parents qui lui disaient au revoir depuis le perron s'effaça peu à peu. Peut-être que c'était ça aussi apprendre à grandir et à voler de ses propres ailes. Il avait sa propre vie à vivre.

************************

Chapitre un peu mélancolique, mais je tenais à réintroduire les Potter avant de passer à la fameuse mission dans les chapitres suivants ^^ Alors verdict ?
Cazolie

Profil sur Booknode

Messages : 3889
Inscription : mer. 21 nov., 2012 3:03 pm

Re: Au temps des Maraudeurs [Harry Potter]

Message par Cazolie »

Ca fait hyper longtemps que j'ai pas commenté ici, j'ai un peu peur de découvrir combien de chapitres j'ai en retard haha

Ooooh ça date de l'essayage de robes ! JE ME MARIE DANS UN MOIS TOUT PILE HAHAHHA
Une réunion. C'est ce qu'ils avaient dit. Sirius n'était plus sûr que ça soit une simple réunion.
JAMAIS
Le salon du QG, pourtant assez grand, paraissait avoir rétrécit alors que tout le monde déambulait dans la pièce, attendant les retardataires, ou patientait autour de la longue table en bois.
Je suis désolée, quand je lis salon du QG je n'arrive pas à voir autre chose que le mien haha
Sirius avait beau tendre l'oreille, il n'arrivait pas à entendre ce qu'ils disaient à sa plus grande frustration.
Approche toi ?
Emmeline passaient en revu plusieurs parchemins et il essaya cette fois de plisser les yeux pour arriver à déchiffrer ce qu'ils contenaient, sans succès non plus.
APPROCHE TOI
Non plus sérieusement j'aime beaucoup cette mise en situation !
Maugrey me file les jetons dans son coin, j'ai l'impression qu'il nous observe depuis tout à l'heure.
Est-ce qu'il ne file pas toujours les jetons
Ou tu crois que c'est Gideon qui veut se venger de la fois où j'ai coupé l'eau chaude pendant sa douche ?
Mais :lol: Pas sûre que Maugrey se déplace pour ça :lol:
abonda-t-il en se penchant en avant,
ABONDER j'adore ce verbe on devrait l'utiliser plus souvne t
- Benjy ? s'étonna Remus. Pourquoi Benjy ?
Bouleeeeeeeeeeette
J'ai cru qu'on allait devoir venir vous chercher au pieu !
MAIS GIDEON ENFIIIIIIN
C'est ce que disait ma mère ! A moins que ça ne soit une fiole de poison, mais ça revenait au même avec elle !
Je me disais aussi que ça m'étonnait de la part de Walburga :lol:
Et il fuit la tension ambiante en quelques enjambées
Classic Peter
ce qui n'était clairement pas le cas ce soir, comme si une éclipse était tombée sur elle.
Ouuuh, joli ça
Sans lui laisser la possibilité de refuser, Lily fourra une de ses tasses entre les mains de Marlène
Julian serait fier
- Comment je peux le regarder en face ? souffla-t-elle alors, la voix encore plus cassée qu'il y a quelques secondes. Comment je peux regarder Benjy en sachant ce qui est arrivé à Gemma ?
C'est tellement affreusement tendu T.T

Mais la pauvre bichette c'est terrible T.T T.T
Tout le paragraphe sur Marlène qui pleure et la culpabilité était terrible et si bien écrit
, dit-elle avec fatalisme.
J'ai lu fanatisme, ça m'a fait peur haha
- C'est à toi de voir... Si tu penses que tu n'arriveras pas à supporter le poids du secret de Gemma...

- Je ne sais pas...

- Tu n'es pas obligé de décider ce soir. Laisse-toi un peu de temps, d'accord ?
C'est tellement duuuuuur
A croire que Gemma Ackerley n'en finissait pas de vivre dans les esprits des vivants...
aaaaaah cette phrase est terrible et si belle !
ça sera mon neveu Percy qui du haut de ses deux ans va me faire la morale sur mon retard. Et je déteste ça.
Ca doit être bien incompréhensible :lol:
- Mais je suppose que ça te parle assez peu la famille, pas vrai Black ?
C'est vraiment moche
Un Black dans la résistance, ça aurait pu être le début d'une mauvaise blague de Peter.
:lol: :lol: :lol: :lol:
Décidant de ne pas déclencher un esclandre qui ne ferait que retarder encore plus la réunion
Woh il a grandi, j'ai cru qu'il allait lui balancer son poing dans la tronche
- On va former un groupe de rock ? lança James.

- Potter, si je t'avais sonné tu le saurais !
On dirait mon élève de 4e trop chiant
- Ce qu'Alastor essaye de vous dire avec dramaturgie, intervint Caradoc, c'est que votre formation arrive à son terme.
BIM BAM BOUM
Personne ne pourrait l'être, pas face à ce que vous allez devoir affronter. Tout ça vous dépasse, vous allez vous sentir plus bas que terre, et j'en suis désolé.
C'est affreux mais c'est vrai
Ce que les autres ne comprenaient peut-être pas, c'est qu'il avait l'impression d'être en guerre depuis longtemps.
Pauvre bichon
Lui contre les Black. Lui contre des siècles de traditions qui prétendaient que la hiérarchie des sangs devait exister. Il avait résisté.
C'est vrai mais quelque part je me dis qu'il va quand même se prendre une claque
Albus Dumbledore venait d'arriver en robe de sorcier bleu nuit, sa barbe blanche impeccablement noué par un cordon d'argent au niveau du torse alors qu'il venait se poster près de Maugrey et de Bones.
HELLO THERE
Celui-ci affichait d'ailleurs un air de fierté digne d'une mère de famille dont les enfants venaient d'obtenir leur diplôme
Pouehehhehehehe
Il marqua une nouvelle pause, le temps de laisser passer le tressaillement collectif qui parcourut l'assemblée au nom de Voldemort
Cette triste habitude
Il va donc falloir que nous établissions dans les prochains mois une liste concrète des partisans et adeptes de Voldemort. Pour battre un ennemi, il faut le connaître. Se battre dans le vide serait vain.
Yay un objectif !
la plupart des soutiens de Voldemort gravite autour de lui sans faire partie intégrante des mangemorts.
Ca m'avait posé pb ça dans ma fanfic. Comment on définit un Mangemort en fait ?
Sirius réalisa avec un temps de retard qu'ils étaient en train de flirter ensemble à leur façon.
Ouloulouuuuuuu
Assis au fond de sa chaise, son embonpoint en était d'autant plus visible, et pourtant il dégageait un aplomb sans faille.
Je te jure j'aime trop la façon dont tu caractérises les personnages en juste quelques détails ou petits mots
l trouvait ça intéressant de savoir à qui se fier et à qui demander de l'aide
A leur place je prendrais frénétiquement des notes
- Pour revendiquer l'indépendance de l'Ecosse en même temps que la chute de Tu-Sais-Qui ? suggéra Alexia avec humour.
Hahaha
j'avoue, cette question qui sort de nul part
- Quelle vieille chouette perspicace, pesta d'ailleurs Gideon.
:lol: :lol: :lol: :lol:
Et la réaction de James :lol: :lol: :lol:
- Mais si on est en train de perdre un bras ?

- Alors tu pars sur tes jambes, Meadowes !
Elle allait pas partir sur ses bras de toute manière :lol: :lol:
Il faut attendre que les mots deviennent réalité, deviennent peut-être même des maux si vous me permettez ce glissement de langage, pour qu'ils prennent sens.
*applaudissements*
- Et ne mettez pas vos baguettes dans vos poches arrières pour ne pas perdre une fesse, railla Gideon dans sa barbe.
Conseil ESSENTIEL
- Bienvenue dans l'Ordre du Phénix.

A nous de pas nous brûler, songea Sirius en retour.
SU-PER

C'était un super chapitre! Dense, entre Marlène et le discours, mais super
Tu présents tellement bien la tension qui règne au début, je suis fan de cette mise en situation ! Présentation fluide des protocoles aussi

Bref voilà, c'était top et j'ai hâte de voir les horreurs que tu leur réserves haha
annabethfan

Profil sur Booknode

Messages : 1490
Inscription : sam. 27 nov., 2010 8:58 pm

Re: Au temps des Maraudeurs [Harry Potter]

Message par annabethfan »


Chapitre XIV : Une mission imprévue

- Mais vous vous fichez de moi ? aboya Maugrey, son visage couturé de cicatrice déformé par la colère.

D'instinct, Marlène se plaqua un peu plus contre le mur. Si elle y mettait assez du sien, peut-être qu'elle allait réussir à disparaître et à échapper à l'humeur massacrante de l'Auror. En même temps, elle le comprenait. La situation était absurde, mais surtout frustrante.

Dorcas, le teint verdâtre, osa quand même le regarder avec défiance, même si elle avait l'air proche de la mort.

- On ne pouvait pas prévoir ! argua-t-elle. Au cas où si ça vous a échappé, ce n'est pas une partie de plaisir pour moi non plus...

- Je m'en contrefiche ! C'est de l'imprudence manifeste ! Si tu n'avais pas eu la dragoncelle, il fallait nous prévenir !

- Mais je l'ai eu ! Enfin, un peu...

- Mais pas assez fort pour contracter une immunité apparemment... marmonna Lily.

Elle se tenait un peu plus loin du canapé, de l'autre côté de la pièce, et Marlène voyait bien à son expression qu'elle était contrariée de ne pas vraiment pouvoir approcher Dorcas. Ça allait à l'encontre de son instinct de médicomage en formation. Elle avait quand même réussi à ramener des fioles de remède de St-Mangouste, mais même le traitement de Gunhilda de Gorsemoor ne pouvait pas agir en deux jours. Il faudrait probablement une quinzaine de jours à Dorcas pour être à nouveau sur ses pieds. Du temps qu'ils n'avaient pas, comme le montrait bien la colère de Maugrey.

- La mission au manoir Malefoy est ce soir ! rappela-t-il de sa voix bourrue. Comment est-ce que vous avez pu être aussi inconscients ?

- On n'avait aucune idée que James pourrait me refiler la dragoncelle en m'apprenant la valse ! se défendit Dorcas. J'étais censée ne pas pouvoir l'attraper !

- Peu importe, le résultat est le même. Je ne veux plus voir Potter dans ce QG avant une semaine !

Lily se râcla la gorge dans un élan de courage que Marlène jugea légèrement suicidaire.

- Ça ne changera pas grand-chose, objecta-t-elle sans regarder Maugrey vraiment en face. Il est déjà venu après avoir visité ses parents, personne n'est tombé malade. Là, c'était un cas particulier et ce n'est juste pas de chance... A part moi, tout le monde a eu la dragoncelle et je suis mon traitement pour être immunisée depuis plusieurs mois maintenant. Ça ne devrait plus faire de différence que James vienne au QG maintenant.

- Va dire ça aux Londubat qui attendent la troisième personne en renfort pour l'infiltration de ce soir ! Merlin !

De rage, Maugrey donna un coup dans une chaise du salon qui manqua de se renverser. Marlène sursauta. Elle était plus inquiète pour l'état de son amie, mais Dorcas ne semblait pas à l'agonie. Elle avait quelques boutons sur le visage et son teint avait viré au vert depuis hier, ce qui réussissait l'exploit de la rendre... moins belle que d'habitude si Marlène voulait rester gentille. A part ça – et un soudain excès de fatigue – il ne faisait aucun doute qu'elle irait mieux dans quelques jours.

Le vrai problème restait la mission chez les Malefoy. Gideon venait de partir prévenir les Londubat que Dorcas ne viendrait pas et les Maraudeurs n'étaient pas encore rentrés, libres d'obligation aujourd'hui. Alexia était chez sa sœur, le reste des membres de l'Ordre étaient soit au travail soit en mission... Il fallait évidemment que seul Maugrey soit disponible pour gérer tout ça.

- Alors qu'est-ce qu'on fait ? osa-t-elle demander d'une petite voix.

Elle le regretta à la seconde où l'Auror tourna son attention vers elle.

- Je te le demande, McKinnon ! On avait préparé Meadowes pendant des semaines, tout ça pour rien !

- Ne soyez pas dramatique, Fol Œil, lança soudain une voix. Ce n'est pas votre genre en plus.

Marlène tourna la tête vers la porte que venait de franchir Sirius. Les cheveux décoiffés, il devait venir de descendre de sa moto – celle qui lui faisait souvent penser que Sirius Black était une tête brûlée inconsciente – et il avisa la scène d'un regard précis.

- Toujours une tête à faire peur, commenta-t-il en s'arrêtant sur Dorcas.

Celle-ci lui adressa un geste grossier de la main.

- Va te faire voir, Black. C'est de ta faute.

- Ma faute ?

- Oui, t'en as eu marre de m'avoir comme partenaire de danse et tu m'as donné à James. Voilà le résultat.

- Tu venais de me marcher sur les pieds pour la quatrième fois, lui rappela-t-il. Marlène maîtrisait bien mieux, c'était un choix stratégique.

Habituée à la façon toute particulière de Dorcas et Sirius de se témoigner leur affection l'un pour l'autre, Marlène soupira. Elle voyait que la tension de Maugrey était encore montée d'un cran et elle se préparait à endurer une nouvelle brimade lorsqu'il s'exclama soudain :

- Black ! Tu viens de soulever un point intéressant pour une fois.

Sirius regarda derrière lui, presque comme s'il s'attendait à ce qu'un autre « Black » s'y cache.

- Moi ?

- Oui, toi, imbécile ! (Il tourna sur lui-même, son long manteau qu'il n'avait même pas pris la peine d'enlever tournoyant autour de ses jambes). McKinnon, tu remplaces Meadowes.

Les mots mirent quelques secondes à prendre sens. Elle dévisagea Maugrey, le cœur soudain affolé.

- Quoi ? s'écria-t-elle.

Sa voix était partie horriblement dans les aigus, mais personne ne le remarqua. Dorcas se redressa entre ses coussins.

- Vous n'êtes pas sérieux ?

- Je suis tout ce qu'il y a de plus sérieux. Vance m'a dit que McKinnon t'avait assisté dans toute ta préparation. Elle a dû retenir l'essentiel et elle est invitée. C'est la remplaçante parfaite.

- Je... non... je ne peux pas.

Les mots coincés dans la gorge, elle chercha de l'aide du côté de ses amis. Lily la contemplait avec un regard nouveau et elle pouvait presque voir les rouages tourner sous sa chevelure auburn. Dorcas semblait s'être résignée à ne pas avoir voix au chapitre dans l'état où elle était et les yeux gris de Sirius faisait la navette entre elle et Maugrey, incertains. Elle sentit sa nervosité s'étendre.

- Je ne suis pas assez préparée, protesta-t-elle, désespérée.

Maugrey avança vers elle. Il ne lui avait jamais paru aussi impressionnant : cet homme avait connu la magie noire, l'avait regardé droit dans les yeux, et il était au cœur de cette guerre. A côté, Marlène se sentait insignifiante.

- Votre formation est terminée, on vous a entraîné pour ça. Il faut savoir aller sur le terrain même quand vous n'êtes pas prêts. Et je vous annonce quelque chose : vous ne le serez jamais. Alors McKinnon, tu vas ravaler tes peurs, te changer, et entrer dans ce Manoir pour nous ramener des infos. (Il secoua la tête, bourru). C'est ça, être dans l'Ordre.

Son ton portait une note finale, impossible à contester. Marlène ravala la boule dans sa gorge. Mécaniquement, elle se mit à faire défiler dans son esprit tout ce qu'elle avait appris auprès de Dorcas en plus de deux semaines. Elle avait fini par retenir la majorité des invités, l'arbre généalogique des Black et des Malefoy, et même les règles de convenance qui s'appliquaient pour un évènement pareil. Elle avait certes encore du mal avec la danse puisqu'elle n'avait pas vraiment pratiqué, mais elle pouvait toujours rester dans un coin. Personne n'allait lui proposer une valse. Si ça se trouve, elle allait même se faire jeter dehors. L'invitation avait été formelle, Narcissa Black n'avait jamais imaginé qu'elle puisse venir à son bal de fiançailles malgré son statut de sang-pur.

Et puis soudain, ça la frappa. Regulus. Oh Merlin... Il serait là.

Il n'y avait aucun doute, il ne pouvait pas louper un évènement pareil. Même si ce n'étaient pas les vacances scolaires, ses parents lui avaient sûrement obtenu une autorisation de sortie exceptionnelle.

Son ventre se contracta un peu plus. Elle était supposée avoir plus de temps avant de le revoir. Elle avait même espéré – naïvement – qu'elle ne le reverrait pas. Les rangs des mangemorts étaient vastes, il n'y avait aucune certitude à ce qu'elle tombe sur lui pendant un combat. L'univers en avait décidé autrement.

Alors que Maugrey commençait à s'éloigner, certainement pour envoyer un message aux Londubat, elle retrouva brusquement sa voix et exigea sans réfléchir :

- Je veux que Sirius vienne avec moi !

Les autres haussèrent un sourcil, pris au dépourvu, et Maugrey lâcha un rire froid.

- T'en as d'autres des comme ça ? Hors de question. Allez, va te préparer !

- Non, je suis sérieuse. Je ne veux pas y aller sans Sirius. Il a entraîné Dorcas, il connait les invités et le Manoir. Je... je pense qu'il pourrait nous aider...

- Il pourra surtout se prendre six sorts avant d'avoir posé un pied sur le perron, dit Maugrey avec humeur. Impossible !

Mais Marlène était déterminée. Campée sur ses pieds et sur sa position, elle croisa les bras, espérant se donner un air inflexible. En vérité, elle avait l'impression qu'elle allait vomir.

- Je croyais que c'était pour ça notre entraînement ? Le coup du polynectar ? Il ne peut pas rentrer comme lui-même, c'est vrai, mais j'ai le droit à un cavalier. Il peut se faire passer pour quelqu'un d'autre. (Incertaine, elle coula un regard vers lui). Non ? Tu voulais venir, pas vrai ?

Cette fois, l'attention générale se reporta sur Sirius. Il avait remis son masque en place – celui qui faisait croire à tout le monde que Sirius Black était un garçon mystérieux et inaccessible à Poudlard – mais Marlène pouvait voir la tempête qui s'agitait derrière ses prunelles. Pour la énième fois, elle se fit la remarque que les deux frères se ressemblaient plus qu'ils ne voudraient jamais l'admettre.

- T'as vraiment besoin de moi ? demanda-t-il finalement après de longues secondes.

- Je ne pourrais pas rester avec les Londubat, ça serait trop suspect et on risquerait de compromettre l'Ordre... Je n'ai pas assez de préparation pour y aller seule.

- Par toutes gorgones, vous vous entendez ? rugit Maugrey en revenant sur ses pas. C'est une guerre ! Vous ne pouvez plus jouer aux enfants, ce n'est pas ce dont vous avez besoin qui compte ! C'est la mission ! C'est lutter contre ces foutus mangemorts ! (Il vrilla son œil magique sur elle). Le polynectar est un pari trop risqué. Quelqu'un pourrait le reconnaître !

Marlène cilla. Elle refusait de se mettre à pleurer. C'est juste que tout allait trop vite, elle avait l'impression d'être jetée dans la gueule du dragon sans préavis. Depuis des mois, tous les membres de l'Ordre qu'elle avait croisé lui avait répété la même chose : elle ne prendrait conscience de la réalité du terrain qu'en la découvrant et rester uni était leur plus grande chance de s'en sortir. Et même si les Londubat étaient censés être avec elle ce soir, elle ne se sentait pas unie à eux comme avec le reste de leur groupe.

Heureusement, Lily vola à son secours.

- Maugrey, je... je comprends votre position. Mais si je peux me permettre, juste pour apporter l'information... On a refait un stock important de polynectar prêt à être utilisé. J'ai trié toutes les mèches de cheveux rapportées par les autres et je les ai classés. Il y a peut-être une personne dont Sirius pourrait prendre l'apparence.

Marlène reprit espoir. Elle ne savait pas si c'était le ton calme et réfléchi de Lily qui avait fait effet, comme toujours, mais Maugrey ne se remit pas à crier immédiatement. Il parut évaluer la proposition, puis fit un geste de la main agacée.

- Parle, Evans, grommela-t-il.

- Un apothicaire français qui est venu en Angleterre plusieurs fois pour ses travaux de recherche. Il a fréquenté plusieurs boutiques du Chemin de Traverse cet été, notamment celles de Nolan O'Neil et du professeur Arbor.

Marlène tiqua.

- Le professeur Arbor ? Mais c'est...

- Le patron de ton frère au cabinet d'apothicaire où il travaille, oui, confirma Lily. L'histoire serait crédible. Tu l'aurais rencontré grâce à Daniel et tu l'emmènes à une soirée pour lui faire découvrir une soirée anglaise et pour lui permettre de se faire des contacts dans un milieu... favorisé. Ça pourrait même passé pour une tentative de rédemption de ta famille après ce que ton autre frère a fait en accusant Orion Black. Tu serais venue en guise d'excuse, tu rentres dans le rang, tu amènes un homme plutôt riche pour aider à des partenariats commerciales.

Lily termina son exposé avec un hochement de tête ferme, sûre d'elle. Ils se tournèrent tous vers Maugrey. L'histoire tenait la route. Ils pouvaient faire sans, bien sûr, mais Lily venait de leur prouver que c'était possible d'inclure Sirius. Anxieuse, elle se sentit obligée d'appuyer la proposition :

- Si ça peut me racheter un minimum à leurs yeux, ça sera plus simple pour moi de réaliser d'autres missions de ce genre si besoin un jour.

- Et Sirius n'aurait même pas à parler, intervint Dorcas, désireuse d'aider. Il pourra dire qu'il comprend mal l'anglais et que Marlène gère pour lui.

Maugrey secoua la tête.

- Ca ne tiendra pas ! Il vient pour affaire mais ne sait pas parler anglais ?

- Alors il parlera !

- Parce que Black sait faire un accent français maintenant ? Il sait parler français ?

L'ironie mordante de l'Auror n'échappa à personne. Les espoirs de Marlène s'effondrèrent. Son estomac se tordit un peu plus et elle allait s'avouer vaincu quand Sirius lança :

- Je parle français.

- Quoi ?

- Je parle français, répéta Sirius, visiblement content de pouvoir contredire Maugrey avec un rictus effronté. Les cours étaient une plaie quand j'étais enfant, mais j'ai été forcé d'apprendre. « Toujours Pur » n'est pas qu'une devise avec eux, c'est un art de vivre.

Les derniers mots, prononcés en français, avaient une consonnance étrange dans la bouche de Sirius qu'elle n'avait jamais entendu parler une autre langue. Elle n'aurait pas su dire s'il avait un accent décent, mais elle s'en fichait. L'espoir vibra à nouveau en elle.

- Je ne suis pas Nicolas Flamel, reconnut Sirius, mais je me débrouille même si mon vocabulaire est un peu rouillé. Allez, tout concorde ! Laissez-moi y aller !

Le pari était immense. Marlène en avait conscience. Peut-être que le mieux serait de ne pas les envoyer tout court et de laisser les Londubat gérer la mission. Elle était sûre que, sous son masque de colère, Maugrey était précisément en train d'envisager cette possibilité. Pourtant, contre tout attente, il grogna :

- Très bien, faites comme vous voulez. Mais ne venez pas pleurer si Black se fait prendre. Ça vous forgera le caractère.

Marlène laissa échapper un souffle soulagé. Le sentiment ne dura que quelques secondes, vite rattrapé par la charge de la mission qu'elle allait devoir effectuer. Maugrey les toisa entre agacement et résignation.

- Allez, pas de temps à perdre. Vous devez vous préparer. Vous partez dans une heure.

Puis, sans un mot de plus, il partit en direction du bureau situé dans le couloir adjacent. La tension eut le mérite de retomber d'un cran maintenant qu'ils étaient entre eux et Dorcas se passa une main sur le visage, les traits tirés.

- Bon, si on se fait virer, on saura pourquoi...

- Personne ne va se faire virer, protesta Lily, optimiste. Mais... il n'a pas tort. Faites attention tous les deux. J'ai l'impression que vous vous lancez à l'aveugle...

- Mais non ! rassura Sirius avec une confiance que Marlène espérait feinte. Tu verras, tout ira bien.

- Hum... Si tu le dis. Tu es sûr que ça va aller ? Les... revoir, je veux dire ?

Au fond d'elle, Marlène prit soudain conscience de ce qu'elle avait demandé à Sirius et de ce qu'il avait accepté sans sourciller pour la soutenir. Il avait toujours juré qu'il n'approcherait plus les Black. Elle venait de faire voler en éclat sa volonté et une pointe de culpabilité la traversa.

Sirius, lui, contempla Lily avec cette même expression indéchiffrable.

- Tu sais ce qu'on dit, répondit-il alors d'une voix grave, on ne quitte jamais l'Enfer.

Lily se crispa.

- Oh Sirius...

- Arrête, Evans. Je plaisante, tout ira bien. Une simple fête de fiançailles. Il y aura tellement de monde que je me fondrai dans la foule. Ça va bien se passer.

Il semblait vouloir se convaincre lui-même. Marlène se donna une claque mentale pour se secouer : elle n'allait pas réussir la mission si elle continuer à s'angoisser. Sirius avait raison. Il fallait faire semblant jusqu'à ce que ça devienne vrai. Si elle arrivait à se persuader qu'elle pouvait entrer dans ce Manoir tête haute, alors elle y parviendrait.

Lily se contenta de soupirer, l'air inquiet mais déterminé.

- Je vais chercher la fiole de polynectar. Je reviens.

- On va aller se changer, nous.

- Tu peux prendre la robe que j'aurais dû porter, Marlène, proposa Dorcas. Elle est dans mon armoire.

- Merci...

Avec un sourire rassurant, elle contourna la canapé et se dirigea vers les escaliers, Sirius dans son sillage. Ils n'échangèrent pas un mot, plongés dans leurs pensées. Marlène savait qu'elle avait besoin de lui laisser un peu d'espace, le temps qu'il se fasse lui aussi à l'idée qu'il faisait partie de cette mission improvisée. Le corps saturé par une myriade d'émotions, Marlène entra dans la chambre qu'elle partageait de temps en temps avec Dorcas lorsqu'elle devait rester au QG. Elle le faisait davantage cet été grâce à l'excuse de pouvoir profiter de ses vacances, mais elle le faisait de moins en moins depuis la rentrée. Ses parents auraient été suspicieux et Marlène avait déjà du mal à refreiner les questions de sa mère sur ses activités.

Lorsqu'elle ouvrit l'armoire, elle découvrit la fameuse robe. Dorcas n'avait pas fait semblant, mais elle supposait qu'une fête chez Narcissa Black bientôt Malefoy ne nécessitait pas moins. Le tissus était opaque, brodé d'une couche de tulle transparente filé d'or, et était d'un bleu sombre proche d'un ciel nocturne. Marlène eut un mouvement de recul. Ce genre de robe était faite pour les filles comme Dorcas, comme Elizabeth Yaxley, voire comme Lily. Des filles sûres d'elles, des filles belles, des femmes... Elle aurait l'air ridicule là-dedans.

Prise de panique, elle appuya fermement ses paumes contre ses yeux pour s'empêcher de pleurer. Qui est-ce qu'elle voulait convaincre ? Elle n'était pas Sirius. Elle n'était pas Benjy, Dorcas ou Emmeline. Tout le monde verrait qu'elle n'avait rien à faire à cette fête. Elle allait se ridiculiser, elle allait faire louper la mission. Elle allait passer une idiote devant Regulus.

Dans quoi s'était-elle lancée ? L'Ordre avait été un fantasme d'enfant. Un groupe de résistance luttant contre les méchants. C'était absurde. Elle avait déjà essayé de se battre contre les forces du mal et elle avait perdu. Regulus avait préféré rejoindre les mangemorts plutôt que de l'écouter. Elle n'avait pas été assez forte, elle n'en avait pas valu la peine, et ça serait la même chose aujourd'hui.

Pourtant, elle ne put se résoudre à bouger. Maugrey allait l'assassiner si elle descendait maintenant pour lui dire qu'elle renonçait avant même d'avoir essayé.

- T'es une Gryffondor, murmura-t-elle. La maison du courage. Tu peux le faire...

D'une main tremblante, elle se saisit du ceintre.

- Gemma Ackerley est morte pour cette guerre. Tu peux au moins enfiler une foutue robe. T'es une Gryffondor.

Elle ne savait pas si parler à voix haute l'aidait, mais elle se résolut enfin à se mettre en mouvement. Il fallait qu'elle arrête de penser. Par mécanisme, elle se planta d'abord devant le miroir et avisa les trousses de maquillage de Dorcas qui gisaient sur sa commode. Elle se mit à l'œuvre. Mascara, crayon, fard à joues, rouge à lèvres, fond de teint. Elle ne prit pas la peine d'emprunter des bijoux et se concentra ensuite sur ses cheveux. Maintenant qu'ils avaient poussé, elle pouvait les attacher plus facilement et elle les remonta en un chignon un peu élaboré en y coinçant une dizaine d'épingles. Une mèche, récalcitrante et plus courte que les autres, tomba malgré sur le côté de son visage et elle décida de la laisser.

Inspirant un grand coup, elle se tourna à nouveau vers la fameuse robe. C'était le moment. Avec précaution, elle l'enfila après s'être déshabillée et se résolut à observer le résultat.

Son reflet lui renvoya une image... satisfaisante. Elle n'arriva pas à en détacher son regard, étonnée elle-même, et elle contempla son maquillage avec satisfaction. Après un instant de réflexion, elle enleva son soutien-gorge dont les bretelles étaient trop visibles à cause du bustier de la robe. Le problème qu'elle avait déjà repéré s'accentua alors.

Elle n'avait pas la même morphologie que Dorcas, loin de là. Si elle était à peu près semblable au niveau de la taille et des hanches, leur poitrine était radicalement différente. Et ça se ressentait dans le flottement du bustier. D'une main, elle maintint la robe en place et attrapa sa baguette de l'autre. Les sorts d'ajustement n'étaient pas son fort... Elle avait vu Alexia en jeter plusieurs fois à ses uniformes quand son poids jouait au yoyo à cause de sa maladie, mais elle s'était elle-même contentée de laisser sa mère faire à chaque vacances si besoin.

Priant pour ne pas ruiner la robe, elle jeta le sort malgré tout. L'étoffe s'anima sous ses doigts et se mit à rétrécir, comme pour l'envelopper à l'image d'une seconde peau. Elle s'arrêta avant de se sentir engoncer, soulagée.

Brusquement, on frappa à la porte.

- Marlène ? appela Sirius. Je peux entrer ?

- C'est ouvert !

Le battant s'ouvrit. Il s'était changé lui aussi et portait une robe de sorcier formelle, noire avec un col blanc. L'habit semblait presque renforcer ses traits aristocratiques. S'il n'avait pas été obligé de prendre du polynectar, il se serait fondu dans la foule des invités sans problème : tout en lui criait qu'il appartenait à ce monde.

Il eut un temps d'arrêt en la découvrant. Embarrassée, elle se tordit les mains.

- C'est trop ? s'inquiéta-t-elle.

- Quoi ? Non, c'est exactement ce qu'il faut pour ce genre de fête. Tu... ça te va très bien.

- Merci... Tu crois qu'Alexia approuverait ? Elle est un peu ma coach de mode maintenant ?

Au souvenir de la fois où Alexia avait arrangé sa tenue avant son premier rendez-vous avec Benjy, Sirius sourit.

- Elle te verra ce soir quand on rentrera. Elle va adorer.

- C'es bien... ça nous donne une raison de revenir en vie.

Sa tentative d'humour tomba à plat et il redevint grave.

- Marlène... Même si quelque chose se passe mal ce soir, ils ne pourront rien faire à part nous mettre dehors, d'accord ? Ils ne sont pas encore au-dessus des lois, pas devant autant de témoins.

- Je sais, je sais... Je stress un peu, c'est tout. Première mission.

- Ouais...

Son mutisme inhabituel lui fit prendre conscience que lui aussi était stressé, même s'il le cachait mieux.

- Eh Sirius... je suis désolée. Je n'avais pas pensé... mais si tu ne veux pas...

- Non, coupa-t-il. T'as eu raison. J'étais le mieux placer depuis le début pour faire cette mission, peu importe mes... problèmes personnels. On peut le faire. Et je ne veux pas te laisser entrer là-dedans toute seule.

Marlène hocha la tête, reconnaissante. Rationnellement, ils savaient tous les deux qu'elle ne serait pas seule, même sans lui. Mais les Londubat ne faisaient pas partie de leur groupe. Ce que Sirius lui avouait, c'était qu'elle en était venue à faire partie de sa drôle de famille recomposée autour des Maraudeurs et des filles, et elle en fut soudain touchée.

- Merci... articula-t-elle.

- Pas besoin de me remercier, allez. Maugrey va s'impatienter.

Il lui tint la porte en une invitation, clairement mal à l'aise avec ce genre d'émotions, et elle ne lui en imposa pas plus. Pourtant, au moment de sortir de la chambre, une pensée lui revint brutalement.

- Sirius...

- Hum ?

- Il va y avoir Reg, pas vrai ?

Elle avait à peine élevé la voix, presque honteuse de poser la question, et Sirius se tendit. Elle savait qu'il y avait pensé aussi. C'était impossible de faire autrement, tant pour lui que pour elle visiblement.

- C'est presque certain, oui, acquiesça-t-il. Ça va aller ?

- On verra... Et toi ?

Il hésita. Elle savait que, s'ils étaient honnêtes, ils avaient tous les deux envie de répondre non.

- J'ai de l'expérience, se contenta-t-il d'affirmer.

Devant cette dérobade manifeste, elle n'insista pas. Ça ne servait à rien de se poser des questions avant d'y être, rien ne changerait. La main accrochée avec fermeté à la rampe d'escalier, elle descendit les marches en faisant attention à ne pas trébucher sur le bas de sa robe. Sa nervosité bourdonnait en fond dans tout son corps dans un état permanent. Elle savait qu'elle ne pourrait plus s'en débarrasser désormais et elle adressa une prière à Merlin pour que tout se passe bien. Elle voulait revoir ses parents sans avoir à leur annoncer qu'elle s'était faite démasquée par les mangemorts et devait quitter le pays.

Tête haute, elle pénétra à nouveau dans le salon. Dorcas, Lily et Maugrey se tournèrent vers eux. La première siffla.

- Marlène, t'es magnifique !

- Merci... J'ai ajusté la robe, j'espère que tu ne m'en veux pas ?

- Tu parles, je te l'offre ! Elle te va mieux qu'à moi !

Marlène se retint de protester. Il était évident que Dorcas était plus belle qu'elle dans n'importe quelle tenue, mais l'impatience de Maugrey filtrait dans sa posture tendue et elle vint s'assoir en face de lui avec Sirius.

- Bien, parfait, approuva-t-il en avisant leur apparence. N'oubliez pas, soyez discrets et gardez vos baguettes à portée de main. Vigilance constante.

- On sait...

- Ca ne fait pas de mal de le remettre dans ta tête de pioche, Black. (Il lui tendit une fiole et un carré de parchemin). Tiens, ton identité pour la soirée. Là-dessus, tu as toutes les informations sur Jean Desplantes. Je veux que tu prennes le temps de tout retenir, c'est important. On n'est pas à l'abris que quelqu'un le connaisse parmi les invités.

- Le polynectar devrait durer plus d'une heure, n'hésite pas à en reboire plusieurs fois dans la soirée, intervint Lily, bras croisés.

Avec sérieux, Sirius hocha la tête. Il empocha la fiole, puis se mit à lire attentivement le parchemin. Marlène se força à respirer profondément et l'œil magique de Maugrey se vrilla su elle.

- McKinnon, si je ne te pensais pas capable d'effectuer cette mission, je ne te l'aurais pas donné, tu m'entends ? dit-il de son habituelle voix bourrue, même si une certaine empathie filtrait derrière.

- Je sais... Merci.

- Ne me remercie pas. Rentre dans ce Manoir et reviens avec des noms de mangemorts.

- Oui.

Elle repensa à la liste qu'avaient établies Emeline et Gideon dans la cuisine, celle qui recensait les mangemorts connus et assurés. Bellatrix Black, Rabastan et Rodulphus Lestrange, Evan Rosier... Certains n'étaient que soupçonnés à l'image de Lucius Malefoy. Si elle arrivait à prouver ce soir qu'il portait bien la marque, l'Ordre aurait gagné un avantage considérable pour le traduire en justice.

Une pensée la frappa soudain. Elle n'avait pas vu Regulus sur la liste. Les membres de l'Ordre devaient le surveiller, mais personne n'en avait eu la preuve concrète. Benjy n'avait même pas su qu'il avait été présent le jour de la mort de Gemma Ackerley et de la cérémonie d'initiation que tout le monde pensait avoir été celle d'Elizabeth Yaxley.

Un conflit intérieur s'agita en elle et Maugrey plissa son œil valide.

- Un problème ?

- Non, non... C'est juste que... Pour les noms des mangemorts, on peut vous en confirmer un.

A côté d'elle, Sirius se tendit et détacha son regard du parchemin. Elle lui renvoya une œillade d'excuse.

- J'écoute, déclara Maugrey, soudain attentif.

Elle resta sans voix une seconde. Sirius se lança avant qu'elle ne trouve les mots.

- Regulus, dénonça-t-il. On aurait dû vous le dire plus tôt, désolé. Mais il est encore à Poudlard alors...

- Regulus ? Ton frangin ?

Sirius serra les dents. Il hocha la tête presque imperceptiblement.

- Bien, c'est bien qu'on le sache, approuva Maugrey. Poudlard ou pas, un mangemort reste un mangemort. Je savais qu'Il recrutait des gamins, mais bon sang... Quand je vous dis vigilance constante, ce n'est pas qu'une expression, vous comprenez ?

L'air dégouté et déterminé à la fois, l'Auror secoua la tête. Sirius, lui, parut vouloir ajouter quelque chose, mais se retint au dernier moment. Marlène se força à rester silencieuse pour lui laisser le temps de se jeter à l'eau.

- Maugrey ? dit-il, pas plus haut qu'un murmure.

L'intéressé l'entendit quand même. Il lui fit signe de parler et Sirius baissa les yeux au moment de demander :

- Est-ce que j'ai quelque chose à prouver ce soir ? A cause de mon nom ?

Un long silence suivit la question. Du coin de l'œil, Marlène vit Lily crisper le poing, comme si elle se retenait de s'avancer vers Sirius pour déposer une main compatissante sur son épaule, et Dorcas eut l'obligeance de rester allongée. Elle savait que certains membres de l'Ordre avaient remis en cause l'intégration de Sirius à cause de sa famille. Un Black dans la résistance, c'était étrange. Gideon n'avait notamment pas mâché ses mots au début et il continuait à lancer des piques par moments. Le fait que personne n'ait voulu confier cette mission à Sirius au départ avait pu être perçu pour lui comme un manque de confiance ou d'intégrité. C'était même étonnant que personne n'y ait songé avant et Marlène se fustigea de ne pas avoir abordé le sujet avec lui. Même s'il n'avait rien dit, l'idée avait dû lui peser.

En face d'eux, Maugrey contempla Sirius un long moment, presque songeur. Elle ne sut jamais ce qu'il vit, mais son expression fermée s'adoucit soudain et elle perçut un certain respect derrière la façade de l'Auror à la volonté d'acier.

- Si tu as quelque chose à prouver, répondit-il finalement, ce n'est pas à moi mon garçon. C'est à toi.

Les mots mirent plusieurs secondes à être intégrés, mais Sirius finit par relâcher un souffle bloqué dans sa gorge et hocha la tête. L'horloge sonna huit coups, indiquant l'heure de départ. Marlène se leva.

- Les Londubat sont prévenus, indiqua Maugrey. Si vous êtes en difficulté, laissez-les gérer, d'accord ? Soyez discrets, fondez-vous dans la foule, écoutez sans parler, et tout ira bien. Bonne chance.

Sur ces dernières recommandations, il leur indiqua la porte. Marlène agrippa le bras de Sirius dans une expérience étrange, comme si elle était hors de son corps. Tout lui paraissait tellement surréel de toute façon... Lily et Dorcas les regardèrent partir avec un sourire et un signe de la main encourageants qui lui mirent du baume au cœur. Ses amies avaient foi en elle. L'Ordre aussi. Elle en était capable.

Dès qu'ils sortirent du QG, elle fut frappée par le vent irlandais qui balayait les bruyères. L'automne était pourtant clément, mais le froid reprenait ses droits la nuit tombée en ce début novembre. Elle se rendit compte avec stupeur qu'ils avaient loupé Halloween, trop occupés chacun de leur côté. Ça faisait deux ans qu'ils le fêtaient ensemble pourtant et elle se souvenait encore de leur course poursuite avec Rusard en sixième année à travers le château.

Nostalgique, elle se laissa prendre par les souvenirs pour s'éviter de penser à ce qui l'attendait et ils finirent par atteindre les limites des protections à quelques mères du QG. Sirius se tourna face à elle.

- Prête ?

Elle acquiesça et se sentit sourire malgré son stress.

- Emmène-moi danser, Black, dit-elle, effrontée.

Sirius éclata de rire. Puis, sans cérémonie, il prit sa fiole de polynectar et l'avala cul sec. Aussitôt, il grimaça et Marlène écarquilla les yeux en voyant ses traits commencer à se brouiller. Elle avait assisté aux effets de la potion pendant leur entraînement, mais c'était toujours impressionnant à voir. En quelques secondes, ce n'était plus Sirius qui se tenait devant elle, mais l'apothicaire Jean Desplantes. Il avait des cheveux coupés au bol, raides et châtains sans éclats, et une moustache un peu plus foncée qui ourlait sa bouche fine. Il devait avoir un peu plus de la trentaine.

- Alors ? dit Sirius.

Sa voix était plus grave.

- Très français, jugea Marlène.

- Parfait dans ce cas ! (Il caressa sa moustache du bout du doigt, peu habitué). Oh attends, j'allais oublier. Avant de partir...

Il fouilla dans ses poches et Marlène attendit, perplexe. Il en sortit soudain un éclat de miroir de la taille de la paume de sa main. Il lui tendit.

- Tiens. Je l'ai pris dans la chambre de James.

- Merci... ? C'est pour vérifier que mon maquillage n'a pas coulé et que je ne ressemble pas à un clown face à Narcissa ?

- Non. C'est un miroir à double-sens, expliqua-t-il, amusé. J'ai la deuxième moitié avec moi. Si on est séparés et que tu as besoin de moi, prononce mon nom. Je viendrais t'aider.

- Oh...

Impressionnée, elle retourna le bout de miroir devant elle. Il n'avait rien d'extraordinaire de prime abord, mais elle savait par expérience qu'elle ne devait pas sous-estimer les astuces d'un Maraudeur.

- Merci, ça peut être utile. Et ça vaut dans les deux sens, d'accord ? Je suis là pour toi aussi.

- J'en ai jamais douté.

L'assurance de Sirius la rassura. C'était une marque de confiance importante, elle en avait conscience.

- On y va ?

- C'est parti... Marlène, j'espère que tu es prête pour découvrir la cour du paon.

Et ils transplanèrent dans la nuit vers leur première mission.

********************************

Verdict ? Je sais que certains avaient vu venir le remplacement de Marlène, j'avoue je n'ai pas pu résister haha ! Et j'aime tisser doucement le lien particulier entre Sirius et elle, ça me semblait une bonne opportunité. Peut-être que je m'attarde trop sur le fonctionnement de l'Ordre, ses débats internes, mais ça m'intéresse autant que les missions donc j'espère que c'est le cas pour vous aussi ^^
annabethfan

Profil sur Booknode

Messages : 1490
Inscription : sam. 27 nov., 2010 8:58 pm

Re: Au temps des Maraudeurs [Harry Potter]

Message par annabethfan »

Hello ! Joyeuses Pâques à ceux.lles qui le fêtent ! (je suis désolée, j'espère que j'ai pas fait de faute à l'inclusif, j'ai toujours du mal avec celui-ci...).

Petite histoire mignonne sur le sujet avant de commencer le chapitre. Hier, je travaillais puisque la médiathèque où je travaille est ouverte le dimanche donc j'en fais généralement un par mois et c'est tombé sur celui-ci. Je rentre chez moi et je retrouve mes parents qui avaient été en Normandie voir la famille etc. Et je dis à ma mère que je suis déçue de pas avoir eu de chocolat ni d'avoir pu faire une chasse aux oeufs, même si maintenant que je suis grande j'en fais plus systématiquement mais j'adore toujours autant, c'est sympa et la nostalgie joue un peu haha! Bon, j'en fais pas des tonnes non plus et je passe à autre chose en allant me mettre sur mon balcon tranquille à lire. Sauf que j'entends pas, mais mes parents sont sortis... Ils sont allés à une boulangerie encore ouverte pour acheter des chocolats ! Et quand ils sont rentrés, ma mère m'appelle avec mon frère. On arrive dans le salon, perplexes, et elle nous sort "allez, cherchez !". Damn, j'étais trop contente même si c'était un mini truc avec trois paquets à trouver juste dans mon salon haha ! Avec mon frère on se poussait pour chercher en rigolant et je vous annonce avec fierté que j'ai trouvé 2 paquets sur 3 ! (Et encore pour le dernier, ma mère a aidé mon frère comme s'il avait quatre ans en lui disant "lève la tête" haha). Bref, j'étais trop touchée que mes parents aient fait ça pour moi donc je voulais partager !

Ensuite pour ce chapitre... Warning, j'ai fait une Perri : il est long haha ! 9000 mots environ, ce qui est rare pour ATDM mais j'ai adoré l'écrire, ça doit être un de mes préférés donc j'espère que vous l'aimerez autant. Hésitez pas à commenter en lisant, vraiment je suis curieuse pour celui-ci ^^

Bonne lecture !

*********************************


Chapitre XV : Dans la cour du paon

Le Manoir Malefoy, situé dans le Wiltshire, était sûrement la demeure la plus impressionnante qu'elle ait jamais vu. L'entrée qui permettait d'accéder au domaine, située au bout d'un étroit chemin, était imposante. Une grande haie d'ifs impeccablement taillés longeait l'allée de chaque côté. Le chemin, parfaitement rectiligne, passait par un grand portail en fer forgé et menait directement à la porte d'entrée. Marlène ne pouvait pas voir le domaine, mais même de nuit elle pouvait en deviner l'étendue : le jardin était doté d'une fontaine qui emplissait l'air d'un bruit doux et des paons albinos déambulent sur les pelouses, toisant les invités à mesure qu'ils passaient.

Elle s'accrocha plus fermement à Sirius.

- Merlin... souffla-t-elle.

- Aie l'air blasé, conseilla-t-il. Ils sont trop concentrés les uns sur les autres pour s'intéresser à autre chose. Ils ne verront rien si tu agis normalement.

- Hum...

Alors qu'ils passaient la porte d'entrée, elle tenta de se recomposer un visage neutre. Elle n'avait qu'à jouer à la snob. Elle avait assez vu Regulus le faire. Menton relevé, elle fit une moue ennuyée et avança avec assurance. Du moins, elle l'espérait. Tout autour d'eux, les invités discutaient en donnant leurs manteaux aux elfes postés dans le hall : chaque sorcier et sorcière était plus élégant que le précédent. Marlène remercia Dorcas d'avoir choisi sa robe.

Quand ils débouchèrent enfin dans le salon – lieu principal de réception – elle manqua pourtant de s'arrêter net, choquée. L'intérieur était à l'image de l'extérieur. La pièce ne pouvait d'ailleurs même pas être qualifié de salon. C'était une salle de bal, ni plus ni moins. Les volumes donnaient le tournis, le mobilier était luxueux, un grand tapis brodé recouvrait une partie du parquet ciré et un véritable lustre en cristal pendait au plafond.

- Merlin, je suis pauvre... lâcha-t-elle.

- Non, tu fais partie du commun des mortels. Bienvenue chez la noblesse, Marlène, dit Sirius avec mépris.

Elle l'entendit à peine. Les yeux sûrement aussi grands que des gallions, elle promena son regard sur la foule. Plusieurs visages semblaient familiers. Elle repéra Evan Rosier et son père, Billius Nott, Xander Travers, Caesar Yaxley et ses fils, mais aussi Edgar Bones et son épouse un peu plus loin. Elle haussa un sourcil, surprise. Normalement, les membres de l'Ordre présents auraient seulement dû être eux et les Londubat, mais peut-être que le couple était là officieusement, seulement par obligation et non en mission. Elle se souvint avec un temps de retard que Cassie Bones avait du sang Black, ce qui expliquait peut-être sa présence à la soirée. En tout cas, elle avait l'air pressé de rentrer, comme en témoignant son expression agacée alors qu'elle jetait un coup d'œil à sa montre. Si Marlène devait deviner, elle faisait acte de présence un minimum avant de repartir.

D'autres invités évoquèrent un souvenir lointain dans son esprit, même si elle n'arrivait pas toujours à les replacer. Un couple près du buffet, par exemple, était déjà venu chez elle un jour pour fêter l'anniversaire de sa mère, mais elle n'arrivait pas à se rappeler de leur nom. Les Faucett peut-être ? Il lui semblait qu'ils avaient une fille à Serdaigle, un peu plus jeune qu'elle.

Elle allait continuer à observer les gens autour d'elle lorsque, soudain, l'hôtesse du soir la repéra. Occupée à accueillir chaque invité avec un mot et un sourire, Narcissa Black se figea quand leur regard se croisa. Marlène sentit son cœur s'accélérer.

- Respire, murmura Sirius à côté d'elle. Rappelles-toi, t'as une invitation. Tu as le droit d'être là.

- Je sais...

Avec détermination, elle se força à afficher un sourire poli et Narcissa avança vers eux, parfaite dans sa robe écrue et ses chaussures blanches à talons. Elle ressemblait presque à une mariée, comme si elle voulait mettre un point d'honneur à rappeler à tout le monde que la soirée était une fête pour ses brillantes fiançailles. Ses lèvres écarlates s'étirèrent dès qu'elle arriva devant eux, même si Marlène pouvait toujours voir la surprise qui émanait d'elle.

- Marlène McKinnon, s'exclama-t-elle d'un ton trop enjoué pour être sincère. Merci d'être venue, je ne pensais pas vous voir ce soir.

- Je tenais à vous présenter mes félicitations en personne. Mes parents s'excusent, ils n'ont pas pu venir et mes frères non plus, mais je suis heureuse de les représenter ce soir en espérant que... malgré des désaccords par le passé, cela ne nous empêche pas de passer une soirée agréable. Votre réception a l'air splendide en passant.

Elle termina son petit discours appris par cœur avant d'arriver par un sourire plus prononcé et Narcissa n'eut d'autre choix que de l'imiter. Marlène devait lui accorder une chose : elle cachait bien sa désapprobation.

- Je vous remercie. C'est évident que vous êtes la bienvenue, vous et votre... compagnon ?

Elle tourna des yeux curieux vers Sirius. Marlène eut soudain l'impression d'être une actrice et se lança dans son jeu :

- Pardonnez-moi, laissez-moi vous présenter Jean Desplantes. Il est apothicaire et connait bien mon frère, Daniel. Il est arrivé de Paris il y a quelques jours et souhaitait faire connaissance avec quelques partenaires potentiels avant de quitter l'Angleterre. Je me suis dis que ça serait l'occasion parfaite pour qu'il rencontre du monde.

- Bien sûr... Enchanté, monsieur.

Avec élégance, Narcissa tendit sa main gantée vers Sirius et celui-ci la serra sans tressaillir.

- Madame, merci pour votre hospitalité, dit-il avec un accent français prononcé.

Marlène retint un rire, mais reconnut intérieurement qu'il s'en sortait bien. S'il n'était pas au courant de la supercherie, elle n'aurait rien eu à redire sur l'élocution de cet homme d'outre-manche.

- Je vous laisse donc profiter de la soirée, reprit Narcissa, visiblement désireuse de les laisser. N'hésitez pas si vous avez besoin de quoique ce soit, les elfes sont à votre disposition.

Sans leur laisser le temps de la piéger dans une conversation, elle tourna les talons pour se diriger vers un grand homme aux cheveux blonds presque blanc, bien qu'il soit encore jeune, et au menton pointu.

- Lucius Malefoy, reconnut-elle.

- Lui-même...

Elle se doutait que si Sirius avait pu parler librement sans crainte d'être entendu, il aurait répondu quelque chose comme « le diable en personne ». Et en parlant du diable... Elle les vit en premier. Ce n'était pas dur de les louper, ils ressemblaient à un clan. Des royaux parmi la noblesse.

Celle qui attira son œil en premier fut paradoxalement Druella Black dont le physique tranchait avec le reste de sa famille. Ce n'était pas difficile de deviner qu'elle l'avait intégré par mariage grâce à son épaisse chevelure blonde transmise à sa fille et la forme de ses yeux, légèrement écartés et en ovale, signe distinctif des Rosier. A ses côtés, un homme de haute stature ouvrit les bras à la future mariée et elle reconnut Cygnus Black, le père de Narcissa, sa crinière grisonnante plaquée en arrière sur son front haut. Plus à droite, elle arrêta son regard sur Orion et Walburga en même temps que Sirius dont les épaules se crispèrent. Ils étaient habillés richement, à la hauteur de l'occasion, même si Marlène n'arrivait à se débarrasser de la sensation de froideur qu'elle ressentait toujours face à eux. Dans un contraste prégnant, les deux femmes à l'opposé du groupe renvoyaient une aura brûlante, presque dangereuse. Et pour cause, il s'agissait de Lucretia, celle contre laquelle Sirius l'avait mis en garde à cause de sa langue de vipère, et Bellatrix, une lueur toujours proche de la folie au fond de ses yeux d'onyx. Elles portaient toutes leur cheveux détachés à la manière de jeune fille. C'était presque fascinant de suivre la cascade de boucles noires autour de leur corps et Marlène se sentit à nouveau comme une enfant dans la robe de sa mère.

- Viens... murmura-t-elle alors, engourdie. On ferait mieux de... s'éloigner.

Elle tira Sirius par le bras. Pendant une seconde, elle crut qu'il allait résister, les pieds ancrés dans le sol, puis il se laissa aller derrière elle. Tête baissée pour ne pas trébucher, elle l'entraîna de l'autre côté de la salle. La décoration y était tout aussi somptueuse et ils avaient une vue dégager sur la piste de danse, encore peu remplie à cette heure-ci. Elle se souvenait que Benjy avait conseillé à Dorcas pendant sa préparation d'être attentive aux personnes en train de danser. Selon lui, ce détail révélait bien souvent les affinités et les alliances des gens.

- Tu crois qu'on devrait se séparer ? s'interrogea-t-elle à voix haute. Histoire de couvrir plus de terrain ?

- Ca serait bien, oui. Je crois que j'ai vu les Londubat là-bas. Ils peuvent s'occuper de ce côté.

Curieuse, elle tourna la tête vers l'endroit que Sirius venait de lui indiquer avec discrétion. Un couple était en pleine conversation avec Bartemius Croupton, le directeur de la Justice Magique. La femme avait un visage lunaire et des cheveux coupés à la garçonne tandis que l'homme arborait de larges épaules malgré des traits doux et sereins. Une femme plus âgée buvait un verre de champagne près d'eux, à moitié concentrée sur la conversation. Marlène grimaça devant son châle en renard.

- Heureusement que je n'ai pas eu à porter ça, marmonna-t-elle.

- J'aurais dû te mettre en garde contre le sens de la mode d'Augusta Londubat, c'est vrai, convint Sirius, amusé. Et encore, elle a fait soft ce soir.

- Pourquoi ? Elle aurait pu avoir un autre animal ?

- Un jour je te parlerai de son chapeau vautour.

- Son quoi ?

Mais Sirius ne prit pas la peine de répondre. Il avait déjà détourné son attention de leurs partenaires de mission et son regard avait à nouveau dévié vers les Black.

- Ne fais pas ça, prévint-elle.

- Quoi ?

- Ne va pas les voir. Ne t'approche pas d'eux.

Il eut un mouvement agité, tendu.

- Ils pourraient être ceux qui ont le plus de réponses sur les mangemorts, argua-t-il.

Elle enfonça ses doigts contre son bras, soudain désireuse de le couper dans son élan. Elle aurait sans doute dû le voir venir, mais elle avait été trop prise dans ses propres émotions pour anticiper celles de Sirius.

- Je peux m'en occuper, les Londubat aussi. Ça ne sert à rien de te mettre dans cette position.

- Je sais, je sais...

Pourtant, il paraissait peu convaincu. Elle allait se lancer dans un discours réprobateur un peu plus convaincant lorsqu'un homme arriva soudain devant eux :

- Mr Desplantes ! dit-il avec ravissement. Je suis ravi de vous rencontrer, Narcissa vient de m'informer de votre présence ! (Il empoigna la main de Sirius, enthousiaste). Vous arrivez de Paris ?

- Oh... Oui, tout à fait. Enchanté également, monsieur... ?

- Talbott Winger. Je suis botaniste certifié. Vous avez peut-être entendu parler de ma mère ? Elle est guérisseuse à St-Mangouste et est très reconnue pour ses remèdes à base de plante. Elle aimerait vous parler, elle avait trouvé votre livre passionnant l'année dernière.

Pris au dépourvu, Sirius mit plusieurs secondes à procéder les informations et Marlène pria pour que Winger mette ça sur le compte de sa mauvaise maîtrise supposée de l'anglais.

- Ah... Je suppose que... Vous devrez excusez mon accent, monsieur.

- Aucun problème, voyons, vous vous débrouillez fort bien ! assura Winger. Ça ne vous embête pas si je vous l'emprunte, miss ?

Il s'était tourné vers elle, semblant la remarquer enfin, et Marlène se força à sourire. Autant que l'interruption serve la mission. Et si ça pouvait détourner Sirius des Black, elle prenait la distraction avec soulagement.

- Pas du tout. C'est important que Mr Desplantes puissent échanger avec les invités. (Elle s'écarta avec politesse). Il est à vous.

- Formidable, formidable ! Venez, Mr Desplantes. Oh je peux vous appeler Jean peut-être ? Vous allez voir, ma mère est une femme remarquable !

D'une démarche énergique, il s'en alla vers ce qui semblait être un boudoir où plusieurs personnes s'étaient retirées pour fumer et Sirius eut juste le temps de lui envoyer un regard de reproche avant de disparaître à sa suite. Marlène s'amusa à lui faire signe de la main, contente d'elle-même. Maintenant qu'elle avait mis Sirius en place sur l'échiquier, il fallait qu'elle joue à son rôle à son tour. Nerveuse, elle regarda autour d'elle, perdue au milieu de cet univers à mille lieux de ce qu'elle connaissait. Elle avait pourtant grandi dans une famille aisée, sang-pur, assez ancienne... Mais les Malefoy étaient clairement d'un autre niveau.

Alors qu'elle observait tout avec attention, un point à la périphérie de sa vision l'interpella. Elle se laissa aspirer par la sensation de familiarité et se tourna vers les traits connus qu'elle avait cru apercevoir. Et elle accrocha alors un regard gris.

Elle se figea, comme frappée par un sort. Au loin, de l'autre côté de la foule qui les séparait, il eut la même réaction.

Regulus.

Merlin... Rien n'aurait pu la préparer à le revoir. Elle s'était pourtant imaginé la scène, tard le soir à l'abris de son esprit et des histoires qu'elle s'inventait. Pourtant, la distance avait réussi à lui faire oublier à quel point le visage de Regulus pouvait être un livre ouvert s'il était assez déstabilisé pour perdre son masque d'héritier. Et sa présence au manoir Malefoy semblait l'avoir déstabilisé plus que de raison. Il paraissait avoir vu un fantôme. Le dos droit, vêtu de noir, il se détachait parmi les invités comme un linceul sur une étendue enneigée. Toute sa perplexité irradiait de lui et elle pouvait presque voir ses pensées tenter de comprendre ce qu'elle faisait ici, face à lui. D'une certaine façon, elle ne pouvait pas s'imaginer face à quelqu'un d'autre. Regulus avait toujours été le miroir dans lequel elle se plongeait pour trouver sa raison d'être dans cette guerre. Qu'elle le retrouve pour sa première mission lui donna une impression de sens indescriptible, ce qui n'empêchait pas son ventre de se tordre avec violence. Elle laissa presque échapper son nom, là, maintenant, mais sa voix l'abandonna...

Brusquement, leur échange fut brisé par un couple qui tournoya devant eux sur la piste de danse et Marlène cilla, comme si le charme venait d'être rompu. Elle dû avoir un instant d'absence car le temps qu'elle fixe à nouveau son regard en face, il avait disparu. Perplexe, elle scruta la foule, la respiration coincée quelque part au creux de sa poitrine. Dans sa recherche, elle crut soudain voir des coupes de champagnes léviter toutes seules et elle dût y regarder à deux fois avant de comprendre. Des elfes de maison, à peine plus hauts que les genoux des invités, se mouvaient dans la foule pour servir en toutes circonstances. L'un d'eux vint se planter face à elle, ses grands yeux globuleux et ses oreilles semblables à celles d'une chauve-souris à peine visible derrière son plateau en argent.

- Est-ce que Dobby peut proposer un rafraîchissement à la noble invité des maitres ? demanda-t-il, avenant.

Le cœur toujours battant, elle secoua la tête.

- Merci... mais non, ça ira.

- Bien, miss. Dobby reste à votre disposition.

Et il disparut aussi vite qu'il était arrivé. Mal à l'aise, Marlène se rendit compte avec un temps de retard qu'elle aurait aussi pu le remercier pour sa gentillesse.

- Vous avez tort, le champagne est délicieux, fit soudain une voix derrière elle. Vous devriez essayer.

Vivement, elle fit volte-face. Le temps d'un instant, elle crut qu'il était venu la retrouver, mais la voix n'était pas la sienne. Alors qu'elle luttait contre la déception qui bouillonnait dans son ventre, un homme d'une trentaine d'année lui offrit un sourire charmeur, habillé d'un costume sorcier brodé autour du col de fils d'argent. Elle tenta de remettre son visage sur un nom, en vain et elle répondit avec un temps de retard.

- Oh ! Merci pour la... recommandation.

- Un Laurent-Perrier Grand Siècle, lui apprit-il, suave. Croyez-moi, ça ne se refuse pas.

Elle inclina la tête, espérant paraître intéressée.

- Je n'en doute pas, monsieur, dit-elle. Peut-être plus tard. Je ne voudrais pas avoir la tête qui tourne avant de profiter de la fête.

Il s'esclaffa. Son rire sonna faux.

- Très bonne réflexion, miss ! Vous avez raison. C'est en partie pour cela que je venais vous voir, à vrai dire. (Il lui adressa un sourire un peu plus prononcé et pianota des doigts dans l'air au rythme de la musique). Je dois avouer vous avoir vu et je n'ai pas pu résister à vous venir tenter ma chance. Accepteriez-vous cette danse ?

Dans une invitation plus prononcée, il lui présenta sa main. Marlène hésita seulement un moment. Après tout, elle était là pour ça et avait une mission à remplir. Tout le monde était susceptible de lui fournir des informations. Encore perturbée, elle accepta en glissant sa main dans la sienne.

- Avec plaisir...

- Ah mais le plaisir est mien, voyons ! (Il l'entraîna sur la piste et ils se mirent en position, face à face, alors qu'il passait un bras autour de sa taille). Pardonnez-moi, je n'ai même pas demandé votre nom ! A croire que votre charme me fait tout oublier.

Marlène se mordit la lèvre. Il en faisait peut-être un peu trop, mais elle était trop intimidée pour réagir en conséquence et elle se contenta de lui faire croire qu'elle détournait la tête, flattée.

- Marlène McKinnon, répondit-elle finalement. Et vous ?

- Claudius Ollivander.

- Olli... ? Ollivander, comme le fabricant de baguette ?

- Mon oncle, en effet. Mais je n'ai pas son talent et je lui laisse sa boutique en tout honneur. Ce qui m'intéresse ce soir, c'est de danser avec la plus belle fille du bal.

Merlin, soit cet homme était désespéré, soit il avait un grand sens théâtral. Dans tous les cas, elle accepta le compliment sans rebondir dessus et se laissa entraîner dans la danse. Le rythme n'était pas trop lent, ni trop rapide, ce qui ne l'empêcha pas de se réciter mentalement tous les conseils que Sirius avait donné. Garder les yeux sur un point fixe, écouter la musique, rester droit et maintenir son cadre. Elle n'avait pas l'impression d'être trop gauche, même si les autres autour d'eux se mouvaient avec bien plus de fluidité. Elle espéra que son cavalier était effectivement trop absorbé par son apparence pour le remarquer.

- Vous connaissez bien les futurs mariés ? demanda-t-il soudain.

Il devait chercher à meubler le silence entre eux. Marlène remercia Merlin pour cette perche tendue.

- De loin, avoua-t-elle. Narcissa et moi avons été quelques années à Poudlard ensemble. Je voulais lui apporter mes félicitations pour son mariage.

- Compréhensible ! Un Malefoy, une belle alliance, n'est-ce pas ?

Elle retint une grimace devant ce parti pris et se sentit obligée de nuancer :

- Pour lui aussi, il me semble.

- Bien sûr, bien sûr. On ne fait pas mieux qu'une Black après tout, même si elle est la dernière fille. (Il eut un rire sec, comme s'ils partageaient une plaisanterie amusante entre eux). Enfin, tant mieux pour lui. Je n'aurais pas aimé tomber sur le fille aînée.

Pendant une seconde, ses yeux se portèrent par-dessus son épaule et elle n'eut pas besoin de suivre son regard pour savoir qu'il observait Bellatrix. Elle se crispa.

- Elle est... particulière, convint-elle avec mesure.

Claudius ne parut pas avoir le message.

- Oh effrayante, vous pouvez le dire, affirma-t-il. Je plains le pauvre Lestrange qui lui passera la bague au doigt !

- Monsieur...

- Oui, pardon, pardon. Vous avez raison, je ne voudrais pas froisser la maîtresse de maison en cette si belle soirée. Surtout si ça me prive de votre compagnie.

A nouveau, Marlène se força à sourire.

- Ce n'est rien. Mais vous, d'où les connaissez-vous ?

- Oh je ne connais que Lucius. Nous sommes de vieux amis. Je l'ai connu à sa sortie de Poudlard, j'étais le consultant financier de son oncle à l'époque. Un très bon poste.

- Vraiment ?

- Regardez le manoir autour de vous. Je peux vous assurer que cette famille est une bénédiction pour mon métier !

Elle n'avait pas de mal à croire. Alors qu'il la faisait tourner sur place, le reflet des coupes de champagnes et de la lumière du grand lustre lui frappèrent l'œil et elle vit la scène baignée d'une aura dorée pendant un instant. Les Malefoy devait effectivement avoir une fortune en termes de propriétés, de biens, et d'argent liquide combinés.

Elle se fit soudain une réflexion en détaillant la pièce avec attention, le corps en mouvement.

- C'est marrant... dit-elle à voix haute, intriguée. J'aurais cru que le manoir était plus grand. Il est si imposant de l'extérieur avec toutes ses fenêtres et ses fondations...

- Ah vous avez l'esprit pratique, ma chère, on ne peut rien vous cacher !

- Comment ça ?

Claudius sourit, l'air ravi d'étaler son savoir.

- Voyons, c'est évident ! La façade participe à l'illusion !

- L'illusion ? Vous voulez dire que... ?

Il hocha la tête avec entrain.

- Cette bâtisse regorge de pièces secrètes. Je n'en ai jamais eu la preuve de mes yeux, mais il y en a sûrement une sous nos pieds à l'heure où nous parlons. Incroyable, n'est-ce pas ?

- Oui... C'est le mot.

Le cœur battant, elle retint l'impulsion de baisser les yeux pour chercher le contour d'une trappe ou la jonction d'un sortilège de dissimulation. Fabian et Gideon avaient commencé à lui apprendre à les repérer. Excitée, elle se félicita d'avoir accepté cette danse. Ce n'était pas l'expérience la plus agréable du monde, mais elle venait d'obtenir sa première information.

Elle s'apprêtait à lui demander de continuer à lui expliquer les secrets cachés des Malefoy lorsque la musique changea. Ce n'était plus une danse entraînante, mais un slow aux accents torturés et plusieurs couples autour d'eux changèrent de visages dans un chassé-croisé éclair, comme si ceux qui attendaient en bordure de piste avaient reçus un signal silencieux. Claudius haussa un sourcil.

- Oserai-je vous demander une deuxième danse, miss McKinnon ?

- Pourquoi pas, monsieur Olli...

- Elle a déjà promis cette danse à quelqu'un d'autre, désolé.

La voix, qui porta au-dessus de la sienne, la coupa nette dans son élan. Il entra dans son champ de vision une seconde plus tard.

- Regulus...

Elle murmura son nom, trop faible pour être véritablement entendu, et pourtant il vrilla ses yeux sur elle et son souffle se bloqua à nouveau. Il s'était glissé entre les invités sans qu'elle s'en aperçoive et ne daigna même pas tourner la tête vers Claudius Ollivander. Celui-ci hésita, déstabilisé.

- Oh... Je n'étais pas au courant. Miss McKinnon ?

Il attendit une réponse sans vraiment poser de question, mais elle comprit malgré tout : devait-il se retirer ou rester ? L'esprit embrumé, elle ne savait même plus elle-même et le manque d'expression de Regulus n'aidait pas. Perdue, elle mit une seconde à se sortir de sa torpeur.

- Excusez-moi, monsieur, s'entendit-elle dire d'une voix sans timbre. J'avais... oublié avoir promis la danse suivante. Ce n'est pas correct de ma part.

- Non, non, ne vous en faites pas. Je comprends qu'une femme comme vous soit demandée, voyons. (Il fit un pas en arrière et lui adressa un clin d'œil). Peut-être à tout à l'heure ?

- Oh pitié... souffla Regulus.

D'un mouvement souple, il s'interposa entre elle et Claudius, lui entravant son champ de vision et elle se retrouva comme une idiote devant lui. Par réflexe, elle eut au moins la présence d'esprit de lever les mains au moment où la musique reprenait, plus forte, et que tous les autres couples autour d'eux se remettaient à danser. Dès que leur peau entra en contact, elle ressentit une immense chaleur au creux du ventre et Regulus lui-même manqua un pas. Ils échangèrent un long regard. La dernière chose dont ils avaient besoin était de se ridiculiser devant la fine fleur de la société sorcière. Mentalement, Marlène s'obligea donc à compter la mesure et ils se remirent à danser en rythme.

Son soulagement ne dura qu'un temps...

- Qu'est-ce que tu fiches ici, McKinnon ? articula Regulus, dents serrées.

Elle ne s'attendait pas à ça comme entrée en matière. Le ton lui donna l'impression de recevoir un coup au ventre et chassa la chaleur aussi sûrement qu'une éclipse face à la lumière de la lune.

- Ça se voit, non ? J'assiste à un bal.

- Le bal de fiançailles de Cissy ? Depuis quand ? Qu'est-ce qui t'aies passé par la tête ?

- Arrête, je n'ai pas à me justifier. J'ai été invitée, c'est tout.

- Par convenance !

Blessée, elle sentit une pointe de colère remonter en elle.

- Merci, tu sais faire en sorte que les invités se sentent la bienvenue, cingla-t-elle.

- Ne joues pas à ça... (Il secoua la tête et les fit tourner dans un tourbillon de couleurs, puis ajouta après réflexion :) Non, en fait ce n'est pas un jeu, McKinnon. Il faut que tu partes.

- Pas si tôt, ça serait impoli et tu le sais. Tu n'as rien à me dire...

Surpris, il considéra sa réponse et laissa échapper un rire presque condescendant.

- Quoi ? C'est ça dont il s'agit ? s'exclama-t-il. Pitié, ne fais pas l'enfant.

- Et toi arrête de faire ton sang-pur arrogant. Si c'est pour me traiter comme ça, je préfère encore retourner avec Ollivander.

- Lui ? Il drague toutes les femmes à toutes les soirées depuis des années. Ne te sens pas flattée.

- Vu ton comportement, j'en suis loin...

Elle ne savait pas à quoi elle s'était attendue. Certainement pas à ça. Le Regulus devant elle n'avait rien à voir avec celui qu'elle avait quitté en juin dernier ; c'était celui qu'elle avait rencontré dans un couloir une nuit tardive. Froid, égoïste, hautain. C'était comme si tout ce qu'ils avaient traversé pendant deux ans s'était effacé...

Il dut percevoir le tremblement de sa voix car une ombre tomba sur son visage. Il resserra sa prise autour de sa taille.

- Marlène... murmura-t-il, une urgence dans la voix. Tu dois partir...

- Non. Tu n'es pas le seul à avoir des devoirs envers ta famille. Benjamin a fait des dégâts l'année dernière, je peux réussir à laver notre nom et...

- Fais juste profil bas. L'histoire est oubliée, allez.

Une boule dans la gorge, elle déglutit.

- Je ne peux pas... maintint-elle. Désolée si ma présence t'est autant insupportable mais je pense que le manoir est assez grand pour que tu ne me vois pas.

- Arrête, le cynisme ne te va pas. (Agacé, il plissa soudain les yeux et jura dans un souffle). Oh Merlin, c'est ça... Pitié dis-moi que tu n'as pas fait ça.

- Quoi ?

- L'Ordre, l'espèce de groupe de justiciers hors la loi là...

Aussitôt, la colère et la chaleur qu'elle avait pu ressentir se métamorphosèrent en pierre glacée au creux de son corps. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il connaisse le nom. Paniquée, elle tenta de figer son visage en un masque impassible et se laissa entraîner dans un énième tour sur elle-même.

- Je ne vois pas de quoi tu parles, affirma-t-elle en revenant face à lui.

- Ne me mens pas. Pas à moi.

- Pourquoi ? Tu n'as jamais eu de mal à me mentir. Et arrête de me donner des ordres, bon sang. Qu'est-ce qui te prend ?

- Qu'est-ce qui me prend ? Mais regarde autour de toi ! Regarde où tu es ! Un seul faux pas et ils te tomberont dessus.

- Et en dansant avec moi tu attires encore plus l'attention, non ?

Le coup atteignit sa cible. Tendu, Regulus jeta un regard anxieux autour d'eux. Si la plupart des invités parlaient, dansaient et profitaient de la fête, certaines personnes les observaient à la dérobée, l'air surpris de les voir ensemble. Parmi eux, Marlène vit soudain Livia Fawley, bras croisés sur la poitrine alors qu'elle regardait par la fenêtre.

- Ne me dis pas que tu as laissé Livia...

Il eut l'obligeance de grimacer.

- Elle ne voulait pas danser.

- Reg...

- Je n'en ai pas pour longtemps, je lui ai dit, se défendit-t-il. Juste... pars. S'il te plaît. Peu importe ce qu'ils t'ont dit de faire, tu ne trouveras rien ce soir. Lucius est bien trop prudent vis-à-vis du Ministère.

- Donc il en fait partie ? Malefoy ? Il est... comme toi ?

Elle n'osait pas parler des mangemorts ni de la marque des Ténèbres ouvertement, mais Regulus comprit. Il jura à nouveau.

- Merlin, arrête.

- Je te l'ai dit, je ne peux pas partir. J'ai un invité avec moi, je lui fait rencontrer des gens et il a besoin de moi.

- Un invité ? répéta-t-il, dur. Qui ?

Par instinct, Marlène se mit à chercher Sirius sous son apparence polynectarisée et l'indiqua d'un coup de menton.

- Lui, Jean Desplantes. Un apothicaire que connait mon frère.

- Sérieusement ? Mais il doit avoir trente ans !

- Et alors ? dit-elle, surprise.

- Et alors c'est lui ton cavalier ?

L'indignation qu'il laissa filtrer lui fit soudain comprendre le malentendu. Presque amusée, elle retint un sourire et imagina ce qu'il aurait dit s'il avait su que son « cavalier » était en vérité son propre frère. A tous les coups, il aurait été encore plus indigné. Un instant, elle songea à ne pas le détromper : après tout, elle était censée être vraiment venue avec Jean Desplantes à son bras et chacun pouvait se faire une idée dessus. Mais ça n'avait jamais été dans sa personnalité de mentir...

- Il n'est pas mon cavalier dans ce sens-là, réfuta-t-elle d'un ton appuyé. Je te l'ai dit, c'est juste une connaissance de mon frère et je l'aide à se faire des contacts. Et il m'aide en retour à me réintroduire... dans ce cercle. (Elle parcourut des yeux la foule amassée en bord de piste, rayonnante dans ses robes de bals et ses coupes de champagne, puis pensa brusquement à un autre visage). En plus... ajouta-t-elle, la voix traînante. Enfin, je...

Elle hésita à nouveau. Ça serait sans doute un coup bas, mais elle voulait voir sa réaction.

- En plus ? pressa-t-il.

Evidemment, il l'avait entendu et n'allait pas la laisser s'en sortir avec son bout de phrase avorté. Sans réfléchir, elle laissa donc son envie mesquine l'emporter et annonça :

- En plus, ça n'aurait pas été correct pour mon... copain. Il n'a pas pu venir ce soir.

Voilà, le mot était lâché, même si elle avait buté dessus. Regulus plongea ses yeux dans les siens, l'air surpris, et elle vit littéralement l'éclat qui traversa ses prunelles grises : il n'arrivait pas à bien comprendre ce qu'elle venait de lui envoyer à la figure, mais il savait qu'il en aurait sûrement mal au ventre plus tard. Elle le devinait parce qu'elle connaissait le sentiment. Il lui avait fait ressentir plus d'une fois.

- Ton quoi ? finit-il par lâcher, pris au dépourvu.

- C'est récent, on se voit depuis quelques semaines, se sentit-elle obligée de se justifier. (Elle sentit sa main presser la sienne avec plus de force). Il m'a invité plusieurs fois boire un verre et j'ai accepté. C'était sympa.

Elle ne savait plus vraiment ce qu'elle racontait. Les mots s'empilaient entre eux, vides et lourds en même temps. De toute façon, il pouvait lire entre les lignes. Benjy l'avait invité à de vrais rendez-vous, dehors, à la vue de tous, tandis que leur histoire à eux s'était toujours déroulée à l'ombre de leur repère au canapé vert, comme un secret. C'était ce qu'elle avait été pour lui, un secret.

Prise par un étau soudain dans la gorge, elle ferma les yeux une seconde. Le monde tournait trop. Au moins, le noir derrière ses paupières closes était réconfortant, juste un instant. Elle aurait dû appliquer le même conseil qu'elle avait donné à Sirius. Elle n'aurait jamais dû approcher Regulus, le revoir n'apportait rien...

- Qui ? demanda-t-il brusquement.

Elle rouvrit les yeux aussitôt. La lumière l'aveugla une seconde et elle perdit le rythme de la musique. Regulus entoura plus fermement son bras autour de sa taille pour lui éviter de rentrer dans un autre couple. Elle lui marcha sur le pied.

- Pardon...

- Je m'en fiche, ce n'est pas... (Il soupira puis répéta). Qui ?

Elle secoua la tête.

- Est-ce que c'est important ? dit-elle dans un filet de voix.

« Ce n'est pas toi » serait toujours la réponse qui ferait mal.

Merlin, ce n'était pas juste envers Benjy. Les choses entre eux étaient juste trop récentes et elle savait qu'elle pourrait finir par l'aimer. Elle l'appréciait déjà. Pourtant, elle n'arrivait pas à se concentrer sur lui, pas maintenant.

Un violent besoin de s'éloigner la frappa soudain. Elle avait une mission à accomplir et elle n'y parviendrait pas en continuant à danser avec Regulus. Sans avertissement, elle s'immobilisa. Pris par l'élan de la danse, il manqua de la lâcher et ils trébuchèrent l'un contre l'autre.

- Bon sang, McKinnon ! Qu'est-ce que tu... ?

- Je dois y aller.

- Quoi ?

- Je dois y aller, répéta-t-elle en faisant un pas en arrière.

Il la dévisagea avec intensité.

- Tu dois partir, tu veux dire ?

- Non, je te l'ai dit, je reste à la fête encore un peu... Juste...

- Pas avec moi, comprit-il.

Sa voix s'était faite dure, encore plus qu'au début, et elle lutta pour ne pas faire volte-face et lui échapper.

- On a fait nos choix, Reg, lui rappela-t-elle, la gorge serrée. A nous d'agir en conséquence. (Elle recula encore un peu plus, se perdant entre les corps dansant). Je ne peux plus te sauver, pas là où tu vas...

- Marlène !

Elle l'ignora. Le cœur aussi lourd que ses regrets, elle se retourna et disparu parmi les invités.

**

*

Sirius aurait aimé disparaître. Au lieu de ça, il était obligé d'écouter d'une oreille le monologue sans fin de Mrs Winger sur les classifications de plantes reconnues par le Haut Conseil de Botanique et il était prêt à se jeter dans un filet du Diable si ça voulait dire lui échapper. A ses côtés, Talbott Winger écoutait sa mère religieusement et lui jetait des œillades à la dérobée pour juger ses réactions. Il prenait donc sur lui et lâchait des « oh » et des « ah » intéressés pour rester dans son rôle. Il était censé être apothicaire après tout...

-... et c'est comme ça que j'ai découvert les vertus de la branchiflore sur les maladies respiratoires, disait-elle. Personne n'y avait pensé ! Même si respirer sous l'eau est une chose utile, c'est vrai, je trouvais qu'on pouvait pousser l'idée plus loin. Bien sûr, ce n'est qu'expérimental.

- Hum, hum.

- Quelques tests ont été conduits à Ste-Mangouste, malheureusement un des patients était allergiques ! Ils ont tout arrêté sans me laisser une autre chance.

- Vraiment ?

Mrs Winger hocha la tête, l'air désolé.

- J'avoue que les autres essais n'étaient pas encore concluants. C'est une question de dosage, voyez-vous.

- Tout à fait...

Dans un coin de sa tête, il hurla de frustration. Il avait bien dressé l'oreille à la mention de maladies respiratoires, mais la pauvre femme croyait visiblement en une chimère malgré ses connaissances en botanique. N'était pas médicomage qui voulait.

- Et je vous ai parlé de ma récolte de champignons dans le Sussex ? demanda-t-elle soudain.

- Je ne crois pas avoir eu ce plaisir...

Il espéra que son manque d'enthousiasme était couvert par son accent français qu'il tentait de maintenir depuis plus de trente minutes. Elle se lança dans une explication détaillée et son cerveau refusa cette fois d'enregistrer les informations. Au lieu de ça, il promena son regard autour d'eux. Il ne voyait plus Marlène. La salle de réception était si vaste qu'il s'était retrouvé à l'autre bout de là il l'avait laissé, mais il ne s'inquiéta pas. Elle savait se débrouiller et peut-être qu'elle pourrait réussir à obtenir des informations. Des informations utiles du moins, pas comme la saisonnalité des champignons. Merlin.

Ce n'était pas vraiment ainsi qu'il avait envisagé sa première mission pour l'Ordre. Las, il s'apprêtait à couper Mrs Winger en prétextant devoir retrouver Marlène lorsque deux silhouettes attirèrent son attention. Ce n'était pas dur, elles se détachaient parmi les invités.

Tante Lucretia et sa mère.

Côte à côte, les deux belles-sœurs fendaient la foule sans contourner personne : on s'écartait sur leur chemin. Apprêtées de façon diamétralement opposées pour l'occasion, elles n'en restaient pas moins identifiables au premier coup d'œil, Black jusqu'au bout des ongles. Lucretia avait laissé sa longue chevelure détachée dans son dos et portait une robe au décolleté plongeant orné de dentelle, tandis que sa propre mère avait boutonné la sienne avec élégance, son visage anguleux dégagé de tout artifice. Elles se dirigeaient vers le boudoir, en pleine messes basses, et Sirius sut qu'elles tramaient quelque chose en une seconde. Il connaissait la Harpie.

- Mrs Winge, je suis désolé, mais je dois... vous laisser, s'entendit-il déclarer, déjà en mouvement.

Coupée dans son élan – il lui semblait qu'elle était passée aux différents types de mousses au pied des chênes par Merlin – elle cilla.

- Oh, bien sûr, bien sûr ! Vous devez avoir beaucoup de monde à voir ce soir, je comprends.

- C'est déjà très gentil à vous de nous avoir accordé cette brillante discussion, Mr Desplantes, assura son fils. N'hésitez pas à revenir nous voir si vous avez du temps, votre avis nous passionnerait.

- Merci, j'y penserai.

Soulagé de ne pas avoir eu à véritablement parler de botanique alors qu'il n'avait jamais brillé en la matière de Chourave, il s'éclipsa. Il avait encore un peu de mal à appréhender le centre de gravité de son nouveau corps et il ne se pressa donc pas trop. Pas besoin d'attirer l'attention sur lui. Neutre, il entra dans le boudoir où quelques personnes s'étaient retirées pour fumer et il repéra sa tante et sa mère presque instantanément. Elles s'étaient assises sur une sorte de triple fauteuil articulé autour d'un axe central et il se souvint de son nom au fond de sa mémoire. « Un siège confidence » disait sa grand-mère Melania.

Sans réfléchir, il se dirigea vers elles. Au début, elles ne le remarquèrent même pas, trop prises par leur conversation, mais elles furent bien obligées de lever les yeux vers lui quand il s'assit juste derrière elles. D'un geste, il mima une cigarette en une question muette.

Tante Lucretia haussa un sourcil.

- Oui ? Vous avez perdu votre langue ?

- Cigarette ? S'il vous plaît ? dit-il en accentuant son accent.

Une lueur de reconnaissance s'alluma dans ses yeux. Elle se tourna vers sa mère.

- Oh ne fais pas attention, Narcissa m'en a parlé. Un apothicaire français, il ne comprend pas ce qu'on dit. (Elle tira une cigarette de son sac). Tenez.

Il ne prit pas la peine de lui répondre verbalement pour renforcer son rôle d'étranger perdu au milieu de ce monde anglophone et se contenta d'un hochement de tête poli. Il l'alluma d'un coup de baguette, puis se tourna face au mur et fit mener de contempler les tableaux des Malefoy. Des scènes de chasses du XVIIe siècles, quelques ancêtres, et même Lucius enfant en train de poser avec un paon. « Quel connard prétentieux », pensa-t-il, amer.

- Pardon, Burga, tu disais ? reprit tante Lucretia dans son dos.

Sa mère marqua un silence, signe qu'elle devait hésiter à parler alors qu'il était si proche. Du coin de l'œil, il vit Lucretia balayer l'air de la main, presque méprisante.

- Oh lui ? fit-elle. Ne t'en fais pas, je t'ai dit. Il parle à peine anglais. Je l'ai vu tout à l'heure avec la folle de Winger, il ne comprenait rien à ce qu'elle lui racontait vu sa tête. Parle, allez. Ca fait des jours que tu es préoccupée.

- C'est faux.

- C'est vrai. Tu es imbuvable. Plus que d'habitude, s'entend.

Même de dos, il s'imagina sa mère lancer son fameux regard noir vers sa tante.

- Comment est-ce que tu pourrais le savoir ? Tu es retranchée toute l'année dans ta demeure du Norfolk avec ton Prewett de mari.

- Allons Burga, on ne va revenir là-dessus, rétorqua Lucretia, presque joueuse. Tu sais très bien que Père m'oblige à y rester : plus mon mari de Prewett est loin de lui, mieux il se porte. Au moins, Orion lui a donné le mariage prestigieux qu'il voulait en t'épousant. (Elle souffla sa fumée vers le plafond). C'est lui qui m'a écrit, figure-toi. Il ne se plaint jamais ouvertement, mais je connais mon petit frère et j'ai appris à lire entre les lignes. Vous vous êtes disputés ?

- Non, pas disputés. Disons que nous avons eu... un désaccord, corrigea-t-elle.

Dans le langage de sa mère, un désaccord pouvait couvrir une réalité bien plus large et Lucretia semblait le savoir aussi. Elle laissa échapper un ricanement.

- Pauvre de nous. Que s'est-il passé ? J'espère que tu n'as pas cassé le vase que je vous ai offert pour votre mariage.

- Cette monstruosité ? Non, il est toujours à sa place. Ça te ferait trop plaisir que je l'enlève.

Sirius manqua de s'étouffer d'indignation. Il savait très bien de quel vase sa mère parlait. Il trônait fièrement depuis son enfance dans la bibliothèque de Square Grimmaurd et il avait dû le casser au moins trois fois tant il était laid. La quatrième fois, il avait même piégé Regulus pour qu'il le casse à sa place et, à chaque fois, sa mère lui avait passé un savon. Un héritage de famille ou des conneries du genre. Apprendre qu'elle le détestait autant que lui était inattendu. Quelle vieille Harpie hypocrite.

- Parfait, approuva Lucretia. Maintenant que je suis rassurée pour mon vase, viens-en au fait. Qu'est-ce que mon petit frère a bien pu faire pour t'énerver ?

- Ce n'est pas ce qu'il a fait, c'est ce qu'il n'a pas fait.

- Oh...

Curieux, Sirius se tourna légèrement pour pouvoir au moins observer une partie du visage des deux femmes. Il capta le rictus équivoque de sa tante, toujours d'humeur badine.

- Il manquerait à ses devoirs ? dit-elle dans un rire de gorge, amusée.

- Lucia, pour l'amour de Merlin !

Le ton scandalisé de sa mère fit comprendre à Sirius le sous-entendu avec une seconde de retard. Il retint un frisson d'horreur et Lucretia leva les yeux au ciel.

- Arrête de t'inquiéter, personne n'entend rien. Ne joues pas la prude avec moi, Walburga, pas après toutes nos conversations sur le sujet.

- Ca n'avait rien à voir ! s'indigna sa mère. C'étaient il y a des années !

- Oh je me souviens. Combien de temps ça a duré déjà ?

- Onze ans...

- Ah oui, onze ans. J'espère que ça ira plus vite pour Narcissa.

Avec jugement, Lucretia vrilla ses prunelles grises vers la maitresse de maison, désormais occupée à danser avec son futur époux devant les invités ravis. Sa mère eut un claquement de langue agacé.

- On ne peut pas prévoir, mais je ne vois aucune raison pour que Cissy ait nos... difficultés.

- « Nos » ? Parle pour toi, je n'ai jamais voulu de mioches agaçants dans ma vie, moi. De toute façon, tu as fini par donner les deux héritiers que tout le monde voulait. Tu as fait le travail.

Brusquement, Sirius comprit enfin de quoi elles parlaient. Onze ans... C'était le temps que ses parents avaient passé sans enfant après leur mariage. Il avait déjà entendu les anecdotes murmurées à mots couverts pendant les réceptions de famille : onze ans avaient été une éternité pour les Black alors que son oncle et sa tante n'avaient enfantés que des filles avant qu'il n'arrive. L'enfant prodige.

Ah la blague. Ils avaient vite déchantés.

- Peu importe, marmonna sa mère, clairement agacée par le sujet. Tout ça pour dire que ça n'avait rien à voir, j'étais venue te voir à l'époque pour des conseils. Rien de plus.

- Oui, et je me permets encore de voir l'ironie là-dedans. Je n'ai jamais eu d'enfants, je ne vois pas pourquoi j'aurais pu t'aider plus que Druella ou quelqu'un d'autre.

- Parce que tu étais la seule qui acceptait d'en parler... vraiment.

Lucretia eut un rire aigue.

- Comment ça ? Tu vas me faire croire que ta mère, la mienne, Druella ou toutes les autres femmes de la famille ne savaient pas parler de ces choses-là sans s'étouffer ? Etonnant ! C'est à se demander comment cette famille arrive à continuer d'exister. (Elle tira une nouvelle bouffée de sa cigarette et secoua la tête). J'irai peut-être parler à Cissy finalement.

- Fais bien ce qui te chante.

- Oh Burga, ne fais pas cette tête.

Mal à l'aise, Sirius était à deux doigts de se lever et de trouver une nouvelle cible pour obtenir des informations. Ce n'était vraiment pas le genre de conversation qu'il aurait voulu surprendre. Pourtant, sa mère reprit après quelques secondes, la voix soudain basse et grave.

- Non, ce n'était pas ce sujet qui me préoccupait si tu veux tout savoir. Orion et moi sommes juste en désaccord au sujet de... Regulus.

Le nom de son frère le fit se figer. C'était bien la dernière chose à laquelle il s'attendait. Les rares fois où ses parents avaient laissé filtrer leur désaccord devant lui ou en public, la raison avait souvent été... eh bien lui, s'il devait être honnête. Il supposait qu'il les poussait trop à bout. Mais Regulus – le fils parfait – n'avait jamais rien de fait de mal.

Sa tante devait penser la même chose car une expression de surprise se peignit sur ses traits.

- Petit Regulus ? répéta-t-elle avec ce surnom qu'elle était la seule à utiliser. Merlin, pourquoi ?

- Pour ce que nous venons d'évoquer, plus ou moins. Non, pas dans ce sens-là, ajouta-t-elle quand Lucretia fronça le nez en même que temps que Sirius eut un nouveau frisson en pensant à son frère et ce sujet en particulier. Je veux parler d'héritage et de mariage.

- De... Enfin, Burga, il n'est même pas encore majeur !

- Il le sera dans quelques semaines. Et quand ça sera le cas, Arcturus voudra s'en mêler.

- Père ?

- Bien sûr, Lucia, ne sois pas naïve. Il est le seul héritier à pouvoir transmettre le nom des Black, maintenant, et Arcturus ne quittera pas cette terre sans s'assurer que la lignée perdurera comme il l'entend.

Mains croisées avec force sur ses genoux, sa main se mit à jouer avec le pli de sa robe nerveusement. Sirius se fit la réflexion que c'était la première fois qu'il la voyait se montrer vulnérable, peut-être s'en sans rendre compte, et il prit soudain conscience qu'elle était bien plus proche de sa belle-sœur qu'il ne le croyait. Puis, il se rappela qu'elles se connaissaient depuis l'enfance et avaient elles-mêmes été cousines...

- Burga, tu te montes la tête, jugea d'ailleurs celle-ci. Même si le futur mariage de Regulus est certes important, je ne vois pas pourquoi tu devrais confronter mon frère à ce sujet et...

- Orion refuse de prendre les mesures légales.

- Quoi ?

- Il refuse, pour le moment, de déshériter Sirius officiellement.

La nouvelle jeta un silence glacial. Rigide, Sirius n'arriva pas à comprendre tout de suite. Bien sûr qu'il était déshérité... Il avait été rayé de la tapisserie, effacé d'un coup de baguette, il n'était plus qu'une brûlure sur les fils entremêlés de la famille. Il était comme Andromeda. Et pourtant, un doute s'insinua en lui. Il n'avait jamais reçu de courrier officiel de Gringotts ou du Ministère lui signifiant qu'il n'avait plus de droit sur la fortune ou les biens des Black. Il avait cru, sans doute avec naïveté, que c'était induit officieusement depuis sa fugue. Mais sa mère affirmait le contraire...

Plus aucune trace d'amusement ne jouait sur le visage de sa tante. Abasourdie, elle dévisageait sa belle-sœur et se pencha un peu plus vers elle.

- Comment ça ? Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Exactement ce que ça signifie. Je le supplie de prendre les mesures nécessaires depuis des mois... C'est évident que Sirius ne reviendra plus maintenant et nous laissons Regulus dans une situation précaire en ne faisant rien mais il s'y refuse.

- Il... Merlin, Orion !

- Je sais. Imagine que Sirius mette sa sang-mêlé enceinte. Tout ce qui devait revenir à Regulus reviendrait à son bâtard à notre mort. Square Grimmaurd, nos coffres à Gringotts, tout ! Déjà qu'Alphard lui a légué ce qu'il n'aurait pas dû !

Le souffle court, son teint se teinta sous le coup de la colère et Sirius fut au moins rassuré par ce portait plus familier de la Harpie. Toujours sous le choc, il encaissa malgré tout la nouvelle. Il n'avait jamais pris le temps de songer à cela. C'était évident qu'Alexia et lui n'auraient pas d'enfant, pas maintenant, et s'il devait y réfléchir il préférerait même ne pas donner son nom à ce potentiel bébé. Mais les affirmations de sa mère rebattaient toutes les cartes...

- Mais pourquoi Orion ferait une chose pareille ? interrogea Lucretia, sourcils froncés.

- J'ai ma petite idée.

- Oh ?

- A cause de votre père, voyons, Lucia ! s'énerva sa mère. Il ne s'est toujours pas remis de l'humiliation que lui a fait subir Sirius, il doit se dire qu'il a encore le temps de le faire revenir à la maison et qu'Arcturus ne sera plus autant en colère contre lui !

Cette fois, Lucretia retrouva son rire moqueur.

- Il peut abandonner ses espoirs. Je n'ai pas parlé à Sirius depuis une éternité, mais même moi je sais qu'il ne reviendra pas.

- Tu crois que je l'ignore ? Mais Orion a sa fierté. Il veut se faire bien voir d'Arcturus qui ne cesse de lui faire des remarques.

Ça, Sirius n'avait aucun mal à l'imaginer. Il avait toujours eu en horreur la froideur de ses parents, mais grand-père Arcturus était d'un autre niveau. Le patriarche des Black savait se servir de son autorité et de sa canne, et surtout ne supportait pas que quelqu'un aille dans un sens contraire au sien.

- Père n'est pas facile, convint Lucretia avant de rallumer une cigarette. J'en sais quelque chose. Jamais satisfait... Mon mariage n'était pas assez bien, mon lieu de vie n'était pas assez près de Londres – comme si je n'essayais pas de lui échapper pour cette raison précise – et je ne donnais pas d'enfant à la famille. Orion, lui, n'avait pas assez de caractère, ne travaillait pas assez dur, ne donnait pas assez vite des héritiers... Un éternel insatisfait.

- J'entends bien, mais il est adulte désormais ! Merlin, ça ne peut pas durer pour toujours, et certainement pas si ça menace l'avenir de notre fils ! Si on ne marie pas Regulus au plus vite pour en faire l'héritier officiel de la famille, tout ça pourrait très vite devenir compliqué.

Lucretia haussa les épaules. Contrairement à sa mère, elle ne perdait jamais son sang froid et traitait la vie comme un vaste terrain au service de son amusement personnel. Encore une fois, ça ne fit pas exception et elle déclara avec philosophie :

- Ah Burga, je n'ai jamais vu un homme qui ne cherchait pas l'approbation de son père. Le voilà le problème.

Pour toute réponse, sa mère renifla, dédaigneuse.

- Oh j'en connais un...

Sirius retint un sourire fier. Lui. Elle n'avait pas tort et Lucretia parut lui accorder le point.

- Certes. Mais... Oh, fit-elle soudain alors que son regard se portait au loin, voilà mon cher petit frère.

Par réflexe, Sirius manqua de se retourner, mais il se retint. Quelques secondes plus tard, une ombre tomba sur eux et il fit semblant de s'absorber un peu plus dans la contemplation des tableaux. Il se lança presque dans un concours de regard avec le paon albinos, tendu, avant que la voix de son père ne le frappe.

- Mesdames, vous voilà enfin, grommela-t-il. J'aurais aimé savoir où mon épouse se trouvait avant de la chercher partout.

- Orion, voyons, ce n'est pas une façon de dire bonjour à ta chère sœur ! s'exclama Lucretia. Tu pourrais au moins dire que je t'ai manqué.

- Lucia, ce n'est pas vraiment pas le moment...

- Il n'y a pas de moment pour la famille, petit frère.

D'un geste joueur, elle tapota sa joue et son père se pencha pour lui déposer un baiser de mauvaise grâce. Satisfaite, elle s'affala à nouveau dans le fauteuil et se remit à fumer.

- Tu nous cherchais, Orion ? relança sa mère, impatiente.

- Je te cherchais. Il faut qu'on parle.

- Maintenant ? A la fête de Cissy ?

- Oui. Je viens d'apprendre quelque chose que tu devrais savoir.

Surprise, sa mère haussa un sourcil.

- Vraiment ? Et bien parle !

- J'aurais aimé le faire de façon plus... privée.

D'un geste équivoque, il désigna l'escalier qui menait à l'étage du dessus, plus tranquille et Lucretia se mit à rire, visiblement ravie.

- Je vois que je suis de trop ! Je vais vous laisser. Burga, on se revoit plus tard.

Et avec un clin d'œil, elle se releva dans un froissement de jupons et sortit du boudoir, traçant un sillon de fumée dans son sillage. Figé, Sirius attendit un geste, un mot, n'importe quoi, de la part de ses parents. Ce fut son père qui reprit la parole en premier.

- Rejoins-moi dans le cabinet de travail dans dix minutes, ordonna-t-il. Nous aurons besoin d'un brandy.

- A ce point ?

- Peut-être même du whisky.

L'échange se termina ainsi. En une seconde, sa mère s'était levée à son tour et s'éloigna dans une direction pendant que son père se dirigeait vers le buffet. Sirius prit sa décision en un battement de cœur. Il était hors de question qu'il s'arrête là.

Il avait dix minutes pour se rendre au cabinet de travail à l'étage et s'y cacher.

************************

Oui je vous laisse sur ce bébé suspens et je vous promets que ça en vaut le coup parce que le chapitre suivant est mon 2e préféré haha ! Trop hâte d'avoir vos retours donc je vous écoute ! Ca vous a plu ? Les retrouvailles du Marulus ? Sirius et les Black ? ^^

A dans deux semaines !
Cazolie

Profil sur Booknode

Messages : 3889
Inscription : mer. 21 nov., 2012 3:03 pm

Re: Au temps des Maraudeurs [Harry Potter]

Message par Cazolie »

Je suis de retouuuur moins en retard que ce que je pensais, ça date du 18 haha
Est-ce que toutes les missions ne sont pas imprévues?? Allez c'est parti
D'instinct, Marlène se plaqua un peu plus contre le mur.
Cet effet que Maugrey a sur les gens :')
- Mais je l'ai eu ! Enfin, un peu...
Comment ça un peu :lol:
Ça ne devrait plus faire de différence que James vienne au QG maintenant.
Elle dit ça parce qu'ellle a pas envie qu'il soit banni 8)
Elle avait quelques boutons sur le visage et son teint avait viré au vert depuis hier
Ah, littéralement :lol: J'avais pas capté que la varicelle faisait ça
Tu sais quelle image j'ai en tête ? Madame Mim (Merlin l'Enchanteur) à la fin de son combat avec Merlin, quand elle ressemble plus à rien
celle qui lui faisait souvent penser que Sirius Black était une tête brûlée inconsciente
Paaaaaaaaaaarce que ce n'est pas le cas ?
Sirius regarda derrière lui, presque comme s'il s'attendait à ce qu'un autre « Black » s'y cache.
Mais :lol:
- Oui, toi, imbécile !
Merci :lol:

LOL
il faut que j'arrête de me fier à BN. J'ai cliqué sur "derniermessage non lu" et j'en ai conclu que c'était là où je m'étais arrêtée
MAIS NON
J AI GENRE CINQ CHAPITRES DE RETARD
Je me disais bien que je ne comprenais pas cette histoire de valse
Bon bah t'auras un 8e de commentaire de ce chapitre, désolée :lol: Je crois que je vais lire le reste d'une traite, faire un commentaire global et revenir à ça ensuite :mrgreen:

ALLEZ je reprends après avoir rattrapé les chapitres manquants pendant mon trajet fou pour sauver le mariage
- Je... non... je ne peux pas.
Olalaaaa ce jet dans le grand bain la pauuuuvre
- Je ne suis pas assez préparée, protesta-t-elle, désespérée.
En vrai, elle attire vachement moins l'attention que Dorcas
Et puis soudain, ça la frappa. Regulus. Oh Merlin... Il serait là.
LA VOILA la raison de ton plan machiavélique ! Je croyais que c'était juste pour faire sortir Marlène de sa zone de confort
En vérité, elle avait l'impression qu'elle allait vomir.
Je suis désolée ça m'a fait rire :lol:
- T'as vraiment besoin de moi ? demanda-t-il finalement après de longues secondes.
En vrai je trouve ça chou qu'il demande
Tu serais venue en guise d'excuse, tu rentres dans le rang, tu amènes un homme plutôt riche pour aider à des partenariats commerciales.
Elle réfléchit si vite :')
- Parce que Black sait faire un accent français maintenant ? Il sait parler français ?
Il sait dire Male foi
- Je parle français, répéta Sirius, visiblement content de pouvoir contredire Maugrey avec un rictus effronté. Les cours étaient une plaie quand j'étais enfant, mais j'ai été forcé d'apprendre. « Toujours Pur » n'est pas qu'une devise avec eux, c'est un art de vivre.
J'en étais sûre :lol:
Putain ils vous nous faire comme dans les films américains, quand on nous sert un perso supposément français et qui parle anglais comme un cochon espagnol
- Très bien, faites comme vous voulez. Mais ne venez pas pleurer si Black se fait prendre. Ça vous forgera le caractère.
"Un peu de torture, ça éduque"
Au fond d'elle, Marlène prit soudain conscience de ce qu'elle avait demandé à Sirius et de ce qu'il avait accepté sans sourciller pour la soutenir. Il avait toujours juré qu'il n'approcherait plus les Black.
Enfin il voulait y aller non ? :lol:
Elle allait se ridiculiser, elle allait faire louper la mission. Elle allait passer une idiote devant Regulus.
Oh mais pauvre bichon T.T
elle les remonta en un chignon un peu élaboré en y coinçant une dizaine d'épingles
Plutôt une trentaine T.T
elle l'enfila après s'être déshabillée
Ca aurait fait un drôle d'effet sinon
Si elle était à peu près semblable au niveau de la taille et des hanches, leur poitrine était radicalement différente.
Il me semblait bien :lol:
Ce que Sirius lui avouait, c'était qu'elle en était venue à faire partie de sa drôle de famille recomposée autour des Maraudeurs et des filles, et elle en fut soudain touchée.
C'est trop chou :'))))
La main accrochée avec fermeté à la rampe d'escalier, elle descendit les marches en faisant attention à ne pas trébucher sur le bas de sa robe.
Et ça, c'est pas facile #monMariage
Jean Desplantes
Tu te fous de nous Marion c'est quoi ce nom :lol: :lol:
- Le polynectar devrait durer plus d'une heure, n'hésite pas à en reboire plusieurs fois dans la soirée, intervint Lily, bras croisés.
Il doit remettre un cheveu à chaque fois ?
- McKinnon, si je ne te pensais pas capable d'effectuer cette mission, je ne te l'aurais pas donné, tu m'entends ? dit-il de son habituelle voix bourrue, même si une certaine empathie filtrait derrière.
Il a donc un coeur :')
- Est-ce que j'ai quelque chose à prouver ce soir ? A cause de mon nom ?
Chaton T.T
Il avait des cheveux coupés au bol
SEXY
Peut-être que je m'attarde trop sur le fonctionnement de l'Ordre, ses débats internes, mais ça m'intéresse autant que les missions donc
Mais non t'inqui-ète c'est ça qui est trop bien ! C'était trop cool cette préparation et tous les moments au QG
Répondre

Revenir à « Fanfiction »