32 ans ǀ 178 cm ǀ Errydienne ǀ Réparatrice ǀ Libre et Indépendante ǀ Kayn
That's life
Pour une fois que je reste calme et qu'est-ce que j'obtiens ? Clairement pas la réponse escomptée ou au contraire, la réponse dont je me doutais. Mais à l'attendre, j'ai l'impression de passer pour une conn*sse doublée d'une profiteuse. Je lui en demande trop clairement. Et il est bien assez gentil d'accepter de me voir venir travailler ici moyennant finance. C'est ce que je comprends. Je lui en demande clairement trop, il faut croire que j'abuse. Faut croire que je peux pas poser de questions et que je dois dire oui quelque soit le prix. Sauf qu'il ne comprend pas que tout dépend du prix justement. Je ne peux pas me permettre de perdre trop d'argent car j'ai un loyer à payer, eau et électricité compris et je dois aussi me nourrir. Même si j'arrive à vivre sans avoir le couteau sous la gorge, je ne croule pas sous les jetons. On ne peut même pas dire que je dépense en extra car l'un des seuls trucs que je me permets d'acheter, c'est du café. C'est le seul plaisir que je m'offre. En dehors de ça, je n'en ai pas vraiment. De toute façon, les plaisirs de la vie ici sont rares donc je me contente de ce que j'ai. Et c'est déjà pas mal. Au moins, je ne vis pas dans la décharge. J'ai un appartement où je vis même s'il n'est pas immense. C'est pas comme si j'avais besoin d'un grand espace. Je suis toute seule et ça ne va pas changer demain. Je n'ai jamais fait ma vie avec quelqu'un, je ne me suis jamais installée avec un homme. Je n'ai même jamais eu de relations suivies parce que je n'ai jamais cherché à en avoir une. Je suis trop indépendante et grande gueule pour me laisser marcher sur les pieds par un mec. Je n'ai pas envie qu'on me dise quoi faire et quand. Je couche parfois avec des hommes, enfin surtout Kayn et ça me suffit. Au final, je n'ai pas besoin de plus. Et quand je vois sa réaction, je me fige. Il ne m'a jamais frappé, il n'a jamais levé le petit doigt sur moi. Physiquement, il ne m'a jamais fait de mal jusqu'ici. Il se tend et je l'observe. Son visage dur et fermé, tendu également comme s'il était sur le point de me faire quelque chose. Son poing est serré, et pendant quelques secondes, je me demande ce qu'il va faire. Surtout quand il fait un pas vers moi avant de s'arrêter. Une petite partie de moi ressent de la peur. Je ne sais pas s'il serait capable de me frapper. Si je sais qu'il en est capable physiquement. Il sait se battre, il s'est déjà battu de nombreuses fois quand il était dans l'arène. Donc il a envie d'en mettre une à quelqu'un, je ne doute pas qu'il le fasse. Mais est-ce qu'il serait capable de franchir cette ligne avec moi ? Le fait de me connaitre et de coucher avec moi, je ne sais pas si ça serait suffisant pour l'arrêter. Et si on arrive à cette extrémité, même si je me bats, je doute fortement d'en réchapper. Et là, à cet instant, je n'aime pas penser à ce genre de choses. Je déteste même ça. Non, là, la meilleure défense, c'est clairement de me barrer d'ici même si ça ne m'empêche pas de lui répondre avec mordant.
- C'est bien connu, je suis la dernière des c*nnasses. Promis, je te ferai plus ch*er à partir de maintenant. Pour une fois, je vais suivre ton conseil et te laisse te dém*rder avec ton frigo.
Je tourne les talons et d'un pas rapide, je m'éloigne de Kayn avec l'intention de rejoindre l'extérieur aussi vite que le permettent mes pieds.
Elite d'Evaya ǀ 22 ans ǀ 171 cm ǀ Mannequin ǀ Espoir toujours ǀ Pâris
Somebody to love
S'il n'y avait pas eu cette vidéo, si Julia n'avait pas montré ce qu'il se passait à Errydor, je n'y aurai jamais cru et je ne me poserai pas toutes ces questions que je me pose à cet instant. Les images reviennent en boucle et je n'arrive pas à m'en défaire. J'en suis incapable même si je le voulais. Je ne sais pas ce qui est le pire entre rester aveugle et ne rien savoir ou retrouver la vue, être au courant de ce qu'il se passe de l'autre côté du mur. Ce n'est pas loin, c'est même tout près d'ici à seulement quelques blocs. Et de l'autre côté du mur se trouve l'enfer. On savait qu'il ne faisait pas bon vivre là-bas, cela faisait même peur de se dire que si on perd tout ou on commet une erreur, on atterrira dans ce lieu. Mais la réalité est bien pire que je ne l'imaginais même si j'essayais de ne pas y penser. Et maintenant, je ne peux m'empêcher d'y penser. L'idée de me retrouver de l'autre côté du mur me fait encore plus peur car je ne vois pas comment je serai capable de survivre dans un monde comme celui-ci. Et en même temps, voir ces pauvres gens vivre dans ces conditions, ça me fait quelque chose. Je trouve cela horrible et j'en suis même indirectement responsable. Je ne le savais pas mais aujourd'hui, c'est la réalité et j'en deviens consciente. Mais d'autres questions se posent et là, je n'ai aucune réponse à donner, aucune réponse qui me vient. Même les questions de Pâris, je suis incapable d'y répondre. Je ne connais pas l'avenir, je ne sais pas si des gens veulent changer les choses, seraient capables de dire tout haut ce qu'ils pensent tout bas ou de se battre en une cause qui leur semble juste. Et moi, en suis-je capable ? Je n'en ai aucune idée. Je ne me sens pas courageuse, je ne me sens pas l'âme d'une justicière, d'une héroïne comme on en voit parfois dans les films. Et est-ce que j'aimerais l'être ? Oui, c'est ce que j'aimerais mais toute seule, sans aucun soutien, je ne m'en sens pas capable. Pas comme cette journaliste qui a eu le cran de le faire. Alors, même si elle va tout perdre ou a déjà tout perdu, je l'envie. J'envie son courage, celui de dénoncer une injustice et de la montrer à tout Evaya en connaissant les risques. Elle, elle les a pris en sachant ce qui allait lui arriver.
Je ne sais pas ce que pense Pâris, je ne sais même pas s'il est sincère. J'ai envie d'y croire même si ça peut être dangereux. Il pourrait jouer la comédie, endosser un rôle après tout même si je ne vois pas pourquoi il ferait une telle chose. Tous les deux nous parlons tout bas car nous sommes dans une pièce remplie de mannequins même si nous nous sommes un peu isolé des autres. Pour une fois, j'aimerais vraiment parler à cœur ouvert, à bâton rompu. Pour une fois, j'aimerais aussi être moi-même devant quelqu'un sans artifice. Mais c'est toujours la même chose, il s'agit de confiance et je n'ai personne à qui faire confiance. Pourtant, j'aimerais. J'aimerais tant pouvoir tout partager avec quelqu'un. Mais avec qui ? C'est toujours la même question qui revient. J'ai l'impression de tourner en rond. A qui puis-je adresser cette confiance ? Et qui souhaite la mienne en retour ? Jusqu'ici, on ne sait jamais vraiment intéressé à moi. Enfin, pas de façon approfondie. On aime me parler de ma profession, de mes projets, de mon physique, de ma famille venant de l'élite d'Evaya... On me pose des questions bateaux et superficielles. On ne cherche pas à en savoir plus sur moi. Et parfois, je me demande s'il y a d'autres personnes comme moi ou si je suis la seule à ressentir cela, à me poser ce genre de questions. Car je me sens bien seule. Ce sentiment revient souvent. Pourtant, j'aimerais que cela soit différent. Toujours tout bas, proche de son oreille, je réponds :
- Elle a fait passer les autres avant elle-même alors dans un sens, je pense qu'elle l'est. Moi, j'envie son courage parce que je me sens tout sauf courageuse. Si nous étions tous comme elle, ils pourraient l'être.
Le temps des confidences ou je ne sais comment l'appeler semble terminer. Et j'avoue me sentir déçue mais je ne peux pas attendre quelque chose de quelqu'un que je connais à peine. Tout comme je ne peux pas attendre des autres ce qu'ils sont incapables de donner ou ne veulent pas donner. On ne peut pas imposer de telles choses aux autres. La discussion est clause et Pâris ne semble pas vouloir la poursuivre. A la place, il parle de paillettes sur ses yeux en battant des cils. Je remets mon masque de la jeune et belle mannequin et je joue son jeu même si je n'en ai pas vraiment envie. Vivement que ce défilé se termine et que je puisse rentrer chez moi ou plutôt chez mes parents car j'ai aussi un appartement à trouver. Dès demain matin, je commence mes recherches. En attendant, je réponds presque sur le même ton que lui.
- Tu as raison, tu dois être le plus beau pour ce défilé et tous les époustoufler pour ton second passage. Et moi ?