Je me permets de relancer le thème d'écriture de ce mois-ci. Ça sera donc : Le Lion
Nous avons eu très peu de participations ces derniers mois. C'est dommage, venez, participez! Nous écrivons ici pour le plaisir d'écrire, pour affûter notre plume, pour nous encourager les uns les autres ! Alors, soyez nombreux à participer !
Quelques petites consignes :
♦ Tous les types de textes sont acceptés (fiction, histoire vraie, nouvelle, essai, en vers, en prose) du moment qu'ils collent au thème !
♦ Il n'y a pas de limites minimum de caractères. En terme de taille, le format d'une nouvelle de 15 000 signes (environ 7 pages) est le maximum qui sera accepté.
♦ Faites attention à votre expression et à votre orthographe, il est toujours plus agréable de lire des textes écrits dans un français correct
♦ Les textes écrits avant le concours ne seront pas acceptés. Vos textes doivent avoir été écrits spécifiquement dans le cadre du concours.
♦ Attention : Seuls les membres de Booknode dont le profit sera un minimum complété (quelques livres en biblio et infos sur le profil) pourront participer, peu importe votre date d'inscription. Vous pouvez très bien vous être inscrits la veille, il n'y a aucun soucis, tant qu'il est clair que vous ne vous êtes pas inscrits sur le site juste pour participer et ne jamais y revenir
Voilà ! Nous espérons vous voir nombreux à participer ! À vos plumes, et bonne journée !!
Si l'on fait appel à nos bon sentiments, alors....Voilà ma première participation.
Prédateur
Dans les buissons, les oiseaux avaient repris leurs chants. Son attitude le clamait, la femme dressée sur l’éperon rocheux n’était pas là pour eux. Son manteau large et noir à capuche, aux manches amples retroussées juste en deçà du coude, recouvrait un vêtement gris collant qui épousait la silhouette encore musclée et droite, descendait jusqu’aux doigts noueux, encadrait le visage ridé.
« Mélisande, Yssa, Volana », récita-t-elle. Compagnes tombées en chemin. Ni leur haine, ni la discipline implacable des Amies n’avaient suffi à les maintenir en vie.
Tout reposait dans ses vieilles mains, à présent.
Le regard sans âge descendit vers le fleuve des suppliants convergeant vers Galesh, centre du monde connu, demeure du Haut Khan. Sur ce rocher, elle dominait de deux cents coudées la route des Requêtes. A ses pieds, le mince flot des pèlerins coulait harmonieusement. A mesure qu’ils se rapprochaient de la cité des Audiences, cependant, l’œil exercé de Sifara voyait naître les saccades et les heurts qui troublaient le mouvement organique du groupe. Ses lèvres se pincèrent comme elle songeait : « Il est à l’œuvre ».
Son esprit restait enveloppé de brouillard. Elle avait rejoint le cortège sur le chemin des Requêtes, se laissait porter par la sensation des marcheurs à côté d’elle. Elle eut à peine conscience de pénétrer enfin dans la cour des Eunuques. Elle serait admise devant le Haut Khan.
Dans la cour de la Justice rodait le lion familier, T’Si Hung. Nulle chaîne ne l’entravait. Rien ne protégeait les suppliants quand ils se présentaient devant le trône, et T’Si Hung en avait déchiqueté plus d’un. Ce qui semblait à peine modérer l’affluence. Les prêtres le martelaient, seuls les faibles, les impies et les traîtres avaient à craindre en présence du Haut Khan.
Celui-ci régnait depuis dix ans, l’âge du fauve. C’était la coutume. A chaque couronnement, le nouveau souverain choisissait un jeune compagnon dans la ménagerie et lui donnait un nom, tandis que lui-même perdait le sien – seul restait le titre. C’était comme si la cérémonie dépouillait l’homme entièrement. Le Haut Khan actuel, par exemple. Prince, il était un enfant doux et rêveur, aux gestes alanguis, amateur de poésie. Indulgent aux faiblesses de ses serviteurs.
A présent, il tenait l’empire d’une poigne de fer. La moindre faiblesse décelée dans son entourage était impitoyablement châtiée. Les complots étaient étouffés dans l’œuf, les ennemis de l'empire abaissés. Il n'avait pas d'amis, seulement des sujets. Et le compagnon à crinière qui l’accompagnerait dans la tombe.
L’Audience ! Devant le trône, Sifara porta ses mains jointes à son front, les yeux baissés, à quelques pas de l'estrade habillée d'argent poli. L’innocent petit tube qu’elle porta près de ses lèvres, dans le mouvement impeccablement exécuté de la salutation, fit son office .
Derrière elle, le lion sentit à peine la piqure, mais la substance subtile qui enduisait la pointe et les révélations que l’esprit de Sifara lui laissait enfin percevoir se rejoignirent dans une explosion de souffrance. Il bondit, hurla, retomba.
Sifara soupira. Ce n’était pas son esprit qui avait guidé le geste. A dire vrai, son esprit regrettait. La main et la bouche avaient agi, poussées par l’exigence dont l’entraînement avait imprégné le moindre muscle et le moindre nerf.
Elle releva les yeux pour observer avec satisfaction la transformation ; les épaules du Haut Khan trahissaient la souplesse retrouvée du cou, tandis que la dureté quittait ses traits.
Soudain, les griffes labourèrent son dos. Sifara se retourna sans sa chute pour constater que T’Si Hung avait jeté ses dernières forces dans l’attaque. Presque. Il rassembla sa volonté pour projeter avec force dans son esprit « Toi, entre toutes. » Le lien s’atténua ; elle devina « …tu... me regretteras… ».
L’ironie de la situation lui apparut d’un coup. Elle avait progressé trop rapidement parmi les pèlerins, dans les antichambres de l'Audience. Sa propre admiration pour T’Si-Hung l’avait guidée, protégée ; ses compagnes n’avaient jamais eu l’ombre d’une chance.
Elle cessa de lutter. La longue formation l’avait gravé au plus profond de son être, sa vie serait le moindre des sacrifices. Elle avait éliminé le prédateur et laissait le monde aux mains d’un souverain empreint de bienveillance. Les persécutions cesseraient, avec elles la clandestinité. La formation, la discipline... Elle sentit le sang monter dans sa gorge tandis que le froid progressait vers sa poitrine. En contemplant la bonté des yeux du Haut Khan penché sur elle, les mots du Lion l’atteignirent enfin, plus mordants que les coups.
« Par les dieux, qu'ai-je fait ! Et si le prédateur avait été ... nécessaire ? »
Fichues révolutionnaires ! Tout à leur orgueil, seules de tout l'empire à deviner l'emprise sur les esprits, à démasquer T'Si Hung, à le combattre, elles avaient si peu réfléchi aux conséquences... Puis les traits de son visage se détendirent. Le Lion ne bougeait plus et elle ignorait si ses ultimes pensées l'atteindraient : « Je suis ta création ! Chacun de tes coups nous a endurcies, en évinçant les plus faibles d'entre nous. Tout ce que nous avons construit pour te détruire va disparaître à présent, c'est vrai. Nous aurons seulement offert à l'empire une chance fragile. Humaine. »
Dernière modification par Paraffine le mer. 18 mai, 2022 11:00 pm, modifié 4 fois.
Parrafine, merci pour ta participation !! Je suis contente de voir les écrits de booknaudes que je ne connaissais pas !
J'ai beaucoup aimé ta participation !
Une histoire intriguante et intéressante, un style d'écriture fluide et agréable, une ambiance furtive qui colle bien à l'histoire. Très sympa !
Je n'ai juste pas bien compris la fin : pourquoi la bienveillance du Grand Khan condame-t-elle l'empire ?
Mais sinon j'ai beaucoup aimé ! Merci à toi, bonne soirée !
Bonsoir Florale, et merci pour tes encouragements.
Pour éclairer la conclusion ; le caractère prédateur du lion permettait à l'empire de rester fort. Les persécutions subies par Sifara et ses compagnes de combat les rendaient fortes elles aussi ; c'est ce qu'elle percevait inconsciemment dans son admiration pour T'Si Hung. Elle se rend compte que le sens de son existence s'est construit par opposition à la coutume impériale. La mort de l'ennemi remet en question ses propres valeurs ; son groupe, né de la nécessité, va disparaître faute d'adversaire. Un nouvel empire naîtra, beaucoup moins âpre, mais peu susceptible d'engendrer des héros.
C'est inspiré d'une des nombreuses facette de L'Empereur-Dieu de Dune, de Franck Herbert.
Bon, du coup il faudrait retravailler la fin. Est-ce permis de modifier le texte tant que le délai n'est pas atteint ?
Merci d'avoir attiré mon attention sur le caractère abrupt de la fin.
La tonalité est un peu différente du coup, moins pessimiste (quoique...) Et je suis très flattée que tu aies ressenti une ambiance furtive (j'en ai pour quelques jours à afficher un sourire béat).
Le texte est peut-être encore un peu "sec", mais cela m'a beaucoup amusée de jouer le jeu ! ("inspiré de l'Empereur Dieu", rien que ça , on ne peut pas dire que j'ai manqué d'ambition )
Bonjour, voici ma participation pour ce mois. Ça fait longtemps que je n'ai pas participé et j'avoue que le thème ne m'inspirait pas plus que ça. D'ailleurs si quelqu'un sait comment faire les alinéa sur BN je suis preneuse de l'information Alors voilà, j'espère que ça vous plaira!
Le Lion
Le soleil était haut dans le ciel cet après midi d'été. La chaleur était étouffante. L'herbe avait jaunie par endroit et la terre était semblable au sable du désert.
J'avançais à pas feutrés. Il me fallait être discret sans quoi je serais repéré par ma proie. Je la voyais, allongée, immobile dans l'herbe à l'ombre d'un arbre. Son pelage brun dénotait quelque peu dans ce paysage brûlé. Elle ne semblait pas percevoir ma présence. Mes mouvements étaient bien trop délicats pour qu'elle puisse remarquer le moindre changement. Tous mes muscles étaient bandés, prêt à bondir. Ma queue droite et tendue maintenait mon équilibre. Mon corps était parfaitement aligné. Mon souffle était court, régulier et totalement maîtrisé pour ne déplacer que le minimum de masse d'air. J'étais sans aucun doute le plus discret et majestueux de ce lieu.
Désormais j'étais assez prêt. D'un coup, les muscles de mes cuisses émirent un dernier effort et je bondis sur ma proie. Elle était tellement surprise qu'elle ne chercha même pas à se débattre et je la pris à la gorge. Il fallait faire vite avant qu'elle ne sorte de sa stupeur. Alors je la balançai à droite, à gauche en rugissant pour l'intimider. Je resserrai mes mâchoires acérées sur ma victime. Elle émit un gémissement. Je la tenais, elle ne pouvait plus m'échapper. Je continuais de la secouer dans tous les sens. Dans quelques secondes elle m'appartiendrait. Dans quelques secondes, le Roi de ces lieux exhiberait de nouveau son pouvoir comme maître suprême de la nature. Dans quelques secondes...
- Iggy! Rentre à la maison ! Il fait chaud dehors et si tu continues comme ça tu vas abîmer ton jouet. Aller viens !
Ma maîtresse qui, comme à son habitude, avait le don pour casser toutes mes mises en scène, venait vraisemblablement de mettre fin au combat.
J'ai bien aimé ton texte Paraffine. Ton écriture est fluide et facile à lire. Le tout était très imagé. Peut être un peu trop pour moi cependant. Je ne suis pas certaine d'avoir saisi toutes les subtilités. Mais il reste agréable à lire ^^
Bravo Shawneenat.
J'aime ces fins inattendues.
Paraffine , je manque de temps et j'ai commencé par le texte le plus court. Je lis le tien ensuite.
À bientôt à tous
Shawneenat, j'ai beaucoup aimé ton texte!
Ayant quatre chats à la maison, il m'a beaucoup parlé !
Merci beaucoup ! Je suis très contente que tu es participé !
(Si tu veux proposer un thème d'écriture pour le mois de juin, n'hésite pas à nous le proposer !)
Salut Florale!
J'avoue je suis pas du tout une fan de poésie mais ton texte est bien écrit. Et contrairement à pas mal de poèmes, le tien est compréhensible tout en restant imagé. Du coup j'ai pris plaisir à le lire. J'ai pas eu à me casser la tête pour le comprendre et c'est agréable ahah.
D'ailleurs c'est s'y prendre un peu tôt peut être mais pour le mois de juin j'avais penser à "Liberté" comme thème.
Couvou Florale.
C'est de la poésie.
Et j'ai beaucoup aimé cette poésie là, bien écrite sobre mais en même temps porteuse de toute la majesté du lion.
Excellent.
À bientôt.
Re bonjour à tous.
Je n'ai pas réussi à terminer le texte de mai. Je l'ai commencé puis un blanc complet et j'ai dépassé le 31 mai.
Ce n'est pas grave, j'ai lu vos très beaux textes, il me manque celui de Paraffine car je cours après le temps.
Je vais essayer d'écrire pour juin.
"Perdu(e) dans la foule" vous plairait comme thème?
À vous lire.
Bonne fin de journée.
Coucou Florale.
Je n'avais pas lu que "Liberté" était proposé.
Moi ça me va bien aussi.
J'espère que cette fois je ne vais pas m'arrêter en chemin.
Bonne soirée à toi .
Honnêtement, les deux thèmes me plaisent beaucoup !
Les deux sont larges, permettent d'imaginer beaucoup de choses !
J'ai peut-être un petit faible pour "Liberté", mais les deux me plaisent beaucoup !
J'attends aussi l'avis de Parrafine, mais, au cas où, est-ce que "Liberté" vous convient ?