• 22 ans • Fille de Psycwave •
Ce n'est pas l'histoire de ma mère qui nous interesse aujourd'hui, n'est ce pas? Alors laissez moi me présenter.
Je m'appelle Alice White, je viens d'avoir vingt deux ans il y quelques semaines, et je suis la Super fille de Psycwave, aussi appellée Mental Girl. Je pense qu'on ne peux pas faire plus bref et clair.
De ma mère, j'ai hérité d'un don à double tranchant. Je dois d'abord vous parler d'elle, vous savez, la Super-héroïne qui a fondé le groupe des Fantasmiques qui me sert de mère, qui est malheureusement décédée lors de son combat contre l'Omnidroid v.X et dont on a jamais retrouvé le corps. Mais en réalité, s'ils ne l'ont jamais retrouvé, c'est parce qu'elle n'est pas morte ce jour-là.
Maman ne me parlait pas beaucoup, et je ne sais pas grand-chose sur son parcours en tant qu'héroïne, mais ce que je sais, c'est que ce soir-là, elle a été sacrément amochée et traumatisée. Elle en a toujours les marques d'ailleurs, et elle en fait toujours des cauchemars. Surement, parce qu'elle a vu la plupart de ses amis mourir, et qu'elle n'a pas supporté le syndrome du survivant.
Elle a dû apprendre à reconstruire sa vie, avec des séquelles physiques et mentales, en se promettant de ne plus jamais utiliser ses pouvoirs, car ils lui rappelaient qu'elle avait échoué, et qu'elle n'était même pas capable de protéger ses camarades. Elle a tout fait pour être une mère parfaite, pour me rendre heureuse, parce que ce qu'elle avait toujours voulu plus que tout, c'était d'être maman. Elle avait tendance à être surprotectrice, et souvent, je me dis que c'est sûrement pour cette raison qu'elle m'a toujours caché qui elle était, qui elle était réellement, ce qu'elle savait faire.
C'est en grandissant, que j'ai entendu parler de Psycwave, et je trouvais qu'elle lui ressemblait beaucoup, alors je lui ai posé la question. Maman n'avait pas l'habitude de s'énerver, elle était parfois arrogante et orgueilleuse, c'est vrai, mais elle ne se mettait jamais dans des états comme je l'ai vu ce soir-là. Elle m'a hurlé de ne plus jamais lui parler de cette fille, que je n'étais qu'une gamine qui mettait dans le nez dans des affaires qui ne la regardait pas, qu'elle aurait préféré mourir plutôt qu'on lui rappelle constamment qu'elle était encore en vie.
Alors je ne lui en ai plus jamais parlé, et pour ne plus la rendre triste, je me suis renfermée sur moi-même. Parce qu'elle venait de m'avouer qu'elle aurait préféré mourir, et que c'est difficile d'entendre de telles paroles sortir de la bouche de ta propre mère quand tu n'es qu'une enfant.
Je vous l'ai dit, mon enfance n'a pas été particulièrement joyeuse, ma mère m'aimait, je le savais, mais j'avais aussi cette impression que chaque jour de plus pour elle sur Terre était un calvaire. C'est devenu de pire en pire quand j'ai découvert que j'avais hérité de ses dons, pas de moindres en plus... La manipulation mentale et de l'esprit. Je ne savais pas ce que je faisais, mais elle, elle savait. C'est pourquoi elle a commencer à me rejeter petit à petit, sans doute était-ce trop difficile pour elle, je lui ressemblais tellement après tout. J'ai tout fait pour combler ce vide en elle, a tel point que je me suis oubliée moi-même. Je voulais sauver ma mère, mais c'est moi qu'on aurait dû sauver.
Je me disais que si je partais, ma mère n'aurait pas à se rappeler de son ancienne vie, que peut-être si je mourrais, elle serait enfin pleinement heureuse? Que plus rien ne serait de frein pour elle. Alors dès mon plus jeune âge, j'ai arrêté de sourire, j'ai arrêté de me faire remarquer. Je me suis fait toute petite, si petite que j'aurais pu rentrer dans un trou de souris dans le mur. J'ai essayé de disparaitre, de laisser maman tranquille.
Je n'avais personne, même pas de père. Enfin si, techniquement, j'ai un père, mais je ne sais pas de qui il s'agit. Encore un secret de maman. C'est pour ça que je ne voulais pas rester ici, parce que rien ne me retenait. Je suis un poids pour ma mère, et ce don, je n'en voulais pas. Pouvoir manipuler l'esprit des gens, a quoi ça sert au juste? Obtenir ce que je veux de qui je veux, lui faire faire ce que j'ai envie? Contrôler son esprit? Ce ne sera jamais réel, c'est artificiel, je ne peux pas forcer les gens à me donner de l'amour, ou quoi que ce soit d'autre. Ce n'est pas bien.
Ça ne changera rien. Ne m'apportera pas plus d'amis à l'école, ne m'apporteras pas de meilleures notes, parce que je n'aurais aucun véritable mérite. Je ne veux pas dépendre de ce don empoisonné, il ne me rendra pas mon esprit d'enfant. Simplement parce que je n'ai pas vécu une enfance comme tous mes camarades de classe, que j'ai toujours été défaillante, et que je ne deviendrais jamais quelqu'un comme ma mère. C'est moi le problème, non? Je ne suis pas un enfant normal, je ne maîtrise pas très bien mon don et parfois, je le laisse s'échapper, mais ce n'est pas voulu. J'y suis pour rien, j'essaie de tout faire pour que maman ne m'en veuille pas, mais plus je grandis et plus mon don grandit aussi. Il s'exprime, lui aussi. Alors je lui rappelle ce qu'elle était avant, mais elle ne m'aide pas pour le contrôler, et elle finit par me détester.
Puis un jour, j'ai dix ans, et maman me laisse toute seule.
Je venais d'avoir dix ans quand j'ai été placé en foyer, et encore une fois, je me sentais incomprise de tous. Mais je ne pouvais plus décevoir maman, elle n'était plus là, elle était partie. Je n'avais plus à me mettre cette pression, constamment, de vouloir être parfaite pour être aimée. Quand j'y pense, un enfant n'a pas à se mettre la pression pour cette raison, mais l'amour de ma mère n'était pas suffisant, il ne l'a jamais été, peut-être parce qu'elle ne s'aimait déjà pas elle-même, alors j'étais une grosse charge mentale. Je ne sais même pas si j'étais vraiment voulue, je ne pense pas.
Le foyer m'a changé d'école. J'étais cette nouvelle élève discrète, toujours seule et triste dans son coin, celle qu'on aimait embêter. Celle qui avait des marques sur les bras et sur les cuisses, qu'on trouvait bizarre, celle à qui on répète des horreurs toute la journée. Alors pour que ça s'arrête, j'ai utilisé mes pouvoirs, je voulais juste qu'on me laisse tranquille, je m'autodétruisait déjà assez pour que d'autres personnes le fasse.
Puis j'ai commencé à apprécié manipuler les autres, je savais que ce n'étais pas bien, mais je le faisais pas exprès. Je m'amusais à jouer avec leurs sentiments, parce que je n'en avais pas moi-même. Je me sentais juste vide la plupart du temps, triste l'autre moitié. Mais je ressentais ce qu'eux ressentaient, j'arrivais à m'introduire dans leurs têtes.
Mais il y avait ce garçon.
Lui, il ressentait comme moi. Il se sentait exclu de sa propre famille, il se sentait toujours de trop. J'étais triste de voir que je n'étais pas la seule, alors on devenu amis. Je pense que notre solitude à tous les deux nous a rapprochés. Il parlait plus que moi, parce qu'il était malgré tout bien plus heureux que moi, il avait une famille, des parents, un parrain qui le chérissait, des frères et une grande sœur. Je n'avais rien de tout ça. Je n'avais que lui.
Alors mes seuls moments de bonheur dépendaient de Killian, parce que c'était mon seul ami, je ne pouvais me confier qu'à lui. C'était surtout le seul qui était toujours là à mon réveil quand je faisais des tentatives de suicide.
Il y a eu ce jour aussi, je venais d'avoir seize ans, il en avait dix-sept, c'est ce jour où je me suis vraiment rendu compte de ce que je ressentais. On était dans sa chambre, assis sur son lit, et on se taquinait, comme à notre habitude. Mais j'ai été trop loin, et l'ai embrassé. Il ne m'a pas repoussé. Peut-être qu'il aurait dû le faire. Alors on a continué de s'embrasser de longues minutes, parce qu'on le voulait tout les deux, enfin moi, je le voulais. Une chose en amenant une autre, on a fini par coucher ensemble. J'ai perdu ma virginité avec lui, je ne sais pas si c'est son cas aussi ou s'il l'avait déjà fait avec une autre fille avant, mais je sais une chose, c'est que je m'en rappellerais toute ma vie parce que c'était incroyable, et que dans ses bras, je me sentais moi-même.
Je lui ai dit ce que j'étais amoureuse quelques mois après avoir couché avec, parce que j'avais peur qu'il ne soit trop tard, parce que j'avais peur de rester au stade de "meilleurs amis" toute notre vie, et que ça ne soit pas plus sérieux qu'un coup d'un soir.
Finalement, on est sorti ensemble. Je ne crois pas qu'il m'aimait vraiment, peut-être qu'il avait juste besoin de compagnie et de plaisir charnel, parce qu'il ne m'a jamais vraiment montré qu'il m'aimait. C'était étrange, il était toujours là pour moi, à me soutenir. Il m'a sauvé du suicide de nombreuses fois, mais il ne m'a jamais dit une seule fois je t'aime, je sais que ce n'est pas dans ses habitudes de montrer ses émotions. Mais moi, j'en avais besoin, j'ai besoin qu'il me dise qu'il m'aime, qu'il ne m'abandonnera pas. Parce que moi, je t'aime, Killian, et ce, même si toi aussi tu es parti, que tu m'as abandonné seule ici, alors que j'ai besoin de toi.
Je repense souvent à lui, en me demandant si il est plus heureux maintenant qu'il est loin de moi, maintenant qu'il étudie les mathématiques. C'est vrai après tout, il devait constamment faire attention à moi, et peut-être que c'était trop pour lui, que je lui bouffait tout son énergie. Mes pouvoirs ont tendances à le faire parfois, c'est oppressant pour moi comme pour eux. Ou alors je n'étais qu'une phase, une passade, et qu'il voulait s'amuser. Sinon, pourquoi est ce qu'il est sorti avec moi? Je ne lui ai jamais rien apporté, je n'ai fait que nous gâcher la vie, que le rendre triste. Il a su se relever, et évoluer, pendant que moi j'ai continué de dégringoler dans un cercle vicieux d'addictions et de pensées suicidaires. Je n'étais qu'un poids en plus de son devoir de protéger la ville avec sa famille, et même si j'avais voulu les aider avec mes dons et me rendre utile, je n'aurais pas été à la hauteur. Je ne suis pas assez bien pour lui, plus le temps passe, plus je continue de croire qu'il à bien fait de s'éloigner.
Je me suis réveillé dans un tout autre endroit, au début, j'ai cru qu'il s'agissait de l'hôpital, mais j'étais en pleine forêt, alors j'ai d'abord pensé que j'avais fait un trip et que je me rappelais pas de ma soirée, sauf que c'est totalement autre chose.
Je ne suis plus seule maintenant. Je l'ai vu, il est là aussi.
Sans le vouloir, je suis quelqu'un de manipulatrice, parce que mon don à tendance à pousser les gens à faire ce que je veux, je sais que ce n'est pas normal, que je ne dois pas l'utiliser de cette façon. Je ne suis pas une bonne personne, et c'est pour cette raison qu'ils me fuient tous, maman, Killian... Je vous promets que j'essaie de changer, mais rien ne m'aide, ni la drogue, ni les antidépresseurs que les psychiatres me donnent. Tout ça me fait juste sentir comme anormale, ça me fait mal de me dire que je n'ai jamais connu un réel sentiment de bien-être. Je me suis toujours détestée, je rejette toujours la faute sur moi, c'est mon problème, je sais. Mais je ne peux pas, je n'arrive pas à changer.
Qu'ai-je fait pour être dysfonctionnelle?
Par pitié sauvez moi.