Je valide une consigne à 25+3 points, soit 28 points des sorciers pour les guerriers avec : La Passe-miroir, Tome 3 : La mémoire de Babel, Christelle Dabos
En l'honneur de Jeanne d'Arc qui disait avoir entendu les voix célestes de dieu et de Saintes, mais aussi avoir eu des visions lui demandant d'être pieuse, de libérer le royaume de France de l'envahisseur et de conduire le dauphin sur le trône : Lire un livre où le personnage principal entend des voix, ou voit des choses que les autres ne peuvent ni entendre ni voir (folie, pouvoir surnaturel...).
Spoiler
Exemple :
Après une longue obstination, Ophélie laissa ses mains retomber le long du corps. Elle s’assoupit sans même s’en apercevoir, debout, devant le pupitre de consultation. Cela ne dura qu’une fraction de seconde, un fugace instant durant lequel elle se vit flotter en apesanteur au-dessus de l’ancien monde, si haut qu’elle pouvait voir l’horizon prendre la forme de la courbure planétaire.
Un battement de cils plus tard, elle lisait :
« Bientôt cette foutue saison des pluies et ce foutu dôme qui va encore fuiter de partout et cette foutue jungle qui va m’envahir toutes les chambres et ces foutus gosses qui ne reviennent pas. À quoi ça sert de les avoir envoyés dans cette foutue ville ? Qu’est-ce qu’ils vont y apprendre à part que notre foutu monde il est pourri ? Et s’ils se faisaient lyncher là-bas malgré leurs foutus pouvoirs ? Bordel, qu’est-ce qu’elle fait vide sans eux cette foutue école. »
Ophélie ne ressentit aucune surprise sur le moment. Plongée dans un état second, elle trouva soudain tout naturel de comprendre ce qui était écrit dans le registre. Elle se mit à en tourner les pages, dans un sens, puis dans l’autre, sans plus respecter la procédure, ne suivant que son instinct. En marge des inventaires, à côté des colonnes de comptes, il y avait les commentaires du concierge. C’étaient eux, la vraie teneur du manuscrit.
« L. m’enquiquine avec ses foutues lumières au milieu de la nuit. Couvre-feu, c’est couvre-feu ! »
« Ces foutus gosses se sont disputés toute la journée. La guerre c’était de la pisse de chat comparée au bordel qu’ils m’ont laissé. École de la paix, hein ? Je souhaite bien du foutu plaisir à leurs futurs rejetons. »
« Et merde, J. a disparu. Pour de vrai cette fois. Avec son foutu pouvoir, ça devait arriver. Et merde. »
« Fausse alerte, on a retrouvé J. Sur une autre foutue île. En parfaite santé. Ils sont increvables, ces foutus gosses. »
« La petite A. est venue me taper la causette aujourd’hui. J’ai pas pigé un foutu mot de ce qu’elle m’a dit. Elle m’a fait un dessin. Je crois qu’elle veut un télescope. Je sais pas si ces gamins seront un jour les rois du monde, mais apprendre la langue d’ici serait un foutu bon début. »
« Et merde. On a encore perdu J. »
Ophélie tournait les pages sans pouvoir s’arrêter. Elle était en transe. Il lui semblait presque entendre la voix du concierge lui grommeler à l’oreille et elle pouvait sentir, derrière l’âpreté des mots, une incommensurable tendresse. Il les avait aimés, ces « foutus gosses ». Sincèrement aimés.
Le registre s’achevait brutalement sur un dernier commentaire :
« Il m’épie. Cette foutue façon qu’il a de me regarder me flanque la trouille. Comme si j’étais un foutu intrus dans leur foutue école. Il est pas comme ces foutus gosses, celui-là. Je dois en causer au chef. »
Ophélie écarquilla les yeux derrière ses lunettes, tout à fait réveillée cette fois. Le texte retrouva aussitôt son opacité. Ce n’était à nouveau qu’un enchaînement de caractères sans queue ni tête. Une langue qui lui était totalement étrangère.
– Apprentie Eulalie, votre séance est terminée, déclara la voix de Lady Septima à travers le tuyau acoustique.
Ophélie se tourna vers sa feuille de rapport encore vierge, posée sur un coin de pupitre. Elle n’eut pas la moindre hésitation.
Un troisième tome que j’ai mis du temps à me décider à lire mais dont je ne regrette pas une seconde de l’avoir attaqué !
Je l’ai dévoré ! J’ai mis un peu de temps à me rappeler de certains détails mais finalement tout revient au fil de la lecture.
J’ai beaucoup apprécié le personnage d’Ophélie, qui est tellement humain ! Ça ne paraît être qu’un détail mais c’est tellement appréciable d’avoir des personnages qui sont bien construits !
Thorn aussi, malgré le côté stéréotypé il reste complexe et donne envie de le découvrir.
Quant aux nouveaux personnages de ce roman je les ai beaucoup appréciés. Surtout Octavio même si on ne le voit pas tant que ça.
Le rythme est assez lent et pourtant à aucun moment on ne s’ennuie. Et des qu’on se dit : je m’arrête au prochain chapitre quand le rythme paraît ralentir encore, on n’arrive pas à fermer le livre et on veut absolument découvrir les mystères.
J’ai trouvé Dieu très angoissant. Vraiment. Et vu d’un point de vue d’un enfant c’était encore pire. Pourtant y’a rien eu de phénoménal, mais la représentation que je m’en fait m’a vraiment angoissée. J’ai hâte et un peu peur de voir la suite pour ça !
L’histoire suit son cours et j’ai hâte de voir tous les dénouements. On a eu le droit à quelques pistes déjà à la fin de ce tome.
La plume de l’auteur est toujours aussi fluide et addictive. C’est un vrai bonheur à lire !