DeadlySin a écrit : ↑lun. 07 févr., 2022 8:52 am
Tous ces questionnements sont importants si on veut écrire quelque chose qui va être « profond » et dans lequel il va y avoir un propos même si c'est sur un sujet banal. Ne pas se poser ces questions, c’est prendre le risque d’écrire un livre très superficiel et assez simple voire ennuyeux.
Je crois qu'on est d'accord sur le fait que la différence entre un bon et un mauvais livre tient souvent à l'existence de cette démarche. C'est dans ce sens que je voyais la 1ère proposition de la liste - car si des auteur.e.s sont en recherche de conseils, celui-ci me parait le plus important. Je ne le voyais pas du tout comme une demande de justification.
Globalement, ce qui me semblait être une évidence (le caractère purement réflexif de ces suggestions, et le fait qu'elles ne se limitent pas à une catégorie spécifique d'auteur.e.s) ne l'est pas tant que ça. Et comme je suis restée un peu dans ma bulle, les potentielles dérives ne me paraissaient pas couler de source.
DeadlySin a écrit : ↑lun. 07 févr., 2022 8:52 am
Je citerai à l'appui l'exemple d'Americans Gods de Neil Gaiman qui s’est réapproprié des mythes venant de partout à travers le monde et les a intégré à toutes des réflexions très américaines pour aboutir à quelque chose de très intelligent.
Très intéressant, ce phénomène de mythologie urbaine présente en majorité chez les Américains. Si je devais hasarder une réponse, je dirais que les États-Unis existent depuis peu en comparaison avec les pays européens, et n'ont donc pas eu le temps de développer une mythologie qui leur est propre. C'est d'ailleurs le propos d'American Gods - qui constitue par contre une exception dans le phénomène, puisque Neil Gaiman est un auteur britannique ! Il a d'ailleurs effectué un long voyage aux États-Unis pour s'imprégner de la culture américaine et parvenir à développer sa réflexion dessus.
Bon, et comme c'est la deuxième fois que je vois Neil Gaiman apparaître sur le topic, je me permets d'ouvrir une petite parenthèse parce que j'adore ce type. Il est très proche de ses fans, ouvert sur son processus de travail, et prodigue en conseils d'écriture. Il tient un blog sur lequel il est très actif, et répond toujours avec intelligence même aux questions les plus abusées. Je pense que c'est en partie ce qui fait de lui un auteur aussi apprécié (au-delà de la qualité de ses ouvrages).
Comme ça a été dit plus tôt dans le topic, il a écrit pas mal de personnages féminins, queer ou racisés. Je ne pourrais pas vous répéter de mémoire tout ce qu'il a pu dire sur les questions liées à la représentation, mais je me souviens de ce qu'il a raconté sur le personnage trans de la série de comics The Sandman. Dans les années 90, il a été un des premiers à écrire un tel personnage dans une œuvre mainstream. Il l'a fait avec beaucoup de respect, en s'inspirant de ses propres amies trans avec lesquelles il a énormément échangé. Aujourd'hui, maintenant que la parole s'est davantage libérée, il préfère laisser à des personnes concernées le soin d'écrire de tels personnages. C'est notamment pour cette raison
qu'il a demandé à avoir des scénaristes trans sur l'adaptation de la BD en série - pas en tant que consultant.e.s, mais bien en tant qu'auteur.e.s.
Alors, je ne requiers pas cette même ouverture de la part de chaque écrivain.e, je ne l'estime pas moralement supérieur, et ça ne me fait pas aimer ses livres par principe. Mais en tant qu'autrice, c'est chouette d'avoir des gens comme lui qui partagent autant leur savoir et leurs opinions.
DeadlySin a écrit : ↑lun. 07 févr., 2022 8:52 am
« Ça ne vous pose pas un problème d’en voir autant ? ». Là, je dis « Aïe » et en plus Psyl parlait d’un malaise.
Je rejoins un peu Psyl sur cette question du malaise. Tout comme LisaMalius et sa comparaison avec le porno lesbien. Des histoires érotiques avec des homosexuels, écrites par des femmes, pour des femmes, ça me met mal à l'aise dans le sens où je n'arrive pas à m'ôter l'idée qu'il y a une forme de fétichisation. Pas à chaque fois, bien sûr, mais suffisamment pour que je trouve ça cringe.
J'ai dit que je lisais pas ce type de romans, mais sachant qu'une grande partie de ces autrices viennent de la fanfiction, je pense qu'on peut y lire à peu près la même chose. Hors, dans la communauté fanfic, j'ai pu voir des femmes être vraiment irrespectueuses dans leur manière de considérer les hommes homosexuels, comme s'ils étaient des personnages de fiction, en les infantilisant et les ramenant à des rôles hétéronormés. Donc je peux comprendre que ce phénomène puisse mettre mal à l'aise, même s'il n'a lieu que dans un secteur niche.
Après voilà, si ça me gêne, je remets en question mes choix de lecture. Je n'ai pas envie d'interdire à ces femmes d'écrire ce qu'elles veulent. Sauf que je n'ai pas envie non plus que ça puisse impacter négativement des gens - mais est-ce le cas ou non ?
DeadlySin a écrit : ↑lun. 07 févr., 2022 8:52 am
Et chose amusante, toi en particulier, tu soulevais ces autres aspects sans pour autant être suivie de manière plus approfondie sur ces pistes de réflexion.
Suite au dernier message de Psyl, je me rends compte maintenant que ces questions n'étaient pas l'objectif du topic. Comme j'ai tendance à vouloir élargir la réflexion dans plein de directions différentes, je pense peut-être ouvrir un autre sujet pour approfondir tout ça
theyoubot a écrit : ↑mar. 08 févr., 2022 12:51 am
à quel moment ? Quand les autrices se voient encouragées à rencontrer des personnes accréditées et jugées conformes à une norme de compétence sur le sujet. Quand elles sont forcées de faire la promotion de certains auteurs et livres jugées acceptables par l'autorité (quelle qu'elle soit) qui fait appliquer tes propositions. Quand elles se voient interdire l'emploi de certains thèmes ou mots.
J'ai bien compris ton opinion sur ce point, mais encore une fois,
ma question dépassait le cadre de ce topic. Je n'ai pas demandé à quel moment la liberté d'expression des autrices de romances M/M était limitée par les propositions faites ici. Ma question était d'ordre beaucoup plus général (mais ce n'était peut-être pas le bon endroit pour la poser, d'où mon envie de créer un nouveau sujet).
theyoubot a écrit : ↑mar. 08 févr., 2022 12:51 am
Tu ne présentes pas des propositions applicables uniquement dans les limites de ce fil de discussion.
Tu présentes des propositions qui concerneraient toutes les autrices de ce pays.
Et puisque tu prétends instaurer une censure digne d'une dictature, on te met sous le nez la vraie nature de tes propositions.
Tu dis que je veux mettre en place une dictature stalinienne. Ça aurait été le cas si j'avais demandé à ce que les propositions soient appliquées de manière systématique à l'échelle du pays. Hors, il me semble avoir été très explicite sur le fait que ce n'est pas ce que je veux. Je l'ai dit à plusieurs reprises,
la seule chose que je souhaite, c'est encourager la réflexion chez les auteur.e.s de manière générale, et c'est dans ce sens que j'ai posté le résumé des propositions faites sur le forum. Sans me rendre compte, effectivement, que ma vision des choses n'était pas forcément en accord avec la démarche originale. Vraiment, au bout d'un moment, je ne vois pas comment je pourrais être plus claire, alors ce serait gentil si tu pouvais éviter de m'attaquer là-dessus.
theyoubot a écrit : ↑mar. 08 févr., 2022 12:51 am
Autrement dit, ton argument est : une censure stalinienne n'est pas grave si moi, Lyra1998, je ne vois pas qu'elle est grave.
Mon argument, c'est que ce n'est tout simplement pas une censure stalinienne. Ça le serait si les propositions étaient mises en application par je ne sais quelle autorité, mais ce n'est pas le cas pour le moment, et je doute que ce soit le cas dans le futur puisqu'il n'a jamais été question jusqu'ici de la manière dont elles seraient hypothétiquement appliquées. Et dans ma vision des choses, il me paraissait évident que ce n'était pas le but poursuivi.
Quoiqu'il en soit, je n'ai jamais dit que mon point de vue primait sur celui des autres.
LisaMalius a écrit : ↑mar. 08 févr., 2022 10:54 pm
Il y a quelques mois, je m'étais moi même posée la question : est ce que ce n'est pas problématique que je lise de plus en plus de la romance MM?
Et j'étais tombé sur un article qui évoquait les raisons et l'une d'entre elle était particulièrement intéressante. Je ne sais pas si je vais bien l'expliquer, mais cela disait que cela gommait la dynamique homme-femme. Et que ça permettait à la lectrice d'un peu oublier toutes ces injonctions qu'on peut ressentir.
Si tu remontes un peu dans le topic, cette idée a déjà été mentionnée, notamment dans
l'article de Têtu que j'ai posté.
J'ai eu les mêmes questionnements il y a un temps, et j'étais tombé sur la même conclusion (entre autres raisons). Bref, une fois de plus, c'est lié à cette foutue société sexiste et hétéronormée. Donc inutile de te culpabiliser si tu apprécies ce genre de romances : c'est normal, et en plus tu as l'air d'avoir du recul sur ce que tu consommes. Ça ne fait pas de toi quelqu'un de problématique, ne t'inquiète pas !