
Willow

Androïde | 7 ans | Enfant d'Harvel | Idéaliste | Guerrier Pacifiste
Dans La Déchage | Avec Circé
Je n'aime pas le jour du tournoie. En réalité, je ne l'avais jamais vécu avant, car je suis à Errydor depuis moins d'un an. Cela est un sentiment étrange de réaliser que je suis arrivé il y a si peu de temps finalement. Et pourtant, j'ai l'impression que c'est là que j'ai passé la plupart de ma vie. J'imagine que c'est sans doute vrai, d'une certaine façon. Je n'étais pas vraiment vivant avant d'arriver ici. J'étais privé d'émotion, une coquille vide qui n'étais destiné qu'à accomplir la volonté d'une société qui me voyait comme à peine plus qu'un pantin. A Errydor, j'ai connu la terreur, la douleur, l'espoir, et l'amitié. Malgré tout ce que j'ai enduré, j'ai la chance d'avoir trouvé une cause à protéger qui me tiens réellement à cœur, et des camarades sur lesquels je peux réellement compter. Mais le tournoie me ramène à l'époque douloureuse où je pensais que j'étais seul, et que je serai seul toute ma vie, forcé de combattre, privé à nouveaux de libre arbitre et de dignité. Sur le papier, les gens qui y participent ne sont pas dans la même situation que moi à l'époque, on ne les force pas à être là. Mais ici, les humains vivent avec la peur au cœur et la faim au ventre, ils feraient n'importe quoi pour cet argent, et je ne peux même pas les blâmer. Ni ceux qui ne font pas ça pour l'argent d'ailleurs. Evaya voit les habitants Errydor comme des gens inférieurs parce que plus prompts à se laisser aller à une violence non nécessaire. Mais si les places étaient inversées, ils feraient la même chose. La violence n'engendre que la violence, le plus on y goûte, le moins en en sent le goût métallique. Et la plupart des habitants de ce côté du mur doivent y faire face depuis bien trop longtemps. Elle fait partie de leur quotient, ils ne la voit même plus. Pour certains, c'est devenu un moyen de survis du quotient, au même titre que boire ou manger. Et je vois bien la façon dont le tournoie d'aujourd'hui y participe. Les entrées sont gratuites, et bien sûr, c'est parce que les Phalènes savent très bien qu'ils gagneront de l'argent grâce aux nombreux paris. Mais il y a aussi plus que ça. Ils prouvent qu'ils ont le monopole de la violence. Teegan la répand et la reprend comme bon lui semble. Ils l'encourage, mais selon ses termes. Finalement, il n'est pas si différent du gouvernent d'Evaya.
Je n'ai pas l'habitude d'avoir des pensés aussi sombres qui me tournent en tête, mais aujourd'hui, lutter contre ces idées me paraît plus dur que d'habitude, tandis que j'ai du mal à empêcher les mauvais souvenirs liés à l'Arène de refaire surface... Et dire que Kit est parti là-bas... Je sais que je l'ai laissé, parce que son plan paraissait solide, et qu'il a raison, sauver les androïdes captifs de Teegan est notre priorité. Mais je ne veux pas imaginer Kit souffrir, ou être en danger. C'est mon ami en plus d'être mon chef, et je voudrais le protéger, mais après tout, lui aussi a un libre arbitre, et ne pas le respecter serai insulter son intelligence et sa personne, sans parle de tout ce pourquoi nous combattons. J'ai cependant fait en sorte que Dimitri puisse le retrouver facilement, car il est le meilleur mécanicien que je connaisse, et quelque soit l'issue du combat, le chef des Enfant d'Harvel aura besoin d'un médecin pour le remettre sur pied. J'essaye de me convaincre que si je ne rejoint pas Kit dans l'arène, c'est parce que je suis son bras droit, et il faut que quelqu'un reste s'occuper de l'organisation, et il est inutile que nous prenions tout les deux des risques inconsidérés. Mais je sais aussi que la simple idée de remettre les pieds dans l'arène me terrifie. La foule, les cris, le fait de n'avoir nul part où fuir... Je suis capable de me battre. Je me suis battu de nombreuse fois depuis que je suis devenu le bras droit des Enfants d'Harvel. Mais dans l'arène, c'est différent...
Je vois que les choses se passent bien au camp, tout le monde a quelque chose à faire et personnes ne rechigne à la tâche. Tout est très calme, dans les rus également, ce qui est inhabituel. J'imagine que c'est l'un des rares bienfait du tournoie... Mais cela veut aussi dire qu'il y aura sans doute moins de gens à la décharge, ce qui augmenterai grandement nos chances de trouver des pièces détachés, voir peut-être un nouvel androïde que nous pourrions aider, même si ce n'est pas tout les jours que nous en trouvons, malheureusement. Et même quand c'est le cas, ils ne veulent pas toujours nous rejoindre, ce qui n'est pas un problème, même s'il y a toujours une sensation désagréable à voir un androïde partir sans que nous ne puissions le protéger ou l'aider d'avantage...
Je décide donc de prendre deux androïdes avec moi et de me rendre à la décharge, histoire de voir ce que nous pourrions récupérer d'utile tandis que la ville est un peu plus calme.
Quand nous arrivons là bas, elle n'est pas entièrement vide, puisqu'elle ne l'est jamais, mais on y voit plus clair que d'habitude. J'estime que la zone est suffisamment peu dangereuse pour qu'on se sépare, sans pour autant se perdre de vu mutuellement.
Je commence par fouiller un tas de débris, à la recherche de n'importe quoi d’électronique, ou bien uniquement métallique. Je sais à peu près ce qui est utile ou non, puisque que les déchets que nous ramenons sur notre territoire sont globalement souvent les mêmes, mais j'ai toujours peur de passer à coté de quelque chose d'utile, si bien que je préfère ramener trop de chose et devoir refaire un trie avec Dimitri et Kit que de prendre le risque de délaisser une perle rare. Tandis que je suis en train de contempler un parapluie en lambeaux, me demandant si l'armature en métal pourrait nous être d'une quelconque utilité, mon œil est dérangé à réplétion par une lumière qui clignote dans mon chant de vision périphérique. Je finis par tourner la tête et suis déçu quand je vois qu'il ne s'agit que d'une cuillère sale et tordu qui reflète la lumière à intervalles irréguliers. Rien de très utile... Je lève machinalement la tête en direction du soleil, sans crainte d'être aveuglé comme un humain le serai, à la recherche de ce qui obstrue sa lumière, m'attendant à voir un vieux chiffon voleter dans le vent, ou quelque chose de la sorte. Mais non. Je suis surpris de voir qu'il s'agit en réalité d'une jeune femme brune, qui marche tranquillement au sommet d'une pile de déchet. Elle a l'air tellement sereine, elle ressort immédiatement du lot de visages amincies et inquiets. Ses mouvements sont fluides et gracieux, elle n'a l'air ni ralenti par la faim ou par la peur, alors que pourtant la pile de déchets sur laquelle elle se tient n'a pas l'air très stable, sans parler du fait que nous ne sommes pas du côté du mur où ce genre d'attitude est la plus courante. Elle m'intrigue immédiatement, et tout de suite, je me dis que je voudrais la connaître, en savoir plus sur elle, comprendre la raison de son attitude. Mais il y a aussi quelque chose de plus enfantin qui s'éveille en moi, une envie de la rejoindre en haut de son piédestal, de voir ce qu'elle peut bien voir de là haut. Mes pensés sur l'Arène et le Tournoie me semblent plus lointaines, comme si sa joie muette était contagieuse d'ici. Cependant, je crains que si j'escalade le talus d'ordure moi aussi, il ne s'effondre sous notre poids et nous blesse tout les deux, voir ceux autour de nous. De plus, j'ignore si elle est humaine ou non, mais si elle l'est et qu'elle se blesse dans la décharge, elle pourrait attraper de nombreuses maladies très dangereuses pour elle. Et puis, si les gens autour de nous n'ont pas l'air très dangereux, il est dur d'en être sûr. Je pense qu'il serait plus prudent pour elle de descendre, mais je ne veux pas l'affoler pour autant.
-Bonjour mademoiselle!
Je lance dans sa direction, assez fort pour qu'elle m'entende, sans crier pour autant, car je ne veux surtout pas l'alarmer. J'attends qu'elle regarde dans ma direction pour lui faire un petit salut de la main.