Samuel dit "Judge"
23 ans – 1m88 – Justicier cynique
Marginal et solitaire – Animé par son sens du devoir

Langage légèrement grossier
Les hurlements incessants me réveillent en sursaut. Comme tous les jours. Mes rêves, ou plutôt mes cauchemars, ont raison de mon sommeil. Lorsque c'est pas mes frères, c'est des corps mutilés hurlants. Depuis des années. Un regard bref dans une grille des tunnels me fait comprendre que le jour est tout juste levé. Il doit être six heures trente. Je devrais retourner dormir. La nuit a été longue et je n'ai dormi que quelques heures. Un rapide coup d'oeil dans mon miroir me rappelle que mon corps en aurait bien besoin. D'épaisses cernes descendent sous mes yeux. À moins que ce soit un cocard sur celui de gauche. Je sais plus vraiment à force.
Ma blessure au torse me fait souffrir. Un sale coup de surin qu'il m'a mis le salopard d'hier. Un simple voleur à qui je me suis contenté de briser les bras, ça lui apprendra. Il faut que je change mon bandage. Quelques gouttes d'alcool pour désinfecter.
"Aïe !"... bordel j'ai connu pire pourtant. Une gorgée pour faire passer la douleur. Un nouveau bandage à peu près propre. Voilà ça fera l'affaire. Et quelques gorgées de plus me feront pas de mal après tout.
Je devrais profiter de la journée pour mettre un peu de rangement dans cette vieille rame démontée qui me sert de piaule. Entre les emballages, les armes, les mégots et les bouteilles vides, y restera bientôt plus de place pour marcher. Allez, c'est pas comme si c'était pire que d'aller traîner mes fesses dans ce tas de merde des phalènes où les suicidaires vont se faire déssouder aujourd'hui. Mais je m'en occuperai plus tard.
J'ai besoin de retourner dormir, mais le sommeil n'est pas prêt d'arriver. Ma tête est toujours envahie par les échos des hurlements. C'est devenu une habitude maintenant : j'approche un inhalateur de ma bouche et prend une grande bouffée. Une merde de plus dont je peux pas me passer. Médicaments, alcool, drogue, somnifères... tel est mon quotidien diurne. J'aimerais m'en passer mais j'en ai besoin. Pour mon devoir nocturne. Les hurlements se font de plus en plus lointains... je sens mes yeux se fermer et un rare sentiment de calme m'envahir.
- Allez debout Sam !
- Faut aller refourguer notre pactole !
- Hal... Enki !
Le réveil fut soudain. Essuyant les larmes de mes joues, je me dis que c'est toujours mieux de revoir les bons moments que les mauvais. Faut que j'arrête d'y penser. Un coup d'oeil me rappelle que j'ai du rangement à faire. Un autre, par la grille, me fait remarquer que ça doit déjà être l'après-midi. Cette merde de somnifère est efficace. Le rangement attendra, j'ai un pactole à refourguer aujourd'hui.
Les tunnels du métro ont deux avantages. Déjà on n'y croise pas grand monde. Ensuite, il y fait toujours sombre et frais, même en plein été. Pourtant aujourd'hui quelque chose ne va pas. Je ressens comme une nappe de chaleur autour de moi. Une chaleur étouffante qui me donne mal au crâne. Non... ça serait de la fièvre ? Et merde, il manquait plus que ça. Une rasade d'alcool, et je me dis que ça finira par passer.
Kayn habite à une heure à pied de chez moi en empruntant le tunnel. Et j'ai plutôt intérêt à l'emprunter ce tunnel. Même si tout le monde ignore l'identité de Judge, il vaut mieux pas que je traine dans le quartier des phalènes. Par chance, Kayn habite le métro lui aussi. Et il sera là, c'est certain. Mais j'espère qu'il est pas occupé. Avec ce mal de tête je me sens pas d'attendre des plombes.
Son vieux tas de ferraille est bien plus spacieux que le mien. Et bien mieux aménagé. Bah, on peut pas tous vivre dans une caverne bien confortable à s'occuper de ses petits problèmes. Kayn est bien là, cognant je ne sais quoi de son marteau. Avec un rictus si violent qu'on croirait que cette pauvre pièce de métal venait de lui faire le pire coup de sa vie. Mais bon il est comme ça, toujours énervé pour un rien. Je suis pas d'humeur pour délirer avec lui aujourd'hui et ça tombe bien, il a pas l'air non plus. J'essuie la sueur qui perle sur mon front, souffle un coup et m'approche de lui. Trop concentré à passer ses nerfs dans son travail, il ne m'a pas remarqué.
"Yo. J'ai des bricoles pour toi l'vieux." Lui lançai-je sèchement avant de jeter un sac rempli de pièces métalliques sur son établi.