Thème d'écriture de décembre : un choix dificile...

[Vanget]

Bonjour à tous.
Voici le thème d'écriture du mois de décembre : un choix dificile...
La forme est libre.
Débutants ou confirmés ce challenge est ouvert à tous, la seule règle est de respecter le thème et de soigner l'orthographe.
Chaque lecteur pourra donner son avis à condition que la critique soit constructive.
Nous sommes ici avant tout pour échanger et partager.

[Larme_Fatale]

Bonjour à tous.
C’est noté Vanget.

[Anais39]

Bonjour, super !

[Vanget]

3200 le dernier périple (suite)

Depuis trois jours, j’avance à grand-peine dans le désert brûlant du Sahara. La température avoisine les cinquante degrés le jour et près de zéro la nuit.
Je suis un condamné à mort.
Ce n’est pas le terme que les autorités emploient. Pour eux, il s’agit de : rééducation.
En 3100, elles se divisent en deux sortes et luxe ultime, le délinquant possède la liberté du choix…
Soit un exil définitif sur la planète rouge comme serviteur de serviteur.
Soit un abandon dans le Sahara, largué par un hélicoptère à huit jours de marche de l’oasis la plus proche avec une réserve d’eau et de pain pour trente-six heures. Quand ils vous quittent, ils disent :
L’espoir fait vivre !
Une cruauté de plus, pour eux : un raffinement !
Cependant, moi, j’ai opté pour le désert… Et je sais pourquoi !

Le problème passé de la surpopulation carcérale est résolu ! Les anciennes geôles sont démolies au profit de gigantesques tours de verre.
À partir de l’an 3000, la montée des eaux a submergé toutes les villes côtières, l’espace habitable s’amenuise…

Je suis un rebelle, un insoumis. Le sable dans les rouages.
Le sable ? Je ne devrais pas employer ce mot...
J’ai mis au point un système qui leurre la reconnaissance faciale. J’utilise à tour de rôle les visages des 150 autorités du gouvernement mondial pour avoir accès aux véritables informations. Je diffuse les plus essentielles auprès de mes concitoyens. La catastrophe du premier janvier 3100 qui a décimé les villes souterraines de la planète mars, se transmet désormais chez tous les terriens… La révolte gronde.
Ma tête est mise à prix.
Malgré toutes mes précautions, je fus trahi par un proche collaborateur. Il y avait une place à prendre, celle d’un milliardaire… Une position temporaire… Les dictatures n’aiment pas les traîtres ! Même ceux qui les servent.
L’aube du quatrième jour se lève. Pour avoir plus chaud la nuit, je m’enterre sous le sable. Je sais, c’est dangereux, les tempêtes peuvent m’ensevelir, mais je n’ai pas le choix. J’ai divisé au minimum les rations pour aller plus loin… Jusqu’où ? Je ne saurais le dire, réfléchir devient pénible.
J’avance un pas, puis un autre, toujours un pas… L’exemple d’Henri Guillaumet me redonne du courage. Après le crash de son avion dans la cordillère des Andes, il a marché sans s’arrêter durant cinq jours, sans équipement, en plein hiver austral… Il a fini par être sauvé.
Sauvé ! un mot qui rebondit comme un ricochet, droit devant moi, vers la vie.
Parfois il faut un peu de folie ou bien est-ce l’instinct de survie venu du fond des âges farouches qui nous fait tenir ?
Au milieu de la journée, la chaleur devient intenable et je m’effondre. Dans mon inconscience j’ai entendu une voix qui disait :
« Relève-toi ! » À cet instant précis, j’ai senti une ombre qui sortait de mon crâne. Elle a pris la forme d’une silhouette étrange et m’a tendu deux coupes d’or en disant :
— L'une contient l'immortalité et l'autre un poison mortel pour abréger tes souffrances, choisis sans crainte ! Dans les deux cas tu es gagnant !
— Qui es-tu ?
— La somme de tes idées noires, celles que tu accumules depuis ta naissance !

Je n’avais pas assez de mauvaises nouvelles ! Il ne manquait plus que celle-là ! J'ai repris mon chemin et j'ai crié :

- Comme Han Suyin, je n'ai que la pluie pour ma soif ! Et assez de temps pour l'espérer, ici chaque seconde contient l'éternité !

Le cinquième jour, j’ai encore un peu de vigueur. C’est le début d’octobre : la saison humide au Sahara.
Voilà pourquoi j’ai choisi le désert ! La pluie peut tomber à tout moment, mon dernier espoir… Sauf si les ultimes dérèglements du climat n’ont pas tout bouleversé…

Le sixième jour j’ai épuisé toutes mes rations. Il n’y a pas de traces d’animaux, de végétation ou de crevasses dans le sol pouvant indiquer une source et la pluie n’est toujours pas tombée… Je suis si faible que la moindre pierre me fait trébucher.

Épuisé, je me suis allongé près d’un petit rocher en essayant de profiter du peu d’ombre qu’il offrait, j’ai écarté les mains et j’ai fermé les yeux, pour un instant, me suis-je dit…
C’est à ce moment que les premières gouttes sont arrivées, toutes petites d’abord, ensuite très grosses, énormes ! Tout autour, le sable explosait, en peu de temps je fus trempé, noyé : un bain divin !

Rimbaud aurait dit : comme un vin de vigueur !
Moi, j’ai pensé : comme une eau de vie !

Gérard Taverne (Vanget), le 20/12/2023.

[Larme_Fatale]

Bonjour Vanget.
J’ai lu vite et passionnée. La vision de ce monde dévasté, la nouvelle forme des sanctions pour délinquants « nouveaux », les efforts que l’on perçoit comme si on suivait cet homme d’une sorte de néant brûlant, tout est fort bien écrit et rendu.
Bravo pour cette fiction d’avenir qui n’en est peut-être pas une tant que ça ….

[Vanget]

Bonjour Larme_fatale.
Merci pour ton retour et pour tes compliments.
Tu as lu vite et passionnée, cela me réjouit, c'est le but que je m'étais fixé pour les lecteurs.

[Larme_Fatale]

Bonjour à tous.
À la sortie de mon rêve, l’inspiration fut matinale.
Voici mon texte.

LE CHOIX

Nuit.
Je ferme les yeux. Tu es là, sublime et glaçant, cheveux si blancs, je les adore, visage creux, tu me plais.
Tu es là, tout à moi, mais partant, fuyant.
Magique sommeil. Il t’a fait jaillir de nulle part, dans mes minutes de vie paradoxale, Il t’a livré à moi, enfin proie de mon désir, repoussoir de l’éveil !
À lui je dis merci ! Un merci qui n’en finit plus de s’enrouler et se dérouler sur lui-même comme un ruban de Moebius.

Tu m’obsèdes, permanence familière. Chaque nuit je te veux, je te veux près de, en, sur, autour de … moi.
Et là je te possède, fait comme un rat. La nuit, merci!
Le jour, lui, te garde, il te garde de moi, il t’emprisonne, il assure ta liberté. Il faut attendre le soir, l’heure où les vampires s’adonnent à leurs succions, pour te voir. Te toucher, te parler, te demander, te convertir. À quelle religion ?
-Sois là avec moi, j’en crève d’envie.

De seconde en seconde, dans le songe, je change et je me change pour toi. Robe ou dos nu sur mes clavicules, saillantes juste comme il faut. Top moulant sur mes seins et jean accrochant chacune de mes courbes, fesses, cuisses allongées et lisses.
Talons aiguilles de la fille galbée et élancée, il y a longtemps tu m’avais dit que tu adorais ça.
Cheveux tirés sur mon visage tendu d’envie et d’orgasmes retenus, ou lâchés mollement sur mon corps qui se déplie, délassé et souple vers toi.
-Tes bras, tes bras ! Ouvre les bon sang, pour une fois ! Enveloppe moi. Ne recule pas, ne me méprise pas de ces yeux là, apaise ce regard qui me raconte ta fureur.
Te vouloir me coûte ta détestation, noire et hurlante mais je m’en fous. Toute en crispation, je reviens au combat.
-Tu ne veux pas de moi, mais tu diras oui. Je serai la gagnante d’une nuit avec toi.
Paumettes artificiellement colorées pour te plaire, j’approche mes lèvres glossy de ton visage vide de tout, sauf de ta haine. Il ne se passe rien. Immobilité parfaite.

Alors les voix reviennent :
-Ouvre les yeux sinon ….
-Garde les yeux fermés, il sera là, presque à toi. Mais il faudra courir, courir. Encore et encore dérouler tes foulées graciles pour ne pas le perdre.
C’est le choix, le deal.
La raison qui torture, la décision à prendre, là si douloureuses.
Dormir et flétrir d’épuisement à courir pour te garder.
Ou me réveiller et durer,. Fraîche. Vivante !
Fatigue, lucidité, peur, refus, ils arrivent en horde pour m’extraire des eaux glacées de la noyade.

Hop !
J’ouvre les yeux.

[Vanget]

Hou là ! torride dès le matin !
Jubilatoire et salvateur ce combat ! un très bon choix.
Et c'est écrit avec panache. Bravo Larme Fatale !

[Ellaime]

Jolis textes. Je ne suis pas douée pour émettre des avis sur les écrits en général, mais les deux textes renvoient deux mondes très différents, avec quand-même le point commun de : torride.


Je n'étais pas très inspirée par le thème pour ma part, mais j'ai essayé d'écrire un truc.

Un choix difficile

Faut-il forcer le destin ou le laisser décider pour nous ? Faut-il laisser tomber ou tenir bon jusqu'au bout ?

On dit souvent que tout arrive à point, que ce qui doit arriver arrivera tôt ou tard. Une certitude qui est devenue un dicton pour certains. Pour ma part, l'incertitude me gagne chaque jour un peu plus fort. Et si, à force de trop compter sur le destin, on perdait justement la meilleure chose qui puisse nous arriver dans la vie ? Rien n'est tracé dans le marbre et chaque décision, chaque pas engagé sur notre chemin sinueux peut nous transporter dans des mondes bien différents les uns des autres. Le moindre frétillement d'une feuille peut nous amener à changer de cap, à dévier de l'itinéraire qu'on s'était défini en y croyant dur comme fer. Et puis, si ce fameux Destin était si fort, si inéluctable, alors pourquoi tant d'indécision dans les choix que nous avons à prendre ? Après tout, si n'importe laquelle de ces alternatives nous conduit à notre destinée, pourquoi douter ? Voici selon moi tout le sens des choix difficiles à prendre au cours de notre existence ; rien n'est gravé dans la roche, rien n'est acquis et la moindre étincelle peut être à l'origine de la plus grande explosion, de la plus irréparable des erreurs, celle qui nous éloignera peut-être du bonheur le plus total.

Néanmoins, puisque rien n'est acquis et que chaque expérience est bonne à prendre, sûrement que le mauvais choix est indispensable pour se construire et mieux appréhender les décisions futures.

Finalement, le plus important n'est pas le choix, mais notre capacité à rebondir et à apprendre de nos éventuelles erreurs.

[Larme_Fatale]

Bonjour Ellaime.
Un texte écrit avec les mots justes sur ce doute qui nous habite presque tous.
Doit-on, peut-on choisir ou finalement ne s’aperçoit-on pas que c’est écrit dans le marbre?
Finalement comme tu le dis si bien, c’est notre curiosité, notre esprit critique pour décider, les faits et le profit que nous en tirons qui nous sont utiles.
Merci de nous rappeler ça.

[Larme_Fatale]

Merci de ton retour Vanget, merci de ton joli compliment , « jubilatoire ».
Et merci de m’avoir fait sourire. Je m’imagine en torride dès le matin, j’ai beaucoup ri.
Le texte était fait pour, comme ton texte, apporter du plaisir au lecteur.

[BrisePerlee]

Cornélien, n’est-ce pas là en tous points, un adjectif foncièrement luciférien ?

Entre continuer à végéter au sein de cette prison dorée trop étroite pour que je puisse y déployer mes ailes écorchées ou œuvrer sans relâche à l’étirement de ce lien qui entrave autant qu’il maintient artificiellement en vie ; me voilà fort embarrassée.

Le doute, rempart immémorial contre le changement et ses prémisses emplies de secousses, un doux prétexte cher au cœur des lâches lucides quant à la faiblesse de leur esprit et non résolus à la mobilisation des ressources sommeillant en eux, en apparence ballotés par une factice indécision ; c’est ce doute que les lâches entretiennent perpétuellement, s’enfonçant, comme pour se cacher, dans la bourbe épaisse des eaux de l’inertie…

C’est ainsi que les choix d’un haut degré d’importance sont révélateurs du tempérament des êtres qu’ils confrontent… Le dilemme est une vérité qui se plait à dénuder les cœurs. Luciférien, vous a-t-on dit !

Alors, je prendrai mes responsabilités en faisant ce qui me semble être juste, aidée du courage dont la divinité arme ses fidèles et, laissant les diables maugréer dans mon dos, j’éteindrai un à un les foyers incandescents de mes peurs d’enfant démunie !

[Larme_Fatale]

Brise, tu nous parles du doute comme prétexte à l’inertie. Un constat juste que certains font. D’autres non.
Mais lorsqu’on en prend conscience, une partie difficile reste à faire, il faut sortir de cette inertie confortable et agir, trancher. Et là, pour ma part, sans me trouver de justification (plutôt simpliste), j’avoue souvent ne pas arriver à faire le pas. Tant pis pour ces échecs. Il faut se pardonner de ne pas réussir, on m’a appris à me pardonner quand j’allais très mal. D’autres sont peut-être en proie à la même complexité.
Le texte analyse de manière tout à fait pertinente cette position entre l’enclume et le marteau. Dans un style très littéraire, à mots choisis.
Il ouvre les yeux de ceux qui n’ont pas vu et rappelle la difficulté du choix ou du dilemme à ceux qui savent.
La fin sur une décision prise sans y revenir fait envie.

[Vanget]

Bonjour BrisePerlee.
Bienvenue et merci pour ta participation.
Très belles réflexions sur le doute et les conséquences des choix possibles, pour finir par une décision érigée en ligne de conduite stoïque et lucide, dans un style classique idéal.

[BrisePerlee]

Bonjour Larme_Fatale et Vanget,

Pardonnez-moi d'avoir posté quelque peu à la hâte hier. Davantage disposée aujourd'hui, je vais prendre le temps de vous lire de ce pas .

Vanget, je crois que nous pouvons aisément parler d'une projection vers le futur réussie. À l'instar du protagoniste, nous avons grand soif et sommes dans l'urgence de la prochaine phrase qui viendra apaiser les vapeurs de la curiosité éveillée à la faveur de votre plume, que je qualifierai de velours à laquelle se mêle une pointe d'incisivité qu'on ne peut qu'apprécier. La bravoure du révolté est récompensée et la toile tissée par la technologie nous paraît moins effrayante, presque vincible ! La vie suit sa courbe à une époque où les cercueils seront sans doute taillés dans du bois algorithmique et les raffinements empreints de cruauté.

Larme-Fatale, cette personnification du sommeil, qui tout compte fait se retrouve réifié par une désirante à la féminité assumée est très intéressante et surtout bien maîtrisée. Qui plus est, tu as choisi d'évoquer la difficulté d'un choix qui se pose jour après jour comme pour rappeler que chaque matin est une exhortation à faire ses preuves.

Ellaime, j'ai aimé lire ce texte très joliment écrit bien que je sois en désaccord sur le fond. Je me suis laissée aller à vos idées et c'était comme une flânerie bucolique au cours de laquelle le corps gagne en légèreté grâce à l'esprit qui ondule à l'image des feuilles des arbres touffus, pour certains séculaires; soit très agréable.

Je vous remercie d'avoir pris le temps de vous arrêter sur mon texte et espère avoir le plaisir de vous lire le mois prochain.