Vendredi 20 décembre 2024, Dourney, Modros, Californie, États-Unis d’Amérique.
Le gymnase n’était jamais aussi bruyant que lorsque s’y déroulaient des événements organisés par l’École. En ce vendredi d’avant-vacances, les élèves de dernière année du parcours S.U.I avaient été invités à faire le tour d’une dizaine de stands. Chacun présentait un département de S.UI, de la A.A, de l’armée de Terre, de l’Air ou des Marines. D’autres agences du réseau de la Ghost Society s’étaient déplacées pour repérer d’éventuels jeunes talents.
L’École octroyait cette après-midi aux 7ème année pour leur permettre d’affiner leur orientation. Chaque année, près de la moitié des étudiants partait travailler pour divers corps de l’armée, en sécurité privée ou entreprenait des études universitaires. Comme l’École diplômait plus d’élèves que S.U.I en recrutait, l’orientation des lycéens en était d’autant plus importante.
Ryusuke n’était pas très à l’aise alors qu’il remontait d’un pas lent les différents stands des cinq départements de la A.A. Il les connaissait bien à présent, d’autant plus que Dimitri travaillait à la section de traque et de neutralisation. Ce n’était pas tant ce rassemblement d’agents expérimentés et de camarades excités qui lui brouillait les pensées. C’étaient ses doutes, ses craintes. L’incertitude d’un avenir déchiré entre deux inspirations.
Son désir d’étudier, de se nourrir de nouveaux sujets, d’enrichir ses connaissances et sa culture personnelle.
Son devoir envers S.U.I, pour le système de Recrues dont il avait privilégié. Pour les frais de scolarité exonérés qu’un adolescent comme lui n’aurait jamais pu se payer.
— Ryu.
Jim le tira par le bras avant qu’il ne rentre dans une élève qui faisait la queue devant le stand de la section traque et neutralisation de la A.A. Ryusuke souffla aussitôt des excuses à l’adolescente avant de lever le nez vers la table qui faisait office de support de présentation. Derrière, un Dimitri à l’expression avenante discutait avec l’élève le plus proche. Pendant un court instant, Ryu ne sut plus vraiment comment se comporter, comment saluer ces adultes qu’il connaissait, mais qui jouaient un rôle bien différent à ce moment-là.
— Comment tu fais ? grinça-t-il en se tournant vers son ami.
— Hein ?
— Pour te comporter normalement avec les adultes que tu connais ? (Ryu fit un geste vague en direction de son père adoptif.) Dimi est juste là, mais j’ai l’impression que je peux pas me permettre d’être… comme d’habitude.
Les yeux rivés vers l’agent de la A.A, Jeremy ricana.
— Mon quotidien. Tu comprends pourquoi j’étais pas mécontent quand on avait Cross, finalement ? Appeler mon père « monsieur », c’est horrible.
Jim lorgna plus loin, vers le stand d’accueil général de la A.A, où son parrain jouait de la portée de sa voix pour attirer des élèves curieux.
— Je suis entouré de gens que je connais vraiment bien, reprit-il à voix basse. Et je dois pourtant être un inconnu pour eux. C’est pas toujours drôle.
Comme il saisissait parfaitement le ressenti mitigé de son ami, Ryu plissa les lèvres.
— Tu veux qu’on aille voir un stand en particulier ? le relança Jeremy en tournoyant sur lui-même. Perso, j’ai pas spécialement envie de voir quoi que ce soit. De toute façon, je finirai à S.U.I que je le veuille ou pas.
Le ton fataliste de Jim tira une moue perplexe à Ryu. Il s’empara à son tour de son bras pour l’entraîner sur un côté du gymnase qui n’était pas encombré de stands ou d’élèves en plein remplissage de leurs vœux d’orientation.
— T’en as discuté avec Alex ? embraya Ryusuke avant que Jim ait pu dire quoi que ce soit. De tes projets avec Wyatt.
— Non. Il va juste se foutre de moi et dire que je suis une feignasse.
— Jeremy, gronda Ryu en se penchant vers lui dans une attitude menaçante, tu recommences.
— Je recommence quoi ? Sérieux, Ryu, ouvre les yeux. Que Dimitri se renseigne pour voir si tu peux concilier boulot à S.U.I et université, c’est pas choquant. Mais tu crois qu’Alex va aller voir la direction parce que sa Recrue se prend pour un rocker ?
Avant que Ryusuke puisse le contredire, le visage de Jim se fit plus amer encore.
— Et puis, je rêve pas. J’ai beau cacher mon lien avec mon père et les Sybaris, ça finira par se savoir. Et je doute qu’on me laisse tranquille une fois que je serai agent de S.U.I.
— On en sait rien, contra Ryu avec véhémence. Peut-être qu’Alex se foutra de toi. Mais t’as envie d’avoir des regrets, Jimmy ? Parce que moi, non. Et je crois sincèrement que t’as pas non plus envie de passer à côté d’un truc dingue.
— Comme essayer de convaincre la A.A que mon petit groupe de musique, ça servira mes compétences d’agent ? grogna Jim en secouant la tête. Tes études serviront ta carrière, Ryu. Surtout si tu t’intéresses toujours au management et à la gestion de projet.
Dépité, Ryusuke affronta son ami du regard avant d’objecter avec ferveur :
— C’est pas que des compétences ! C’est de l’épanouissement. Je t’ai jamais vu aussi vivant que quand tu chantes ou que tu joues avec Wyatt. Oui, les études, ça m’intéresse et ça me fait vibrer. C’est pas ton cas. Et c’est pas un problème, ajouta-t-il comme les traits de son ami se crispaient. T’as besoin de nourrir ton corps et tes idées avant ton cerveau et personne t’en veut pour ça. Avec Alex, il faut que vous défendiez ton projet. Wyatt, c’est plus qu’un groupe de rock de lycée pour s’amuser. Trice et Jay veulent faire des albums. Aiden a déjà dit qu’il serait pas choqué de vivre de la musique. Tu veux rester à la traîne, Jeremy ? Parce que t’as peur que la A.A se moque de ton projet ?
Le monologue de Ryusuke le laissa pantelant. Jim profita de son silence pour asséner d’une voix glacée :
— À priori, je vais fréquenter S.U.I jusqu’à la retraite. Alors, ouais, j’aimerais autant pas passer pour un débile naïf dès mon recrutement.
Ryu leva les yeux au ciel, s’efforça de respirer profondément avant de reprendre :
— OK, Jim, on va prendre le problème dans un autre sens. Si Dimitri arrive à trouver un compromis pour moi entre S.U.I et l’université, je travaillerai pas toute l’année. Tu feras quoi toi, alors ? On forme un binôme, je te rappelle.
— Je sais pas. Bah, ils trouveront bien un truc à faire faire à un agent de bas étage comme moi.
Heurté par les propos, Ryu resta un moment silencieux. Après quoi, il croisa les bras sur sa poitrine, s’enquit d’une voix lasse :
— Pourquoi t’es en colère ?
— Je suis pas… (Le regard de l’adolescent se perdit par-dessus l’épaule de son ami, se fit plus dur qu’il ne l’était déjà.) À cause de tout ça, putain.
Il accompagna son juron d’un geste ample des bras pour désigner le gymnase. Ses yeux restèrent pourtant accrochés à un stand dans le dos de Ryu. L’adolescent se retourna, considéra les agents aux visages fermés qui accueillaient les étudiants suffisamment téméraires pour les approcher.
Un écriteau annonçait sobrement « Ghost Society » sur la table qu’on leur avait installée.
— Merde, souffla Ryu en observant avec soin les quatre personnes présentes. Y’a quelqu’un de ta famille ?
— Non, grogna Jeremy, les dents serrées. Manquerait plus que ça.
— Je suis étonné que ton oncle soit pas venu. Comme le projet Réseau va pas tarder à commencer.
— On a encore quelques mois de paix devant nous, soupira Jim en plissant les yeux.
Un homme au crâne rasé s’était avancé pour tendre une brochure à une élève. Un froid au goût d’acide lui descendit la gorge. C’était l’espèce de sosie d’Hitman avec ses lunettes à montures raffinées. Le Fantôme qui l’avait drogué alors qu’il partait rejoindre Edward par train. La façon dont il l’avait alors traité, tel un vulgaire objet, n’avait jamais quitté Jim. Pas plus que le rappel que cet homme avait malmené sa mère et sa sœur pour les kidnapper.
Nourri par une colère que Ryu avait décidément bien devinée, Jeremy quitta le coin où son ami l’avait entraîné. Ryusuke le héla, mais Jim traçait déjà son chemin vers le stand de la Ghost Society. Il doubla les quelques élèves hésitants qui n’osaient pas approcher pour s’emparer d’une brochure aux couleurs sobres.
Quand il releva le nez, le Fantôme chauve le dévisageait froidement.
— Agent McRoy, le salua Jeremy avec un sourire acide, ça fait un bail.
— Elias, lui retourna l’homme avec un rictus tout aussi venimeux. Comme tu as grandi. Tu ressembles encore plus à ton père.
— C’est ce qu’on me dit, oui. Mon oncle serait heureux de l’apprendre, hein ?
Le rictus du Fantôme tourna à la grimace irritée. Son regard brun n’émettait aucune chaleur alors qu’il balayait Jim de la tête aux pieds. Il finit par pousser un grognement dédaigneux. Le jean troué de Jim, ses rangers et les boucles d’oreilles qui paraient ses lobes ne devaient pas être à son goût. Après tout, le centre de formation de la Ghost avait toujours pris soin de lisser ses élèves.
— C’est navrant de voir que les investissements de M. Sybaris n’auront pas duré longtemps.
— Quel dommage, répliqua Jeremy d’une voix mielleuse en froissant la brochure entre ses mains. Passez ma non-sympathie à mon oncle.
Comme l’agent McRoy avait été missionné pour tenir le stand de la Ghost Society, il se força à rester planté derrière la table. Il ne manqua pas d’assassiner du regard le dos de l’adolescent alors qu’il s’éloignait à travers la foule d’élèves.
Jeremy lui adressa une dernière œillade sombre avant de disparaître dans un couloir latéral. Il fonça jusqu’aux toilettes les plus proches, où il s’aspergea le visage d’eau. La confrontation avec McRoy avait entretenu sa colère plutôt que de l’étouffer. Et tout son corps le brûlait.
De retour dans le couloir, Jeremy se laissa glisser contre le mur avant d’étendre les jambes devant lui. Il aurait aimé maîtriser ses accès de fureur comme Ryu. S’en servir de moteur bénéfique, comme l’avait incité Myrina des années plus tôt. La laisser couler hors de lui plutôt que de la maintenir au chaud dans son cœur ; conseil qu’Ethan lui répétait bien assez souvent.
Mais laisser la colère lui échapper, la libérer, c’était accepter qu’elle ne trouve pas de cible. Que toutes les personnes qui l’avaient blessé sortiraient indemnes de leurs actes.
Jeremy poussa un rire dépité en tripotant le bracelet en cuir qu’il portait. Dire qu’il s’était targué de ne pas vouloir passer pour un imbécile naïf face à Ryu. Son désir de jeter sa colère brute aux visages des autres était pourtant un signe d’ignorance.
Cela faisait bien des années que Jim aurait dû savoir qu’on obtenait rarement réparation.
— Eh.
Propulsé hors de ses pensées rouges et noires, Jim lorgna l’adolescente à l’allure sèche qui le surplombait. Fait improbable, les cheveux de Kaya étaient encore plus ébouriffés que les siens. Ses mèches d’un blond polaire formaient un halo irrégulier et acéré autour de son visage espiègle.
— T’as ta tête de déprime.
Kaya l’enjamba pour s’installer en face de lui et tendre les pieds à son tour. Comme elle n’était pas bien grande, elle dépassa tout juste les genoux de son ami.
— Ce truc d’orientation me casse les couilles.
— Mmh. J’imagine que ça doit pas être très passionnant, pour Ryu et toi, comme vous savez où vous finirez.
— Ouais. (Jeremy s’efforça d’afficher un air moins agacé.) Et toi, alors ? Vous avez fait le tour avec Jason ?
— On s’entend pas sur la section de la A.A où on aimerait bosser. Je veux être à la traque et neutralisation. Il veut être à la criminalité.
— Merde, grommela Jim en remontant un genou pour s’appuyer dessus. Pas moyen de faire un compromis ? Quelques années dans l’une, quelques années dans l’autre ?
— J’ai pas envie de faire de compromis.
Comme elle plantait ses yeux implacables dans les siens, Jim se contenta de ricaner.
— Je te juge pas. Je crois que j’ai du mal à faire des compromis, aussi. Même pour mon propre bien.
Le visage de son amie se détendit un chouïa. Comme il ne reprenait pas la parole, elle en profita pour ajouter :
— Avec Tess, t’es peut-être le seul à comprendre mon choix. J’ai l’impression de trahir Jason. Mais si je cède, j’aurai l’impression de me trahir moi.
Ces mots heurtèrent Jeremy plus durement qu’il ne s’y serait attendu. Il laissa quelques secondes glisser entre eux, le temps de trouver une réponse qui s’approchait un tant soit peu de ses ressentis.
— J’ai parfois aussi l’impression de devoir forcément écouter les autres. Je dis pas qu’on a raison ou qu’on a tort. Juste qu’on a envie de certains trucs, qu’on se voit aller à certains endroits, mais que nos proches veulent pas. Et je sais pas trop comment faire. Parce que je leur fais confiance. Et, en même temps, j’ai envie de me faire confiance et de m’écouter aussi.
Un sourire à la teinte doucement moqueuse courba les lèvres de Kaya.
— C’est à ça que tu pensais quand je suis arrivée ?
— Plus ou moins. Avec Ryu, on se prend aussi la tête sur l’avenir. Mais contrairement à lui, je sais pas gérer la colère. Alors j’ai tendance à faire des conneries.
— Bienvenue au club, soupira Kaya en grattant l’un de ses ongles. On est les têtes brûlées de nos duos. Ryu et Jay sont des grands sages, à côté.
Comme Jim acquiesçait d’un air maussade, elle le relança :
— Ça avance, le projet d’études-boulot de Ryu ? C’est sur ça que vous vous entendez pas ?
— Plus ou moins. Dimitri est toujours en négociation. Plusieurs universités de Californie ou des États à côté proposent des formations en alternance. Reste à voir si S.U.I accepterait que Ryu travaille pas toute l’année pour eux. (Jim marqua une pause avant d’ajouter avec hésitation : ) Ryu voudrait qu’Alex fasse pareil pour moi. Mais pas pour l’université. Pour Wyatt.
Un éclair de compréhension traversa le visage de l’adolescente. Elle pinça brièvement la bouche avant de répondre :
— Ouais, j’en ai parlé avec Jay aussi. Il ose pas demander à S.U.I s’il y aurait moyen d’alléger son emploi du temps. (Kaya ramena ses jambes contre elle, sembla rapetisser.) En fait, c’est un autre sujet de dispute. J’ai envie de le voir heureux. Mais s’il bosse pas à temps plein à S.U.I, moi je vais pas attendre non plus. J’ai besoin de me lancer à fond ou pas du tout.
Jim décolla la tête de son genou pour considérer son amie avec préoccupation.
— Si je comprends bien, votre binôme risque de sauter une fois qu’on sera sorti de l’École.
Comme Kaya crispait les poings de part et d’autre de ses cuisses, Jeremy comprit l’erreur de sa franchise un peu trop brutale. Alors qu’il ouvrait la bouche pour s’excuser, Kaya le devança :
— Retire pas ce que tu as dit, t’as raison. (Devant la moue gênée de l’adolescent, son sourire se fit plus incertain.) Jay et moi, on est plus sur la même longueur d’ondes. Ça me fait vraiment chier de m’en rendre compte maintenant. On est amis depuis des années. Mais c’est comme ça.
Sa résignation était froide et dure. Gravée dans la pierre. Même si Jim en éprouva une certaine douleur par empathie, il en fut aussi drôlement admiratif. Il n’aurait jamais eu la même rapidité d’acceptation. Rien que l’idée que Ryu s’éloigne de Modros pour ses études jetait de l’huile dans le feu de ses entrailles. Il avait déjà du mal à s’y faire pour Ivana, mais il y avait quelque chose de plus pernicieux dans l’absence de Ryusuke.
La crainte de le perdre, encore une fois. Une fois de trop.
— Tu crois que Jay en a conscience ?
— Nan. Il se voile la face. (Elle flasha un bref sourire de moquerie bienveillante à l’encontre de son ami.) Un idéaliste au cœur trop mou comme toi. Il est persuadé qu’on peut trouver un terrain d’entente.
— Et… en faisant des efforts tous les deux, tu crois pas que…
— Je finirai pas effacer qui je suis et ce que je veux. (Kaya enroula les bras autour de ses genoux, les yeux dans le vague.) C’est égoïste, mais réaliste. Et si je dois être la méchante de nous deux, je prends volontiers le rôle. Jay pourrait pas le supporter quoi qu’il en soit. Et je lui en veux pas. Il a trop morflé ces derniers temps.
La brûlure dans le ventre de Jeremy remonta jusqu’à sa gorge puis à ses yeux. Il serra les paupières pour que Kaya ne remarque pas son trouble et marmonna :
— Je crois pas que Jay t’en voudra de vivre ta vie. Il commence à prendre la sienne en mains. T’es sa meilleure amie… il sera heureux de te savoir heureuse.
Kaya considéra Jim un instant avant de ricaner. Il l’avait déstabilisée.
— Tu parles comme un poète, toi, maintenant ? C’est Ryu le poète de service.
— On se laisse influencer par les meilleurs.
La répliqua tira une moue amusée à l’adolescente, qui lâcha ses jambes pour se redresser. Comme elle lui tendait la main, Jim l’accepta. Une fois debout face à face, ils échangèrent un regard penaud.
— Tu devrais vraiment réfléchir à ce que tu veux, marmonna Kaya en observant le gymnase à l’autre bout du couloir. En plus, je suis sûre que Ryu ou ta famille te verront pas comme un égoïste. Tu passes déjà ton temps à essayer de faire au mieux pour eux.
À la fois touché et agacé, Jeremy hocha la tête avec un sourire crispé. L’idée de faire un choix pour lui et lui-même seulement le perturbait franchement. Ne pas prendre en compte les attentes de ses parents, les remarques de sa sœur, les conseils de Ryu, les espoirs de Mike ou d’Alex…
Un grand vide s’installa à la place du feu dans ses entrailles. Jeremy n’avait jamais vraiment agi pour lui-même. Il avait agi par lui-même, souvent à l’encontre des attentes de son entourage, mais rarement dans un but purement personnel. Soulager sa mère, rassurer sa sœur, accompagner son meilleur ami, protéger ses proches…
Alors que Kaya s’éloignait dans le couloir, Jim s’appuya contre le mur. Le vide s’étendait à ses pensées. Comment faisait-on pour se soulager, se rassurer, s’accompagner et se protéger soi-même ?
Un rire fébrile lui secoua la poitrine. Il n’avait pas la réponse. Pas encore.