La cage sous pluie

[Carambole-de-mai]

C'est une belle demeure
Dans les jardins de fougères
Oeils-de-paon et machaons
Mènent leur danse frêle

Sur la table décorée, vestige
De fêtes d'été sombrées dans l'oubli
Une petite fille fantôme est assise
Elle boit dans sa dînette l'invisible

La gitane est aussi passée
Elle rejoint la petite spectrale
La tête rejetée, soupire de cet astral
Qu'elle n'a que trop côtoyé

Dans l'herbe humide, la cage de rouille
A laissé s'échapper les Inséparables
Il y a peut-être cent ans qu'ils chantaient
Comme si la grande maison leur appartenait

Gouttes de pluie, lavez donc mon chagrin
Et inondez cette ville et ces terrains !
Elle pense tout haut, notre bohémienne
En fumant de manière détachée et sensuelle

Bientôt la nuit grandira un silence blanc
Les hérissons sortiront contre le grillage
Et le pivert grattera le grand épicéa
Elle, la belle, rentrera avec ses rêves