Les enfants de Gaia. (Fantastique/Fantaisie).

Postez ici tous vos écrits qui se découpent en plusieurs parties !
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Cazolie

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Re: Les enfants de Gaia. (Fantastique/Fantaisie).

Message par Cazolie »

SALUT

C EST MOI

Alors
Le coup de la catharsis par la belote ça me fait toujours autant rire :lol:

J'espère qu'un jour Léo pourra profiter de Sappho, parce que ça doit être sympa en tant normal. Façon Nouvelle Rome (enfin j'imagine parce que c'est ton école quand même :lol: Nan mais genre on se baaat et on fait de la magiiiiie et on est avec nos potes c'est la fête)

Vraiment, la réaction de Léna m'étonne toujours. En fait je pense que c'est la première fois qu'on la voit vraiment en dehors de son rôle d'éducatrice non ? Et puis proche de Danny et tout. Mais du coup c'est sympa de la voir comme ça plutôt que comme la psychopathe psycho-rigide qui a repérer Léo au fond d'une salle et qui la force à téléporter des glands sous la pluie
(comment je dis des trucs intelligents)

Idem pour Callie en fait qui 1) tient sa parole de se la fermer, vraiment je pensais pas qu'elle le ferait :lol: 2) explique des choses intéressantes et rationnelles
Bref, c'est cool de voir qu'elle est capable de réagir autrement que l'insupportable Callie quand y a besoin.

Quant à Danny c'est vraiment un lâche :lol: Il laisse Léo faire tout le boulot ! (ou presque)

Eeeeeet voilà
C'est tout pour moi
Adieu
Bye-bye
Je vais mourir dans 3 jours
Mais dans 44 jours et 2 heures c'est fini
:mrgreen:
chatchat14

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Re: Les enfants de Gaia. (Fantastique/Fantaisie).

Message par chatchat14 »

Hey !!!

Ils sont trop forts à la belote pour Antoine :lol: ! Elle pourra plus le surprendre roupiller dans l'écurie ? Pas si, " juste pour voir les chevaux ", elle y passe :lol:
Je commence à avoir des soupons pour Léna… Ça expliquerait qu'elle soit toujours vivante, même si elle a était blesser, et le fait qu'elle est qu'elle était là il y a 7 ans, et qu'elle avait un âge un minimum plausible… De plus, elle est rayé de la liste depuis le début parce qu'elle a vécu la première brèche et une autre ! Donc, un suspect parfait pour mon esprit de complot dans le complot…

Bref, à bientôt !!
Perripuce

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Les enfants de Gaia - Chapitre 15 (1/3). (Fantastique/Fantaisie).

Message par Perripuce »

Toc Toc, c'est moi !

Comment je suis trop gentille, je vous donne la première partie du Chapitre 15 :lol: (en fait je me jette des fleurs, ne prenais pas compte de ce que je viens dire j'ai passé mon aprem à réviser, mes nerfs lâchent. Plus que deux jours de CCB, forza).

Bref, première partie du Chapitre 15 dispoooo !

Vous savez quoi? On entre dans le vif du sujet. C'est LE chapitre charnière, et c'est pour ça que je vous supplie à genoux de rester attentifs pour le prochain mois, parce que les chapitre 15 et 16 sont vraiment ... HYPER IMPORTANT. Sans déconner, c'est le noeud de l'affaire, et je vais cruellement avoir besoin de vos avis.
Déjà merci à ceux qui continuent de poster régulièrement (Delph, Cazo', Kira, Chat' ... j'en oublis surement.) ça me fait super plaisir que l'histoire continue de vous plaire, et que vous preniez encore la peine de commenter. Je tenais à vous le dire, je trouve que je ne vous remercie pas assez :lol: :lol: Bref Bref. Merci beaucoup !

Et encore merci à b-pauline pour les corrections :)


Chapitre 15 (1/3) : Le corbeau.

-C’est nul, la bataille fermée, grommela Callie en abattant une carte au hasard.

Danny fit de même, et Timothée ferma la marche. Je ne jouais pas - j’étais trop occupée à essayer d’émerger de la sieste que je venais de faire - et Salomé était allongée sur le canapé, la tête sur les genoux de son petit ami. Nous étions le vendredi soir, et j’étais revenue de ma séance de 3A tellement crevée et frigorifiée que j’avais roupillé sur le canapé pendant une heure. En me réveillant, j’avais trouvé Callie et Danny assis contre mon canapé, jouant aux cartes avec Timothée (ce gars savait vraiment jouer à tout, c’était impressionnant). Je tentai tant bien que mal de maintenir mes paupières ouvertes, mais c’était loin d’être évident. Callie me pinçai à chaque fois qu’elle me voyait piquer du nez.

-C’est un truc qu’il faut faire sans réfléchir, avoua Timothée. Tu veux essayer la belote ?
-Non, répondis-je à la place de Callie. Je ne suis pas en état de faire une belote.

Je sentis la main de Callie sur sa jambe, et lui donnai une claque préventive avant qu’elle ne me pince à nouveau. Danny ricana doucement en abattant une nouvelle carte.

-Va dormir, Léo, je retiens le fauve, me proposa-t-il en désignant Callie du pouce.

J’approuvai passivement, et fis un effort monumental pour me redresser. J’étais tellement fatiguée que des étoiles dansèrent devant les yeux quand je fus relevée. Je mis une main sur ma tempe, en grimaçant. Danny dû voir ma grimace, car je sentis sa main sur la mienne.

-Ça va aller, Léo ?
-Oui, oui, grommela-je en pressant sa main pour le rassurer. Quand je serais dans mon lit.

A l’état de pneu crevé. Me jetai dans les draps, et ne pensais à rien, sauf au bien-être que l’on ressent quand on a le luxe de s’endormir la tête vide de tout soucis (sauf qu’évidemment, ce n’était pas mon cas). Je me relevai sous le regard inquiet de Danny, et saluai tout le monde de la main d’un geste lent et passif. Quelques ricanements gentillets accompagnèrent mon exode dans ma chambre. Malheureusement, le repos ne semblait pas être de mise pour moi. Quand je traversai la pièce, j’avais senti un regard dardé sur moi, comme une brulure dans le dos. Et immédiatement après que j’eus passé la porte du couloir, des bruits de pas se firent entendre derrière moi. J’accélérai le pas, mais la personne en question me prit violement le bras, et me tira pour que je lui fasse face.

-Hé ! Protestai-je en essayant de me dégager.

Mais je renonçai en reconnaissant mon agresseur. Antoine me tenait fermement par le bras, et me toisai de toute sa hauteur. Un regain d’énergie me parcourut sous l’effet de l’agacement. Depuis notre conversation dans l’écurie, il semblait avoir compris que je n’étais pas contre lui, et son humeur envers moi s’en était ressentie. Il avait beaucoup plus aimable avec moi, sans être aussi sarcastique qu’il avait pu l’être. Oh, il était toujours distant, pâle et renfermé, mais il ne m’évitait plus autant qu’avant. Ceci dit, depuis quelques jours, la méfiance c’était à nouveau bien installée dans son regard, et il s’était à nouveau éloigné. C’était la première fois que je le voyais depuis jeudi midi. Ses yeux flamboyaient.

-Que me vaut le plaisir ? Raillai-je d’entrer, comprenant bien que l’entretiens serait loin d’être agréable.

Le regard d’Antoine étincela, et ses doigts se crispèrent sur mon bras. Il me faisait mal, mais je fis de mon mieux pour retenir la grimace qui me venait aux lèvres.

-Tu as parlé de ta petite enquête à Léna ? Entonna-t-il d’une voix qui tremblait presque de rage.

Je tentai de ne pas avoir l’air surprise. Je ne lui avais pas fait part de ce détail – j’évitais ce sujet pendant les brèves conversations que nous avions eues. Je ne dû pas assez masquer mon étonnement, parce que sa mâchoire se crispa de plus belle.

-Ne me prend pas pour un imbécile, Birdy. Tu crois que je n’ai pas remarqué à quel point vous vous empressiez, Danny et toi, d’aller la rejoindre à chaque fin de cours ? Les regards complices qu’elle vous lance dès qu’elle vous croise ? Je suis tout sauf aveugle.

En effet. Et il n’était pas sourd, non plus. Pas plus tard que jeudi, au détour d’un couloir, j’avais demandé des nouvelles à Léna. Quelque pas plus tard, j’avais découvert Antoine, le regard plonger dans sa PSP. Peut-être avait-il entendu notre bref échange. Et il avait bien observé, aussi. Presque tous les soirs, Callie, Danny et moi nous précipitions chez Léna pour savoir si elle avait du nouveau. Malheureusement, la réponse était à chaque fois négative, et elle nous avait demandé ce matin de ne plus venir de nous-même chez elle – ça pourrait mettre la puce à l’oreille de quelqu’un. Mon silence dû paraître éloquent à Antoine. Sa poigne autour de mon bras se resserra.

-Tu es folle ou inconsciente ? Me tacla-t-il dans un murmure glaçant.
-Ni l’un ni l’autre, répliquai-je, faisant fi de la pression presque insoutenable qu’il exerçait sur mon bras. J’essaie d’avoir des réponses du mieux que je peux.
-En en parlant à Léna ?

Ces yeux étaient deux saphirs : beau, envoutant et prenant, mais durs et glacials. Des éclairs de rage les parcouraient. Je lui fis mon regard le plus froid. Je connaissais son passif, avec Léna. Mais il ne fallait pas que je me laisse impressionner, je l’avais déjà bien assez sauvegardé comme ça.

-Elle n’a rien à voir avec cette histoire, lançai-je en tentant de dégager sèchement mon bras.

Mais il était trop fort physiquement pour moi. Il raffermit sa prise.

-Qu’est-ce que tu en sais ?
-Question de logique, Meynier, fait marcher ta tête !

Ses yeux devinrent si durs qu’il me devenait presque impossible de soutenir son regard. Avant qu’il ne puisse me rétorquer quoique soit, je repris la parole :

-Je sais que tu ne l’aimes pas, mais c’est la vérité : ce n’est pas elle la responsable.
-Tu n’en sais rien !
-Pourquoi tu dis ça ? Tu as peur d’elle ?
-Non !

C’était un mensonge, même si rien en lui ne le laissait transparaitre. Mais je ne me souvenais que trop bien de la conversation que j’avais surprise dans la bibliothèque, après l’agression de Léna. Ça avait été de la peur qu’Antoine avait laissé transparaitre, une crainte d’être découvert par Léna. Mais il ignorait que j’avais cette carte. J’eus un sourire entendu, pour lui faire comprendre qu’à lui aussi, des choses lui échappaient. Sa frustration se lut sur son visage.

-Meynier, je t’ai prévenu : je veux des réponses, et je les aurai. Tu ne veux pas me les donner, alors je fais en sorte de les trouver par moi-même. Et si je dois m’aider de Léna pour ça, je le ferais, et je n’ai certainement pas besoin de ta permission pour le faire.
-Je t’ai déjà dit de laisser tomber, persiffla Antoine.
-Tu veux vraiment qu’on re-polémique là-dessus ?

Il ne répondit rien, mais je lus la réponse dans son regard. Evidemment qu’il ne voulait pas qu’on en reparle – ça sonnerait la fin de sa tranquillité relative que j’avais instaurée depuis l’accident de Lucas.

-Ce n’est pas une raison pour en parler à Léna, bougonna-t-il néanmoins.

Mon sang afflua à ma tête – de manière violente et brutale. Je sentis mon cœur battre à mes tempes, et la rage montait en moi.

-Alors je fais quoi ? Répliquai-je sèchement. J’attends qu’il y ait un mort, comme il y a sept ans, parce que Monsieur veut garder ses petits secrets ?

Antoine me gratifia d’un regard flamboyant. Je sentais sa tension et sa fureur intérieure dans la pression qu’il exerçait sur mon bras. Sa mâchoire se contracta, et il ne laissa toujours rien filtrer. Cette situation ne m’avait pas manqué, mais mon courroux prit le pas sur la compassion que j’éprouvai pour lui ces derniers jours. Il n’avait pas le droit de me dicter ma conduite de la sorte.

-A moins que tu n’aies des pécher à confesser, le raillai-je méchamment.

Antoine blêmit (assez pour que je me demande s’il avait réellement des pécher à confesser), et me lança un regard inquisiteur où perçait la méfiance et quelque chose qui ressemblait à la crainte.

-Rien qui ne concerne, Birdy, finit-t-il par lâcher du bout des lèvres.

Nous nous affrontâmes du regard quelques secondes, silencieusement. Mon bras me faisait un mal de chien. La pression devenait trop forte, et je devais serrer les dents pour ne pas grimacer. Par bonheur, Antoine parut comprendre qu’il commençait à me faire mal, car il me lâcha enfin. Je récupérai mon bras, et le frottai en laissant enfin échapper ma grimace. Il se pinça l’arête du nez en fermant les yeux, et une ombre de résignation passa sur son visage. Il ne pouvait me contrôler, pas plus que je ne pouvais le contrôler lui. Léna était une concession qu’il devait faire face à toutes les petites choses qu’il me cachait. Le prix de son silence. Un prix peut-être trop fort pour lui.
Pourquoi lui et moi étions toujours obligés de marchander ? N’y avait-il donc rien de gratuit, chez lui ?
Je lui gratifiai un regard incrédule en remarquant la marque qui était apparue à mon bras.

-Mais ce n’est pas vrai, je vais avoir un bleu !

Il soupira et lança un regard à mon bras. Sa bouche se tordit, mais aucuns sons n’en sortirent. S’excuser, c’était trop pour lui ? Je lui jetai un regard mauvais.

-Je suis vraiment trop gentille avec toi ! Bougonnai-je en frottant mon bras. Pour ta gouverne, je n’ai même pas parlé de toi à Léna.

Il reporta son attention sur moi, et une lueur d’étonnement brilla dans ses yeux.

-Ah oui ? douta-t-il, l’air méfiant.
-Oui. Pas un mot. J’ai presque dû me battre contre Callie, mais j’ai gagné. Alors la prochaine fois, Meynier, je te jure que je te jette dans la fosse aux lions, et ce, la tête la première.
-J’aime autant pas.

Son ton n’était pas sarcastique, mais il n’était pas coléreux non plus. Je pensais qu’il était soulagé que je n’aie pas parlé de lui à Léna, mais il refusait de le laisser paraître. Maintenant que la tension était passée, la fatigue vint à nouveau m’alourdir les épaules – et les paupières. J’aspirai maintenant, plus que jamais, à retourner à mon état préféré – à savoir, celui de pneu crevé.

- Bonne nuit, marmonnai-je en me détournant.

Mais il me rattrapa le bras. Je fis volte-face avec un regard agacé. Il n’avait pas fait assez de dégât ?

-Pourquoi tu n’as rien dit à Léna ? me demanda-t-il avec perplexité. Tu avais toutes les raisons de le faire, pourtant. Toutes les cartes pour m’enfoncer auprès d’elle…

Il s’interrompit un moment, et pencha la tête sur le côté, l’air innocent. Et pour le coup, il l’était. Il ne comprenait vraiment pas pourquoi je le préservais ainsi. Est-ce que c’était si difficile d’imaginer simplement que j’avais un cœur ?

-Alors ? Insista-t-il.

J’étais fatiguée, et je n’avais pas envie de répondre à ses questions. Ce n’était pas une excuse, mais ça expliquer partiellement pourquoi je répondis du tac au tac :

-On s’en fiche. La seule chose que tu as à dire, c’est « merci » et « je t’adore ».

Ce n’était pas une chose que j’aurais dit dans mon état normal. Quand mes paroles arrivèrent à mon cerveau (elles ne pouvaient donc pas passer par mon cerveau avant de sortir par mes lèvres ?), j’eus envie soudainement de m’enterrer six pieds sous terre.

-Mais tu peux faire l’impasse sur le « je t’adore », ajoutai-je précipitamment.

Antoine eut un moment de blocage, avant d’avoir un demi-sourire.

-Alors je vais me contenter du merci. Bien que je ne sois pas sûr que tu ne le mérite …

Je sentis mon regard flamboyer, et je l’aurais volontiers incendié (juste histoire de reprendre un peu de dignité après ce que j’avais laissé échapper), mais j’entendis la porte du couloir s’ouvrir. Quand je vis qui passa le seuil, je crus vraiment que j’allais m’enfoncer sous terre.

-Un problème ? demanda Danny d’une voix cinglante.

Son regard froid se posa sur mon bras, qu’Antoine tenait toujours. Il le lâcha immédiatement, et je reculai d’un pas. Je vis le sourire arrogant qui commençait à se dessiner sur les lèvres d’Antoine, et le regard peu amène de Danny. Je me raidis, et m’avançai entre les deux garçons pour faire préventivement barrage.

-Aucun, répondis-je à Danny avec un sourire rassurant.

Mais j’espérai que mon regard était plus qu’éloquent : « laisse-moi gérer ça ». Malheureusement, Antoine n’alla pas comme moi dans le sens de l’apaisement. Son sourire s’élargit.

-Juste une mise au point, ajouta-t-il d’une voix dégoulinante d’ironie.

Je lui jetai un regard d’avertissement, mais il n’en tint pas compte (comme c’était à prévoir). La gentillesse/politesse était aussi unilatérale chez nous que les confidences avec Danny. Ils ne pouvaient pas, l’un comme l’autre, me préserver un peu ? Se dire « on va laisser Léo en paix une fois, elle fait tellement d’effort pour que ne se saute pas sur la gueule à chaque fois qu’on se croise ! ». Mais non. Je supposai que se défiler était une sorte de désaveu pour ses mâles en recherche de virilité. Je n’avais pas envie de m’imposer à nouveau entre eux deux. J’étais fatiguée, Antoine venait de m’énerver : ce n’étais pas le moment d’en rajouter. Alors sans un mot, ni un « au revoir » pour aucun des deux garçons, je me détournai avec raideur, et partie comme une (noble) furie vers ma chambre, ma queue de cheval balançant furieusement derrière moi.
Une journée, une journée, sans devoir ni jouer à Veronica Mars, ni à la nounou, c’était trop demander ?

***


-Léo ! Debout !

Je grommelai en mettant ma tête sous l’oreiller. J’ignorai quelle heure il était. Mais au vue du degré de brulure de mes yeux quand je les ouvris péniblement, il était beaucoup trop tôt.

-Léo putain, je ne déconne pas, lève-toi !

C’était un chuchotement pressant qui m’était murmuré à l’oreille, et la main qui me secouait l’épaule tremblait légèrement. Je retirai mon oreiller et ouvris difficilement un œil.

-S’passe quoi ? Grommelai-je, la bouche pâteuse.

S’il y avait un moment dans la journée où j’étais loin d’être sexy, c’était au réveil – à fortiori si je n’avais pas de café. Callie était penchée au-dessus de moi, en robe de chambre, les yeux violets et les cheveux vérâtres épars sur ses épaules. Elle était blanche comme un linge.

-Léo … Il y a des vampires dans le domaine…

Sa voix tremblait, tout comme sa lèvre inférieure. Sa déclaration mit un moment à moment à se frayer un chemin dans mon esprit embrumé par le sommeil. Je finis par prendre conscience de ce qu’elle venait de dire, et je me redressai d’un bond.

-Des vampires ? Répétai-je d’une voix blanche.

Callie hocha la tête, les yeux écarquillés, la bouche entrouverte. Je pris alors conscience de quelques détails. La lumière était allumée, et mes rideaux ne laissait filtrer aucune lumière – signe qu’il faisait encore nuit. Et une agitation inhabituelle régnait dans les couloirs, un mélange de chuchotement pressant, et de gémissement étouffé par la foule. Je jetai un rapide coup d’œil à mon réveil. Trois heures du matin. Je comprenais mieux mon état de fatigue – mais l’adrénaline avait achevé de me réveiller.

-Depuis quand ? Demandai-je en sentant une peur presque irrationnelle s’emparer de moi.
-Aucune idée, c’est Salomé qui m’a appelé pour me prévenir…

Elle paraissait au bord des larmes, et lui prit la main pour tenter tant bien que mal de la rassurer. Je me levai finalement, et poussai discrètement les rideaux pour regarder par la fenêtre. Le parc avait l’air pourtant calme. Quand je me retournais pour le dire à Callie, elle avait déjà une main sur la porte, et me proposais d’aller au foyer pour voir si quelqu’un avait des informations. J’acquiesçai, et mis le sweet-shirt de Danny avant de la suivre dans le couloir. C’était une véritable cohue vers le foyer, et j’entendis de loin Salomé et Laura frapper aux portes de toutes les filles pour leur dire d’aller dans le foyer. La pièce était bondée, et les garçons nous rejoignaient en masse. Je repérai Danny dans la foule, et prit la main de Callie pour la guider. Il nous vit aussi et nous rejoignis tant bien que mal. Il avait enfilé un jogging, et était pied nu.

-Qu’est-ce qu’il se passe ? M’enquis-je quand nous fûmes assez éloignés du reste de la foule.

Danny était aussi pâle que Callie. Il secoua la tête. Ses yeux allaient partout dans le foyer, sautant d’une tête à l’autre, comme s’il cherchait quelqu’un. Mais son regard daigna de s’arrêter une demi-seconde sur moi.

-Léna m’a réveillé il y a une demi-heure pour foutre tous les mecs dans le foyer inférieur, expliqua-t-il. Elle n’a pas donné de détail, si ce n’est qu’Eglantine et Planche, qui étaient de garde, avaient repéré des individus ressemblants à des vampires dans le domaine. Etant donné qu’ils ont du mal à les repérer à nouveau, Léna a préféré réunir tout le monde. Tiens …

La conseillère venait d’apparaître à la porte. Tout le monde s’agglutina autour d’elle, mais elle les balaya d’un geste de main, et monta souplement sur la table. Elle frappa des mains pour attirer l’attention de tout le monde.

-S’il vous plait, silence ! ordonna-t-elle d’une voix impérieuse. Je vous demande une chose, c’est de ne pas paniquer. Comme on vous l’a peut-être dit, des vampires se sont introduits dans l’enceinte.

Il eut un concert de cri, de gémissement, et de chuchotement. Une petite fille de six ans, que je ne connaissais pas, courut vers Danny, qui la prit dans ses bras. Charlotte se colla craintivement à Alex, et Antoine se retira dans l’ombre, aussi pâle qu’un mort. Léna frappa à nouveau dans ses mains pour réinstaurer le calme dans la pièce.

-Je vous ai demandé de ne pas paniquer ! Bien. Maintenant, je vais demander au Doyen des garçons, et à la Doyenne des filles de me compter tout le monde, pour voir s’il ne manque personne. Danny, Laura, je peux vous faire confiance là-dessus ?

Ils hochèrent tout deux gravement la tête, acceptant la responsabilité.

-Parfait. J’interdis à quiconque de quitter cette salle, d’accord ? Tant que vous restez ici, vous ne risquez absolument rien. S’il manque quelqu’un, ou que quelqu’un est resté dans sa chambre parce qu’il roupille trop, je veux être prévenue dans la seconde. Compris ?

Tous le monde opina du chef, et les murmures reprirent bon train. Léna sauta de sa table, donna une liste à Laura et se faufila entre les élèves pour donner la liste des garçons à Danny. Callie lui attrapa le bras, mais Léna nous murmura un pressant « pas maintenant », avec un regard entendu, et disparut dans la foule. Laura appela toute les filles d’une voix forte en levant la main. Toutes les filles affluèrent vers elle, et je décidai de rester près de Danny le temps que la queue se résorbe. Callie avait, elle, repérer Hugo dans la foule, et était partie le rejoindre. Tous les garçons se groupèrent autour de Danny, qui tenait toujours la gamine – Sophie, il me semblait – dans les bras. Il parut brièvement dépassé, et je l’aidai en lui prenant l’enfant des bras pour la mettre sur mes genoux. Elle se blottit contre moi, tremblante de tous ses membres. Danny me chuchota un bref « merci », et se mit sur la table pour cocher le nom de tous les élèves qui arrivaient vers lui. Antoine fut l’un des derniers à se présenter, et Danny leva à peine les yeux sur lui. Mais Antoine s’assit de l’autre côté de la table basse. Je lui lançai un regard d’avertissement par-dessus la tête de Sophie, mais il m’ignora, et s’adressa directement à Danny.

-Lucas est à l’infirmerie.

Je sentis mon cœur s’alourdir, et Danny redressa subitement la tête, frappé d’horreur. Le visage d’Antoine était crispé par l’angoisse.

-Gretel aussi, réalisai-je avec un frisson de panique.
-Sans déconner, rétorqua-t-il avec brusquerie.

Danny ne dit rien. Il s’était pris la tête entre les mains. J’avais l’impression de voir les rouages de son cerveau tourner à toute allure dans sa tête. Je n’aurais pas été étonnée si j’avais vu de la fumée blanche sortir de ses oreilles. Mais Antoine ne paraissait pas vouloir lui donner le temps de réfléchir. Il se releva d’un bond.

-Je vais là-bas.

Danny se redressa vivement, et le rattrapa par un pan de son Tee-shirt avant qu’il ne fasse volte-face.

-Pas question, Antoine, tu restes ici ! Lui intima-t-il d’un ton qui n’admettait aucune réplique.

Mais des répliques, le jumeau de Lucas en avait à revendre. Il se dégagea d’un geste sec.

-Hors de question que je reste ici à rien faire alors que mon frère est en bas, peut-être en danger ! rétorqua-t-il avec hargne.
-Tu ne lui serviras pas à grand-chose si tu te fais croquer dès que tu mettras un pas dehors !
-Danny ! M’indignai-je.

Sophie était peut-être jeune, mais elle savait faire le rapprochement entre « vampire » et « croquer ». Elle regarda les garçons avec frayeur, et s’enfuit le nez dans ma poitrine pour y pleurer à chaude larme. Je lui couvris – un peu trop tard – les oreilles, et jetai un regard accusateur et impérieux aux garçons. Pour une fois (victoire !), ils s’accordèrent pour me faire un regard penaud emplit de gêne, et s’entre-regardèrent. Ils parurent arrivés silencieusement à un accord pour enterrer la hache de guerre – temporairement.

-Lucas ne voudrait pas que tu te mettes en danger pour lui, plaida Danny d’une voix beaucoup plus calme. Surtout que ce n’est pas lui qui est le plus en danger. (Il coula un regard vers Sophie, et j’ajustai mes mains sur ses oreilles). Les vampires cherchent des grands groupes pour faire un maximum de dégâts. De bonnes victimes, pleines de vitalité. Lucas est moribond – et seul.

Antoine parut être déchirer entre la justesse des arguments de Danny, et son instinct protecteur envers son frère. Danny finit par lui dire que de toute façon, il ne le laisserait jamais sortir, et le jumeau de Lucas abdiqua, sans doute trop fatigué pour lutter durablement contre Danny. Il resta néanmoins à nos côtés, s’asseyant à même le sol, les genoux repliés contre sa poitrine en un geste de repli. Je gratifiai Danny d’un regard approbateur, et il sourit en me reprenant Sophie. D’autre gosses virent s’attrouper autour de Danny, et Callie revint vers nous. Elle jeta un regard méprisant à Antoine avant de s’assoir à côté de moi.

-C’est la grande panique, grommela-t-elle en s’asseyant en tailleur avec flegme.

J’haussai un sourcil. Pas plus tard qu’il y avait vingt minutes, elle-même était bien plus paniquée que cela. L’angoisse ne devait pas l’avoir quittée, car ses cheveux étaient toujours d’une incertaine couleur verte.

-On l’est tous, fis-je remarquer à voix basse.

Je n’arrivai pas à faire taire l’angoisse en moi depuis qu’Antoine avait parlé de Lucas. Les arguments de Danny m’avaient quelque peu rassurée, mais j’avais remarqué qu’il les avait sortis surtout pour se convaincre lui-même. Au fond, affectivement parlant, il approuvait Antoine – et moi aussi, du reste. Lucas était incroyable : même quand il n’était pas là, il arrivait à effacer les conflits pour rapprocher les gens. Ce gars était un ange. Et cette constatation me donna un coup dans l’estomac, parce qu’elle me rappelait à quel point il me manquait.

-Non, marmonna (de manière parfaitement audible) Callie. On n’est pas tous paniqués.

Elle ne parlait pas pour elle. Son regard était dardé sur Antoine. Celui-ci se rendit bien compte que la pique lui était adressée, car il leva les yeux sur elle. Des yeux presque aussi furieux que les siens.

-Qu’est-ce que tu crois ? dit-t-il sèchement. Que tout ça, ça me fait plaisir ?

Je l’implorai silencieusement de ne pas en dire plus, mais il m’ignora encore, se concentrant sur Callie. Les cheveux de celle-ci se colorèrent doucement en rouge.

-C’est à toi qu’on doit cette situation, je te rappelle, siffla-t-elle, mauvaise.
-Cal ! La prévins-je en lui lançant un regard acerbe.

Danny m’appuya en m’imitant, et couvrit les oreilles de Sophie de ses paumes. Cette conversation était privée, à bien des titres. Antoine écarquilla les yeux, et ses yeux se portèrent sur moi. Je retins un soupir. J’avais oublié de préciser tout ce que nous avions dit Callie. Peut-être l’avait-il soupçonné – s’il l’avait compris pour Léna, il l’avait compris pour Callie. Je tentai de faire passer des excuses par mon regard, mais nous étions moins en phase qu’avec Danny : il ne les vis pas, et ses yeux flamboyèrent. Pour enfoncer le clou, Callie interpréta mal son silence, et y vit une provocation de plus.

-Tu es au courant, poursuivit-t-elle, sans pitié, que s’il y a un mort de soir, tu en seras partiellement responsable ?
-Callie ! fit Danny en lui donnant un claque sur la cuisse.
-Mais quoi ? s’indigna-t-elle en s’écartant de lui, furibonde. S’il pensait un peu moins à sa petite personne, peut-être qu’on aurait trouvé le moyen de …
-On s’en fiche ! La coupai-je durement en la bâillonnant.

Des regards curieux commençaient à se tourner vers nous, et Antoine était tellement tendu que j’avais l’impression qu’il était sur le point de bondir pour se jeter à la gorge de Callie. Je pris celle-ci de force par le bras, et l’emmenai voir Laura. La queue des filles c’était bien résorbée, et elle nous cocha avec un hochement de tête fatiguée. Callie retourna près d’Hugo, et je restai un instant près de notre Doyenne (officielle, mais officieusement, tout le monde considérait que c’était Gretel). Un pli soucieux était apparu entre ses sourcils alors qu’elle parcourait la liste. Mon cœur se serra.

-Il manque quelqu’un ? Demandai-je avec angoisse.

Laura me jeta un bref regard avant d’hocher presque imperceptiblement la tête.

-Arwen, et Elodie, une fille de la classe du dessous, précisa-t-elle avec inquiétude. Peut-être qu’elles sont simplement restée dans leur chambre …
-Tu veux que j’aille vérifier ? Proposai-je.

Je voulais m’éloigner de la cohue du foyer – et de l’angoisse perpétuelle que me faisais subir Callie, Antoine et Danny. Laura hésita quelque seconde, puis me donna leur numéro de chambre. Je m’y précipitai à petite foulée. Celle d’Arwen était à côté de la mienne, et je tambourinai à sa porte. Comme elle ne répondait pas, je rentrai, et soupirait de soulagement en allumant la lumière. Elle était endormie dans son lit, pêle-mêle avec sa couverture, et j’entendais de la porte la musique qui sortait des écouteurs enfoncés dans ses oreilles. Avec ça, sure qu’elle n’avait rien entendu. Je la réveillai le plus doucement possible. Elle se redressa en sursaut, et je la mis au courant de ce qui se passait. Elle fila directement au foyer sans demander son reste. Je courrai vers la chambre d’Elodie, qui était un peu plus loin dans le couloir. Je n’obtins pas de réponse en frappant, et j’entrai dans sa chambre en ouvrant la lumière. J’eus un moment d’angoisse en m’apercevant que sa chambre était vide.

-Elodie ? L’appelai-je doucement.

Aucune réponse. Je fis le tour de la chambre, mais elle ne s’y trouvait pas. Je revins en catastrophe vers Laura, qui parlait avec Arwen. Quand je lui appris l’absence d’Elodie, ses yeux s’écarquillèrent sous le choc, et elle se dépêcha d’envoyer un message à Léna. Danny vint se placer à côté d’elle, sa liste à la main. Son visage était crispé, et il parcourant plusieurs fois la liste des yeux en comptant silencieusement.

-Il nous en manque une, lui appris-je avec angoisse. Elodie Renaud

Danny vrilla ses yeux vers moi. Un éclair de panique les traversa, et il regarda sa liste, ainsi que celle de Laura. Notre Doyenne n’en menait pas large, et Arwen jetai des regards affolés autour de nous, comme si elle pouvait les trouver dans la pièce.

-Elle est dans la classe de Tanguy, remarqua Danny dans un murmure inquiet. Et il nous manque Tanguy, de notre côté. (Ses sourcils se froncèrent, et une lueur s’alluma dans ses yeux) Que quelqu’un me chope Salomé, fissa.

Arwen s’engouffra dans la foule, et revint quelque seconde plus tard en tenant Salomé par le bras. Celle-ci avait la tête indignée de quelqu’un qui venait d’être kidnappée. Après quelque question de Danny, elle avait fini par avouer qu’elle avait entendu dire qu’Elodie et Tanguy sortaient ensemble, et qu’ils se permettaient de petites escapades nocturnes entre amoureux. Nous échangeâmes des regards affolés. Danny finit par monter sur la table, comme Léna plus tôt, et par demander l’attention de tout monde. Il ordonna à ceux qui avaient le portable d’Elodie et de Tanguy de les appeler immédiatement. Quelques adolescents sortirent leur téléphone, mais les appels sonnaient dans le vide, et ils ne répondaient pas aux messages.

-Et merde, jura Danny en revenant vers nous.

Il sortit son téléphone lui-même pour prévenir Léna, mais celle-ci passa la porte et se dirigea immédiatement vers nous. Antoine convergea dans le même temps.

-Qui ? demanda-t-elle immédiatement quand elle fut à notre hauteur.

Danny lui répéta tout ce que nous savions. Léna resta impassible, et hocha la tête avec professionnalisme en promettant de les retrouver. A priori, ils avaient localisés les vampires – un groupe de quatre – entre l’entrée et l’infirmerie. À la mention de l’infirmerie, je sentis mes entrailles se glaçait, et lançai un regard éperdu à Danny. Lui aussi s’était figé.

-Et Lucas ? S’enquit-t-il immédiatement.

Antoine s’avança pour écouter la réponse. Léna eut un semblant de sourire rassurant.

-Ne vous en faites pas, ils ont dépassé l’infirmerie dans s’y attarder, et Eglantine est en route pour les éliminer avec Aguiard.
-On peut aider ? Insista Danny. Je peux monter discrètement sur le toit de l’infirmerie pour aider Eglantine.

Antoine et moi lui jetâmes un regard éperdu, d’autant plus que Léna semblait envisager la proposition avec sérieux. La panique s’épris de moi, de manière inconditionnelle, et irrationnelle. Je lui pris le bras, peut-être avec un peu trop de brusquerie.

-Tu es sérieux ?
-Tu peux y aller, accepta Léna au même moment, les lèvres pincées. Mais tu restes près de moi, je t’accompagne.

Danny hocha la tête, et tenta de se dégager pour aller mettre des chaussures, mais je le retins par le bras, et je fus aider par Antoine qui lui agrippa son second, et Laura, qui se planta devant lui.

-Si tu y vas, j’y vais, décréta Laura d’un ton qui n’admettait aucune réplique. Qui est la Warrior ?
-Moi aussi je viens, fit Antoine avec hargne.
-Non, refusa Léna avant que Danny n’ait pu ouvrir la bouche. Danny est le meilleur archer, il peut nous aider sans se mettre directement en danger, et c’est uniquement pour cela que j’accepte qu’il vienne. Vous êtes de bons combattants, mais en combat rapproché : je refuse de vous mettre en danger, je ne pourrais pas tous vous couvrir.

Laura et Antoine voulurent protester, mais la décision de Léna était arrêtée, et Danny se faufila dans sa chambre. J’aurais voulu le suivre, mais le regard de Léna me cloua sur place. Un regard entendu, conspirateur – qui devait donner envie de vomir à Antoine. Elle me prit le bras, et m’amena un peu à l’écart pour me chuchoter à l’oreille :

-Laisse le faire. Il va éliminer des Créatures qui ont tués son frère. Il en a besoin, Léonie. Après, ça ira mieux pour lui.

Elle me tapota le bras avec douceur et retourna au pied de l’escalier pour attendre Danny. Elle avait comme moi perçu le désir de vengeance qu’avait commencé à nourrir Danny. Et se servait de la situation pour le diminuer. Ce qu’elle faisait ne manquait pas de pertinence, mais je n’étais pas aussi sure qu’elle que cela l’assouvirait. Et c’était quelque chose qui m’angoissait. Les vampires avaient déjà tué un Hautroi. Je n’avais pas envie qu’il en tue un deuxième. Je sentis une main sur mon épaule, et levai le visage vers Danny, qui s’était glissé derrière moi. Un sourire de coin se dessina doucement sur ses lèvres.

-Inquiète ?
-Sans déconner, répliquai-je d’une voix qui tremblait un peu.

Il sourit encore, me frotta le bras en promettant de revenir vivant d’une voix douce. Je serrai sa main, et fis quelque chose qui me surpris moi-même : je me mis sur la pointe des pieds, et l’embrassai sur la joue. Salomé pouvait bien penser ce qu’elle voulait. Danny me fis un baiser sur la tempe en retour, et se faufila entre les élèves, sur les talons de Léna. Je me mis à me mordre nerveusement l’ongle du pouce.

-Ne t’en fais pas, fit la voix d’Antoine derrière moi. Il va revenir en un seul morceau, ton amoureux.

Je me tournai brusquement vers lui, et il eut un bref mouvement de recul. J’avais oublié sa présence, ainsi que celle de Laura et Arwen, qui parlaient non loin. Je lui fis mon regard le plus féroce. Je n’étais un en état de supporter ses sarcasmes, ni ses petites piques, ni la moindre gentillesse de sa part. Une personne qui j’adorais était à l’infirmerie. Je n’avais pas envie d’en envoyer une autre à la morgue. Danny et Lucas se retrouvaient maintenant tous deux dans le même sac, sous une épée de Damoclès. J’angoissai pour les deux personnes auxquelles je tenais le plus à Sappho (oui, même Danny. Surprenant ? Je ne savais pas trop.)

-Toi, soufflai-je d’une voix qui tremblait presque de rage. Je te jure que s’il arrive quoique soit à Danny ou à ton frère, je t’envoie aux enfers de mes propres mains.

Sans attendre sa réponse, ni me délecter de sa réaction, je fis volte-face, et rejoignis Callie et Hugo dans le foyer. Ce fut une heure d’une atroce attente. Les petits se collaient aux plus grands, certaines filles pleuraient de frayeur, et les garçons n’en menaient pas plus large. Je passais mon temps assise sur un rebord de fenêtre, à regarder le parc avec nervosité. Léna finit par revenir. Elle avait une égratignure sur la joue, mais semblait aller bien. Elle remonta sur la table.

-C’est fini, annonça-t-elle. Les vampires ont été abattus.

Je sentis plus que je ne vis le soulagement éclater dans la salle. Les filles séchèrent leurs larmes, et quelques rires nerveux éclatèrent.

-Vous avez retrouvé Elodie et Tanguy ? demanda une voix dans la foule.

Léna n’eus pas le moindre sourire, et tous les chuchotements s’étouffèrent d’eux-mêmes. Un silence pesant s’installa dans la pièce, alors que Léna semblait chercher ses mots. Puis je les entendis. Des sirènes. Des sirènes d’ambulance. Je jetai un regard affolé dans le parc. Je ne les voyais pas d’ici, mais je percevais des lueurs rouges et bleues dans le parc. Je lançai un regard éperdu à Léna, les yeux écarquillés. Elle le capta, et hocha sinistrement la tête. Des larmes brillèrent dans ses yeux.
Un des deux adolescents avait succombé.




TADAAAAAA. Bon, je sais ce que vous allez me dire :

1) Vous me détestez sans doute :lol:
2) mais où diable est la lettre? - plus tard, plus tard, patience ...
3) Léonie + Danny
4) Léonie + Antoine
5) Non mais vraiment couper à ce moment là, j'exagère (#sadisme)
6) où sont les réponses promises?!

Les réponses, ce sera pour la semaine prochaine, et cette fois je vous le promet ! Accrochez-vous, préparez-vous psychologiquement, parce que les Chapitre 15 et 16 sont ... relativement riches en info :lol: Allez, à la semaine prochaine ! :)
Dernière modification par Perripuce le sam. 12 mars, 2016 6:31 pm, modifié 1 fois.
Marinetiti

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Re: Les enfants de Gaia. (Fantastique/Fantaisie).

Message par Marinetiti »

Pourquoi n'as tu pas coupété plus tard dans le chapitre ? J'espère que Birdy va finir avec Antoine. Léonie a oublié la lettre de son père ?
delph212000

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Re: Les enfants de Gaia. (Fantastique/Fantaisie).

Message par delph212000 »

Alors moi je dit c'est du sadisme découper comme ça :evil:
Bon sinon toujours pas de lettre. Antoine va t il enfin craquer? Et pourquoi Antoine a t il peur de Léna?
C'est quand même pas elle le traitre?
Bon sinon je crois que ma théorie Danny/Léo se confirme et j'espère toujours voir Antoine et Léonie ensemble. Et comment les vampires sont ils rentres? Il n'y aura bientôt plus de mur
Ah et j'adore Veronica Mars mais Léonie ne lui ressemble pas beaucoup je trouve :D
Dernière modification par delph212000 le lun. 07 mars, 2016 10:54 am, modifié 1 fois.
Cazolie

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Re: Les enfants de Gaia. (Fantastique/Fantaisie).

Message par Cazolie »

Ok je vais commenter en regardant Shrek 2 alors ça va être beau :lol:

Rolala Antoine le relou quoi. En même temps c'est pour ça qu'on l'aime, c'est vrai. Antoine et ces allures de geek. Il me fait marrer à avoir tout le temps sa PSP. En même temps il a l'air complètement asocial du coup ahah
Il est INSUPPORTABLE à rien dire AAAAAAAAAAAAAAH (oui ça me soûle vraiment en plus :lol:)
En plus il lui fait mal et tout là roh. UN PEU DE SYMPATHIE ANTOINE BON SANG
Léo est tellement cool d'avoir convaincu Callie de rien dire à Léna
Le merci et je t'adore me fait toujours autant rire :lol:
Danny qui se ramène est vraiment trop mignon. Très protecteur, c'est très mignon :mrgreen:


BOUUUH LES VAMPIRES vraiment ce passage est trop angoissant aaah
("les fanfarons de la chanson version tutu et clarinette" ahah ça colle pas trop avec l'ambiance du chapitre)
Ils ont aucun tact ces garçons, pauvre petit Sophie
Callie a pas tort là : "C’est à toi qu’on doit cette situation, je te rappelle" (et je dis ça sans tenir compte du reste promis ahah)
Nan par contre pour le moment où Danny part sur le toit je t'en veux grave :lol:
Ouais, je t'en veux encore plus que pour la fin :lol: Bon nan ok c'est vraiment affreux (j'ai failli faire une boulette sur l'identité du mort là) et j'étais trop triste sur le coup. Mais le bisou et Léo inquiète quoi. Beuuuh
MAIS LES VAMPIREUUUH c'était vraiment stressant
Dernière modification par Cazolie le mar. 08 mars, 2016 5:17 pm, modifié 1 fois.
chatchat14

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Re: Les enfants de Gaia. (Fantastique/Fantaisie).

Message par chatchat14 »

Hey !!!

Waw ! Y'a des vampires ? Et ils ont tués un adolescent ? :o
Sinon, je pense pas qu'elle finisse avec Danny. Ça m'étonnerai. Mais après, pour Antoine :lol: " de l'amour à la haine il n'y a qu'un pas " comme on dit ! :lol:

Bref, à bientôt !
Marie-A

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Re: Les enfants de Gaia. (Fantastique/Fantaisie).

Message par Marie-A »

Bon, ça y est, j'ai un peu rattrapé mon retard. Il ne me reste plus que la première partie du chapitre 15 à découvrir.
L'histoire prend vraiment forme et c'est super bien monté (je crois que je l'a déjà dit mais tant pis :lol: ).
J'ai hâte que Lucas se réveille parce que je l'adore et que je ne veux pas qu'il lui arrive quelque chose d'encore pire. Pour la lettre du père de Léonie, tu exagères !! ;) Mais en même temps, je comprends. Ca met du piment !! Lol. Je voudrais bien savoir ce qu'il y a dedans quand même.
Je commence à apprécier le personnage d'Antoine. Il est assez enigmatique et particulièrement prétentieux mais je trouve que c'est un des personnages les plus réussi, de ce fait. Que peut-il bien cacher ? Je verrais par la suite, je n'en doute pas.
Juste une question : ton histoire est-elle en plusieurs tomes ou bien en un seul ? Peut-être que tu ne sais pas encore ou que tu n'as pas décidé mais je pose la question quand même :roll:
Perripuce

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Les enfants de Gaia - Chapitre 15 (2/3). (Fantastique/Fantaisie).

Message par Perripuce »

Bonsoir Bonsoir !

OK. L'instant est grave. C'est LA partie de chapitre. Celle que j'ai peur de poster. Celle où j'ai un peu peur de vous perdre. Mais bon, je ne vais pas vous en dire plus dans l'intro, sinon je vais vous faire peur, et vous ne la lirez jamais :lol:

Allez, vous vouliez des réponses? Les VOILA ! (enfin en partie ...)

Bref Breeeeef. Bonne lecture !


Chapitre 15 (2/3) : Le Corbeau.



Il s’agissait d’Elodie Renaud. Elle avait quatorze ans, et était à Sappho depuis deux ans. Elle avait la capacité de lire très vite – une moyenne de cent pages en une demi-heure. Elle venait de Normandie, près de Caen. Elle venait de commencer à sortir avec Tanguy, dont elle était amoureuse depuis le début d’année. Comme deux adolescents amoureux qui se respecte, ils étaient transi d’amour et de romantisme l’un envers l’autre, et se donnait des petits rendez-vous à l’extérieur, dans les recoins du parc, les nuits, avec les étoiles et la lune pour seuls témoins de leur infraction amoureuse. Mais l’escapade romantique avait viré au drame. Des vampires c’étaient introduit dans le domaine, pile à l’endroit où ils s’étaient réfugiés. Ils c’étaient défendus face à leurs assaillants. Tanguy avait tenté de protéger sa belle, mais ils avaient tous deux été dépassés. Danny, Aguiard, Eglantine … Ils étaient tous arrivés trop tard. Quand les vampires avaient été abattus, Elodie avait perdu trop de sang – elle avait rendu l’âme quand l’ambulance était arrivée. Gretel n’avait pas eu le temps d’essayer quoique soit. Tanguy avait survécu, se trouvait lui dans un état critique. Trop critique pour Gretel, qui avait dû se résoudre à le voir filer avec l’ambulance. Voilà que nous avait raconté Léna, dans un silence de plomb du foyer. Puis les sanglots et les gémissements de désespoirs avaient déchiré le silence. Les amies d’Elodie prononcés mille fois son nom, comme si ça pouvait la faire revenir. Danny était arrivé derrière Léna. J’avais vécu la suite comme à travers un brouillard. Il avait été témoins de l’agonie d’Elodie, et j’avais rapidement compris que l’image de son frère s’était superposée à celle de l’adolescente. Je l’avais emmené dans sa chambre dans un état second, et nous nous étions tous deux endormis dans son lit, trop sonné pour faire quoique soit d’autre, ni pour nous inquiéter des rumeurs. Le lundi, nous nous étions tous convenu de s’habiller en noir en signe de deuil. Callie avait même teint ses cheveux, et ses yeux en noir. Devyldère était passée dans toute les classe, et nous avait fait un discourt de soutiens en précisant qu’une cellule de soutiens avait été ouverte. Une minute de silence fut respectée au petit déjeuné en sa mémoire. Certain portaient un brassard avec le nom d’Elodie écrit. J’avais découvert dans le Hall un pan de mur avec les photos de tous les gens qui était mort dans l’enceinte de Sappho. Un mur de la mémoire. Le visage souriant d’Elodie reposait à présent aux coté de dizaine d’autre. Accolé à celui de Geoffrey Hautroi, la dernière personne à avoir péri en ses murs. Les parents d’Elodie étaient venus. Je les avais croisés en revenant de l’infirmerie où j’avais été voir Lucas. Leur douleur m’avait été insupportable, et je n’eus même pas le courage de leur adresser mes condoléance. Danny étais avec moi, et il y avait été. Il avait aussi brièvement parlé avec le grand frère d’Elodie, un garçon d’une vingtaine d’année, effondré par la mort subite de sa sœur. Sûr que lui pouvait comprendre cette épreuve, puisqu’il l’avait vécu presque copié-collé il y a sept ans.

Il avait été très touché par la mort d’Elodie, et était resté silencieux jusqu’au mardi. J’avais tenté de le soutenir de mon mieux, mais je ne pouvais pas imaginer ce qu’il pouvait vivre. Une chose était sure, sa hargne contre celui qui provoquait les brèches en avait été que renforcée. Il avait été seul voir un arbre gardien, près de l’entrée, sans nous, et contre les ordres de Léna, et m’avait mis une photo sous le nez. Mon cœur était tombé dans ma poitrine. Un cinquième arbre avait été infecté, et les vampires étaient passés par là. Nous en avions parlé à Léna, mais elle était trop occupée à gérer le flot d’élève paniqué qui la sollicitait tous les jours. Certains élèves commençaient même à quitter Sappho préventivement, comme Arwen, qui avait été véritablement traumatisée par l’expérience. Le mercredi, elle avait fait sa valise, et était partie avec force de larme. C’était Danny qui l’avait conduit à la gare. Léna et Eglantine avait beau nous répéter que tout était sous contrôle, et qu’il n’y aurait plus d’accident tant que tout monde respecterait le couvre-feu, l’ambiance n’avait jamais été aussi pesante, et la méfiance aussi grande. Surtout en ce qui nous concernait. Après l’annonce du décès d’Elodie, j’avais dû contenir Callie et Danny, qui voulait aller voir Antoine pour le mettre six pieds sur terre. J’avouais que j’étais entièrement d’accord avec eux sur le fond – cette histoire avait achevé de m’effrayer : s’il était arrivé quoique soit à Danny, je n’aurais pas donné cher de sa peau. Mais en même temps, il semblait être l’une des personnes les plus affectée : il était complétement replié sur lui-même, l’air maladif, comme un animal blessé. Alors j’avais beau envie de le secouer comme un prunier, je rongeais mon frein. Ma putain de sensibilité m’obligeait à le laisser en paix le temps de se remettre au lieu de profiter de son état de faiblesse. Mais je n’avais pas envie de le mettre à terre alors qu’il était déjà à genoux. Je continuais donc, inlassablement, de contenir Callie et Danny. Si celui-ci finissaient toujours par céder et me laissaient la voie libre pour cette affaire, Callie commençait à sérieusement douter, et j’avais peur qu’elle finisse par parler d’Antoine à Léna. Pour couronner le tout, Lucas n’avait toujours pas repris conscience, et ce coma prolongé commençait vraiment à me troubler au plus haut point.

Le jeudi, le prof d’SVT passa sa première heure à nous parler de ce qui se passait. Je me mettais maintenant quotidiennement à coté de Danny, profitant de l’absence de Lucas, et de l’exode de Callie près de Salomé. Quand la cloche sonna enfin l’intercours Danny se laissa aller contre sa chaise avec un soupir.

-Ça me saoule de rester ici, répéta-t-il pour la millième fois depuis le début de la semaine.

Il avait repris clandestinement les rondes, malgré sa promesse faite à Léna. Étant donné que maintenant cinq brèches étaient formées, je préférais aller avec lui, me répugnant à le laisser seul face au danger. Si je l’écoutais, nous passerions la journée à faire des cercles autour de l’école, histoire de prendre le coupable en flagrant délit. Je lui jetai un regard agacé, et il n’insista pas.

-Tu passes le bac à la fin de l’année, lui rappelai-je. Même si on est en novembre, ce n’est pas le moment de lâcher.

Il ne répondit rien, et s’allongea sur sa table avec dépit. Quelqu’un passa devant nous, et son regard se fit noir et glacial. Il suivit la personne du regard jusqu’à qu’elle passe la porte, et continua de foudroyer la porte du regard. Je claquai les doigts sous son nez pour lui faire détourner le regard.

-Ce n’est pas en surveillant Antoine de la sorte que tu vas arriver à quelque chose, lui fis-je remarquer (pour la centième fois depuis le début de la semaine).
-Tu lui as parlé ?
-Non.

J’attendais qu’il le fasse. Qu’il comprenne que je n’étais pas son ennemie. Nous savions que ce n’était pas lui qui créais les brèches, qu’il courrait comme nous après le coupable pour préserver son frère. Nous savions aussi que ses recherches étaient plus avancée que les notre. Mais nous avions peut-être des cartes qu’il ignorait, et c’est pour ça qu’à un moment ou à un autre, il se tournerait peut-être vers nous. J’attendais juste que ce moment vienne. Antoine revint, avec le prof de SVT, et le cours repris, pour de bon, cette fois. Après la fin du cours, je laissais Danny seul, car c’était l’heure de philosophie, et seuls ceux qui passaient le bac suivaient cette heure. Je laissai quand même mon sac dans la salle le temps de l’heure, et du repas, et me précipitai à l’infirmerie. J’y allais à chaque fois que j’avais du temps libre : pour voir Gretel, pour voir Lucas, pour m’isoler, pour contempler la photo de famille qui continuait de me fasciner. Quand je revins dans le Hall, je passai devant le mur de la mémoire, et contemplai un instant le visage d’Elodie, puis celui de Geoffrey. Ça me faisait mal de les regarder, mais je voulais graver leurs traits dans mon esprit, pour me souvenir pourquoi je faisais cette enquête – et pourquoi il ne fallait pas avoir de pitié avec les Créatures. Elle n’en avait eu aucune pour nous. Je montai recharger brièvement mon téléphone. Ma chambre était dans un état lamentable. J’en avais même perdu mon cadre avec la photo de mon père – mais je soupçonnai mes pouvoirs de l’avoir déplacé, usant de la frustration que j’avais accumulée contre mon père. Je ramassai et rangeais quelque affaire, au cas où Danny entrerait clandestines dans ma chambre. Mais c’était quelque chose dont je doutais. Si à présent je le collai comme un chaton à sa mère, l’inverse était moins vrai qu’il fut un temps. Depuis le début de la semaine, il disparaissait régulièrement, et je le surprenais parfois à me lancer de drôle de regard. Je pensais qu’il m’en voulait parce que je n’avais toujours pas fait craquer Antoine. Quelques coups discrets furent toqués à ma porte, et Callie passa sa tête dans l’entrebâillement.

-Lucas n’a toujours pas ouvert les yeux ? S’enquit-t-elle en en entrant dans ma chambre.

Je secouai négativement la tête en achevant mon ménage. Callie n’allait pas particulièrement bien. Ses parents avaient eu vent de ce qu’il se passait, et avait commencé à exiger son retour. Elle tenait bon pour l’instant, mais j’avais peur que, par crainte de devoir rentrer chez elle dans un moment aussi critique, elle ne fasse des bêtises.

-On va manger ? proposa-t-elle. Danny a fini la philo.

J’hochai la tête, et nous prîmes la direction du réfectoire. Danny était déjà assis à une table avec Hugo, qui se plaignait du prof de philo, Monsieur Cappelle, une sorte d’illuminé, d’après lui. Je m’assis à côté de Danny, et nous mangeâmes relativement silencieusement. Le repas finit, nous retournâmes à notre salle pour le cours de Math. Polley avait été particulièrement affecté par la mort d’Elodie, car il avait perdu sa bonhomie habituelle pour s’enfermer dans une morosité déprimante. Il nous donna les exercices et Danny et moi les attaquâmes sans grand enthousiasme. En plus, c’était des intégrales – et je détestai les intégrales. Je n’arrivais jamais à bien faire les signes – espèces de grand S allongé (j’en avais assez des S. Entre les sigmas des Sommes, et les Sigma de Sappho, j’avais vu trop de S pendant ma courte vie).

-Le logarithme, c’est quoi sa primitive ? me demanda Danny.

Mais il n’avait pas l’air de s’intéresser plus que ça à la primitive du logarithme. Il fait des dessins sans réelle forme sur son cahier.

-On ne la connaît pas, à notre stade, lui répondis-je. Mais je peux néanmoins t’assurer que ce ne sont pas des gribouillages.

Danny me lança un regard amusé, et la cloche sonna l’intercours. Polley s’installa sur son bureau, l’air fatigué, et Danny fila dans le couloir. Je regardais la salle se vider pour la pause, et je me glissai à la table vide en face du bureau. Le professeur de math leva un regard surpris sur moi, et je lui souris d’un air entendu.

-Mon père était un bon élève ? M’enquis-je avec espièglerie.

Depuis que Raymond m’avait avoué que Polley avait connu mon père, j’avais voulu lui parlé, vérifier cette information, mais avec tout ce qui s’était passé, je n’en n’avais pas eu le temps. Polley me dévisagea, et jeta un coup d’œil suspicieux derrière mon épaule. Je me retournais, mais à part la table vide, il n’y avait personne. Le professeur de math se détendit, et il me sourit à son tour.

-Aussi bon que vous l’êtes, Léonie, me répondit-t-il, l’œil pétillant. J’ai appris sa mort par Raymond, je suis désolé. Tristan était une de mes révélations de début de carrière.

J’haussai les épaules, balayant les condoléance. Parler de mon père me rappelait toujours douloureusement la lettre qui demeurait cachée dans mon tiroir, et que je ne m’étais toujours pas résolue à lire. Le prof me demanda comme j’avais su que mon père avait été ici, et je lui parlais de ma conversation avec Raymond. Nous discutâmes cinq minutes, de mon père, de mes progrès dans sa matière, d’Elodie... Du coin de l’œil, je vis Antoine passer près de mon bureau pour aller dans le couloir, puis retourner à sa place au fond de la classe. J’étais presque certaine d’avoir vu sa main se poser sur mes affaires. Je sentis mon sang bouillir dans mes veines. Non mais il espérait quoi, en me volant quelque chose ? La cloche retentis à nouveau, et je me glissai à ma place. Danny ne revint pas tout de suite, et j’ouvris mon cahier avec un soupir. Une feuille tomba pendant que je tournai les pages, et Polley me la ramassa et le la tendis.

-Merci, claironnai-je avec un sourire en prenant ma feuille.

Il sourit, et nous ordonna de reprendre les exercices. Je jetai un rapide coup d’œil sur la feuille. Je pensais que c’était une interro que j’avais oubliée de ranger, mais ce n’était pas mon écriture qui parcourait les lignes. C’était une écriture soignée, petite, et masculine qui m’était vaguement familière. Je compris pourquoi en lisant le premier mot de la feuille.

« Birdy,
Surtout, savoure bien ces mots : tu as gagné.
Rendez-vous ce soir, après manger, dans le box de Grispoil. Je t’expliquerais tout. Je te le promets.
Mais s’il te plait, viens seule. Et tiens ta langue.
»

Un sourire flotta sur mes lèvres. Toute signature était inutile. Les jumeaux étaient semblables jusque dans leurs écritures. L’excitation me gagna, et ma jambe se mit à faire des bonds nerveux. Je me retournai brièvement, et regardait en la direction d’Antoine. Comme si c’était un signal qu’il attendait, ses yeux se vrillèrent immédiatement sur moi, vierges de toute expression. J’hochai la tête pour lui signifier que je viendrais, et il eut un petit sourire, avant de se reporter sur son cahier, comme si de rien n’était. Danny revint, et repris sa place, adossé sur le mur. Je cachai le mot d’Antoine dans mon cahier.

-C’est repartie pour les primitives, grommela Danny en brandissant son crayon de bois.

Je souris, mais ne répondit rien. J’avais peur que de l’exaltation ne perce ma voix.
Car Antoine Meynier était sur le point de craquer.

Arf. Je penserais que ça passerait, mais ça ne passe pas. Finalement trois partie ! (hey hey, j'aurais pu attendre la semaine prochaine pour vous donner la troisième ...)
BREEEEF. Désolée, les réponses c'est pour la suite :)
Perripuce

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Les enfants de Gaia - Chapitre 15 (3/3). (Fantastique/Fantaisie).

Message par Perripuce »

Bon voilà LA partie de chapitre (vous avez bien compris ce qu'il s'y passerait ...)
Bref, Bonne lecture !




Chapitre 15 : Le Corbeau (3/3)


J’eus du mal à tenir jusqu’au diner. Et j’eus encore plus de mal à me débarrasser de Callie. Danny, ça avait été facile : il avait à nouveau disparu de la circulation (je le soupçonnai d’être allé fumer, et d’être allé faire une ronde). Mais Callie me colla comme un chaton à sa mère, et je dû feindre une fatigue incommensurable pour qu’elle daigne de me laisser en paix, profitant de mon soi-disant épuisement pour aller rejoindre Hugo dans sa chambre. Je me couvrais avec le sweet-shirt de Danny, et pris une écharpe pour me faufiler le plus discrètement possible dehors. La nuit était tombée, et la lune brillait entre deux nuages, éclairant mes pas avec bienveillance. L’éclairage naturel finit par ne plus suffire, et j’actionnai la lampe torche de mon téléphone pour continuer de voir où je marchais. J’arrivai à l’enclot de Grispoil, et escaladai la barrière. Le pégase me salua brièvement, avant de retourner à son abreuvoir. Je percevais d’ici la lumière qui s’échappait du box. Mon cœur s’emballa. J’espérai qu’Antoine ne m’avait donné de faux-espoir, et qu’il comptait véritablement tout m’expliquer ce soir. J’en pouvais plus de tous les mystères qu’il faisait depuis que je le connaissais. Baal, Grispoil, la troisième entité …
La porte allait enfin s’ouvrir.
Et je commençai à craindre ce que j’allais trouver derrière.
Je m’avançai dans l’encadrement, et jetai un coup d’œil à l’intérieur. Antoine était assis sur un des ballots de paille qui étaient stockés dans le box, son bonnet gris sur ses oreilles, les yeux rivés sur sa PSP. Un sac contenant sa couverture et son duvet était dans un coin. Il prévoyait donc de dormir à nouveau dans l’écurie. Je toquai à l’embrassure pour prévenir de ma présence, et il sourit sans me regarder.

-Je savais que tu étais là, m’apprit-t-il en pianotant sur son jeu.
-Tu m’en diras tant.

Je m’avançai un peu, et m’élançai pour m’assoir sur la porte du box. Antoine fit une grimace et éteint sa PSP, qu’il rangea dans son sac à dos. Ses joues s’étaient encore creusées, et des cernes plus profondes encore étaient apparues sous ses yeux. Nous restâmes un moment silencieux, à nous jeter des regards incertains. J’avais l’impression que nous nous demandions tous les deux comment nous devions commencer cette conversation. Il rompit finalement la glace avec un sourire gêné.

-C’est sympa d’être venue.

J’haussai les sourcils.

-Avec ce que tu me promettais ? Je n’avais pas vraiment le loisir de refuser.

La bouche d’Antoine se tordit, et il se massa la nuque, l’air embarrassé. Il avait beau avoir son bonnet sur la tête, il restait en Tee-shirt. J’ignorais comment il faisait. Personnellement, même avec le sweat de Danny, le froid me mordait la peau.

-Oui, lâcha-t-il du bout des lèvres. J’ai pas mal de chose à t’expliquer …
-Sans déconner, raillai-je en levant les yeux au ciel.

Antoine me lança un regard acerbe, que je soutins sans broncher. Il détourna les yeux en premier, et un éclair douloureux passa sur son visage.

-Birdy, je t’en prie, s’il y a un moment dans ta vie où tu dois être gentille avec moi, c’est maintenant, me supplia-t-il sans me regarder, la voix étouffée.

Il avait replié ses genoux sur sa poitrine, comme pour se soustraire à quelque chose. Je lui lançai un regard désappointé, mais hochai la tête de mauvaise grâce. Pour avoir enfin des réponses, j’étais prête à faire toutes les concessions possibles.

-Et ne me juge pas avant d’avoir entendu toute l’histoire, ajouta-t-il d’un ton presque implorant. C’est important. Ce que je vais te dire, ce ne va pas être facile à entendre … Et crois-moi quand je te le dis, c’est encore plus difficile à cracher.
-Alors pourquoi tu le fais ?

Ne me juge pas … qu’est-ce qu’il avait fait qui méritait que je le juge ? Antoine me dévisagea un instant, l’air de réfléchir réellement à la question.

-Parce que je n’ai plus le choix, avoua-t-il dans un filet de voix. Ça me dépasse complétement. Je … Je n’y arriverai jamais seul.

Antoine ne me regarda pas directement, et le désespoir que je sentais dans sa voix me glaça. Au fil des secondes, il semblait laisser tomber une à une les barrières qu’il avait érigées autour de lui : plaisanterie, sarcasme, arrogance … Je ne répondis pas, et hochai la tête. Il soupira, et joua passivement avec un pan de son Tee-shirt. Je le laissai faire à son rythme, chercher ses mots sans le brusquer.

-Bien, entonna-t-il finalement en me regardant à travers les boucles qui lui tombaient devant les yeux. Je pense que je vais commencer par le début, par les fondements.

J’acquiesçai en fronçant les sourcils. Oui, ça me paraissait fondé de commencer là-dessus.

-Tu te souviens, dans les salles à côté de la bibliothèque ? Tu m’as dit que tu pensais qu’il y avait une troisième entité …

Oh oui, je me souvenais. C’était le moment où il avait tout mis sans dessus-dessous.

-Oui, affirmai-je avec un sourire penaud. Mais ce n’est pas Baal.

Antoine me lança un regard amusé et ricana doucement. Il jouait encore avec le bas de son Tee-shirt.

-Voilà, confirma-t-il avec un petit sourire. C’est bizarre que vous vous soyez concentré sur Baal, parce qu’en fait, c’est le paramètre le plus facile de l’énigme. Tu as compris ce que faisait Baal ?

Ma bouche se tordit, et finalement, je consentis à lui expliquer tout ce que nous avions découvert sur les arbres gardiens, et la façon dont Baal altéré le Mur. Au fur et à mesure que je parlais, les yeux d’Antoine s’exorbitaient. Un éclair de panique passa dans son regard. A la fin de mon exposé, il siffla doucement.

-Putain, jura-t-il d’un air profondément surpris. J’ai sous-estimé votre avancée. Danny eut les bonnes intuitions, effectivement… Tu m’épargnes une petite partie du gâteau, tiens…

J’haussai les sourcils. J’ignorais qu’il avait connaissance de cette partie de l’histoire, mais apparemment, elle faisait bien partie de ses cartes. Je le laissai quelque seconde pour s’extasier devant notre travail (ce dont je n’étais pas peu fière). Il finit par hocher la tête, et par sourire.

-Bien. Maintenant tu sais que Baal corrompt les chênes qui forment le Mur, et qu’il laisse entrer les créatures d’Hélios, tu vas me faire croire que tu n’as aucune idée sur ce qu’est Baal ?
-Et bien … Ce n’est pas une entité, d’après toi.
-Si.
-Quoi ?

Je lui lançai un regard incrédule. Il n’avait pas le droit de me dire ça comme ça. Je me souvenais bien de sa réaction quand je lui avais proposé que Baal était une entité. D’après ses propres dires, j’avais « tout confondu ». Antoine eut un sourire penaud.

-Baal est bel et bien une entité. Mais pas n’importe laquelle. Et pas une « troisième », Baal est loin d’être un satellite. Tu sais ce que veut dire « Baal », en hébreux ?

Je fouillai ma mémoire. Danny et Lucas l’avait précisé dans leurs recherches. Et je l’avais lu sur Wikipédia.

-« Maitre », ou « seigneur », il me semble.

Antoine leva les yeux au ciel, et me gratifia d’un regard agacé.

-Birdy ! Tu es une fille intelligente, avec tout ça, tu es tout à fait capable de me dire qui est Baal ! Transpose dans le cosmos ! Qui est le maitre ?

Une main glacée se referma sur mon cœur, mais un nœud se dénoua dans mes entrailles. J’haussai les sourcils, et dit presque avec mépris :

-Tu veux dire que Baal… C’est simplement un autre nom d’Hélios ?

Je devais avouer que j’étais profondément déçue. On l’avait envisagé, bien sûr, mais sans aucune certitude, ni sans vraiment y songer. Ça pouvait autant être Hélios que Gaia. Mais tout ce mystère pour simplement découvrir qu’on devait tout ça à Hélios … Antoine hocha gravement la tête.

-C’est plus que ça. Baal, c’est le nom originel de l’entité qui a pris le soleil en foyer. Hélios a quelque chose d’extrêmement réducteur : ça veut simplement dire « soleil » en grec, et c’est très loin d’être représentatif de ce qu’est cette entité. C’est une entité d’une puissance presque infinie, capable d’exercer une force incroyable, qui régit notre système d’une main de maitre … C’est le véritable seigneur de notre monde. Pas juste le « soleil ». C’est pour ça que le mot « Baal » a beaucoup plus de force que ne peut l’avoir « Hélios ». Graver « Hélios » sur un arbre, même en grec, n’aurait pas eu l’impact qu’ont eu les sigles hébraïques.

Je devais faire une drôle de tête, parce qu’Antoine partit d’un petit rire.

-Je te l’ai dit, Baal est le paramètre le plus simple, me rappela-t-il avec un sourire. Oui, somme toute, c’est simplement Hélios.
-Et la troisième entité, alors ?

Parce qu’il y en avait une. Antoine l’avait admis, dans la salle de travail. Son sourire s’effaça progressivement, et il passa sa main sur son épaule, comme pour atteindre son omoplate. Il avait fait le même geste, il y a quelque semaine.

-Bien, c’est là que commencent les véritables révélations, m’avoua-t-il en me lançant un regard pénétrant. Le genre de révélation dont tu ne devras parler à personne. Et ce n’est pas moi qui le dis. C’est presque un secret défense, ici. C’est secret défense partout dans le monde, en fait.

J’hochai la tête en masquant mon mal-être de mon mieux. Danny était au courant pour la troisième entité. Peut-être que si je négociais… Mais ce n’était pas le moment. Antoine s’adossa au mur derrière lui et soupira profondément pour se détendre.

-Il existe une entité, différente de Gaia et de Baal, entonna-t-il d’une voix qui manquait d’assurance. Elle est moins puissante. Lucas t’a fait part du modèle de la cour d’un roi ? Cette entité correspond à un sujet, une vassale d’une courtisane, qui s’occupe de la poussière.
-Un satellite de la Terre qui prend soin de nous, transposai-je alors.

Antoine hocha difficilement la tête, et m’invita d’un regard à poursuivre. Ce n’étais pas très compliqué. La terre n’avait pas des masses de satellite.

-Une entité qui a pris la Lune pour foyer, devinai-je.
-Exactement. Luna. Sélène.

Je me souvenais vaguement de Sélène/Luna dans la mythologie grecquo-romaine. La divinité, sœur d’Hélios, qui trainait les étoiles et la lune derrière son char. Bien… C’était vrai que ce n’était pas étonnant que la Lune apparaisse à un moment, ou à un autre dans notre modèle. Je m’étais résignée à voir une troisième entité apparaître dans ma vie, de toute manière.
Mais tout de même. Ça avait quelque chose de déroutant. Une nouvelle complication, boule inépuisable d’énergie, qui faisait joujou avec nos vies.

-Et elle … veille sur la poussière – sur nous ? M’assurai-je, dubitative.
-Oui, répondis Antoine avec lenteur. Elle tourne autour de la terre, et regarde les créatures que Baal et Gaia ont créées ensemble. Elle voit Gaia lutter pour préserver ses créatures des pouvoirs néfastes de Baal. Pragmatiquement, Léo : Baal est presque cent fois plus puissant que Gaia. Et ses Créatures sont plus nombreuses. Quelle chance ont des gens bénit par Gaia de lutter contre eux ? Alors Sélène a décidé d’aider sa vassale. Elle marque des créations de Gaia.
-Elle les marque ? Répétai-je avec méfiance.

Antoine hocha lentement la tête en plongeant son regard dans le mien. Je secouai la tête, interdite.

-Elle ne peut marquer que les gens que Gaia a déjà marqué, poursuivit-t-il d’une voix blanche. Que des enfants de Gaia.
-Tu veux dire qu’il y a des enfants de Gaia qui sont aussi marqués par la Lune ? Compris-je avec incrédulité.

Le modèle commençait à être bien trop complexe, mais Antoine opina du chef.

-Oui. Puer Lunae. Enfant de la Lune.

C’était quelque chose de difficilement imaginable. Depuis que j’étais ici, personne n’avais jamais parlé d’enfant marqué par deux entités – Gaia et Luna. Antoine disait que c’était secret défense, mais quelque chose comme ça avait forcément dû filtrer.
Et surtout, je ne comprenais pas ce que ça venait faire là.
Antoine dut lire la méfiance sur mon visage, mais je choisis tout de même de l’expliciter :

-Et comment tu sais ça ?

Les mains d’Antoine se figèrent sur son Tee-shirt. Il se redressa, et enleva son bonnet d’un air troublé. Il jeta un regard suspicieux à la porte de l’écurie.

-Bien. Une démo vaut mieux que tous les mots, dit-il en un murmure parfaitement audible.

Il descendit du ballot de paille, et frotta ses boucles d’un air gêné. Il me lança un regard embarrassé, et j’haussai un sourcil pour l’interroger silencieusement. Je jurais presque que deux plaques roses étaient apparues sur ses joues.

-Birdy, je vais enlever mon Tee-shirt, annonça-t-il avec un flegme qui lui ressemblait déjà beaucoup plus. Mais surtout, ne te bile pas. C’est juste de la démo.

Sans attendre ma réponse, il soupira, et passa son Tee-shirt par-dessus de sa tête. Je restai figée. Ce n’était un spectacle auquel j’étais habituée, je dirais. Surtout pas venant d’Antoine Meynier. Mais je me doutais bien qu’il ne ferait pas ça sans raison valable. Je m’efforçai donc de maitriser les battements de mon cœur. Antoine mit son Tee-shirt sur le ballot, et me fis signe de m’approcher en se retournant. Je m’exécutai, non sans gêne.

-Regarde mon omoplate, m’intima-t-il d’une voix sûre.

Je portai mon regard là où indiquait, tentant tant bien que mal de ne pas m’attarder sur les détails qui sautaient aux yeux (à savoir qu’il était sacrément bien foutu. La crevette de la photo avait fait du chemin). Mes yeux se portèrent (difficilement) sur ses omoplates. La gauche était lisse, sans rien de particulier. Mais ce n’était pas le cas de la droite : une tâche plus foncé, couleur du café, se détachait. Je me rapprochai, les sourcils froncés. Elle avait une forme bien particulière. Une forme qui me sauta aux yeux.

-Un croissant de lune, souffla-je, en levant une main.

A la dernière seconde, je me retins de toucher la marque (ça aurait été trop gênant), mais la tentation était grande. C’était incroyable.
Une coïncidence ? Je ne croyais pas.

- Ça veut dire … Antoine, Sélène t’a marqué ?

Antoine remua les épaules et se retourna avec un soupir de lassitude. Son visage avait quelque chose de défait, de douloureux.

-Oui, répondit-t-il simplement.

Je le contemplai, bouche bée, mais son visage était tout ce qu’il y avait de plus sérieux. Il planta son regard dans le mien, comme s’il pouvait me convaincre juste avec ses yeux. Etrangement, c’était le cas : il n’y avait ni mensonge, ni folie d’aucune sorte. Je finis par hocher doucement la tête, et reculai d’un pas pour lui laisser de l’intimité. Il eut un petit sourire, et repris son Tee-shirt pour se revêtir (mais je pus tout de même jetai un dernier regard à son torse avant qu’il ne le recouvre. Ne soyez pas choqué, je restais une fille). Il reposa les yeux sur moi, et je les détournai. Je vis tout de même son petit sourire entendu (genre : je t’ai grillé !), et je m’empressai de détourner la conversation.

-Mais … Vous êtes beaucoup dans ce cas ?

Antoine se rassit sur le ballot de paille, et se passa une main dans ses boucles.

-Non. Sélène n’a pas l’air d’une entité très puissante. Elle ne marque que très peu de personne dans une génération. La dernière à avoir foulé nos sols… C’était avant la première guerre mondiale, je pense bien. Je suis le seul depuis.
-Seul ? Répétai-je en fronçant les sourcils.

Pour une fois, Antoine parut lire dans mes pensées, car il sourit doucement avec une certaine suffisance.

-Pas Lucas, non. Comme Gaia, Sélène n’a rien de génétique. Elle choisit ceux qu’elle marque, et elle n’a la puissance que de le faire un à la fois. Une sorte d’élite.

Le dernier mot était craché avec dépit. Il mit ses mains dans ses poches, et son regard se perdit au loin, amer et dur.

-Et qu’est-ce que ça implique, au juste ? Poursuivis-je en me hissant sur le ballot à côté de lui. A part d’être un sombre crétin arrogant et imbu de lui-même ?

Un sourire flotta sur ses lèvres, et il jeta un regard amusé.

-Tu as oublié cachottier, imprudent, et irresponsable, ajouta-t-il. Non, en vrai, c’est quelque chose que j’ai encore du mal à déterminer. Déjà, Sélène augmente la puissance du sujet – ça explique donc que mon côté sorcier qui doit bruler sur la place publique. Et elle donne un pouvoir particulier. Quelque chose qui peut devenir dangereux.

J’attendis. Il ne me regardait toujours pas, ayant le regard vrillé sur ses mains. Il les tordait dans tous les sens.

-On peut modifier les créations de Gaia, souffla-t-il.

J’haussai les sourcils, pas particulièrement impressionnée pour deux sous. Pourtant, Antoine regardait ses mains comme si elle l’effrayait, comme si elles n’appartenaient pas à son corps, qu’elle était étrangère. Lentement, il soupira, et sortit quelque chose de sa poche. Je le reconnus aussitôt. Il sauta du ballot et me regarda. Cette fois, son regard était clairement fuyant.

-Surtout, ne t’énerve pas, m’implora-t-il en jouant avec le couteau qu’il tenait dans les mains – celui que je lui avais piqué lors d’une de nos parties de belote. Je … Je te jure que je n’avais pas le choix.

Une main glacée se referma sur mon cœur. Je le fixai avec perplexité, attendant la confession avec appréhension. Antoine pris une grande inspiration, et souffla d’une voix complétement défaite :

-La corruption … les sigles sur les arbres… C’était moi.

Je le dévisageai, et je sentis mes yeux littéralement s’agrandir sous le choc. Je mis un moment à comprendre réellement ce qu’il venait de me dire, à comprendre ce que ça impliquait.

-Pardon ?

Ma voix devait être plus froide que je ne le pensais, parce qu’Antoine regarda à droite à gauche, comme s’il cherchait une échappatoire. Son visage était plus blanc qu’un linge, et une lueur nouvelle brillait dans ses yeux : la culpabilité.

-Je n’ai eu le choix, plaida-t-il néanmoins. Je n’ai jamais voulu, mais …
-Antoine, le coupai-je durement en sautant sur le sol. Est-ce que tu as, oui ou non, créer les brèches dans le Mur ?

Antoine parut vouloir disparaître. Mais il faut lui reconnaitre ça : il eut le courage de me regarder droit dans les yeux, défait, et de me dire :

-Oui.

Ce simple mot fit craquer un barrage en moi. Toutes les Léonie se braquèrent immédiatement, se mettant en position d’attaque contre lui. Pendant des semaines, je l’avais ménagé : par égard pour Lucas, mais aussi par égard pour lui, parce qu’au fond, j’avais toujours cru qu’il était du bon côté. Qu’il avait des raisons valables de faire ce qu’il faisait. Qu’en réalité, on poursuivait le même but. Il avait été celui qui avait toujours était au-dessus de tout soupçon. Jamais il n’aurait jamais créé les brèches. Il avait trop peur pour Lucas.
Mais c’était faux. C’était lui avait les avait créées.
Par extension ?
Antoine Meynier avait tué Elodie.
Un mélange de rage, de trahison, de déception tourillonna brusquement en moi. Un ouragan infernal qui traversa mon esprit et mon cœur. J’avais eu peur de ce que je trouverais derrière la porte. Mais c’était quelque à laquelle je n’avais jamais pensé. J’avais trouvé un coupable. Antoine m’avait demandé de ne pas m’énerver. Mais c’était au-dessus de mes forces. Ma main agrippa machinalement ma dague – sa dague, celle qu’il m’avait donnée pour me protéger. Me protéger de ces propres méfaits. Cette constatation me tordit douloureusement le ventre, et me releva l’estomac. Antoine dû voir l’orage venir – et ma main sur la dague ne devait pas être de bon augure pour lui. Il s’écarta souplement de moi, et répéta :

-Léonie, s’il te plait, je n’avais pas le choix !
-On a toujours le choix ! Le taclai-je avec violence. Non mais c’est pas vrai … On a cherché dans l’administration, on t’a même suivis pour la directrice, elle est devenue notre suspecte numéro un … Et tout ce temps, c’était toi ?!
Antoine voulu répliquer quelque chose, se défendre, mais je ne lui en laissais pas le temps. Toute la hargne que je retenais depuis des semaines ressortit d’un coup.
-Putain mais je te faisais confiance ! D’accord, je savais que tu n’étais pas réglo, que tu cachais des choses. J’ai toujours envie de t’étrangler… Mais dans l’ensemble, te faisais confiance, j’étais persuadée, persuadée que tu n’avais rien à voir avec ça, que tu n’aurais jamais osé … Putain, mais tu as pensé à Lucas ?

Une vague de vertige me saisit. Les Sirènes. Les Corbeaux. Lucas aurait pu mourir plusieurs fois depuis que j’étais arrivée. Pourtant, les brèches avaient continué d’être créées. Par son propre jumeau.
Trahis par son frère.
Antoine ne me regardait pas, accusant chaque accusation sans broncher. Son mutisme ne fit qu’attiser ma rage, mais je me mis une main sur le front pour me calmer. Il fallait que je garde les idées claires, mais l’ouragan d’émotions négatives continuait de m’empêcher de réfléchir correctement. Antoine finit par prendre la parole :

-Parce que tu crois que je n’y ai pas pensé ?

Sa voix avait des accents étouffés, et je compris pourquoi quand il leva les yeux vers moi. Son regard était embué. Antoine Meynier était au bord des larmes. Dans d’autres circonstances, je m’en serais réjouie. Ou je l’aurais consolé. Mais à l’heure actuelle, la seule chose que j’avais envie de faire, c’était de lui planter sa propre dague dans la gorge, et de voir son sang couler pour nourrir la Terre-Mère. Son sang pour celui d’Elodie.
Une vengeance.

-J’y pensais, à chaque fois que je prenais ce putain de couteau (il leva la lame pour le montrer) pour graver les sigles sur les arbres. Dès que je pensais à ce que je faisais, c’était le visage de Lucas qui apparaissait. Je n’aurais jamais admis qu’on lui fasse du mal. Jamais.
-Tu as de drôle de façon de le prouver, répliquai-je avec sévérité.

Antoine leva les yeux au ciel, et passa son pouce et son index sur ses paupières close pour refouler ses larmes.

-Je n’ai pas eus le choix, Birdy, répéta-t-il d’une voix étranglée.
-On l’a toujours !
-Pas moi.

Ravalant ses larmes, il prit son téléphone de son portable, et pianota un peu avant de me le tendre. Je le pris avec méfiance. L’émotion d’Antoine paraissait sincère, mais je refusai de considérer qu’elle excusait quoique soit. Je baissai les yeux sur le téléphone. C’était la conversation, qu’il avait avec un numéro inconnu. C’était l’inconnu qui avait envoyé le premier message, qui datait de début octobre :
« Trois lettres sur un arbre. Ce n’est pas cher payer face la vie de ta famille ».
Suivait une photo de Lucas. Ça devait être l’été, car il portait des lunettes de soleil, et elle devait avoir été prise à Sappho (je reconnaissais l’arrière-pays).
« Non » avait simplement répondu Antoine.
Suivait plusieurs autres photos. Une fille d’une petite quinzaine d’année aux boucles blondes, des adultes aux traits familiers, des photos de Lucas à Sappho… Je regardais les images, les messages qui suivaient … Elles débordaient d’ironie, et de cruauté. J’eu un haut-le-cœur en voyant une image de Lucas modifiée, dans laquelle on lui avait coupé la tête avec un réalisme effrayant. Je finis par relever les yeux sur Antoine, figée d’horreur. Après ce que je venais de voir, je voulais bien autoriser la compassion à revenir. Une larme avait coulé sur sa joue.

-Ce n’est pas que par message. Ce salopard a aussi saturé ma boite mail, m’a mis des petits mots gentils dans ma chambres, dans mes affaires … Tous les jours, j’avais un petit rappel de sa présence.
-Un corbeau* ? Soufflai-je avec stupéfaction.

Il hocha la tête, et essuya passivement et discrètement sa larme. Il s’assit en tailleur à même le sol et soupira profondément pour reprendre le contrôle de lui-même. Il m’apparaissait soudainement comme quelqu’un de brisé, balloté par mille flots qu’il ne maitrisait pas. Je m’accroupis prudemment près de lui, et m’assis.

- Explique-moi. Depuis le début.

Antoine me lança un nouveau regard. Ses yeux étaient encore humides, mais une lueur de reconnaissance y brilla.

- Ça … ça a commencé au début d’année, avant ton arrivée, entonna-t-il d’une voix un peu hésitante. Je suis rentré des vacances d’été avec Lucas, et on s’est réinstallé dans nos chambres. Dans la mienne, j’y ai vu une boite avec un croissant de lune collé dessus. Le croissant de Lune m’avait interpellé – je sais très bien qui je suis, depuis longtemps. Dans la boite, il y avait un plan de Sappho entouré d’un cercle, et douze points sur le cercle.

Il plongea sa main dans sa poche de jean, et me tendit un morceau de papier. Ça devait être le plan qu’il venait d’évoquer. Quatre points étaient rouges : les quatre premiers gardiens infectés. Un autre point était vert : il s’agissait du cinquième. Je lui lançais un regard perplexe, et il continua :

- Ça, c’est la dernière que j’ai reçue. La première n’avait qu’un point rouge (il pointa l’arène), et un point vert (il désigna l’écurie).
-Tu ne peux pas avoir infecté l’arbre de l’Arène, réalisai-je soudainement. Tu avais dix ans, tu étais beaucoup trop jeune …

Il hocha la tête avec un certain soulagement. Il pianota nerveusement sur son portable, et poursuivit, sans quitter la carte des yeux.

-Avec la carte, il y avait le couteau, et le sigle de Baal inscrit sur un papier. Je revenais de vacance, quand j’ai vu ce que contenait cette boite, j’ai débloqué. Et il y avait ce mot … je l’ai jeté, depuis, il m’avait effrayé … Il me demandait de monter au chêne indiqué, et de graver avec le couteau le sigle qu’il avait montré. Je n’ai pas compris. Vraiment pas. Mais ce qui m’a le plus effrayé, c’est le premier mot qu’il avait employé… Filius Lunae, fils de la Lune… Personne n’était au courant de ce détail. Pas même Lucas. La seule au courant, c’était Devyldère.
-Comment ça se fait ?

Il haussa les épaules. Au fur et à mesure qu’il parlait, il semblait se détendre, et prendre plus d’assurance.

-Une étourderie. Quand je ne savais pas que cette tâche faisait de moi quelqu’un de spécial, à l’époque. J’étais un gamin comme les autres, si ce n’était qu’il découvrait un nouveau monde. Cette tache, c’était juste un moyen pour mes parents de me différencier de mon frère.
-Avec tes dents de lapin.

Il me lança un regard surpris, et un sourire incertain s’étira lentement sur ses lèvres.

-Euh, oui, admit-t-il. Mais c’est un détail que j’ai fini par corriger. Enfin toujours est-il que c’était le mois de mai, l’année de notre arrivée, il faisait une chaleur étouffante, et Geoffrey Hautroi avait eu l’excellente idée de lancer une bataille d’eau. Nous avions tous fini torse nu à nous arroser les uns les autres, jusqu’à que l’un d’entre nous ne mouille par erreur la mère des Hautroi, qui parlait avec Devyldère. Elle venait juste d’être promue directrice, à cette époque. Elle faisait un peu moins flipper. Je ne savais pas qui avait envoyé le jet, mais c’est moi qui a pris, parce qu’elle m’a ordonné d’aller dans son bureau. Mais quand je me suis installé en face d’elle, j’ai eu une belle surprise quand elle m’a demandé de retirer le Tee-shirt que je venais de remettre. Elle avait remarqué la marque pendant que nous jouions, et en tant que directrice, elle savait ce que ça signifiait. J’étais un gosse de onze ans, mais elle m’a quand même expliqué tout ce que je t’ai dit sur Sélène. La troisième entité, le marquage des enfants de Gaia par Sélène …

Il marqua un temps d’arrêt, et prit une profonde inspiration, comme pour se remettre les idées en place.

-D’après elle, chaque enfants marqué par Sélène ont des dons immensément puissant. Bien plus que la moyenne. On est des enfants de Gaia à la puissance dix : on entend mieux, on sent mieux, on voit mieux … On a même de meilleure capacité de guérison. Je me suis fracturé le poignet quand j’avais sept ans : il s’est ressoudé en un rien de temps. Le médecin n’a rien compris.

J’eus un petit sourire un peu attendri. Je me demandai si la photo qui était sur le mur de Lucas avait été prise le jour où Antoine c’était fait topé.

-Et on peut modifier les créatures de Gaia, acheva-t-il à voix basse. Les améliorer … ou les corrompre.
-Et on t’a forcé à corrompre nos gardiens.

Antoine hocha sinistrement la tête. Je me détendais moi aussi, alors qu’il m’expliquait, et la colère me quittait peu à peu. Il soupesa le couteau et lui lança un regard dégouté.

-Dans la lettre de la boite, le gars m’a répété que ma … condition de fils de la Lune me permettait de corrompre les chênes. Le couteau est sanctifié à Baal. Brandit par quelqu’un qui a été marqué par Luna – ou Sélène, on utilise presque autant le nom grec que romain – ce couteau est capable de couper toute créatures végétales reliées à Gaia ou à Luna de sa source d’énergie.
-Alors tu as coupé les arbres de Gaia. Et sans leur sources, ils ont cessé de relayer l’énergie du Sceau.

Un sourire torve se dessina sur les lèvres d’Antoine, et je compris que je n’étais pas au bout de mes surprises. Puis sa façon de présenter le fonctionnement de son couteau me frappa alors. Capable de coupé toute créature végétale relier à Gaia ou à Luna de sa source d’énergie… Pas de Gaia : de Luna aussi. Je me souvins aussi de la couleur du Mur quand il nous était apparu, à moi et Danny ; un immense dôme argenté. Une couleur un peu spectrale …

-Drouet, souffla-je avec précipitation. Il était comme toi ?

Le sourire d’Antoine s’élargit, me prouvant que j’avais visé juste.

-Il a réussi à modifier des créations de Gaia, continuai-je, les pièces du puzzle se mettant progressivement en place dans esprit. Des chênes, de telle sorte à ce qu’en recevant une énergie Lunaire, qui proviendrait du Sceau en lui-même, ils forment le Mur. Toi, on t’a chargé de faire l’inverse : les couper de l’énergie Lunaire pour qu’il cesse de nous protéger, et pour être sûr de faire le travail jusqu’au bout, les couper de Gaia pour les faire mourir.

Antoine leva un sourcil, visiblement impressionné.

-Effectivement. Et on m’a fourni les armes. Ça (il désigna son couteau suisse), et Baal. L’unique entité capable de lutter durablement contre Gaia et Luna.
-Mais pourquoi tu … tu as compris ce que tu ferais ? M’assurai-je avec incertitude. Quand tu as reçu cette boite, tu as compris que ce qui découlerait de ton acte ?

Antoine pinça des lèvres, et hocha sèchement la tête.

-Oui, et c’est pour ça que j’ai refusé un temps de le faire. Jusqu’à ton arrivée en fait, j’ai tenu bon, malgré les mails et les mots … Puis les photos ont commencés à affluer. Des photos récentes de Lucas, de Chloé … Parfois prise le jour même. Là, j’ai commencé à vraiment paniquer. Je ne pouvais en parler à personne – tout le monde ignore qui je suis, et personne ne doit savoir. J’étais seul face à ça, alors j’ai fait la pire connerie que j’ai jamais faite de ma vie, et j’ai gravé le premier sigle.

L’arbre de l’écurie. Je le savais, et je le connaissais. C’était moi qui avais découvert le sigle. Ses poings se serrèrent.

-Et après ça, j’ai renvoyé un mail en disant que le corbeau ne pouvait plus compter sur moi. J’avais brulé la carte, et la reproduction du sigle. C’était la seule et dernière fois que je le faisais.

Sa voix se mit à trembler, et ses yeux brulèrent de rage.

-Quelques jours plus tard, il y a eu l’attaque des Sirènes. Et quelque seconde après l’attaque, j’ai reçu … Tu l’a vu, la photo où …

Il déglutit violement, et des larmes brillèrent à nouveau dans ses yeux. J’hochai péniblement la tête. Oui, je l’avais vu. La photo retouchée avec Lucas décapité. Comme lui-même avait décapité la Sirène. Le message était explicite. « La prochaine fois, ce sera ton frère ».

-L’attaque n’était pas un hasard, réalisai-je avec horreur. Elle visait Lucas…

Il opina douloureusement, et se replia à nouveau en position fœtale. Il passa la demi-heure qui suivit à me raconter ce qui c’était passé par la suite : comme il avait dû corrompre l’arbre derrière l’infirmerie, son corbeau lui avait envoyé une nouvelle carte. L’agression de Léna l’avait surpris, parce qu’elle figurait parmi ses suspects – d’où sa dureté envers elle. Et à chaque fois qu’il avait essayé de faire cesser le chantage, il s’était passé quelque chose. C’était arrivé deux fois, selon lui : avant l’épisode des bougies, et avant la chute de Lucas. Depuis celle-ci, il recevait des photos quasi quotidiennes de son frère endormi, comme si le corbeau maintenait sa vie en otage. Alors il s’était forcé à graver tous les sigles demandés. Alors qu’il me racontait tout, je repassai le fil de ces dernières semaines dans ma tête. Tout semblait affreusement cohérent. L’air maladif d’Antoine, son obsession du secret, son attitude envers Léna … Je l’avais accusé d’être moralement le complice du coupable. Je n’aurais jamais deviné qu’il l’avait réellement été. Contre son gré, certes. Mais il l’avait été.

-Mais la chute de Lucas était un accident, fis-je remarquer avec perplexité. Tu étais là comme moi …
-Les accidents, ça arrive, admit-t-il. Mais celui-ci tombait particulièrement bien. Et maintenant, cette ordure s’en sert.

Sa voix se brisa. Ces confessions l’avaient incroyablement détendu. Ses yeux étaient toujours un peu humides, mais il avait plus d’aisance. Il laissait même parfois échapper quelques sarcasmes. Je mis doucement la main sur son bras.

-Elodie …

Les yeux d’Antoine se remplirent de larme, et je décidais de ne pas insister. Je n’avais aucune raison de douter de la sincérité des sentiments d’Antoine (je pensais pas qu’il était du genre à pleurer pour me faire plaisir), et les plans et les messages étaient véridiques. Ça faisait des semaines qu’il œuvrait seul, tentant tant bien que mal de protéger sa famille, mais en mettant son frère en danger. Qu’il devait céder à un chantage odieux dans lequel on lui demandait de mettre son frère en danger, tout en menaçant celui-ci. Et le chantage avait si bien marché, Antoine avait tellement voulu préserver Lucas qu’il avait fini par en tuer une gamine. Je lui pressai le bras. Les larmes me montèrent aux yeux, et je les chassai d’un battement cils.

-Résumé : quelqu’un t’a fait du chantage pour utiliser des dons spéciaux contre Sappho, conclu-je avec douceur.
-Tu me crois, constata-t-il avec un petit sourire reconnaissant. Et tu n’as pas l’air de m’en vouloir plus que ça …

Je lui rendis son sourire.

-Désolée de m’être énervée, m’excusai-je. J’étais sous le choc… Tu m’aurais directement montré ton portable, j’aurais compris … tu as fait tout ça pour sauvegarder Lucas… C’est quelque chose de compréhensible, Antoine …
-Pour ce que ça a marché, grommela-t-il en levant les yeux au ciel. Lucky est quasiment dans le coma, et Elodie est morte par ma faute …

De nouvelles larmes apparurent dans ses yeux, mais il ne les laissa résolument pas couler. Je lui mis une main douce sur l’épaule.

-J’en reviens pas de tout ce que tu as dû endurer seul pendant des semaines…

Antoine eut un petit sourire.

-Je n’étais pas complétement seul, avoua-t-il. Gretel savait, pour le corbeau. Je … Je lui ai dit, immédiatement après avoir gravé le premier sigle. Elle ne comprenait pas tout – elle ne savait pas, pour Luna. Mais je lui avais dit que c’était secret défense, et elle n’avait pas insisté. Et depuis, elle n’a cessé de m’aider du mieux qu’elle pouvait … Sans elle, il y a longtemps que je me serais tirer une balle.

La formulation me choqua, mais Antoine paraissait sérieux. Je me souvins de la conversation que j’avais surprise entre Gretel et lui dans la bibliothèque. Elle prenait son sens, maintenant. Antoine cherchait un coupable. Il avait peur que Léna n’ait su, d’une manière ou d’une autre, qu’il soit fils de la lune. Il était là, le grand secret qu’Antoine avait voulu caché à Léna – et à tout le monde, même à son frère. Je lui racontai cet événement et il me lança un regard éperdu.

-Qu’est-ce que tu foutais dans la bibliothèque ? S’enquit-t-il. J’y étais depuis près d’une heure au moment où on est parti, on t’aurais forcément vu …
-Ah, fis-je en me frottant la nuque avec gêne. Tant qu’on en est dans les confidences à n’en parler à personne …

Je lui avouai ce qui c’était passé ce soir-là après son départ du foyer : ma dispute avec Danny, et ma téléportation dans le bureau de la directrice. Antoine se recula un peu pour me contempler de haut en bas, proprement abasourdi.

-Tu es capable de te téléporter ? Genre, d’un point à un autre ?
-A priori. Mais je n’ai réussi à le faire que deux fois.
-C’était quand la première ?

Je fronçai les sourcils. La conversation prenait un tour que je ne m’appréciai pas des masses. Mais je voulais gommer définitivement ses larmes des yeux d’Antoine.

-Je ne sais pas si Lucas t’a dit, mais j’ai perdu mon père quand j’étais petite.

Antoine hocha doucement la tête, et un éclair de compassion passa dans ses yeux. Je pris alors mon courage à deux mains pour lui raconter les circonstances de l’accident. Les yeux d’Antoine s’agrandirent au fur et à mesure, et je vis la pitié brillait dans son regard.

-Balance moi des condoléances, et je jure que je t’étranglerais pour de bon, le prévins-je en sortant ma dague de ma ceinture.
-Je te crois sur parole, railla-t-il en mettant un doigt sur la pointe de la dague pour l’écarter de son visage. C’est quand même incroyable …
-Quoi donc ?
-Ton aptitude. Même pour toi, elle est incroyablement puissance…
-Même pour moi ? Répétai-je sans comprendre.

La formulation fit alors écho à des milliers de petites choses qu’Antoine m’avait dites, et qui n’avait toujours pas trouvé leur explication. Des choses que je devrais savoir. Grispoil. La fin du mystère. Je me retournai vers lui, les bras croisés sur la poitrine, le regard impérieux. Il m’avait promis des explications sur tout. Et je les attendais. Il eut un demi-sourire.

- Ça, princesse, c’est la deuxième phase des explications, annonça-t-il en se levant. Mais c’est aussi quelque chose dont je n’ai pas toutes les cartes. A vrai dire, j’en ai qu’une.

Il ouvrit la porte, et un vent glacial parcourut le box. Antoine émit un petit sifflement, et quelque seconde plus tard, Grispoil entra noblement dans son box. Je me relevai et pointai un index sur le pégase.

-Justement, tant qu’on en parle, j’aimerais bien avoir une explication.
-Patiente, princesse, me taquina Antoine en souriant. Son altesse a quelque chose à te montrer, avant.

Il me fit signe de m’approcher. Je le fis, en frottant les naseaux de Grispoil au passage. Il souffla par ses narines, et frotta sa tête contre mon bras. Antoine releva la crinière du Pégase, et me désigna un endroit sur son encolure, presque invisible car il était complétement recouvert par la crinière. Je sentis mes yeux sortir de leur orbite. Un croissant de lune était parfaitement dessiné sur l’encolure du pégase.

-Tu vois, Luna fonctionne exactement comme Gaia, déclara Antoine en caressant Grispoil. Pas de discrimination : elle marque autant les hommes que les animaux.
-C’est pour ça qu’il a des ailes, compris-je avec fascination. C’est Luna qui les lui a données. Elle modifie jusqu’à l’anatomie des Créatures de Gaia …

Antoine hocha la tête et resta silencieux un moment. Je me tournai vers lui soudainement, les sourcils froncés.

-C’est aussi pour ça que c’est ton pote, compris-je alors. Et qu’il est dédaigneux avec le reste de la populace. Sauf …

Sauf qu’il ne l’était pas avec moi. Les mots refusèrent de passer mes lèvres. Que Grispoil soit aimable avec Antoine, c’était compréhensible : il avait la même marque. Ils étaient égaux. Mais ce n’était pas mon cas. Je lançai un regard indécis vers Antoine. Il avait contourné Grispoil, et avait entrelacé ses mains sur sa croupe pour y appuyer négligemment son menton. Il me fit un petit sourire suffisant.

-Dernier petite particularité des gens marqué par Luna. Tu es prête ?
-Je suis toute ouïe.

Le sourire d’Antoine s’élargit. Ses yeux pétillaient, et je sentais qu’on approchait pour lui de la révélation finale.
-On a un sang spécial. Je te l’ai dit, on est des gens particulièrement puissant. Une élite. On est doublement marqué. Ce n’est pas quelque chose qui me peut s’effacer dans le sang. Or, il se trouve que le sang, on le transmet.

Je le gratifiai d’un regard plein d’incompréhension. Antoine éclata de rire.

-Birdy, là, c’est le moment où tu es censé me dire « merci », et « je t’adore », se moqua-t-il, avant de reprendre son sérieux. Luna ancre tellement nos pouvoirs en nous qu’ils déteignent sur nos gène. Notre progéniture devient spéciale, parce que nous lui transmettons notre sang. On agit comme un aimant pour attirer involontairement l’énergie terrienne. Autrement dit ?

Je sentis ma bouche s’ouvrir sous l’effet du choc. J’avais bien peur de comprendre. Les enfants de la Lune transmettait à leurs enfants un sang qui attiraient Gaia.
Gaia était attirée par ces enfants. Et elle les marquait.
La conversation prenait une tournure que je n’avais jamais pensée. J’étais là pour une enquête, mais voilà qu’Antoine me donnait une information que je n’aurais jamais espéré avoir.
La lignée.
Les yeux d’Antoine étincelaient.

-Alors ? Des révélations à me faire ? Me taquina-t-il.

Je restai un instant bouche bée, et mes pensée reprirent progressivement leur place.

-Qui était le dernier ? M’enquis-je, le souffle court. Le dernier enfant de la Lune de Sappho ?

Antoine me gratifia d’un regard surpris, comme s’il ne s’attendait pas vraiment à cette question. Il finit par avoir un sourire ironique, et s’inclina devant moi avec un respect feins.

-La grande et légendaire Antoinette Eisenhover. Une sorte de célébrité locale. Danny ne t’en a jamais parlé ? Il y a une plaque commémorative quelque part dans le secteur. Elle a tellement fait pour Sappho … Enfin, c’est ce que j’ai entendu dire. (Il se tourna vers Grispoil et lui flatta le flan) Tu confirmes, mec ?
-C’est une blague ?

Non, Danny ne m’avais pas parlé de cette femme. En revanche, j’avais bien entendu ce nom de famille quelque part. De la bouche de Devyldère, pour être exacte. Pour désigner mon arrière-arrière-grand-mère.
Eisenhover était le nom de jeune fille d’Antoinette Perrault.
Et c’était son sang qui coulait dans mes veines.
Je m’attrapai le poignet d’un geste brusque et instinctif, et regardait mes veines qui ressortaient de ma peau blanche avec effroi. J’avais l’impression de m’attendre à voir des filaments argentés, comme j’avais vu sur le Mur, courir dans mes vaisseaux sanguins. Les vestiges d’un pouvoir qu’une entité avait accordé à mon aïeule. Je fus soudainement prise de vertige.

-Ciel de Dieu, laissai-je échapper d’une petite voix qui me fit horreur.

Antoine se redressa subitement, et contourna Grispoil pour se planter devant moi, l’air prêt à me rattraper si je tombais dans les pommes. C’était très chevaleresque de sa part, mais je préférai me rallier à Grispoil.

-Birdy ?
-Tu le savais, murmurai-je.

Ce n’était pas un murmure particulièrement accusateur. Juste une constatation – une glaçante constatation. Il avait une réponse que je cherchais depuis des semaines.
Le problème, c’était qu’il n’avait jamais su que je la cherchais.
Antoine me scruta un instant, inquisiteur, mais aussi surpris.

-Que tu avais parmi des ancêtres un fils de Luna, oui, avoua-t-il avec un petit sourire. Grâce à lui (il donna une tape sur la croupe de Grispoil). Je te l’ai dit, Grispoil ne fais pas ami-ami avec n’importe qui. Il a forcément reconnu le sang de Luna en toi. Simplement, j’ignorai à quel degré il était.

Mon rythme respiratoire se régula progressivement, et mes idées se firent plus nettes. Toutes les cartes étaient abattues, maintenant. Quand nous avions parlé de la troisième entité, Antoine avait dit que c’était quelque chose que je devais savoir, avant de se rétracter. Quand Grispoil c’était incliné devant moi, il avait cru que j’étais au courant de mon ascendance. Jusqu’à que je lui fasse comprendre qu’il n’en était rien. Et les secrets s’étaient intensifiés. Antoine continuais de me scruter, impassible.

-Et bien, au cinquième, lui avouai-je d’une voix qui avait repris constance. Je descends d’Antoinette. Et je suis la quatrième enfant de Gaia de la famille.

Un éclair de surprise passa dans ses yeux. Il recula d’un pas, et me contempla de la tête au pied. Un regard qui me scrutait, de manière méticuleuse, qui ne me rappelait que trop celui qu’avait eu Léna à mon égard. Savoir si j’étais faite pour telle ou telle tâche.
Venant de lui, je comprenais bien mieux ce regard.
Il siffla doucement d’un air admiratif quand ses yeux rencontrèrent à nouveau les miens.

-Hé bien Birdy, tu es pleine de surprise, me taquina-t-il. Eisenhover est une vraie légende, ici. On l’a surnommée la Reine de Sappho. Elle a aidé à la reconstruction de l’école après la première, et la seconde guerre, et elle a dirigé un petit moment Sappho.
-J’ai appris, oui, grommelai-je.

Les yeux d’Antoine étincelèrent. Il s’inclina profondément devant moi, sans me quitter des yeux. Une révérence taquine, mais sans réel sarcasme.

-Princesse, c’est un honneur.

Je rougis, puis lever les yeux au ciel avec agacement.

-Oh, la ferme. La seule chose que tu veux, c’est des détails.
-J’en ai déjà quelques-uns, admit-t-il en se redressant. Je t’ai entendu parler avec Polley, ce matin. Ton père était ici. C’est ce qui m’a décidé, d’ailleurs – à te parler, je veux dire.

Je fronçai les sourcils un moment. Sans que je ne comprenne pourquoi, les mots de Danny me revinrent en tête. « Tu auras les infos d’Antoine parce que tu seras la personne qui sera la plus légitime pour ce qui est de les recevoir ». Si l’existence de Luna était réellement « secret défense », comme le disait Antoine, alors il ne pouvait le révéler qu’à une personne qui avait déjà eu à faire à cette entité. Et j’étais sans doute la seule personne à Sappho à pouvoir prétendre cela.
La seule légitime à recevoir une telle information.
Dieu du Ciel. Je détestai Danny et ses intuitions.

-Mouais. Je t’ai donné la confirmation que mon sang attirais particulièrement Gaia. C’est pour ça que tu me mets au courant ?

Antoine eut un sourire, et s’appuya sur un ballot de paille avec flegme.

-Je te l’ai dit, Birdy, c’est quelque chose que tu devrais savoir.
-Devyldère le sait ? Qu’Antoinette a été marquée par Luna ?

Antoine parut un instant déconcerté, mais opina. Je sentis mon ressentiment contre la directrice remonter. Tout ce mystère pour ça… Sa réponse quand je lui avais demandé si on avait des explications à mon lignage était plus que vague. En réalité, les explications étaient simples. Elle ne voulait juste pas me donner les cartes. Ce qui, à mes yeux, ne la rendait que plus suspecte. Une petite voix en moi, une petite Léonie perdue, me répétait qu’elle n’avait rien à voir avec ça, mais je savais que cette Léonie là – comme beaucoup d’autre – était encore sous l’influence de Tristan Moineau. Mes doigts se crispèrent sur le manche de ma dague, et Antoine la zyeuta avec suspicion.

-Tu ne comptes pas m’embrocher quand même, hein, Birdy ? s’assura-t-il en portant lui-même la main à son sac.
-Pas toi, non, grommela-je en essayant de ravaler ma frustration de mon mieux.

Antoine pencha la tête sur le côté, et je compris la question muette qu’il me posait. Je soupirai :

-J’en ai parlé, avec elle. Elle connaissait mon père. Elle connaissait son histoire. Quand je lui ai demandé des explications, elle est restée très vague. Pourquoi elle n’a rien dit ? J’étais tout à fait en droit de savoir !

Et de fait. Cette histoire avait failli me rendre folle. Le jumeau de Lucas réfléchit un moment à ma remarque, les lèvres pincées. Je me rendais bien compte que la même idée que moi lui traversait l’esprit : cette information qu’elle m’avait caché la faisait remonter dans la liste des suspects.

-Peut-être qu’elle s’est dit que le sang était trop dilué pour dilapidé le secret, proposa-t-il, sans doute dans un soucis d’objectivité.

La dureté de sa voix démentait tout de même cette précaution. Je le sentais bouillir d’ici. Sauf qu’en l’occurrence, j’étais bien trop agité pour penser à le calmer.

-Mais quel secret ? M’agaçais-je. Pourquoi elle reste dans l’ombre, cette Luna ?
-Parce que c’est quelque chose que les enfants de Gaia ne contrôlent pas, rétorqua immédiatement Antoine, sur la défensive. C’est pas vraiment Luna qu’on cache : c’est nous. On met un minimum de gens au courant – seulement chaque Conseil de chaque pays, en réalité. Comme ça, on protège les fils de Luna. Ils restent des cartes inconnues des différentes écoles. Pas des jouets, ni des armes, ni … (il secoua la tête). On est trop puissant : on échappe à leur contrôle. On effraie les Conseils, mais ils ont quand même parfois bien envie de nous utiliser, d’une manière ou d’une autre. Pour les écoles, le secret est fort commode, et c’est valable partout dans le monde. Ça fait des siècles qu’ils ont décidé de garder Luna et ses enfants secrets – avant même que Sappho ne soit construit ! Alors dès que la lignée continue – et ce n’est pas forcément systématique – on limite le secret aux première générations. Tu es la cinquième ? C’est assez rare, que ça arrive, d’après ce que j’ai lu dans les archives. Une ou deux génération, oui. Mais après, le sang de Luna finit par se diluer. Les longues lignées sont rares.
-Devyldère m’a dit qu’il y avait déjà eu une suite de dix générations, fis-je remarquer.
-C’est ce qu’on appelle un record, Birdy, et un record est bien souvent une exception, se moqua doucement Antoine. La famille Trenclavel, à Nîmes. C’est exact. Le dernier enfant de Gaia de cette famille est toujours en vie, il me semble. J’ignore comment a réagi le directeur en voyant arriver le dixième Tenclavel, mais au bout d’un certain nombre … les individus doivent devenir plus gênant qu’autre chose.

Le silence retomba dans le box. Je ruminai ma rage en silence. Secret ou pas, j’avais l’impression d’être menée en bateau depuis des semaines. J’avais l’impression de jouer à la bataille fermée : je jetai mes cartes aveuglément, et découvrait celle des autres avec (mauvaise) surprise. Callie avait dit que la bataille fermée était plutôt nulle. La vérité, c’était qu’elle était carrément angoissante. On pose un neuf, et on attend avec angoisse une tête qui va tomber … et la feinte, et l’adversaire pose un sept. On ramasse les cartes avec soulagement, jusqu'à que la personne en face de toi pose un as. J’avais l’impression qu’on avait posé énormément d’as, sur mes cartes. Je me retrouvais avec un paquet plein de sept et de huit, incapable de tenir la distance. Mais il me restait un espoir : le tas de carte diminuait. Le jeu était bientôt terminé.

-Birdy ?
-Hum ?

Je ruminai encore mon jeu de carte avec mauvaise humeur, et dardai un regard agacé sur Antoine (sans doute parce que c’était lui qui avait toute les cartes maitresse). Il se dandinait, les mains dans ses poches, l’air à la fois méfiant et gêné.

-Tu ne vas rien dire à ton amoureux, hein ?

Je n’y avait pas réfléchi, et la question me pris de court. Antoine passa une main dans ses boucles.

-Birdy, s’il te plait, ne déconne pas, plaida-t-il avec lenteur. Danny … Il me truciderait, s’il savait tout ce que j’ai fait …

Ce n’était pas faux. Fils de la Lune ou non, je donnerais pas cher de la peau d’Antoine. Et j’avais la désagréable impression qu’il accepterait même le châtiment de Danny sans se débattre. Il l’avait dit lui-même : sans Gretel, il se serait tiré une balle. Et je n’oublierais jamais le sérieux avec lequel il avait dit ça.

-Tu as fait ça pour protéger Lucas, le défendis-je néanmoins. C’est quelque chose que Danny peut parfaitement comprendre…
-Mais il ne pourra pas comprendre pour Elodie. Déjà, moi, je ne comprends pas …

Il me lança alors un regard proprement paniqué, comme si une idée affreuse venait de lui traverser l’esprit.

-Qu’est-ce que je fais au prochain courrier ? Souffla-t-il avec une certaine angoisse. S’il me demande de … un autre chêne ….

Un vent d’effroi s’empara de moi, et je réprimai de mon mieux un frisson. Un arbre de plus, et c’étaient la moitié du Mur qui devenait hors-service. Autant dire que l’école en pâtirait, et que, garde ou pas, couvre-feu ou non, il risquait d’arriver d’autre incident comme ceux d’Elodie et de Geoffrey. On ne pouvait pas laisser ça arriver.
Mais qu’adviendrait-t-il de Lucas ?
Son visage d’ange s’imposa aussitôt dans mon esprit, et je me mordis l’intérieur de la joue avec angoisse. Bon sang, comment Antoine avait pu vivre avec ce déchirement pendant ces dernier mois ? A présent, il me regardait, comme si c’était à mon tour de prendre la décision. Ça faisait des semaines qu’il le faisait. Quelqu’un d’autre devait prendre les responsabilités.
Bon sang, mais pourquoi moi ?
La réponse me vint naturellement, et ça me fit horreur. Luna. Sélène. Bref, j’avais une nouvelle entité à maudire.

-Tu as des noms en tête ? M’enquis-je avec précaution. Pour le corbeau ?

Antoine se mordit la lèvre, et lança un regard suspicieux à la porte.

-J’ai beaucoup de nom, avoua-t-il. Mais les seuls qui se détachent sont deux de Devyldère, et de Léna.
-Devyldère parce qu’elle est au courant pour ta particularité. Et qu’elle est la directrice.
-Pas que. J’ai un … ami parisien, dirons-nous, qui est un peu … geek sur les bords (il secoua la tête). Bref. Je lui ai envoyé les mails, les messages, il est même venu à Orléans pour voir mon portable … ça n’a rien donné pour les messages, mais il a essayé de retracer de quel ordinateur venait les mails.

J’haussai les sourcils, impressionnée. Mon cœur se mit à battre à la chamade.

-Et ?
-Et ils venaient tous d’un compte administrateur de Sappho. Pas grand-chose, mais d’après lui, très peu de gens avaient accès à ce compte.
-Dont Léna et Devyldère, je parie.
-Oui. J’ai découvert ça en fouillant l’ordi de Devyldère.

Il me gratifia d’un regard complice. C’est bien évidemment grâce à moi qu’il avait eu accès à cet ordinateur. J’eu un sourire sarcastique.

-Meynier, c’est le moment où tu me dis « merci », et « je t’adore ».

Il me lança un sourire goguenard, et je compris que je pouvais m’assoir sur les deux. Quelle ingratitude ! J’espérai pour ses descendants que c’était quelque chose que Luna ne transmettrait pas.

-Mais pour l’instant, je penche plus pour Devyldère, finit-t-il par admettre, presque de mauvaise grâce. Quand Léna était censée être en convalescence, je recevais toujours des messages. Et elle était absente lors de la chute de Lucas, et l’attaque des Corbeaux. Je vois mal comment elle aurait pu faire entrer les Créatures. Et puis, elle s’est faite attaquée, elle aussi. Deux fois.

J’hochai la tête avec un certain soulagement. J’étais rassurée de constater que dans la liste d’Antoine aussi, Léna était rayée de la liste des suspects – je ne m’étais pas confiée à la mauvaise personne.

-Mais ce n’est pas pour ça qu’il fallait tout lui balancer, maugréa-t-il néanmoins.
-Tu n’avais qu’à le faire avant, rétorquai-je. C’est toi, qui as trainé.
-Pas le choix, princesse. Tu vas rien dire à ton amoureux, non ?

Je réfléchis un instant, puis secouai la tête.

-Pour l’instant, non, cédai-je. Mais on parle de Danny, Meynier. Il va comprendre que je lui cache quelque chose, et ce, très rapidement.

Un nuage de soulagement passa sur le visage d’Antoine, mais il se reprit très vite, et eut un sourire ironique.

-Birdy, je m’en voudrais si tu romps avec lui à cause de moi …
-La ferme, Meynier.

Mais le fait était que ça m’embêtait, effectivement. Je m’étais attachée à Danny. Peut-être un peu trop. Oh, pas que j’avais pour de bon développé des sentiments romantiques – je les tenais le plus éloignés de nous possible. Mais en l’absence de Lucas, il avait été un soutien indéniable, et je ne le remercierais jamais assez pour cela. Et la nuit où Elodie était morte, j’avais compris à quel point je tenais à lui. Et à quel point au fond, j’avais besoin de lui.
D’accord. Je ne lui avouerais jamais. Mais c’était un fait que je ne pouvais plus nier.
Mais les confidences d’Antoine risquaient bien de me faire perdre ça.

-Je ne plaisante pas, insistai-je. Un jour où l’autre, je vais être obligée de lui dire.

Ou il me détesterait autant qu’il détestait actuellement Antoine. Et c’était quelque chose qui me relevait littéralement le cœur. Je n’avais pas oublié la haine qui brulait dans les yeux de Danny. Son envie de vengeance. Tout cela serait rapatrié contre moi.
Je n’étais pas sure de pouvoir le supporter.
Antoine perdit son sourire, et parut comprendre que je ne plaisantais pas, en effet. Il afficha une mine soucieuse, puis de résignation. Il eut un pauvre sourire.

-D’accord, céda-t-il à son tour. Mais quand tu lui diras, laisse-moi le temps de m’échapper.

Je lui rendis son sourire, et lui promit que lui enverrai un petit texto de prévention.

-Quant au prochain message, poursuivis-je avec plus de gravité. Préviens-moi dans la seconde. Ou Gretel. Mais d’ici là, ce serait bien qu’on ait coincé le corbeau.

Les lèvres d’Antoine se pincèrent, et un nouvel éclair douloureux passa dans ses yeux. Un nouveau choix se profilait pour lui. Je n’avais pas les épaules pour le prendre à sa place. Mais je pouvais l’aider, tu mieux que je pouvais. Il opina imperceptiblement du chef, et nous restâmes tout deux l’un en face de l’autre, silencieusement. Un nouveau sourire finit par s’étirer sur ses lèvres.

-Bon, Birdy, tu me les donnes, ses détails ?

Je lui lançai un regard amusé. Si je devais raconter la vie de ma famille sur cinq générations, j’étais bien partie pour passer la nuit ici.

-D’accord, mais sors le duvet. J’ai un passif chargé.





VOILAAAAAA. Alors Antoine a craqué, et au bout de 15 p*tain de chapitres, vous avez enfin des réponses :lol: Quand je vous ai dit que l'énigme se résumer en un seul mot ... Ce mot c'est "Luna" : elle explique à la fois la lignée de Léo, et ce qui arrive à Sappho ...

Bref. J'ai conscience que ce passage est bien de révélations bien technique et que je vous ai peut-être perdus ... Si quelque chose n'est pas clairs, pas bien expliquer, si l'intrigue est pourrie, tout ça tout ça ... SURTOUT DITES-LE MOI !

C'est le moment où j'ai VRAIMENT besoin de vous et de vos commentaires, parce que c'est vraiment un chapitre Charnière ... Alors je compte sur vous ;) (dans la mesure du possible, hein, je me doute que vous avez sans doute d'autre choses à faire :lol: )

Bref, merci d'avoir lu, dites ce que je vous en pensez ... La suite au prochain épisode ! :)
Cazolie

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Re: Les enfants de Gaia. (Fantastique/Fantaisie).

Message par Cazolie »

Eh t'as mis une petite étoile à corbeau mais t'as pas mis le sens :p J'ai bien ri en voyant ça et je me suis sentie très stupide :lol:

Le moment où Antoine retire son t-shirt me fait toujours autant rire :lol:
Ce mot c'est "Luna"
JE LE SAVAIS ! :o (ok nan je savais pas :lol: )

Bon tu sais déjà ce que je pense de tout ça. En gros. Parce que je suis pas sûre d'avoir dit des trucs très pertinents. Mais bref, je résumerai d'une seule façon : Perri l'ornithorynque (oui je dois utiliser ton surnom entier pour marquer la solennité de l'instant), tu es merveilleuse
Vraiment
Marinetiti

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Re: Les enfants de Gaia. (Fantastique/Fantaisie).

Message par Marinetiti »

L'histoire est super mais quand est-ce que Birdy va lire ma lettre de son père ? Pourvu qu'elle choisisse Antoine et pas Dany.
Amethystes

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Re: Les enfants de Gaia. (Fantastique/Fantaisie).

Message par Amethystes »

Elle est vraiment trop bien ton histoire !! Mais c'est quand que Lucas se réveille et que Léonie lit cette lettre ? Sinon moi je n'aime pas trop Antoine (contrairement à beaucoup de gens :lol: ) et j'espère que Léonie va finir avec Danny ! ;)
J'espère que tu mettras bientôt la suite ! :P
b-pauline

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Re: Les enfants de Gaia. (Fantastique/Fantaisie).

Message par b-pauline »

Cazolie a écrit :
Ce mot c'est "Luna"
JE LE SAVAIS ! :o (ok nan je savais pas :lol: )

moi je le savais 8-) et croyez moi vous n'êtes pas au bout de vos surprises :lol:

merveilleuse
Vraiment et je suis tout à fait d'accord avec toi
Cazolie

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Re: Les enfants de Gaia. (Fantastique/Fantaisie).

Message par Cazolie »

b-pauline a écrit :
Cazolie a écrit :
Ce mot c'est "Luna"
JE LE SAVAIS ! :o (ok nan je savais pas :lol: )

moi je le savais 8-) et croyez moi vous n'êtes pas au bout de vos surprises :lol:

merveilleuse
Vraiment et je suis tout à fait d'accord avec toi
Oho mais je sais ça héhé j'en sais plus que tu ne.le crois ! 8-)
Perripuce

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Re: Les enfants de Gaia. (Fantastique/Fantaisie).

Message par Perripuce »

b-pauline, Cazo', vous êtes trop mignonne et je vous adore, mais z'allez finir par les spoiler :lol:

Z'êtes trop mignonne :)
Cazolie

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Re: Les enfants de Gaia. (Fantastique/Fantaisie).

Message par Cazolie »

Perripuce a écrit :b-pauline, Cazo', vous êtes trop mignonne et je vous adore, mais z'allez finir par les spoiler :lol:

Z'êtes trop mignonne :)
Nan t'inquièèèètes t'imagines pas le nombre de phrases que j'ai censuré dans mes commentaires parce que j'avais trop peur de laisser des indices :lol: Bon bref, je me tais (au pire tu fais comme Anna' et tu postes deux fois dans la semaine comme ça tout le monde aura les chapitres 8D)
Perripuce

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Re: Les enfants de Gaia. (Fantastique/Fantaisie).

Message par Perripuce »

Cazolie a écrit :
Perripuce a écrit :b-pauline, Cazo', vous êtes trop mignonne et je vous adore, mais z'allez finir par les spoiler :lol:

Z'êtes trop mignonne :)
Nan t'inquièèèètes t'imagines pas le nombre de phrases que j'ai censuré dans mes commentaires parce que j'avais trop peur de laisser des indices :lol: Bon bref, je me tais (au pire tu fais comme Anna' et tu postes deux fois dans la semaine comme ça tout le monde aura les chapitres 8D)
Ahah, je me doute :) et encore tu sais pas tout ;)
ALORS. 1) le chapitre est pas corrigé. 2) après nous avoir laissé trois p*tain de semaines sans chapitre, Anna' peut au moins nous en donner deux cette semaines en guise de compensation :lol: 3) je ne laisse jamais trois semaine sans chapitre (deux, c'est peut-être arrivé) DONC, un chap semaine :p voila, CQFD. Ah et 4) Sherlock Holmes est trop cool (comment ça ça n'a rien à voir?)
Cazolie

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Re: Les enfants de Gaia. (Fantastique/Fantaisie).

Message par Cazolie »

Ok ok j'abdique ! Drapeau blanc ! (carrément que Sherlock est trop cool)
b-pauline

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Message par b-pauline »

Perripuce a écrit : ALORS. 1) le chapitre est pas corrigé.
Je plaide coupable... Mais il va bientôt arriver :)
Perripuce

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Re: Les enfants de Gaia. (Fantastique/Fantaisie).

Message par Perripuce »

b-pauline a écrit :
Perripuce a écrit : ALORS. 1) le chapitre est pas corrigé.
Je plaide coupable... Mais il va bientôt arriver :)
Ahahah, t'inquiètes, prend ton temps :)
delph212000

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Re: Les enfants de Gaia. (Fantastique/Fantaisie).

Message par delph212000 »

Toute cette histoire autour d'Antoine est super bien pensée mais ça nous dit pas qui l'oblige à faire ça et qui a gravé le premier arbre 7 ans avant. Pauvre Antoine quand même j'espère que Léonie va l'aider un peu.
Je suis sure que si elle lisais sa lettre elle aurait pleins de réponses
Cazolie

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Re: Les enfants de Gaia. (Fantastique/Fantaisie).

Message par Cazolie »

kirachevalierdemeraude a écrit : Mais à part elle, qui d'autre ?

GRETEL C EST GRETEL !

(bon ok j'arrête :lol: Ca faisait juste longtemps que j'avais rien dit à ce sujet, ça me manquait un peu)
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Les enfants de Gaia - Chapitre 16 (1/2). (Fantastique/Fantaisie).

Message par Perripuce »

Salut Salut ! :)
J'espère que vous vous êtes remis de toutes les révélations :lol: Non, j'sais que ça n'explique pas tout et qu'il reste des zones d'ombres, c'est pour ça que l'histoire continue :D

Bref Bref, je vous offre la première partie du chapitre 16 :)

Bonne lecture :)

Chapitre 16 : Cartes sur tables (1/2).


Ce fut le froid qui me réveilla, avant toute chose. Je peinais à ouvrir les yeux, et m’emmitouflai un peu plus dans le duvet, ne serait-ce que pour avoir quelques minutes de sommeil en plus. Mais le sommeil me fuyait, et le froid me mordait la peau, malgré mon pull et le duvet. Pourtant, je fus surprise de constater que pour la première fois depuis que j’étais arrivée à Sappho, j’avais le cœur relativement léger. Pour la première fois depuis des semaines, je ne me réveillais pas avec milles questions à la tête, ni avec l’envie irrépressible d’étrangler quelqu’un. En réalité, je n’avais que deux questions. Et pour ce qui était d’étrangler quelqu’un … Je n’avais pas de nom en tête, mais une bonne idée de la victime. Mes doigts s’agrippèrent machinalement au duvet pour exprimer discrètement ma colère. Je n’aimais pas particulièrement Antoine. Mais une chose était sure : jamais je n’aurais supporté le chantage dont il avait été victime. C’était inhumain. D’une cruauté qui frisait l’absurde. Avec le recul, j’avouai admirer quelque peu Antoine pour avoir réussi à gérer la pression jusqu’à maintenant. Mais je détestai bien plus celui qui lui faisait subir ça. Celui qui maintenait une épée de Damoclès au-dessus de la gorge de Lucas, pour mener Antoine à la baguette. Celui qui avait tué Elodie Renaud. Tout cela me faisait remonter la bile à la gorge. Je roulais sur le dos, toute courbatue, et ouvrit un œil. Antoine était de l’autre côté de l’écurie, la couverture sur les genoux, son bonnet gris sur ses oreilles, et son éternelle PSP dans les mains. Le box de Grispoil était seulement éclairé par la lampe frontal qu’il avait accroché à un pic. On entendait très timidement le chant des premiers oiseaux. Il devait être très tôt le matin. Au bout de quelque seconde, sans me regarder, il lâcha :

-Je sais que tu es réveillée.

J’ouvris un deuxième œil. Ce n’était pas tout à fait exact. La vérité était que j’étais à moitié éveillée. Mais je me redressai péniblement en lui demandant comment il le savait, d’une voix pâteuse. Il eut un sourire suffisant, mais ne me regarda toujours pas.

-Ta respiration change, quand tu te réveilles. Et j’ai de bonnes oreilles, du reste.

Ah, oui. Grâce à Luna. La troisième entité qui en avait fait un enfant de Gaia en puissance. Plus je retournais ça dans ma tête, plus je trouvais tout ce qu’Antoine m’avait raconté à la fois saugrenu, et d’une logique implacable. Luna expliquait tellement de chose … Que ce soit du côté de l’enquête publique comme de celle privée.
Mon sang. Ma lignée.
Je me frottai paresseusement les yeux, et regardai l’heure sur mon portable. Il était cinq heures et demie du matin. Je gémis presque contre mon gré, et me laissais retomber sur le sol avec l’intention de me rendormir. Expliquer toute mon histoire à Antoine avait pris du temps, et notre conversation avait souvent dévié. Il était près de trois heures du matin quand nous avions abordé tous les sujets, et nous n’avions pas eu le courage de faire le trajet jusqu’à notre chambre (moi par fatigue, lui par flemmardise). Comme il n’avait pas l’intention de dormir, il m’avait cédé de bonne grâce le duvet, mais j’avais tout de même passé une nuit dure et froide. J’entendis un bruissement à côté de moi, et me redressai subitement. Antoine recula, surpris. Il avait une main levée, comme s’il avait voulu secouer mon épaule.

-Toi aussi, tu as de bonne oreille, remarqua-t-il avec un petit sourire. Il faut y aller, Birdy. On a cours ce matin, et je m’en voudrais que Callie ne te trouve pas dans ton lit …

C’était quelque chose à laquelle ne j’avais pas réfléchi, mais la remarque ne manquait pas de pertinence. Callie se levait parfois avant moi le matin, et dans ces cas-là, elle me réveillait en fanfare. Néanmoins, et ce malgré la dureté du sol, je n’avais pas envie de bouger le moins du monde. Je n’avais pas assez dormi, et je n’avais toujours pas le courage de me lever. Antoine dût lire ma flemmardise dans mes yeux, car il eut un sourire goguenard en me disant que si je ne me levai pas, il allait être obligé de me porter. Et comme il n’en était absolument pas question (princesse, ou non), je me relevai d’un bond et me tortillai pour vite sortir du duvet. Antoine se redressa, un sourire satisfait aux lèvres, et rangea ses affaires de son côté. Je mis le duvet dans le sac, et nous nous aventurâmes dans la nuit noire, après un dernier au revoir à Grispoil.

-C’est quand même une drôle de coïncidence, constatai-je en étouffant un bâillement.

Je vis le regard interloqué d’Antoine dans la nuit. J’eus un petit sourire.

-Les deux derniers enfants de Luna s’appellent Antoinette et Antoine …

Je perçu le sourire amusé d’Antoine, mais ces yeux restèrent grave. Je pensais savoir ce qui le préoccupait. En fait, plusieurs choses. 1) le prochain message, et 2) si j’allais vraiment tenir son secret. Pour la seconde partie, je pensais pouvoir affirmer que oui, mais jusqu’à un certain point (jusqu’à que Danny me fasse cracher le morceau, en vérité). Nous fîmes le reste du trajet silencieusement, et enlevâmes nos chaussures en arrivant au foyer. Antoine posa les yeux sur mes pieds, et pouffa sous cape. Elles étaient encore dépareillées. Je lui flanquai un coup de pied dans le mollet, et il s’enfuit lâchement par l’escalier qui menait à son couloir. Avant de monter, il me lança un dernier regard grave et lourd de sens. « Ne me balance pas. Tiens ta langue ». J’hochai la tête, et il sourit avant de remonter définitivement. Je me précipitai moi aussi dans ma chambre, et allumai la lumière avec un soupir. Un vrai lit m’attendait, avec un matelas, et la chaleur de ma couette. Pourtant, quand je m’assis dessus, je n’avais pas envie de dormir le moins du monde. Mon regard se porta mélancoliquement vers le cadre de ma photo de famille, mais il n’était toujours pas réapparu.
Une explication. Enfin.
La question de savoir si papa avait connu l’existence de Luna m’avait traversé l’esprit. Mais je ne pouvais pas avoir de réponse, car l’unique personne qui l’avait était la personne dont je devais le plus me méfier. Ce mystère n’était pas dû à lui, mais en connaître la réponse avait apaisé ma colère à son égard. Si j’allais aujourd’hui en Alsace sur sa tombe, je serais plus prompte à lui offrir des fleurs qu’à vociférer sur la pierre mortuaire. Je me rendis alors compte qu’il y avait une éternité que je n’étais pas allée au cimetière familial. La famille alsacienne y était enterrée depuis des générations. Aller là-bas aurait maintenant une consonance étrange, puisque je retrouverais, en plus de mon père, Antoinette et Marceau – mes prédécesseur à Sappho. Cette constatation m’effraya d’autant plus que maintenant, Antoinette Eisenhover Perrault semblait pour moi un être aussi historique que légendaire – la reine de Sappho. Ce serait comme se recueillir sur la tombe de Charlemagne. Je secouai la tête pour chasser mes idées morbides, et fit mon sac de cours pour passer le temps. Je n’allais pas avoir une belle tête, en Anglais. J’espérai que Suzensky serait moins soporifique que d’habitude. Les minutes passèrent à une lenteur exacerbant, et finalement, j’entendis le réveil de Callie sonner de l’autre côté de la paroi. Je sautai dans la douche pour qu’elle croie que je venais de me lever, et elle tambourina joyeusement à ma porte pour réclamer la salle de bain. La matinée se passa presque normalement, à ceci près que Danny n’apparut ni au déjeuné, ni en anglais. Je commençai à m’inquiéter quand il sécha aussi la littérature. D’un côté, ça avait quelque chose d’arrangeant – l’idée de cacher quelque chose à Danny me rendait presque malade de stress – mais aussi d’inquiétant. Il était l’un des élèves les plus assidus. Quand nous quittâmes la classe, je rejoignis Callie, qui avait le téléphone à l’oreille. Elle raccrocha et me dis d’une voix soucieuse :

-Messagerie. Il doit être malade…

Mais nous échangeâmes tout de même un regard inquiet avant d’aller à la cantine. Antoine passa souplement devant nous, sans un regard vers moi. En revanche, Callie darda sur sa nuque un regard noir, et je la retins par le bras pour prévenir tout débordement.

-Dis-moi qu’il est sur le point de craquer …, me supplia-t-elle entre ses dents.

La culpabilité me rongea l’estomac, mais je secouai la tête en essayant d’avoir l’air affligée. Je ne dérogerais pas de la promesse que je lui avais faite. Pas tout de suite, du moins, et pas pour Callie. Nous n’étions que deux à avoir toute les cartes – et Gretel en Joker surprise. Ce qui faisait que nous étions deux à pouvoir réellement trouver notre homme. Sauf que pour l’instant, à part la directrice, j’ignorais qui cela pouvait être. Et si c’était Devyldère, j’ignorais ce que nous pouvions faire. Nos deux pouvoirs étaient puissants, et nous avions tous deux à faire avec Luna. Mais est-ce que cela suffirait ? Sans compter que nous ne connaissions pas l’aptitude de la directrice … A chaque fois que j’évoquai l’éventualité qu’elle soit responsable de tout ce carnage, mon cœur se serrait. Je n’avais pas oublié qu’a priori, papa l’aimait beaucoup. Et qu’elle aimait beaucoup mon père. Si Devyldère était vraiment coupable … Je ne pouvais m’empêcher de me dire que ça tacherait un peu plus l’image que j’avais de mon père. J’avais eu assez de déception comme ça.
J’aurais aimé en éviter une nouvelle.
Nous passâmes le repas silencieusement, dans une ambiance pesante. Hugo avait l’air maussade à côté de Callie, car celle-ci passait son temps à jeter des regards anxieux à son portable, attendant un appel rassurant de Danny. Je devais avouer que je faisais la même chose de mon côté, mais plus discrètement (et ça n’engendrait pas la mauvaise humeur d’Hugo). Quand la tentions dans le couple commença réellement à me peser, je fuis rapidement pour me rendre à ma visite quotidienne à l’infirmerie. Une pluie glaciale tombait, et je regrettai de ne pas maitriser mieux mon don pour pouvoir me téléporter directement là-bas. Cette pensée me rappela que ce soir, j’avais encore 3A, et je gémis toute seule. Avec la nuit que je venais de passer, la séance allait être éprouvante. Gretel vint rapidement m’ouvrir, et me gratifia d’un regard peiné en remarquant que j’étais trempée jusqu’aux os.

-Ma pauvre, me plaint-t-elle en m’accompagnant jusqu’au lit de Lucas. Tu veux une couverture ?
-Non merci, refusai-je en serrant les dents pour qu’elles ne claquent pas.

Elle eut un petit sourire, et partit dans la réserve. Je la suivis du regard un instant. J’ignorais si je pouvais lui parler d’Antoine. Il n’avait pas donné d’instruction à ce sujet. Les dernières semaines ne devaient pas avoir été évidentes, pour elle non plus. Elle avait dû vivre le déchirement de son ami comme s’il était le sien. Son dévouement envers Antoine m’étais alors plus compréhensible : elle avait voulu le préserver de toute confrontation inutile, rendre son existence plus facile en désamorçant les conflits. Est ce qu’elle avait été efficace, je l’ignorais. Je me souvenais que c’était moi-même qui avais accusé Antoine de mettre Lucas en danger. Ma remarque l’avait-il poussé, au contraire de ce que j’espérais, à accepter plus facilement le chantage ? A posteriori, je m’en voulais, et la culpabilité me tordait le ventre. J’avais été dure envers Antoine. Mais jamais je n’aurais pu ne serait-ce que deviner tout ce qu’il m’avait raconté hier … je secouai la tête, et passai le paravent pour m’asseoir sur la chaise.

-Hey, petit génie, fis-je doucement.

Evidemment, Lucas ne me répondit pas. Il était toujours profondément endormi, le bras cassé posé sur un coussin. Ça me mortifiait littéralement de le voir ainsi, chaque jour dans la même position, sans l’ombre d’un progrès. Mais c’était une visite que je m’obligeai moralement à faire. J’entendis un bruissement derrière moi, et Gretel s’installa sur la chaise d’en face.

-Tu sais, c’est normal qu’il dorme autant, tenta-t-elle de me rassurer. Je le martiens un peu endormi pour que sa commotion puisse se résorber. Quand elle le sera complétement, il se réveillera de lui-même.
-Dans combien de temps ? Demandai-je dans un filet de voix.

Gretel haussa sinistrement les épaules. Elle n’en savait rien. Elle caressa doucement son front, et une lueur triste passa dans son regard. Elle me lança un regard à la dérobée, et entonna doucement, sur le ton de la conversation :

-Tu as vu Antoine, récemment ?

Je m’efforçai de ne pas la gratifier d’un regard méfiant. Car méfiante, je l’étais. Pas contre Gretel elle-même, plutôt contre la question. J’avais la désagréable impression qu’elle était loin d’être anodine. Je me refusai de croiser ses yeux.

-Pourquoi ? Répliquai-je en essayant de ne pas trop être sur la défensive.

Elle ne répondit rien, et je n’y tins plus : je levai les yeux sur elle, et nos regards se croisèrent. J’y lus la même méfiance que j’éprouvais, mêler à un teste silencieux qu’elle m’imposait. Je devais moi aussi assez transparente, car Gretel laissa échapper un petit rire nerveux.

-Donc il t’a parlé, constata-t-elle. Oui. Je me doutais qu’il le ferait.

Je ne répondis rien, et rivai à nouveau mon regard sur Lucas. Je ne voulais pas qu’elle voit que j’en savais plus long qu’elle.

-Il n’avait pas le choix, Léonie, entendis-je Gretel souffler. Vraiment pas …

Sa voix trembla un peu, et je consentis à la regarder. Elle fixait elle aussi Lucas avec tristesse et mélancolie.

-Je sais, répondis-je. J’ai vu … les messages …

Les photomontages faits par le corbeau d’Antoine m’avaient hanté, cette courte nuit. Peut-être que si Antoine n’avait pas cédé, son état serait bien pire … Gretel blêmit.

-Oui, je les ai vus aussi, avoua-t-elle, les yeux perdus dans le vide. Je suis sure que si Antoine n’avait pas … Lucas … (elle secoua la tête). Ce n’était pas des menaces en l’air. Les Sirènes l’ont prouvé …

J’hochai mollement la tête. C’était également ce que je pensais. L’attaque des Sirènes avait été presque volontairement organisée pour Lucas. Elles auraient pu commencer à nous terrifier bien avant que lui et moi ne sortions de l’écurie. Mais elles avaient attendu sa venue, en embuscade. J’ignorais qui était le maitre-chanteur, mais il devait sacrément bien s’entendre avec les Créatures d’Hélios. Enfin, de Baal.
Bref.
Gretel releva enfin la tête vers moi. La mélancolie avait fait place à la volonté et à l’urgence dans ses yeux. Elle leva une main pour attraper la mienne par-dessus les jambes de Lucas.

-Léo, je ne peux pas être toujours sur le dos d’Antoine, je dois rester ici veiller sur son frère, chuchota-t-elle rapidement. Je vais t’avouer une chose : je n’étais pas complétement pour qu’Antoine te raconte tout. Je préférais … qu’il ne complique pas les choses. Je pensais que tu ne comprendrais pas tout …

La remarque de Gretel me vexa un peu, et je faillis me dégager par orgueil, mais le regard désolé qu’elle me lança ensuite m’adouci quelque peu. Au contraire, je comprenais très bien. Peut-être mieux qu’elle. Car il lui manquait une carte.
Luna.
Gretel serra un peu plus ma main.

-Mais je savais qu’il le ferait. Et au fond, ce n’est pas plus mal. Je m’en voulais de ne pas être avec lui quand la situation l’exigeait, je suis presque enchainée à cette infirmerie …

La voix de Gretel commençait à se teinter d’angoisse et d’amertume qu’elle avait contenue pendant des semaines. Ses larmes apparurent dans ses yeux.

-S’il te plait, fais attention à lui, me supplia-t-elle. Quand je ne suis pas là, fais attention…

La pression qu’elle exerçait sur ma main traduisait à elle seule l’état de détresse de l’infirmière. Elle était réellement inquiète pour Antoine. La question de leur relation réelle m’effleura à nouveau l’esprit. Je ne connaissais pas le point de vue d’Antoine – j’avais trop peur du retour qu’il pouvait me faire – mais Gretel, Danny et Lucas affirmaient que rien entre eux n’était possible. Pourtant, Gretel devait vraiment aimer Antoine pour garder son secret toutes ces semaines, encaissant toute seule, et ce sans avoir toutes les cartes – et sans les exiger …
Cette fille était une sainte.

-Ne t’en fais, le promis-je en lui rendant la pression. Je vais faire attention à ton copain.

Les épaules de Gretel se détendirent de soulagement, et elle se leva pour me prendre dans ses bras. Malgré la détente, je sentais encore la tension en elle.

-Plus de doute, petit oiseau, me souffla-t-elle à l’oreille. Tu fais partie de la famille.

Je souris doucement, et me détachai d’elle. Je regardai ma montre, et la saluai pour aller en cours d’histoire. Je dus courir dans la cour – il pleuvait encore, et j’étais en retard – et montai les escaliers quatre à quatre. Heureusement, le professeur d’histoire-géo était le moins ponctuel de l’équipe pédagogique. J’entrai dans la salle avec soulagement – d’autant plus que je retrouvais Danny à ma table. Je m’assis avec un soupir.

-Tu as passé ta mâtinée à fumer, ou comment ça se passe ? Le taquinai-je d’entrer.

Il ne me répondit pas, les yeux rivés sur son cahier d’histoire. Je tentai de cacher mon trouble de mon mieux. Je n’aimais pas vraiment quand Danny était mal luné. Mais si ça pouvait l’empêcher de me poser des questions gênante où je ne répondrais pas … je sortis mon classeur d’histoire et voulu prendre des feuilles, mais mon bloc était à vide.

-Tu n’aurais pas une feuille à me prêter ? Demandai-je à Danny.

Il plongea dans son sac, me donna quelque feuille avec un soupir, et se replongea dans son mutisme, le tout sans un regard. Je le regardai, incrédule.

-Moi aussi, Hautroi, je suis ravie de te revoir.
-La ferme, Léonie.

Super les premières paroles de la journée. Je reçus les mots comme un coup de poing dans l’estomac. Son ton n’était pas forcément hargneux, ni accusateur, mais une vague de panique me submergea tout de même. Etait-il déjà au courant – informé par sa superbe intuition – que je lui cachais des informations capitales ? L’angoisse me laboura soudain les entrailles, et, dans le doute, je me pliai à sa volonté, et la fermai. Le prof arriva avec dix minutes de retard, et le cours se déroula dans la morosité. Pourtant, le prof était intéressant, et j’aimais assez l’histoire. Mais je ne pouvais pas m’empêcher de me sentir mal à l’aise devant l’attitude de Danny. Il était appuyé contre son mur et prenait des notes, le nez sur son cahier, sans jamais relever la tête une seule fois. S’il était en colère contre moi, il le montrerait plus – je commençais à comprendre que Danny était quelqu’un qui, somme toute, avait du mal à masquer des émotions. Donc s’il était mal, ce n’était pas à cause de moi. La cloche sonna (enfin) la fin du cours, et je me levai en rangeant mes affaires. Danny fit de même, en quatrième vitesse, et mis son sac sur l’épaule. Avant qu’il ne parte, j’attrapai la lanière de son sac, et il me lança un regard agacé.
Ouf ! Enfin une réaction !

-Où est ce que tu vas ? M’enquis-je avec innocence.
-J’ai des trucs à faire Léo, soupira-t-il en se dégageant.

Je lui fis comprendre d’un regard que je n’avais pas fini, et je vérifiai que personne ne nous écoute pour murmurer :

-Si c’est les rondes, c’est niet. Il pleut des cordes, et je ne peux pas y aller avec toi.

Je me tirais une balle dans le pied en faisant cela, car je m’engageai sur le terrain sur lequel je ne voulais absolument pas m’exercer. Mais l’intuition de Danny fut très gentille avec moi, pour une fois, et resta muette. Il me lança un autre regard agacé.

-Ce n’est pas ça, promit-t-il néanmoins. A plus, Léonie.
-Danny !

Mais il avait déjà filé. Je jetai un regard à la fois vexé et fulminant à la porte. Ça faisait un petit moment que Danny ne m’appelait plus « Léonie » (c’était plus souvent « petit oiseau », ou tout simplement « Léo »). Le retour de mon prénom, et son attitude distante me glaçait, et je ne savais pas trop quoi en penser.

-Un problème avec ton amoureux ?

Je levai les yeux au ciel en reconnaissant cette voix, et me retournai avec un soupir. Antoine me toisait de toute sa hauteur, un sourire ironique aux lèvres. Mais malgré sa façade arrogante, je perçus la question muette dans ses yeux.

-Rien à voir, le rassurai-je d’entrer en rangeant le reste de mes affaires.

Et c’était ce qui était pour moi le plus inquiétant. Je tentai d’accrocher le regard de Callie, mais quand elle m’avait vu avec Antoine, elle avait lâchement filé avec Hugo en me lançant un regard plein de sous-entendu. Je ravalai ma frustration de mon mieux. Mon rôle d’agent-double allait être lourd à porter. Je mis la lanière de mon sac sur mon épaule.

-Et arrête de dire que c’est mon amoureux, maugréai-je en sortant de la salle.

Malheureusement, Antoine me suivit. Il jeta un regard à la ronde avant de me dire :

-Tu es allé voir Gretel.

Je m’efforçai de ne pas paraître surprise par le ton catégorique qu’il avait employé. Les nouvelles allaient donc si vite, entre eux ?

-En réalité, je suis allé voir Lucas, précisai-je d’un air léger. Mais oui, j’ai vu Gretel.

Antoine grimaça, et je compris qu’il aurait préféré que cette confrontation entre moi et elle n’arrive pas de sitôt.

-Elle m’a demandé de te surveiller, du reste.
-Tu es gentille, Birdy, mais je suis un grand garçon.

Je lui jetai un regard à la fois dubitatif et entendu, et il n’insista pas. Il savait que dans le cas présent, grand garçon ou non, je n’étais pas de trop. Sinon, jamais il ne m’aurait mis au courant. Un nouveau sourire espiègle naquit sur ses lèvres.

-Du nouveau, depuis ce matin ?
-Que dalle. Et toi ?
-Non, et tant mieux.

J’étais assez d’accord avec lui. Les seules nouvelles qu’il pourrait avoir, ce serait une nouvelle lettre pour un nouvel arbre. Et je ne savais toujours pas ce qu’il pourrait faire quand ça arriverait. Dès que j’y pensais, je voyais irrémédiablement le visage de Lucas apparaître devant moi. Je ne pouvais m’empêcher de me dire que notre réaction était tout ce qu’il y avait de plus égoïste, mais je tentai de me rassurer en me disant qu’elle était aussi légitime.

-Tu me préviendrais, hein ? M’assurai-je tout de même à voix basse en alors que nous engagions dans l’escalier.

Les yeux d’Antoine roulèrent dans leurs orbites.

-Non, Birdy, je me suis littéralement humilié hier pour rien ! Ironisa-t-il avec une certaine amertume.

Je ne relevai pas. C’était inutile. Je me doutais bien que la séance confidence d’hier avait dû être bien plus difficile pour lui que pour moi. Qu’elle avait dû être une véritable humiliation. Se mettre à nu, admettre qu’on a été brisé, pleurer, devant une fille qu’il n’appréciait peut-être pas … Oui, je ne doutais aucunement de la honte qu’il devait à présent ressentir.

-Au fait, tu es près de la région parisienne, ici, me rappela-t-il en reprenant son sourire sarcastique. Alors tu vas me faire le plaisir de rayer les « hein » de tes phrases.

Je lui lançai un regard haineux. J’étais nordiste, certes, mais je trouvais que je n’avais pas un accent particulièrement prononcé, ni un penchant aux expressions nordistes très poussées. C’était simplement parce que monsieur était parisien qu’il remarquait toutes mes petites déviances.

-J’avais oublié à quel point son altesse était adorable, répliquai-je.

Antoine haussa les sourcils, sans doute pour relever le « son altesse », mais c’était la seule chose qui m’avait échappé. Monsieur le parisien, égal du roi de Sappho Grispoil … Sûr qu’il devait se sentir dans cette école comme un petit prince. Ah, l’arrogance des parigos …

-Non, mais je trouve l’accent du Nord bien particulier ! Eut-il le culot de continuer. Comment vous prononcé « lait », déjà ?

Il le disait à la bonne française, et ce, sans paraître forcé. Je ne répondis rien, parce qu’il était vrai que les nordistes le prononçait plutôt mal, avec un son « é » au lieu d’un son « è ». Mais c’était un fait idiomatique : Il y avait des sons que le Nord ne connaissait pas, comme les « è », et les « o » ouvert. Antoine sourit, comme s’il avait gagné la partie.

-Je savais qu’on était les seuls à bien parler français, fanfaronna-t-il en me suivant dans le couloir des enfants. Euh, Birdy, tu vas où en fait ?

Je sentis un sourire taquin naitre sur mes lèvres, et me retint de lui dire « chez ton pire cauchemar ».

-J’ai 3A avec Léna, le vendredi, répondis-je d’un ton léger. Tu veux m’accompagner, petit prince ?

Antoine réagit comme je l’avais deviné : sans attendre son reste, il fit souplement demi-tour, et se réengagea dans les escaliers après un salut militaire.

-Froussard ! Le taclai-je avant qu’il ne disparaisse.

Il ne répondit pas et j’allais dans la salle de Léna, un sourire flottant sur les lèvres. Avant de rentrer, j’entendis mon portable vibré, annonçant un message, et je l’ouvris brièvement pour voir le nom d’Antoine s’afficher. « Comment vous dite « une averse », déjà ? ». Je secouai la tête avec un petit sourire, et répondit rapidement « eun’ drache ! ». Je n’avais pas honte de ma façon de parler, d’autant qu’elle n’était pas si caractéristique que ça. Le ch’ti n’étais pas véritablement une langue régionale, c’était plus un dialecte. L’alsacien, par contre … Il arrivait que j’aie du mal à comprendre ma grand-mère Moineau quand elle parlait. Et elle avait failli faire de ma classe de ma quatrième une affaire familiale quand j’avais choisi l’espagnol plutôt que l’allemand en seconde langue. Je mis ce débat linguistique dans un coin de ma tête, et attendis patiemment à la porte de Léna que les plus jeunes sortent. Charlotte et Alex étaient parmi eux, et ils me saluèrent joyeusement avant de repartir. Je fus étonné du nombre inhabituel d’enfant qu’il y avait. Léna apparut dans l’embrassure. Elle avait les traits tirés, mais un grand sourire fendit son visage.

-Léonie ! On va descendre, tu veux bien ?

C’était bien ce que je craignais. Je rentrai les épaules, et tentai de protester :

-Mais tu as vu comment il pleut, dehors ?

Léna haussa les épaules pour balayer mon objection.

-Une bretonne et une nordiste, on est des habituées à la pluie, non ? Plaisanta-t-elle en mettant sa veste.

Le pire dans tout ça ? C’était qu’elle avait évidemment raison. Je m’efforçai de réprimer un soupir en lâchant mon sac pour mettre mon manteau, et nous descendîmes ensemble les escaliers pour nous retrouver dehors, sous la pluie battante. Je mis ma capuche avec un frisson. Chaque goutte était plus glaciale que la précédente. Léna me soumit presque impitoyablement à nos exercices habituels, et je m’efforçais de satisfaire ses attentes malgré le froid, et la fatigue. Ma nuit presque blanche commençait à se faire douloureusement ressentir. Au bout d’une demi-heure, mes paupières papillonnaient nerveusement, et j’avais l’impression d’avoir les jambes en coton. Mais je tins bon, et je faillis presque m’écrouler quand elle m’annonça la fin de la séance.

-Tu as la tête d’une morte vivante, observa-t-elle en me tendant un café.

Nous étions rentrées dans le réfectoire, et elle m’avait tendu une tasse fumante que j’acceptais avec reconnaissance. Je me doutais bien de la tête que je devais avoir à présent : trempée jusqu’aux os, les cheveux foncés par l’eau, blanche comme un linge à cause de l’effort, et les yeux cerné à cause de la fatigue … Je voulais bien croire que je faisais peur.

-Tu es sûre que ça va, petit oiseau ? S’inquiéta Léna en s’installant en face de moi.
-Oui, ne t’en fais pas, la rassurai-je. Je vais faire la grasse-mat’ demain, et ça ira beaucoup mieux. Dis-moi, il y avait beaucoup d’élève dans ta classe, aujourd’hui ?

Le visage de Léna s’assombrit encore. Elle aussi avait les cheveux mouillés, plaqué sur ses joues pâles, mais elle n’avait pas un aspect misérable.

-C’était plus du soutiens psychologique que de l’aide aux aptitudes, maugréa-t-elle en touillant son café. Tous ces gosses sont effrayés, après ce qui est arrivé à Elodie …
-C’est normal, soufflai-je avant de prendre une gorgée.

Elle fut merveilleusement bienfaitrice : la chaleur me réchauffa et la caféine me réveilla quelque peu. Léna hocha doucement la tête, mais resta silencieuse. Je lui demandai timidement si elle n’avait pas de nouvelle de notre affaire. Aussitôt que j’en parlais, la culpabilité me laboura les entrailles, d’autant que les yeux de la conseillère se durcirent considérablement.

-Non, avoua-t-elle d’un ton neutre. Esther paraît tout ce qu’il y a de plus normal, et personne dans l’administration ne semble remarquer quoique ce soit. A vrai dire, tout Sappho est d’une normalité affligeante.
-Exception faite des brèches.

Léna vrilla ses yeux sur moi, et son regard s’adoucit. Elle mit une main sur la mienne en un geste rassurant.

-Ne t’en fais pas, Léonie, tant que vous restez en groupe, et le plus que possible à l’intérieur des murs, tu n’as aucune raison de t’inquiéter pour qui que soit, déclara-t-elle. Allez ma grande, va te reposer : tu tombes presque de fatigue.

Ce n’était pas tout à fait faux. Je finis rapidement mon café, et saluai Léna d’un sourire avant de retourner dans ma chambre. Ma vision c’était considérablement rétrécie, et j’avais l’impression de faire le trajet dans un était second, ne sentir et percevoir les choses qu’à travers des vapes de fatigues. J’aurais voulu aller directement dans mon lit, mais Callie me fis signe au moment où je posai les pieds dans le foyer inférieur. Danny était avec elle, et je pensai que c’était pour cette raison que je me suis résolu à les rejoindre.

-Waho, Léna t’a torturé ? S’enquit-t-elle immédiatement en voyant ma tête.
-Ça y ressemblait, avouai-je en me laissant aller sur un canapé.

Danny me jeta un bref regard, et un éclair en compassion passa dans ses yeux. Callie s’enquit sur l’état de Lucas, et je répétai ce que Gretel m’avait dit sur sa commotion, une boule au ventre. Je m’efforçai de ne pas trop tourner les yeux vers Danny. Je ne voulais qu’il sente déjà que je lui cachais des choses. Mais tous deux semblaient bien trop inquiets pour Lucas que pour remarquer les détails. Callie se mordit nerveusement la lèvre, avant d’aller manger avec Hugo. Pour mon plus grand étonnement, Danny déclina l’offre quand elle lui proposa de les accompagner. Il aimait bien tenir la chandelle, parce qu’elle attisait la jalousie d’Hugo à son égard. C’était un comportement particulièrement malsain, d’autant plus que Callie ne trouvait rien à redire à cela. J’attendis qu’elle ait quitté la pièce avec Hugo pour lâcher avec indifférence :

-Tu as réussis à faire ce que tu voulais, cette après-midi ?

Danny eut un pauvre sourire. Il referma le livre qu’il était en train de lire en cornant la page. C’était une habitude que j’avais aussi. Ma mère détestait cela, mais c’était de la faute de mon père.

-Je m’attendais à une pique de ce genre, admit-t-il en se redressant.

J’haussai un sourcil, et il soupira. Ses traits se crispèrent.

-Je suis désolé Léo, s’excusa-t-il sans me regarder. Je suis un peu sur les nerfs en ce moment.
-On l’est tous, rétorquai-je.

Enfin, je voulais bien croire que Danny avait plus de raison de l’être que les autres, mais bon … Je n’avais pas non plus à tout le temps subir ses humeurs. Je n’étais pas sa mère. Il se raidit imperceptiblement.

-Non, enfin… (Il secoua la tête). Ça n’a rien à voir.

Il me lança un regard à la dérobée avant de lâcher :

-C’est juste un problème privé. Familial.

Je fronçai les sourcils, déconcertée, mais Danny ne semblait pas vouloir me donner de plus amples détails. Il s’était déjà renfermé. Oui, c’était bien le genre de Danny de ne rien laisser filtrer ce qui concernait sa famille. Le grand déséquilibre entre nous : le fait qu’il connaissait presque tout de ma famille, y compris les circonstances sordides dans lesquelles j’avais perdu mon père, et moi je ne savais sommes toute pas grand-chose de son enfance parce qu’il refusait d’en parler. Je me rendis compte alors que les révélations que j’avais eues la veille nourrissaient le déséquilibre, mais en ma faveur. Cette constation me tordit le ventre, et je répondis faiblement :

-D’accord.

Je trouvais rien d’autre à répondre. Je m’inquiétai pour mes secrets, mais j’avais oublié que Danny avait lui aussi sa part de jardin secret, et c’était quelque chose qu’il n’était pas encore apte à laisser entrevoir. Je me levai pour aller me coucher mais Danny me prit le bras. Son regard me transperça.

-Désolé pour tout à l’heure.

Danny Hautroi qui s’excusait, ce n’était pas quelque chose de particulièrement courant. Alors j’hochai la tête pour accepter ses excuses, et il me lâcha avec un sourire de coin.

-Allez, va dormir, me dit-t-il. Tu as une tête à faire peur.
-Je te remercie, raillai-je en m’éloignant.

Bien. Au moins il n’avait pas tout à fait perdu son sens de l’humour. Et il n’avait pas l’air particulièrement remonté contre moi. Ce qui voulait dire que c’était le silence radio du côté de son intuition concernant tout ce qu’Antoine m’avait dit la veille. Mais combien de temps cela durerait-il ?

A la semaine prochaine :)
Amethystes

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Re: Les enfants de Gaia. (Fantastique/Fantaisie).

Message par Amethystes »

Salut !
Encore un fois c'était génial, ;) mais il y a toujours la même question qui reviens :
Quand va-t-elle enfin lire la lettre de son père ? Il y aura surement des trucs intéressants dedans !
Enfin bref... Sinon, c'est génial :D
Cazolie

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Re: Les enfants de Gaia. (Fantastique/Fantaisie).

Message par Cazolie »

Tu sais quoi ? Je recommence la grève du commentage de chapitre tant que je l'ai pas en entier :mrgreen:

Juste une chose :
Cette fille était une sainte
NOOOOOOOOOOOOOOOOON c'est fauuuuux ! (ok la seule raison pour laquelle je m'accroche autant à cette hypothèse c'est qu'il y a une chance sur disons 20 ? pour que Gretel ait une rôle là-dedans et que comme ça je pourrais dire 'JE LE SAVAIS' et ce sera beau :lol: )
chatchat14

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Re: Les enfants de Gaia. (Fantastique/Fantaisie).

Message par chatchat14 »

Hey !!

Super les deux dernier chapitres !!! ( je n'avais pas eu le temps de lire tes chapitres, ses derniers jours ).
Sinon, moi je suis du sud ( en faîtes, je sais pas si tu vois, mais j'habite près d'Aix en Provence, vers Marseille ) donc l'accent… : rose se transforme en un truc qui ressemble un peut rase mais j'ai pas autant l'accent que ça !! :lol:
Sinon, je suis toujours contre le couple Dani et Birdy :lol: et je veux toujours du Antoine Birdy moi !!! :lol: :lol:

Bref, à bientôt !
Dernière modification par chatchat14 le mar. 22 mars, 2016 5:38 pm, modifié 1 fois.
Marie-A

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Re: Les enfants de Gaia. (Fantastique/Fantaisie).

Message par Marie-A »

Pas mal, pas mal tout ça.
Hâte de lire la suite. Je me demande si Léonie ne va pas finir par craquer pour Antoine et inversement mais c'est sans compter sur Gretel alors, je ne sais pas trop... A voir !
Sinon, super les révélations ! Ton histoire est vraiment bien montée et franchement, je suis vraiment devenur accro !
Mets vite la suite ! ;)
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