Bon et bien voici un second texte, écrit il y a quelques temps alors que j'allais mal. Il parle de l'amour, mais d'un amour séparé. ( je crois bien qu'il est pire que le premier.
)
La valse infinie
Je danse sous les étoiles, près du lac couleur d'encre.
Je tourbillone encore et encore, ma robe bleue s'envolant avec moi.
Puis soudain, tout s'arrête.
La musique que le vent jouait dans les roseaux, dans les herbes folles, s'éteint sans prévenir, laissant juste une dernière note flotter au-dessus de nos têtes.
Ma tête tourne.
La valse que je mène avec lui chaque soir est finie.
Je tombe doucement en arrière, dans les grandes herbes.
Elles sont si belles. La lune se reflète sur elles, et leur offre cette couleur blanche si pure.
Puis je reprends conscience.
Je sais qu'il va partir. Que sa lumière ne sera plus là.
Qu'il faudra endurer une journée avant de le revoir.
Que ses yeux ne se poseront plus sur moi avant la nuit prochaine.
Je le vois s'éteindre doucement, emportant mon bonheur avec lui.
La Lune a jugée que nous avions fini. Que nous la reprendrons demain. Qu'elle ne lui prêtera pas sa lumière tant que le soleil n'aura pas fait son tour du ciel.
Je repense au passé. Je n'ai pas réussi à oublier. Je n'y arriverais pas.
Je revois les remous du lac, la peur, son aide, puis la noyade.
Il est parti sans moi. Vers un monde meilleur, certes, mais loin.
Le vent balaye mes souvenirs, mon passé si lourd.
Je me calme. J'arrête de trembler. Je sens mes yeux se fermer.
Puis j'entends une voix. Douce, réconfortante, mais pleine de mélancolie.
Comme celle d'un vieux souvenir qu'on souhaite enterrer.
Elle semble venir du lac, pourtant, je ne sais pas si elle est proche.
La lune, plus belle qu'une nuit habituelle, a crée au centre du lac un puit de lumière.
" Viens mon coeur, vient, vient à moi..."
Je me lève. Cette voix, si douce, si belle, m'attire comme un aimant.
Elle m'ensorcelle. Il n'y a que comme ça que je peux la définir.
On dirait la sienne. J'ai l'impression qu'il m'appelle vers lui.
Je m'arrête au bord de la rive. J'ai peur. La couleur encre du lac m'inquiète, m'angoisse.
Mais la voix est toujours là. Elle me rassure.
Je sens presque ses bras s'enrouler autour de mon corps froid.
J'enlève ma robe. Puis je saute.
Je nage dans cette eau si noire vers le puit lunaire.
Un miracle ? Je ne sais pas. Moi qui ait si peur de l'eau, je me sens bien.
Je suis sereine, j'ai l'impression que je ne crains rien.
Puis sans prévenir tout devient noir. Je me débat pour retrouver la lumière blanche.
Mais je perd. Je reste coincée au fond. Tout est noir.
Je ferme les yeux. Combien de temps s'est écoulé avant que je ne les ouvre à nouveau ?
Un siècle ? Une mois ? Une seconde ? Je ne sais pas. Je ne saurais pas.
Puis un envol.
Je me sens légère, belle, douce. Comme une danseuse sur la lune.
L'eau si noire a disparue. Je ne vois que du blanc. J'ai l'impression d'être ailleurs.
Il est en face de moi. Juste là, me tendant ses bras, pour une énième valse.
Je n'ai pas compris ce qui c'était passé. Simplement que l'eau m'avait pris à elle, mais que la Lune avait refusée et m'avait récupérée.
Mais je m'en moque.
Je veux juste une chose : que notre valse ne s'arrête plus.
Et que plus jamais je ne sois séparée de ses bras.