Wonderbooks a écrit :
Je m'inscris à la consigne
84a - Lire un livre avec une intrigue/un contexte médical(e ) avec
Wilder Girls de Rory Power.
il se déroule dans un contexte d'épidémie.
Voilà mon avis !
Mon avis : Avec une couverture pareille, comment pouvais-je résister ! J'avais vraiment hâte de lire ce roman et, même si il est imparfait, je n'ai pas été déçue !
Peut-être que si vous avez vécu sur Terre ces 3 derniers mois, le pitch va vous sembler familier. Dans ce roman, nous suivons le point de vue de deux adolescentes, Hettie et Byatt, qui sont élèves dans un pensionnat sur l'île de Raxter. Rien de plus banal me direz-vous ? Oui... mais vous dirais-je ! Cette école va en fait être mise en quarantaine suite à l'arrivée d'un mystérieux virus sur l'île (*clin d’œil*) : la Tox. Tour à tour, les pensionnaires vont se retrouver contaminées une par une. Nous n'allons pas détailler les symptômes ici parce que clairement, c'est dégueulasse à vous en faire vomir votre petit-déj. Même les animaux vivants dans le bois qui entourent l'établissement ont été contaminés et sont devenus des bêtes sauvages assoiffés de sang. Malgré tout, les jeunes filles gardent espoir que le gouvernement leur livre un jour un vaccin. En attendant, il va falloir apprendre à vivre avec la maladie.
La plume de l'auteur est vraiment magnifique ! Rory Power parvient à décrire avec beaucoup de réalisme la maladie et l'état des malades. Certaines descriptions sont vraiment horrifiques et à la limite du gore. Âmes sensibles s'abstenir ! De manière générale, je ne trouve pas le bouquin très "inquiétant" et même assez "soft" comparé à d'autres bouquins. Mais si vous êtes encore angoissé(e)s par le contexte actuel, peut-être attendre un peu avant de vous lancer ! Au delà de ça, la plume de l'autrice est vraiment belle et envoûtante. Quand vous êtes plongés dans le bouquin, croyez-moi : vous avez bien du mal à en sortir ! Elle parvient à créer un réel sentiment d'incertitude autour de son histoire. On ne sait jamais ce qui va se produire et du coup, on est carrément accro à l'histoire et on a peur pour nos héroïnes. Le début du roman peut d'ailleurs paraître un poil déroutant car l'autrice a décidé de laisser une grand nuage de brume sur son scénario avant de dévoiler un réel fil rouge. Certains seront peut-être largués mais moi, ça m'a plu ! Ajoutez à cela le fait que ce roman soit un huis-clos et vous obtenez une ambiance très glauque.
Ce livre a aussi la particularité de compter en grande majorité des personnages féminins. A ce propos, je tiens à dire à Robert Laffont que c'est pas parce qu'un roman comporte uniquement des personnages féminins qu'il est féministe. Voilà qui est rétabli ! J'ai aimé les relations qui se tissaient entre les pensionnaires. Le huis-clos crée une atmosphère génératrice d'angoisse et d'inquiétude qui n'empêche pas les filles d'éprouver des sentiments beaucoup plus noir. J'ai aimé suivre le trio Reese-Byatt-Hettie qui tente de dissimuler la force de leur amitié dans un monde où elles peuvent se perdre à tout moment. Je remercie aussi Rory Power d'avoir mis une histoire d'amour entre deux femmes dans son récit. Ca fait toujours du bien en 2020. Puis, c'est intéressant de voir à quel point ce n'est ni sujet à question, ni à débat dans le roman. En fait, c'est décrit comme juste deux personnes qui s'aiment point. Comme on devrait voir n'importe quelle histoire d'amour si nous n'étions pas dans une société comme la nôtre/
Bon si on s'arrêtait là dans mon avis, vous penseriez qu'il est purement positif. Mais il y a un "mais". Pour moi, il manque quelque chose à ce roman. Des réponses à plusieurs questions notamment du point de vue scientifique. On a plein de choses intéressantes qui sont soulevées au cours des recherches du personnage d'Hettie. Pourtant, même si on a un bout d'explication à la fin, c'est loin d'être suffisant. Amis des fins ouvertes bonjour car celle de ce roman en est un beau spécimen ! Au delà du fait qu'elle soit ouverte et que je hais qu'on me laisse sur le cul, j'ai l'impression qu'elle clot un roman inachevé. En fait, si vous aimez les métaphores, c'est un puzzle auquel il manquerait une pièce. Vous ressentez cette frustration lorsque vous cherchez sous tout les meubles, dans la gueule du chien votre pièce manquante ? Eh bah là, c'est pareil !
Pour autant, Wilder Girls n'ait pas une déception. Très loin de là. Peut-être même que beaucoup ne remarqueront pas les problèmes que je soulève donc c'est quand-même un roman que je conseille à un public averti bien-sûr ! Aucun doute que si l'autrice publie un autre roman, je le lirais !