Le Cycle du Serpent [I-III] [(Urban) Fantasy / Action / Mythologie nordique]

Postez ici tous vos écrits qui se découpent en plusieurs parties !
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1735
http://tworzymyatmosfere.pl/poszewki-jedwabne-na-poduszki/
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Le Cycle du Serpent [I] : La Confrérie de Loki [Fantasy / Action / Espionnage / Mythologie]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit : Hey hey !
Comme je te le dis toujours, prends ton temps :)
Pareil, le chapitre 7 fait aussi trois kilomètres de long, je ne sais pas si je vais le poster en une fois ou deux… XD
Merci, j'ai adoré l'écrire !
En fait, ce n'est pas spécialement la cabane, c'est juste Lily et Selv' qui utilisent cet endroit. Et, comme l'a dit Lily, le lieu n'est pas très connu parce que peu de gens osent s'aventurer dans le Labyrinthe, malgré les siècles écoulés ^-^
Exactement ;)
N'hésite pas à poser toutes les questions que tu veux, j'y répondrai en général soit dans le texte, soit à part, en commentaire ^-^ Oui, il y a des demi-dieux descendant de tous les dieux "majeurs" du panthéon nordique, c'est eux qui forment les fameuses Maisons. La mère de Lilith… on ne va pas la rencontrer, mais il y aura quelques mentions d'elle. Notamment comment elle est morte (le fameux chapitre sept…)
Merci pour ton passage !
Haha, merci ^^'
Ben, au pire, en deux fois c'est bien aussi :)

D'acc ! Du coup, on peut invoquer les morts un peu n'importe où tant qu'on accomplie le rituel correctement (et que le mort veut bien ramener sa fraise :lol: ) ?

Oui, pour les questions, je pense que je vais les marquer quelque part au fur et à mesure car j'oublie celles que je me pose au cours de la lecture... :roll:
OK, super ! ;) J'ai hâte d'en apprendre toujours plus sur l'univers ^-^

De rien, toujours avec plaisir !
Au prochain chapitre ;)
vampiredelivres

Profil sur Booknode

Messages : 2887
Inscription : dim. 03 févr., 2013 3:54 pm

Re: Le Cycle du Serpent [I] : La Confrérie de Loki [Fantasy / Action / Espionnage / Mythologie]

Message par vampiredelivres »

louji a écrit :Haha, merci ^^'
Ben, au pire, en deux fois c'est bien aussi :)

D'acc ! Du coup, on peut invoquer les morts un peu n'importe où tant qu'on accomplie le rituel correctement (et que le mort veut bien ramener sa fraise :lol: ) ?

Oui, pour les questions, je pense que je vais les marquer quelque part au fur et à mesure car j'oublie celles que je me pose au cours de la lecture... :roll:
OK, super ! ;) J'ai hâte d'en apprendre toujours plus sur l'univers ^-^

De rien, toujours avec plaisir !
Au prochain chapitre ;)
Écoute, note toutes tes questions dans un coin, n'hésite pas à les poser, moi ça me fera plaisir d'y répondre ^-^ (Bon, bien sûr, il y aura des fois où je sauterai la question parce que ce sera dit plus tard dans le livre ;) )
C'est ça, la cabane n'est en fait un lieu « spécial » pour les enfants de Loki que parce que leur père/mère s'y est planqué pendant un moment, après avoir causé la mort de Baldr. Le rituel en lui-même peut être exécuté n'importe où (avec la condition que tu as si bien énoncée :lol: ) ; Selv et Lily le font juste là parce qu'elles adorent le lieu et qu'elles ont l'habitude de venir là.
Au prochain !
vampiredelivres

Profil sur Booknode

Messages : 2887
Inscription : dim. 03 févr., 2013 3:54 pm

Le Cycle du Serpent [I] : La Confrérie de Loki

Message par vampiredelivres »

CHAPITRE 5


Un croissant de lune blanc, aveuglant, se reflétait comme dans un miroir sur la surface étale du lac. Consciente de rêver, je m’en approchai à petits pas précautionneux, tendis le cou. Comme je m’y attendais, ce ne fut pas mon visage qui apparut, mais un autre, tout aussi familier. Regard turquoise hypnotique, pommettes hautes, menton étroit et lèvres fines presque constamment étirées en un sourire machiavélique. C’était l’apparence qu’il prenait toujours en ma présence, celle que je lui avais vue la première fois, quand il s’était présenté comme mon père. Il ne ressemblait en rien aux images des livres de mythologie, qui le décrivaient comme un vieillard barbu aux cheveux de feu et au visage démoniaque. À moi, il m’était toujours apparu plus jeune, plus humain. Ses cheveux gardaient une teinte rousse, mais ils étaient plus sombres que sur les illustrations traditionnelles, de la couleur des flammes mourantes. Son sourire était moins cruel, plus malicieux. Et, béni soit-il, il n’avait pas de barbe.
Son corps s’éleva, émergea de l’eau sans y causer une ride, sans une éclaboussure, sec comme s’il avait passé la journée au soleil. Une cape sombre flottait derrière lui, agitée par un vent inexistant, frôlait le sol par instants dans un chuintement discret, couvrant et découvrant par intermittence le manche de dague qui dépassait de l’une de ses bottes. Ses vêtements, qui paraissaient avoir été coupés sur mesure, scintillaient d’un étrange éclat sous l’éclairage céleste. Même à distance, j’avais l’impression de sentir son after-shave, frais, mentholé. Je mis un genou en terre.
— Père.
Un long silence passa. Je ne bougeai pas d’un cil, immobile, patiente. Ce n’était que l’un des nombreux tests qu’il m’imposait régulièrement.
— Démonta.
À l’appel de mon second prénom – celui qu’il m’avait donné des années plus tôt – je me redressai, lui fis face, droite, mon regard fiché dans le sien, veillant à ce que ma posture soit droite, sans pour autant paraître défiante.
— Quand tu seras réveillée, transmets un message à Synnöve, veux-tu ? Dis-lui que l’heure est venue.
Synnöve Kaiser. Peu de gens connaissaient le véritable prénom de notre commandante. Elle le gardait jalousement, ne l’offrait qu’aux meilleurs de la Confrérie. Il faisait aussi office de mot de passe pour les éventuelles vérifications d’identité.
Je me mordis la langue, mais ne parvins pas à retenir ma question.
— Pourquoi ne le faites-vous pas vous-même ?
Il esquissa une ombre de sourire amusé.
— Elle ne dort pas, me manifester sous une forme spectrale me prendrait trop d’énergie. Et tu es plus aisément accessible.
Et voilà comment j’en venais encore à faire le pigeon voyageur. Mais, malgré mon agacement, je me contentai d’acquiescer. M’opposer à mon père ne me mènerait à rien, et ce n’était pas non plus comme s’il me demandait de dire à Kaiser qu’elle devait m’éliminer au plus vite.
— Très bien.
Il sembla approuver ma retenue, ce qui me donna la sensation, aussi fugace qu’humiliante, de n’être rien face à lui. Je me gardai toutefois de l’exprimer. Après tout, il pouvait me carboniser dès qu’il le voulait. Je l’avais appris personnellement, mettre le feu à quelque chose – ou quelqu’un – requérait beaucoup moins d’énergie qu’une projection spectrale. Et je n’avais pas nécessairement envie de mourir à cause d’une protestation mal placée.
— Je te souhaite une belle cérémonie de promotion, acheva-t-il avec un léger rire, comme s’il y avait une quelconque farce qu’il était le seul à connaître.
Et là-dessus, il s’évapora.

| † | † |


Court mais charmant, songeai-je en me réveillant, un sourire aux lèvres. Les visites de mon père étaient assez rares pour que je les prenne comme une marque d’attention de sa part. Même si, il fallait l’admettre, ce n’était pas dans sa nature d’être cordial ou paternel. Comme tous les dieux, il se moquait un peu – totalement, en fait – de notre destin. Je le savais, nous n’étions que des pions sur un échiquier, et nous combattions pour des guerres qui n’étaient pas les nôtres. Comme tout soldat, d’ailleurs. Le conflit des Maisons nous concernait uniquement parce que notre père était impliqué.
Je bondis hors de mon lit, accordai à peine un regard à l’horloge sur la table, qui indiquait six heures trente, et m’habillai à toute vitesse pour aller m’entraîner avec les miens comme je l’avais prévu la veille. Après tout, Loki n’avait pas stipulé que je devais délivrer le message à la minute où je me lèverais. Et, de plus, si Kaiser avait travaillé toute la nuit, il était très probable qu’elle soit morte de fatigue, passablement irritable, décidée à rattraper quelques petites heures de sommeil. La réveiller maintenant n’était pas exactement la garantie d’une journée tranquille.
Dans les jardins balayés par un vent froid, une quinzaine de descendants de Loki de de différentes générations s’échauffaient sur le sol rocheux. Des sourires et des hochements de tête respectueux m’accueillirent lorsque je me joignis au petit groupe en train de faire des tours de la propriété au petit trot. Je calai ma respiration sur le rythme confortable de mes foulées, identique à celui du groupe, et laissai mes pensées vagabonder. Ces hommes qui couraient à côté de moi auraient, à peine un mois plus tôt, suivi Ekrest dans les missions les plus suicidaires s’il le leur avait demandé. Depuis, ils m’avaient offert leur allégeance et avaient rejoint mes troupes. J’eus une brève pensée pour le tireur embusqué, qui était probablement en train de se terrer quelque part dans le Labyrinthe, aux abords du Manoir, et une grimace rageuse fleurit sur mon visage. Il valait mieux pour lui qu’il soit déjà parti depuis longtemps, parce que je ne comptais pas le laisser menacer ma famille, peu importent les ordres.
Après une vingtaine de minutes, nous nous rassemblâmes à la lisière de l’arène à ciel ouvert située entre les branches en U du bâtiment, et prîmes quelques minutes pour faire nos étirements. Une bise glacée balayait mes jambes nues, mais, échauffée par la longue course, je n’avais pas froid. De la tête aux pieds, je détendis chacun des muscles de ce corps que j’avais passé des années à sculpter. C’était cette forme que j’appréciais le plus, avec laquelle je combattais le plus souvent. Ni trop grande, ni trop musclée, plutôt souple. Une combinaison avantageuse de paramètres soigneusement choisis, avec lesquels je me sentais la plus efficace. Ekrest avait très vite compris que je n’aimais pas utiliser la force brute. Dès le début de mon entraînement, il avait misé sur ma flexibilité, ainsi qu’une bonne connaissance des points névralgiques. J’avais d’abord appris à être opérationnelle avec l’ensemble de mon corps, et ensuite seulement avec des armes.
Mes souvenirs de mon mentor étaient un étonnant mélange de doux-amer. Il m’avait enseigné l’art du combat, la magie propre à un corps qui obéissait à chaque impulsion. Il m’avait poussée dans mes retranchements, m’avait fait pleurer de douleur plus d’une fois. Il m’avait appris qu’aimer n’était pas une faiblesse, mais s’attacher à quelque chose – ou quelqu’un – en était une. Il m’avait donné des points de repère dans un monde que je ne connaissais pas, et les avait effacés un à un. Il m’avait appris que rien n’était jamais immuable, pas même la pire situation, mais qu’il y avait des choses qu’on ne pouvait changer. Il avait été une contradiction vivante : doux, attentif et attentionné, mais aussi violent, cruel et tyrannique. Toujours exigeant, jamais satisfait. Mais chacune de mes réussites amenait ce petit éclat approbateur au fond de ses pupilles, ce petit sourire fier et paternel. Il avait été ce père que j’aurais voulu avoir, ce frère que j’avais aimé.
Encore une fois, quelqu’un que j’aimais était mort à cause d’un Thor.
La pensée, vicieuse, déchirante, m’amena brièvement au bord du précipice du désespoir. Déconcentrée dans ma descente vers un grand écart, je glissai sur le sol humide après la pluie neigeuse de la veille, me rattrapai de justesse, une sourde douleur pulsant dans tout mon corps. Tendue, j’achevai l’exercice avec les mâchoires crispées, me redressai, puis me tournai vers le chef de cette équipe, l’équivalent d’un petit Järl des temps anciens.
Kaiser avait dit de ne pas semer la panique dans la famille et de garder l’existence du tireur un secret. Mais je n’avais pas pour projet de me faire tirer comme un lapin. C’était mon territoire, ici, ma famille. Il était hors de question qu’un Thor s’y croie chez lui, qu’il cause du tort aux miens. Aussi informai-je sans hésitation l’ensemble du groupe de la présence d’un potentiel intrus sur nos terres, en omettant quand même le fait que j’avais failli y passer à cause d’une flèche empoisonnée. Ils hochèrent tous gravement la tête, et se divisèrent en deux groupes de douze afin de parcourir à pied le Labyrinthe en long, en large et en travers, tandis que, pour ma part, j’optais pour la patrouille aérienne.
Je fermai les yeux. Mes os se creusèrent et s’allégèrent, muscles se raccourcirent et s’affermirent, des plumes jaillirent de ma peau. En un battement de cils, j’avais pris la forme d’un faucon. Pas de douleur, juste une transformation fluide et presque instantanée, et je prenais mon envol. Le vent caressa le duvet qui couvrait mon corps, je poussai un cri de bonheur en guise de salut à mes troupes, et m’élançai à l’assaut des cicîmesmes des murs végétaux, grisée par la sensation que le monde était à portée d’ailes.
Parvenue haut dans le ciel, j’enchaînai les allers-retours, surveillant la progression de mes hommes, guettant ne serait-ce que l’ombre d’une silhouette à l’intérieur des murs. Parfois, je plongeais en piqué dans les étroits espaces entre les immenses parois verticales et je rasais le sol, avant de remonter telle une flèche, sans réelle raison. La vérité était que, comme souvent, je mêlais plaisir et devoir. Je m’amusais autant que je travaillais.
Soudain, mon ouïe affûtée capta un l’écho d’un sifflement agressif. Tenaillée par un étrange mélange de mon instinct de rapace et de mon intuition humaine, j’obliquai brutalement dans la direction du son, avisai ce qui ressemblait depuis le ciel à un python long de quinze mètres – probablement un cousin quelconque du côté de mon demi-frère Jörmungand — au beau milieu d’un cul-de-sac. La tête dressée haut, il dardait sa langue en direction d’une forme sombre, aux contours indistincts même pour ma vue aiguisée. Par réflexe, je m’inclinai sur le côté pour dessiner de larges cercles concentriques autour de la zone et, à force de me rapprocher, je parvins à distinguer ses yeux d’un bleu vif, électrique. Mon sang se mit à pulser dans mes veines, mes battements de cœur s’accélérèrent, je plongeai au ras de la terre meuble, me posai sur le sol en face de la silhouette, aux côtés du serpent géant. Malgré l’épaisse capuche qui dissimulait ses traits, je fus capable de deviner à sa morphologie que c’était une femme. Lorsqu’elle riva son regard dans le mien, mon souffle s’accéléra, se fit haché.
Bleu contre turquoise, Thor contre Loki. Elle émit un grondement de fureur, tandis que je détaillais à toute vitesse les gravures dans le sol à ses côtés. Un grand pentacle à double bordure, assez large pour lui permettre de s’allonger dedans sans que ses pieds ne dépassent, avait été creusé dans la terre meuble et humide. En déchiffrant les runes, je ne pus que ravaler la haine et la frustration. Rien ne pouvait traverser cette barrière. Le cercle extérieur désintègrerait littéralement tout objet physique, le cercle intérieur absorbait toute magie et la renvoyait sous forme de décharge.
Elle laissa l’électricité affleurer au bout de ses doigts. Je poussai un cri strident, déployai à nouveau mes ailes, m’élançai vers le ciel avant qu’elle n’ait le temps de me rôtir. Un arc d’électricité suivit mon ascension vertigineuse, mais je parvins à l’esquiver, et me mis à tourner en rond autour d’elle en émettant des glapissements aigus. La Thor eut beau me bombarder de petits éclairs, elle ne parvint qu’à roussir quelques plumes au bout de mes ailes avant que les deux équipes jusque là en vadrouille dans le Labyrinthe ne rappliquent à tire d’aile, tous métamorphosés en oiseaux.
Ensemble, nous nous posâmes dans le chemin qui menait au cul de sac, nous équipâmes de nos casques et de nos uniformes noirs règlementaires. Une fois que tout le monde fut sur un canal vocal commun, je leur fis un bref briefing sur la manière de contourner pentacle de protection puis, en formation de combat, nous passâmes l’angle qui nous avait jusque là protégés de la vue de la Thor. À notre vue, ses yeux bleus lumineux, visibles sous sa capuche tels des phares au milieu de la nuit, étincelèrent de colère réprimée. Elle les riva sur moi, qui avais pris la tête du petit groupe, il me sembla l’entendre jurer. À nos côtés, le long python siffla et s’aplatit au sol quand un puissant éclair fusa des doigts de la femme. Parée à ce genre d’assaut, je n’eus qu’à croiser les bras devant moi. La foudre rebondit contre mon bouclier, le tonnerre claqua dans mes oreilles, le choc ébranla mes os. Je réprimai un grondement de douleur, fis un signe de tête discret.
Sans les voir, je sus qu’une partie de mes hommes, invisibles, se déployaient selon mes directives. Les autres firent apparaître leurs armes et leurs coups de feu vrillèrent l’air. Immobile, placée à la pointe de la formation en flèche, je m’occupai de la défense magique. La Thor se savait en sécurité dans son pentacle, et pourtant, elle continuait à lancer de petites mais puissantes attaques de temps en temps, toujours droit vers moi. Plus elle m’attaquait et plus je sentais ma rage à son égard croître dans ma poitrine telle une brûlure dévorante en train de s’étendre. Elle n’était peut-être pas ce fameux Kalyan, qui avait tué mon mentor, mais elle était au moins aussi vicieuse que lui. Venir sur les terres de la Confrérie, se planquer aux abords du Manoir, tenter de me tirer une flèche dans le dos… j’étais certaine que, aujourd’hui, elle regrettait de ne pas avoir choisi le pistolet au lieu de l’arc.
L’air s’emplit d’un mélange brumeux de poudre et d’ozone, au parfum désagréable, qui me donna brièvement la nausée. Dans les rangs, personne ne parlait. Ceux qui n’étaient pas affairés à vider leurs chargeurs sur l’adversaire pour l’aveugler étaient occupés à placer des runes gravées dans des morceaux d’écorce de frêne en une disposition spécifique, qui permettrait de briser le double pentacle. Je savais que nous n’avions pas beaucoup de temps. La Thor m’avait montré avec ses premiers assauts qu’elle était puissante, et elle ne paraissait pas spécialement nerveuse, ce qui signifiait que ses petites attaques lancées de temps en temps avaient seulement pour but de me garder occupée. Tout comme nous étions en train de la distraire avec nos coups de feu, elle devait être en train de préparer un coup de foudre explosif.
Je levai le nez, tendue. Haut au-dessus de ma tête, bordé par des murs de verdure si sombres qu’ils en paraissaient noirs, un rectangle de ciel gris s’obscurcissait de seconde en seconde.
— Runes en place, annonça soudain quelqu’un via le canal audio.
Je réprimai un soupir de soulagement.
— Parés à faire feu, ordonnai-je.
Mes hommes cessèrent de tirer, reculèrent comme un seul, adoptèrent une position groupée, et firent apparaître une nuée de boucliers magiques étincelants, se protégeant mutuellement. Pour ma part, je laissai la colère qui avait bouillonné dans mes entrailles pendant que j’assurais la défense affleurer, et mes mains s’illuminèrent d’une intense lumière blanche. La Thor écarquilla les yeux, nerveuse, sembla deviner mes intentions. Sous mon casque, je souris, du venin sur les lèvres, une sourde satisfaction brûlant dans mes veines.
— Värka, murmurai-je en insufflant une pointe de magie dans le mot elfique.
Activation. Les runes que mes hommes avaient disposées au sol tout autour du pentacle, dans l’herbe basse, se mirent brusquement à luire. Soudain frénétique, l’intruse esquissa un mouvement de recul, fit apparaître son téléphone, pianota dessus à toute vitesse. Le ciel, qui n’était plus soumis à son influence, commença à s’éclaircir. Les gravures du double pentacle commencèrent elles aussi à briller, assaillies par la puissante force qui se dégageait des runes et hérissait les poils sur mes bras. Je continuai à déverser ma magie dans l’enchantement, une litanie ininterrompue s’échappant de mes lèvres. Le pentacle se craquela, ses murs de lumière se fissurèrent, et il finit par exploser brutalement.
Une seconde seulement, la Thor fut à découvert. L’immense serpent, demeuré en retrait jusque là, bondit, quelques balles fusèrent, certaines la touchèrent, mais elle parvint à se téléporter avant que je ne puisse m’assurer que les coups avaient été létaux. Une grimace de dépit m’échappa.
Soudain, mon téléphone se mit à vibrer dans mon espace magique. Je le fis apparaître d’un geste, consultai les trois bannières qui s’affichaient. Des SMS de Selvigia.
Où es-tu ? Kaiser veut te voir.
Me dis pas que tu es dans le Labyrinthe ?
Qu’est-ce qui se passe là-bas ?

Un soupir m’échappa, je tapai une réponse à toute vitesse.
J’ai retrouvé le tireur dans le Labyrinthe. Je nettoie la zone et j’arrive.
Le retour de ma sœur ne tarda pas. Court, concis.
Ça peut attendre. Magne-toi, Kaiser est FFF.
Je grinçai des dents, regardai autour de moi, inspirant à pleins poumons l’air vicié par la poudre et l’électricité. Le python géant siffla de colère, et je vis dans ses yeux jaunes fendus par des pupilles verticales qu’il aurait probablement préféré étrangler l’intruse de ses propres anneaux. Mais, après avoir dardé sa langue fourchue à gauche et à droite, il nous adressa ce qui ressemblait à un hochement de tête, avant de serpenter entre les branches du mur végétal le plus proche et de disparaître dans les profondeurs du dédale. Désormais certaine que la femme était partie, je fis disparaître mon casque, et me tournai vers mes hommes, transformant mon rictus en un sincère sourire.
— Bon boulot.
Le capitaine de l’équipe souleva sa visière et me consulta d’un regard interrogateur, une nouvelle étincelle de respect au fond des yeux. Comme il avait servi Ekrest par le passé, j’avais accepté son allégeance, en me promettant néanmoins de garder un œil sur lui les premières semaines, notamment parce qu’il m’avait paru un peu méfiant en ce qui concernait mon expérience du terrain. Mais, tout comme il venait de me prouver qu’il était capable d’obéir sans broncher, j’avais démontré que j’étais tout autant capable de gérer un groupe qu’une mission en solo.
— Faites un grand tour du Labyrinthe, vérifiez qu’il n’y ait personne d’autre.
Il hocha la tête. Ses cheveux bruns, ni courts ni longs, voltigèrent dans le mouvement, il chassa une mèche rebelle qui était tombée devant ses yeux d’un geste. Aujourd’hui, malgré son physique militaire clairement masculin, ses traits paraissaient un peu plus féminins. Même si on l’identifiait généralement à un mâle, sa manière d’agir, de se comporter, ainsi que son apparence, variaient en fonction des jours, tantôt femme, tantôt ambigu, tantôt homme. Aujourd’hui semblait être l’un de ces jours où il se choisissait un profil androgyne.
— S’il y a quoi que ce soit, tu m’appelles tout de suite, ajoutai-je. Pour l’instant, je dois y aller.
Il n’y eut aucune protestation. Frustrée de devoir les abandonner ainsi, je me redressai, me retransformai en oiseau pour entrer dans le Manoir par la fenêtre. Un accès peu conventionnel, certes, mais bien plus rapide que les couloirs bondés. Kaiser allait adorer.
Non, en fait, elle allait me tuer. Mais je n’avais pas le choix. « FFF », c’était « fatiguée, frustrée, furieuse ». J’allais me faire massacrer si je traînais en chemin, donc au temps choisir l’entrée la plus rapide.
Je pris mon envol, légère, agile, m’élançai en direction de la massive silhouette de pierre logée entre les parois végétales, fis deux grands cercles autour des toitures pointues du cinquième étage, puis descendis au deuxième niveau, me posai sur un parapet, puis toquai à la fenêtre du bout du bec. La commandante était assise devant son bureau – dos à moi, donc – mais Selvigia lui faisait face. Et, par conséquent, elle me voyait parfaitement. Elle se mordit bien visiblement l’intérieur des joues, parut se racler la gorge, et Kaiser, suivant son regard, pivota sur sa chaise de bureau. Immédiatement, ses sourcils s’arquèrent, faisant la course à celui qui irait le plus haut, frôlant tous deux la racine de ses cheveux. Elle m’ouvrit néanmoins et, dès que je fus posée sur le plancher de son bureau, je me métamorphosai.
— Désolée, j’aurais mis trop de temps à retraverser les couloirs… fis-je en me glissant à l’intérieur. Il y avait une réunion prévue ?
Brièvement, les yeux turquoise de la commandante lancèrent des éclairs.
— Tu as envoyé un message à Adam ? préféra-t-elle demander à Selvigia, ignorant ma pique.
Les doigts de ma sœur voletèrent à toute allure sur son téléphone, et bientôt, une courte vibration indiqua une réponse.
— Il arrive, lâcha-t-elle d’une voix atone.
Kaiser alla se rasseoir, entrecroisa les doigts, posa ses mains ainsi jointes sur la table, et me fixa droit dans les yeux. Je dus me retenir de déglutir, nerveuse, mais m’obligeai à soutenir son regard accusateur. Elle savait. Elle avait probablement entendu les coups de feu et vu le ciel s’obscurcir, elle savait que j’étais partie à la recherche du tireur, malgré ses ordres.
Bientôt, la porte s’ouvrit, et Adam entra. Un bref instant, il demeura immobile sur le pas de la porte, jaugeant la situation, entouré des échos de pas et de murmures qui ricochaient entre les murs des couloirs, puis un sourire narquois se peignit sur ses lèvres, et il referma le battant derrière lui. Le silence tomba comme un couperet. Tendue, je gardai mon regard rivé dans celui de ma commandante, faisant péniblement abstraction du discret ricanement d’Adam, qui paraissait bien trop heureux de me voir dans cette position délicate.
— Adam, topo ? finit par demander Kaiser sèchement.
— J’avance dans l’identification du tireur embusqué, répondit-il, l’air satisfait de lui-même.
La cheffe de la famille arqua vers moi un sourcil interrogateur, appuyé par une œillade aiguë. Ses lèvres minces se plissèrent en une ligne sévère, à peine visible, et brièvement, son visage devint celui d’un rapace, d’un chasseur en pleine traque. Luttant pour garder une façade composée, je refoulai cette pénible impression d’être la souris chassée par un faucon affamé qui tournoyait au-dessus d’elle, et ne pipai mot. Parle quand c’est nécessaire, disait Ekrest. Pas avant, pas après.
— Lilith, je pensais t’avoir clairement demandé de ne pas semer la panique dans les rangs.
L’accusation m’arracha un léger sourire, je coulai un regard amusé à Adam, qui attendait avec impatience que je me fasse incendier.
— Je ne l’ai pas fait, rétorquai-je, assurée. En fait, je pense vous avoir aidés tous les deux, parce qu’il suffira d’interroger les espions chez les Thor au sujet de la dernière femme à être revenue grièvement blessée dans les dix dernières minutes, et on aura son identité.
Kaiser cilla, Adam pâlit de rage.
— Une femme ? releva-t-elle d’une voix distante, surprise.
— Elle s’était établie dans le Labyrinthe, dans un double pentacle de protection, expliquai-je, mais un serpent l’avait repérée et l’empêchait de bouger. Nous nous sommes contentés de la faire fuir.
Selvigia m’adressa un coup d’œil surpris, mais garda ses lèvres hermétiquement closes. La moindre remarque amènerait l’attention sur elle, et ce n’était certainement pas ce qu’elle désirait.
— Et tu es certaine que c’était une femme ?
Une ombre s’était faufilée sur les traits anguleux de la commandante, ses narines s’étaient imperceptiblement dilatées. L’espace d’une seconde, je me demandai si c’était de la colère ou de l’appréhension, mais déjà, je répondais :
— Sûre et certaine.
Adam me fusilla du regard. Je soutins son œillade assassine sans broncher, satisfaite de moi-même et, prise d’une inspiration soudaine, je décidai de détourner la conversation de ma légère désobéissance aux ordres.
— Au fait, j’ai un message de Loki pour vous.
À la mention du nom, l’ambiance s’appesantit d’un seul coup. Mon demi-frère — enfin, neveu, plus exactement — me vrilla d’un regard méfiant, mais demeura muet en attendant la suite, tout comme sa mère.
— Il vous fait passer que « l’heure est venue », poursuivis-je, mimant les guillemets.
Les iris jusque là ombrageux de Kaiser se troublèrent. Elle se leva, nous tourna le dos et, muette, alla faire face à la fenêtre. Durant un bon moment, elle fixa ainsi le vide, sans qu’aucun d’entre nous n’ose troubler ses réflexions. Je cillai, interrogeai ma sœur d’un haussement de sourcils, mais elle se contenta de secouer la tête, tout aussi perdue que moi.
Quelques minutes s’écoulèrent ainsi, sans que personne n’ose faire une remarque. Finalement, notre commandante leva les yeux du Labyrinthe, qu’elle observait jusqu’alors sans vraiment le voir, et posa tour à tour ses yeux turquoise sur chacun de nous. Dans la colère muette qui crispait ses épaules, je sus qu’elle n’avait ni oublié ni pardonné ma petite initiative. Mais il était trop tard pour regretter, et je n’allais certainement pas m’excuser d’avoir fait le nécessaire pour protéger les miens. J’attendis donc la sentence, qui ne tarda pas à tomber.
— Tu t’occuperas du secrétariat demain, Lilith, d’accord ?
Ce n’était pas une question. Personne n’était dupe. J’acquiesçai, réprimant un sourire. Si ce n’était qu’une journée au secrétariat, cela voulait dire qu’au fond, elle approuvait ce que j’avais fait. Au grand dam d’Adam, qui se voyait encore une fois éclipsé. Déjà que la cérémonie de promotion d’aujourd’hui serait pour lui un cruel rappel qu’il ne faisait que récupérer la place qu’il avait occupée avant mon arrivée… je pouvais m’attendre à une augmentation exponentielle de ses petites vendettas à mon encontre dans les prochains jours. Ce qui signifiait qu’il fallait que je double la sécurité de mes cargaisons, livraisons et autres commandes en tout genre.
— Parfait, sourit Kaiser. Selvigia, tu te joins à Lilith dans l’interrogatoire de Cobb, je veux savoir tout ce qu’il sait à propos des Thor et de ce Kalyan, ça doit être lié aux évènements d’aujourd’hui.
Ma sœur hocha la tête, mais demeura assise sur sa chaise, incertaine.
— Adam, un mot en privé. Vous deux, allez-y.
Nous lui tournâmes le dos et sortîmes en silence. Immédiatement, le boucan des couloirs nous submergea. Je pris la tête, m’enfonçai dans les étroits corridors peu fréquentés qui menaient au bureau de ma commandante, dans lesquels les sons se répercutaient bien trop.
— J’ai cru qu’Adam allait t’assassiner… marmotta Selvigia à mes côtés.
— Ne m’en parle pas. Il n’a à mon avis toujours pas digéré la dernière fois…
Elle pouffa, amusée. Après onze ans passés sous la tutelle d’Ekrest, j’avais revendiqué la place de seconde Élite. Adam, qui l’occupait à l’époque, n’avait pas exactement… apprécié.
— Eh. C’était la meilleure chose que tu puisses faire.
— Je sais, souris-je simplement en esquivant les premières personnes affairées qui venaient en face de nous sans regarder devant elles. Qu’est-ce que tu penses de tout à l’heure ?
Comprenant que je faisais référence à la réaction de Kaiser à l’annonce de mon rêve, Selvie se permit un temps de réflexion. Brièvement, le flot de Loki en mouvement nous sépara, mais nous nous retrouvâmes à l’entrée des escaliers circulaires de la tourelle ouest. Elle descendit quelques marches, pensive, mutique, avant de laisser échapper :
— Aucune idée. Mais ça avait l’air important.
— Tu penses qu’on saura bientôt ? relevai-je.
Elle jeta un regard à la ronde, brièvement méfiante. Un Loki, qui remontait juste en face de nous, s’écarta. Je vis sa main glisser un peu trop près de celle de ma sœur, avisai le coin d’un bout de papier qui passait de l’un à l’autre. Selvie ne dit rien, garda la feuille chiffonnée dans son poing, mais hocha la tête dans ma direction.
— Je pense, oui. Salle neuf ?
J’approuvai d’un clin d’œil.

— Je ne te provoquerai pas en duel.
Une moue boudeuse plaquée sur le visage, Levi me défiait du regard. Il m’avait prise à part dès mon arrivée pour m’annoncer que, selon lui, notre accord ne tenait plus.
— Et en quel honneur ? relevai-je, sceptique.
— Je me retire. Point barre.
Je haussai un sourcil, narquoise.
— Vraiment ? C’est dommage, les rumeurs se diffusent vite…
Il me retourna une grimace hargneuse. Mais l’inquiétude avait obscurci son regard. J’en savais plus sur lui que lui n’en savait sur moiMo, il ne pouvait que perdre dans ce genre de confrontation. Je le jaugeai un instant, remarquai son expression nerveuse, dissimulai mon rictus provocateur derrière une façade glacée.
— Je m’attends à te voir dans l’arène, lui lançai-je, froide, en me dirigeant vers l’alcôve de Séraphin.
Le brun était allongé sur son lit, dos aux couloirs. Je pénétrai dans la pièce sans faire de bruit, me penchai au-dessus de lui. Il dormait. Ou pas. Ses cils tremblotaient légèrement, mais c’était à peine visible. Sinon, il simulait drôlement bien : respiration lente et profonde, aucun mouvement… Mais j’étais certaine qu’il ne dormait pas.
Je décidai néanmoins de jouer le jeu.
— Debout, espèce de marmotte !
Étant donné qu’il était allongé au sol, enroulé dans une fine couverture qui ne parvenait pas à le couvrir totalement, la première chose que je fis lorsqu’il mit du temps à émerger fut un coup de pied dans les côtes. Séraphin émit un grognement de douleur qui me fit sourire, se frotta les yeux d’un air ensommeillé, se redressa, s’étira longuement. Peut-être qu’il dormait, en fin de compte…
— Debout, mains dans le dos, commandai-je comme d’habitude.
Les délicats effluves de sueur, de saleté et de sang séché qui flottèrent jusqu’à moi alors qu’il levait les mains me firent froncer le nez. Par Loki, quand s’était-il lavé pour la dernière fois ?
— Tu devrais vraiment prendre une douche.
— Ce ne serait pas de refus, lâcha-t-il avec un bâillement.
— Je transmettrai le mot.
— Trop aimable, ricana-t-il.
Je ne relevai pas l’ironie, me contentai de le menotter, et le conduisis en salle neuf, très similaire à la trois, que j’avais utilisée jusque-là, mais néanmoins différente. Et il le remarqua tout de suite. Je le vis observer attentivement son environnement, et tressaillir imperceptiblement lorsque Selvigia apparut dans son champ de vision.
— Qui c’est, elle ? demanda-t-il en la désignant du menton.
— Mains sur les accoudoirs, répliquai-je sèchement.
Les bras et le torse de Séraphin étaient striés de coupures encore trop fraîchement refermées, et il commençait à s’habituer à la routine de la violence. En plus, c’était une véritable tête de mule, avec des opinions bien arrêtées sur certains sujets, incorruptible, et, même s’il s’était montré plutôt vulnérable depuis que je l’avais capturé, dialoguer avec lui requérait toujours une menace physique. Il n’était pas imperméaable à la peur et à la douleur, mais il ne bronchait pas lorsque les autres souffraient. Que je coupe les doigts de ses frères, autres enfants de Týr, que je leur arrache les ongles, le faisait à peine ciller. Ma sœur avait raison, une nouvelle tactique s’imposait.
En quelques gestes précis, j’enchaînai ses mains et ses pieds au siège de métal, tandis que ma sœur se postait près d’un boîtier incrusté dans le mur.
— Pas de couteau ? releva-t-il, narquois.
Je souris d’un air démoniaque, ce qui ternit légèrement son assurance factice.
— On change, aujourd’hui.
Cliquetis. Selvigia termina de faire tourner les boutons, m’adressa un hochement de tête.
— Parle-moi de Kalyan, lui ordonnai-je. Tout ce que tu sais sur lui.
Un sourire méprisant se dessina sur son visage, et il garda le silence. Je roulai des yeux. Selvie n’attendit pas mon signal pour abaisser le levier près d’elle. L’odeur d’ozone envahit l’air une fraction de seconde avant que Séraphin ne hurle. Son corps se tordit, parut se désarticuler, alors qu’il essayait d’échapper au courant électrique, mais sans succès. Sept secondes s’écoulèrent avant que le levier ne soit à nouveau redressé, laissant le fils de Týr avachi sur le fauteuil, secoué de spasmes. Je me penchai en avant, souris en passant une main dans ses cheveux encore crépitants, dressés au sommet de son crâne.
— Ce que tu viens de recevoir là, c’est du deux cent vingt volts, soit ce que tu te prendrais si tu mettais les doigts dans une prise. Personnellement, je te conseille de répondre au plus vite, si tu ne veux pas qu’on augmente le voltage.
Il se mordit les lèvres, mâchoires contractées, baissa les yeux en direction du sol, commença à marmonner quelque chose dans sa barbe. Je roulai des yeux, fis un signe à ma sœur, qui ne se gêna pas pour lui envoyer une nouvelle décharge. Un nouveau cri lui échappa, il se recroquevilla sur lui-même autant que possible, sans cesser de murmurer. Je tendis l’oreille, guettai les mouvements de ses lèvres.
— … raidho, kenaz, gebo, wunjo, hagalaz…
Une grimace tendue crispa mon visage. C’était un classique. L’une des premières techniques que m’avait enseignées Ekrest afin de résister à la torture.
— … nauthiz, isa, jera, eihwaz…
Selvigia et moi enchaînâmes coups physiques et chocs électriques durant près de trois heures, alternant aux postes, nous démenant pour trouver une faille dans son cycle imperturbable. Le visage de Séraphin se couvrit de bleus violacés, sanglants, ses extrémités se mirent à trembler sous l’effet des décharges successives qui court-circuitaient ses terminaisons nerveuses, plus d’une fois, je le vis verser des larmes de rage et d’obstination.
— … pethro, algie, sowulo, teiwaz, berkana…
Ce fut finalement la famine qui me vainquit. Affamée, frustrée et incapable de comprendre pourquoi il était capable de divulguer sous la torture des codes d’accès aux bases de sa Maison, mais pas des détails sur la vie d’un seul individu qui n’était même pas son demi-frère, je jetai un coup d’œil sceptique à ma sœur. Toujours postée près du levier, elle m’adressa un soupir, accompagné d’un signe de tête explicite.
— Laisse tomber, grommela-t-elle.
J’aurais voulu protester, par principe. Mais parfois, la volonté était plus forte que la torture. Je n’aurais jamais cru dire ça de Séraphin Cobb, qui la première fois avait cédé en moins de trois minutes, mais je devais me rendre à l’évidence : aujourd’hui, je n’obtiendrais rien. La seule chose qui s’échappait de ses lèvres tremblantes étaient les lettres de l’alphabet runique, répétées encore et encore dans l’ordre. Il avait réussi à enfermer son esprit dans une boucle inviolable, dans laquelle, même avec la meilleure volonté du monde, je ne pourrais pas entrer, à moins d’user de la manière forte. Sauf que, actuellement, je n’en avais ni le temps ni l’envie.
— … eihwaz, mana, laguz, inguz…
Sa voix rauque, rompue à force de cris, était à peine audible. L’odeur de sa chair calcinée empuantissait l’air à des kilomètres à la ronde, et même trois heures d’alternance entre coups physiques et chocs électriques n’avaient pas réussi à briser sa litanie. Résignée à lui concéder une maigre victoire pour aujourd’hui, j’acquiesçai.
— … othila, dégaza. Fehu, uruz, thurisaz…
Soudan, sans prévenir, Séraphin fit jaillir de la paume de sa main un rayon blanc, aveuglant, qui désintégra littéralement les chaînons de ses entraves, bondit vers moi. Ma meilleure amie, debout dans la porte ouverte, réagit au quart de tour, et par réflexe, bondit dehors en claquant le battant derrière elle et le verrouilla en quatrième vitesse. Je me jetai sur le côté, évitai de justesse les poings fermés qui m’auraient démoli le visage. Un instant plus tard, je réalisais que j’étais enfermée dans une pièce de cinq mètres carrés, sans possibilité de sortie, face à un fils de Týr en pleine possession de ses pouvoirs.
Qui est le crétin qui a oublié de lui mettre un implant suppresseur de magie ?
Une dague apparut dans les mains de mon adversaire. Je reculai prudemment, m’adossai au mur, guettant ses intentions. Il sourit, vicieux, alors que j’essayais encore de traiter les informations. Il avait ses pouvoirs. C’était impossible. On n’oubliait jamais les implants. C’était même la première chose qu’on faisait. Et il avait trop souvent été dans des zones où la magie était possible. Par contre…
Merde.
Les décharges électriques avaient dû court-circuiter la puce. C’était ça. Mais pourquoi…?
Il se jeta sur moi sans me laisser le temps de finir de penser ma question. Par réflexe, j’agrippai son bras pour détourner le coup, invoquai des flammes au bout de mes doigts. Il se rétracta en couinant, la peau calcinée et fumante. Je fis apparaître des poings américains directement sur mes phalanges, un plastron sous mon t-shirt, esquissai une grimace provocatrice. Mais il ne bougea pas.
Face à face, en chiens de faïence, nous nous guettâmes mutuellement. Figée, j’attendis un instant, puis bondis. Il leva sa dague. Je me tendis. Le choc dans mes côtes fut rude, l’acier mythique de la dague crissa contre mon plastron. Je lui assénai un crochet du droit à la tempe. Sonné, il vacilla, s’affala dans le siège de métal, à peine conscient. Je ne réfléchis pas, fonçai vers le boîtier de contrôle, tournai à l’aveuglette la molette de la tension, abaissai brusquement le levier. Une ignoble odeur de chair brûlée emplit l’air, Séraphin hurla à la mort. Je maintins la poignée vers le bas encore quelques de secondes, puis la relevai. Les crépitements et les cris s’interrompirent, remplacés par des gémissements sourds. J’expirai longuement, tandis que le corps du brun, encore secoué de tremblements, s’affalait au sol.

| † | † |

<=
Dernière modification par vampiredelivres le mar. 03 mars, 2020 8:53 pm, modifié 4 fois.
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1735
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Le Cycle du Serpent [I] : La Confrérie de Loki [Fantasy / Action / Espionnage / Mythologie]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit : Écoute, note toutes tes questions dans un coin, n'hésite pas à les poser, moi ça me fera plaisir d'y répondre ^-^ (Bon, bien sûr, il y aura des fois où je sauterai la question parce que ce sera dit plus tard dans le livre ;) )
C'est ça, la cabane n'est en fait un lieu « spécial » pour les enfants de Loki que parce que leur père/mère s'y est planqué pendant un moment, après avoir causé la mort de Baldr. Le rituel en lui-même peut être exécuté n'importe où (avec la condition que tu as si bien énoncée :lol: ) ; Selv et Lily le font juste là parce qu'elles adorent le lieu et qu'elles ont l'habitude de venir là.
Au prochain !
Oui, je vais faire ainsi ! ^-^
D'acc ! Ça se comprend, ça fait un peu "cachette magique" :D
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1735
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Le Cycle du Serpent [I] : La Confrérie de Loki

Message par louji »

vampiredelivres a écrit :
CHAPITRE 5


Après notre rencontre avec Gimöd, Selvigia et moi étions restées ensemble. Nous avions d’abord pris une petite demi-heure pour nous, pour récupérer de l’invocation – foireuse, pour ma part – qui nous avait vidées de notre énergie, puis nous nous étions entraînées ensemble dans le Labyrinthe, pour ensuite s’arrêter à la cafétéria en remontant, prendre des sandwichs, et nous barricader à l’étage qui nous était réservé. :arrow: J'aurais peut-être fait deux phrases, car elle est pas mal costaude celle-ci, mais elle reste lisible sans s'étouffer non plus ;) Je pus ainsi travailler toute l’après-midi sur mes rapports de mission, sans jamais être dérangée, ce qui avait toujours été mon problème du temps où je vivais dans les dortoirs communs. Ainsi, j’en expédiai la grande majorité – qui n’étaient en fait que des formulaires à remplir – en quelques heures, et me focalisai sur la clef de voûte de ce dernier mois : la capture de Séraphin Cobb, fils de Týr. Pour son rapport à lui, je n’avais pas de recette miracle. Pas même une mise en page type à respecter. Mais si Ekrest m’avait bien enseigné une chose, c’était de faire mes résumés avec rigueur. Aussi, je détaillai tout. La filature, les remarques sur son comportement au quotidien – que j’avais soigneusement notées dans mon téléphone durant les deux semaines passées à le suivre un peu partout – les conversations recueillies – dont celle avec Kalyan, sans mettre de côté le fait que j’avais été repérée. J’avais beau être une Loki, :arrow: Rhô, un peu plus de self-esteem, on a bien vu que tu étais fiable, Lily ! j’étais honnête lorsqu’il s’agissait de rendre des comptes à ma supérieure. Et puis, au fond, avoir été vue une fois ne changeait plus rien, dans la mesure où il ne connaissait pas encore mon identité avant sa capture.
Ce rapport-là me prit quatre heures :arrow: Brrr, rédaction de philo de rédaction correcte. Plus une demi-heure pour mettre à jour la fiche de Séraphin, notamment avec les nouvelles cicatrices que je lui avais infligées, et dont le nombre risquait encore d’augmenter, malheureusement pour lui.
Le compte-rendu sur son caractère, essentiellement composé d’adjectifs, n’était pas exactement flatteur. On découvrait un individu impulsif, parfois violent – mes côtes l’avaient bien constaté – pas forcément bon stratège, et atteint d’un malheureux excès de confiance en soi. Une tête de mule, bornée, avec des opinions bien arrêtées sur certains sujets. Incorruptible, lorsqu’on essayait de marchander avec lui. Mais aussi vulnérable, bien moins autoritaire depuis qu’il avait été enfermé. Même s’il gardait une bonne volonté générale, et ne voulait pas trahir sa Maison, il n’était pas imperméble à la peur et à la douleur. Il suffisait de jouer sur sa phobie des araignées et la souffrance physique. C’était l’un des seuls leviers que j’avais trouvé sur lui, les négociations n’ayant rien donné.
Il y avait aussi la possibilité de s’attaquer à ses proches, un grand classique. Mais comme je n’en avais pas sous la main, j’avais très vite laissé tomber cette possibilité. Il ne bronchait pas lorsque les autres souffraient. Que je coupe les doigts de ses frères, autres enfants de Týr, que je leur arrache les ongles, le faisait à peine ciller. Non, il fallait que ce soit vraiment personnel. Et je n’avais pas exactement le temps pour ça.
Ayant terminé mon rapport, je fermai mon ordinateur, branchai le chargeur, et me retournai sur le dos. Le réveil, sur ma table de chevet, indiquait vingt-et-une heures cinquante-sept. Je n’avais pas vu le temps passer. La partie administrative de mon travail était une véritable plaie. Mais une plaie nécessaire. Je poussai un soupir las, regardai par la fenêtre. Le ciel était encore sombre, nocturne, mais d’ici deux heures, il s’éclairerait sur un lever de soleil boréal. Un spectacle magique, dont on pouvait se lasser au bout de quelques années quand il empêchait de dormir, comme c’était le cas pour moi. J’étais incapable de fermer l’œil avec de la lumière. J’aurais dû apprendre, depuis le temps, puisque l’essentiel de ma vie se résumait à sauter dans un portail, atterrir à l’autre bout de la planète, ignorer le jet-lag, abattre des cibles, sauter dans un autre portail, et rebelote.
Mais je n’avais pas appris à somnoler en journée. Ni dans l’avion. Ni dans aucun transport en commun, d’ailleurs. En revanche, mon organisme s’était habitué à être efficace même après soixante heures sans sommeil, le sang divin aidant probablement un peu.
Avec une grimace, je m’assis sur mon lit, tendis la main. Du bout des doigts, j’agrippai le rideau opaque, le tirai vers moi, éteignis la lampe de chevet. Immédiatement, la chambre se retrouva plongée dans une obscurité presque totale. Je me rallongeai, me glissai sous mes couvertures.

| † | † |


Un croissant de lune blanc, aveuglant, se reflétait comme dans un miroir sur la surface lisse du lac. Consciente de rêver, je m’en approchai à petits pas précautionneux, tendis le cou. Comme je m’y attendais, ce ne fut pas mon visage qui apparut, mais un autre, tout aussi familier. Regard turquoise hypnotique, pommettes hautes, menton étroit et lèvres fines presque constamment étirées en un sourire machiavélique. C’était la seule image que j’avais de lui, l’apparence qu’il prenait toujours en ma présence. Celle que je lui avais vue la première fois, quand il s’était présenté comme mon père, bien éloignée de celle, donnée par les livres de mythologie, qui le décrivaient comme un vieillard barbu aux cheveux de feu et au visage démoniaque. À moi, il m’était toujours apparu plus jeune, plus humain. Ses cheveux gardaient une couleur flamme, tirant sur le roux, mais ils étaient plus sombres que sur les illustrations traditionnelles. Plus discrets. Son sourire était moins cruel, plus malicieux. Et, béni soit-il, il n’avait pas de barbe. :arrow: Tiens, ça me fait penser, est-ce que les Dieux se rasent ? :lol:
Son corps s’éleva, émergeant de l’eau sans y faire une ride, sans une éclaboussure, sec comme s’il avait passé la journée au soleil. Une cape sombre flottait derrière lui, agitée par un vent inexistant, frôlait le sol par instants dans un chuintement discret, couvrant et découvrant par intermittence le manche de dague qui dépassait de l’une de ses bottes. Ses vêtements, qui paraissaient avoir été coupés sur mesure, scintillaient d’un étrange éclat sous l’éclairage céleste. Même à distance, j’avais l’impression de sentir son after-shave :arrow: Bon, j'ai ma réponse. C'est fou ça... Ils invoquent des trucs hyper stylés, ils se téléportent d'un monde à l'autre, mais... ils se tapent la corvée du rasage. Les pauvres :cry: , frais, mentholé. Je mis un genou en terre.
— Père.
Un long silence passa. Un test comme un autre. Je ne bougeai pas d’un cil, immobile, patiente.
— Dæmona.
À l’appel de mon second prénom – celui par lequel il m’appelait toujours – je me redressai. Lui fis face, droite, mon regard fiché dans le sien. Pour autant, ce n’était pas une posture de défi. Seulement une marque de respect.
— Quand tu seras réveillée, transmets un message à Synnöve, veux-tu ? Dis-lui que l’heure est venue.
Synnöve Kaiser. Peu de gens connaissaient le véritable prénom de notre commandante. Elle le gardait jalousement, ne l’offrait qu’aux meilleurs de la Confrérie. Il faisait aussi office de mot de passe pour les éventuelles vérifications d’identité.
Je me mordis la langue, mais ne parvins pas à retenir ma question.
— Pourquoi ne le faites-vous pas vous-même ?
Il esquissa une ombre de sourire amusé.
— Elle ne dort pas. Et me manifester sous une forme spectrale me prendrait trop d’énergie.
Et voilà comment j’en venais encore à faire le pigeon voyageur. Mais malgré cela, je me contentai d’acquiescer. M’opposer à mon père ne me mènerait à rien. Et puis, ce n’était pas comme s’il me demandait de dire à Kaiser qu’elle devait m’éliminer au plus vite.
— Très bien.
Il sembla approuver ma retenue, ce qui me donna brièvement l’impression d’être une servante quelconque devant son maître. Sensation aussi fugace qu’humiliante, que je me gardai toutefois d’exprimer. Après tout, il pouvait me carboniser dès qu’il le voulait. Je l’avais appris personnellement, mettre le feu à quelque chose – ou quelqu’un – requérait beaucoup moins d’énergie qu’une projection spectrale. Il valait mieux éviter de l’agacer lorsque c’était possible.
— Je te souhaite une belle cérémonie de promotion, acheva-t-il avec un léger rire, comme s’il y avait une quelconque farce qu’il était le seul à connaître.
Et là-dessus, il s’évapora.

| † | † |


Court mais charmant, songeai-je en me réveillant, un sourire aux lèvres. Les visites de mon père étaient assez rares pour que je les prenne comme une marque d’attention de sa part. Même si, il fallait l’admettre, ce n’était pas dans sa nature d’être cordial ou paternel. Comme tous les dieux, il se moquait un peu – totalement, en fait – de notre destin. Je le savais. Nous n’étions que des pions sur un échiquier, et nous combattions pour des guerres qui n’étaient pas les nôtres. Comme tout soldat, d’ailleurs. :arrow: Joli passage ! Le conflit des Maisons nous concernait uniquement parce que notre père était impliqué. Et parce que, étant les enfants de Loki, les Ases et les Vanes voulaient notre peau.
Je bondis hors de mon lit, accordant à peine un regard à l’horloge sur la table, qui indiquait cinq heures trente, et m’habillai à toute vitesse pour aller courir. Après tout, Loki n’avait pas stipulé que je devais délivrer le message à la minute où je me lèverais. Et, de plus, si Kaiser avait travaillé toute la nuit, il était très probable qu’elle soit morte de fatigue, passablement irritable, décidée à rattraper quelques petites heures de sommeil. La réveiller maintenant n’était pas exactement la garantie d’une journée tranquille.
En sortant du Manoir, fouettée par le vent froid qui soufflait sur notre jardin, j’eus une brève pensée pour le tireur embusqué. Et, aussitôt, un sourire ironique vint fleurir sur mon visage. Qu’il essaie seulement de me prendre à revers encore une fois, et il passerait un sale quart d’heure. J’étais sur mes gardes.
Je m’enfonçai donc au petit trot dans le Labyrinthe :arrow: Je viens d'avoir en tête un sale mélange de The Maze Runner, d'Harry Potter et de Percy Jackson :lol: , sereine, à peine préoccupée par les risques éventuels. La veille, j’y avais entre autres croisé un serpent long de quinze mètres – probablement un cousin quelconque du côté de mon demi-frère serpent géant. Le souvenir de son regard vipérin dans le mien m’arracha un sourire. Mes pensées commencèrent à vagabonder, tandis que je calais mon souffle sur le rythme de mes foulées. J’accélérai progressivement, parcourus une demi-douzaine de kilomètres avec la respiration d’un coureur de fond professionnel, en plein terrain accidenté, sautant des crevasses et escaladant des rochers à l’occasion. Je ne savais pas vraiment où j’allais, aussi arrivai-je deux ou trois fois dans des impasses qui m’obligèrent à rebrousser chemin, et lorsque je ralentis enfin, j’étais plus ou moins perdue dans l’immense dédale.
Une fois arrêtée, dans un cul-de-sac comme un autre, je pris quelques minutes pour faire des étirements. Une bise glacée balayait mes jambes nues, mais, échauffée par la longue course, je n’avais pas froid. De la tête aux pieds, je détendis chacun des muscles dont je connaissais l’existence, jusqu’à ce que je me sente totalement en harmonie avec mon corps. C’était cette forme que j’appréciais le plus, avec laquelle je combattais le plus souvent. Ni trop grande, ni trop musclée, relativement souple. Une combinaison avantageuse de paramètres soigneuesement choisis, avec lesquels je me sentais la plus efficace. Ekrest avait compris, dès les premiers instants, que je n’aimais pas utiliser la force brute. Dès le début de mon entraînement, il avait misé sur ma flexibilité, ainsi qu’une bonne connaissance des points névralgiques. Il avait mis l’accent sur ce que j’aimais, même s’il m’avait aussi obligée à travailler ce que j’appréciais moins. J’avais d’abord appris à être opérationnelle avec l’ensemble de mon corps, et ensuite seulement avec des armes.
Mes souvenirs de mon mentor étaient un étonnant mélange de doux-amer. Il m’avait montré la danse des lames, la magie propre à un corps obéissant à chaque impulsion. Il m’avait poussée dans mes retranchements, m’avait fait pleurer de douleur plus d’une fois. Il m’avait appris qu’aimer n’était pas une faiblesse, mais s’attacher à quelque chose – ou quelqu’un – en était une. Il m’avait donné des points de repère dans un monde que je ne connaissais pas, et les avait effacés un à un. Il m’avait appris que rien n’était jamais immuable, pas même la pire situation, mais qu’il y avait des choses qu’on ne pouvait changer. En un mot, il avait été une contradiction vivante : doux, attentif, attentionné, mais aussi violent, cruel et tyrannique. Toujours exigeant, jamais satisfait. Mais chacune de mes réussites amenait ce petit éclat approbateur au fond de ses pupilles, ce petit sourire fier et paternel. Il avait été ce père que j’aurais voulu avoir, ce frère que j’avais aimé.
Cet être cher que je devrais bientôt enterrer. :arrow: Sapristi, je vais me mettre à pleurer :evil:
La pensée, vicieuse, déchirante, m’amena brièvement au bord du précipice du désespoir. Déconcentrée dans ma descente vers un grand écart, je glissai sur le sol de terre meuble, me rattrapai de justesse, une douleur sourde pulsant dans tout mon corps. Preuve qu’il était temps de rentrer.
Mais j’étais perdue. Et il y avait un tireur embusqué quelque part sur la propriété. Aussi, j’optai pour la solution de rechange propre à ma famille – enfin, à ceux qui étaient assez puissants pour l’utiliser à volonté. La métamorphose.
En un battement de cils, j’avais pris la forme d’un faucon. Ce ne fut ni difficile, ni contre-nature. Je me contententai de vouloir, et mon corps s’adapta spontanément. Pas de douleur, juste une transformation fluide et presque instantanée. Et je pris mon envol l’esprit tranquille, savourant la sensation du vent sur mon corps. Pouvoir voler était de loin la plus grisante des sensations pour un être qui était cloué au sol la plupart du temps, aussi en profitais-je pleinement à chaque fois que j’en avais l’occasion. Une vue acérée, le vent dans les plumes, l’impression que le monde m’appartenait. Tout me paraissait être à portée d’aile.
J’aurais prolongé mon temps dans les airs bien au-delà du nécessaire, si ce n’était pour un petit détail. Une petite silhouette, tapie dans l’ombre massive du Manoir. Une silhouette inconnue, dans un lieu plus qu’incongru : un angle pile en face de l’entrée du dédale que j’avais empruntée. Je fronçai les sourcils mentalement, puisque ma forme actuelle ne me permettait pas de le faire physiquement, et plongeai pour me rapprocher. Mais le soleil, dans mon dos, projeta mon ombre juste devant celui que j’assumais être le tireur. Il releva brusquement la tête, et je sentis son regard scrutateur suivre attentivement mon vol. Claquant du bec, agacée, je repris de la hauteur, fis encore deux ou trois cercles pour donner le change, et repartis par où j’étais venue.
Mais il en faudrait plus pour me dissuader de me rapprocher. Puisque l’approche animale n’avait pas marché, je me posai sur le toit, une trentaine de mètres plus loin, sur le faîte du toit :arrow: petite répétition ^^. Là, je repris forme humaine, et descendis précautionneusement le long des tuiles, mais pas directement au-dessus de lui. Un peu sur sa droite, dans une zone où je ne risquais pas d’attirer son attention, mais où j’avais quand même une vue dégagée sur lui. Par précaution, j’apposai une illusion sur le sol, là où se projetait mon ombre, pour la faire disparaître, et me dissimulai derrière un écran d’invisibilité. Fis apparaître des jumelles. Trente mètres nous séparaient maintenant, et je n’avais plus ma vision de faucon.
Il n’y avait aucun doute, c’était lui. Un arc à longue portée était posé par terre, près de ses pieds, une flèche déjà encochée. Je me mordis les lèvres, hésitant à me jeter sur lui ainsi, invisible. C’était tentant. Trop tentant. Je me redressai, prête à sauter, préparant déjà l’assaut. Saut, transformation en oiseau, retransformation en humaine. Penser à maintenir l’écran d’invisibilité tout le long. À me couvrir d’un bouclier magique à l’atterrissage, aussi. Dagues ou pistolet ? Ou fusil de précision, depuis mon point d’observation ?
Non. Je détestais abattre un ennemi sans le voir. C’était stupide, et dangereux, mais je me savais assez bien entraînée pour survivre à tout, ou presque. Corps-à-corps, donc. Je me redressai, jaugeai la distance. Me figeai soudain, remarquant l’étrange gribouillis au sol, à côté du type. Et jurai intérieurement.
Avec mes jumelles, je pus constater l’étendue de la catastrophe. Qui en était vraiment une, pour moi. Il avait gravé un double pentacle de protection autour de lui. Et, en déchiffrant les runes, je ne pus que ravaler la haine et la frustration. Rien ne pouvait traverser les barrières du pentacle. Le cercle extérieur désintègrerait littéralement tout objet physique, le cercle intérieur absorbait toute magie et la renvoyait sous forme de décharge.
Il était décidément doué. Très doué, même. Trop pour que je puisse ne serait-ce qu’envisager de le laisser là, vivant, dangereux pour toute ma famille. Il ne pouvait pas rester ici éternellement. Il devrait bien se déplacer à un moment ou à un autre, ce qui l’obligerait à détruire ses barrières de protection de l’intérieur. À ce moment-là, et à ce moment-là seulement, je pourrais lui tomber dessus.
Mais j’étais prête à attendre autant que nécessaire. J’avais des réserves d’eau et de nourriture dans mon inventaire magique :arrow: Waouh, j'ai été transportée là :lol: , et aucune obligation théorique. Aussi, je m’allongeai un peu plus confortablement sur les tuiles froides, posai mes coudes dans la gouttière, et mon menton sur mes bras. Alors débuta l’attente.

Une vingtaine de minutes plus tard, alors que j’étais fermement résolue à ne pas bouger jusqu’à la fin de la semaine si c’était nécessaire, mon téléphone vibra dans ma poche. Je grommelai à voix basse, mes mots se perdant dans les courants d’air, mais je sortis néanmoins l’appareil. Il avait cessé de vibrer, et seule une bannière s’affichait sur l’écran. Un SMS de Selvigia.
Où es-tu ? Kaiser attend pour le briefing.

Je soupirai légèrement, et tapai une réponse à toute vitesse.
Sur le toit. J’ai une vue sur le tireur.
Protégé par un double pentacle, j’attends qu’il en sorte pour agir.

Le retour de ma sœur ne tarda pas. Court, concis.
K. dit que ça peut attendre. Magne-toi, elle est FFF.

Je grimaçai, bien visiblement cette fois, mais il n’y avait personne pour le voir. Nonobstant, je me redressai, et me décidai à quitter mon perchoir. Un dernier coup d’œil au tireur, qui n’avait pas bougé d’un pouce. Espérons qu’il reste là jusqu’à la fin de cette fichue réunion. Vu son immobilité actuelle, j’avais de grandes chances. De toute façon, je n’avais pas le choix. « FFF », c’était « fatiguée, frustrée, furieuse ». J’allais me faire tuer si j’arrivais à la bourre.
Malgré tout frustrée de devoir l’abandonner ainsi, je me redressai, hésitant à me retrasformer en oiseau pour entrer dans le Manoir par la première fenêtre ouverte. Mais une autre idée fusa dans mon esprit, lumineuse. Un autre accès. Peu conventionnel. Kaiser allait adorer.
Je me faufilai le long du toit, jusqu’à atteindre la façade principale, légère et agile comme un chat. De là, je fis passer mes pieds dans le vide, crochetai la gouttière, et me laissai glisser le long du mince tuyau qui, heureusement pour moi, était solidement fixé au mur. Sinon, j’aurais probablement fini le nez dans le gravier devant l’entrée.
Au niveau du deuxième étage, je m’immobilisai, évaluai la distance. Les parapets étaient parfaitement espacés, bien alignés. Pile ce qu’il me fallait. Je modifiai légèrement ma morphologie pour diminuer ma taille et mon poids, pris mon élan. Petite et fine comme j’étais maintenant, je n’eus pas de mal à sauter de fenêtre en fenêtre, jusqu’à la bonne. Là, je m’accroupis tranquillement, jetai un coup d’œil à l’intérieur. La commandante était assise devant son bureau – dos à moi, donc – mais Selvigia lui faisait face. Et, par conséquent, me voyait parfaitement. Elle se mordit bien visiblement l’intérieur des joues, parut se racler la gorge. Kaiser, suivant son regard, pivota sur sa chaise de bureau. Immédiatement, ses sourcils s’arquèrent, faisant la course à celui qui irait le plus haut, frôlant tous deux la racine de ses cheveux. Je lui adressai un sourire enfantin, innocent. Qu’elle ne parut pas bien prendre, même si elle alla m’ouvrir.
— Désolée, j’avais la flemme de retraverser les couloirs… fis-je en me glissant à l’intérieur. On avait une réunion prévue ?
Brièvement, les yeux turquoise de la commandante lancèrent des éclairs. Je sus immédiatement que, si je poursuivais dans cette voie, j’allais me faire incendier. L’avertissement, sous la forme d’un « FFF » noté dans un coin de ma mémoire, m’obligea à y réfléchir à deux fois avant de recommencer à la provoquer.
— Tu as envoyé un message à Adam ? préféra-t-elle demander à Selvigia, ignorant ma pique.
Les doigts de ma sœur voletèrent à toute allure sur son téléphone, et bientôt, une courte vibration indiqua une réponse.
— Il arrive.
Kaiser alla se rasseoir. Entrecroisa les doigts, posa ses mains ainsi jointes sur la table. Elle n’était pas de bonne humeur. Même moi, même agacée, je préférai :arrow: préféraiS ne pas faire de commentaire déplacé. J’avais beau être la meilleure agente, il y avait des choses qu’elle ne laisserait pas passer.
Mais, lorsqu’un merle aux yeux étrangement bleu-verts, brillants, se posa sur le parapet à son tour, exactement au même endroit où j’avais été perchée précédemment, je ne pus m’en empêcher. J’éclatai de rire. Et Selvigia ne parvint pas à se contenir non plus. Hilare, je contournai le bureau, ouvris à mon demi-frère, qui se faufila à l’intérieur, et se retransforma tranquillement au milieu de la pièce. La commandante poussa un soupir retentissant, exaspérée.
— Pour votre information, la prochaine fois, les portes existent.
— Il paraît… soufflai-je à voix basse.
Kaiser me fusilla du regard. Je soutins l’œillade assassine sans broncher, riant encore en mon for intérieur. Dans l’ombre qui se faufila brièvement sur son visage, je sus qu’elle était à bout de patience. Mais il était trop tard pour regretter. J’attendis la sentence, qui ne tarda pas à tomber.
— Tu t’occuperas du secrétariat lundi, Lilith. Ça ne te dérange pas, j’espère ? Sylvia a besoin d’une petite journée de repos.
Ce n’était pas une question. Personne n’était dupe. Je me contentai d’approuver, gardant ce petit sourire impertinent qui semblait tant l’irriter, à l’heure actuelle. Si ce n’était qu’une journée au secrétariat…
Maintenant certaine qu’elle avait mon silence, la commandante se lança dans un long discours explicatif sur la cérémonie de promotion qui allait avoir lieu dans l’après-midi, nous rappelant une énième fois ce que nous savions tous depuis longtemps déjà. Le comportement que nous devions adopter, nos réactions face aux éventuelles provocations en duel. Improbables, sauf si, comme moi, elles étaient arrangées à l’avance.
Nous savions tous ce qui se passerait. Selvigia avait assisté aux trois ou quatre dernières cérémonies, au moins, Adam avait participé à trois d’entre elles – dont une qu’il n’avait particulièrement pas appréciée – et moi… c’était la deuxième fois. Il fallait juste que je trouve un moyen de couper notre commandante dans sa tirade sur nos devoirs en tant que promus. Et l’inspiration vint toute seule, sans même que je ne cherche quelque chose d’intelligent à dire.
— Au fait, j’ai un message de Loki pour vous.
Le silence tomba comme un couperet à la mention du nom. Les deux autres me gratifièrent d’un regard empli de remerciements silencieux, les deux minutes prédites au début de son discours ayant brièvement menacé de se transformer en une bonne demi-heure. Je leur rendis un clin d’œil. Entre Élites, on se soutenait. Un minimum, au moins, face à Kaiser. Ensuite, dans les couloirs, tous les coups étaient permis.
— Il vous fait passer que « l’heure est venue », poursuivis-je, mimant les guillemets.
Le regard de Kaiser se troubla. Elle nous tourna le dos et, muette, alla faire face à la fenêtre. Durant un bon moment, elle fixa ainsi le vide, sans qu’aucun d’entre nous n’ose troubler ses réflexions. Je cillai. Qu’est-ce que j’avais dit de si spécial ? Loki seul savait… Et Kaiser aussi. Mais apparemment, c’était important.
Quelques minutes s’écoulèrent ainsi, sans que personne n’ose faire une remarque. Finalement, notre commandante leva les yeux du Labyrinthe, qu’elle observait jusqu’alors sans vraiment le voir, et posa tour à tour ses yeux turquoise sur chacun de nous.
— Lilith, tu disais avoir vu le tireur ?
Personne ne lui rappela que je l’avais coupée au beau milieu d’une phrase. Personne ne lui rappela qu’elle parlait de la cérémonie de promotion. Je croisai les mains dans mon dos et acquiesçai à sa question, tandis que Selvigia se dandinait sur place, incertaine.
— Adam, tu pars sur ses traces. Lilith, tu lui fournis l’emplacement de sa cachette, et tu files interroger Cobb. Tu reviendras me voir en soirée. Et Selvigia, tu te joins à l’un des deux pour lui filer un coup de main. Peu importe lequel. Allez-y.
Nous lui tournâmes le dos, et sortîmes en silence. Immédiatement, le boucan des couloirs nous submergea. Mais nous formions un cercle fermé, solide, que personne n’osait traverser, malgré l’affluence matinale.
Je me tournai vers Adam, lui décrivis l’angle dans lequel j’avais surpris l’espion. Il m’écouta en silence, et, dès que j’eus fini, tourna les talons. Un instant plus tard, il s’était volatilisé dans la foule, sans m’avoir adressé un mot.
— Il est tordu, ce type… marmotta Selvigia, à mes côtés, alors que je me détournais vers les prisons.
— Ne m’en parle pas. Il n’a à mon avis toujours pas digéré la dernière fois…
Elle me rendit un sourire éclatant, narquoise. Après douze ans passés sous la tutelle d’Ekrest, j’avais revendiqué la place de seconde Élite. Adam, qui l’occupait à l’époque, n’avait pas exactement… apprécié.
— Eh. C’était la meilleure chose que tu puisses faire.
— Je sais, souris-je simplement. Qu’est-ce que tu penses de Kaiser ?
Comprenant que je faisais référence à ce qui venait de se passer, Selvie se permit un temps de réflexion. Brièvement, le flot de Loki en mouvement nous sépara, mais nous nous retrouvâmes à l’entrée des escaliers circulaires de la tourelle ouest. Elle descendit quelques marches, pensive, mutique, avant de laisser échapper :
— Aucune idée. Mais ça avait l’air important.
— Tu penses qu’on saura bientôt ?
Elle jeta un regard à la ronde, brièvement méfiante. Un Loki, qui remontait juste en face de nous, s’écarta. Je vis sa main glisser un peu trop près de celle de ma sœur, avisai le coin d’un bout de papier qui passait de l’un à l’autre. Selvie ne dit rien. Garda la feuille chiffonnée dans son poing. Mais hocha la tête dans ma direction.
— Je pense, oui. Salle neuf ?
J’approuvai d’un clin d’œil narquois.

— Je ne te provoquerai pas en duel.
Une moue boudeuse plaquée sur le visage, Levi me défiait du regard. Il m’avait prise à part dès mon arrivée pour m’annoncer que, selon lui, notre accord ne tenait plus.
— Et en quel honneur ? relevai-je, sceptique.
— Je me retire. Point barre.
Je haussai un sourcil, narquoise.
— Vraiment ? Tu sais que les rumeurs se diffusent vite… surtout au Manoir…
Il me retourna une grimace hargneuse. Mais l’inquiétude avait obscurci son regard. Je sus tout de suite que j’avais gagné cette manche, sans même lutter. J’en savais plus sur lui que lui n’en savait sur moi. Il ne pouvait que perdre, à ce jeu.
— Je m’attends à te voir dans l’arène, lui lançai-je, froide, en me dirigeant vers l’alcôve de Séraphin.
Le brun était allongé sur son lit, dos aux couloirs. Je pénétrai dans la pièce sans faire de bruit, me penchai au-dessus de lui. Il dormait. Ou pas. Ses cils tremblotaient légèrement. C’était à peine visible. Et il simulait drôlement bien : respiration lente et profonde, aucun mouvement… Mais j’étais certaine qu’il ne dormait pas.
Je décidai néanmoins de jouer le jeu.
— Debout, marmotte !
Le lit n’étant qu’un fin matelas posé au sol, mon premier réflexe lorsqu’il mit du temps à émerger fut un coup de pied dans les côtes. Séraphin émit un grognement de douleur qui me fit sourire, se frotta les yeux d’un air ensommeillé. Je lui donnai aussitôt l’Oscar du meilleur acteur pour cette performance.
Il se redressa pesamment, s’étira.
— Debout, mains dans le dos, comme d’habitude, commandai-je.
Les délicats effluves de sueur et de sang séché qui flottèrent jusqu’à moi alors qu’il levait les mains, me firent froncer le nez. Par Loki, quand s'était-il lavé pour la dernière fois ?
— Tu devrais vraiment prendre une douche.
— Ce ne serait pas de refus, lâcha-t-il avec un bâillement.
— Je transmettrai le mot.
— Trop aimable, ricana-t-il.
Je ne relevai pas l’ironie, me contentai de le menotter, et le conduisis en salle neuf. Très similaire à la trois, que j’avais utilisée jusque-là, mais néanmoins différente. Et il le remarqua tout de suite. Je le vis observer attentivement son environnement, et tressaillir imperceptiblement lorsque Selvigia apparut dans son champ de vision.
— Qui c’est, elle ? demanda-t-il en la désignant du menton. Et pourquoi elle te ressemble ? :arrow: La réponse semble évidente, non ? Il se doute pas que, dans la Maison de Loki, il y a les enfants de Loki, qu'ils sont donc parentés, qu'il y a donc des chances de ressemblance ? :lol:
— Pourquoi devrais-tu savoir ? répliquai-je sèchement. Mains sur les accoudoirs.
Selvie avait raison, une nouvelle tactique était de mise. Ses bras et son torse étaient striés de coupures encore trop fraîchement refermées, et je ne voulais pas trop l’abîmer. Pas pour l’instant.
En quelques gestes précis, j’enchaînai ses mains et ses pieds au siège de métal, tandis que ma sœur se postait près d’un boîtier incrusté dans le mur.
— Pas de couteau ? releva-t-il, narquois.
Je souris d’un air démoniaque, ce qui ternit légèrement son assurance factice.
— On change, aujourd’hui.
Cliquetis, bruissements. Selvigia termina de faire tourner les boutons, m’adressa un hcohement :arrow: petite faute de frappe ^^ de tête.
— Parle-moi de Kalyan, lui ordonnai-je. Tout ce que tu sais sur lui.
Un sourire méprisant se dessina sur son visage, et il garda le silence. Je roulai des yeux. Selvie n’attendit pas mon signal pour abaisser le levier près d’elle. L’odeur d’ozone envahit l’air une fraction de seconde avant que Séraphin ne hurle. Son corps se tordit, parut presque se désarticuler, alors qu’il essayait d’échapper au courant électrique, mais sans succès. Sept secondes s’écoulèrent avant que le levier ne soit à nouveau redressé, laissant le fils de Týr avachi sur le fauteuil, secoué de spasmes. Je me penchai en avant, souris en passant une main dans ses cheveux encore crépitants, dressés au sommet de son crâne.
— Ce que tu viens de recevoir là, c’est du deux-cent-vingt volts. C’est ce que tu te prendrais si tu mettais les doigts dans une prise. :arrow: "Vous devez tenir les enfants à l'écart des prises électriques...." Personnellement, je te conseille de répondre au plus vite, si tu ne veux pas qu’on augmente le voltage. Mais c’est comme tu veux.
Étrangement, il ne tarda pas à passer aux aveux. J’eus un sourire satisfait en entendant les tremblements dans sa voix, les détails qu’il me donnait. Des quelques visites que je lui avais rendues, il savait que je mettais mes menaces à exécution. Et que je n’hésitais pas. Il avait appris à me craindre. Et à répondre aux questions.

Je terminai l’interrogatoire en fin de matinée, et n’arrêtai que parce que mon ventre avait commencé à crier famine. Et parce que j’avais eu ce que je voulais. Il ne savait rien du tireur chez nous, mais en revanche, il m’avait dévoilé des détails encore inconnus sur Kalyan. S’ils me serviraient un jour ou pas, je n’en étais pas encore sûre, mais le fait était que je les avais.
— Vous organisez une fête géante, ou comment ça se passe ? demanda-t-il en se levant, alors que je détachais ses chaînes. J’ai rarement entendu autant d’éléphants…
Je haussai les épaules, feignant un désintérêt total. Mais Selvigia sourit.
— Elle va nous taper sur les nerfs encore plus que d’habitude, grimaça-t-elle depuis le couloir, poussant un soupir théâtral.
— Hé ! protestai-je en lui donnant un coup de poing amical dans l’épaule.
Ce court instant de distraction suffit. Séraphin fit jaillir de la paume de sa main un rayon blanc, aveuglant, qui désintégra littéralement les chaînons de ses entraves, bondit vers moi. Ma meilleure amie réagit au quart de tour, et par réflexe, claqua la porte derrière elle, avant de la verrouiller, tandis que je me jetais sur le côté, évitant de justesse les poings fermés dans mon visage. Un instant plus tard, je réalisais que j’étais enfermée dans une pièce de cinq mètres carrés, sans possibilité de sortie, face à un fils de Týr en pleine possession de ses pouvoirs.
Qui est le crétin qui a oublié de lui mettre un implant suppresseur de magie ?
Je reculai prudemment, m’adossai au mur. Une dague apparut dans les mains de mon adversaire. Il sourit, vicieux, alors que j’essayais encore de traiter les informations. Il avait ses pouvoirs. C’était impossible. On n’oubliait jamais les implants. C’était même la première chose qu’on faisait. Et il avait trop souvent été dans des zones où la magie était possible. Par contre…
Merde.
Les décharges électriques avaient dû court-circuiter l’implant. C’était ça. Mais pourquoi…?
Il se jeta sur moi sans me laisser le temps de finir de penser ma question. Par réflexe, j’agrippai son bras pour détourner le coup. Invoquai des flammes au bout de mes doigts. Il se rétracta en couinant, la peau calcinée et fumante. Je fis apparaître des poings américains directement sur mes doigts, un plastron sur ma poitrine, sous mon T-Shirt, esquissai une grimace provocatrice. Mais il ne bougea pas.
Figée, j’attendis un instant, moi aussi. Face à face, en chiens de faïence, nous nous guettions mutuellement. Jusqu’à ce que je bondisse. Il leva sa dague. Je me tendis. Le choc dans mes côtes fut rude, l’acier mythique de la dague crissa contre mon plastron. Je cillai à peine, lui assénai un crochet du droit à la tempe. Sonné, il vacilla, s’affala dans le siège de métal, à peine conscient. Je ne réfléchis pas vraiment, bondis vers le boîtier de contrôle, tournai à l’aveuglette la molette de la tension, et abaissai brusquement le levier. Une odeur de chair brûlée emplit l’air, alors que Séraphin hurlait à la mort. Je maintins la poignée vers le bas encore quelques de secondes, puis la relevai. Les crépitements et les cris s’interrompirent, remplacés par des gémissements sourds. Je soupirai, tandis que le corps s’affalait mollement au sol. Un regard au boîtier. Mille volts. Un autre, à Séraphin, étendu par terre, l’une des chaînes encore en contact avec sa peau. J’abaissai à nouveau le levier.

| † | † |
Enfin me voilà :roll: (j'ai l'impression de toujours commencer mes coms par la même chose... :oops: )

Tiens, la mention de Tyr me fait penser que j'ai commencé MC 3 (en français, honte à moi :oops: ), et que ç'a l'air de promettre pas mal de conneries :lol:

Désolée pour les commentaires, j'étais d'humeur con :roll:

Gné... What ? La fin... WTF ? :lol:
Nan, pour de vrai, ce chapitre était très bien, avec ce qu'il faut de passages calmes ou intenses :) Je suis contente que Lily ait enfin trouvé le tireur, j'espère qu'il va bien morfler 8-) (mais je me fais pas trop de doutes avec les Loki :lol: )
Pour le passage du rêve, c'était un moment assez sympa, avec la découverte de Loki... Qui est entouré de mystères, bien évidemment x) Quant au message qu'il délivre à Kaiser... A voir !
Je m'attendais pas à la petite rébellion de Séraphin, c'était bien joué ! Couru d'avance, mais bien essayé :lol: Mais, du coup, je me pose plein de questions... Le courant électrique qui annihile l'implant suppresseur, OK... Après, est-ce que Selvi a vraiment eu un réflexe... Ça me semble assez logique (j'espère surtout que c'est pas elle la taupe :cry: ).
En revanche, Lily tue Séraphin à la fin (rime !), non ? Elle le fait sous le coup de la colère ? Car il avait peut-être encore des informations à délivrer... :roll:

C'était un chouette chapitre, qui amène de nouveaux trucs sympathiques...
A bientôt ! :D
vampiredelivres

Profil sur Booknode

Messages : 2887
Inscription : dim. 03 févr., 2013 3:54 pm

Re: Le Cycle du Serpent [I] : La Confrérie de Loki

Message par vampiredelivres »

#louji
louji a écrit :
CHAPITRE 5


Après notre rencontre avec Gimöd, Selvigia et moi étions restées ensemble. Nous avions d’abord pris une petite demi-heure pour nous, pour récupérer de l’invocation – foireuse, pour ma part – qui nous avait vidées de notre énergie, puis nous nous étions entraînées ensemble dans le Labyrinthe, pour ensuite s’arrêter à la cafétéria en remontant, prendre des sandwichs, et nous barricader à l’étage qui nous était réservé. :arrow: J'aurais peut-être fait deux phrases, car elle est pas mal costaude celle-ci, mais elle reste lisible sans s'étouffer non plus ;) Pas faux… Je pus ainsi travailler toute l’après-midi sur mes rapports de mission, sans jamais être dérangée, ce qui avait toujours été mon problème du temps où je vivais dans les dortoirs communs. Ainsi, j’en expédiai la grande majorité – qui n’étaient en fait que des formulaires à remplir – en quelques heures, et me focalisai sur la clef de voûte de ce dernier mois : la capture de Séraphin Cobb, fils de Týr. Pour son rapport à lui, je n’avais pas de recette miracle. Pas même une mise en page type à respecter. Mais si Ekrest m’avait bien enseigné une chose, c’était de faire mes résumés avec rigueur. Aussi, je détaillai tout. La filature, les remarques sur son comportement au quotidien – que j’avais soigneusement notées dans mon téléphone durant les deux semaines passées à le suivre un peu partout – les conversations recueillies – dont celle avec Kalyan, sans mettre de côté le fait que j’avais été repérée. J’avais beau être une Loki, :arrow: Rhô, un peu plus de self-esteem, on a bien vu que tu étais fiable, Lily ! Ça dépend avec qui :P j’étais honnête lorsqu’il s’agissait de rendre des comptes à ma supérieure. Et puis, au fond, avoir été vue une fois ne changeait plus rien, dans la mesure où il ne connaissait pas encore mon identité avant sa capture.
Ce rapport-là me prit quatre heures :arrow: Brrr, rédaction de philo :lol: de rédaction correcte. Plus une demi-heure pour mettre à jour la fiche de Séraphin, notamment avec les nouvelles cicatrices que je lui avais infligées, et dont le nombre risquait encore d’augmenter, malheureusement pour lui.

| † | † |


Un croissant de lune blanc, aveuglant, se reflétait comme dans un miroir sur la surface lisse du lac. Consciente de rêver, je m’en approchai à petits pas précautionneux, tendis le cou. Comme je m’y attendais, ce ne fut pas mon visage qui apparut, mais un autre, tout aussi familier. Regard turquoise hypnotique, pommettes hautes, menton étroit et lèvres fines presque constamment étirées en un sourire machiavélique. C’était la seule image que j’avais de lui, l’apparence qu’il prenait toujours en ma présence. Celle que je lui avais vue la première fois, quand il s’était présenté comme mon père, bien éloignée de celle, donnée par les livres de mythologie, qui le décrivaient comme un vieillard barbu aux cheveux de feu et au visage démoniaque. À moi, il m’était toujours apparu plus jeune, plus humain. Ses cheveux gardaient une couleur flamme, tirant sur le roux, mais ils étaient plus sombres que sur les illustrations traditionnelles. Plus discrets. Son sourire était moins cruel, plus malicieux. Et, béni soit-il, il n’avait pas de barbe. :arrow: Tiens, ça me fait penser, est-ce que les Dieux se rasent ? :lol: Bonne question, je n'y ai jamais réfléchi…
Son corps s’éleva, émergeant de l’eau sans y faire une ride, sans une éclaboussure, sec comme s’il avait passé la journée au soleil. Une cape sombre flottait derrière lui, agitée par un vent inexistant, frôlait le sol par instants dans un chuintement discret, couvrant et découvrant par intermittence le manche de dague qui dépassait de l’une de ses bottes. Ses vêtements, qui paraissaient avoir été coupés sur mesure, scintillaient d’un étrange éclat sous l’éclairage céleste. Même à distance, j’avais l’impression de sentir son after-shave :arrow: Bon, j'ai ma réponse. C'est fou ça... Ils invoquent des trucs hyper stylés, ils se téléportent d'un monde à l'autre, mais... ils se tapent la corvée du rasage. Les pauvres :cry: En vrai… Loki plus que tout autre dieu s'en fout un peu du rasage, vu qu'il peut prendre l'apparence qu'il veut… mais c'est plus par souci de réalisme qu'il apparaît (et sent) comme ça. Mais… je vais y réfléchir. Les dieux se rasent-ils ? => nouvelle dissert de philo, vous avez quatre heures XD, frais, mentholé. Je mis un genou en terre.

| † | † |


Court mais charmant, songeai-je en me réveillant, un sourire aux lèvres. Les visites de mon père étaient assez rares pour que je les prenne comme une marque d’attention de sa part. Même si, il fallait l’admettre, ce n’était pas dans sa nature d’être cordial ou paternel. Comme tous les dieux, il se moquait un peu – totalement, en fait – de notre destin. Je le savais. Nous n’étions que des pions sur un échiquier, et nous combattions pour des guerres qui n’étaient pas les nôtres. Comme tout soldat, d’ailleurs. :arrow: Joli passage ! Merci ! Le conflit des Maisons nous concernait uniquement parce que notre père était impliqué. Et parce que, étant les enfants de Loki, les Ases et les Vanes voulaient notre peau.

Je m’enfonçai donc au petit trot dans le Labyrinthe :arrow: Je viens d'avoir en tête un sale mélange de The Maze Runner, d'Harry Potter et de Percy Jackson :lol: C'est un peu ça, en vrai… :lol: , sereine, à peine préoccupée par les risques éventuels. La veille, j’y avais entre autres croisé un serpent long de quinze mètres – probablement un cousin quelconque du côté de mon demi-frère serpent géant. Le souvenir de son regard vipérin dans le mien m’arracha un sourire. Mes pensées commencèrent à vagabonder, tandis que je calais mon souffle sur le rythme de mes foulées. J’accélérai progressivement, parcourus une demi-douzaine de kilomètres avec la respiration d’un coureur de fond professionnel, en plein terrain accidenté, sautant des crevasses et escaladant des rochers à l’occasion. Je ne savais pas vraiment où j’allais, aussi arrivai-je deux ou trois fois dans des impasses qui m’obligèrent à rebrousser chemin, et lorsque je ralentis enfin, j’étais plus ou moins perdue dans l’immense dédale.
Une fois arrêtée, dans un cul-de-sac comme un autre, je pris quelques minutes pour faire des étirements. Une bise glacée balayait mes jambes nues, mais, échauffée par la longue course, je n’avais pas froid. De la tête aux pieds, je détendis chacun des muscles dont je connaissais l’existence, jusqu’à ce que je me sente totalement en harmonie avec mon corps. C’était cette forme que j’appréciais le plus, avec laquelle je combattais le plus souvent. Ni trop grande, ni trop musclée, relativement souple. Une combinaison avantageuse de paramètres soigneuesement (Aparté) Je viens de remarquer la faute… choisis, avec lesquels je me sentais la plus efficace. Ekrest avait compris, dès les premiers instants, que je n’aimais pas utiliser la force brute. Dès le début de mon entraînement, il avait misé sur ma flexibilité, ainsi qu’une bonne connaissance des points névralgiques. Il avait mis l’accent sur ce que j’aimais, même s’il m’avait aussi obligée à travailler ce que j’appréciais moins. J’avais d’abord appris à être opérationnelle avec l’ensemble de mon corps, et ensuite seulement avec des armes.
Mes souvenirs de mon mentor étaient un étonnant mélange de doux-amer. Il m’avait montré la danse des lames, la magie propre à un corps obéissant à chaque impulsion. Il m’avait poussée dans mes retranchements, m’avait fait pleurer de douleur plus d’une fois. Il m’avait appris qu’aimer n’était pas une faiblesse, mais s’attacher à quelque chose – ou quelqu’un – en était une. Il m’avait donné des points de repère dans un monde que je ne connaissais pas, et les avait effacés un à un. Il m’avait appris que rien n’était jamais immuable, pas même la pire situation, mais qu’il y avait des choses qu’on ne pouvait changer. En un mot, il avait été une contradiction vivante : doux, attentif, attentionné, mais aussi violent, cruel et tyrannique. Toujours exigeant, jamais satisfait. Mais chacune de mes réussites amenait ce petit éclat approbateur au fond de ses pupilles, ce petit sourire fier et paternel. Il avait été ce père que j’aurais voulu avoir, ce frère que j’avais aimé.
Cet être cher que je devrais bientôt enterrer. :arrow: Sapristi, je vais me mettre à pleurer :evil: Au moins, ça veut dire que tu comprends ce que Lilith ressent… :mrgreen:
La pensée, vicieuse, déchirante, m’amena brièvement au bord du précipice du désespoir. Déconcentrée dans ma descente vers un grand écart, je glissai sur le sol de terre meuble, me rattrapai de justesse, une douleur sourde pulsant dans tout mon corps. Preuve qu’il était temps de rentrer.

Mais il en faudrait plus pour me dissuader de me rapprocher. Puisque l’approche animale n’avait pas marché, je me posai sur le toit, une trentaine de mètres plus loin, sur le faîte du toit :arrow: petite répétition ^^ Merci !. Là, je repris forme humaine, et descendis précautionneusement le long des tuiles, mais pas directement au-dessus de lui. Un peu sur sa droite, dans une zone où je ne risquais pas d’attirer son attention, mais où j’avais quand même une vue dégagée sur lui. Par précaution, j’apposai une illusion sur le sol, là où se projetait mon ombre, pour la faire disparaître, et me dissimulai derrière un écran d’invisibilité. Fis apparaître des jumelles. Trente mètres nous séparaient maintenant, et je n’avais plus ma vision de faucon.

Mais j’étais prête à attendre autant que nécessaire. J’avais des réserves d’eau et de nourriture dans mon inventaire magique :arrow: Waouh, j'ai été transportée là :lol: En fait, d'après toutes les remarques qu'on m'a faites jusqu'à maintenant, La Confrérie, c'est un mélange entre Maze Runner, Harry Potter, Game of Thrones, Percy Jackson, et les MMORPGs :lol: , et aucune obligation théorique. Aussi, je m’allongeai un peu plus confortablement sur les tuiles froides, posai mes coudes dans la gouttière, et mon menton sur mes bras. Alors débuta l’attente.

Kaiser alla se rasseoir. Entrecroisa les doigts, posa ses mains ainsi jointes sur la table. Elle n’était pas de bonne humeur. Même moi, même agacée, je préférai :arrow: préféraiS Pour le coup, non, j'ai considéré le verbe ici comme une décision qu'elle prend dans l'instant… ne pas faire de commentaire déplacé. J’avais beau être la meilleure agente, il y avait des choses qu’elle ne laisserait pas passer.

— Qui c’est, elle ? demanda-t-il en la désignant du menton. Et pourquoi elle te ressemble ? :arrow: La réponse semble évidente, non ? Il se doute pas que, dans la Maison de Loki, il y a les enfants de Loki, qu'ils sont donc parentés, qu'il y a donc des chances de ressemblance ? :lol: Oui et non, en fait, en principe, ce serait logique, mais vu qu'ils sont métamorphes et peuvent prendre l'apparence qu'ils veulent…
— Pourquoi devrais-tu savoir ? répliquai-je sèchement. Mains sur les accoudoirs.
Selvie avait raison, une nouvelle tactique était de mise. Ses bras et son torse étaient striés de coupures encore trop fraîchement refermées, et je ne voulais pas trop l’abîmer. Pas pour l’instant.
En quelques gestes précis, j’enchaînai ses mains et ses pieds au siège de métal, tandis que ma sœur se postait près d’un boîtier incrusté dans le mur.
— Pas de couteau ? releva-t-il, narquois.
Je souris d’un air démoniaque, ce qui ternit légèrement son assurance factice.
— On change, aujourd’hui.
Cliquetis, bruissements. Selvigia termina de faire tourner les boutons, m’adressa un hcohement :arrow: petite faute de frappe ^^ Noté-corrigé, merci :) de tête.
— Parle-moi de Kalyan, lui ordonnai-je. Tout ce que tu sais sur lui.
Un sourire méprisant se dessina sur son visage, et il garda le silence. Je roulai des yeux. Selvie n’attendit pas mon signal pour abaisser le levier près d’elle. L’odeur d’ozone envahit l’air une fraction de seconde avant que Séraphin ne hurle. Son corps se tordit, parut presque se désarticuler, alors qu’il essayait d’échapper au courant électrique, mais sans succès. Sept secondes s’écoulèrent avant que le levier ne soit à nouveau redressé, laissant le fils de Týr avachi sur le fauteuil, secoué de spasmes. Je me penchai en avant, souris en passant une main dans ses cheveux encore crépitants, dressés au sommet de son crâne.
— Ce que tu viens de recevoir là, c’est du deux-cent-vingt volts. C’est ce que tu te prendrais si tu mettais les doigts dans une prise. :arrow: "Vous devez tenir les enfants à l'écart des prises électriques...." :lol: Personnellement, je te conseille de répondre au plus vite, si tu ne veux pas qu’on augmente le voltage. Mais c’est comme tu veux.

| † | † |
Chalut !
Ehe, la fin était sympa, non ? :P
Pour ce qui est du tireur, je te laisse découvrir ça dans le chapitre suivant… ça va effectivement être marrant, mais pas forcément de la manière que tu crois… XD
C'est marrant, parce que même si j'écris le Loki mythologique, j'ai toujours la version de Marvel en tête… et du coup, je fais un mélange bizarre entre les deux… En tout cas, je suis contente qu'il t'ait plu :)
Couru d'avance, effectivement… le pauvre, il n'avait aucune chance. Mais n'empêche, il aura essayé. XD C'est bien que tu te poses ces questions. Je n'y répondrai pas là tout de suite, mais je suis très contente que tu te les poses :)
Alors non, elle ne l'a pas tué. Il a eu du bol, d'ailleurs. En fonction de l'état du corps, il peut encaisser jusqu'à plus de 10 000 Volts. Mais si la peau est humide, par exemple, la résistance chute assez drastiquement. Là, Séraphin a pris cher, mais il survivra, notamment parce qu'il ne se prend pas de longues décharges. (Mais faudrait quand même que je change deux ou trois trucs en corrigeant ce passage…)
Merci encore pour ton passage, j'espère que ça continue à te plaire :)
À bientôt !
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1735
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Le Cycle du Serpent [I] : La Confrérie de Loki

Message par louji »

vampiredelivres a écrit :
Chalut !
Ehe, la fin était sympa, non ? :P
Pour ce qui est du tireur, je te laisse découvrir ça dans le chapitre suivant… ça va effectivement être marrant, mais pas forcément de la manière que tu crois… XD
C'est marrant, parce que même si j'écris le Loki mythologique, j'ai toujours la version de Marvel en tête… et du coup, je fais un mélange bizarre entre les deux… En tout cas, je suis contente qu'il t'ait plu :)
Couru d'avance, effectivement… le pauvre, il n'avait aucune chance. Mais n'empêche, il aura essayé. XD C'est bien que tu te poses ces questions. Je n'y répondrai pas là tout de suite, mais je suis très contente que tu te les poses :)
Alors non, elle ne l'a pas tué. Il a eu du bol, d'ailleurs. En fonction de l'état du corps, il peut encaisser jusqu'à plus de 10 000 Volts. Mais si la peau est humide, par exemple, la résistance chute assez drastiquement. Là, Séraphin a pris cher, mais il survivra, notamment parce qu'il ne se prend pas de longues décharges. (Mais faudrait quand même que je change deux ou trois trucs en corrigeant ce passage…)
Merci encore pour ton passage, j'espère que ça continue à te plaire :)
À bientôt !
Oui, je m'y attendais pas ! :D
Oh, ils vont faire quoi, j'ai peur :lol:
Haha, c'est pas grave, ça donne son charme au personnage ! :D
Héhé, oui, je sais que j'aurai mes réponses ;)
Ooooh, je pensais qu'elle l'avait tué :P Bon, on aura encore du Séraphin (grillé) au menu :lol:

De rien, avec plaisir ! ;)
vampiredelivres

Profil sur Booknode

Messages : 2887
Inscription : dim. 03 févr., 2013 3:54 pm

Le Cycle du Serpent [I] : La Confrérie de Loki

Message par vampiredelivres »

CHAPITRE 6


Dès que la porte de la salle d’interrogatoire s’ouvrit, Selvigia me sauta presque littéralement dessus. Elle accorda à peine un regard au corps inerte de Séraphin, me tira sur le côté, tandis que les gardes affluaient dans la pièce. Deux voulurent remettre le fils de Týr sur ses pieds mais, dans son état actuel, il était incapable de tenir debout. En fait, il était à peine conscient. Paupières à peine ouvertes, cheveux crépitants, mains parcourues de tremblements sporadiques, il aurait presque fait peine à voir… s’il n’avait pas essayé de me tuer, peut-être.
— Quoi ? soufflai-je à voix basse.
Pour toute réponse, elle me tendit l’une tablette que l’on utilisait pour faire l’inventaire, enregistrer les déplacements et les ouvertures des portails, et Loki savait quoi d’autre encore. Celle-ci en particulier affichait actuellement les données de Séraphin. Nom, prénom, âge, Maison, taille, poids, numéro de cellule… a priori rien de spécial. Je fronçai les sourcils, et Selvie posa un ongle tout en bas de la page pour m’indiquer ce qui l’avait intriguée.
Puce : Désactivée
Je mis un instant à comprendre. Réactiver l’implant annihilateur de magie se résumait à appuyer sur un simple bouton – ce que je fis immédiatement — mais le fait qu’il soit désactivé et non court-circuité voulait dire qu’on avait volontairement saboté mon interrogatoire, avec la claire intention de me faire tuer au passage. Et la dernière personne à avoir ouvert cette fiche était, d’après l’historique…
Levi.
Je serrai les dents, submergée par une bouffée de rage, avalai difficilement ma salive, fis un signe de tête aux gardes pour qu’ils ramènent mon prisonnier dans son alcôve. À quatre, ils le traînèrent difficilement dehors, me laissant seule avec ma sœur.
— Tu es sûre que c’est lui ? marmottai-je, les dents serrées.
— Non. Mais il te déteste… et je l’ai rembarré…
— Je vais le tuer.
Je fis un mouvement. Un simple pas. Ma sœur m’attrapa par le bras. Une poigne ferme, solide, qui m’empêcha de foncer droit sur la tête blonde que je discernais dans le couloir, qui discutait à voix basse avec une touffe brune tout aussi reconnaissable.
— Respire, m’intima ma sœur.
Je pris une profonde inspiration, coulai un regard meurtrier à Levi et Adam, debout à quelques pas de là, qui échangeaient à voix basse. Je ne voyais pas le visage du blond, mais le brun en revanche, paraissait légèrement irrité. Évidemment que c’étaient eux. Quinze ans que je vivais ici, et à chaque fois qu’un incident se produisait, je retrouvais toujours l’un de ces deux-là à l’origine du problème.
— Par contre, faut vraiment que tu te calmes.
La douceur dans la voix de Selvigia parvint à m’apaiser. Ça, et la pression qu’elle exerçait sur mon poignet, si forte qu’elle pouvait me le démettre à chaque instant. Elle la maintint encore un instant, le temps d’être certaine que je n’allais pas foncer tête baissée, puis me relâcha, et me sourit. Je lui rendis une vague grimace, réfléchissant à toute allure. Après notre petite discussion juste avant, Levi avait dû se sentir acculé, incapable d’échapper à mes exigences. Alors, il avait essayé de me supprimer. Encore. Et, comme Adam n’irait certainement pas l’en empêcher, il s’était tourné vers lui pour avoir une brillante idée, ou alors du soutien.
Sauf que, comme à Barcelone, ça n’avait pas marché comme prévu. Et, malheureusement pour lui, maintenant, il était obligé de me retrouver dans l’arène.
Je poussai un long soupir, refoulai la fureur qui me tordait les entrailles, plaquai un air neutre sur mon visage, fis un signe de tête approbateur à ma sœur. Devinant ce que je faisais, elle se mordit l’intérieur des joues pour étouffer son sourire, et me suivit alors que je filais droit vers Adam.
— Adam !s Tu viens manger avec nous ?
Adam pivota, un rictus affable impeccablement maîtrisé étirant ses lèvres pâles.
— Hey. Oui, avec plaisir. Qu’est-ce qui s’est passé ?
— Un incident, éludai-je, l’air blasée. Rien de trop grave. On y va ?
Il acquiesça, adressa un vague salut à Levi, et nous emboîta le pas.
Parvenir jusqu’à la cafétéria fut une véritable épreuve, dans ces couloirs bondés. La cérémonie de promotion ayant lieu cet après-midi, tout Loki pouvant l’être avait été rapatrié au Manoir, ce qui causait une affluence monstrueuse. Et, évidemment, tout ce beau monde avait faim.
Mais, si faire partie de l’Élite garantissait au moins un privilège, c’était celui de ne pas avoir à faire la queue. Au milieu des cliquetis de couverts et du brouhaha ambiant, nous nous glissâmes sans sourciller le long de la file d’attente, sans que quiconque ne fasse un seul commentaire, jusqu’à l’avant. Celui qui était censé avoir son assiette de hareng frit me céda son tour dès qu’il vit mon visage. Je le remerciai d’un sourire, remplis rapidement mon plateau et pivotai, à la recherche d’une table libre.
Second problème, qui fut très vite réglé. En voyant Sam et trois de ses amis, en train de bavarder dans un coin de la salle bondée alors qu’ils avaient fini, je n’hésitai pas à me diriger droit vers eux.
Le silence qui se faisait sur mon passage avertit le quatuor de ce qui se passait. Les trois autres amis déguerpirent avant même que je ne dise quelque chose, tandis que Sam, prenait son temps. Debout face à moi, dans le cercle de silence qui s’était installé, il haussa les sourcils.
— Ce n’est pas que je ne t’aime pas, soufflai-je, moqueuse. Mais…
— Ouais, je sais. De toute façon, je te verrai ce soir.
Il m’adressa un clin d’œil, se leva et s’en alla à son tour, laissant la table libre. Je m’assis tranquillement sur la chaise qu’il venait de vider, attrapai un morceau de pain dans la corbeille à moitié vide au centre. Une fois Selvigia et Adam installés à mes côtés, les murmures autour de notre table reprirent. Très vite, ils grimpèrent en intensité, jusqu’à redevenir ce capharnaüm qui avait précédé notre arrivée.
— Alors ? demandai Adam en attrapant sa fourchette. Qu’est-ce qui s’est passé avec le prisonnier ?
Qu’il ramène le sujet sur le tapis simplement pour me provoquer aussi ouvertement me fit rouler des yeux. Je crispai mes phalanges sur mon couteau, en plein conflit intérieur. Le planter dans la gorge d’Adam, là, tout de suite, ferait monter Selvigia à la deuxième place de l’Élite, et me débarrasserait certes d’une sacrée épine dans le pied, mais il y avait bien trop de témoins. Alors, je forçai les mots à travers ma gorge nouée, sans chercher à dissimuler mon aigreur.
— Une petite bourde, je suppose. Après tout, Levi ne peut pas l’avoir fait volontairement, pas vrai Selv ?
Adam eut au moins la décence de paraître légèrement pris de court par la rapidité de la découverte. Quant à ma sœur, elle se contenta de hocher la tête, et sa voix douce, chargée de sarcasme, s’éleva sans mal par-dessus le boucan :
— J’ai entendu dire qu’il comptait te défier, aujourd’hui. Mais il a l’air de s’en remettre aux solutions de simplicité pour se défiler… c’est d’une bassesse.
— Mais les solutions de simplicité sont parfois les plus efficaces, rétorqua Adam avec un rictus mauvais. Une balle dans la tête, avec un bon fusil de précision…
Ma sœur pâlit, ses ongles court commencèrent à taper nerveusement contre la table. Par habitude, je décryptai le morse rapide qu’elle employait, décalai les lettres dans ma tête pour lire le mot qu’elle venait d’envoyer. Gimöd. Je considérai un instant Adam, qui souriait, fier de lui, et la haine palpable de Selvigia qui irradiait dans l’air. Il me sembla soudain que la température de la pièce s’élevait de quelques degrés. Et, à voir les regards que les autres Loki commencèrent à couler dans notre direction, ce n’était pas qu’une impression.
Mais, en fin de compte, elle finit par se dominer. La chaleur se dissipa, ses iris turquoise perdirent leur éclat meurtrier. Adam renifla, méprisant. Quant à moi, je serrai les dents. Ce simple signal de Selvigia avait renforcé mes certitudes. Levi devait disparaître, peu importent les conséquences. Je pouvais supporter l’épine dans mon pied que constituait Adam, mais Levi causait bien trop de tort. Aujourd’hui n’avait été qu’un cruel rappel de sa tentative de m’éliminer à Barcelone, et de tous les coups bas qu’il avait montés contre moi. Ça, et la mort de Gimöd Kaltdjis, que je venais d’apprendre. Le pauvre fils de Njörd aurait peut-être pu finir au Valhalla, si Levi ne l’avait pas abattu à distance, trop lâche pour se porter au corps à corps.
Désormais, l’humiliation publique ne suffisait pas. Ce n’était plus à propos de moi ou de ma réputation. Même au sein de la Confrérie de Loki, on n’acceptait pas la trahison familiale, et lui l’avait décidément commise trop souvent.

| † | † |


— Prêts ?
Hochements de tête. Kaiser nous sourit, disparut derrière le rideau installé à la hâte, qui faisait office de coulisses pour la grande arène à ciel ouvert. Brièvement, j’eus un aperçu des gradins, bruyants, grouillants de monde, qui s’apaisèrent progressivement avec l’entrée en scène de la commandante. Je reportai mon regard sur Adam, négligemment appuyé contre le mur. Ses mains reposaient contre la pierre taillée, ses traits, lisses et harmonieux, étaient détendus. C’était sa troisième cérémonie, et, contrairement à la dernière fois, il ne risquait pas de se faire détrôner par une nouvelle venue. Il n’y avait plus personne d’assez fou pour le défier et, en outre, il était le plus populaire de nous trois. La seule chose qui risquait de lui arriver était de se faire applaudir.
Mes propres doigts tambourinaient nerveusement le bois de la chaise sur laquelle j’étais assise. Dans l’arène, un silence absolu était tombé. La voix de Kaiser s’éleva, claire et précise, à travers le rideau, débutant la cérémonie. Je fermai les yeux, me laissai emporter par le ton hypnotique de notre commandante.
— Les funérailles d’Ekrest d’Aube-Court, premier Élite, mort au combat, auront lieu demain, et elles seront présidées par Lilith Síverdín, sa dernière élève.
Pause. J’inspirai profondément, chassai les larmes qui menaçaient de perler, tenaillée par la douleur qui me brûlait la poitrine à la simple évocation du nom.
— Mais, dans la continuité du cycle, de nouveaux Loki sont appelés à représenter la Confrérie. Ainsi, en tant que troisième Élite, j’appelle Eva Selvigia Kaldtjis. Selon la tradition, quiconque a le droit de la défier s’il s’estime plus légitime à ce rang. S’il le désire, qu’il s’avance. Maintenant.
Selvigia avait carré les épaules lorsque Kaiser avait mentionné le cycle. À l’appel de son nom, elle s’était avancée sur l’estrade d’un pas assuré – même si j’avais vu le bout de ses doigts trembloter. Il n’y eut pas un murmure. Je souris, rassurée. De nous trois, sa position était la plus précaire. Mais, au vu de la réaction de la foule, elle n’avait rien à craindre. Après tout, le classement mentait rarement.
Adam s’étira nonchalamment, jeta un coup d’œil à mes ongles qui tapaient encore contre le mur, esquissa un sourire en coin. Avec la petite nuance provocatrice qu’il avait mis dedans, j’hésitai brièvement à lui coller mon poing dans la figure, mais décidai finalement de m’en abstenir. Il serait mal vu s’il montait sur l’estrade avec le visage ensanglanté, le pauvre.
— En tant que second Élite, j’appelle Adam Kaiser. Selon la tradition, quiconque a le droit de le défier s’il s’estime plus légitime à ce rang. S’il le désire, qu’il s’avance. Maintenant.
Un murmure secoua la foule, mais là encore, il n’y eut aucun mouvement dans les gradins. Je me relevai, prête à en découdre. Instinctivement, je vérifiai une dernière fois mon apparence dans le miroir posé tout près. Pour l’occasion, nous nous étions tous les trois vêtus de nos tenues de combat traditionnelles : armures de cuir et de métal et pelisses de fourrure. Parfait. J’inspirai profondément.
— En tant que première Élite et représentante officielle de la Confrérie, j’appelle Lilith Síverdín.
Le sort, je l’avais revu maintes et maintes fois. C’était une petite touche personnelle, inhabituelle, dans la tradition morne de la cérémonie. Je tendis les mains devant moi, fermai les yeux. Une puissante onde de choc naquit entre mes doigts, fit vibrer l’air tout autour, rejetant les rideaux sur le côté. Dans le silence de mort qui était tombé, je m’avançai, triomphale. Et, pour la première fois, Kaiser marqua un temps d’arrêt avant de reprendre.
— Selon la tradition, quiconque a le droit de la défier s’il s’estime plus légitime à ce rang. S’il le désire, qu’il s’avance. Maintenant.
Si j’étais nerveuse – et, il fallait bien l’admettre, légèrement agoraphobie face aux dizaines de personnes qui s’entassaient dans les gradins, et aux fenêtres qui encadraient l’arène – je n’en laissai rien paraître. Sur la façade neutre que je m’étais composée, je me permis même un léger sourire impertinent, assuré, et fis courir mon regard le long des étages aux fenêtres bondées, puis sur les gradins, jusqu’à localiser une certaine touffe blonde. Levi. Ce dernier me fixa droit dans les yeux, et secoua imperceptiblement la tête. Je haussai un sourcil, provocatrice, et glissai une œillade moqueuse en direction de la commandante. Son visage se décomposa en un instant. Blanc comme un linge, il se leva dans les murmures surpris qui s’élevaient autour de lui. Toute étincelle de combativité avait déserté ses yeux.
— Moi, déclara-t-il d’un ton faussement assuré.
Je ne fus pas la seule à déceler le léger tremblement de sa voix. Mais il ne se défila pas, et se dirigea vers les escaliers. Pendant qu’il descendait les marches qui menaient à l’arène, je scannai la foule. Tout le monde semblait le prendre pour un fou. Ce qui n’était pas faux. Je souris intérieurement, amusée par la situation délicate dans laquelle il se trouvait. Lorsqu’il atteignit enfin le sable de l’arène, je sautai souplement de l’estrade, allai me placer face à lui, et m’inclinai, mes lèvres étirées en un rictus narquois qu’il était le seul à voir. Il me rendit mon salut, crispé, le regard fuyant. Le voyant aussi nerveux, pris au piège, mes derniers restes d’angoisse s’évaporèrent. Je pris une longue inspiration, soufflai en me remémorant les conseils d’Ekrest, et souris, apaisée.
— Le vainqueur de cette compétition prend le titre de premier Élite et représentant officiel de la Confrérie. Le sort du perdant repose entre ses mains.
Kaiser venait de parler. Sa voix portait sans effort dans le lourd silence qui nous avait englués. Nous hochâmes tous deux la tête.
— Commencez.
Je passai une main dans mes cheveux, détendue. Les tournois de rang étaient une compétition magique entre deux membres de la Confrérie. Il s’agissait de montrer l’étendue de ses pouvoirs, de prouver qu’ils étaient supérieurs à ceux de l’autre. En théorie, c’était tout simple, mais dans les faits, la magie était fluctuante et aléatoire, et tout pouvait arriver, y compris les transformations irréversibles, les accidents, et quelques morts de temps à autre.
Je commençai doucement. Métamorphose élémentaire. Je modifiai uniquement la couleur et la longueur de mes cheveux. Levi m’imita, poussa un peu le changement de son côté. Sa peau prit une teinte chocolat, tout comme ses cheveux, et sa carrure changea. J’esquissai un sourire, projetai des étincelles autour de moi. Le scintillement suffit à distraire tout le monde. Discrètement, je fis quelques gestes précis avec mes doigts, murmurai à toute vitesse une incantation rituelle. Et, à la vue de tous, je disparus.
Levi grimaça, et adopta une position précise. J’analysai rapidement sa gestuelle, compris, ricanai intérieurement. Il préparait un sort de révélation. Trop lent, trop fastidieux.
Masquée derrière mon bouclier d’invisibilité, je me transformai en moineau. Le bouclier, qui me moulait comme une seconde peau, me suivit alors que je me déplaçais à l’autre bout de l’arène sans qu’un seul grain de sable ne bouge, et je me métamorphosai à nouveau en humaine, en profitant pour redevenir visible. Au même moment, Levi lança son sort à l’endroit où je me tenais précédemment. Rien ne se passa pour lui, mais les hoquets de stupeur des spectateurs qui me virent apparaître dans son dos suffirent à lui faire tourner la tête. Ses yeux s’écarquillèrent, il enchaîna sur une nouvelle série de gestes, tout comme moi.
L’affrontement se déroulait en silence, rythmé par les actions de chacun. Contrairement à la fois où j’avais affronté Adam, il n’y eut aucune effusion de sang. Nous passâmes par les invocations instantanées, la magie élémentaire, rituelle, et Levi sortit même un jeu de runes à un certain moment mais, au bout d’une quinzaine de minutes, cela n’eut plus d’importance. J’avais décidé d’en finir.
Je levai les mains. Une brume turquoise pâle s’en échappa, s’épaississant de seconde en seconde, recouvrit peu à peu tout l’espace, ternissant la lumière des braseros qui éclairaient l’arène. En quelques secondes, je ne voyais plus à deux mètres. J’inspirai profondément, songeant à Ekrest. Il avait, à ma connaissance, été le seul Loki vivant à réussir la transformation que je m’apprêtais à essayer. Je ne m’y étais jamais risquée jusque là, les risques de combustion spontanée étant bien trop importants. Si j’avais décidé de le faire aujourd’hui, c’était en souvenir de tout ce qu’il m’avait appris.
Je fermai les yeux, chassai de mon esprit toute réflexion qui aurait pu me perturber. J’oubliai Levi, Kaiser, la tireuse embusquée qui avait failli me tuer, les provocations d’Adam. Tout disparut, sauf une image : Ekrest, dans un déluge de flammes. J’élevai la main. Une fine couche protectrice de ma conception – une version retouchée de celle que mon mentor m’avait enseignée – recouvrit l’ensemble de mon corps et de mes vêtements. C’était une sensation étrange, à peine perceptible, comme de l’eau coulant sur ma peau nue. Désagréable pour la phobique de l’eau que j’étais. J’ignorai mon instinct, m’appliquai à fignoler ma couverture magique.
Ensuite, je créai deux flammes dans le creux de mes mains, et les alimentai. Ondulantes, elles remontèrent le long de mes bras, atteignirent mes épaules, s’enroulèrent autour de mon corps telles des serpents. Grâce à ma protection, elles dansaient sur ma peau sans me faire de mal, ne distillaient rien de plus qu’une agréable chaleur. Je rouvris les yeux un court instant. Un voile orangé mouvant, presque opaque, m’empêchait de distinguer ne serait-ce que le bout de mon nez. Pour l’instant, tout se passait bien. Mais on arrivait à la partie la plus compliquée.
Je laissai le souvenir de ma première métamorphose complète affleurer dans mon esprit, m’arrachant à moi-même un sourire amusé. J’avais dû réessayer trois fois avant de parvenir au bon résultat. Aujourd’hui, je m’attaquais au niveau supérieur. Il fallait que je garde le contrôle sur bon nombre de paramètres qui étaient totalement insignifiants dans une transformation normale, notamment la température du corps et l’apparence physique. Mais surtout, il fallait que je garde mon bouclier. Sinon, le feu me consumerait.
Mise en confiance par le sourire approbateur d’Ekrest qui avait suivi ma première réussite, je fermai les yeux, et me laissai couler dans mon nouveau corps. Ma peau s’étira, des os se déplacèrent sans que je ne ressente aucune douleur. Sur chaque main, mes doigts se fondirent en un seul. Mes pieds raccourcirent ; je griffai le sable de mes serres. Mon visage s’allongea, mon nez et ma bouche fusionnèrent en un long bec pointu.
Dans le même temps, mon bouclier s’affina. Les flammes sur ma peau devinrent brûlantes. Je claquai du bec, bloquant la nervosité qui aurait pu tout faire échouer, luttant pour maintenir la fine pellicule magique en place.
Et, brusquement, mes paupières s’ouvrirent. Je cessai de ciller, étendis mes nouvelles ailes, déployant un plumage flamboyant, entouré d’un halo de lumière. Quelques battements suffirent pour dissiper la brume que j’avais formée jusque là. Je fixai l’assemblée de mes yeux de rapace, brassant lentement l’air pour me maintenir en hauteur, flammes dansant le long de mon corps.
Un phénix.
Une immense clameur d’admiration s’éleva, véritable tempête d’acclamations et d’applaudissements qui secoua le Manoir. Tout le monde dans les gradins était debout, ceux aux fenêtres hurlaient et tapaient dans leurs mains. Même Kaiser affichait un air impressionné de circonstance qui me ravit au plus haut point. Je poussai un cri aigu, triomphal, regard braqué sur Levi, qui tressaillit, et recula précipitamment.
Le retour fut bien plus simple. Quelques secondes supplémentaires suffirent pour que je récupère ma forme humaine, fasse disparaître la fournaise autour de moi, et dissipe le bouclier contre la chaleur que j’avais formé. Et, en digne diva que j’étais, je m’inclinai profondément devant la foule qui scandait mon nom. Tête basse, masquée derrière un rideau de cheveux noirs, je m’autorisai à laisser couler une larme solitaire, en mémoire de mon mentor, submergée par une vague de gratitude aussi puissante qu’impossible à exprimer. Même si mes flammes étaient éteintes, j’avais l’impression de me consumer toute entière. Et je ne savais pas si c’était de tristesse ou de fierté.
Kaiser, debout à côté de l’estrade, cherchait à accrocher mon regard. Dès qu’elle y fut parvenue, elle ne me lâcha plus. Je me soumis à l’inspection sans broncher, les yeux encore humides, un sourire aux lèvres. Elle leva une main, sans me lâcher des yeux. Un fin ruban de flammèches claires s’échappa de ses doigts, vint dessiner des arabesques au-dessus de nos têtes, inscrivant un mot dans le ciel en lettres de feu. « Silence. »
Cependant, le tumulte ne se dissipa pas immédiatement pour autant. Il fallut une bonne minute pour que tout le monde se calme, s’asseye à nouveau. Dès que ce fut le cas, la commandante reprit en main la cérémonie, imperturbable. Impressionnée, mais imperturbable.
— Lilith sort vainqueur de l’affrontement. Le choix t’appartient.
Levi s’était retranché presque à l’autre bout de l’arène, terrifié par la puissance que je venais de manifester. Le phénix était la transformation la plus complexe possible, réalisée uniquement par les meilleurs. Moi-même, j’étais encore stupéfaite de l’avoir réussie. Mais l’heure de son jugement avait sonné pour lui.
Malgré la promesse que je lui avais faite quelques jours plus tôt, celle de ne pas le tuer, l’éclat de peur au fond de ses yeux était indéniablement présent. Seuls ceux qui ont quelque chose à se reprocher ont peur de la mort, avait un jour dit mon mentor adoré. Levi, à l’heure actuelle, avec ses pupilles étrécies et ses yeux écarquillés, avait l’air tout sauf innocent. Mais, selon la tradition, il fut contraint d’avancer jusqu’à moi. De faire face à son sort. Il n’avait pas le choix.
Je fis apparaître mon épée, jetai un coup d’œil à Selvigia. Elle me rendit mon regard, impassible, scellant le sort de Levi en un accord commun, muet. Ce serait une juste vengeance
Je levai mon épée, calme, apaisée.
Si tu décides de le tuer, offre-lui une mort digne. Rapide, efficace. Pas de bavures.
Ma lame cingla l’air, en écho aux mots d’Ekrest. Parée à l’impact entre les os et le fil aiguisé, je me tendis, mon regard planté dans celui de mon demi-frère, qui ne reflétait que terreur, stupeur et incompréhension.

— Arrête.
La voix, claire, posée, était chargée d’une telle autorité que je stoppai mon geste sur-le-champ. Le fil de l’épée s’immobilisa à quelques millimètres de la jugulaire de Levi, qui cilla, mais ne bougea pas d’un cheveu. J’avalai ma salive, tournai la tête. Au milieu de l’estrade, dans un tourbillon de brume, se matérialisait une figure bien trop connue. Pommettes hautes et regard vif, cheveux roux sombres, tenue moderne, sobre mais élégante. Loki, dans toute sa splendeur.
Pour une fois, son visage n’était pas vraiment masculin. Ni féminin, en fait. Androgyne, un mélange parfait entre les deux, représentation de sa dualité. Père pour certains d’entre nous, mère pour d’autres.
Il me coula un regard. Une petite flamme froide brillait au fond de ses iris, une nuance que je ne lui avais jamais vue, pas lorsqu’il s’adressait à moi, en tout cas : de l’impatience. Je reculai d’un pas, fis disparaître mon épée. Mais il me fixait toujours. Il attendait autre chose. Je me mordis les lèvres, allai me planter entre lui, Adam et Selvigia, à la place qui me revenait. Première Élite de la Confrérie.
Loki détourna les yeux, accrocha le regard de Levi. Je ne compris pas vraiment quel genre de courant passait entre eux. Rien de tangible ou de matériel. Mais, tout comme j’avais instinctivement compris ce qu’on attendait de moi, Levi se releva, grimpa sur l’estrade, se plaça à la droite de sa mère et, sans mot dire, la commandante se glissa à côté de lui. Nous ne formions plus qu’une longue file face à la foule. Selvie, Adam, moi, Loki, Levi, Kaiser. Tout le monde nous fixait.
— L’heure approche, déclara Loki d’une voix claire. Bientôt viendra le dernier affrontement. Vous avez devant vous vos leaders : Lilith, Adam et Eva, qui forment votre Élite, Kaiser…
Je crus distinguer une pointe de sarcasme dans le ton, mais je n’aurais pas pu en être certaine. Sans savoir pourquoi, j’avais l’estomac noué, l’instinct en alerte. J’avalai difficilement la salive, attendant et redoutant en même temps la suite. Jamais notre père ne s’était matérialisé ainsi devant l’ensemble de la Confrérie.
— … votre commandante, et Levi. L’Élu.
Je plongeai au fond d’un abysse d’horreur absolue lorsque cinq cent Loki de pur sang, descendants directs du dieu, ainsi que trois bonnes centaines d’enfants de seconde génération, s’agenouillèrent dans un même mouvement. Le rêve et la gloire viraient au cauchemar. Ce n’était pas une promotion qu’on venait de m’offrir. C’était un aller simple pour le gouffre de la déchéance. Un chemin sans retour.
Une goutte de sang perla sur ma lèvre inférieure. Je tournai imperceptiblement la tête à gauche, croisai le regard atterré de Selvigia et celui, choqué, d’Adam. À droite, l’air stupéfait de Levi aurait valu tout l’or d’Andvari, s’il n’y avait pas eu le visage neutre et tranquille de Synnöve Kaiser à côté de lui.
« L’heure est venue. »
Je compris. Trop tard.
J’avais participé à l’ascension fulgurante de la personne que je détestais le plus au sein du Manoir. Inconsciemment, j’avais provoqué sa nomination. Et, pire, je m’étais ridiculisée devant toute ma famille. Parce que je serais bientôt connue uniquement comme celle qui avait failli tuer l’Élu. Levi allait en faire tout un drame, je le voyais déjà venir. Mais, contrairement à moi, sa parole serait appuyée par la décision de Loki.
La haine, meurtrière, dévastatrice, qui m’enserra le cœur dut transparaître sur mon visage. Je serrai mes poings tremblants, alors que les lèvres de Levi s’étiraient vers le haut, hésitantes. Peu à peu, son sourire s’affirma. Heureux. Triomphant. Assuré.
Et mon cauchemar prit du relief alors que je réalisais lentement, tout comme lui, ce que sa nomination impliquait. Après tant d’années de travail, tant de sacrifices, tant de manigances et de luttes acharnées pour me faire reconnaître à ma juste valeur, j’allais devoir détourner les yeux. Baisser la tête. Le voir gagner tous les honneurs. Me faire éclipser. Me laisser éclipser.
Le venin de la rancœur se déversa dans mes veines, dévorant tout sur son passage, ne laissant derrière lui qu’une acide et douloureuse vérité.
Ce triomphe aurait dû être le mien.

| † | † |


— Si c’était une blague, elle était de très mauvais goût.
Assise dans le grand bureau meublé de roux, dos à la fenêtre qui donnait sur Labyrinthe, je faisais de mon mieux pour garder mon calme. Et, malheureusement, mes méthodes n’étaient plus vraiment efficaces. Je me sentais sur le point de craquer. Pour peu, j’aurais pu mordre.
— Ai-je l’air de plaisanter ? rétorqua Kaiser.
— Un peu, oui… répliquai-je, fielleuse.
Les regards de Selvigia et d’Adam faisaient des allers-retours entre Kaiser et moi, comme s’ils suivaient un match de tennis. Ce qui, en soi, aurait pu être le cas. J’inspirai profondément par le nez, songeai à Ekrest, qui m’aurait conseillé des séances de yoga. C’était sa manière à lui de faire de l’ironie, puisqu’il savait que je détestais ça.
— Tu es devenue bien mauvaise juge d’humeur, alors…
Si j’avais été fielleuse, le ton de Kaiser dégoulinait de miel. Et de sarcasme. Une fausse sympathie enrageante qui me donna l’impression que j’avais avalé une fiole d’acide – sensation bien trop familière pour être agréable.
— Je suis meilleure. Il n’a absolument pas les compétences nécessaires, n’est même pas polyvalent.
— Je suis quatrième dans le classem…
— Ta gueule, abruti, jappai-je, agacée. On ne t’a pas sonné.
Probablement encore habitué à m’écouter aboyer des ordres et l’insulter de tous les noms d’oiseaux que je connaissais, Levi se tut. Loki en soit remercié, il ne comprenait pas encore les implications de son titre.
Ça n’allait pas tarder.
— Pense à t’excuser audit « abruti » juste après cette conversation, d’ailleurs… glissa Kaiser avec à-propos.
— Et pourquoi donc ?
— Parce que c’est ton Élu.
Le sérieux dans la voix de la commandante m’ébranla profondément, bien plus que je ne me permis de le montrer. La décision de Loki était absconse. Stupide. Irrationnelle. Aberrante. Même en admettant qu’on puisse éventuellement changer l’issue du Ragnarök — j’avais mes doutes, mais tant pis — n’importe qui aurait plus mérité ce titre que Levi, Selvigia et Adam en tête de liste, si l’on m’excluait, moi. Kaiser aurait pu être l’Élue. Même Sam avait plus d’honneur que ce crétin de blondinet, qui venait actuellement d’empocher le jackpot divin. La place la plus convoitée des Neuf Mondes, l’honneur ultime, le titre légendaire.
Levi.
Élu.
Quelle vaste blague.
— Il n’a pas le dixième de ma puissance, protestai-je. Comment pourrait-il…?
— Il a prouvé sa loyauté bien plus souvent que toi.
Je fronçai les sourcils, devinant les implications de la tournure de phrase. J’étais la plus jeune de ma fratrie. Certes. Et alors ?
— J’ai donné quinze ans de ma vie.
— Je suis là depuis le triple.
— Je ne t’ai toujours pas sonné, grognai-je à l’intention du blond sans lâcher le regard de Synnöve Kaiser.
— Et je ne t’ai pas demandé la permission de parler, rétorqua-t-il. Ça te dérange ?
Oh, par Loki…
Le match de tennis qu’Adam et Selvigia suivaient sans intervenir se reporta sur un autre terrain, bien plus glissant et dangereux. Ma sœur et meilleure amie se tendit imperceptiblement, mais ne pipa mot. J’étais la seule à oser protester ouvertement. Probablement parce que mes exploits, depuis mon arrivée dans la famille, m’assuraient de ne pas être mutée aux archives sur-le-champ.
— Oui. Parce que tu n’as rien fait pour mériter cet honneur.
— Parce que tu crois que toi, oui ? releva-t-il, sceptique.
— Contrairement à toi, j’enchaîne les missions. En quinze ans, j’ai fait ce que tu as fait en cinquante, cinglai-je, provocatrice. Et je suis la plus puissante, tu te rappelles ?
De minces flammèches dansèrent le long de mes doigts ; j’esquissai un sourire de requin. Levi pâlit à l’évocation du phénix, mais demeura campé sur ses positions.
— Apparemment, ce n’est pas ce qui compte pour Mère.
— Peut-être que c’est la lâcheté et les coups dans en traître, alors ? Ça, c’est ta spécialité, non ? Les poignards dans le dos de ta propre famille, effectivement, tu donnes un bel exemple…
— Ça suffit, intervint Kaiser. Levi a été nommé.
J’eus l’impression de me heurter à un mur ; l’air fut expulsé de mes poumons. C’était l’autorité suprême qui en avait décidé. Et elle réclamait le respect qui lui était dû.
— Mais ce n’est…
— Cette discussion est close, Lilith.
— Je ne…
— Close, répéta-t-elle, avec plus de fermeté dans la voix.
Réduite au silence, je me mordis les lèvres. Si j’avais pu détruire ses meubles à coups de pied furieux, je ne m’en serais pas privée. Les basses profondes qui vibraient à l’étage juste au-dessus n’aidaient en rien à me calmer. Déjà, on célébrait les nominations. Déjà, c’était officiel. Je n’avais pas mon mot à dire. Et cette injustice criante m’étouffait lentement. Me consumait.
— Ne comptez pas sur moi pour travailler avec lui, finis-je par gronder.
Pour la première fois, l’expression de Kaiser devint franchement menaçante. Sa voix s’éleva, sifflante, comme celle d’un serpent, insidieusement agressive.
— Tu feras ce qu’il faut dans l’intérêt de la Confrérie.
Je plantai mon regard dans le sien, mais ses yeux turquoise étaient si ombrageux que je dus tourner la tête. N’y tenant plus, je bondis sur mes pieds et fusai hors de la pièce sans demander mon reste. Mon cœur battait à un rythme effréné, mes mains tremblaient. J’avais besoin de me vider. D’oublier. J’accélérai le pas, descendis les escaliers quatre à quatre, surpris des regards attristés et emplis de pitié qui ne parvinrent qu’à faire grimper ma fureur encore d’un cran. Un long frisson descendit le long de mon échine, les battants de la grande porte d’entrée faillirent sauter de leurs gonds lorsque je les repoussai d’une violente décharge d’énergie. Un courant d’air glacial s’engouffra dans le hall, fouetta mon visage. J’entendis quelques hoquets derrière moi, mais les ignorai, et sprintai vers le Labyrinthe sans me retourner.

| † | † |

<=
Dernière modification par vampiredelivres le mar. 03 mars, 2020 8:56 pm, modifié 3 fois.
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1735
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Le Cycle du Serpent [I] : La Confrérie de Loki

Message par louji »

vampiredelivres a écrit :
CHAPITRE 6


Dès que la porte de la salle d’interrogatoire s’ouvrit, Selvigia me sauta presque littéralement dessus. Elle accorda à peine un regard au corps inerte effondré au sol, me tira sur le côté, tandis que les gardes affluaient dans la pièce. Deux voulurent remettre le fils de Týr sur ses pieds mais, dans son état actuel, il était incapable de tenir debout. En fait, il était à peine conscient. Paupières à peine ouvertes, cheveux crépitants, mains parcourues de tremblements sporadiques, il aurait presque fait peine à voir. S’il n’avait pas essayé de me tuer, peut-être.
— Quoi ? soufflai-je à voix basse, même si la précaution était inutile.
Pour toute réponse, elle me tendit une tablette. De celles qui étaient utilisées pour faire l’inventaire, enregistrer les déplacements et les ouvertures des portails, et Loki savait quoi d’autre encore. Celle-ci en particulier affichait actuellement les données de Séraphin. Nom, prénom, âge, Maison, taille, poids, numéro de cellule… rien de spécial, a priori. Je fronçai les sourcils. Selvie posa un ongle tout en bas de la page.
Puce : Désactivée

Je mis un moment à comprendre. La réactiver se résumait à appuyer sur un simple bouton – ce que je fis immédiatement. Mais le fait qu’elle soit désactivée et non court-circuitée voulait dire que…
— La dernière session ouverte est celle de Levi. :arrow: Y'en a un qui va s'en prendre plein la tête... :roll:
Je serrai les dents, submergée par une bouffée de rage. Avalai ma salive, fis un signe de tête aux gardes pour qu’ils ramènent mon adversaire dans son alcôve. À quatre, ils le traînèrent dehors, me laissant seule avec ma sœur.
— Tu es sûre que c’est lui ? marmottai-je, hésitant à aller l’étrangler tout de suite.
— Non. Mais… Je veux dire, il te déteste… et je l’ai rembarré…
— Je vais le tuer.
Je fis un mouvement. Un simple pas. Ma sœur m’attrapa par le bras. Une poigne ferme, solide, qui m’empêcha de foncer sur la tête blonde que je voyais dans le couloir.
— Zen. Respire. Tu peux te venger cette après-midi. Dans les règles. Là, tu ne vas que causer le foutoir.
J’écoutai ses conseils. Pris une profonde inspiration, secouai la tête pour chasser les envies de meurtre. Il allait me le payer. D’ici quelques heures…
— Par contre, faut vraiment que tu te calmes.
La douceur dans la voix de Selvigia parvint à m’apaiser. Ça, et la pression qu’elle exerçait sur mon poignet, si forte qu’elle pouvait me le démettre à chaque instant. Elle la maintint encore un instant, le temps d’être certaine que je n’allais pas foncer tête baissée, puis me relâcha. Me sourit.
— Hey. Qu’est-ce qui s’est passé ?
Je pivotai sur mes talons, avisai Adam qui pointait sa tête dans l’embrasure.
— Un incident. Rien de trop grave. Toi ?
— En fait…
Je haussai un sourcil. Une moue contrariée étira ses lèvres, il baissa les yeux.
— Il n’était plus là. J’ai vérifié tout le périmètre. Aucun signe de lui.
Je mis un certain temps à comprendre. Puis, le déclic se fit dans mon esprit, et je grinçai des dents, frustrée. Le tireur. J’aurais pu l’avoir, si Kaiser ne m’avait pas rappelée à l’ordre. J’avais un visuel sur lui. J’aurais pu attendre encore, et il serait sorti de son pentacle tout seul. J’aurais pu le cueillir, il aurait pu être dans nos prisons en ce moment même. Mais au lieu de cela, il était en liberté, dans la nature, et il mettait toute la Confrérie en danger. Plus il restait sur notre territoire et plus il pouvait transmettre d’informations à son retour chez les Thor. S’il ne le faisait pas déjà.
— La prochaine fois, grognai-je à voix basse, ordre ou pas, je ne le lâche pas.
— Désolé, marmonna Adam, piteux.
Je haussai les épaules pour lui faire signe que ce n’était pas de sa faute. Le tireur était particulièrement doué pour se camoufler en territoire ennemi. Il l’avait prouvé jusqu’à maintenant. Il évoluait sans problèmes sur notre propriété depuis Loki-savait-quand, et il ne s’était pas encore fait attraper. Preuve qu’il était trop dangereux pour continuer à le laisser vadrouiller ainsi.
Selvigia jeta un coup d’œil à son téléphone, puis, coupant court à mes réflexions, demanda :
— On y va ?
En écho à sa question, mon ventre se tordit brusquement en émettant un gargouillement plus qu’équivoque, ce qui fit sourire les deux autres. Ensemble, nous nous dirigeâmes vers les escaliers.
Parvenir jusqu’à la cafétéria fut une véritable épreuve, dans ces couloirs bondés. La cérémonie de promotion ayant lieu cet après-midi, tout Loki pouvant l’être avait été rapatrié au Manoir, ce qui causait une affluence monstrueuse. Et, évidemment, tout ce beau monde avait faim.
Mais, si faire partie de l’Élite garantissait au moins un privilège, c’était celui de ne pas avoir à faire la queue. Nous nous glissâmes le long de la longue file sans sourciller, et sans que quiconque ne fasse un seul commentaire, jusqu’à l’avant, où l’on servait aujourd’hui du hareng frit. Celui qui était censé avoir son assiette recula dès qu’il vit mon visage, me cédant la place immédiatement. Je lui adressai une ombre de sourire, remplis rapidement mon plateau et pivotai, à la recherche d’une table libre. :arrow: Comment ça me frustrerait qu'on me passe sous le nez comme ça :lol:
Second problème, qui fut très vite réglé. En voyant Sam et trois de ses amis, en train de bavarder dans un coin de la salle, je n’hésitai pas à me diriger droit vers eux.
Le silence qui se faisait sur mon passage avertit le quatuor de ce qui se passait. Mon ancien copain leva les yeux de sa discussion, sourit en me voyant arriver, et se leva. Les trois autres suivirent rapidement, déguerpirent avant même que je ne dise quelque chose, se rabattant sur des places vides laissées ça et là. Sam, lui, prit son temps.
— Ce n’est pas que je ne t’aime pas, souris-je, mais…
— Ouais, je sais. Ouste. De toute façon, je te verrai ce soir, à la fête.
Il me fit un clin d’œil, s’en alla à son tour, laissant la table libre. Je m’assis tranquillement sur la chaise qu’il venait de vider, attrapai un morceau de pain dans la corbeille. Une fois Selvigia et Adam installés à mes côtés, les murmures autour de notre table reprirent. Très vite, ils grimpèrent en intensité, jusqu’à redevenir ce brouhaha qui avait précédé notre arrivée.
— Alors ? demandai-je à Adam en attrapant ma fourchette.
Il haussa les sourcils. Je roulai des yeux, et ajoutai :
— Le tireur ?
Il poussa un soupir contrarié, et répondit :
— Kaiser aurait dû te laisser sur cette opération. Je me serais débrouillé avec ton prisonnier.
— Je n’en doute pas ! se moqua Selvigia.
Il était bien connu au Manoir qu’Adam était bien meilleur dragueur que tortionnaire. Mais il ignora la pique.
— Je suis allé voir l’endroit dont tu m’avais parlé, à l’angle. J’ai trouvé le pentacle, des traces de pas, mais il est passé par le chemin principal et j’ai perdu sa trace.
Merde ! grinçai-je sans néanmoins le dire tout haut. Le pire, c’était que s’il osait s’aventurer sur le chemin principal, il était vraiment sûr de ses capacités. À peine inquiet d’être éventuellement démasqué.
— Bon, on s’en fout pour l’instant, coupa Selvie, une pointe de triomphe dans la voix. L’important, c’est que je passe dans l’Élite de la Confrérie !
Je souris, tendis une main pour qu’elle m’en tape cinq, ce qu’elle fit avec un sourire éclatant. L’Élite, comme son nom l’indiquait, rassemblait les trois meilleurs agents de notre famille, jugés sur le plan magique uniquement. C’était une place à la fois enviée et détestée. Une gloire, parce que nous représentions les plus forts, « les imbattables », et une exclusion pour la même raison. Quoique, je n’avais jamais réellement éprouvé l’impression de faire partie d’un groupe, même en travaillant avec les agents normaux, petite. Ce n’était qu’en intégrant l’Élite, quatre ans auparavant, que j’avais eu le sentiment d’avoir trouvé ma place. Et encore.
— Ça commence quand ?
Je jetai un coup d’œil à ma montre, et constatai avec surprise qu’il était une heure moins le quart. Or la cérémonie commençait précisément à une heure.
— Dans quinze minutes, annonçai-je en avalant une bouchée de poisson.
Quinze minutes. Les envies de meurtre m’avaient quittée, mais j’avais la ferme intention de faire payer à Levi ce qu’il m’avait fait. Ça, et la mort de Gimöd Kaltdjis, avec quelques années de retard. Le pauvre fils de Njörd :arrow: J'ai terminé MC3, alors je ne peux pas m'empêcher d'imaginer un papy marin avec de magnifiques pieds :lol: aurait peut-être pu finir au Valhalla, si Levi ne l’avait pas abattu à distance, avec un fusil de précision, trop lâche pour se porter au corps à corps. Il méritait d’être puni. Et l’humiliation publique me paraissait désormais presque trop gentille.

| † | † |


— Prêts ?
Hochements de tête. Kaiser sourit, disparut derrière le rideau, installé à la hâte, qui faisait office de coulisses pour la grande arène. Brièvement, j’eus un aperçu des gradins, bruyants, grouillants de monde, qui s’apaisèrent progressivement avec l’entrée en scène de la commandante. Je reportai mon regard sur Adam. Il avait les yeux turquoise inhérents à son héritage de fils de Loki, et des cheveux bruns qui avaient la particularité d’être incoiffables, d’après ce qui se disait. Au vu de l’apparence de sa tignasse, je n’avais jamais essayé de démentir cette affirmation. Ses traits, lisses et harmonieux, étaient parfaitement détendus. C’était sa troisième cérémonie, et, contrairement à la dernière fois, il ne risquait pas de régresser. Il n’y avait personne d’assez fou pour le défier.
Il s’était négligemment appuyé contre le mur. Pour l’occasion, il avait enfilé sa tenue d’apparat, tout comme Selvie et moi. La sienne se composait d’une armure sobre et d’une cape grise retenue par une broche argentée, Selvigia avait une cape couleur ocre sombre et une broche en bronze, et mon armure en cuir noir, identique à la leur, était complétée par une cape blanche et une broche d’or. Je jetai un coup d’œil aux mains de mon frère. Elles reposaient contre le marbre noir ; il ne faisait aucun geste. Mes propres doigts tapotaient nerveusement le bois de la chaise sur laquelle j’étais assise. Lui n’avait pas à s’inquiéter. Il était le plus populaire de nous trois, la seule chose qui risquait de lui arriver était de se faire applaudir. J’avais moi-même fait les frais de cette popularité durant mes premiers mois en tant que seconde meilleure, lorsque je l’avais détrôné.
La voix de Kaiser s’éleva, claire et précise, à travers le rideau, débutant la cérémonie. Dans l’arène, un silence absolu était tombé. Je fermai les yeux, me laissai emporter par la voix hypnotique de notre commandante.
— La mort au combat d’Ekrest d’Aube-Court, premier Élite, est un tragique évènement. Il est tombé le premier avril, en affrontant un fils de Thor. Ses funérailles auront lieu demain, et elles seront présidées par Lilith Síverdín, sa dernière élève.
Pause. J’inspirai profondément, chassai les larmes qui menaçaient de perler, tenaillée par la douleur.
— Mais, dans la continuité du cycle, de nouveaux Loki sont appelés à prendre part au combat, et à représenter la Confrérie. Ainsi, en tant que troisième Élite, j’appelle Selvigia Kaldtjis. Selon la tradition, quiconque a le droit de la défier s’il s’estime plus légitime à ce rang. S’il le désire, qu’il s’avance. Maintenant.
Selvigia avait carré les épaules lorsque Kaiser avait mentionné le cycle. À l’appel de son nom, elle s’était avancée sur l’estrade d’un pas assuré – même si j’avais vu le bout de ses doigts tremblotter. Il n’y eut pas un murmure. Je souris, rassurée. De nous trois, c’était elle qui risquait probablement le plus d’être défiée. Mais, au vu de la réaction de la foule, c’était gagné d’avance. Après tout, le classement mentait rarement.
Adam s’étira nonchalamment, jeta un coup d’œil à mes ongles qui tapaient encore contre le mur, esquissa un sourire en coin. Avec la petite nuance provocatrice qu’il avait mis dedans, j’hésitai brièvement à lui coller mon point :arrow: poing ^^ dans la figure, mais décidai finalement de m’en abstenir. Il serait mal vu s’il montait sur l’estrade avec le visage ensanglanté, le pauvre.
— En tant que second Élite, j’appelle Adam Kaiser :arrow: Ah ? Ah ? Ah, mais j'avais pas suivi ça, moi ! :lol: Parenté à la directrice ? :D . Selon la tradition, quiconque a le droit de le défier s’il s’estime plus légitime à ce rang. S’il le désire, qu’il s’avance. Maintenant.
Un murmure secoua la foule, mais là encore, il n’y eut aucun mouvement dans les gradins. Je me relevai, prête à en découdre. Instinctivement, je vérifiai une dernière fois mon apparence dans le miroir posé tout près. Parfait. J’inspirai profondément.
— En tant que première Élite et représentante officielle de la Confrérie, j’appelle Lilith Síverdín.
Le sort, je l’avais revu maintes et maintes fois. C’était une petite touche personnelle, inhabituelle, dans la tradition morne de la cérémonie. Je tendis les mains devant moi, fermai les yeux. Une puissante onde de choc naquit entre mes doigts, fit vibrer l’air tout autour, rejetant les rideaux sur le côté. Dans le silence de mort qui était tombé, je m’avançai triomphalement. Et, pour la première fois, Kaiser marqua un temps d’arrêt avant de reprendre.
— Selon la tradition, quiconque a le droit de le :arrow: au masculin ? défier s’il s’estime plus légitime à ce rang. S’il le désire, qu’il s’avance. Maintenant.
Si j’étais nerveuse – et, il fallait bien l’admettre, légèrement agoraphobe – je n’en laissai rien paraître. Sur la façade lisse que je m’étais composée, je me permis même un léger sourire impertinent, assuré, et fis fis courir mon regard sur les gradins, jusqu’à localiser une touffe blonde. Levi. Celui-ci me fixa droit dans les yeux, et secoua imperceptiblement la tête. Je haussai un sourcil, provocatrice, et je glissai une œillade moqueuse en direction de la commandante. Son visage se décomposa en un instant. Pâle comme un linge, il se leva. L’étincelle de combativité avait déserté ses yeux. Des murmures surpris s’élevèrent autour de lui.
— Moi, déclara-t-il d’un ton faussement assuré.
Je ne fus pas la seule à déceler le léger tremblement de sa voix. Mais il ne se défila pas, et se dirigea vers les escaliers. Pendant qu’il descendait les marches qui menaient à l’arène, je scannai la foule. Tout le monde semblait le prendre pour un fou. Ce qui n’était pas faux. Je souris intérieurement, amusée par la situation délicate dans laquelle il se trouvait. Lorsqu’il atteignit enfin le sable de l’arène, je sautai souplement de l’estrade, allai me placer face à lui, et m’inclinai, un rictus narquois uniquement visible pour lui aux lèvres. Il me rendit mon salut, crispé, regard fuyant et frustré. Le voyant aussi nerveux, pris au piège, mes derniers restes d’angoisse s’évaporèrent. Je pris une longue inspiration, soufflai, me remémorant les conseils d’Ekrest. Souris, apaisée.
— Le vainqueur de cette compétition prend le titre de premier Élite et représentant officiel de la Confrérie. Le sort du perdant repose entre ses mains.
Kaiser venait de parler. Sa voix portait sans effort dans le lourd silence qui nous avait englués. Nous hochâmes tous deux la tête.
— Commencez.
Je passai une main dans mes cheveux, parfaitement détendue. Les tournois de rang étaient une compétition magique entre deux membres de la Confrérie. Il s’agissait de montrer l’étendue de ses pouvoirs, de prouver qu’ils étaient supérieurs à ceux de l’autre. En théorie, c’était tout bête, et il n’y aurait dû y avoir aucun souci. Mais la magie était fluctuante et aléatoire, et tout pouvait parfois arriver. Y compris des transformations irréversibles, de nombreux accidents, et quelques morts de temps à autre.
Je commençai doucement. Métamorphose élémentaire. Je modifiai uniquement la couleur et la longueur de mes cheveux. Levi m’imita, poussant un peu le changement de son côté. Sa peau prit une teinte chocolat, tout comme ses cheveux. Sa carrure changea. J’esquissai un sourire, projetai des étincelles autour de moi. Le scintillement suffit à distraire tout le monde. Discrètement, je fis quelques gestes précis avec mes doigts, murmurant à toute vitesse une incantation rituelle. Et, à la vue de tous, je disparus.
Levi fit une grimace apparente, et adopta une position précise. J’analysai rapidement sa gestuelle, compris en un instant. Il préparait un sort de révélation. Trop lent, trop fastidieux. Je faillis ricaner. Masquée derrière mon bouclier d’invisibilité, je me transformai en moineau. Le bouclier, qui me moulait comme une seconde peau, me suivit alors que je me déplaçais à l’autre bout de l’arène sans qu’un seul grain de sable ne bouge, et je me métamorphosai à nouveau en humaine, en profitant pour redevenir visible. Au même moment, Levi lança son sort à l’endroit où je me tenais précédemment. Rien ne se passa pour lui. Mais les hoquets de stupeur des spectateurs qui me virent apparaître suffirent à lui faire tourner la tête. Ses yeux s’écarquillèrent, il grimaça ostensiblement, enchaîna sur une nouvelle série de gestes. Et je ne tardai pas à faire de même.
L’affrontement se déroulait en silence, rythmé par les différentes actions de chacun. Nous passâmes par les invocations instantanées, la magie élémentale, rituelle, et Levi sortit même un jeu de runes à un certain moment. Mais au bout d’une quinzaine de minutes, cela n’eut plus d’importance. Parce que j’avais décidé d’en finir.
Je levai les mains. Une brume turquoise pâle s’en échappa, s’épaississant de seconde en seconde, recouvrant peu à peu tout l’espace. En quelques secondes, je ne voyais plus à deux mètres. J’inspirai profondément, songeant à Ekrest. Il avait, à ma connaissance, été le seul Loki vivant à réussir la transformation que je m’apprêtais à essayer. Je ne m’y étais jamais risquée jusque là, les risques de combustion spontanée étant bien trop importants. :arrow: Ah. C'est problématique, en effet :lol:
Je fermai les yeux, chassai de mon esprit toute réflexion qui aurait pu me perturber. J’oubliai Levi, Kaiser, la mort d’Ekrest, le tireur embusqué quelque part sur les terres du Manoir. Tout disparut, resta une seule image : Ekrest, dans un déluge de flammes. J’élevai la main. Une fine couche protectrice de ma conception – une version retouchée de celle que mon mentor m’avait enseignée – recouvrit l’ensemble de mon corps et de mes vêtements. C’était une sensation étrange, à peine perceptible, comme de l’eau coulant sur ma peau nue. Désagréable pour la phobique de l’eau que j’étais. J’ignorai mon instinct, m’appliquai à fignoler ma couverture magique.
Ensuite, je créai deux flammes dans le creux de mes mains, et les alimentai. Ondulantes, elles remontèrent le long de mes bras, atteignirent mes épaules, s’enroulèrent autour de mon corps comme des serpents. Elles dansaient sur ma peau sans me faire de mal, grâce à ma protection, ne distillant rien de plus qu’une agréable chaleur. Je rouvris les yeux un court instant. Un voile orangé mouvant, presque opaque, m’empêchait de voir ne serait-ce que le bout de mon nez. Pour l’instant, tout se passait bien. Mais on arrivait à la partie la plus compliquée : la transformation.
Je laissai le souvenir de ma première métamorphose complète affleurer dans mon esprit, m’arrachant à moi-même un sourire amusé. J’avais dû réessayer trois fois avant de parvenir au bon résultat. Aujourd’hui, je m’attaquais au niveau supérieur. Il fallait que je garde le contrôle sur bon nombre de paramètres qui étaient totalement insignifiants dans une transformation normale. La température du corps et l’apparence étaient primordiaux. Mais surtout, il fallait que je garde mon bouclier. Sinon, le feu me consumerait.
Mise en confiance par le sourire approbateur d’Ekrest qui avait suivi ma première réussite, je fermai les yeux, et me laissai couler dans mon nouveau corps. Ma peau s’étira, des os se déplacèrent sans que je ne ressente aucune douleur. Sur chaque main, mes doigts se fondirent en un seul. Mes pieds raccourcirent ; je griffai le sable de mes serres. Mon visage s’allongea, mon nez et ma bouche fusionnèrent en un long bec pointu.
Dans le même temps, mon bouclier s’affina. Les flammes sur ma peau devinrent brûlantes. Je claquai du bec, bloquant la nervosité qui aurait pu tout faire échouer, luttant pour maintenir la fine pellicule magique en place.
Et, brusquement, mes paupières s’ouvrirent. Je cessai de ciller, étendis mes nouvelles ailes, déployant un plumage flamboyant littéralement, entouré d’un halo de lumière. Quelques battements suffirent pour dissiper la brume que j’avais formée jusque là. Je fixai l’assemblée de mes yeux de rapace, brassant lentement l’air pour me maintenir en hauteur, flammes dansant le long de mon corps.
Un phénix. :arrow: Tellement classe 8-) En vrai, tu as très très mis en scène la transformation, on sait en quoi elle se transforme, et, pourtant, on attend que le moment où elle va enfin dire ce mot pour clore sa métamorphose en beauté :D
Une immense clameur d’admiration s’éleva, véritable tempête d’acclamations et d’applaudissements qui secoua les gradins. Tout le monde était debout, tout le monde hurlait et tapait dans ses mains. Même Kaiser affichait un air impressionné de circonstance qui me ravit au plus haut point. Je poussai un cri aigu, triomphal, regard braqué sur Levi, qui tressaillit, et recula précipitamment.
Le retour fut bien plus simple. Quelques secondes supplémentaires suffirent pour que je récupère ma forme humaine, fasse disparaître la fournaise autour de moi, et dissipe le bouclier contre la chaleur que j’avais formé. Et, en digne diva que j’étais, je m’inclinai profondément devant la foule qui scandait mon nom. Tête basse, masquée derrière un rideau de cheveux noirs, je m’autorisai à laisser couler une larme solitaire, en mémoire de mon mentor, submergée par une vague de gratitude aussi puissante qu’impossible à exprimer. Même si mes flammes étaient éteintes, j’avais l’impression de me consumer toute entière. Et je ne savais pas si c’était de tristesse ou de fierté. :arrow: Waouh, c'était beau.
Kaiser, debout à côté de l’estrade, cherchait à accrocher mon regard. Dès qu’elle y fut parvenue, elle ne me lâcha plus. Je me soumis à l’inspection sans broncher, les yeux encore humides, un sourire aux lèvres. Elle leva une main, sans me lâcher des yeux. Un fin ruban de brume turquoise, immatériel, s’échappa de ses doigts, vint dessiner des arabesques au-dessus de nos têtes, inscrivant un mot dans le ciel. « Silence. »
Cependant, le tumulte ne se dissipa pas immédiatement pour autant. Il fallut une bonne minute pour que tout le monde se calme, s’asseye à nouveau. Dès que ce fut le cas, la commandante reprit en main la cérémonie, imperturbable. Impressionnée, mais imperturbable.
— Lilith sort vainqueur de l’affrontement. Le choix t’appartient.
Levi s’était retranché presque à l’autre bout de l’arène, terrifié par la puissance que je venais de manifester. Le phénix était la transformation la plus complexe possible, réalisée uniquement par les meilleurs. Moi-même, j’étais encore stupéfaite de l’avoir réussie. Mais l’heure du jugement avait sonné pour lui.
Malgré la promesse que je lui avais faite quelques jours plus tôt, celle de ne pas le tuer, l’éclat de peur au fond de ses yeux était indéniablement présent. Seuls ceux qui ont quelque chose à se reprocher ont peur du jugement dernier, avait un jour dit mon mentor adoré. Levi, à l’heure actuelle, avec ses pupilles étrécies et ses yeux écarquillés, avait l’air tout sauf innocent. Mais, selon la tradition, il fut contraint d’avancer jusqu’à moi. De faire face à son sort. Il ne pouvait pas faire autrement, n’avait pas le choix.
Je fis apparaître Svärt Angel, jetai un coup d’œil à Selvigia, cherchant son approbation. Elle me rendit mon regard, impassible, scellant le sort de Levi en un accord commun, muet. Ce serait une juste vengeance. Je levai mon épée, calme, apaisée.
Si tu décides de le tuer, offre-lui une mort digne. Rapide, efficace. Pas de bavures.
Ma lame siffla, en écho aux mots d’Ekrest. Parée à l’impact entre les os et le fil aiguisé, je me tendis, mon regard planté dans celui de mon demi-frère, qui ne reflétait que terreur, stupeur et incompréhension.

— Arrête.
La voix, claire, posée, était chargée d’une telle autorité que je stoppai mon geste sur-le-champ. Svärt Angel s’immobilisa à quelques millimètres de la jugulaire de Levi. Qui cilla, mais ne bougea pas d’un cheveu. J’avalai ma salive, tournai la tête. Au milieu de l’estrade, dans un tourbillon de brume, se matérialisait une figure bien trop connue. Pommettes hautes et regard vif, cheveux roux sombres, tenue sobre mais élégante. Loki, dans toute sa splendeur.
Pour une fois, son visage n’était pas vraiment masculin. Ni féminin, en fait. Androgyne, un mélange parfait entre les deux, représentation de sa dualité. Père pour certains d’entre nous, mère pour d’autres.
Il me coula un regard. Une petite flamme froide brillait au fond de ses iris. Une nuance que je ne lui avais jamais vue, pas lorsqu’il s’adressait à moi, en tout cas : de l’impatience. Je reculai d’un pas, fis disparaître mon épée. Mais il me fixait toujours. Il attendait autre chose. Je me mordis les lèvres, allai me planter entre lui, Selvigia et Adam, à la place qui me revenait. Première Élite de la Confrérie.
Loki détourna les yeux, accrocha le regard de Levi. Je ne compris pas vraiment quel genre de courant passait entre eux. Rien de tangible ou de matériel. Mais, tout comme j’avais instinctivement compris ce qu’on attendait de moi, Levi se releva, grimpa sur l’estrade, se plaça à la droite de son père et, sans mot dire, la commandante se glissa à côté de lui. Nous ne formions plus qu’une longue file face à la foule. Selvie, Adam, moi, Loki, Levi, Kaiser. Nos déplacements avaient duré moins de cinq secondes au total. Et tout le monde nous fixait.
— L’heure approche, déclara Loki d’une voix claire. Bientôt viendra le dernier affrontement. Vous avez devant vous vos leaders : Lilith, Adam, Selvigia, qui forment votre Élite, Synnöve…
Je crus distinguer une pointe de sarcasme dans le ton, mais je n’aurais pas pu en être certaine. J’avais l’estomac noué, pour une raison qui m’échappait totalement. J’avalai difficilement la salive, attendant et redoutant en même temps la suite.
— … votre commandante, et Levi. L’Élu.
Je plongeai au fond d’un abysse d’horreur absolue lorsque huit cent Loki de pur sang, descendants directs du dieu, s’agenouillèrent dans un même mouvement. Le rêve et la gloire viraient au cauchemar. Ce n’était pas une promotion qu’on venait de m’offrir. C’était un aller simple pour le gouffre de la déchéance. Un chemin sans retour.
Une goutte de sang perla sur ma lèvre inférieure. Je tournai imperceptiblement la tête à gauche, croisai le regard atterré de Selvigia et celui, choqué, d’Adam. À droite, l’air stupéfait de Levi aurait valu tout l’or du monde, s’il n’y avait pas eu le visage neutre et tranquille de Synnöve Kaiser à côté de lui.
« L’heure est venue. »
Je compris. Trop tard.
J’avais participé à l’ascension fulgurante de la personne que je détestais le plus au sein du Manoir. Inconsciemment, j’avais provoqué sa nomination. Et, pire, je m’étais ridiculisée devant toute la Confrérie. Parce que je serais bientôt connue uniquement comme celle qui avait failli tuer l’Élu. Levi allait en faire tout un drame, je le voyais déjà venir. Mais, contrairement à moi, sa parole serait appuyée par la décision de Loki.
La haine, meurtrière, dévastatrice, qui m’enserra brièvement le cœur dut transparaître sur mon visage. Je serrai les poings, tremblante, alors que les lèvres de Levi s’étiraient vers le haut. Peu à peu, son sourire s’affirma. D’abord hésitant, puis plus assuré. Heureux. Triomphant.
Et mon cauchemar prit du relief alors que je réalisais lentement, tout comme lui, ce que sa nomination impliquait. J’allais devoir acquiescer. Détourner les yeux, baisser la tête. Le voir gagner tous les honneurs. Me faire éclipser. Me laisser éclipser.
Le venin de la rancœur se déversa dans mes veines, dévorant tout sur son passage, ne laissant derrière lui qu’une acide et douloureuse vérité.
Cette place aurait dû être mienne.

Oh. Oh. OK, je m'y attendais, mais, alors, pas du tout. Quel retournement de situation ! Bravo, tu m'as juste scotchée face à mon écran là :lol: Mais noooon... Lily le méritait ! C'est quoi cette histoire ? Quelle arnaque !

| † | † |


— Si c’était une blague, elle était de très mauvais goût.
Assise dans le grand bureau meublé de roux, dos à la fenêtre qui donnait sur Labyrinthe, je faisais de mon mieux pour garder mon calme. Et, malheureusement, mes méthodes n’étaient plus vraiment efficaces. Je me sentais sur le point de craquer. Pour peu, j’aurais pu mordre.
— Ai-je l’air de plaisanter ? rétorqua Kaiser.
— Un peu, oui… répliquai-je, fielleuse.
Les regards de Selvigia et d’Adam faisaient des allers-retours entre Kaiser et moi, comme s’ils suivaient un match de tennis. Ce qui, en soi, aurait pu être le cas. J’inspirai profondément par le nez, songeai à Ekrest, qui m’aurait conseillé des séances de yoga. C’était sa manière à lui de faire de l’ironie, puisqu’il savait que je détestais ça.
— Tu es devenue bien mauvaise juge d’humeur, alors…
Si j’avais été fielleuse, le ton de Kaiser dégoulinait de miel. Et de sarcasme. Une fausse sympathie qui me donna l’impression que j’avais avalé une fiole d’acide – sensation bien trop familière pour être agréable.
— Je suis meilleure. Il n’a absolument pas les compétences nécessaires, n’a pas suivi la formation d’Élite.
— Je suis quatrième dans le classem…
Ta gueule, abruti, :arrow: C'était magnifique. jappai-je, agacée. On ne t’a pas sonné.
Probablement encore habitué à m’écouter aboyer des ordres et l’insulter de tous les noms d’oiseaux que je connaissais, Levi se tut. Loki en soit remercié, il ne comprenait pas encore les implications de son titre. Pas totalement. Ça n’allait pas tarder.
— Pense à t’excuser audit « abruti » juste après cette conversation, d’ailleurs… glissa Kaiser avec à-propos.
— Et pourquoi donc ?
— Parce que c’est ton Élu.
Le sérieux dans la voix de la commandante m’ébranla profondément. Bien plus que je ne me permis de le montrer. La décision de Loki était absconse. Stupide. Irrationnelle. Aberrante. N’importe qui aurait plus mérité ce titre que Levi, Selvigia et Adam en tête de liste, si l’on m’excluait, moi. Kaiser aurait pu être l’Élue. Même Sam avait plus d’honneur que ce crétin de blondinet, qui venait actuellement d’empocher le jackpot divin. La place la plus convoitée des Neuf Mondes. L’honneur ultime qui pouvait être accordé au descendant d’un dieu.
Levi.
Élu.
Quelle vaste blague.
— Il n’a pas le dixième de ma puissance. Comment pourrait-il…?
— Il a prouvé sa loyauté bien plus souvent que toi.
Je fronçai les sourcils, devinant les implications de la tournure de phrase. J’étais la plus jeune de ma fratrie. Certes. Et alors ?
— J’ai donné quinze ans de ma vie. :arrow: Elle est à la Confrérie depuis 15 ans, c'est ça ? C'est pas parce qu'elle a 15 ans, rassure-moi ?
— Je suis là depuis le triple.
— Je ne t’ai toujours pas sonné, grognai-je à l’intention du blond sans lâcher le regard de Synnöve Kaiser.
— Et je ne t’ai pas demandé la permission de parler, rétorqua-t-il. Ça te dérange ?
Oh, par Loki…
Le match de tennis qu’Adam et Selvigia suivaient sans intervenir se reporta sur un autre terrain. Bien plus glissant et dangereux. Ma sœur et meilleure amie se tendit imperceptiblement, mais ne pipa mot. J’étais la seule à oser protester ouvertement. Probablement parce que mes exploits, depuis mon arrivée dans la famille, m’assuraient de ne pas être mutée aux archives sur-le-champ.
— Oui. Parce que tu n’as rien fait pour mériter cet honneur.
— Parce que tu crois que toi, oui ?
— Contrairement à toi, j’enchaîne les missions. En quinze ans, j’ai fait ce que tu as fait en cinquante. Et je suis la plus puissante, tu te rappelles ?
De minces flammèches dansèrent le long de mes doigts ; j’esquissai un sourire provocateur. Levi pâlit à l’évocation du phénix, mais resta campé sur ses positions.
— Apparemment, ce n’est pas ce qui compte pour Mère.
— Peut-être que c’est la lâcheté et les coups dans le dos, alors ? Ça, c’est ta spécialité, non ? Incapable de faire face à sa sœur. Incapable d’affronter un ennemi en face. Effectivement, tu donnes un bel exemple…
— Au moins mes adversaires seront obligés de marcher à nos côtés le jour du Ragnarök, et ne seront pas des Einherjars !
Le pire était qu’il n’avait pas tort là-dessus. Je n’aimais pas tuer à distance. Une conséquence de l’enseignement d’Ekrest, probablement, qui considérait cela comme peu honorable. Mais, de l’autre côté, cela permettait à mes ennemis de gagner la Valhalla et de revenir m’affronter au Ragnarök. Stratégiquement, ce n’était pas la meilleure idée des Neuf Mondes.
— Ça suffit, intervint Kaiser. Levi a été nommé.
J’eus l’impression de me heurter à un mur ; l’air fut expulsé de mes poumons. C’était l’autorité suprême qui en avait décidé. Et elle demandait le respect qui lui était dû.
— Mais ce n’est…
— Cette discussion est close, Lilith.
— Je ne…
— Close, répéta-t-elle, avec plus de fermeté dans la voix.
Réduite au silence, je me mordis les lèvres. Si j’avais pu détruire ses meubles à coups de pied furieux, je ne m’en serais pas privée. Et les basses profondes qui vibraient à l’étage juste au-dessus n’aidaient en rien à me calmer. Déjà, on célébrait les nominations. Déjà, c’était officiel. Je n’avais pas mon mot à dire. Et cette injustice criante m’étouffait lentement. Me consumait.
— Ne comptez pas sur moi pour travailler avec lui, finis-je par gronder.
Pour la première fois, l’expression de Kaiser devint franchement menaçante. Sa voix s’éleva, sifflante, comme celle d’un serpent, insidieusement agressive.
— Tu feras ce qu’il faut dans l’intérêt de la Confrérie.
Je plantai mon regard dans le sien. Mais ses yeux turquoise étaient si ombrageux que je dus tourner la tête. Je me mordis les lèvres. Et, n’y tenant plus, je bondis sur mes pieds et fusai, hors de la pièce, vers les couloirs, sans demander mon reste. Mon cœur battait à un rythme effréné, mes mains tremblaient. Un long frisson descendit le long de mon échine. J’avais besoin de me vider. D’oublier. J’accélérai le pas, descendis les escaliers quatre à quatre. En passant devant le secrétariat, je surpris l’air attristé de Sylvia, ce qui ne parvint qu’à faire grimper ma fureur encore d’un cran. Les battants de la grande porte d’entrée faillirent sauter de leurs gonds lorsque je les repoussai d’une violente décharge d’énergie. Un courant d’air glacial s’engouffra dans le hall, fouettant mon visage. J’entendis quelques hoquets derrière moi, mais les ignorai, et sprintai vers le Labyrinthe sans me retourner.

| † | † |
Hello ! :)

C'est tellement frustrant de savoir que l'intrus s'est enfui alors que Lilith l'avait trouvé x') C'était plus important de le surveiller que d'aller répondre aux ordres, rho :lol:

Je le sentais venir l'affrontement entre Lily et Levi :twisted: Il est très classe, d'ailleurs. Même si j'arrive toujours à éprouver de colère ou d’inimitié pour lui, je sais pas pourquoi :roll:

La vache, tu nous fais faire l'ascenseur émotionnel là :o Entre le combat trop stylé, la mémoire d'Ekrest, le pouvoir de la foule, la mort imminente de Levi, puis l'apparition de Loki, sa révélation sur l'Elu... On respire plus ! :D

Ben dis donc, il était... intense ce chapitre :shock: Je suis aussi mortifiée que Lily du déroulement de la cérémonie... Mais, bon, il doit bien y avoir quelque chose qui se trame en arrière-plan... :D Je me demande ce que Loki a prévu pour Lilith !
Et, surtout, j'ai pas du tout envie de voir Levi ordonner ou contrôler Lilith grâce à son titre :evil:

Encore un très bon chapitre, avec ton écriture toujours très sympa, rythmée, qui s'adapte en fonction des passages...

A bientôt ;)
vampiredelivres

Profil sur Booknode

Messages : 2887
Inscription : dim. 03 févr., 2013 3:54 pm

Re: Le Cycle du Serpent [I] : La Confrérie de Loki

Message par vampiredelivres »

louji a écrit :
CHAPITRE 6


Je mis un moment à comprendre. La réactiver se résumait à appuyer sur un simple bouton – ce que je fis immédiatement. Mais le fait qu’elle soit désactivée et non court-circuitée voulait dire que…
— La dernière session ouverte est celle de Levi. :arrow: Y'en a un qui va s'en prendre plein la tête... :roll: Hihihi ! :lol:
Je serrai les dents, submergée par une bouffée de rage. Avalai ma salive, fis un signe de tête aux gardes pour qu’ils ramènent mon adversaire dans son alcôve. À quatre, ils le traînèrent dehors, me laissant seule avec ma sœur.

Mais, si faire partie de l’Élite garantissait au moins un privilège, c’était celui de ne pas avoir à faire la queue. Nous nous glissâmes le long de la longue file sans sourciller, et sans que quiconque ne fasse un seul commentaire, jusqu’à l’avant, où l’on servait aujourd’hui du hareng frit. Celui qui était censé avoir son assiette recula dès qu’il vit mon visage, me cédant la place immédiatement. Je lui adressai une ombre de sourire, remplis rapidement mon plateau et pivotai, à la recherche d’une table libre. :arrow: Comment ça me frustrerait qu'on me passe sous le nez comme ça :lol: Tu m'étonnes ! XD Après, c'est les privilèges de l'Élite…
Second problème, qui fut très vite réglé. En voyant Sam et trois de ses amis, en train de bavarder dans un coin de la salle, je n’hésitai pas à me diriger droit vers eux.

Quinze minutes. Les envies de meurtre m’avaient quittée, mais j’avais la ferme intention de faire payer à Levi ce qu’il m’avait fait. Ça, et la mort de Gimöd Kaltdjis, avec quelques années de retard. Le pauvre fils de Njörd :arrow: J'ai terminé MC3, alors je ne peux pas m'empêcher d'imaginer un papy marin avec de magnifiques pieds :lol: En fait, je me rends compte que je me contredis tout le temps avec Gimöd… dans ma tête, il est fils de Tyr, mais sur papier, je le mets fils de Njörd… Je ne me comprends pas. :lol: aurait peut-être pu finir au Valhalla, si Levi ne l’avait pas abattu à distance, avec un fusil de précision, trop lâche pour se porter au corps à corps. Il méritait d’être puni. Et l’humiliation publique me paraissait désormais presque trop gentille.

| † | † |


Adam s’étira nonchalamment, jeta un coup d’œil à mes ongles qui tapaient encore contre le mur, esquissa un sourire en coin. Avec la petite nuance provocatrice qu’il avait mis dedans, j’hésitai brièvement à lui coller mon point :arrow: poing ^^ Oulààààà…… dans la figure, mais décidai finalement de m’en abstenir. Il serait mal vu s’il montait sur l’estrade avec le visage ensanglanté, le pauvre.
— En tant que second Élite, j’appelle Adam Kaiser :arrow: Ah ? Ah ? Ah, mais j'avais pas suivi ça, moi ! :lol: Parenté à la directrice ? :D Exactement, son fils, plus exactement ^-^. Selon la tradition, quiconque a le droit de le défier s’il s’estime plus légitime à ce rang. S’il le désire, qu’il s’avance. Maintenant.
Un murmure secoua la foule, mais là encore, il n’y eut aucun mouvement dans les gradins. Je me relevai, prête à en découdre. Instinctivement, je vérifiai une dernière fois mon apparence dans le miroir posé tout près. Parfait. J’inspirai profondément.
— En tant que première Élite et représentante officielle de la Confrérie, j’appelle Lilith Síverdín.
Le sort, je l’avais revu maintes et maintes fois. C’était une petite touche personnelle, inhabituelle, dans la tradition morne de la cérémonie. Je tendis les mains devant moi, fermai les yeux. Une puissante onde de choc naquit entre mes doigts, fit vibrer l’air tout autour, rejetant les rideaux sur le côté. Dans le silence de mort qui était tombé, je m’avançai triomphalement. Et, pour la première fois, Kaiser marqua un temps d’arrêt avant de reprendre.
— Selon la tradition, quiconque a le droit de le :arrow: au masculin ? Damn… :oops: Mais vu qu'elle est une enfant de Loki, donc métamorphe et potentiellement transgenre… ça pourrait passer XD défier s’il s’estime plus légitime à ce rang. S’il le désire, qu’il s’avance. Maintenant.

Je levai les mains. Une brume turquoise pâle s’en échappa, s’épaississant de seconde en seconde, recouvrant peu à peu tout l’espace. En quelques secondes, je ne voyais plus à deux mètres. J’inspirai profondément, songeant à Ekrest. Il avait, à ma connaissance, été le seul Loki vivant à réussir la transformation que je m’apprêtais à essayer. Je ne m’y étais jamais risquée jusque là, les risques de combustion spontanée étant bien trop importants. :arrow: Ah. C'est problématique, en effet :lol: Un tout petit peu :mrgreen:

Dans le même temps, mon bouclier s’affina. Les flammes sur ma peau devinrent brûlantes. Je claquai du bec, bloquant la nervosité qui aurait pu tout faire échouer, luttant pour maintenir la fine pellicule magique en place.
Et, brusquement, mes paupières s’ouvrirent. Je cessai de ciller, étendis mes nouvelles ailes, déployant un plumage flamboyant littéralement, entouré d’un halo de lumière. Quelques battements suffirent pour dissiper la brume que j’avais formée jusque là. Je fixai l’assemblée de mes yeux de rapace, brassant lentement l’air pour me maintenir en hauteur, flammes dansant le long de mon corps.
Un phénix. :arrow: Tellement classe 8-) En vrai, tu as très très mis en scène la transformation, on sait en quoi elle se transforme, et, pourtant, on attend que le moment où elle va enfin dire ce mot pour clore sa métamorphose en beauté :D Contente que mon effet soit réussi :)
Une immense clameur d’admiration s’éleva, véritable tempête d’acclamations et d’applaudissements qui secoua les gradins. Tout le monde était debout, tout le monde hurlait et tapait dans ses mains. Même Kaiser affichait un air impressionné de circonstance qui me ravit au plus haut point. Je poussai un cri aigu, triomphal, regard braqué sur Levi, qui tressaillit, et recula précipitamment.
Le retour fut bien plus simple. Quelques secondes supplémentaires suffirent pour que je récupère ma forme humaine, fasse disparaître la fournaise autour de moi, et dissipe le bouclier contre la chaleur que j’avais formé. Et, en digne diva que j’étais, je m’inclinai profondément devant la foule qui scandait mon nom. Tête basse, masquée derrière un rideau de cheveux noirs, je m’autorisai à laisser couler une larme solitaire, en mémoire de mon mentor, submergée par une vague de gratitude aussi puissante qu’impossible à exprimer. Même si mes flammes étaient éteintes, j’avais l’impression de me consumer toute entière. Et je ne savais pas si c’était de tristesse ou de fierté. :arrow: Waouh, c'était beau.

| † | † |



— Je suis meilleure. Il n’a absolument pas les compétences nécessaires, n’a pas suivi la formation d’Élite.
— Je suis quatrième dans le classem…
Ta gueule, abruti, :arrow: C'était magnifique. On aime Lilith ! :lol: jappai-je, agacée. On ne t’a pas sonné.
Probablement encore habitué à m’écouter aboyer des ordres et l’insulter de tous les noms d’oiseaux que je connaissais, Levi se tut. Loki en soit remercié, il ne comprenait pas encore les implications de son titre. Pas totalement. Ça n’allait pas tarder.

Je fronçai les sourcils, devinant les implications de la tournure de phrase. J’étais la plus jeune de ma fratrie. Certes. Et alors ?
— J’ai donné quinze ans de ma vie. :arrow: Elle est à la Confrérie depuis 15 ans, c'est ça ? C'est pas parce qu'elle a 15 ans, rassure-moi ? Pour ta première question, oui, et pour la seconde, non… mais elle n'en a pas beaucoup plus. Son âge sera donné à un moment, pour l'instant, je garde le secret dessus :mrgreen:
— Je suis là depuis le triple.

| † | † |
Coucou !

Hehehe, je suis contente ! Trooop contente, en fait ! (C'est la satisfaction sadique de l'auteure qui réussit à surprendre sa lectrice :mrgreen: ) En vrai, dans la première version de la Confrérie, Lilith et Selv' étaient les Élues… et puis, je me suis dit que ça faisait cliché, et j'ai changé d'avis. XD
Bah, convocation par Kaiser, ça ne pardonne pas, faut écouter et aller la voir. Surtout que, bon, tu admettras que l'utilité de leur discussion était quand même… discutable, mais bref. J'aime bien ce genre de plot-twist rapide (il risque d'il y en avoir encore quelques uns) où tu crois que tu vas voir quelque chose arriver, et en fait… :lol:
En vrai, c'est normal, Levi n'est pas vraiment un crétin fini, c'est juste que Lilith le déteste. (Et le pire, c'est que dans l'absolu, ils n'ont aucune raison valable de se taper dessus, c'est vraiment juste qu'ils ne s'entendent pas du tout…)
C'est vrai que ce chapitre, c'est vraiment les montagnes russes… mais c'est cool si tu le ressens comme ça, parce que c'est pareil pour Lilith. Je suis contente que tu l'aies ressenti comme intense, ce chapitre, parce que j'avais envie de changer après les précédents, qui étaient sympas, mais où il ne se passait somme toute pas grand-chose. Là, c'est le bordel… et ça ne fait que commencer XD
Bon, je disais que Levi n'est pas un crétin fini… mais il peut potentiellement devenir assez insipide. (Remarque, on le verra assez peu, dans l'absolu, mais… bref, tu verras. :mrgreen: )
Merci beaucoup pour ton passage !
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1735
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Le Cycle du Serpent [I] : La Confrérie de Loki

Message par louji »

vampiredelivres a écrit :
louji a écrit :
CHAPITRE 6


Je mis un moment à comprendre. La réactiver se résumait à appuyer sur un simple bouton – ce que je fis immédiatement. Mais le fait qu’elle soit désactivée et non court-circuitée voulait dire que…
— La dernière session ouverte est celle de Levi. :arrow: Y'en a un qui va s'en prendre plein la tête... :roll: Hihihi ! :lol:
Je serrai les dents, submergée par une bouffée de rage. Avalai ma salive, fis un signe de tête aux gardes pour qu’ils ramènent mon adversaire dans son alcôve. À quatre, ils le traînèrent dehors, me laissant seule avec ma sœur.

Mais, si faire partie de l’Élite garantissait au moins un privilège, c’était celui de ne pas avoir à faire la queue. Nous nous glissâmes le long de la longue file sans sourciller, et sans que quiconque ne fasse un seul commentaire, jusqu’à l’avant, où l’on servait aujourd’hui du hareng frit. Celui qui était censé avoir son assiette recula dès qu’il vit mon visage, me cédant la place immédiatement. Je lui adressai une ombre de sourire, remplis rapidement mon plateau et pivotai, à la recherche d’une table libre. :arrow: Comment ça me frustrerait qu'on me passe sous le nez comme ça :lol: Tu m'étonnes ! XD Après, c'est les privilèges de l'Élite…
Second problème, qui fut très vite réglé. En voyant Sam et trois de ses amis, en train de bavarder dans un coin de la salle, je n’hésitai pas à me diriger droit vers eux.

Quinze minutes. Les envies de meurtre m’avaient quittée, mais j’avais la ferme intention de faire payer à Levi ce qu’il m’avait fait. Ça, et la mort de Gimöd Kaltdjis, avec quelques années de retard. Le pauvre fils de Njörd :arrow: J'ai terminé MC3, alors je ne peux pas m'empêcher d'imaginer un papy marin avec de magnifiques pieds :lol: En fait, je me rends compte que je me contredis tout le temps avec Gimöd… dans ma tête, il est fils de Tyr, mais sur papier, je le mets fils de Njörd… Je ne me comprends pas. :lol: Mince, c'est vrai que j'avais déjà lu qu'il était un coup le fils de Tyr et une autre fois celui de Njörd :lol: aurait peut-être pu finir au Valhalla, si Levi ne l’avait pas abattu à distance, avec un fusil de précision, trop lâche pour se porter au corps à corps. Il méritait d’être puni. Et l’humiliation publique me paraissait désormais presque trop gentille.

| † | † |


Adam s’étira nonchalamment, jeta un coup d’œil à mes ongles qui tapaient encore contre le mur, esquissa un sourire en coin. Avec la petite nuance provocatrice qu’il avait mis dedans, j’hésitai brièvement à lui coller mon point :arrow: poing ^^ Oulààààà…… dans la figure, mais décidai finalement de m’en abstenir. Il serait mal vu s’il montait sur l’estrade avec le visage ensanglanté, le pauvre.
— En tant que second Élite, j’appelle Adam Kaiser :arrow: Ah ? Ah ? Ah, mais j'avais pas suivi ça, moi ! :lol: Parenté à la directrice ? :D Exactement, son fils, plus exactement ^-^. Selon la tradition, quiconque a le droit de le défier s’il s’estime plus légitime à ce rang. S’il le désire, qu’il s’avance. Maintenant.
Un murmure secoua la foule, mais là encore, il n’y eut aucun mouvement dans les gradins. Je me relevai, prête à en découdre. Instinctivement, je vérifiai une dernière fois mon apparence dans le miroir posé tout près. Parfait. J’inspirai profondément.
— En tant que première Élite et représentante officielle de la Confrérie, j’appelle Lilith Síverdín.
Le sort, je l’avais revu maintes et maintes fois. C’était une petite touche personnelle, inhabituelle, dans la tradition morne de la cérémonie. Je tendis les mains devant moi, fermai les yeux. Une puissante onde de choc naquit entre mes doigts, fit vibrer l’air tout autour, rejetant les rideaux sur le côté. Dans le silence de mort qui était tombé, je m’avançai triomphalement. Et, pour la première fois, Kaiser marqua un temps d’arrêt avant de reprendre.
— Selon la tradition, quiconque a le droit de le :arrow: au masculin ? Damn… :oops: Mais vu qu'elle est une enfant de Loki, donc métamorphe et potentiellement transgenre… ça pourrait passer XD Ça passe, ça passe, t'inquiète pas XD défier s’il s’estime plus légitime à ce rang. S’il le désire, qu’il s’avance. Maintenant.

Je levai les mains. Une brume turquoise pâle s’en échappa, s’épaississant de seconde en seconde, recouvrant peu à peu tout l’espace. En quelques secondes, je ne voyais plus à deux mètres. J’inspirai profondément, songeant à Ekrest. Il avait, à ma connaissance, été le seul Loki vivant à réussir la transformation que je m’apprêtais à essayer. Je ne m’y étais jamais risquée jusque là, les risques de combustion spontanée étant bien trop importants. :arrow: Ah. C'est problématique, en effet :lol: Un tout petit peu :mrgreen:

Dans le même temps, mon bouclier s’affina. Les flammes sur ma peau devinrent brûlantes. Je claquai du bec, bloquant la nervosité qui aurait pu tout faire échouer, luttant pour maintenir la fine pellicule magique en place.
Et, brusquement, mes paupières s’ouvrirent. Je cessai de ciller, étendis mes nouvelles ailes, déployant un plumage flamboyant littéralement, entouré d’un halo de lumière. Quelques battements suffirent pour dissiper la brume que j’avais formée jusque là. Je fixai l’assemblée de mes yeux de rapace, brassant lentement l’air pour me maintenir en hauteur, flammes dansant le long de mon corps.
Un phénix. :arrow: Tellement classe 8-) En vrai, tu as très très mis en scène la transformation, on sait en quoi elle se transforme, et, pourtant, on attend que le moment où elle va enfin dire ce mot pour clore sa métamorphose en beauté :D Contente que mon effet soit réussi :)
Une immense clameur d’admiration s’éleva, véritable tempête d’acclamations et d’applaudissements qui secoua les gradins. Tout le monde était debout, tout le monde hurlait et tapait dans ses mains. Même Kaiser affichait un air impressionné de circonstance qui me ravit au plus haut point. Je poussai un cri aigu, triomphal, regard braqué sur Levi, qui tressaillit, et recula précipitamment.
Le retour fut bien plus simple. Quelques secondes supplémentaires suffirent pour que je récupère ma forme humaine, fasse disparaître la fournaise autour de moi, et dissipe le bouclier contre la chaleur que j’avais formé. Et, en digne diva que j’étais, je m’inclinai profondément devant la foule qui scandait mon nom. Tête basse, masquée derrière un rideau de cheveux noirs, je m’autorisai à laisser couler une larme solitaire, en mémoire de mon mentor, submergée par une vague de gratitude aussi puissante qu’impossible à exprimer. Même si mes flammes étaient éteintes, j’avais l’impression de me consumer toute entière. Et je ne savais pas si c’était de tristesse ou de fierté. :arrow: Waouh, c'était beau.

| † | † |



— Je suis meilleure. Il n’a absolument pas les compétences nécessaires, n’a pas suivi la formation d’Élite.
— Je suis quatrième dans le classem…
Ta gueule, abruti, :arrow: C'était magnifique. On aime Lilith ! :lol: jappai-je, agacée. On ne t’a pas sonné.
Probablement encore habitué à m’écouter aboyer des ordres et l’insulter de tous les noms d’oiseaux que je connaissais, Levi se tut. Loki en soit remercié, il ne comprenait pas encore les implications de son titre. Pas totalement. Ça n’allait pas tarder.

Je fronçai les sourcils, devinant les implications de la tournure de phrase. J’étais la plus jeune de ma fratrie. Certes. Et alors ?
— J’ai donné quinze ans de ma vie. :arrow: Elle est à la Confrérie depuis 15 ans, c'est ça ? C'est pas parce qu'elle a 15 ans, rassure-moi ? Pour ta première question, oui, et pour la seconde, non… mais elle n'en a pas beaucoup plus. Son âge sera donné à un moment, pour l'instant, je garde le secret dessus :mrgreen: Je pense pas qu'elle soit bien vieille... Aller, je mise sur moins de 30 ans :lol: (oui, je vise large :roll: )
— Je suis là depuis le triple.

| † | † |
Coucou !

Hehehe, je suis contente ! Trooop contente, en fait ! (C'est la satisfaction sadique de l'auteure qui réussit à surprendre sa lectrice :mrgreen: ) En vrai, dans la première version de la Confrérie, Lilith et Selv' étaient les Élues… et puis, je me suis dit que ça faisait cliché, et j'ai changé d'avis. XD
Bah, convocation par Kaiser, ça ne pardonne pas, faut écouter et aller la voir. Surtout que, bon, tu admettras que l'utilité de leur discussion était quand même… discutable, mais bref. J'aime bien ce genre de plot-twist rapide (il risque d'il y en avoir encore quelques uns) où tu crois que tu vas voir quelque chose arriver, et en fait… :lol:
En vrai, c'est normal, Levi n'est pas vraiment un crétin fini, c'est juste que Lilith le déteste. (Et le pire, c'est que dans l'absolu, ils n'ont aucune raison valable de se taper dessus, c'est vraiment juste qu'ils ne s'entendent pas du tout…)
C'est vrai que ce chapitre, c'est vraiment les montagnes russes… mais c'est cool si tu le ressens comme ça, parce que c'est pareil pour Lilith. Je suis contente que tu l'aies ressenti comme intense, ce chapitre, parce que j'avais envie de changer après les précédents, qui étaient sympas, mais où il ne se passait somme toute pas grand-chose. Là, c'est le bordel… et ça ne fait que commencer XD
Bon, je disais que Levi n'est pas un crétin fini… mais il peut potentiellement devenir assez insipide. (Remarque, on le verra assez peu, dans l'absolu, mais… bref, tu verras. :mrgreen: )
Merci beaucoup pour ton passage !
Tant mieux si tu es contente, il faut bien tirer satisfaction de ce qu'on écrit ! :D Et oui, tu m'as vraiment mis sur le c*l avec ce chapitre :lol:
C'est vrai que je m'attendais à ce que Lilith soit l'Elue (et que Selvi soit avec elle aurait quand même rendu le récit intriguant, puisque pas une, mais deux Elus ! XD), alors je suis vraiment... je sais pas, interdite XD Je me demande ce que Levi va faire pour se montrer "digne" de son nouveau rôle...
Et en fait.... non. OK, je sais à quoi m'attendre pour la suite, maintenant :lol:
Le courant ne passe pas, on peut pas s'entendre avec tout le monde x) Puis, à vrai dire, maintenant Lily a une vraie raison de la haïr cordialement :P
Oui, pour le coup, on fait les montagnes russes avec Lilith, je confirme :D Et, comme tu le dis, on sent que ce chapitre ouvre en grand la porte des péripéties pour Lily (et d'un divin bordel, aussi, non ? :D )
Arf, j'ai peur, qu'est-ce qui va se passer ? :lol:

De rien ;)
A bientôt !
vampiredelivres

Profil sur Booknode

Messages : 2887
Inscription : dim. 03 févr., 2013 3:54 pm

Re: Le Cycle du Serpent [I] : La Confrérie de Loki [Fantasy / Action / Espionnage / Mythologie]

Message par vampiredelivres »

#louji
Moins de trente ans, mais plus de quinze… ben tu as raison, mais tu peux encore restreindre. Enfin, remarque, tu verras bien… mais je pense que tu ne seras pas exactement sereine en l'apprenant… (Il y a déjà eu des indices sur son âge plus tôt, la version officielle arrivera d'ici quelques chapitres.)
En fait, spoiler, Lilith va pas trop lui laisser le temps de la faire chier, pour diverses raisons, et ça va être d'autant pire qu'elle le détestait déjà de base…
Un divin bordel… oui, on peut dire ça comme ça. :mrgreen: Il va se passer pleiiin de trucs, mais je ne pense sincèrement pas que tu t'y attendes. En tout cas, j'aimerais bien savoir si tu as d'éventuelles théories, ça pourrait être drôle ^-^
vampiredelivres

Profil sur Booknode

Messages : 2887
Inscription : dim. 03 févr., 2013 3:54 pm

Le Cycle du Serpent [I] : La Confrérie de Loki

Message par vampiredelivres »

C'est cool, cet interlude tombe pile le jour de mon anniv… on va dire que c'est un cadeau inversé ^-^

INTERLUDE


Lorsqu’elle ouvre les yeux, elle comprend immédiatement qu’elle est en train de rêver. Tout lui est familier, depuis l’âcre odeur de fumée qui s’échappe en volutes du feu mourant, jusqu’au distant clapotis de la petite cascade qui se déverse dans le bassin. Elle pourrait reconnaître ce lieu les yeux fermés. Longtemps, sa vie a été ici. Entre ces quatre murs, cachée de tous, n’osant pas montrer le bout de son nez de peur de subir le même sort que sa mère. Elle connaît chaque recoin de la petite cabane à trois fenêtres. Chacun des meubles de cet aménagement sommaire. Des millénaires plus tôt, elle a construit tout ça avec Ike.
Le souvenir de son frère lui rappelle exactement pourquoi, depuis des siècles déjà, elle n’a pas remis les pieds là. Pas volontairement en tout cas. Trop de regrets, trop de cauchemars. Trop de culpabilité loge entre ces quatre murs.
— Ah, les souvenirs… de plaisants compagnons. N’est-ce pas ?
La voix s’est élevée depuis la porte. Synnöve pivote, ni trop vite, ni trop lentement, se compose une façade aussi lisse que le le marbre poli, se prépare à la guerre.
— Mère.
Ailleurs, elle peut être l’une des femmes les plus puissantes de la planète. Ici, face à la silhouette en contre-jour, il n’est rien d’autre qu’une petite fille, terrorisée par celle qui lui a donné la vie. Une gamine sans aucun pouvoir, aucune influence. Ici, elle n’a pas son mot à dire, pas ouvertement.
À la longue, elle a appris à ravaler sa peur. À ne rien afficher, même si l’angoisse lui tord le ventre, même si ses entrailles paraissent se liquéfier.
— Es-tu sûre que Levi était le bon choix ? attaque sa mère sans même prendre le temps de répondre à son salut.
— Certaine, fait-elle d’une voix calme, malgré son cœur battant.
Il y a mentir et mentir. Le premier est simple : afficher un air neutre, se contenter d’aligner des mots. Jouer, peut-être un peu, sur les intonations. Même pour un enfant de cinq ans peut y parvenir sans mal, et il y a au fond peu de risques, à moins qu’il ne s’agisse de secrets trop importants.
Et puis, il y a mentir. Tromper sa mère. La chose la plus terrifiante qu’elle ait jamais faite. Cela dure depuis des siècles, et à chaque fois, elle croit que c’en est fini pour elle. Que sa mère a découvert le subterfuge. Qu’elle lui infligera mille et une souffrances quotidiennes, qu’elle la détruira. Psychologiquement et physiquement.
— Pourtant, Démonta a raison. Elle est bien plus puissante.
— Certes, fait la femme en levant les yeux, même si elle ne voit rien du visage dissimulé par la capuche. Mais elle est incontrôlable. Un électron libre.
— Ah ?
Le scepticisme blasé dégouline dans la voix de sa génitrice. Synnöve sent son cœur faire une embardée, puis se remettre à pulser, presque deux fois plus vite.
— Oui.
Les réponses les plus courtes sont souvent les meilleures. Elle le sait. Pourtant, elle sent que son interlocutrice n’est pas convaincue, cette fois-ci. Remarque, elle n’a jamais réellement été convaincue.
Mentir est dangereux, parce que sa mère est la reine du mensonge. Des manœuvres en douce. De la manipulation. Mentir à sa mère, c’est la promesse d’une agonie lente et douloureuse. D’une torture éternelle.
— Si tu le dis… finit par murmurer la figure en contre-jour. Au fond… Élu, ce n’est qu’un titre… On sait toutes les deux que le véritable rôle de Démonta ne fait que se profiler.
La capuche se soulève légèrement sur un sourire scarifié. Mauvais, vicieux. Synnöve a l’impression qu’on vient de lui déverser de l’acide dans la gorge. Sa langue s’assèche, le froid lui coupe la respiration. Elle essaie de prendre une inspiration, n’y parvient pas. Et soudain, sa mère disparaît, laissant derrière elle l’horreur de cette promesse muette, qui n’a pas été formulée à haute voix, mais que déjà les arbres paraissent murmurer.
Bientôt.

| † | † |

<=
Dernière modification par vampiredelivres le mar. 03 mars, 2020 8:57 pm, modifié 4 fois.
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1735
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Le Cycle du Serpent [I] : La Confrérie de Loki [Fantasy / Action / Espionnage / Mythologie]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit :#louji
Moins de trente ans, mais plus de quinze… ben tu as raison, mais tu peux encore restreindre. Enfin, remarque, tu verras bien… mais je pense que tu ne seras pas exactement sereine en l'apprenant… (Il y a déjà eu des indices sur son âge plus tôt, la version officielle arrivera d'ici quelques chapitres.)
En fait, spoiler, Lilith va pas trop lui laisser le temps de la faire chier, pour diverses raisons, et ça va être d'autant pire qu'elle le détestait déjà de base…
Un divin bordel… oui, on peut dire ça comme ça. :mrgreen: Il va se passer pleiiin de trucs, mais je ne pense sincèrement pas que tu t'y attendes. En tout cas, j'aimerais bien savoir si tu as d'éventuelles théories, ça pourrait être drôle ^-^
Bon, je vais attendre de savoir quel est son âge x) Pas sereine ? Pourquoi ? :lol: Entre 15 et 30 ans, c'est la tranche d'âge du jeune adulte (sachant que Lily a pas dû intégrer la Confrérie en faisant "ageuh ageuh", donc, elle doit au moins en avoir 18... ?)
Huuuuum, tiens, voilà une théorie (peut-être extrême, mais bon XD), comme tu m'en demandes : en apprenant que c'est Levi, l'Elu, elle va déserter. Ouais, bon, c'est un peu violent quand même... Elle va demander à être expédiée en mission loiiiin de lui ? :lol: Ou elle va aller trouver Loki pour exiger des explications ? (A vrai dire, ça aussi, c'est extrême :roll: )
Non, je confirme, je sais pas à quoi m'attendre :lol: Après, il faut savoir que je suis nuuuulle pour deviner ce qui va se passer et que j'aime bien laisser le récit s'écouler sans pour autant tenter d'en deviner la suite =D Mais, si j'ai des soupçons, je t'en ferais part ! :P

vampiredelivres a écrit :C'est cool, cet interlude tombe pile le jour de mon anniv… on va dire que c'est un cadeau inversé ^-^ :arrow: Non ? C'est aujourd'hui ? BON ANNIVERSAIREUH ! :mrgreen: 19 bougies ?

INTERLUDE


Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle sut immédiatement qu’elle rêvait. Tout lui était familier, depuis l’âcre odeur de fumée qui s’échappait en volutes du feu mourant, jusqu’au doux clapotis de la petite cascade qui se déversait dans le bassin. Elle aurait pu reconnaître ce lieu les yeux fermés. Longtemps, sa vie avait été ici. Entre ces quatre murs, cachée de tous, n’osant pas montrer le bout de son nez, de peur de subir le même sort que sa mère. Elle connaissait chaque recoin de la petite cabane à trois fenêtres. Chacun des meubles de cet aménagement sommaire. Pour les avoir tous construits, avec l’aide d’Åke.
Le souvenir de son frère lui rappela exactement pourquoi, depuis des siècles déjà, elle n’avait pas remis les pieds là. Pas volontairement en tout cas. Trop de regrets, trop de cauchemars. Trop de culpabilité logeait entre ces quatre murs.
— Ah, les souvenirs… de plaisants compagnons. N’est-ce pas ?
La voix s’était élevée depuis la porte. Synnöve :arrow: Oh, la commandante ? :) pivota, ni trop vite, ni trop lentement, se composant une façade aussi lisse que le marbre du Manoir. Se préparant à la guerre, face à la silhouette en contre-jour.
— Mère. :arrow: Maman Loki ? :lol:
Ailleurs, elle pouvait être l’une des femmes les plus puissantes de la planète. Ici, il n’en était rien d’autre qu’une petite fille, terrorisée par celle qui lui avait donné la vie. Une gamine sans aucun pouvoir, aucune influence. Ici, elle n’avait pas son mot à dire, pas ouvertement.
À la longue, elle avait appris à ravaler sa peur. À ne rien afficher, même si l’angoisse lui tordait le ventre, même si ses entrailles paraissaient se liquéfier.
— Es-tu sûre que Levi était le bon choix ? attaqua sa mère sans même prendre le temps de la saluer.
— Certaine, fit-elle d’une voix calme, malgré son cœur battant.
Il y avait mentir et mentir. Le premier était simple : afficher un air neutre, se contenter de dire les choses. Jouer, peut-être un peu, sur les intonations. Rien de bien complexe, même pour un enfant de cinq ans. Peu de risques, éventuellement la mort s’il s’agissait de secrets trop importants. Rien de catastrophique, en soi.
Et puis, il y avait mentir. Mentir à sa mère. La chose la plus terrifiante qu’elle ait jamais faite. Cela durait depuis des siècles, et à chaque fois, elle croyait que c’en était fini pour elle. Que sa mère avait découvert le subterfuge. Qu’elle lui infligerait mille et une souffrances quotidiennes, qu’elle la détruirait. Psychologiquement ou physiquement, elle était capable de tout.
— Pourtant, Dæmona :arrow: Qui ça ? :P a raison. Elle est bien plus puissante.
— Certes, fit la femme, faisant face à sa mère, même si elle ne voyait rien du visage dissimulé par la capuche. Mais elle est incontrôlable. Un électron libre.
— Ah ?
Le scepticisme blasé dégoulinait dans la voix de sa génitrice. Synnöve sentit son cœur faire une embardée, puis se remettre à pulser, presque deux fois plus vite.
— Oui.
Les réponses les plus courtes étaient souvent les meilleures. Elle le savait. Pourtant, elle sentait que sa mère n’était pas convaincue. Pas cette fois-ci. Remarque, elle n’avait jamais réellement été convaincue. Mentir était dangereux, parce que sa mère était la reine du mensonge. Des manœuvres en douce. De la manipulation. Mentir à sa mère, c’était la promesse d’une mort lente et douloureuse. D’une torture éternelle.
— Si tu le dis… finit par murmurer la figure en contre-jour. Au fond… Élu, ce n’est qu’un titre… Dæmona :arrow: Oh, est-ce que ce ne serait pas un doux nom pour Lilith ? :lol: aura de toute façon son rôle à jouer.
Synnöve eut l’impression qu’on venait de lui déverser de l’acide glacial dans la gorge. Sa langue s’assécha, le froid lui coupa la respiration. Elle essaya de prendre une inspiration, n’y parvint pas. La capuche se souleva légèrement, dévoilant un sourire scarifié. Mauvais, vicieux. Et sa mère disparut, laissant derrière elle l’horreur de cette promesse muette, qui n’avait pas été formulée à haute voix, mais que les arbres paraissaient déjà murmurer.
Bientôt.

| † | † |
Brrr, il fiche la chair de poule cet interlude !
Il est tout aussi mystérieux et envoûtant que le prologue (qui est un interlude sur Wattpad, non ? ^^), mais celui-ci est déjà plus compréhensible et riche en informations :)

Cette Kaiser a l'air de cacher pas mal de trucs, je me demande quels tours elle manigance à son poste de Commandante x)

Et je ne sais pas si c'est Loki, sa mère, mais elle a pas l'air très commode :roll:

Encore un peu plus d'ombre autour de la nomination de l'Elu...

Héhé, à voir ! :D
vampiredelivres

Profil sur Booknode

Messages : 2887
Inscription : dim. 03 févr., 2013 3:54 pm

Re: Le Cycle du Serpent [I] : La Confrérie de Loki [Fantasy / Action / Espionnage / Mythologie]

Message par vampiredelivres »

louji a écrit :Bon, je vais attendre de savoir quel est son âge x) Pas sereine ? Pourquoi ? :lol: Entre 15 et 30 ans, c'est la tranche d'âge du jeune adulte (sachant que Lily a pas dû intégrer la Confrérie en faisant "ageuh ageuh", donc, elle doit au moins en avoir 18... ?)
Huuuuum, tiens, voilà une théorie (peut-être extrême, mais bon XD), comme tu m'en demandes : en apprenant que c'est Levi, l'Elu, elle va déserter. Ouais, bon, c'est un peu violent quand même... Elle va demander à être expédiée en mission loiiiin de lui ? :lol: Ou elle va aller trouver Loki pour exiger des explications ? (A vrai dire, ça aussi, c'est extrême :roll: )
Non, je confirme, je sais pas à quoi m'attendre :lol: Après, il faut savoir que je suis nuuuulle pour deviner ce qui va se passer et que j'aime bien laisser le récit s'écouler sans pour autant tenter d'en deviner la suite =D Mais, si j'ai des soupçons, je t'en ferais part ! :P
Ben disons que, moralement parlant, tout ce qu'elle fait (et fera, surtout) n'est pas exactement compatible avec son âge (cf le prochain chapitre, d'ailleurs XD). Et non, elle n'a pas intégré la Confrérie en faisant "ageuh ageuh", mais justement, le prochain chapitre devrait te donner une indication sur son âge… si tu trouves, tu seras la première ^-^
Eh, mais c'est intéressant, tu es assez proche ;) En vrai, tout ce que tu as cité, je l'ai envisagé à un moment ou à un autre…
Je serai ravie d'entendre tes soupçons, si tu en as !

louji a écrit :C'est cool, cet interlude tombe pile le jour de mon anniv… on va dire que c'est un cadeau inversé ^-^ :arrow: Non ? C'est aujourd'hui ? BON ANNIVERSAIREUH ! :mrgreen: 19 bougies ? Merci ! Mais nope, dix-huit :)

INTERLUDE


Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle sut immédiatement qu’elle rêvait. Tout lui était familier, depuis l’âcre odeur de fumée qui s’échappait en volutes du feu mourant, jusqu’au doux clapotis de la petite cascade qui se déversait dans le bassin. Elle aurait pu reconnaître ce lieu les yeux fermés. Longtemps, sa vie avait été ici. Entre ces quatre murs, cachée de tous, n’osant pas montrer le bout de son nez, de peur de subir le même sort que sa mère. Elle connaissait chaque recoin de la petite cabane à trois fenêtres. Chacun des meubles de cet aménagement sommaire. Pour les avoir tous construits, avec l’aide d’Åke.
Le souvenir de son frère lui rappela exactement pourquoi, depuis des siècles déjà, elle n’avait pas remis les pieds là. Pas volontairement en tout cas. Trop de regrets, trop de cauchemars. Trop de culpabilité logeait entre ces quatre murs.
— Ah, les souvenirs… de plaisants compagnons. N’est-ce pas ?
La voix s’était élevée depuis la porte. Synnöve :arrow: Oh, la commandante ? :) Exact ! pivota, ni trop vite, ni trop lentement, se composant une façade aussi lisse que le marbre du Manoir. Se préparant à la guerre, face à la silhouette en contre-jour.
— Mère. :arrow: Maman Loki ? :lol: Exact-bis !
Ailleurs, elle pouvait être l’une des femmes les plus puissantes de la planète. Ici, il n’en était rien d’autre qu’une petite fille, terrorisée par celle qui lui avait donné la vie. Une gamine sans aucun pouvoir, aucune influence. Ici, elle n’avait pas son mot à dire, pas ouvertement.
À la longue, elle avait appris à ravaler sa peur. À ne rien afficher, même si l’angoisse lui tordait le ventre, même si ses entrailles paraissaient se liquéfier.
— Es-tu sûre que Levi était le bon choix ? attaqua sa mère sans même prendre le temps de la saluer.
— Certaine, fit-elle d’une voix calme, malgré son cœur battant.
Il y avait mentir et mentir. Le premier était simple : afficher un air neutre, se contenter de dire les choses. Jouer, peut-être un peu, sur les intonations. Rien de bien complexe, même pour un enfant de cinq ans. Peu de risques, éventuellement la mort s’il s’agissait de secrets trop importants. Rien de catastrophique, en soi.
Et puis, il y avait mentir. Mentir à sa mère. La chose la plus terrifiante qu’elle ait jamais faite. Cela durait depuis des siècles, et à chaque fois, elle croyait que c’en était fini pour elle. Que sa mère avait découvert le subterfuge. Qu’elle lui infligerait mille et une souffrances quotidiennes, qu’elle la détruirait. Psychologiquement ou physiquement, elle était capable de tout.
— Pourtant, Dæmona :arrow: Qui ça ? :P ;) a raison. Elle est bien plus puissante.
— Certes, fit la femme, faisant face à sa mère, même si elle ne voyait rien du visage dissimulé par la capuche. Mais elle est incontrôlable. Un électron libre.
— Ah ?
Le scepticisme blasé dégoulinait dans la voix de sa génitrice. Synnöve sentit son cœur faire une embardée, puis se remettre à pulser, presque deux fois plus vite.
— Oui.
Les réponses les plus courtes étaient souvent les meilleures. Elle le savait. Pourtant, elle sentait que sa mère n’était pas convaincue. Pas cette fois-ci. Remarque, elle n’avait jamais réellement été convaincue. Mentir était dangereux, parce que sa mère était la reine du mensonge. Des manœuvres en douce. De la manipulation. Mentir à sa mère, c’était la promesse d’une mort lente et douloureuse. D’une torture éternelle.
— Si tu le dis… finit par murmurer la figure en contre-jour. Au fond… Élu, ce n’est qu’un titre… Dæmona :arrow: Oh, est-ce que ce ne serait pas un doux nom pour Lilith ? :lol: Relis le chapitre 5 ;) aura de toute façon son rôle à jouer.
Synnöve eut l’impression qu’on venait de lui déverser de l’acide glacial dans la gorge. Sa langue s’assécha, le froid lui coupa la respiration. Elle essaya de prendre une inspiration, n’y parvint pas. La capuche se souleva légèrement, dévoilant un sourire scarifié. Mauvais, vicieux. Et sa mère disparut, laissant derrière elle l’horreur de cette promesse muette, qui n’avait pas été formulée à haute voix, mais que les arbres paraissaient déjà murmurer.
Bientôt.

| † | † |
En fait, mon prologue ici n'est pas posté sur Wattpad (une histoire de sensibilité du lectorat, puisque la fille du prologue a quand même envie de se suicider, ce qui fait que j'hésite à le publier là-bas). Et c'est le but, dans le prologue, tu n'as aucune idée de qui parle, même si tu pourrais éventuellement… éventuellement… le deviner… même si en principe, ça te prendrait un moment, si j'ai bien fait mon job. Si jamais ça te tente de fouiller, en général, quand je mentionne quelque chose / quelqu'un, tu le retrouves un paquet de chapitres plus loin. Mais je ne veux pas virer la moitié de mon intrigue au passage, donc ne fouine pas trop :lol:
Ouais, elle est fourbe… comme une digne fille de Loki, cela dit XD
Et oui, maman/papa Loki est beauuuucoup moins sympa que dans les Marvel (voire MC, peut-être, où je l'ai trouvé drôle mais pas vraiment menaçant, parfois, même si bon, l'apocalypse nordique, ça reste flippant).
Ehehe :mrgreen:
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1735
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Le Cycle du Serpent [I] : La Confrérie de Loki [Fantasy / Action / Espionnage / Mythologie]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit : Ben disons que, moralement parlant, tout ce qu'elle fait (et fera, surtout) n'est pas exactement compatible avec son âge (cf le prochain chapitre, d'ailleurs XD). Et non, elle n'a pas intégré la Confrérie en faisant "ageuh ageuh", mais justement, le prochain chapitre devrait te donner une indication sur son âge… si tu trouves, tu seras la première ^-^
Eh, mais c'est intéressant, tu es assez proche ;) En vrai, tout ce que tu as cité, je l'ai envisagé à un moment ou à un autre…
Je serai ravie d'entendre tes soupçons, si tu en as !
"Moralement parlant" :arrow: Est-ce qu'on peut vraiment parler de moral quand la mythologie nordique s'en mêle ? :roll: Ils avaient une culture radicalement différente de la nôtre, alors leur notion de bien et de mal par rapport à nous... Du coup, j'essaie de considérer Lily dans cette optique là, qu'elle a beau vivre au XXIe siècle, elle reste une femme de la culture nordique, la fille d'un Dieu qui n'est pas des plus pacifiques, donc... on peut s'attendre d'elle qu'elle fasse des choses qui soient peut-être moralement incompatibles :lol:
Bon, j'vais essayer de faire fonctionner mes petits neurones dont les synapses sont en pause depuis un moment :lol:
Haha, à mon avis, ce n'est pas aussi simple que les solutions que j'ai mentionnées :twisted:

Ah, oups :roll: Tu as sauté une classe du coup ? :)
| † | † |
[/size]
En fait, mon prologue ici n'est pas posté sur Wattpad (une histoire de sensibilité du lectorat, puisque la fille du prologue a quand même envie de se suicider, ce qui fait que j'hésite à le publier là-bas). Et c'est le but, dans le prologue, tu n'as aucune idée de qui parle, même si tu pourrais éventuellement… éventuellement… le deviner… même si en principe, ça te prendrait un moment, si j'ai bien fait mon job. Si jamais ça te tente de fouiller, en général, quand je mentionne quelque chose / quelqu'un, tu le retrouves un paquet de chapitres plus loin. Mais je ne veux pas virer la moitié de mon intrigue au passage, donc ne fouine pas trop :lol:
Ouais, elle est fourbe… comme une digne fille de Loki, cela dit XD
Et oui, maman/papa Loki est beauuuucoup moins sympa que dans les Marvel (voire MC, peut-être, où je l'ai trouvé drôle mais pas vraiment menaçant, parfois, même si bon, l'apocalypse nordique, ça reste flippant).
Ehehe :mrgreen:
Oui, c'est vrai qu'il est assez trash x) Après, tu as mis le Cycle en mature, non ? Ce n'est pas comme si le lectorat n'était pas prévenu ^^
C'est horrible, tu me souffles que je peux le deviner, du coup j'ai envie d'essayer, mais en même temps non... Terrible :lol:
Oui, ce serait dommage :roll: Je vais rester innocente et découvrir les choses au fur et à mesure... ;)
C'est pas faux XD
Non, et tu as bien raison de le traiter ainsi je trouve ! Car, après tout, ce n'est pas comme ça qu'il est censé être ? ;) (Dans MC, j'ai quand même été déçue de lui, surtout dans le T3... :? J'aimerais quand même relire certains passages en VO, car je trouve la traduction extrêmement médiocre avec parfois des phrases qui sont fausses en français :/ )
vampiredelivres

Profil sur Booknode

Messages : 2887
Inscription : dim. 03 févr., 2013 3:54 pm

Re: Le Cycle du Serpent [I] : La Confrérie de Loki [Fantasy / Action / Espionnage / Mythologie]

Message par vampiredelivres »

#louji
Ils avaient quand même un sacré sens de l'honneur, parfois, mais ça dépendait vraiment de la situation… Bon, dans leur culture comme dans la nôtre, quand tu tues des gens, en principe, c'est pas bien. :lol: Les enfants de Loki, déjà, ne sont pas des petits anges, mais Lily, ayant été entraînée par Ekrest (un autre à la mentalité souvent… ambiguë, on va dire :mrgreen: ) est parfois encore pire que la majorité de sa fratrie.
C'est comme tu le sens, si tu n'aimes pas trop deviner la suite de l'histoire, moi, ça m'arrange, ça me permettra de te faire encore pleiiin de coups foireux. :twisted:
Oui, j'ai sauté une classe ^-^
J'ai mis le Cycle en mature, mais… je sais pas. Ce n'est pas que je n'assume pas le prologue, mais c'est vraiment que quand je regarde les stats de mes histoires, et notamment les moyennes d'âge… j'ai 42% de 13-18 ans, alors que c'est classé mature… :roll:
Loki dans MC… je sais pas. Il était à la fois bien, et juste… bizarre. Trop humoristique et pas assez sérieux, trop contradictoire… Hyper motivé pour faire payer tout le monde, mais pas assez pour taper sur Magnus autrement qu'en critiquant ses vêtements… Je sais pas, j'étais à la fois totalement convaincue et absolument pas…
Je suis contente de l'avoir lu en VO, en tout cas…
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1735
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Le Cycle du Serpent [I] : La Confrérie de Loki [Fantasy / Action / Espionnage / Mythologie]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit :#louji
Ils avaient quand même un sacré sens de l'honneur, parfois, mais ça dépendait vraiment de la situation… Bon, dans leur culture comme dans la nôtre, quand tu tues des gens, en principe, c'est pas bien. :lol: Les enfants de Loki, déjà, ne sont pas des petits anges, mais Lily, ayant été entraînée par Ekrest (un autre à la mentalité souvent… ambiguë, on va dire :mrgreen: ) est parfois encore pire que la majorité de sa fratrie.
C'est comme tu le sens, si tu n'aimes pas trop deviner la suite de l'histoire, moi, ça m'arrange, ça me permettra de te faire encore pleiiin de coups foireux. :twisted:
Oui, j'ai sauté une classe ^-^
J'ai mis le Cycle en mature, mais… je sais pas. Ce n'est pas que je n'assume pas le prologue, mais c'est vraiment que quand je regarde les stats de mes histoires, et notamment les moyennes d'âge… j'ai 42% de 13-18 ans, alors que c'est classé mature… :roll:
Loki dans MC… je sais pas. Il était à la fois bien, et juste… bizarre. Trop humoristique et pas assez sérieux, trop contradictoire… Hyper motivé pour faire payer tout le monde, mais pas assez pour taper sur Magnus autrement qu'en critiquant ses vêtements… Je sais pas, j'étais à la fois totalement convaincue et absolument pas…
Je suis contente de l'avoir lu en VO, en tout cas…
Oui, c'est pas faux :lol:
Attention, les enfants, tuer, c'est mal !
Oh, tu m'intrigues d'un coup avec ton Ekrest. Comme on a pas vraiment pu le voir et que Lily le voit comme un idéal, j'ai une image plutôt positive et honorable de lui... Mais tout n'est pas beau et bon, n'est-ce pas ? :twisted:
Nooon, je vais me faire avoir comme une cruche :cry: :lol:
Ah, d'accord, je comprends mieux ton hésitation... C'est vrai qu'il faut avoir un certain recul quand on lit ce prologue ^^ Après, y'a une sacrée différence entre 13 et 18 ans, mais on peut pas savoir l'âge exact... Puis, j'ai l'impression que les ados ont de moins en moins froid aux yeux x)

Oui, Loki de MC manque un peu de crédibilité, car on dirait qu'il prend pas assez les choses au sérieux, qu'il plaisante trop, comme tu dis... C'est un peu dommage, car R.R sait faire de véritables antagonistes qui font pas rire et sont réellement cruels (Chronos, Gaïa, Néron... brrr, ils ont beau être les antagonistes de romans pour ado, ils sont bien travaillés et vraiment flippants... Tandis qu'il manque un petit quelque chose à Loki)
Oui, tu m'étonnes :')
vampiredelivres

Profil sur Booknode

Messages : 2887
Inscription : dim. 03 févr., 2013 3:54 pm

Re: Le Cycle du Serpent [I] : La Confrérie de Loki [Fantasy / Action / Espionnage / Mythologie]

Message par vampiredelivres »

Oui, je confirme, c'est MAL.
Ekrest… alors sincèrement, moi en tant qu'auteure, je l'adore. C'est probablement l'un de mes personnages préférés du Cycle… même si au fond, je les aime tous. XD Lilith l'adore, elle aussi, pour elle, c'est quasiment un dieu vivant. Mais après, moralement… On va dire qu'il a une mentalité un peu tordue. Il fait toujours le nécessaire, même si lui ou ses proches doivent en souffrir. Par exemple, comment préparer ton élève / ta petite sœur aux pires situations possibles ? En la foutant dans les susdites situations dès son plus jeune âge. Je laisse ton imagination travailler là-dessus pour essayer de deviner tout ce qu'il a pu lui infliger. :twisted:
C'est vrai qu'en ce moment, les ados (moi y comprise XD) lisent vraiment de tout, donc… je sais pas, je le posterai peut-être. En fait, ce qui m'en avait dissuadée, de base, c'était X-Writor, auquel je voulais inscrire la Confrérie, et je n'étais pas sûre que ça ne passe pas pour une apologie du suicide. Donc… bref. (Au bout du compte, les inscriptions en fantasy se sont clôturées trop tôt, donc j'ai pas eu le temps de l'y inscrire, mais tant pis :lol: )

C'est vrai que rien que les trois que tu as cités (pour ne même pas parler des méchants secondaires, du genre Minos…) sont franchement flippants, alors Loki, à côté… je sais pas, il paraissait presque prendre les choses à la rigolade, mode « Ça passe ou ça casse ». Bizarre…
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1735
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Le Cycle du Serpent [I] : La Confrérie de Loki [Fantasy / Action / Espionnage / Mythologie]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit :Oui, je confirme, c'est MAL.
Ekrest… alors sincèrement, moi en tant qu'auteure, je l'adore. C'est probablement l'un de mes personnages préférés du Cycle… même si au fond, je les aime tous. XD Lilith l'adore, elle aussi, pour elle, c'est quasiment un dieu vivant. Mais après, moralement… On va dire qu'il a une mentalité un peu tordue. Il fait toujours le nécessaire, même si lui ou ses proches doivent en souffrir. Par exemple, comment préparer ton élève / ta petite sœur aux pires situations possibles ? En la foutant dans les susdites situations dès son plus jeune âge. Je laisse ton imagination travailler là-dessus pour essayer de deviner tout ce qu'il a pu lui infliger. :twisted:
C'est vrai qu'en ce moment, les ados (moi y comprise XD) lisent vraiment de tout, donc… je sais pas, je le posterai peut-être. En fait, ce qui m'en avait dissuadée, de base, c'était X-Writor, auquel je voulais inscrire la Confrérie, et je n'étais pas sûre que ça ne passe pas pour une apologie du suicide. Donc… bref. (Au bout du compte, les inscriptions en fantasy se sont clôturées trop tôt, donc j'ai pas eu le temps de l'y inscrire, mais tant pis :lol: )

C'est vrai que rien que les trois que tu as cités (pour ne même pas parler des méchants secondaires, du genre Minos…) sont franchement flippants, alors Loki, à côté… je sais pas, il paraissait presque prendre les choses à la rigolade, mode « Ça passe ou ça casse ». Bizarre…
Haha, normal ! Tu aimes aussi Levi en tant qu'auteure ? :lol: Oui, bon, j'ai pas de mal à imaginer :') Si elle est aussi douée à son âge, c'est aussi qu'elle a subi un entraînement... efficace :roll:
Au pire, tu le publies, genre en interlude, en bonus, ou que sais-je, en mettant une note au début à l'adresse des âmes sensibles ou des personnes qui pourraient craindre ce genre de scène...
(Haha oui, je pensais aussi y participer... Puis, en fait, j'ai pas regretté, vu l'amertume qui tourne autour de ce concours x') )
vampiredelivres

Profil sur Booknode

Messages : 2887
Inscription : dim. 03 févr., 2013 3:54 pm

Re: Le Cycle du Serpent [I] : La Confrérie de Loki [Fantasy / Action / Espionnage / Mythologie]

Message par vampiredelivres »

Je l'aime bien, Levi, au fond. Il reste un crétin fini… mais un crétin fini nécessaire et parfois drôle. :mrgreen: C'est ça, entraînement rude serait probablement un euphémisme…
Je ne sais pas… peut-être. :)
En vrai, je trouve personnellement le concours très sympa. J'apprécie qu'ils ne prennent pas en compte leurs propres avis sur les fics, mais se cantonnent aux points qu'ils sont censés traiter, et ils le font plutôt objectivement. Par exemple, j'ai participé avec une fanfic Marvel, et malgré le fait que les fanfics ne sont pas spécialement appréciées par certains jurés, et pourtant, ce n'est pas ce qu'ils ont fait valoir dans leurs commentaires. Le seul truc, c'est que… ben, ils sont très sélectifs. Et leurs avis ne sont pas forcément toujours bien pris.
Pour comparer… j'ai été un peu plus amère avec le concours d'Ecrivaine13, que tu m'as conseillé, qui elle se basait totalement sur son ressenti de l'histoire pour la notation finale. (Bon, je suis peut-être de mauvaise foi, c'est vrai qu'un retour négatif ne fait jamais plaisir.) Après, je comprends son point de vue, l'objectif est de trouver les histoires qui intéressent le plus, et la mienne n'en faisait pas partie pour elle. Mais bref.
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1735
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Le Cycle du Serpent [I] : La Confrérie de Loki [Fantasy / Action / Espionnage / Mythologie]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit :Je l'aime bien, Levi, au fond. Il reste un crétin fini… mais un crétin fini nécessaire et parfois drôle. :mrgreen: C'est ça, entraînement rude serait probablement un euphémisme…
Je ne sais pas… peut-être. :)
En vrai, je trouve personnellement le concours très sympa. J'apprécie qu'ils ne prennent pas en compte leurs propres avis sur les fics, mais se cantonnent aux points qu'ils sont censés traiter, et ils le font plutôt objectivement. Par exemple, j'ai participé avec une fanfic Marvel, et malgré le fait que les fanfics ne sont pas spécialement appréciées par certains jurés, et pourtant, ce n'est pas ce qu'ils ont fait valoir dans leurs commentaires. Le seul truc, c'est que… ben, ils sont très sélectifs. Et leurs avis ne sont pas forcément toujours bien pris.
Pour comparer… j'ai été un peu plus amère avec le concours d'Ecrivaine13, que tu m'as conseillé, qui elle se basait totalement sur son ressenti de l'histoire pour la notation finale. (Bon, je suis peut-être de mauvaise foi, c'est vrai qu'un retour négatif ne fait jamais plaisir.) Après, je comprends son point de vue, l'objectif est de trouver les histoires qui intéressent le plus, et la mienne n'en faisait pas partie pour elle. Mais bref.
Héhé, si même toi tu peux l'apprécier... :D
Oui, mais je les trouve parfois pas toujours très logique... D'ailleurs, je crois que j'avais trouvé un des retours qu'ils t'avaient fait un peu abusé, c'était sur la forme, si je me trompe pas... Après, c'est clair qu'on sait que ce sont de bonnes œuvres qui en sortent de ce concours :)
Pour Ecrivaine13, ce que j'ai aimé, c'est la fiche qu'on nous donne en retour et qui explique plusieurs points en détails, ce qui n'est pas le cas de la plupart des autres concours... Il n'y avait que la fiche qui m'intéressait à vrai dire, le reste, je m'en fiche un peu :P
Ah oui, d'ailleurs, qu'est-ce qu'elle t'a dit de négatif, je suis assez surprise... :?
J'ai participé comme juré à son concours et j'ai essayé d'être objective, et en me basant pas trop sur mes préférences persos... C'est vrai que c'est dommage si elle a jugé de manière très subjective les histoires...
vampiredelivres

Profil sur Booknode

Messages : 2887
Inscription : dim. 03 févr., 2013 3:54 pm

Re: Le Cycle du Serpent [I] : La Confrérie de Loki [Fantasy / Action / Espionnage / Mythologie]

Message par vampiredelivres »

Eeeh, oui, comme quoi… XD
Après, j'ai eu exactement la même remarque sur la forme de la part d'Ecrivaine. En fait, ils n'aiment pas trop les phrases non-pronominales, entrecoupées de points, assez répétitives parfois, alors que moi j'en use et abuse. Bon, après, je viens de me faire éliminer, donc… :lol:
C'est vrai que, moi aussi, je me suis inscrite majoritairement pour la fiche. C'est vrai que c'est dommage si on juge purement subjectivement une œuvre… mais d'un autre côté, c'est aussi ce que va faire le lecteur, donc je peux la comprendre. :roll:
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1735
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Le Cycle du Serpent [I] : La Confrérie de Loki [Fantasy / Action / Espionnage / Mythologie]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit :Eeeh, oui, comme quoi… XD
Après, j'ai eu exactement la même remarque sur la forme de la part d'Ecrivaine. En fait, ils n'aiment pas trop les phrases non-pronominales, entrecoupées de points, assez répétitives parfois, alors que moi j'en use et abuse. Bon, après, je viens de me faire éliminer, donc… :lol:
C'est vrai que, moi aussi, je me suis inscrite majoritairement pour la fiche. C'est vrai que c'est dommage si on juge purement subjectivement une œuvre… mais d'un autre côté, c'est aussi ce que va faire le lecteur, donc je peux la comprendre. :roll:
Ah oui ? :? C'est vrai qu'il y en a pas mal dans ton histoire, mais ça donne du rythme et tu sais quand faire des phrases plus longues... Je comprends qu'on apprécie pas, mais bon x')
Ah me*de ! C'était le résumé où tu as été éliminée ? Qu'est-ce qu'ils t'ont dit ?
Yep, c'est vrai... Autrement, est-ce qu'elle a soulevé d'autres points qui t'ont apporté des choses intéressantes ? :)
vampiredelivres

Profil sur Booknode

Messages : 2887
Inscription : dim. 03 févr., 2013 3:54 pm

Re: Le Cycle du Serpent [I] : La Confrérie de Loki [Fantasy / Action / Espionnage / Mythologie]

Message par vampiredelivres »

C'est vrai que j'ai un « style » assez particulier, qui peut sembler haché par moments… mais bref, je ne sais pas. Les littéraires puristes n'apprécieront probablement pas :lol: (Si les concernés passent par là, je suis moi-même un peu chiante quant-à certains trucs, donc je ne suis pas la mieux placée pour critiquer :) )
Résumés, oui, et le pire, c'est que d'après les commentaires que j'ai eus juste avant, c'était plutôt correct, ils ont juste été assez étonnés – et probablement perturbés – par les citations en anglais juste avant… mais comme j'adore les mettre en VO… 8-)
Elle m'a sorti « texte saccadé » et « lourdeurs/maladresses » pour le côté stylistique, « passages longs et temps morts » au niveau de l'intrigue, mais quelques compliments sur les descriptions, une relative fluidité et de l'originalité dans l'abord du sujet selon elle, quoique le personnage fasse cliché parce qu'elle est la meilleure et elle le sait très bien.
Et toi, tu as eu quoi comme retours ? :)
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1735
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Le Cycle du Serpent [I] : La Confrérie de Loki [Fantasy / Action / Espionnage / Mythologie]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit :C'est vrai que j'ai un « style » assez particulier, qui peut sembler haché par moments… mais bref, je ne sais pas. Les littéraires puristes n'apprécieront probablement pas :lol: (Si les concernés passent par là, je suis moi-même un peu chiante quant-à certains trucs, donc je ne suis pas la mieux placée pour critiquer :) )
Résumés, oui, et le pire, c'est que d'après les commentaires que j'ai eus juste avant, c'était plutôt correct, ils ont juste été assez étonnés – et probablement perturbés – par les citations en anglais juste avant… mais comme j'adore les mettre en VO… 8-)
Elle m'a sorti « texte saccadé » et « lourdeurs/maladresses » pour le côté stylistique, « passages longs et temps morts » au niveau de l'intrigue, mais quelques compliments sur les descriptions, une relative fluidité et de l'originalité dans l'abord du sujet selon elle, quoique le personnage fasse cliché parce qu'elle est la meilleure et elle le sait très bien.
Et toi, tu as eu quoi comme retours ? :)
Oui, je comprends leur PDV après... (ma prof d'expression écrite nous assassine quand on fait une phrase sans sujet :roll: )
En effet, j'ai vu le commentaire pour ton résumé de Blissful sorrow... Tu es quand même loin d'être la seule à mettre des citations en anglais dans ton résumé :? Surtout que ç'a pas la même gueule en français :')

Texte saccadé, c'est lié à ton stylé, OK, mais des lourdeurs... ? J'en ai pas repéré spécialement :?
C'est vrai qu'il y a quelques passages plus calmes, mais bon, c'est le début du récit, et de nombreux romans de fantasy ne commencent pas réellement avant une centaine de pages... :roll:
Mmhhh, ouais, je partage pas trop son avis pour le coup :lol: C'est vrai que Lilith rentre dans la catégorie des héroïnes fortes qui le savent, mais, contrairement à un certain nombre, elle ne se plaint pas deux pages plus tard des conséquences négatives de sa position, ou, du moins, elle ne le fait pas gratuitement. Puis, on sent qu'elle va devenir cruche dès qu'un beau garçon se présente :|

Euh, me rappelle plus trop, il faut que je retourne voir le retour qu'elle m'a fait x')
Alors, le prologue est assez lourd et un poil trop riche en infos. Retour que me font toutes les personnes qui l'ont lu, il faut que je le revoie ^^
Les descriptions vont bien, même si elle trouve qu'il manque l'expression des sentiments... Et que je pourrais aussi mieux équilibrer les différents types de scène selon les chapitres :)
vampiredelivres

Profil sur Booknode

Messages : 2887
Inscription : dim. 03 févr., 2013 3:54 pm

Re: Le Cycle du Serpent [I] : La Confrérie de Loki [Fantasy / Action / Espionnage / Mythologie]

Message par vampiredelivres »

Je peux la comprendre, grammaticalement parlant, ce n'est pas exactement le truc le plus correct… :)
On est d'accord que les citations en français, quand elles sont classes, ça passe, mais sinon… :roll:

Écoute, elle n'a pas semblé apprécier, mais je m'attendais depuis toujours à avoir un jour des retours dans ce genre. Ça ne fait pas spécialement plaisir, c'est vrai, mais bon, on ne peut pas satisfaire tout le monde. Mais elle a probablement raison dans son abord des choses, je m'attarde souvent sur des détails qui ne semblent pas forcément avoir d'importance au début.
En fait, j'aime bien poser des scènes. En principe – et je pense que tu le remarqueras au bout d'un certain temps – tu as tout un développement dans un lieu précis, puis une grosse scène d'action, on change de lieu, et on repart sur de nouvelles dynamiques.
Ouais, dans les premières versions (quand j'étais gamine), Lilith était une Mary-Sue absolue. Invivable, insupportable. Là, franchement, depuis les deux dernières réécritures, elle va beaucoup mieux, tout comme la majorité de son univers, en fait. Mais non, s'il y a une chose qu'elle ne risque pas de faire, c'est de se plaindre (ou alors, il faut vraiment qu'elle prenne trèèès cher. :mrgreen: ), et idem pour les mecs, elle ne risque pas de tomber raide dingue amoureuse tout de suite.

C'est vrai que ton prologue, quand on ne s'y attend pas… il prend plutôt au dépourvu avec le nombre d'infos qu'on se prend par paragraphe. Mais ça a aussi des côtés positifs, ça dépend juste de comment tu le traites sur le long terme.
Ha, j'ai eu la même pour le manque de sentiments ! :lol:
En vrai, pour l'équilibre des scènes, je trouve que tu t'en sors très bien. Mais après, j'ai l'impression qu'Oneiris, c'est un peu ton bac à sable de fantasy – un peu comme moi pour le Cycle, je m'amuse plus qu'autre chose – donc si les finitions ne sont pas forcément très lisses d'abord, ce n'est pas grave, ça viendra ensuite…
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1735
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Le Cycle du Serpent [I] : La Confrérie de Loki [Fantasy / Action / Espionnage / Mythologie]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit :Je peux la comprendre, grammaticalement parlant, ce n'est pas exactement le truc le plus correct… :)
On est d'accord que les citations en français, quand elles sont classes, ça passe, mais sinon… :roll:

Écoute, elle n'a pas semblé apprécier, mais je m'attendais depuis toujours à avoir un jour des retours dans ce genre. Ça ne fait pas spécialement plaisir, c'est vrai, mais bon, on ne peut pas satisfaire tout le monde. Mais elle a probablement raison dans son abord des choses, je m'attarde souvent sur des détails qui ne semblent pas forcément avoir d'importance au début.
En fait, j'aime bien poser des scènes. En principe – et je pense que tu le remarqueras au bout d'un certain temps – tu as tout un développement dans un lieu précis, puis une grosse scène d'action, on change de lieu, et on repart sur de nouvelles dynamiques.
Ouais, dans les premières versions (quand j'étais gamine), Lilith était une Mary-Sue absolue. Invivable, insupportable. Là, franchement, depuis les deux dernières réécritures, elle va beaucoup mieux, tout comme la majorité de son univers, en fait. Mais non, s'il y a une chose qu'elle ne risque pas de faire, c'est de se plaindre (ou alors, il faut vraiment qu'elle prenne trèèès cher. :mrgreen: ), et idem pour les mecs, elle ne risque pas de tomber raide dingue amoureuse tout de suite.

C'est vrai que ton prologue, quand on ne s'y attend pas… il prend plutôt au dépourvu avec le nombre d'infos qu'on se prend par paragraphe. Mais ça a aussi des côtés positifs, ça dépend juste de comment tu le traites sur le long terme.
Ha, j'ai eu la même pour le manque de sentiments ! :lol:
En vrai, pour l'équilibre des scènes, je trouve que tu t'en sors très bien. Mais après, j'ai l'impression qu'Oneiris, c'est un peu ton bac à sable de fantasy – un peu comme moi pour le Cycle, je m'amuse plus qu'autre chose – donc si les finitions ne sont pas forcément très lisses d'abord, ce n'est pas grave, ça viendra ensuite…
Oui, bien sûr, on ne peut pas plaire à tout le monde ^^
Et, encore une fois, tes scènes qui peuvent traîner en longueur ne le font quand même pas taaaant que ça... J'ai connu bien pire !
Ça fait combien de temps que le Cycle te trotte en tête ? :)
Oui, je l'aime beaucoup Lilith ! Elle sait ce qu'elle veut, elle ne se plaint pas tout le temps, elle a des relations assez "normales" (diversifiées, quoi, il y a des gens avec qui elle s'entend et d'autres non...), elle est stable, courageuse, mais pas sans failles... ;)

Haha, oui, mais à part enlever des infos, je vois pas trop comment le modifier (à moins de modifier la structure en elle-même) :roll:
Oh, bah je pensais qu'ils exprimaient plutôt bien les sentiments... Oups :roll: J'y penserai !
C'est tout à fait ça :lol: Et c'est ce que j'explique au début du sujet, d'ailleurs ^^
Tu as d'autres projets plus sérieux hors fanfics après le Cycle ? :D
vampiredelivres

Profil sur Booknode

Messages : 2887
Inscription : dim. 03 févr., 2013 3:54 pm

Re: Le Cycle du Serpent [I] : La Confrérie de Loki [Fantasy / Action / Espionnage / Mythologie]

Message par vampiredelivres »

Bien sûr que non (et heureusement, d'une certaine manière…)
J'essaie quand même de trouver un intérêt scénaristique à chacune d'entre elles, sinon elles filent à la poubelle assez vite. C'est typiquement mon genre de mentionner un truc, et le ramener quinze chapitres plus tard, en mode « ah, oui, en fait, il y avait ça, avant on s'en foutait, mais maintenant… » :lol:
Ouh, ça fait un bail… sincèrement, c'était parti d'une fanfic Percy Jackson, qui traîne toujours quelque part sur BN (ne va pas la voir, j'ai juste envie de l'enterrer sous terre à tout jamais, aujourd'hui :lol: ). En fait, les personnages principaux (qui étaient secondaires dans la fanfic, à l'époque) sont restés, notamment Selvigia et Kalyan que tu croiseras plus tard, Anomédé est devenue Lilith, et le reste de l'univers classique de PJ a foutu le camp, pour donner naissance aux Maisons et à la Confrérie. Et puis, du même coup, je me suis un peu éloignée du cadre mythologique pour le retourner à ma sauce, et aller aussi beaucoup dans le côté mafieux/espion (que j'adore XD).
Mais je t'avoue que c'était avant Magnus Chase, et quand j'ai appris que RR allait sortir cette série, sur les nordiques… je n'étais pas forcément très bien.
Je suis contente qu'elle te plaise, j'avais peur que beaucoup de gens aient du mal à s'attacher à elle…

Je vois très bien ce que tu veux dire, raison pour laquelle je traînasse probablement aussi sur certaines scènes plus qu'il ne pourrait sembler nécessaire. Je ne l'ai plus exactement en tête, mais faut voir ce que tu pourrais éventuellement couper et virer certains trucs, ou alors les dispatcher dans d'autres chapitres plus tardifs… je ne sais pas. :ugeek:
Nan nan nan, je voulais dire qu'elle m'a fait la même remarque sur le fait que ça manque de sentiments du côté de Lilith. Toi, j'ai absolument rien à redire là-dessus ! :)
Sincèrement, non, le Cycle, c'est le plus gros truc sur lequel je travaille. J'aimerais bien (petit rêve personnel) le voir un jour sur les étagères d'une librairie, mais ça n'empêche que pour l'instant, je m'amuse à le retourner un peu dans tous les sens pour voir jusqu'où je peux creuser.
Après, tu te rappelles Lana et la Faction ? En principe, elles seraient intégrées au deuxième tome du Cycle. J'adore relier mes histoires, en faire une sorte d'arbre géant avec des liens de partout…
louji

Profil sur Booknode

Messages : 1735
Inscription : lun. 02 sept., 2013 3:10 pm

Re: Le Cycle du Serpent [I] : La Confrérie de Loki [Fantasy / Action / Espionnage / Mythologie]

Message par louji »

vampiredelivres a écrit :Bien sûr que non (et heureusement, d'une certaine manière…)
J'essaie quand même de trouver un intérêt scénaristique à chacune d'entre elles, sinon elles filent à la poubelle assez vite. C'est typiquement mon genre de mentionner un truc, et le ramener quinze chapitres plus tard, en mode « ah, oui, en fait, il y avait ça, avant on s'en foutait, mais maintenant… » :lol:
Ouh, ça fait un bail… sincèrement, c'était parti d'une fanfic Percy Jackson, qui traîne toujours quelque part sur BN (ne va pas la voir, j'ai juste envie de l'enterrer sous terre à tout jamais, aujourd'hui :lol: ). En fait, les personnages principaux (qui étaient secondaires dans la fanfic, à l'époque) sont restés, notamment Selvigia et Kalyan que tu croiseras plus tard, Anomédé est devenue Lilith, et le reste de l'univers classique de PJ a foutu le camp, pour donner naissance aux Maisons et à la Confrérie. Et puis, du même coup, je me suis un peu éloignée du cadre mythologique pour le retourner à ma sauce, et aller aussi beaucoup dans le côté mafieux/espion (que j'adore XD).
Mais je t'avoue que c'était avant Magnus Chase, et quand j'ai appris que RR allait sortir cette série, sur les nordiques… je n'étais pas forcément très bien.
Je suis contente qu'elle te plaise, j'avais peur que beaucoup de gens aient du mal à s'attacher à elle…

Je vois très bien ce que tu veux dire, raison pour laquelle je traînasse probablement aussi sur certaines scènes plus qu'il ne pourrait sembler nécessaire. Je ne l'ai plus exactement en tête, mais faut voir ce que tu pourrais éventuellement couper et virer certains trucs, ou alors les dispatcher dans d'autres chapitres plus tardifs… je ne sais pas. :ugeek:
Nan nan nan, je voulais dire qu'elle m'a fait la même remarque sur le fait que ça manque de sentiments du côté de Lilith. Toi, j'ai absolument rien à redire là-dessus ! :)
Sincèrement, non, le Cycle, c'est le plus gros truc sur lequel je travaille. J'aimerais bien (petit rêve personnel) le voir un jour sur les étagères d'une librairie, mais ça n'empêche que pour l'instant, je m'amuse à le retourner un peu dans tous les sens pour voir jusqu'où je peux creuser.
Après, tu te rappelles Lana et la Faction ? En principe, elles seraient intégrées au deuxième tome du Cycle. J'adore relier mes histoires, en faire une sorte d'arbre géant avec des liens de partout…
Haha, c'est marrant de faire ainsi (mettre en scène quelque chose puis le faire réapparaître des chapitres plus tard), après on retourne lire le chapitre en mode "What, what ? Qu'est-ce que j'ai loupé ?" :lol:
Ah ouaiiiiiis.... Tu viens de loin, là :lol: C'est dingue l'origine du Cycle... En fait tu as gardé des personnages et recrée un univers ?
Pourquoi tu étais pas bien ? XD
Non, vraiment, on sent qu'elle est travaillée et qu'elle réserve encore des choses... ;)

En fait, je l'ai tellement "retravaillé" que ça me prend la tête plus qu'autre chose de me pencher encore dessus... Surtout que je dois continuer à corriger les coquilles présentes dans les chapitres et que je prends pas le temps de le faire :roll:
Ah, pardon ! :lol: Ah bon...? Bah elle doit vraiment aimer qu'on parle émotions, car je trouve que tu le fais quand même assez souvent, et de manière à vraiment développer les ressentis du personnage (notamment sur les derniers chapitres, il y avait des passages très intéressants et bien écrits sur les sentiments) ^^
D'acc ^-^ Haha, tu m'étonnes, ce serait vraiment sympa :D
Yep je m'en rappelle :) Tu arriverais à les faire "entrer" dans l'univers de Lilith ? :shock: C'est dingue ça :D Courage !
Répondre

Revenir à « Essais et créations en plusieurs parties »