Sorcière, empathe, aveugle de naissance
16 ans, née le 21 mars, 1m70
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Je suis contente d'entendre le sourire dans la voix de Peter, même si je sens qu'il n'est pas vraiment pleinement heureux. De toute façon on ne passe pas soudainement d'un sentiment à l'autre. Certes, les émotions peuvent se succéder, et même des émotions contradictoires, mais pas les sentiments, pas les humeurs, et l'humeur de Peter reste négative, malgré les fluctuations de ses émotions. Je trouve ça triste, mais je sais bien que je ne peux rien y faire, en tous cas pas là tout de suite, et certainement pas en un claquement de doigts. Enfin si, je pourrais, dans le sens de pouvoir. Je pourrais essayer en tous cas. Je n'ai jamais tenté d'agir sur l'humeur. Sur les émotions oui, elles sont faciles à bouger, elles fluctuent rapidement, facilement, elles sont plus maniables. Sur les sentiments aussi, un peu, avec moins de succès parfois, et il faut être plus subtil, y mettre moins d'intensité. Mais sur l'humeur? Je n'ai jamais essayé. Honnêtement ça me parait impossible, mais je suppose que ça ne l'est pas. Je pense que c'est un travail lent, qu'il faut y aller par touche, encore plus lentement qu'avec les sentiments, en douceur, jour après jour... Il faut vraiment que j'arrête de penser comme ça. Je ne veux pas devenir comme mes ancêtres. Je ne veux pas penser à comment je pourrais contrôler les émotions, les sentiments, ou les humeurs des autres... peu importe que ce soit en pensant au bien de Peter ou non, il faut que j'arrête.
Je me concentre plutôt sur Peter, et sur sa réponse qui m'a fait faire la moue. Il est vraiment négatif...
- Mais non, ne doute pas, ne pense pas à ce qui pourrait mal se passer, je dis avant de me mettre à sourire, dis-toi seulement ça va bien se passer, très bien se passer, et alors ça se passera forcément bien!
Cette théorie n'est évidemment pas totalement prouvée, mais au moins en partie, il semble évident que croire que ça va bien aller ne peut qu'engager une bonne suite. Le négatif engendre le négatif, et penser que les choses iront mal nous pousse souvent vers un futur chaotique. Et je sens que Peter est inquiet, mais il n'a pas de raison de l'être, je ne suis pas faite en sucre, et il ne m'arrivera rien, donc tout va bien.
Je sais que Peter n'a pas envie de mourir, parce que je ne sens pas un tel désespoir en lui. Bien sûr, je ne prétends pas tout savoir, et, n'ayant jamais connu quelqu'un avec des pensées suicidaires, je ne peux pas être sûre que ce que je pense soit vrai. Mais je reste persuadée que, quand quelqu'un est vraiment prêt à quitter la vie, ça se sent, et je ne le sens pas chez Peter. Je sens cependant que ça ne plait à Peter de m'entendre dire que je sais les choses, je suppose que ça faisait trop Madame-Je-Sais-Tout, je fais donc la moue en l'écoutant me répondre, mais je réponds :
- Tu as raison, je ne peux pas tout savoir, et je ne sais certainement pas ce que ça fait de voir tous les membres de sa famille mourir ou disparaître. Mais si, il me paraît évident qu'un bonheur éphémère reste plus agréable que pas de bonheur du tout, je dis, têtue. Et ce n'est pas le fait d'avoir accès à ce bonheur ou pas qui compte, mais la façon dont tu l'appréhendes. Mais soit, arrêtons-nous là-dessus pour aujourd'hui. Crois bien, en revanche, que je ne laisse pas mes amis souffrir, donc tu en réentendras parler.
C'est vrai que je peux être têtue quand je veux, c'est comme ça... c'est sans doute un défaut, je ne le nie pas, mais personne n'est parfait.
Et je sais que moi la première, je suis loin de l'être. Pourtant j'essaie d'être droite, d'avoir des principes... Et parmi eux, celui de laisser une certaine intimité aux gens. Or, sentir leurs émotions alors qu'eux ne le sentent pas, je trouve ça... à la fois bien et mal. J'imagine la gêne que ça pourrait produire si, chaque fois que je passais à côté des autres, ils me sentaient dans leurs têtes, comme ils pourraient me sentir si j'essayais de les influencer. Et en même temps, le fait qu'ils ne me sentent pas, ça me donne l'impression de faire du voyeurisme, à leurs insu... C'est comme écouter une conversation qu'on est pas censé entendre, c'est malsain...
- Eh bien je suppose que ça ne serait pas agréable pour toi de me sentir dans ta tête, et que tu pourrais en être gêné donc dans ce sens, c'est mieux comme ça. Et en même temps, tous les gens qui sont autour de nous, ils ne savent pas que je peux les sentir, que je peux sentir tous ce qu'ils ressentent, et qu'en me concentrant seulement un peu, je peux avoir accès à tout... ce n'est pas très juste pour eux, ça les met à nu et ils ne le savent même pas. Même si honnêtement, je préfère qu'ils ne le sachent pas... je suppose que certains pourraient mal le prendre, ou m'éviter complètement.
Et je suis heureuse que ce ne soit pas le cas de Peter. C'est ce qui me fait assez peur, de me sentir rejetée par les autres, si ils venaient à découvrir mon pouvoir. Je pourrais comprendre qu'ils veuillent m'éviter... mais ça me rendrait certainement très triste. Depuis que je suis toute petite, je vis avec mes émotions et celles des autres, et même si parfois j'ai besoin d'espace, de prendre du recul, d'être seule, ça ne dure jamais, et j'aime la compagnie des autres, j'aime même ressentir leurs émotions, surtout la joie, le bonheur, le plaisir, et l'amour. Je les trouve belles, et j'aime les sentir chez les autres, ça me rends heureuse.
Mais Peter n'est pas heureux et en soit, il a des raisons de souffrir, ce que tout le monde n'a pas. Je secoue donc un peu la tête et réponds :
- Oui bien sûr, on a tous nos souffrances, et je ne dis pas qu'il a des souffrances plus importantes que d'autres, ça dépend de chacun. Mais toi tu as des raisons objectives qui feraient souffrir n'importe qui.
Je ne sais pas si je pourrais vraiment aider Peter, et sentir son excitation me rend coupable. Je ne veux pas utiliser mes pouvoirs sur lui, je ne veux pas atténuer moi-même la douleur, même si ça pourrait peut être l'aider. Les émotions sont utiles, mais parfois, les émotions nous empêchent de réfléchir. On ne voit que par elles, on ne pensent qu'influencer par elles, et parfois, il suffit de ressentir autre chose, pendant un petit instant, pour changer d'idée, pour se rendre compte que ça peut se passer autrement. Je pense que si Peter a du mal à contrôler ses émotions, c'est parce qu'il ne les exprime pas assez, ou pas correctement, puisqu'il s'est excusé avec moi d'avoir exprimé sa colère, et dans ce sens, de simples conseils pourraient déjà aider... Mais il n'a pas l'air vraiment convaincu, et je pince les lèvres en l'entendant répondre.
- Exprime toi plus souvent, voilà mon premier conseil, je dis avec un petit sourire avant de poursuivre, disons que je pourrais atténuer un peu ta souffrance. Je pourrais t'influencer pour que tu te sentes mieux, plus serein, et ça pourrait t'aider à prendre du recul sur tes propres émotions. Mais je ne veux pas faire ça. Je ne trouve pas ça correct, je ne veux pas influencer les gens, je trouve que c'est leur retirer toute volonté, tout libre arbitre...
Je ne veux pas devenir tyrannique, je ne veux pas contrôler les gens, même si c'est avec de bonnes intentions. Tous les dictateurs ont de bonnes raisons de vouloir contrôler le monde... mais ce n'est pas une excuse.
Je comprends que ce ne soit pas clair pour Peter, sa situation a l'air complexe en effet, mais peut être que parler avec sa soeur pourrait l'aider... c'est ce que je lui propose, mais je le sens changer, et sa réponse ne semble pas très réfléchie. En revanche, je le sens soudain agité, et il se penche rapidement vers moi, me faisant sursauter quand je le sens soudain plus proche de mon oreille. Mes sourcils se froncent et je ne sens que la panique qui émane de lui, rien d'autre... alors j'essaie de me concentrer sur ses mots, et je comprends que quelqu'un nous observe sûrement. Je sonde les gens autour de nous, et ressens une grosse source de colère, quelqu'un est furieux... Je ne sais pas vraiment ce que je dois faire, alors je réponds à Peter, tout bas :
- Je ne sais pas faire ça non... mais qui nous écoute?