Comme il s'agit d'une relecture, je vais éviter de dire ce que j'ai affirmé haut et fort précédemment et m'attacher plutôt à autre chose.
Déjà, j'avais oublié en quoi consistait cette première partie. Considérant les trois tomes comme un tout, je ne les différenciais pas. Maintenant, je vois bien que ce premier tiers est une introduction : présentation des personnages, de leur état d'esprit avant les évènements qui bouleverseront leur existence et du mode de vie avant cette "révolution".
C'est en effet ce bouleversement sudiste qui fait l'objet du roman de Margaret Mitchell. Les conventions sociales sudistes sont souvent vivement critiquées, mais sont par ailleurs affirmées comme un art de vivre qu'il est bien triste d'avoir perdu.
Ce premier tiers ne fait pas grand étalage des opinions politiques de l'auteure, à part que "les Yankees sont des méchants" (par la suite et l'apparition de ce qui semble être l'embryon du Ku Klux Klan, cela est beaucoup plus frappant et rebutant). Cependant, certaines choses qui échappent régulièrement à l'auteure sont dérangeantes, notamment la comparaison quasi-systématique des nègres à des enfants, voire des animaux.
Je dois cependant dire que cela est une des raisons pour lesquelles j'aime tant ce roman : il force à réfléchir, à s'insurger contre ce qui est écrit. J'ai beau exécrer certaines thèses que défend l'auteure, je ne peux pas dénier le contexte dans lequel elle a grandit et le contexte qu'elle narre. Et que ce soit le caractère détestable de Scarlett ou le non-politiquement correct de l'œuvre, cela change monstrueusement avec tout ce que j'ai pu lire jusqu'à présent, tout en étant allié à une histoire magnifique (en particulier à partir du 2ème tome, ce sont les scènes du 2ème tome qui font de ce livre un de mes préférés, largement dans mon Top 5 ou 3 ^^).
Edit : je ne résiste pas à vous faire part de mon avis, écrit à froid il y a déjà 2 ans, sur cette première partie ^^ :
Cacoethes-scribendi a écrit :C’est assez difficile de faire un commentaire sur une telle œuvre, tant il y a à dire.
Concernant les personnages : dans ce premier tome, on fait connaissance avec Scarlett: arrogante, égocentrique, jalouse. On a l’impression que ses seules qualités, c’est d’être belle et de savoir séduire les hommes.
Au fil de l’histoire, on commence par se prendre d’amitié pour elle : même au début de cette épopée, elle traverse des épreuves, des épreuves spécialement cruelles pour elle (premier enfant, elle qui n’a pas l’âme d’une mère ; veuvage, elle qui n’a pas 20 ans n’a plus le droit de s’amuser ; début des privations de la guerre, elle qui est coquette).
Sur l’aspect historico-politique, ce premier tome est surtout intéressant du point de vue sociologique. On voit comment les Sudistes (tout au moins, certains Sudistes) traitent (ou pensent traiter) les esclaves noirs.
Selon Margaret Mitchell, ils font partie de la famille. En fait, on a surtout l’impression que les Blancs les traitent comme des animaux de compagnie modérément intelligents qui leur rendent service : ils leur appartiennent, ils leur donnent des ordres, ils les soignent quand ils sont malades, ils les punissent s’ils font quelque chose de mal ou une erreur…
On assiste aussi au déroulement de la guerre de Sécession. Les Sudistes et leur suffisance, leur assurance d’une guerre rapide et victorieuse. Puis les Sudistes et leur confiance vacillante, pour finir sur une débâcle humiliante.
Pour la romance Scarlett/Rhett Butler dans ce tome, c’est assez amusant. Rhett aime choquer Scarlett, Scarlett aime la « polissonnerie » de Rhett, même si elle se doit de s’en offusquer. On voit tout de suite que Rhett est amoureux, on est agacé que Scarlett ne pense qu’à Ashley : soupirer après un homme déjà pris, alors qu’un homme intéressant, beau et riche se tient à vos pieds ! Mais Rhett fait très attention à ce que Scarlett ne connaisse pas l’intensité de ses sentiments, tant il la connaît et craint (à juste titre) qu’elle s’en serve pour le manipuler. Quant à Scarlett… Les rares fois où elle aurait pu succomber, elle se retient par fierté, ne voulant pas tomber à genoux devant un homme aussi cynique que Rhett. Bref, on voit dès le départ que leur histoire ne va pas être de tout repos…
Ce début d’Autant en emporte le vent est assez lent, mais se déguste très bien. Ce classique de la littérature est à lire de manière impérative…