The Debt (terminé) [Contemporain / Ado-YA]

Postez ici tous vos écrits qui se découpent en plusieurs parties !

Vos personnages préférés ? (2 choix max)

Zach
2
40%
Mark
0
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Lily Rose
1
20%
Jessica
0
Aucun vote
Dante
0
Aucun vote
Anthony
0
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Sofia
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Oliver
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Elena
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Nick
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Ashley
1
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15Lina15

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par 15Lina15 »

Ouahhh :o , j'ai encore un grand sourire et les frissons, quel chapitre ! Il était temps que cela arrive (reconnaisse fils/père), je crois que c'est l'un de mes préférés.
Je trouve ça bien que la première partie soit plus longue (ce n'est que mon avis), ça laisse plus le temps de rentrer dans le récit (se rappeler les enjeux…) et de développer. Peut-être que si tu mettais l'accent à chaque fois sur une partie en particulier, ce serait plus facile au lecteur d'être pris dans le récit (ce que j'adore, oublier le fait même de lire, vivre ce qu'on lit).
On se dit à la prochaine ! Merci pour les émotions :D
louji

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par louji »

15Lina15 a écrit :Ouahhh :o , j'ai encore un grand sourire et les frissons, quel chapitre ! Il était temps que cela arrive (reconnaisse fils/père), je crois que c'est l'un de mes préférés.
Je trouve ça bien que la première partie soit plus longue (ce n'est que mon avis), ça laisse plus le temps de rentrer dans le récit (se rappeler les enjeux…) et de développer. Peut-être que si tu mettais l'accent à chaque fois sur une partie en particulier, ce serait plus facile au lecteur d'être pris dans le récit (ce que j'adore, oublier le fait même de lire, vivre ce qu'on lit).
On se dit à la prochaine ! Merci pour les émotions :D
Oh, je suis contente que le chapitre t'ait plu, j'avais peur de faire plus pitié qu'autre chose :lol: (le prochain chapitre est dans la même veine, j'espère que ça ne fera pas too-much :roll: ).
Quand tu parles de parties, tu veux dire celle dans le présent et celle dans le passé ? ;)
Merci beaucoup pour ton com et tes compliments, ça me touche :mrgreen:
15Lina15

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par 15Lina15 »

Oui, c'est ça passé/présent et tkt tu arrives à viser juste ;)
titia1311

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par titia1311 »

Wahou ! :o J'adore ce dernier chapitre ! Enfin ! Ils font tomber les barrières et disent leurs sentiments ! Ce n'est pas trop tôt ! :)
louji

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par louji »

titia1311 a écrit :Wahou ! :o J'adore ce dernier chapitre ! Enfin ! Ils font tomber les barrières et disent leurs sentiments ! Ce n'est pas trop tôt ! :)
Merci beaucoup ! :D
Je suis contente que ça te plaise toujours =)

A bientôt ^-^
louji

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par louji »

Hello, un chapitre assez calme, avec une scène qu'on ne risque pas de revoir avant un bon moment (voire jamais) :lol:
Merci aux Booknautes qui me suivent et m'encouragent :D




20
Quelques mots



Je le sens désespéré dans son étreinte brusque et possessive. Je fais un pas en arrière pour compenser l'élan avec lequel il s'est jeté dans ma chambre. Le chaume de ses joues me chatouille et son souffle envoie des frissons dans ma nuque. Doucement, je remonte les mains le long de ses flancs et les pose dans son dos. A-t-il maigri depuis quelques temps ?
– Oh, Zach, finit-il par lâcher dans un souffle.
Son ton est incertain, sa voix tremblante, sa respiration courte et ses bras agités de soubresauts. Alors que je regarde sans savoir quoi faire le mur en face de moi, je me rends compte qu'il me serre contre lui. C'est l’une des rares fois depuis que je le connais. Un hoquet de douleur fait rebondir ma poitrine. Avec une horrible impression de faiblesse, j'enfouis la tête dans son épaule.
Sa main se pose gentiment à l'arrière de mon crâne. Je ne me suis jamais senti aussi protégé.
– Si j'avais su, murmure-t-il d'un ton étranglé en me berçant presque contre lui. Mon garçon... Je suis tellement désolé. Alison me foutrait des baffes si elle était là.
– Mark, je gémis comme un môme. Je ne veux pas te perdre.
Un rire étranglé s'échappe de ses lèvres.
– J'ai bien compris, mon garçon. Tu me ressembles plus que je ne voudrais jamais l'avouer. Il est vrai que mon sang ne coule pas dans tes veines, mais je ne doute plus du fait que je t'ai modelé en partie. (Il desserre son étreinte sans enlever sa main à l'arrière de mon crâne.) J'ai eu l'orgueil de me vanter d'avoir élevé un enfant sans m'imaginer un instant que cet enfant puisse m'aimer. J'ai été un abruti. Et tu m'en vois profondément désolé.
Comme si je lui en voulais ! C'est plutôt moi qui suis incapable de m'imaginer qu'il puisse... m'aimer ? Cette fois, les larmes me piquent les yeux et je serre fort les paupières dans l'espoir de les retenir. Jamais personne ne m'a aimé. Enfin, à part Raylen. Mais l'amour que j'ai toujours cherché à obtenir, ce n'est pas d'abord celui de l'amitié, mais celui d'un parent. C'est ce qu'un enfant souhaite à tout prix, non ?

– Je n'aurais jamais cru que tu puisses m'aimer ou m'admirer, Zach, reprend calmement Mark. J'ai été horrible avec toi ces cinq dernières années. Je ne t'ai pas mieux traité que tes autres parents adoptifs. Je t'ai crié dessus, insulté, j'ai même levé la main sur toi... À quel point étais-tu en manque d'amour pour éprouver quelque chose pour moi ?
– Tu m'enlèves les mots de la bouche, rétorqué-je d'une voix chevrotante. Comment peux-tu apprécier un sale gamin comme moi ? (Je m'arrache à son étreinte, le laissant pantois.) J'ai brisé ta vie !
Silencieux, Mark secoue la tête puis prend mon visage dans ses mains pour que je le regarde fixement. Ses yeux sombres me sondent comme ils l'ont toujours fait, mais je ne peux m'empêcher de me raidir.
– Et tu l'as reconstruite petit à petit, brique par brique, émotion par émotion. À cause de toi, j'ai oublié ce qu'était l'amour, la tendresse, la confiance, le respect, le sentiment de sécurité. J'ai connu la solitude, le désespoir, la douleur, la tristesse dans son état le plus déchirant et la sensation d'être au fond du trou. J'ai eu envie de mourir, de disparaître, de rejoindre mon épouse et mes petites filles.
Je baisse les yeux en enfonçant mes ongles dans mes paumes pour que la douleur me maintienne ancré dans la réalité. Sa peine est tellement palpable ! Et la mienne si étouffante...
– Zachary, souffle-t-il en remontant mon menton. Regarde-moi, je t'en prie.
Par respect pour lui et parce que je veux savoir ce qu'il a à me dire dans ces derniers instants, je relève les yeux vers son visage déformé par le chagrin, les remords et la honte. Soudain, une certaine reconnaissance apaise ses traits.
– Mais tu m'as appris à aimer à nouveau, mon garçon. Tu m'as redonné le sentiment d'être responsable de quelqu'un et pas seulement de moi. J'ai redécouvert ce qu'était mener une vie normale, d'éprouver des sentiments forts, qu'ils soient agréables ou pas, de savoir que quelqu'un m'attendait quand je rentrais du travail après une longue journée.
Il se tait et prend une longue inspiration. L’appréhension me serre le cœur.
– Peut-être n'osais-je pas avouer que j'éprouvais de l'amour pour la personne qui m'a brisé avant de me reconstruire. (Il plonge ses yeux dans les miens. Un mélange de peur, de gêne et de honte habite son regard intense.) Je veux que tu saches que je t'aime, Zachary. Je sais que je ne te l'ai jamais montré et je m'en rends moi-même compte que bien tard, mais je t'aime.
Se rend-t-il compte de ce qu'il m'offre ? A-t-il conscience qu'avec ces trois mots, il m'a donné plus que l'on ne m'a jamais donné ? Oh, Mark !
Moi aussi, je t'aime, bon sang.


Quelques minutes plus tard, ou peut-être plusieurs heures ou toute une éternité, je suis allongé dans un sentiment de douceur et de réconfort comme je n'en ai jamais connu.
J'ai presque l'impression que ma mère me berce dans ses bras sous le regard bienveillant de mon père.
Non, je n'ai ni mère, ni père.
Juste Mark. Fondamentalement, il n'est ni l'un, ni l'autre. Je m'en fous. C'est pas important. Lui, contrairement à mes parents biologiques, il a été là. Pas toujours là, non, mais là quand même.
Il m'a élevé par les coups, par le sang, par les mots, mais, aussi, et je le sais, par l'amour.
Mark a raison : il m'a modelé. Comme il veut que je sois. Comme un homme bon, juste, honnête, qui pense par lui-même et agit de la manière qui lui semble correcte.
Et je veux être ainsi. C'est une promesse, Mark : je deviendrai quelqu'un dont tu seras fier.




20.5
Le Journal : "Doutes"



Vendredi 16 avril.

Je commence vraiment à m'ennuyer. Les journées sont longues et je n'ai rien à faire pour passer le temps. Une bonne nouvelle : mon bras gauche est enfin guéri ! Les chirurgiens m'ont annoncé qu'ils avaient fait la dernière opération, que le disque qui me permettait de bouger l'avant-bras était en place et fonctionnait. Malheureusement, mon bras me fait mal quand je le plie trop ou que je porte quelque chose avec, mais les médecins m'ont dit que je devais faire de la rééducation et que ça irait mieux après.
Il y a plein de cicatrices au niveau de mon coude gauche. J'espère qu'elles partiront. Déjà que j'ai l'air d'un cyborg avec mon disque en métal dans le bras et des broches dans la jambe, je veux pas en plus ressembler à Frankenstein !

Dimanche 18 avril.

Mr Grace est passé me voir ce matin. Il m'a annoncé que je viendrai vivre chez lui cet été. Cette annonce m'a un peu chamboulé... Je sais pas si je suis prêt. L'affronter tous les jours va être difficile. Je comprends toujours pas comment cet homme a pu vouloir m'adopter. J'ai tué sa famille !

Mercredi 21 avril.

Il y a des traces de larmes séchées sur la page de dimanche.
Dès que j'ai repensé à l'accident, les larmes m'ont pris en traître. Une femme qui apportait son aide à tout le monde et deux fillettes de six ans sont mortes par ma faute. Je devrais être en prison, non ? Pourquoi je n'y suis pas ? Une personne comme moi ne devrait pas avoir le droit d'être en liberté, si ?
Je sais qu'une fois chez Mr Grace je devrais rembourser ma dette. Mais comment faire ? Je lui dois de l'argent ? Des services ? Je m'occuperai de sa maison ? Si seulement il pouvait m'éclairer là-dessus... Quand je lui ai posé la question, il est resté très mystérieux et ne m'a pas vraiment expliqué.
J'ai tellement de doutes... Ça me fait peur. Je ne sais pas quel est mon avenir et comment les choses vont évoluer.


Dernière modification par louji le dim. 13 oct., 2019 4:02 pm, modifié 2 fois.
15Lina15

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par 15Lina15 »

Salut, ce chapitre était vraiment bien.
En lisant le premier gros paragraphe, vers les 2/3, je suis restée scotchée. J'étais littéralement pendue à tes mots. J'ai remarqué que tu avais carrément construit de simples (plus gros) paragraphes d'ailleurs, et pour ma part, cela m'a aidé ; je crois que je serais (un peu) sortie de l'histoire si tu avais coupé. Mais là c'était génial.
La deuxième partie était aussi bien que la première (Frankenstein j'adore :D ).
J'attends la suite…
louji

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par louji »

15Lina15 a écrit :Salut, ce chapitre était vraiment bien.
En lisant le premier gros paragraphe, vers les 2/3, je suis restée scotchée. J'étais littéralement pendue à tes mots. J'ai remarqué que tu avais carrément construit de simples (plus gros) paragraphes d'ailleurs, et pour ma part, cela m'a aidé ; je crois que je serais (un peu) sortie de l'histoire si tu avais coupé. Mais là c'était génial.
La deuxième partie était aussi bien que la première (Frankenstein j'adore :D ).
J'attends la suite…
Bonsoir =)
Bon, je suis rassurée ! :D J'avais vraiment peur de faire dans le pathos avec ce chapitre :lol:
Tes compliments me font vraiment plaisir, et je suis contente que la construction de scène t'ait aidée à rester impliquée dans l'histoire :D A la base, j'avais pas du touuut prévu le coup de la gueule de bois de Mark et de cette scène affectueuse, puis je me suis dit "pourquoi pas" et apporter un peu de douceur dans le récit ^^
(Héhé, je me rappelais même plus de ce que j'avais écrit, et j'ai aussi rit en faisant la relecture avant de poster :D )

Merci encore pour tes commentaires, tu m'apportes beaucoup de motivation et tes remarques sont toujours pertinentes ;)
A plus ^-^
15Lina15

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par 15Lina15 »

louji a écrit : Bonsoir =)
Bon, je suis rassurée ! :D J'avais vraiment peur de faire dans le pathos avec ce chapitre :lol:
Tes compliments me font vraiment plaisir, et je suis contente que la construction de scène t'ait aidée à rester impliquée dans l'histoire :D A la base, j'avais pas du touuut prévu le coup de la gueule de bois de Mark et de cette scène affectueuse, puis je me suis dit "pourquoi pas" et apporter un peu de douceur dans le récit ^^
(Héhé, je me rappelais même plus de ce que j'avais écrit, et j'ai aussi rit en faisant la relecture avant de poster :D )

Merci encore pour tes commentaires, tu m'apportes beaucoup de motivation et tes remarques sont toujours pertinentes ;)
A plus ^-^
:lol: Ça doit faire super bizarre de lire quelque chose dont on ne se rappelle pas mais que l'on a écrit soi-même !
Et de toute manière, tu l'avais dit dès le départ, c'est un échange de bon procédé, ensemble on est plus efficaces (j'espère :lol: )
louji

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par louji »

Bonjour, bonsoir, je vous présente la suite des (més)aventures de Zach et co :D
En espérant que ça vous plaise toujours...




21
Menace



Alors que je viens de promettre – à Mark ainsi qu’à moi-même – de devenir quelqu'un de bien, Mark me tapote le dos gentiment, recule, me jette un regard qui en dit plus que n'importe quelles paroles et sort de ma chambre en fermant la porte derrière lui. Je m’approche de mon lit et y reste assis pendant plusieurs dizaines de minutes, les yeux dans le vide, l'esprit tantôt vide, tantôt plein.
Il s'est passé tant de choses ces derniers jours... Depuis l'anniversaire de la mort d'Alison et ses filles. Mark et moi avons décidé d'en faire un nouveau départ. Oui, mais pourquoi ? Quel avenir me reste-t-il ? N’aurais-je jamais l'opportunité d'être un citoyen lambda ?
J'ai avoué à Mark que je le considérais comme mon propre père. Et il m'a dit qu'il tenait à moi. Cinq ans que je le connais. Depuis combien de temps a-t-il ces sentiments pour moi ? Combien de disputes et de remords aurions-pu nous éviter s'il me l'avait avoué avant ?
Et moi, depuis quand vois-je en lui cette figure paternelle, que je respecte et qui me rassure ? Peut-être cela a-t-il commencé dès que je suis venu vivre chez lui... et combien de disputes aurais-je moi aussi éviter si je le lui avais dit ?

Le lendemain arrive vite. Le repas de mercredi soir s'est fait dans un silence gêné. Les « merci », « c'est bon », « passe-moi le sel, s'il te plaît » ont été les seuls mots que Mark et moi avons prononcés. J'étais censé aller m'excuser auprès des parents d'Anthony et auprès de Lily Rose l'après-midi, mais les événements ont fait que tout cela a été repoussé. J'ai demandé à Mark de dire à Anthony et sa famille que je viendrai le voir à l'hôpital le lendemain, jeudi 12 février, pour m'excuser. Je dois assumer les conséquences de mes actes.

Nous nous rendons à l'hôpital de Lake Town – là où j'ai été hospitalisé après l'accident et le lieu où travaillait Alison Grace. On nous indique la chambre 326 comme étant celle d'Anthony Greenlight. Mark a acheté des fleurs le matin et déjà certains pétales ont commencé à faner en cette fin d'après-midi.
Lorsqu'on arrive au niveau de la chambre, une boule d'angoisse se coince dans ma gorge. Anxieux, je donne quatre coups secs contre la porte. Une voix féminine me répond :
– Entrez !
Après avoir jeté un coup d’œil à Mark, qui me soutient d'un hochement de tête discret, j'ouvre la porte et m'avance dans la chambre. Deux adultes quarantenaires sont installés sur des chaises en plastique, les yeux cernés, une main tendue entre eux pour se soutenir mutuellement. Mr et Mme Greenlight. Le premier, châtain comme son fils avec des yeux bleus, porte un polo de marque et un pantalon en coton. Il m'observe avec curiosité. La deuxième, les cheveux blonds coupés courts et les yeux noisette comme ceux d'Anthony, me dévisage sans masquer son mépris. Ce dernier est alité en blouse d'hôpital dans un lit entouré de diverses machines médicales, rehaussé par de gros coussins. Ses cheveux sont coiffés en arrière et ses yeux posés sur moi me font frissonner. L'un est au beurre noir, mais les deux me fixent avec dégoût, haine et animosité. Il a un pansement sur le nez, qu'ils ont dû opérer pour remettre l'arête nasale en place, une minerve autour du cou et de petits points de suture sur la joue gauche.
– Bonsoir, lance soudain Mark derrière moi alors que l'ambiance menace de devenir orageuse. Mr et Mme Greenlight (il tend la main vers l'homme et le bouquet de fleurs vers la femme) Mark Grace, le père de Zach.
– Bonsoir, Mr Grace, répond le père d'Anthony en se levant pour le saluer. Merci d'avoir fait le déplacement.
– Ce n'est rien ! Au contraire, Zach devait nécessairement s'excuser après ce qu'il a fait à votre fils.
– Évidemment, approuve Mme Greenlight en prenant le bouquet avec réticence.
Mark se tourne vers Anthony et lui demande :
– Ça va mieux ?
– Oui, mais pas grâce à vous, crache l'adolescent en le fusillant du regard. Si vous aviez mieux su tenir en laisse votre... (il pose les yeux sur moi) fils, peut-être n'en serions-nous pas là.
Il a dit « fils » comme il aurait dit « chien ». Je jette un regard à Mark par-dessus mon épaule. Fidèle à lui-même, il ne cille pas et reste calme, ce qui semble impressionner Mr Greenlight.
– Tu sais, Anthony, je sais que tu as joué un mauvais tour à Zach avant qu'il s'en prenne à toi.
Les traits du visage d'Anthony s'affaissent, mais il se reprend dans la seconde suivante. Malgré tout, son expression mortifiée n'a pas échappé à sa mère, qui fronce les sourcils.
– C'est quoi cette histoire, Anthony ?
– R-Rien, bredouille-t-il en serrant les poings.
Des coups donnés contre la porte le sauvent. Lily Rose entre dans une tornade de cheveux blonds, de parfum printanier et de fleurs multicolores.
– Désolée du retard ! s'exclame-t-elle, les jours roses.
– Pas de problème, Lily, la rassure son petit ami en lui adressant un sourire tendre.
L'adolescente salue les parents de ce dernier ainsi que Mark et s'approche d'Anthony. Elle pose son bouquet à côté de l'ancien, dont les fleurs sont mortes, et se penche pour embrasser son copain. Je ne peux pas m'empêcher de détourner les yeux. En se redressant, elle semble se rappeler que j'existe, car elle tourne soudain la tête vers moi, les traits tendus.
– Bonsoir, Zach.
– Bonsoir, je réponds du même ton froid.
Elle s'assied au bord du lit en prenant la main de son copain dans la sienne. Tous les regards sont tournés vers moi. Avec une courte inspiration, je commence ce que j'ai appris par cœur pendant le repas de midi :
– Si Anthony est aujourd'hui hospitalisé, c'est par ma faute et uniquement la mienne. (Exclusion de la faute de mon ennemi, même s'il l'a clairement cherché.) Je me suis comporté comme un sauvage envers lui et je le regrette amèrement. Alors je suis venu aujourd'hui pour vous présenter mes excuses. À Anthony, mais aussi à vous, Mr et Mme Greenlight, ainsi qu'à toi, Lily Rose.
Je suis un parfait hypocrite. Je n'ai pensé aucun mot que j'ai dit. Mais je dois être un bon menteur, car Lily Rose et Mr Greenlight hochent la tête en signe d'acceptation. Cependant, la mère d'Anthony et lui-même restent de marbre, les traits figés en une expression glaciale.
– Tu crois que ça va me rendre mon visage, tes excuses à la con ? susurre Anthony d'un ton rauque.
Je le dévisage, interdit. Son père, Mark et Lily Rose font de même. Celle-ci réagit la première :
– Tu t’imagines que c’est primordial pour moi ? Anthony, ton physique n'est pas la seule raison pour laquelle je suis tombée amoureuse de t…
– Tais-toi ! hurle-t-il en la repoussant brusquement.
Elle manque tomber et se rattrape contre le mur. Elle fixe son petit ami avec horreur.
– Je veux devenir acteur, moi ! continue Anthony en criant. Pourquoi tu crois que je fais du théâtre avec toi ? C'est pour devenir acteur !
– Je... je croyais que c'était pour être avec moi, bredouille Lily Rose, au bord des larmes.
– Anthony ! souffle son père en posant une main sur son bras. Calme-toi.
– Toi, me touche pas, espèce de raté ! beugle l'adolescent en fusillant du regard Mr Greenlight, qui blêmit. Je veux pas finir comme toi, à faire un boulot qui me plaît pas. Je voulais devenir acteur ! Être connu et respecté dans le monde entier. (Il pose ses yeux de fou sur moi.) Et tu as tout brisé, Zachary Gibson.
Je sais. Oh oui, je le sais trop bien. Je casse tout sur mon passage. Baissant les yeux de honte, je reste muet devant la colère et l'amertume de mon camarade.
– Tu peux toujours devenir acteur ! le rabroue Mark avec fermeté.
– Pff ! fait l'adolescent d'un air sarcastique. Pour devenir un acteur de renommée mondiale, il ne faut pas seulement être bon, il faut aussi avoir le physique ! Et vous pensez que les gens s’extasieront sur mon nez tordu et ma joue balafrée ? Dans vos rêves !
Il se redresse brusquement et pointe un doigt accusateur dans ma direction.
– Écoute-moi bien, espèce de fils de pute. (Mark s'avance, mais je le retiens d'une main.) Tu vas me le payer, tu comprends ? Tu vas me le payer, enflure de zonard ! hurle-t-il en se levant soudain.
Lily Rose s'écarte avec un cri de frayeur devant les gestes brusques de son copain et son regard meurtrier. Malgré moi, je me tends, prêt à recevoir des coups. Néanmoins, Mr Greenlight se jette en travers du lit et retient son fils par la taille.
– Anthony, arrête, bordel ! T'es malade ou quoi ?
– Lâche-moi, pauvre con ! hurle l'adolescent en le repoussant.
– Je crois qu'on va y aller, annonce Mark d'une voix dure en me prenant par le bras.
Je veux protester, mais il ne m'en laisse pas le temps. Alors qu'il m'entraîne vers la sortie, j'entends Anthony me promettre d'une voix enrouée par la colère et les cris répétés :
– Je te tuerai, Zachary Gibson, je te tuerai !




21.5
Le Journal : " Enfin ! "



Vendredi 23 avril.

Enfin ! Mr Grace est venu me voir à l'hôpital ce matin pour me dire que j'allais emménager chez lui pendant l’été. Les médecins estiment que mon bras gauche est assez rétabli et solide pour supporter que je marche en béquilles. J'aurais pu aller vivre chez Mr Grace avant, mais sa maison n'était pas adaptée à un fauteuil roulant.
Je me sens plus confiant. Je mange, me douche et me déplace seul. Ma rééducation pour mon bras a commencé et je vais devoir continuer encore un moment, mais pouvoir l'utiliser à nouveau est un énorme soulagement. À présent, j'attends que ma jambe se rappelle qu'elle doit me servir à marcher.

Samedi 24 avril, tard dans la soirée.

Je n'arrive pas à m'endormir. Mr Grace a passé la journée avec moi. Son regard est froid, sa voix cassante et je sens que je le révulse, mais, au moins, il était là. Il a lu le journal, m'a dit que c'était bien que je m'investisse dedans. J'ai quand même été gêné qu'il le lise... J'ai mis tellement de trucs personnels !
Il m'a expliqué un peu comment allait se dérouler le déménagement. Il paraît que mes affaires ont été transférées de chez Karen à chez lui. Il m'a dit qu'il avait été étonné du peu de choses que je possédais. Bah... assez de t-shirts pour faire la semaine, deux ou trois pantalons, des sous-vêtements, quelques vestes, quatre paires de chaussures et un anorak. Ça me semble assez pour vivre.
Je suis impatient d'aller chez Mr Grace. Je sens que c'est comme un nouveau départ pour moi. Je ne suis pas mécontent de quitter Karen. Mais j'ai quand même peur. Peur de savoir ce qui va se passer une fois chez Mr Grace. Me traitera-t-il aussi durement qu'il me l'a dit ?
Après tout, ça me semblerait normal.


Dernière modification par louji le mer. 13 nov., 2019 10:48 am, modifié 3 fois.
titia1311

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par titia1311 »

Ah ah ! J’aime bien ce chapitre, ça montre un peu aux autres la vraie personnalité d’Anthony.
Ça sent la vengeance à plein nez tout ça !

P.S. : pas besoin de t’excuser du désagrément :D au contraire ! J’attends toujours tes nouveaux chapitres avec impatience ;)
15Lina15

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par 15Lina15 »

Hey, hey, super sympa la discussion à l'hôpital même si Anthony est très caricatural !! :|

Je ne sais pas pourquoi mais j'aime savoir les détails de l'évolution de ses blessures. À la fin, il y a une faute de frappe : "pantelon" --> "pantalon", je crois.
La suite devient de plus en plus intéressante, j'ai l'impression que ton histoire va durer encore un moment. Une petite indication, peut-être, sur où l'on est (% ou fraction) :?:

Merci, c'est toujours aussi agréable à lire :D
louji

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par louji »

titia1311 a écrit :Ah ah ! J’aime bien ce chapitre, ça montre un peu aux autres la vraie personnalité d’Anthony.
Ça sent la vengeance à plein nez tout ça !

P.S. : pas besoin de t’excuser du désagrément :D au contraire ! J’attends toujours tes nouveaux chapitres avec impatience ;)
Super, contente qu'il t'ait plu ! ;)
Haha oui ! :P

Merci beaucoup pour ta lecture et ton commentaire :D

15Lina15 a écrit :Hey, hey, super sympa la discussion à l'hôpital même si Anthony est très caricatural !! :|

Je ne sais pas pourquoi mais j'aime savoir les détails de l'évolution de ses blessures. À la fin, il y a une faute de frappe : "pantelon" --> "pantalon", je crois.
La suite devient de plus en plus intéressante, j'ai l'impression que ton histoire va durer encore un moment. Une petite indication, peut-être, sur où l'on est (% ou fraction) :?:

Merci, c'est toujours aussi agréable à lire :D
Oui, c'est vrai qu'avec certains personnages, j'ai du mal à sortir des clichés :x J'essaie de les traiter de manière réaliste, pas d'amener ça en mode "Ouais, t'es trop méchant parce que t'es méchant", mais je reconnais qu'Anthony (et d'autres) sont assez... courants dans les histoires ado. :roll:

Héhéhé, parce que savoir qu'il a morflé est un sentiment agréable :twisted: :lol:
Ah oui, en effet XD Merci ! ;)

Oula, euh... Bon, mon fichier Word fait 242 pages pour l'instant (police 12) et le chap 21 (le dernier posté) est à la page 102. Je dirais que je suis sur l'avant-avant dernière ligne droit avant l'épilogue (déjà écrit) :lol: Environ... 8/10
C'est assez compliqué de savoir combien de pages je vais encore écrire avant la fin... :roll: J'ai le scénario, mais il faut encore que je mette les choses en place... J'aimerais ne pas dépasser 350 pages :lol: Si je reste dans cette optique, tu es presque au tiers :roll:
Désolée si ça te paraît suuuuper long :| Mon job, c'est de garder les choses palpitantes jusqu'à la fin :P

Merci beaucoup pour ton passage et ton com, ça fait toujours plaisir de savoir que quelqu'un lit et est prêt à donner des retours :D
15Lina15

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par 15Lina15 »

Oula, euh... Bon, mon fichier Word fait 242 pages pour l'instant (police 12) et le chap 21 (le dernier posté) est à la page 102. Je dirais que je suis sur l'avant-avant dernière ligne droit avant l'épilogue (déjà écrit) :lol: Environ... 8/10
C'est assez compliqué de savoir combien de pages je vais encore écrire avant la fin... :roll: J'ai le scénario, mais il faut encore que je mette les choses en place... J'aimerais ne pas dépasser 350 pages :lol: Si je reste dans cette optique, tu es presque au tiers :roll:
Désolée si ça te paraît suuuuper long :| Mon job, c'est de garder les choses palpitantes jusqu'à la fin :P
Sois pas gênée, si l'histoire reste tout du long au même niveau, je ne vais pas cracher sur des chapitres en plus ! Contente de pouvoir te lire :P
louji

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par louji »

Bonjour, bonsoir, voilà la suite :)
En espérant que ça vous plaise toujours... Bonne lecture ! ;)




22
Victoire



Vendredi 13 février. Non, je ne suis pas superstitieux. N'empêche que la poisse semble me coller à la peau comme le lierre à la roche. Mon portable m'a lâché ce matin. Adieu le réveil. Bonjour le lever en retard. Bye bye le bus que je vois repartir dans l'autre sens alors que j'arrive à l'arrêt. Bonjour la honte quand j'ai dû me rendre chez les Daniels pour leur demander s'ils pouvaient me déposer au lycée en même temps que Lily Rose. Et je ne vous raconte pas la gêne dans la voiture tous les deux assis sur la banquette arrière du 4x4 de Philip.
Lily Rose a les joues creuses, les yeux cernés et la mine défaite. Le comportement d'Anthony hier l'a bouleversée. Je me demande si leur couple va y rester. À cette idée, je me sens un peu triste pour elle, mais j'éprouve aussi un vif soulagement. Une fille pareille ne mérite pas d'être avec cette pourriture.

Une fois arrivés au lycée, Philip nous souhaite une bonne journée puis repart pour son cabinet d'avocat. Lily, son sac pendouillant au bras, se dirige d'un pas lent vers l'entrée. Je marche doucement pour m'adapter à sa cadence. Mes longues jambes ne m'aident pas vraiment.
– Je suis désolée, murmure Lily Rose alors qu'on passe le portail de notre lycée.
– Pour quoi ? demandé-je, étonné, en baissant la tête vers elle.
– Je n'aurais pas dû te forcer à t'excuser auprès d'Anthony. Regarde comme ça s'est passé.
– Lily, tu m'as forcé à rien du tout, la rassuré-je en soupirant. J'ai choisi de moi-même d'aller présenter mes excuses.
– Mais c'est lui qui a commencé avec cette histoire de photos dans ton manuel. C'est lui qui aurait dû s'excuser !
– Je l'ai envoyé à l'hôpital ! crié-je en m'arrêtant. Ne me cherche pas d'excuse, Lily Rose.
Incapable de répondre quoi que ce soit, ma camarade ouvre la bouche et la referme plusieurs fois avant de secouer la tête.
– Anthony aura su mettre en l'air nos vies.
– Lily... murmuré-je. Je t'en prie, ne remets pas votre relation en cause à cause de moi.
Je ne veux pas briser une personne de plus. Ce serait trop. Beaucoup trop.
– Mais comment veux-tu que je ne le fasse pas ? s'exclame-t-elle en écarquillant les yeux, sidérée. Tu ne te rappelles pas ce qu'il m'a dit ? Qu'il n'avait pas commencé le théâtre pour être avec moi, mais simplement pour devenir acteur ? Je savais qu'il avait ce projet en tête, mais... mais pas qu'il y tenait tant.
Devant son air abattu et sa déception, je grimace. Que puis-je faire pour elle ? Maladroitement, je lui serre l'épaule. Consciente de mou soutien, elle m'adresse un petit sourire gêné puis me tapote le bras pour me dire qu'elle va mieux. Elle sait bien que je ne suis pas doué pour ça.
– Bon, je vais en biologie, m'annonce-t-elle alors qu'on se dirige vers les bâtiments du lycée. À tout à l'heure.
– À tout, je réponds en marmonnant.
Maintenant que Lily Rose n'est plus là, tous les regards convergent dans ma direction. Ah ! la célébrité. Si seulement j'avais pour réputation d'être un voleur de cœurs de jeunes pucelles innocentes. Je suis en effet un voleur. Mais de vies.

Alors que je me dirige vers mon casier, j'aperçois deux gars appuyés contre celui-ci, en train de taper la discute. Je m'apprête à leur demander de se décaler quand je les reconnais. Ce sont les deux compères d'Anthony. Elliot, le plus petit des deux, lève les yeux vers moi en se taisant. Je le toise de mon regard le plus noir, mais il se contente de sourire d’un air moqueur. Son compagnon, Nick, s'enlève de la porte de mon casier et me dévisage, ses bras épais croisés sur la poitrine.
Méfiant, je m'avance et ouvre mon casier. Rien n'a bougé. Tout est en ordre. Enfin, il me semble. Confus, je récupère les affaires dont j'ai besoin. J'entends Nick et Elliot murmurer des messes basses dans mon dos. Une sueur froide coule dans ma nuque.
J'ai à peine refermé mon casier que Nick, qui fait du football américain et est taillé comme une armoire à glace, m'agrippe le poignet gauche pour le replier violemment en clé de bras. Mon articulation proteste contre la brusquerie du mouvement et le disque métallique dans mon coude grince désagréablement contre mes os. J'étouffe un cri de douleur.
– Zach... souffle Nick à mon oreille d'une voix mielleuse. Ah... notre cher Zach.
Au contact de son haleine tiède contre la peau de mon cou, je frissonne en serrant les dents.
– Tu crois que ça allait se passer aussi facilement ? (Mon cœur se met à tambouriner contre mes côtes. Qu'a-t-il prévu ? On est au plein milieu des couloirs !) Anthony nous a fait passer le mot... Tu dois souffrir. (Mon sang se glace dans mes veines.) Mais pas trop, il veut que tu sois encore en un seul morceau quand il sera de retour, ajoute Nick avant d'éclater de rire.
Comme je ne réponds rien, il augmente la pression sur mon bras. Déterminé à ne pas le laisser gagner, je serre les dents et me focalise sur une rayure du casier devant moi pour tenter d'oublier la douleur. Mon épaule gauche est en feu. D'un coup, Elliot se marre.
– Laisse tomber, Nick, tu vas le faire pleurer comme une p'tite fille. Regarde comme il est rouge !
– Je veux l'entendre crier, susurre le footballer d'une voix sulfureuse.
Et il gagne le bâtard.
Alors que j'ai l'impression que mon articulation va céder, je lâche un cri de douleur. Nick éclate de rire puis lâche mon bras. D'un geste amical, il me tapote l'épaule.
– À plus, le monstre. (Il s'éloigne puis me lance avant d'être trop loin pour que je ne l'entende plus : ) Surveille tes arrières, mon gars.
Sur ces sympathiques paroles, je me laisse aller contre mon casier en expulsant l'air resté bloqué dans mes poumons. Un souffle fébrile franchit mes lèvres. Je n'ose même pas bouger le bras tant mon épaule me fait mal. Avec une sensation de chaleur cuisante, j'essaie de la dégourdir. En sentant un fil brûlant se tendre de mon avant-bras à ma clavicule, je regrette aussitôt. Une boule se forme dans ma gorge : j'espère que je n'aurais pas mal toute la journée. Au moins, je ne suis pas gaucher...

Je pourrais faire le V de victoire à Anthony. Visiblement, il n'a pas tardé à mettre tout le lycée au courant de ce qui s'est passé lundi dernier. Je m'étais à peu près habitué aux regards méfiants, curieux, hostiles ou dégoûtés de mes camarades. Mais là, c'est autre chose. Les gens s'écartent de moi en blêmissant, murmurent des propos inquiets dès qu'ils me voient et détournent le regard quand nos yeux se croisent. Merde. Alors que je pensais que les gens me prenaient enfin pour un à-peu-près être humain, voilà que je redeviens le monstre cruel, dangereux et insensible de mon arrivée ici.
Les rumeurs courent vite. Et déforment la réalité. Anthony s'est bien gardé d'avouer qu'il m'avait monté un coup plus tôt dans la journée de lundi et, que s'il était chez moi, c'était pour s'excuser.
Ainsi, alors que je suis en train de m'installer pour mon cours d'histoire – mon préféré – j’entends la rumeur la plus dérivée de la réalité. « Il paraît qu'Anthony a été agressé par Zachary à la sortie du bus. Personne sait pourquoi, mais Zach a passé ses nerfs sur lui, alors qu’il n'avait rien demandé à personne. Zachary l'a massacré ! Anthony est à l’hôpital. »
Oh, pauvre Anthony. C'est vrai que c'est une victime !
Ah... je ne devrais pas penser ça. Il est quand même à l'hôpital.
Tout de même, je ne parviens pas à regretter complètement mes actes.
Il m'en a trop fait baver quand je suis venu vivre chez Mark.
En fin de compte, cet enfoiré a gagné. Il m'a rabaissé plus bas que le sol. Tout le monde au lycée me déteste. Et lui doit passer pour le pauvre gars qui s'est fait tabasser. Et il va revenir en héros, car il prétendra me pardonner mes actes.
Alors que je sais très bien qu'il voudrait me voir mort.




22.5
Le Journal : " Un endroit agréable à vivre "



Le grand jour, mercredi 12 mai 2010, derniers instants à l'hôpital de Lake Town.

Je profite des dernières minutes qu'il me reste avant que Mr Grace arrive. Mes affaires que je gardais chez Karen ont déjà été transférées. J'ai juste un sac avec des médicaments, des bandages, une trousse de toilettes, quelques crayons et des bricoles.
Je peux enfin me déplacer sans fauteuil roulant. C'est ce que les médecins attendaient pour me faire sortir de l'hôpital. Que mon bras gauche soit assez solide pour supporter que je marche avec des béquilles. Ma jambe droite est maintenue par une attelle. Je ne suis pas encore guéri. Il faut encore que je fasse de la rééducation. Mais j'y suis presque. Presque au début de ma nouvelle vie.

Entre Lake Town et Daree, dans la voiture de Mr Grace, même jour.

Je suis assis sur la banquette arrière de la Jeep de Mr Grace. Il n'a pas voulu que je monte devant, il ne voulait pas me voir. Je comprends mais je me sens bête maintenant.
Quand il est arrivé à l'hôpital, il avait le visage fermé et il n'a pas prononcé un seul mot. Il m'a simplement salué d'un hochement de tête et m'a soulagé de mon sac à dos. On est descendus à l'accueil, il est allé régler les modalités avec le personnel pendant que je feuilletais un magazine dans la salle d'attente. J'ai eu l'impression de me prendre une baffe quand je suis sorti dehors. En dehors de l'hôpital, je veux dire. Cela faisait trois mois que j'y étais. L'air tiède que j'ai senti sur ma peau quand je suis sorti m'a arraché un soupir de soulagement. Le soleil était haut dans le ciel et j'avais envie d'aller courir avec Raylen dans les collines autour de Lake Town. Puis je me suis rappelé que Ray était mort. J'avais les larmes aux yeux quand je suis monté dans la voiture de Mr Grace.
Il m'a expliqué qu'il vivait dans une petite ville en périphérie de Lake Town appelée Daree. Il m'a dit que c'était un endroit agréable à vivre et qu'il y avait assez peu d'habitants pour que « tout le monde ou presque » se connaisse. Ça m'a pas trop rassuré. Ça veut dire que « tout le monde ou presque » sait ce que j'ai fait à la famille de Mr Grace.
On arrive à Daree en une quinzaine de minutes. Comme promis, c'est une petite ville constituée principalement de quartiers d'habitations. Je vois surtout des maisons familiales avec des jardins. Cette vision me laisse inquiet. Ce n'est pas le cadre de vie dans lequel j'ai grandi. C'est plutôt celui des enfants que je m'amuse à surnommer « les bourges » et qui fréquentent les établissements privés de Lake Town. Il va falloir que je m'intègre. Mr Grace m'a dit que je finirais ma sixième en prenant des cours personnalisés. Mais après je devrais aller au collège privé de Lake Town.
On vient de s'engager dans une longue rue à deux voies bordées de maisons à deux étages qui se ressemblent et possèdent un jardin. Mr Grace arrête la voiture devant une de ces maisons. Il ne dit rien et reste immobile en fixant la route devant lui. « Tu notes tes observations ? » me demande-t-il alors que j'allais ranger le carnet. « Continue ».
Et il s'installe confortablement dans son siège et ferme les yeux, les bras croisés sur la poitrine. Bon, il me reste plus qu'à obéir. Jusque-là, rien de traumatisant. La maison de Mr Grace ressemble à celle de ses voisins. Elle a deux étages, possède un garage intégré. La façade est dorée, les volets rouges et des bacs de fleurs colorées bordent les fenêtres. C'est une jolie maison. Elle semble chaleureuse. Il y a une petite barrière qui délimite le jardin et il y a un amas de buissons touffus sur la gauche. Une allée en pierre mène au garage et un petit chemin dans le même genre permet l'accès à la porte d'entrée.
Cette maison me donne envie d'y vivre. Pas comme les anciennes habitations de mes précédentes familles d'accueil.


Dernière modification par louji le mer. 13 nov., 2019 8:18 pm, modifié 3 fois.
15Lina15

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par 15Lina15 »

C'est génial, la 2e partie est plus longue et mieux développée qu'auparavant. La scène de friction devant le casier est parfaite ; la tension, la peur et la menace sont palpables. Tu feras gaffe, un smiley s'est glissé dans ton texte ! :lol:
Et alors, je garde le meilleur pour la fin, quelque chose dont je voulais te parler depuis un moment déjà (? à moins que je l'ai déjà fait ?) mais cette relation avec Lily Rose est extra. La fragilité des deux personnages semble les attirer l'un vers l'autre, le fait qu'ils se comprennent si bien (moment où il essaye de la réconforter en touchant l'épaule), bref j'ai hâte de voir leur relation progresser, et maintenant encore plus de voir la réaction d'Antony… :mrgreen:
Merci, c'était très plaisant, rdv dans 15j ;)
P.S.: bien joué pour avoir réussi à faire correspondre le vendredi 13 (même si pas fait exprès)
louji

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par louji »

15Lina15 a écrit :C'est génial, la 2e partie est plus longue et mieux développée qu'auparavant. La scène de friction devant le casier est parfaite ; la tension, la peur et la menace sont palpables. Tu feras gaffe, un smiley s'est glissé dans ton texte ! :lol:
Et alors, je garde le meilleur pour la fin, quelque chose dont je voulais te parler depuis un moment déjà (? à moins que je l'ai déjà fait ?) mais cette relation avec Lily Rose est extra. La fragilité des deux personnages semble les attirer l'un vers l'autre, le fait qu'ils se comprennent si bien (moment où il essaye de la réconforter en touchant l'épaule), bref j'ai hâte de voir leur relation progresser, et maintenant encore plus de voir la réaction d'Antony… :mrgreen:
Merci, c'était très plaisant, rdv dans 15j ;)
P.S.: bien joué pour avoir réussi à faire correspondre le vendredi 13 (même si pas fait exprès)
Oui, le moment décrit dans la 2ème partie est assez important donc... du développement ! :)
Ah, j'suis contente qu'elle ressorte bien, je savais pas trop quoi en penser =D
Merde, merci :lol:

Alors non, tu ne m'avais pas encore trop parlé de la relation Zach-Lily ;) Mais du coup ça me fait plaisir de voir que tu t'y intéresses et la trouve touchante =) Ce genre de relations est assez peu exploité dans les romans ado/jeune adulte, ou alors y'a toujours un triangle amoureux :') Donc, je te dis tout de suite, ils finiront pas ensemble :lol: Je les vois plutôt un frère et une sœur veillant perpétuellement l'un sur l'autre :) Puis, Lily Rose est un genre de personnages assez cliché (la jolie blonde populaire qui sort avec un gars cool et qui a des parents aisés) donc je veux la traiter très humainement =D J'aime beaucoup ce personnage.

Merci à toi et à tes commentaires qui sont très agréables à lire ! :D
(Oui, vive 2015 :lol: )
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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par 15Lina15 »

louji a écrit :
Oui, le moment décrit dans la 2ème partie est assez important donc... du développement ! :)
Ah, j'suis contente qu'elle ressorte bien, je savais pas trop quoi en penser =D
Merde, merci :lol:

Alors non, tu ne m'avais pas encore trop parlé de la relation Zach-Lily ;) Mais du coup ça me fait plaisir de voir que tu t'y intéresses et la trouve touchante =) Ce genre de relations est assez peu exploité dans les romans ado/jeune adulte, ou alors y'a toujours un triangle amoureux :') Donc, je te dis tout de suite, ils finiront pas ensemble :lol: Je les vois plutôt un frère et une sœur veillant perpétuellement l'un sur l'autre :) Puis, Lily Rose est un genre de personnages assez cliché (la jolie blonde populaire qui sort avec un gars cool et qui a des parents aisés) donc je veux la traiter très humainement =D J'aime beaucoup ce personnage.

Merci à toi et à tes commentaires qui sont très agréables à lire ! :D
(Oui, vive 2015 :lol: )
Sérieux ?!! Ils finissent pas ensemble ! C'est pas cool T_T.
Je ne voyais pas du tout L-R comme une adolescente populaire américaine en faite, mais plutôt une fille légère, sensible et fragile. J'aurais vraiment pensé que leur sensibilité à eux deux se combleraient, mais tu es leur Dieu, tu es celle qui les connais le mieux.
Vive 2015 ? C'est en rapport avec le vendredi 13 ?
louji

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par louji »

15Lina15 a écrit : Sérieux ?!! Ils finissent pas ensemble ! C'est pas cool T_T.
Je ne voyais pas du tout L-R comme une adolescente populaire américaine en faite, mais plutôt une fille légère, sensible et fragile. J'aurais vraiment pensé que leur sensibilité à eux deux se combleraient, mais tu es leur Dieu, tu es celle qui les connais le mieux.
Vive 2015 ? C'est en rapport avec le vendredi 13 ?
Merde, désolée de te décevoir :? Mais c'est vrai que les voyais pas ensemble :lol: (après, je pense qu"ils formeraient un couple assez sympa ^^)
C'est parce que j'ai pas encore trop fait ressortir ce côté dans l'histoire, puis que c'est pas du tout ce que je veux faire transparaître à travers L-R (bien trouvé !). D'ailleurs, elle a une popularité assez "involontaire" dans le sens où c'est pas du tout ce qui l'intéresse, qu'elle ne fait pas en sorte de l'entretenir et que sortir avec Anthony a en partie créé cette popularité ^^
Oui, pardon, l'histoire se déroule en 2015 et, en 2015, le 13 février était un vendredi :P (puis en 2015, on avait pas le bac (enfin juste les épreuves anticipées pour moi) :lol: )
A bientôt pour le chap de Lina ;)
15Lina15

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par 15Lina15 »

louji a écrit : Merde, désolée de te décevoir :? Mais c'est vrai que les voyais pas ensemble :lol: (après, je pense qu"ils formeraient un couple assez sympa ^^)
C'est parce que j'ai pas encore trop fait ressortir ce côté dans l'histoire, puis que c'est pas du tout ce que je veux faire transparaître à travers L-R (bien trouvé !). D'ailleurs, elle a une popularité assez "involontaire" dans le sens où c'est pas du tout ce qui l'intéresse, qu'elle ne fait pas en sorte de l'entretenir et que sortir avec Anthony a en partie créé cette popularité ^^
Oui, pardon, l'histoire se déroule en 2015 et, en 2015, le 13 février était un vendredi :P (puis en 2015, on avait pas le bac (enfin juste les épreuves anticipées pour moi) :lol: )
A bientôt pour le chap de Lina ;)
:o Oh non, c'est pas sympa, toi-même t'avoues que leur relation aurait été bien !! Tu n'as qu'à faire une suite… :P :lol:
Pour la popularité, c'est ce que j'avais compris aussi. Et j'avais même pas percuté mais, elle s'est faite larguée pratiquement la veille de la St Valentin, t'es pas cool :lol:
louji

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par louji »

15Lina15 a écrit : :o Oh non, c'est pas sympa, toi-même t'avoues que leur relation aurait été bien !! Tu n'as qu'à faire une suite… :P :lol:
Pour la popularité, c'est ce que j'avais compris aussi. Et j'avais même pas percuté mais, elle s'est faite larguée pratiquement la veille de la St Valentin, t'es pas cool :lol:
XD désolée (mon dieu, je vais quand même pas faire de l'auto-fanfiction ? :lol: )
Héhé, ils sont pas encore officiellement séparés ;)
DanielPagés

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par DanielPagés »

:lol: :lol: :lol:
Le piège de la suite pour faire plaisir aux lecteurs...
Je ne faisais que passer en courant !! :lol:
louji

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par louji »

DanielPagés a écrit ::lol: :lol: :lol:
Le piège de la suite pour faire plaisir aux lecteurs...
Je ne faisais que passer en courant !! :lol:
Haha, je ta rassure, je ne ferai pas de suite (ou d'auto fanfiction) ! :lol: Je vais déjà terminer l'histoire, et je serais bien contente :D
louji

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par louji »

Hello Booknautes ^-^
Avec ce chapitre, on attaque une petite partie de l'histoire que j'avais pas prévue du tout et qui a été écrite en impro totale ^^' Je suis parfois assez étonnée du contenu, alors si vous avez des remarques, je prends ! :roll:
PS : on attaque la dernière ligne droite avant la partie 3 :roll:




23
Nick et Elliot



La dernière sonnerie de la journée me libère de mon cours d'espagnol. Heureusement pour moi, Anthony et ses potes ont pris le français comme langue étrangère et j'ai pu suivre tranquillement ma dernière heure.
Une vague d'élèves s'engage vers les sorties du lycée pour rejoindre la liberté. Le soleil pointe timidement le bout de son nez à travers les nuages. Caché au milieu de la foule, je me sens étouffé, mais en même temps protégé par l'anonymat.
Les choses dégénèrent alors que je franchis le portail du lycée. Je sens une main agripper mon bras et me tirer sur le côté. Déséquilibré, je me laisse entraîner loin de la foule le long de l'enceinte de l'établissement. Un gars baraqué à la capuche remontée me tire derrière lui. Vu sa taille et sa carrure, ce n'est pas Anthony. Celui-ci ne fait que quelques centimètres de plus que Lily Rose.
Au bout d'un moment, agacé d'être traîné ainsi, je m'exclame :
– Nick, lâche-moi !
L'intéressé se fige, surpris que je l'aie démasqué. Avec un grognement, il se retourne pour me fusiller du regard. Il tient toujours mon bras. J'essaie de me libérer, mais sa poigne se resserre au point de me faire mal.
– Reste tranquille, souffle-t-il avec un sourire carnassier en enfonçant ses ongles dans ma peau à travers le tissu de ma veste.
Serrant les dents pour enfouir ma colère et l'envie d'en découdre, je le laisse m’emmener plus loin. On dépasse l'enceinte du lycée pour s'enfoncer dans le sous-bois de la forêt qui se trouve à côté. Alors qu’une silhouette apparaît derrière un tas de buissons hauts, Nick nous oblige à nous arrêter. Mon cœur se met à battre plus vite. Je n'aime pas ça. Pas du tout.
– T'en as mis du temps, grommelle la silhouette en s'approchant de nous.
– T'avais qu'à aller le chercher si t'étais pas content, réplique méchamment Nick.
En reconnaissant Elliot sous la capuche d'un vieux sweat délavé et trop grand pour sa charpente malingre, je retiens un soupir de soulagement. Nick aurait pu m'amener à l’un de ses coéquipiers de l'équipe de foot et, là, j'aurais été mal. Si ce dernier est un danger, Elliot ne me fait pas bien peur.
Je change d'avis au moment où il sort une batte de base-ball de son dos. Oh merde. J'essaie de m'enfuir en bondissant en arrière, mais Nick a de bons réflexes de footballer et il me plaque au sol en m'agrippant à bras-le-corps. Le choc contre le sol humide éjecte l'air de mes poumons et réveille les douleurs dans mes côtes.
– Pas bouger, ricane Nick dans mon oreille.
Avec un grognement d'effort, je tente de me dégager, mais cet enfoiré bloque mes jambes avec les siennes et maintient mes bras dans mon dos. Mon épaule gauche est en feu. Un coup brusque entre les omoplates m'arrache un cri et m'enlève l'envie de me libérer. Bande de salauds.

Elliot s'approche en faisant tourner son arme. Alors qu'il est à deux mètres de moi, je lève la tête et le fusille de mon regard le plus meurtrier. Il se fige un instant, la peur et le doute passant dans ses yeux, avant de pointer sa batte en métal sous mon nez.
– Ne fais pas le malin, Gibson, t'es pas en position pour le faire.
– Et toi tu ferais mieux de te barrer car, quand ton pote aura quitté mon dos, je t'assure que ta batte ne t’assura pas une bonne défense.
Surpris par ma voix, Elliot abaisse son arme, les traits crispés. Je n'aime pas menacer les autres. Je n'ai jamais aimé ça. Mais, quand j'ai intégré le collège public de Lake Town, j'ai vite compris qu'il fallait montrer les crocs et grogner si on ne voulait pas se faire marcher dessus. Raylen m'a aidé. Il m'a appris à foudroyer les gens du regard, à menacer seulement grâce au ton de ma voix, à faire bouger des muscles qui laissent penser que je vais passer à l'attaque alors qu'il n'en est rien.
J'ai laissé tomber tout ça après avoir été recueilli par Mark. Ne pas se battre, de pas faire de grabuge et ne pas se faire remarquer font partie des règles les plus importantes qu'il m'a inculquées. Ce n'est pas pour autant que j'ai oublié les bonnes vieilles techniques. Elliot ne me fait pas peur. Ce n'est qu'un fils à papa qui veut se faire bien voir et aider un pote pour avoir son soutien plus tard.

D'un geste vif, Nick fait monter mon bras gauche en arrière. L'articulation de mon épaule, déjà malmenée ce matin, m'arrache un nouveau cri. Agacé de leur montrer ma douleur, je serre les dents et tente de prendre sur moi. Plus facile à dire qu'à faire... Mes jambes s'agitent, mes paupières se plissent, mes dents grincent les unes sur les autres, mon bras droit essaie furieusement de se libérer.
Finalement, je parviens à libérer la jambe droite. Alors que je m'apprête à enfoncer la pointe du pied dans le sol pour y prendre appui, un éclair s'abat sur mon genou. La douleur éclate dans toute ma jambe, de la cuisse à la cheville. Stoppé net, pantelant, je regarde des fourmis passer en file indienne sous mon nez.
– Alors cette batte ? souffle Nick d'une voix moqueuse. Tu la trouves à ton goût ?
– Parfaite ! je réponds en adressant un sourire carnassier à Elliot, qui se tient à côté de moi, la batte frôlant le sol.
Mon adversaire la relève au-dessus de ma tête. Mon amusement s'envole d'un coup. La jambe, ça passe. Le visage, un peu moins.
Soudain, Nick libère mon bras gauche pour stopper son camarade d'un geste.
– Doucement, rappelle-toi ce qu'Anthony a dit.
Poussant un grognement de mécontentement, Elliot abaisse son arme.
Malgré le fait qu'il soit libre, je n'ai pas la force de bouger mon bras gauche. Mon articulation est beaucoup trop douloureuse.
– Lâche-moi, Nick, je grommelle à l'adresse de l'intéressé.
– Pas encore, mon chou, susurre mon bourreau d'une voix mielleuse.
Il se redresse en libérant mes jambes puis me relève en me tenant par le bras droit. Je prends appui sur ma jambe saine et laisse mon autre bras pendouiller le long de mon flanc.
– Le ventre, c'est bien non ? demande Elliot comme s'il parlait du mauvais temps.
– Ouais, ça passe.
Avant que je puisse faire quoi que ce soit, Elliot abat son arme dans mon flanc droit. Le choc me coupe le souffle et m'oblige à me plier en deux. Malgré l'air frais, mon visage est en sueur.
Haletant, j'écoute sans rien faire les deux adolescents délibérer sur la prochaine partie de mon corps à frapper. Ils optent pour le mollet de la jambe droite. Alors qu'Elliot lève de nouveau la batte, j'ai un mouvement de recul. Nick me bloque et me maintient en place avant de s'enquérir d'un ton intéressé :
– Bah qu'est-ce qui t'arrive, mon chou ?
– Pas la droite, soufflé-je d'une voix rauque. Je vous en prie.
Mes os n'ont jamais retrouvé leur solidité d'antan après l'accident. Un coup de batte serait suffisant pour les briser. Une sueur froide coule dans mon dos quand je vois une lueur d'amusement éclairer le regard vitreux d'Elliot.
– Je croyais que vous vouliez éviter les gros dégâts, lancé-je avant qu'il ne prenne sa décision.
Les yeux d'Elliot s'éloignent de mon visage pour rencontrer ceux de Nick. Un long échange silencieux se fait entre eux. Mon cœur tambourine contre mes côtes et le sang bat douloureusement contre mes tempes.
Elliot bande les muscles des bras, prêt à frapper. Je me tends à mon tour. Non, non, non, pas la jambe !
Je ne suis pas déçu quand la batte s'abat violemment sur le côté de ma tête.




23.5
Le Journal : " Ma nouvelle chambre "



Jeudi 13 mai 2010, ma nouvelle maison, Daree.

C'est bientôt midi. Des odeurs de cuisine me donnent faim. Je suis assis sur le lit de ma nouvelle chambre. Mr Grace avait nettoyé et préparé une des deux chambres qui étaient vides depuis l'accident. Je crois qu'il m'a dit que c'était celle de Jade, la cadette. Les murs sont jaune poussin, les rideaux rouge-orangé et un tapis rouge occupe une grande partie du sol. J'aimerais l'enlever, je l'aime pas trop.
La veille, quand on est arrivés, Mr Grace m'a demandé d'écrire dans le journal. Quand j'ai fini, il a redémarré la Jeep et l'a garée dans le garage. On est passés par ce dernier pour rentrer dans la maison. L'air était tiède. Je suis arrivé dans un salon assez spacieux qui donnait sur une cuisine, l'entrée et une salle à manger. À ma gauche il y avait un canapé, deux fauteuils et une cheminée encore allumée. Le sol était couvert de parquet qui grinçait sous mes pas, un lourd tapis à motifs se trouvait aux pieds du canapé et des vaisseliers occupaient un coin du mur. Les trois grandes bibliothèques en bois sombre et mat m'ont laissé sans voix. Des centaines de livres étaient rangés les uns à côté des autres. Je n'en avais jamais vu autant. Ça m'a donné envie d'aller explorer ces bibliothèques. Et pourtant je n'ai jamais aimé lire. Mr Grace est allé poser son manteau et ses chaussures à l'entrée puis il est revenu vers moi. Il m'a regardé quelques secondes sans rien dire. Il avait l'air gêné. Ensuite, il m'a demandé de me déshabiller. Je suis donc allé poser ma veste et mes baskets dans l'entrée, comme il l'avait fait. Mes béquilles ne m'ont pas facilité la tâche, mais c'est à peu près allé.
Mr Grace m'a fait visiter la maison. Elle est chaleureuse. Enfin, elle avait dû l'être avant que je ne tue sa femme et ses filles. J'ai senti que leur foyer avait été détruit en voyant les assiettes et les tasses de café s'empiler dans l'évier, en remarquant du coin de l’œil les vêtements qui s'entassaient dans la chambre des parents, en comprenant que des pièces de la maison n'étaient plus utilisées. Mais il y avait aussi le silence. Mr Grace et moi avons peu parlé depuis que je suis arrivé. Cela ne fait même pas un jour mais tout ce que nous nous sommes dit se résument à « Bonjour ; merci ; s'il vous plaît ; ici ce sont les toilettes ; les draps sont propres ; il n'y a pas de télévision, désolé ». Ah oui. Il n'y a pas de télé. Ça m'a choqué. Qui n'a pas de TV de nos jours ? J'espère que je ne vais pas trop m'ennuyer. M'enfin, Mr Grace m'a dit qu'il m'expliquerait ce qu'il attend de moi après le repas. Si ça se trouve, je n'aurais même pas le temps de m'ennuyer !
Mr Grace m'appelle pour manger. J'arrête pour aujourd'hui.


Dernière modification par louji le mer. 13 nov., 2019 8:22 pm, modifié 2 fois.
15Lina15

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par 15Lina15 »

Salut,
Tu vas faire une 3e partie ? Super ;)
J'aime l'idée que tu crées un chapitre en plus et maintenant. L'idée de la bagarre c'est pas mal. Après c'est vrai qu'il n'y a pas grand chose à commenter sur ce chapitre, si ce n'est que j'aurais bien aimé qu'ils lui cassent quelque chose de sérieux (qu'il finisse à l'hôpital) pour que les choses changent.
J'attends le prochain
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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par louji »

15Lina15 a écrit :Salut,
Tu vas faire une 3e partie ? Super ;)
J'aime l'idée que tu crées un chapitre en plus et maintenant. L'idée de la bagarre c'est pas mal. Après c'est vrai qu'il n'y a pas grand chose à commenter sur ce chapitre, si ce n'est que j'aurais bien aimé qu'ils lui cassent quelque chose de sérieux (qu'il finisse à l'hôpital) pour que les choses changent.
J'attends le prochain
Oui, haha, même peut-être (sûrement) 4 :roll:
"J'aime l'idée que tu crées un chapitre en plus et maintenant." :arrow: pas compris ta phrase :lol:
XD j'aime beaucoup ta franchise :lol: Rho, se prendre 2-3 coups de batte, c'est pas assez enfin ! :lol:
A plus ! ^^ Et merci encore pour ton com ;)
15Lina15

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par 15Lina15 »

louji a écrit : Oui, haha, même peut-être (sûrement) 4 :roll:
"J'aime l'idée que tu crées un chapitre en plus et maintenant." :arrow: pas compris ta phrase :lol:
XD j'aime beaucoup ta franchise :lol: Rho, se prendre 2-3 coups de batte, c'est pas assez enfin ! :lol:
A plus ! ^^ Et merci encore pour ton com ;)
Je voulais dire que tu postes normalement des chapitres écrits depuis je ne sais quand, là tu l'as apparement écrit récemment. Et non, je ne veux pas qu'il se prennent plus de coups, mais qu'ils lui fassent suffisamment mal pour que cela inquiète les adultes et qu'ils empêchent tout cela de se reproduire.
À la prochaine !
louji

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par louji »

15Lina15 a écrit : Je voulais dire que tu postes normalement des chapitres écrits depuis je ne sais quand, là tu l'as apparement écrit récemment. Et non, je ne veux pas qu'il se prennent plus de coups, mais qu'ils lui fassent suffisamment mal pour que cela inquiète les adultes et qu'ils empêchent tout cela de se reproduire.
À la prochaine !
Ah ! Non, en fait, c'est pas ça =D J'ai écrit ce chapitre il y a... 1 an et demi ^^ Mais, en fait, au moment où je l'ai écrit (et ceux qui suivent), j'avais pas du tout prévu de les faire et ça m'a amenée à écrire des scènes que j'avais pas anticipées et qui sont pas forcément tip-tip :roll:
Mais j'ai bien compris ! Et t'inquiète, c'est quand même assez grave son truc au final ^^'
A plus !
louji

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par louji »

Bonjour, les chapitres prennent un rythme différent à partir de maintenant : celui-ci est 1/3 plus long et les suivants auront des longueurs plus ou moins différentes :)



24
Indignation



La violence du coup m'envoie au sol, m'arrachant à la poigne de Nick. Des éclairs éclatent devant mes yeux, une douleur sourde palpite sous mon crâne et le sang emplit ma bouche. Un filet de conscience me maintient éveillé, étalé aux pieds d'Elliot et Nick. Je sens un liquide tiède couler de mon nez et de ma bouche.
– Merde, chuchote Elliot d'une voix qui me parvient étouffée. C'était peut-être trop...
– Trop tard pour regretter, siffle méchamment Nick. Allez, on s'arrache !
Comme en transe, je les vois, à travers un voile flou, s'éloigner d'un pas rapide. Bientôt, ils ne sont plus là et je me retrouve seul dans la froideur et l'obscurité des sous-bois. J'ai mal. La douleur me vrille les tempes.
Désorienté, accablé de souffrance, je me replie sur moi-même et ferme les yeux.
J'aimerais que Mark soit là pour m'aider.
La noirceur de l'inconscience me happe alors que je me demande ce que je vais pouvoir lui dire.

Il fait nuit quand je rouvre les yeux. Ma gorge se sert ; quelle heure est-il ? En ce mois de février, le soleil se couche tôt. Mais est-il dix-huit heures ou vingt heures - quand Mark rentre du travail ?
Mon inquiétude est vite remplacée par la douleur assourdissante qui palpite sous mon crâne. Toute la partie gauche de mon visage est enflée et un désagréable goût de sang emplit ma bouche. De plus, mon œil gauche refuse de s'ouvrir. Fais chier.
Après être resté prostré par terre encore quelques minutes, j'inspire un bon coût et me roule sur le dos. Le coup de batte que j'ai pris dans le flanc droit m'arrache un grognement de douleur quand je me redresse en position assise. Le monde se met à tourner, un flot de bile remonte dans ma gorge et je me plie en deux, les mains posées devant moi pour me retenir de tomber.
Lentement, je relève la tête et observe mon environnement. Nick ne m'a pas emmené si loin que ça de l'école car un point lumineux perce à travers les arbres. Sûrement l’un des lampadaires qui éclairent l'enceinte du lycée. À quelques mètres de là, à moitié caché par un buisson, mon sac de cours est étalé par terre.
Déterminé, je rassemble tout mon courage – et surtout toutes mes forces – pour me lever. La tâche est laborieuse à cause de ma vision vacillante et de mes genoux tremblants. Ma respiration est courte, j'ai du mal à respirer. Peut-être que du sang a bloqué mes voies respiratoires...

Après avoir récupéré mon sac, je marche d'un pas incertain jusqu'à l'arrêt de bus du lycée. Mon portable m'indique qu'il est presque dix-neuf heures trente. Alors que j'arrive à l'arrêt, un vent froid se lève. J'enfouis le menton dans le col de ma veste. La brise me fait frissonner et tout ce dont je rêve, à cet instant, c'est de me caler dans le canapé du salon, devant la cheminée, une tasse de chocolat chaud entre les mains.
Le dernier bus scolaire passe à dix-neuf heures trente - pour ramasser ceux qui ont été punis ou qui font des activités après les cours. On est cinq à l'arrêt et les autres lycéens sont emmitouflés dans leur écharpe ou le nez sur le téléphone ; bref on ne s'intéresse pas à moi et ça m'arrange.

Je me sens au bord de l'évanouissement quand le bus me dépose à mon arrêt. J'ai fait en sorte d'éviter le regard des autres et, en cette fin de journée, tout le monde est fatigué et n’a pas la curiosité de s’intéresser à un ado à l’aura sombre.
Mes jambes me ramènent tant bien que mal jusqu'à la maison. Le petit portail émet un grincement familier quand je l'ouvre. Les buissons taillés à gauche du petit chemin de pierre sont recouverts de givre. J'éprouve un doux sentiment de soulagement et de réconfort quand je me dirige vers l'entrée. C'est chez moi. Ma maison. Mon foyer. Le tout premier.
Mark ne doit pas encore être rentré. J'aurais peut-être le temps de cacher les dégâts de mon visage. Je glisse la clef dans la serrure et ouvre la porte à la volée, impatient de retrouver la chaleur du salon. Ce que je vois me fige sur le seuil. La cheminée flambe, le manteau brun de Mark est accroché au porte-manteau, tout le rez-de-chaussée est allumé et des bruits se dégagent de la cuisine.
Une boule d'angoisse obstrue ma gorge. Oh merde. Mark est rentré plus tôt que prévu.

Oppressé, je ferme la porte le plus discrètement possible. Je ne veux pas expliquer à Mark ce qui s'est passé. Je veux m'occuper moi-même de mes problèmes.
– Zachary ?
Je sursaute violemment. Ce n'est pas la voix de Mark. C'est celle d'une femme. Mortifié, je me tourne et fixe Sofia, qui vient de sortir du bureau de Mark, un livre à la main. Ses cheveux d'un roux sombre sont défaits et cascadent sur ses épaules. Elle me dévisage un instant puis s'approche de moi d'un pas rapide.
– Pourquoi tu rentres à cette heure-là ? Mark m'a dit que tu étais toujours à la maison avant lui.
Mon cœur se met à battre en sourdine. Je recule, mais me retrouve bloqué par la porte. Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce que Sofia fabrique ici ? Mark l'a invitée ?
Elle se fige à quelques mètres de moi, ses yeux verts me perçant d'un regard implacable.
– Qu'est-ce que tu as au visage ?
Je me renfrogne et détourne le regard.
– Rien, je grommelle d'une voix rauque en baissant la fermeture éclair de ma veste.
– Zachary, regarde-moi, ordonne-t-elle d'un ton sec en fermant son livre dans un claquement étouffé.
Préférant l'ignorer, je retire ma veste, l'accroche puis me baisse pour enlever mes baskets.
– Je t'ai parlé, reprend Sofia d'une voix cassante. Zachary, montre-moi ton visage. (Comme je continue à défaire mes lacets, elle ajoute en criant presque:) C'est un ordre !
Aussitôt, l'indignation monte en moi. D'un geste brusque qui me donne le vertige, je crie :
– Tu n'as aucun ordre à me donner. Tu n'es pas ma mère ni rien du tout !
– Qu'est-ce qui se passe ?
Mark vient de débouler de la cuisine, une louche à la main et un tablier autour du cou. Cette vision m'aurait fait pouffer de rire dans une autre situation. Mark ne cuisine plus depuis la mort de sa femme et de ses filles. Et ce tablier avec un chat dessus ne lui ressemble tellement pas !
– Baisse d'un ton, siffle Sofia, ses yeux plissés par la colère.
– Et toi, fiche-moi la paix, je crache méchamment.
Je suis exténué, j'ai froid et j'ai faim. Ce n'est vraiment pas le moment pour m'emmerder. Après avoir retiré ma deuxième chaussure, je la fusille du regard et me dirige vers le salon. Déterminée, Sofia se met en travers de mon chemin. Je la toise froidement de mon mètre quatre-vingt-cinq. Elle fait une tête de moins que moi, mais n'en démord pas.
– J'aimerais passer, marmonné-je d'une voix glaciale.
– J'aimerais t'examiner, rétorque-t-elle sans sourciller.
Je dois reconnaître qu'elle est bornée.
– Zach, tu étais où ? demande Mark en s'approchant de nous.
Il plisse les yeux pour me voir dans l'obscurité puis affiche une expression consternée.
– Tu t'es battu ?
On m'a battu. Bref. Pourquoi faut-il qu'ils me prennent la tête pile poil quand il ne faut pas ?
– Au lycée, je réponds à Mark. J'avais des recherches à faire à la bibliothèque.
– Ces recherches... elles avaient l'air violentes, remarque Mark d'un ton circonspect.
Je me passerais volontiers d'humour en ce moment. J'essaie de dépasser Sofia, mais elle pose une main sur mon torse pour me retenir. Sa paume presse mon flanc droit, m'arrachant une grimace de douleur. Aussitôt, les traits de Sofia se crispent d'inquiétude.
– Les coups de mon fils et d'Anthony te font encore mal ?
Elle fait référence à la confrontation que j'ai eue avec Maximilian et Anthony le jour où nous sommes allés au cimetière. Si j'ai encore un hématome de cette bataille, c'est surtout le récent coup de batte qui me fait souffrir.
– Zach, je suis désolée, je ne voulais pas te brusquer, murmure Sofia en levant une main pour la porter à ma joue.
Je la regarde faire, mortifié. Qu'est-ce qui lui arrive ? Elle n’a pas toujours été dure et exigeante envers moi. Mais là, elle se comporte véritablement comme une...
– Tu n'es pas ma mère ! hurlé-je en reculant précipitamment alors que ses doigts frôlent la peau de ma mâchoire.
Sofia me regarde avec des yeux ronds, pâle comme la lune, ses joues creusées par la honte, la colère et l'inquiétude. Mark fronce les sourcils, ne comprenant pas vraiment la situation.
Mon dos rencontre brutalement la porte d'entrée. La poignée s'enfonce au creux de mes reins, me faisant grimacer. Je serre les poings pour refluer la douleur qui se réveille dans tout mon corps.
– Zach, tu veux bien nous expliquer ce qui ne va pas ? souffle Mark en venant vers moi.
Ce qui ne va pas ? Tout ! Toi qui changes radicalement du jour au lendemain, Sofia qui se prend pour ma mère alors qu'elle m'a toujours traité froidement, ma vraie mère que je ne connais pas, Anthony qui veut ma mort et qui envoie ses potes me casser la gueule pour me donner un avant-goût de l'enfer qui m'attend, la solitude, la peur de l'avenir, la culpabilité, les souvenirs qui hantent mes nuits...
– Putain !
Surpris par mon cri, les deux adultes sursautent. Venue des tréfonds de mon ventre, une rage noire s'empare de moi. J'ai envie de tout casser. D'un mouvement des talons, je me tourne et commence à marteler des poings la porte d'entrée. Je ponctue la pluie de coups qui volent sur le cadran en bois de « fais chier » très éloquents.
Au bout de ce qui me semble une éternité – en tout cas assez pour que mes jointures soient en sang – quelqu'un pose une main sur mon épaule. Je ralentis sans m'arrêter pour autant.
– Zach, ça suffit ! tonne une voix dure à mon oreille.
C'est Mark. Comme je ne fais pas mine de cesser, il pose les mains sur mes avant-bras et m'immobilise par la force. Haletant, je fixe le cadran. Il y a des petites fissures et des traces rougeâtres.
Quelque chose d'humide roule sur ma joue droite.
Mark ne dit rien pendant une longue minute puis il me demande d'un ton apaisant :
– Tu veux aller te coucher ?
Je hoche la tête. Je n'ai plus la force de parler. Comme si j'avais cinq ans, Mark m'accompagne jusqu'à mon lit, s'assure que je me couche puis repart en bas.

Je me réveille à moitié dans la soirée. Une lumière tamisée éclaire légèrement la chambre.
Quelqu'un est assis sur le lit à côté de moi et tient ma main droite. Quelques secondes d'observation m'apprennent que c'est Sofia qui entoure mes jointures abîmées d'un bandage.
J'entends la voix de Mark dire quelque chose à propos d'anesthésiants, de désinfectants et de pansements.
Éreinté, je laisse mon corps à leurs bons soins et ferme les yeux pour reposer mon esprit.




24.5
Le Journal : " La Dette "



Vendredi 14 mai 2010, Daree, huit heures et des poussières.

Mr Grace m'a expliqué ce qu'il attendait de moi hier soir pendant le repas.
Je suis un peu effrayé. Je sais pas à quoi je m'attendais. C'est tout ce que je mérite après tout. Je dois me rendre compte de la chance que j'aie. Je devrais être en prison pour mineurs ou je ne sais où à l'heure actuelle. Mais ça ne m'empêche pas d'être inquiet. Je ne pense pas être à la hauteur des attentes de Mr Grace. Je pensais trouver quelque chose ici en plus que je n'avais pas ressenti chez mes autres familles d'accueil. Mais je me trompe, je le sais.
Mr Grace attend de moi que je change radicalement. Hors-de-question de toucher à une cigarette, de boire une seule goutte d'alcool, de sécher les cours, de me battre et de me comporter comme une « sale petite racaille ». Mes corvées : faire mon lit tous les matins, préparer le petit-déjeuner pour nous deux, faire mes devoirs en rentrant à la maison, me brosser les dents avant de me coucher. Le samedi, je dois faire le ménage dans la maison et c'est moi qui serai responsable de la vaisselle.
Ça paraît pas si horrible que ça mais je ne sais pas comment ça sera dans un mois ou deux. Puis Mr Grace m'a dit qu'il n'hésiterait pas à lever la main sur moi si je faisais preuve de désobéissance ou d'arrogance. Je dois avouer que ça me rassure peu. Je n'ai pas envie qu'il me batte... J'ai peur.
Mais, d'un autre côté, je n'ai pas vraiment le choix. Je sais que je dois à cet homme trois vies et je sais que je ne pourrais même pas lui en rembourser une. Autant faire de mon mieux et alléger son emploi du temps. Il est professeur de droit à l'université, part tôt et rentre tard.
C'est ma dette. La Dette que je lui dois. À partir de maintenant, je suis au service de Mark Grace. Corps et âme.


Dernière modification par louji le mer. 13 nov., 2019 8:30 pm, modifié 5 fois.
15Lina15

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Re: The Debt [Fiction "adolescent/jeune adulte"]

Message par 15Lina15 »

Salut ;) (tu as écris chapitrent au lieu de chapitres)
Je commence direct si cela ne te dérange pas :
- le découpage ne me dérange pas même avec le grand et avant dernier paragraphe partie 1
- ce n'est qu'une impression, j'ai cherché mais je n'ai pas trouvé pourquoi alors je sais pas si tu peux accepter cette remarque, mais dans le 2e paragraphe je suis sortie du récit. Je l'ai relu mais je n'arrive pas à imaginer aussi bien que d'habitude quand je te lit, on dirait que quelque chose cloche mais je n'ai pas trouvé quoi, alors prends le comme tu veux :roll: :lol:
- j'aime le fait que malgré ses blessures qui semblent vraiment graves (il s'endort), il réussit à sortir de la forêt et rejoindre sa maison, ça fait très héros :lol:
- le fait qu'il veuille d'abord le cacher aussi, et mettre Mark là, c'est parfait, d'autant que t'enchaines sur des questions profondes qu'il se pose et les chamboulements qui sont survenus depuis peu ET tu amènes la mère --> une piste sérieuse pour la suite :?: :?:
- la partie 2 est plus creuse à part le fait qu'il a peur de se faire frapper (ce qui doit être assez important)
- il y a une raison particulière au changement de taille des chapitres :?: ou tu ne t'en souviens peut-être plus…
Bonne continuation, on se retrouve bientôt !
P.S.: je t'ai déjà dit que j'aimais le titre de tes chapitres en général (partie 1) ?
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