CHAPITRE 12 : DU REPOS BIEN MÉRITE, ENFIN PRESQUE…
Nous étions rentrés au royaume sans notre cargaison. Enfin, sans le monstre. Kyle avait excès à une sorte de portail qui pouvait transporter des prisonniers jusqu'aux cachots, oui les cachots, du château. Evidemment, nous, on ne pouvait pas l'utiliser. Donc, on a été obligé de refaire tout le chemin du retour à pieds. Mes bottes de combats étaient confortables mais à force de les porter, je sentais que je devais avoir au moins quatre ampoules. La seule chose que je souhaitais par-dessus tout, là, maintenant, c'était une bonne douche. Ou un bon bain d'ailleurs. Mais fallait d'abord qu'on passe au QG pour faire un compte rendu de mission et tout ça... Que de la paperasse, quoi. Et puis, j'allais rencontrer d'autres Chasseurs. Ça sera une occasion de se présenter.
On arriva dans la salle d'entrainement, mais personne à part notre équipe était présente. Bon, bah, pas de nouvelles rencontres aujourd'hui... On s'installa autour de la table à côté des PC. Différents appareils d'enregistrements étaient disposés dessus.
-Bon, commença Will après les avoir lancé, nous sommes le jeudi 7 août et nous avions pour mission de capturer un démon Gorgsh. La mission a été un succès. Cependant, avant de pouvoir l'effectuer à bien, nous avons été confrontés à tout un groupe de cette même espèce. Nous les avons tous éliminés. La nouvelle recrue, Abigail Jones, a été très efficace et en a éliminé presque la moitié, accompagnée de la Chasseuse Isabelle, avant l'arrivée de tout le reste du groupe. En effet, nous nous étions séparés en groupe de deux pour aller repérer les alentours du lieu de signalisation. Lorsque leur équipe a repéré le démon, elles l'ont tout de suite signalé mais notre matériel de fonctionnait plus. Il a été soumis à diverses vérifications dès notre arrivée. Nous attendons actuellement les résultats. Elles ont mené bataille et s'en sont sortie qu'avec quelques blessures superficielles.
Lorsque William ajouta cette information, je le regardai incrédule. Ni Isy, ni moi n'avions été blessées. Il me rendit mon regard et me montra mes bras. Je n'avais pas remarqué mais j'avais de grosses traces de lacérations autour des poignets. J'avais aussi une trace de sang séché sur mon tee-shirt mais je ne crus pas que ça s'était le mien.
- Le démon capturé par les Chasseurs Kyle et Dan a ensuite été téléporté via un portail vers sa cellule, continua Will, duré mission sur place : trois heures. Durée voyage aller : une heure. Retour: deux. Départ du château vers sept heures, retour vers treize heures. Fin de rapport. (Il coupa l'enregistrement puis se tourna vers moi)T'as fait du bon travail là bas toute à l'heure ! Je sais que tu ne veux pas qu'on te parle de tes pouvoirs mais même, ta tactique de combat était super !
- Qu'est ce que t'en sait ?, dis-je en le levant un sourcil, t'étais pas là.
- En faite, intervint Jack, si. On était en train d'arriver quand t'as coupé en deux ce démon. On est parti aider Isy juste après.
- Vous n'auriez pas dû, dis-je. A quelques minutes près, vous m'auriez vu me faire quasiment bouffer par un de ces trucs. Isy est arrivée juste à temps. Du coup, vous n'avez pas dû la trouver tout de suite.
- Nan, en effet, dit Barbie. Moi, quand j'suis arrivé, j'ai vu le loup d'Isy se battre mais aucune trace des gars. Ils sont arrivés après. Kyle a intercepté le démon qui allait nous sauter dessus et l'a figé. Puis après, il est parti à ta recherche parce qu'il avait cru entendre un hurlement.
-Ça, ça devait être moi, dis-je en ironisant, j'ai hurlé avant de déchiqueter des démons qui m'entouraient.
-Des démons qui t'entouraient ?, dit Kyle qui vira au blanc, c'était ça les trucs par terres quand je suis arrivé ?
-Euh... Ouai ? Je te dirais bien que quand j'étais en louve, je ne faisais pas très attention à où je jetais leur corps, ou du moins ce qu'il en restait.
-Abby, montre moi tes bras, me dit d'un coup Isy, d'un ton inquiet.
Je lui tendis.
-Qu'est-ce qu'il s'est passé ?, me demanda-t-elle.
- Juste avant que Kyle n'arrive, un démon m'a emprisonné les pattes avant avec un de ses bras qu'il avait allongé. Dites, c'est normal qu'ils aient des bras élastiques ?
- Normalement, non, me répondit Will qui regardait lui aussi mes bras avec une lueur inquiétée dans les yeux, t'es sûre que c'était un Gorgsh ?
- Demande à Kyle, il l'a vu lui aussi, lui répondis-je, il me l'a lancé pour que je le démembre, ajoutais-je, amusée.
- Pas pour que tu le démembre réellement, répliqua Kyle sur le même ton, mais que tu lui fasses sa fête. Et pour répondre à ta question, Will, il ressemblait bien à un Gorgsh.
- Abby, me dis Isy, viens avec moi. Je t'emmène à l'infirmerie. Ces trucs sur tes bras ne sont pas vraiment très beaux à voir. Et, faut aussi qu'ils t'examinent le torse.
- J'ai quoi au torse ?
- Ton tee-shirt est déchiré. T'as une trace de sang noir, celui des démons, juste à côté. Ce sang agit comme un poison s'il rentre en contact avec une coupure ou quelque chose dans le genre.
- Mais je n'ai pas de ...
Mes genoux flanchèrent avant que je n'eu le temps de terminer ma phrase. Will me rattrapa avant que ne je m'étale sur le sol. Il m’enleva ma veste, et sans me demander la permission, il déchira le reste de mon tee-shirt avant d'écarquiller les yeux.
-Mon dieu !, dit-il d'un ton affolé, les gars aidez moi. Il faut qu'on la transporte le plus rapidement possible à l'infirmerie. Elle risque d'y passer si on fait rien.
Il me souleva et avec l'aide des autres, il me transporta jusque dans une pièce très floue.
-William !, dit une voix qui m'est inconnue, qui est-ce ?
-C'est... c'est, bégaya Will qui n'arrivait pas à terminer sa phrase.
-C'est la princesse, dit Isy. Elle a été infectée par un Gorgsh.
-Cela fait combien de temps ?, demanda la voix.
-Au moins deux heures, répondit Will qui avait repris ses esprits. Mais cela vient juste de se manifester.
-Est-elle consciente ?
-A moitié, répondit Jack.
-Jacob, va me chercher du désinfectant, dit la voix d'un ton autoritaire, Isabelle quand à toi, vas me remplir une bassine d'eau bien chaude. Kyle, vas me chercher mon matériel médical. Dan, les bandages. Will, viens avec moi. Tu vas la poser là.
Je sentis que les bras de Will laissaient place à quelque chose de plus mou. Je ressentais comme une sorte de poignard dans mon ventre. Je criai. J'avais l'impression qu'on me transperçait de l'intérieur.
-Will, reprit la voix, va me chercher mon carnet, il est dans mon bureau.
-Je reste ici. Je ne bouge pas de là, répondit Will d'un ton sans appel.
-Vas me chercher ce carnet et tout de suite, insista la voix. Elle va y passer si on n'agit pas rapidement. Dans mon carnet se trouve l'opération que je dois effectuer. Alors tu te bouges et tu vas me chercher se satané carnet !
J'essayai d'ouvrir les yeux mais la seule chose que j'arrivais à voir, c'était le noir complet. Je ne voyais rien, absolument rien. J'entendis une sorte de remues méninge dans la pièce mais je ne pus rien voir. Mon dieu qu'ils arrêtent ça ! Par pitié, enlevez-moi ces couteaux de mon estomac ! Je gémis.
-Vite, dépêchez vous !, cria la voix. Elle ne tiendra plus longtemps !
Je criai. Je n'arrêtais pas de crier. La douleur était insupportable. En plus des couteaux qui me transperçaient l'abdomen, j'avais maintenant l'impression qu'on me brûlait de l'intérieur. Je me tordis dans tous les sens et soudain, je sentis une force me retenir sur place.
-Tenez la bien, dit la voix, si elle bouge, je ne pourrais pas cautériser la plaie.
Je continuai à crier et à me débattre quand je sentis une douleur plus forte que les autres au niveau de ma poitrine. Ça brûlait et ça ne s'arrêtait pas. Je hurlai
-Les couteaux !, criais-je, enlevez les couteaux !
Puis, plus un bruit. Je ne sentais plus rien.
*
J'étais dans ma chambre. Non, j'étais dans celle du château. Ma chambre. Je regardai le plafond d'un blanc d'argent. Il y avait une fissure qui partait de ma porte et qui venait jusqu'au dessus de mon lit. Je la suivis du regard. Je me redressai. Je me levai et allai devant mon miroir. Je étais habillée d'une chemine de nuit de soie blanche. Elle recouvrait ma poitrine d'un tissu opaque mais mon ventre était visible. A partir de mes hanches, le tissu redevenait opaque. C'était un dégradé si bien réussi que cela ne me perturba pas. La chemise de nuit s'arrêtait à mi-cuisses. Je me retournai vers mon lit. Un homme était allongé dessus. Sa carrure, sa forme, ses tatouages. Tout m'était familier. William se retourna vers moi et me sourit. Il me tendit une main, que j'attrapai, et m'attira à lui. Il m'embrassa tendrement et me dit :
-Abby, s'il te plaît ne me quitte pas.
-Je n'en ai pas l'intention.
-Ne me quitte pas, répèta-il.
Tout devint blanc. Une lumière m'aveugla. Ne me quitte pas.
J'entendais ses mots se répéter dans ma tête. Ne me quitte pas, Abby, ne me quitte pas.
-Abby... s'il te plait...
Je me réveillai. Cette lumière aveuglante était enfaîte celle de l'infirmerie. Je sentis que quelqu'un me tenait la main. Je me tournai vers cette personne. Will me regarda avec une joie non cachée.
-Abby ! Tu es réveillée !, dit-il avant de serrer ma main.
C'était un geste si tendre. Un geste qui reflètait quelque chose d'autre que de l'amitié.
- Abby ! Mon dieu ! Ne refais plus jamais ça, me dit une voix très familière, c'est la deuxième fois que tu es dans le coma... Tu vas me tuer !, me dit ma meilleure amie Xian que je vis approcher.
William me lâcha la main et son visage prit une expression neutre. Presque de l'indifférence. Qu'est-ce que j'aimerais être dans sa tête pour comprendre son comportement...
- Je vous laisse, dit-il avant de se lever, Xian, Abby.
Il sortit de la pièce. Je le suivis du regard. Xian s'approcha de moi et m'attrapa la main qui était étrangement froide depuis le départ de William.
- Alors comme ça tu pars en mission, tu veux faire la fière et tu te fais empoisonner, rigola Xian avec une pointe d'inquiétude dans la voix.
- J'ai pas voulu faire la fière, dis-je vexée, c'est durant le combat, quand j'ai découpé un de ces trucs. Son sang a giclé et est entré avec contact avec une coupure qui était là. Je ne sais pas comment d'ailleurs .... Le truc le plus bizarre, c'est que tout allait bien avant que William me signale que j'étais blessée aux niveaux des bras. Puis Isy m'a dit que j'étais coupée à ce niveau là (je lui montrai mon bandage) et tout c'est mit en marche. C'est comme si le poison attendait qu'on le remarque avant d'agir.
-C'est vrai que c'est bizarre..., commenta Xian, mais le plus important, c'est que tu ailles bien pour la fête.
-Une fête ?, demandais-je me redressant vivement.
-Oui, une fête, répéta Xian. Une fête en l'honneur du retour de la princesse disparue. Elle a lieu ce soir.
-Mon dieu ! (Je me rallongeai) je viens de me réveiller après ... Ça fait combien de temps que je dors ?
-Quarante huit heures.
- Donc, je me réveille après quarante huit heures de sommeil, repris-je, et il faut que je me rende à une fête donnée en mon honneur, ce soir... Tu sais, je peux dire que je ne me sens pas bien puis....
- Pas question, m'interrompit ma meilleure amie, tu vas y aller. Là, maintenant, tu vas venir avec moi jusque dans ta chambre et on va te rendre présentable. Il n'est pas question de se dégonfler. Et puis, continua-t-elle, c'est l'occasion d'en mettre plein la vu... Et ça ferai plus que plaisir à tes grands parents.
-Mouais, dis-je peu convaincue.
Je me levai et remarquai que je portais les mêmes vêtements que la veille hormis le fait que le tee-shirt n'était plus le même. C'était un tee-shirt de garçon, je crois. Il était noir et avait des dessins sur le devant. C'étaient des symboles de différents groupes de rock. Je me demandais à qui il pouvait être. Je le reniflai discrètement. Il sentait un peu le parfum et les fleurs. Il y avait aussi une sorte d'odeur épicée. On aurait dit l'odeur de ...
-T'avance ou il faut que je te pousse ?, dit ma meilleure amie, on n'a pas toute la journée je te rappelle !
Je la rejoignis et on se dirigea vers ma chambre. Une fois que nous fûmes entrées, Xian me dit de m’asseoir sur le lit et partit vers le dressing. Elle en revint avec les bras chargés de différentes housses.
-Voyons voir, dit-elle en réfléchissant, on va essayer celle là. Mais d'abord, dans la salle de bain, et tout de suite !
Elle me tira de force dans la salle de bain et m'invita à me déshabiller. Pendant ce temps là, elle fit couler de l'eau dans le bain.
-C'est bon, tu peux venir. Je vais m'occuper de tes cheveux, m'informa-t-elle.
-Et les bandages ?
-On va les enlever. Je pense qu'ils sont inutiles. T'as déjà dû cicatriser.
Elle m’enleva mes pansements et examina ce qu'il y a en dessous.
-Tu vois ?, me dit-elle d'un ton enjoué, t'as déjà plus de marque. Ça va être beaucoup mieux pour ta robe. Bon maintenant, dans l'eau.
Je m'approchai de la baignoire et commençai à m'enfoncer dans l'eau chaude. Comme ça faisait du bien ! Mes muscles se détendirent instantanément. Xian me mouilla les cheveux et commença à me les laver. Pendant ce temps, je me frottai les bras avec du savon à la violette. Ne plus avoir aucune trace du combat de jeudi ne me perturbais pas autant que je l'aurai cru. Une fois détendue et lavée comme il fallait, je sortis et Xian me tendit une serviette. Etre nue devant elle ne me dérangeais pas car on avait grandit ensemble. Qu'est-ce qu'on avait pu prendre des bains toutes les deux quand on était petite !
Xian me guida au centre de la chambre et commença à ouvrir les différentes housses.
-Donc, j'ai dit qu'on commençait par celle là, (elle me tendit une robe rouge à bustier, puis la tint devant moi) alors ?
-Non. Elle ... non, dis-je d'un ton catégorique.
-Okay, la suivante alors. (Elle sortit de la deuxième housse une magnifique robe longue bleu nuit. Avec un décolleter très plongeant.) Elle est belle celle-là, n'est-ce pas ?
-Oui mais non. Je vais être nue la dedans !, dis-je. Regarde le décolleter, il est trop grand pour moi, qui n'ai pas de poitrine, ajoutais-je plus bas.
-Mouais, si tu le dis, dit-elle déçue, celle là, c'est la bonne.
Elle me tendit une robe blanche et noire. Je fus sous le charme dès que mon regard se posa sur elle. Son haut était en dentelle blanche à manches longues et laissait apparaître un bustier noir d'une combis. Sa jupe de soie éclatante était attachée par un nœud discret au niveau des hanches, et s'échancrait sur le devant. On pouvait voir que le bas de la combinaison était un short. La dentelle blanche du haut était remplacée par de la dentelle noire sur le haut de la jupe blanche qui touchait le sol. Cette robe était magnifique !
-Je crois que nous avons trouvé ta tenue !, dit Xian très excitée, avant de la mettre, je vais te maquiller.
Elle me passa un peignoir pour remplacer ma serviette et m'installa devant la coiffeuse. Elle sortit tout un tas de truc que je ne aurais su identifier et commença à me peinturlurer le visage.
-T'en mets pas trop hein, lui précisais-je, tu sais que je n'aime pas quand c'est du surfais.
-Ais confiance en moi, me dit ma meilleure amie, très concentrée.
Je fermai les yeux et la laissai faire. Je sentis qu'elle commença par me mettre du far à paupière proche de l'arête de mon nez. Ensuite, vers mes tempes. Elle me demanda d'ouvrir légèrement les yeux et me mit du crayon et enfin du mascara. Elle me mit un peu de blush et du rouge à lèvres.
-Lève toi, mais surtout n'ouvre pas les yeux, me dit Xian, ou attends ne bouge pas.
Je l'entendis poser quelque chose sur les miroirs.
-Okay, viens par là, continua-t-elle, on va t'habiller, puis je vais te coiffer. Tu ne te verras qu'après.
J'enfilai la robe et me réinstallai devant la coiffeuse. Xian me prit les cheveux et commença à les coiffer. Elle m'enfonça un nombre incalculable de pinces à chignon dans le crâne, mais je ne dis rien. Elle savait ce qu'elle faisait.
-Voilà, dit-elle quand elle avait finit, viens devant le miroir maintenant.
Xian me regardait avec de l'admiration, de la fierté et de l'appréhension dans les yeux. Elle retira le tissu de sur le miroir et je fus sous le choc. La femme qui se tenait devant moi, n'était pas moi. La robe était parfaitement ajustée à sa taille et tombait juste assez sur le sol sans servir de serpillière. Ses cheveux châtains étaient tressés sur les côtés et tombaient en un chignon avec des boucles sur le derrière. Le maquillage sur son visage était très discret et très réussi. Le far à paupières était de deux nuances dorées et faisait ressortir le noir de ses yeux. Le rouge à lèvre couleur cerise aurait pu paraître vulgaire mais ici, s'accordait parfaitement avec les autres nuances. Je n'arrivais pas à croire que la femme du miroir, c'était moi !
-Mon dieu Xian !, dis-je surprise, tu... tu as fait un travail remarquable. Je ne me reconnais pas.
-Mais pourtant, c'est bien toi, m'assura ma meilleure amie.
Soudain, on frappa à la porte.
-Entrez !, criâmes Xian et moi en même temps. Après nous être regardées, nous éclations de rire.
-Qu'est qu'il y a de si..., commença à dire William avant de s'arrêter en me fixant, bouche bée.