Re: Concours "Un jour à..." Huitième mois : Janvier 2012
Publié : jeu. 05 janv., 2012 1:41 pm
Un jour à Flowerlys
Je vais enfin me mettre à écrire. Ma mère n’a cessé de me supplier durant 8 ans pour que je commence un journal intime que j’ai fini par accepter. Ce n’est pas que je ne voulais pas, mais je n’avais pas le temps. L’école, les examens et mon petit job que j’avais fini par trouver occupaient tout mon temps libre. Je n’avais peut-être qu’une heure parmi vingt-quatre durant laquelle je n’avais rien à faire, mais je l’occupais à lire. Lire, c’est ma plus grande passion. Fantastique, aventure, science-fiction, histoires vraies… J’aime tout ! Mais lorsque je commence, je ne peux plus m’arrêter. Alors, même à 17 ans, ma mère doit continuer à me rappeler d’arrêter de lire, de penser à dormir. Et c’est là que je dois poser mon livre sur l’étagère, et commencer à me reposer.
Ca, c’était avant. C’était quand je devais aller à l’école pour faire des études. Mais j’ai terminé. Ce sont les vacances et j’ai mon diplôme dans la main. J’ai déjà fait la fête et on m’a déjà suffisamment félicitée.
Nous sommes en août, je suis sur la terrasse en train d’écrire, sirotant un cocktail de fruits frais : un régal. J’arrête d’écrire pour commencer mon livre. Je l’ai acheté dans une librairie il y a un mois, environ. Mais je n’ai pas encore eu le temps de le lire, ayant une grosse pile d’une dizaine de livres sur mon étagère. De plus, je ne peux lire deux livres en même temps. J’ai déjà essayé, mais je ne le ferai plus. J’en avais mélangé les deux histoires et avait fini par abandonner mes livres, les trouvant incompréhensibles.
Ca s’appelait «Flowerlys, le livre qui te fait oublier». Si ça pouvait être vrai. J’ai contemplé la couverture. Bleu ciel, sans image. Pas d’auteur non plus. Et je ne savais plus dans quelle librairie j’étais allée le chercher.
J’ouvris la première page, la deuxième et la troisième pour en arriver à l’endroit où l’histoire devait commencer. Pourtant, la page était vide. Ca peut paraître absurde quand je dis ça. Il y a des quantités de livres qui commencent à la cinquième, sixième page. Et bien pas celui-ci. Toutes les pages étaient blanches et je ne l’avais pas remarqué en l’achetant.
J’étais prête à hurler, à fouiller tous mes sacs pour chercher le ticket de caisse, qui aurait indiqué dans quelle librairie j’aurais pu acheter ce livre, mais je n’eu pas le temps. De mon livre, un étrange courant d’air sortit. C’était comme lorsque l’on ouvre une porte d’entrée en plein hiver. Je me penchai dessus, passa ma main. J’essayai de le refermer mais je n’y arrivais pas. Quelque chose m’en empêchait.
Soudain, j’ai été aspirée à l’intérieur du livre. Je n’ai pas eu mal, seulement très peur. J’ai crié, puis j’ai remarqué que j’étais atterrie dans une forêt, avec de grands arbres majestueux. Je me levai, essuyai mes mains sur ma robe préférée, celle que je mets chaque été. Puis je parcourrai la forêt, écoutant le chant mélodieux des oiseaux. Ici, il faisait nettement plus frai que sur ma terrasse, mais ce n’était pas désagréable.
Je demandai à la nature où je me trouvais, pourquoi j’étais entrée dans cette forêt alors que je m’apprêtais à lire un livre passionnant. J’en voulu au libraire, qui m’avait adressé un joyeux sourire lorsque j’étais sortie de sa librairie.
Je marchai longtemps, courant presque. Je me trébuchai de nombreuses fois sur les racines des arbres, mais je ne m’arrêtais pas. Je ne savais où aller. Puis j’ai fini par voir une lumière, m’imaginant un panneau « Sortie ». Enfin !
Mais par malheur, je me trouvai dans un champ. Pas beaucoup mieux ! J’ai encore crié, cette fois, plus fort, et on m’a répondu. Le silence m’a répondu. Les oiseaux m’ont répondu et le vent également. Il n’y avait personne dans ce livre, voilà pourquoi il n’y était rien écrit. Ca m’aurait tant ennuyé de lire un pareil livre, dans lequel on ne dit rien. Mais là, alors que j’étais à l’intérieur, je me sentais bien. Je me demandais juste comment j’allais en sortir, mais je n’étais pas pressée.
Je marchai encore, tout en chantonnant une chanson débile qui me passait par l’esprit. Me prit l’idée de me coucher dans le champ, qui paraissait très doux. Je me laissai tomber, ne me fit pas mal lorsque je touchai les blés. Un doux parfum vint à moi, une odeur que je ne parvins pas à reconnaître. J’ai toujours été nulle pour ça. Je n’essayai pas de savoir ce que c’était, en réalité. Je fermai les yeux, caressant au passage le sol doux.
Un papillon se posa sur ma main, un oiseau sur ma cheville, je le sentis. J’ouvris les yeux pour vérifier, veillai à ne pas bouger pour ne pas les faire fuir. Ils étaient bien là. Je ne bougeai plus, je les regardais juste battre des ailes, changer de positions, mais ils restaient toujours sur mon corps.
Plus tard, j’aperçu un jeune chevreuil, magnifique. Il vint vers moi, tout comme l’oiseau et le papillon. Il posa sa tête sur mon ventre et déposa une fraise. Ils n’avaient vraiment pas peur me moi, apparemment. Je mangeai la fraise, puis me dis que peut-être cette fraise n’en était pas une, vu que tout est si différent ici. Mais elle était délicieuse. Sans doute la meilleure que je n’ai jamais eu à gouter.
Un lièvre est venu se coucher sur mes deux jambes étendues au soleil. Je l’ai caressé avec ma main qu’il me restait de libre et bien vite, je fus entourée d’une dizaine d’animaux. Cerf, biche, sanglier, oiseaux, renard et écureuil. Je me suis assise, je les ai caressés. J’ai regretté de ne rien avoir à leur donner. J’arrachai du blé, mais personne n’en voulut. Je m’excusai, puis me sentit ridicule d’avoir parlé à des animaux. Mais je ris de moi-même, me rappelant que j’étais seule avec eux, et qu’il n’y avait aucun mal à leur parler.
Les animaux se frottaient contre moi, redemandant des caresses. C’était si merveilleux que je voulu que ce moment dure toute la vie. Ici, ma mère n’était plus là. J’étais enfin libre. Je voulais vivre ici, dans cette ville étrange, qui n’était en fait que la quatrième page de mon livre.
J’ai passé des heures là, me semble-t-il, car je fini par être fatiguée. Je m’endormi, sans m’en rendre compte.
J’ai passé la plus belle nuit de ma vie, coincée entre dix animaux, qui me frottaient légèrement les bras comme si c’était leur manière de m’apaiser. J’étais si bien. Malheureusement, lorsque je m’éveillai, je me trouvais à nouveau sur ma terrasse, le ciel était tout noir. Mon livre n’était plus là. Je me suis levée de mon transat, je suis rentrée chez moi. J’ai contemplé ma robe, qui pourrait être le seul signe que je n’ai pas rêvé et effectivement, sur elle, une tache verte d’herbe s’étendait.
Je vais enfin me mettre à écrire. Ma mère n’a cessé de me supplier durant 8 ans pour que je commence un journal intime que j’ai fini par accepter. Ce n’est pas que je ne voulais pas, mais je n’avais pas le temps. L’école, les examens et mon petit job que j’avais fini par trouver occupaient tout mon temps libre. Je n’avais peut-être qu’une heure parmi vingt-quatre durant laquelle je n’avais rien à faire, mais je l’occupais à lire. Lire, c’est ma plus grande passion. Fantastique, aventure, science-fiction, histoires vraies… J’aime tout ! Mais lorsque je commence, je ne peux plus m’arrêter. Alors, même à 17 ans, ma mère doit continuer à me rappeler d’arrêter de lire, de penser à dormir. Et c’est là que je dois poser mon livre sur l’étagère, et commencer à me reposer.
Ca, c’était avant. C’était quand je devais aller à l’école pour faire des études. Mais j’ai terminé. Ce sont les vacances et j’ai mon diplôme dans la main. J’ai déjà fait la fête et on m’a déjà suffisamment félicitée.
Nous sommes en août, je suis sur la terrasse en train d’écrire, sirotant un cocktail de fruits frais : un régal. J’arrête d’écrire pour commencer mon livre. Je l’ai acheté dans une librairie il y a un mois, environ. Mais je n’ai pas encore eu le temps de le lire, ayant une grosse pile d’une dizaine de livres sur mon étagère. De plus, je ne peux lire deux livres en même temps. J’ai déjà essayé, mais je ne le ferai plus. J’en avais mélangé les deux histoires et avait fini par abandonner mes livres, les trouvant incompréhensibles.
Ca s’appelait «Flowerlys, le livre qui te fait oublier». Si ça pouvait être vrai. J’ai contemplé la couverture. Bleu ciel, sans image. Pas d’auteur non plus. Et je ne savais plus dans quelle librairie j’étais allée le chercher.
J’ouvris la première page, la deuxième et la troisième pour en arriver à l’endroit où l’histoire devait commencer. Pourtant, la page était vide. Ca peut paraître absurde quand je dis ça. Il y a des quantités de livres qui commencent à la cinquième, sixième page. Et bien pas celui-ci. Toutes les pages étaient blanches et je ne l’avais pas remarqué en l’achetant.
J’étais prête à hurler, à fouiller tous mes sacs pour chercher le ticket de caisse, qui aurait indiqué dans quelle librairie j’aurais pu acheter ce livre, mais je n’eu pas le temps. De mon livre, un étrange courant d’air sortit. C’était comme lorsque l’on ouvre une porte d’entrée en plein hiver. Je me penchai dessus, passa ma main. J’essayai de le refermer mais je n’y arrivais pas. Quelque chose m’en empêchait.
Soudain, j’ai été aspirée à l’intérieur du livre. Je n’ai pas eu mal, seulement très peur. J’ai crié, puis j’ai remarqué que j’étais atterrie dans une forêt, avec de grands arbres majestueux. Je me levai, essuyai mes mains sur ma robe préférée, celle que je mets chaque été. Puis je parcourrai la forêt, écoutant le chant mélodieux des oiseaux. Ici, il faisait nettement plus frai que sur ma terrasse, mais ce n’était pas désagréable.
Je demandai à la nature où je me trouvais, pourquoi j’étais entrée dans cette forêt alors que je m’apprêtais à lire un livre passionnant. J’en voulu au libraire, qui m’avait adressé un joyeux sourire lorsque j’étais sortie de sa librairie.
Je marchai longtemps, courant presque. Je me trébuchai de nombreuses fois sur les racines des arbres, mais je ne m’arrêtais pas. Je ne savais où aller. Puis j’ai fini par voir une lumière, m’imaginant un panneau « Sortie ». Enfin !
Mais par malheur, je me trouvai dans un champ. Pas beaucoup mieux ! J’ai encore crié, cette fois, plus fort, et on m’a répondu. Le silence m’a répondu. Les oiseaux m’ont répondu et le vent également. Il n’y avait personne dans ce livre, voilà pourquoi il n’y était rien écrit. Ca m’aurait tant ennuyé de lire un pareil livre, dans lequel on ne dit rien. Mais là, alors que j’étais à l’intérieur, je me sentais bien. Je me demandais juste comment j’allais en sortir, mais je n’étais pas pressée.
Je marchai encore, tout en chantonnant une chanson débile qui me passait par l’esprit. Me prit l’idée de me coucher dans le champ, qui paraissait très doux. Je me laissai tomber, ne me fit pas mal lorsque je touchai les blés. Un doux parfum vint à moi, une odeur que je ne parvins pas à reconnaître. J’ai toujours été nulle pour ça. Je n’essayai pas de savoir ce que c’était, en réalité. Je fermai les yeux, caressant au passage le sol doux.
Un papillon se posa sur ma main, un oiseau sur ma cheville, je le sentis. J’ouvris les yeux pour vérifier, veillai à ne pas bouger pour ne pas les faire fuir. Ils étaient bien là. Je ne bougeai plus, je les regardais juste battre des ailes, changer de positions, mais ils restaient toujours sur mon corps.
Plus tard, j’aperçu un jeune chevreuil, magnifique. Il vint vers moi, tout comme l’oiseau et le papillon. Il posa sa tête sur mon ventre et déposa une fraise. Ils n’avaient vraiment pas peur me moi, apparemment. Je mangeai la fraise, puis me dis que peut-être cette fraise n’en était pas une, vu que tout est si différent ici. Mais elle était délicieuse. Sans doute la meilleure que je n’ai jamais eu à gouter.
Un lièvre est venu se coucher sur mes deux jambes étendues au soleil. Je l’ai caressé avec ma main qu’il me restait de libre et bien vite, je fus entourée d’une dizaine d’animaux. Cerf, biche, sanglier, oiseaux, renard et écureuil. Je me suis assise, je les ai caressés. J’ai regretté de ne rien avoir à leur donner. J’arrachai du blé, mais personne n’en voulut. Je m’excusai, puis me sentit ridicule d’avoir parlé à des animaux. Mais je ris de moi-même, me rappelant que j’étais seule avec eux, et qu’il n’y avait aucun mal à leur parler.
Les animaux se frottaient contre moi, redemandant des caresses. C’était si merveilleux que je voulu que ce moment dure toute la vie. Ici, ma mère n’était plus là. J’étais enfin libre. Je voulais vivre ici, dans cette ville étrange, qui n’était en fait que la quatrième page de mon livre.
J’ai passé des heures là, me semble-t-il, car je fini par être fatiguée. Je m’endormi, sans m’en rendre compte.
J’ai passé la plus belle nuit de ma vie, coincée entre dix animaux, qui me frottaient légèrement les bras comme si c’était leur manière de m’apaiser. J’étais si bien. Malheureusement, lorsque je m’éveillai, je me trouvais à nouveau sur ma terrasse, le ciel était tout noir. Mon livre n’était plus là. Je me suis levée de mon transat, je suis rentrée chez moi. J’ai contemplé ma robe, qui pourrait être le seul signe que je n’ai pas rêvé et effectivement, sur elle, une tache verte d’herbe s’étendait.