Les passants

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charly09

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Re: Les passants

Message par charly09 »

« Et le voilà encore en train de rire, pour accueillir un môme qu’il n’aime pas ! Y’a pas moyen. Je le comprends pas Kevin ! Il va s’taper la saison avec des chiards qu’il déteste, et c’est même pas pour sauter la mère ! Je l’comprends pas… » Et tu vas chercher longtemps, mignonne ! C’est qu’il n’est pas facile à saisir, Kevin. Il est beau, bronzé, une coquille vide. Il ne regarde pas les dames, -ni les hommes. Il exècre les gosses dont il s’occupe, plutôt bien d’ailleurs, dans ce club minable. Et il n’a même pas besoin d’argent !... un mystère. Si encore il avait des manies de curé, tu comprendrais. La foi, l’abnégation, un désir inavoué de mourir en martyr. Mais pour ça, il faudrait aimer un peu, non ? Lui, rien. Kévin au corps parfait, le muscle saillant, la taille souple, qui rit de toutes ses dents bien acérées.

Mais je reste là, bien embusqué derrière les vagues. Un corps nu, une casquette rouge, un ballon aux armes de la commune… même une nature plus ombrageuse s’amuserait d’un tel camouflage ! Mais là, je peux observer et me fondre en silence dans la masse bruyante des vacanciers. Combien sommes-nous à attendre, à guetter ?

« … Trois ! Et là ! oui, vous M’sieur ! Attrape le ballon ! Laaance ! relance !!!!... »

Parfois pourtant, ça m’échappe. Une brume, juste un instant, qui brouille l’œil vif en vain. L’écume s’enroule autour de mes cuisses puissantes et la cheville emportée par le sable fuyant. Le colosse au pied fragile soudain se fond en silence dans la masse mouvante et les larmes salées de la mer éclaboussent son visage tourné, juste un instant, vers un horizon vide et lointain.
Et puis soudain. Des cris sur la plage.

Une femme qui s’affole, jolie brune qui s’agite sur une serviette à motifs, des lunettes noires en guise de bandeau dans les cheveux, elle me fait des grands signes on dirait ? Elle crie.

Alors j’aperçois au loin cette petite fille au maillot de sirène, les yeux verts d’eau, qui s’enfonce parmi les algues. Elle est délicieuse cette enfant, les cheveux libres qui flottent au gré du vent. Elle avale l’eau la bouche ouverte, avec des hoquets de plaisir, elle rit. Je m’élance pour la rejoindre, m’enfoncer avec elle.
dadotiste

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Re: Les passants

Message par dadotiste »

charly09 a écrit : Et puis soudain. Des cris sur la plage.

Une femme qui s’affole, jolie brune qui s’agite sur une serviette à motifs, des lunettes noires en guise de bandeau dans les cheveux, elle me fait des grands signes on dirait ? Elle crie.

Alors j’aperçois au loin cette petite fille au maillot de sirène, les yeux verts d’eau, qui s’enfonce parmi les algues. Elle est délicieuse cette enfant, les cheveux libres qui flottent au gré du vent. Elle avale l’eau la bouche ouverte, avec des hoquets de plaisir, elle rit. Je m’élance pour la rejoindre, m’enfoncer avec elle.
— Coupez ! Coupez ! — Vous n'avez pas vu les bandeaux ? C'est un tournage ici ! Ça fait deux jours qu'on tente de prendre cette scène avec la gamine et quand enfin, elle finit par comprendre qu'elle ne doit pas nager, vous vous pointez pour barboter ?!

Je fis signe à Peete de rembaler le matériel et congédiais l'équipe avant de quitter la plage. Il me fallait un verre. Ce tournage était une catastrophe depuis le début. Nous avions pris beaucoup trop de retard... J'ignorais comment rattraper le coup. Je démarrais la voiture tout en m'allumant une cigarette pour me réconforter. Je sentis soudain un choc à l'arrière. Dans le rétroviseur, je vis le conducteur de la voiture que je venais d'emboutir en sortant de ma place, en sang, avant de sombrer...
Lili-

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Re: Les passants

Message par Lili- »

Beep… beep… beep…
Un son continu et monotone qui ressemblait à s’y méprendre à celui d’un électrocardiographe me tira d’un sommeil sans rêves. J’entrouvris les paupières et fus aveuglé par des éclats de lumière blafarde. Je tentai de me lever, mais je me sentis pris d’étourdissements soudains et affreux. Je portai la main à ma tête pour découvrir une bande de tissu qui l’entourait, puis j’éprouvai des lancinements aux tempes. J’entendis un faible gémissement s’échapper de mes lèvres, comme s’il provenait de loin. Après quelques instants de profonde perplexité, je réussis à me relever dans mon lit et à observer les alentours. Des murs blancs et nus se dressaient autour d’une petite chambre tout aussi dépourvue d’ornements à l’exception d’une plante rabougrie sur le bord d’une fenêtre par laquelle j’entrevis la noirceur de l’extérieur. Je suis dans un hôpital, songeai-je, surpris. Puis, j’entendis des voix qui se rapprochaient de la porte.
«... assez chanceux, oui. Si le choc avait été à peine plus fort, il aurait perdu l’usage de ses jambes. »

En l’espace d’une seconde, tout me revint à l’esprit. La date avec Julie, le soleil ardent, la plage sublime, la réalisatrice de film énervée, sa voiture… Tout s’explique, pensai-je.

La porte s’ouvrit, laissant entrer deux personnes, l’une en sarrau, et l’autre dont le visage m’était familier.

-Justine ! m’exclamai-je, en reconnaissant ma sœur.
-Vous voilà enfin réveillé, M. Richard, dit le docteur en souriant. Je vous laisse maintenant en compagnie de votre sœur et je reviendrai un peu plus tard.

Justine s’assit sur la chaise à côté du lit et m’étreignit fortement dans ses bras.

-Doucement ! m’écriais-je.
-Oh, excuse-moi ! s’exclama-t-elle en se retirant. Tu m’as donné une de ces peurs ! J'étais en pleine réunion quand j'ai reçu un appel de l'hôpital m'annonçant que mon frère a eu un accident de voiture. Je m’attendais au pire... sa voix se brisa. Elle sécha ses yeux rougis par les larmes.
-Oui, mais je suis toujours là, tu vois, et en pleine santé. Pas de quoi s'inquiéter, ajoutais-je avec un sourire que je voulus rassurant.

J’étais conscient que la situation aurait pu être bien plus grave, mais je ne voulais pas l’angoisser davantage.

Justine resta à mes côtés jusqu’à ce que le médecin revienne et lui demande de me laisser me reposer.
-Je viendrai te chercher demain, dit-elle en sortant.

À moitié endormi, je pensai aux événements de la journée et à la chance que j’avais eue, quand une jolie infirmière rousse d’une vingtaine d’années entra avec un maigre repas, répandant des odeurs envahissantes de nourriture d’hôpital dans la pièce. En sortant, elle lança un « Bon appétit ! » avec un sourire charmant qui me fit soudainement penser à Julie.

Avec un coup au cœur, je réalisai que, si l‘accident avait mal tourné, j’aurais pu ne jamais avoir la chance d’exprimer mes sentiments, ne jamais pouvoir lui dire ces trois mots, ces trois petits mots avec lesquels j’avais eu tant de mal ces dernières semaines.

Ce soir-là, je pris la résolution qu’à la prochaine occasion qui s’offrirait à moi, je lui déclarerais mon amour. Qui aurait cru que ça prendrait un événement mettant ma vie en danger pour que je me décide enfin à lui dire ce que j’ai sur le cœur ? pensai-je en riant.
leaszecel

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Re: Les passants

Message par leaszecel »

Je souris joyeusement à cet homme charmant en me demandant si la fille que j'ai vu sortir un peu plus tôt est sa copine. Je ne peux pas m'en empêcher, c'est plus fort que moi. Je me mets une gifle mentale en me demandant si je n'ai pas honte. Je regarde ma montre en étouffant un juron. En rêvassant comme ça, j'en ai oublié ma pause. Je cours jusqu'aux vestiaire, me déshabille en un temps record, jette mes fringues dans mon casier et passe ce qui me tombe sous la main. Je ne prends même pas le temps de guetter mon reflet dans le petit miroir accrochée à la porte. Je cours dans le sens contraire, prend un couloir, puis un autre, monte des escaliers et arrive en sueur devant le service de pédiatrie. J'enfile mon plus beau sourire et rentre d'un pas énergique. Après avoir dit bonjour, fais quelques coucous de la main, je rentre enfin dans une chambre faiblement éclairée, avec un lit blanc comme les autres et dedans une petite forme qui se cache entre les draps. Je tire les rideaux d'un coup sec et la douce clarté d'une fin d'après midi d'automne envahie la pièce
-Ces médecins quelles bandes d'enquiquineurs avec leurs pâles petites ampoules, je râle.
J'entend un petit rire et je commence à chatouiller les draps. Après quelques secondes mon adversaire s'avoue vaincue et déclare forfait. Je souris en découvrant un petit visage encadré de petits cheveux blonds et d'une cannule dans le nez. Ma petite patiente à l'air d'aller mieux aujourd'hui avec ses joues roses et ses petits yeux marrons pétillants de malice.
-Alors qu'as-tu à me raconter maintenant ma petite Daisy ?
-Tu es en retard, ronchonne-t-elle.
Je lève les mains en signe de paix et elle hausse les épaules, faussement fâchée.
Je prend alors le ton de la confidence:
-Alors ça avane avec le petit Marc de la 212?
-Jazz! Bien sûr que ça avance, il ne peut pas me résister, je suis trop mignonne!
J'éclate de rire et nous continuons de parler jusqu'à ce que ma pause soit finie. Je l'embrasse sur le front et lui intime de se reposer avant de reprendre mon service. Elle est arrivée il y a plus de six mois et ses chances de survie sont minces mais j'y crois! Elle rendait folles les autres infirmière mais j'ai tout de suite aimé son côté décalé, bien qu'elle n'aie que douze ans.

Le lendemain, je me permet d'arrêter quelques minutes en avance pour être à l'heure près de Daisy et achète même une boîte de chocolats avec des formes rigolotes. Je souris en pensant qu'elle va sûrement se moquer de moi en me répliquant qu'elle n'a plus quatre ans mais je sais qu'elle les aime. J'arrive en pédiatrie. Distribution de sourires, de bonjours, de signes de main et petit clin d'oeil quand je passe devant la 212 mais Marc ne me regarde pas. J'arrive quelques chambres plus loin mais quelque chose cloche. Pour une fois, les rideaux sont grands ouverts et une lumière aveuglante se déverse dans la pièce. Je ne vois aucune forme entre les draps et appelle Daisy, pensant qu'elle est aux toilettes. L'odeur. Celle de désinfectant. Celle que l'on met quand un patient part. Oh non, non, non. Je sens les larmes monter. Pourtant elle avait l'air mieux hier. Mais je sais qu'on ne guéri pas de sa maladie en une nuit. Je commence à reculer. La boîte de chocolats tombe par terre et je me retourne pour courir hors de ce cauchemar.
La première chose que l'infirmière en chef nous a appris est de ne pas nous attacher à nos patients. Car nous savons qu'ils peuvent mourir d'un jour à l'autre. Comme ça.
Je percute de plein fouet un homme en sortant de la chambre. Je chancelle et il me rattrape de justesse. De grosses larmes roulent sur mes joues et j'entend un bourdonnement. Quand je suis enfin reconnectée à la réalité, je comprend qu'il me demande si tout va bien. Je suis désorientée et je n'arrive pas à parler à cause du noeud dans ma gorge. J'essuie les larmes sur mes joues et le regarde un peu mieux. Il doit avoir une bonne vingtaine d'années, de beaux cheveux blonds et des yeux marrons-verts avec un éclat de malice dedans. Même s'ils sont un peu rougis et bouffis, ils restent magnifiques.
-Vous connaissiez Daisy, me demande-t-il?
C'en est trop pour moi. Je fonds en larmes.
Dernière modification par leaszecel le sam. 16 juil., 2016 12:45 am, modifié 2 fois.
Diane-45

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Re: Les passants

Message par Diane-45 »

Je viens d'apprendre que ma petite sœur est morte. Quand on m'a annoncé que sa santé dégradait, je me suis précipité à l'hôpital. J'ai juste eu le temps de lui dire au revoir, que je l'aimais...
Alors que je vagabonde dans les couloirs à la recherche de... de rien, quelqu'un me bouscule. Je suis sur le point de m'énerver et de gueuler, mais quand je vois la tignasse rousse et la jeune jolie femme qui se cache dessous, c'est une autre histoire. Elle vacille, mais je la rattrape. Elle pleure. Elle vient de sortir de la chambre de Daisy.
-Tout va bien mademoiselle?
Elle ne me répond pas. Elle regarde dans tous les sens, elle est à bout. Puis elle me regarde enfin.
-Vous connaissiez Daisy? je demande.
Elle ne répond pas non plus et pleure à chaudes larmes. J'en conclus que la réponse est "oui". Je la prend dans mes bras, ne sachant que faire et lui caresse le dos. Elle se laisse faire. Elle tient à peine debout et tout son équilibre repose... et bien sur moi.
-Vous voulez vous asseoir?
Elle secoue la tête. Nous restons donc debout, moi la tenant pour ne pas qu'elle tombe.
-J'étais son grand frère, je lui dis.
Elle relève la tête, comme surprise, se racle la gorge et déclare:
-Je venais la voir tous les jours... à ma pause... c'était une petite fille... formidable.
J'entends les sanglots dans sa voix. Elle devait beaucoup l'aimer. Elle se reprend peu à peu. Réussi à se tenir debout toute seule, repousse ses mèches rousses derrière ses épaules, se détache peu à peu de moi.
-Désolé, c'est juste que...
Elle ne finit pas sa phrase.
-Ne vous inquiétez pas, je reprends.
Elle se tient maintenant devant moi, les bras croisés sur sa poitrine, le regard rivé vers le sol. Ses yeux sont encore embués de larmes et rouges, elle renifle un petit coup, sa lèvre inférieur tremble. Elle connaissait ma sœur... Était à ses côtés tous les jours... Je ne connais même pas son nom...
-Bon, je pense... que je vais y aller, dit-elle en jetant un dernier regard à la chambre de Daisy.
-Non, attendez, je supplie. Je peux au moins vous demander votre prénom... Vous étiez aux côtés de ma sœur... quand je ne l'étais pas...
-Je m'appelle Chléophée.
-Moi c'est Adrien.
Puis quelques secondes plus tard, je lance:
-Dites, vous ne voudriez pas venir boire un café un de ces jours avec moi, pour parler de Daisy?
-Euhh... Oui... Oui c'est d'accord.

Quelques jours plus tard, nous sommes sur une terrasse, dégustant des crêpes au caramel avec bien évidemment le fameux café. Nous discutons de Daisy, puis de nous, puis de tout. Et cela pendant des heures. Je regarde dans la rue et note l'attitude des passants. Nous adorions faire cela avec Daisy. Lorsque je vois une jeune fille, 14 ans peut-être. Les cheveux châtains, les yeux bleus clairs, vêtue d'un jean et d'un T-shirt simple. Elle a des écouteurs dans les oreilles. C'est la première, que je vois, regardant le ciel et les nuages, plutôt que le goudron à ses pieds. "Signe d'espoir" je me dis. Rien ne me dis qu'elle est heureuse dans sa vie de tous les jours. Mais je peux bien voir, qu'elle est du genre à ne pas baisser les bras, à voir plus loin que le bout de son petit nez en trompette. Dans sa bulle, mais "signe d'espoir".
leaszecel

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Re: Les passants

Message par leaszecel »

"Nanana... NANANANA highway Hell ! " j'adore cette chanson. Même si je dois me mordre les lèvres pour ne pas chanter, je ne peux m'empêcher de secouer la tête en rythme. Soudain, je lève la tête et regarde les nuages. Tiens celui là ressemble à une créature de Zelda. Celui là à une drôle de tête de mort. Et celui là à un casque. J'adore regarder les nuages mais je suis toujours obligée de détourner le regard à cause de mes yeux clairs. Je les plisse mais en vain. Bon tant pis, ce sera pour une autre fois, plus nuageuse. Je continue de marcher quand un éclat attire mon attention. Une jolie rousse discute avec un beau garçon blond. Ce qui a attiré mon regard c'est le roux naturel de cette fille, pas ces vieilles colos chimiques, beurk! Je me met soudain à rêver en voyant ce couple. Je me demande si moi aussi je serai aussi jolie, si j'aurai tous les mecs à mes pieds plus tard. Si je serai une vraie pimbêche, une petite garce ou une humanitaire engagée. Est-ce que j'aurai un chien dans mon appartement? Ou un chat? Après réflexion, je remarque que je suis presque en dehors de la ville, près des petites routes de campagne, bordées de grands arbres aux feuilles jaunes, brunes en passant par des teintes ambrées. Je lève le nez vers le soleil et sens ses rayons me caresser les joues, les yeux fermés. Soudain, quelqu'un m'attrape par derrière et je hurle. Je me retourne et m'apprête à envoyer une droite en pleine face de mon agresseur quand je reconnais ce rire singulier.
-Tristan!
Je crie de rage. Cet imbécile rigole à en pleurer. Je le frappe d'un coup sec derrière la tête. Il fait sa tête d'innocent en faisant mine de rien:
-Mais quoi ? C'est de ta faute aussi, te ballader comme ça... c'était trop tentant!
Et il rit de plus belle. J'ai envie de l'étriper mais je me content de soupirer un grand coup.
-Aller Malonn, détend toi, je rigolais.
Je lui jette un dernier regard noir en lui rappelant que j'ai aussi un prénom avant de sourire et lui demande:
-Rachel est déjà là ?
Il me regarde avec ses jolis yeux verts feuilles, ses cheveux sombres lui tombants presque dans les yeux.
Trop, c'est trop! Je ne sais pas pourquoi mais ça m'énerve qu'il arrive à me mettre mal à l'aise comme ça, sans que je comprenne pourquoi!
- Mais qu'est ce que tu veux à la fin?! Tu as un problème à toujours venir m'enmerder? Pourquoi tu t'en prends toujours à moi quand tu veux soûler quelques? Et c'est quoi à la fin ton problème à me scruter comme ça? Tu te demandes pourquoi je n'ai pas les jolis traits fins de Rachel? Pourquoi j'ai des grosses joues de bébé à la place? Pourquoi je n'ai pas ses cheveux ailes de corbeau à la place de ceux là, banals?
Je suis hystérique. Ça ne m'était encore jamais arrivé. D'habitude le monde extérieur me glisse dessus, je m'en fiche tant que j'ai mes vieux groupes de rock dans les oreilles. Mais avec Tristan ce n'est pas pareil. Peut être parce que je n'arrive jamais à savoir s'il se moque de moi ou pas. S'il est sérieux ou non. Je passe une main dans mes cheveux nerveusement. Je le vois qui se mord la lèvre, l'air d'être en plein dilemme. Ça y est. Il a compris que je suis une folle furieuse et va enfin partir en courant. D'un coup, il s'avance vers moi et m'embrasse avant de me souffler à l'oreille:
- Je les aime bien moi tes petites joues, Sloan.
Puis il s'en va à petites foulées vers la ville, me laissant clouée sur place. Je regarde ce jeans clair et ce t-shirt foncé devenir petit, si petit...
- Merde! J'avais complètement zappé Rachel avec tout ça !
Dernière modification par leaszecel le sam. 16 juil., 2016 1:55 am, modifié 1 fois.
Diane-45

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Re: Les passants

Message par Diane-45 »

Je ne sais pourquoi elle s'est énervée... Peut-être ai-je été trop brusque... En attendant je l'ai quand même embrassé! Ca faisait longtemps que j'en avais envie, et j'ai pu en profiter pour lui faire comprendre que je l'aime, et ne la déteste pas comme elle aurait pu le croire. Je me sens tellement léger à présent! J'ai des papillons dans le ventre, une sensation de chaleur intense m'a envahit au moment où je l'ai embrassé et perdure autour de mon cœur. Ces yeux sont tellement beaux que je me perds dedans. Si clairs, si bleus, si profonds... Un seul mot pour la décrire: magnifique. Aussi bien extérieurement qu'intérieurement. Elle n'est pas de celles qui se maquillent pour cacher leurs imperfections, Sloan n'est pas superficielle. Elle est rêveuse, mais pas superficielle. Elle se fiche de tout, des vêtements qu'elle porte, aussi bien que l'avis des autres, du moment qu'elle a ses écouteurs et le ciel, elle arrive à vivre.
Je me souviens de cette fois, l'année dernière en été, le soir alors que le ciel était d'un noir immense et pourtant si lumineux. Lumineux par ces milliards de milliards de milliards d'étoiles qui le peuplaient. On était ensemble, allongés dans l'herbe et on regardait les étoiles. C'était le plus beau paysage que j'avais jamais vu _ après elle bien sûr ça va de soit.
Bref, je revenais de cette petite route de campagne où Sloan s'était égarée pour retourner en ville. C'était bientôt sont anniversaire, le 8 septembre. Il fallait donc que je lui fasse un cadeau. Je n'ai même pas pensé un instant à un vêtement ou encore à une palette de maquillage, trop superficiel pour elle. Non, j'avais bien pensé plutôt à lui offrir un CD de The Cranberries ou encore Nirvana, mais elle les avait TOUS. Et puis, en la voyant observer les nuages tout à l'heure et en repensant à cette nuit étoilée, j'avais trouvé le cadeau parfait! Un bouquin sur les étoiles et l'univers! Mais ça, ça sera juste la journée. Le soir même je lui organiserai une observation des étoiles au parc avec comme fonds de musique ses groupes préférés. Je la connais bien tout de même, et je sais qu'elle va adorer ça! Ça fait quand même depuis assez longtemps que l'on se fréquente, je sais ce qu'elle aime et n'aime pas. Quoi qu'il en soit, j'ai pris ma décision et file dans une librairie, où, là, je trouve mon bonheur au rayon "Espace et Univers". Je m'arrête devant les étagères et feuillette quelques livres pour choisir celui qui conviendrait le mieux. Je passe devant le rayon "Dystopie et Aventure" et là impossible de ne pas fourrer mon nez dedans, j'aime trop ça. Je regarde les résumés des livres qui me paraissent intéressants. Devant la bibliothèque centrale du même rayon, je vois un jeune garçon, à peine plus âgé que moi. Il porte une chemise à carreaux rouges, un jean bleu foncé et des New Balance grises et noires. Je le vois prendre en main mon livre préféré. Il hésite, je vois bien. Alors je m'approche, et l'aborde:
-Hey, bonjour, si tu aimes bien les bouquins où il y a de la survie et de l'action, c'est exactement le livre que tu dois prendre.
Bon, ok, pas terrible l'approche, mais quand même quoi!
Il tourne la tête vers moi et je vois un large sourire se dessiner sur son visage. Ses cheveux sont foncés, entre le noir et le brun, il a des yeux noisettes claires et quelques tâches de rousseur sur le nez et les joues.
-Bonjour, merci beaucoup pour le conseil, tu as lu ce livre?
-Oui, c'est mon préféré. Niveau action il est superbe et l'écriture est très fluide et agréable, il y a aussi de la romance un peu, mais je te le recommande vraiment.
-Oh, la romance ne me fait pas peur, j'aime ça autant que l'action où l'aventure.
-Alors tu vas adoré, crois moi!
-Merci encore, alors.
-Au revoir et bonne lecture!
-Bonne lecture à toi aussi, à une prochaine peut-être!
-Oui.
Je pars en direction de la caisse, où une caissière charmante passe mes deux livres et emballe celui destiné à Sloan. Je lui dit au revoir et me voilà parti pour retourner chez moi poser ces deux bouquins dans ma chambre et repartir vers le skate parc pour rejoindre mes amis.
Dernière modification par Diane-45 le ven. 04 nov., 2016 10:46 pm, modifié 1 fois.
leaszecel

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Re: Les passants

Message par leaszecel »

Dès qu'il est hors de vue, mon sourire s'efface et ma mains se crispe sur le bouquin. Je déteste parler aux gens. Et je supporte encore moins leur présence. Je suis justement venu ici pour ne pas être dérangé ni abordé. Malheureusement, comme on me l'a souvent fait remarquer, j'ai "une bonne vieille tête". Si je pouvais, je prendrais la tête la plus repoussante possible. Mais je me suis habitué à jouer la comédie, simuler un rictus plus ou moins crédible et articuler quelques paroles à mes semblables. Je repose le livre à sa place, dégoûté qu'il ait été contaminé par cet autre humain. Je me dirige vers la sortie, les yeux rivés droit devant moi, le plus vite possible. Je grimace sous l'effet de la vive lumière. Je me réfugie loin des gens, de la circulation, sous le couvert des arbres. Enfin. Je ne suis pas un garçon adapté au monde ou à la lumière du soleil. Je déteste ça presque autant que les gens, à contrario de celle de la lune ou des livres. Chemin faisant je tombe sur une fille de mon âge " Et merde !" Je pense. Trop tard pour la contourner ou faire demi tour sans que ça paraîsse suspect. Je pense alors à ce vieux proverbe "La meilleure défense, c'est l'attaque." Je prend mes répulsions à bras le corps et dévisage cette intruse. Plutôt agréable à regarder, elle a un joli visage aux traits fins, encadrés par de beaux cheveux noirs, tous lisses, détonnant encore plus avec son teint pâle, parfait. Elle porte un simple petit haut à bretelles près du corps et un jean moulant. Je connais ce genre de filles. Celles avec ce genre détestable, qui vous regarde de haut en bas et vous jauge en moins d'une seconde digne ou pas de les fréquenter. Ces petits tyrans au visage d'ange, qui mène leur monde à la baguette, l'air de rien, avec leurs airs de douces jeunes filles. Ça me suffit amplement. Je passe à côté d'elle sans un autre regard, avec un petit reniflement de mépris. Un peu plus tard, je me fige en entendant une voix claire qui crie:
-Rachel? Rachel? Raaaaachel!
Génial miss visage d'ange a amené une copine. Je dévie le plus possible du chemin pour ne pas rencontrer cette dernière et pousse un soupire de soulagement en retrouvant mon petit abris au fin fond des bois, avec tous mes livres et mon thé. Enfin à la maison !
Diane-45

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Re: Les passants

Message par Diane-45 »

Mais qu'avait ce gars à me regarder ainsi? Mépris, comme si je lui avais fait quelque chose. Quoi qu'il en soit, je sais une chose: Nous n'aurions jamais pu être amis, même dans une autre vie. Il avait l'air trop éteint. Ne pas aimé la vie, le monde, ne s'attacher à une chose, je ne sais pas quoi, mais je sais qu'il est comme cela. Ça se voit... J'ai connu quelqu'un comme ça... Et il doit bien détester un type de personne au moins, c'est comme cela que ça fonctionne. J'aurais presque comme de la peine pour lui, mais s'il est comme ça, c'est que c'est lui qui l'a choisit, un point c'est tout. Il faut être très fort et avoir beaucoup de volonté s'il l'on veut en sortir, mais je suppose qu'il ne veut pas, ça se voit sur son visage.
C'est dingue, j'arrive très bien à cerner les gens, savoir qui ils sont au fond d'eux... Quelle ironie quand on sait que je porte un masque sans âge... Le monde peut bien dire que je suis superficielle, c'est ce que je lui montre, ce qu'il voit, pas celle que je suis vraiment. Mais maintenant, il est trop tard pour faire marche arrière. Encore une année dans la peau de cette garce pour laquelle je me fais passer. Tu m'étonnes que Tristan ne veuilles pas de moi... Les gens ne jugent que sur l'apparence, c'est pitoyable. Et d'ailleurs, ils se permettent d'avoir le droit de juger tout le monde, alors que personne n'a vécu, ne vit et ne vivra la même chose. Pitoyable. Ils sont pitoyables. Je suis pitoyable. Avec ce beau masque de fille maquillée, bien habillée, une garce, voilà ce que je suis, pas d'autres mots... Je suis infâme, fade, nulle. Et pourtant je vais bien devoir faire semblant d'avoir l'air "normal" avec Lisa qui se rapproche de moi. "Normal"? Quel drôle de mot, qui n'a plus aucun sens à m'accorder, à accorder au monde. "Tu n'es pas dans la "norme" ", qu'ils me disaient tous. Oui, je ne suis pas "normale" et je m'en porte très bien, mais le problème est que je ne l'assume pas. Bref, Lisa se rapproche dangereusement de moi. J'arbore mon plus beau (et faux, bien entendu) sourire.

Après 2 heures à traîner en ville avec Lisa, je rentre enfin chez moi. Sur le chemin, en passant au parc, je cherche à cerner (comme toujours, je ne pourrais m'en empêcher) tel un vautour, les gens. Je vois pleins de monde, des petites filles de dix ans à peine jouer près de la fontaine. L'une d'elle, les cheveux châtains, de grands yeux verts parsemés de tâches marrons, une petite robe d'été verte, coure en riant. Elle aspire le bonheur, le réel bonheur. Tellement insouciant à cet âge. Elle ne sait rien, en sachant tout. Intelligence, insouciance... Vie. C'est ce que nous perdons peu à peu, que les enfants garderont toujours, le pouvoir de vivre. Car dans ce monde, certaines personnes ne font qu'exister. Je fais partie des gens qui existent seulement, mais cette gamine, là-bas, elle fais partie de ceux qui vivent. C'est tellement beau l'enfance. On est créatif, on a peur de rien, on est courageux, on ne doute pas, ou alors très peu. Toutes ces choses simples, pas si simples, que l'on égare en grandissant. Prise d'un grand élan de volonté, j'arrête la gosse en question:
-Hé petite!
Elle s'arrête de courir, perturbée, mais s'approche quand même de moi. Je m'accroupie pour être à sa hauteur.
-Bonjour, je fais.
-Bonjour...
Elle a une vois sucrée à faire fondre n'importe qui. Enfin, presque n'importe qui.
-Comment tu t'appelles?
-Maman m'a dit que je devais pas parler aux inconnus.
- {Je rie} Et elle a raison, alors je te demande juste de m'écouter ok? C'est important.
Elle hoche la tête avec une moue très sérieuse.
-Quand tu grandiras, ne grandit pas trop vite... Reste joyeuse comme tu l'es, créative, n'ai peur de rien, soit courageuse. Ais confiance en toi, même si certaines personnes te disent le contraire, il faut toujours avancer. Ne te cache pas derrière un masque, une personne que tu n'es pas. Reste toi-même. Et surtout, vie. Continue de vivre.
-Mais je vis déjà, dit-elle un peu troublée.
- {Je rie} Oui, tu vis déjà, mais je vais t'expliquer quelque chose. Parfois, quand les gens grandissent, en l'occurrence, quand les enfants deviennent des adultes, ils ont tendance à perdre la manière de vivre, ils ne font alors plus qu'exister. Tu comprends ce que je te dis.
-Oui, affirme t-elle en hochant la tête une fois de plus, toujours l'air sérieux.
-Parfait, alors maintenant promets moi que tu te souviendras de ce que je viens de te dire, et que tu l'appliqueras.
-Promis!
Elle a maintenant un grand sourire. Ses yeux pétillent d'étoiles. Un univers entier dans les yeux d'une gamine. Elle se rapproche de moi et se jette dans mes bras. Je suis d'abord très surprise de ce geste, et le lui rend doucement. Puis elle se dégage de moi, me sourit:
-Au revoir.
Mais elle reste plantée là. Attend t-elle que je parte la première? Elle me regarde intensément. Et fini par ajouter:
-Faustine. Je m'appelle Faustine.
Aussitôt dit, elle me tourne les talons et cours dans la direction opposée, en agitant la main derrière elle pour me dire au revoir. Je pars donc en sens inverse. Soudain, à peine quelques pas faits, je sens quelqu'un m'agripper. Je me retourne et découvre ce visage d'ange. La petite Faustine.
-Et vous vous appelez comment? Parce que sinon je pourrais pas bien me souvenir de ce que vous avez dit et de vous aussi.
-Je m'appelle Rachel, je réponds d'un large sourire éclatant.
Un vrai sourire. Ça faisait tellement longtemps... Comme quoi, les enfants ont des pouvoirs, moi j'y crois. Qui d'autre arrive à nous faire sourire comme cela, sans raison particulière?
-Merci! Au revoir!
Et cette fois-ci, elle part pour de bon. Quand à moi, je trace mon chemin vers chez moi. Je réfléchis pendant tout ce temps. Je veux vraiment changer. Apporter quelque chose de bon autour de moi. Faire en sorte que des garçons arrêtent de me siffler dans les rues, que toutes les mères écartent leurs enfants de moi, de peur que je ne les contamine. Je veux vraiment arrêter ce mouvement pitoyable.

Quand je rentre chez moi, personne dans la maison, comme d'habitude, je file donc dans ma chambre. Je me démaquille aussitôt et embarque ma palette de maquillage, jusque là restée à jamais dans la salle de bain, dans ma chambre. Je trouve la clef d'un de mes nombreux cadenas, mets la palette dans une boite. Non, il manque encore trop de chose. J'enlève ce top qui me serre la poitrine pour enfiler un T-Shirt à ma taille, un peu large, mais que j'adore. J'attache la masse noire et lisse qui me sert de tignasse en une queue de cheval bien serrée (chose que je ne fais jamais à l'habituel). Je prends le top et le jean moulant et les mets également dans la boîte, qui est d'ailleurs encore trop grande et pas assez remplie. J'arrache une photo de mon mur, on y voit, moi faisant une tête terrible, maquillée comme une traînée, avec quelques unes de mes "amies". Je la jette dans la boîte. Pas assez remplie encore, trop vide. Je me dépêche de caler ma chaise de manière à atteindre le haut de mon armoire. En fouillant parmi la poussière du haut du meuble, je trouve mon journal intime de l'année dernière, ainsi que ceux des deux années précédentes. Je les fourre dans la boîte. Elle commence à bien se remplir, ça fait plaisir à voir. Mais il manque encore des choses, je le sais. J'enlève le collier que j'ai autour du cou, c'est un de mes petits amis qui me l'avait offert. Je le laisse tomber dans la boîte. Il manque encore... Ah, j'y suis! Une de mes nombreuses brosses à cheveux, et bien sûr deux de mes trois parfums. Je garde mon préféré et mets les autres dans la boîte. J'ajoute à tout cela, une fleur provenant du bouquet de ma chambre et la clef du cadenas lui-même, après l'avoir ouvert bien sûr. Je ferme le couvercle de la boîte, mets le cadenas, prends une grande respiration et au moment de tout expirer, je referme le cadenas sur lui-même. Voilà, terminer. Maintenant je peux devenir celle que je veux. J'ai tenté d'enterrer mon passé, et c'est ce que je vais m'apprêter à faire pour les jours, voire les semaines suivantes. Mais j'y arriverais, et je deviendrais celle que je veux!
Dernière modification par Diane-45 le ven. 04 nov., 2016 10:57 pm, modifié 1 fois.
leaszecel

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Re: Les passants

Message par leaszecel »

Je courais après un papillon près de la fontaine avec Jade et Lizbeth quand une grande fille avec des jolis cheveux noirs m'a arrêtée et m'a appelée:
-Hé petite!
J'hésite un peu. Maman m'a dit de me méfier des inconnus. Mais c'est une fille comme moi et elle a l'air si gentille... je m'approche, elle s'accroupit et me dit:
-Bonjour.
-Bonjour...
-Comment tu t'appelles ?
Je me souviens alors du conseil de maman.
-Maman m'a dit que je devais pas parler à des inconnus.
Elle ri, dit qu'elle a raison puis me demande de l'écouter. Je ne comprends pas le sens de toutes ses phrases mais j'ai l'impression que c'est très important, en tous cas pour elle donc je l'écoute attentivement. Elle termine en me disant de continuer de vivre. Je lui répond que je vis déjà, je ne comprend pas trop ce qu'elle veut dire par là... Elle continue son discours et me demande si j'ai compris. Je suis tentée de répondre que non mais au fond je sais ce qu'elle veut dire, je le ressens. Elle me fait promettre de me souvenir et d'appliquer ce qu'elle vient de me dire et je lui promets, sans croiser les doigts! Je lui fais un grand sourire et lui dit au revoir. Je m'en vais puis je me souviens que je ne sais pas son prénom. Mince! Je ne saurais pas me rappeler de ce qu'elle m'a dit si je ne connais même pas son prénom! Je reviens vers elle et la fixe avant de lui dire:
-Faustine. Je m'appelle Faustine.
Je cours par où je suis venue puis me tape la tête. Son nom! Je cours dans l'autre sens et lui prend le bras. Elle se retourne et me regarde, étonnée. Je lui dit pourquoi je suis revenue et elle me fait un joli sourire.
-Je m'appelle Rachel.
Je la remercie et m'en vais. Je cours retrouver Lizbeth et Jade mais je ne les trouve pas. Je retourne à la fontaine, elles n'y sont pas non plus. Je les appelle un peu partout mais ne les trouve pas. Bizarre. Je demande à une vieille madame assise si elle ne les a pas vue mais elle me répond que non. Je commence à m'inquiéter et maman n'est toujours pas là. Ni celles de Jade et de Lizbeth. Je ne sais pas quoi faire. J'hésite entre désobéir à maman ou attendre bien sagement à côté de la fontaine comme nos mères nous l'ont demandé. J'ai un mauvais pressentiment alors je m'éloigne un peu de la fontaine et les appelle. Il commence à faire plus sombre et plus je m'éloigne de la ville moins je croise de monde. Je suis prête à faire demi tour quand un étrange éclat doré attire mon attention, capturant un rayon de soleil qui est désormais bien bas. Je m'approche à l'entrée d'une ruelle dont maman refuse catégoriquement que je m'approche d'habitude mais mes pieds avancent tous seuls. Je me baisse et ramasse une barrette en forme de pingouin, entièrement dorée. C'est celle de Lizbeth, j'en suis sûre! Je jette un oeil à la petite rue, sentant un frisson glacé me remonter dans le dos. Je ne comprend pas tout de suite ce que je vois. Il y a un homme près d'une grande camionnette noire, qui est munie d'une porte coulissante permettant de voir dans le "ventre" de l'engin. L'homme en question crie des instructions à un homme qui est derrière le volant. L'échange n'a pas l'air cordial mais quelque chose me saute aux yeux. Ils sont mauvais. J'ai dix ans, je sais écrire mon nom, mes tables de multiplication, que le ciel est bleu et que ces hommes sont méchants. Je ne sais pas comment je le sais mais je le sais, c'est tout. L'homme à côté de la camionnette charge quelque chose sur son épaule et va le déposer à côté d'un autre sac. Non, pas d'un sac. D'une personne. Je le comprend quand un rai de lumière va refléter les cheveux roux de Jade, inconsciente ou... je préfère ne pas y penser. Je sens deux yeux verts me transpercer. L'homme a déposé Lizbeth attachée et bâillonnée qui me fixe. Elle m'a vue. Son regard m'implore de venir les aider, de faire quelque chose mais je ne suis qu'une petite fille de dix ans. Qu'est-ce que je pourrais bien faire contre deux hommes? Je me sens tellement impuissante, j'ai l'impression que mon corps pèse une tonne quand je perçois le regard que pose l'homme sur Lizbeth. Je deviens une statue de sel. Je n'ai jamais vu de regard aussi malsain. J'ai un mouvement de recul quand je le vois caresser ses longs cheveux blonds. Je marche accidentellement sur une canette. Soudain, j'ai l'impression que le temps se ralentit. L'homme se retourne vers moi. Je vois de la stupeur puis de l'envie passer dans son regard. Je regarde Jade, puis Lizbeth qui me fixe toujours, sans ciller. J'entends à peine le monsieur crier quelque chose au chauffeur. Je me retourne et, sentant toujours le regard perçant de Lizbeth sur moi, je cours. J'apprendrais plus tard que c'est grâce à l'adrénaline que j'ai réussi à leur échapper et à couvrir autant de distance en si peu de temps. Pendant ma course une phrase me revenait sans cesse: "Tu les as abandonnées. Tu les as abandonnées. Tu les a abandonnées." Je percute quelque chose de dur. Je cligne des yeux, désorientée, puis voyant une grande main s'approcher de mon visage, le regard de cet homme me revient en mémoire. Je hurle de toute mes force puis trou noir.

Je me réveille en sueur dans mon appartement. Encore cet horrible cauchemar. Je le fais pratiquement toutes les nuits depuis cette affreuse journée. Ça va bientôt faire neuf ans. Neuf ans que la petite fille souriante à disparu à l'instar de cette fille sombre et anxieuse. C'est un inconnu qui m'a retrouvée. L'homme que j'ai bousculé et qui a en quelque sorte provoqué ma crise d'hystérie. J'étais revenue assez près de la fontaine pour que ma mère, folle d'inquiétude, entende mes cris. J'étais encore en état de choc quand je lui ai raconté à elle, aux agents de police et aux mères de mes deux copines ce qu'il s'était passé. Je n'oublierais jamais le regard que la mère de Lizbeth m'a lancé. Le même que sa fille, celui qui criait "Tu les as abandonnées!" Les flics sont retournés dans la petite ruelle mais n'ont rien trouvé d'autres qu'une chaussure appartenant à Jade et en ont conclu que les ravisseurs avaient pris la fuit après m'avoir perdue de vue. S'ensuivi alors des semaines et des semaines de recherches. On retrouva le corps de Jade quelques semaines après son enlèvement mais jamais celui de Lizbeth. Je refusais d'aller à son enterrement. Mes parents ne reconnaissaient plus la gentille petite fille joyeuse et pleine de vie qu'ils avaient élevé. Elle avait été enlevée avec ses deux amies, tuée avec Jade, disparue avec Lizbeth. À la place une fille froide, désagréable et cynique en surface, l'avait remplacée. Normal qu'un peu avant dix huit ans ils m'ont offert un appartement. Ils ne supportaient plus ma simple présence qui était devenue insupportable. Par contre, dès que je sors, je met un masque de jovialité et d'amabilité. Je fais ça car j'ai promis à cette fille un jour de "vivre" ma vie. Ça m'est impossible à faire pour de vrai, alors je joue la comédie en me disant que c'est le mieux que je puisse faire. Mais je ne suis aucune des deux. Ni la reine des garces, ni la gentille fille d'il y a neuf ans. Je suis devenue cette fille anxieuse, vide, stressée et rongée par la culpabilité. Je n'arrive pas à dormir sans une lumière allumée quand je suis seule ou sans mes cachets. Je fais des cauchemars récurents. Je n'arrive pas à avoir de vraie relation avec qui que ce soit, rien que des amitié de façades et je me débrouille pour avoir des copains coups de vents tout le temps, parce que je déteste la solitude. Je me passe une main sur me visage et fais attention à ne pas réveiller la forme endormie à côté de moi. Michel? Mitch? Mickael peut être? Je pose mes pieds nus sur le parquet froid et regarde dehors par une fenêtre. Il fait encore nuit. Je dirais qu'il doit être au environs de 5h00. Je vais à la cuisine, ouvre le placard en haut à gauche et attrape, une bouteille. Son contact me rassure et je suis presque soulagée avant même de l'avoir ouverte. La seule autre alternative quand je n'arrive pas à dormir c'est la vodka ou une de ces soeurs. Je jure en voyant le petit fond qu'il me reste. Merde! Je fais pourtant attention à ce que ça ne m'arrive jamais. Je commence à paniquer en pensant au nombre d'heures qu'il me reste à resté prostrée dans le noir sans dormir ou aux affreux cauchemars en boucle... Du calme! J'enfile un jean et mes baskets sans prendre la peine de mettre un soutien gorge sous mon vjeux t-shirt. Je pars sur la pointe des pieds et descend dans les rues presque désertes à cette heure. Je rentre dans un petit magasin ouvert 24h/24 et prend cette fois mes précautions en achetant une bouteille de vodka et une autre d'un alcool au nom imprononçable. Je paye rapidement et m'en vais vers la sortie. Je m'apprête d'ailleurs à me faire quand quelqu'un me bouscule. J'ouvre la bouche pour lui dire quelque chose de bien cinglant mais aucun son ne sort. Elle a un carré chocolat et un visage fatigué. Elle porte un imperméable sur un jean délavé et des chaussures à talons aiguilles. Tout à changé chez elle, mis à part une chose. Ses yeux. Ils ne trompent pas. Toujours du même vert sapin, ce sont ceux qui me criaient il y a neuf ans plutôt "Tu m'as abandonnée. Et qui me le crie chaque nuit.
Diane-45

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Re: Les passants

Message par Diane-45 »

Je me souviens encore de ces images que l’on m’a obligé à regarder. Je me souviens de cette douleur quand on m’a fait ces tatouages non-désirés. Je me souviens de mes larmes que j’ai versées quand j’ai réalisé que Jade était bel et bien morte. Je me souviens de mes cris lors des attouchements que j’ai subis. Je me souviens du noir, une porte qui s’ouvre, une lumière faible au fond de la pièce, un homme grand, trop grand. Pendant neuf ans j’ai vécu des enfers interminables. Et ils empiraient avec l’âge. Plus je grandissais, plus j’avais d’épouvante sur les bras, plus j’avais de cauchemars, tous plus horribles les uns que les autres. Plus je grandissais, plus ma vie devenait invivable, plus j’étais soumise à encore plus d’horreurs que la veille. A neuf ans, on m’a enfermé et tatoué mon prénom en grec. Je leur appartenais. De dix à treize, on me faisait regarder des images infâmes en boucles et des films inappropriés. A partir de treize ans, un phénomène que je n’ai jamais compris arrivait tous les mois. Ils disaient que j’étais devenue assez grande. Donc ils ont commencé à me battre, sans raison. Je ne faisais rien et on me traitait pourtant de tous les noms, on me fouettait et m’accusait de choses que je n’avais pas commises. A quinze ans, ils m’ont fait des avances, je préférerai oublier, mais impossible. A seize, on m’a tatoué. Sur les poignets, les chevilles, une épaule, un avant-bras, le ventre, un sein, la nuque, le bas du dos, une cuisse et un mollet. J’étais dès lors reconnaissable. Je leur appartenais d’autant plus. Je n’avais plus d’identité. Ils m’ont pris mon enfance, ma vie, mes libertés, mes droits, mon esprit, mon âme. Ils ont même pris mon corps. Je n’avais plus rien à moi. Dès ces instants, je ne savais plus qui j’étais, qui je devais être, qui j’ai été. La seule que je savais, mon prénom : Lizbeth. C’était la seule chose, qu’ils ne m’avaient pas enlevé, la seule qu’ils ne pouvaient pas m’enlever. Je ne me rappelle plus mon nom de famille. Je suis une inconnue à présent. Je suis invisible. Pas d’identité. Pas de vie. Pas d’existence légale. Illégale. Intruse. Non-désirée. Je crois que j’ai dix-neuf ans aujourd’hui, ou dix-huit peut-être. Je ne sais plus. J’ai arrêté de compter à seize. J’ai arrêté de demander mon âge à seize. Je ne dirais pas que j’ai été ravie quand je me suis évadée. Je ne dirai pas non plus que je me suis libérée. Je ne vais pas dire que la vie me sourit maintenant. Je ne vais pas prétendre aller bien. Non. Je ne suis ni ravie, ni libre, et ne vais pas bien. Je suis désormais traquée. On me cherche. Ils me cherchent. On va me trouver. Ils vont me retrouver. Et ça recommencera. J’ai du mal à imaginer que cela puisse devenir pire quand je serais à nouveau dans leurs griffes, mais je sais qu’ils sont capables de tout et qu’ils sont prêt à tout pour atteindre leurs objectifs. La prochaine étape est sûrement de dealer, de me prostituer pour leur faire gagner de l’argent, d’espionner la vie des autres, de recommencer à me laver le cerveau, peut-être de me tatouer à nouveau, immanquablement de me violer encore… Et alors que je pense à tout cela en observant les rayonnages d’un pauvre magasin à 5h48 du matin. Mon plus grand démon, que je pensais avoir semé et oublié, débarque et me bouscule. Celle qui est la cause de mes neuf dernières années de souffrances. Je ne pourrais jamais oublier son visage, ses yeux, sa voix, son prénom. Faustine… J’ai pu oublier ma famille pour arrêter de souffrir moralement, ou du moins essayer. J’ai oublié ma mère, mon père, mes deux grands frères. Mais elle. Elle, non. J’ai essayé à mainte reprise, mais elle revient toujours. Elle me hante. Qu’elle ironie quand on pense que ça devrait être moi. Je devrais la hanter et pas l’inverse. Après neuf ans, ma haine ne s’est pas arrêtée. Au contraire. Elle a consumé mon cœur, elle a augmenté, elle est devenue plus ardente au fil des terreurs que je subissais.
-Li…Lizbeth ?
Je la gifle. Fort. Elle pousse un gémissement. Une bouteille de vodka est tombée et roule à ses pieds sans se casser. La garce.
-Lizbeth ? Pourquoi tu…
Elle ne finit pas sa phrase. Je regarde la bouteille par terre. Je rêve de ma piétiner et que le liquide transparent se déverse sur le sol, comme ce qu’elle a fait avec ma vie. Alors je ne me retiens pas. J’écrase le verre, qui se brise en plusieurs morceaux. Le liquide coule sur le carrelage blanc et bien que ma chaussure soit poisseuse, je retiens une certaine satisfaction de ce que je viens de faire.
-Hé ! crie le responsable du magasin. Vous’v rendez compte de c’que vous venez d’faire ! Je vais devoir tout nettoyer vos conneries.
Il parlait un français très mauvais. Le démon était toujours en face de moi. Bouche-bée, le démon fixait les restes de la bouteille et l’alcool fort, qui empestait à présent.
-J’ai payé cette bouteille. Pourquoi tu as fait ça ?
-Vas t’en, je dis.
Je la vois qui réfléchit, les yeux toujours baissés.
-Lizbeth… je suis désolé, je… je m’en fiche de cette bouteille en fait…
Elle tend le bras et me touche l’épaule. Je sursaute, me débat, m’écarte, cris, l’insulte, la fixe les yeux grands ouverts. J’halète comme si j’avais couru un marathon. Faustine me regarde, ses yeux sont tristes, l’incompréhension se lit dans ses yeux. Elle est choquée, étonnée.
-Qu’est-ce qu’ils t’ont fait ?
Je baisse les yeux. Tout me revient en mémoire. J’ai la tête qui tourne. Je vacille, me rattrape grâce à un étalonnage de produit de cosmétique. Mon imperméable glisse de mes épaules et découvre ainsi le haut de mes bras et mes épaules, ainsi que mon buste. Je porte un débardeur avec des bretelles très fines. Impossible de cacher mes tatouages sans mon imperméable. Je réalise trop tard de sa chute et tente de le remettre comme s’il ne s’était rien passé. Mais Faustine avait tout vu. Elle s’approche de moi, doucement. Je recule. Je renverse des shampoings, des brosses à cheveux, un pack de brosses à dents, une palette de maquillage, dont le contenu se vide par terre. Des fragments de poudre multicolores jonchent le sol. Je me retrouve coincé entre deux rayons, ce qui laisse le temps à Faustine d’avancer. Avec précaution, sans me toucher, elle fait tomber l’imperméable de mes épaules sur mes avant-bras. Elle découvre alors les serpents, les signes grecs incompréhensibles, les écritures en police germanique, les flammes, les roses à épines et j’en passe.
-C’est horrible, dit-elle. Pourquoi… Pourquoi ils t’ont fait ça ?
-Laisse-moi ! Tu m’as abandonnée !!! Je ne vois pas pourquoi je devrais encore te susciter de l’inquiétude ! Oublie-moi.
Je me débats de nouveau, je lui assène une nouvelle gifle, ce qui la fait reculer. Je profite de sa surprise pour remettre mon imperméable sur mes épaules et me dégager. Je marche vite. Je me retourne pour vérifier qu’elle ne me suit pas. En effet, elle se tient la joue, une main tenant une autre bouteille d’alcool sur son genou, penchée en avant, elle ne bouge pas et me regarde. Je prends une paire de basket que j’enfile, un paquet de chips format familial et un sweat-shirt que je mets sous mon imperméable. Je quitte le magasin. Je la regarde une dernière fois avant de m’obliger à oublier son visage. Elle reste statique. J’entends le responsable crier derrière moi, mais je ne me retourne pas. Je cours. Je cours à perdre haleine. Je me perds dans le noir, trouve une ruelle où dormir.

Je sens une main sur mon front et une autre sur mon poignet. Quand j’ouvre les yeux, je sursaute en voyant quelqu’un penché au-dessus de moi. C’est un jeune homme grand. La vingtaine. Ses cheveux sont courts, châtains. Ses yeux sont bleus, très clairs. Son visage est fin et il a un peu de barbe brune. Il arbore une mine étonnée, qui se transforme en inquiétude. Pour la première fois depuis, trop longtemps… je n’ai pas peur, enfin je crois. Il n’est pas effrayant. Une partie de moi a envie de lui faire confiance, même si c’est compliqué et que la deuxième partie reste méfiante. Il porte un jean bleu foncé troué, un T-shirt bleu, plus clair, avec des écritures que je n’ai pas la force de lire et un gilet long marron en laine. Il me regarde, ouvre la bouche, paraît hésité.
-Comment tu t’appelles ?
-Vous d’abord, je dis inconsciemment.
Il a un bref mouvement de recul quand j’exprime le vouvoiement.
-Ok. Je m’appelle Zackary. A toi.
-Heu… Lizbeth.
Je n’arrive pas à croire que j’ai hésité sur mon prénom. J’ai failli l’oublié. Alors, c’est bon ? Ils ont vraiment réussi à me prendre mon prénom ? N’ai-je plus rien ?
-Tu veux que je t’aide à te relever ?
-Mm… oui…
Même la politesse je l’ai oublié.
-S’il-vous-plaît, je rajoute.
-Tu peux me tutoyer, dit-il en me tendant la main.
Je la prends, toujours hésitante, même si j’ai dit oui à sa proposition. J’ai l’impression de gêner.
-Merci… Zackary.
Je baisse les yeux, je n’ose pas le regarder, j’ai peur de faire une bêtise. Personne n’a jamais été aussi gentil avec moi.
-Je t’en prie, Lizbeth.

Après cela, il m’a proposé un café pour que je puisse lui parler si j’en avais envie. J’ai finis par lui raconter mon histoire. Il m’a proposé de m’héberger. Je lui ai dit que je n’avais rien, pas un sous, mais il a insisté. Alors j’ai appris à lui faire confiance. Je suis toujours aussi méfiante avec les autres, mais c’est plus facile avec lui. Il m’a dit qu’il allait me protéger, alors au début j’y ai cru, puis je m’en suis persuadée, et maintenant j’en suis sûre. Il fait attention dans ses gestes. Il n’est pas brutal. Il m’aide. Il m’a donné des cours pour que je rattrape un niveau plutôt passable pour mon âge. Il m’a dit que j’ai fais beaucoup de progrès, que j’ai fait des efforts. Il a confiance en moi. Il croit en moi. Il m’a proposé de prendre son nom de famille et après plusieurs mois, j’ai finis par accepter. On est allé me déclarer à la mairie et je ne sais pas comment il a fait, mais Zackary m’a récupéré une carte d’identité. Je m’appelle donc Lizbeth Moulin maintenant. Il m’a même proposé de retrouver mon ancienne famille. J’ai refusé. J’ai oublié. Je ne veux pas retrouvé mon ancienne famille. Je lui ai dit que c’était lui ma famille à présent. Lui non plus d’ailleurs n’a pas eu une enfance très glorieuse. Il a perdu ses parents quand il était tout petit, à six ans. Il est entré dans un internat. Puis, il a créé sa propre vie. Et il m’a dit que moi aussi j’étais sa famille. Il m’aide à me recentrer, à reprendre les neuf années de ma vie que j’ai perdues. Il m’a scolarisé et maintenant je suis presque à deux doigts de récupérer un travail correspondant à mon niveau d’étude. Je lui ai promis de le rembourser pour ce qu’il avait accompli pour moi. Il m’a dit que ça n’était pas la peine, mais j’y tiens. Et je me suis rendue compte, il n’y a pas si peu de temps, que j’étais amoureuse de lui. Je ne veux rien gâcher. Mais je suis sûre, ou presque que lui aussi. Et un soir où on regardait un film, je l’ai embrassé. J’ai eu l’impression de passer un cap impressionnant. Dix puissances quarante la distance Terre-Soleil. Il m’a rendu mon baisé et ça s’est arrêté là. Il sait bien ce que j’ai vécu, donc on y va doucement. Peu à peu. Et donc après on n’a pas arrêté de se dévorer des yeux, en oubliant le film. Alors oui, mon histoire paraît sortir tout droit d’un bouquin et certains pourraient dire que c’est irréaliste, mais c’est ça s’est bien passé comme ça. Je m’appelle Lizbeth Moulin, j’ai maintenant 21 ans.
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Re: Les passants

Message par charly09 »

C’était il y a 3, peut-être 4 ans. Ce très jeune homme, la vingtaine. Des cheveux courts et ces yeux remarquables, bleus et si clairs… une barbe brune clairsemée sur son visage si fin… Il était penché, avec un long gilet de laine, sur une fille endormie dans la ruelle, je m’en souviens bien.

Je ne sais pas pourquoi d’ailleurs… drôle de petit couple. Ils semblaient se connaître peut-être ? en tout cas, elle l’a suivi en confiance, ils sont allés au troquet qui fait l’angle. Il avait l’air si tendre, si doux avec elle… comme s’il avait peur de la casser. Et ils sont restés là longtemps à bavasser. Enfin, lui, il écoutait la gosse. Elle avait l’air perdu, elle jacassait, elle jacassait… Et lui qui fixait ses yeux si clairs sur elle, soucieux, enthousiaste pourtant. Je ne sais pas pourquoi ce regard m’a marqué. On aurait dit qu’il voulait réinventer le monde pour elle, mais sans avoir pourtant cette étincelle des jeunes amoureux.

Je me demande pourquoi je pense à eux ce matin ? OK, la scène m’avait intrigué, suffisamment pour capter mon attention, assez pour que je reste là dans ce café, à les observer de loin, feignant de caler sur une grille de Sudoku. Mais enfin, ils étaient partis, et moi de mon côté, chacun son chemin !

Pourquoi me reviennent-ils en mémoire aujourd’hui ?... ou alors si ! c’est ce gamin là-bas, avec les mêmes yeux. Ce bleu si clair, intense, qu’on ne voit pas tous les jours. Oui. C’est ce gamin qui court encore chancelant, aux basques de sa mère… il a les mêmes yeux, mais les siens ne reflètent que des rires, et c'est joyeux qu'il galope après son ballon...
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Re: Les passants

Message par Malau-book »

Martin était encore en train de courir tout en hurlant de rire. Elisabeth, sa mère, n'en pouvait plus. On lui avait pourtant dit qu'avoir un enfant hyperactif est fatiguant. Après tout, aujourd'hui un enfant un peu turbulent est directement classé "hyperactif", allez hop ! C'est le panier fourre-tout.
"- Martin, ramasse ton ballon, on rentre là."
Elisabeth ne se qualifiait pas comme une bonne mère, au contraire. Elle aimait ses enfants, mais avec Martin c'était compliqué. Les deux autres étaient bien moins difficiles. Pauline était la plus grande, passionnée de judo et de western. Quant à Lucas le petit dernier il était sourd et muet. Un problème en moins se dit Elisabeth à sa naissance. Martin était le seul à avoir hérité des yeux d'Elisabeth, d'un bleu azur, perçant. Beaucoup d'hommes s'étaient retrouvés dans son lit grâce à son beau regard bleuté. Martin n'écouta pas tout de suite mais finit par suivre sa mère qui avait déjà commencé à marcher dans la rue qui menait chez eux. Cette rue n'était pas bien fréquentée, bien que située en face d'un parc. Elle attrapa le bras de Martin pour ne pas qu'il s'éloigne. Au loin elle entendit une voix.
"- Eh toi là bas avec ton marmot, viens voir un peu si on peut faire quelque chose de toi en dessous de la ceinture."
Elisabeth accéléra le pas, elle avait l'habitude de ces réflexions désobligeantes. La plupart du temps ce n'était que des mots. Des menaces. Sa mère lui disait que c'était de sa faute."Tu n'as qu'à pas t'habiller comme une pute !" disait-elle. Elle portait des jupes courtes en effet, trop courte peut-être. Elisabeth tenait toujours fermement le poignet de Martin et elle se retourna discrètement pour voir qui l'avait interpellé. C'était un homme, la trentaine, un tee-shirt à l’effigie d'un groupe connu, un jean noir de mauvaise qualité et des chaussures de sécurité cloutées. Ses cheveux d'un blond terne, longs et sales étaient retenus par un bandeau vert à carreau. Malgré ses paroles crues, il n'avait pas l'air méchant. Elisabeth continua de marcher et Martin arriva à la porte de leur appartement avant qu'elle n'ai eu le temps de sortir ses clés.
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Re: Les passants

Message par charly09 »

"Voilà. T’es content mon gars. Avec ton look de vieil ado, tes blagues douteuses… il a fallu que tu effraies la seule jolie fille de la journée. P’tain c’est bizarre, d’ailleurs ! elle n’a pas l’air d’avoir si peur que ça, après tout. Elle a presque souri quand elle m’a regardé, j’en reviens pas ! On aurait dit qu’elle se moquait même pas. J’avais pourtant l’air de rien, avec ce bandana vert dans la tignasse… Je pourrais pas être un peu sapé des fois ? j’aurais pu l’aborder, l’inviter à dîner… ou à manger une glace avec le petit." Il restait là interdit, les yeux rivés sur la porte qu’elle venait de tirer sur elle, cette jolie femme au regard bleu. Il regrettait la remarque ordurière qui lui ressemblait si peu avant toute cette débandade, le divorce, l’alcool, la rue. Bien la peine de jouer les rebelles pour s’enfermer dans un cliché pareil !

La porte qui claque, ce fut comme un choc.

Il restait là, interdit. Un coup de semonce. Il allait reprendre sa vie en mains, bien sûr. D’abord une bonne douche. Un pantalon propre, une chemise entrouverte, la veste sur l’épaule, une coupe à la mode. Tiens ! exactement comme le gars, là, qui entre dans l’épicerie. C’est cette vie-là qu’il voulait !
leaszecel

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Re: Les passants

Message par leaszecel »

"Mmmh je me la ferais bien" pensais-je en voyant cette jolie femme brune se diriger vers son appartement. Beaux yeux bleus, même s'ils sont délavés, sûrement dû aux problèmes de la vie... sauf qu'un putain de gosse braille à côté d'elle en courant partout. Une mère ? Quel gâchi! Je rentre dans l'épicerie et dévoile une rangée de dents blanches, parfaitement alignées, à la caissière qui pique soudainement du nez dans sa caisse.
-Bonjour Jenny, comment vas-tu depuis la dernière fois ?
La dernière fois c'était dans mon appart, après une soirée passée à boire et parler, on avait fini chez moi. Vous devinez la suite. Bien sûr, je ne l'avais pas rappellée après et lui avait lancé le fameux "on reste amis!" avant qu'elle ne parte. Ça me fait toujours quelqu'un sous la main, au cas ou. Ses yeux bruns ternes et banals se posent sur moi, enfin.
-Ça va... ça va bien et toi ?
Elle s'efforce de me sourire et je ne peux m'empêcher de ricaner intérieurement. Quelle pitoyable créature. Quelques verres, des dents blanches et un corps pas trop mal, et hop, l'amour fou! Je répond, avec toujours le même sourire:
-Oh moi ça va, toujours très "occupé" si tu vois ce que je veux dire. Tu sais me mettre un paquet de Lucky Strike, s'il te plaît ?
Lorsque son visage se crispe je comprends qu'elle, elle a très bien compris ce que je voulais dire. Elle me tend ma monnaie, mon paquet de cigarettes et marmonne un "bonne journée" ou bien un "au revoir", qui sait ?
Je ris tout seul en me souvenant de sa tête. C'est étrange j'ai toujours été comme ça. Je n'ai pas eu de pseudo rupture, de brisage de coeur. Je n'ai jamais été le petit gros qu'on malmenait à l'école, bien qu'avant mes 16 j'étais plutôt un garçon moyen, ni laid, ni beau. Et puis j'ai appris à développer mon corps et mon charme.
Depuis j'aime passer d'une femme à une autre. Je m'en fiche de ce qu'elles ressentent et puis ce n'est pas comme si je les baratinais. Je ne promet jamais monts et merveilles, la dessus je suis réglo. Juste du sexe. Je glisse une clope dans ma bouche et attrape le briquet coincé dans ma poche. Et merde! Je jure en le faisant tomber. Je me baisse pour me ramasser et bouscule quelqu'un en me redressant. Je m'apprête à sortir un "excusez-moi" d'une voix chaude et langoureuse, suivi d'un sourire dentifrice. Mais lorsque je relève la tête rien ne sors. Un jeune gars, la vingtaine, me regarde méchamment.
Il porte un jeans déchiré au genou et un t-shirt avec un groupe de musique peu connu dessus. Il porte un casque,qui a failli tomber d'ailleurs, et de la musique que je ne connais pas s'en échappe. Je reconnais le logo van's à ses pieds, bien que je n'ai jamais vu celles-là.
Ses cheveux sombres retombent presque sur ses beaux yeux bleus. Pas délavés comme ceux de la femme, non, deux océans qui me glacent en un instant.
Je le regarde, incrédule. J'ai les mains moites, la bouche sèche, mon coeur s'emballe.
-Tu peux pas faire attention, pauvre con ?
Il me dépasse et s'en va, l'air furieux. Soudain, je me rappelle de respirer. Je prends une grande goulée d'air puis remarque que j'ai toujours mon briquet en main. Je reprends une autre cigarette pour remplacer celle qui est tombée pendant mon "altercation". Putain!
Je m'appelle Matt, j'ai 25 ans et, pour la première fois, je suis tombé amoureux. D'un homme.
Roomsinside852456

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Re: Les passants

Message par Roomsinside852456 »

Saleté de BCBG de merde ! Il pouvait pas faire attention en se relevant ?
Je remets mon casque en place en continuant ma route. Les insultes volent dans ma tête sur le rythme des screams de Olivier Sykes des Bring Me The Horizon. J'avoue en avoir vraiment besoin pour la mission dont je suis chargé. Me sentir plein de virilité, me donne du courage. Et quoi de mieux qu'un bon rock pour faire croire qu'on est un gros dur ? En plus j'ai sorti l'artillerie lourde avec un jean déchiré et un vieux T-shirt à l'effigie des System Of A Down que j'ai inhumé du placard. Ça et mes cheveux trop longs forment mon armure de combat.
Je suis PRÊT,je n'ai peur de RIEN, rien, rien, rien...
Même un mantra ne parvient pas à me calmer. La mission est périlleuse et plannifié à La dernière minute. J'analyse discrètement les clients de l'épicerie afin d'évaluer à peu près le nombre de témoins potentiels.
1...2...3...4....bon disons beaucoup.
Ouch, ça risque d'être compliqué. La cliente devra me payer un bonus lorsque j'aurai rempli le contrat.
Je déambule un peu dans les rayons, l'air de rien. La discrétion est d'ordre. Je m'approche des rayons chips et entasse dans mon panier des chips à la sauce barbecue, puis au chili, sans oublier le sacro-saint "épices X-trêmes". Les paquets volumineux me serviront à dissimuler l'objet tant convoité. En plus je rentrerai certainement dans les petit papier de La cliente. Encore quelques tours du périmètre, l'air de rien.
Finalement le rayon visé se retrouve dans mon collimateur. Mon regard ne s'attarde pas pour ne pas attirer l'attention et ne pas éveiller les soupsons. Plusieurs femmes sont campés devant la cible. C'est bien ce que je pensais. Un objet d'une extrême valeur, voire une déité aimée et haïe à la fois. Cet objet indispensable sauve et entrave la population féminine. Certaines des clientes sont jeunes et d'autres comptent des décennies de fidélité à ce rayon.
Planqué en face, au niveau des gels et shampoings j'essaye de visualiser l'objet. Il y en a de toutes les sortes, boîtes en cartons stylisés, paquets rose bonbon. Pourtant un seul type m'intéresse.
"La marque Xxx, paquet bleu nuit, avec des ailettes aux côtés, parfumé à la lavande" m'a-t-elle fait répété un million de fois avant que je ne quitte le repair.
Après un balayage visuel, La cible est vérouillée et La voie et libre. Je me dirige sans me pressé dans la direction du graal. Arrivé devant, je jette un dernier coup d'œil autour et avec une rapidité jamais égalée, j'enfouie les paquets de serviettes hygiéniques sous les chips. Dernier coup d'œil, personne. Je m'éloigne, les mains dans les poches, La mission est un succès.
À la caisse, j'aperçois la friandise préférée de ma petite sœur : le nougat. Elle ne peut jamais résister à cette sucreries. Je décide d'en prendre parce que avec toute cette perte de sang, elle va en avoir besoin. Et puis, je pourrais lui faire du chantage et La manipuler.
À la caisse tout passe crème, personne ne remarque cet homme bizarre , le casque autour du coup qui achète des garnitures féminines.
Je sors de l'épicerie et envoie un texto pour la prévenir que j'ai tout ce qu'il faut et me dirige vers la maison. Elle me répond dans la minute :
"Mon Dieu, Sam, tu es mon sauveur !"
Le sourire aux lèvres je renvoies :
"Appelles-moi Moïse, qui a traversé la mer rouge XD"
Tout de suite :
"Putain, t'es con, j'te jures ! XD"
Je relèves brusquement la tête lorsque j'entends un halètement et des sanglots.
Les pleurs proviennent d'une jeune femme aux cheveux bruns et bouclés. On dirait qu'elle a rencontré une prise électrique, car sa coiffure est...en désordre. À moins que ce soit La foudre. En tout cas, elle doit s'en ficher du regard des autres puisqu'elle est sacrément débraillée. Une robe simple lavande avec des fraises rouges cousues dessus, associée à des bas au motif abeille, enfoncés dans des bottes vertes métalisées. La jeune femme marche, La tête penchée sur un bouquin en sanglotant des : "Ne fais pas ça!" et des "Mr. Darcy".
Je continue ma route. Encore une autre qui a ses règles...
Lumione

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Re: Les passants

Message par Lumione »

Je suis arrêtée sur un bant pour pleurer toute les larmes de mon corps après ma rupture avec Mr Darcy. Je tiens à la main mon journal intime ressemblant à un livre sur lequel j'ai posé mon téléphone rose grâce auquel je suis en train de parler à James, mon ex désormais, qui avait plus du double de mon âge. En levant la tête, je vois quelqu'un me regarder bizarrement, pas étonnant vu le ton de ma voix pendant que je supplies Darcy de revenir sur sa décision mais il me raccroche brutalement au nez. Je me lève pour aller chez ma meilleure amie quand je me cogne contreune petite fille avec un regard bleu si profond et si intenseque je reste fixée sur cette fillette durant tout le trajet pour aller chez ma meilleure amie.
charly09

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Re: Les passants

Message par charly09 »

La fillette désemparée voudrait bien courir après la dame, et réclamer son ruban bleu. Elle ne sait pas pourquoi elle a pris son ruban. Il était bleu, et c’est mamie qui le lui a donné, parce qu’il va si bien avec ses yeux. Elle l’avait posé sur ce banc pour aller jouer, et pour ne pas le perdre. Et voilà que cette dame part avec son ruban… La dame pleurait, et elle pleurait tellement qu’elle l’a bousculée en partant mais c’est bien joli tout ça ! Si elle rentre à présent sans son ruban bleu, ça va faire des histoires. Maman le lui a encore dit ce matin, qu’elle avait assez de lui racheter des affaires ! qu’il fallait toujours qu’elle les déchire ou qu’elle les perde.
Et cette fois, elle va vraiment être furieuse, parce que Mamie est morte dans la nuit. Elle n’a pas bien compris. Maman ne tenait pas trop à ce qu’elle sorte, mais elle s’est faufilée, pendant que tout le monde s’agitait. Elle est partie jouer au parc, et sans doute personne ne s’en est aperçu. Mais si elle rentre maintenant, sans le ruban bleu, avec tous ces embarras à la maison, sûr qu’elle va se faire gronder… peut-être, ce serait mieux qu’elle ne rentre pas.
Elle réfléchit à tout ça, en regardant la dame qui s’éloigne, avec un joli ruban bleu accroché comme une queue. Et elle se dit que oui, c’est le mieux. Elle ne rentrera pas. Elle va se cacher là pour le moment, derrière ce buisson. Elle va réfléchir parce qu’elle ne sait pas très bien où aller. Elle regarde autour d’elle et s’amuse d’un écureuil qui file et monte en spirale autour du tronc. Il a l’air de jouer avec ce chien qui court sans laisse. Ou peut-être il a peur. Et derrière le chien, il y a ce drôle de bonhomme qui court en criant ! il se prend les pieds dans la laisse, il dérape, il saute un pas se rattrape ! Il a une drôle de moustache, des chaussures orange, un manteau violet. Il continue à crier, le chien s’arrête, l’écureuil a disparu… c’est amusant !
Beille

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Re: Les passants

Message par Beille »

L'homme remarque la fillette qui est assise sur le banc. C'est sa petite fille de douze ans qu'il avait perdu. Lorsqu'elle l'apperçoit, elle commence à pleurer à chaudes larmes. "Qui a-t-il ma chérie?" lui demande-t-il. Elle lui répond qu'une femme a volé son ruban bleu et que sa mère va être furieuse, car c'est mamie qui le lui avait donné. L'homme lui donne un gros câlin et prend sa fille par la main. Il l'apporte manger une bonne crème glacée avant de rantrer à la maison. Au magasin de crème glacée, ils voient une dame pâle portant une perruque.
charly09

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Re: Les passants

Message par charly09 »

Quel drôle d’endroit pour un RV secret ! un salon de thé, des crèmes glacées… on risque de me reconnaître, même avec cette perruque d’assez piètre qualité. Tiens ! la petite fille avec son père, là ! Celle qui ne cesse de s’inquiéter d’un ruban bleu… on a de ces soucis à cet âge !... elle me fixait à l’instant : je suis bien sûre qu’elle a remarqué que je portais une perruque. Malin!!! J’aurais aussi bien pu mettre un chapeau orné d'un nid d'oiseaux, je n’aurais pas paru plus étrange.

Seulement, ça fait bien longtemps que je ne suis pas revenue dans le quartier, et je ne tiens pas tellement à ce qu’on me repère. C’est pas que j’ai fait quelque bêtise, mais je n’ai pas envie de donner des nouvelles de ma vie, des ci, des là… Je n’ai pas envie de raconter à ceux qui m’ont connue plus jeune quelles épreuves, quels échecs, quels succès ont jalonné ma vie. Après tout, j’ai eu une vie bien ordinaire, avec ses hauts et ses bas. Pas envie de la réduire à quelques épisodes clefs qu’on raconte pour meubler… Si je devais parler de moi, j’aimerais dire mes attentes, mes espoirs, mes colères… mes petites joies, un rayon de soleil, la couleur exacte qui éblouit mon âme, entre le jaune et l'orangé…

Alors non, je ne tiens pas à ce qu’on me reconnaisse. Mais il faut bien pourtant que je le revois, ne serait-ce que pour lui remettre ce coffret que notre oncle a laissé pour lui. Pourquoi met-il tant de temps à venir ?... Et s’il était venu ? si je ne l’avais pas reconnu depuis tant d’années ? il a grossi peut-être ? vieilli sans doute… et il serait parti sans me voir, si pâle sous cette perruque ridicule ?

En tous cas, je ne serai pas venue pour rien ! -elle éclata d’un rire soudain- Mais que fait donc cet énergumène qui semble courir après le vent dans l’allée ? il est plutôt joli garçon d’ailleurs, avec son teint hâlé, ses cheveux noués d’un catogan et ses grandes bottes de cavalier ! Il semble davantage sortir d’un dessin de caricaturiste que de ce parc arboré !
Beille

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Re: Les passants

Message par Beille »

Charly va chercher une crème glacée après sa course quotidienne. Il est triste, car sa fille Marie est partie de la maison pour les études. Elle lui a dit qu'elle l'aimait et elle lui a promit qu'elle reviendrait le voir, mais Charly est triste quand même. Il se sent vieux. Cette épreuve semble être plus difficile que les autres à surmonter. C'est alors qu'il apperçoit une jeune fille marchant avec une canne blanche. Elle a les cheveux roux et les yeux verts. Elle est à peu près de l'âge de Marie et elle semble consentrée sur ce qu'elle fait.
charly09

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Re: Les passants

Message par charly09 »

C’est vrai qu’il se sentait vieux. Et malheureux, notre pauvre Charly ! Sa fille lui manquait… et il se souvenait avec tendresse de cette leçon de patience qu’il lui avait infligée quand elle était plus jeune… à coup de régime sec au chocolat ! Elle ne l’avait pas oublié elle non plus, il le savait. Il l’avait vue mettre cet écureuil en peluche, symbole de son succès, dans sa valise ! C’était son tour à présent d’apprendre la patience. Et pour donner bonne mesure à ces résolutions, il se mit à gambader, le nez au vent, dans les allées du parc. Il devait avoir drôle d’allure, avec ses cheveux trop longs et son catogan qui peinait à s’accrocher, et ses grandes bottes de cavalier. Mais tant pis ! il n’avait jamais été un père tout à fait ordinaire, ce n’est pas maintenant que cela commencerait.

Mais tout cela, la jeune fille aveugle, qui avait l’âge à peu près de sa petite Marie, l’ignorait. Sans doute même ignorait-elle qu’elle était rousse, et que ses yeux était d’un vert qui rappelait l’océan. Une petite flamme vibrant sur le pont d’un navire. Un reste de sirène. Son regard qui ne lui permettait pas de voir les aspérités du sentier était plongé au fond d’elle-même, et mieux que personne, elle savait voir la vérité du monde. Elle avait partie liée aux créatures des ombres, de la rosée et des fontaines. Elle était fée et avait dû, sans doute, vendre sa vue à quelque sorcière des profondeurs pour gagner une âme humaine.

Seulement, elle n’était pas si sûre de ce qu’était une âme humaine : ces gens n’étaient-ils pas plus sombres que les ombres ? plus vulnérables encore que la rosée à l’aurore ? se rendaient-ils seulement compte du mal qu’ils faisaient en polluant les fontaines ? Elle avançait, désolée, une Cassandre des temps modernes dont la voix se perdait dans le brouhaha lamentable des villes. Le parc était pour elle un oasis, un îlot de verdure qui mimait la nature. Et dans sa quête vaine d’un futur réconcilié, elle aimait à marcher le long de ses sentiers, sans prêter plus d’attention aux passants, ni à l’enfant qui joue, ni à sa mère qui papote au loin. Elle croisait sans le voir ce vieil homme assis là, sur un banc. L’œil vif malgré son grand âge, qui ramassait un vieux chapeau cabossé. Il tenait curieusement un bouquet de fleurs mauves un peu fatiguées, et semblait attendre depuis un long moment. Mais toute à son long entretien avec elle-même, elle l’ignorait et poursuivait son chemin.
Beille

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Re: Les passants

Message par Beille »

Le vieil homme commençait à être fatigué. Il souhaitait rentrer bientôt, mais il devait attendre Lily qui jouait dans le parc avec ses amies. La mère de la fillette travaillait et le grand-père avait promis à sa petite princesse qu'il l'apporterait jouer au parc. C'est alors qu'il vit une vieille dame aux cheveux et aux yeux gris qui lisait le journal seule assise sur un banc un peu plus loin. Elle avait l'air triste.
leaszecel

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Re: Les passants

Message par leaszecel »

Je ne peux empêcher les coins de ma bouche de trembler lorsque je lis les gros titre dans ce maudit journal. Je ne peux pas en croire mes yeux. Non, c'est impossible. Mon cerveau ne veut pas comprendre. Et pourtant, les lettres noires et grasses me narguent odieusement:
"Les feux de l'amour annulés suite à l'épidémie de coronnite. Serait-ce le début de la fin?"
C'en est trop pour moi, je me lève d'un bon (comme une vieille dame peut le faire) et jette mon journal dans la fontaine près du vieil homme qui me reluque depuis tantôt. Je lui fait un doigt d'honneur plein d'arthrose. Et ce vieux bouc ose jouer les choqué! Vieux lubrique va.
Alors que je sanglote tout doucement en me lamentant sur la disparition de mon beau Billy et, sur ces chippies de Phyllis et Sharon, un sale petit voyou me bouscule. Je m'apprête à lui faire regretter d'avoir oser croiser la route de mamy Andrée quand je regarde son visage. Je reste sans voix. Un magnifique jeune homme à la peau matte, de beau cheveux épais noirs et ondulés. Et deux puits sombres où je pourrais me perdre font office d'yeux sur ce merveilleux visage. Il me sourit de toutes ses dents blanches, espiègle.
-Excusez-moi Madame! Je ne vous ai pas vu, même si ça m'étonne vu comme vous êtes belle!
Le bougre me fait du charme! Je glousse avant de lui répondre de ma voix la plus mélodieuse.
-Ce n'est rien mon petit. Et si tu m'offrais un café pour te faire pardonner, car mes jambes me font un peu mal...
Bingo! Je vois bien que je l'ai piégé et qu'il n'osera pas refuser. Pour faire bonne mesure je fais une petite grimace de douleur avant de lui attraper le bras.
Quelle charmante après-midi!
Vanouche

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Re: Les passants

Message par Vanouche »

La petite mamie a l'air sympathique, mais j'ai d'autres choses à faire moi. Je ne montre rien, et lui sourit encore quand elle prend mon bras. Je n'aurai qu'à prétexter un rendez-vous. Et puis zut, elle a l'air toute contente d'avoir de la compagnie malgré sa douleur, je ne peux pas la laisser en plan comme ça. Le vent secoue ma tignasse noire. Elle regarde les mèches voleter.
- De mon temps, les jeunes garçons n'étaient pas coiffés comme ça. Ça te donne un air rebelle, j'aime ça. Comment t'appelles-tu ?
- Paul-Antoine, madame.
Nous arrivons à un café et je l'aide à s'asseoir dans un fauteuil.
- Paul-Antoine ? Pas très courant comme nom. Du moins pour les jeunes de ton âge ! Les noms composés étaient très fréquents de mon temps.
Je m'installe en face d'elle en l'écoutant. Elle est comme les autres vieilles, elle parle de son enfance comme d'une époque révolue - ce qui n'est pas faux en soit - mais elle, elle est différente parce qu'elle est malicieuse et a l'air perfide un peu. Elle est rebelle.
- Et vous ?
Je tente poliment de faire la conversation, accompagnée d'une petit sourire.
- Zaza.
- Pas très courant non plus, rigolé-je. Pour des gens de votre âge.
Je souligne ma phrase d'un clin d'oeil. Elle rit, et je suis soulagé de ne pas être allé trop loin. Elle n'a plus la même expression que tout a l'heure. Elle qui avait l'air à la fois triste et en colère, elle était à présent joyeuse. La serveuse arrive et je lève les yeux vers elle. Elle prend nos commandes et s'éloigne. Soudain, j'aperçois une fille dans le café (nous sommes sur la terrasse). Elle prend sa boisson à emporter, sourit et sort. Quand elle passe tout près, je peux admirer chacun de ses traits. Elle a des cheveux chatain relevés en une demi-queue. Ses yeux sont d'un marron que je trouve magnifique. Sa tenue est simple - une jupe bleue serrée et un chemisier blanc - mais ça lui va mieux que personne. Je l'observe discrètement tandis qu'elle s'engage dans la rue, les cheveux volants dans le vent.
- Paul-Antoine ?
Je sursaute. C'est la mamie. Elle me fixe. J'étais tellement absorbée par cette fille qui m'a tapé dans l'oeil que j'ai oublié sa présence. Mais je me rattrape en restant dix minutes avec elle avant de m'éclipser pour tenter de retrouver cette fille, même s'il est peu probable que j'y arrive.
Beille

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Re: Les passants

Message par Beille »

Encore une course pour cette crapaude! Le pire, c'est qu'elle, elle ne travaille pas. Mademoiselle passe ses journées assise dans son jardin à l'ombre d'un arbre à lire un livre ou sur son balcon bien installée sur sa chaise longue. Et moi, je dois faire tout pour elle à la sueur de mon front. Je n'ai pas fini de faire une tâche qu'elle m'en donne une autre. Une vraie petite chipie qu'est cette Marie. Mademoiselle veut un café, mais elle ne veut pas aller le chercher, donc je dois faire la course pour elle. Et si au moins le salaire en valait la peine, mais non il faut que par-dessus le marché mademoiselle ne me paye que la moitié de ce à quoi on avait convenu. Je vois un garçon aux long cheveux noirs et aux yeux sombres qui me fait de l'oeil. Celui-là ne me connaît pas évidement, car sinon il ne me regarderait certainement pas de la sorte.
charly09

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Re: Les passants

Message par charly09 »

Le jeune homme écarte sa longue mèche brune -presque noire, d'un geste étrangement viril, sans quitter la brunette et sa jupe bleue des yeux... elle est séduisante, malgré son air furieux. Et drôle encore, avec son café dans sa main enragée, qui verse à chacun de ses pas pesés. Il sait qu'il n'est pas le seul à l'avoir remarquée: il y a ce gars qui court, le petit-fils parfait qui laisse en plan sa grand-mère au troquet ! Mais non, mon gars... elle est pour moi. D'un bond le jeune homme rejoint la fille, lui sourit et l'aborde. Premier round : la belle se détourne et l'ignore. Mais ce n'est pas une première rebuffade qui va le décourager! elle est bien trop mignonne ainsi. Elle va tourner à l'angle... soit il la suit au risque de passer pour un goujat, soit il attire son attention, mais comment?... le jeune homme réfléchit, vite. Il se décide à traverser pour la suivre à distance, et la croiser par hasard, peut-être la bousculer par accident, faire tomber la tasse et lui offrir de la remplacer ? Allons vite! c'est à lui de jouer. Il faut y aller. Sauf que sur la route, un camion force un feu. Sauf qu'à ce feu, un cycliste prend peur et fait une embardée. Il a un casque rouge, assorti au cadran de son vélo. Dans un panier à l'avant, un panier avec un chat qui vole...
Vanouche

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Re: Les passants

Message par Vanouche »

- Ah !
Je crie. Je n'avais pas vu le camion, et surtout, il avait grillé ce satané feu tricolore ! J'ai eu si peur que j'ai fait un virage, je me suis rétamé sur le sol, et j'ai vu mon chat voler de son panier, le poil hérissé et les griffes sorties. Ma tête cogne contre le sol. C'est douloureux, très douloureux, mais je serre les dents et me redresse. J'ai des égratignures et des plaies sur les bras et les jambes mais je n'en ai cure. Un chat retombe sur ses pattes, je le sais, mais je ne peux m'empêcher de m'inquiéter pour lui. La tête me tourne. Je lève la main pour la frotter mais je rencontre mon casque. Heureusement que je l'avais. Des gens arrivent, les klaxons rugissent, on me conseille de rester au sol, j'entends quelqu'un appeler les secours. Peu m'importe la main sur mon torse qui me maintient au sol.
- Damao... Où es-tu ? je gémis.
Je ne veux surtout pas qu'il parte. La rue est dangereuse. Et il n'y a pas d'adresse sur son collier. Quelle erreur ! Je l'appelle encore malgré ma tête qui résonne.
- Tout va bien monsieur, me rassure une voix féminine.
Soudain je le vois. Il est là-bas, dans les bras d'une petite fille. Puis il disparait, masqué par la foule qui se masse autour de moi. J'entends la sirène qui se rapproche. Tout est flou. J'ai mal et mon chat va se retrouver dans un foyer qu'il ne connaît pas. Je suis au moins rassuré par le fait qu'il n'est pas livré à lui-même. La fillette arrive dans mon champ de vision. Elle a Damao sur la poitrine. Elle a des cheveux roux flamboyants et des taches de rousseur, ce qui la rend très mignonne. Ses grands yeux verts sont innocents et ses mains caressent doucement la fourrure de mon chat.
- Je vous le rapporterait quand vous sortirez de l'hôpital, me promet-elle de sa voix d'enfant de 10 ans.
Je lui souris et laisse le SAMU m'allonger sur un brancard et m'enfermer avec un infirmier dans le fourgon. Puis plus rien, la douleur m'emporte dans le noir. Fichu tocard, pourquoi as-tu grillé ce feu !
Beille

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Re: Les passants

Message par Beille »

Je vois un monsieur avec un chat qui se fait renverser par un camion. Le chat revole de son panier et l'homme le voit. Il semble vouloir le retenir avec lui, mais il est trop faible pour cela et le chat se sauve. Comme je n'ai rien de mieux à faire, je cours à la poursuite du chat et je l'empoigne fermement. Lorsque je vois le maître de l'animal que j'ai dans les bras et que je caresse, il est très inquiet pour son ami félin. Je lui dis que je vais prendre soin de son chat tandis qu'il est à l'hôpital et que je lui donnerai lorsqu'il en sortira. Car, je ne suis pas une voleuse et je ne laisserai pas ce chat seul. En rentrant à la maison, je vois un méchant garçon qui renverse le café d'une jeune fille.
Vanouche

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Re: Les passants

Message par Vanouche »

- Oh je suis désolé ! je m'exclame. Je ne vous avait pas vue !
Je me sens bête. C'est vrai, ce n'est pas la première fois que ça m'arrive de bousculer quelqu'un parce que je suis perdu dans mes pensées. Je venais de reculer en voyant le vélo s'écraser contre un camion. Et bien sur, il y avait quelqu'un derrière. Par chance, le café arrive par terre et non pas sur elle ou moi. Elle a l'air furieuse, mais tellement en colère que je pense qu'elle était fachée avant que je la bouscule.
Un jeune homme de mon âge arrive en courant.
- Tout va bien ?
- Je t'ai dit de me laisser tranquille ! s'écrie-t-elle.
Ils ne font pas attention à moi. J'en profite pour m'éclipser. Un peu plus loin, je me retourne légèrement pour les observer. Une claque sonore retentit au loin. Je crois que le garçon a été un peu trop direct avec lui.
- Regardez un peu devant vous !
- Oups, désolé.
Et voilà, je suis encore rentré dans quelqu'un.
- David ! C'est pas possible, rigole une blonde qui me rejoint. Mais regarde où tu vas au moins une fois dans ta vie.
Elle dit ça en rigolant. Jane est tellement belle. Je la fait se pencher en arrière, une main sur sa nuque et l'autre à sa taille. Elle pousse un petit cri de surprise étouffé par ma bouche sur la sienne. Une main s'accroche à mon épaule et l'autre caresse ma joue. Je la relève et elle rit encore. J'aperçois une fille d'une dizaine d'années qui nous observe. Elle a des cheveux roux tressés et des lunettes marron sur son petit nez. Je remarque que son air est... un mélange de jalousie et de dégout. Jane prend ma main et plaque un baiser sur ma joue.
- Joyeux un an de couple, David, me sourit-elle avant de m'entraîner.
- Ce n'est pas aujourd'hui, c'était la semaine dernière, je rigole.
- Je sais.
Elle me regarde malicieusement et commence à marcher, accrochée à ma main.
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