Garance
Icy accepta de mauvaise grâce. Très sympathique comme fille. Si elle ne voulait pas s'embêter, elle n'avait qu'à pas accepter. Après tout, elle ne nous devait rien et elle nous avait déjà bien aidé. Mais bon, je n'allais pas me plaindre non plus donc je la remerciai avec reconnaissance.
"
Merci beaucoup, vous nous rendez un grand service. Et ne vous en faites pas pour l'essence, si ce n'est que ça, on peut vous rembourser, ça serait la moindre des choses."
C'est vrai que si en plus de lui demander de nous emmener en Suisse, on lui faisait payer le carburant...
Un peu plus loin, le trio se montait la tête avec cette histoire de loutres.
"
Vous verrez quand on y sera," soupirai-je d'un ton un peu blasé. Pétra prenait la tête de tout le monde avec cette histoire depuis qu'elle avait cinq ans. Enfin, c'était ce qu'on m'avait raconté puisque je n'étais pas née à l'époque. Mais d'aussi loin que je me souvienne, son cirque était son principal sujet de conversation. Difficile de trouver l'idée encore excitante et fascinante dans ces conditions.
Mais encore, ça n'était rien comparé au côté réunion de famille. Pétra avait sans doute invité tout le monde et personne n'aurai osé refusé. J'espérai que ça ne serait pas aussi horrible que Noël dernier mais j'en doutais.
De son côté, Nobody remercia Léo et moi (de manière plutôt indirecte dans mon cas mais venant d'elle je ne m'en formalisai pas) avant de s'en aller. On ne la reverrai sans doute jamais. Je lui souhaitai mentalement bonne chance parce qu'elle le méritait et que je l'aimais bien en fait, même si ce n'était pas la personne la plus agréable au monde.
Sur ce, nous suivîmes Icy jusqu'au Quinjet. Enfin, après que j'eus rapidement fait quelques prélèvements sur les cadavres. Cette idée m'obsédait depuis la fin de la bataille, et peut être même avant. Est-ce que ça ne faisait pas de moi quelqu'un d'un peu bizarre ? Mais les quelques morceaux par ci par là que j'avais récupéré ne leur manqueraient pas et je mourrais d'envie de les analyser. Évidement rapporter un ou plusieurs aliens entiers, et dans l'idéal vivants, serait beaucoup mieux mais je doutais que Pétra apprécie que je ramène ça chez elle.
De toute façon, au vu de l'emplacement du combat, quelqu'un trouverait forcément les restes des envahisseurs dans la journée et ils seraient emportés et étudiés par des forces gouvernementales. Je n'aurai plus qu'à mettre la main sur ces dossiers d'une façon ou d'une autre. Après tous les risques que j'avais pris, j'avais bien le droit d'assouvir ma curiosité.
Le trajet fut un peu plus court que le précédent, peut être parce que je m'étais endormie. C'était la nuit et je venais de vivre deux des jours les plus épuisants de ma vie donc ce n'était pas bien étonnant. A mon réveil, nous étions presque arrivés et ma blessure recommençait à me faire un mal de chien. J'utilisai une nouvelle fois ma crème, il en restait bien assez puisque personne n'en avait voulu. C'était ridicule, ils devaient souffrir au moins au tant que moi et je ne voyais pas pourquoi ils s'acharnaient à vouloir prouver je ne savais trop quoi en faisant semblant de ne pas en avoir besoin. Mais bon, c'était leur problème.
Le Quinjet finit par se poser à l'endroit que j'avais indiqué à Icy, dans la clairière à côté du chapiteau bariolé, non loin du chalet dans lequel vivait Pétra et où nous nous réunissions chaque Noël. C'était un endroit charmant et juste assez spacieux pour loger toute la famille mais j'étais loin d'y avoir passé de très bon moments. Quel était l'idiot qui avait décrété que l'on devait fêter Noël avec ses proches, peu importe à quel point certains d'entre eux étaient incapables de se supporter ?
"
Merci beaucoup du coup de main," remercia-je chaleureusement notre cordiale pilote après que nous ayons tout débarqué. "
On peut se débrouiller à partir de là, inutile de vous embêter plus longtemps. A moins que vous ne préfériez prendre un café avant de repartir..."
En y réfléchissant, j'avais vraiment très envie d'un café moi aussi.
Sur ce, Pétronille sortit comme une furie de la maison en pyjama orange orné de son animal favori et en bottes en caoutchouc. Il était à peine 7h du matin, elle devait guetter à la fenêtre depuis un bon moment. Pourtant, elle devait avoir beaucoup de travail. Après tout, la première était dans deux jours à peine.
Elle cria mon nom et se jeta sur moi pour me serrer dans ses bras, complètement surexcitée.
"
Aïe, Pétra !" protestai-je en la repoussant gentiment. Ce n'était clairement pas le moment des embrassades. Pas quand j'avais passé une moitié de la nuit à combattre des aliens et l'autre dans un avion.
"
Alors, c'est vrai ? Vous êtes tous venus voir mon spectacle ? Vous allez voir, ça va être fabuleux ! Vous êtes des amis de Garance donc je vous offre les tickets. Enfin, ils sont gratuits pour la première, le temps de me faire connaître quoi. C'est vraiment génial, c'est la première fois que je rencontre des amis de Garance. Mais elle ne vient pas souvent me voir alors j'imagine que c'est normal. Au fait, moi c'est Pétronille mais vous pouvez m'appeler Pétra. Je suis la cousine de Garance et l'heureuse propriétaire du tout premier cirque de loutres au monde ! Je suis tellement contente que vous soyez là ! Grand-mère a préparé le petit déjeuner et elle a fait griller des sardines pour tout le monde. Ça va être tellement génial !" s'exclama-t-elle sans faire la moindre pause pour respirer.
Elle était vraiment pire que d'habitude, j'espérai qu'elle se calmerai après sa première sinon ça allait être invivable.
"
Les amis, je vous présente ma cousine," dis-je avec un sourire un peu forcé. On venait à peine d'arriver et j'étais déjà embarrassée. Pétra avait tout de la gamine surexcitée alors qu'elle avait au moins cinq ans de plus que moi.
"
Pétra, voici Victoria, Léo et Heaven. Dis moi-est-ce qu'on pourrait..." commençai-je avant qu'elle ne m'interrompe.
"
Oh mon dieu ! C'est vrai que je ne vous ai même pas demandé vos noms. C'était très impoli, je suis vraiment désolée ! Je suis enchantée de vous rencontrer. Allez-y, entrez, mon frère Ray va s'occuper de vos affaires. On va pouvoir manger les sardines de Grand-mère, elles sont sûrement prêtes maintenant. Et ensuite, je vous présenterai mes loutres," continua-t-elle avant de hurler : "
Ray ! Réveille toi et vient chercher les bagages de nos invités !"
Heureusement qu'elle n'avait pas de voisins immédiats...
"
Euh... Pétra, on est blessés, tu te souviens ?" lui rappelai-je gentiment au cas où ça n'aurait pas été évident.
"
Oh oui, pardon ! Allez dans le garage, je l'ai réaménagé pour soigner mes loutres. D'ailleurs, Lolotte a attrapé un vilain rhume l'autre jour et j'ai crû qu'elle ne serait jamais guérie à temps pour la prem..."
"
Pétra..." l'interrompis-je gentiment. Si je ne l'avais pas fait, nous étions bons pour encore cinq bonnes minutes de monologue. J'espérai que les autres ne regrettaient pas déjà d'avoir accepté mon offre.