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Sun Bartas - Journaliste : mode d'emploi de Sophia Laurent

Publié : lun. 17 août, 2015 8:08 pm
par SophiaLaurent
Bonjour à tous !

Je suis l'auteur de 2 romans (bientôt 3), dont l'un parle d'une jeune journaliste de 23 ans, Sun Bartas, et de ses mésaventures de toutes les couleurs lors de son boulot.

Ce livre s'appelle Sun Bartas - Journaliste : mode d'emploi
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Le résumé :
Sun Bartas, c’est moi. Cette fille agaçante, bordélique, accro à la mode et au chocolat blanc. Une fille normale, quoi.
Sauf quand je mets les pieds dans une première enquête qui va m’amener vers un homme plus sauvage que jamais, mais aussi une folle armée d’une tronçonneuse ou encore des rencontres un peu trop morbides pour ma petite personne.
Sinon, je vous ai dit que j’adorais mon métier ?

Un extrait ? Je vous offre le premier chapitre :)

"Une brève inspiration.
Mon cœur qui palpite un peu trop fort. Beaucoup trop fort. Je suis sûre que toutes les personnes présentes dans cette pièce peuvent l’entendre battre, se précipiter au sein de ma cage thoracique comme pour essayer de s’en échapper. Je n’arrive pas à le calmer. Je n’arrive pas à me calmer. C’est quoi, déjà, cet exercice de respiration dont Sasha m’a parlé ? Inspirer par le nez, expirer par la bouche ? Ou le contraire, ou… ?
Je ne sais plus. Je dois vraiment retrouver ma sérénité. Il faut que je reste zen. Que j’arrête de penser au pire. Je ne dois pas passer par cette fenêtre ni me mettre à pleurer. Je ne dois pas non plus me rouler en boule. Inspirer, expirer. Ou expirer, inspirer. Purée, comment un cœur peut-il faire autant de bruit ?
Je plonge mon visage dans mes paumes, effaçant de ma vue la décoration très chic de ce somptueux hall. Je n’ai jamais été aussi stressée de toute ma vie. À part peut-être le jour où ce garçon de dix-sept ans m’a demandé s’il pouvait sortir avec moi et que j’ai passé trois jours et dix-huit heures à me décider sur ma tenue pour cette soirée où il m’a posé un lapin. Après ça, j’ai longuement hésité à me mettre à la magie noire. Mais mon bon karma m’a remis dans le droit chemin. Et peut-être aussi le fait que Maman ne voyait pas trop d’un bon œil le fait que je sacrifie des cœurs de bœuf dans ma chambre.
Mauvais souvenir, ne pas penser à de telles choses alors que je suis déjà au bord de l’attaque cardiaque.
J’inspire profondément au creux de mes mains, comme s’il s’agissait d’un sac en papier et que j’étais au bord d’une crise d’apoplexie. Puis je me force à relever mon visage, clignant des yeux comme une brebis égarée devant les phares d’une voiture alors que je fais à nouveau face aux rayons de soleil pénétrant par l’immense baie vitrée.
Je suis à peu près calmée, les exercices de respiration, ça marche. Il faudra que je fasse livrer des fleurs à Sasha. Enfin, une fleur parce que je suis sacrément à sec, et que j’ai besoin de mes derniers dollars pour compenser un peu le vide au cœur de notre réfrigérateur. Mais bon, elle comprendra.
Des pas se font entendre derrière moi, résonnant avec vigueur sur les murs de ce hall ensoleillé. J’essaye de ne pas crisper mes épaules, me retournant lentement vers le nouvel arrivant. Un très bel homme d’une quarantaine d’années aux tempes grisées qui tend vers moi sa main manucurée, des effluves de son after shave de luxe m’entourant à peine s’arrête-t-il à mes côtés.
Je m’essaye à un sourire, espérant ne pas avoir l’air d’être constipée alors que je lui serre la main.
— Monsieur Shaen, je suppose ?
Ma voix est parfaite, ni trop aigüe, ni trop posée. Je suis fière de moi, je n’ai pas recréé l’imitation d’une Sun sous hélium, cette fois. Ces quatre heures d’entraînement devant mon miroir pour cette petite phrase auront fonctionné.
Le bellâtre aux tempes grises me fait un mince sourire, lorgnant mon impeccable tailleur avec un petit haussement de sourcil indiquant qu’il approuve. Je retiens un rehaussement de menton chargé de fierté, heureuse de voir qu’avoir fouillé avec autant de ferveur dans le placard de Sasha a porté ses fruits. Je suis resplendissante, et je le sais. Ma jupe d’un doux gris perle arrive juste au-dessus de mes genoux, mon chemisier blanc est vaporeux et met parfaitement en valeur mon fidèle atout, aussi dénommé décolleté. J’ai peaufiné le résultat avec des escarpins aux talons si hauts qu’ils me donnent l’impression de dominer le monde, et qui risquent aussi de me briser la cheville avant la fin de l’heure. Mais le jeu en vaut la chandelle…
— Moi-même. Veuillez m’excuser pour ce retard, une réunion qui n’en terminait pas. J’espère que vous avez fait bonne route, mademoiselle Bartas.
Il est tellement poli. J’en perdrais mes mots si je n’étais pas déjà presque muette.
— Oui, merci.
Réponse qui ne demande pas trop de réflexion. Il me tourne le dos derrière ces trois syllabes, m’indiquant d’un geste que je dois le suivre. Je m’empresse de récupérer la sacoche du même gris clair que ma jupe sur le fauteuil où je l’ai posée et colle mon allure à la sienne.
Nous traversons un long couloir vitré derrière lequel je peux admirer un joli jardin d’été rempli de fleurs multicolores. Il est difficile de résister à la tentation de coller mon visage à la vitre pour admirer cette merveille botanique, image très loin de la caisse délabrée posée sur mon balcon où perce une marguerite défraîchie. Mais le fait que je tiens à ce rendez-vous me pousse à rester plus que professionnelle, continuant à poursuivre mon chemin comme si je passais par de tels endroits chaque matin en allant chercher mon journal.
Après avoir longé quelques nouveaux couloirs, nous arrivons enfin devant son bureau. Il pousse la porte vitrée et m’indique le fauteuil visiteur. Je dépose ma sacoche au sol et m’installe de la manière la plus distinguée que je connaisse. Il prend place dans son immense fauteuil de cuir, attrape un papier, un crayon et un exemplaire du courrier que je lui ai envoyé un mois plus tôt. Je sens mon cœur se remettre à battre beaucoup trop fort en suivant chacun de ses gestes, la bouche sèche.
Il place mon courrier devant lui et entame, lentement :
— Pour commencer cet entretien, pouvez-vous me parler de vous, mademoiselle Bartas ?
J’ai le cœur au bord des lèvres, toute mon angoisse est là, dans ma poitrine. Je joue aujourd’hui un tournant majeur de ma vie. Je postule pour le poste de mes rêves, dans l’entreprise de mes rêves, face à l’homme de mes r… euh, non, pas ça en fait.
Je veux juste vraiment cet emploi, plus que tout. J’en ai rêvé des nuits, des jours, je me suis levée avec lui, je me suis lavé les dents avec lui, je suis allée me doucher avec, et… enfin, je pense que je suis claire. J’ai besoin de ce travail, pour ma santé mentale.
Donc, je dois assurer, malgré ma panique sous-jacente.
Je me redresse légèrement, mes mains ouvertes devant moi. Je tente de garder le sourire. C’est difficile.
— Je m’appelle Sun Bartas, fraîchement diplômée de l’école de journalisme d’Annenberg, je commence de mon ton de business woman le plus affirmé. Je viens d’avoir vingt-trois ans, et déjà trois ans d’expérience dans l’un des journaux les plus sérieux de la côte Est des États-Unis, le Los Angeles News.
Inutile de préciser que cette expérience se résumait principalement à distribuer les journaux. J’enchaîne plutôt sur ma participation au journal du lycée en tant qu’adjointe au rédacteur en chef, ce qui n’est pas rien. Il m’interroge sur mon cursus et mes expériences, puis, après avoir tapoté mon courrier sur son bureau, il s’avance vers moi et me pose la question que tout le monde doit redouter à un entretien :
— Pourquoi souhaitez-vous postuler chez nous ?
La tentative de lui répondre par un « Pour dominer le monde » sarcastique m’effleure. Je la repousse aussitôt en lui envoyant un coup de pied mental, m’exhortant encore une fois à rester aussi professionnelle que possible.
— Le Daily News est le journal qui m’inspire le plus de respect, monsieur Shaen, je récite d’une voix assurée. Il est pour moi le summum de la culture américaine, d’une information quotidienne au service de nos concitoyens. Il est l’image même de ce que tout autre journal doit envier et surtout de ce que tout lecteur a envie de lire. Il est pour moi l’apogée d’un rêve d’enfance, vers le journal qui m’a offert la culture.
Il plisse les lèvres en m’observant quelques secondes, la tête légèrement penchée sur le côté. Il semble apprécier les propos que je me suis répétés quatre-cent-dix-sept fois depuis hier, alléluia.
Il me pose ensuite une bonne dizaine de questions sur moi. Je réponds avec brio grâce à l’entraînement intensif que Sasha m’a poussé à faire pour cet entretien. Je vole sur les questions difficiles concernant mes qualités (dévouée, dynamique et professionnelle) et mes défauts (un peu trop impliquée, certes). J’évite de lui mentionner mes hésitations avant de me lancer dans la carrière de journaliste (« Oui, mais, et si je n’étais pas faite pour ça ? Et si j’étais trop incompétente ? Et si j’étais envoyée au Pérou pour un reportage dans un endroit où il n’y a pas de Coca ? ») et je relate tout mon amour pour cet emploi passionnant de journaliste d’investigation.
Il tapote son stylo sur la table alors que je reprends mon souffle après une longue palabre sur ma capacité à m’adapter aux difficultés journalistiques.
— Bien, me répond-il en faisant cliqueter le capuchon contre son ongle. Je vous avoue que votre candidature est plutôt intéressante, cependant j’ai beaucoup d’hésitation avec trois autres personnes que j’ai reçues dernièrement. Alors, dites-moi, mademoiselle Bartas… Pourquoi vous, et non une autre ?
J’entends bien ? C’est « la » question fatidique. Il me demande pourquoi il devrait m’embaucher. Sasha m’a dit que les recruteurs finissaient toujours leurs entretiens ainsi quand ils étaient intéressés par le candidat.
La réponse est qu’il devrait me prendre parce que je suis la meilleure, évidemment.
Enfin non, peut-être pas la meilleure. Étant donné que je n’ai pas encore pratiqué dans le journalisme d’investigation de manière concrète.
Mais je vais éviter de lui mentionner cette remarque. Elle est bannie de mon vocabulaire pour l’instant. Comme le mot « anticonstitutionnellement ». Je ne sais pas pourquoi, mais je bafouille toujours sur la dernière syllabe quand je le prononce. Ce qui m’est arrivé deux fois depuis que je suis née, rien que pour faire la mariolle à des soirées étudiantes. Erreur de parcours.
Bref. Monsieur Shaen attend une réponse. Lui dire quoi ? Que je suis motivée ? Il s’en doute. Que je veux plus de salaire ? Non, peut-être pas. Que le journalisme est un rêve de gamine auquel je veux de tout mon cœur me frotter… Mouais. Ou alors, je pourrais lui dire que j’ai du mordant et que…
— Je suis un pitbull, monsieur Shaen.
Il tique. Moi aussi. Je l’ai vraiment prononcé. Oh bon sang. Miséricorde. Aidez-moi.
— Pardon ?
Je déglutis en baissant ma tête, mimant de me redresser sur ma chaise alors que je prends une seconde pour me remettre de mes propres paroles.
— Un pitbull, je répète d’une voix que j’espère naturelle, tout en enserrant mes paumes moites autour de mes cuisses. Je ne lâche rien. Quand je veux quelque chose, j’y reste accroché jusqu’à ce que je l’aie. Ce qui fera de moi une excellente journaliste. Celle qui n’a pas peur d’aller jusqu’au bout pour ses enquêtes. Celle qui fera passer son travail avant ses préjugés.
Il hoche la tête en s’enfonçant dans son dossier, sans me quitter du regard. Le cuir de son fauteuil craque dans son dos. J’essaye de ne pas avoir l’air trop angoissée en répondant à son attention.
— Un pitbull, lâche-t-il d’une façon atone, coupant le silence pesant qui s’est installé. Bien, bien…
Il me demande quelques minutes pour aller réfléchir au calme. Laps de temps que j’utilise en patientant à nouveau à l’accueil de l’agence, un magazine que je ne lis pas sur les genoux. Ce sont les pires minutes de ma vie. Même ce moment où j’ai dû patienter pour les examens de fin d’année était le paradis à côté.
Quand enfin il me rappelle pour me donner son verdict, je suis à la limite de la tachycardie. Ce truc incroyable nommé « espoir » me fait tenir debout.
Je le suis à nouveau en direction de son antre, regardant une dernière fois cet espace lumineux comme si je pouvais le graver derrière mes rétines.
Allez, du courage, Sun. L’heure de vérité est arrivée."


Si vous êtes intéressés : http://www.amazon.fr/Sun-Bartas-Journal ... bc?ie=UTF8

Re: Sun Bartas - Journaliste : mode d'emploi de Sophia Laurent

Publié : mer. 19 août, 2015 7:36 pm
par SophiaLaurent
C'est à nouveau moi ! :)

Si mon livre intéresse quelqu'un, je veux bien en offrir un ou deux exemplaires (numériques) contre avis... Et j'espère que je ne me mets pas hors-la-loi sur le forum en proposant ça ? Sinon mea culpa !

Re: Sun Bartas - Journaliste : mode d'emploi de Sophia Laurent

Publié : dim. 30 août, 2015 8:08 am
par sylviatrega
Livre très sympa. Beaucoup d humour et on ne s ennuie pas une minute en le lisant. Un très bon moment de lecture!

Re: Sun Bartas - Journaliste : mode d'emploi de Sophia Laurent

Publié : lun. 31 août, 2015 9:38 am
par sylviatrega
Il y aura une suite à sun bartas?
J aimerais bien lire la suite de ses aventures.

Re: Sun Bartas - Journaliste : mode d'emploi de Sophia Laurent

Publié : lun. 31 août, 2015 3:23 pm
par SophiaLaurent
Bonjour Sylvia :)

Oui, il y a bien une suite de prévue pour Sun. Je l'ai commencé et j'ai une trentaine de pages pour le moment... elle devrait donc arriver fin 2015 - début 2016. J'attends d'avoir terminé de corriger le Tome 1 de Ruines, ma dystopie, avant de me remettre à l'écriture de Sun Bartas 2.
A bientôt ! ;)