Voilà la surprise ! En fait je vous offre le premier chapitre du tome 2 
ATTENTION ! Ça ne veut pas dire que je me remet à poster de façon régulière, c'est juste qu'en ce moment je ne poste pas grand choses (du fait de mes "trois projets" et de plein d'autres trucs) et que je trouve ça injuste pour vous et tout ... Donc voilà, avant d'attaquer définitivement l'été, vous avez le droit à un avant-goût de ce que sera le Tome 2 des Enfants de Gaia ! 
Après, c'est pas anodins non-plus, c'est toujours galère à écrire les premiers chapitre des deuxièmes tomes ... Euh, donc ... Faites pleuvoir les commentaires? S'il vous plait?
AAAAAH ET POUR CEUX QUI SUIVENT LUCY ! Pour l'Euro, soutenez aussi le Pays de Galles pour faire plaisir à Adam, aha :p (j'adore la Pays de Galles, pour l'amour du ciel).
Bref, bonne lecture et bonnes vacances !
Chapitre 1 : Bienvenu à Paris.
Antoine.
Bienvenu à Paris.
Tout le monde en rêvait, de cette ville. Quand on grandissait à Paris intra-muros, on comprenait vite qu’on habitait presque au centre du monde. Seize ans à croiser des touristes japonais qui se prenaient en selfie devant la Tour Eiffel ou Notre Dame me l’avaient bien appris. On avait l’impression que le monde entier affluait à Paris. En réalité, notamment sur ses routes. Et je ne parlais pas du métro (un large sujet, le métro. J’aurais énormément à dire là dessus, mais le prof de français n’avait pas encore donné de dissert’ dessus. Je trouvais cela bien dommage). Et les rues bondées me rendaient presque claustrophobes.
Mais il fallait admettre ceci : Paris est magique.
Oui, je pensais à des choses étranges quand je regardais par la fenêtre de ma chambre. Mais j’avouai que c’était ce que m’inspirait Paris : un mélange d’effroi vertigineux face à la foule et au statut prestigieux de la ville, et d’admiration et de fierté face à sa beauté et à son aura. Pourtant, d’où j’étais, je ne voyais grand-chose de ce qui faisait la célébrité de Paris, si ce n’était ses toits, et des modèles de grand immeuble Haussmanniens. Tout n’était que pierre, en Paris, si bien que j’avais l’impression que c’était sans doute l’unique endroit au monde qui échappait à l’emprise de Gaia. Le seul endroit où elle ne pouvait pas m’atteindre. Peut-être même l’unique endroit où je me sentais pleinement en sécurité.
-Tony ! Viens ici de suite !
J’eus un vague sourire, et refermai ma fenêtre de chambre pour passer dans l’autre pièce. Lucas, mon frère jumeau, était installé sur la table haute de la notre cuisine style américaine, devant l’ordinateur. Il me lança un regard agacé par dessus l’écran. Enfin, essaya, parce que le propre de Lucas Meynier était de ne pas savoir être durablement en colère contre quelqu’un. A fortiori contre moi, son jumeau adoré.
-Sale traitre, cette photo de moi sur Facebook c’était un coup bas, grommela-t-il.
J’eus un grand sourire sarcastique, et fit une révérence moqueuse. Lucas avait passé sa première semaine des vacances de Noël à trier des photos, et en avait retrouvé certaine qui méritaient leur place sur Facebook, selon lui. Sauf que nombre d’entre elle me représentait, parfois dans une position assez désavantageuse (quelle idée de mettre une photo où j’avais encore mon appareil dentaire !), alors je m’étais empressé de me venger en mettant une photo de lui la figure gribouillée de formules de trigonométrie.
-C’est fourbe, c’est vicieux, c’est …
-Tout à fait normal, Lucky, le coupai-je en levant les yeux au ciel. Bon, tu te prépares, avant que les parents ne rentrent ?
Lucas me lança un autre regard, mais moins agacé, plus amusé. Il devait aller chercher Chloé, notre petite sœur de quatorze ans, au solfège. Je l’aurais bien accompagné, mais j’évitai de sortir ces derniers temps. Il se leva en s’étirant, et me sourit d’un air candide et enfantin. Lucas et moi étions des jumeaux monozygotes (vrais jumeaux, pour les profanes), ce qui faisait que physiquement parlant, nous étions le miroir l’un de l’autre. Nous avions d’identiques boucles blondes, une identique peau pâle, d’identique yeux bleus d’une couleur réelle difficilement déterminable … Mais pour ne raison qui me dépassait (je plaisantais : je connaissais parfaitement cette raison), tout le monde trouvait en Lucas l’incarnation même de la candeur et de l’angélisme. Et pour une raison qui me dépassait toujours, j’étais aux yeux du monde l’incarnation même du diable.
En même temps, en début d’année, je n’avais rien fait pour les démentir.
-D’accord, accepta Lucas en me dépassant. A tout de suite.
Il me donna une petite tape sur l’épaule alors que je me glissai à sa place devant l’ordinateur. Lucas haussa un sourcils en voyant mes doigts s’activait sur ses touches. Il n’était pas très farouche concernant ses affaires, donc ça ne le dérangeait pas que je lui emprunte son ordinateur, mais je savais ce qui le rendait perplexe.
-Tu peux prendre le tiens, tu sais, me rappela-t-il d’une voix douce.
Je le gratifiai d’un regard dubitatif. Depuis le début de vacance de Noël, j’avais peur ne serais-ce que d’allumer mon ordinateur. Pendant tout le premier trimestre, appuyé sur le bouton « marche » était synonyme de mail macabre, et de photo morbides que je ne voulais pas voir. Lucas leva les main, l’air de dire « je n’ai rien dit ! », et fila dans sa chambre. Ma bouche se tordit, et je replongeai dans son ordinateur. Facebook grouillait d’actualité plus étrange les une que les autres. Je ne comprenais pas pourquoi mon frère, si intelligent, si mature pour certain domaine, pouvait décemment avoir des amis qui osait mettre en statut «
Journée avec mon keum todaaaay, cœur, cœur, cœur ». Je ne mettais rien sur Facebook principalement pour ça. C’était pitoyable. Je fis aller le fil de l’actualité de mon frère et appris avec un sourire amusé que Calliope Caroccini avant changer de photo de couverture. Calliope, alias Callie, était l’une de nos compatriotes à Sappho, l’école Orléanaise où nous allions depuis nos onze ans, Lucas et moi. Une fille très agaçante avec laquelle je ne m’étais relativement jamais entendu. Mais Lucas l’adorait, et c’était toujours amusant d’embêter la petite Callie. Je cliquai sur la photo avec un sourire. Je la reconnu vaguement parce que Lucas l’avait imprimé pour l’afficher dans sa chambre. Ils l’avaient pris juste avant que Léonie Moineau ne reparte chez elle à Lille (mais quelle idée d’habiter à Lille !), pour les vacances de Noël. Avant que je ne pus détailler la photo, Lucas revint, couvert de la tête aux pieds de manteau et d’écharpe. Le mois de janvier était particulièrement cruel pour la plaine francilienne.
-J’y vais ! annonça-t-il en nouant son écharpe. J’ai une heure avant d’aller au solfège.
-Tu es sûr que tu ne veux pas que je vienne ?
Lucas me lança un regard agacé, mais aussi résigné. J’avais passé tout mon trimestre à m’inquiéter pour la survie de mon frère, et malgré mes précautions, Lucas avait passé des dernières semaines du trimestre dans le coma. Alors j’avouai être pris d’une peur presque panique quand il s’éloignait seul et je savais très bien que je commençai à l’étouffer. C’était pourquoi j’évitai de sortir pour le suivre à la trace. Et j’en étais bien capable.
-Tu as un peu de temps, avant d’aller chercher Chloé. On pourrait aller sur les quais, plaidai-je avec un sourire entendu.
Le regard de Lucas s’adoucit immédiatement. Il eut un sourire résigné, mais ses yeux pétillèrent quand il opina du chef.
-Mais tu me laisse aller jusqu’à la maison de la musique seul, me prévint-t-il alors que je mettais ma veste et mon bonnet. Je suis un grand garçon, Tony.
-J’en doute pas.
En réalité, si. Lucas était la personnification de l’intelligence, de la droiture, et de la gentillesse, mais c’était aussi l’incarnation de la naïveté. Une naïveté enfantine qui rendait mon frère bien trop vulnérable à mon goût. Le Candide de Voltaire ne faisait pas le poids face à Lucas. Il leva les yeux au ciel, et nous descendîmes rapidement l’appartement pour sortir dans les rues parisiennes. Il avait neigé, depuis hier, mais les allées et venues des habitant du XVIème arrondissement avait transformé la neige en une épaisse gadoue grisâtre. Nous habitions au sixième étage de l’immeuble, et ça me faisait toujours bizarre de me retrouver en bas. C’était désagréable, j’avais l’impression de descendre de mon piédestal. Nous descendîmes notre rue pour nous approcher de la Seine, qui jouxtait parfaitement le XVIème. Elle serpentant doucement dans son nid, en lourd flots boueux paresseux. Lucas voulut traverser la route, mais je le retins par un pan de son écharpe, et un scooter fila à toute vitesse devant lui.
Et après on se demandait pourquoi je ne voulais pas le laisser sortir seul !
-T’es qu’un gosse, Lucky.
Lucas me fit un sourire penaud, et vérifia avant d’enfin traverser la route jusque la Seine. Nous descendîmes les marches pour aller jusqu’aux quais, et prîmes place à nos endroit habituel, à même le sol, les pieds jouant avec l’eau. C’était un rituel que nous avions depuis que nous étions enfant : flâner sur les quais de Seine, nous assoir, jouer avec la dangerosité de la proximité avec le fleuve. Nos parents détestaient ça, mais c’était une tradition que j’avais avec Lucas qui me tenait à cœur. Les errances sur les quais de Seine étaient l’une des seules choses que nous partagions, tout les deux (avec l’ADN, mais est-ce que ça comptait vraiment ?). Le symbole de notre lien fraternel relativement hors du commun.
Mais je pensais que sincèrement que les jumeaux, à bien des égards, échappaient souvent à la norme.
-Tu peux le faire ? me demanda Lucas, un sourire dans le voix.
Je sentis un sourire naitre sur mes lèvres, à moi aussi. Je penchai pour effleurer la Seine des doigts. Je vis trouble un instant, mais l’eau se solidifia et une fine couche de glace recouvrit le fleuve sur un rayon d’un mètre. Puis je me redressai, et le flot emporta la glace que je venais de créer.
Je lis la question dans vos yeux. Evidemment que je pouvais créer de la glace.
J’étais un enfant de Gaia.
Bon, pas exactement. Dans notre monde, on considère que l’univers est régis par de puissante entités. Trois, en réalité : Hélios (ou Baal), Gaia, et Luna (aussi appelée Sélène). Baal était le nom que l’on donnait à l’entité qui avait pris le Soleil en foyer (en faite, c’était plus Hélios, mais je préférais Baal : c’était plus en accord avec la réalité de l’entité). C’était lui régissé l’univers, il en est le moteur. Il est à l’origine du mouvement des planètes. C’est lui qui fait tourner le monde. Gaia était l’entité qui avait pris la Terre pour foyer : elle était l’origine de toute vie, végétale comme Humaine. C’était notre Gardienne, mais aussi une seigneuresse de la cours de Baal. Elle était moins puissante : elle pouvait faire son petit démurge sur son espace, mais ce que Baal fait, elle ne peut le révoquer. Et puis Luna (je pense que c’est explicite, l’entité a pris la lune en foyer). Pour simplifier ce complexe ordre des choses, nous utilisons le modèle du roi et de sa cours. Trois personnage : le monarque (absolu), sa cours, et la vassale de sa cours. Et j’oubliais évidemment la poussière. Soit, l’humanité. Le roi n’avait que faire de la poussière. Je ne pensais pas foncièrement que le roi était mauvais par nature. Simplement, il est bougrement étourdi. Quand il prenait une décision, il ne prenait pas compte de la poussière et nous pâtissions assez brutalement des décisions du Roi. C’était ce qui se passait. Baal était puissant – beaucoup trop. Il avait parfois ce que nous appelions des « éruptions d’énergie » qui transformaient en profondeur la vie que Gaia avait crée sur Terre. Ça avait créé plusieurs groupes, et nous leur avions donné de charmant surnom - les Corbeau, les Sirènes, les vampires … Ça modifiait leurs gènes et leur raison d’être. D’une manière général, les personnes atteintes par ses éruption d’énergies perdaient la raison : la puissance de Baal leur grillait généralement le cerveau. De plus, ça leur donnait des particularités qu’ils n’avaient pas. Leur force et leur rapidité étaient décuplées. Leur capacité de nuisance, aussi : ils se mettaient à attaquer les humains. Et Gaia avait détesté ça. J’ignorais comment ça s’était passé, mais la thèse la plus probable était qu’elle avait agis comme un corps humain face à un virus étranger : elle avait sécrété des anticorps.
En l’occurrence, c’était nous, les anticorps.
Notre nom ? Les enfants de Gaia (les Anciens de l’antiquité n’avaient aucune imagination). Nos capacités ? Diverses : nous étions naturellement doués pour les armes (personnellement, je me débrouillais bien avec une épée dans mes mains. En plus, il paraît que j’étais sacrément bon, ce qui n’était pas pour me déplaire). Nous avions nos sens relativement décuplés aussi. Et théoriquement parlant, nous étions aussi censé comprendre tout plus vite que les autres (mais la triste réalité, c’était que l’unique personne à avoir une intelligence supérieur, c’était Lucas). Nos armes ? Nos aptitudes. Diverses, elles aussi : triviales comme complexe, simple prolongement des capacités humaines, comme pouvoir magique. Lucas et moi représentions ces deux extrémités : son aptitude était une faculté incroyable d’observation. Lucas repérait et retenait tout. Ce n’était pas spectaculaire, mais ça lui était très utile. Et j’aurais volontiers échangé nos aptitudes, si Gaia m’avait laissé le choix. Je me refusai à dire que la mienne était magique. C’était de la chimie (ou de l’alchimie. Les deux se valaient). A savoir que je pouvais contrôler les molécules. Exemple : pour que l’eau se transforme en glace, j’avais juste demandé aux atomes de se resserré (non, nous ne sommes pas dans
La Reine des Neiges. Pitié, épargnez moi
Libérée délivrée). Quand un corps est solide, s’était simplement que les molécules qui le constituaient ne s’agitaient pas, et restaient relativement serrées. Pour liquéfier un corps, il suffisait de faire le procédé inverse.
Comme je vous le disais, c’est de la chimie, pas de la magie.
Mais je ne serais pas capable de faire ça si je n’avais non plus était marqué par Luna.
Lucas me toucha l’épaule alors que je me redressai.
-Ça va ? s’inquiéta-t-il.
J’hochai la tête avec un sourire. Utiliser mes pouvoirs était toujours épuisant. Quand c’était quelque chose d’inerte, c’était plus facile, et à fortiori sur une petite échelle. Mais j’étais presque incapable d’utiliser mes pouvoirs sur un être vivant. Gaia m’opposait trop de résistance.
-C’est que de la glace, Lucky, le rassurai-je en la regardant se désintégrer. Pas de quoi faire une insomnie.
Lucas grimaça. Les pouvoirs les plus puissants – comme les miens – avait souvent un pendant désagréable : des contrecoups. Pour moi, c’était une incapacité de dormir quand j’en éprouvais le besoin. J’étais obligé de prendre des somnifères si je ne voulais pas ressembler à un zombie.
-Est-ce que tu as des nouvelles de Gretel ? lâcha Lucas du bout des lèvres.
Il parut regretté ces mots au moment même où ils sortirent de sa bouche. Mais pas autant que moi. A la mention du nom de Gretel, une douleur sourde se raviva en moi, comme le fantôme d’un coup de poignard.
Dans le dos, le coup de poignard.
-J’ai bloqué son numéro. Donc non.
Lucas ne s’épancha pas sur la question, et je lui en fus reconnaissant. Deux semaines seulement était passées depuis la fin des cours, et la douleur était aussi vive que le jour où elle m’avait été affligé. Une bouffée d’émotion, mélange de colère et de déception, monta en moi. Je tentai de la maitriser en contractant la mâchoire.
-Demain, retour à Sappho ! annonça Lucas avec un sourire, pensant sans doute me remonter le moral.
-Génial, grommelai-je. Je rêve chaque jour de revoir Callie.
Comme je l’avais dit, entre Callie et moi, ça n’était jamais passé. Nos relations s’étaient relativement apaisées avant les vacances, mais je ne me faisais pas d’illusion : Callie et moi, c’était fait pour exploser.
-Je n’en doute pas un instant, se moqua Lucas. Mais perso, j’ai quand même hâte d’y retourner. Je t’ai dis que c’était Danny qui venait nous chercher ? Il a eut son permis !
-Oui.
Danny était le meilleur ami de Lucas. Il avait un an de plus que nous, et venait d’avoir dix-huit ans, et son permis, mettant fin à un an de conduite clandestine autorisée par l’établissement. Mais à Sappho, la norme de s’appliquer pas à Danny : il avait grandis là-bas, et j’avais récemment su que la directrice, Esther Devyldère (la femme la plus flippante du monde) avait été la marraine de son frère, Geoffrey (avant que celui-ci ne meurt tragiquement. Assez morbide, l’enfance de Danny).
-Ouais, et j’ai peut-être oublier de te dire … Il arrive ce soir. Avec Léo.
Je fronçai les sourcils et me retourner brusquement vers mon frère. J’étais certain d’avoir mal entendu le deuxième nom, mais vu le sourire entendu de Lucas, mon ouïe était parfaite.
-Il arrive
ce soir – genre, du coup, bientôt, avec
Birdy, et tu ne me préviens que maintenant ? m’insurgeai-je en levant les yeux au ciel.
Pour montrer mon désaccord, j’effleurai à nouveau la Seine des doigts, et une nouvelle pellicule de glace se forma à nos pieds. Des étoiles dansèrent un instant devant mes yeux, et s’évaporèrent vite. Si Danny et Léonie venaient ce soir ici, ça voulait dire que l’un de nous deux allait devoir laisser sa chambre pour la nuit. Et vu l’état de la mienne, ce ne serait pas moi.
-Et pourquoi Léonie en plus ? Elle n’est pas censé vivre au pôle Nord, elle ?
-Le Nord ce n’est pas le pôle-nord, me tacla Lucas avec un petit coup dans l’épaule. Danny va la chercher parce qu’elle n’aime pas trop prendre le train.
-Dans le Nord ? Il fait un sacré détour, depuis Orléans. M’est d’avis qu’il va chercher autre chose …
Léonie Moineau était une petite nouvelle arrivée au début du trimestre, et c’était très vite rapproché de Lucas – et de Danny.
-Je connais ta théorie, soupira Lucas, les jambes se balançant dans le vide comme celles d’un bambin. Mais je ne crois pas que Danny ait des vues sur Léo. Au fait, soit gentil avec Danny, d’accord ? Je pense que Léo a supporté assez de guerre mondiale pour le restant de ces jours, alors fichez-lui la paix.
Je levai les yeux au ciel, et tapotai ma montre avec un air entendu. C’était l’heure qu’il aille chercher Chloé. Il soupira à nouveau en se redressant, et je me levai avant lui pour lui tendre la main.
-
Elle sort de son lit, tellement sûre d’elle, chantonna doucement Lucas en remontant les marches.
Je levai les yeux au ciel, mais ne pus m’empêcher de suivre :
-
La Seine, la Seine, la Seine.
Chanson stupide de Vanessa Paradis – plus stupide encore de Libérée, Délivrée. Mais un jour, Lucas l’avait eut dans la tête pendant l’une de nos errance sur les quais, et c’était devenu un jeu entre nous, de chanter La Seine chaque fois que nous repartions. Un fois arrivé sur la rue, Lucas me fit un signe de main en partant dans la direction opposée à la mienne.
-Reviens en un seul morceau ! ne pus-je m’empêcher de lancer.
Lucas me répondit par un sourire, et s’engouffra dans la bouche de métro la plus proche. Je restai un instant sur le trottoir, à regarder filer la Seine vers l’Ouest. L’eau trouble tourbillonnant à mes pieds évoqua en moi des souvenirs que je préférais oublier. Un instant, j’eus la vision d’une fille rousse, blessée, debout tremblante sur un mur surplombant la Loire, mais je chassai cette image d’un battement de cil. L’avertissement de Lucas me revint en mémoire : laisser Danny en paix. La relation que j’entretenais avec Danny était plus compliquée que celle que j’avais avec Callie, simplement parce que j’étais incapable de détester foncièrement ce gars. Il était le meilleur ami de mon frère, mais c’était aussi (en tant normal) quelqu’un de très posé et de pragmatique sur qui on pouvait généralement compter. Simplement, d’une manière général, nos intérêts divergeaient toujours, ce qui faisait que nous étions fréquemment en conflit. Le dernier en date ?
Gretel.
Ce nom me remuait toujours le ventre. Gretel. Je l’avais rencontré la première fois leur jour où j’étais arrivé à Sappho, l’une des trois école française qui formaient les enfants de Gaia. J’avais onze ans, et elle en avait treize. Elle était arrivée la veille, et se sentait aussi perdue que moi. Nous nous étions rapidement rapproché, elle et moi. Je ne serais dire comme ça s’était fait, si c’était naturellement. Nous avions au fil du temps noué une relation étroite, étroite et étrange. Je n’étais pas son frère – mais je n’étais pas amoureux d’elle non plus. Beaucoup de gens c’étaient attendus à ce qu’on sorte ensemble, malgré nos deux ans de différence. Je ne dirais pas que je n’y ai jamais pensé. En réalité, il se pourrait même que ça ait pu arriver. Mais nous étions heureux comme nous étions, dans notre amour platonique et fraternel. On se moquait des rumeurs qui se disaient sur nous, on commentait les comportement de nos camarades à Sappho, cassait du sucre sur nos profs… Le jour où elle avait passé son bac, j’avais eu peur de la perdre définitivement, mais elle avait choisi de rester à Sappho. Je pensais à l’époque qu’elle l’avait fait pour moi. C’était ce qu’elle m’avait dit.
J’avais su il y a deux semaines qu’elle m’avait menti.
Un jour, avec Gretel, nous nous étions embrassé (mais je soutiens toujours que nous ne sommes jamais sortis ensemble). C’était dans une des petites salles de travail, à Sappho. J’avais quatorze ans, et elle seize. Elle pleurait, et ne voulait pas me dire pourquoi. Et personnellement, j’étais à un âge … influençable où un garçon remarquait enfin qu’une fille était … Et bien, une fille. Et je venais justement de remarquer que ma fidèle camarade était une fille, une fille comme tant d’autre. Qui plus est, une très jolie fille. Je ne me souviens plus de qui avait fait le premier pas, en revanche, je me souviens que ça n’avait durer qu’une demi-seconde, et qu’immédiatement après, nous avions éclaté de rire, tant l’idée d’être en couple ensemble nous semblait absurde. Elle était venue me voir quelque jour plus tard pour m’avouer pourquoi l’idée d’être en couple avec moi était pour elle impensable : elle aimait les filles. Je me souvenais avoir été profondément surpris par la révélation, parce que je savais qu’elle avait eu nombre de petit copain avant. Mais j’avais accepté cette partie d’elle comme j’avais accepté toutes les autres. Le seul détail qui m’avait dérangé avait été l’objet de ses larmes, la fois où nous nous étions embrassé : Gretel s’était rendue compte de son homosexualité en tombant amoureuse d’un cadre de l’équipe enseignante, une jeune femme dynamique qui venait juste de revenir après trois ans d’absence : Léna Duriez, l’ancienne petite amie de Geoffrey, le frère décédé de Danny. Gretel avait fait un moment de Léna une obsession : à savoir qu’elle parlait tout le temps d’elle, qu’elle se posait sans cesse des questions sur la marche à suivre. Je ne m’étais jamais entendu avec Léna, aussi avais-je émis quelque réserve que Gretel n’avait pas écouté.
Résultat des courses : Léna m’avait fait chanté toute l’année en jouant sur les sentiments de tout le monde : ceux de Gretel, et les miens.
Pendant ses études, Léna avait eut une révélation, celle que les Créatures d’Hélios devraient régner sur Terre, puisque c’était Hélios qui régnait sur le cosmos. Pour ce faire, il fallait affaiblir ceux qui s’opposaient à ce projet : les enfants de Gaia. Elle s’était donc acharnée à affaiblir l’école, sauf que sa première tentative avait conduit à la mort de son petit ami, Geoffrey Hautroi. Alors elle avait pris son mal en patience, et une fois qu’elle avait trouvé le moyen d’affaiblir les défenses de Sappho, elle était passée à l’attaque ;
Or, ce moyen, ça avait été moi.
Comme je le disais, je n’étais pas marqué uniquement par Gaia. Mais aussi par Luna. Ça n’arrivait pas souvent (une fois par génération, en réalité), et j’étais un peu une bizarrerie, même dans notre monde. Je pouvais faire des choses qu’un enfant de Gaia lambda ne pouvait pas faire. Mes sens étaient plus aiguisés. Mes pouvoirs plus puissants. Et j’avais dans mes veines un sang qui me permettant d’affaiblir les défenses de Sappho, parce que je pouvais agir directement sur les créations de Gaia. Alors elle m’avait fait chanter : la vie de Lucas contre l’annihilation de la barrière qui protégé Sappho (le Sceau de Drouet). J’avais résisté, longtemps. Puis, poussée par Gretel (qui elle-même recevait des instructions de Léna), et par le désir de sauvegarder mon frère, j’avais céder.
Résultat, une fille de quatorze ans, Elodie Renaud, était morte.
Et j’avais failli tuer Léonie.
Plusieurs fois.
Je regardai à nouveau la Seine, et l’image de Léonie debout sur la balustrade du petit appartement Orléanais où j’avais appris que c’était Léna qui me faisait chanter, blessée, se laissant presque aspirée par le fleuve quelques étages plus bas, se superposa à elle. Elle venait de tuer Tobias, un vampire psychopathe.
Pour me sauver.
Je secouai la tête et me détourner du fleuve avec amertume. Orléans arrivait à me faire pervertir mes meilleurs souvenirs. Avant, quand je voyais la Seine, c’était Lucas que je voyais. A présent, je n’arrivai pas à regarder ces flots sans voir Léonie devant mes yeux. Je m’efforçai de ne plus penser à cela, et mis mes mains dans mes poches en retournant vers ma maison à pas lourd. Les cours reprenaient demain, et ce serait ma première rentrée sans Gretel. Au delà de sa trahison, ça me faisait bizarre : elle avait toujours été ma seule véritable amie. Je n’avais toujours eu qu’elle et Lucas. Maintenant, je me retrouvais seulement avec Lucas, que je devais partager avec Danny, Callie, Léonie …
Bon. Je n’avais qu’à squatter le boxe de Grispoil (notre pégase, le Roi de Sappho. Oui, je savais. Assez pathétique, comme perspective.)
-Oh hé ! Tonio !
Je sursautai violement. Je n’avais un des meilleurs prénom adapté pour les surnoms (Antoine, honnêtement, à quoi pensaient mes parents ?), mais en traduisant mon nom dans les langues étrangères, on était arrivé à quelque chose (Depuis notre plus tendre enfance, Lucas m’appelé « Tony » parce qu’Antoine se disait « Anthony » en anglais). Celui là venait de l’italien (ou de l’espagnol, c’était selon) Antonio, et il n’y avait que deux personnes qui étaient autorisées à m’appeler ainsi. Gretel était l’une d’entre elle. Je me retournai et un sourire me retroussa les lèvres quand je vis apparaître la seconde personne.
-Charlie ! Qu’est ce que tu fais dans les beaux quartiers ?
Charlie me lança un dôle de regard avant d’avoir un grand sourire révélant ses dents blanches.
-Pour tes beaux yeux, man !
Il me tendit ma main, et j’y tapais avec un sourire avait de frapper son poing du mien. Charlie était un ami d’origine sénégalaise, mon seul ami parisien qui avait subsisté malgré les années à Sappho. Il avait la peau noir, et les yeux charbon expressif derrière des lunettes à épaisse monture qui contrastait avec ses éternelles dreadlocks. Il avait le look à mi-chemin entre l’intello et le mec rasta des Cités, mais sa façon de parler trahissait bien cette dernière origine.
-Hé mec, il t’en fallu du temps pour venir me voir, la vérité c’est moi qui ait dû prendre le métro ! s’insurgea-t-il.
-J’avais du boulot, prétendis-je en faisant quelque pas avec lui. Alors t’es vraiment venu pour mes beaux yeux ?
-Ne joue pas au plus malin avec moi ! me prévint Charlie en me gratifiant un regard sombre à travers ses lunettes. Et non, je suis venue dire bonjour à ma tante, mais j’en profite pour voir tes beaux yeux.
Je souris avec effronterie. Il venait du neuf-trois (quatre-vingt treize, pour les profanes : Seine-Saint-Denis. Pas les plus beau quartiers de la région parisienne.), mais grâce à une tante qui avait réussie, il avait passé son enfance hors de sa Cité d’origine. C’était ainsi que je l’avais connu : sa tante l’avait inscrite dans l’école primaire de mon quartier. On avait passé toute notre enfance ensemble, avant que je ne parte pour Sappho avec Lucas.
-Tu m’as pas dit, comment ça s’est fini tes histoires de mails chelou ?
Je pestai intérieurement. Précisément la raison pour laquelle j’avais ignoré les messages pressants de Charlie pendant les vacances. Quand j’avais commencé à recevoir des messages anonymes, au début de l’année, mon premier reflexe avait été de demander à Charlie. Il n’était pas un enfant de Gaia, et il ne savait rien de ma condition. Mais il n’empêchait qu’il était sacrément doué en informatique. Charlie était un véritable geek, et il avait réussi à me retracer les provenances de mes mails jusqu’au compte administrateur de Sappho. Simplement, s’il n’avait pas vu le contenu des mails, Charlie était loin d’être idiot : il se doutait que je lui cachais quelque chose depuis des années, et cette histoire en avait été la preuve ultime.
Bon sang, ce que je détestai Gaia !
-Bien, ne t’en fais pas, le rassurai-je d’un ton évasif.
-Toi, tu caches des choses à ton pote ! Oh laisse tomber, man, je t’en veux pas, moi aussi je t’ai caché des trucs.
Je ricanai en ayant un sourire sarcastique.
-Ah ouais ? qu’est ce que t’es capable de me cacher, mon gars ?
-La puissance de mon génie, fanfaronna Charlie avec un sourire éclatant. Hey mec, je t’ai pas dit ? je suis deuxième de ma classe ce trimestre ! la vérité, même en maternelle j’ai jamais été aussi bon !
ça, c’était normal qu’il n’ai pas été aussi bon en maternel : on était dans la même classe que Lucas, et tout le monde pouvait passé pour un idiot, en comparaison à Lucas.
-En même temps, mec, t’es en technique, fis-je narquoisement remarquer.
-On ne dégrade pas les bac techniques, man ! Je dois bosser presque autant que toi, je suis sûr !
-Toi bosser ? doutai-je avec un sourire sarcastique. En informatique ? Cette matière pour toi c’est de la rigolade, je suis sûr que les cours ne vont pas assez vites pour toi.
Les yeux sombres de Charlie roulèrent dans leurs orbites.
-J’ai le Bac français, moi, monsieur !
-Et moi le bac tout court.
Charlie éclata d’un rire sonore. Quelque passant se retournèrent pour lui lancer un regard peu amène, et il leur fit son sourire le plus éclatant – celui qui donnait envie de lui foutre une gifle.
-Oh, mec un jour faudra que je me dise comment tu as fait pour avoir un an d’avance, s’esclaffa-t-il une fois les passants retournés. Que ton frère ait un an d’avance, c’est normal, les études, il a que ça dans sa vie, mais toi …
Je haussai les épaules pour éluder la question. A Sappho, avoir un an d’avance était loin d’être rare – même si beaucoup de gens suivaient le cursus normal et passaient le bac à dix-huit ans. Mais effectivement, après presque sept ans passés à Sappho, j’avais acquis la carrure des « intello » : un an d’avance, et des soirées entières passées sur les maths et la SVT. Un grand programme. Un programme que Charlie n’avait jamais compris.
-Tant qu’on en parle ! (Charlie sauta sur un petit muret qui bordait la Seine, et me lança un autre grand sourire). Ton frère a que les études, mais nous, mec, on a plein d’autre centre d’intérêts !
-Oh, gémis-je en me frottant la tempe. Non, Charlie, on est pas obligé de parler de …
-Tss tss ! protesta-t-il, toujours souriant. Allez, man, file ton portable que je puisse aller voir tes copines sur Facebook ! Allez !
Il tendit la main. Je levai les yeux au ciel, désespéré, et fouillai mes poches pour en extraire mon portable. J’avais un plus gros forfait internet que lui, et c’était un rituel quand on se voyait : il regardait toujours l’évolution des filles avec lesquelles j’étais à l’école.
-Tu n’es pas censé avec une copine ? le taclai-je en lui donnant mon téléphone. C’était comment, déjà … Elisa ? Melissa ?
-Cassandra, rectifia Charlie en pianotant sur mon portable. Et on est plus ensemble, man. J’sais, pas ça a péché, on ne correspondait pas …
-Mouais, raillai-je en ricanant. Comme d’habitude.
Charlie n’était pas vraiment connu pour son sérieux avec ces gentes dames. En réalité, je plaignais les pauvres demoiselles qui s’entichaient de lui. Charlie aimait assez apprécier la beauté féminine, et ce l’approprié (il était vrai qu’il était un séducteur invétéré), mais ces grands amours resterait surtout ses potes, et son ordinateur. Et face à ça, une fille, aussi magnifique et charmante soit-elle, ne faisait pas le poids. Il siffla doucement en me montrant une photo.
-Un jour, il faudra que tu me la présentes !
Je regardai la photo et grimaçai en reconnaissant Anaëlle Desfrênes, la reine des abeilles de Sappho. Une fille qui était dans notre classe, du reste. Elle était très belle, on ne pouvait pas dire le contraire. Mais pas pour moi. Et ça faisait depuis que Charlie l’avait découverte dans mes amis Facebook qu’il m’embêtait avec.
-Mouais, mais pas maintenant, bougonnai-je.
Charlie eut une moue déçue, et repris son travail.
-Arwen est pas mal, mais elle a l’air trop intellectuelle, commenta-t-il pour lui-même. Une meuf pour ton frère, ça … Trop sportive, cette Laura … Oh, Salomé, potentiel, potentiel ! Mais mince, elle est en couple … Remarque, c’est un problème facilement réglable, ça …
-Charlie.
-D’accord, céda-t-il avec un sourire. Je laisse le dénommé Timothée tranquille. Oh, mais j’ai déjà était voir cette fille !
Il me mit à nouveau le téléphone sous le nez, et je grimaçai une nouvelle fois. Effectivement, il avait plusieurs fois était voir son profile.
-Mademoiselle Calliope, susurra-t-il en zoomant sur la photo qui la mettait très en avantage. Elle n’a pas un profile très italien, pour une italienne, mais je prend quand même.
Je me tapai le front du plat de la paume. Charlie me désespérait plus que mesure, et c’était bien parce qu’on se connaissait depuis la primaire que je faisais l’effort de le supporter (et de lui prêter mon téléphone, accessoirement).
-Tu ne prends rien du tout, le taclai-je durement. Elle est en couple.
Avec Hugo Desrameaux. Un matheux que j’avais du mal à supporter (sûr de lui, et à l’humour bien trop facile à mon goût. Ce mec là manquait cruellement de subtilité). Charlie leva les yeux au ciel.
-Un, c’est pas marqué sur Facebook. Deux, j’ai déjà dit que c’était gérable …
-Charlie !
-Bon, bon, céda-t-il en cliquant sur quelque chose. Ah merde, elle est pote avec ton frère – il a une drôle de tête, sur sa photo de couverture. Tiens, qu’est ce que ceci ? Jamais vu avant.
Il me tendit encore le téléphone. J’y jetai un rapide coup d’œil, et ma gorge se comprima. Je ne pouvais pas regarder ou penser ce visage sans le revoir sur le bord de la Loire.
-C’est une nouvelle ? insista-t-il.
J’hochai la tête.
-Ouais, elle s’appelle Léonie.
-Pas mal, pour une rousse, commenta-t-il en cliquant sur le lien qui menait à Léonie. Oh la pauvre, le nom de famille gâche tout … Hé ! Vraiment pas mal pour une rousse !
Il me mit sous le nez la photo que Lucas avait mis sur Facebook, qui datait de juste avant le départ de Léonie avant les vacances, zoomée sur Léonie. Je réprimai la bouffée d’angoisse qui me montait à la gorge pour la détailler. Elle était assise un lit d’infirmerie à coté de mon frère, et on devinait son bras autour du sien. Son deuxièmes bras était plâtré, souvenir qu’elle gardait de Tobias le vampire psychopathe. Elle souriait, mais son sourire n’arrivait pas à atteindre ces yeux, qui restaient lointain, rêveurs, comme si son esprit était loin. Et, peut-être le fait le plus marquant de cette photo, ces cheveux roux était détachés, épars sur ses épaules, chose rarissime chez elle. Elle les avait toujours attaché, ou en queue-de-cheval bien faite, ou en chignon négligé retenu avec un crayon. Dans ce dernier cas, j’étais souvent tenté de l’enlever, pour l’embêter, mais j’avais vite abandonné l’idée. Pragmatiquement parlant, Charlie avait raison : Léonie était jolie. Mais je me forçai à hausser les épaules avec indifférence, comme si je ne l’avais pas remarqué.
-Oh, t’es difficile, man ! râla Charlie en faisait défiler le file de l’actualité de Léonie. Elle est cool, au moins ?
C’était une excellente question. Ma relation avec Léonie ne pouvait pas être qualifiée de « cool », pour sûr. On avait passé des premières semaines relativement calmes, puis tout c’était accéléré avec les vacances de Toussaint : elle avait deviné que j’avais à voir avec le fuites qui jalonné notre existence à Sappho et qui permettait à des Créatures d’Hélios de s’y introduire. Elle avait longtemps ignoré mon rôle réel, mais elle savait que j’en savais plus qu’elle et avait tenté de me faire arracher toutes mes informations, jusqu’à que Lucas ne tombe dans le coma à cause d’une mauvaise chute (provoquée par Gretel. Quand je disais que j’avais des raisons de lui en vouloir). Après cela, elle m’avait laissé relativement tranquille jusqu’à la mort d’Elodie Renaud. Ça avait été l’événement de trop, et j’avais décidé que ce fardeau, ce dilemme que m’imposait chaque jour la coalition Léna-Gretel, je ne pouvais plus le supporter seul. Ce n’était pas que de mon ressort. Ça me dépassait.
Alors j’en avais parlé à Léonie.
Encore maintenant, je me demandais si ça avait été une bonne idée. Je ne la connaissais pas depuis longtemps. Elle était relativement agaçante, espiègle. Et elle était trop proche – douteusement proche – de Danny. Mais parmi ces ancêtres, elle avait quelqu’un comme moi, doublement marqué par Gaia et Luna. Et comme l’existence de Luna expliquait ce pourquoi j’étais capable de faire tout des fuites, et qu’elle devait rester secrète, Léonie était le confesseur le plus facile et efficace. Je ne dilapidai pas le secret de Luna puisqu’elle était concernée, et elle était assez intelligente et pragmatique pour m’aider. Malheureusement, ça ne s’était pas passé tout à fait comme prévu, et je m’étais fait enlevé par Léna (de manière trop honteuse pour que je l’explicite ici) quand celle-ci avait compris que des élèves en savait beaucoup trop sur ce qu’elle tramait. Elle avait eut peur d’être découverte, alors elle avait voulu couvrir ses traces.
J’étais l’une de ces traces.
Mais Léonie, Danny et Callie étaient venus me chercher (pourquoi Callie était venu, ça demeurait pour moi un mystère). Si Léna s’était enfui, Léonie avait réussi à tuer son complice, Tobias, in extremis, le bras cassé, et debout sur une bordure. Un faux mouvement, et elle était précipitée dans la Loire. C’était peut-être à cause de ça qu’elle n’arrivait pas à être heureuse, sur la photo. Elle ne s’était pas remise de ce qu’elle avait fait.
-Dit moi qu’on s’y habitue, m’avait-t-elle supplié juste après la mort de Tobias.
Que ça passe un jour…
J’avais été incapable de lui dire ça.
Et depuis, une culpabilité sans nom me ronger les entrailles dés que je pensais à elle.
Plus que Lucas, ça avait été Léonie le symbole de mon trimestre pourri, parce qu’elle était peut-être la seule personne à avoir souffert autant que moi.
Voilà pourquoi j’avais autant de mal à regarder sa photo.
-Elle est sympa, répondis-je prudemment à Charlie en shootant dans un cailloux.
-Assez sympa pour que tu t’y intéresses ? s’extasia (inutilement) mon ami d’enfance avec son sourire.
Je levai les yeux au ciel.
-Non, elle risque d’avoir un copain dans les prochains jours, répliquai-je.
Elle s’était rapidement rapprocher de Lucas, et de Danny. Si je pouvais croire que sa relation avec Lucas était purement platonique, j’avais des doutes concernant Danny (même si vers la fin du trimestre, leur relation était devenue assez tendue pour que je m’inquiète pour la vie de ma seule alliée).
-Tonio ! gronda Charlie en me lançant un regard démesurément sérieux à travers ses lunettes. Combien de fois il faut que je le répète, le copain, c’est loin d’être un problème …
-Charlie !
Il grommela, et quitta la page de Léonie pour continuer son petit tour. Ce fut vite fait, parce que nous étions une petite classe d’à peine quinze élèves, dont une petite moitié de fille. Quand il eut fini, il me rendis mon téléphone avec un sourire moqueur. Je le rempochai, et il sauta du muret pour le suivre jusque chez moi. Il me raconta comment ça c’était fini avec son ex copine, Mélissa (ou Lisa ? Je ne savais déjà plus), et me fis un topo sur celle qu’il visait pour la remplacer. Je restai relativement silencieux, faisait deux ou trop commentaires bien placés qui lui clouaient le bec (ça lui faisait le plus grand bien !). je m’arrêtai devant mon immeuble, et mit une main sur la poignée. La nuit était tombée, mais la pénombre avant du mal à masquer le regard de Charlie sur la rue, mélange d’envie et d’amertume. Après mon départ pour Sappho, il avait réussis à se faire virer de collège en piratant plusieurs fois le serveur, et ça avait été le retour au neuf-trois pour lui. il disait qu’il était heureux de retrouver sa famille mais je voyais qu’il arrivait que les beaux quartiers lui manque. Ce pourquoi il venait souvent me voir, je supposai. Mais il eut un nouveau grand sourire, et me présenta sa main pour que j’y tape avec entrain avant de cogner mon poing contre le sien.
-Check, man, on se revoit aux prochaines vacances.
-No problem, souris-je avec moquerie. Evite de te faire virer du lycée entre temps.
Charlie eut un autre grand sourire.
-T’inquiète, deuxième de classe, mec, je suis un intello parmi les rejetés !
Puis il reprit un air très sérieux, un air comme Charlie ne faisait normalement jamais.
-Et toi, si tu as encore des problèmes de mail chelou, tu m’appelles dans la seconde.
Mon ventre se tordit douloureusement. Dans le fond (très au fond, enfui sous des tonnes de désespoir et d’embarras) j’aimais beaucoup Charlie : il m’avait été serviable et salutaire. Mais j’espérai ne pas avoir à « l’appeler dans la seconde ».
-Normalement c’est fini, lui assurai-je néanmoins. Mais tu seras le premier prévenu.
-Y’a intérêt, grommela-t-il en commençant à se détourner. Bon retour dans ta province !
-Bon retour dans ta Cité !
-Va voir ta mère ! rétorqua-t-il.
Charlie me fit un dernier signe et partie en sifflotant le début du dessin animé
Robin des Bois, la partie instrumentale du générique qui restait des plombes dans la têtes
(Parce que je suis une fille sadique : https://www.youtube.com/watch?v=GjDD5ImYAwk ). Je le regardai s’enfoncer dans la nuit avec un petit sourire avant de rentrer à l’appartement. Mes parents étaient rentrés, entre temps, et parlaient dans le bureau. je me glissai dans ma chambre, et rangeai un peu mon bazar, assez pour que je n’ait pas à me sentir gêné, mais pas assez pour que Lucas propose ma chambre à nos hôtes. C’était quelque chose à laquelle je n’étais pas prêt psychologiquement : accueillir Danny et Léonie chez moi. Même si mes relations avec Danny s’étaient apaisées après mon enlèvement, sa réaction vis à vis de Gretel m’avait fait bondir, et me relever toujours le cœur. Il l’avait simplement laissé partir, après tout ce qu’elle avait fait. Sans punition, rien. j’avais eu besoin de Lucas me le dise deux ou trois fois avant d’assimiler cette information, et j’avais eu besoin de toute ma volonté pour ne pas aller étrangler Danny. Mais Lucas m’en avait empêché avec une carte imparable. Léonie se serait interposée. Avant, elle n’aurait pas été si imparable. Mais depuis la mort de Tobias, si. Maintenant que j’y pensais, Léonie était sans doute devenue sans le savoir le meilleur barrage entre Danny et moi : Danny avait failli lui embrocher le pied avant les vacances, et il avait une peur panique à l’idée de refaire un truc pareil, ce qui faisait qu’elle était pour lui intouchable. Je ne dirais pas qu’elle était intouchable pour moi. Enfin, je voulais dire, je ne lui voulais pas de mal à Birdy. Mais comme je le disais, à l’idée de la voir, la culpabilité me tordait le ventre. Je pensais qu’actuellement, Danny et moi préférions enterrer la hache de guerre plutôt que Léonie s’en mêle, et Lucas comptait bien sur cet argument là pour éviter les clashs.
-Antoine ?
Quelques coups furent toqué à ma porte simultanément, et ma mère passa sa tête dans l’entrebâillement. C’était une belle femme, grande et souriante. Elle avait un jean, ce qui était rare chez elle, et ses cheveux blonds étaient grossièrement attachés sur sa tête. Si elle était assez négligée, c’était parce qu’elle avait passé la journée dans sa galerie d’art contemporain, à disposer les œuvres du prochain vernissage qu’elle organisait.
-Bonne initiative, se moqua-t-elle en remarquant mon rangement. Lucas va sans doute céder sa chambre à Danny, vous dormirez ensemble. Ça ne te dérange pas ?
Je levai les yeux au ciel. Je retins in extremis le commentaire sarcastique qui me venait naturellement. S’il y avait bien une personne avec laquelle j’étais incapable d’être cynique, c’était ma mère.
-Non, maman, c’est Lucas, évidemment que ça ne me dérange pas, répondis-je plus sobrement.
Elle sourit doucement en entrant dans ma chambre à pas feutré. Des boucles blondes dansaient librement autour de son visage. Boucles dont Lucas et moi avions hérités.
-Vous êtes sûr de vouloir retourner à Sappho ? demanda-t-elle pour la centième fois des vacances.
Je vis un éclaire d’inquiétude typiquement maternel traversait ses yeux verts. Et même si je comprenais cette inquiétude, je ne pouvais empêcher l’agacement de me prendre à la gorge. Ma mère n’était pas idiote, loin s’en faut. Comme on était jeune quand on avait été à Sappho, l’administration l’avait mise au courant de notre condition d’enfant de Gaia, et du système de cosmos avec la dualité Gaia-Hélios. L’idée qu’on soit à Sappho, certes une bonne école, mais aussi un camp d’entrainement, l’avait toujours relativement angoissé. Mais depuis que Lucas était tombé quelque semaines dans le coma, c’était cent fois pire (et encore j’avais réussis à convaincre la directrice de ne rien dire sur ce qui s’était passé dans l’appartement Orléanais). Toujours était-il que quand on était renté, Lucas affaiblis après des semaines de sommeil, et moi accablé après la trahison de Gretel, elle s’était mise dans la tête de nous convaincre de quitter Sappho. Nous y avions assez été pendant sept ans, on pouvait bien passé notre bac dans un lycée Parisien. Mais nous avions refusé en bloc, et elle avait cédé, même si elle remettait le sujet sur la table dés qu’elle le pouvait.
-Oui, maman, répliquai-je peut-être un peu trop sèchement. On est sûr.
Elle ne répondit rien, mais je vis ses épaules s’affaisser, et ses yeux me dévisager. Elle était très intuitive. Elle savait qu’il s’était passé quelque chose ce semestre que je ne voulais pas lui dire. Elle avait essayé de tirer les vers du nez de Lucas, mais mon frère était bien trop loyal à mon égard pour laisser filtrer la moindre information. Les yeux de ma mère glissèrent de mon visage, et firent le tour de la pièce en fronçant du nez.
-Tu n’as toujours pas allumé ton ordinateur, remarqua-t-elle en passant un doigt sur l’engin qui avait pris la poussière sur mon bureau. il a un problème ? Tu veux qu’on aille le réparer pendant que tu sera …
-Non, maman, la coupai-je en levant les yeux au ciel. T’en fais pas, c’est juste que je squatte celui de Lucky.
Elle haussa les épaules.
-Comme tu veux. Mais dépêcher toi de ranger ta chambre, Lucas m’a dit qu’il n’allaient pas tardé.
Elle me tapota l’épaule, et sortit de ma chambre avec un sourire. je soupirai et mes yeux se posèrent sur l’ordinateur. Je n’étais pas réellement geek, mais il était vrai que je passai plus de temps sur mon ordinateur et ma PSP que n’importe quel humain lambda – bien plus que Lucas et Chloé réunis, en fait. Alors voir que j’utilisais l’ordinateur de mon frère avait fait bondir mes parents et Lucas, et je n’avais jamais eu le courage de leur révéler les vraies raisons, pas même à Lucas. L’appréhension me tordit me ventre, et je dégageai la poussière qui s’était accumulé sur mon ordinateur avant de relever l’écran. L’écran était noir et le reflet de mon visage me fit presque sursauté. J’avais crains un instant que l’ordinateur soit allumé. Mes doigts hésitèrent sur les touches, et glissèrent jusqu’au bouton « allumé ». Je l’effleurai et rester un instant dessus sans appuyer.
-Je suis ridicule, grondai-je doucement en appuyant résolument sur le bouton.
L’ordinateur trembla sous ma main, et l’écran s’éclaira soudainement. Mon cœur battit la chamade, jusqu’au moment où mon écran d’accueil apparut. Mon cœur manqua un battement. Ça faisait deux semaines que je ne l’avais pas ouvert. Pas depuis mon départ de Sappho. J’avais oublié quel était mon fond d’écran. Une photo de moi, et de Gretel, l’été dernier. Mon sourire me transperça de part en part, et je refermai brutalement mon ordinateur avec un « clac » sonore.
D’accord. Si je pouvais éviter d’être confronté à Gretel, je voulais bien être ridicule.
Ma mâchoire se contracta, et je sentis mes doigts fourmillés. Je posai mes mains à plat sur mon bureau. Pendant une fraction de seconde, il ne se passa rien, puis les molécule cédèrent une à une, et chutèrent, emportées la gravité, et bois s’affaissa sous les paumes. Ma vue se troubla un instant, mais mes épaules se détendirent et un poids s’envola de mon estomac. Je soupirai, et retirai mes mains pour voir les marques que j’avais créées sur mon bureau. Je m’affaissai sur ma chaise, usée, psychologiquement et physiquement. J’avais vécu des semaines dans la peur de recevoir des mails. Maintenant, j’avais peur de Gretel. Le ressentiment monta en moi, et mes doigts fourmillèrent à nouveau, et je fermai les poings. Si j’usai encore une fois de mon pouvoir inopinément, je n’allais pas dormir de la nuit. J’évacuai tout l’air de mes poumons pour me détendre, et passai un doigts sur mes marques, attirant à moi les molécules affaissaient. Les faire chuter était facile, elles suivaient la gravité. Réparer mes conneries, c’était plus difficile – mais c’était pour ça que je le faisais. J’avais fait disparaître ma première marque quand deux sonneries brèves fendirent le silence. Ma bouche se tordit, et je sortis mon téléphone. Un message de Lucas.
«
On va avoir du retard, avec Chloé … et Dan viens de me dire qu’ils vont arrivés bientôt. Je suis désolé désolé désolé, mais tu vas devoir leurs ouvrir ☺ sois gentil !! »
Je lus deux ou trois fois le message avant de laisser aller mon front contre la table.
Il déconnait ?
Evidemment, ce fut à cet instant que j’entendis une voiture s’arrêter dans ma rue. Je me levai de ma chaise et ouvrit la fenêtre pour regarder à l’extérieur. Une Clio rouge était garée devant l’immeuble, et un grand brun sortit de la porte conducteur. Quand il ouvrit sa porte, la lumière s’alluma dans la voiture et éclaira le visage de la passagère. Je m’attendais à avoir un coup au ventre, et à une vague de culpabilité, mais je sentis naitre un sourire ironique sur mes lèvres.
-Bienvenue à Paris, Birdy.
Voilà !! Donc je vous rassure tout de suite : le Tome 2 sera une alternances des deux points de vues, celui d'Antoine et celui de Léonie, donc Léo sera toujours là, et Antoine aura son mot à dire
Je remet le générique de Robin des bois, parce que c'est un des Disney les plus cool, et parce qu'un mec arrêtait pas de passer devant ma classe en sifflant ça >< https://www.youtube.com/watch?v=GjDD5ImYAwk
Je sais que le chapitre est bancale parce qu'il y a beaucoup de rappel ... Et qu'au début, j'ai un peu de ma à me mettre dans la peau d'Antoine, donc n'hésitez pas à me faire vos remarques !
DONC OUBLIEZ PAS LES COMMENTAIRES, S'IL VOUS PLAIT 
(Premier tome et premier chapitre)
Bisous !
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