The Ouroboros Project [Terminé]

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Elsa-Vercellino

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Re: The Ouroboros Project

Message par Elsa-Vercellino »

@Vamp: Charlie arrive, no problemo! (aa)

Charlie A. Gavaris & Jo Gavaris
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18 ANS/3 MOIS ♦ GN/CHIEN ♦ AMBASSADRICE DE TOLBAR ♦ MEMBRE DU CONSEIL DES 9/CHIOT DU CONSEIL DES 9

Certes, j'avais du piocher dans mes réserves personnelles pour payer le trajet jusqu'à Lighem. Certes, j'avais du m'habiller de la manière la plus discrète qu'il soit pour éviter d'être remarquée par d'autres passagers ou par les caméras de surveillance que possédaient certainement toutes les voies de transport qui menaient à la capitale. Certes, j'avais du plus ou moins filer quelques billets au gardien de la navette, pour autoriser mon pauvre petit Jo à me suivre dans mes péripéties. Je n'avais plus qu'à espérer que ledit gardien de navette n'irait pas me balancer par la suite, je ne tenais pas à voir une assemblée de journalistes pour m'accueillir à la gare Sud de Lighem, non merci. Un rapide coup d’œil à la fenêtre me permit de remarquer le changement de paysage: quand les territoires de Tolbar étaient à 80 % occupés par la nature, vide - presque totalement - de toutes traces humaines, les maisons, les villages et les villes se faisaient de plus en plus nombreux au fur et à mesure que nous approchions de la capitale d'Ouroboros. J'avais toujours bien kiffé cette ville, ses grands immeubles, les rues bondées à toute heure de la journée, les millions de magasins qui s'ouvraient à toute heure, bref l'activité effrénée de ce genre d'endroit. Cela n'était pas la tasse de thé de tout le monde, je pouvais le comprendre et je n'étais moi-même pas même sûre de pouvoir vivre dans une ville aussi énorme que Lighem (mes capacités d'orientation ne sont pas super développées, je dois avouer) à temps plein, je manquerai certainement trop le côté paisible et enfantin de Bergham.

« Wif! » s'exclama soudainement Jo, dont le bout du museau dépassait tout juste du col de mon manteau.

« Chuuut. Oui, on est bientôt arrivé, t'inquiètes! » je lui murmurais en retour, recevant un drôle de regard de la part d'une dame qui était assise plus loin dans l'allée.

Et j'avais raison, puisque la voix robotique d'une I.A annonça l'arrivée prochaine dans la gare Sud de la capitale d'Ouroboros. Je n'avais pas cru que le trajet pourrait mettre autant de temps, réalisais-je en jetant un coup d’œil à ma montre, qui indiquait déjà vingt-trois heures. Delphine et Colton étaient sans doute arrivés à l'appartement du président d'Ouroboros depuis quelques heures déjà, ils avaient peut-être même fini de dîner depuis longtemps. Mon ventre gargouilla bruyamment à cette pensée, et deux secondes plus tard, je percevais le même gargouillement dans l'estomac de Jo. Peut-être pas le meilleur plan, de voler l'adresse d'Alexandre Knight et de m'envoler dans la première navette en correspondance avec Lighem, surtout avec un chiot en bas-âge et deux ventres vides depuis midi. Avec un peu de chance, Colton n'aurait pas dévoré tous les plats mis à disposition par leurs hôtes, et je pourrais grignoter quelques trucs une fois là-bas. Enfin, dans l'hypothèse où je réussissais à m'incruster dans leur soirée telle la Charlie Gavaris que j'étais. Qui était assez sot pour "oublier" d'inviter l'Ambassadrice officielle du Comté de Tolbar, surtout quand cette même personne n'oubliait surtout pas d'inviter un certain G.B.F (Gay Best Friend) de ma connaissance à son dîner?

Nous quittâmes la navette assez discrètement, et je marchais au hasard dans les rues illuminées de la capitale pendant quelques minutes, avant qu'un taxi apparemment vide n'attire mon attention. Je faisais un signe de main au chauffeur, avant d'embarquer sur la banquette arrière et de lui donner l'adresse du bâtiment de l'appartement tant recherché. Le trajet ne fut pas très long, mais j'eus tout de même le temps d'apprendre que le chauffeur se nommait Jack, qu'il avait deux petits garçons de trois et quatre ans qui l'attendaient à la maison, et qu'il était un GN habitant à Lighem depuis une dizaine d'années déjà, qu'il adorait se balader la nuit dans la cité, avec toutes ces lumières et enseignes brillants de mille feux. Bref, ce fut un trajet fort sympathique, et malgré les protocoles de protection que Rachel nous encourageaient souvent de suivre, je laissais mon numéro à Jack, lui faisant promettre de venir me chercher le lendemain pour le trajet inverse jusqu'à la gare. Et ouais, moi je suis capable de prévoir quelques plans à l'avance aussi, il n'y a pas que Colton et Rachel qui sont des tarés de l'organisation, nanmého! Enfin, pas que je sois une tarée de l'organisation, mais j'aime bien être préparée à l'avance, quand même!


« Charlie Gavaris, je voudrais accéder à l'appartement d'Alexandre Knight, s'il vous plaît. » demandais-je avec assurance dans l'interphone.

« Mme.Gavaris? Je ne pensais que Mr.Knight s'attendait à vous recev... » commença la voix du gardien de l'autre côté du mur, probablement.

« Changement de plan. Et je vous conseille d'ouvrir cette porte, si vous voulez éviter un incident diplomatique majeur avec Tolbar, voilà merci d'avance! » j'expliquais simplement avec ma voix la plus innocente du monde.

Le gardien ne prit pas la peine de répondre à mon petit chantage - bon j'avoue, je ne la jouais pas super fairplay ce soir, mais j'avais faim! - mais j'entendis bien vite le petit grésillement qui indiquait que la porte était maintenant ouverte. Le chemin jusqu'à l'appartement (qui se trouvait au cinquième étage, pfiou!) ne fut pas très long, et bientôt je me retrouvais devant la porte d'entrée (*** celle qui mène au petit salon du début, remember? ***). J'imagine que je n'ai plus qu'à sonner, pas vrai? Jo marchait maintenant à quatre pattes à côté de moi, et je lui demandais son avis avant qu'il ne donne son approbation d'un petit jappement enthousiaste, sa queue battant de gauche à droite frénétiquement sous l'effet de l'excitation. Well, je n'avais plus qu'à espérer que Delphine et Colton ne m'assassinerait pas pour cette auto-invitation, et qu'il y aurait encore suffisamment de nourriture pour remplir nos deux pauvres petits estomacs vides. J'appuyais sur la sonnette, puis j'attendais. Une seconde, deux secondes, trois secondes, quatre secondes, puis...
vampiredelivres

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Re: The Ouroboros Project

Message par vampiredelivres »

J'adore ! :mrgreen:
Elsa, du coup, on attend la magnifique entrée en scène de Charlie... ça promet ! :lol:


Igor
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Pour une fois, je me réveille avec une chanson en tête. Bon, pas forcément le genre de musique que tout le monde écouterait... et Alex se f*ut déjà de moi, alors qu'il doit être un peu plus de huit heures du matin, mains bref. J'ai du Elvis Presley dans le crâne. Can't help falling in love.
La journée promet... soupire Alex.
Toi, la ferme.
Les rideaux sont tirés, dans la pièce. Une manière comme une autre de conserver la chaleur à l'intérieur de ce bâtiment - quoi qu'avec moi à côté, je ne pense pas que ce soit très effectif - mais aussi d'avoir une nuit tranquille. Je déteste dormir à la lumière. Quoique... dormir...
La feeeeeeeeeeeeeeeerme... gémit mon frère.
Je ne peux pas m'empêcher d'esquisser un sourire. Il va falloir que je n'y pense pas. Difficile. Mais faisable.
Je ne promets rien si je croise Madeleine, par contre, je préviens tout de suite.
J'avais compris. Maintenant, mode boulot activé. Sinon tu vas être insupportable.
Par habitude, je tends la main vers l'interrupteur. Le bouton émet un clic sonore en basculant, mais rien ne se passe. Je hausse un sourcil. Il fait un noir d'encre dans la pièce. Je me lève, et, à tâtons, avance jusqu'au mur pour écarter les rideaux. Au passage, je bute dans une pile de vêtements. Sourire narquois aux lèvres, je les contourne, tire les rideaux sur le côté. La lumière blanche étincelante, reflétée par la neige des montagnes, pénètre immédiatement dans la pièce, m'aveuglant sur le coup. Je cille plusieurs fois pour chasser les points blancs dans ma vision, jette un regard dehors. Il fait beau. Pas de tempête, pour une fois. Remarque, mon humeur pourrait bien y être pour quelque chose.
Dix minutes et une douche plus tard, je suis dans le couloir, décidé à en découdre avec la journée. C'est incroyable de voir qu'une bonne nuit peut changer mon état d'esprit du tout au tout.
Pour peu, je dirais presque que tu es optimiste...
Abuse pas non plus. Tu as vu la pile de dossiers sur ton bureau ?
Euh... Quelle pile de dossiers ?

Soupir.
Mais, au même moment, une jolie plante en pot se métamorphose sous mon nez en humain d'une trentaine d'années, immédiatement au garde-à-vous. Pas de signe distinctif, à priori. Mais le fait qu'il soit là ce matin est déjà une marque.
- Radcliffe. Epsilon, monsieur, lâche-t-il avant même que je ne l'interroge.
Les escadrons sont grecs. Et les membres, anonymes. Alex leur a tous donné des noms d'acteurs et actrices, ou de personnages folkloriques, célèbres. L'une des femmes de l'escadron Oméga s'appelle Baba Yaga. Dans son cas, ce n'est presque pas métaphorique.
- L'intrus est au laboratoire, comme vous l'avez demandé. Et il y a eu une panne de générateurs ce matin.
- Laissez-moi deviner... Le gel ?
- Oui monsieur.
Son regard ne trahit absolument aucune émotion, toujours fixé dans le mien. Franc et honnête. Les Ithangenis que nous recrutons ont au moins ces valeurs. Comme Alex les sélectionne par entretien mental sous forme animale, ils ne peuvent rien lui cacher. Au moins, nous savons tous les deux que leur loyauté nous est acquise.
Alex ? Tu as un visuel sur Snow ?
Il est avec Lupa à Generis
, réplique-t-il, se prenant au jeu de ses Loups.
Je manque de rouler des yeux.
- Mademoiselle Knight les a remis en fonction il y a peu.
Elle m'a devancé. Comme souvent.
Je prends le temps de réfléchir. Traiter des informations sensibles dix minutes après mon réveil... je peux, mais ce n'est pas la priorité en général. J'aime bien bosser après avoir fait un tour dehors, au minimum.
- D'accord... Autre chose ? je finis par interroger.
- Non, monsieur. La relève est dans deux heures.
Je hoche la tête. Inutile de lui dire que je n'ai pas besoin de garde rapprochée. Au mieux, il s'en moquerait totalement, au pire, il le prendrait mal. Le devoir avant tout. Et son devoir à lui est d'être mon ombre, jusqu'à la prochaine relève. Presque littéralement.
Alors que je me remets en marche, il se métamorphose à nouveau, en loup, cette fois-ci. La ressemblance avec Snow est volontairement frappante. Je suis censé être suivi de mon loup partout. La vérité est que, si je n'ai pas mon vrai loup sous la main, j'en ai au moins deux autres pour faire comme si.
Tyroph

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Re: The Ouroboros Project

Message par Tyroph »

Bon, la scène de Madeleine se passe le lendemain, mais Colton et Alexandre n'avaient pas fait leur petite balade, alors si ça vous dérange dites moi, sinon je me permets un petit retour dans la soirée. :D

Alexandre :


Je claquai la porte, tout excité.
- Je sais où on va aller, suis moi.
Descendant par l'escalier secondaire pour plus de discrétion, Colton sur les talons, nous sortîmes sur la rue. La fraîcheur du temps ne me dérangea pas, et devant la ville encore dynamique à cette heure là, je me mis à fixer les enseignes tout en continuant à avancer, l'invitant à me suivre.
- Je vais changer d'apparence pour plus de discrétion, t'inquiète pas.
Aaahh...oui. Au fait. Je suis semi-ithangenis. J'avais oublié cette petite précision peu connue de mon entourage. Je ne voulais pas voir sa réaction, et partis en courant en direction de la grande place de Lighem.
Arrivé au pied de la grande tour qui surplombait la ville, je l'attendis quelques instants, puis sortis mon pass magnétique et le faisant doucement rouler sur son bras. J'ouvris la porte de ladite tour en un claquement.
- Si Monsieur veut bien se donner la peine.
Derrière cette galanterie, se cachait une envie d'apprécier mon invité d'un autre regard, me trouvant ainsi derrière lui. Nous prîmes l'ascenseur jusqu'au sommet. Monter les quelques dizaines d'étages de la deuxième plus haute tour de Lighem prit quelques dizaines de secondes, tout juste assez de temps pour me coller à lui dans cette pièce si étroite, de manière plus que suggestive. Après tout, c'est lui qui avait demandé à sortir. Mon coeur commençait à accélérer dangereusement.
Une fois sur le toit, je lui expliquai ce que nous étions venus faire ici.
- Il y a quelques années, quand Zarkov m'a exposé le souhait de cette tour, j'y ai fait installer une ligne de transport plutot spéciale et plus ou moins illégale, qui te donne accès à n'importe quel endroit de la ville. Comme tu le sais, les objets volants sont arrêtés par des barrières magnétiques au-dessus des propriétés, et bien, cette capsule transparente sur laquelle je suis adossée passe outre.
Demande moi ce que tu veux, nous pouvons aller n'importe où dans la ville, allant du musée d'histoire, ou de la dernière boite de nuit, jusqu'au sommet de l'Aiguille. Ce soir, tes désirs, mêmes illégaux sont des ordres.
Elsa-Vercellino

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Re: The Ouroboros Project

Message par Elsa-Vercellino »

vampiredelivres a écrit :J'adore ! :mrgreen:
Elsa, du coup, on attend la magnifique entrée en scène de Charlie... ça promet ! :lol:
@Vamp: Mais euuuuuh, je vais pas rentrer toute seule, faut que tu viennes m'ouvrir la porte! X)

@Tout le monde: J'attendais d'avoir toutes les réponses pour faire un bloc des trois, je réponds ce soir je pense! ^^
vampiredelivres

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Re: The Ouroboros Project

Message par vampiredelivres »

T'inquiète, Flamb, je m'en charge... demain ^^
vampiredelivres

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Re: The Ouroboros Project

Message par vampiredelivres »

Alexey
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Suivre Charlie tout au long de sa progression jusqu'à l'appartement d'Alexandre s'avère être beaucoup plus amusant que d'écouter les délires politiques fatigants de mes compagnons de soirée. Surtout du point de vue de Jo. J'évite de trop rentrer dans ses sentiments pour ne pas lui emmêler les pinceaux entre sa véritable nature et mes émotions à moi - ce qui arrive de temps à autre - mais j'observe l'ensemble du trajet à travers ses yeux. Et je suis heureux de voir que, pour une fois, je n'ai pas gaffé. Primo parce que Jo et Charlie s'entendent divinement bien, secundo parce que ce chiot méritait vraiment quelqu'un de bien, et que Charlie est la personne tout indiquée pour ça, et tertio parce que Charlie avait décidément besoin de compagnie. Ils sont parfaits l'un pour l'autre.
À défaut de faire une carrière brillante en politique, j'aurai au moins assuré ça.
Mais, au moment où ils arrivent face aux I.A.s d'Alexandre, je sens que les choses risquent de se corser. En plus, Alex-bis vient tout juste de partir en vadrouille avec Colton Gavaris - chouette type - et donc risque de ne pas pouvoir la faire entrer. Aussi, je me décide à avancer vers la grande porte du salon, par laquelle Igor et Madeleine ont disparu il y a moins d'une demi-heure - dieu merci, pour une fois, il n'y aura pas de scène diplomatique - et l'ouvre à la volée.
- Charlie ! je m'exclame avec un sourire, montrant du même coup que je sais qu'elle venait depuis un petit moment. Ça va ?
Avant qu'elle ne puisse me répondre, ce satané chiot - que j'adore, ne vous détrompez pas - me saute au visage et me couvre de léchouilles toutes baveuses. Je le soulève en riant, le maintiens loin de ma tête, le temps qu'il se calme un peu.
- Mais j'y pense, vous devez avoir faim tous les deux ? Venez tout de suite !
Le chiot toujours dans mes bras, j'entraîne Charlie vers la salle à manger, m'installe à côté d'elle, et appelle une I.A..
- Monsieur, je ne suis pas certain que...
- Vous n'allez quand même pas laisser une pauvre demoiselle mourir de faim en plein milieu de l'appartement du nouveau Président, voyons ! Et une émissaire de Tolbar, en plus ! Vous imaginez un peu le scandale ?
Ben quoi ? J'ai quand même révisé un minimum mes cours de diplomatie !
- Monsieur, elle ne peut mourir en une nuit seulement de privation de nourriture, répond l'I.A., très professionnel tout d'un coup.
Merci bien, je suis au courant ! Je suis biologiste, quand même !
- Ce n'est absolument pas une raison... Allez, au boulot !
Bon, je doute qu'Alex-bis apprécie que je parle ainsi à ses serviteurs... mais il n'avait qu'à désactiver le mode "Protocolaire puissance dix mille"...
- Fais pas attention à eux... de toute façon, ils ont cuisiné pour la moitié de la population de Lighem... je lâche avec un sourire pour Charlie.
Je m'assois à côté d'elle, me ressers encore une fois - ventre à pattes, moi ? bien sûr que non ! - et marmotte entre deux bouchées :
- Paraît que tu n'étais pas invitée... qu'est-ce qui t'a fait venir ? Pas que je désapprouve, hein ! Ils sont ennuyeux à mourir, ici...
Elsa-Vercellino

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Re: The Ouroboros Project

Message par Elsa-Vercellino »

@Tout le monde: Me voilà enfin! :3 J'adore vos posts, ils sont tous différents et les réactions de mes personnages risquent d'être très différentes aussi. B) On va passer de froid-chaud bouillant à léger à sarcastique, à fun ça va être marrant! *-*

Delphine A. Gavaris
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17 ANS ♦ GN ♦ GOUVERNEURE DE TOLBAR ♦ MEMBRE DU CONSEIL DES 9

Le flirt. La drague, comme on pouvait dire familièrement dans l'ancien monde. C'était exactement le comportement qu'avait Judith en ce moment-même. Et c'est seulement à ce moment-là que je semblais réaliser plusieurs choses: Judith était belle et prédatrice, et elle le savait. Judith était plus âgée que moi, sans doute d'une petite dizaine d'années et elle avait beaucoup d'expériences que moi. Judith m'avait piégé (ou plutôt, je m'étais piégée moi-même, mais passons sur les détails) dans un coin du balcon, et j'étais maintenant complètement coincée et presque obligée d'accepter n'importe quelle avance qu'elle pourrait faire dans les prochaines minutes. Judith était en parfait contrôle, alors que j'étais sans doute entrain de trembler et peinais à tenir sur mes deux jambes, malgré la palissade du balcon qui me servait de support peu confortable dans mon dos. Comme en réponse à mes pensées, la jeune femme plaça ses mains autour de moi, supprimant quasiment totalement la distance qui existait jusqu'alors entre nos corps légèrement refroidis par les températures de cette fin d'hiver à Lighem. L'odeur de la cigarette terrienne qu'elle avait sorti de sa poche, puis allumé d'un mouvement rapide, me piquait légèrement le nez. Le rougeoiement des cendres au bout de ladite cigarette était une source de lumière presque douce en comparaison aux lumières blanches et agressives des lampadaires et autres néons de la capitale d'Ouroboros.

Ses doigts vinrent bientôt trouver ma mâchoire, que je n'osais pas desserrer de peur de briser le moment, ou au contraire de peur d'accélérer les choses encore plus. Pas croyable, j'étais la Gouverneure de Tolbar et voilà que j'étais incapable même de prendre une simple décision: je continue ce petit jeu avec Judith, ou je la repousse et retourne dans la salle pour trouver Colton et me mettre à l'abri avec mon frère? Ma curiosité naturelle me poussait naturellement à rester, et à découvrir ce que la Knight comptait faire avec moi pour le reste de la soirée, tandis qu'une peur que je ne ressentais que rarement, une peur émotionnelle me tourmentait dans un coin de ma tête. Ses lèvres frôlèrent ensuite la place que ses doigts avaient occupé quelques secondes auparavant, et un frisson me traversa l'échine: mes paupières se refermèrent sans que je puisse contrôler le mécanisme. "Est-ce que l'on te dit à quel point tu es belle ?" elle murmure alors que j'ai toujours les yeux fermés. Oui, mes frères et sœurs, parfois avec un ton moqueur ou parfois sincèrement. Parfois les gens du peuple, qui se réjouissent d'avoir une Gouverneure aussi jeune et ouverte avec les GNs. Mais autant dire qu'aucune de ces situations ne me faisaient vraiment le même effet. Je décidai toutefois de ne pas lui donner de réponse immédiate, et je me contentais d'inspirer profondément en tentant de ralentir le rythme erratique de mon cœur, prisonnier derrière les os de ma cage thoracique.

Et soudainement, le moment se brisa.

"Est-ce que l’on te dit à quel point la politique est une affaire de sexe et d’instinct ? Bien plus que de calcul et de justice ?... Bien sûr que non… Je me trompe ?" dit-elle soudainement, se reculant d'un mouvement vif, mon esprit enregistrant à peine ses paroles sur le moment. Non non non, gémit tristement une voix dans un coin de mon esprit, pourquoi toujours en revenir à la politique? Ma vie n'avait que ce but, et ce depuis mon plus jeune âge, depuis notre arrivée à l'Académie de Tolbar. Nos études: politique. Notre métier: politique. Ma famille: politique. L'amour de mon peuple: politique. Mon lieu de vie, ou encore de voyages: politique. Et je réalisais doucement, surprise de ne pas l'avoir remarqué plus tôt; mon intérêt amoureux: politique. Je n'avais jamais eu l'occasion de rencontrer des gens de mon âge, sans arrière-pensée lors d'une conversation. Les seules personnes avec lesquelles je pouvais être complètement honnête étaient mes frères et sœurs, et encore, nous étions de moins en moins proches depuis notre prise du pouvoir. Judith n'était pas différente, ne serait jamais différente de mes autres relations extra-Conseil des Neuf. Il y aurait toujours des secrets, des non-dits, les intérêts de nos peuples qui passeraient en premier. Ses yeux étaient maintenant plantés dans les miens, et alors que je les avais évité pendant quelques secondes d'égarement, je les rencontrais finalement avec un feu renouvelé.


Une vague de chaleur me traversa la tête alors qu'elle continuait à parler: une vague d'adrénaline, analysa tout de suite mon côté rationnel. Une vague d'excitation, conclue mon côté plus pulsionnel. Pourquoi étions-nous passées d'un... d'un quoi, rendez-vous bizarre sur un balcon à une leçon de politique? Je savais que la Knight avait plus d'expérience que moi dans le milieu, mais je n'irais pas jusqu'à dire que ses précédentes "prouesses" aient été si formidables que cela dans le passé. Nous n'en savions que peu sur le passé des Romanoff et des Knight, et leur arrivée au pouvoir aussi rapidement était également un mystère. Ils n'étaient pas si populaires avec le peuple, alors comment? Sans la mort de l'ancien président, Alexandre aurait pu attendre longtemps avant de monter sur le siège à sa place. Ils étaient tous entrain de jouer le jeu, d'organiser des bals ou des dîners mondains pour consolider des alliances, mais que faisaient-ils réellement? Au contraire, Igor ne sortait jamais de sa tanière et pourtant il était celui qui me paraissait être le plus apte à diriger son peuple. Les gens du Nord étaient froids et silencieux, et c'était exactement à ce schéma que le Romanoff correspondait. "Tu pourras hurler parce que je t’aurai fait jouir si fort que tu ne te rappelleras même plus de ton nom. Tu pourras hurler parce que tes frères et sœurs baigneront dans le sang de ton imprévoyance." continua Judith, avançant de plus en plus dans mon espace personnel, prenant de plus en plus de contrôle autour et sur moi.

"Je t’en prie… laisse-moi t’aider à faire le bon choix…" laissa-t-elle échapper, avant d'emmener mes mains engourdies par le froid juste en-dessous de sa p... non. Non, je décidais alors que ce qui ressemblait presque à de la colère s’immisçait maintenant dans mon cerveau. Comme une drogue foudroyante, la peur que j'éprouvais à l'idée de rencontrer à nouveau la brunette se transforma en une colère motrice, et le contrôle que j'avais si rapidement perdu au cours des dernières minutes revint au grand galop. Je pris comme une claque dans la figure, l'étrange brouillard d'excitation et de fumée de cigarette qui m'entourait jusqu'à maintenant disparaissant dans un coup de vent. Maintenant, la nuit dans Lighem ressemblait bien plus à une nuit d'hiver que je ne l'avais cru en arrivant sur le balcon et je fus prise d'un frisson qui me fit trembler des pieds à la tête - en passant par mes mains qui étaient toujours déposée au-dessus du ventre de Judith -, un frisson de froid et non d'excitation cette fois-ci.


« Non. » je laissais échapper dans un nuage de buée, à peine assez fort pour que cela soit audible, avant de le répéter. « Non. »

Ma voix était peut-être tremblante, mais elle était au moins assez forte et assez déterminée pour que je retrouve suffisamment de courage. Mon cœur battait toujours aussi vite, un mélange de panique, de colère, de tristesse, d'une excitation passée encore présente et je me redressais de la position où j'avais été accolée contre la palissade du balcon. Même complètement droite, j'étais plus petite que Judith: nos corps étaient maintenant collés l'un contre l'autre, pas forcément dans la manière qu'elle aurait sans doute imaginé en ce moment, mais plutôt comme une confrontation. Je ne voulais pas la confronter, réalisais-je avec tristesse alors que mes yeux devenaient de plus en plus brillants et qu'ils étaient toujours plongés dans les siens.

« Mes frères et sœurs ne baigneront pas dans leur sang tant que je serais en vie. Les savoirs de mes professeurs ont bien plus de validité que ce que tu peux me raconter. Et ne me dis pas que la politique est une affaire de sexe en premier lieu... » m'exclamais-je avant d'étouffer un sanglot de justesse, surprise par ma propre véhémence.

Mes mains étaient toujours plaquées contre elle, et je les utilisais pour la repousser en arrière, pas violemment mais avec force malgré tout. Si la brunette me respectait malgré ce qu'elle venait de me révéler, elle accepterait mon "non" et ne tenterait pas de revenir à la charge, ou du moins je l'espérais. C'est comme si je découvrais une nouvelle facette de Judith: elle m'avait apparue comme étant une femme forte, drôle, charmante même, indépendante par-dessus tout et j'avais vu son intérêt en moi, un intérêt autre que politique ou fraternel dans ses yeux dès notre première rencontre. Je m'étais agrippée à cet espoir de pouvoir développer notre relation actuelle en quelque chose de... mieux, de plus fort, quelque chose qui me changerait de ce que je recevais quotidiennement à Tolbar. Et voilà qu'un côté plus sombre, plus sanglant, plus dominateur m'était soudainement révélé alors que j'étais sans doute la plus vulnérable de nous deux en ce moment-même. J'attendis qu'elle recule suffisamment, que l'espace crée entre nous soit suffisant avant de reprendre la parole, ma voix cette fois-ci un peu moins brisée que précédemment.


« Je ne veux pas de ça, Judith. Je ne suis pas un jouet pour que tu t'amuses le temps d'une soirée, ou une gamine pour t'écouter donner ton avis sur la situation politique d'Ouroboros. » j'expliquais avec une sorte d'affection - je ne pouvais m'en empêcher - déçue, résignée. « J'ai dix-huit ans, tu sais? Je n'ai jamais eu l'occasion de... de développer des sentiments pour quelqu'un, ou une relation et... honnêtement, je ne voudrais pas que cela soit ma première. Je n'ai pas envie de développer des sentiments pour toi. »

Même si c'est peut-être déjà trop tard, réalisais-je alors qu'un pincement ne me traverse désagréablement le cœur. Il était peut-être trop tard pour m'éviter de souffrir en rejetant la Knight, mais il était peut-être suffisamment tôt pour éviter de tomber encore plus loin dans cette spirale. Je ne voulais pas lui donner de contrôle. Ou plutôt, je ne pouvais pas perdre le contrôle, pas maintenant. Les fichiers que j'avais reçu de la part de Beth Highway me revinrent à l'esprit, et je me demandais si Judith était vraiment connectée à tout cela. Quelle serait mon état si je découvrais qu'elle avait quelque chose à voir avec la mort de l'ancien président? Les accusations de la défunte Beth n'étaient pas suffisante pour accuser quelqu'un, et j'attendrais d'avoir des preuves plus concrètes de la part de Maya avant d'avancer quelconque accusation. Il y aurait forcément des vidéos surveillance de cette fameuse nuit de l'assassinat, le tout était maintenant de les retrouver, ce qui ne serait pas une mince affaire maintenant que la Highway était morte. Argh, pourquoi fallait-il toujours que toute cette situation soit aussi compliquée? Elle ne pouvait pas tout simplement prouvée tout ce qu'elle avait avancé dans son dossier et puis c'est tout. J'étais déjà chanceuse qu'elle nous ait confié son dossier en premier lieu, surtout seulement quelques heures avant sa mort. Il faudrait trouver comment elle était morte aussi... peut-être qu'une rencontre avec le nouveau président du Parti Fondamentaliste serait une bonne idée. Toutes ces réflexions m'avaient laissé silencieuse pendant quelques secondes, et je recroisai finalement le regard de Judith avec plus de calme que précédemment. Tout était plus simple, une fois que l'on avait fait un choix.

« Qu'est-ce qui t'es arrivée pour que tu deviennes si sombre? » ma voix brisant doucement le silence de la nuit.


@Flamby: Je suis désolée pour le changement de dynamique entre les deux, mais Delphine est en grande partie moi-même (enfin je veux dire, je ressemble toujours plus ou moins à mes personnages en général! :p) et je/elle n'accepterait pas ce genre de comportement. Elle est trop droite, trop juste et sans doute trop naïve et intelligente à la fois pour se laisser faire. Je pense qu'elle va voir Judith comme une mauvaise idée, et pour l'instant c'est le refus d'aller plus loin qui va primer! (aa) Sorry not sorry, mais je ne pense pas que les deux ont une même définition de ce que pourrait être leur relation, et tout le background avec les infos de Beth retiendrait Delphine de faire quoi que ce soit, de toute façon! X)
Elsa-Vercellino

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Re: The Ouroboros Project

Message par Elsa-Vercellino »

@Tout le monde: Allons-y pour le deuxième, ça risque d'être plus léger quand même! :3

Colton A. Gavaris
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18 ANS ♦ GN ♦ BRAS DROIT DE DEL ♦ MEMBRE DU CONSEIL DES 9

Une vague d'excitation me traversa des pieds à la tête alors qu'Alexandre m'entraînait derrière-lui vers la sortie de l'appartement. Apparemment, personne ne semblait se soucier avec trop de virulence de la sécurité du nouveau président d'Ouroboros, puisque aucun garde du corps ou autre personnel de sécurité ne fit mine de nous suivre en-dehors de l'appartement. Alexandre était certainement capable de se défendre tout seul, ou alors il était protégé constamment sans même que je puisse le savoir (j'étais certain qu'il serait possible d'engager des gardes du corps ninjas-invisibles pour nous accompagner le reste de la soirée, et si jamais quiconque tentait de faire du mal à mon compagnon, vous pouvez être certain que ce "quiconque" tâterait généreusement de mes poings de toute façon!).

Nous descendîmes par un escalier que je n'avais pas remarqué lorsque nous avions rejoint l'appartement du Knight tout à l'heure (sans doute pour plus de discrétion), avant de rejoindre la rue. Le fait d'être dehors, à cette heure de la nuit, dans un certain anonymat et de secret eut le don de faire monter l'adrénaline à un niveau supérieur dans mon organisme. Ce n'était pas plus mal, cela permit de me réchauffer quasiment instantanément malgré la fraîcheur (voire froideur) de cette nuit hivernale. Nous passâmes devant quelques enseignes lumineuses de magasins, et je ne pus m'empêcher de lancer des regards méfiants aux passants tardifs qui nous regardaient curieusement. Peut-être que le visage d'Alexandre était plus reconnaissable que je ne l'avais pensé au départ? Peut-être que sortir de l'appartement à la va-vite n'était pas une si bonne idée, si des dizaines de passants commençaient à se douter de son identité, voire à nous suivre.

Alors que je commençais à considérer la possibilité de retourner à l'appartement aussi vite que nous l'avions quitté, le jeune homme me rassura en disant qu'il changerait d'apparence pour plus de discrétion, ce qui était une très bonne idée de mon point de vue car... wait? changer d'apparence? What? Depuis quand Alexandre possédait ces pouvoirs? Je savais qu'il était GM, mais aux dernières nouvelles il n'avait pas ce genre de capacités. Et les seules autres créatures capables de changer d'apparence à volonté sur cette planète étaient les natifs qui l'avaient habité depuis bien plus longtemps que les humains. Les Ithangenis. Des dizaines de questions commencèrent à éclater comme des bulles de savon dans mon cerveau, mais le brun venait de partir en sprint devant moi, sans doute avec pour objectif d'échapper aux regards des autres passants. Mettant mes interrogations de côté pour le moment, je me mis à courir derrière-lui et rattrapai bien vite mon retard (c'est pratique, d'avoir des séances d'entraînements au combat, à la technique, à l'endurance tous les matins, pas vrai?). Nous courûmes quelques temps, avant d'arriver au pied d'une énorme tour. Sans doute la plus grosse et la plus haute de la ville, si vous voulez mon avis, et ce n'est pas peu dire sachant que nous étions dans la capitale d'Ouroboros!

Alexandre sortit prestement un pass magnétique avant de le faire passer sur mon bras: je le laissais faire, ne laissant pas échapper un soupçon d'étonnement: les GMs avaient eu le contrôle de la technologie depuis une dizaine d'années déjà, et l'utilisaient sans doute bien plus fréquemment que nous. La porte de la grande tour s'ouvrit enfin, et mon partenaire de la nuit poussa le battant de la porte avant de se décaler sur le côté, comme un vrai gentleman londonien de l'ancien monde. Je laissais échapper un rire sincère devant son comportement, qui me semblait contenir un mélange de ridicule et d'affection, avant de passer à l'intérieur du bâtiment et d'avancer tout droit dans l'entrée: c'était le seul chemin possible de toute façon.

Nous nous retrouvâmes ensuite dans un ascenseur, où le silence ne fut pas pour un soupçon pensant, loin de là! Au contraire, nous profitâmes de la montée pour être un petit peu plus... chaleureux que lors du dîner, si j'osais le dire ainsi, et cela ne manqua pas de faire éclater des dizaines de papillons dans mon ventre durant la montée. Le trajet ne se termina que trop rapidement, et bien vite nous sortions de l'ascenseur pour rejoindre le toit du bâtiment: je n'avais pas surévalué la taille de la tour, nous étions vraiment entrain de surplomber la capitale, que l'on observait s'étaler de tous les côtés. La vue était magnifique, sublimée par les lumières allumées partout dans Lighem, et sublimée par la présence d'Alexandre à mes côtés. Pendant quelques secondes, je me demandais quelle vue était la plus belle des deux, avant de me décider pour la seconde. Une voix moqueuse résonna dans un coin de ma tête: "t'es vraiment trop charmé par ce type Colton, calm down", ce par quoi je lui répondais pas un "shut up" mental.


« Tu penses que l'on aurait le droit de visiter un musée au milieu de la nuit? » je le questionnais en levant un sourcil interrogateur, oubliant le fait que sa ligne soit "plus ou moins illégale" selon ses termes. « Je ne connais pas vraiment Lighem. Qu'est-ce que tu aimerais me faire découvrir le plus? Quel est ton lieu préféré de la ville? »

Retrouvant un soupçon de courage, je parcourus le petit mètre qui me séparant d'Alexandre, avant de glisser mes doigts entre les siens. J'amenais ensuite sa main à ma bouche, avant de déposer un baiser tendre sur le dessus, à la manière des chevaliers des contes de l'ancien monde, des contes terriens. Ce genre de comportement avait plutôt lieu dans le cadre d'une romance entre un chevalier et une princesse, et Alexandre n'était certainement pas une princesse, mais je ne pouvais pas m'en foutre plus. Cela me marquait profondément que le brun me fasse suffisamment confiance pour m'emmener ici, pour me laisser choisir absolument tout, pour être aussi gentil et affectueux alors que nous n'avions pas vraiment eu l'occasion de nous parler pendant des mois. Il me permettait d'échapper à mon rôle de bras droit de Delphine pendant quelques heures, et je ne pouvais pas lui être plus reconnaissant. C'était ma façon de lui dire merci.

« Honnêtement, tu pourrais même m'emmener dans un cimetière, je serais heureux tant que je serais avec toi. » continuais-je ensuite avec une pointe d'humour. « Pas que je veuille aller dans un cimetière, hein? Et c'est quoi, cette Aiguille dont tu me parlais? »

Bien sûr, si le président voulait aller dans un cimetière pour le reste de la nuit, je ne m'opposerais pas à son choix mais je ne voulais pas que mon humour soit incompris et que l'on fasse un remake de "Bienvenu chez les zombies" maintenant, ça casserait un petit peu le petit climat romantique que nous essayions d'installer depuis que nous avions quitté l'appartement. Je profiterais de ma nuit avec Alexandre, et personne - pas même des zombies - ne pourrait m'en empêcher!
Elsa-Vercellino

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Re: The Ouroboros Project

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@Tout le monde: Et enfin, voici Charlie! B)

Charlie A. Gavaris & Jo Gavaris
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18 ANS/3 MOIS ♦ GN/CHIEN ♦ AMBASSADRICE DE TOLBAR ♦ MEMBRE DU CONSEIL DES 9/CHIOT DU CONSEIL DES 9

Je commençais à croire que mon périple à travers le Comté de Tolbar et Lighem se terminerait devant une porte fermée et personne pour me l'ouvrir, avec un ventre - non deux, si je comptais Jo! - vide en prime, quand quelqu'un m'ouvrit subitement l'accès à l'appartement du nouveau président d'Ouroboros. La lumière qui s'écoulait de l'intérieur, et l'obscurité dans laquelle était plongé le couloir dans lequel nous avions patienté firent un contraste assez fort dans ma pupille, et il me fallut quelques secondes avant de reconnaître celui qui nous avait accueilli. Quelques secondes de trop apparemment, puisque le petit chiot qui était alors sagement entrain d'attendre à mes pieds venait de foncer sur le jeune homme en poussant de petits jappements excités. Sa petite langue rejoint bien vite le visage de mon pauvre ami - je me mordais l'intérieur de ma joue pour éviter de rire devant l'excitation du petit canidé - et il fut bien vite recouvert d'une bonne couche de bave. Bah, au pire la bave contient de nombreux anticorps, donc ce n'est pas techniquement une mauvaises chose, pas vrai?!

Je rentrais enfin à l'intérieur de l'appartement d'Alexandre Knight, prenant en vue la richesse de la décoration et la modernité des meubles. Alexey avait toujours Jo dans ses bras, et maintenant que celui-ci avait fini de lécher la figure de son sauveur de haut en bas, ledit sauveur put nous emmener dans la salle de réception plus loin... salle de réception qui avait forcément un petit peu de nourriture, pas vrai? Comme en réponse à cette question, mon estomac gargouilla d'une façon par forcément très gracieuse, avant qu'une réponse similaire ne se fasse entendre dans l'estomac du golden retriever. Décidément, pour la grâce et la subtilité, nous n'étions pas vraiment le meilleur tandem du monde, pensais-je avant de rentrer dans la plus grande pièce avec Alexey.


« Je crois que mon estomac n'a jamais été aussi vide de ma vie! » lui confiais-je en faisant une petite moue boudeuse. « Si tu nous trouves de la nourriture, je peux t'assurer que le Conseil des Neuf - surtout moi-même - te sera éternellement reconnaissant. »

Nous nous installâmes à la table maintenant vide (où étaient-ils donc tous passés?), et le brun ne perdit pas de temps pour appeler une IA qui passait par là. Il n'y avait pas d'IA à Bergham, ou même sur l’entièreté des territoires de Tolbar. ON peut dire que les humains GNs ne faisaient pas encore totalement confiance aux machines ou aux nouvelles technologies, qui avaient posé tellement de problèmes par le passé. Ce n'était pas plus mal, je dois avouer que je préférais faire mes petites affaires moi-même, au risque de faire des erreurs plutôt que d'avoir un robot silencieux dans mon dos toute la journée. Enfin bon, j'étais l'invitée ici (ou plutôt, l'invitée-qui-s'impose-de-force mais passons sur les détails, voulez-vous?) donc je ferais mieux de m'habituer aux coutumes de Lighem, pas vrai? Et puis honnêtement, j'avais tellement faim que je me foutais complètement de la nature de la nourriture, ou de l'identité de ceux qui la préparait, du moment que je pouvais me mettre quelque chose sous la dent!

« Monsieur, elle ne peut mourir en une nuit seulement de privation de nourriture. » expliqua l'IA qui avait apparemment un peu de mal à accepter la demande d'Alexey.

« Je pense au contraire que c'est une possibilité tout à fait probable à l'heure actuelle, en fait. » répondis-je avant de gargouiller à nouveau en faisant une grimace.

Quelle idée de ne rien manger depuis midi, aussi? Je ne savais pas vraiment quelle heure il était, mais nous ne devions pas être loin de minuit et je n'avais rien donné à mon pauvre petit corps pour continuer de survivre. Pourquoi j'avais pas volé des cacahuètes dans la navette? Stupide stupide stupide, je suis! Mon pauvre petit Jo avait sans doute faim depuis plus longtemps que moi, et il ne s'était même pas plaint une seule fois. Argh, ce que je pouvais être bête par moment! L'IA - après une seconde intervention du Romanoff - accepta finalement de retourner aux cuisines pour nous préparer un petit repas tardif, et l'attention d'Alexey revint vers moi alors que Jo s'installait confortablement sur les genoux de celui qui l'avait en quelque sorte libéré de l'appartement miteux de Lighem dans lequel il vivait auparavant. Le jeune homme me demanda la question évidente - que Delphine m'aurait probablement posé si elle n'avait pas disparu je-ne-sais-où, avec un ton beaucoup moins amusé et beaucoup plus froid aussi - de la soirée: pourquoi étais-je venue au dîner mondain d'Alexandre Knight, alors que je n'avais pas d'invitation et pas vraiment l'autorisation pour m'incruster de cette façon?


« Je suis venue pour Jo, bien sûr! Il avait tellement envie de te revoir, je me voyais mal lui refuser quoi que ce soit! » tentais-je avec un sourire en coin, alors que le chiot poussait un jappement de protestation. « Bon sincèrement, j'avais envie de venir aussi. Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vu... et tu m'as pas mal manqué, je dois dire. Ça fait du bien d'avoir un ami hors-famille, si tu vois ce que je veux dire? »

Sans doute qu'il voyait parfaitement ce que je voulais dire. Après tout, n'était-il pas lui-même entouré de sa famille (proche ou éloignée) vingt-quatre heures sur vingt-quatre? Igor était son frère jumeau, Madeleine sa belle-sœur, le nom d'Alexandre était Knight, et Judith était également la sœur de Madeleine donc il avait forcément un lien avec eux aussi. Cela devait être pesant au bout d'un moment, et j'étais là pour le soulager de cette soirée ennuyeuse pile au bon moment, constatais-je en voyant que ni Madeline, ni Igor, ni Delphine, ni Judith, ni Colton, ni Alexandre n'étaient présents dans les environs immédiats. Quelle ironie: ceux qui n'étaient pas censés venir étaient maintenant présents, et ceux censés être présents avaient disparu dans la nature.
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Re: The Ouroboros Project

Message par vampiredelivres »

Alexey
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J'éclate de rire. Apparemment, la biologie ne s'applique pas exactement à Charlie Gavaris. En même temps, depuis quand n'a-t-elle pas mangé ? Vu les gargouillements de son ventre, je préfère ne pas poser la question. Ce qui me fait penser qu'une petite semaine en montagne, à griller un peu toutes ces calories, ne me fera vraiment pas de mal. Encore faut-il que je trouve un moyen de m'isoler de la politique. Et vu les problèmes et tâches diverses qui arrivent à deux cent à l'heure en ce moment, je ne vois pas trop comment ce sera possible. Enfin, à moins que je balance tout sur les épaules d'Igor. Le connaissant, il sera parfaitement capable de gérer. Et puis, je l'aurai toujours à côté de moi mentalement pour me raconter tout ce qui se passe.
En fait, ça devrait être faisable. C'est parfait.
Tiens, est-ce que Charlie serait tentée... ? C'est plus une citadine, dans l'âme, donc j'ai des doutes quant-à sa survie en pleine nature, mais je peux toujours poser la question à l'occasion. Bon, après, vaut mieux ne pas la perdre face à des ours des montagnes de Generis. Ce serait possible, en théorie. Mais je veillerai au grain, si jamais elle vient.
Installé sur mes genoux, Jo lorgne déjà la portion de viande dans mon assiette. Percevant son désir, tant par ses regards de chiot battu dans ma direction que par ses pensées, j'attrape un lambeau, le lui tends. Il jappe, le happe au vol, l'a à peine avalé qu'il en réclame déjà un autre.
- Je vois ça ! je souris à Charlie quand elle m'explique qu'elle est venue pour Jo.
Vu la réaction du chiot en me voyant, ce serait presque crédible. Mais, comme pour la contredire, il jappe à nouveau, cette fois-ci avec une tête presque blasée. En me glissant dans ses pensées, je devine une étonnante compréhension du monde qui l'entoure. Ce qui n'est pas nouveau. En fait, mes passages dans l'esprit d'un animal laissent souvent des traces "d'humainté" dans son esprit, et il est plus à même de comprendre les hommes.
- Tu m'as manqué aussi, je lui confie sur un ton presque conspirateur. En fait, vu les barjos qu'il y a ici ce soir...
Je vois son regard errer sur la table vide, souris.
- Alors, pour résumer la situation : mon frère et sa fiancée se sont barrés il n'y a pas longtemps, je ne veux pas savoir ce qu'ils comptent faire ; ton frère à toi est parti avec Alexandre en balade à Lighem ; et ta sœur est sur le balcon avec Judith... et du peu que j'ai vu, j'ai pas envie de les interrompre. Bref, tout le monde est parti dans un trip bizarre, en me laissant sur le côté !
Je roule des yeux, à la fois théâtral, mais aussi sincère. Leurs romances, qu'elles restent entre elles et eux. D'ailleurs, c'est marrant, mais les couples sont totalement renversés. J'veux dire, normalement, c'est Judith-Alexandre. Là, c'est même plus un triangle amoureux, c'est un... carré ? polygône zarbi ? On a d'un côté du M/M Alexandre-Colton, et du F/F Judith-Delphine. What the heck...
- Avoue. Tu es venue me sauver la vie... et ma santé mentale, au passage.
Je lui jette un regard suppliant, comme pour la convaincre de hocher la tête.
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Re: The Ouroboros Project

Message par vampiredelivres »

Flamby, tu sais que si Alex finit dans la chambre de Charlie, ce sera pour lui raconter des blagues et des histoires d'horreur durant toute la nuit ? :mrgreen:
(Elsa, ceci n'est pas du tout une invitation. Pas du touuuut... XD)
vampiredelivres

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Re: The Ouroboros Project

Message par vampiredelivres »

Je sais que tu sais... bref, t'inquiète. Je sais quand même te distinguer de Judith. C'était juste pour prévenir et glisser éventuellement l'idée... ;)
Tyroph

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Re: The Ouroboros Project

Message par Tyroph »

Alexandre :


La capsule se posa sur le toit. J'avais compté pendant tout le trajet sur ma proximité avec Colton pour me réchauffer, mais une vague de froid m'envahit à nouveau quand la porte s'ouvrit. Une bourrasque s'engouffra dans la capsule, manquant de la faire chavirer, et nous avec. Par réflexe, j'entourai Colton de mes bras. Rapidement le calme redevint maître, et éloigné de l'excitation du centre, la nuit l'accompagna. Je passai rapidement ma main dans ses cheveux pour les remettre en place, puis je descendis sur le béton. Comme à mes bonnes habitudes, je lui tendis la main pour le faire descendre, accompagnant le tout d'un grand sourire, et fermai la capsule derrière lui. Le côté Ouest de Lighem entamait sur le désert, et des vagues de vent et de sables chauds vinrent à nouveau nous fouetter le visage, presque rassurantes dans la fraîcheur de la nuit. Seule la clarté de la lune éclairait nos deux corps, et dans la pénombre, personne ne pourrait venir nous déranger.
- Viens, me contentai-je de lancer avec un clin d'œil pour entamer notre avancée.
Je ne pris pas la peine de sortir mon pass, et estimai qu'une reconnaissance faciale ferait l'affaire pour nous laisser entrer dans le bâtiment.
La lumière bleue éclaira nos visages un court instant et nos noms s'affichèrent sur l'écran de la porte. Il n'y avait qu'à Lighem qu'on pouvait trouver une porte d'entrée sur un toit. Une IA vint nous ouvrir.
- Le musée est fermé. Revenez dans sept heures et quarante-deux minutes.
Ce contre quoi je m'empressai d'enfin sortir mon pass et de le lui faire scanner.
- Mes excuses Monsieur Knight, nos systèmes n'ont pas encore été mis à jour, vous pouvez, bien entendu disposer de vos droits et visiter le musée à l'heure que vous désirer.
Ce soir, je n'avais pas envie d'être Président ou quoi que ce soit du genre, je voulais être Alexndre, tout simplement, avec Colton, rien d'autre. C'était tout ce qui comptait.
- Laissez-tomber le protocole et laissez-nous entrer, à la fin ! Ce soir appelez-moi Alexandre, et laissez-nous, nous ne voulons pas être dérangés. Coupez le système de caméras à l'intérieur, et ne le réactivez qu'en cas de problème, d'accord ?
Puis, je pris Colton par la main, et nous avançâmes dans la cage d'ascenseur.
- Je sais où on va aller.
J'appuyai sur le bouton, et l'ascenseur entama sa descente. Je commençais à croire que le destin voulait qu'on se retrouve sans cesse l'un avec l'autre dans de petites pièces étroites.
Quand les portes se rouvrirent, les lumières de nuit et la grande fresque s'illuminèrent : "Département œuvres terriennes - Antiquité à Renaissance".
- On fera de l'époque moderne au vingt-sixième siècle ensuite.
Puis, je l'embrassai.
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Re: The Ouroboros Project

Message par Elsa-Vercellino »

vampiredelivres a écrit :Flamby, tu sais que si Alex finit dans la chambre de Charlie, ce sera pour lui raconter des blagues et des histoires d'horreur durant toute la nuit ? :mrgreen:
(Elsa, ceci n'est pas du tout une invitation. Pas du touuuut... XD)
Flamboyante a écrit :Vamp, t'es pas sérieuse, là ? Je sais, merci. Quoi que fasse Alex, ça ne me regarde pas. Tu t'es trompée entre auteure et personnage, là. En tant qu'auteure et personne, ce qu'Alexey fait ou pas, ce ne sont pas mes affaires. Mais Judith voit du sexe partout, c'est dans sa nature. Bonne journée ! ;)
@Flamby & Vamp: Mes petits cocos, je ne voudrais pas casser vos petits délires, mais je vous conseille d'aller jeter un coup d'oeil à la feuille de Charlie qui se trouve juste par-ici et de faire attention aux informations contenues dans la fiche, juste au début. Y'a un petit détail qui devrait vous sauter aux yeux, je vous laisse deviner de quoi il s'agit! X)

@Tout le monde: Et sinon, j'aime toutes vos réponses, j'suis entrain de vivre trois histoires en même temps, c'est énorme! *-* Bref, et je réponds dès que possible également, promis juré craché!
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Re: The Ouroboros Project

Message par vampiredelivres »

Je sais, Elsa, je sais. :lol:
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Re: The Ouroboros Project

Message par vampiredelivres »

Flamboyante a écrit :Elsa : Je sais aussi. Mais ni Alexey ni Judith ne sont censés être encore au courant, d'une part, et d'autre part, ce n'est pas parce que tu es converti aux brocolis depuis des années qu'il est impossible d'être tenté une fois par des carottes ! :mrgreen:
*Tape dans la main de Vamp*
*high-five* :lol: :lol:
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Re: The Ouroboros Project

Message par Elsa-Vercellino »

@Vamp & Flamb: Haha, vous me faites rire! X)
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Re: The Ouroboros Project

Message par Elsa-Vercellino »

vampiredelivres a écrit :
Alexey
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J'éclate de rire. Apparemment, la biologie ne s'applique pas exactement à Charlie Gavaris. En même temps, depuis quand n'a-t-elle pas mangé ? Vu les gargouillements de son ventre, je préfère ne pas poser la question. Ce qui me fait penser qu'une petite semaine en montagne, à griller un peu toutes ces calories, ne me fera vraiment pas de mal. Encore faut-il que je trouve un moyen de m'isoler de la politique. Et vu les problèmes et tâches diverses qui arrivent à deux cent à l'heure en ce moment, je ne vois pas trop comment ce sera possible. Enfin, à moins que je balance tout sur les épaules d'Igor. Le connaissant, il sera parfaitement capable de gérer. Et puis, je l'aurai toujours à côté de moi mentalement pour me raconter tout ce qui se passe.
En fait, ça devrait être faisable. C'est parfait.
Tiens, est-ce que Charlie serait tentée... ? C'est plus une citadine, dans l'âme, donc j'ai des doutes quant-à sa survie en pleine nature, mais je peux toujours poser la question à l'occasion. Bon, après, vaut mieux ne pas la perdre face à des ours des montagnes de Generis. Ce serait possible, en théorie. Mais je veillerai au grain, si jamais elle vient.
Installé sur mes genoux, Jo lorgne déjà la portion de viande dans mon assiette. Percevant son désir, tant par ses regards de chiot battu dans ma direction que par ses pensées, j'attrape un lambeau, le lui tends. Il jappe, le happe au vol, l'a à peine avalé qu'il en réclame déjà un autre.
- Je vois ça ! je souris à Charlie quand elle m'explique qu'elle est venue pour Jo.
Vu la réaction du chiot en me voyant, ce serait presque crédible. Mais, comme pour la contredire, il jappe à nouveau, cette fois-ci avec une tête presque blasée. En me glissant dans ses pensées, je devine une étonnante compréhension du monde qui l'entoure. Ce qui n'est pas nouveau. En fait, mes passages dans l'esprit d'un animal laissent souvent des traces "d'humainté" dans son esprit, et il est plus à même de comprendre les hommes.
- Tu m'as manqué aussi, je lui confie sur un ton presque conspirateur. En fait, vu les barjos qu'il y a ici ce soir...
Je vois son regard errer sur la table vide, souris.
- Alors, pour résumer la situation : mon frère et sa fiancée se sont barrés il n'y a pas longtemps, je ne veux pas savoir ce qu'ils comptent faire ; ton frère à toi est parti avec Alexandre en balade à Lighem ; et ta sœur est sur le balcon avec Judith... et du peu que j'ai vu, j'ai pas envie de les interrompre. Bref, tout le monde est parti dans un trip bizarre, en me laissant sur le côté !
Je roule des yeux, à la fois théâtral, mais aussi sincère. Leurs romances, qu'elles restent entre elles et eux. D'ailleurs, c'est marrant, mais les couples sont totalement renversés. J'veux dire, normalement, c'est Judith-Alexandre. Là, c'est même plus un triangle amoureux, c'est un... carré ? polygône zarbi ? On a d'un côté du M/M Alexandre-Colton, et du F/F Judith-Delphine. What the heck...
- Avoue. Tu es venue me sauver la vie... et ma santé mentale, au passage.
Je lui jette un regard suppliant, comme pour la convaincre de hocher la tête.

Charlie A. Gavaris & Jo Gavaris
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18 ANS/3 MOIS ♦ GN/CHIEN ♦ AMBASSADRICE DE TOLBAR ♦ MEMBRE DU CONSEIL DES 9/CHIOT DU CONSEIL DES 9

Bien sûr, il fallait que le chien soit servi avant moi! Pas que j'estime que Jo ait une moindre importance que ma personne, mais disons que je pouvais devenir subitement très égoïste quand j'étais F.F.F. Vous ne savez pas ce que c'est, être F.F.F? Rien de plus simple: Froid, Faim, Fatigue. J'avais appris ce terme lorsque nous avions rendu visite à un village de pêcheurs de l'île de Bergham, dans le but de nous faire connaître par le peuple et de s'intégrer vraiment dans la population GN avec pour objectif de mieux les comprendre et de répondre à leurs attentes plus précisément et rapidement. Bref, tout ça pour dire qu'un groupe de pêcheurs particulièrement téméraires nous avaient emmené pêcher au large, alors qu'une tempête était annoncée par un bon nombre de météorologues certifiés, et qu'en effet une tempête nous était tombé dessus. Les marins aguerris n'en avaient pas été inquiétés sur le moment, se contentant d'éviter les creux de vague et de slalomer entre les déferlantes qui menaçaient de renverser nos petites embarcations, mais j'en avais pris pour mes frais, ainsi que Marin et Alexis qui m'accompagnaient lors de la sortie. Le plus jeune des pêcheurs (il devait avoir seize ans, au plus) m'avait tout simplement expliqué, en criant à cause du vent qui nous bousculait en rafale, qu'il fallait éviter d'avoir la F.F.F sur un bateau et tout se passait généralement bien. Morale de l'histoire numéro un: j'ai le mal de mer. Morale de l'histoire numéro deux: ne jamais aller pêcher en mer lors d'une tempête, surtout quand c'est votre première sortie, même si vos accompagnateurs sont des marins entraînés. Morale de l'histoire numéro trois (et sans doute la plus importante): ne jamais avoir la F.F.F. Plus clairement, ne jamais avoir faim, être fatigué et avoir froid en même temps.

Là, j'avais faim et j'étais légèrement fatiguée. Le froid, je l'avais abandonné dehors lorsque j'étais finalement entré dans l'énorme bâtiment qui abritait l'appartement du président d'Ouroboros. C'est dingue comment cet immeuble était énorme, je me demandais comment c'était possible de l'alimenter en continu, et surtout de trouver suffisamment de personnes pour peupler absolument tous les étages et tous les appartements. Un immeuble (ou gratte-ciel?) comme celui-ci pourrait au moins loger un quart de la population de notre capitale, sérieux! Bon, peut-être que j'exagère un peu, mais que serais-je sans un soupçon d'exagération quand je raconte mes histoires, hein?


« Les barjos qu'il y a ici, ce soir? » je répétais les paroles d'Alexey avec un ton moqueur. « J'espère pour toi qu'il n'y a pas de caméras de surveillance dans le coin, sinon ces paroles pourraient être très mal interprétées... »

Je disais cela de façon humoristique, mais j'avais appris à mes dépends que nous étions surveillés absolument partout une fois que nous étions sortis de la sphère privée de Bergham. Tout était surveillé, classé, avec des excuses comme: "faut pouvoir arrêter les criminels", "dissuasion" etc.etc. Qui aurait besoin de caméras de surveillance dans un monde sans crimes? Je suis assez utopique comme personne, mais il fallait tout de même dire que le taux de criminalité avait baissé de moitié depuis que nous avions pris nos postes de dirigeants de Tolbar. Il est toujours plus aisé de gérer de petits espaces (comme l'île de Bergham) que de grands (comme le Comté de Tolbar qui nous attendait sur le continent) mais des progrès se faisaient remarquer un petit peu partout. Doucement mais sûrement, la totalité des GNs se retrouvaient sur leur territoire, installant des maisons un peu partout, les enfants sans pouvoir naturel ayant maintenant la possibilité d'en acquérir d'autres grâce à leur éducation poussée. Quand la Nature ne te fait pas de cadeau au départ, utilise ton cerveau pour commencer, répétait souvent Rachel lorsque nous nous formions à l'Académie. Jusque-là, je pense que l'ensemble du Conseil des Neuf avait plutôt bien respecté ce conseil, vous ne croyez pas?

« Colton et Alexandre? Delphine et Judith? Bon sang, on ne peut pas les laisser tout seuls cinq secondes avant qu'ils partent dans tous les sens! » m'exclamais-je avec un visage faussement outré, avant que l'IA de tout à l'heure ne revienne avec un plat chaud dans les mains. « Roooh, des lasagnes! C'est trop gentil, j'adore ça, merci beaucoup! »

L'IA qui avait été forcée par Alexey d'aller me préparer à manger malgré l'heure avancée de la nuit, et le dîner principal terminé depuis longtemps, se contenta d'un hochement de tête en réponse, avant de déposer l'assiette fumante devant moi, ainsi que des couverts et un verre propre autour. Comment elle savait que les lasagnes étaient l'un de mes plats préférés au monde? (en même temps, qui n'aime pas les lasagnes en général?) Peut-être que les médias en savaient plus sur ma personne que je ne voudrais le croire après tout. Bah au pire, si c'est pour mes goûts culinaires, je n'allais pas en faire un chichi! Autant éviter les incidents diplomatiques en refusant de manger un pot-au-feu dégueu d'un ambassadeur voisin, pas vrai? Tout en mettant une fourchette de pâtes/sauce tomate/viande (bref, de lasagnes quoi) dans ma bouche, je continuais la discussion avec mon ami (qui, le pauvre, avait déjà fini son assiette depuis longtemps et n'avait apparemment pas mangé de lasagnes auparavant).

« Je sais que tu as déjà mangé, mais si t'en veux un peu, surtout sers-toi hein? » proposais-je tout en tentant tant bien que mal de manger proprement tout en remplissant mon estomac le plus vite possible.

Haaa, y'a rien de mieux que de manger quand on a vraiment faim! Ou alors, de boire quand on a vraiment soif! J'ai sans doute l'air stupide avec des phrases aussi clichées et évidentes que celles-ci, mais vous comprendrez quand ce genr d'expérience vous arrivera. C'était quoi déjà, le sujet précédent? Ah oui. Colton et Alexandre, Delphine et Judith. Je ne connaissais pas Alexandre (je l'avais vu une fois de très loin, lors de son couronnement mais c'est tout) donc je ne pouvais pas vraiment émettre de réserves quant à sa personne pour le moment. Il était sans doute plus vieux que Colton, mais en même temps, quel autre politique dans tout Ouroboros était aussi jeune que nous? Personne. Pour Judith, c'était une autre histoire. Je l'avais rencontrée pour la première fois lors du Bal des Knight, la triste nuit où Harry de Poitiers avait été assassiné (d'ailleurs, ils en sont où dans cette histoire? qui est le coupable?) et je dois avouer que du premier coup d’œil, je l'avais jugée sexy. Bon, c'est sûr que les robes de soirée ça aide grandement pour développer ce point de vue, mais même avec un sweat et un jogging, elle était sans doute le genre de femme à être belle (ou, tout du moins attirante) à peu près 24H sur 24. Et pourtant, je n'avais pas eu envie d'aller la voir, ou d'aller lui faire des avances comme je le fais généralement lorsqu'une fille me tape à l’œil. Quelque chose de... je ne sais pas, tracassant m'avait empêché d'aller la voir. Et puis, elle était tout de suite allée parler à Delphine, et mon regard avait été attiré par le jeune Alexey de la soirée et j'avais oublié mes préoccupations quant à la plus jeune des Knights. Bref. Autant dire que j'aimerais éviter que Delphine se laisse subjuguée par Judith trop vite, c'est tout. Mais bon, ce n'est pas comme si j'allais déballer tout cela à Alexey, au milieu de l'appartement du nouveau mari de Judith, alors je décidais de continuer la conversation sur un ton plus léger et moins parano.


« Tu as des problèmes de santé mentale, mon très cher télépathe animalier? » dis-je innocemment en repensant au moment où il avait pris le contrôle de Jo lors de notre sortie à Lighem. « D'ailleurs, tu peux lire dans les esprits humains aussi? Là, à quoi je pense? »

Sans même attendre sa réponse, je pensais au mot le plus absurde qui me passait alors par la tête: lampadaire, lampadaire, lampadaire, lampadaire, lampadaire et je continuais de le répéter en boucle pour éviter tout autre pensée parasite de me traverser la tête. On verrait s'il était aussi télépathe que cela!
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Re: The Ouroboros Project

Message par Elsa-Vercellino »

Flamboyante a écrit :Alors là, aucun problème, Elsa ! C'est même plus intéressant, et il en faut beaucoup plus pour me vexer. Après, en tant qu'auteure, je peux te garantir que Judith prepare déjà sa petite vengeance !


Judith :

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Face à la tirade de Delphine, ses rebuffades, son intelligence aussi, je ne pus que reculer, blessée malgré moi. Je n’étais pas assez idiote pour continuer dans cette voie, et en même temps… Comment pouvait-elle savoir, remarque ? Comment pouvait-elle deviner que c’était là ma seule chance de survie ? Ma seule manière d’agir, ou, en tout cas, la seule que je connaissais ? Comment lui expliquer la peur, la drogue, l’ambiance délétère dans laquelle j’avais baigné et qui m’imprégnait encore ? Comment insister, alors que le viol, l’agression, étaient à portée de main ?
Soudain, tout s’éclaircit. Elle était trop prudente, trop pure, trop jeune, trop tout. Et je l’avais effrayée. Peut-être allais-je expliquer tout cela plus tard, tenter, du moins.
Elle voulait que je la traite en hôte de marque ? En adulte ? En moins-que-rien ? Très bien !
La belle métisse en aurait pour son compte. Je me refermai comme une huître, tout jeu cessant. Les larmes, salées, coulèrent d’elles-mêmes. À l’aune des siennes.
Elle avait dit non. Je ne pouvais pas la toucher si elle disait non. Au-delà de toute notion protocolaire. Très vite, l’attitude de circonstance à un diner mondain, c’est-à-dire courtoisie et distance obligent, reprit le dessus. Bien loin de mes standards. Bien loin du baiser enflammé de tout à l’heure.
Soudain oppressée, je rentrai à reculons dans le salon et aperçus une jolie blonde attablée en compagnie d’Alexey, malgré le fait qu’il soit plus de minuit. Une vision qui me fit, inexplicablement, chaud au cœur. Je reconnus la fille comme étant Charlie Gavaris, l’ambassadrice de Tolbar. Sa venue, imprévue – quoique, Alexandre aurait dû penser à inviter l’ambassadrice attitrée, quand même ! – me donna une idée.
Charlie ! dis-je en faisant un grand sourire de bienvenue. Quel plaisir de vous voir ! Un instant… K2556 ! m’écriai-je en direction de l’IA chargée de l’attribution des chambres.
— Oui, madame ? grinça le robot, toujours très poli.
Préparez les chambres de la suite H, s’il vous plaît. Sécurité maximale. Nous avons des invités de très haute importance, et il se fait tard.
— Bien madame.
J’attendis qu’il parte remplir son office, et glissai à Charlie :
Je veux faire en sorte que Delphine, Colton et vous soyez en sécurité. Je vous en prie, je tiens à elle. Delphine et vous serez séparés pour cette nuit.

Puis, sans demander mon reste, je revins sur le balcon, où Delphine m’attendait, grelottante de froid, un IA sur les talons.
Ce fut lui qui lui mit un manteau sur les épaules, avec toute l’indifférence qui caractérisait les machines sans âme. Ce fut lui qui la conduisit, sous mon regard perçant, à la fameuse suite, après un « Bonne nuit, Delphine. » impersonnel.

La suite dite H avait ceci de particulier d’être totalement insonorisée. Rien ne pouvait y filtrer. Elle se situait dans la partie la plus sécurisée du bâtiment – sur ce point, je n’avais pas menti à Charlie – qui pouvait se transformer en véritable bunker si l’occasion s’y prêtait. Les chambres bénéficiaient du même luxe que dans le reste de l’appartement, à ceci près que chacune d’elles ne permettrait à aucun cri de s’en échapper, et qu’une fois closes et plongées dans le noir complet, elles pouvaient dégager quelque chose qui rendait mal à l'aise.

J’avais capté combien Delphine avait besoin de sa fratrie et vice-versa. La question qui se posait dorénavant, c’était : qu’était¬-elle capable de faire, seule, sans possibilité de leur parler, ni de les voir ? Que valait-elle, que valaient-ils, face à la posture du survivant, et pas du politicien ? Et tout cela sans dépasser les frontières diplomatiques. Maintenant que j’en avais ouvertement parlé à Charlie, ce serait difficile de faire passer cela pour quelque chose de moche. Le matin venu, nous les libérerions, en tout bien tout honneur.

Je marchai vers la suite H, autant pour vérifier l'état des draps et de l’insonorisation – qui devait être parfaite – que transportée par de délicats souvenirs avec Alexandre. Si j’avais aujourd’hui connaissance de la suite H, c’était avant tout parce que nos diverses expériences érotiques nous y avaient menés. Et que j’avais eu beau hurler alors, personne ne m’avait entendue au milieu du labyrinthe.
Je vérifiai avec soin que Delphine serait placée à l’opposé de Charlie et Colton – à moins que ces derniers ne finissent respectivement dans les lits des deux Alex - ce qui était loin d’être une perspective farfelue – et où, dans ce cas, les chambres seraient plus proches du toit, me prédis plusieurs fois dans le dédale – pauvres Gavaris ! – et ouvris finalement la porte de l’une des chambres. Comme ses jumelles, elle était spacieuse, et tendue d’écarlate et de noir, sans fenêtre. Un immense aquarium projetait des éclats bleutés et fantomatiques dans toute la pièce, dans une étrange lueur falote. Les meubles, le plancher, tout en ébène également, ou dans une imitation très réussie.
Les mauvaises langues auraient crié à ce vieux conte, là, Barbe-Bleue, mais rien de tel dans la facture des meubles. En revanche, il était impossible de sortir sans analyse ADN. Et les seuls à être accrédités…. C’était Alexandre et moi.
Oui, je voulais que Delphine comprenne. Oui, je voulais la punir à ma façon pour avoir résisté. La tester.
Mais quelque part, je savais qu’elle n’avait pas eu le choix. Et qu’elle ose le faire la faisait paradoxalement grimper dans mon estime.
Plus tard, je lui ferai des excuses. Plus tard je lui expliquerai. Mais je venais de comprendre que rien ne serait possible si nous ne comprenions pas nos univers respectifs. Il fallait qu’elle saisisse. Qu’elle saisisse ce que cela signifiait d’être coupée de toute présence humaine, réduite à faire confiance à rien d’autre qu’à des boîtes de métal.
Oui, cette nuit allait la changer. Mais certainement pas de la façon qu’elle avait imaginée.
Delphine A. Gavaris
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17 ANS ♦ GN ♦ GOUVERNEURE DE TOLBAR ♦ MEMBRE DU CONSEIL DES 9

Je ne crois pas avoir été aussi mal de toute ma vie. Même quand les adultes de la Navette nous ignorait presque complètement car nous étions les représentants de l'expérience ratée, du petit pour cent d'erreur, et ne prenaient même pas le temps de nous faire un gâteau d'anniversaire. Même quand les enfants GMs utilisaient leurs pouvoirs divers et variés pour nous torturer méchamment pour certains. Même quand nous avions été abandonnés à notre sort dans un convoi de marchands, sur une planète inconnue, vers une destination inconnue. Même quand j'avais écouté le conte du pauvre GN de Jarkaïn, qui avait perdu sa famille et sa maison à cause d'un groupe d'inconnus haineux et violents, qui avaient attaqué sans raison apparente sinon la peur de l'autre. Non, je ne m'étais jamais sentie aussi mal car chacune de ces précédentes situations n'avaient pris en compte que des opposants que je ne connaissais pas, ou que je ne portais pas dans mon cœur. C'était différent avec Judith: elle avait toujours montré de l'intérêt pour moi, et je peux avouer sans hésitation que cela avait été réciproque. Elle avait toujours été parfaite, belle, drôle, intéressante, chaleureuse lors de chacune de nos rencontres, faisant souvent le premier pas alors que je me contentais de la dévorer des yeux. J'étais coupable d'avoir envoyer tous ces signaux dans sa direction (je n'étais apparemment pas assez forte pour cacher ce que je pensais, pas suffisamment en tous les cas), et elle n'avait été que ma victime en y répondant. Ou alors, j'étais ma propre victime, puisque j'étais entrain de souffrir comme si quelqu'un avait planté férocement une lame dans ma poitrine? Je déteste être la cause des souffrances de quelqu'un d'autre, réalisais-je subitement, je déteste être responsable de sa souffrance. Peut-être n'étais pas faite pour le poste de Gouverneure? Pas quand je prends ces histoires autant à cœur, alors que mon esprit calculateur et formé devrait prendre la relève tout de suite.

« Je suis désolée. » je répétais plus doucement, ma voix rauque alors que le tourbillon d'émotions contradictoires me déchirait toujours en pleins de petits morceaux.

Des larmes silencieuses coulaient maintenant sur les joues de Judith, et sans la lumière puissante des lampadaires de Lighem, je n'aurais probablement pas été capable de les voir. Elle possédait un self-control incroyable, ne laissant pas un son se faire entendre dans la nuit, alors que je devais en face ressembler à un bordel humain pas possible. Quelques secondes s'étirèrent encore dans un silence lourd, avant que la Knight n'essuie ses larmes et ne détourne les talons vers le salon principal. Je la suivais du regard, remarquant sans trop le remarquer malgré tout, que Charlie était en pleine discussion avec Alexey. Jo était sur les genoux du Romanoff aussi, et était entrain de mâchouiller un bout de viande rouge sans prêter attention aux autres personnes de la pièce. Judith se baissa pour dire quelque chose à l'oreille de ma sœur, qui se tendit légèrement avec la soudaine promiscuité avec la brune avant de reprendre le contrôle et de lui répondre avec un sourire poli. Je ne pouvais rien entendre de la place que j'occupais sur le balcon, mais en soi, je m'en fichais un peu. Peu importe ce que Judith pouvait dire à Charlie, il ne s'agissait sans doute que de politesses mondaines pour l'accueillir dans l'appartement, ou une blague subtile pour commenter son arrivée tardive et surtout, sa non-invitation au dîner. Il faudrait que je lui en parle plus tard... pas maintenant, je ne peux pas dire que j'avais l'énergie ou l'état d'esprit pour faire des réprimandes à la blonde, surtout quand celle-ci était bien occupée à parler avec Alexey. Judith ouvrit la bouche une seconde fois, et lorsqu'elle s'écarta pour aller parler à une IA qui traversait le salon, le regard de Charlie se retourna vers le balcon pour aller croiser le mien. "Qu'est-ce que tu fous?" semblait-elle me dire avec ses yeux bleus si expressifs, inquiète et légèrement énervée à la fois.


« Je n'en ai aucune idée... » répondis-je dans le froid, pas que Charlie puisse m'entendre de toute façon.

L'échange de regards ne se prolongea point, puisqu'un commentaire du brun fit dévier l'attention de ma sœur une nouvelle fois, mais surtout puisque Judith revint sur le balcon avec une démarche froide et mondaine, presque militaire dans sa réalisation si parfaite. Disparues étaient les larmes, et disparu était également le sourire carnassier sans pour autant être prédateur qu'elle m'avait offert lorsque nous étions venus dehors une dizaine de minutes plus tôt. Nan, tout avait changé: pour peu, j'aurais presque pu croire que l'IA qui l'accompagnait avait plus d'expressions sur son visage robotique que la Knight. L'IA portait un manteau chaud qui ne m'appartenait pas, qu'il s'empressa de me mettre sur les épaules dans une tentative de me protéger du froid qui se faisait de plus en plus perçant au fur et à mesure que la nuit avançait. Je le remerciai d'un signe de tête, même si je savais qu'il ne faisait qu'exécuter les ordres d'une autorité supérieure - Judith, en somme - avant de finir d'enfiler le manteau et de fermer ses boutons. La brunette n'avait pas laissé échapper un seul mot depuis qu'elle était revenue sur le balcon, et laissa échapper un "Bonne nuit, Delphine" très neutre, qui me blessa probablement plus que je n'aurais pu l'avouer. L'IA m'invita à le suivre - sans doute pour aller trouver une chambre dans l'immense appartement du président d'Ouroboros - et je m'attardais quelques secondes derrière-lui.


« Bonne nuit, Judith. A demain. » la saluais-je, même si je n'étais pas du tout sûre de la revoir le lendemain matin.

Je suivais ensuite docilement l'IA à travers le salon principal - flashant au passage un petit sourire à Charlie pour la rassurer, tout en leur souhaitant une bonne nuit à tous les deux aussi -, sentant le regard perçant de la Knight dans mon dos, avant que nous disparussions dans un couloir sombre. Puis nous entrâmes dans une autre pièce, un autre couloir, deux couloirs, une troisième pièce, une quatrième pièce, quatre couloirs supplémentaires et bien vite je ne savais plus du tout dans quelle direction je me dirigeais. Peut-être qu'Alexandre et Judith auraient pu me donner une chambre plus petite mais plus proche de la sortie? Pas que je ne leur fasse pas confiance, mais je n'aimais pas vraiment être enfermée en général. Même dans le palais à Bergham, les ouvertures ne portaient généralement pas de fenêtre (plutôt des rideaux si on voulait un peu d'intimité), et j'aimais parfois sortir pour aller dormir sur la plage, sous les étoiles. Les grands bâtiments de la capitale d'Ouroboros n'étaient pas vraiment mon architecture favorite du monde, et les appartements qui vous enfermaient comme des sardines en boîte au-dessus du sol n'étaient pas vraiment le genre de choses que j'appréciais non plus. Finalement, l'IA atteignit une porte qui me paraissait plus solide que les autres, avant de l'ouvrir et de m'indiquer d'entrer dans la pièce. Elle était énorme, avec des reflets bleus un petit peu partout sur les murs et au plafond, ainsi qu'un grand lit deux places et des meubles chics un peu partout. Sans doute leur plus grande chambre, pensais-je en prenant en note les très grandes dimensions de la pièce. On pourrait sans doute dormir à neuf dans cette chambre, pensais-je avec petit sourire penaud, légèrement amusé. Je rentrais dans la pièce, prête à remercier l'IA de m'avoir guider jusqu'ici avant de me rappeler qu'il ne faisait que répondre à des ordres.


« Merci de m'avoir accompagner. Vous pourrez indiquer à Charlie et Colton de me rejoindre quand ils auront fini? Je pense que cette chambre est largement assez grande pour nous accueillir tous les trois, et le lit suffisant aussi. » expliquais-je à l'IA avec un sourire, pensant qu'il serait plus écolo et pratique de nous avoir tous les trois dans une chambre que dispatcher partout dans l'appartement.

« Vous pouvez profiter de cette chambre toute seule, Mademoiselle la Gouverneure. » répondit avec un ton neutre le robot. « Votre bras droit et votre ambassadrice seront logés dans d'autres chambres. Si vous voulez bien m'excuser, je vous souhaite une bonne nuit. »

Et bien trop rapidement pour que je puisse réagir, l'IA recula subitement pour se retrouver en-dehors de la chambre avant de fermer brutalement la porte. J'étais trop hébétée par son comportement pour réagir tout de suite, mes yeux s'habituant rapidement à la pénombre bleuté de la pièce, avant que je ne m'avance vers la porte maintenant fermée de la chambre. Tournant la poignée, je tentais d'ouvrir le battant plusieurs fois avant de me rendre à l'évidence, mon cœur battant un petit peu plus vite à chaque fois que je prenais une inspiration: j'étais enfermée dans la Chambre Bleue. Sans Colton. Sans Charlie. Sans personne. Un rapide coup d’œil au seul réveil de la pièce m'apprit qu'il n'était pas loin d'une heure du matin.

Plus que sept heures à tenir, alors.
Elsa-Vercellino

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Re: The Ouroboros Project

Message par Elsa-Vercellino »

Tyroph a écrit :
Alexandre :


La capsule se posa sur le toit. J'avais compté pendant tout le trajet sur ma proximité avec Colton pour me réchauffer, mais une vague de froid m'envahit à nouveau quand la porte s'ouvrit. Une bourrasque s'engouffra dans la capsule, manquant de la faire chavirer, et nous avec. Par réflexe, j'entourai Colton de mes bras. Rapidement le calme redevint maître, et éloigné de l'excitation du centre, la nuit l'accompagna. Je passai rapidement ma main dans ses cheveux pour les remettre en place, puis je descendis sur le béton. Comme à mes bonnes habitudes, je lui tendis la main pour le faire descendre, accompagnant le tout d'un grand sourire, et fermai la capsule derrière lui. Le côté Ouest de Lighem entamait sur le désert, et des vagues de vent et de sables chauds vinrent à nouveau nous fouetter le visage, presque rassurantes dans la fraîcheur de la nuit. Seule la clarté de la lune éclairait nos deux corps, et dans la pénombre, personne ne pourrait venir nous déranger.
- Viens, me contentai-je de lancer avec un clin d'œil pour entamer notre avancée.
Je ne pris pas la peine de sortir mon pass, et estimai qu'une reconnaissance faciale ferait l'affaire pour nous laisser entrer dans le bâtiment.
La lumière bleue éclaira nos visages un court instant et nos noms s'affichèrent sur l'écran de la porte. Il n'y avait qu'à Lighem qu'on pouvait trouver une porte d'entrée sur un toit. Une IA vint nous ouvrir.
- Le musée est fermé. Revenez dans sept heures et quarante-deux minutes.
Ce contre quoi je m'empressai d'enfin sortir mon pass et de le lui faire scanner.
- Mes excuses Monsieur Knight, nos systèmes n'ont pas encore été mis à jour, vous pouvez, bien entendu disposer de vos droits et visiter le musée à l'heure que vous désirer.
Ce soir, je n'avais pas envie d'être Président ou quoi que ce soit du genre, je voulais être Alexndre, tout simplement, avec Colton, rien d'autre. C'était tout ce qui comptait.
- Laissez-tomber le protocole et laissez-nous entrer, à la fin ! Ce soir appelez-moi Alexandre, et laissez-nous, nous ne voulons pas être dérangés. Coupez le système de caméras à l'intérieur, et ne le réactivez qu'en cas de problème, d'accord ?
Puis, je pris Colton par la main, et nous avançâmes dans la cage d'ascenseur.
- Je sais où on va aller.
J'appuyai sur le bouton, et l'ascenseur entama sa descente. Je commençais à croire que le destin voulait qu'on se retrouve sans cesse l'un avec l'autre dans de petites pièces étroites.
Quand les portes se rouvrirent, les lumières de nuit et la grande fresque s'illuminèrent : "Département œuvres terriennes - Antiquité à Renaissance".
- On fera de l'époque moderne au vingt-sixième siècle ensuite.
Puis, je l'embrassai.
Colton A. Gavaris
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18 ANS ♦ GN ♦ BRAS DROIT DE DEL ♦ MEMBRE DU CONSEIL DES 9

Le trajet en capsule ne fut pas très long, mais je dois quand même avouer que cela resterait sans doute l'une des meilleures expériences de ma vie: la capitale d'Ouroboros qui s'étalait en contrebas, avec des milliers et des milliers de petites lumières qui passaient en une fraction de seconde sous nos yeux avant de disparaître dans une autre rue. Les étoiles du ciel, qui répondait dans une sorte de reflet bizarre à l'excitation de la nuit de Lighem. Et surtout, la chaleur d'Alexandre qui se trouvait près de moi (trop près si nous avions été en plein jour, et entourés d'autres officiels... mais heureusement, ce n'était pas le cas). L'un des plus beaux trajets de ma vie, en somme. Nous passâmes devant une énorme horloge digitale, dont les chiffres blancs et brillants m'agressèrent les yeux: il était minuit dix. Pas si tard que cela finalement, nous pourrions profiter de la destination à laquelle le Knight avait décidé de nous emmener aussi longtemps que possible. Bien trop vite, le chemin se termina et nous descendîmes de la capsule en se prenant une bourrasque de vent froid dans la face en posant le pied par terre. Cela ne sembla pas déstabiliser mon compagnon plus que cela, et il remit en place mes cheveux complètement ébouriffés par le vent d'un coup de main familier. Je pourrais m'user à ce genre de traitement, pensais-je avec un sourire sincère avant de prendre en observation les lieux qui nous entouraient.

Nous étions sur un toit, remarquais-je tout d'abord. Un haut toit, le toit d'un musée, notais-je ensuite en voyant une enseigne au-dessus de la petite porte d'entrée. Nous étions au bord du désert, remarquais-je en relevant la tête, le spectacle du désert nocturne bien plus impressionnant que ce que j'aurais pu croire. Je n'avais jamais vu de déserts de nui, ni même vraiment de jour puisque je ne faisais que les survoler rapidement en navette lors des déplacements officiels. C'était magnifique, sans doute encore mieux que les lumières de Lighem. La lumière des étoiles se reflétait sur le sable blanc, et les dunes formaient de drôles de motifs fantomatiques devant nous. Les silhouettes solitaires de quelques cactus se dressaient ici et là, et je crus même apercevoir un renard des sables entrain de courir pendant une micro-seconde, avant que la silhouette en mouvement ne disparaisse derrière une dune. C'était magnifique, et je trouvais ça dingue que la plus grande ville de la planète puisse côtoyer un espace aussi... vierge de toute trace humaine, si je pouvais le formuler ainsi. Je me rendis compte que cela devait au moins faire une trentaine de secondes que je regardais le paysage désert sans dire un mot, la bouche légèrement entrouverte sous l'effet de la stupeur et de la découverte, et je m'empressais de rejoindre Alexandre à la porte d'entrée du musée. Il était apparemment en pleine conversation avec l'IA en charge des entrées et des sorties.


« Plutôt pratique d'être président d'Ouroboros, hein? » je lui chuchotais doucement à l'oreille en voyant le comportement de l'IA en face de nous.

Le Knight se contenta de lui dire de laisser tomber le protocole, de l'appeler Alexandre, de nous laisser tranquille et de couper les caméras de surveillance pour le reste de la nuit. Si l'IA avait été un simple humain, je suis sûr que sa mâchoire se serait laisser tomber devant la surprise. Mais l'IA étant un IA, il ne fit qu'hocher la tête avant d'ouvrir la porte, de nous indiquer de la main le chemin à suivre avant de disparaître pou - je l'imagine facilement - nous laisser tranquille comme mon compagnon de la soirée l'avait ordonné plus tôt. Alexandre attrapa ma main, avant de nous mener vers l'ascenseur le plus proche. Encore une fois, nous nous retrouvions dans une petite cage d'ascenseur pour rejoindre le musée, avec peu d'espace et personne pour nous distraire l'un de l'autre. A ce rythme-là, j'allais finir par écraser ma bouche sur la sienne avant la fin de la descente, pensais-je et je commençais à sérieusement considérer cette possibilité lorsque la porte de l'ascenseur s'ouvrit sous nos yeux, et ma curiosité naturelle l'emporta sur mon désir grandissant pour Alexandre. "Département œuvres terriennes - de l'Antiquité à la Renaissance" je lus sur les lettres illuminées qui se trouvaient devant nous. Un frisson d'excitation me traversa des pieds à la tête: mon coté nerd d'histoire ne ressortait peut-être pas souvent, mais les livres d'histoire étaient sans doute ce qui m'avait permis de survivre lors des longues heures d'ennui sur la Navette. L'avantage quand les adultes vous délaissent complètement sur un vaisseau, c'est que vous pouvez faire un peu ce que vous voulez, sans que personne ne tente de vous stopper ou de s'intéresser à ce que vous faites. J'avais avalé les histoires de Socrate, Platon, de la mythologie grecque, romaine, égyptienne, nordique, et même celles d'autres civilisations comme les Mayas ou les Japonais. Je connaissais de nombreuses traditions, un bon nombre d’œuvres d'art, et l'idée d'en découvrir de nouvelles ou de reconnaître certains exemples de mes livres parmi la collection du musée de Lighem me remplissait déjà de joie!

Les paroles d'Alexandre retentirent dans le silence nocturne du musée, mais je ne les retenais pas, trop concentré sur les perspectives de découvertes et les trésors que nous pourrions découvrir pour l'écouter. Ce fut donc avec étonnement que je vis son visage prendre quasiment toute la place dans mon champ de vision, et je fus encore plus surpris lorsque ses lèvres chaudes se déposèrent contre les miennes. Après l'instant de choc le plus total, mes émotions revinrent au grand galop et j'appuyai avec plus de force mes lèvres contre les siennes, répondant au baiser et en prenant même le contrôle. Mes mains trouvèrent naturellement leur position sur le visage du brun, se déposant fermement mais délicatement sur ses joues pour le tenir en place, et je prolongeais le contact le plus longtemps possible, jusqu'à que le manque d'air ne me force à reculer.


« Désolé. » m'excusais-je aussitôt, me rendant compte de la presque férocité de ma réponse. « C'est juste quelque chose que je souhaitais faire depuis - trop - longtemps. »

Puis me retournant vers les œuvres et les objets antiques qui nous attendaient dans la pénombre du musée, j'attrapais ses deux mains avec les miennes, avant que mon regard ne revienne dans sa direction avec des étoiles de pure joie dans les yeux.

« Je crois sérieusement que je suis entrain de vivre la meilleure soirée de ma vie! » laissais-je échapper en contrôlant à peine l'enthousiasme et l'excitation qui augmentaient rapidement à l'intérieur de moi.

Alexandre pour moi tout seul, le musée et ses œuvres pour nous deux... que pouvais-je demander de plus?
Elsa-Vercellino

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Re: The Ouroboros Project

Message par Elsa-Vercellino »

@Tout le monde: Wala, j'espère que ces réponses vont conviendront! :3 C'est bien de jouer trois persos si différents, mais ça me prend deux heures pour faire toutes les réponses, c'est chaud! XD Sorry encore pour le retard!
vampiredelivres

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Re: The Ouroboros Project

Message par vampiredelivres »

Effectivement, ça doit bien être la galère à gérer, trois personnages comme ça en même temps... Courage ! Et félicitations, tes réponses sont géniales !

Alexey
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Je hausse les épaules, nonchalant. Mon frère n'est pas dans le coin pour me réprimander, et heureusement pour moi, parce que sinon, il aurait déjà hurlé en entendant les descriptifs que je fais de chacun. Après, lui-même n'est pas forcément meilleur, aurais-je presque envie de dire. Il a beau sortir la façade du géant nordique, glacial et impersonnel, à presque tout le monde, on devine assez facilement qui il apprécie, et qui il n'apprécie pas. Mais c'est une question de politique, après tout. Et les questions de politique, c'est casse-pieds. Voire pire, c'est vraiment ch... nan, on va s'abstenir.
- Bah ! Pour moi, toute personne qui fait de la politique est automatiquement barjo. Donc moi aussi. Donc les autres n'ont pas à se sentir complexés, ou quoi que ce soit d'autre... Après, je sais que je suis intimidant, mais faut savoir relativiser, je ne mords pas, quand même !
Elle n'a quand même pas tort, dans le fond. Il y a des caméras partout. Mais ce n'est pas pour autant que je vais me priver d'embêter les gens. Ce ne serait sérieusement pas drôle, sinon !
Et puis, faut vraiment qu'ils se calment, avec la paranoïa. Ils ont beau être des génies politiques, ils n'en restent pas moins humains pour autant. Même si, bon, dans le cas de Highway, il y avait plus de métal que de chair, mais ça, c'est un détail.
Je jette un regard autour de moi, simulant une brusque méfiance. Les boîtes de conserve qui s'activent autour de nous sont évidemment pourvues de micros et de caméras. Donc tout ce que je dis sera enregistré. Yipee.
Je prends une seconde pour moi, laisse un post-it sur le mur mental d'Igor, pour qu'il le retrouve le lendemain matin. Bon, il va vouloir me tuer, évidemment. Parce que le post-it dit "J'ai peut-être raconté deux ou trois bêtises ce soir, pense à éviter les incidents diplomatiques." Mais après tout, c'est son job de grand-frère que de rattraper mes bêtises, non ?
D'ailleurs, qui me croirait si j'annonçais que je suis né avant. Parce que, dans la réalité, c'est le cas. J'ai été le premier à mettre le nez dehors, au sens propre comme au figuré. J'ai été le premier à m'aventurer dans la forêt alors qu'il y avait six mètres de poudreuse, et que j'avançais comme une taupe, en creusant mon passage. Mais Igor a toujours revendiqué le rôle de grand-frère, et je ne le lui ai jamais contesté. Il veut se rendre responsable des trente-six mille bêtises que je fais chaque jour ? Mais avec plaisir, ça m'évite d'assumer ! Ça m'arrange, d'une certaine manière. Et, en plus, je peux faire encore pire, rien que pour l'agacer.
J'éclate de rire en entendant Charlie protester au sujet des nouveaux couples, absolument outrée. J'aurais, je pense, réagi plus ou moins de la même façon, vu comment ils sont partir. En même temps, ai-je envie de dire, si la discrétion était le point fort des nouveaux gouverneurs d'Ouroboros, ça se saurait. Entre moi, a.k.a. le mystérieux cavalier de la belle Charlie Gavaris - dont le mystère n'a d'ailleurs toujours pas été élucidé par les journaux, probablement que la police ne voulait pas mettre ma tête à l'affiche alors que j'étais en interrogatoire - Judith qui ne se dérange pas pour draguer ouvertement Delphine à la soirée des Knight, idem pour Colton, un je-ne-sais-plus-quel-autre-politicien qui - il me semble - a en ce moment une relation avec une quelconque égérie de la mode ouroborienne... Nan mais sérieux, faut se calmer. Je sais que la pub, c'est cool, mais il y a des limites, non ?
Je souris, me sers avec plaisir dans le plat. J'ai encore faim. Comment est-ce possible ? Aucune idée, réellement. Mais ça ne me fait pas de mal. Ça me donnera vraiment une excuse pour aller courir demain matin, et m'éloigner un peu de ce palais gouvernemental de malheur. Je commence à en avoir raz-les-pâquerettes de rester confiné entre trois endroits : les taxis/hélicos, le palais, les salles de réunion/dîner mondain. J'ai besoin d'une virée en montagne, moi !
Un deuxième post-it vient se coller sur le mur, à côté du premier. "Ça te dérange si je me barre d'ici quelques temps pour une semaine ou deux, histoire de respirer un peu ?"
- Tu ne me l'aurais pas proposé, je me serais servi quand même, je rétorque avec un sourire étincelant. Et non, ma santé mentale va très bien pour l'instant. Mais je crains qu'elle ne s'abîme à trop fortes doses de fausses politesses et de sourires hypocrites.
La critique ouverte ne va faire broncher personne, à mon humble avis. Tout le monde est conscient de cet aspect de la politique, tout le monde joue dessus. En comparaison, ils ont tous de beaux paquebots de croisière, qui étincellent au soleil, même s'ils prennent la flotte de l'intérieur. Et moi, j'ai une petite barque de pêcheur, et j'essaie de me débrouiller avec les moyens du bord pour ne pas couler. Mais au moins je n'ai pas de fond déjà percé.
Faudrait que je me mette à la poésie, à la réflexion...
- Nah, je me cantonne aux animaux. Pour les humains, j'en suis incapable. Pour ça que je considère ça comme un pouvoir pourri, d'ailleurs.
Bon, ma relation avec Igor est une toute autre histoire. Ça, c'est classe. Mais c'est classifié top secret.
- Mais au vu de ta tête, je suis sûr que tu penses à une bêtise ! je m'exclame, un grand sourire aux lèvres.
Dernière modification par vampiredelivres le dim. 02 avr., 2017 8:34 pm, modifié 1 fois.
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Re: The Ouroboros Project

Message par vampiredelivres »

J'sais pas... je sens bien la partie de blagues foireuses / histoires d'horreur entre Alex et Charlie (si ça te va, Elsa, bien sûr). Pour les autres... :?:
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