18 ANS/3 MOIS ♦ GN/CHIEN ♦ AMBASSADRICE DE TOLBAR ♦ MEMBRE DU CONSEIL DES 9/CHIOT DU CONSEIL DES 9
Certes, j'avais du piocher dans mes réserves personnelles pour payer le trajet jusqu'à Lighem. Certes, j'avais du m'habiller de la manière la plus discrète qu'il soit pour éviter d'être remarquée par d'autres passagers ou par les caméras de surveillance que possédaient certainement toutes les voies de transport qui menaient à la capitale. Certes, j'avais du plus ou moins filer quelques billets au gardien de la navette, pour autoriser mon pauvre petit Jo à me suivre dans mes péripéties. Je n'avais plus qu'à espérer que ledit gardien de navette n'irait pas me balancer par la suite, je ne tenais pas à voir une assemblée de journalistes pour m'accueillir à la gare Sud de Lighem, non merci. Un rapide coup d’œil à la fenêtre me permit de remarquer le changement de paysage: quand les territoires de Tolbar étaient à 80 % occupés par la nature, vide - presque totalement - de toutes traces humaines, les maisons, les villages et les villes se faisaient de plus en plus nombreux au fur et à mesure que nous approchions de la capitale d'Ouroboros. J'avais toujours bien kiffé cette ville, ses grands immeubles, les rues bondées à toute heure de la journée, les millions de magasins qui s'ouvraient à toute heure, bref l'activité effrénée de ce genre d'endroit. Cela n'était pas la tasse de thé de tout le monde, je pouvais le comprendre et je n'étais moi-même pas même sûre de pouvoir vivre dans une ville aussi énorme que Lighem (mes capacités d'orientation ne sont pas super développées, je dois avouer) à temps plein, je manquerai certainement trop le côté paisible et enfantin de Bergham.
« Wif! » s'exclama soudainement Jo, dont le bout du museau dépassait tout juste du col de mon manteau.
« Chuuut. Oui, on est bientôt arrivé, t'inquiètes! » je lui murmurais en retour, recevant un drôle de regard de la part d'une dame qui était assise plus loin dans l'allée.
Et j'avais raison, puisque la voix robotique d'une I.A annonça l'arrivée prochaine dans la gare Sud de la capitale d'Ouroboros. Je n'avais pas cru que le trajet pourrait mettre autant de temps, réalisais-je en jetant un coup d’œil à ma montre, qui indiquait déjà vingt-trois heures. Delphine et Colton étaient sans doute arrivés à l'appartement du président d'Ouroboros depuis quelques heures déjà, ils avaient peut-être même fini de dîner depuis longtemps. Mon ventre gargouilla bruyamment à cette pensée, et deux secondes plus tard, je percevais le même gargouillement dans l'estomac de Jo. Peut-être pas le meilleur plan, de voler l'adresse d'Alexandre Knight et de m'envoler dans la première navette en correspondance avec Lighem, surtout avec un chiot en bas-âge et deux ventres vides depuis midi. Avec un peu de chance, Colton n'aurait pas dévoré tous les plats mis à disposition par leurs hôtes, et je pourrais grignoter quelques trucs une fois là-bas. Enfin, dans l'hypothèse où je réussissais à m'incruster dans leur soirée telle la Charlie Gavaris que j'étais. Qui était assez sot pour "oublier" d'inviter l'Ambassadrice officielle du Comté de Tolbar, surtout quand cette même personne n'oubliait surtout pas d'inviter un certain G.B.F (Gay Best Friend) de ma connaissance à son dîner?
Nous quittâmes la navette assez discrètement, et je marchais au hasard dans les rues illuminées de la capitale pendant quelques minutes, avant qu'un taxi apparemment vide n'attire mon attention. Je faisais un signe de main au chauffeur, avant d'embarquer sur la banquette arrière et de lui donner l'adresse du bâtiment de l'appartement tant recherché. Le trajet ne fut pas très long, mais j'eus tout de même le temps d'apprendre que le chauffeur se nommait Jack, qu'il avait deux petits garçons de trois et quatre ans qui l'attendaient à la maison, et qu'il était un GN habitant à Lighem depuis une dizaine d'années déjà, qu'il adorait se balader la nuit dans la cité, avec toutes ces lumières et enseignes brillants de mille feux. Bref, ce fut un trajet fort sympathique, et malgré les protocoles de protection que Rachel nous encourageaient souvent de suivre, je laissais mon numéro à Jack, lui faisant promettre de venir me chercher le lendemain pour le trajet inverse jusqu'à la gare. Et ouais, moi je suis capable de prévoir quelques plans à l'avance aussi, il n'y a pas que Colton et Rachel qui sont des tarés de l'organisation, nanmého! Enfin, pas que je sois une tarée de l'organisation, mais j'aime bien être préparée à l'avance, quand même!
« Charlie Gavaris, je voudrais accéder à l'appartement d'Alexandre Knight, s'il vous plaît. » demandais-je avec assurance dans l'interphone.
« Mme.Gavaris? Je ne pensais que Mr.Knight s'attendait à vous recev... » commença la voix du gardien de l'autre côté du mur, probablement.
« Changement de plan. Et je vous conseille d'ouvrir cette porte, si vous voulez éviter un incident diplomatique majeur avec Tolbar, voilà merci d'avance! » j'expliquais simplement avec ma voix la plus innocente du monde.
Le gardien ne prit pas la peine de répondre à mon petit chantage - bon j'avoue, je ne la jouais pas super fairplay ce soir, mais j'avais faim! - mais j'entendis bien vite le petit grésillement qui indiquait que la porte était maintenant ouverte. Le chemin jusqu'à l'appartement (qui se trouvait au cinquième étage, pfiou!) ne fut pas très long, et bientôt je me retrouvais devant la porte d'entrée (*** celle qui mène au petit salon du début, remember? ***). J'imagine que je n'ai plus qu'à sonner, pas vrai? Jo marchait maintenant à quatre pattes à côté de moi, et je lui demandais son avis avant qu'il ne donne son approbation d'un petit jappement enthousiaste, sa queue battant de gauche à droite frénétiquement sous l'effet de l'excitation. Well, je n'avais plus qu'à espérer que Delphine et Colton ne m'assassinerait pas pour cette auto-invitation, et qu'il y aurait encore suffisamment de nourriture pour remplir nos deux pauvres petits estomacs vides. J'appuyais sur la sonnette, puis j'attendais. Une seconde, deux secondes, trois secondes, quatre secondes, puis...