Une nouvelle menace [Harry Potter]

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Scorpius
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James
7
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Autre
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Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Bane a écrit :Salut !

Je voulais juste te dire que j'adore ta fanfiction ! j'en ai lu beaucoup mais la tienne je l'ai quasiment lu d'une traite.
Voir la famille Weasley/Potter en action, c'est trop bien, merci de nous faire partager ce que tu as ecrit/ecris, j'espère que tu continueras à poster mais j'ai hâte de voir la suite, tu nous laisses avec des cliffhangers :( mais c'est ca qui la rend si bien, (sans oublier les personnages).
Bonne journée
P.S.: Je sais pas si c'est toujours possible mais tu pourrais me prévenir. Bonne continuation ;)
Merci beaucoup pour ce commentaire!!! :D Tant mieux si tu aimes ma fanfic et t'inquiètes je vais te prévenir et t'ajouter à ma liste de prévenu pour être sûr de ne pas oublier! ;) J'ai bien l'intention de la terminer et sans doute de faire un tome 2... Par contre la suite risque de venir dans un p'tit bout, car je n'ai pas encore fait le chapitre de mon autre fanfic et je dois la terminer elle aussi. Sans parler du fait que je suis chez une amie jusqu'à mardi et que dans ce cas là le côté "écriture" n'est pas très productif... :? Donc, voilà, à la prochaine pour le prochain chapitre!! :D
Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Hey! Je suis enfin de retour, après ces longs mois d'absence! Je n'aurais jamais cru pouvoir me passer aussi longtemps d'Alli, Albus et compagnie :cry: Et je suis terriblement désolée que tout ceci se soit étirée en longueur :oops: Mais il s'est produit plusieurs choses cet été et quand mon école s'est terminée... et l'écriture est passée très loin dans l'ordre de mes priorités. :? Je vais essayer de me reprendre et de vous pondre la suite de ce chapitre dans les prochaines semaines. Normalement... Normalement ce chapitre 20 n'était censé qu'en être qu'une partie, car j'avais plusieurs autres choses à mettre dedans. Mais comme j'en étais déjà à trente pages... Et que je n'avais pas travaillé la moitié de ce que j'avais à y mettre, j'ai décidé de faire un chapitre de plus, alors voilà :lol: J'espère que vous trouverez ce chapitre aussi intéressant que les précédents, malgré que j'aie l'impression qu'il est un peu décousu comme mon état mental depuis un certain :lol: Trop de choses qui se passe dans ma vie en même temps... Bref, trêve de bavardage. Bonne lecture!!! :D N'hésitez pas à me dire si quelque chose ne va pas ;)


Image


Chapitre 20


J’avais l’impression que tout mon univers venait de voler en éclat. Scorpius n’avait pas pu faire ça! C’était impossible! J’entendis le cri désespéré et douloureux de Rose alors qu’elle s’effondrait par terre. J’entendis celui de rage de James alors qu’il fonçait vers l’extérieur, mais l’un de mes gardes du corps s’interposa pour l’en empêcher.
Tout me parvenait avec des secondes de retard et les mouvements m’apparaissaient flous autour de moi. J’entendis comme dans un rêve et avec un grand décalage, la voix de McGonagall me demander :

- Comme…. Comment… s’y… s’y… est-il… est-il… pris….pris?

Je ne réussis pas à répondre et je m’effondrai par terre, la tête entre les mains. Mon ami… Mon meilleur ami n’avait pas pu faire ça! C’était impossible! C’était beaucoup trop horrible! Il n’aurait jamais… Soudain ce que m’avait dit, ou plutôt essayé de me dire Parkinson me revint à l’esprit. « Theo vient de me dire que ton am… » Theo vient de me dire que ton amMon am… Mon ami. Mon meilleur ami. C’était donc lui.

Apparemment il n’avait pas d’alibi. C’était clair comme de l’eau de roche. La fureur que je sentis monter en moi à ce moment précis me coupa le souffle. Il fallait que je comprenne pourquoi. Il fallait que je sache comment il s’y était pris. Comment il s’y était pris pour tous nous duper. Une petite partie de moi se doutait que ça ne pouvait pas être aussi simple. Que quelque chose clochait dans tout ça. Mais je m’en moquais.

Je me redressai plus vive que jamais et attrapai de nouveau la main de Lily et d’Albus. Ce dernier me regardait avec toujours ce même mélange entre la colère, l’amertume et la douleur dans les yeux. Sauf que je ne m’en préoccupai pas. J’avais autre chose d’autrement plus important à faire. Je reposai avec énergie ma main droite sur la boule de cristal.

- Miss Lévesque! Non! Hurla McGonagall.

Mais trop tard. Je me moquais de ce qu’il pouvait m’arriver en expérimentant ceci une deuxième fois. Ce que j’avais besoin, c’était de réponses. Rien d’autre n’importait pour le moment. Je me fondis alors à nouveau dans les méandres du temps et je lâchai un gémissement involontaire en sentant tout mon corps se tordre étrangement. Sauf que ce n’était pas réel, c’était dans l’univers du temps, j’en étais certaine.

« Je vois clairement Scorpius, dos à Lily, malgré que tout le reste soit flou. Si je me fie à l’air concentré de cette dernière, il est en train de lui parler. Mais je n’entends rien. Leurs mouvements se font lents et avec un décalage énorme lorsque Scorp se retourne vers elle, baguette levée et pointée droit sur elle. Elle recule, sauf qu’il est trop tard. Je vois les lèvres de Scorpius remuer, sauf qu’encore une fois, je n’entends rien. Alors que le corps de Lily s’effondre, je vois une ombre apparaître juste à côté et se pencher sur elle. Sauf qu’avant que je ne puisse déterminer de quoi il s’agit mes yeux se ferment et c’est le noir. »

De retour sur mes deux pieds dans le moment présent, je vois pleins de petits points noirs devant mes yeux. Je chancelai une seconde, mais Al me rattrapa de sa main libre, sauf que je le sentis chancelant, lui aussi. Mais je ne crois pas que ce soit pour la même raison que moi.

Je sentis alors le regard pesant de McGonagall peser sur moi et elle me prévint :

- Ne recommencez pas!

Je lui renvois mon regard qui dit : « Essayez donc de m’en empêcher! » Sur ce regard je me détournai d’elle sans attendre et crispai un peu plus ma main sur la boule de cristal. Il m’en fallait plus. Il me fallait beaucoup plus d’informations. Alors que je retournais tout juste dans le Temps, je sentis une main glacée se refermer sur mon cœur et ma tête se releva vers le plafond, en hurlant de douleur. Sauf que je ne m’arrêtai pas.

« Il y a un corps, accroupi à côté du corps immobile de Lily. Ce n’est pas Scorpius. Je vois ce dernier qui se trouve au même endroit que plus tôt. Il tremble. De joie ou de colère? Je ne saurais le dire, les images sont encore plus floues que la dernière fois et tout tourne au ralenti.

La personne indéterminée sort quelque chose de sa poche. Un flacon, je crois. Et il le penche au-dessus de la bouche de Lily. Je tente d’orienter ma vision pour voir clairement le flacon, car je discerne des écritures. Mais rien n’y fait. Seul une douleur plus grande encore me frappe de plein fouet et me donne la nausée.

Mon corps se refroidit, je le sens. Sauf que je ne peux pas m’en aller. On dirait que Scorp se dispute avec l’autre. Et en même temps non. Je ne comprends pas. Je ne comprends rien du tout. Et voilà que la réalité me rappelle. Non… pas tout de suite… J’essaie de tenir, mais rien n’y fait.
»

Je pris une grande inspiration en revenant dans le moment présent, mon corps est prêt à me lâcher, me semble-t-il. Je suis tellement molle. Mais je ne peux pas arrêter maintenant… Je ne peux pas… Il faut des réponses. Maintenant, tout de suite. Pendant que c’est encore frais…

Je m’agrippai donc plus fermement à la boule de cristal sans tenir compte des :

- Alli, non!

- Miss Lévesque, arrêtez ou vous allez vous tuer!

J’ignorais totalement qui avait dit quoi. Et je m’en moquais. Une seconde et je me retrouvai de nouveau là où je devais aller. Sauf que cette fois je sentis ma tête se déchirer. Et je passai à deux doigts de perdre connaissance, mais je réussis à tenir bon.

« Je vois Scorpius. Ou du moins ce qui me semble être lui. Il se bat vraisemblablement contre quelqu’un. Sauf que pas même deux secondes plus tard et il s’effondre par terre en se tirant par les cheveux. On aurait dit qu’il était fou… Il se débat tout seul, sans adversaire. Je ne comprends pas ce que je vois.

L’autre personne est toujours là, tout comme le corps de Lily. Soudain, l’individu sans nom se redresse et s’élance en courant. Scorpius en fait de même, en le suivant. Sauf qu’il semble en colère. En colère noire. Je ne comprends décidément rien.

Voilà James qui approche. Il s’effondre par terre aux côtés de sa sœur et il s’en va. Je tente de focaliser mes pensées sur les deux fuyards et alors même que je les atteins… plus rien.
»

Je retombai brutalement sur mes deux pieds, percluses de partout. Je sentis quelque chose couler de mon nez à ma bouche, puis à mon menton. C’était assez abondant. Je me touchai alors la lèvre supérieure du bout de la langue et le goût métallique du sang me fait immédiatement comprendre ce qu’il se passe. Sauf que je n’ai pas fini. Il faut que je les trouve. Il le faut.

Sauf que je n’ai plus aucune force. Je sentis deux mains me prendre par les bras et me forcer à reculer, tandis qu’une autre personne éloigne la boule de cristal de moi. Je marmonnai, vidée :

- Non… non! Je… Je n’ai… Je n’ai pas… Je n’ai pas fini!

Alors que je me débattais avec toute l’énergie qu’il me restait, je réussis à me déprendre de mon opposant. Malheureusement je n’eus pas le temps de faire un pas, que je m’effondrai par terre, inconsciente. Mes forces m’avaient définitivement quittée.

Lorsque je rouvris les yeux, je ne fus guère surprise de constater que le décor n’avait pas changé. Évidemment, je me trouvais encore à l’infirmerie. Ce n’était pas comme s’ils allaient décider de me changer d’endroit, n’est-ce pas? Par contre, restait à savoir si je me trouvais toujours dans la même journée qu’au moment de perdre connaissance. Je suppose que je ne tarderais pas à le savoir, pensai-je en me redressant sur les coudes.

Chose qui s’avéra être une très mauvaise idée, car je me retrouvai à voire trente-six chandelles danser devant mes yeux. Et ce n’était pas dû à un quelconque sortilège de Poudlard. Des marteaux se mirent alors à marteler ma tête, métaphoriquement parlant, bien sûr et je portai immédiatement mes mains à mes tempes. Oh, bon sang…

- ALLI! S’exclama Al avec une telle panique dans la voix que je me forçai à rouvrir les yeux que j’avais fermés et à éloigner mes mains de ma tête.

La vitesse à laquelle il me rejoignit me fit comprendre qu’il avait eu peur. Très peur. En tout cas, ça et l’intonation de sa voix, bien sûr. La question était de savoir : pour quelle raison? Ce n’était pas la première fois que je perdais connaissance, non? Ni la première fois que je me réveillais à l’infirmerie, assurément.

Il referma alors ses bras autour de moi et trembla une seconde. Il me murmura alors à l’oreille :

- J’ai cru que… que tu… que tu étais allé là où je ne pouvais pas te retrouver. Que je t’avais perdu, toi aussi.
J’étais à la fois émue par ce qu’il venait de dire et aussi…

- Lily est encore vivante, Al! Grondai-je avec une telle colère dans la voix et un peu trop fort pour mon cerveau.

J’entendais une cloche maintenant. Et étrangement j’avais comme l’impression que ce n’était pas bon signe…

- Il est au courant de ça, Allison, maugréa James.

En me tournant vers lui je remarquai qu’il avait les traits assez… tirés. Comme si cela faisait plusieurs jours qu’il était là. Non…. Non, c’était impossible! Je m’exclamai alors avec panique :

- Ça fait combien de temps que je suis dans les pommes?! Une heure? Deux…?

Rose apparut alors dans mon champ de vision. C’est sans doute la première fois de toute ma vie que je trouvais qu’elle faisait peur à voir. Ses traits étaient encore plus tirés que ceux de James, et ceux d’Albus aussi maintenant je regardais plus profondément. Ses cheveux habituellement d’un roux éblouissant étaient ternes et l’éclat dans ses yeux avait disparu. En la voyant ainsi j’avais l’impression qu’elle allait tomber par terre d’une seconde à l’autre.

- Ça fait quatre jours exactement que tu étais inconsciente, Alli… souffla-t-elle.

Apparemment, même sa voix n’avait plus la force d’autrefois. Et tout ça à cause de Scorp. Je me promis de me faire vengeance dès que j’en aurais l’occasion. Il avait été mon ami. Mon meilleur ami, mais cela ne faisait que rendre sa trahison encore pire. Il s’était attaqué à la mauvaise personne. Et à la mauvaise famille.

- Lâchez-la, par Merlin! S’exclama une Madame Pomfresh complètement paniquée et qui m’empêcha de me plaindre sans le savoir.

Albus me relâcha immédiatement et l’infirmière les fit tous s’éloigner rapidement. Elle me força alors à m’étendre sur le dos et me questionna :

- En vous relevant, avez-vous vu des étoiles?

- J’ai vu trente-six chandelles, mais je sup… commençai-je, mais elle me coupa avec un soupir d’exaspération.

- Arrêtez de jouer avec les mots et les expressions, Miss Lévesque! Au moins, je sais que vous êtes toujours vous-même, ajouta-t-elle pour elle-même.

- Comment ça « au moins je suis toujours moi-même »? grommelai-je.

- Peu importe, riposta-t-elle. Ce n’est pas important puisque vous allez… aussi bien que possible, précisa-t-elle. Bon, maintenant avez-vous eu l’impression de vous faire marteler la tête?
Je hochai de la tête avec un soupir.

- Et en ce moment entendez-vous le son d’une cloche dans votre tête?

- Oui, j’ai l’impression que le clocher d’une église se trouve dans ma tête, approuvai-je en me prenant de nouveau la tête.

Elle ne dit plus rien pendant quelques secondes et je la vis prendre des notes sur une feuille de parchemin. Je regardai alors tout autour de moi comme il faut et je remarquai avec incrédulité qu’il y avait quatre adultes, et des Aurors si je me fiais à leurs vêtements, qui ne me lâchaient pas des yeux. Je poussai un soupir et grommelai :

- Qu’est-ce qu’ils ont à me regarder ceux-là? Et puis, c’est qui au juste? Qu’est-ce qu’ils font?

Je vis un air profondément consterné apparaître sur le visage de toutes les personnes présentes. Et surtout très marqué sur celui de mes amis. Qu’est-ce que j’avais dit de mal au juste? Je n’avais pas le droit de me plaindre quand on me fixait de manière intensive?

Je me tournai vers Madame Pomfresh et remarquai qu’elle avait les sourcils froncés. Mais pourquoi, par Merlin? Quelqu’un pourrait-il m’expliquer? Ou est-ce que c’était trop demander?

- Perte de mémoire, soupira l’infirmière en chef de l’école et d’un coup cela me revint.

Oh, merde… Mes gardes du corps.

- C’est… commençai-je, mais je me fis couper par James.

- Allison, c’est les personnes qui sont chargées de te protéger et de t’empêcher de faire des bêtises… Tu sais, tes gardes du corps que mon…

- Que ton père m’a forcé à accepter la présence avec l’aide d’un odieux chantage de la part de McGonagall.

- Miss Lévesque! Protesta l’intéressée en ouvrant de grands yeux incrédules et catastrophée.
Oups… Mais depuis quand elle était là, au juste?

- Pardon, professeur… Vous venez juste d’arriver?

- Non, Miss. Je suis là depuis le début.

Si je me fiais à l’air aussi fatigué et tiré que celui des autres, j’en conclus qu’elle était là effectivement depuis le début. Du genre depuis que j’avais perdu connaissance. Eh, merde… Qu’est-ce qui n’allait pas chez moi?

- Perte de mémoire momentanée, souffla Madame Pomfresh tout en écrivant sur son parchemin. Diminution de la capacité de concentration et peut-être un trouble visuel, inscrivit-elle en parlant à haute voix.

- Je suis très concentrée et je vois très bien, merci! Grommelai-je en croisant les bras.

- Alors, dîtes-moi. Combien de personnes sommes-nous?

Je sentis une sueur froide me parcourir le dos et un frisson aussi. J’ouvris la bouche pour donner une réponse, mais je la refermai aussitôt. Je jetai un coup d’œil tout autour et je comptai mentalement. Rose. Un. Albus. Deux. James. Trois. Mes gardes du corps. Sept. Infirmière. Huit. McGonagall. Neuf. Lily, je la compte ou pas? On va dire que oui. Dix. Moi? Onze.

Je me concentrai alors comme il faut pour être certaine de ne manquer personne. Je plissai des yeux légèrement, car j’avais maintenant l’impression qu’il y avait des zones d’ombres derrière Rose, James et Albus. Sauf que je ne… je ne pouvais pas… Je ne pouvais pas me concentrer. Je ne voyais rien. Mais je sentais qu’il y avait quelque chose. Qu’il y avait quelqu’un. Voire plusieurs personnes.

- Alors? Donnez une réponse, Miss Lévesque, m’enjoignit Madame Pomfresh.

- Vous la poussez, là! Gronda Al en la foudroyant du regard. Elle vient juste de se réveiller!

- Mr Potter, calmez-vous! Clama la directrice avec colère. Ou sinon je vais devoir vous obliger à sortir, ajouta-t-elle en voyant qu’il était sur le point de rétorquer.

Je pris une grande inspiration et malgré que je sache que ce n’était probablement pas la vérité, je répondis :

- Je compte onze personnes, si j’inclus à ce nombre Lily et moi-même.

- Et qui sont les personnes que vous voyez? S’enquit-elle.

Ce qui impliquait qu’il y en avait que je ne voyais pas, pas vrai? Je me retins de soupirer de découragement et me mis à analyser légèrement. Tout d’abord il y avait Lily sur le lit voisin au mien. Ensuite mes quatre gardes du corps. Et après…

- Je peux voir Lily, mes quatre gardes du corps, Albus, Rose, James, McGonagall et vous. Ce qui fait dix. Plus moi, ça fait onze.

- Bon, vous êtes toujours à même de calculer, ce qui est en soit un bon signe, mais… commença Madame Pomfresh avant de se faire couper par la directrice.

- Mais cela n’empêche pas le fait que vous ne voyez pas quatre personnes qui sont présentes elles aussi. Votre total aurait dû être de quinze, Miss Lévesque.

J’ouvris la bouche pour répliquer quelque chose, mais ne trouvant pas quoi dire je la refermai brutalement. Que m’arrivait-il, exactement? Je m’étais assommée en tombant par terre ou quoi? Je ne comprenais rien à ce qui se passait…

J’étais très tentée de demander qui est-ce que je ne voyais pas. Mais en même temps je ne voulais pas le savoir, car… je ne le supporterais pas. Je ne pouvais pas supporter le fait que quelques-uns de mes amis étaient soustraits à ma vue. Que d’une manière ou d’une autre mon cerveau avait fait un choix. Ce n’était peut-être pas véridique, mais c’était l’impression que ça me faisait. Et j’avais horreur de ça.

J’entendis soudain une sorte de reniflement. Comme si quelqu’un pleurait ou retenait un sanglot.

- Légère perte d’audition, murmure Madame Pomfresh pour elle-même à nouveau en l’inscrivant encore sur son foutu parchemin.

Taisez-vous! Aurai-je eu envie de lui crier au visage. Je n’avais pas besoin de savoir tout ce dont je souffrais! J’en avais assez sur le dos comme ça, il me semble! Sauf que pour une fois je gardai le silence.

Le reniflement se répéta et soudain, je le reconnus. Je ne l’avais pas entendu très souvent, mais en règle générale je possédais une excellente mémoire.

- Mal? C’est toi, Mal? Où es-tu, je ne te vois pas? Murmurai-je, incertaine.

La fin de ma phrase avait sonné comme un gémissement. Je détestais ne pas savoir, ne pas voir… Ne pas… comprendre. Je regardai tout autour de moi en me concentrant intensément. J’allais la trouver. J’allais y arriver. Il le fallait. Sinon je ne me le pardonnerais pas.

Je jetai alors mon dévolue sur l’endroit où j’avais cru repérer des ombres un peu plus tôt. Je plissai alors des paupières dans cette direction et me concentrai autant que je le pouvais pour déchiffrer ces ombres.

- Mal, parle-moi… Je suis sûre que tu es là… soufflai-je avec un peu de panique.

- Miss Lévesque, ne forcez pas trop… me recommanda McGonagall.

Je me contentai de grogner dans sa direction. Et sans plus me préoccuper de ce qui m’entourait et surtout de ceux qui pouvait être là, je me métamorphosai en loup. Mon instinct me poussait à le faire. Par contre, je n’avais pas prévu ce qui s’ensuivit.

Premièrement, comme je l’escomptais je réussis à apercevoir ce que mes yeux humains n’avaient pas réussi à percevoir. Je pus donc voir distinctement l’air éberlué de Liam et Dylan. Et la mine complètement anéantie de Malia et Teena. Les yeux bouffis de la première me permirent de constater que j’avais eu raison.

Par contre, ce que je n’avais pas prévu, c’est la réaction de ceux que j’arrivais déjà à voir :

- Miss Lévesque, êtes-vous devenue folle?! S’écria avec une panique totale à la fois la directrice et aussi Madame Pomfresh.

On aurait presque pu croire que cela avait été orchestré. Mais bien sûr, ce n’était pas le cas.

- Pourquoi est-ce que ce… commençait tout juste à demander Albus avant de s’interrompre brusquement.

Il s’était sans doute interrompu, car je venais tout juste de m’affaler sur le côté, en étant parcouru de spasmes énormes et incontrôlables. Je sentis de l’écume s’échapper de ma gueule tandis que mes yeux roulaient dans leur orbite. Je ne voyais plus rien. Plus rien du tout. Mais j’entendais très bien. Et j’avais encore des sensations aussi.

Je sentis donc très clairement des mains m’immobiliser, tandis que d’autres me forçaient à ouvrir complètement la gueule et l’immobilisait aussi. On me versa alors quelque chose dans la gueule et sans le vouloir j’en avalai quelques gorgées. Le goût immonde de la chose me fit me débattre violemment et j’échappai au contrôle de ceux qui avaient eu la tâche de me maintenir. Ma gueule se referma fortement sur une main. Jusqu’au sang.

- Par Merlin, Alli! Grommela Al.

Oh non! Je n’avais quand même pas… Je n’eus pas le temps de me lamenter plus longtemps sur ce que j’avais fait que je sentis des haut-le-cœur me prendre à bras le corps. J’ouvrais tout juste la gueule pour vomir lorsque je changeai soudainement de forme contre ma volonté et me retrouvai à « décharger » le contenu de mon estomac par terre sous forme humaine. Et bien sûr j’avais retrouvé la vue, alors je pus constater l’air à la fois épouvanté, dégoûté et soulagé de mon entourage.

Madame Pomfresh me tendit une poubelle et ce n’est qu’à cet instant que je compris que j’avais encore envie de vomir.
J’étais toujours la tête plongée dans la poubelle avec Albus qui tapotait tendrement le dos lorsque l’infirmière déclara en parlant à McGonagall :

- Trouble de vision au réveil, mal de tête, son de cloche, perte de mémoire momentanée, trouble de concentration, diminution visuelle… Convulsion lors d’utilisation de magie de métamorphose animal et réaction par vomissement au remède… Il n’y a plus aucun doute, professeur. Il s’agit bien de ce que l’on craignait.

- Tout va être encore plus compliqué… soupira la directrice. Et comment a-t-il réussi à s’en procurer à en faire rentrer dans Poudlard?

- De quoi est-ce vous parlez? S’enquit Al en fronçant les sourcils.
J’entendis le soupir des deux personnes qui se trouvaient en grande discussion et finalement Madame Pomfresh lâcha en me regardant moi :

- Tout ce dont vous souffrez se trouve être les symptômes que l’on retrouve chez les gens comme vous qui font usages de leur don à proximité d’une pierre.

- D’une pierre? S’étonna James en ouvrant de grands yeux.

Pour ma part, j’étais sous le choc. Comment, bon sang, avait-il pu en trouver? Et comment savait-il que ça existait?

- N’importe qu’elle pierre? Renchérit Rose en fronçant les sourcils.

- Une Pierre de Bromeïro, plus précisément, répondit McGonagall.

- Mais, par la barde plusieurs fois centenaire de Merlin, comment a-t-il fait pour en trouver?! Je croyais que plus personne ne savait où se trouvaient les dernières! M’exclamai-je avec un soupçon de panique.

- Il semblerait que lui, si, soupira Madame Pomfresh.

- Je suis la seule à ne pas savoir ce que c’est une Pierre de Bro-machin? S’enquit Teena en croisant les bras.

- Non, moi non plus je ne sais pas c’est quoi, affirma ma meilleure amie.

Je pris alors une grande inspiration en voyant que Rose me fixait avec insistance. Elle voulait que j’éclaircisse leur lanterne, apparemment. Je le leur expliquai donc en terme simple.

La Pierre de Bromeïro se trouvait être l’invention de Bromeïro, l’un des plus grands sorciers de son temps. Bromeïro avait toujours eu une aversion contre les Voyants depuis le moment où l’un d’entre eux lui avait prédit une vie de misère s’il ne changeait pas de voie. La voie qu’il avait choisi étant celle du pouvoir, de la « science » (du côté magique de la science, pas comme celle des moldus, hein) et de la connaissance. La première décennie de sa carrière se révéla prometteuse et très gratifiante. Il devint rapidement célèbre et connu de tous, son opinion pesait très souvent dans la balance lorsqu’il y avait des choix à faire. Les gens se rangeaient de son avis, car il était apparemment un homme réfléchi. À ce moment il n’avait rien contre les Voyants, car apparemment ils s’étaient trompés. Pourtant, dans la deuxième décennie de sa carrière, les choses commencèrent à mal tourner. Il venait tout juste d’avoir trente ans. Il n’arrivait plus à trouver de fond pour ses expériences et les gens se désintéressaient de lui pour se tourner vers des plus jeunes sorciers aux idées révolutionnaires. Comprenant alors que les Voyants avaient eu raison, il décida de se venger d’eux. Alors que pourtant ce n’était pas de leur faute à eux. Sur le bord d’une route, un jour, il trouva un petit marchand de pierre rare et précieuse. Enfin… presque. Toujours est-il que Bromeïro se procura, chez ce marchand, sept pierres que l’on appelle maintenant des œil-de-tigre. Après cette transaction il retourna dans une grotte qu’il s’était approprié et commença ses expériences. Son but était de créé une arme lui permettant d’enlever définitivement le pouvoir de voyance aux Voyants. Les rendant ainsi incapable de causer du « tort ». Avec chance il n’y parvint pas totalement. Ses pierres se retrouvèrent avec le simple effet de bloquer le pouvoir du Voyant lorsqu’il voulait s’en servir et qu’il la portait. Ou si elle se trouvait dans un périmètre de cinq kilomètres près d’un Voyant, cela rendait la tâche très ardue au Voyant qui chercherait à faire usage de ses dons. Allant même jusqu’à entraîner la mort. Ça, par contre, il ne le découvrit que plus tard. De la pire façon qui soit. En effet, un jour il fit la rencontre d’une Voyante de son âge, veuve et sans enfant. Aussi étrange et invraisemblable que cela peut sembler, ils tombèrent amoureux l’un de l’autre. Cette Voyante était comme moi, elle possédait la Flamme dès le départ, ce qui voulait dire que maintenant son pouvoir était un vrai feu de joie. C’est tout naturellement que Bromeïro devint son Ancre. Du moins, ça c’est ce que l’une des légendes raconte. Malheureusement, il portait encore les sept pierres sur lui. Un jour, elle vint pour venir en aide à un village qui était attaqué par des créatures magiques introuvables et presque imbattables. Ils voulaient les trouver pendant la journée, moment où ces créatures dormaient. Mais ils ignoraient où ils se trouvaient. De là l’idée de demander à une Voyante. Mais l’effort incommensurable qu’elle utilisa la tua sur le coup. Fou de chagrin et n’ayant plus aucun préjugé et ressentiment contre les Voyants, Bromeïro fut complètement détruit. Surtout, car il ne tarda pas à comprendre que c’était les pierres qui avaient causés ça. Il s’enfuit alors en amenant leur unique enfant avec lui. Et il dispersa les sept pierres aux quatre coins du monde pour éviter qu’un jour quelqu’un les ait toutes. Il est dit qu’il fit en sorte que personne ne puisse jamais les trouver. Pourtant les siècles passèrent et quelques-unes furent retrouvées, toujours par des malfrats aux idées horribles. Personne ne sait si elles ont toutes été retrouvées ou s’il y en a seulement une qui est passée de main en main.

Lorsque je me tus, mes amis étaient tous horrifiés. Et avec raison, après tout. J’aurais effectivement pu me tuer si j’avais continué à aller plus loin…

- Mais comment il a réussi à en avoir une?! S’écria Albus avec une once de colère protectrice dans la voix.

- Et en a-t-il seulement une? Ou plusieurs? Ajouta Rose en fronçant les sourcils.

- Et qui est-ce qui les a avec lui ou elle? Renchérit James. Car c’est impossible que Berkeley se tienne à un rayon de cinq kilomètres autour d’Alli, sans que personne ne l’ait remarqué.

- C’est exact, Mr Potter, acquiesça le professeur McGonagall. Auriez-vous une idée des personnes qui pourrait en avoir une?

- Scorpius Malefoy, gronda l’aîné des Potter.

Je vis distinctement Rose blêmir et serrer les poings. Ses lèvres se mirent à trembler et je n’eus aucun mal à comprendre pourquoi. Elle devait à la fois vouloir abonder dans le sens de son cousin et à la fois défendre celui qu’elle devait encore aimer de tout son cœur. Pour ma part, j’étais tout autant mitigé qu’elle. Car Scorpius avait été (et l’était encore d’une certaine manière) mon meilleur ami. Et je ne pouvais pas croire que je m’étais fait rouler aussi facilement…

Si je me fiais à l’air qu’il renvoyait, Albus aussi se sentait partagé entre deux émotions. Des émotions complètement contradictoires en plus. Je réfléchissais encore à tout ça, lorsque je compris quelque chose. Au moment exact où la directrice venait pour prendre la parole je la coupai brusquement en m’exclamant :

- Non! Ça ne peut pas être Scorpius!

Je me serais peut-être enfui en courant en voyant l’air enragé que me jeta James. Apparemment, pour sa part, Scorpius était le coupable. Je pouvais à la fois le comprendre et à la fois trouver son comportement trop intense. Ce qui était un peu ridicule compte tenu du fait que j’avais moi-même des réactions très intenses la majorité du temps.

- Comment ça, ça ne peut pas être lui? Grommela-t-il en me regardant méchamment.

- Parce que sinon je n’aurais pas été en mesure de le voir dans la vision. Ceux qui portent une Pierre de Bromeïro sur eux sont à l’abri des « yeux » du Voyant. Si Scorp en avait eu une, tout ce que j’aurais vu, ça aurait été une ombre noire.
Or, j’ai réussi à l’identifier, répondis-je en grinçant des dents.

Son comportement me mettait légèrement en rogne. Après tout, ce n’était pas de ma faute si je ne lui donnais pas la réponse qu’il espérait entendre. James maugréa quelque chose pour lui-même et croisa les bras. Je remarquai avec étonnement que Liam et Dylan ne semblaient guère plus ravis que leur meneur. Quant à mes amis proches, eux ils semblaient à la fois soulagés et frustrés. Apparemment on se trouvait tous dans une montagne russe d’émotions et j’ignorais totalement le moment où le manège s’arrêterait…

Je venais pour ajouter quelque chose, mais McGonagall me rendit la monnaie de ma pièce en me coupant à son tour :

- Maintenant que l’on peut rejeter la candidature du jeune Malefoy, sauriez-vous qui d’autre pourrait être mêlé à tout ça?

- Parkinson? Tenta de nouveau James.

- Impossible! S’écria Malia en même temps que moi.

- Depuis quand est-ce que tu le défends? S’insurgea mon ami en me foudroyant de nouveau du regard.

- Il a voulu me prévenir au sujet de Scorp, rétorquai-je sur un ton froid. Mais Theodore Crabbe l’en a empêché.

Ensuite… Il y a une personne qui se trouvait avec Scorp. Une personne qui devait en porter une, car, eh bien… Je n’arrivais pas à la discerner.

- Donc, Theodore Crabbe est en contact avec Berkeley, Miss Lévesque? Depuis combien de temps êtes-vous au courant de ce détail? Me demanda la directrice en haussant un sourcil dans ma direction.

Je déglutis difficilement. Je n’avais pas prévu qu’elle lise entre les lignes. Qu’elle comprenne le sous-entendu de ce que j’avais dit. Bon sang de bon sang, par la barbe de merlin, que devais-je répondre, maintenant? Si je disais la vérité je risquais de me faire assommer ici et maintenant par la directrice. Et le fait que je venais de me réveiller d’un état légèrement comateux ne changerait pas grand-chose… j’en étais convaincue! À 99.9%. Je finis par dire :

- Oh, ça ne fait pas si longtemps que ça…

Ce n’était pas vraiment un mensonge, pas vrai?

- Et j’avais l’intention de vous en informer bientôt, ajoutai-je avec un ton plein d’assurance.

Encore une fois ce n’était pas un mensonge, seulement la définition de « bientôt » varie d’une personne à l’autre. Manier le non-mensonge pouvait être dangereux pour les non-initiés, mais c’était une chose que j’avais appris rapidement à cause de ma mère et son flair d’avocat. Par contre, j’avais la vague impression que McGonagall ne me croyait pas, si je me fiais à l’air qu’elle renvoyait. Elle croisa les bras et arqua son sourcil un peu plus, histoire de me faire comprendre que je devrais changer ma version des faits.

- Je l’ai su lors de l’explosion lorsque j’ai confronté mon frère. Vous savez, celui dont vous n’avez jamais voulu m’informer de l’existence? Grondai-je en la foudroyant du regard.

J’étais peut-être un peu trop à fleur de peau… Sauf que je m’en moquais. Un peu. Ou pas. J’étais un peu perdue, à vrai dire. Et la trahison de Scorp n’aidait en rien. Je me redressai d’un coup et descendis de mon lit en vitesse, sans tenir compte des protestations que poussèrent toutes les personnes présentes. D’un mouvement plus fluide que je l’aurais cru je saisis ma baguette, la pointai sur James et lançai :

- Stupéfix!

- Miss Lévesque! S’offusqua McGonagall, consternée.

Je ne m’en préoccupai pas et me tournai vers Al. Je formulai un « désolée » avec mes lèvres et mentalement je m’écriai :

- « Petrificus Totalus ».

Je voyais encore sa main en sang et c’était la raison pour laquelle je ne voulais pas qu’il me suive. Les autres me dévisageaient, horrifiés. Je profitai donc de leur moment de stupeur pour m’enfuir à toutes jambes. Du moins aussi vite que j’en étais capable. J’étais plus faible que je ne le croyais…

Je n’avais pas voulu que James me suive, car j’allais trouver Scorp. J’avais besoin de réponse. Et j’avais besoin de l’engueuler. Mais pas avec un témoin. Surtout pas James qui risquait de l’étrangler surplace. Ensuite, Al… Il était blessé et je ne voulais pas qu’il vienne sans avoir été guéri.

Normalement, j’aurais dû le faire aussi avec Rose, car je ne voulais pas qu’elle assiste à ça. Pourtant, j’en avais été incapable, car déjà me retourner contre deux de mes amis, dont l’un des deux était beaucoup plus que ça, c’était trop pour moi. Elle, ça m’aurait tout simplement anéanti.

J’accélérai la cadence et sortis rapidement ma Carte des Marcheurs d’Ombres. Ce que je lus dans les derniers messages échangés me vrilla le cœur :

Bloodyclaws : Scorp… Répond…
Darkhaze : Peux pas.
Bloodyclaws : J’ai besoin de comprendre… s’il-te-plaît…
Cruelfangs : On est deux à vouloir comprendre. Non, trois, en fait.
Darkhaze : PEUX PAS.
Cruelfangs : Tu nous le dois, alors PARLES!
Bloodyclaws : Je t’en prie, Scorp… Pourquoi…?
Darkhaze : JE … … PEUX … … PAS … !!!

Je sentais toute la douleur dans les propos de Rose et toute la colère dans ceux d’Albus. Mais les réponses de Scorp étaient bizarres. Je ne les comprenais pas. Du tout. Il avait tout a expliqué et normalement il devrait être capable de nous dire la raison de ses actions. Il n’était pas timide, quand même! Et surtout pas avec nous. Alors que se passait-il, nom d’une pipe?
Je commençais tout juste à rechercher le nom de mon ami, ou ancien ami, lorsque j’entendis des bruits de pas derrière moi. Oh, par Merlin, c’était qui cette fois? Pas le temps de le savoir, il fallait que j’accélère. Malheureusement, courir et lire en même temps n’était pas chose aisée, alors ajouter à ça regarder devant nous ce l’était encore moins. De ce fait, je percutai de plein fouet quelqu’un.

- Non, mais tu pourrais pas… commença à s’énerver quelqu’un que je reconnus aussitôt, mais qui s’interrompit brusquement en me reconnaissant.

Parkinson. Qu’est-ce que mon frère faisait là, au juste?

- Allison, tu es de nouveau sur pieds, à ce que je vois, ajouta-t-il en m’examinant minutieusement.

- Oui et elle a d’autres choses à faire que de traîner avec toi, alors au revoir, Parkinson! Gronda Rose et je sentis immédiatement que l’on me tirait par le bras dans une autre direction.

- Salut! Lançai-je alors que je disparaissais déjà dans un passage secret.

Sur ces mots, le noir me tomba dessus. Sauf qu’au moins cette fois ce n’était pas parce que j’avais perdu connaissance. Rose ne m’avait toujours pas relâché le bras et continuait à avancer sans même sembler se soucier du fait qu’on n’y voyait rien. Mais quand je dis rien, c’est vraiment rien.

Cela faisait peut-être une minute que nous marchions dans cette accablante obscurité lorsque ma meilleure amie décida enfin de s’arrêter. Je sentis qu’elle se retournait face à moi et aussi qu’elle prenait quelque chose. Je ne tardai pas à savoir quoi lorsqu’elle murmura un tout petit « Lumos » et que le bout de sa baguette s’illumina. Son visage semblait encore plus défait sous la lumière vive de sa baguette que lorsque nous étions dans l’infirmerie. Sans doute, car il y avait beaucoup plus d’ombres par ici que là-bas…

- Tu veux quoi, Rose? J’ai quelque chose à faire…

- JE VEUX QUOI? s’écria-t-elle, furieuse. Ce que je veux, c’est savoir pourquoi tu as attaqué mes deux cousins sans raison et que tu es partie comme une criminelle! J’ai réussi à empêcher Malia, Teena, Liam et Dylan de se lancer à tes trousses et…

Au fait, où était mes gardes du corps?

- Euh, Rose… C’est bien beau tout ça, mais tu n’aurais pas vu mes gardes du corps?

Le regard épouvanté qu’elle me lança me fit comprendre une chose : j’étais dans la merde. Il devait s’être produit quelque chose d’horrible et je…

- Tu ne t’en souviens pas? S’étonna-t-elle en coupant court à mes pensées.
Elle semblait réellement horrifiée.

- Ils ne m’ont pas suivi, c’est tout ce que je sais, dis-je sur un ton prudent en plissant les paupières.

- Tu les as attaqués eux aussi, Alli… souffla-t-elle, désolée.

- QUOI?! m’exclamai-je.

- Tu ne t’en souviens vraiment pas?

Je secouai de la tête, les yeux grands ouverts par la terrible panique qui commençait à vouloir prendre possession de moi. Bon sang de bon sang… qu’est-ce qui m’arrivait encore?

- Bon, je ne sais pas ce que tu avais en tête, Alli, mais je te ramène à l’infirmerie, trancha Rose.

- Oh que non! M’écriai-je en sortant ma baguette et en la pointant sur elle. Tu as trois possibilités. Tu t’en vas et tu me laisses seules, tu essayes de m’empêcher de m’en aller et on se bat, ou encore tu viens avec moi. Quoique je te déconseille fortement les deux dernières possibilités.

Elle ouvrit grands les yeux et me demanda sur une toute petite voix :

- Tu oserais aller jusqu’à te mettre contre moi?

- Pour avoir des réponses…? Oui. Pour t’éviter de souffrir…? Oui encore.

Je ne crois pas qu’elle appréciait beaucoup mes réponses, mais je vis le moment exact où elle abandonna. Simplement lorsqu’elle abaissa sa baguette. Elle se décala alors d’un pas. Je la remerciai d’un sourire navré, sauf qu’avant d’avoir pu la dépasser, elle me dit :

- Tu n’arriveras pas à le rejoindre. J’ai essayé et il me fuyait comme la peste.

- Il ne me fuira pas, moi, assurai-je.

Elle fronça des sourcils et s’enquit :

- Pourquoi?

- Parce que je ne fais pas partie de votre famille à Al et toi.

Sur ces mots, je murmurai « Lumos » et suivit le passage secret jusqu’au bout. Rose ne semblait pas m’avoir suivie et j’en étais contente. Je ne voulais pas la faire souffrir plus que nécessaire. Et ce qui allait se produire avec Scorp ne risquait pas d’être joli. Car même si je ne faisais pas partie de la famille de Lily, j’étais tout de même son amie. Et je l’appréciais énormément.

Je me remis alors à courir, car ce n’était qu’une question de temps avant que j’aie tous mes amis et la direction de l’école aux trousses. J’utilisai alors la Carte pour communiquer avec Scorpius.

Icyeyes : SCORPIUS HYPERION MALEFOY, TU NE BOUGES PLUS!

Tout ce que je reçus comme réponse fut :

Darkhaze : …

Si c’était comme ça qu’il voulait jouer, alors très bien. Je me lançai alors à sa poursuite et étrangement je remarquai qu’il me fuyait aussi. Mais je le connaissais bien et j’avais une bonne idée de ce qu’il avait l’intention de faire. Alors, à force de manipulation involontaire (ou presque) je réussis à le coincer. Sauf que je ne m’attendais pas à tomber sur… ça.

Il me faisait face, baguette levée et un rictus haineux recouvrait son visage. Je m’arrêtai d’un coup en dérapant et je levai à mon tour ma baguette.

- Tu nous dois des explications, Scorp.

- Pourquoi je vous devrais quoi que ce soit, Allison? Donne-moi au moins une bonne raison!

- Parce qu’on est tes amis, espèce de gros beta! M’exclamai-je sur un ton dur.

Sauf que je n’ai pas pu m’empêcher de tiquer en l’entendant m’appeler Allison. Il ne l’a pratiquement jamais fait.

- Amis? Mes amis? S’écria-t-il, les yeux exorbités. Tu te fous de qui, là? Vous n’avez jamais voulu venir à mon anniversaire dans ma Salle Commune. JAMAIS.

- On y est allé cette année… soufflai-je d’une toute petite voix.

- MAIS BIEN SÛR! CAR UN IDIOT T’A FAIT SENTIR COUPABLE! S’époumona de nouveau mon meilleur ami.

Du moins, s’il l’était toujours. Et c’était quoi cette histoire d’un… Hé! Mais je ne leur avais jamais dit pourquoi! Je fronçai les sourcils, sauf qu’il continua, me coupant court dans mes pensées indignées :

- EH PUIS APRÈS QUOI? VOUS N’ARRÊTEZ PAS DE VANTER VOTRE MAISON, MAIS MOI, JE NE PEUX PAS LE FAIRE, CAR CE SERAIT MAL VU! MAL VU! PAR MES PROPRES AMIS!

Il semblait vraiment remonté… Mais de là à attaquer Lily? J’en avais assez de son numéro, il avait beau trembler de rage, je m’en foutais. J’avais besoin de le remettre à sa place pour cette attaque. Je m’écriai alors à mon tour, avec toute la rage qui m’étreignait le cœur :

- Mais tu as attaqué Lily, Scorpius! LILY!

- Et puis quoi? Il n’y a pas de quoi en faire tout un dra… commença-t-il, mais il s’interrompit brusquement pris d’une quinte de toux.

J’aperçus alors quelque chose de bizarre dans ses yeux. Il semblait terrifié. Et en colère. Qu’est-ce que ça voulait dire? Je ne comprenais rien. Rien du tout. Je commençais à en avoir plus que marre de tout ça. Scorp lâcha alors sa baguette et s’effondra par terre. Par les caleçons de Merlin, comme dirait Rose, que se passait-il ici? Il se mit alors à trembler avant de s’arrêter et de se relever avec colère. Il se saisit brusquement de sa baguette et me pointa à nouveau.

- Baisse ta baguette, Scorp, grondai-je férocement.

- Dis-moi donc qu’est-ce que tu pourrais bien faire, hein? Tu n’oserais quand même pas attaquer ton ami, n’est-ce pas? Minauda-t-il en papillotant des paupières.

Tout ça ressemblait si peu à Scorp que j’avais peine à croire que c’était bien mon ami devant moi. Ou du moins celui qui l’avait un jour été. Sauf qu’il se trompait. Je pouvais attaquer mes amis je l’avais prouvé pas même une demi-heure plus tôt. Je m’écriai alors mentalement :

- « Stupéfix! »

Il fut si surpris de voir mon sortilège fondre sur lui qu’il n’eut pas le temps, ni la possibilité de l’arrêter ou de l’esquiver, il reçut donc mon sort en pleine poitrine et il s’effondra par terre. Je me sentais un peu mal, mais je ne pus m’empêcher de lâcher avec satisfaction :

- Maintenant on va avoir une petite discussion, toi et moi, Scorp.

Je soufflai ensuite :

- Mobilicorpus!

Le corps de mon ami s’éleva alors et je me dirigeai d’un pas rapide vers la Salle sur Demande. Le seul endroit où mes amis ne me retrouveraient pas de sitôt. Et j’avais une vague idée de la forme que je voudrais qu’elle prenne. À cette pensée un sourire que l’on pourrait qualifier de mauvais étira mes lèvres. Mon côté de méchante ne s’exprimait pas souvent, mais il était bien là, au fin fond de moi.

J’accélérai tout de même un peu, car il était hors de question que l’on m’arrête maintenant. Grâce à ma Carte je pus m’assurer de ne pas être suivi et aussi d’éviter d’être découverte par Rusard ou d’autres personnes tout aussi indésirables.
Je fus profondément soulagée en arrivant enfin au septième étage et à l’endroit tant recherché. Je ne tardai pas à faire le petit rituel pour entrer, mais alors que je venais pour ouvrir la porte et entrer à l’intérieur on me tira violemment vers l’arrière. J’en tombai d’ailleurs sur l’arrière train et je me retournai avec des envies de meurtres sur le visage. Envies qui disparurent à moitié en apercevant le petit groupe que j’affectionnais plus que tout. Il s’agissait bien sûr de Rose, Al et James.

Je me questionnai un instant sur le pourquoi Teena, Malia, Liam et Dylan n’étaient pas présent, mais je n’eus que très guère le temps d’y réfléchir, car déjà on me ramenait brusquement sur mes deux pieds et que l’on me hurlait au visage :

- Peux-tu me dire à quoi tu joues, Allison?

Je venais de recevoir un million de postillon de la part de James en même temps qu’il déversait sa colère sur moi. Au lieu de m’expliquer, ce qui, à la réflexion, aurait été plus judicieux, je grognai en le repoussant :

- Je n’ai pas de compte à te rendre. Et allez-vous-en!

Comment avaient-ils fait pour venir jusqu’ici, par Merlin?! Ils m’avaient forcément suivi, mais pourtant j’avais bien vérifié et ce n’avait pas été le cas! Je n’y comprenais décidément rien du tout.

Ce n’était clairement pas la chose à dire en tout cas, car déjà le visage de James tourna au rouge, tandis que les sourcils de ma meilleure amie et de mon petit-ami se fronçaient.

- Aucun compte à nous rendre? S’écria le frère d’Albus en postillonnant davantage. Tu étais mon amie aux dernières nouvelles! Et les amis de poignardent pas les leurs dans le dos, à ce qu’il me semblait!

Je sentis le même poignard que je leur avais apparemment lancé me percuter en plein cœur et je vacillai l’espace d’un instant. Pourtant, la seconde suivante je fermais les yeux un court instant pour les rouvrir sur une détermination sans faille. Je lâchai donc d’un ton sourd, rendu ainsi par une colère contenue :

- Je ne voulais pas vous avoir dans les pattes. C’est si difficile à comprendre, James?

Je crois qu’il en resta pantois un instant. Instant que je mis à profit pour pénétrer dans la Salle sur Demande. Malheureusement je n’avais pas vraiment prévu qu’ils m’y suivraient. Je poussai un soupir, mais comme ils ne disaient pas un mot, je n’en fis aucun drame. Par contre, ce n’était pas l’envie qui manquait et c’était un combat de tous les instants pour ne pas les envoyer dehors. Surtout Rose.

Ils parurent légèrement surpris par l’apparence qu’avait prise la pièce. Seule une personne semblait en comprendre réellement la signification. Albus. Car c’était le même environnement que le moment où ses parents nous avaient gentiment questionner sur notre relation qui s’était beaucoup… approfondie.

En effet, la Salle avait revêtu l’apparence d’une salle d’interrogatoire typique en ayant une table bien rectangulaire et une lampe qui n’éclairait qu’un endroit précis. L’endroit où se trouverait l’accusé ou l’interrogé. Dans ce cas-ci, c’était les deux. Je pris alors sur moi pour dire en camouflant la colère que je ressentais encore :

- Si vous tenez absolument à rester, allez en arrière. Et rester dans le noir pour éviter que Scorpius puisse vous voir. Ah, et n’oubliez pas de ne faire aucun son et de ne prononcer aucune parole.

- Et pourquoi on te laisserait faire ça? Gronda James en croisant les bras, furieux.

- Parce que j’ai plus d’expérience en ce genre de chose, crachai-je.

Il me jeta un regard mauvais, mais ne pipa mot. Apparemment, même s’il ne voulait pas l’admettre, il savait que j’avais raison. Mes deux amis, quant à eux m’obéir immédiatement. Pourtant je remarquai Rose se pencher vers son cousin et lui chuchoter quelque chose à l’oreille. Al me jeta par la suite un coup d’œil inquiet et il revint vers moi alors que j’installais Scorpius sur la chaise, malgré qu’il soit toujours sous l’effet du sortilège. Je chuchotai juste avant qu’il n’arrive en pointant ma baguette sur notre meilleur ami commun :

- Incarcerem.

Des liens magiques se retrouvèrent immédiatement à immobiliser Scorpius et je pus donc me retourner vers Al, les bras croisés et les sourcils froncés. Il reprit ma pose et grommela :

- Alli, tu n’es pas vraiment en état pour…

- Al, ce n’est pas le moment, le coupai-je sèchement.

- Je t’en prie, Alli, je ne veux pas que tu empire ton cas… Je refuse de te voir…

Je le coupai à nouveau en levant une main et d’un simple mouvement je lui montrai l’arrière. Il était hors de question que je change d’avis maintenant. Tout, mais pas ça. J’étais sur le bord de craquer, je le savais. Et je devais mener ça à bien avant que ça n’arrive. Albus poussa un soupir, mais recula en levant les mains. Je voyais bien qu’il était toujours aussi torturé, mais que pour le moment il était plus irrité par mon comportement à moi que celui de notre meilleur ami.
Je pris une grande inspiration et lâchai en pointant de nouveau ma baguette sur Scorp :

- Enervatum.

À peine avais-je terminé de le prononcer que j’allais déjà m’installer sur la chaise face à Scorpius. Maintenant, il fallait y aller avec professionnalisme. Comme ma mère me l’avait un jour expliqué. Tu commences par des questions stupides, voire inutiles. Et plus tu avances, plus tu en glisses des essentielles. Sans toutefois oublier de continuer à en inclure des moins pertinentes, histoire de toujours conserver notre interrogé dans la confusion. Et jamais, au grand jamais montrer à quel point certaines questions nous importent beaucoup plus que d’autres.
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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

En voyant Scorpius ouvrir les yeux, je sentis les picotements familiers de la nervosité me parcourir la colonne vertébrale. La lumière accrue axée sur Scorp m’aveuglait et m’empêchait de voir ceux qui se cachaient derrière lui. Mon meilleur ami papillota des paupières face à la lumière trop vive et ses yeux gris semblèrent encore plus pâles qu’habituellement. Je déglutis difficilement, mais en le cachant judicieusement. Ne jamais montrer notre appréhension à ce qui pourrait se passer. Toujours paraître maître de soi. Je pris donc une inspiration profonde et d’un mouvement à la fois fluide et las je déposai ma baguette sur la table. Le bruit que produisit mon mouvement fut amplifié à cause de la salle vide de tout meuble exceptés ceux du centre et rendirent l’atmosphère beaucoup plus tendue. Je dis alors d’un ton égal, sous le regard scrutateur de Scorp :

- Scorpius, nous avons à parler.

- Je n’en ai pas particulièrement envie, grommela-t-il en bâillant.

J’arquai un sourcil dans sa direction et précisai avec tout le sérieux et la détermination que je pouvais faire preuve en de telle circonstance :

- Ce n’était pas une proposition. Ni un choix.

- Les deux ne reviennent-ils pas au même, Allison? Dit-il en souriant sournoisement et en penchant légèrement la tête sur le côté.

L’effort que nécessita le fait de rester calme, me força à ne rien dire pendant plusieurs secondes. Secondes qu’il mit à profit pour vomir un nouveau lot de méchanceté gratuite :

- Ce n’est pas parce que tu es la fille d’une avocate née-moldue qui a renoncé à la sorcellerie que tu sauras me faire parler. Tout joue contre toi, Allison. Le temps, tes amis, tes ennemis… Les seuls qui n’œuvraient pas contre toi sont d’ores et déjà partie ailleurs. Soit dans le Néant ou dans un autre monde qui sait. Ou sinon, ils en sont très proches.

L’une de mes mains qui reposaient sur ma cuisse se serra en un poing et je n’avais aucune idée comment je réussis à conserver mon calme pour dire :

- Ce que nous t’avons fait subir doit vraiment être horrible pour que tu dises toutes ces choses terribles, Scorpynouchet.

Je savais que reprendre le surnom que James lui donnait ouvrirait des plaies encore à vif chez Rose, mais je savais aussi que cela enragerait Scorp. Et c’était bien mon intention.

- Ne m’appelle plus jamais comme ça! Hurla Scorpius en blêmissant de colère.

- Comment? Scorpynouchet?

Cette fois ce fut de la rougeur qui s’empara de ses joues. Un sourire légèrement narquois étira mes lèvres et je poussai un soupir théâtral en disant :

- Maintenant, dis-moi donc, que faisais-tu dans la Salle des Trophées? Quels genres de liens entretiens-tu avec tes autres amis? Sont-ils si peu importants pour qu’eux aussi tu les trahisses aussi… impitoyablement?

Je savais de source sûre que Ruby aimait bien Rose, tout comme Lily. Jamais elle ne pourrait faire une telle chose. Quant à Joshua, il n’en avait pas non plus la parure. Peut-être Kieran, mais encore là je n’y croyais guère, car il était plutôt farceur. Et je l’avais déjà vu discuter gaiement avec James au sujet des produits créés par Farces pour sorciers facétieux. Pour ce qui était d’Amy, elle était très proche de Ruby, donc… Aucun d’eux n’aurait pu cautionner l’attaque de Lily.

Je vis clairement la mâchoire de Scorpius se raidir, sa bouche s’ouvrit une seconde et à ce moment son visage reflétait tout un tas de nouvelles émotions. De la peur, de la frustration et de la panique. Pourtant, la seconde qui suivit, c’était de nouveau cet air que je détestais qui reprenait le dessus sur les traits de Scorpius. Il dit alors avec arrogance :

- Il faut bien conserver les apparences. Vous êtes tellement tous crédules, mes pauvres. Ils ne sont qu’une couverture, bien sûr.

Je remarquai qu’il avait sauté délibérément ma question au sujet de la Salle des Trophées. Je me retins de justesse pour ne pas froncer les sourcils et en appuyant mon menton dans mes deux mains, coudes sur la table, je soupirai :

- Qu’en est-il de Rose, Scorp? C’était prévu dans ton plan aussi?

De nouveau son air changea du tout au tout. Et encore là seulement pendant une fraction de seconde. Tout ceci était franchement bizarre et je n’y comprenais rien. Absolument rien. Pourtant il finit par se reprendre et marmonna d’un ton las :

- Une autre distraction pour vous convaincre que j’étais de votre côté. Mais vous êtes tellement n’importe quoi à côté de Berkeley et ses idées.

J’eus le souffle coupé devant la froideur avec laquelle il s’exprimait. Comme si se jouer de Rose n’avait pas été l’une des pires choses qu’il aurait pu faire. Comment avais-je pu être aveugle au point de ne pas voir qu’il se jouait de nous tous? Qu’il n’était pas un ami?

- Le pire dans tout ça, ajouta-t-il en ricanant. C’est que c’est toi qui nous as poussé l’un vers l’autre. Qui nous a « convaincu ». Tout ce que j’ai eu à faire, c’était de feindre des regards langoureux… Si facile…

Je me raidis imperceptiblement, sauf qu’en arrière de lui, la réaction de ma meilleure amie fut bien plus violente. Elle hurla, avec une voix complètement cassée par l’émotion :

- NON, C’EST FAUX!!

J’entendis un léger « boum » et j’en conclus qu’elle venait de s’effondrer. Ensuite, j’entendis des reniflements et la voix de Rose se fit plus faible et larmoyante :

- C’est impossible. Ce n’est pas toi, Scorp… Tu… Tu ne… Tu ne dirais jamais ça…

Soudain le visage de mon ancien meilleur ami redevint ce que je lui avais toujours connu, mais cette fois reflétant une immense tristesse. Il souffla alors avec de la douleur dans la voix :

- Rose…

Je profitai de l’instant pour hurler, en frappant la table de mes deux mains bien à plat :

- MAINTENANT, TU VAS ME DIRE CE QUE TU AS FAIT À LILY POTTER!

L’attention de Scorp fut immédiatement dirigée vers moi, et c’est d’une voix torturé et le visage complètement ravagé par une guerre dont j’ignorais l’origine qu’il cracha :

- Je l’ai… stupéfixé. Rien… d’autre.

Je m’apprêtais à l’invectiver davantage, mais voilà. Il se produisit deux choses totalement hors de mon contrôle. La première fut que Scorp retrouva un visage de salopard et la deuxième se nommait James Potter.

- TU TE FOUS DE NOUS, OUI?! ELLE NE PEUT PAS SE FAIRE RÉVEILLER! ELLE EST COMME… DANS UN VRAI FOUTU COMA, PAR MERLIN! Pestiféra l’aîné des Potter en avançant d’un pas furieux vers la table, suivit de près par son cadet.

Cadet qui avait l’air tout aussi furieux, d’ailleurs. J’avais comme l’impression que la situation était en train d’échapper à mon contrôle… Et, quand bien même j’aurais souhaité croire que cela ne pouvait pas empirer, j’avais la très nette impression que ce serait le cas. Surtout lorsque je vis Scorp ouvrir la bouche. L’air qu’il nous renvoyait ne promettait aucunement des paroles gentilles ou réconfortantes. Il lâcha, en haussant les épaules négligemment :

- Alors elle doit être encore plus faible que je ne le croyais…

La réaction des deux frères de l’intéressée ne prirent qu’une seconde pour se rendre jusqu’à Scorp. Je me relevai de ma chaise pour tenter d’arrêter cet ouragan à main nue, mais c’était trop tard. James attrapa Scorp par le col et le releva, entraînant la chaise avec lui. Ensuite il lui projeta son poing sur le visage, sans autre forme de procès. Et il relâcha la chaise. Scorpius s’écrasa alors sur le dos, le nez en sang.

- TU N’AS PAS LE DROIT DE DIRE DE TELLES CHOSES! S’écrièrent les deux frères en même temps.

Scorpius ricana malgré le sang qui s’écoulait de son nez. Il tenta de se relever, mais les liens qui le retenaient toujours l’en empêchèrent. Je n’arrivais toujours pas à croire qu’il ait dit des choses pareilles. Ça ne lui ressemblait tellement pas!
J’étais complètement perdue et je ne comprenais rien du tout. Ma vie semblait avoir pris la direction du chaos cette année…

James se laissa alors tomber à côté de Scorpius et le redressa encore en le prenant par le col. Il gronda ensuite :

- Dis-moi tout de suite qu’est-ce que tu lui as fait! Parle ou je te frappe jusqu’à ce que tu dises quelque chose!

Tout ce que Scorp trouva à dire… ou plutôt à faire, fut de cracher du sang. Cela en fut sans doute trop pour l’aîné des Potter, car il frappa à nouveau Scorpius. Et encore.

Je m’apprêtais à intervenir, lorsque Rose se précipita vers nous et hurla :

- JAMES, ARRÊTE!

Elle tenta de l’éloigner de son petit-ami, mais son cousin la repoussa d’une main en grommelant pour lui-même. Si je me fiais au regard que lui porta ma meilleure amie, je compris immédiatement qu’il était dans les ennuis jusqu’au cou. Je ne fus sans doute pas la seule, car, alors que je m’apprêtais à bouger pour la retenir de sauter sur son cousin comme une furie, mon petit-ami s’en chargea à ma place. Il l’attrapa par les deux bras et la força à rester contre lui.

James ne semblait pas avoir été perturbé par les évènements, car il venait de frapper Scorp à nouveau. Cette fois, le visage entier de mon ancien ou présent meilleur ami était ensanglanté. C’était assez horrible à voir, car lorsqu’il ouvrit la bouche pour cracher à nouveau on voyait toute la définition de ses dents en écarlate.

- DIS-MOI CE QUE TU AS FAIT! Hurla James, les yeux fous.

Je n’aurais jamais cru voir le jour où un James sérieux serait effrayant. Il semblait avoir complètement disjoncté. Apparemment, toucher à sa famille le rendait complètement fou. Et si je me fiais aux tremblements qui agitaient le corps d’Al, il n’en menait pas large non plus.

Scorpius ricana alors en disant, du sang s’écoulant des commissures de ses lèvres :

- Parce que tu crois qu’il n’y avait que moi? À quoi ça sert d’avoir Allison parmi tes proches, si tu ne l’utilises pas?

Ses yeux s’arrondirent alors, comme sous l’effet de la stupeur et il ajouta d’un ton encore plus moqueur :

- Oh! Mais, attends! À moins qu’elle n’en soit pas capable? C’est vrai qu’il est si facile de contrecarrer son « don » quand on connaît le moyen efficace.

Il m’adressa alors un clin d’œil provocateur et cette fois ce fut à moi de complètement disjoncter. La rage m’emplit de la tête aux pieds et je me projetai sur lui, délogeant rapidement James malgré qu’il ait tenté de me repousser. Sauf que la force qui couvait en moi était plus forte que tout. J’envoyai alors mon poing sur la mâchoire de celui qui avait un jour été mon ami et à mon plus grand désarroi, il recommença à rire de plus belle. Il me dit alors sur un ton froid :

- Combien d’amis frapperas-tu encore? Combien de personnes accepteras-tu encore la mort pour te protéger? Tu n’as pas honte d’être celle qui cause tous ces morts, Alli? Combien d’amis trahiras-tu encore?

Un long frisson d’horreur me parcourut et je reculai lentement, mes mains tremblant. Je n’arrivais pas à croire qu’il ait pu dire ça… Des larmes emplirent mes yeux, mais je les ravalai furieusement. Je ne lui donnerais pas cette satisfaction. Al sembla sans doute voir ma vulnérabilité, car il relâcha sa cousine sans attendre pour me prendre contre lui. Dans un premier temps, je voulus le repousser, puis je fus complètement interrompue dans cette tentative par Rose qui se jeta sur Scorp, au moment même où James reprenait les hostilités.

Alors même que l’aîné des Potter dirigeait son poing assez violemment contre Scorp, Rose se glissa sans hésiter entre les deux et son cousin n’eut pas le temps de dévier de sa trajectoire et la frappa en plein visage. Le nez de Rose commença immédiatement à saigner et son sang se mêla aux larmes présentes sur ses joues. Elle sanglota alors :

- James! Arrête, je t’en prie.

- Pousse-toi de là, Rose! J’ai besoin de…

- NON! Hurla-t-elle avec colère. TU NE LE TOUCHERAS PLUS, TU M’ENTENDS?! VA-T-EN ET NE REVIENS PAS! MÊME CHOSE POUR TOI, AL!

Je restai complètement figée, ne sachant plus quoi penser. James dévisagea sa cousine avec ahurissement et recula d’un pas. Il souffla alors, d’un ton que je ne lui avais jamais entendu, celui de la supplication réelle et sincère :

- Mais… Rose… Lily…

- VA-T-EN, J’AI DIT! CE N’EST PAS EN FAISANT ÇA QU’ELLE REVIENDRA PLUS VITE! Aboya sa cousine avec très mauvaise humeur.

Le contraste entre son ton et ses larmes étaient pourtant étonnamment poignant. On voyait rien que dans ses yeux à quel point il lui était dur de tourner le dos à sa famille. James grommela alors sur un ton immensément dur :

- Ne m’adresse plus jamais la parole, dans ce cas.

Il se détourna alors et je vis Rose hoqueter avant de fondre en sanglot. Pourtant elle redressa rapidement la tête et gronda :

- C’est pour quand, Al?

Ce dernier me relâcha lentement et la dévisagea. Il souffla, incrédule :

- Rose… pour… pourquoi?

- Il était aussi ton ami. Et tu n’as rien fait.

Je reconnus l’accusation voilée qu’elle me lançait aussi. Seulement dans le petit coup d’œil qu’elle me jeta. J’ignorais pourquoi elle ne m’avait pas demandé de partir aussi.

- Mais Rose… c’est de ma sœur dont il est question. Je ne… je ne peux pas…

Elle sembla comprendre, mais son regard dur n’en démordait pas. Elle ne voulait pas de lui ici. Scorpius susurra alors :

- Allons, Al… Tu devrais écouter la charmante demoiselle…

Je ne m’attendais pas du tout à voir Rose se retourner comme une furie en direction de son petit-ami et lui asséner une gifle magistrale au visage. Elle cracha alors :

- Ça, c’est pour Lily, salopard!

Elle se retourna ensuite vers nous et avec des yeux froids lança :

- Rien ne te retient plus ici, Al.

Mon petit-ami s’éloigna de moi et me jeta un regard qui disait « tu viens ou pas? ». Je secouai la tête lentement et il s’en alla à reculons. Je voyais dans sa démarche qu’il était encore en train d’essayer de démêler ce sac de nœuds dans lequel nous étions.

Dès qu’il eut disparut, Rose détacha Scorp qui eut tôt fait de la pousser brutalement par terre et s’enfuit en courant. Rose éclata alors en sanglot et se recroquevilla sur elle-même. Je m’approchai, le cœur lourd et sans prononcer un mot je la serrai contre moi. Elle ne tarda pas à refermer ses deux bras autour de moi et souffla :

- Je… je ne… comprends… comprends rien… rien du tout.

- Moi non plus… soupirai-je en retenant mes propres larmes.

- Ce n’est pas lui… Ça ne peut… ça ne peut pas être lui.

Je voudrais pouvoir la croire, mais en ce moment j’étais beaucoup trop chamboulée moi-même pour réfléchir correctement. L’une des phrases qu’il avait prononcée me revenait en boucle. De combien de personnes accepteras-tu encore la mort? Je ne voulais plus que personne ne meurt. Plus aucune. Mais je savais que c’était impossible. Je me doutais que ce n’était pas fini et que d’ici le moment où j’affronterais finalement Berkeley, il y aurait encore des victimes. Des victimes causées, car je n’acceptais pas de me rendre.

Tout ce qu’il avait dit était d’une vérité si… cruelle que j’en avais froid dans le dos. Combien d’amis trahirai-je pour aller jusqu’au bout? Pour aller jusqu’au bout de ce que je crois être la bonne chose à faire? N’avais-je pas prouvé que je pouvais me retourner contre ceux qui m’étaient le plus proche pour des choses presque futiles? Je me révoltais moi-même en ce moment. Je serrai alors Rose un peu plus et soufflai, des larmes dans la voix sans pourtant en verser :

- Je suis… Je suis tellement désolée.

Je retins un gémissement de douleur. Tout était de ma faute. Elle avait renié sa propre famille pour l’amour qu’elle portait à Scorp, alors même que celui-ci semblait se moquer d’elle au possible. Tout cela était tellement invraisemblable. Ensuite, il y avait moi qui ne faisais qu’écouter mes pulsions. Ce qui m’amenait à tourner le dos à tout le monde. À tous ceux que j’aimais et qui m’appréciaient.

Quelque chose ne tournait pas rond. Clairement. Mais j’ignorais quoi, par contre je me promis de le découvrir. Je ne savais pas encore quand, mais j’allais connaître le fin mot de l’histoire.
Rose releva alors les yeux sur moi et me dit avec sérieux :

- Ça ne peut pas être lui.

- Pourquoi tu dis ça? Demandai-je, essayant de chercher des réponses à mes questions.

Je savais que je devrais plutôt essayer de la réconforter et de la ménager, mais j’avais besoin de comprendre.

- Je le sens dans mes os… Je le sens dans mon cœur, Alli, souffla-t-elle sur un ton douloureux.

Ma poitrine s’alourdit et je me détestai immédiatement pour ce que j’allais dire, mais je devais le faire. Car quand tes amis ne pouvaient plus le faire eux-mêmes, c’était à toi de les remettre en question pour éviter qu’ils fassent des erreurs terribles qu’ils regretteraient toute leur vie. Je dis alors, n’hésitant qu’un bref instant :

- Com… Comment peux-tu en être aussi sûre?

- TU NE ME CROIS PAS, TOI NON PLUS?! Hurla-t-elle.

Je conservai mon calme, mais je sentis des larmes se former aux coins de mes yeux, je détestais me prendre la tête avec mon amie. Mais je n’avais pas le choix. Dans son intérêt.

- J’ai besoin de savoir. Et c’est mon rôle d’amie.

Elle sembla se calmer, mais les larmes reprirent de plus belle et alors que la seconde précédente elle s’était éloignée de moi comme si je l’avais brûlé, là, elle s’effondra sur moi, la tête sur mon épaule.

Au bout d’un long moment elle finit par hoqueter :

- Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas avec ce qu’il dit. C’est presque… presque comme s’il y avait deux personnes dans son corps.

Il y eut un déclic dans ma tête alors qu’elle prononçait ces mots. Mais non… C’était impossible. Il aurait fallu, pour cela, un contact entre les deux. Et Scorp était toujours avec nous… Je secouai la tête, c’était trop invraisemblable.

- Je te crois, affirmai-je toutefois. Il y a quelque chose de bizarre avec lui et on va découvrir quoi, toutes les deux, ajoutai-je avec sincérité.

Pour moi-même je conclus avec autre chose : je ne pouvais pas croire qu’il nous aurait bernés aussi longtemps. Quand même, depuis petite je savais reconnaître, la majorité du temps, les mensonges quand on m’en offrait.

Elle leva un visage empli de reconnaissance vers moi et c’est là que je remarquai l’hématome qu’elle avait au visage. Aïe, James n’y était pas allé de main morte. Bon, en même temps il n’avait pas prévu de frapper sa cousine. Je forçai alors ma meilleure amie à se relever, mais voyant qu’elle tenait à peine sur ses jambes, je me résignai à glisser l’un de ses bras autour de mes épaules. Je lui dis :

- Avant de s’occuper de la mission… Scorpion. Il faut aller à l’infirmerie.

Elle me dévisagea avec des yeux ronds, riant et pleurant à la fois, elle lâcha :

- La mission « Scorpion »?

Je levai les yeux au ciel et je m’expliquai :

- Bah quoi? Il faut bien lui donner un nom pour éviter que Jam… que certaines personnes sachent de ce dont il est question.

Je voulus immédiatement me frapper jusqu’à m’assommer en voyant ses yeux se remplirent de nouveau, d’encore plus de larmes. Pourquoi diable avais-je été obligé de prononcer le nom, ou du moins à moitié, de son cousin qui venait juste de la renier, d’une certaine manière. Et pour une Weasley, c’était un sacré coup. Car leur famille était ce que j’avais vu de plus unie de toute ma vie. Et des familles unies contre tout, ce n’était pas monnaie courante. Du moins, c’est ce que je croyais comprendre d’après mon vécu. Quoique… ma propre famille, que je ne connaissais pas cela dit, l’avait été. Jusqu’à la mort. Repenser à tout ça ne fit que raviver ma douleur et ma haine, mes poings se crispèrent de rage contenue. Ce ne fut qu’avec toute la force de ma volonté que j’arrivai à me calmer suffisamment pour poser une main rassurante sur l’épaule de Rose. Je lui dis donc :

- Tout va s’arranger, tu vas voir. Tu sais bien comment il est, il a une forte tête. Mais quand il finit par comprendre qu’il avait tort il revient toujours. Sur ce point, ils sont bien pareils les frères Potter!

J’eus un petit rire qui s’avéra communicatif. Pourtant je voyais encore l’empreinte de la tristesse dans ses yeux et ça me révoltait. À un tel point que j’aurais eu envie d’aller frapper James pour avoir dit de telles horreurs. Mais je comprenais aussi le point de vue de ce dernier. À vrai dire… je ne savais toujours pas sur quel pied danser en ce moment. Devais-je réellement croire ce que disait Rose ou plutôt pencher du côté de James? Mais je ne pouvais décemment pas abandonner ma meilleure amie. Pourquoi fallait-il que je sois prise entre deux feux? C’était une horrible sensation!

Profitant toutefois du fait qu’elle était dans une meilleure forme (si on peut dire), j’ignorai mes questionnements intérieurs pour la conduire rapidement à l’infirmerie. Je n’avais par contre pas prévu de tomber sur quelqu’un. Surtout pas quelqu’un qui me cherchait, de surcroit.

- Allison! Me héla une voix que je reconnus sans pourtant arriver à reconnaître son propriétaire du premier coup.

En me retournant je compris par contre rapidement de qui il était question. Joshua Flint. Que me voulait-il, au juste?

Voyant sans doute que je m’étais arrêtée pour l’attendre, il nous rejoint en vitesse et alors qu’il s’apprêtait à dire quelque chose il s’interrompit brusquement pour regarder le visage de Rose. J’aperçus une veine palpiter à sa tempe gauche et ses mâchoires se crisper. Il gronda :

- Qui t’a frappé, Rose? Que j’aille le dire à Scorp’ et qu’on…

Il ne put continuer sa phrase, car voilà que Rose se remettait à pleurer. En fait, dès qu’il avait prononcé le mot « frappé » c’était foutu, alors en ajoutant Scorp… il avait remué gentiment la plaie à vif. Me permettant donc de répondre à la place de Rose, je lui avouai avec les dents serrées :

- C’est James qui l’a frappé en voulant atteindre Scorpius. Notre… ami… est disons… changé. Depuis peu.

- Alors vous l’avez remarqué aussi! S’exclama-t-il soulagé. Ruby, Kieran, Amy et moi, on le trouvait bizarre depuis un moment. En fait, surtout avec Ruby. Il disait des trucs bizarres sur les Nés-Moldus… Et sur toi aussi.

- Moi? M’étonnai-je en ouvrant de grands yeux incrédules.

- Oui, toi, Allison, grommela-t-il. D’ailleurs c’est pourquoi nous te cherchions tous. Tous les quatre. Pour avoir quelques réponses.

Mes sourcils se froncèrent et je le dévisageai en silence. Sans doute que mon absence de remarque l’impatienta, car il ajouta :

- Nous sommes tous allés dans des directions différentes pour te trouver. La première personne y arrivant devait te poser les questions et donner les réponses aux autres.

- Je n’ai pas le temps pour un interrogatoire! J’ai pleins de choses à faire, figure-toi!

- Comme? S’enquit-il.

- M’occuper de Rose, par Morgane! Qu’est-ce que tu crois? Que je vais l’abandonner dans cet état?

Il rougit d’un coup et s’excusa à voix basse. Il se porta ensuite volontaire pour nous accompagner. Je levai les yeux au ciel. Je me doutais pertinemment que ce n’était pas seulement dans l’intérêt de Rose qu’il voulait venir. Mais plutôt pour me garder à l’œil et ainsi éviter que je le mène en bateau pour aller ailleurs et ainsi ne pas avoir à répondre aux questions qui le taraudaient. Personnellement, j’espérais qu’elles ne seraient pas trop indiscrètes, car je ne me sentais pas d’humeur à être très diplomate. Mais alors là… du tout.

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Et voilà, chapitre terminé! J'espère sincèrement qu'il vous a plu et qu'il n'est pas trop décousu... Enfin,
je tiens aussi à dire que je vais faire le vingt-et-unième dès maintenant, sans passer par mon autre fanfic avant. Après tout, normalement ils ne devaient former qu'un tout, alors... :D Je ne sais pas comment de temps je vais prendre, mais je vais essayer de le travailler un peu chaque jour si possible. Et pendant ma semaine de congé pour la mi-session j'essaierai de le terminer. (Dans une semaine et deux jours, c'est ma mi-session) Ah et voici à quoi ressemble une Pierre de Bromeïro!
À bientôt!


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addbook

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par addbook »

HEY!
Je sors de cachette pour te dire que j’ai enfin changé de telephone et que bah ce message va être envoyer!
J’ai rédigé 15 reponses a ce chapitre mais aucune ne se sont envoyées... Et ça m’a souler.
BON JE SUIS HEUREUSE D’ENFIN T’ENVOYER CE MESSAGEEEE!
Ali m’avait vraiment manqué! J’aime tropp la nouvelle pierre elle est trop belle!

Al c’est mon chouchouuuu❤️
J’arrive pas à croire que Scorp a fait ca, je le croyais sincère. Rose m’en fait pitié ça doit être horrible :shock:
Ton style n’a pas changé et évolue encore bien à chaque mot écrit.
Et NONNN ce n’est pas nul. Loin de là.
Merci de m’avoir prévenue et je ferai un truc plus argumenté la prochaine fois mais là j’ai la grippe donc...
Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

HÉ! Je suis là!!! Bon, je sais que j'ai dépassé (encore une fois) la date approximative que j'avais donné il y a... trop longtemps, mais pour ma défense le chapitre était beaucoup plus long à écrire et j'ai eu des devoirs longs et plates à faire, alors voilà! J'ai passé quelques nuits blanches (enfin, presque) à écrire le chapitre, alors c'est possible qu'il y ait quelques incohérences, alors veuillez me pardonner. Pour ça et aussi pour ce qui se passe dans le chapitre :twisted: Ainsi que pour sa très, très grande longueur. Toujours est-il que j'espère que vous l'apprécierez! Fait divers: j'ai déjà dépassé les 300 000 mots pour la fanfic, je commence à me faire peur :lol: Ah, j'allais oublier! J'ai un petit changement de programme ;) J'ai décidé d'essayer de terminer la fanfic d'ici les vacances de Noël (je suis mal partie pour, mais enfin...) Donc je vais continuer avec HP avant de passer à Nés à Minuit. Dès que le premier tome de la fanfic présente sera terminé, j'irai terminé Nés à Minuit, pour ensuite me concentrer sur le tome 2 avec HP :D Et seulement sur elle. C'est donc définif qu'il y aura un tome 2 :D Bref, je m'arrête ici. Bonne lecture!!! :D


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Chapitre 21



Quand enfin nous franchîmes les portes de l’infirmerie j’étais exténuée. Tant émotionnellement que psychologiquement. Ce que j’avais oublié, par contre, c’était que j’arrivais de là, à la base. Et que mon coup d’éclat d’un peu plus tôt n’avait certainement pas été oublié. Alors même que je n’avais fait que trois pas à l’intérieur, je sentis que l’on m’attrapait par les épaules et je fus brutalement plaquée contre le mur.

En relevant des yeux incrédules, je restai pantoise en voyant qui venait de me plaquer contre le mur. McGonagall. Je la dévisageai encore plus incrédule que quelques secondes plus tôt et l’espace d’un instant je sentis ses mains trembler. J’haussai un sourcil à son intention en disant :

- Professeur? Pouvez-vous me…

- MISS LÉVESQUE! Gronda-t-elle avec fureur. Pouvez-vous m’expliquer pourquoi vous vous êtes enfuie pour aller frapper votre ami?

- J’ai fait quoi? m’étranglai-je.

Je regardai alors derrière la directrice et un vent froid de panique se propagea dans mes veines en voyant que Scorpius était en train de se faire soigner par Mme Pomfresh. Joshua m’adressa un regard étonné et tandis qu’ils étaient tous là à me regarder avec qui de la colère, d’autres de la stupéfaction… Scorp m’adressait un sourire mauvais en me faisant un clin d’œil. Je sentis mon sang bouillir dans mes veines et il me fallut la main de Rose sur mon épaule pour m’empêcher de bondir vers lui et lui asséner un nouveau coup de poing sur la mâchoire. Je m’écriai :

- Mais ce n’est pas…

Je m’interrompis brusquement. Je ne pouvais décemment pas dire que c’était James, non? Il était toujours mon ami et puis… Enfin, ce ne serait pas suffisamment crédible. Je poussai un léger soupir et en haussant les épaules je marmonnai :

- J’avais des comptes à rendre. Avec lui. Pas avec vous. Alors ce que je fais ne vous regarde en…

- Cela suffit! Me coupa la directrice avec colère. Je n’accepterai aucune suffisance et irrespect de votre part, Miss Lévesque! Vous avez beaucoup trop dépassé les bornes, cette fois. Je vous avais prévenu que je ne voulais pas de violence dans l’école.

J’aurais voulu hurler ma frustration, mais j’étais pieds et poings liés. Scorpius avait su exactement comment il allait pouvoir se venger de mon interrogatoire qui avait mal tourné. Je lâchai un grondement intérieur et le foudroyai du regard. Pour ensuite me tourner brusquement vers McGonagall, car ce qu’elle disait jeta un froid brusque sur mon cœur déjà drôlement proche de la congélation polaire…

- Je retire cinquante points. Oui, cinquante points à la Maison de Gryffondor. Et si vous deviez recommencer… On ira à cent points, Miss Lévesque. D’ailleurs, vous serez en retenue chaque soir pendant un mois.

- Mais, professeur! Vint pour protester Rose, mais la directrice la coupa sèchement.

- Ne vous en mêlez pas, Miss Weasley!

Ma main droite se mit à trembler. À trembler de fureur. Je serrais les dents si fort que j’étais certaine de toutes les casser si je glissais ma mâchoire sur le côté. Je grommelai alors avec colère :

- Est-ce qu’il vous a dit qu’il avait frappé Rose? Je suppose que non, n’est-ce pas? Trop occupé à chialer comme son fainéant de père! Et bien pourtant il l’a fait. Il l’a fait alors qu’elle essayait de nous séparer.

Ce n’était pas l’entière vérité. Mais il ne pourrait pas me contredire. Car sinon il faudrait qu’il avoue que ce n’était pas moi qui l’avait frappé. Et là, plus personne ne croirait un traître mot qui sortirait de sa bouche. La directrice jeta un coup d’œil à Rose et je vis immédiatement l’indignation se refléter dans ses yeux. J’avais gagné un point. Alors que toutes les personnes présentes se tournaient vers un Scorp furibond, je lui adressai un sourire froid aussi mauvais que le sien. Ce genre de jeu, ça se jouait à deux. Et je n’étais pas le genre de fille à me laisser faire sans rien tenter.

- Surveiller votre langage, Miss Lévesque, soupira McGonagall.

Attendez, quoi?! Elle me faisait une leçon de morale maintenant, alors que j’avais dit que…

- Et Mr Malefoy… La Maison Serpentard perdra aussi cinquante points. Et vous accompagnerez Miss Lévesque dans ses retenues du soir pour les quatre prochaines semaines.

- Non! C’est hors de question! Hurlâmes Scorpius et moi avec horreur.

En voyant que nous avions parlé en même temps, on se fusilla du regard avant de se tourner vers la directrice. Elle haussa un sourcil et susurra :

- Vous vous êtes mis dans ce sac de nœuds vous-même, alors vous devrez assumer les conséquences. J’espère que vous retiendrez la leçon. Je n’accepte pas la violence à Poudlard.

Je grommelai quelque chose entre mes dents et la foudroyai du regard. Elle fronça alors les sourcils et me prévint :

- Faites attention, Miss Lévesque. Ou je pourrais bien retirer plus de points à votre Maison.

Je détournai immédiatement les yeux. Mais à l’intérieur de moi, la rage couvait. Une rage destructrice très, très dangereuse. J’espérais sincèrement que le reste de la journée ne serait pas trop chargé en désagrément, car sinon je risquais de péter un câble. Un très gros et très dangereux câble. Je pris une grande inspiration pour me calmer et attendis patiemment que Madame Pomfresh s’occupe de ma meilleure amie.

Lorsque ce fut enfin terminé, je demandai avec une certaine exagération de la politesse :

- Professeur McGonagall, auriez-vous l’amabilité de me dire quand commenceront mes retenues? Et à quelle heure? Et où?

- Vous verrez les détails avec votre Directeur de Maison et avec vos gardes du corps.

Par Merlin! Ce n’était pas sérieux! Mes gardes du corps?! Pourquoi. En regardant un peu mieux dans la pièce je constatai qu’en effet ils étaient tous là. Et ne semblait pas trop être joyeux présentement. Avec autant de délicatesse que je le pouvais, je pris Rose par la main et l’entrainai à ma suite. En voyant le chef de la bande ouvrir la bouche pour prononcer quelque chose je le coupai sans retenue en grommelant :

- Je ne suis pas d’humeur pour une leçon de morale. Alors, passez.

Je n’avais pas trop d’idée de l’endroit où je voulais me rendre, mais apparemment, Joshua avait décidé de nous accompagner. Je poussai un léger soupir, mais ne prononçai aucun mot.

Je marchais sans trop savoir où je voulais aller, au hasard des couloirs donc, lorsqu’au bout d’une dizaine de minutes, Joshua ne put pas s’en empêcher et lâcha :

- J’ai besoin de réponses, Allison.

- Et tu veux que je te réponde devant eux? Grommelai-je en pointant mes gardes du corps.

Il leur jeta un coup d’œil et poussa un soupir. Sans doute qu’il se disait la même chose que moi. Il n’y avait aucun moyen d’avoir une conversation confidentielle avec eux dans les parages. À moins que… Peut-être serais-je capable d’obtenir un compromis? Je pris une grande inspiration pour me donner courage, même si théoriquement je n’en manquais pas. Seulement, j’avais peur qu’ils disent non et que je ne le prenne pas. J’étais sur le fil du rasoir, présentement et un rien risquait de me faire exploser, donc… je ne crois pas avoir besoin de développer, n’est-ce pas?

- Mes chers gardes du corps… J’aurais un service à vous demander, lâchai-je abruptement.

Ils m’évaluèrent du regard pendant quelques instants, se questionnant sans doute si c’était un piège. C’est vrai que jusqu’ici je ne leur avais jamais demandé pour faire quoi que ce soit. Je m’exécutais et je m’excusais ensuite… du moins, certaines fois.

- Que voulez-vous, Miss Lévesque? S’enquit la seule femme du groupe.

- C’est quoi votre nom?

- Nesta, me répondit-elle en fronçant les sourcils.

- Bien, donc, Nesta, je voudrais savoir s’il était possible que vous vous bouchiez tous les oreilles, avec un sort, pendant que je discute avec mon ami. Comme ça vous pourrez nous surveiller, mais sans comprendre ce que l’on dit. C’est une solution qui m’arrange, moi, qui vous arrange, vous. Alors, oui ou non? Dis-je en prenant ma voix la plus diplomate possible.

Elle fronça les sourcils l’espace d’un instant. Comme si elle réfléchissait intensément et qu’elle était prise avec un dilemme intérieur. J’attendis patiemment en échangeant des regards nerveux. Pourvu qu’elle dise oui et que je puisse me débarrasser de cette affreuse discussion. Je n’avais pas envie d’être interrogée, mais mieux valait sans débarrasser le plus vite possible si je voulais me pencher sur un autre problème plus important. Autrement plus important. La mission Scorpion.

La femme finit par regarder ses collègues, comme pour demander leur avis. Mais mon petit doigt me disait qu’elle avait déjà pris une décision. Avec un peu de chance, ce serait en ma faveur. Sauf que je n’y comptais pas trop. La chance m’avait quitté dès lors où j’ai remis les pieds à Poudlard pour cette cinquième année…
Au bout de cinq minutes qui me parurent durer une éternité elle finit par trancher :

- C’est d’accord, Miss Lévesque. Mais laissez-nous le soin de choisir l’endroit.

- Euh… d’accord, lâchai-je en fronçant les sourcils, troublée.

Pourquoi voulait-elle choisir l’endroit? C’était étrange… Enfin, peu importe. Au moins elle avait accepté, alors est-ce que ça importait vraiment de savoir pourquoi elle voulait un lieu spécifique?

Je compris rapidement le pourquoi lorsqu’elle nous conduit dans un recoin perdu du château où qu’il n’y avait qu’une issue. C’était une bonne idée, comme ça il n’y aurait pas d’oreilles indiscrètes qui risquaient de nous écouter.
Ils s’éloignèrent alors de quelques pas et se jetèrent mutuellement des sortilèges qui les rendraient sourd. Pour une fois que j’avais la chance d’être écouté, j’allais en profiter! Je me tournai alors vers Joshua et lui demandai :

- Bon, que veux-tu, au juste?

- Je veux savoir qui tu es exactement, Allison. Tu n’es pas comme tous les élèves qui fréquentent Poudlard. Tu as quelque chose de plus. Quelque chose que quelqu’un recherche. Quelque chose pour laquelle il vaut la peine d’être protéger. Je me trompe?

Je restai figée. Ah, merde… Dans quoi m’étais-je encore fourrée? Et qu’est-ce que je pouvais bien lui dire? Nous n’étions pas si proches que ça. Pas suffisamment pour que je lui lâche la vérité, comme ça. Et puis, il voulait en parler à Ruby, Amy et Kieran. Je ne faisais réellement confiance qu’à une seule personne parmi celles-là. Ruby. Je ne pouvais pas mentir toutefois. Ou du moins pas complètement. Si je niais, il ne me croirait pas. Mais qu’est-ce que je pourrais bien lui dire qui satisferait sa curiosité sans me compromettre? Pas grand-chose…

Si je me fiais aux regards que me portaient Rose, elle ne croyait pas non plus que je devrais dire quoi que ce soit de compromettant. Mais en même temps, je savais bien que Joshua n’était pas un mauvais bougre. Non, il était même plutôt sympathique comme gars. Surtout pour un Serpentard. Et avec son nom de famille, d’ailleurs… Je poussai un soupir, réfléchissant aussi vite que possible à une alternative.

- C’est pour aujourd’hui ou pour demain, Allison? S’enquit-il en croisant les bras, légèrement énervé.

Je comprenais son envie de connaître la vérité. Mais c’était parfois dangereux de savoir quelque chose. Je me mordis la lèvre rageusement et j’aurais bien hurlé ma frustration si cela m’était un tant soit peu utile. Malheureusement, cela ne résoudrait rien et ne ferait que rapatrier de nouvelles personnes indésirables dans les environs. Je finis par lâcher la première chose qui me venait à l’esprit :

- Tu… Tu ne te trompes pas.

- Très bien, ça m’éclaire déjà un peu. Maintenant… Précise donc un peu, m’encouragea-t-il avec un sourire engageant.

Tristement pour lui, ce n’était pas un petit sourire qui m’aiderait à lui avouer mon plus grand secret. Un secret qui pourrait facilement me conduire tout droit vers la tombe, ou encore pire, conduire mes amis et les êtres qui m’étaient les plus chers à la tombe. Quoique, en y réfléchissant, il ne me restait plus que ça, des amis. Toute ma famille était morte. Une grosse boule d’émotions se forma dans ma gorge et dans le but de terminer au plus vite cet interrogatoire, je soufflai faiblement :

- J’ai quelque chose. Quelque chose qu’il veut. On me pourchasse pour cette simple petite chose. Je ne peux pas te dire quoi, mais seulement que s’il le possédait… il serait capable de ramener l’un des pires mages noirs que nous avons eu.

- Tu… tu as un Retourneur de temps? S’étonna-t-il en ouvrant de grands yeux incrédules.

- Je ne peux pas te le dire, mais… en quelques sortes.

Il fronça les sourcils et le visage qu’il afficha ensuite était celui de quelqu’un qui réfléchissait intensément. Il finit par trancher :

- Je ne crois pas que tu me dis l’entière vérité, mais… Je crois que tu m’as dit tout ce que tu étais en droit de me dire.

Sauf que quelque chose me dit que Rose et les autres de ton groupe sont au courant. Et un jour, j’espère que tu nous feras suffisamment confiance pour nous en faire part aussi.

Je le dévisageai avec surprise. Pourquoi cela l’intéressait-il à ce point? Il dut trouver mon expression comique, car il s’esclaffa en disant :

- Tu devrais voir ta tête! C’est à penser que tu crois que tout le monde te déteste…

- Et ce n’est pas le cas? Avec ce qu’il s’est passé… avec ce qu’il s’est passé au match de Quidditch…

Ma voix se cassa à la fin et je baissai les yeux sur mes pieds. Il s’approcha de moi et posa une main avec chaleur sur mon épaule. Là, il me redressa le menton et dit :

- Je sais, j’ai entendu ce que les autres ont dit. Mais les gens sont idiots, tu sais. Ils vont s’imaginer pleins de trucs sur toi, tout le temps. À croire qu’ils n’ont rien de mieux à faire. Que ce soit à cause d’un homme bizarre ou de notre nom de famille, les gens trouveront toujours quelque chose à… critiquer. Mais tu ne devrais pas te laisser toucher par tout ça. Je ne l’ai jamais fait. Que ce soit à Poudlard ou chez… Enfin, bref. Écoute-moi bien. Ce n’était certainement pas de ta faute. J’en suis convaincu. J’ai bien vu comment tu étais avec tes amis et je ne crois pas que tu sois du genre à faire dans la méchanceté gratuite ou à te foutre des dommages collatéraux. Ou en tout cas dans certaines situations.

Il s’interrompit un instant comme s’il cherchait ses mots et il finit par ajouter :

- Regarde, on est certes tous beaucoup plus proche de Scorpius, Ruby, Amy, Kieran et moi. Sauf que depuis qu’il sortait avec Rose, on a dû vous côtoyer aussi. Et même avant ça, j’ai toujours trouvé que tu étais une chic fille. Tu n’avais pas peur d’affirmer ton opinion, mais sans non plus écraser tout le monde autour de toi. Et c’est une chose que je respecte, vraiment. Et même si je sais que nous ne sommes pas vraiment amis, je veux que tu saches que tu peux me faire confiance. Je ne trahis jamais les personnes qui me sont proches ou que je respecte. Et je sais que Ruby t’aime beaucoup. Et…

- Nous sommes amies, en fait, Ruby et moi, le coupai-je.

- C’est bien ce que j’avais cru comprendre en l’entendant dire à quel point tu avais assuré comme une bête pour te venger de Potter.

- Lequel? Demandai-je avec un sourire narquois.

Il leva les yeux au ciel et rigola légèrement en disant :

- James, bien sûr. D’ailleurs, je suis sûr qu’il y a quelque chose de plus que de la simple fureur chez Ruby, le concernant.

- Je ne parierais pas là-dessus. Est-ce que tu es au courant de tout?

- Oui, mais je maintiens ce que je dis.

Je fronçai les sourcils et après un moment d’hésitation je lançai :

- Je paris trois chocogrenouilles que tu as tort.

- Pari tenu, déclara-t-il avec un sourire très amusé.

Pendant un terrible instant je me dis qu’il savait peut-être quelque chose que j’ignorais. Pourtant, son sourire s’affaissa rapidement et il reprit :

- Je devrais peut-être te prévenir de quelque chose… Scorp parle dans son sommeil ces derniers temps… et il a dit quelque chose. C’était vraiment bizarre, car dernièrement quand il parle de toi c’est toujours… négativement. Et c’est la même chose en ce qui concerne Ruby. Enfin, bref, il a dit et je cite « Il va le tuer. Il va tuer le chien dans quinze jours s’il n’a pas de nouvelles. Il faut que je la prévienne. Il faut que je le dise à… Il faut que je le dise à Alli… » Ensuite il s’est réveillé et il a commencé à te maudire.

Je fronçai un peu plus les sourcils et plissai des paupières. Tout ça était bien étrange. Toutefois je ne pouvais pas m’empêcher d’avoir le cœur serré. Dans quinze jours. Dans quinze jours mon petit Spocky junior serait mort. Il fallait que je fasse quelque chose, mais je ne pouvais pas agir de manière précipitée et inconsidérée. Il me fallait un plan. Et un plan infaillible. Sauf que je n’arriverais jamais à soudoyer mes gardes pour les faire agréer à une telle idée. Même si je les impliquais. Même si je permettais à cent Aurors de m’accompagner, la réponse serait non. D’ailleurs, je ne croyais pas être capable de transporter cent personnes avec moi.

- Merci… Merci pour les informations, Joshua, finis-je par dire en réfléchissant toujours à toute vitesse.

- Pas de quoi. J’espère toutefois que tu parviendras à trouver une solution.

- Une solution? M’étonnai-je en le dévisageant.

Il eut un grand sourire moqueur et s’exclama en riant :

- Pour te procurer tes trois chocogrenouilles, voyons!

Il m’adressa un clin d’œil avant d’ajouter avec un sourire encore plus moqueur :

- Je plaisante, bien sûr. Ou en tout cas, à moitié. J’espère simplement que tu trouveras une solution pour sauver ton chien. C’était une vraie petite vedette, tu sais? Et pas seulement chez les Gryffondors.

Sur ces belles paroles énigmatiques Joshua se détourna en nous saluant de la main. Puis il s’éclipsa rapidement. Je le regardai partir avec un sourcil arqué. Par la barbe de Merlin, il était tout qu’un numéro, celui-là! Et je croyais qu’il aurait plus de questions que cela à me poser…

- Joshua est un sacré numéro, pas vrai? Me dit Rose avec une voix à la fois amusée et triste.

- Oui, approuvai-je. Ça m’étonne qu’il ne m’ait pas posé plus de questions…

- Oh, il en avait d’autres, crois-moi, affirma ma meilleure amie avec un grand sourire. Sauf qu’il savait que tu ne répondrais pas. Ou en tout cas que tu… n’étais pas complètement là.

Sur ces mots elle s’approcha de moi et me serra dans ses bras. Je restai figée un long moment et elle dit :

- Je te connais depuis très longtemps, Alli. Ou du moins j’en ai l’impression, car je sais voir à travers ton masque. Tu as repensé à des trucs douloureux, n’est-ce pas?

Je me mordis les lèvres. Je ne pouvais pas me permettre de pleurer. Pas encore. Pas à nouveau. Je rendis son étreinte à mon amie et je dis en retenant un sanglot :

- C’est moi qui devrais te réconforter, pas le contraire!

- J’ai seulement le cœur brisé, Alli. Toi…

- Ne dis pas ça! Scorp va le payer, crois-moi! Et Monsieur Je-n’ai-pas-été-en-mesure-de-parler-pendant-une-semaine aussi le regrettera amèrement! M’exclamai-je.

Elle m’adressa un sourire reconnaissant, mais en voyant les larmes se former dans ses yeux, je lui dis :
- Bon, écoute-moi. Là, on va retourner à notre dortoir. Et on va se mettre à la mission Scorpion. On découvrira ce qui cloche, je te le promets.

- Et on trouvera un moyen de sauver Spock, Alli. Nuage est en train de dépérir aussi, tu sais… ajouta-t-elle.

J’hochai de la tête en laissant rouler une larme sur ma joue. J’avais bien vu que Nuage ne mangeait plus beaucoup et que des plaques de poils se détachaient de manière très anormale. Mais nous allions régler ce problème. Oh que oui! Nous allions trouver pourquoi Scorpius agissait comme un abruti et j’allais sauver mon chien. J’ignorais encore comment, mais je savais que je devais faire quelque chose. Et ce, d’ici quinze jours. Sinon… Sinon il serait trop tard.

Je ravalai alors mes larmes et j’eus la satisfaction de voir Rose en faire autant. Je lui saisis donc la main et la serrai fort dans la mienne. D’un signe à mes gardes du corps je leur fis comprendre que j’étais prête à partir et que j’en avais terminé.

Nous nous mîmes alors rapidement à marcher et bien entendu en direction de notre Salle Commune. J’espérais secrètement ne croiser ni James, ni Al. Le premier, car j’aurais probablement envie de le frapper pour la situation dans laquelle il avait placé Rose et le second… car j’avais peur de ce qu’il pourrait penser de mon plan. De ce que nous cherchions à faire Rosie et moi. Malgré que je sois toujours mitigée sur l’idée, mais ça je n’oserais pas lui dire clairement. Seulement j’avais de la difficulté à croire que Scorp n’ait pas cru un seul mot de ce qu’il disait. Le venin dans sa voix… était tellement… fort. Je ne savais même pas comment le décrire, si ce n’est qu’il me donnait l’impression d’être mijoté longuement, que ce n’était pas l’effet d’un « coup de tête ». Je poussai un soupir et accélérai la cadence.

Ma chance devait vraiment être mauvaise, car à peine faisais-je un pas à l’intérieur en compagnie de Rose, et mes gardes du corps accessoirement, que je me retrouvai devant James et Albus Potter, auxquels on ajoutait le reste de la compagnie du premier, soit Liam et Dylan. Je serrai la mâchoire en voyant l’air déterminé qu’affichait James. Il grommela alors :

- Tu es de son côté, alors?

Il n’arrivait déjà plus à dire le nom de sa cousine? Cela me transperça le cœur alors même que je n’étais pas la concernée de l’affaire. Et comme on peut s’y attendre, la colère commença à m’étreindre comme une vieille amie que je connaissais peut-être un peu trop bien pour mon propre bien. Je réussis toutefois à me contrôler en voyant, d’un coup d’œil à Rose, qu’elle était sur le point de défaillir. Et si je créais un scandale familial devant toute notre Maison, je crois qu’elle ne le supporterait pas. Or, de tout ce que je ne voulais pas qu’il arrive, c’était bien de voir ma meilleure amie fondre en larme. Je pris une grande inspiration, histoire de me calmer un minimum avant de lâcher :

- Éclaire donc ta pensée, James? Je ne suis pas vraiment d’humeur à réfléchir de manière cohérente.

Rien de mieux que de lui demander d’éclaircir son point de vue tout en le mettant en garde contre mon… comment dire cela? Contre mon tempérament colérique du moment? Ouais, ça pourrait faire l’affaire. Toutefois, je crois qu’il ne l’avait pas vraiment compris, peut-être avais-je été trop subtile?, car il gronda :

- Tu la crois? Tu penses que ce sale menteur de Serpentard pourrait… pourrait être celui qu’il nous a fait croire qu’il était? Mais ce serait d’être aveugle, Allison! Il a simplement été aussi rusé que le sale serpent qu’il est! Ouvre les yeux, il nous ment depuis le début, c’est certain…

Les yeux de Rose commencèrent à s’embuer. Pendant tout le temps où James me parlait, il n’avait pas adressé un seul regard à sa cousine. Et il refusait toujours de prononcer son nom. J’avais terriblement mal pour elle. Mais aussi pour moi. Car je voyais clairement un soupçon de désapprobation dans les yeux d’Albus. Mais c’était un peu moins critique que du côté de James, car je voyais bien que mon petit-ami luttait entre ça et le doute. Scorp avait aussi été son ami. Peut-être même un ami plus proche que je ne l’avais été avec notre Serpentariens d’ami. Toutefois, je ne me permis pas d’être influencé par leur opinion, et si je me fiais à la main de Liam et celle de Dylan aussi, d’ailleurs, qui s’approchaient des avant-bras de James par derrière, ils s’en doutaient aussi. Je dis donc d’une voix ferme :

- Rose, ta cousine, est ma meilleure amie James. Et pour tout t’avouer, je déteste sauter aux conclusions qui me semblent trop facile, contrairement à certains. Et puis, je ne sais pas trop quoi en penser… Je suis perdue, d’accord? Il se passe beaucoup trop de chose dans ma vie ces derniers temps… Je… J’ai de la difficulté… J’ai de la difficulté à démêler tout ça…

- Mais c’est pourtant si simple, Allison! Hurla-t-il. J’aurais cru que toi, parmi tous les autres, l’aurait compris! Il s’est joué de nous depuis le début. Il a amadoué ma cousine, comme tu dis, pour que justement il puisse continuer à mettre le désordre dans notre groupe sans en faire partie. Ne le vois-tu pas? Ne le comprends-tu pas?

Cette fois, je vis rouge. Particulièrement en voyant les larmes couler sur les joues de ma meilleure amie, et ce, sans interruption. Je détestais la voir pleurer. Car je savais que pour qu’une seule larme s’échappe, il fallait qu’elle soit réellement en détresse. Je crispai alors les poings et m’exclamai :

- Tu veux que je te dise quoi, James?! Que tu as raison? Que tu es le meilleur et qu’on devrait tous t’écouter?! Si tel était le cas on serait tous dans de beaux draps, car tu te trompes sur un point! Rien de tout ceci n’est simple! IL N’Y A JAMAIS RIEN DE SIMPLE! Et certainement pas la situation dans laquelle on se trouve. Il y a des trucs qui ne collent pas, mais ça doit être trop subtil pour que tu arrives à les voir. Car la subtilité et toi, ça fait deux, pas vrai, James?

Il vint pour argumenter quelque chose, mais je le coupai en levant fermement la main, les doigts entièrement dépliées. Je grondai alors sur un ton encore plus dur que tout ce que j’avais pu prendre comme ton par le passé :

- Je prends rarement la voie facile, contrairement à toi James. Et je ne donnerai pas de jugement dans un sens ou dans l’autre temps que je n’aurai pas cherché des preuves d’innocence… ou de culpabilité. Des vraies preuves, tangibles et irréfutables. Et ne t’avise pas d’essayer de m’en empêcher. Ni aucun d’entre vous.

Je jetai un rapide regard à Al, mais détournai rapidement les yeux, ne voulant pas avoir à supporter ce que ses yeux à lui me diraient. Déjà que je sentais que l’émotion me serraient la gorge à tel point que j’avais des difficultés à respirer. Ce n’était pas facile de renier ses amis. Mais c’était ce que j’étais en train de faire, dans un sens. Pour Rose. Au train où allaient les choses je n’aurais plus aucun ami au moment où j’en aurais le plus besoin. La menace de Berkeley allait en grandissant et mon soutien en baissant… Mais il ne fallait pas y penser.

Je les bousculai alors avec colère et entrainai rapidement Rose derrière moi. Sans plus attendre je montai les escaliers quatre à quatre en compagnie de ma meilleure amie et nous enfermai, seules avec la seule femme garde du corps, dans notre dortoir.

Le seul problème avec cette idée c’est que… nous n’étions pas vraiment seules. À vrai dire, Malia et Teena nous attendaient de pieds ferment. Toutes deux assises sur leur lit. La première chose que la dernière nous demanda ne fut pas un « Est-ce que ça va, Rose? » ou « Ton cousin est vraiment énervant, hein? ». Non, elle commença par des remontrances, elle aussi.
Elle s’exclama :

- Est-ce que tu as vraiment fait ça, Rose? Tu as vraiment pris sa défense? À cet idiot fini?

Je fus estomaquée en voyant les larmes de ma meilleure amie se tarirent en l’espace de quelques secondes. Et la rougeur qui commençait à colorer ses joues m’inquiétait légèrement. Toutefois, je ne me serais jamais attendue à…

- L’IDIOT FINI A UN NOM, TEENA BONES! S’écria Rose avec une telle colère que je sentis le sol vibrer sous mes pieds et j’exagérais à peine. Il s’appelle Scorpius, continua-t-elle plus calmement, mais avec une fureur sourde toujours présente dans sa voix. Et jusqu’à encore récemment… il était… il était… il était mon petit-ami…

À la fin elle éclata de nouveau en sanglot et je la pris dans mes bras en y mettant toute l’amitié et la vigueur que je pouvais. Et cela tout en foudroyant Teena des yeux. C’était quoi l’idée, par Merlin? Je m’exclamai alors avec une indignation très, très marquée :

- Non, mais! C’était quoi l’idée, Teena? La remettre en question alors qu’elle est en train de vivre l’une des pires épreuves de sa vie? Je ne te croyais pas idiote à ce point! Je sais bien que tu n’as jamais connu de peine d’amour et eut le cœur brisé, mais j’aurais cru que tu pouvais te montrer plus… compréhensive que ça.

Je vis distinctement la bouche de mon amie s’ouvrir puis se refermer, pour ensuite s’ouvrir à nouveau et se refermer encore. Apparemment je l’avais bouché. Je détournai alors les yeux de ma camarade de dortoir, ou plutôt de mes camarades de dortoirs, et je me reconcentrai sur Rose. Celle-ci n’en menait vraiment pas large et mon cœur était si lourd que j’avais l’impression que j’allais m’écraser par terre d’une seconde à l’autre. Apparemment c’était pire pour ma meilleure amie, car ses jambes flanchèrent et elle s’écroula littéralement dans mes bras. Malheureusement je ne m’attendais pas à tant de poids et je fus entraînée dans sa chute, on s’écroula donc par terre sans aucune élégance.

Je lui murmurai alors sur un ton calme :

- Écoute Rose, on va comprendre. On va arriver à comprendre pourquoi il a fait tout ça…

Elle me regarda avec des yeux éperdus, mais je devinais l’impuissance et la résignation derrière. Elle dévia alors le regard et poussa un soupir avant de lâcher :

- Mais tu n’y crois pas vraiment, Alli. Alors comment pourrais-tu ne serait-ce voir les indices qui se présenteront?

Je pris une grande inspiration pour m’assurer que ma voix ne tremblerait pas et j’affirmai :

- Va falloir que tu ouvres grands tes oreilles, ma vieille. Je voudrais bien faire preuve de plus de délicatesse, mais… je crois que finalement ce n’est pas ce dont tu as besoin. On se fout de ce que les autres pensent. L’important c’est que toi, tu y crois! Que moi, ou les autres y croyions ou non ne changera rien si toi tu n’y crois pas. Tu es mon amie et peu importe ce que je pense de tes plans stupides ou très intelligents, je vais te suivre. Et si tu es trop aveuglée, c’est moi qui resterai objective pour te permettre de trouver les vraies réponses.

Je m’interrompis quelques secondes, ne sachant pas trop comment dire la suite. Comment lui annoncer que je ne savais pas sur quel pied danser? Que je voulais à la fois que Scorp soit coupable et que ce soit aussi simple que cela, mais aussi qu’il soit innocent, car mon cœur ne supporterait pas le contraire? J’étais perdue dans mes propres sentiments intérieurs. Dans mes propres songes complètement désordonnés.

Dans ces cas-là, comment faire pour dire à notre meilleure amie d’y croire à fond, mais pas trop non plus? Comment faire quand tu veux à la fois l’encourager et la dissuader de faire quelque chose à l’issue aussi… incertaine? Je ne voulais pas qu’elle souffre. Ça m’était insupportable. Car je savais qu’au fond, tout ça était ma faute. Sans Berkeley, que Scorp soit bon ou mauvais, tout ça ne serait jamais arrivé. Sans moi, rien de tout ça ne serait arrivé non plus. Scorp ne serait pas notre ami. Si je n’avais pas existé, les chances que Voldemort revienne aurait été bien, bien moindre. À moins d’avoir des fous qui réussissent à se procurer le dernier Retourneur de Temps.

Je finis par reprendre en disant d’une voix déchirée :

- Je vais être franche… Je n’ai aucune idée de si ce qu’on s’apprête à faire est la chose à faire. Si ce sera douloureux ou joyeux, si on peut le dire comme cela. Mais une chose dont je suis certaine, ou plutôt deux, c’est qu’il n’y a aucun chemin sans douleur en ce moment. Peu importe la décision que l’on prendra… il sera jalonné de moments difficiles et douloureux. Mais je m’en fous. Car je suis ton amie et je te suivrais n’importe où. Même si tu devais aller en enfer, je te suivrais sans hésiter. Je ne sais peut-être pas encore si Scorp est réellement innocent ou même s’il est coupable… mais je veux le découvrir. Je veux avoir des preuves irréfutables du fait qu’il soit… perdu ou récupérable.

L’émotion qui se lisait dans ses yeux quand elle plongea son regard dans le mien était une reconnaissance entière et sans limite. Ses yeux s’emplirent deux fois plus de larme et elle me serra dans ses bras à m’en briser les côtes en disant :

- Oh, Alli… Tu es la meilleure amie que je pourrais avoir… Et… Et tu es beaucoup plus ma famille que tous ceux qui partagent mon sang…

Je restai figée pendant de longues secondes. Complètement figée. Apparemment, ce que James lui avait dit lui faisait encore plus mal que je ne le croyais. Pourtant je ne dis rien pendant les cinq minutes où elle me broya tous les os du corps. Elle en avait besoin et de toute manière, j’avais connu des douleurs bien, bien pires. Pourtant, je ne pus empêcher une larme de rouler sur ma joue. Je ferais tout pour que ma famille soit encore là…

Quand elle me relâcha enfin, les larmes s’étaient taries. Je lui essuyai alors les joues avec mes pouces pour qu’il n’en reste plus aucune trace hormis ses yeux rougis. Je lui dis alors tout doucement, pour ne pas la brusquer :

- Ne renonce pas à eux aussi, Rose. Ils ont toujours été là pour toi et… sans vouloir défendre ce qu’ils ont dit… Ou plutôt ce que James a dit, ils ont une bonne raison. Lily a été attaquée, leur petite sœur. Comment réagirais-tu si… si j’avais attaqué Hugo et qu’Al me défendrait? Si les situations étaient inversées? Je te connais Rose… certes, tu es un peu plus réfléchie que James, mais… tu me détesterais. Et tu en voudrais à Al.

- Mais Alli… Ils… Eux… Ils ne comprennent pas, souffla-t-elle.

- Je sais, mais ils sont ta famille. Ne gaspille pas le temps que tu as avec eux à les détester ou les ignorer. Chaque seconde compte…

Elle sembla soudain en comprendre beaucoup plus que ce que j’en avais dit, car ses yeux s’écarquillèrent. Ce fut sans doute le cas pour les deux autres filles de notre dortoir, que j’avais légèrement oublié, car elles s’exclamèrent toutes à tour de rôle, en commençant par Rose et en terminant par Teena :

- Oh, non, Alli! Je suis tellement désolée!

- Oh, Alli…

- Par Merlin, Alli… On est tellement désolée…

Je secouai la tête légèrement. Je ne voulais pas y repenser, mais voilà, je me retrouvais maintenant encadrer par mes trois amies. Chacune me regardant avec tristesse et compassion. Que d’émotions, par Morgane! J’avais l’impression de n’être plus que ça, des émotions! Je passais de la colère à la tristesse en quelques secondes ou de la tristesse à la joie entremêlé d’excès de colère… J’étais une vraie girouette, ma parole!

Je secouai lentement la tête, quelques larmes roulant sur mes joues. Je lâchai faiblement :

- Je n’ai pas envie d’en parler. Et puis, ce n’est pas ce qui est important en ce moment… Il faut s’occuper de la mission Scorpion.

Ma voix se fit plus ferme à la fin et j’essuyai courageusement mes larmes. Enfin, je commençais à m’être (du moins presque) habituée au fait d’être toujours sur le fil du rasoir niveau émotion. Mais je détestais pleurer de toute façon. Surtout en public devant des gens que je ne connaissais pas vraiment. Je parle ici de ma garde du corps, bien sûr. Mais même devant Mal et Teena c’était dur. Je n’avais pas vraiment l’habitude. Jusqu’à cette année, j’avais toujours détestée paraître faible et pleurer, dans mon cas, s’apparentait à de la faiblesse.

- Très bien, on va s’occuper de la mission Scorpion, affirma Rose avec autant de fermeté que moi, mais je décelai un très léger tremblement dans sa voix.

C’était un sujet douloureux, mais elle en avait autant besoin que moi pour ne pas réfléchir à ce qu’elle ressentait. Malheureusement, alors qu’on s’apprêtait à se lever, Malia posa une question qui ramena la problématique sur le tapis (ou le plancher? On était sur le plancher après tout…) :

- C’est quoi la mission Scorpion?

- Prouver si oui ou non, Scorpius est coupable. Si oui, jusqu’à quel point. Si non, comment est-ce que j’ai pu me tromper dans ma Vision.

- Mais… Si c’est les deux à la fois? S’enquit Teena en haussant un sourcil.

- C’est compris dans le « si oui, jusqu’à quel point », l’informai-je en croisant les bras.

Il y eut quelques minutes d’un silence très gênant. En tout cas, je pouvais donner quelques points positifs à ma garde du corps du moment. Elle n’avait pas lâché un seul commentaire durant tous les moments de drames auxquels elle avait assistés. Et ça, c’était vraiment fort! Moi, si je devais un jour protéger quelqu’un et que sa vie était aussi dramatique, je ne crois pas que je serais capable de rester de marbre. Après, dit comme ça, c’était moins flatteur pour elle. Enfin, peu importe.

Teena et Malia échangèrent un regard. Un regard plein d’interrogations. Comme si elles se questionnaient mutuellement concernant quelque chose. Et comme j’ignorais le quelque chose en question, ça m’intriguait. Et je suis quelqu’un d’assez curieuse et l’absence de réponse à mes questions peut s’avérer presque douloureux par moment. Je dis bien presque. Et alors que j’étais complètement concentrée sur leurs échanges silencieux, je manquai sursauter et sauter un mètre dans les airs en entendant Teena demander :

- Et vous pensiez commencer par quoi?

Je m’apprêtais à lui répondre que je n’en avais pas la moindre idée lorsque je sentis quelque chose, dans mon sac à main spécial vision, se mettre à vibrer. À deux reprises. Sans même avoir à réfléchir je sus ce dont il s’agissait. Car le regard de Rose voulait tout dire. Elle aussi l’avait senti.

Mes soupçons furent confirmés lorsqu’elle sortit sa carte de l’une des poches de notre uniforme scolaire. J’entendis Mal marmonner dans son coin :

- Elle ne nous a jamais parlé de cette carte…

Je levai les yeux au ciel, mais m’approchai rapidement pour voir ce qu’il s’y passait. Suivit rapidement par mes deux amies. Nous envahîmes de ce fait Rose, mais celle-ci ne sembla pas en être gênée, car elle déplia soigneusement sa carte, avant de l’ouvrir sous les yeux éberlués de nos camarades de dortoirs… et de la garde du corps. Oh, merde! Merde, merde, merde! Par Morgane et Merlin, nous étions vraiment dans la merde! Toutefois, j’eus l’agréable surprise de voir qu’elle ne prononçait toujours pas un mot.

Je pus donc relativement tranquillement regarder ce qui se passait sous mes yeux. Dans notre coin réservé à la discussion, on pouvait lire :

Cruelfangs : Explique-moi. Je veux juste comprendre…
Darkhaze : Peux pas.
Cruelfangs : Je ne te crois pas! TU AS ATTAQUÉ MA PETITE SŒUR!
Darkhaze : Dis… que... peux… pas!
Cruelfangs : ARRÊTE DE MENTIR! Tu peux parfaitement répondre! Tu l’as fait tantôt!
Darkhaze : Pas… Moi… Pouvais… pas… Hugo… Lily… Lily… là… mauvais… mauvais…
Cruelfangs : Ah, par Merlin! Ça ne sert à rien de discuter avec toi… TU NE VEUX RIEN ENTENDRE. JE TE CROYAIS MON AMI.
Darkhaze : Mais… C’EST ÇA, TU N’AS QU’À T’EN ALLER, IDIOT DE POTTER!

Soudain je compris quelque chose. Non, plusieurs choses en fait. Choses que je n’avais pas remarqué au tout début, car j’étais trop en colère. Dans une colère noire, à vrai dire. Mais maintenant, plusieurs choses s’éclaircissaient dans mon esprit. Et à voir comment nos regards, à Rose et moi, se croisèrent avec la même compréhension à l’intérieur, je compris que, elle aussi, en était venu à la même conclusion.

- Sa carte fonctionne toujours, nous soufflâmes ensemble avec un soudain regain d’espoir.

Rien n’était plus perdu pour Scorp. Ou presque. Ce fait ne retirait pas toutes les horreurs qu’il avait proférées, mais… ça redonnait quand même espoir pour la suite! Et les yeux brillants d’un certain soulagement, Rose se cacha la tête entre les mains pour souffler :

- Tout n’est peut-être pas perdu.

La carte de Scorp fonctionnait toujours. Et même si j’avais toujours quelques craintes, j’étais beaucoup plus optimiste, moi aussi. Car je me souvenais très bien des sortilèges que j’avais employés pour faire en sorte que nous ne puissions pas nous trahir sans en subir des conséquences. La première chose qui devait se produire, c’était la destruction de la carte. Et la destruction de la carte entraînait l’apparition du mot traître en horrible entaille sur le front. Ne me demandez pas comment j’ai réussi à trouver un sort comme celui-là, vous ne voulez pas le savoir. Sincèrement… ce n’est pas joli-joli. Toujours est-il que Scorp ne semblait pas avoir vécu aucun de ses deux problèmes. Bien sûr, il pouvait y avoir plein de failles dans mes sortilèges et ma formulation de trahison, mais c’était toujours un début.

Je me souvins alors d’un petit détail profondément crucial. Et je m’étonnais de ne pas y avoir pensé plus tôt. Et dire que je l’avais croisé pas même… Euh… une heure plus tôt, peut-être? Ah, je me perdais un peu en ce moment. Il faut dire que rester dans les pommes pendant quatre jours n’aidaient pas vraiment. Enfin, il me fallait trouver Parkinson. Là, tout de suite. Maintenant. Je lâchai abruptement :

- Pour répondre à ta question, ma chère amie… Je vais commencer par aller trouver mon… Enfin, par aller trouver Parkinson. J’ai besoin de m’entretenir avec lui.

Sur ces mots je me redressai d’un bond. Alors que je m’apprêtais à m’élancer je fus arrêtée par deux choses. La première étant le fait que Malia me retenait par la jambe et la seconde Rose qui s’exclamait :

- Parkinson? Mais enfin, pourquoi?! Il n’a aucun lien avec…

- Il a voulu me prévenir au sujet de Scorp. Alors il a peut-être quelques informations à me donner qui s’avèreront intéressantes, la coupai-je avec un sourire encourageant.

- Je veux venir avec toi! s’empressa-t-elle de dire en se levant.

- Non, je crois qu’il vaut mieux que j’y aille seule. Notre relation est… assez compliquée. Je ne veux pas empirer le tout en ajoutant une ou des amies. Mais je vous ferai un rapport détaillé, ajoutai-je en souriant à nouveau avec espoir. Enfin, seulement si Malia consent à me relâcher et que je peux y aller, bien sûr.

- Je le ferai, mais… Dis-moi simplement que tu n’y vas pas pour aucune autres raisons que celle-là.

- Pour quelles autres raisons est-ce que j’irais? M’enquis-je en fronçant les sourcils.

Elle se mordit la lèvre semblant se demander si c’était une bonne chose de me le dire. Mal sembla finir par se décider, car elle lâcha d’un coup :

- Au sujet des pierres. Je suis sûre qu’il n’en a pas.

- J’aimerais vraiment pouvoir te croire sur parole, Mal. Mais il a des antécédents qui jouent contre lui. Toutefois, je ne crois pas non plus qu’il soit lié aux pierres. Me relâches-tu, maintenant?

Elle m’offrit un sourire désolé en me libérant la jambe rapidement. Je me mis alors immédiatement en marche. Alors que je descendais les escaliers, ma garde du corps me dit :

- Vous avez conscience que le couvre-feu est maintenant en vigueur, n’est-ce pas, Miss Lévesque?

- Je l’ignorais.

- Et vous continuez tout de même? S’enquit-elle.

- Ça ne m’a jamais arrêté, avouai-je.

Je vis l’espace d’une demi-seconde un sourire flotter sur ses lèvres et elle dit :

- Très bien, alors nous vous suivons.

Je la regardai d’une toute nouvelle manière. Décidément, cette garde du corps commençait à me plaire! Il faudrait bien que je me donne la peine d’apprendre son nom, maintenant. Ce serait plus… respectueux, disons. Surtout que j’avais l’impression qu’elle s’efforçait de rendre sa présence la moins dérangeante possible et qui plus ait, elle semblait, jusqu’à un certain point, avoir le contrôle du groupe. C'était plutôt agréable de constater que les femmes Aurors avaient la possibilité de gravir autant d’échelons que les hommes, après tout chez les moldus il y avait encore des inégalités flagrantes et dérangeantes. Et comme chez les sorciers c’est parfois encore assez vieux jeu… Enfin, je me comprends.

Alors que nous traversions la Salle Commune, sans regarder aucun des membres de ma Maison présents dans la pièce, je lui demandai :

- Quel est votre nom déjà, au fait?

- Nesta Nightingal, répondit-elle en m’adressant un sourire.

Sourire qui se retira lentement de ses lèvres lorsqu’elle ajouta avec un regard triste :

- Ana Montanes était ma meilleure amie depuis que nous étions à Poudlard. Nous avons toujours partagé la même opinion sur plusieurs sujets.

Son regard se révéla plus insistant lorsqu’elle prononça la dernière phrase. La mention d’Ana me noua la gorge, mais dans un sursaut je le perdis. Car je venais de comprendre ce qu’elle avait voulu me faire passer comme message. Elle et Ana partageaient la même manière de penser sur beaucoup de sujets. Et mon petit doigt me disait, qu’en ce qui me concernait, moi, elles pensaient la même chose. Qu’il valait mieux m’aider à réussir mes entreprises risquées que de me laisser les faire seule dans des risques encore plus grand.

Cette nouvelle perspective qui s’ouvrait à moi était fort intéressante. Mais j’avais quelque chose à régler avant de pouvoir m’y consacrer pour de bon. Entre autre trouver Parkinson, ce qui ne serait pas chose aisée, puisque je risquais de devoir aller cogner à la porte des Serpentards. Ou tomber sur des connaissances Serpentariennes qui auraient décidées d’enfreindre le règlement de l’école… Ou peut-être que mes gardes du corps connaissaient le mot de passe des Serpentards? Ce serait logique dans un sens!

- À tout hasard… Vous ne connaîtriez pas le mot de passe qui permet d’entrer dans la Salle Commune des Serpentards, hein?

- Puis-je savoir la raison d’une telle demande?

- J’ai besoin d’avoir une certaine conversation avec mon… avec mon… avec mon frère. En tête à tête. Et il est à Serpentard, dis-je en butant sur le fait que Parkinson soit mon frère.

J’avais toujours quelques difficultés à me faire à l’idée que nous avions les mêmes parents. C’était fou, quand même! Dès mon entrée à Poudlard il m’était tombé dessus. Maintenant que j’y réfléchissais plus ardemment, je me demandais si ce n’était pas son instinct de grand frère qui l’y avait poussé… Humm… Cette question méritait réflexion. Mais d’un autre côté m’envoyé des balles dégoûtantes et puantes étaient d’un autre calibre que celui d’un grand frère. Quoique… James pouvait se montrer violent dans ses tours. Je me souvenais encore de cette fois en troisième année où, à l’occasion de la fête d’Al, ce dernier s’était retrouvé à empester l’œuf pourri, car son frère avait eu la gentillesse de lui éclater un œuf immense modifié sur la tête. L’odeur était restée imprégné à Al toute la journée. Ça avait tout prit pour Rose, Scorp et moi de un, garder notre sérieux, et de deux, ne pas nous enfuir en courant en sa présence.

Repenser à cette anecdote me rendit légèrement maussade. Ça ne me faisait que me rappeler que notre quatuor c’était quelque peu dissous. Et j’ignorais si c’était définitif ou non. C’est fou comme soudainement j’avais l’impression de me retrouver au début de cette année avec tous les problèmes autour d’Al. Fantastique, vraiment! Tu as de magnifique idée pour te remonter le moral, Allison, me morigénai-je avec agacement. Car, oui, c’était possible de s’agacer soi-même, je venais de le prouver.

- Très bien, alors laissez-moi m’occuper d’aller le chercher, me dit Nesta en hochant de la tête, elle avait apparemment comprit ma référence. Carl, allez au même endroit que tout à l’heure. Si on vous pose des questions… Vous savez quoi répondre, n’est-ce pas?

Le dénommé Carl hocha de la tête et elle se détourna.

- Mais, je ne sais même pas si… commençai-je avant de m’interrompre, car elle était déjà partie.

Bon, et bien, j’étais maintenant seule avec un Carl et deux gars sans nom. Enfin, dire que j’ignorais leur nom serait plus exact, mais je n’avais pas vraiment l’humeur à être très… comment dire? Cohérente? Réfléchie? Enfin, ce genre de chose. Être toujours la première ou la seconde (entre Rose et moi, c’était dur de déterminer qui était la première, mais j’imagine que nous étions à égalité) de classe c’était fatiguant parfois. Voire, ennuyeux. Mais dans un sens, j’étais peut-être un peu trop tête brûlée pour être réellement une première de classe. Humm… Que de questions intéressantes ce soir! Dommage que je n’aie jamais de temps pour y réfléchir!

Mr Carl me pressa soudain l’épaule, sans doute pour attirer mon attention, car il dit :

- Pouvons-nous nous mettre en route, Miss Lévesque?

- Hein, quoi? m’enquis-je, perdue l’espace d’un instant. Oh! Oui, bien sûr, ajoutai-je en souriant.

Il fronça toutefois les sourcils, apparemment, il était en train de craindre que je sois atteinte mentalement. Il n’était sans doute pas le premier et ne serait certainement pas le dernier. Toutefois, il eut la décence de ne rien dire. À moins qu’il ne craigne que pour ma santé point. Après tout, j’avais quand même été sans connaissance pendant quatre jours. Et puis, l’effet des Pierres était encore en activité sur mon organisme. Du moins, je le supposais. J’y étais allée un peu fort avec mes visions. Mais bon, je ne réfléchis pas toujours à deux fois avant… d’agir. Merci, impulsivité!

Mes trois gardes du corps se postèrent alors tout autour de moi et nous nous mîmes en marche. Aussi étrange que ça puisse paraître, je commençais à m’y habituer. Sans doute que mes collègues n’étaient pas trop à l’aise avec ça, surtout pendant les repas, c’était l’un des moments les plus gênants, mais malheureusement je ne pouvais pas aller manger ailleurs (car, oui, j’avais essayé).

On ne tarda pas à atteindre l’endroit où j’avais discuté avec Joshua un peu plus tôt. Penser à lui me ramena la date limite que j’avais concernant Spocky et la peur me noua le ventre. Mon pauvre petit ange de poil risquait de disparaître pour toujours. Pourquoi, par la sainte barbe de Merlin et les cheveux blancs de Morgane, faudrait-il que je les perde tous alors qu’ils ne sont que des chiots? Ne pense pas comme ça, Allison, grommelai-je en moi-même. Spock n’est pas encore mort. Tu as encore du temps pour le sauver.

En attendant que Nesta Nightingal revienne avec mon frère je décidai de m’asseoir par terre. Je sortis ensuite ma Carte pour y jeter un œil. Je fus rassurée de constater que Parkinson se trouvait effectivement dans son dortoir. Enfin, dans sa Salle Commune pour le moment. Ma joie fut encore plus grande quand je vis que Theodore n’était pas dans les parages. Je ne tenais pas à ce qu’il soit au courant pour ma petite rencontre de soirée avec mon frère. Surtout qu’apparemment il faisait encore légèrement confiance à ce dernier, ce qui pouvait s’avérer assez utile, en temps voulu.
Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Je devais être là depuis une vingtaine de minutes quand Nesta revint enfin avec mon frère. Une foule d’émotions contradictoires se fraya un chemin dans mon cœur et ma gorge se noua pour la énième fois dans la journée. Je crois que c’était la même chose pour lui, car… il me dévisageait d’une étrange façon. Sauf que je ne m’attendais pas à ce qu’il s’avance d’un pas ferme vers moi, qu’il me saisisse par l’avant-bras et grommelle :

- Ça va pas la tête? Me faire mander par l’une de tes gardes du corps? Qu’est-ce que tu aurais fait si Theo avait été là?

- Je ne pensais pas que ça inquiéterait, arguai-je en libérant mon bras d’un mouvement brusque.

- Il y a plusieurs choses qui m’inquiète maintenant et que ce n’était pas le cas maintenant.

Il s’apprêtait sans doute à continuer, mais je le coupai en levant la main et en lui montrant la paume. Je demandai alors :

- Nesta, est-ce que vous pourriez faire la même chose qu’avec Joshua plus tôt?

- Certes, mais mon quart de travail se termine à vingt-deux heures, m’informa-t-elle.

Je réfléchis en un quart de tour avant de demander :

- Et il est quelle heure en ce moment?

- Vingt heures trente, me répondit le dénommé Carl.

- J’aurai fini d’ici-là, affirmai-je.

Nesta acquiesça alors du chef et tous les quatre se jetèrent le même sortilège que plus tôt. Mon frère semblait en être ébahi. Les quatre gardes se postèrent alors dos à nous pour surveiller toutes les directions et je vis du coin de l’œil que Parkinson me dévisageait. Je me tournai donc vers lui en haussant un sourcil. Il me demanda en penchant la tête sur le côté :

- Depuis quand tu peux te faire obéir de tes gardes du corps?

- Depuis que certaines personnes parmi eux comprennent que certaines de mes requêtes sont légitimes, qu’est-ce que tu crois!

Il leva les yeux au ciel, mais je repérai une touche d’assentiment dans ses yeux. Puis ensuite un peu d’agacement. Je compris rapidement pourquoi lorsqu’il s’enquit en croisant les bras :

- Maintenant peux-tu m’expliquer pourquoi je suis ici? Si je ne suis pas rentré au retour de Theo, tous les efforts que j’ai faits dernièrement pour qu’il croie que je suis toujours avec eux… ce sera réduit à néant.

- Pourquoi tu fais ça?

- Pourquoi tu crois? Me relança-t-il avec un air de défi.

Je restai muette un long moment. Le faisait-il réellement pour moi? Ou était-ce un piège? Sauf que je n’y croyais pas. Ce qu’il y avait entre lui et Mal… C’était sincère. Et s’il devait me trahir, malgré que je ne sois pas aussi proche de Malia que de Rose, la première ne l’accepterait pas non plus. Mais c’était tellement inattendu comme revirement de situation. Tant de choses que j’aurais crues impossible étaient en train de se produire.

Bien sûr, il gâcha le moment en disant :

- Je n’aurais jamais cru voir le jour où tu resterais sans voix devant une de mes répliques! Je vais la savourer, celle-là. Pendant très longtemps.

J’ouvris la bouche bien grande. Complètement ahurie par ce qu’il venait de dire. Je lâchai alors sans pouvoir me retenir :

- Par Morgane, mais c’est que tu commences à vraiment parler comme un grand frère! Pour un peu… on dirait James, aussi!

Il ne sembla pas trouver ma comparaison très drôle, la dernière en particulier. J’ignorais tout de son sentiment pour ma première remarque, mais je trouvais la comparaison avec James beaucoup trop drôle. J’éclatai donc de rire. Ça faisait du bien. Je rigolais toujours quand je me mis à ajouter :

- Parkinson et Potter. Deux grands frères aussi casse-pieds l’un que l’autre! Qui l’aurait cru qu’ils se ressemblaient à ce point?

Il finit sans doute par se lasser, car il grommela :

- Allison, je n’ai pas toute la soirée.

- Ah, oui, c’est vrai, pardon, soufflai-je en ricanant toujours à moitié. Humm… Donc, ce que je voulais savoir, c’est… C’était quoi exactement la mise en garde que tu voulais me donner?

Ses traits déjà tendus et empreint d’énervement empirèrent encore un peu. Je lus la déception dans ses yeux quand il soupira :

- C’était pour te prévenir au sujet de Scorpius. Ton ami. Je ne l’ai su que cette journée-là et j’ai voulu te prévenir, mais… Theo me surveillait. J’ai presque tout fait foiré à ce moment-là. Mais j’aurais préféré que tu saches plutôt qu’il arrive… ce qui est arrivé.

Je remarquai une lueur de peur dans ses yeux. Comme s’il avait craint quelque chose. Mais quoi? De quoi pouvait-il avoir peur? Pendant une seconde je me questionnai sur l’apparence que pourrait prendre son Épouvantard, puis me sermonnant sur l’utilité de cette question, je revins dans le moment présent, et surtout dans les interrogations plus importantes.

- Je n’aurais jamais cru que tu puisses avoir un cœur, lâchai-je abruptement. Que ce qui était arrivé à Lily puisse te toucher, je veux dire.

- Et bien, il est facile de s’imaginer des trucs, rétorqua-t-il sur un ton aigre, mais la manière qu’il eut de détourner les yeux m’apprit une chose.

Il avait eu peur que ça m’arrive à moi. Je fronçai les sourcils, surprise. Je savais qu’il ne me détestait plus vraiment, mais de là à s’inquiéter pour moi… Je n’aurais pas pensé. Je dis en n’y croyant presque pas :

- Je rêve ou tu t’es inquiété pour moi?

- En quoi est-ce que ce serait surprenant, hein? Tu es ma sœur!

- Certes, dans les faits, on l’est. Mais je… je ne croyais pas que tu t’étais fait à l’idée…

Parce que moi, pas vraiment, aurais-je voulu ajouté, mais ça aurait été grossier après la déclaration qu’il venait de faire. Il baissa les yeux, comprenant sans doute le sous-entendu, mais il marmonna :

- Ça me surprend aussi… dans un sens. Mais… tu es la seule famille que j’ai. La seule avec qui j’ai de vrais liens. Ma mère adoptive… n’est pas une femme facile, si on peut dire. Mais je peux comprendre que ce ne soit pas la même chose pour toi. Tu as vécu… d’autres choses. Et puis, tu as déjà un semblant de grand frère avec James Potter.

Je me sentis soudain horriblement mal. Je n’y avais pas repensé à tout ça et c’est vrai qu’avec ces éléments ça tombait sous le sens qu’il se soit inquiété pour moi. J’affichai rapidement une moue désolée, mais il n’y prêta pas attention. Il changea plutôt de sujet :

- Je ne crois pas que ce soit simplement pour me demander ce que j’avais voulu te dire que tu m’as fait venir ici, je me trompe?

- Pas vraiment. Je voulais savoir… Que sais-tu exactement à propos de… de la trahison de Scorpius?

Une étincelle de compréhension s’alluma dans ses yeux et il lâcha :

- Tu veux savoir s’il vous berne depuis le début, n’est-ce pas?

- Exactement, dis-je, le cœur serré.

Il sembla réfléchir longuement à la question, cherchant sans doute dans sa mémoire s’il y avait eu une allusion à Scorpius Malefoy dans les années passées. Et maintenant que j’y pensais, je ne savais pas depuis combien de temps il était en relation avec Berkeley. Ce qui, en un sens, était inquiétant.

Lorsqu’il finit par répondre, j’étais presque tombée dans la lune, sauf que ce qu’il me dit me ramena très rapidement sur terre :

- Je crois que c’est récent. Et si tu veux mon avis, il n’est pas lui-même. Je ne saurais pas trop comment l’expliquer, mais son comportement… n’est plus le même. Et pour te prouver ma bonne foi et aussi que tu peux considérer ce que je te dis, c’est qu’avant que je ne sache qui tu étais vis-à-vis de moi, j’étais l’un des plus proches de Berkeley. Vois-tu, je le connais depuis mes onze ans. Depuis mon entrée à Poudlard. En réalité, Berkeley est venu s’installer chez ma mère pendant près de trois ans. Alors je… je l’ai pas mal fréquenté. Quand il a quitté la maison, il m’a demandé de jeter un œil à Poudlard, des fois qu’il se passerait des trucs pas très normaux. Bien sûr, je lui ai obéi. Je l’idolâtrais un peu et maintenant ça me répugne tellement que j’en vomirais. Mais bref, passons. Quand tu étais en quatrième année, j’ai commencé à avoir des soupçons, te concernant. Je trouvais que tu avais un comportement bizarre. J’en ai parlé à Berkeley et il m’a demandé de te surveiller avec Theo. Il m’a dit qu’il était en train de rapatrier plus de gens à Poudlard pour trouver la personne qu’il cherchait. Au cours de l’année, il a continué à me donner des noms. Que je vais te donner. Et à ma connaissance ils sont toujours actifs dans leur espionnage. Dont tu es désormais la cible. Il y a donc Cyrus Sharps, le Serdaigle de sixième année, après on a Judy Lucas, la septième année à Gryffondor. Ça, c’est les deux seuls qui ne font pas parti de Serpentard qui sont après toi. Ensuite, il y a Ashley Davidson qui est de ton année et de ma Maison. En septième année, toujours à Serpentard, on a Dylan Avery et Caïus Weaver. Puis finalement, un autre mec de mon dortoir, Keegan Griggs. Sache que Berkeley a habité chez chacun d’eux à un intervalle régulier. Jamais plus d’un mois. Et dans onze jours, il est censé quitter l’endroit où il se trouve présentement. Si tu veux mon avis… Il est sans doute chez ma mère, car cette dernière ne m’a pas envoyé une seule lettre de félicitation ou de reproche depuis presque dix-huit jours. Ce qui n’est pas normale. Mais je ne peux pas le garantir. Tu sais ce qui se passe dans onze jours, dis-moi?

En voyant la lueur de crainte dans ses yeux, je compris ce qu’il voulait dire. Presque instantanément. Spock. Il tuerait Spock. Et si je me fiais à ce qu’il venait de me raconter cela correspondait à la date limite du temps qu’il restait chez l’un de ses alliés. Et maintenant j’avais toute une liste de noms à offrir à mon parrain. Par contre, il faudrait que je lui demande de seulement les surveiller discrètement, pour ne pas que Parkinson se fasse découvrir. Mais je n’arrivais toujours pas à croire que, malgré qu’elle soit une vraie fouineuse et un peu peste, Judy soit impliquée là-dedans. Une Gryffondor. C’était assez dur à avaler comme pilule, mais ainsi était la réalité. Il y avait du bon et du mauvais partout, même dans ma Maison. Je n’étais pas plus surprise que cela du Serdaigle, cela dit, c’était tout qu’un manipulateur celui-là! Il avait déjà essayé de me convaincre de sortir avec lui en troisième année, mais je l’avais vite fait déchanté. Maintenant, je me demandais si c’était réellement par intérêt ou simplement pour vérifier quelque chose à mon propos. Humm…
Voyant que mon frère déclaré semblait toujours attendre ma réponse je lâchai en tremblant de la voix :

- Il va tuer mon chien. Et si ce que tu dis est vrai, c’est sans doute… sans doute, car trimballer un chien, ce n’est pas très discret.

Il hocha de la tête avec une certaine once de compassion dans les yeux. Il marmonna :

- Je suis vraiment désolé. Mais j’ai autre chose à t’apprendre qui peut confirmer avec plus d’exactitude que la trahison de ton ami est récente et pas quelque chose de prévu longtemps en avance. Berkeley m’a toujours tenu informé des nouveaux qui rejoignaient nos rangs. Pour que je puisse les tenir à l’œil. Et leur dire quoi faire, tu vois? Et… il m’a dit qu’il y avait une nouvelle fille. Non, deux. De ton année. Qui était des recrues potentielles. Je ne connais pas encore leur nom, car je crois que Berkeley n’est pas certain de leur loyauté ou… enfin, je ne sais pas trop. Ce n’est pas la première fois qu’il me dit qu’il a des recrues potentielles et parfois ça n’a rien donné et je n’ai jamais su leur nom. Mais comme il continue à me prévenir de ce genre de choses, ça veut dire que Scorpius ne peut pas être dans nos rangs depuis très longtemps.
Il ne pouvait sans doute pas savoir à quel point ce qu’il venait de me dire me soulageait d’un poids énorme. Je poussai un grand soupir de soulagement et sans pouvoir m’en empêcher je lui sautai dans les bras et le serrai fortement en m’écriant :

- Je te revaudrai ça, Parkinson!

- Tu peux… Tu peux m’appeler Alex, ou Alexander si tu veux.

- Ah, nan. Ne va pas trop vite en besogne, Parkinson, dis-je en le relâchant, un sourire aux lèvres. J’ai encore de la difficulté à me faire à l’idée que tout ceci est réel.

- Je te jure que moi aussi. Mais c’est seulement, car je n’ai jamais rien eu d’agréable dans ma vie. Sur ce, il faut que j’y aille. Je te tiens au courant si j’ai du nouveau concernant les nouvelles recrues. Mais fais gaffes aux filles de ton âge, veux-tu?

- Très bien, je ferai attention! Je suis très douée pour ça! Lui promis-je.

Il était en train de s’en aller, mais en entendant ces mots il se retourna vers moi et haussa un sourcil en disant :

- Toi? Faire attention?

Je levai les yeux au ciel, mais il se détournait déjà. Eh merde, même Parkinson avait remarqué que je n’étais pas particulièrement… précautionneuse. Du moins, je ne faisais pas autant attention que je le devrais pour quelqu’un dans ma situation. Peut-être que je devrais commencer à être plus prudente? Peut-être… Ou pas. Il fallait d’abord que je récupère Spock. Bon, le problème c’était que j’ignorais où habitait Parkinson. Et je n’étais pas certaine à cent pour cent que c’était bien là que Berkeley se trouvait. Quoique… il y avait une solution. Dangereuse, très dangereuse. Et moi qui venais tout juste de dire que je voulais me montrer prudente! Moi et mes résolutions que je ne tiens jamais…

Toujours est-il que je pourrais… déclencher une Vision. Et voir si je ne verrais pas Spock et l’endroit où il se trouve. J’étais en train de réfléchir à tout un tas de scénarios différents me permettant de parvenir à mes fins lorsque la voix de Nesta manqua me faire bondir dans les airs. Elle me disait d’un ton légèrement hésitant (sans doute car elle ne pouvait pas entendre sa voix) :

- Est-ce que l’on peut récupérer notre ouïe, maintenant?

Je ne remarquai qu’à cet instant qu’elle regardait dans ma direction. Je hochai donc de la tête et elle ne tarda pas à taper sur l’épaule de ses collègues pour désamorcer leur sortilège. Dès que ce fut fait, elle me demanda avec son ton habituel :

- Pouvons-nous retourner à la Salle Commune maintenant?

- Absolument, j’ai obtenu ce que je voulais pour aujourd’hui, affirmai-je avec un grand sourire.

Et seulement pour aujourd’hui, car dès demain je m’arrangerais pour me retrouver en tête à tête avec Scorpius et lui tirer les vers du nez. J’avais maintenant une petite idée qui confirmait celle que j’avais eue pendant mon interrogatoire concernant sa trahison. Il n’était pas lui-même. Toutefois, il me faudrait lui parler seule à seul. Sans Rose, sans Malia, sans Teena, sans Al et surtout sans James. Personne d’autre que mes gardes du corps. Et ces derniers n’avaient le droit d’être là que parce que je n’avais pas le choix de les accepter. Enfin, ce ne serait que demain.

On ne tarda alors pas à se mettre en route. Tout en marchant je ressortis ma Carte des Marcheurs d’Ombres et en y déposant ma baguette j’y inscrivis pour informer Rose en particulier :

Icyeyes : J’ai de bonnes nouvelles pour la Mission Scorpion!!!

Très peu de temps après j’eus la réaction de ma meilleure amie et elle réagit précisément de la manière que je le croyais :

Bloodyclaws : RACONTE!
Icyeyes : Plus tard, attends que j’arrive. Il vaut mieux pas écrire ça ici…
Bloodyclaws : Par Merlin, Alli, ce n’est pas bon de jouer avec mes émotions comme ça…
Icyeyes : Et c’est moi qu’on traite d’impatiente, hein?
Bloodyclaws : Pff…

Je retins un petit rire pour ne pas trop attirer l’attention de mes gardes du corps et j’accélérai la cadence. Malgré ce que je disais, j’avais tout autant hâte sinon plus que Rose soit au courant de mes découvertes. Si ça pouvait lui redonner un peu le sourire, j’aurais le sentiment d’avoir réussi. Ou du moins, en partie. Je refermai précipitamment la Carte et la rangeai soigneusement dans mon sac à main. Vivement qu’on arrive à la Salle Commune que je puisse remonter en haut et tout raconter à Rose. Et à Malia et Teena, probablement. Mais c’était surtout Rose qui avait besoin de ces informations.

Malheureusement, il paraîtrait que ce ne serait pas pour tout de suite. Car à peine avais-je fait deux pas, un de plus que la dernière fois, dans ma Salle Commune, voilà que l’on m’attrapait par le bras et que l’on me conduisait… quelque part. En voyant qui était mon enleveur, je compris rapidement où nous allions. La chambre d’Al. Apparemment mes gardes du corps ne le considéraient pas comme une menace potentielle, car ils ne prononcèrent pas un mot. Leur comportement était peut-être en lien avec mon absence de réaction, dans leur tête c’était sans doute un drôle de jeu entre nous. Pourtant, le scénario de l’enlèvement n’était pas trop mon truc. Surtout considérant le fait que… je m’étais déjà retrouvée dans une telle situation, mais sans le caractère sexuelle à tout ça. Une chance rien que m’imaginer… Houlà.

Une fois dans la chambre d’Al, ce dernier me plaqua contre le mur et grommela en me secouant comme un prunier :
- Tu vas arrêter ça sur-le-champ, Alli!

- Arrêter quoi? marmonnai-je en le regardant, perdue.

- De chercher à innocenter Scorpius! Par Merlin, c’est perdu d’avance. Il n’est plus l’ami que nous connaissions! S’écria-t-il.

Je le foudroyai du regard et d’une voix tranchante je lâchai :

- Et pourquoi j’arrêterais? J’ai des preuves que… Mais attends une seconde! Tu n’as pas dit « qu’il n’est pas l’ami que nous connaissions »… Tu as dit qu’il n’est plus… Plus! Ça veut dire que tu ne crois pas qu’il nous berne depuis le début, ça!

- Peut-être, et alors? Qu’est-ce que ça change?! Rien du tout! Rétorqua-t-il avec une colère noire.

- Rien du tout? Mais ça change tout au contraire! Répliquai-je avec hargne. Par Merlin et Morgane, Al! Ouvre les yeux. En disant ça, tu affirmes qu’à un moment donné il a été l’ami que nous avons connu. Ce qui implique que maintenant il a changé, certes. Sauf que… ça veut aussi dire que tu ne crois pas, au contraire de James, qu’il s’est joué de nous depuis le début. Et ça… C’est une très, très grande différence.

Il relâcha mes épaules. Comme si ce que je disais n’importait pas et que mon contact… mon contact lui était douloureux. Il souffla :

- Alli, arrête… Je t’en supplie. Ça n’a aucune importance. Tout ça… Scorp n’est plus. Il a changé de camp. Alors, s’il-te-plaît, je t’en conjure, arrête… Ça ne mènera à rien.

Il vint pour me toucher le visage, mais s’interrompit. J’aurais voulu être en mesure de lui dire « D’accord, j’arrête ». Mais ce serait un mensonge. J’avais promis à Rose. Et je ne reniais une promesse que lorsque je n’avais vraiment pas le choix. Je secouai la tête, lentement, avant de murmurer :

- Je… Je ne peux pas, Al.

- Mais Alli… Il a… Il a… Il a attaqué Lily! Comment crois-tu que je pourrais un jour lui refaire confiance?

- Je ne te demande rien de tel, seulement de me laisser faire. Pour Rose.

- Rose… Rose a trahie notre famille en prenant son parti.

- Tu ne peux pas croire ce que tu dis, soufflai-je épouvantée.

- Si, il le croit, gronda James en sortant de l’ombre. Dernière chance, Allison. Arrête tes stupidités.

Je le regardai avec un regard froid. Je n’aurais jamais cru que j’aurais un jour honte d’être amie avec lui. Ou encore pire, de sortir avec son cadet. Je les avais toujours adoré, voir admirer par moment. Sauf que là, j’étais dégoûtée. Dégoûtée de voir avec quel entêtement ils détestaient Scorpius, maintenant. Mes mains se mirent à trembler dangereusement et je fermai les poings. Sauf que ça ne suffirait pas à me contenir, je le savais.

- Fais-le… Fais-le, Alli, me supplia Albus, sauf que je ne l’entendais plus.

Ou du moins, plus de manière agréable. Je ne recevais que des ondes négatives en ce moment. J’avais l’impression que l’un comme l’autre était possédé, tellement il me semblait inconcevable qu’ils soient à ce point bouché des deux bouts! Et comme il fallait s’y attendre, j’explosai. C’était ce qui arrivait quand on me mettait à bout. Je repoussai alors Al à bout de bras, tellement fort qu’il s’enfargea et s’écrasa lourdement sur le sol. Je m’avançai alors vers son frère et lui, une expression hargneuse au visage. Sans même songer à y aller doucement je les saisis tous deux par le col, forçant ainsi Al à se relever douloureusement (à moitié étranglé, en fait) et je leur crachai au visage :

- C’EST COMPLÈTEMENT ABJECTE CE QUE VOUS DITES! Vous me demandez encore de choisir mon camp? Toi, Al? Tu oses encore faire ça alors que… Les conséquences de la dernière fois ne t’ont donc rien appris?! Et toi, JAMES? TU TE DISAIS PLUS MALIN QUE TON FRÈRE! Mais en fait… Tu es tout aussi stupide! Vous êtes tous les deux idiots! Par Morgane, je crois que Scorpius aurait dû attaquer l’un de vous deux, car c’est Lily qui a le plus la tête sur les épaules dans votre fratrie! NE VOUS AVISEZ PAS DE VOUS METTRE EN TRAVERS DE MON CHEMIN, car sinon… Vous le regretterez. JE VAIS VOUS LE PROUVER QUE SCORPIUS EST INNOCENT. Et quand vous viendrez me supplier à genoux de vous pardonner… N’espérez pas trop que je le fasse. JE VOUS FAISAIS CONFIANCE. Je te faisais confiance, Al. Malgré tout ce que tu as fait. Ce tu m’as fait. Et si tu veux mon avis, j’espère que j’aurai une vision où je serai amené loin. Très loin, dans un endroit où je ne pourrai jamais revenir. Que je ne pourrai plus jamais revoir ton visage! Parce que maintenant à chaque fois que je vais te voir… JE VAIS REPENSER À TOUTES LES FOIS OÙ TU M’AS FAIT SENTIR COMME UNE MOINS QUE RIEN!

Des larmes m’inondèrent alors les joues et avant de complètement perdre la face (et la carte) je m’enfuis en courant hors de la chambre. J’étais complètement anéantie. Pour la… Ça faisait combien de fois depuis le début de l’année? J’avais perdu le compte.

Alors que je claquais la porte derrière mon dos, je crus entendre la voix de Liam dire :

- Tu viens de faire une immense bêtise, Albus.

Je n’entendis pas la réponse de ce dernier. Et je m’en moquais un peu pour le moment. Ou du moins, je voudrais bien pouvoir m’en moquer. J’avais l’impression de m’être arraché le cœur. L’immense trou dans ma poitrine me faisait ressentir comme… une moins que rien. Je me sentais vide. Perdue. Perdue et vide. C’est à peine si je prêtai attention au fait que mes gardes du corps me suivaient. Du moins, ils le firent tous jusqu’à l’escalier menant aux dortoirs des filles. Là, ce ne fut plus que Nesta.

Alors que je m’apprêtais à entrer dans mon dortoir, cette dernière m’arrêta en me prenant par l’épaule. Elle me demanda, de la compassion plein les yeux :

- Est-ce que ça va aller?

- Non, répondis-je honnêtement. Mais il le faudra bien.

Elle m’adressa un sourire triste, mais sincère. J’essuyai rageusement mes larmes, enfilai mon masque de bonne humeur et entrai dans mon dortoir. J’avais bien l’intention de ne pas gâcher ce moment de joie à ma meilleure amie.

Malheureusement, c’était sans compter sa Carte. Et son excellent flair pour déceler les émotions de mon visage. À peine étais-je à l’intérieur, qu’elle me demanda :

- Dis-moi ce qui ne va pas.

- Je ne veux pas en parler, grommelai-je en me laissant tomber sur mon lit, vidée.

- Encore mes cousins. Pourquoi faut-il toujours qu’ils agissent comme des… comme des… comme des idiots? Ajouta-t-elle en se mettant à bégayer à la fin.

Je savais les raisons de son bégaiement. Elle essayait de retenir un sanglot. Sauf que ça ne fonctionnerait pas éternellement. Moi aussi d’ailleurs. Je le sentais qui tentait de s’échapper…

- Parce qu’ils le sont, répondis-je après une minute de silence.

Un léger rire la secoua et je me surpris à rire aussi. Mais j’avais toujours aussi mal à la poitrine. J’avais envie de rester cloîtré ici pour l’éternité et ainsi ne plus jamais avoir à voir son visage. C’était sans doute un rire nerveux.

- Tenez le coup, les filles, lâcha Teena. Un jour ils vont le regretter à tel point que… Je n’arrive même pas à me l’imaginer. Vous êtes deux des filles les plus intelligentes de l’école et vous en voulez toutes les deux aux mêmes personnes. Alors tenter d’imaginer le résultat, ce n’est pas dans mes capacités intellectuelles. Surtout quand Alli fait partie de l’équation.

- C’est vrai qu’Alli est tellement imprévisible qu’on ne peut rien savoir d’avance, renchérit Malia.

- Merci du soutien, vraiment, grommelai-je.

- Moi je trouve ça drôle, affirma Rose en riant tristement.

Car oui, c’était possible. Elle riait, mais on sentait facilement la douleur dans sa voix et son envie de pleurer. J’hésitais entre les foudroyer du regard toutes les trois, rire avec elles et me mettre à pleurer. Au final, je fis les trois à la fois. Je tentai donc de les foudroyer du regard sauf que je me mis immédiatement à rire de manière incontrôlable. Sauf que peu à peu, mes éclats se virent entrecoupé par des sanglots et à la fin je pleurais à chaude larme.

Je me dirigeai vers mon lit et ne tardai pas à me recroqueviller dessus. Rose ne tarda pas à me rejoindre. Je sentis sa main sur mon dos et elle me réconforta de son mieux, si on compte le fait que je sentais ses propres sanglots secouer ses épaules. Je grommelai :

- Je devrais frapper Scorpius dix fois et lui mettre la honte de sa vie pour ce qu’il t’a fait.

Je l’entendis déglutir et je m’en voulus légèrement. Sauf que c’était ce que je pensais. J’avais la rage au cœur rien qu’à l’idée que mon amie puisse souffrir. Souffrir à cause d’une personne à qui nous faisions toutes les deux confiance. Je me rassis rapidement et la serrai dans mes bras à lui casser les côtes, mais comme elle fit de même, elle ne s’en plaint pas. Et moi non plus, soit dit en passant. Elle me rétorqua en maîtrisant sa voix :

- Ah oui? Et à propos d’Al? Que vas-tu faire? Ou que vais-je devoir faire? Et qu’est-ce qu’il a fait, au juste?

- Il m’a demandé de choisir. James et lui, en fait, soufflai-je avec le sentiment que mon cœur venait de m’être arraché. Tous les deux… ils ont dépassé les bornes.

Je vis distinctement la mâchoire de Rose se contracter et presque instantanément ses larmes séchèrent sur ses joues. Elle gronda alors sur un ton effroyable :

- ILS ONT FAIT QUOI?!

Ce ton ne me disait rien qui vaille. Mais alors là… pas du tout! Tout le monde avait beau dire que j’étais impulsive… Pourquoi ne voyait-il pas que je n’étais pas la seule? Rose, quand elle se mettait en colère, était bien pire que moi! Du moins, parfois. Comme en ce moment.

- JE VAIS VRAIMENT DEVOIR LE SUSPENDRE EN HAUT DE LA TOUR D’ASTRONOMIE POUR QU’IL COMPRENNE, CET IMBÉCILE? Pesta-t-elle avec encore plus de force.

- Alerte au volcan? Souffla Malia avec des yeux ronds.

- Certainement, répondit Teena d’une toute petite voix.

Précision. L’alerte au volcan concerne Rose et ses éclats… effroyables. Abominable, même. Nous en étions venus à donner un nom de code à ces moments de fureur, et normalement, quand ça arrivait, nous devions toutes fondre sur elle et la plaquer sur son lit. Malheureusement sur ce coup-là, elle fut bien plus rapide que nous. Elle se rua hors de la chambre en hurlant :

- ALBUS SEVERUS STUPIDE POTTER, JE T’AVAIS PRÉVENU!

On l’entendit facilement dégringoler les escaliers et plusieurs personnes hurlèrent (sans doute que pendant sa petite traversée de la Salle Commune elle avait renversé quelques personnes… violemment). Ce fut alors le silence pendant… une minute. Le temps qu’elle le trouve, je suppose. Je crois qu’elle réussit à garder un peu son calme, car aucun son, éclat de voix ne nous parvinrent. Ce qui était plutôt surprenant vu comment elle était partie.

- Vous croyez que… commença Mal, mais elle fut interrompue par un grondement assourdi de James.

- JE T’AI DIT QUE JE NE VOULAIS PLUS TE VOIR!

Toutefois, ce n’était rien comparé à la réponse de Rose. Elle, elle rugit. Et si je me fiais à la poussière qui tomba du plafond, elle utilisait un Sonorus.

- JAMES SIRIUS AUSSI STUPIDE POTTER, TU CROIS VRAIMENT QUE JE SUIS VENU TE VOIR, CAR J’EN AVAIS ENVIE? JE SUIS LÀ POUR MA MEILLEURE AMIE. MEILLEURE AMIE QUI VAUT MIEUX QU’AUCUN D’ENTRE VOUS! VOUS N’AVEZ PAS FINI D’ENTENDRE PARLER DE MOI, ESPÈCES DE SALES PETITS IDIOTS PITOYABLES DE STUPIDITÉ!

Houlà, Rose y allait un peu fort. Les filles et moi nous jetâmes un regard. J’aperçus que Nesta était… complètement éberluée. Et je pouvais la comprendre, moi-même, c’était la première fois que je voyais une Rose aussi en colère. Bon, en même temps elle était encore plus à fleur de peau qu’elle ne l’avait jamais été auparavant. Ce qui était plutôt compréhensible, quand on y réfléchissait.

- Vous croyez que je devrais y all… tenta de nous questionner ma garde du corps, sauf que Rose l’interrompit.

- LEVICORPUS! LEVICORPUS!

Je m’imaginais déjà un Albus et un James la tête en bas. Ce qui était en soi assez amusant, mais j’étais trop brisée mentalement pour arriver à en rire. Je croyais que Rose allait s’arrêter là, mais…

- OBSCURO! OBSCURO! Hurla-t-elle.

Par Merlin, elle était en train de faire quoi, là? Au moment où je me posais cette question, je l’entendis grogner :

- AGUAMENTI! AGUAMENTI!

Oh, mais bon sang… Elle allait un peu loin, là. Je suppose que Nesta était du même avis que moi, car elle se rua hors de la chambre. Je crois que nous craignions toutes que Rose n’en ait pas terminé. Ce qui était fort probable, la connaissant.
Après un petit moment, quelques secondes tout au plus, Rose reprit d’un ton froid, mais comme le Sonorus était toujours actif on l’entendait très bien :

- Comme ça, vous ne pourrez plus dire des trucs horribles, tous les deux. Et je n’entendrai plus pendant un bon moment vos foutues voix. J’ai toujours cru en la famille. J’ai toujours voulu croire que nous étions capables d’affronter le pire ensemble. Mais j’ai eu tort. La seule qui a toujours été là, avec moi, c’est Alli. ET JE N’ACCEPTERAI PLUS JAMAIS QUE VOUS LA RABAISSIEZ À PRENDRE DES DÉCISIONS QUI N’EN SONT PAS! Sur ce, je vais vous laisser dans votre noirceur et humidité. Et je peux vous promettre une chose. J’ai raison. Et quand vous parviendrez à cette conclusion vous aussi, il sera trop tard. Maintenant… J’en ai assez de vous voir.

À la fin sa voix se cassa. Je la comprenais tellement. D’ailleurs je me sentais mal pour elle. Elle n’aurait pas dû faire ça, malgré ce que je lui avais dit. S’il y avait une chose que je voulais plus que tout, c’était bien que leur famille soit réunie. Il fallait bien qu’il y en ait une de complète, non?

Cette pensée fut extrêmement douloureuse, mais elle était beaucoup trop vraie pour que je puisse me convaincre du contraire. Toutefois, il y avait quelque chose dans le discours de Rose qui résonnait dans mon cœur. Je leur avais dit plus ou moins la même chose. Pour toutes les deux, le pardon serait difficile. Voire impossible dans mon cas. Je ne savais plus trop où j’en étais.

- C’était… incroyable, lâcha Teena avec étonnement.

- Je crois qu'intelligence et folie vont de pair, ajouta Malia en hochant de la tête.

- Merci, grommelai-je en la foudroyant du regard.

- J’aime mieux ces yeux-là que d’autres, me gourmanda-t-elle en faisant la grimace.

Je levai les yeux au ciel et elle eut un petit rire. Ce simple fait me remit un sourire aux lèvres et je dis :

- Bon, dès que Rose va arr…

Je ne réussis pas à conclure, car voilà, ma meilleure amie pénétrait dans la pièce, suivit de Nesta, en demandant :

- On parle de moi?

- Non, je m’apprêtais simplement à dire que dès ton arrivée on allait travailler de manière plus approfondie sur la mission Scorpion.

Une étincelle intéressée, douloureuse et reconnaissante éclaira son regard. Pourtant, avant de me lancer dans l’énonciation de mes découvertes, je devais faire quelque chose. Je bondis alors d’un coup de mon lit et rejoignis Rose en moins de deux. À ce moment je l’écrasai dans mes bras en disant :

- Je tiens tout d’abord à te dire merci, Rose. Merci de rester toujours à mes côtés.

- Merci à toi, Alli. Après tout ce que certains membres de ma famille ont fait, tu aurais pu parfaitement t’en aller. Mais tu es restée.

- Je suis restée et je resterai toujours, Bloodyclaws.

- Et moi de même, Icyeyes.

D’un même mouvement qui n’était pas prémédité de notre part, nous touchâmes le collier que nous avions autour du cou. Je sentis une petite décharge me traverser la main et remonter jusqu’à mon bras.

- Aïe, lâchâmes Rose et moi en grimaçant.

- Tu l’as senti toi aussi! Nous nous exclamâmes ensuite toujours en même temps.

- Oui! Nous criâmes toutes les deux et cette fois on se mit à rire de bon cœur.

Décidément, on avait le cerveau connecté! C’était presque irréaliste, mais en même temps tout l’était dans ma vie ces derniers temps. Rose continua alors seule en se questionnant :

- Je me demande ce que c’était?

- Peut-être de l’électricité statique? proposai-je.

- De la… quoi? s’étonna-t-elle.

- Par Morgane, Rose! Il faut vraiment que nous voyons de la matière de base moldue quand on aura fini Poudlard. Ou même pendant, tiens!

Je vis ses yeux s’illuminer à la fois de crainte et d’intérêt. Elle n’était jamais contre apprendre de nouvelles choses, ce qui faisait que nous nous entendions encore plus à merveille. Car apprendre seule, c’est bien, mais à deux… c’est encore mieux!

- Enfin, changeons de sujet, ajoutai-je. Il faut qu’on prépare un plan. Car demain, il me faudra interroger Scorpius. Et seule, toute seule, cette fois.

- J’ai saisi, Alli, crois-moi, me dit-elle en baissant les yeux. Mais avant que je n’y consente complètement… Il faut que tu me dises tout ce que Parkinson t’a dit.

- D’accord, mais… commençai-je en jetant un coup d’œil en direction de Nesta.

Elle eut un sourire et demanda :

- Aucune imprudence?

- Aucune imprudence, promis-je avec solennité.

- Alors, je crois que je vais aller voir comment ça se passe du côté de mes collègues… Et peut-être m’assurer que les deux Mr Potter n’ont pas tout le sang dans le cerveau… Je devrais en avoir pour… dix minutes. Vous croyiez pouvoir survivre sans moi tout ce temps? Nous demanda-t-elle en nous adressant un sourire moqueur et un clin d’œil.

Sérieusement, elle était vraiment gentille. Je me sentais presque mal pour tout ce qui s’était produit dans les journées précédentes. Pour la farce de James entre autre, et tout ce que j’avais fait devant mes gardes du corps. Je me souvenais maintenant, du moins je croyais me souvenir, que Nesta faisait partie des gardes à s’être retrouvé peinturé comme un poisson. Penser à James ramena un peu de ma mauvaise humeur et ma tristesse. Car James ramenait à Potter et Potter me faisait penser à… OUBLIE-MOI ÇA IMMÉDIATEMENT, ALLISON, me grondai-je férocement dessus.

Nous acquiesçâmes alors toute de la tête et elle s’éclipsa rapidement. Rose se tourna vers moi avec détermination, dès qu’elle fut hors de portée de voix. Elle me lâcha alors :

- Tu as dix minutes pour tout m’expliquer.

Je ne perdis pas de temps à approuver ce qu’elle me disait et je me lançai immédiatement dans la narration de tout ce que j’avais appris auprès de Parkinson. Comme quoi il y avait des espions dans toutes les Maisons, sauf Poufsouffle. Qu’il fallait donc se méfier de Judy Lucas et de tous les autres dont je lui ai énuméré les noms. Je conclus ensuite en disant ce que Parkinson m’avait dit concernant Scorpius et le fait que mon frère était toujours au courant des nouvelles recrues, surtout anciennement. J’ajoutai ensuite ce qu’il m’avait donné comme information concernant Spock.

Lorsque j’eus terminé, Rose avait les yeux humides d’espoir, elle dit en joignant les mains :

- Mais c’est complètement fabuleux, Alli! Scorp est presque sans aucun doute innocent, en grande partie du moins et tu sais où se trouve Spock!

J’acquiesçai, mais n’ajoutai pas la dernière information que je possédais. Surtout que je n’en étais pas certaine à cent pour cent… Mais j’avais de gros doutes sur ce qui avait rendu notre ami Scorpius comme ça. Sauf que je ne pouvais pas le lui dire, car soit elle serait énormément soulagée ou alors catastrophée. Et dans les deux cas c’était dangereux.

Lorsque quinze minutes après son départ, Nesta revint, nous étions les quatre filles dans un coin à chuchoter pour organiser un plan infaillible pour coincer Scorp et me permettre d’y arracher quelques réponses. Bien sûr mon dernier interrogatoire s’était mal passé, mais je me trouvais en compagnie de personne qui ne se contrôlait pas très bien. Car, oui, moi je suis une as du contrôle de soi. Dans cette situation-là, disons. Enfin, à peu près. Peu importe! J’arriverais à le faire parler! Je n’avais pas le choix.

Ma garde du corps fit mine de ne pas nous entendre, car elle ne s’adressa pas à nous une seule fois, sauf pour nous dire qu’il était assez tard et de ne simplement pas oublier qu’il y avait des cours le lendemain. Elle ne nous forçait pas à nous coucher en soit, c’était simplement en guise de rappel. Et pour cela aussi, je me mis à l’apprécier davantage. Je voyais nettement pourquoi Ana et elle s’étaient bien entendu. Elles partageaient réellement la même opinion sur beaucoup de sujets. Ce qui n’était pas pour me déplaire.

Nous continuâmes encore une heure avant de conclure qu’on ne pouvait pas mieux faire et qu’il était temps de dormir. Disons qu’il était aux alentours de… une ou trois heures du matin. J’aimais mieux ne pas regarder, à vrai dire. Je m’engouffrai rapidement sous mes couvertures dans mon lit. Sauf qu’en peu de temps j’eus de la compagnie. Rose me souffla :

- J’ai peur, Alli. J’ai peur qu’ils aient raison.

- Tu as tort de craindre ça, Rose. Nous avons raison, lui dis-je en fronçant les sourcils. Nous avons toujours raison de toute manière, ajoutai-je en rigolant.

Elle rit un peu avec moi avant de me demander :

- Ça ne te dérange pas que je dorme avec toi? Je… J’ai du mal à dormir depuis que… Tu sais… avec… avec l’agression et tout ça…

J’hochai de la tête avec un grand sourire et elle se glissa sous les couvertures avec moi. Je lui chuchotai en bâillant :

- Je serai toujours là pour toi, Rose. Tu es ma meilleure amie. Tu es une sœur pour moi, ne l’oublie pas.

- Je ne l’oublie pas. Et j’espère que tu n’oublies pas que c’est la même pour moi, te concernant.

- J’essaie de me faire à cette idée, admis-je avec un sourire moqueur.

Elle me donna un coup de poing sur l’épaule et grommela :

- Arrête de te moquer.

- D’accord, alors bonne nuit, Rose.

- Bonne nuuuuuit, Aaaaaalli, dit-elle en bâillant longuement.

- Fais attention à ne pas avaler une mouche, hein?

Elle poussa un soupir et se couvrit la tête de son oreiller. Je rigolai un instant en silence avant de prendre ma position habituelle pour dormir. Je m’endormis dans les secondes qui suivirent.

Le lendemain le réveil fut assez dur. Apparemment, les effets de la (ou les) Pierre se faisait encore ressentir et mes forces n’étaient pas à leur meilleur. Je poussai un léger soupir et m’étirai de tout mon long, ayant oublié l’espace d’un moment que je n’étais pas seule dans mon lit. Sans le vouloir, je poussai alors Rose hors du lit. Elle tomba lourdement par terre et lâcha un « aïe » à la fois sourd et terriblement sonore.

- ALLI! Grommela-t-elle ensuite.

- Désolée, désolée, désolée! J’avais… euh… oublié.

- Tu avais oublié? Dit-elle avec perplexité, les sourcils redressés et les yeux ronds.

Je baissai les yeux et me mordis légèrement la lèvre. J’aurais bien éclaté de rire si ce n’est que je remarquai à ce moment précis que Nesta était toujours dans la chambre. Je fronçai les sourcils et m’exclamai :

- Hé, mais tu n’es pas censé être en repos? Et hier soir… tu ne devais pas avoir terminé à vingt-deux heures?

- Si, affirma-t-elle avec un sourire. Seulement, il y a eu quelques imprévus. Une des filles sa mère est tombée gravement malade il y a trois jours, tandis qu’une autre a attrapé une maladie contagieuse, alors elle a dû être évacuée. C’était celle qui devait prendre ma place cette nuit, m’expliqua-t-elle.

- Mais alors… Tu n’as pas dormi de la nuit! M’écriai-je avec effroi. Tu dois être morte de sommeil, par Merlin!

Elle hocha légèrement la tête et ajouta :

- C’est pour cela que dès que tu seras en bas, j’irai dormir quelques heures dans l’appartement réservé à tes gardes du corps qui ne sont pas de gardes. Tu devras rester en tout temps avec les garçons, tu m’as bien comprise?

- Mais…

Elle arqua un sourcil, me demandant clairement si je voulais continuer. C’est vrai qu’elle m’avait beaucoup aidé jusqu’ici. M’accordant des privilèges que je ne méritais sans doute pas. Je ravalai donc ma réplique et n’ajoutai rien, me contentant d’avoir une mine abattue. Tout comme mes trois amies. Nous avions travaillé comme des dingues la nuit passée (délaissant les devoirs) pour nous concentrer sur un plan parfait et voilà que… ça avait servi à rien.

Toutefois, il semblerait que j’aie jugé trop vite, car Nesta eut un sourire moqueur en disant :

- Par contre, j’ai dit aux garçons de te laisser le privilège des conversations privées. Même lieu, même méthode. Avec la personne de ton choix. Mais une seule personne.

- Compris! Acceptai-je avec un grand sourire étampé sur le visage.

Apparemment je n’étais pas la seule à avoir retrouvé ma bonne humeur, car voilà que Teena, Malia et Rose me semblaient soudainement beaucoup plus joyeuse. La première se pomponna comme à l’habitude, la deuxième sifflota son air matinal habituel en s’habillant, tandis que la dernière sortait ses vêtements tout en caressant doucement la tête d’un Nuage amaigri. Le voir dépérir ainsi me vrillait le cœur et je ne pus m’empêcher de m’approcher de lui. Malgré l’absence de Spock pour l’encourager à supporter ma présence, il accepta de recevoir une caresse sur la tête. À vrai dire, il appuya même cette dernière contre ma main en ronronnant légèrement. Mais ce n’était pas le même ronronnement. Il me semblait plus… triste. Plus lugubre.

Dès que nous fûmes fin prête on dévala les escaliers quatre à quatre et on se rendit tout aussi rapidement à la Grande Salle. Rendu là nous grignotâmes un morceau avant de nous ruer vers la table des Serpentards. Heureusement Scorp n’y était toujours pas, mais Ruby et Amy, si. Nous nous approchâmes d’elles et je fus la première à dire :

- J’ai besoin de votre aide.

- En quoi? m’interrogea Ruby en plissant les yeux.

J’eus la désagréable impression que Joshua leur avait bel et bien dit tout ce que je lui avais révélé et que mon amie n’était pas satisfaite des réponses.

- On veut comprendre le fin mot de l’histoire avec Scorpius. Et pour cela il faut l’attirer dans un coin. Où je pourrai lui parler.

- Désolée de te l’apprendre, mais Scorp ne veut plus m’adresser la parole, comme à vous, alors je ne vois pas comment je pourrais… commença à dire Ruby, sauf que je l’interrompis.

- Vous parlez toujours à Joshua et Kieran, si je ne m’abuse, non? Alors trouvez-les et dites à Joshua de conduire Scorp là où nous nous sommes parlé la dernière fois.

- Et pourquoi on ferait ça? Demanda Amy, à juste titre.

- Car vous voulez autant que nous que l’ancien Scorp revienne, gronda Rose en les foudroyant du regard. Si vous dites non, ça va être vraiment décevant. Comme la réaction de James, ajouta-t-elle en insistant sur le prénom de son cousin.

Je compris immédiatement pourquoi, et ce, même sans me fier à la rougeur de colère qui imprégna le visage de Ruby. Elle le détestait cordialement et je crois qu’il n’y avait pas pire insulte pour elle que se faire comparer à James. Je dus à grande peine me retenir de rire devant cette scène. C’était tellement… Je ne trouvais pas les mots.

- Alors, ça, non! Je n’agirai pas comme cet idiot qui insulte sa famille! siffla-t-elle avec rage. Je vais passer le mot. Tu veux voir Scorpy quand, au juste?

- Dès que possible, à vrai dire. J’ai l’intention de manquer la première période de ce matin.

- Mais… et tes cours? Tu en as déjà beaucoup manqué, Allison! S’exclama Ruby avec des yeux ronds.

Je levai les yeux au ciel avant de lui expliquer rapidement que je rattraperais bien assez mon retard, et que de toute manière je n’avais pas assez de concentration pour suivre mes cours immédiatement. Et qu’en plus, il valait mieux le faire plutôt tôt que tard. Surtout que ce matin c’était un cours en commun avec les Serdaigles. C’était le moment où jamais pour agir. Ruby sembla le comprendre, car aussitôt elle se leva en disant :

- Viens Amy, on doit aller voir les gars.

- Mais ils ont dit… commença l’intéressée.

- Je sais bien! Sauf que c’est urgent, là, rétorqua mon amie.

Sur ces mots, elles quittèrent la table de leur Maison et se ruèrent en dehors de la Grande Salle. Je me tournai alors vers Rose et en voyant de la peur dans ses yeux, je ne pus m’empêcher de lui prendre la main. Et d’un regard éloquent je lui dis :

- Tu n’as pas oublié ce que tu dois faire, n’est-ce pas?

- Non, affirma-t-elle. Il faut que j’occupe mes deux idiots de cousins et toutes personnes susceptibles de vouloir interférer. Et aussi que j’explique pourquoi tu ne seras pas en classe, et ce, de manière crédible pour ne pas que…

- C’est bon, je vois que tu as compris, la coupai-je rapidement avant qu’elle ne mentionne son cousin.

Cousin qui avait encore fait des ravages. Je me calmai d’une inspiration et avec un sourire j’assurai à Rose que tout allait bien se passer. Que lorsque nous nous reverrions j’aurais des informations à lui dire. Et qui sait, Scorp serait peut-être de nouveau parmi nous. Sauf que nous resterions quand même qu’un trio. Finit le quatuor. Tout ça parce que… N’y pense pas, Allison, me morigénai-je. Je pressai une dernière fois la main de ma meilleure amie dans la mienne et en lui adressant un dernier sourire légèrement crispé je m’éloignai. Tout en la relâchant, évidemment.

Mes gardes du corps me suivirent en moins de deux secondes et nous nous mîmes en route pour mon point de rendez-vous. Je me doutais fortement que la conversation serait loin d’être agréable. J’étais presque certaine qu’il me jetterait tout un tas d’insulte au visage, comme la dernière fois. Et malgré ce que je pouvais en laisser paraître, j’y étais sensible. Malheureusement pour moi, il était au courant. Contrairement à… Non, mais! Arrête de penser à lui, par Merlin, Allison! Grommelai-je pour moi-même.

J’avais autant hâte d’en avoir terminé que je redoutais le moment où nous serions face à face. Pourtant, cette fois je ne pouvais pas me laisser dominer. Il fallait que je réussisse à l’atteindre. Que je trouve les réponses dont j’avais besoin. Et si Scorp pensait toujours à moi en tant qu’amie, cela voulait certainement dire que d’une manière ou d’une autre, je devais réussir à l’atteindre. Il le fallait. Pour Rose. Pour moi. Et surtout… pour rabattre le caquet aux membres idiots de la famille Potter. Pour les enfants du Survivant, ils n’avaient pas spécialement la foi…

Quand enfin j’y arrivai, je ne fus guère étonnée de n’y trouver personne. Après tout, la Salle Commune des Serpentards se trouvait dans les sous-sols et là je me trouvais sur un des étages supérieurs du château. Alors, si on calculait le temps pour Ruby et Amy de se rendre jusqu’à Scorp et Joshua, puis à ces derniers d’être convaincu avant de venir… Et bien, ils n’arriveraient sans doute pas avant une bonne vingtaine de minutes selon moi. À moins qu’ils se fassent plus facilement convaincre que je ne le crois.

Au bout d’environ dix minutes, l’un de mes gardes du corps me demanda :

- Rassurez-moi, Miss Lévesque, vous n’avez pas l’intention de commettre un acte inconsidéré, n’est-ce pas?

- Quel genre d’acte inconsidéré? M’enquis-je en fronçant les sourcils.

- De vous… commença-t-il, mais il fut coupé par une voix que je reconnus aussitôt.

- De casser à nouveau la gueule de ton meilleur ami.

J’enfilai immédiatement un masque d’indifférence totale, malgré que mon cœur vienne de se serrer légèrement. C’était maintenant ou jamais. Je me retournai alors vers l’individu qui avait pris la parole et lâchai d’un ton froid :

- Salut, Scorpius.

Je saluai de la main Joshua et il répondit à mon salut avant de faire demi-tour en compagnie de Kieran. Pourtant, malgré tout ce que je m’étais attendue à voir chez mon ancien meilleur ami, il n’y avait rien. Rien de plus que ce que j’avais toujours vu chez lui. Une calme assurance et un air légèrement arrogant. Mais vraiment minime.

- Tu voulais me voir? S’enquit-il et je sentis du malaise ainsi que de la crainte dans sa voix.

- Oui, mais attends une seconde… dis-je en me tournant vers le « chef » des gardes du corps présent.

Ce dernier compris immédiatement le message et ils se jetèrent le sort avant de prendre la même position que les autres fois. J’eus alors un soupir de soulagement et je fis signe à Scorpius d’approcher. Il le fit. Mais si lentement que je dus me retenir pour ne pas sortir du triangle formé par mes gardes du corps pour le ramener dans le centre. Mais je me doutais bien qu’il devait s’inquiéter du fait que je veuille l’attaquer à nouveau. L’envie ne manquait pas en soi, mais j’avais d’autres chats à fouetter dans le moment. Comme par exemple avoir des répondes.
Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Quand il me rejoignit enfin, il me demanda d’une voix qui était tellement la sienne que j’avais presque peur d’espérer que ce soit réellement le cas :

- Donc, pourquoi voulais-tu me voir?

- Pour comprendre.

- Comprendre… quoi?

J’arquai un sourcil inquisiteur et il poussa un soupir. Il se passa ensuite une main lasse dans ses cheveux blonds qui me semblaient anormalement emmêlé. Normalement c’était Al qui était le plus mal coiffé de notre quatuor. Pourtant, là, Scorp le battait presque. Comme s’il avait passé la nuit à se tirer les cheveux et se passer les mains dedans.

- Bon, oui, d’accord. Je sais pourquoi tu veux comprendre. Mais pas pourquoi tu veux réellement savoir. Pourquoi tu m’adresse toujours la parole… Alors que j’ai… Que j’ai trahi votre confiance à tous, souffla-t-il d’un ton immensément douloureux.

- Parce que Rose et moi on trouve qu’il y a quelque chose d’étrange dans ton comportement, Scorpius. Et à vrai dire, je sais maintenant de source sûre que si trahison il y a, ça ne fait pas une éternité, répondis-je, sans sourire.

J’avais peur d’avoir trop d’espoir et que l’on me l’arrache d’un seul coup. Ça m’était arrivé beaucoup trop souvent pour que je ne sois plus méfiante à ce niveau. Trop de trahisons, trop d’espoirs réduits à néant.

- Mais comment?

- J’aime mieux garder ces informations pour moi… Mais la Carte était en jeu.

La compréhension illumina son visage. Tant pour la Carte que pour les raisons qui me poussaient à me taire. Une étincelle de douleur transperça ses yeux, mais il la cacha rapidement en regardant par terre. Il soupira :

- Sache qu’en ce moment… Tu ne risques rien. Le délai… Le délai est passé.

- Le délai? M’étonnai-je en ouvrant des yeux surpris.

Il poussa un nouveau soupir et se massa la nuque d’une main. Je voyais qu’il ressentait beaucoup d’embarras et aussi de la haine. De la haine pour lui-même. Je ne l’avais jamais vu se haïr autant, pas même en première et deuxième année quand certains plaisantins avaient dit des trucs horribles sur lui et sa famille. Il ferma les yeux un instant, les doigts de sa main droite posé sur ses tempes. Apparemment, il avait des difficultés à s’exprimer. Il marmonna :

- Je n’ai pas dormi de la nuit. Je ne pouvais pas permettre que ça se reproduise encore une fois…

- De quoi tu parles? Grommelai-je en fronçant les sourcils, mais le pincement au cœur que je ressentais me soufflait que je connaissais déjà la réponse à cette question.

Il releva des yeux emplis de souffrance intérieure sur moi et déglutit avant de dire d’une voix cassée :

- Je te jure, Alli! J’ai lutté. J’ai lutté jusqu’au bout! Mais… Je n’étais pas assez fort. Pas assez fort. Je ne mérite pas d’être avec vous. Toi, je suis certain que tu n’aurais même pas levé un petit doigt s’ils te l’avaient demandé. Tu es plus forte que moi… Tout ce que j’ai réussi à faire c’est de retarder… de retarder le moment où je… je devais attaquer Hugo. Pas Lily. Mais je ne me suis pas éloigné suffisamment. Pas assez longtemps non plus. Ils ont réussi à m’avoir et j’ai croisé Lily. Et c’est là que je l’ai piégé… Je… je ne le voulais pas. Je ne l’ai jamais voulu. Sauf que… Sauf que je savais que je ne pourrais pas m’en empêcher et que tôt ou tard… tôt ou tard j’attaquerais l’un des deux. Alors j’ai choisi Lily. Car si ça avait été Hugo… Rose n’aurait jamais pu me pardonner.

Il s’interrompit à ce moment-là et je reconnus la même souffrance qui habitait les yeux de Rose quand elle pensait à lui. C’était sincèrement horrible à voir. Sauf que je ne sus quoi répondre. J’étais complètement sous le choc par ce qu’il venait de dire. Et tout ce que cela sous-entendait. Je ne voulais pas y croire. Mais il y avait une chose qu’il avait dite qui était exact. S’il avait eu le malheur d’attaquer Hugo, Rose l’aurait réduit en morceaux. Sanguinolents, les morceaux. En un petit amas de chairs et de sang, en fait. Presque une soupe macabre. Allison, tais-toi, me grondai-je en me retenant de justesse de lever les yeux au ciel.

- Tu… Je crois que tu devrais préciser un peu, Scorp, l’intimai-je avec une voix plus neutre que froide.

- Moi je crois que non, rétorqua-t-il en me regardant de manière entendu.

- L’Imperium? soufflai-je timidement.

Il acquiesça lentement de la tête et quand il releva les yeux vers moi j’y repérai immédiatement des larmes. Peut-être pas autant que chez Rose la veille (enfin… cette nuit aussi), mais je n’avais jamais vu Scorpius aussi proche de pleurer. Il lâcha d’un ton douloureux :

- J’ai… J’ai vraiment essayé, Alli. J’ai essayé de lutter de toutes mes forces. Sauf que… je n’ai pas pu. Je n’ai pas pu leur résister.

- Résister à qui? grondai-je avec colère.

Devais-je rappeler que l’on ne touchait pas à mes amis? Apparemment oui, car bientôt certaines personnes allaient avoir la joie de me voir débarquer pour les faire rencontrer le sol douloureusement et connaître le nombre exact d’os que contenait le corps humain et qui pouvaient être brisé sans tuer. Non, parce que tuer c’était beaucoup trop libérateur et ça gâchait le plaisir. Et puis je ne tuais pas les gens, c’était contre mes valeurs. Oui, tuer c’est trop pour moi, même si torturer ne me dérange pas autant. La nuance, c’est que je parle plus que ce que je fais. Du moins… la majorité du temps.
Scorpius inspira lentement et je le vis parcouru d’un frisson avant qu’il ne dise :

- Les espions de Serpentards. Pas Parkinson. Les autres. Ils viennent chaque nuit pendant que je dors, et les autres aussi, pour me jeter le sortilège à nouveau.

- Comment se fait-il que tu sois toujours toi, maintenant, alors?

- J’ai réussi à convaincre Kieran et Joshua de rester réveillé.

- Comment? Demandai-je avec un peu d’inquiétude, car j’avais des doutes qu’ils aient été réellement sympathique la veille au soir.

- Par le seul moyen que me permettait ma condition. J’ai… euh… attaqué Joshua. Ensuite Kieran. Quand j’ai suffisamment retrouvé de contrôle je leur ai expliqué la situation. À ce moment on s’est rapidement éclipsé, malgré la présence de Parkinson et Theodore dans la Salle Commune. Le dernier ronflait comme un rhinocéros enrhumé.

Je ne pus m’empêcher d’éclater de rire en répétant :

- Oh, vraiment? Un rhinocéros enrhumé?

- Je te le jure! M’assura-t-il avec une étincelle de malice très caractéristique dans le regard. Quant à Parkinson, il a ouvert un œil et haussé un sourcil avant de me faire très légèrement signe de sortir. Et en vitesse. Nous l’avons écouté sans attendre, ajouta-t-il le regard dans le vague. Après nous avons passé la nuit à me garde réveiller, car on avait peur qu’ils me retrouvent et il fallait que je sois prêt à déguerpir à tout moment. Mais avant que je parvienne à trouver ce plan… Les seuls moments de demi-lucidité que j’avais, c’était avec la Carte à la main. Mais c’était tellement dur de vous écrire et de faire en sorte qu’ils ne soient pas au courant!

- Est-ce que… est-ce que tu as dit des trucs à mon propos?

- Il n’est pas au courant au sujet d’Al. Il m’a demandé si tu avais une Ancre. J’ai dit que oui, je n’avais pas le choix. Sauf que quand il m’a demandé des précisions… j’ai parlé de ta pierre. Car c’était elle ton Ancre véritable. Avant Al.

- Oui et j’ai bien l’impression que ça va le redevenir, grinçai-je en sentant mon cœur se fendiller à nouveau.

Je vis la fureur traverser les traits fin de mon ami. Je savais à quoi il pensait. Et ce qu’il risquait de dire. Mais je ne voulais pas l’entendre. Je n’en avais pas besoin, je savais déjà à quel point la vie craignait en ce moment. Pourtant, cela me déconcerta lorsqu’il gronda :

- Qu’est-ce qu’il a encore fait, cet imbécile? Je me doute que c’est à cause de moi, mais…

- Et bien… Il… Ils m’ont, James et lui, demandé de choisir entre eux et Rose. J’ai choisi Rose et du même coup j’ai perdu Al, répondis-je d’un ton que je souhaitais platonique. Mais ce n’est pas de ta faute. Si vraiment, il n’est pas capable de s’empêcher de demander aux gens à qui il tient de choisir leur camp, ça veut dire… Que je dois me faire à l’idée de le rayer complètement de ma vie. J’en ai assez de tout ça.

- Tu ne peux pas faire ça, Alli! S’écria-t-il. Al est stupide, j’en conviens. Mais… ce qu’il y a entre vous… c’est… presque comme si vous étiez fait l’un pour l’autre.

- Tu es vraiment en train de tomber dans le romantisme? M’étonnai-je en m’étouffant presque.

- Hé! Je te rappelle que tu parles avec celui qui sort avec une fille nommé Rose, là! Euh… je veux dire, sortait. C’était « sortait » le mot.

Je levai les yeux au ciel. Il n’avait pas tort. Sauf peut-être sur le fait que c’était fini entre Rose et lui.

- Tant qu’à être dans le romantisme… commençai-je avec un sourire. Tu as été beaucoup plus fort que tu ne sembles le croire et crois-moi, Rose va le comprendre aussi. Elle t’aime encore, tu sais. Elle pleure. Elle pleure, mais pas vraiment à cause de toi. James l’a renié, Al l’a renié. Et puis toi qui étais… dans une mauvaise phase. C’était trop pour elle. Sans parler de l’état de Lily, lui dis-je en tâchant d’être rassurante.

- Peut-être, admit-il en haussant des épaules. On verra bien, ajouta-t-il. Mais pour en revenir à Al… Il n’est pas dans son état normal, là, Alli. Je l’ai trahi en attaquant sa petite sœur. La seule qui ne lui a jamais réellement fait honte en public, pas comme James. Et je crois que pour le coup… James l’a beaucoup influencé. Il a beau dire ce qu’il veut, son grand frère a une grande influence sur lui, par moment. Particulièrement dans ce genre de situation.

- Tu as peut-être raison, acquiesçai-je en baissant les yeux. Mais… Ça commence à faire beaucoup.

Il hocha de la tête et me sourit tristement. J’en fis de même et dans l’instant je me sentais bien avec lui. Je retrouvais enfin mon ami perdu depuis ce qui me semblait une éternité alors que ça faisait moins d’une semaine que c’était le cas. Mais le revoir aussi complice avec moi qu’avant, c’était tellement agréable. Rose serait ravie. Toutefois, nous avions un problème. Il ne fallait pas que ceux qui lui voulait du « mal » puisse le trouver. En cours ça allait. Ils étaient toujours avec Ruby, Kieran, Amy et Joshua. Mais la nuit… L’idéal serait de le cacher dans un autre dortoir. Auparavant on aurait facilement pu le glisser avec Al, malheureusement l’état actuel des choses ne nous le permettait pas.
Soudain je me rappelai d’une chose importante et je m’écriai, pas trop fort non plus :

- Oh, Scorp! Est-ce que tu peux me dire qui a fait boire une sorte de potion à Lily?

- J’aimerais sincèrement pouvoir te répondre Alli, mais ils m’ont dit sur un ton tout fier qu’ils m’avaient fait perdre une partie de ma mémoire concernant cette nuit-là, grommela-t-il sur un ton contrarié.

- Merde, soupirai-je. Enfin, une chose est sûre, cette nuit tu ne rentres pas à ton dortoir.

- Personne ne va rentrer à son dortoir ce soir, Alli.

Je le dévisageai avec des yeux ronds et un sourire malicieux ainsi que triste étira ses lèvres lorsqu’il précisa :

- Ce soir nous allons récupérer Spock, Alli. Après mon duel avec Al, on l’entraînera bon gré, mal gré avec nous. Il faut qu’on le récupère, car… Berkeley… il a un plan bizarre concernant ton chien. C’est tout ce que je sais. Et je ne veux pas qu’il arrive quoi que ce soit à Spock.

Mes yeux s’embuèrent de larmes à la simple mention de mon chien, mais encore plus, car il me proposait un plan. Un plan pour aller le sauver. Sauf que soudain ce qu’il venait de dire me foudroya totalement. Un duel. Par Morgane, il avait un duel contre Al ce soir. Et puis il y avait notre retenue… dont j’ignorais toujours le début, l’heure et la durée. Bon sang, pourquoi les choses ne pouvaient pas être simple pour une fois?

- Euh, Scorp… On a aussi une retenue ce soir…

- Je sais. J’en ai été informé hier par ma directrice de Maison. C’est ce soir une heure avant le diner. On doit se rendre au bureau du professeur Londubat.

- Personne ne m’a rien dit à moi… marmonnai-je.

- Tu n’as pas botanique aujourd’hui?

- Ah oui, c’est vrai! Dis-je en souriant.

Je me souvins alors avec horreur que mon cours de botanique était ce matin. En ce moment, en fait.

- Oh, par Merlin! M’écriai-je. Le professeur Londubat va me tuer et McGonagall va m’incinérer.

- Euh… Je ne suis pas sûr de te suivre, Alli…

- Mon cours de botanique est en ce moment, Scorp! Lui expliquai-je et il prit immédiatement un air scandalisé.

- Tu devrais peut-être y aller? proposa-t-il.

Il avait raison. Je devrais probablement y aller, pourtant je n’étais pas certaine d’en avoir très envie. L’idée de devoir me rendre en retard à mon cours serait bien pire que de ne pas y aller du tout. Rien que m’imaginer rentrer dans la classe devant tout le monde qui me dévisagerait sans vergogne… Ah, non! Pas question! Mais avais-je réellement le choix?

- Je ne peux pas y aller tout de suite. Pas avant que tu m’aies dit tous les détails de ton plan.

- Alli, écoute-moi. Tu ne crois pas que je vais avoir amplement le temps de le faire pendant notre retenue? Dit-il.

- Peut-être, mais on ne sait même pas ça va être quoi! Je n’ai pas l’impression qu’il nous fera faire des lignes et encore moins que nous resterons dans la même pièce! On va être en retenue pour s’être battu ensemble, je te rappelle.

Il me concéda le point d’un mouvement de la tête et rapidement il prit un air pensif. Sans doute réfléchissait-il à la marche à suivre. J’attendis patiemment qu’il termine ses réflexions, mais le temps me manquait un peu. Au bout d’un moment qui me parut interminable (cinq minutes) il avoua :

- Mon plan n’est pas parfait. En fait, il est loin de l’être. Ce n’est qu’une ébauche. Mais je sais que tu sais où se trouve Berkeley. Et si je ne me trompe pas, tu seras en mesure de nous y conduire, non?

Je hochai de la tête avec gravité. Je ne l’avais encore jamais réellement fait, mais je savais que j’en étais capable. D’ailleurs c’était l’une des raisons pour lesquelles on me surveillait de près. Pour éviter que je fasse une bêtise. Il continua alors :

- Donc mon plan repose sur ça. On s’arrange pour être tous là, tous les quatre. Rose, Al, toi et moi. Et si possible la cape d’invisibilité de James. La première partie de mon plan consiste à vous convaincre tous les trois, je crois que pour toi c’est déjà fait et Rose devrait suivre. Pour ce qui est d’Al. Nous verrons, mais on ne peut pas faire le plan sans lui, car sinon… Ce serait beaucoup trop dangereux. Dans le pire des cas, on l’attrapera et on partira avec lui qu’il le veuille ou non. En tout cas, on devra partir immédiatement après mon duel contre lui. Dès que ce sera terminé on prend Albus et on se sauve. Discrètement.

- Et pour mes gardes du corps? Demandai-je en haussant un sourcil.

- Je n’y avais pas réfléchi, soupira-t-il en relâchant les épaules avec défaitisme.

- Il suffira d’avoir quelques secondes d’avance sur eux. Une fois que nous serons partis, ils ne pourront plus rien faire. Et là-bas, oui la cape sera pratique, mais un sortilège de désillusion aussi, car on ne rentre plus à quatre sous la cape.

Il acquiesça du chef et on poussa un soupir en même temps. Je réfléchissais à toute vitesse, cherchant par quel moyen nous allions bien pouvoir remplir notre mission. Car c’était diablement risqué. Si j’échouais, tout le monde tombait avec moi. Mes amis… Mes meilleurs amis tomberaient avec moi. C’était une chose que je ne pouvais accepter. Surtout que j’étais prête à tout pour eux. Mais si jamais Berkeley tentait du chantage, je ne lui en laisserais pas le temps. Le plus gros danger c’était lui, alors si je réussissais à m’enfuir dans le temps avec lui… Mes amis seraient saufs.
Mais avant de penser à la défaite, il fallait que je me batte. Enfin, presque. Je regardai alors Scorp et lui dis :

- Bon, cette ébauche se tient. Toutefois, tu ne peux pas rester seul de la journée, d’accord? Tu dois être en permanence avec Ruby, Joshua et les autres. Et cette nuit, tu dormiras dans notre Salle Commune. Ils ne viendront pas te chercher là.

- Mais Alli… tenta-t-il de me calmer.

- Il est hors de question que tu repasses du mauvais côté, Scorp! TU M’ENTENDS? HORS DE QUESTION! m’exclamai-je en sentant la panique s’emparer de moi. Tu fais partie du groupe depuis notre première année et je ne lâche jamais mes amis. Même si eux le font…

Je vis la compréhension s’allumer dans son regard, mais je ne m’attardai pas à l’analyser, car il hocha de la tête. Agréant ainsi à mes propos. Le soulagement m’envahi et je le remerciai du regard.

- Parfait, dis-je avec un sourire satisfait. Maintenant, je te raccompagne à ta classe.

Il vint pour protester, mais je lui renvoyai un regard furibond alors il ne prononça pas un mot. Je tapotai à ce moment-là l’épaule du garde du corps le plus proche pour lui faire savoir que nous avions terminé. Ils se redonnèrent alors à chacun leur audition et je les informai que nous allions reconduire mon ami à son cours. Je vis un peu de désapprobation dans les yeux de celui qui avait le commandement par intérim pendant que Nesta se reposait. Toutefois, il ne prononça aucun mot.

Je me demandais ce qu’il désapprouvait. Était-ce à cause du fait que je ne semblais pas me méfier de Scorpius après tout ce qu’il avait fait ou du fait que je manquais encore un peu plus de mon cours? Peut-être était-ce les deux aussi. Enfin, qu’importe, il n’avait pas à me juger et n’avait pas le droit de me faire des remontrances. Il n’était pas mon père et surement pas de ma famille non plus.

Nous voyageâmes en silence, chacun perdu dans nos pensées. Une petite voix désagréable dans ma tête n’arrêtait pas de me dire de me méfier, que c’était peut-être un piège. Que je ne devrais pas y aller ce soir. Je réussis à la faire taire lorsque nous atteignîmes sa classe. Je le saluai alors d’un signe de tête et d’un petit sourire et il me répondit :

- À notre retenue, Alli.

Je me retins pour ne pas rire et m’empressai de m’éloigner lorsqu’il ouvrit la porte de sa classe. À partir de là je me mis à courir. À toute vitesse, car je devais aller récupérer mes choses de botanique. Que j’avais laissé dans ma chambre en croyant que je n’en aurais pas besoin. J’étais certaine que j’allais devoir faire un interrogatoire long et fastidieux. Avec chance ça n’avait pas été le cas.

Je déboulai comme une furie dans ma Salle Commune, dérangeant certains sixièmes années qui avaient une période libre ce matin et qui en profitaient pour traînasser. Je ne comprenais pas pourquoi ils n’en profitaient pas pour faire leurs devoirs. Ils en seraient débarrasser, ensuite! Et dans un sens c’était bien plus agréable de relaxer le soir, tranquillement, au lieu de faire des devoirs. Enfin, nous avions tous notre point de vue. Je suppose.

En entrant dans mon dortoir j’attrapai toutes mes choses en vitesse avant de dégringoler les escaliers à nouveau. Mes gardes du corps semblaient avoir un peu de difficulté à tenir le rythme, car certains ahanaient. Je surpris à nouveau les sixièmes années et cette fois l’un d’eux s’exclama, je ne pris d’ailleurs pas de temps à le reconnaître :

- Mais dis donc, Allison! Vas-y tranquillement où tu vas te tuer!

Je répliquai en criant pour qu’il m’entende, car je franchissais le portrait de la Grosse dame :

- C’est bizarre, McLaggen, je croyais que c’était toi qui allais mourir de peur!

J’entendis des éclats de rire avant que la porte se referme dans mon dos. Un sourire étira mes lèvres et j’entrainai de nouveau mes gardes du corps dans un rythme effréné.

Lorsque j’arrivai enfin à l’endroit voulu, j’étais à bout de souffle. Je fis donc irruption complètement rouge et essoufflée dans la serre où se tenaient tous mes compatriotes de cinquième année de Gryffondor et Poufsouffle. Apparemment aujourd’hui on étudiait un arbrisseau autofertilisant. Je dis en essayant de garder bonne figure malgré toutes les têtes outrées tournées vers moi :

- Désolée… du retard… professeur… J’ai eu… du mal… à rester réveillée.

Le professeur Londubat m’adressa un regard inquisiteur et ma petite voix intérieure me dit qu’il ne me croyait pas du tout. Je déglutis et tâchai de respirer lentement et silencieusement tandis qu’il m’observait. Ainsi que tous les autres élèves.

- Allez donc prendre place, Miss Lévesque. Nous en discuteront après la classe.

En me mordant les lèvres j’évitai les regards de tout le monde, y compris celui d’Albus. En fait, surtout celui d’Albus. Le serrement dans ma poitrine sembla s’intensifier lorsque je vis du coin de l’œil qu’il semblait m’observer avec suspicion. Je m’empressai donc de me placer aux côtés de Rose et je lui glissai à l’oreille très silencieusement :

- Nous avions raison.

Je vis parfaitement à quel point elle se retenait de sourire avec fierté par la simple tension dans ses épaules et le léger frémissement de ses lèvres. Je lui tapotai alors l’épaule et je suivis le reste du cours sans plus l’interrompre.

À la fin de la classe Rose me dit qu’elle m’attendrait à l’extérieur en attendant que je m’explique avec le professeur. Ce dernier me fit signe de le suivre au fond de la serre, ce que je fis sans attendre, mais en effectuant un léger détour pour ne pas passer trop près de la plante carnivore. Je fus légèrement soulagée en arrivant près de lui de voir qu’il ne semblait pas vraiment en colère.

Il me demanda alors :

- Bien, Miss Lévesque. Pouvez-vous m’expliquer la raison de votre retard? Je vous ai vu au petit-déjeuner ce matin, alors je ne crois pas que vous ayez pu passer tout droit.

Je déglutis avec un peu de difficulté avant de me lancer dans mon excuse déjà toute prête :

- C’est vrai, professeur. Je suis allée manger ce matin, seulement, juste après je me suis sentie un peu faible. Alors je suis remontée à mon dortoir pour me reposer un peu avant le cours. Malheureusement je me suis endormie et… je me suis réveillée quand le cours avait déjà commencé. Je me suis empressée de descendre à toute vitesse, mais… bon. J’étais déjà en retard.

Il hocha de la tête, semblant trouver que mon excuse était valable. Surtout qu’il était au courant pour mon don et tout ce qui s’ensuivait. La Pierre et mon manque de jugement.

- C’est une bonne excuse, Miss Lévesque. Toutefois, je ne peux pas me permettre de ne pas sévir. Sans être trop sévère non plus, ce genre de chose ne vous arrive pas très souvent, normalement. Alors je vais me contenter de retirer cinq points à Gryffondor, commença-t-il sur un ton doux. Par contre, pour ce qui est de votre manque de contrôle à l’égard de Mr Malefoy… Vous deviez venir en retenue ce soir à mon bureau, mais il s’avère que nous avons rencontré un problème, tôt en matinée aujourd’hui. Et nous devons tous, les professeurs, nous rencontrer à ce moment. La retenue sera donc ajournée à demain, seize heures à mon bureau. Mr Malefoy sera tenu au courant des changements de plan. Ensuite, Miss Lévesque… J’aimerais que vous évitiez d’autres incidents de ce genre à l’avenir. Vous faites perdre un certain nombre, assez important, de points à Gryffondor ces derniers temps, continua-t-il en dardant un regard un peu plus sévère sur moi.

- Je ferai de mon mieux pour être digne de notre Maison, professeur.

Il déposa une main sur mon épaule avec sollicitude et ajouta :

- Je sais que vous traversez une dure période, Miss Lévesque. Mais tout finira par s’arranger, vous verrez.

Une remarque acerbe se faufila le long de ma gorge et voulut sortir, sauf qu’à la dernière seconde, je réussis à la coincer pour dire à la place :

- Bien sûr, professeur.

- Vous pouvez y aller, maintenant. Miss Weasley doit mourir d’envie de vous questionner.

Je levai un sourcil interrogateur, mais il se contenta de sourire et de me faire signe d’y aller. J’haussai alors des épaules et m’empressai de sortir de la serre, toujours en prenant soin d’éviter cette affreuse plante carnivore.

Dès que je fus dehors, Rose me bondit dessus et me bombarda de question. Je la fis rapidement taire en lui désignant subtilement mes gardes du corps. Elle sembla comprendre immédiatement et nous parlâmes alors du cours et des innombrables devoirs qui m’attendaient. Ce n’était pas vraiment pour me remonter le moral, sauf qu’au moins les soupçons que me portaient les hommes de ma garde rapprochée ne s’amplifièrent pas.

Lorsque le moment du déjeuner arriva, Rose et moi on ne toucha presque à peine à tout ce qu’il y avait à manger. On s’était muni d’une réserve presque infinie de parchemins et on était en train de discuter silencieusement et en toute discrétion. Personne sauf nous ne pouvait comprendre de quoi nous parlions, car… Eh bien, on écrivait sur les parchemins à l’aide du langage codé de mes parents. Dès que j’avais terminé de l’avoir décodé, je le lui avais appris. Et donc, maintenant nous le connaissions par cœur et on en profitait pleinement.

Elle eut donc le loisir de me poser toutes les questions qui la taraudaient et moi de lui répondre. Elle fut très enthousiaste à l’idée que nous ayons raison, mais scandalisé à l’idée que Scorpius ait été soumis au sortilège de l’Imperium. Je n’étais pas particulièrement ravie non plus, mais ne voulant pas lui faire ressentir mon angoisse à moi, je me suis contentée de lui dire que maintenant que nous étions au courant, ça n’arriverait plus.

Lorsque j’en vins au sujet de la mission de ce soir, elle se révéla étonnement partante. Dans le genre de très enthousiaste. Mais alors VRAIMENT. C’était assez étonnant compte tenu du fait que nous allions… comment dire? Défier totalement et irrévocablement l’autorité de notre directrice, de son oncle et de… Enfin, pas mal tous les adultes qui ne voulaient pas que je fasse des trucs irréfléchis. Sans compter que le plan était très dangereux et qu’il y avait pleins de trucs qui pouvaient mal se terminer. Peut-être un peu trop pour que j’accepte délibérément de mettre mes amis en danger… Mais je savais déjà que si je leur disais de rester ici… Ils ne le feraient pas. Ils me feraient du chantage jusqu’à ce que j’accepte leur compagnie. Sans compter que j’avais besoin d’Albus dans tous les cas. Cette pensée me figea surplace. J’allais devoir côtoyer ce dernier pendant tout le temps que nous serions là-bas. J’allais devoir tenir sa main pour revenir. Le toucher

Allais-je en être capable? Rien que d’y penser et… Mon ventre se noua et mes mains se tordirent sous la table. Rose me jeta un regard de travers et regarda de nouveau son parchemin. Le dernier que je lui avais tendu. Celui où je nommais toutes les personnes qui devaient faire partie de l’aventure.

Cela ne prit qu’une quinzaine de secondes avant qu’elle ne se retourne vers moi et qu’elle dise :

- Oh, Alli! J’avais oublié que…

- J’aurais aimé pouvoir oublier, grommelai-je en jetant un coup d’œil du côté de la table où se trouvait Al.

Ce dernier regarda dans ma direction, nos regards s’accrochèrent l’un à l’autre l’espace d’un instant, mais tout aussi rapidement que cela s’était produit, il détourna les yeux. Mais j’avais eu le temps d’y voir un éclair de douleur. Éclair qui résonnait en moi. Pourquoi si ça nous faisait autant mal à l’un qu’à l’autre, fallait-il qu’il reste sur ses positions? Scorp avait été son ami. Et ne tenait-il pas compte de la Carte, ou l’avait-il déjà oublié? Ce contrat magique qui nous liait les uns aux autres…

Je détournai le regard à mon tour, incapable de le regarder plus longtemps. Je lâchai dans un souffle :

- Je vais faire ce que je dois, Rose. Peut-être qu’Al va se faire à l’idée que nous avions raison et que tout rentreras dans l’ordre. Que tout redeviendra comme avant.

- Oui, peut-être, acquiesça Rose.

Mais je savais bien qu’elle pensait la même chose que moi. Ce ne serait plus jamais comme avant. Cette année avait été carrément horrible et notre amitié en avait bavé. Nous nous étions peut-être relevé, mais cette fois j’ignorais si nous en étions capables. Et même si cela devait s’avérer, soit nous en serions plus faibles, soit plus forts. J’espérais que ce serait la seconde option, mais… je ne me faisais pas trop d’espoirs non plus. Dans tous les cas nous en serions changés.

Nous changeâmes rapidement de sujet, cette fois oralement et cela tout en prenant la précaution de ranger nos parchemins. Même s’ils étaient écrits de façon à ce que personne ne puisse rien y comprendre, j’étais tellement mal chanceuse qu’il pouvait aussi bien y avoir quelqu’un qui saurait les déchiffrer.

À dix-neuf heures nous nous rendîmes au lieu qui était réservé pour les duels. Le reste de la journée depuis le déjeuner avait été on ne peut plus calme, malgré la tension qui grimpait à chaque heure qui passait. En ce moment, j’avais les mains tellement crispées que je me coupais presque moi-même la circulation sanguine. J’ignorais si j’étais plus inquiète pour le duel en lui-même ou pour ce qui allait se produire ensuite. Rien que d’y penser et mon cœur s’affolait. Il y avait tellement pleins de trucs qui pouvaient mal tourner. Et je ne voulais pas que ça échoue. La vie de Spocky en dépendait…

Une fois arrivée, je pus constater qu’il y avait beaucoup de monde, déjà. Et parmi eux se trouvaient Scorpius avec Joshua et les autres. Ces derniers ne cessaient de regarder partout comme si quelqu’un allait leur fondre dessus. J’espérais sincèrement que ce ne serait pas le cas, car je n’étais pas sûre de pouvoir le supporter. Je repérai aussi assez rapidement Al et James dans un coin. Le premier semblait extrêmement tendu et je savais très bien pourquoi. Malgré tout ce qu’il pourrait en dire et en avait dit, combattre Scorpius lui serait difficile, même s’il le considérait comme un traître. Je détournai rapidement le regard, pour éviter qu’il ne remarque mes yeux posés sur lui.

- Comment on va faire pour… commença à vouloir me demander Rose, mais le professeur de Défense l’interrompit.

- Mr Potter, Mr Malefoy, veuillez prendre position, s’il-vous-plaît.

Les deux gars s’avancèrent l’un avec un semblant d’assurance et l’autre en traînant des pieds. D’où j’étais je voyais clairement la colère enflammer les yeux d’Al alors que le regard de Scorp était plus fuyant. Je pouvais déjà prédire que ce duel serait horrible. Horrible à voir. Horrible à cause de toutes les significations qu’il revêtirait par la suite. Je ne voulais pas voir ça.

- Je ne veux pas voir ça, souffla Rose avec de l’horreur dans la voix et faisant écho à mes pensées.

- Moi non plus, admis-je. Sauf qu’on n’a pas le choix.

Je m’avançai pour me rapprocher le plus possible des duellistes, bousculant ceux qui me barraient la route. Rose s’était agrippée à ma robe alors je savais de source sûre qu’elle me suivait. Quant à mes gardes du corps… Ils étaient sans doute l’une des raisons pour laquelle on s’écartait sur mon passage.

Nous parvenions tout juste à la limite qui séparait les spectateurs des duellistes que le duel commença. Et en force :

- STUPÉFIX! Hurlèrent les deux membres masculins de notre quatuor à Rose et moi.

Al se mit rapidement à bombarder Scorp d’un flot continu de sortilèges, je voyais son visage crispé sous l’effort et la concentration faisait briller ses yeux verts d’une lueur féroce. Scorp ne faisait plus qu’éviter et se protéger des sortilèges. Toutefois, il trouva la force de dire en se laissant tomber par terre :

- Je suis désolé, Al… Je ne vou… PROTEGO! Je ne voulais pas. Je te le… AGUAMENTI! Je te le jure. Pourquoi tu…

- EXPELLIARMUS! Tais-toi, je ne veux plus rien entendre qui sort de ta bouche! Espèce de traître! Gronda Al avec une colère noire.

Pourtant derrière cette colère, je reconnus sans mal l’écho de la souffrance et de la tristesse. Il n’aimait pas se battre contre Scorp. Par contre, l’entêtement d’Al sembla attiser la colère de Scorp, car après avoir évité le sortilège de notre ami, il s’écria :

- PETRIFICUS TOTALUS! EXPELLIARMUS! STUPÉFIX!

Pendant qu’Al s’escrimait à éviter cette horde de sortilèges, son opposant en profita pour glisser :

- Pourquoi tu refuses de me croire? JE N’AVAIS PAS LE CHOIX! C’ÉTAIT ELLE OU HUGO!

- FERME-LA! LEVICORPUS! Vociféra Al, blême de rage.

Scorp dut faire un bond prodigieux sur le côté pour éviter le sortilège, mais il réussit en le faisant à en envoyer un nouveau sur son ancien meilleur ami. Al se jeta au sol pour ne pas être atteint en plein torse et leur discussion continua :

- Tu es vraiment aussi entêté, Al? Par Merlin! Tu ne comprends donc pas?

- Il n’y a rien à comprendre! Rétorqua Albus. Tu as fait ton choix. Et c’était le mauvais! PETRIFICUS TOTALUS!

- Mais bien sûr! Marmonna Scorp en évitant le sortilège d’un bond. TU AURAIS PRÉFÉRÉ QUE JE CHOISISSE HUGO ET QU’AINSI ROSE ME TUE SURPLACE? SILENCIO!

Albus se jeta sur le côté et envoya un nouveau sortilège à Scorpius. S’ensuivit plusieurs sortilèges différents en provenance des deux avant qu’Al se décide à répondre :

- Tu aurais pu essayer de nous prévenir.

- Parce que tu crois que je ne voulais pas le faire? TU NE SAIS MÊME PAS CE QUE J’AI ENDURÉ! Répliqua son adversaire très connu en le foudroyant du regard.

Euh… Pourquoi j’avais l’impression que Scorp ne m’avait pas tout dit. Il jeta un coup d’œil de notre côté et en voyant son air s’assombrir puis prendre un air coupable je compris. Il avait réussi à se battre. Pendant un temps, il avait réussi à garder le contrôle de lui-même. Sauf qu’il avait été… il avait été… Oh, par Merlin! Et tout ça à cause de moi. Je dus me faire violence pour ne pas me mettre à pleurer. J’étais tellement… tellement une calamité pour tout le monde. Le mieux que je pourrais faire ce serait de disparaître. Pourquoi étais-je née avec ce don? Pourquoi n’aurais-je pas pu être comme tout le monde?

Al semblait légèrement décontenancé. Ce qui était tout à fait normal dans l’état actuel des choses. Il ignorait que Scorp avait été sous l’influence de l’Imperium. Sauf qu’en ce moment, il devait commencer à comprendre que celui qui avait été son meilleur ami… ne l’avait jamais réellement trahi. D’ici, je voyais déjà à quel point c’était dur pour lui de commencer à concevoir que nous avions raisons, Rose et moi. Pas réellement, car il était orgueilleux. Non, surtout, car il avait… il avait injustement accusé son ami. C’était ça, le plus dur pour Al.

Malheureusement pour ce dernier sa nouvelle clairvoyance lui attira plus de problèmes qu’autre chose, car Scorpius utilisa son côté stratège à la Serpentard pour s’écrier :

- Silencio! Obscuro! Petrificus Totalus!

J’avais l’impression, à voir l’expression qu’affichait Scorp en voyant le corps d’Al s’écrouler par terre, qu’il n’aurait pas agi pendant le moment de faiblesse de notre ami si ce n’avait été que nous n’avions pas toute la soirée devant nous. J’étais toutefois surprise de constater à quel point les deux étaient au même niveau en duel. En même temps, je me doutais que Rose et moi en serions réduites à la même chose qu’eux. Être égaux en presque tout, voilà le fardeau de notre quatuor. Mais il y avait des choses sur lesquelles nous n’étions pas tous identiques. Par exemple, j’étais la plus impulsive, Rose la plus rancunière, Scorp le plus rusé et Al le plus ambivalent. Tout qu’un quatuor, ça c’était sûr. Enfin, si c’était toujours ce que nous étions, évidemment.

Le professeur se chargea rapidement de délivrer Al des différents sortilèges et dès que ce fut fait, nous entrâmes en scène. Rose se jeta sur son cousin, qui ne sembla pas comprendre pourquoi elle l’attrapait par le bras. Moi je fonçai en direction de Scorp et tous ensembles, avec Al qui était complètement perdu, nous fonçâmes dans le corridor. Malheureusement, comme il fallait s’y attendre, mes gardes du corps me poursuivirent. Mais ils n’étaient pas les seuls.

- Miss Lévesque, attendez-nous! S’écria Nesta et je sentais la réprobation dans sa voix.

- Qu’est-ce que vous faites? Hurlèrent ensuite Ruby et Joshua en même temps.

Je ne ralentis pas notre cadence, mais accélérai même. Toutefois, cela ne découragea pas nos poursuivants si je me fiais aux bruits de course qui nous poursuivaient encore. Je jetai un regard en arrière et constatai avec un soupir de soulagement que les plus proches de nous n’étaient que Ruby et Joshua. Certes ils n’étaient pas au courant de mon don, mais justement, ils ne pourraient pas m’empêcher d’y aller. Le seul problème avec eux c’était s’ils se trouvaient trop près.

- Est-ce que… je peux savoir… pourquoi tu… as refermé… tes serres… sur moi… hein, Rose…? Haleta Al, alors que nous courrions toujours.

- Parce qu’on… va avoir besoin… de toi… idiot de cousin! Rétorqua-t-elle en haletant aussi.

Que disais-je déjà à propos de la rancune? Bien sûr je l’étais aussi, il ne fallait pas se méprendre, mais moi mon impulsivité était beaucoup plus importante que ma rancune. En général je réglais mes comptes immédiatement. Enfin… sauf avec James. Penser à lui fut aussi douloureux qu’observer Al. James avait été un frère pour moi et un grand ami. Et maintenant… il m’avait tout autant renié que Rose.

Je crois que la réponse de Rose ne satisfaisait pas vraiment Al, mais qu’il avait trop le souffle coupé pour rétorquer quoi que ce soit. Soudain, Scorp qui dirigeait notre groupe s’engouffra dans un placard à balai. Nous le suivîmes sans hésiter. Malheureusement, alors que nous refermions la porte, un pied se glissa et l’empêcha de le faire. Je craignis pendant une terrible seconde que ce ne soit Nesta, mais… non. C’était Joshua et Ruby. Je ne perdis pas une seule seconde avant de prendre une décision. J’attrapai les deux nouveaux venus par le col de leur uniforme et les forçai à entrer dans le placard à balai beaucoup trop exigu pour six personnes.

Après quoi nous refermâmes la porte dans un claquement sonore et nous la verrouillâmes par magie.

- C’est à toi, Alli, me glissa Scorp.

Je hochai de la tête et en regardant du côté des nouveaux membres du groupe, je murmurai :

- Désolée pour ça…

Je crois qu’ils s’apprêtaient à poser des questions, mais voilà que je nous transportais déjà à travers le temps et l’espace.
L’atterrissage fut horriblement douloureux. D’autant plus que, comme me l’avait dit Parkinson, le sol de sa chambre était en céramique très froide et… dans tous les sens du terme. Je ne pris guère le temps d’admirer les lieux (si on pouvait dire qu’il y avait quelque chose à admirer), car nous nous effondrâmes tous les uns sur les autres.

Il y eut un concert de gémissements et de grognements avant que nous ne trouvions le moyen de tous nous relever sans écraser les autres. Il se passa alors deux choses. La première étant :

- C’était donc ça que tu nous cachais, Allison? Grommela Ruby avec de la colère dans la voix.

La seconde se trouvait être d’un tout autre niveau. À peine étaient-ils debout que Rose et Scorp se jetèrent dans les bras l’un de l’autre. Les bras de mon ami entourèrent rapidement la taille de ma meilleure amie et cette dernière s’agrippa à son cou avant de plaquer ses lèvres sur les siennes. Je l’entendis chuchoter la seconde suivante :

- Je savais… Je le savais que ça ne pouvait pas être toi…

- Heureux que tu aies continué de croire en moi, Rosie…

Ils s’apprêtaient à recommencer à s’embrasser, lorsque d’un toussotement, je les interrompis. C’était un peu malaisant, en fait. Et on ne peut plus inapproprié pour l’endroit où nous étions. Je dis à voix basse :

- Euh… Vous ne croyez pas que le moment est mal choisi, là?

Ils rougirent jusqu’aux oreilles tous les deux en hochant la tête, confus. J’eus un sourire moqueur l’espace d’une seconde avant de brusquement reprendre mon sérieux lorsqu’Albus demanda :

- Je peux savoir ce qu’on fait ici? Et où on est exactement?

- On est chez Parkinson. C’est ici que se trouve Berkeley. Et Spock, répondis-je sans prendre la peine de le regarder.

En fait, c’était surtout, car j’avais trop peur de le regarder. Rose entreprit alors de leur expliquer plus en détails. Elle y alla par les chemins les plus courts. En commençant par le fait que Scorp avait été victime du sortilège de l’Imperium, les informations que Parkinson nous avait fourni sur sa maison en nous envoyant un hibou le matin même, puis la mise en place du plan par Scorp et moi… Lorsqu’elle eut terminé je lui demandai :

- Tu as réussi à prendre la cape?

- Ouais, c’est toujours aussi facile de la prendre à James, affirma-t-elle avec un haussement d’épaule.

Haussement d’épaule où je devinais de la tension et de la douleur lié au fait que son cousin l’avait renié. J’aurais bien voulu la réconforter, mais nous n’en avions pas le temps. Chaque seconde comptait et nous avions déjà perdu de nombreuses minutes à mettre tout le monde au courant du plan. Je continuai donc sans faire la moindre remarque :

- Maintenant, il faut se mettre en équipe de deux.

Mon regard commença d’abord par se tourner vers Al, mais je réussis à m’interrompre avant que ce dernier ne puisse s’en apercevoir. Il dit pourtant quelque chose qui me surprit profondément :

- Scorpius et moi on va prendre la cape. Elle appartient à ma famille après tout. Et je crois… je crois que j’ai des excuses à faire.

- Pas maintenant, Al, lâcha Scorp. On n’a pas le temps. Mais j’accepte d’être avec toi.

Je surpris le regard d’Al sur moi et je compris qu’il n’y avait pas qu’à Al qu’il souhaitait faire des excuses. Le problème c’est que pour le moment je n’en avais rien à faire de ses excuses. Je ne voulais ni les entendre, ni avoir à y penser. Je conclus donc :

- Bon, alors Rose et moi on va se mettre ensemble. Ruby et Joshua, vous ne deviez pas être là, mais vous serez ensemble.

- On reste comme ça? S’étonna le Serpentard. Mais on va se faire prendre.

- Bien sûr que non! Grommelai-je. Je vais nous jeter à tous, sauf à Al et Scorp, un sortilège de Désillusion.

Joshua eut l’air surpris, mais acquiesça du chef, tout comme Ruby. Je m’empressai donc de le sortir ma baguette et de jeter le sortilège sur nous quatre. Pendant ce temps, Scorp et Al se réfugièrent sous la cape. Avant que nous ne nous mettions en chasse, je leur rappelai :

- Tout le monde, sauf Al et Scorp, rappelez-vous de bien rester accrocher l’un à l’autre pour ne pas vous séparer. Je sais bien que nous ne sommes pas totalement invisibles, mais ça évitera des accidents. Souvenez-vous aussi que l’on cherche mon chien. Même si on tombe sur un Berkeley endormi, on ne tente rien. Ce n’est pas le temps de faire les téméraires.

- S’il y a bien des personnes qui pourraient jouer aux téméraires, c’est bien des Gryffondors, rétorqua Joshua sur un ton moqueur.

Al, Rose et moi nous poussâmes un soupir scandalisé, tandis que les Serpentards rigolaient silencieusement. Je les coupai donc dans leur hilarité silencieuse en annonçant le départ. Nous ouvrâmes donc la porte silencieusement et comme des ombres nous nous glissâmes dans la demeure silencieuse.

Après quelques secondes nous arrivâmes aux escaliers dont m’avaient parlé mon frère et je proposai à Ruby et Joshua d’explorer l’étage et de retourner à la chambre de Parkinson dès qu’ils auraient fini. Parkinson m’avait dit dans sa lettre que l’étage de sa chambre était plus petite que le rez-de-chaussée et qu’il était impossible que Spock se trouve dans le grenier qui était l’étage au-dessus de sa chambre. Quant au sous-sol il affirmait que c’était sans doute l’endroit idéal, mais d’attendre à la fin avant de s’y rendre et d’y aller tous ensemble. Toutefois, nous avions rendez-vous à la chambre de mon frère dans une heure. Si on avait rien trouvé pendant ce laps de temps, nous devions retourner à notre point de départ et alors aller explorer le sous-sol.

Une fois au rez-de-chaussée on se vit offrir le choix de deux directions différentes. À voix très basses nous nous choisîmes chacun une voix. Je dirigeais la marche alors que Rose s’agrippait à ma robe de sorcière. C’était étonnamment silencieux pour l’heure qu’il était. Mais en même temps, il n’y avait probablement que Berkeley et la mère adoptive de Parkinson dans les parages. Ce n’était pas comme le Terrier où il y avait toujours plein d’animation un peu partout.

Nous visitâmes plusieurs pièces, mais sans trouver la moindre trace de Spock. Et à chaque minute supplémentaire, je craignais le pire. Sans oublier la tension qui crispait mes muscles au maximum. C’était vraiment horrible et je commençais à trouver de plus en plus bizarre de ne pas croiser âme qui vive.
Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Nous passâmes à deux doigts de hurler lorsqu’en arrivant dans la cuisine on fonça de plein fouet dans deux masses corporelles qui n’étaient pas là visuellement. On parvint de justesse à retenir un cri et je crois que c’était la même chose pour Al et Scorp, car on entendit deux brusques inspirations.

- Alli? S’enquit le Serpentard sur un ton incertain. Rose?

- C’est nous, approuva cette dernière.

- Vous avez trouvé quelque chose? Demandâmes Al et moi en même temps.

- Non, répondirent Rose et Scorp, eux aussi en même temps.

Un petit rire nous échappa et ce fut là notre plus grande erreur.

- Eh bien, eh bien… Ai-je bien entendu des rires dans cette cuisine vide? S’enquit la voix que j’exécrais de toute la force de mon âme.

En me retournant je repérai comme escompté Berkeley qui affichait un sourire sans chaleur. Il susurra alors en plissant les yeux, pleins de moquerie :

- Mais allons, montre-toi, Allison. Qu’attends-tu?

Je sentis la rage se propager dans mes veines à vitesse grand V. J’avais l’intention de brûler de l’intérieur. Et comme je l’avais déjà dit, mon impulsivité était mon pire défaut. C’est pourquoi je redevins visible en grognant avec rage :

- Vous! Vous je vais vous écrabouiller, vous brûler, vous mélanger à de l’acide et remettre le feu. Jusqu’à ce que vous n’existiez plus du tout! DU TOUT!

Je m’apprêtais à bondir vers lui, mais Rose me retint par le bras en redevenant elle aussi visible. Ça ne prit pas une seconde supplémentaire avant qu’Al et Scorp se départissent de la cape d’invisibilité pour faire face à Berkeley. Ce dernier éclata de rire et tout en ricanant toujours il dit :

- Mais oui, je te crois Allison! À ce que je vois, tu as toujours autant d’humour! Et tu m’as amené de nouveaux amis avec qui m’amuser?

À ces mots je vis Scorp tressaillir et je sentis la rage me consumer à encore plus grande échelle que plus tôt.

- VOUS ne TOUCHEREZ pas à MES amis! Hurlai-je en postillonnant allègrement.

- Conserve ta salive, jeune demoiselle. Tu ne peux rien faire contre moi.

- STUPÉFIX! M’écriai-je sans réfléchir.

Il dévia mon sortilège d’un simple mouvement de baguette et soupira :

- Tu l’auras voulu…

Il se mit alors à faire pleuvoir des sorts sur nous quatre. Mais quand je dis pleuvoir, c’est vraiment pleuvoir. Je n’arrivais qu’à grande peine à détourner ses attaques. Et c’était seulement, car il nous en envoyait à nous quatre séparément. Pourtant, nous n’étions pas suffisamment nombreux pour lui être réellement une menace. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, je me retrouvai toute seule debout. Mes trois amis étaient par terre complètement figé, incapable de bouger. J’eus la joie de constater qu’ils étaient simplement atteints par le sortilège du saucisson et non pas mort. Cela voulait dire que Berkeley avait l’intention de négocier avec moi. Ou enfin… de faire du chantage. C’était quand même assez dur sur mon égo de savoir que nous n’avions pas réussi à le combattre plus de cinq minutes. Et encore, je crois que c’était plus quatre minutes et trente-cinq secondes.

Il me regarda un long moment, m’analysant, cherchant sans doute ce que je ferais ensuite. Et ce regard me faisait froid dans le dos. On aurait dit que sa conscience sale et impure se frottait à la mienne et que des traces graisseuses et insidieuses y restaient accrochées, cherchant à lentement s’infiltrer dans mon être. J’eus un frisson qui me fit me secouer et c’est à ce moment qu’il dit :

- Alors… Que vas-tu faire maintenant? Capituler et ainsi sauver la vie de tes amis ou m’affronter et les tuer?

- Je vais… commençai-je, mais je n’eus pas le loisir de poursuivre, car une voix féminine que je reconnus aussitôt me coupa.

- Vous allez plutôt gentiment vous évanouir, mon vieux!

Je vis alors Berkeley chanceler vers l’avant sous l’effet d’un coup reçu dans le milieu du dos, du moins je le supposais.
J’eus alors la présence d’esprit de rendre visible mes deux compatriotes de Serpentard. Je pus donc voir que le balai flottant était en fait tenu par Joshua qui asséna bien gentiment un grand coup à l’arrière du crâne du scélérat qui avait tué toute ma famille. Ce dernier s’écroula avec un râle, mais Joshua sembla trouver que ce n’était pas suffisamment, car il ajouta un coup de balai sur la mâchoire et un autre dans le milieu du dos. Après cela, Berkeley s’effondra par terre avec un bruit sourd et mou.

Mais je ne me préoccupais plus vraiment de lui, trop occuper à dévisager Joshua avec des yeux ronds, complètement incrédule devant ce qui venait de se passer. Avais-je bien vu ou venais-je d’imaginer ce qui s’était produit juste sous mes yeux. Je bégayais alors en papillonnant des paupières, toujours sous le choc :

- Tu… Tu viens… Tu viens vraiment… de faire ça?

- Eh bien, quoi? s’offusqua l’intéressé avec un grand sourire. Je suis la pire canaille que l’on puisse rencontrer, tu n’étais pas au courant? Ajouta-t-il avec un sourire encore plus grand.

- Non, pas du tout, avouai-je. Mais je suis très heureuse que ce soit le cas.

- On trouvait que c’était long avant que vous ne reveniez, alors on s’est dit qu’on devrait aller vous chercher. Et là… on a vu que tu étais un peu dans les ennuis et qu’un peu d’aide ne serait pas de refus, expliqua Ruby avec un sourire narquois.

- Merci d’être venu, dis-je avec un sourire. Bon, maintenant… Obscuro! Silencio! Petrificus Totalus! Lançai-je en pointant ma baguette sur Berkeley.

J’aurais pu le prendre et le ramener à mon oncle. Tout aurait été réglé. Pourtant mon petit doigt me disait qu’il ne resterait pas inconscient longtemps. Et que mes sorts ne l’empêcheraient de venir me rejoindre si j’étais toujours dans la maison à son réveil.

- Allez, venez, on va au sous-sol. On n’a pas une seconde à perdre.

Personne ne sembla avoir envie de me contredire et on se mit alors à chercher l’entrée du sous-sol. C’est alors que je compris quelque chose. Berkeley n’arrivait pas d’aucun des deux chemins d’où nous étions arrivés Al, Scorp, Rose et moi. Ce qui signifiait qu’il y avait un passage qui devait conduire au sous-sol à partir de la cuisine.

Dès que j’eus fis part de cet hypothèse au groupe, on chercha tous partout dans la cuisine le fameux passage. Qui se révéla être dans un des garde-mangers. La porte de ce dernier s’ouvrait sur un escalier étroit qui me donnait la chair de poule. Mais comme nous étions tous là pour mon chien, je me résignai à être la première à pénétrer dans l’étroit passage. Chaque marche supplémentaire accroissait mon sentiment de peur et de panique. Je comprenais maintenant pourquoi Parkinson affirmait détester aller dans le sous-sol. Personnellement, j’espérais que ce soit la dernière fois que je m’y rendrais.

À peine arrivais-je en bas que j’entendis la voix. Une voix nasillarde énormément détestable. Mais pas autant que ses propos :

- Non, mais tu vas te taire à la fin, espèce de sale cabot bâtard! Si ça ne tenait qu’à moi, ça ferait longtemps que je t’aurais découpé en morceau et jeté aux chats errants, grommela la voix avec haine.

Je sentis mes mains se mettre à trembler en entendant tous ses mots. Surtout que je savais pourquoi Spock jappait. Il jappait, car il avait dû sentir ma présence. Et rien que le son de son jappement me remplissait de joie et de soulagement. Il était en vie. J’allais enfin le ramener à la maison… Toutefois, il fallait d’abord régler le cas de la mère de Parkinson.

Je m’approchai alors à pas de loup, sans tenir compte des mises en garde de mes amis. Chaque mot supplémentaire de la femme me mettait un peu plus en colère, à tel point que lorsque je parvins enfin à sa hauteur je ne perdis pas une seconde. Sans aucun remord je la saisis par les épaules, la retournai vers moi et la frappai contre le mur d’à côté. Bien fort. À trois reprises. Elle perdit connaissance à la deuxième, mais simplement pour être sûre, je le fis une troisième. Voir mon tout petit Spocky en cage me fit mal au cœur, surtout qu’on ne semblait pas avoir changé les papiers journaux une seule fois depuis qu’il était là et que ça empestait les déjections. Et à voir la maigreur de mon petit chiot chéri, il ne l’avait pas très bien nourri non plus. Je dus me retenir pour ne pas varger de coups dans les côtes la femme que je venais d’assommer. C’est avec de grandes inspirations colériques que je parvins à conserver difficilement mon calme. Je libérai alors rapidement mon petit chien qui n’avait rien demandé de tout ça.

Il me sauta directement dans les bras dès que j’eus ouvert la porte de la cage. J’entendis mes amis s’approcher et tous avaient la même lueur de colère dans les yeux.

- On devrait peut-être frapper quelques fois encore l’homme en haut? Proposa Joshua, les traits crispés par la colère.

- Non, je ne crois pas que ce sera nécessaire, jeune homme… susurra la voix, certes écorchée, mais toujours autant détestée.

Nous nous figeâmes tous l’espace d’un quart de secondes. Sauf que cette fois je réussis à être plus rapide. Je saisis en vitesse la main d’Albus, que j’écrasai entre mes doigts alors que mes amis s’accrochaient tous à moi en même temps. Au moment exact où Berkeley saisit ce que je tramais, je vis la fureur envahir ses traits quand il hurla :

- NOOOOON!

Sauf qu’alors même qu’il s’élançait, baguette levée, nous avions disparu.

Pour réapparaître pêle-mêle dans le placard à balai. Ça avait été plutôt compliqué de coordonner notre départ et notre arrivé pour faire en sorte de revenir au moment exact où nous avions disparu, mais j’avais réussi. Et ce, beaucoup plus rapidement que les fois précédentes.

Toutefois nous n’eûmes guère le loisir de célébrer notre victoire, car la porte du placard à balai explosa avant de se consumer elle-même, dévoilant ainsi mes gardes du corps avec un air très, mais vraiment très en colère au visage. Tout ce que je trouvai à dire pour ma défense fut :

- J’ai sauvé mon chien…

Sans plus attendre, Nesta et les trois autres nous firent tous sortir du placard brusquement et sans dire un seul mot ils nous conduisirent à l’endroit que je redoutais le plus dans tout le château. Le bureau de McGonagall.

À peine une vingtaine de minutes plus tard, nous nous tenions tous là, debout, devant une directrice qui tremblait littéralement de colère. Ses yeux en étaient presque exorbités. Non, rectification. Ils l’étaient. Je tentai sans trop de succès de me faire petite quand elle hurla :

- MAIS OÙ AVIEZ-VOUS LA TÊTE? SAVEZ-VOUS QUELLES CONSÉQUENCES VOS ACTES AURAIENT PU AVOIR SUR NOTRE EXISTENCE À TOUS?

Un frisson me parcourut le dos et je me mis à bégayer :

- Mais… Mon chien… Le tuer… il aurait… Il serait…

- Épargnez-moi les détails sur votre chien. Vous auriez pu tuer tous vos amis et faire revenir le pire sorcier noir du siècle dernier! Sans compter que si vous refusiez, il pouvait très bien vous tuer, vous! Y aviez-vous seulement pensé?

Cette fois la colère m’envahit. Elle me croyait idiote ou quoi? Oui, je n’avais pas réfléchi suffisamment. Et oui, j’étais trop impulsive. Mais jamais, au grand jamais, je n’aurais permis à Voldemort de revenir. Je crachai donc avec colère :

- Je n’aurais jamais permis que l’on fasse du mal à mes amis. Plutôt mourir. Et même chose concernant Voldemort. Et puis, j’avais une bonne raison.

- Laquelle, hein? Dites-moi donc pourquoi votre chien méritait que vous…

Je la regardai avec une telle animosité qu’elle se tut immédiatement, sous le choc. Je grondai alors avec énormément de colère dans la voix :

- Ne sous-entendez plus jamais. Jamais. Que mon chien ne mérite pas d’être sauvé. C’est grâce à lui que je sais la moitié des choses que je sais maintenant. Car vous, vous me l’auriez jamais dit. Et il est le dernier souvenir vivant de ma mère. Alors attention à vos paroles, professeur.

Je crois que mes amis étaient tous scandalisés par ce que je venais de dire à notre directrice, car ils me dévisageaient tous avec incrédulité. Dans le cas de Rose, Albus et Scorp, s’étaient un mélange de respect, d’amusement et de réprobation. Tandis que pour Joshua et Ruby s’était du pur ébahissement. Mais je crois qu’eux tous étaient tout de même d’accord avec ce que j’avais dit.

Je restai toutefois pantoise lorsque Scorpius prit la parole, coupant du même coup McGonagall qui était rouge de colère et qui s’apprêtait à parler :

- Désolé, professeur. Mais… Nous n’avions pas le choix. Berkeley avait l’intention de se servir de Spock pour faire un truc, une potion ou je ne sais quoi, qui lui permettrait d’avoir le contrôle sur Alli. Du moins… si j’ai bien compris.

- Et comment êtes-vous au courant de cela, Mr Malefoy? S’enquit McGonagall, mielleuse ce que je ne trouvais pas bon signe en soi.

- Scorpius a été soumis au sortilège de l’Imperium, professeur! S’empressa de le secourir Rose en voyant son petit-ami se faire soudain très petit.

- Par les alliés de Berkeley, renchérit Albus à mon plus grand étonnement.

- Alors on n’avait pas vraiment le choix d’intervenir, ajouta Ruby en croisant les bras et en soutenant le regard de la directrice.

- C’était ça ou vous laisser tout faire foirer, renchérit Joshua en se mêlant à la partie lui aussi. Après tout, nous avions les moyens pour le faire, et sans vouloir être discourtois, vous, les adultes, vous êtes parfois bien moins subtil, poursuivit-il en voyant les yeux de McGonagall s’enflammer.

Pendant de longues secondes il ne se passa rien. Aucun son, aucun mot, rien. C’était presque comme si le temps lui-même s’était interrompu. Ça m’en faisait froid dans le dos, à tel point que je n’osais plus remuer du tout. Je retenais presque mon souffle, en fait. Et si je me fiais à l’absence de mouvement chez mes amis, c’était le cas pour eux aussi.
Après un temps qui me parut durée une éternité, McGonagall pinça les lèvres avant de décréter :

- Je retire vingt points à chacun d’entre vous pour avoir entrepris une aventure aussi insensée. Et si je n’en retire pas davantage… c’est simplement, car vous avez eu raison, dans une certaine mesure, d’avoir agis ainsi. Et que tout s’est bien passé. Toutefois, que je ne vous reprenne plus jamais à faire quelque chose dans ce genre-là. Sinon je devrai envisager l’expulsion.

L’idée même de devoir quitter Poudlard m’effraya à un tel point que je promis :

- Je ne le referai plus à moins que ce soit une question de vie ou de mort, professeur.

Elle poussa un soupir et se passa une main sur les tempes en grommelant :

- Je suppose que c’est tout ce que j’arriverai à tirer de vous, alors qu’il en soit ainsi.

McGonagall reprit alors un peu contenance et se rassit bien droite à son bureau avant de continuer :

- Vous serez d’ailleurs tous en retenue avec Mr Malefoy et Miss Lévesque pour les quatre prochaines semaines. Toutefois, nous ajouterons deux semaines supplémentaires pour ces derniers. Les vacances sont pour bientôt, alors sachez que vos retenues commenceront avant et continueront après jusqu’à ce que vous ayez purgé votre peine.

Dit comme cela on aurait dit que nous allions en prison. Peut-être aurions-nous à nettoyer les cachots encore et encore? Je ne l’espérais pas, car personnellement je les avais vus d’assez près pour ne pas avoir envie de renouveler l’expérience de sitôt. Je poussai toutefois un soupir en songeant que ma mère ne serait pas très fière de me voir écoper de six semaines de retenue. Et si je me fiais à l’air qu’affichaient tous les autres, ça en allait de même pour eux. Je trouvais par contre étrange de voir que Joshua semblait extrêmement blême à l’annonce de cette nouvelle. Comme s’il redoutait quelque chose d’horrible…

La directrice attendit quelques instants, comme si elle attendait une quelconque réponse de notre part, mais ni moi, ni les autres ne prononçâmes un seul mot. Elle prit une inspiration et se passa encore la main sur les tempes avant de dire :

- C’est bon, vous pouvez disposer. Je suppose que le sermon de vos parents demain matin, ou aux vacances suffiront à vous contrôler pour l’avenir.

Sans plus attendre elle fit un signe de la main nous invitant à sortir rapidement de la pièce. Ce que nous fîmes sans demander notre reste. Notre quatuor se sépara alors de Joshua et Ruby, après que je les aie remerciés pour leur support. Nous avions eu le temps de décider, un peu plus tôt, que Scorp dormirait dans le dortoir d’Al. D’ailleurs ce dernier lui avait donné la cape d’invisibilité et notre ami Serpentard nous suivait donc sans être vu par qui que ce soit. Mes gardes du corps avaient acceptés l’idée depuis que nous avions parlés du sortilège de l’Imperium.

Toutefois, tout le long du chemin j’eus droit au sermon de Nesta sur le fait que nous aurions dû leur en parler et qu’ainsi ils nous auraient accompagné et que ça aurait été beaucoup moins dangereux. Sans oublier qu’ainsi McGonagall aurait été bien moins en colère. Je ne répondis rien à tout cela, car avoir à le refaire je ne changerais rien du tout. Je subis donc sans broncher son long et fastidieux discours tout le long du chemin menant à la Salle Commune des Gryffondors. Elle ne s’interrompit qu’une fois que nous franchîmes le portrait de la Grosse dame. Là, nous nous séparâmes des garçons, enfin d’un seul visible, pour nous rendre à notre dortoir à Rose et moi. On s’écrasa presque immédiatement sur le lit, complètement vidée physiquement et émotionnellement. Malgré l’odeur qu’il dégageait je ne pus m’empêcher de dormir dans mon lit avec Spock pressé contre moi.

Les jours qui suivirent j’entrepris de soigner mon pauvre petit chien avec l’aide de Rose et Nuage. On le lava et le nourrit presque à l’excès, si bien qu’une semaine seulement après son retour tout Poudlard pu de nouveau bénéficier de sa joie de vivre de chiot. Nuage ne le quittait pas d’une semelle et on pouvait les voir se promener tout content partout dans le château. Pourtant la majorité du temps il me suivait partout, il tenta même une fois de se glisser avec moi pendant un de mes cours, mais mes gardes du corps l’en empêchèrent et le gardèrent avec eux. À partir de cette fois-là, il attendit toujours biens sagement avec eux.

En plein milieu du mois d’avril, la journée de la Pleine Lune, nous nous trouvions Rose, Al, Teena, Scorp et moi dans la Salle Commune des Gryffondors. Chacun avait reçu un hibou de McGonagall le matin même les informant qu’ils devaient se rendre à son bureau.

- On va enfin pouvoir s’en libérer, souffla Rose avec un soulagement perceptible.

- Il était temps, je commence à ne plus me souvenir du goût particulier des desserts de Poudlard, soupira Scorp.

Nous levâmes tous les yeux au ciel, mais un léger sourire étirait nos lèvres. Ce soir, chacun d’eux arrivait enfin à la fin du mois avec la feuille de mandragore. Je me demandais comment Rose et Teena feraient pour ne pas que les gardes du corps, les femmes en particulier, ne se doutent de quelque chose. Mais bon, Rose trouvera sans doute une solution infaillible, la connaissant.

- On est tous à des heures différentes… signala Albus.

- Normal, on ne pourra pas avoir nos échantillons au même endroit, répliqua Rose qui contre toute attente avait réussi à pardonner à son cousin en des temps records.

En même temps, entre James et lui, ce n’était pas Al qui avait été le plus violent. Il avait simplement suivi les traces de son frère aîné, car il était complètement perdu et ne savait plus du tout comment agir. Ça je le comprenais très bien. Seulement, je trouvais que ça n’excusait pas le fait qu’il m’ait demandé à moi de choisir entre eux et ma meilleure amie. De ce fait, j’ignorai à nouveau le regard qu’il posa dans ma direction après la remarque de sa cousine. Oh, je ne le boudais pas, je ne l’ignorais pas réellement non plus. Seulement je me montrais distante avec lui. Je répondais quand il me posait une question et discutais avec lui si je n’avais pas d’autres choix, mais… quand il essayait de s’excuser je m’éloignais. Toujours. Et il avait essayé à plusieurs reprises.

- Je me demande quelle sera la forme de… vous savez? Lâcha Teena avec une mine pensive.

- Nous on a un doute, répondit Rose avec un léger sourire. Mais je me questionne beaucoup à ton propos, ajouta-t-elle avec un ton moqueur.

Notre camarade de dortoir leva les yeux au ciel et ajouta avec un peu d’angoisse :

- J’espère que ça se passe bien pour Mal… J’aurais voulu pouvoir l’accompagner…

- Nous aussi, approuva Scorp.

- Mais elle devrait bien aller… Il l’accompagne, dis-je en haussant les épaules.

Je faisais bien sûr référence à Parkinson. Mais comme Judy Lucas se trouvait présentement dans la Salle Commune, ce n’était pas franchement le moment de parler de lui. Je ne tenais pas à saboter sa couverture, si on peut dire cela comme ça.

Rose se leva soudain et ramassa le parchemin qui se trouvait être la lettre que McGonagall lui avait envoyé. Elle nos regarda tous et avec un petit sourire nous dit :

- Bon, alors, moi j’y vais. On se revoit plus tard!

Nous la saluâmes à notre tour et elle s’éclipsa sans demander son reste. Une demi-heure plus tard, Scorp quitta à son tour en souriant jusqu’aux oreilles. Il fut rapidement suivit par l’un de mes gardes du corps. Il en avait été décrété ainsi par McGonagall. Après sa rencontre il le reconduirait à la Salle Commune des Serpentards où l'attendrait Ruby, Joshua et les autres.

Depuis notre retour avec Spock j’avais d’ailleurs tout fait pour les éviter ceux-là. Ils voulaient des réponses, mais je n’étais pas complètement prête à les leur donner. Je savais que je me montrais injuste avec eux, mais… j’avais l’impression que tout le monde allait finir au courant de mon petit secret. Quoiqu’en même temps, on était à Poudlard. Et c’était rare qu’un secret le reste longtemps dans notre chère école.

Une autre demi-heure plus tard il ne restait plus qu’Al et moi dans la Salle Commune, pour notre groupe d’amis, s’entend. Je l’entendis alors se racler la gorge et il dit :

- Alli, je…

- Je n’ai pas envie d’en entendre parler, Albus, le coupai-je brusquement en me redressant.

- Attends, s’il-te-plaît, me supplia-t-il.

Je me retournai vers lui avec brusquerie et Spock me dévisagea en lâchant un jappement qui semblait bien interrogatif à mes oreilles.

- Je t’ai dit que je ne voulais pas en entendre parler, Albus, grommelai-je.

- Mais il faudra bien que tu m’écoute un jour! S’écria-t-il et je sentis de la douleur dans sa voix.

Ma gorge se noua. Je n’aimais pas vraiment l’idée de le faire souffrir, mais j’avais encore le cœur en reconstruction après ce qui s’était passé.

- Tu mérites des excuses, ajouta-t-il en baissant les yeux, des yeux emplis de culpabilité.

- Peut-être, mais là, en ce moment, je n’ai pas envie d’en recevoir. Je n’ai pas envie de recevoir tes pitoyables excuses. Je n’ai pas envie de revivre cette triste expérience toute ma vie. À répétition, lui dis-je sur un ton peut-être un peu trop dur, mais la douleur me cassait la voix. Regarde j’ai encore besoin de temps. À moins que tu trouves une idée formidable pour me faire oublier à quel point tu as été un abruti, va falloir que tu attendes, Al. Et ce n’est pas avec de plates excuses que tu y parviendras.

Sur ces mots peu charitables je fis volte-face et m’empressai de me rendre aux escaliers menant à mon dortoir. Je n’entendis aucune parole provenant de lui, mais je sentis très bien la Carte se mettre à chauffer et à vibrer dans ma poche. Signe que je venais de recevoir un message. J’attendis d’être sur mon lit avant de l’ouvrir pour regarder ce qu’il y avait d’écrit. Ce n’était pas ce que je croyais…

Cruelfangs : James vient de rentrer… Et si je me fie à l’expression de soulagement sur son visage, il n’a plus la mandragore dans la bouche.

Je lui répondis rapidement par ceci :

Icyeyes : Alors il a continué quand même?
Cruelfangs : Il semblerait… Il ne me parle plus non plus depuis que… que je suis revenu avec vous et que je parle de nouveau à Scorp.

Je me sentis désolée pour lui, mais ce n’était pas de ma faute, ni de la sienne, si son frère était une vraie tête de mule, pas vrai? Je refermai alors la Carte malgré qu’elle se remette à vibrer. Je n’avais plus envie d’entendre parler de James non plus. Et puis, j’avais énormément de retard à rattraper dans mes devoirs. Les retenues n’avaient pas vraiment aidé à ce que je le rattrape. Avec chance elles n’étaient pas trop horribles. Jusqu’ici nous n’avions qu’à nettoyer les serres, deux fois par semaine, recopier tous les règlements de l’école à chaque retenue, astiquer tous les trophées de la Salle des Trophées. Et plusieurs autres petits trucs ici et là. Ce qui était agréable c’était que nous restions tous ensemble. Enfin, jusqu’à un certaine point, car j’avais de la difficulté dans ces moments-là à éviter Albus, Ruby et Joshua. Qui tous voulaient me voir pour une certaine raison, le premier en ayant une bien différente des deux autres, évidemment.

Spock me rejoignit rapidement sur mon lit pendant que je m’installais confortablement pour faire mes devoirs. Il s’étendit à mes pieds et poussa un soupir d’aise. Je le regardai quelques instants, un sourire incertain aux lèvres. J’avais toujours peine à croire que mon petit Spocky était de retour. Je ressentais la terrible peur que tout ceci ne soit qu’un rêve. Mais heureusement ce n’était pas le cas. Du moins je l’espérais. J’ouvris rapidement mon livre de métamorphose et entrepris de me changer les idées.

Un peu plus tard Teena et Rose me rejoignirent et commencèrent à exprimer leur soulagement de ne plus être confronté à cette période désagréable. Je me retins pour ne pas rire.

- C’est vrai, quoi! s’exclama Rose. Je n’avais jamais rien vu d’aussi dégoûtant.

- Je te comprends, l’assurai-je en pouffant de rire, incapable de me retenir davantage.

- Ne te moque pas! S’énerva légèrement Teena.

J’affichai rapidement une moue coupable que je tins… deux secondes. Après quoi j’éclatai franchement de rire sous le regard interrogatif de mon chien. Oh, il n’avait pas terminé de se poser des questions. Mon hilarité augmenta encore quand, sans se concerter, mes deux amies attrapèrent un coussin de leur lit respectif et me le lancèrent au visage. Je les attrapai tous deux avec vivacité, sauf que je ne fus pas en mesure de contrecarrer leur seconde attaque. Elles venaient de fondre sur moi avec d’autres coussins et ce fut le commencement de la troisième guerre mondiale des coussins poudlardiens. Je pouvais l’assurer, ce n’était pas un petit combat.

Cela ne faisait que deux jours depuis la fin de la mandragore lorsque la veille des vacances arriva. Je me trouvais dans le dortoir avec Rose, Teena et Malia. Nous préparions nos bagages pour partir. Sous ordre de mon parrain je devais me rendre chez lui avec James et Albus. J’appréhendais grandement ce moment, car je n’avais plus reparlé à James depuis une éternité. Et puis, je ne me sentais pas prête à vivre dans un endroit aussi exigu qu’une maison en compagnie d’Al. J’avais besoin de temps. De temps pour comprendre s’il était trop tard pour nous, ou non.

- Tu crois que tu vas t’en sortir? Me questionna Rose avec compassion. Mes deux cousins…

- Je devrais survivre, soupirai-je. Seulement, je n’ai pas très envie de devoir tout expliquer à ton oncle. À mon parrain. Je ne sais pas… Comment il va réagir au sujet de Scorp et pour Lily? Nesta m’a dit qu’on ne le lui avait pas dit pour éviter de jeter de l’huile sur le feu…

Ma meilleure amie afficha un air peiné, mais me contrecarra en lâchant :

- Je ne veux même pas savoir comment mon père va réagir.

- Moi non plus, affirmai-je en riant légèrement.

Je perdis toutefois mon sourire en voyant Nesta remonté de la Salle Commune. Une dizaine de minutes plus tôt, l’un des gardes du corps hommes l’avaient interpellé. Et là, je n’aimais pas du tout l’air qu’elle avait au visage. Ses traits étaient tirés, l’angoisse et la colère se lisaient sur son visage. Sans oublier de la tristesse. Que se passait-il encore?

Je la regardai sans bouger, forçant mes amies à se retourner vers ma garde du corps pour la dévisager. Elles se figèrent toutes instantanément en voyant son visage. Je craignis le pire à nouveau en voyant ses mains agitées d’un léger tremblement. Je n’avais aucune idée de l’endroit où je trouvai le courage de le faire, mais ma bouche s’ouvrit pour demander :

- Que se passe-t-il?

Nesta pinça les lèvres, regarda le sol et serra des poings. Je pouvais deviner la crainte qui la hantait simplement par la manière dont elle fuyait mon regard. Je retins mon souffle lorsqu’elle posa son regard, résolu, sur moi. Elle lâcha alors avec mille précautions :

- C’est votre parrain… et votre marraine.

Je sentis le sol sous mes pieds se mettre à tanguer dangereusement, je vis Rose blêmir, même si elle me tournait le dos. Je m’approchai d’elle d’un pas chancelant et lui attrapai la main en la serrant très fort, comme si cela m’aiderait à survivre à ce que Nesta allait ajouter. Rose s’agrippa tout autant à moi et nos deux mains blanchirent immédiatement.

- Que se passe-t-il avec mon oncle? Avec ma mère… souffla Rose et sa voix se cassa quand elle mentionna sa mère.

La femme déglutit et regarda vers le ciel, comme pour y chercher du courage. Elle inspira lentement et finit par nous dire :

- Ils ont été enlevés. Cet après-midi même. Un Auror est arrivé il y a une trentaine de minutes avec la nouvelle. Nous devons rentrer immédiatement chez votre parrain/oncle à toutes deux. Là, une garde plus grande d’Aurors vous y attend. Ainsi que votre père et tante, Miss Weasley. Vous serez tous, pour votre sécurité, dans la même demeure. Ils sont déjà en train de préparer votre arrivée par cheminée.

Ma main libre se mit à trembler dangereusement, je tentai de fermer le poing, mais j’en étais incapable. Ma meilleure amie lâcha un petit cri et tomba à genoux. Sans même chercher à la retenir je la suivis par terre et on s’écroula en s’empêtrant les jambes. Malia et Teena ne tardèrent pas à se jeter sur nous, cherchant à nous réconforter.

J’avais l’impression d’avoir perdu tout sens de gravité. Mon esprit flottait sans rien pour le retenir, j’étais pétrifiée. Les choses ne s’arrangèrent pas lorsque j’entendis la voix de James hurler avec un état de détresse qui me rappela sa course effrénée avec une Lily inconsciente dans les bras :

- VOUS MENTEZ! MON PÈRE EST À LA MAISON!

Je fermai les yeux très forts essayant de me convaincre que tout ceci n’était pas réel. Que c’était un horrible cauchemar. Sauf que je savais que c’en était pas un. Ou sinon il durait depuis des mois. Des années même.

Je sentis soudain une main ferme sur mon épaule, puis une autre sur mon autre épaule. Je rouvris les yeux et les relevai sur la personne qui m’agrippait ainsi. Nesta. Elle me releva rapidement, en fit de même avec Rose et en nous regardant droit dans les yeux, elle me dit :

- Les autres ne veulent pas te montrer ceci, Allison. Ils disent qu’ils arriveront à gérer. Mais je sais que c’est impossible. Pas sans toi. Alors je vais conclure un marché avec toi, Allison. Je te montre ce que j’ai et quand tu décideras d’agir tu m’amèneras moi, ainsi que mes collègues qui assurent ta protection. Je ne t’empêcherai pas d’agir, car si quelqu’un peut les retrouver, c’est bien toi. Par contre, je refuse de mettre tout notre monde en danger. Potter et Weasley ne le voudraient pas.

Je la regardai dans les yeux, sondant sa volonté, cherchant à déceler un mensonge caché, une traîtrise quelconque… Mais je n’y vis que vérité. En moi, je sentais la détermination revenir. Il m’avait eu et je m’étais enfuie. Il m’avait pris mon chien et je l’avais repris. Il avait peut-être mon parrain et ma marraine maintenant, mais j’arriverais à les faire revenir. Car il y avait une petite règle que je m’emploierais à concrétiser. Jamais deux sans trois. Berkeley regretterait d’avoir eu l’audace de s’attaquer à eux. Car si j’étais prête à tout pour mon chien, je l’étais deux fois plus pour sauver ma famille. La seule famille qu’il me restait en ce monde. Parkinson, excepté.

Mon visage se crispa alors de détermination et je dis d’un ton sans équivoque :

- J’accepte les termes du contrat.

Peut-être était-ce un peu trop solennel, mais bon… Ma mère était une avocate accomplie, n’oublions pas. Enfin, passons.
Nesta eut un sourire mitigé et me tendit un bout de parchemin. Je le saisis avec une main tremblante qui me révulsa, mais j’entrepris de lire et Rose en fit de même par-dessus mon épaule. Je lus avec une colère grandissante à chaque mot supplémentaire :

« Chère Allison,

Tu as terminé de saboté mes plans, je te l’assure. Tu as peut-être récupérer ton chien. Tu crois peut-être être victorieuse… Mais maintenant j’ai ton cher petit parrain, le grand Harry Potter! Accompagné de la non moins célèbre Hermione… Tu dois tellement t’en vouloir, ma pauvre enfant. Tout ça, c’est à cause de toi. Je suis sûr qu’au fond de toi tu sais où me trouver. Cherche bien et viens donc les récupérer. Tu me donne ce que je veux et je te donnerai ce que tu veux. Je t’attends patiemment… et j’essaierai de ne pas trop les abimer.
Ton plus sincère admirateur »
La main de ma meilleure amie se crispa sur mon épaule comme des serres, à tel point que je sentais ses ongles s’enfoncer dans le tissu de mes vêtements et appuyer douloureusement sur ma peau. Mais je ne pouvais pas lui en tenir rigueur. Je grommelai alors avec colère :

- Il ne sait pas à quel point il est dans de la bouse de dragon. Dans un immense seau de bouse. Si grand qu’il pourrait s’y noyer.

Rose déglutit et réussit à formuler avec un soupçon de rage :

- Il va le payer. Ça fait trop longtemps que ça dure.

Je hochai de la tête et m’apprêtai à ajouter quelque chose, mais Nesta me coupa en disant :

- Votre désir de vengeance est légitime, mais vous ne pourrez pas vous venger de lui d’une autre façon que de lui retirer Harry et Hermione. On ne pourra pas se permettre de se lancer dans un combat en face à face. Maintenant, prenez vos choses, nous partons.

Mes dents se serrèrent de colère, mais je savais qu’elle avait raison. J’avais encore beaucoup trop en mémoire la facilité avec laquelle il avait réussi à nous vaincre alors que nous étions quatre contre lui. Ni encore moins tous les Aurors qu’il avait vaincu lorsque mes grands-parents… lorsqu’ils étaient morts.

Mon cœur se serra à se souvenir et mes yeux s’embuèrent légèrement. Je réussis toutefois d’un battement de paupières à les repousser et je saisis rapidement ma valise, Rose en fit de même et nous nous tournâmes vers nos compagnes de dortoirs.

Elles nous serrèrent avec force dans leur bras et Malia souffla :

- Je suis sûre que ça va bien aller.

- On lui fera sa fête à ce stupide, ignoble et détestable personnage, renchérit Teena avec une lueur de pure colère que je ne lui avais jamais vu.

Nous hochâmes, Rose et moi, de la tête avant de nous détourner pour suivre Nesta à la Salle Commune. Spock et Nuage nous suivaient de près en dardant des regards hargneux à tous ceux qui nous dévisageaient. Ce qui était un réconfort en soi.

Le trajet menant jusqu’aux appartements de McGonagall fut… terriblement silencieux. James avait les poings serrés par une colère très compréhensible, Al se murait dans le silence et semblait sous le choc. Quant à Hugo, dès que sa sœur était apparue il lui avait sauté dans les bras. Apparemment la disparition de leur mère après l’attaque de Lily suffisait à expliquer qu’il se montre aussi enclin à la prendre dans ses bras devant autrui. Il était un peu plus discret normalement, disons.

Je lui tapotai l’épaule avec compassion et tentai de ne pas le prendre personnel lorsqu’il repoussa ma main d’un coup d’épaule. Sauf que c’était personnel. C’était de ma faute, uniquement de la mienne, si Berkeley avait pris un de leur parent à tous les quatre. J’aurais dû prendre mes responsabilités à deux mains et tenter de livrer Berkeley à mon parrain quand j’en avais eu l’occasion. Ou encore mieux, j’aurais dû m’arranger pour que nous disparaissions tous les deux, Berkeley et moi, pour ne jamais pouvoir être retrouvés.

Nous arrivions tout juste à destination lorsque je m’approchai de James et lui dis en le prenant par le bras :

- Je suis vraiment désolée, James. Je vais tout faire… tout faire pour les retrouver.

Il se retourna vers moi avec brusquerie et sans que je ne m’y attende le moindrement il me plaqua contre le mur avec fureur en grondant :

- Est-ce que je t’ai demandé de me parler, Lévesque? Je ne crois pas. Alors, lâche-moi!

- Toi, tu vas la lâcher! S’exclama Albus avec le visage rouge de colère.

Il attrapa son frère par les deux bras pour ensuite le forcer à reculer et à me relâcher. L’aîné le fit de mauvaise grâce et cracha à son cadet :

- Comment fais-tu pour encore la soutenir après tout ce qu’elle a fait?

Je sentis mon cœur se glacer en un instant. Il se fendilla aussi avant de voler en éclat. Sauf que la rage prit rapidement le dessus et je hurlai :

- Qu’est-ce que tu veux que je fasse, James? Que je crois tout ce que je vois et entend? Alors même que toute ma vie a été un long mensonge? Ce serait pathétique. Pa-thé-ti-que. Tu aurais sans doute préféré que je m’enfuie dans le temps avec Berkeley, sans rien pour revenir, pas vrai? Comme ça tu aurais été débarrassé de nous deux et ta petite famille s’en porterait bien mieux!

Je crachai les derniers mots avec quelques postillons et m’éloignai à grands pas. J’entrai dans les appartements de notre directrice en vitesse et claquai la porte derrière moi avec fracas. La directrice me jeta un regard épouvanté en lâchant :

- Ma porte, Miss Lévesque!

Je lui offris un faux regard d’excuse et sans plus tarder je me dirigeai vers la cheminée au moment même où mes gardes du corps déboulèrent à l’intérieur. D’un regard en arrière je remarquai avec étonnement que James n’avait pas bougé et qu’il semblait complètement déboussolé. Je ne m’attardai toutefois pas à cette image et demandai :

- On va où?

- À la maison des Potter, Allison, me répondit Nesta.

Elle m’attrapa alors par le bras gauche, dans la droite elle tenait fermement sa baguette. Je laissai ma valise par terre pour prendre Spock dans mes bras. L’un de mes gardes du corps s’empressa de saisir mes effets personnels et avant d’avoir pu penser à quoi que ce soit, Nesta nous fit entrer dans la cheminée.

En moins d’une seconde nous étions parties. Et arrivées. Je débarquai alors pour la première fois dans la maison d’Albus. Et je le fis en passant à deux doigts de m’enfarger dans mes propres pieds et de m’étaler sans grâce devant Ginny Potter et Ron Weasley.

Ces derniers me semblaient horriblement… différents. Ginny n’arborait pas de sourire, ses yeux bruns semblant ternes et le pourtour étant rougie, sans doute par les larmes. Sa plus jeune enfant et ensuite son mari. Je ne pouvais même pas imaginer ce qu’elle éprouvait en ce moment. Elle devait tellement m’en vouloir… En tout cas, moi je m’en voulais.

Du côté de Ron, ce n’était guère mieux. Contrairement à sa sœur il ne semblait pas avoir pleuré, mais il avait plutôt l’air d’avoir pris un sacré coup de vieux. Ses yeux que j’avais connus rieurs étaient on ne peut plus sérieux et son sourire… inexistant. Il nous regardait et j’avais l’impression qu’il ne nous voyait pas. Ça m’en faisait froid dans le dos.

Nous nous écartâmes alors de la cheminée et Ginny posa une main chaleureuse sur mon épaule. Je soufflai épouvanté :

- Je suis désolée…

- Ce n’est pas de ta faute, Allison, m’assura-t-elle sur un ton triste. Tu me rappelle Harry en prenant tout sur toi…

La comparaison me fit mal. J’aurais dû m’en sentir fière, sauf le fait qu’elle trouve la force de me dire que je ressemblais à mon parrain… était trop pour moi. Pour ma compréhension. Comment arrivait-elle à dire cela avec le léger sourire qui retroussait ses lèvres. Moi à sa place… tout ce qui me le rappellerait me ferait sombrer dans une agonie lente et profonde.

Je jetai un regard en direction de Ron à nouveau et sous une impulsion je lui pris la main. Je ressentis une étrange décharge, mais n’y prêtai pas très attention. Je serrai alors légèrement et pour la première fois il sembla enfin me voir. Il papillota des paupières et me regarda droit dans les yeux. Je dis tout bas :

- Je vais les retrouver. Je vous le promets. À tous les deux.

Tandis que je disais ces mots, je les englobai dans mon regard. Ron me remercia d’une pression et je lui lâchai la main. À ce moment Rose et l’un de mes gardes du corps apparurent.

Ils évacuèrent rapidement la voie et tous les autres ne tardèrent pas à arriver. Dès que l’on fut tous là, Ginny me prit par l’épaule en me disant :

- Viens, je vais te conduire à la chambre d’amie.

- Rose… commençai-je, mais elle me coupa.

- Rose dormira dans la chambre de… de Lily comme à l’habitude.

Je n’ajoutai alors plus rien et me contentai de la suivre sans un mot. On ne tarda d’ailleurs pas à se rendre et j’eus la surprise de constater que la chambre d’amis avait sa salle de bain attenante. Elle me fit faire le tour rapidement et alors que le garde du corps qui portait ma valise repartait après avoir déposée cette dernière sur le lit, elle m’ordonna :

- Maintenant, fais-moi le plaisir d’aller te doucher. Ça va te faire du bien. Et rappelle-toi, ce n’est pas de ta faute. Personne n’y pouvait rien… Quand tu seras prête, nous serons au salon.

Je hochai lentement de la tête en sentant les larmes revenir. Elle me caressa la joue de la main avec tendresse et s’éloigna rapidement, me laissant seule dans cette chambre avec Spock pour seule compagnie. Je le déposai sur le lit et le regardai sans rien faire. Il me regarda à son tour, la tête penchée sur le côté. De nouveau son air interrogatif. Il était si mignon dans cette position que je ne pus m’empêcher d’avoir un petit sourire attendrie. Il jappa alors une fois avec entrain et je souris plus franchement.

Je lui dis donc en regardant un peu autour de moi :

- Je suppose que je ferais mieux de l’écouter, pas vrai Spocky? Tu veille sur mes choses pendant que je me douche?

Son jappement affirmatif me fit sentir en confiance et je me rendis dans la salle de bain. En prenant bien soin de fermer la porte et de la verrouiller derrière moi. Je me dévêtis rapidement et déposai mes médaillons ainsi que ma baguette sur le comptoir de céramique grise-argentée et commençai à faire couler l’eau de la douche.

Dès que je fus sous les jets d’eau chaude, je me sentis immédiatement mieux. J’avais l’impression que toute la pression, la culpabilité, la rage et le reste glissaient sur ma peau pour aller terminer leur vie dans les tuyaux de la plomberie. Je me frottai avec vigueur pour être certaine que toutes les traces invisibles des souffrances émotionnelles et physiques disparaissent de mon corps. Le seul problème c’était que les blessures étaient mentales, alors me frotter jusqu’à ce que je n’aie plus de peau n’y changerait pas grand-chose.

Je frictionnai avec tout autant de vigueur mes longs cheveux noirs et à un moment j’aurais juré avoir entendu Spock japper, mais comme il s’interrompit rapidement je ne pris guère de temps à analyser la chose et conclus que c’était mon imagination qui me jouait des tours. Ce ne serait pas la première fois…

Une fois enfin complètement propre, ou aussi propre que je pouvais l’être, j’écartai le rideau de la douche et sortis en m’enroulant dans une serviette. J’entrepris alors de démêler ma tignasse. Après cela seulement je remis mes médaillons. En commençant par celui qui était presque l’exacte copie de celui de Rose.

Lorsque je vins pour mettre celui que ma mère m’avait donné pour ma fête je manquai avoir un arrêt cardiaque en constatant qu’il n’était plus sur le comptoir. J’étais pourtant certaine de l’avoir mis là! Sentant la panique m’envahir, je sortis précipitamment de la salle de bain.

Je passai à deux doigts de frôler l’arrêt cardiaque à nouveau quand je tombai sur Al. Assis sur mon lit. Qui me regardait. De la tête aux pieds. En rougissant. Je me souvins brusquement que j’étais seulement en serviette et qu’elle m’arrêtait… Eh bien, à la mi-cuisse. Je me figeai, sauf qu’avec un nouveau coup d’œil je remarquai ce qu’il tenait dans la main. Mon collier!

- Hé! Mais qu’est-ce que tu fous avec… commençai-je avant de m’interrompre brusquement.

Mon collier, je l’avais bel et bien déposé sur le comptoir de la salle de bain… Alors ça voulait dire que… Par Merlin, Morgane et tous les autres!

- Albus Severus Potter! Tu es entré dans la salle de bain pendant que j’étais sous la douche?! M’écriai-je avec incrédulité et embarras.

J’étais aussi offusquée, en fait. Mais surtout embarrassée. Beaucoup.

- Ce n’est pas ce que tu crois! S’exclama-t-il avec des yeux ronds. Et je n’ai rien vu!

Sur ces mots il rougit encore plus que précédemment et je ne trouvai rien d’autre à faire que de le fixer avec stupeur.

Image


Voilà, finie! Enfin :roll: J'espère que ça vous a plu! Et à la prochaine! (je ne sais pas quand ce sera, mais je vais essayer de faire ça le plus vite possible) :D N'hésitez pas à commenter! Si quelque chose ne fonctionne pas, dites-moi le ;)

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Dernière modification par Mimie99 le dim. 05 nov., 2017 7:53 pm, modifié 1 fois.
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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par addbook »

HEYYYY!
Je viens juste d’en finir cet énorme chapitre et j’ai tellementttttt adoré lire en sachant que ce chapitre etait tres long❤️
J’aime tellement Alli, c’est fou!
Bon on va pas se mentir , je ne pardonnerai JAMAIS à AL!
Quel con, celui la!
Bon bah je referais peut être un autre comm’ mais là je suis en PlS: je m’en suis rendue compte qu’en j’avais un DM d’allemand à finir....
Byeee
et Merci❤️❤️
Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

addbook a écrit :HEYYYY!
Je viens juste d’en finir cet énorme chapitre et j’ai tellementttttt adoré lire en sachant que ce chapitre etait tres long❤️
J’aime tellement Alli, c’est fou!
Bon on va pas se mentir , je ne pardonnerai JAMAIS à AL!
Quel con, celui la!
Bon bah je referais peut être un autre comm’ mais là je suis en PlS: je m’en suis rendue compte qu’en j’avais un DM d’allemand à finir....
Byeee
et Merci❤️❤️
Heureuse que tu aimes Alli, sinon les chapitres seraient longs à lire :lol:
Je trouve très drôle à quel point ton point de vu d'Al change au fil des chapitres. À vrai dire à chaque fois qu'il agit en « con » justement tu le déteste et tu as envie de le tuer. Dans le cas présent tu ne lui pardonnera pas :lol: Je suppose que ça veut dire que je fais bien mon travail, un peu trop peut-être :cry: Al n'est pas le seul à être con en ce moment. James aussi, non? :roll:
Bonne chance en retard pour ton DM d'allemand (même si je ne sais pas c'est quoi pour le coup, il y a certain diminutif que je ne saisis pas toujours)
Ah et je vais essayer d'écrire le prochain chap cette semaine, mais j'ai pleins de travaux finaux à faire alors... on verra :oops: :?
Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

COUCOU!!! :D Désolée pour mon enthousiasme, mais ça fait loooongtemps que je rêvais de pouvoir enfin publier un nouveau chapitre. :cry: Mais j'ai tellement eu de devoirs que ce n'était pas vraiment possible, car pour publier il faut commencer par écrire le chapitre, pas vrai? :roll: Enfin, sachez que je l'ai fait pour la plus grande partie dans les cinq derniers jours... Alors, j'ai fait aussi vite que possible. Maintenant je vais vous dispenser de mon discours habituel sur les fautes, etc et seulement vous prévenir de ceci. Le chapitre est encore long. :lol: Voilà, j'ai fini. En fait, non, dernière chose : il se pourrait que le chapitre soit chargé en émotion. Ça dépend en grande partie de vous, mais il se passe plusieurs trucs énormes dans le chapitre. Voilà, sur ce, bonne lecture!!! :D


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Chapitre 22



Je n’arrivais pas à croire qu’Albus… Albus ait eu l’audace d’aller dans la salle de bain pendant que je… Et j’avais verrouillé la porte! J’aurais pu le comprendre de la part de James, trois semaines plus tôt, quand nous nous parlions encore. Mais, Al? Je n’aurais jamais parié là-dessus. Mais alors là, vraiment jamais. C’était tellement improbable!

Au bout d’un moment assez long qui permit à Al d’être à deux doigts d’avoir trop de pression sanguine à la tête, je lâchai :

- Tu… Qu’est-ce que tu… C’était pour… Pourquoi tu es venu?

J’avais de la difficulté à m’exprimer par des mots. Mais dès que j’eus réussi à formuler une phrase complète j’enchainai en m’écriant :

- Non, mais! Tu ne sais pas ce que ça veut dire de l’intimité? Et une porte verrouillée?

Il s’empourpra encore davantage, si seulement c’était encore possible. J’haussai alors un sourcil extrêmement inquisiteur et ne le lâchai pas des yeux. Il baissa rapidement les siens et sa main se referma avec un peu de panique sur mon collier. Je passai à deux doigts de lui hurler de faire attention, mais déjà il desserrait les doigts lentement.

Il finit par relever les yeux vers moi et il souffla sans toutefois me regarder dans les yeux :

- J’avais besoin de… de réécouter quelque chose. Pour me donner du courage. Le courage de t’affronter comme je n’ai pas su le faire jusqu’à présent.

- M’affronter? M’affronter à propos de quoi? grommelai-je en croisant les bras devant ma poitrine qui, je m’en souvins brusquement en rougissant, avait un très maigre et peu fiable tissu la cachant.

Mais en prononçant ces mots je compris instantanément ce qu’il voulait dire. Oh, par Merlin! Encore les excuses? Mais je lui avais dit de me donner du temps! Il avait vraiment du mal avec la compréhension des mots, ou quoi?

- Je t’ai dit que je te devais des excuses, et je le ferai. Seulement j’avais besoin… j’avais besoin de me souvenir que je n’avais pas rêvé les derniers mois.

Il fit alors retentir les premières notes de la chanson où il m’avait avoué, et moi de même, avoir des sentiments pour moi. Je déglutis et sentis la nostalgie enflée en moi. Mais surtout le manque. J’avais besoin de lui, mais être avec lui m’était douloureux en ce moment. J’avais peur qu’il ne refasse encore la même erreur. Il arrêta par contre rapidement la musique et avoua :

- Ce n’est pas ça que je voulais te faire écouter. Au début, si, mais je suis tombé sur autre chose en la cherchant. Et j’ai trouvé qu’elle était plus de circonstance.

Il tourna alors un peu plus la roulette et s’arrêta à nouveau. Il me regarda droit dans les yeux quand il dit :

- Sache que… je l’ai écouté en boucle en attendant que tu sortes de la douche. Et qu’à chaque nouvelle écoute, j’avais l’impression que… c’était précisément ce que je devais te dire.

Il actionna le volume et tandis que les premières notes d’une chanson que je reconnus aussitôt résonnaient, il n’évita pas mon regard. Me fixant avec ses magnifiques yeux verts, pleins d’une souffrance ancienne et nouvelle. J’écoutai attentivement les paroles de « The Reason » de Hoobastank.

I’m not a perfect person
There’s many thing I wish I didn’t do
But I continue learning
I never meant to do those things to you
And so I have to say before I go
That I just want you to know

I’ve found a reason for me
To change who I used to be
A reason to start over new
And the reason is you

I’m sorry that I hurt you
It’s something I must live with everyday
And all the pain I put you through
I wish I could take it all away
And be the one who catches all you tears
That’s why I need you to hear

I’ve found a reason for me
To change who I use to be
A reason to start over new
And the reason is you

And the reason is you
And the reason is you
And the reason is you


Je sentis ma gorge se serrer au fur et à mesure que les paroles passaient. Je n’avais jamais fait le rapprochement jusqu’ici avec tout ce que nous avions vécu Al et moi. Mais c’était de circonstance. Il avait totalement raison. Ma mâchoire trembla un instant et alors que les dernières notes de la chanson s’échappaient de mon médaillon, Albus s’approcha lentement. Avec une infinie lenteur et précaution il le glissa à mon cou, tout en écartant mes cheveux. Sentir ses doigts sur ma nuque me fit frissonner et je baissai la tête vers le sol, confuse. Mais il ne me permit pas de me dérober et me redressa le menton. Il vint alors pour prendre la parole, mais je le coupai rapidement :

- J’ai dit que je ne voulais pas de tes excuses, Al…

Même pour moi ça sonnait comme une lamentation sans aucune foi. Je n’étais plus certaine de ce que je voulais, voilà de quoi il était question maintenant. Albus secoua la tête en souriant tristement et il dit :

- Ce que j’ai à te dire ce n’est plus des excuses. Mais la vérité. La vérité toute simple.

J’ouvris des yeux ronds, complètement surprise et décontenancée. Il ne voulait plus s’excuser? Mais il avait dit juste avant que je… Je m’interrompis brusquement dans mes pensées, car Al venait de me prendre la main. Elle était chaude dans la mienne. Et la pression qu’il exerçait m’était si familière désormais que je sentis mon cœur se serrer davantage, à en faire réellement mal.

Il eut un nouveau petit sourire timide, triste et résolu à mon égard, avant de prendre une grande inspiration. C’est en me regardant droit dans les yeux, sans chercher à fuir qu’il se lança.

- Je ne suis pas quelqu’un de parfait, Alli, entama-t-il avec gravité. Mais personne ne l’est. Il y a sans doute mieux que moi. Mais je suis égoïste, alors je vais te dire que non, il n’y en a pas. Mais je ne le suis pas assez pour t’obliger à rester avec moi. Je serai sans doute anéanti si tu choisis de faire ça, mais… après tout ce que j’ai fait… continua-t-il avec une douleur réelle dans la voix. Il y a beaucoup de chose que j’aimerais n’avoir jamais fait. Mais c’est le cas. Je ne peux pas les effacer. Ni les oublier. Même si je le voudrais. Car je n’ai jamais voulu te faire ça. Rien de tout ça. Et je suis vraiment désolé de t’avoir fait du mal. De t’avoir fait tout ce mal, ajouta-t-il cette fois avec les yeux légèrement embués. C’était ignoble de ma part. Et je vais devoir vivre toute ma vie en sachant que j’ai fait souffrir horriblement la personne qui m’était la plus chère. J’aimerais vraiment pouvoir te retirer toute ta douleur, Alli, souffla-t-il en déglutissant difficilement. Je le ferais sans hésiter une seconde, même si ça signifiait que je devrais vivre avec ta souffrance ou disparaître, poursuivit-il avec beaucoup plus de détermination et de force, à tel point que ses yeux s’illuminèrent. Je veux que tu saches que malgré tout ce que j’ai pu faire, toutes les bêtises… Je suis là pour toi. Que j’ai trouvé une raison. Une raison pour changer. Et bien sûr c’est toi, Alli. Ça toujours été toi. Et sans doute que ce le sera toujours. Je ne veux plus jamais refaire les mêmes stupides erreurs, Alli. Car… je t’aime, Alli. Je t’aime et j’ai horreur de te faire souffrir, conclut-il.

Et c’est à ce moment qu’il baissa les yeux au sol et se détourna. Me tournant le dos. J’étais complètement figée. Je n’avais aucune idée de ce qui se passait. Ou plutôt, oui, je le savais. Mais… C’était quoi, ça?! Depuis quand… depuis quand Albus faisait-il ce genre de choses?

Les minutes s’égrenèrent et à chaque seconde qui passait je voyais Al se tendre un peu plus. Sans doute qu’il finit par en avoir assez, car il s’enquit après cinq minutes :

- Tu vas dire quelque chose? Ou est-ce que je dois m’en aller, car ton silence est une réponse en soi?

Je le sentais terriblement nerveux et je le comprenais. Le seul problème, c’était que… je n’avais aucune idée de ce que je pourrais dire. Tout ce qui me venait à l’esprit présentement était bien minable après… après ça.

Voyant que je ne répondais toujours pas, il commença à s’éloigner. Sauf qu’en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire je me jetai sur son chemin pour le bloquer et sans autre forme de procès je l’embrassai là, en accrochant mes bras autour de son cou. Ça m’avait tellement manqué…

Ses bras entourèrent ma taille et il me serra un peu plus contre lui en répondant à mon baiser. Sauf qu’il s’interrompit deux secondes plus tard pour dire avec un sourire aux lèvres :

- Je suppose que c’est une réponse en soi…

- Tais-toi, idiot, grommelai-je en lui donnant un coup dans les côtes.

Il eut un petit rire et moi aussi, sauf que d’un commun accord on recommença à s’embrasser lentement, sans pression. Profitant du moment dans le calme. Oubliant momentanément à quel point nous étions dans une terrible situation.

C’était un instant purement parfait… jusqu’à ce que Spock décide de s’en mêler. Il devait croire que c’était une sorte de câlin collectif, car il arriva en courant avec un petit jappement aigu. Et il me sauta sur les jambes.

- Aïe! M’écriai-je en sentant ses griffes m’érafler la peau nue de mes jambes.

La peau nue de mes… Oh, par Merlin! J’avais complètement oublié que j’étais… en serviette. Je cachai toutefois ma gêne derrière mes cheveux en regardant Spock avec un peu de colère et je lui grognai légèrement après :

- Va-t’en, Spocky! C’est un moment privé, là…

Mon chien me jeta l’un de ses regards malheureux de chiots battus et je me sentis brusquement coupable. Ah, par Morgane, ce chien allait avoir ma peau! Je passai à deux doigts de capituler à ses petits yeux bruns larmoyants, lorsque mon regard s’accrocha à deux yeux verts brillant d’amusement.

- Alors, je t’amuse, Albus Potter?

- Un moment privé, répéta-t-il en riant ouvertement.

- Oh, tais-toi! marmonnai-je en le frappant à nouveau.

Sauf que son rire n’en fut qu’amplifié. Ne voyant qu’un seul excellent moyen pour le faire taire, je mis mon plan succès garanti en marche. Je posai en vitesse mes lèvres sur les siennes et son rire s’interrompit instantanément. J’eus un sourire satisfait sur le visage avant que l’on ne s’embrasse pour de bon.

Je ne sais trop comment on s’y retrouva, mais environ une minute plus tard j’étais dos contre le mur. Et Al… Oh, il semblait s’évertuer à me rendre folle. Il m’embrassait doucement, du bout des lèvres, m’appâtant sans me rassasier. Il descendait ensuite le long de ma mâchoire, puis dans mon cou… et ensuite… il descendit un peu plus bas.

Il était en train de déposer des baisers on ne peut plus agréables sur ma clavicule lorsque… la porte de ma chambre s’ouvrit en grand sur Rose. Elle resta sonnée pendant une seconde sur ce qui se passait avant de lâcher avec un sourire moqueur :

- Je vous dérange, peut-être?

Al et moi on s’écarta vivement l’un de l’autre en rougissant violemment. Ma meilleure amie éclata de rire et j’eus une conscience encore plus aiguë du fait que j’étais seulement vêtue d’une serviette. Oh, par Merlin, elle allait s’imaginer tellement de trucs! Je me serais bien cachée la tête entre les mains, mais ça lui aurait donné raison à coup sûr! Je me contentai donc de croiser les bras sur ma poitrine en grommelant :

- Qu’est-ce qu’il y a?

- Ma tante, donc la mère d’Al, veut que l’on vienne dans le salon. Elle a dit qu’elle enverrait Nesta dans deux minutes si tu…

Elle n’eut pas besoin de continuer que je fonçais déjà vers la salle de bain en attrapant des vêtements propres au passage. Ma course fut accompagnée de l’éclat de rire de Rose et des grommellements d’Albus qui essayait de calmer l’hilarité de sa cousine. Ce qui ne fonctionna évidemment pas, je pouvais l’entendre depuis la salle de bain. Ma meilleure amie semblait réellement prendre son pied à rire de nous, ou surtout de la situation dans laquelle elle nous avait trouvé.

Son cousin sembla abandonner le combat perdu d’avance de la faire s’interrompre, car je l’entendis marmonner :

- Je vais rejoindre ma mère au salon. Avant qu’elle ne se fasse des idées…

Je rougis à cette simple évocation et je me réjouis d’être à l’abri, seule, dans la salle de bain. Mais je n’avais pas vraiment l’opportunité de m’attarder. Je m’empressai donc de me changer et m’aspergeai le visage d’eau froide dans la vaine tentative de rendre leur couleur claire habituelle à mes joues. Ce qui échoua lamentablement, évidemment. Je poussai un soupir en sortant de la salle de bain. Où je fus immédiatement attraper par le bras par Rose qui me traîna jusqu’à un coin de ma chambre, elle me souffla sur un ton moqueur :

- Alors, votre relation… évooooolue?

Je levai les yeux au ciel en rougissant violemment à nouveau. Par Morgane, ce qu’elle pouvait être… comment dire? Gênante? Embarrassante? Envahissante? Oh, que oui! J’en venais même à me demander pourquoi elle se plaisait tellement à me faire ces coups-là. Sans doute à cause de mes réactions…

- Oui, ça évolue, râlai-je.

- Je suis contente que vous ne vous laissiez pas, ajouta-t-elle sur un ton plus sérieux. Vous vous complétez tellement bien…

- Scorp et toi vous êtes devenus la même personne ou quoi? Il a dit quelque chose de semblable, l’autre jour! M’exclamai-je.

- Écoute-moi, Alli… Vous vous comprenez à merveille, la majorité du temps. Et même quand ça va mal, entre vous, vous avez de la sympathie et de la compréhension pour l’autre. Et vous n’êtes pas du genre à abandonner, ni l’un ni l’autre. Tu as besoin de lui pour te calmer et lui a besoin de toi pour le sortir de sa zone de confort habituelle. Scorp et moi on ne fait qu’énoncer un fait. Vous êtes fait pour aller ensemble.

Mes yeux regardèrent de nouveau le plafond tandis que je poussais un soupir. J’ajoutai par la suite :

- Si tu le dis. Mais je crois qu’on ferait mieux d’aller voir ta tante.

Elle hocha la tête, mais me chuchota à l’oreille que nous allions en reparler cette nuit. Je poussai un nouveau soupir en contraignant mes yeux à regarder droit devant moi et non pas en haut de moi. Ce n’était pas que ce qu’elle disait n’était pas la vérité, mais… je n’avais pas particulièrement envie de parler de ma relation… euh… intime avec son cousin. Pas immédiatement. Surtout que… Enfin, j’étais quand même seulement dans une serviette quand elle nous avait surpris en train de… nous embrasser. Si on peut dire. C’était merveilleux. Jusqu’à ce qu’elle arrive et gâche tout. Quoique je préférais nettement plus que ce soit Rose plutôt que Nesta ou encore pire, la mère d’Albus. Rien que m’imaginer la scène et je me mettrais à rougir et à paniquer. Car il était clair que l’on aurait droit à un cher petit discours sur le sexe et tout le reste. Chose dont je me passerais volontiers, une fois, même plutôt deux, m’avaient suffi. Il faut dire que ma mère n’y allait pas par quatre chemins en règle générale.

Lorsque nous débarquâmes dans le salon, je remarquai l’air encore plus grave des deux adultes. Et complètement désespérés. Je pourrais même aller jusqu’à saccagés. Peu importe la nouvelle qu’elle voulait nous apprendre, elle ne serait pas bonne. J’allai sagement m’asseoir aux côtés d’Albus, ce dernier s’étant assis le plus loin possible de James. Rose me suivit sans tarder, alors nous nous retrouvâmes tous bien gentiment serrés les uns contre les autres. Ça ne me dérangeait pas particulièrement, ce n’était pas la première fois que nous étions ainsi coincé. Même si la majorité du temps, Scorpius faisait partie de l’équation.

Je me tordis les mains, nerveuse, alors que la mère d’Al nous englobait tous du regard. Un regard pénétrant et emplis d’une incroyable tristesse. Mes mains se tordirent encore davantage, mais Albus parvint habilement à se glisser entre les deux pour me prendre la gauche dans la sienne. Qu’il serra assez fort pour que je ne puisse douter de sa présence avec moi.
Ginny se racla la gorge et annonça :

- Je voulais que vous veniez ici, tous, car j’ai reçu des nouvelles de la directrice un peu avant votre arrivée.

- Quel genre de nouvelles? S’enquit James avec de l’espoir dans la voix.

- Au sujet de Lily. Et elles sont à la fois bonnes et mauvaises. Donc si… si vous voulez bien rester calme… dit-elle et sa voix se cassa vers la fin.

Mon instinct me disait que la balance pencherait plus du côté des mauvaises nouvelles que des bonnes. Et comme cela concernait Lily, j’avais de très grosses sueurs froides. Par Merlin, je détestais que les choses soient aussi inquiétantes! Mais encore plus… Mais encore plus quand je ne savais pas ce qu’il en retournait. Car ne pas savoir, ça signifie de ne pas pouvoir y remédier, d’une façon ou d’une autre. Ginny se racla de nouveau la gorge et continua :

- Pour le côté bonne nouvelle… Nous savons ce dont elle souffre.

En entendant ces mots, nous nous tendîmes tous dans sa direction, suspendue à ces lèvres. Je n’en croyais pas mes oreilles. Ils avaient réussi à trouver de quoi elle souffrait? Mais c’était merveilleux! Alors pourquoi cette tête d’enterrement? Comme la nouvelle pouvait-elle receler quelque chose de terrible?

Si je me fiais au regard de tout le monde, ils se posaient tous cette question, mais avec des étincelles d’espoirs dans les yeux. La main d’Al était bien crispée dans la mienne. Comme si j’étais son ancrage. Ce qui serait quand même assez drôle compte tenu du fait qu’il était la mienne. Enfin, on s’en fout. Je m’éclaircis alors la gorge pour demander d’une toute petite voix :

- Et… qu’est-ce que c’est?

L’air de la mère des trois Potter de ma connaissance s’assombrit instantanément avant que des larmes se forment aux coins de ses yeux. Ron posa une main sur son épaule machinalement. Il semblait en encore plus piteux état, malgré que ce ne soit pas sa fille. À mon grand étonnement, c’est lui qui répondit, sans doute à cause du fait que Ginny tentait de réprimer un sanglot. Mais sa voix me faisait mal aux oreilles. Elle n’avait plus du tout les intonations moqueuses et joyeuses que je lui connaissais.

- C’est un mélange de… de plusieurs choses. On l’a d’abord stupéfixé avant de lui faire ingérer un mélange de plusieurs potions.

Mon cœur se serra douloureusement dans ma poitrine. De quels genres de potions étaient-ils question? Je n’avais pas l’impression que ce serait quelque chose d’aussi bénin qu’une potion d’hilarité ou dans un cas un peu plus gênant : une potion d’haleine de chien. C’était fort peu probable.

- Quelles potions? S’enquit Rose avec un air effaré.

Elle dévisageait son père avec tant de questions non-dites dans les yeux. Était-ce grave? Si oui, jusqu’à quel point? Pouvions-nous y faire quelque chose? Je serrai encore davantage la main d’Al dans la mienne en le sentant trembler imperceptiblement. C’était autant pour le soutenir lui que pour m’empêcher de défaillir. Si tout cela se produisait en ce moment, c’était ma faute. Et seulement à moi. Si je n’étais pas celle que j’étais, si je n’existais pas… Rien de tout ça ne serait arrivé et ils vivraient tous beaucoup plus heureux. Hermione et Harry seraient là, ce serait une semaine de congé comme les autres…

Ginny réussi à se reprendre et en regardant ses fils gravement et nous avec par la même occasion, elle dit :

- Il s’agit de la Goutte du Mort Vivant, de la Goutte Bâillon et d’une potion d’Anti-paralysie ratée. Mais ce n’est pas le pire.

- Hé, mais c’est trois potions ne peuvent pas être combinées ensemble! M’écriai-je. C’est impossible! C’est forcément une erreur! Ajoutai-je en tentant de m’accrocher à l’espoir fou qu’ils se soient tous trompés.

L’air de Ginny s’affaissa d’un coup et elle réprima sans doute un sanglot pour me dire d’une voix douce, mais teinté d’une infinie tristesse :

- Malheureusement oui, Allison, c’est la vérité. Certes, en temps normal il est impossible de les combiner. Mais… il y a un autre ingrédient qui est entré dans chacune des potions sans changer quoi que ce soit à leur propriété, mais qui leur permet désormais de se combiner.

J’avais un très mauvais pressentiment. Un très, très mauvais pressentiment. Sans jeu de mot, c’était aussi clair que de l’eau de roche. La réponse me sautait aux yeux à présent. Il n’y avait qu’une chose qui aurait pu lier ensemble ces trois potions. Une seule. Et c’était lié à moi, encore une fois. Une chance que je n’étais pas égocentrique, ou sinon je serais devenue réellement folle à lier depuis toutes ces années! Je lâchai dans un souffle rauque :

- Ils ont utilisé une Pierre, n’est-ce pas?

Elle hocha de la tête avec lenteur, comme si elle s’efforçait de faire bonne figure après son relâchement de plus tôt. Je pouvais comprendre qu’elle ne désirait pas plus que ça s’effondrer devant tous ses enfants, excepté une… et devant les deux enfants de son frère. J’eus un pincement en me faisant la remarque que Lily n’était pas là. Elle aurait dû être là. Tout comme Harry et Hermione. Oh, par Merlin! Je me sentais tellement coupable! Je déglutis avec difficulté en voyant Ginny se racler la gorge pour reprendre la parole. Je savais ce qu’elle allait dire. Et je ne voulais pas l’entendre. Car j’allais faire une bêtise, c’était immanquable. Je ne pouvais décemment pas faire autrement, c’était plus fort que moi.
Elle reprit donc sans se douter de mon combat intérieur :

- Personne voulait que je vous le dise, car ils savent tous que vous allez être tenté de faire quelque chose. Mais moi je crois que vous saurez vous montrer raisonnable. Il n’y a qu’un moyen de faire un antidote qui soit utilisable et qui fonctionnera. Il nous faut une Pierre de Bromeïro. Toutefois vous ne pouvez pas vous faire prendre à en chercher une. Donc, s’il-vous-plaît, soyez prudent.

Je restai interloquée, la bouche ouverte. Tout comme toutes les personnes présentes. Enfin, sauf Ron, évidemment. Ce dernier eut un petit rire, très faible, sauf que c’en était un tout de même. Il dit en nous regardant avec une étincelle un peu plus joyeuse dans les yeux :

- Vous devriez voir votre tête, à tous!

- Oncle Ron, Maman, qu’est-ce que ça signifie? S’enquit James les yeux plissés et les sourcils froncés.

- Officiellement, nous n’avons rien dit, affirma la mère de ce dernier. Officieusement, pourquoi nous vous empêcherions de faire ça? Vous êtes beaucoup plus en mesure de trouver l’une des pierres que les Aurors qui les cherchent. On se méfiera beaucoup moins de vous. Et puis…

- Et puis, avec ton père et ta marraine, Jimmy, on formait un trio assez… porté sur faire ce que l’on nous disait de ne pas faire. Certes, le cercle s’est agrandi, mais… Vous restez nos dignes descendants. Je ne vous empêcherai jamais de faire ce qui vous semble juste, affirma Ron en coupant sa sœur.

Cette dernière approuva du chef et ajouta :

- Tout ce qu’on demande en échange c’est que vous fassiez attention. Ne prenez aucun risque inutile.

On se jeta tous un regard. Même James qui nous avait complètement ignorer depuis des jours se risqua à nous observer. Il marmonna :

- Je vais trouver cette Pierre. Seul.

- Oh, tu crois? Grondai-je, ironique. Tu n’y arriveras pas sans nous. Et tu le sais!

- On pari?! Gronda-t-il à son tour en me dévisageant du regard.

- Mais est-ce que tu es vraiment têtu à ce point, James?! S’exclama Rose en le foudroyant du regard. Je croyais que tu pouvais te montrer raisonnable, toi!

- Raisonnable, lui? S’étrangla Al. Hé! Mais attends! Qui est-ce que tu traites de déraisonnable au juste?

- Toi, dis-je. Et ne vient pas dire le contraire, on sait tous les deux que c’est vrai.

Il grommela entre ses dents, mais ne répliqua rien. Par contre, James profita de cette accalmie de notre côté pour rugir :

- Je ne fais plus confiance à aucun d’entre vous! Je ne pourrai pas pardonner à un traître, moi.

- Mais je n’ai rien fait, ni dit, moi! S’exclama Hugo avec véhémence.

- Mais tu es vraiment bouché des deux bouts, ma parole! m’écriai-je en le dévisageant avec horreur.

- TAIS-TOI! gronda-t-il en me foudroyant du regard avec des yeux fous.

- C’EST VOUS TOUS QUI ALLEZ VOUS TAIRE! Hurla soudain Ginny d’une voix vraiment terrifiante au moment où je m’apprêtais à répliquer vertement.

Elle prit une grande inspiration en nous faisant baisser l’échine d’un simple regard. J’avais l’impression que nous l’avions mis en colère. Mais vraiment… beaucoup. Du moins si je me fiais à sa vitesse de respiration qui était plutôt saccadé. Ainsi que… Bah, à son visage qui était complètement rouge. Et je n’avais pas l’impression que ce soit dû à de la gêne. Pas devant nous. Quoique… nous venions de faire une scène devant mes gardes du corps. Mais bon, ce n’était pas la première fois.

Elle reprit rapidement avec un ton froid qui me congela surplace :

- Je n’aurais jamais cru que j’aurais pu avoir honte de vous tous. Ce comportement est inacceptable. Nous sommes une famille et on doit se serrer les coudes. Même si ce que font certains membres ne nous plaît guère.

Allez savoir pourquoi, je sus immédiatement de qui elle parlait. Et je me sentis aussi complètement délaissé de l’équation. Je n’étais pas membre de leur famille à proprement parlé. Je baissai les yeux tandis que des sueurs froides me parcouraient le dos. Ils étaient en conflit familial et je me retrouvais dans le milieu. En plus, c’était de ma faute. J’en avais vraiment marre d’attirer des problèmes à mon entourage.

- Vous tous, Allison compris, vous me décevez, continua-t-elle et je redressai brusquement la tête à l’annonce de mon nom. Je pensais que vous étiez assez proches les uns des autres pour vous appuyer sur les autres peu importe les obstacles. Or, alors que c’est l’une des épreuves parmi les plus grandes que vous aurez affronté et à affronter, vous… abandonnez. Vous vous bataillez comme de vulgaires inconnus qui ne se comprennent pas et ne se sont jamais compris, gronda-t-elle. Je ne vous reconnais plus. J’ai l’impression que ce ne sont pas les enfants que j’ai élevé ou vu grandir que j’ai sous les yeux. C’est vraiment décevant.

- Mais M’man! Protesta James en la dévisageant.

- Tu es l’aîné, James. J’aurais cru que tu montrerais l’exemple. Au lieu de quoi, vous vous entêtez tous à ne pas parler aux autres.

- Je n’ai rien fait de tel! Grommelai-je en croisant les bras.

- Ah oui? Rétorqua Ron en arquant un sourcil.

J’ignorais pourquoi, mais j’avais l’impression qu’ils en savaient plus sur ce qui se passait à Poudlard que je ne le voulais. Les deux parents. Je ne tardai pas à comprendre pourquoi en voyant l’air crispé de Nesta. C’était forcément elle qui les avait mis au courant. Du moins, de manière plus approfondie que ce que notre dispute avait pu en révéler. Sauf que je n’eus pas l’opportunité de m’en plaindre, car voilà que Ginny tranchait d’un ton froid et qui n’admettait aucune réplique :

- Soit vous coopérer tous ensemble, soit vous laissez tomber.

Je fronçai les sourcils en même temps que tous les autres. Toutefois je n’eus pas l’occasion de dire quoi que ce soit encore une fois, car un frisson à l’origine on ne peut plus clair me traversait le dos. Je croisai le regard d’Al et sans avoir à se concerter on bondit sur nos pieds en s’agrippant par la main. À peine ne touchai-je plus au divan que je fus emportée par la vision et avec comme dernière image l’air horrifié du visage de Rose.

Dès que nous arrivâmes à voir autour de nous je compris que quelque chose clochait. La sensation n’était pas la même qu’à l’habitude. Bon, ça pouvait être dû au fait que je me sentais vraiment nauséeuse et tout, mais non. Ce n’était pas seulement ça. D’un simple coup d’œil autour de moi, je fus rassurée de constater qu’Al était toujours avec moi. Mais Apparemment nous nous étions lâchés la mai…

Nos mains! Nos mains étaient toujours entrelacées et pourtant… pourtant je ne sentais rien du tout. Absolument rien.
Al me jeta un regard épouvanté et me demanda :

- Pourquoi est-ce que je ne sens rien?

- Je… commençai-je, mais je ne parvins pas à terminer, car je venais de comprendre quelque chose.

On était de retour dans mes anciennes visions. Ou du moins, à peu de choses près. Cette vision-ci ressemblait en tout point à celle que j’avais eue de mes grands-parents. L’une des choses qui me prouvaient que ce n’était pas une vision où je pouvais intervenir, à moins de faire une action en ce sens, c’était le fait que je ne sentais pas le sol sous mes pieds. Ni la main d’Albus en l’occurrence. Toutefois, je ne me souvenais pas que le contour des lieux fût aussi flou auparavant.

Je jetai un coup d’œil inquiet à Al et j’avouai :

- On est dans le genre de vision que j’avais avant.

- Mais… Comment est-ce que je peux être là aussi?

- Aucune idée, ça doit être dû au fait que tu es mon Ancre… répondis-je en haussant des épaules.

Je décidai alors de prendre mon courage de Gryffondorienne à deux mains et, tout en entraînant Al derrière moi, je me mis à avancer. Il fallait que je sache. Il fallait que je comprenne pourquoi nous étions là. Car il y avait forcément une raison. Il y avait toujours une raison pour qu’une vision m’entraîne. En générale c’était pour m’apprendre des choses, des choses sur Berkeley, plus précisément. Et sur le sort horrible de ma famille, accessoirement parlant.

Le problème avec ma démarche c’était que plus j’avançais et plus j’avais l’impression de m’affaiblir. Et plus les contours du lieu se trouvaient… flous. Je ne discernais qu’à peine les coins et les petits détails. J’avais beau plissé les paupières pour tenter de mieux voir, je n’y arrivais pas.

- Est-ce que c’est normal qu’on voit aussi mal? S’enquit Al au bout d’un moment alors que j’haletais.

- Je… je crois… je crois pas, bégayai-je à bout de souffle.

- Tu veux qu’on se repose un peu?

Je secouai fermement de la tête et me remis en marche, les jambes tremblotantes. Il fallait que je tienne bon, car même si chaque pas me coûtait énormément d’énergie il m’apportait aussi un sentiment si intense d’être sur la bonne voie que je ne pouvais décemment pas abandonner. J’avais l’impression d’être très près du but.

Nous franchîmes ce que je supposais être une porte lorsque mes jambes ne me portèrent plus et que je m’effondrai par terre. Mais j’étais pile au bon endroit, si je me fiais aux deux corps complètement en brouillé que j’avais sous les yeux. Ils étaient peut-être en brouillé, mais leur voix ne saurait me tromper.

- Si vous nous tuez, Allison ne se joindra jamais à vous.

- C’est vrai. Peut-être. Mais, en attendant qu’elle se décide à venir… Rien ne m’oblige à me montrer clément, Mr Potter, argua Berkeley. Endoloris!

Mon parrain lâcha un grondement qui fit parcourir des ondes de colère et de rage destructrice dans tout mon corps. Si je me fiais à la tension apparente du côté de mon ami, c’en était de même pour lui.

- Elle vous vaincra. Et vous le savez, cracha Hermione avec une voix éteinte que je ne lui connaissais pas.

On aurait dit que la vivacité et son âme qu’on entendait autrefois dans chaque mot étaient… parties. Je n’avais jamais connu une Hermione fatiguée et là… On aurait dit qu’elle était sur le bord de l’effondrement.

Les grondements de mon parrain s’interrompirent quand Berkeley grommela :

- Pour l’une des premières fois, tu as tort, Hermione Granger.

- Hermione Granger-WEASLEY, rétorqua-t-elle d’un ton froid.

Sauf qu’encore là, il semblait dénué de toute vigueur. C’était terne, terne comme les arbres qui se balancent en grinçant et craquant en plein hiver. Sans aucune vie.

- Mais on s’en moque! Ricana Berkeley et je le voyais mentalement lever les yeux au ciel. Endoloris! S’écria-t-il et Hermione lâcha un gémissement.

Je voulus me ruer vers elle, mais quelque chose m’en empêcha. Hermione, malgré la terrible douleur qui devait l’accabler en ce moment même redressa ce que je supposai être sa tête. Et si je ne me trompais pas… elle regardait droit dans ma direction. Elle prononça d’une voix cassée et entrecoupée :

- Allison… Allison ne… Elle ne viendra… Elle ne viendra pas. Elle sait que… que ça ne servirait à rien. Que sa mission est… bien plus importante.

- Moi je crois, très chère, qu’elle ne sait pas la moitié des choses qu’elle devrait savoir. Et de ce fait, j’ai l’avantage, dit son tortionnaire avec plein d’amusement dans la voix. Et encore un. Endoloris!

Cette fois Hermione poussa un hurlement de douleur. Mais je ne pouvais plus bouger, car je venais de comprendre. De comprendre ce qu’elle avait voulu dire. Elle commençait à me voir. À nous voir. Et il ne le fallait pas.
Tandis que je m’agrippais plus fortement à Albus, ce qui me permit de constater que je sentais légèrement ses doigts sous les miens, ce dernier lâcha :

- On ne peut pas ne rien faire, tu…

Je réussis à plaquer mon autre main sur sa bouche pour le faire taire. Mais il était un peu trop tard.

- Qu’est-ce que… commença Berkeley en se retournant.

Juste avant qu’il ne puisse nous voir je parvins à rassembler suffisamment d’énergie pour nous faire quitter la vision. Avant je n’en étais pas capable, mais je m’étais assez exercée pour pouvoir le faire maintenant. Par contre, c’était beaucoup plus coûteux en énergie que de se laisser ramener par la vision elle-même.


En revenant à moi, toujours accrochée à Al, je perdis l’équilibre et m’effondrai par terre. Complètement vidée. Et je compris rapidement ce qui m’arrivait en entendant le son de cloche. Sans oublier l’impression de me faire marteler la tête par des marteaux. Ni qu’il y avait moitié moins de monde dans le salon qu’à mon départ. Je soufflai en me prenant la tête de la main, relâchant Al du même coup :

- Une Pierre. Il a une Pierre.

- De quoi parles-tu, Allison? Souffla Ginny sur un ton horrifié.

Ton qui me prouva qu’elle comprenait parfaitement la référence.

- On était dans une vision. Une vision normale, enfin… si on peut dire. Tout était flou et… Enfin, on était avec… avec Berkeley et… et Papa et tante Hermione.

- Savez-vous où ils sont? S’empressa de demander Ron avec de l’espoir dans la voix.

- Non… et… et on n’a… on n’a rien pu… pu faire… bégaya Albus avec à la fois de l’horreur, de la colère et une immense douleur dans la voix.

- Allons, ça va aller, tenta de le rassurer Ginny en le prenant dans ses bras.

- Est-ce que… je peux savoir si… Rose, James et… Hugo… sont partis? Ou si c’est à cause… à cause de cette maudite… maudite pierre?

Un moment de silence s’installa dans le salon. Je crois qu’il venait tous de comprendre ce qu’il se passait, car je me retrouvai rapidement dans les bras de quelqu’un. Étonnamment c’était Ron, il souffla :

- Je crois qu’il est temps que tu ailles te reposer un peu, Allison.

- Non… Non, je dois parler à mes amis avant… Rose, Al, Hugo… et James.

- Alors ils n’ont qu’à venir dans ta chambre. Tu dois te reposer, rétorqua Ginny sur un ton autoritaire.

Je poussai un soupir, mais me résignai à suivre leur recommandation. Et puis, je n’étais pas vraiment en état. Ron se mit donc en marche et les autres nous suivirent d’un pas qui ne me semblait pas très réjoui et je pouvais le comprendre. Toutefois, j’étais quand même surprise de voir que James avait accepté de suivre le mouvement et ce, sans aucune intervention de sa mère.

Dès que je fus étendue sur mon lit et que Ron fut sorti nous laissant tous les jeunes seuls, je me raclai la gorge. Les regards convergèrent vers moi dans la seconde. Et les émotions que j’y lisais différaient d’une personne à l’autre. Du côté de Rose et Albus s’étaient surtout de l’interrogation et de l’agacement. Pour Hugo il semblait inquiet et indifférent à la fois. Quant à James… il semblait à la fois en colère et incertain. Je n’étais pas certaine de comprendre la raison de son incertitude, mais tant pis. Je me devais de prendre la parole, car le plus tôt on mettrait tout ça au clair, le plus tôt on en aurait terminé.

- Il faut qu’on parle de comment on va s’y prendre pour trouver une Pierre de Bromeïro, clamai-je en guise d’amorce à notre discussion.

Ils restèrent tous hébété pendant une bonne minute. Ce qui aurait pu être assez drôle compte tenu du fait que Spock n’arrêtait pas de les regarder tour à tour avec ses éternels yeux interrogatifs. Ce qui avait de quoi m’amuser, mais pour l’instant ce n’était pas vraiment le moment idéal pour éclater de rire.

- Et je suppose que tu as une idée, toi qui es si intelligente? grommela James en croisant les bras.

- J’ai une idée, en effet. Mais pas la meilleure, admis-je en baissant les yeux.

J’avais toujours aussi mal à la tête. Mais je me devais de rester forte, ne serait-ce… ne serait-ce que pour quelques instants.

- Et c’est quoi ton idée, Alli? S’enquit Rose en haussant un sourcil.

- On sait déjà que Berkeley a au moins trois pierres en sa possession. La première se trouve à Poudlard, sans le moindre doute. Et les deux autres… c’est Hermione et Harry qui les ont sur eux. C’est pour ça qu’on n’arrivait pas à les voir et que les lieux étaient flous. Car lorsque plus d’une pierre sont réunis leur pouvoir est décuplé, répondis-je.

- Mais en quoi ça nous… commença ma meilleure amie avant de s’interrompre. Tu veux dire qu’il en a trouvé trois?

Je hochai de la tête silencieusement avant de poursuivre :

- Grâce à Parkinson, nous savons les quelques personnes susceptibles d’en avoir une. Tout ce que j’ai à faire… c’est de provoquer une vision les concernant et voir ce que ça donne.

- De quoi, « grâce à Parkinson »? s’écria James.

- Regarde, mon vieux, tu en as manqué des bouts pendant ton absence, alors tu n’as qu’à assumer ne pas être au courant de tout, cingla Rose en le foudroyant du regard.

Son cousin écarquilla les yeux, mais n’ajouta rien. Ce qui était plutôt une bonne chose, car je ne me sentais pas d’humeur, avec ce mal de tête croissant, de supporter les jérémiades de Jiminy. Quand il commençait parfois ça ne finissait plus et comme je n’étais pas vraiment d’humeur à être patiente… J’aurais déclenché une véritable guerre si je me permettais trop de le reprendre. Même si j’avais raison. En fait, surtout si j’avais raison. Je me passai une main sur le visage avant de réfléchir à la situation de manière la plus cohérente possible, ce qui n’était pas un mince exploit compte tenu de la fatigue que je sentais croître en moi à chaque seconde.

Ginny avait décrété que nous devions travailler tous ensemble pour retrouver les Pierres, et même si je n’étais pas trop enthousiaste à l’idée je savais bien qu’elle avait raison. Il fallait montrer que malgré tout ce que Berkeley avait fait nous étions encore soudés et forts. Ça risquait d’être on ne peut plus compliquer à réaliser… mais nous devions essayer. Par contre, ça ne servait à rien de fouiller tout le château en groupe. D’autant plus que l’on ne savait pas encore qui avait la Pierre. Mais il était préférable d’attendre à demain avant de pousser les recherches. Voire à la journée suivante encore. Le fait est que ce ne serait pas si dangereux si je tombais sur des personnes ne l’ayant pas… mais si je devais la trouver… J’étais déjà dans un état de faiblesse considérable causée en autre par non pas une seule Pierre, mais deux. Rajouter l’effet d’une troisième dans la même journée, même solitaire, ce serait presque du suicide. Or, nous aurions besoin de mon don pour ne pas tâtonner dans le vide.

Donc, si on écarte le fait qu’on ne savait toujours pas qui possédait la Pierre, on pouvait toujours prévoir nos actions pour lorsque ce serait le cas. Et comme pourchasser l’individu en groupe serait beaucoup trop suspect… Il faudrait y aller en petit groupe, car individuellement ce serait beaucoup trop dangereux. Si je continuais sur ce fil de pensées, je dirais même que le nombre préférable serait des groupes de deux. Comme à chaque fois ou presque. Et j’avais déjà une bonne idée de qui se mettrait avec qui pour que tout ne semble pas suspect à notre proie prochaine.

Toute préoccupée par ses pensées qui me traversaient l’esprit ainsi qu’à mes réflexions un peu plus profondes je ne me rendis compte seulement en relevant les yeux que tout le monde m’observait en silence. J’ouvris grands les yeux en constatant qu’ils me dévisageaient, en fait. Je fronçai les sourcils une seconde en demandant :

- J’ai raté quelque chose ou…?

- Oh, tu n’as pas raté grand-chose, Alli… Seulement notre discussion civilisée à mon cousin inconscient et moi, rétorqua ma meilleure amie en levant les yeux au ciel.

- Qu’est-ce que tu as encore dit, Jiminy? Grommelai-je en coulant un regard exaspéré et légèrement colérique à James.

- Comment tu m’as appelé?! S’écria ce dernier en me jetant un regard furieux. Et ce n’est même pas moi!

- Oh… lâchai-je simplement en dévisageant Albus.

Qu’avait-il encore fait, cette fois? C’est fou comme parfois j’avais l’impression désagréable que Berkeley avait réussi son coup. Il nous avait bel et bien divisés. Peut-être pas autant qu’il l’aurait voulu, mais cela dit il y avait beaucoup plus de tension dans notre groupe cette année que toutes les précédentes. Et je n’aimais pas trop cette idée. Pourquoi n’arrivions-nous pas à nous entendre? Où était passée notre complicité à tous? Et surtout… où était passée la leur? Avant même que je ne débarque ils étaient soudés aussi surement que les os d’un corps. J’avais toujours cru que rien ne pourrait les séparer ou entaché ça. Or, il semblerait que je sois la cause de tout ce cirque. Je me sentis mal d’un coup. Par Merlin… c’était ma faute.

- Rose et moi on discutait simplement du fait que ça va être compliqué de continuer tu-sais-quoi et de faire les recherches. En plus de nos devoirs. Je lui ai dit que dans des cas pareils les devoirs c’étaient presque mineurs et elle n’a pas vraiment été d’accord sur ce point.

Je n’avais aucun mal à le croire. Mais je fronçai les sourcils à la simple idée que l’on puisse réellement considérer comme mineur les devoirs. Oh, bien sûr considérant le fait qu’on essayait de coincé le tueur en série de ma famille, c’était logique. Encore plus quand la mère et le père de mes amis étaient retenus en otage par ce même individu. Toutefois…

- On ne délaissera pas nos devoirs. Ni le Quidditch. On va tout faire, vous allez voir, grondai-je avec détermination. Mais bon, ça ce n’est qu’une petite question, j’ai à vous faire part de petites choses que je viens de réaliser.

- On t’écoute, m’assura Rose, mais à voir sa moue j’en déduisis qu’elle n’appréciait pas que je dise que les devoirs n’étaient pas une question importante.

Je lui adressai un signe de tête reconnaissant pour ne pas s’emporter sur ce sujet. Je n’avais pas la moindre envie de me battre oralement contre elle maintenant. Déjà que je risquais d’avoir à me battre pour faire valoir mon point de vue sur certaines choses… mieux valait que je garde mon énergie pour les combats réellement important. Je pris une courte inspiration pour me donner du courage et de l’énergie avant de me lancer :

- La première chose que j’ai à dire, c’est qu’on ne pourra savoir qui possède la dernière Pierre avant quelques jours. J’ai besoin de…

Je me sentis faiblir un instant et des points noirs se mirent à danser devant mes yeux. Ça s’annonçait bien, vraiment. Est-ce que c’était juste moi ou je flottais dans les airs là? Peut-être que la gravité de la Terre avait arrêté d’agir sur moi. Ou un petit malin m’avait lancé un « Mobilicorpus ».

- ALLI! S’écria quelqu’un et j’ouvris brusquement les yeux.

Oh, merde…

- Je n’ai pas vraiment perdu connaissance, hein?

- Oui, affirma à ma grande horreur Hugo.

- Sauf que du coup tu n’as pas besoin de poursuivre, Alli. On a compris ce que tu voulais dire. Tu as besoin de repos et c’est très compréhensible, plaisanta légèrement Rose, sans doute dans le but de me remonter le moral.

Je ne pourrais dire que sa tentative atteint complètement son but, mais je me sentais un peu moins… anéantie. N’empêche c’était dur pour l’égo que de perdre connaissance alors qu’on n’a même pas remué un petit doigt. Et que la douleur ne peut pas être en cause.

- Parfait, dis-je simplement. Donc, pour reprendre un peu ce que j’ai dit, je vais devoir me reposer quelques jours avant de me lancer à la recherche de celui ou celle qui détient la Pierre. Quand je l’aurai trouvé, il faudra toujours attendre notre retour à Poudlard. Et une fois là, on va répartir les recherches entre nous tous. Un grand groupe est beaucoup trop… visible. Surtout si on poursuit qu’une seule personne.

- Tu envisages des équipes de combien, dans ce cas? S’enquit Albus.

- De deux, et l’idéal serait des groupes qui ne pousseront pas nos adversaires à se poser des questions de savoir pourquoi ils sont seuls ensembles, répondis-je.

- Et qui veux-tu impliquer? Demanda à son tour Rose.

- Je ne veux pas risquer de coup perdu chez Mal et Teena. Ni chez les autres. Alors seulement ceux qui sont présents ici avec Scorp en plus.

- Hugo est plutôt jeune, me fit remarquer Al.

- Je crois que je suis assez grand pour décider, Al. Et puis on parle de Lily, là. C’est pas seulement ma cousine, elle est ma meilleure amie, s’exclama Hugo en foudroyant son cousin du regard.

Rose lança un regard chargé d’angoisse à son jeune frère et je pouvais facilement voire les rouages de son cerveau s’activer. Elle se demandait sans doute si elle pouvait vraiment accepter de le mettre dans ce genre d’ennui. Sauf qu’en la voyant hocher de la tête j’en conclus qu’elle acceptait. Et mon petit doigt me disait que c’était à cause de l’injonction de Ginny concernant le fait de travailler tous ensembles.

Elle lâcha rapidement, les yeux légèrement dans le vague puisqu’elle réfléchissait en même temps :

- Donc, si je suis ton raisonnement… Tu as déjà choisi qui serait avec qui, non? Le plus logique serait que je sois avec Scorpius et toi avec Al puisque nous sommes des couples. Ensuite, James et Hugo ensemble puisque nous sommes tous plus ou moins en froid avec James, excepté Hugo. Ce qui fait qu’il est le seul avec qui Ja…

Elle n’arriva pas à poursuivre, car son petit frère s’écria en devenant rouge de colère :

- Pourquoi est-ce que je devrais me mettre avec lui, hein? Tu crois que je l’approuve, peut-être? CE N’EST PAS LE CAS! JE N’APPROUVE AUCUN DE VOUS DEUX, SI VOUS VOULEZ SAVOIR. Mais tu es ma sœur, Rose. Et c’est toi que je crois. Et puis, il y a des trucs qui ne fonctionnaient pas. Tu n’es pas la seule à être intelligente, tu sais.

On resta tous complètement figé, y compris James qui dévisagea Hugo avec une telle surprise dans le regard que je compris qu’il n’avait rien vu venir. J’étais moi-même assez surprise puisqu’Hugo nous parlaient encore à tous, mais plus particulièrement à James ces derniers temps. Je n’aurais jamais cru qu’il puisse être en colère contre lui… C’était presque incroyable. Impossible.

Sans doute qu’il remarqua la surprise général, car il se mit à s’expliquer, les sourcils toujours froncés par la colère :

- Si j’ai beaucoup côtoyé James ces derniers temps, c’est seulement pour ne pas que notre famille soit complètement déchirée. L’attaque de Lily aurait dû nous rapprocher, pas nous diviser. C’est ensemble qu’on n’est plus fort. Alors, c’est pour ça que… que j’ai continué à vous parler à tous. Malgré que je sois profondément en colère à cause de vos agissements à chacun. Sauf peut-être Alli, j’ai entendu ce que James et Al t’ont dit. C’était pas très gentil et c’est compréhensible que tu ne voulais plus leur parler. Et… euh… aussi, tu n’es pas complètement de la famille.

Cette dernière phrase était extrêmement douloureuse à entendre. Pourtant, elle était tellement véridique et sincère que je ne pouvais pas lui en vouloir. Et puis, je voyais bien qu’il était un peu mal à l’aise de l’énoncer. Je m’apprêtais à lui dire que je comprenais et que je savais que c’était la vérité, sauf qu’Al s’exclama avec colère :

- Elle n’en fait pas encore partie. Mais c’est tout comme.

Je tournai brusquement mon visage vers lui en ayant le feu aux joues. Il venait vraiment de faire ce genre de déclaration, là, maintenant? Ma bouche était grande ouverte et pour un peu je crois que ma mâchoire se décrochait. Je remarquai toutefois avec amusement qu’ils étaient tous là à le dévisager. Il rougit violemment et je crois qu’il aurait disparu dans l’instant s’il en avait eu la possibilité.

- Eh ben… Tu as de grands projets, petit frère, lâcha James avec une étincelle moqueuse dans le regard.

Son frère rougit encore davantage et malgré que je sois en profond désaccord avec James ces derniers temps, je ne pus m’empêcher de sourire légèrement de l’intérieur. Par contre, Al ne le prit pas du tout avec amusement.

- Ça ne te regarde plus, gronda-t-il en foudroyant son aîné du regard.

Le regard de James s’affaissa en même temps que ses épaules et je vis un éclair de douleur dans ses yeux avant qu’il ne regarde ailleurs. James avait beau faire semblant de ne penser qu’à gêner et embêter son frère, il tenait à lui. Et ce qu’Albus venait de lâcher avec autant de colère… ça devait être fort douloureux pour James. Je toussotai en vue de changer l’attention de place et je dis en changeant complètement de sujet :

- Hugo, tu es sûr que tu ne peux pas faire équipe avec James? Comme tu es le plus jeune, je crois que ton père se sentirait moins inquiet de savoir que tu es avec le plus vieux de nous tous.

- Mais pas le plus… commença le cadet de notre groupe, mais sa sœur le coupa.

- Retiens ta langue, Hugo.

J’avais la vague impression qu’il voulait dire « pas le plus intelligent », mais je pris sur moi pour me taire de faire une remarque à ce propos. Je crois que James avait compris le même sous-entendu, car il poussa un soupir et ses épaules me semblèrent encore plus affaissées. Je me surpris d’ailleurs à le plaindre. Tout le monde s’acharnait contre lui, aujourd’hui. Moi compris, dans un sens. J’éloignai toutefois cette pensée, ce n’était pas le moment.

- Très bien, je serai avec James, grommela Hugo en poussant un soupir.

- Maintenant que j’ai pu avoir confirmation que je suis l’élément le moins désiré du groupe, est-ce que je peux partir? S’enquit James avec aigreur.

- Ce n’est pas… commençai-je, mais il était déjà sorti comme une flèche de ma chambre.

J’hésitais entre croire qu’il était vexé ou qu’il était terriblement en colère. Ou peut-être était-il triste de constater à quel point on l’avait tous plus ou moins… écarté. Mais en même temps c’était lui qui avait commencé à nous jeter dehors, non? Par Merlin, j’avais l’impression d’entendre une dispute de gamin du registre des « c’est pas moi, mais lui », « non c’est pas vrai, c’est pas moi, c’est lui » et ainsi de suite. Un peu pathétique comme situation… et on devait avoir l’air soudé pour réussir à vaincre Berkeley. Mais pour le moment nous avions seulement l’air d’être soudé dans nos désaccords, ce qui n’était pas vraiment l’idéal.

- Je crois qu’on ferait bien de tous aller dormir, dis-je ensuite en regardant toujours la porte qui s’était refermée.

- Tu as raison, on en reparlera demain, acquiesça Albus.

- Vous croyez que je l’ai vexé? S’enquit Hugo avec un léger froncement de sourcil.

Rose et moi on leva les yeux au ciel en même temps, tandis qu’Al affichait un mince sourire en tirant son cousin derrière lui. Alors que les deux s’éloignaient, j’entendis mon petit-ami glisser à voix basse :

- T’en fais pas, Hugo. Tu connais James et son égo… Il s’en remettra.

Dès qu’ils furent partis Rose tourna son regard vers moi et me demanda :

- Dis… Est-ce que ça te dérange si je dors ici? Je me sens pas du tout dans l’état émotionnel propice pour dormir dans la chambre de… de Lily.

- Je comprends et je vais me sentir moins seule si tu es là.

- En plus comme ça je vais pouvoir t’empêcher de rejoindre Al en catimini pendant la nuit, ajouta-t-elle sur un ton malicieux.

- Ros… commençai-je à vouloir m’exclamer, mais ma protestation se coinça dans ma gorge quand je vis qui venait d’apparaître à la porte.

Par Merlin, pas Ginny! Elle haussa un sourcil dans ma direction et je rougis jusqu’aux oreilles pour la énième fois dans cette journée infernale. Qu’est-ce que j’avais fait pour mériter ça? Rose se pétrifia à son tour quand sa tante demanda :

- Allison a-t-elle réellement l’intention de se faufiler pour rejoindre Albus, Rose?

Je crois que malgré les circonstances qui la hantaient, la mère d’Al prenait carrément son pied là, à se moquer de nous. Je rougis encore davantage et Rose prit des couleurs à son tour en se retournant vers sa tante. Elle se mordit les lèvres et affirma :

- Non, bien sûr que non. Je la taquinais, c’est tout.

- Humm, humm? Lâcha Ginny avec un ton on ne peut plus sceptique.

- Je n’ai pas l’intention de rejoindre Albus cette nuit! M’exclamai-je d’un petit cri un peu trop aigu et sans doute beaucoup trop fort.

Je dis que j’ai dû m’exclamer trop fort, car je venais très clairement d’entendre un gros « BOUM », signifiant clairement que quelqu’un était tombé. Après avec l’éclat de rire qui s’ensuivit je n’avais aucun mal à comprendre ce qui s’était produit. Al devait être tombé en m’entendant dire cela et Hugo se moquait royalement de lui.

Ginny eut un petit sourire satisfait et continua avec un peu d’amusement dans la voix :

- Tant mieux, car Hugo partage la chambre d’Albus cette nuit. Alors je ne crois pas qu’il aurait vu d’un bon œil une visite imprévue de ta part.

Je rougis cette fois jusqu’à la racine des cheveux et souhaitai au plus profond de moi m’enfoncer dans le lit jusqu’à disparaître. Voyant sans doute que j’étais très, très mal à l’aise, elle reprit avec un peu plus de sérieux, mais d’un ton doux :

- Cela dit, Rose peut parfaitement dormir ici. Je comprends… je comprends très bien que ce soit trop dure… d’aller…

Elle ne réussit pas à conclure et je la vis prendre une grande inspiration tandis que ses yeux se remplissaient de larmes, des larmes qu’elle retenait. Je me sentis affreusement mal pour elle et avant qu’elle ne s’en aille je lâchai :

- On va la trouver la Pierre. Tout va bientôt rentrer dans l’ordre, j’en suis sûre.

- Je te crois Allison. Bonne nuit, c’est l’heure de dormir, les enfants…

Je lui souhaitai bonne nuit en même temps que Rose et nous nous jetâmes un regard après qu’elle ait refermé la porte. Je foudroyai presque immédiatement ma meilleure amie d’un regard meurtrier et elle éclata de rire en me rejoignant sur le lit. Spock poussa un jappement de protestation quand elle le poussa pour se mettre à côté de moi.

Elle me glissa à ce moment :

- Tu sais que je t’adore, pas vrai?

- Parfois, je te jure, je me le demande!

- Oh, voyons, Alli! Tu vas pas le prendre comme ça! Pour toutes les fois où tu m’as asticoté à propos de Scorp…

Je croisai les bras dans une vaine tentative de garder mon air rancunier, mais le problème c’est qu’elle avait raison. Je n’avais jamais été de tout repos depuis qu’elle sortait avec Scorp. C’était tellement amusant de l’agacer! Et maintenant elle me rendait la pareille, ce qui était… logique. J’eus donc un petit sourire amusé, mais marmonnai quand même d’un ton boudeur :

- Certes, mais je n’ai jamais dit à ton père que tu allais rejoindre Scorp en plein milieu de la nuit alors que c’était faux!

- Normal on a jamais été… commença-t-elle avant de s’interrompre d’elle-même en comprenant que j’avais raison.

- Bah, voilà, tu vois! C’était un coup bas!

Elle leva les yeux au ciel et s’approcha encore un peu de moi pour me chuchoter :

- Alors, comment est-ce que vous avez pu arriver à cette étape de votre relation quand à peine deux heures plus tôt tu lui faisais toujours la gueule?

Je rougis légèrement en me souvenant de l’épisode dont elle me parlait. Toutefois quand je me mis à lui raconter tout ce qu’Al avait dit et fait, je me sentis chauffer de l’intérieur. Et pour une fois c’était agréable. Pas comme quand je songeais à Berkeley et à mes envies de meurtres.

Quand j’eus terminé Rose me regardait les yeux dans le vague et un sourire idiot aux lèvres. Elle souffla comme dans un rêve :

- Je n’aurais jamais cru qu’Al pourrait se montrer aussi… ingénieux. Et romantique dans une certaine mesure.

- Moi non plus, soupirai-je avec le cœur embrasé. Toujours est-il qu’il faut que je dorme, là, Rose.

- Oui, bien sûr… Bonne…

Je n’entendis pas le reste de sa phrase, car je tombai endormi immédiatement. À mon plus grand soulagement aucun rêve, vision-dormante ou autre ne vint me perturber.

***************************

Le reste des vacances se passa sans aucune anicroche d’aucune sorte. Ce qui n’était pas plus mal, car environ trois jours après notre décision de retrouver l’élève qui avait une Pierre à l’école, j’avais enfin été suffisamment en forme pour me lancer dans l’aventure avec Al. Et ce n’avait pas été de tout repos, car pour déclencher des Visions il fallait soit avoir un objet, une personne ou quoique ce soit se rapportant à ce que l’on cherchait. Or, à ce moment-là nous n’avions rien de tout ça. Seulement notre mémoire. Mais que pour que cela fonctionne il avait fallu que l’on s’arrange pour se souvenir avec exactitude de tous les traits caractéristiques des personnes que l’on cherchait à voir dans une Vision.

Puisque nous n’avions, aucun d’entre nous, une mémoire infaillible, ça avait été très long et quand enfin on avait le portrait de l’un d’eux nous étions entraînés dans une Vision du présent, Al et moi. Pour parler franchement je me serais bien passé de la majorité des scènes auxquelles on assista. Par exemple de voir Theodore Crabbe peloter sa petite amie (depuis quand il a une petite amie, celui-là?), Judy Lucas vomir après avoir pris un peu trop de Whisky Pur Feu (j’ignorais absolument qu’elle buvait de l’alcool, même si je n’étais pas franchement étonnée) ou encore Dylan Avery qui disséquait un crapaud (j’aurais sincèrement pu me passer de cette dernière scène, pauvre bête). On avait aussi surpris Caïus Weaver sous la douche et en voyant sur quoi on débouchait je m’étais immédiatement couvert les yeux, ça ne m’intéressait pas du tout de la voir comme ça, celui-là.

Après tous ceux-là il ne nous restait plus que Keegan Griggs et Ashley Davidson. Nous avions parié des chocogrenouilles sur les chances que ce soit l’un ou l’autre. Et j’avais perdu en disant que c’était Griggs. Rose avait toutefois gagné en désignant Ashley comme étant la coupable.
Dernière modification par Mimie99 le mer. 13 déc., 2017 5:22 am, modifié 2 fois.
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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Maintenant nous étions de retour à Poudlard et nous avions tous la haine au cœur en songeant à l’état de Lily et au fait que c’était Ashley Davidson la coupable. On avait voulu confirmer auprès de Scorpius, mais il avait avoué ne pas se souvenir de ce moment-là. Nous parions tous sur un Oubliettes.

Je lâchai soudainement alors que l’on montait des escaliers pour se rendre à notre dortoir :

- Je n’arrive toujours pas à croire que j’ai dormi dans le même dortoir que cette fille!

Une grimace de dégoût gagna mes traits et Rose en fit autant en s’imaginant la chose. Scorp et Al haussèrent des épaules, le premier soupira :

- Elle n’a peut-être pas apprécié ta menace? Tu sais, au sujet des Épouvantards?

- Très, très drôle, Scorp. Vraiment, râlai-je.

- Si tu veux mon avis, Alli, je suis surtout très heureux qu’elle ne t’ait rien fait, rétorqua Al avec un air sombre.

Je lui jetai un regard de travers en haussant un sourcil et je demandai :

- Tu ne me crois pas capable de me défendre?

- Pas si elle avait appelé Berkeley, répondit-il avec un haussement d’épaule. Je… J’arrive même pas à imaginer ce que j’aurais fait si je m’étais réveillé et que tu n’étais plus là.

Mon regard s’adoucit quelque peu et je soufflai en lui prenant la main :

- Hé! Mais il n’aurait pas pu rentrer dans le dortoir des filles! C’est un mec, de ce que j’en sais.

- Ça ne me rassure pas pour autant, il est fort. Il aurait peut-être réussi à te faire sortir de là. D’une manière ou d’une autre, avoua-t-il en serrant ma main plus fort.

Je baissai les yeux sans rien ajouter. Il avait raison, tout aurait facilement pu mal tourner cette fameuse nuit. Je n’ai aucune idée du pourquoi Ashley n’a pas parlé, mais ce n’était certainement pas par pure bonté d’âme, et encore moins si elle lui avait dit et qu’il avait simplement décidé de ne rien faire.

- Enfin, on ferait mieux de se mettre au boulot. James et Hugo ont déjà commencé avec la Carte du Maraudeur. À nous de jouer avec les nôtres, déclarai-je en sortant rapidement ma Carte de mon sac à main.

Mes trois compagnons hochèrent de la tête et nous cherchâmes avidement, chacun sur notre Carte respective. On ne tarda pas à la trouver, elle était à nul autre endroit que son dortoir. Nous lâchâmes tous les quatre en même temps :

- Merde.

On eut un petit sourire avant que je poursuive seule :

- Bon, alors on va tous à la Salle Commune de Scorp? Ou on attend à demain pendant notre cours en commun avec les Serpentards?

- Si on va à ma Salle Commune, tu vas devoir t’expliquer à Josh et Ruby, tu sais. Et d’après nos Cartes ils sont tous les deux à la Salle Commune.

- Mais on n’a pas le choix, plus on attend, plus on a de chance de perdre la trace de la Pierre. En plus, elle cache peut-être la Pierre dans son dortoir quand elle est à Poudlard… amena Rose avec les sourcils légèrement froncés.

- Donc, on fait quoi? s’enquit Al.

- On y va, tranchai-je. J’en ai marre d’attendre. Et je suppose qu’il est plus que temps que je m’explique avec eux. Faudra seulement s’arranger pour soit empêcher Ashley de s’enfuir, soit leur faire comprendre que je vais leur expliquer tout de suite après que l’on se soit frotté à Ashley.

- Hé! Sauf qu’on ne pourra pas venir, nous! S’exclama soudain Al.

- C’est la vie. Et puis, je crois qu’Alli et moi on forme un duo plus que suffisant pour tenir à distance Ashley, affirma Rose en relevant le menton.

- Tout à fait, acquiesçai-je en relevant moi aussi le menton.

Les deux gars poussèrent un soupir découragé en levant les yeux au ciel, mais nous changeâmes tout de même de direction pour aller vers les cachots. Nous consultions toujours la Carte et c’est comme ça que l’on vit que James et Hugo se dirigeait tout droit vers nous.

On les croisa rapidement et James demanda en soupirant :

- Vous allez entrer, pas vrai?

- Oui, acquiesçai-je.

- Dans ce cas, on va retourner à la Salle Commune, Hugo et moi. Ça ferait trop bizarre si on y entrait aussi. Je compte sur vous pour revenir avec la Pierre, ou au moins avec des infos.

Nous hochâmes tous les quatre de la tête et ils poursuivirent leur route. Hugo avant de continuer nous adressa une grimace à mi-chemin entre la colère, l’amertume et le « pourquoi-vous-me-laissez-avec-lui! ». Je me doutais bien qu’il aurait voulu venir avec nous, mais… ce n’était pas une bonne idée. Premièrement, nous risquions de dépasser le couvre-feu et en second lieu, Hugo ferait trop tache chez les Serpentards. Al, Rose et moi on pouvait facilement improviser le fait de vouloir passer du temps avec notre ami Serpentard dans son repaire.

Nous y arrivions d’ailleurs, au fameux repaire. Comme à chaque fois que l’on venait faire un tour, nous nous bouchâmes les oreilles Rose, Al et moi. Scorp s’empressa de prononcer le mot de passe et on s’infiltra chez les Serpentards, en délaissant mes gardes du corps derrière, qui avaient ordre de nous laisser faire. À l’intérieur, parmi les élèves quelques-uns faisaient des devoirs, tandis que d’autres jouaient aux cartes ou aux échecs. Ou encore ils ne faisaient rien et bavardaient. En outre, pas grand-chose de différents que dans notre Salle Commune à nous. J’aurais bien dit que ce serait la même chose chez les Serdaigles et Poufsouffles, mais j’avais des doutes. Ils étaient plus bosseurs que nous, en théorie. Encore que les Serpentards et leurs ambitions pouvaient les pousser à travailler assez longtemps, on en avait un exemple parfait dans notre ami Scorpius.

Quelques élèves réagirent à notre arrivée par des regards suspicieux, mais voyant sans doute qu’on était avec Scorp ils ne dirent rien et reprirent leurs activités. Du moins tous sauf… deux.

- TOI! s’écrièrent Ruby et Joshua en même temps tout en fonçant droit sur nous.

Ça sentait le roussi pour la discrétion, ça, pensai-je en voyant toutes les têtes se tourner vers moi. Quand ils arrivèrent à notre hauteur Ruby m’attrapa par le bras et me força à la suivre. Je réussis toutefois à mettre un frein à sa tentative et grommelai :

- Je n’ai pas le temps, là, tout de suite, de vous expliquer ce que vous voulez savoir. J’ai un petit truc à faire. Mais je suis prête à tout vous expliquer demain, même place que la dernière fois, Joshua. Après le petit-déjeuner. Ça vous va? Si j’ai pas le temps de terminer, on continuera sur l’heure du déjeuner. Marché conclu?

Les deux se jetèrent un regard pour se consulter et finirent par acquiescer de mauvaise grâce. Toutefois, Ruby ajouta son grain de sel en disant :

- Je viens avec vous.

- Et moi aussi, renchérit Joshua.

- Désolé, Josh, mais tu ne pourras pas les suivre, lui apprit Scorpius. Al et moi non plus. C’est dans un coin réservé aux filles qu’elles vont.

- Ça ne m’empêche pas, moi, d’y aller, comprit rapidement mon amie Serpentard.

- Ce n’est pas…

Elle me coupa d’un geste et grommela :

- Je fais ce que je veux. Comme je le veux. Et quand je le veux, Allison.

Je haussai des épaules avec fatalisme et c’est en compagnie de Ruby que Rose et moi on se dirigea vers les dortoirs des filles. On ne tarda pas à arriver devant la porte menant au dortoir à Ruby. En le constatant, elle fronça les sourcils et je vis une question remonter le long de sa gorge, alors quand sa bouche s’ouvrit je la coupai pour dire :

- Oui, on vient à ton dortoir. On doit voir Ashley pour un truc. Et je te conseillerais de ne pas t’en mêler. Dans le sens de « ne parle pas ». Ce serait trop long de t’expliquer pourquoi on est là.

Elle acquiesça silencieusement tout en haussant des épaules. Sauf qu’elle me glissa la seconde suivante :

- Tes explications de demain ont besoin d’être satisfaisantes, Allison. Car sérieusement ça commence à faire beaucoup de mystère. Et je croyais qu’on était amie.

Un doute énorme et effroyable me transperça alors le cœur. Ruby était une Serpentarde de mon année. De mon année. Un nœud m’enserra les tripes tandis que je me remémorais ce que mon frère m’avait dit. « Et… il m’a dit qu’il y avait une nouvelle fille. Non, deux. De ton année. Qui était des recrues potentielles. Je ne connais pas encore leur nom, car je crois que Berkeley n’est pas certain de leur loyauté ou… enfin, je ne sais pas trop. », « Mais fais gaffes aux filles de ton âge, veux-tu? ».

Fais gaffe aux filles de ton âge, il avait dit. Deux d’entre elles sont peut-être des espionnes de Berkeley. J’avais une confiance absolue en Rose, Malia et Teena. Et j’aurais bien ajouté Ruby à cette liste, mais… Je ne la côtoyais vraiment que depuis cette année. Et tout avait empiré cette année avec Berkeley.

Non! Ruby ne pouvait pas être une espionne, impossible! Je ne pouvais pas le croire… En plus, elle était une née-moldue. Berkeley n’aurait jamais accepté… Sauf que cela écartait justement Ruby de tout soupçon. Et en plus, Parkinson n’avait-il pas dit que Berkeley n’était pas certain de leur loyauté? Et si c’était justement à cause du sang de Ruby qu’il ne lui faisait pas confiance? Non! Non, je me faisais des histoires. C’était… trop impossible. Improbable. Je commençais clairement à devenir parano...

- Alli? On y va ou quoi? s’enquit soudain Rose avec une mine inquiète.

- Euh… Ouais, on y va, acquiesçai en secouant légèrement la tête pour me remettre les idées en ordre.

Elle me jeta un regard inquisiteur, Ruby aussi, mais je ne répondis à la première que par un regard qui disait « je t’expliquerai plus tard ». Elle fronça les sourcils, mais finit par hausser les épaules. J’ouvris la porte d’un coup en grand et m’aperçus avec joie qu’Ashley était toujours seule dans le dortoir. Je m’exclamai avec un grand sourire carnassier :

- Salut, Ashley! Envie de vivre ton pire cauchemar aujourd’hui?

Elle blêmit immédiatement, mais avec plus de courage que je ne l’en croyais capable elle se releva de son lit et me fit face. Elle grommela :

- Quelle surprise! Encore une visite de Lévesque! Tu pourrais pas retourner dans ton trou à rat?

- Je n’ai pas de trou et pas de rats non plus, rétorquai-je. On est là pour la Pierre, Ashley. Tu ferais bien de nous la donner sans histoire… sinon on va devoir employer la manière forte.

- Si j’étais toi je ne la prendrais pas, Lévesque. À moins que tu tiennes particulièrement à mourir jeune, ricana Ashley avec un regard mauvais.

Je suppose que le regard mauvais c’était à cause de ma menace. Toutefois, je ne comprenais pas du tout son besoin de me dire que si je prenais la Pierre je risquais de mourir jeune… Je n’étais pas assez stupide pour l’utiliser en l’ayant en main, quand même! C’était sans doute un stratagème pour ne pas que je continue à lui demander la Pierre. Forcément, il n’y avait aucune autre raison possible. Je poussai un soupir désolé en m’avançant vers elle :

- J’aurais vraiment préféré que tu coopère, Ashley. Sérieusement, à quoi ça sert? Pourquoi tu fais ça?

J’avais beau ne pas l’aimer particulièrement, je trouvais assez étrange qu’elle ait accepté de faire ça de son plein gré. Elle parut éberluée par mon changement de sujet, car elle resta pétrifiée. Je m’arrêtai pour éviter de nuire à ce qui pourrait s’avérer intéressant quand elle ouvrit la bouche.

- Tu te crois meilleure que lui, Lévesque? Tu ne l’es pas, parce que lui au moins il ne se cache pas derrière des illusions. Tu ne vaux pas mieux que lui si tu uses de la force pour obtenir ce que tu veux.

- Ce n’est pas comme si tu pourrais souffrir de ça, dis-je avec fermeté, mais intérieurement je blêmis et avait l’impression qu’on m’avait giflé avec une main extrêmement froide.

- Souffrance mentale ou physique, c’est quoi le plus douloureux, Lévesque? Tu dois bien t’y connaître, alors répond-moi, rétorqua-t-elle en me défiant du regard.

Chose que je n’appréciais pas que l’on fasse. Surtout pas quand il s’agissait de personnes que je n’aimais pas. Je tentai de me calmer, mais mon sang battait à mes oreilles et j’avais l’impression que ma tête voulait exploser, ce qui donc n’aidait pas vraiment. Sauf qu’elle venait de marquer un point. Je m’y connaissais trop bien en souffrance mentale (et physique) et je savais que c’était elle la plus douloureuse, car il n’existait aucun remède, si ce n’était que le temps.

- Alli, tu vaux mieux que lui, tu le sais. Et puis, elle se met elle-même dans cette situation si elle n’accepte pas de parler, me glissa Rose en me prenant la main.

Je hochai lentement la tête et d’un simple coup d’œil je parvins à faire passer le message aux deux autres filles. C’est donc ensemble qu’on se mit à avancer vers Ashley et plus on approchait, plus elle semblait vouloir disparaître dans le plancher.

Quand on ne fut plus qu’à un centimètre d’elle, qu’elle fut acculée dans le coin d’un mur, elle tremblait comme une feuille. Je me révoltais moi-même, à tel point que mes poings tremblaient de rage contre moi-même. Contre moi, mais aussi contre Berkeley, c’était à cause de lui que j’en arrivais à de telle extrémité. Je me penchai suffisamment sur elle pour que nos visages soient très, très près. Ses jambes ployèrent sous elle et nous suivîmes son mouvement. À voir la grimace de Rose et Ruby, elles n’appréciaient pas non plus la manœuvre.

- Dis-moi où est la Pierre et on s’en ira.

Ashley tremblait tellement maintenant que les larmes qui s’écoulaient sur ses joues descendaient de manière totalement désordonnée. Je ne pus le supporter et je regardai ailleurs. Quand elle parla ce fut de manière entrecoupée par des sanglots terribles :

- Je… je suis… sérieuse… tu… tu devrais… pas… prendre… cette… cette Pierre… C’est… dangereux.

Je fronçai de nouveau les sourcils. Pourquoi ramenait-elle encore ça sur le tapis? Dans l’état où elle se trouvait, elle ferait mieux de répondre. J’avais horreur de la faire souffrir comme ça. Peut-être était-ce le but recherché? Que je finisse par ne plus le supporter et que je parte?

- Je ne bougerai pas d’ici sans ma réponse. S’il faut y passer la nuit… commençai-je, mais elle me coupa brusquement.

- Pochette secrète dans ma valise! Couina-t-elle.

Je me redressai d’un bond et m’élançai vers sa valise que j’ouvris avec précipitation. Je vérifiai attentivement toute la surface jusqu’à repérer ce que je cherchais. Je l’ouvris rapidement et découvrant qu’il s’y trouvait effectivement la Pierre que je cherchais je me retournai vers Rose et Ruby qui étaient resté dans la même position auprès d’Ashley, avec toujours la même grimace aux lèvres.

Je revins vers elle et avec de la sympathie que je ne devrais absolument pas ressentir pour elle après ce qu’elle avait probablement fait à Lily, je lui dis :

- Je suis vraiment désolée. Je ne voulais pas te faire ça. Te forcer à vivre ça. Crois-moi.

J’éloignai les filles d’un mouvement et aidai une Ashley tremblante à se relever. Elle était tellement vulnérable qu’elle ne songea même pas à m’envoyer paître. Ou me critiquer. Tout en retournant vers la Pierre je lui glissai :

- Quand même, tu peux dire ce que tu veux à mon propos, mais tu n’es pas mieux que moi, toi non plus. Tu as attaqué Lily avec une potion dont tu ne connaissais probablement même pas les effets! Et ça c’est horrible! Et je ne peux pas le pardonner.

Ne recevant aucune réponse, chose qui était étonnante, je suspendis mon geste en vue de saisir la Pierre pour me retourner et restai très étonnée de la découvrir complètement immobile et les yeux ouverts aussi grands que ceux d’une chouette effrayée. Elle souffla épouvantée :

- Mais… Mais… je n’ai rien fait à Lily! Tout ce qu’il me demandait de faire c’était de te surveiller. Je ne savais même pas qu’on l’avait attaqué…

J’avais oublié que ce n’était pas tout le monde qui était au courant. Je me retins pour ne pas me frapper le front et approchai encore un peu mes doigts de la Pierre, sauf que je fus de nouveau interrompu :

- Tu ne devrais vraiment pas la prendre, Lévesque.

Je ne savais pas si je pouvais vraiment lui faire confiance. À vrai dire, il y avait des trucs vraiment bizarres avec son histoire. Par exemple, si ce n’était pas elle qui avait attaqué Lily, c’était qui? Et cela signifiait-il qu’une autre personne avait une Pierre ou… que c’était la même que celle qui se trouvait là? J’avais des difficultés à croire, après avoir vu son expression faciale qu’elle ait pu s’attaquer à Lily. Mais de là à croire qu’elle ne me mentait pas maintenant au sujet de la Pierre… Je la regardai en plissant les yeux, mais n’hésitai pas à prendre la Pierre.

Je sentis immédiatement que j’aurais dû la croire.

À peine mes doigts touchait-elle cette pierre froide qu’ils se refermèrent d’eux-mêmes dessus sans que je ne fasse le moindre mouvement dans cette optique. Et au contact de la Pierre je sentis toute mon essence vitale s’échapper de mon corps à vitesse grand V tandis que la Pierre me forçait à utiliser mon pouvoir. Que je le veuille ou non. Cela ne faisait qu’une seconde que ma main s’était refermée dessus que je tombais déjà dans le noir le plus total.

*******************

À mon réveil, la première émotion qui me traversa fut du désespoir. J’aurais pu être reconnaissante d’être encore en vie et tout, et tout. Mais ce n’était qu’en second plan pour le moment dans mon esprit. Pourquoi diable étais-je encore dans l’infirmerie? Pourquoi avait-il encore fallu que je perde connaissance. J’étais presque certaine que si je tournais mon visage vers la droite je verrais Rose à mon chevet. Comme chaque fois. J’en avais marre. Pas d’avoir ma meilleure amie près de moi, mais plutôt de toujours me réveiller après un petit problème technique dans cette salle beaucoup trop… claire à mon goût.

Je ne fus que très peu surprise lorsque Rose s’exclama :

- Alli! Tu es enfin de retour parmi nous!

- J’ai manqué combien de jours cette fois? Trois, quatre? Une semaine? Râlai-je en me tournant vers elle.

- Une semaine exactement, répondit une voix que je ne m’attendais pas du tout à entendre. Je me suis réveillée avant toi. Et j’étais très fière de ce coup-là. Mais personnellement, Alli! J’aurais été très contrariée que tu te tues pour récupérer cette Pierre. Et encore plus si on aurait ajouté que Rose et Scorp ne soient plus ensemble. Et que mon frère et toi ce soient terminé aussi. Sérieusement, j’aime mieux me réveiller avec aucune autre contrariété qu’avoir été un moyen de pression… et m’être fait avoir aussi facilement.

Je me retournai brusquement vers la gauche et des larmes emplirent mes yeux lorsque je vis qui se tenait dans le lit d’hôpital voisin au mien. Par Merlin, Lily! Ne tenant pas compte de la protestation de Madame Pomfresh, qui se tenait au pied de mon lit, je bondis hors de ce dernier et me précipitai vers la petite sœur d’Albus. Je lui tombai dans les bras et elle me serra dans les siens aussi fort que je le faisais moi-même. Je lâchai avec soulagement :

- J’ai tellement eu peur, Lily. Tout ce qui arrive est totalement ma faute.

- Pas du tout, Alli. Tu n’es pas plus responsable de ce qui m’est arrivée que ce qui est arrivé à mon père et ma tante. C’est la faute de l’autre fou, dit-elle et je sentis de la souffrance dans sa voix.

Je m’écartai d’elle et la regardai attentivement. Son regard n’avait plus la même lueur malicieuse que je lui connaissais. Certes, son ton n’avait pas changé, mais c’était facile de mentir avec la bouche. Je lui demandai en m’assoyant à ses côtés :

- Ça va?

- Ça peut aller, répondit-elle les yeux dans le vague. J’ai beaucoup trop dormi et fait plus de cauchemars que je ne pourrais compter.

La culpabilité me noua la gorge et je ne répondis rien, me contentant de lui prendre la main et de la serrer dans la mienne avec compassion. C’est seulement à ce moment que je me rendis compte que j’étais à bout de souffle. Je m’efforçais tout juste à reprendre un rythme de respiration normale quand on s’exclama à l’autre bout de l’infirmerie :

- ALLI!

Je n’eus aucun mal à reconnaître la voix d’Albus et encore moins la force de ses bras quand il m’attrapa par la taille et me souleva du lit pour me serrer contre lui. J’aurais normalement été très heureuse d’une marque d’affection de cette envergure si ce n’avait été que je manquais déjà d’air.

- Je… J’étouffe! Soufflai-je les yeux exorbités.

- Mr Potter, un peu de retenue, votre amie est très faible! S’écria l’infirmière au même moment.

Al desserra un peu sa prise ce qui me permit de respirer aussi facilement que possible. Il ne me relâcha complètement qu’après m’avoir accompagné jusqu’à mon lit… qui n’était que deux pas plus loin. Après quoi, pendant que je m’installais aussi confortablement que possible sur le lit il me couva du regard avec la même intensité qu’une poule ses petits. Ce qui était plutôt troublant, car je n’avais fait de rapprochement entre Al et une poule auparavant.

Ce n’est qu’après que je remarquai que Scorpius et James avaient suivi le mouvement. Le dernier me jeta un bref regard avant de s’approcher plus du côté du lit de sa sœur. Mais au vu du hochement de tête qu’il m’adressa une fois-là, j’en conclus qu’il était reconnaissant d’avoir retrouvé la Pierre. Scorp vint se placer à côté de Rose dont il prit la main avec un petit sourire avant de me dire le plus sérieusement du monde :

- Tu as vraiment une mine affreuse aujourd’hui, Alli.

- Tais-toi, Scorp! S’exclamèrent Rose et Al en même temps ce qui me fit rire légèrement.

C’est seulement en venant pour me redresser que je compris à quel point j’étais effectivement très faible. J’avais tiqué quand Madame Pomfresh avait dit que je l’étais, car je n’avais rien remarqué sur le coup. Sans doute que l’adrénaline qui m’avait envahi en entendant la voix de Lily avait suffi à me donner l’énergie suffisante pour me propulser hors de mon lit… Décidant de ne pas trop prêter attention à ce détail je regardai Scorp dans les yeux et en haussant un sourcil je dis :

- Contente de voir que tu n’as pas perdu ton sens de l’humour.

- Oh, mais cette fois je suis on ne peut plus sérieux, Alli, affirma-t-il avec son sourire espiègle habituel.

Mes sourcils se froncèrent à nouveau et je le dévisageai sans ciller. Qu’est-ce qu’il voulait dire, au juste? Je jetai un coup d’œil du côté d’Al juste à temps pour voir son regard assassin en direction de Scorp. D’accord, il se passait clairement quelque chose, là. Mais quoi? Je ne saurais le dire. Au moment où je m’apprêtais à poser la question, Lily me coupa la parole pour s’exclamer :

- Hey, Alli!! James m’a dit hier, quand je me suis réveillée, qu’il avait l’intention de fêter mon retour en même temps que mon anniversaire, qui est malheureusement passée, et celui d’Hugo. Tu sais, puisqu’on est à seulement quelques jours de différence. Sauf que lui, du coup, ce sera en avance. Comme d’habitude.

- Et où veux-tu en venir, Lily? Demandai-je en tournant mon regard vers elle.

À voir à quel point elle était surexcitée par l’évènement je supposai qu’elle s’attendait à avoir quelque chose de grandiose. Et j’étais de son avis, car les dernières années la fête de Lily et Hugo étaient l’une des fêtes les plus réussies de notre Maison. Par contre, il n’y avait pas d’alcool, James avait quand même la présence d’esprit de ne pas la permettre à l’occasion de la fête de sa petite sœur et de son plus jeune cousin. Lily venait quand même d’avoir tout juste quatorze ans, alors fallait pas exagérer non plus.

- Où je veux en venir? Dit-elle en fronçant ses sourcils. Eh bien, je veux que tu viennes, qu’est-ce que tu crois!

Je coulai un regard interrogatif du côté de James qui se contenta de hausser les épaules en regardant ailleurs. Mon regard se porta ensuite sur Madame Pomfresh quand je répondis :

- J’adorerais venir, Lily. Mais ça va dépendre de la date de la fête en question.

- C’est dans deux jours, la journée de m’autorisation de sortie! S’exclama-t-elle toute joyeuse.

Je vis immédiatement l’air de Madame Pomfresh se fermer et j’en déduisis que ça s’annonçait mal pour moi. Très mal. Ce fut d’ailleurs confirmé lorsque je vis l’infirmière ouvrir la bouche :

- C’est strictement hors de question, Miss Lévesque! Protesta-t-elle.

- QUOI?! grommelai-je. Lily ne s’est réveillée qu’une journée avant moi et a été plus longtemps dans le coma… et c’est moi qui doit rester ici plus longtemps?! Grondai-je, mécontente.

- C’est injuste! S’écria Lily et du coin de l’œil je la vis croiser les bras.

- Ce n’est pas négociable, persista Madame Pomfresh.

C’est précisément à ce moment que j’eus un regain d’énergie et en même temps la sensation de profondément m’ennuyer devant cette discussion qui revenait sans cesse. Je me sentais aussi horriblement fatiguée malgré que je pourrais sans doute me lever, là, maintenant et me mettre à danser les claquettes (même si je ne sais pas faire ça et d’ailleurs je n’ai aucune idée d’où me provient cet exemple). C’est sans doute pourquoi je sortis d’un ton plaintif :

- Ben là! Vous m’niaisez, hein, Madame Pomfresh?! Parce que là, j’suis tannée de chez tannée. MAIS VRAIMENT TANNÉE. Ça pas d’allure là. C’est quoi s’t’idée de fou là de rien comprendre? On est mal amanché s’y vous avez pas l’intention d’me laisser sortir d’icitte. Parce que j’ai l’intention de sortir dans deux jours avec ou sans votre permission.*

Je la regardai droit dans les yeux avec sérieux avant de me rendre compte que tout le monde autour me dévisageait avec des points d’interrogation dans les yeux. C’est à ce moment seulement que je compris que j’avais parlé en français. En français et plus particulièrement dans mon vocabulaire purement québécois qui ne ressortait sans que je le veuille que dans des situations extrêmement énervantes où j’étais fatiguée. Or, c’était précisément ça en ce moment que je vivais.

- Alli, tu as dit quoi, là? s’enquit Rose.

- Rien d’important, sinon que j’allais sortir d’ici dans deux jours avec ou sans l’accord de Madame Pomfresh, répondis-je en reprenant mon anglais et en croisant les bras.

- Miss Lévesque! S’indigna l’infirmière en fronçant les sourcils.

- J’ai fait des progrès en ne demandant pas à sortir dès aujourd’hui, alors… vous pouvez faire un effort vous aussi, dis-je sans me laisser démonter et en redressant les épaules.

Tous mes amis retinrent leur souffle et dans ce moment de grand silence Albus lâcha tout bonnement au moment précis où Madame Pomfresh s’apprêtait à répliquer quelque chose :

- Tu as parlé comme tes grands-parents!

Il regarda autour de lui et comprit sans doute qu’il avait manqué quelque chose, car il fronça les sourcils en apercevant tout le monde qui le dévisageait. Il demanda en regardant chaque personne présente tour à tour :

- Quoi, qu’est-ce qu’il y a?

- Ton commentaire est un peu en décalé, Al. Et comment, par Merlin, est-ce que tu es au courant que j’ai parlé comme mes grands-parents? Dis-je en dévisageant mon petit-ami avec incrédulité.

- Je… Je les ai écoutés se parler entre eux et tu as utilisé les mêmes intonations dans tes mots, avoua Albus en regardant ses pieds.

Je ne m’attendais tellement pas à cette réponse que j’en restai sans voix, moment que mit à profit Madame Pomfresh pour dire :

- J’accepte que vous sortiez dans deux jours si vous promettez de ne faire aucun effort inconsidéré pendant les journées qui suivront.

- Je vous le promets! Jurai-je rapidement avant qu’elle ne change d’avis. Et je serai sage comme une image d’ici là!

Elle haussa un sourcil qui semblait dire « Oh, vraiment? » ce qui me fit un peu mal de voir qu’elle avait aussi peu foi en moi. C’était vraiment décevant et je n’avais aucune idée du pourquoi elle pouvait avoir une aussi piètre opinion de moi. Avant que je ne puisse m’offusquer de son insinuation muette, elle s’éloigna pour nous laisser entre nous.

Dès qu’elle fut suffisamment loin, et je constatai en la suivant des yeux qu’elle était allée rejoindre mes gardes du corps qui faisaient la statue à l’entrée de l’infirmerie, je regardai Scorp en disant :

- J’ai besoin d’un coup de main.

- De quel genre…? M’interrogea mon ami en fronçant les sourcils.

- Je veux que tu ailles chercher Joshua et Ruby. Je leur dois des explications, soupirai-je.

- Tu vas leur dire alors? S’enquit-il.

- Ouais, pas trop le choix, acquiesçai-je. Et puis, je leur dois bien ça.

Il eut un hochement de tête compréhensif et s’éloigna rapidement. Après m’avoir adressé un regard angoissé Rose s’empressa de le suivre. On s’était dit il y a un moment qu’il valait mieux ne plus le laisser seul.

Je ne trouvai pas la force intérieure pour questionner plus longuement Al sur sa connaissance des intonations de langue maternelle de la moitié de ma famille. Ça aurait été beaucoup trop douloureux d’en discuter, simplement me rappeler mes grands-parents étaient tellement… difficile. Même parler français, même si je ne l’avais pas fait sciemment avait été douloureux une fois que j’en avais pris conscience. C’était comme si on m’avait écrasé bien finement le cœur dans un mortier, il y avait des choses assurément plus amusante que ça.

Quand Rose et Scorpius revinrent enfin en compagnie de ceux que j’avais demandés, Ruby se précipita vers moi avec des yeux remplis d’inquiétude. Arrivée à mes côtés elle s’écria :

- Est-ce que ça va?! J’ai tellement paniquée en te voyant t’effondrer comme ça…

- Ça peut aller… Mais au fait, il s’est passé quoi exactement? M’enquis-je, oubliant complètement le but premier de leur visite.

Rose s’avança et lorsqu’elle fut de nouveau à côté de moi elle dit d’un ton calme qui me démontrait qu’elle était loin de l’être et que les évènements l’avaient grandement affectée :

- Lorsque tu as attrapé la Pierre tu t’es effondrée instantanément, Alli. Ruby et moi on a paniqué et j’ai fait la première chose à laquelle j’ai pensé. J’ai bondi vers toi et j’ai pris la Pierre. Il ne m’est pas venu à l’idée une seconde qu’il pourrait m’arriver la même chose. Ce qui est stupide, car ça aurait très bien pu arriver. Heureusement ce ne fut pas le cas, mais j’ai vraiment eu des difficultés à retirer la Pierre de ton poing fermé. Et tu blêmissais à vue d’œil… Quand je l’ai finalement extraite de ta main… tu paraissais morte. En fait, Ruby a dû te réanimer. C’était vraiment effrayant comme moment, Alli. Enfin, quand tu as commencé à respirer à nouveau j’ai rangé la Pierre dans ma poche et nous t’avons amené ici avec tes gardes du corps. Là, je leur ai aussi remis la Pierre.

Je les regardai complètement bouche-bée pendant de longues secondes avant de lâcher en prononçant très lentement les mots :

- J’étais… morte?

- Peut-être dans le coma très, très près de la mort, mais… Je crois plus qu’en effet tu étais morte, avoua Ruby et j’aperçus des larmes contenues dans ses yeux.

Sauf qu’elle les ravala rapidement et dit avec courage :

- Enfin, ça n’a plus d’importance. Tu es en vie maintenant et en bonne voie pour te rétablir complètement. Et tu nous dois beaucoup d’explications à Josh et moi. Je veux tout savoir sur le comment tu nous as conduit là-bas et sur ce qu’est cette Pierre exactement.

Je pris une grande inspiration et me préparai mentalement à tout leur raconter. Absolument toute l’histoire ainsi que tous ses rebondissements. Je me devais de tout leur partager pour qu’ils sachent à quel point il était important de garder tout ça secret. Car mon don était dangereux quand il tombait entre de mauvaises mains. Et plus les gens étaient au courant, plus ma vie serait difficile.

Quand je me sentis prête, je me lançai dans les explications. Ou plutôt dans la narration. En commençant par mes toutes premières visions qui m’étaient tombé dessus en première année. Je veillai bien sûr à dire que c’était la majorité du temps, ou plutôt tout le temps, des horreurs concernant ma famille et qu’au début je n’avais aucun contrôle dessus. Et que cela m’avait joué des tours bien souvent. Je leur racontai aussi qu’à la base je ne devais le dire à personne, mais qu’au bout du compte en deuxième année Rose, Albus et Scorpius avaient été mis au courant, ainsi que James, Lily et Hugo. Puis dans ma troisième année Malia et Teena l’avaient su à leur tour. Après le dernier à avoir été mis au courant avait été Liam dans ma quatrième année.

J’expliquai aussi, après le résumé des dernières années, tout ce qu’il s’était passé jusqu’à maintenant cette année. Les menaces de Berkeley, ce qu’il représentait et à quel point mon don était dangereux. Je passai toutefois sous silence mon lien avec Albus, car malgré que je tentais réellement de repousser cette idée, j’avais vraiment très peur que Ruby soit liée à tout ça. J’espérais de tout cœur que non, mais Berkeley avait réussi à embobiner plein de gens, alors je ne savais plus que croire.

Je terminai mes très longues explications avec la légende sur les Pierres de Bromeïro et donc tout ce qu’elles impliquaient pour moi. Ainsi que le danger que représentait le fait que Berkeley avait eu quatre Pierres en sa possession. Maintenant le compte était retombé à trois, mais je craignais qu’il les ait toutes trouvées.

Dès que je m’interrompis le silence tomba d’un coup, sans doute le temps qu’ils assimilent toutes ses informations. La personne qui prit la parole fut Joshua et ses mots furent :

- Ça craint vraiment pour toi, Allison. Je ne croyais pas que… tu avais vécu des trucs aussi horribles.

J’aperçus une lueur douloureuse dans ses yeux lorsqu’il prononça les mots « des trucs aussi horribles ». Mon instinct me souffla, pour une raison que j’ignore, que lui aussi devait avoir vécu des trucs horribles. Je réussis à contenir ma curiosité mal placé en me contentant de hocher la tête. Ruby ajouta à ce moment-là :

- Je suis vraiment désolée pour toi, Allison. Mais je te jure qu’à partir de maintenant tu peux compter sur nous. On fera tout notre possible pour t’aider, que ce soit à propos de ton secret ou autre chose. Et si tu veux un coup de main pour botter le derrière à cet enfoiré, Josh peut facilement reprendre un balai et le lui botter, ou lui enfoncer dans le derrière, au choix.

Je ne pus faire autrement et j’éclatai de rire en l’entendant prononcer ces derniers mots, les autres ne tardèrent pas à en faire de même et nous ne nous arrêtâmes que quelques minutes plus tard, à bout de souffle, moi encore plus que les autres.

- Je ne sais pas si ce serait aussi facile que la dernière fois, cela dit, dis-je après un moment de silence.

- Pourquoi tu dis ça? S’étonna Albus. Je n’ai pas trouvé ça si facile que ça…

- Moi non plus! Renchérit Scorp.

Je levai les yeux au ciel avant de poursuivre :

- Aucun de nous n’a été blessé.

- Et alors? Ça veut dire qu’on s’est bien défendu, protesta Rose, mais je remarquai dans ses yeux qu’elle entrevoyait ce que je voulais dire et que ça l’effrayait.

- Chaque fois qu’il s’est battu, Berkeley a fait des victimes. Jamais personne n’est sorti vivant d’affrontement avec lui, fis-je remarquer. Et je ne crois pas que l’on soit plus puissant que tout un groupe d’Aurors.

- Est-ce que tu essaies de nous dire que… Berkeley nous a laissé nous en sortir vivant? S’enquit Scorpius et je le surpris à serrer un peu plus fort la main de Rose.

- C’est exactement ce que je dis. Je crois qu’il ne s’attendait pas à se faire attaquer en traître par Ruby et Joshua, toutefois. En fait, je ne crois pas qu’il se doutait de leur présence à eux. Mais je crois que même sans leur intervention on serait reparti sains et saufs avec Spock. Il savait que j’allais venir le chercher. Je ne l’ai pas remarqué sur le moment, mais la petite note que m’a remis Nesta… Il y avait écrit « Tu as peut-être récupérer ton chien. Tu crois peut-être être victorieuse… ». Je crois qu’à l’époque où il avait Spocky, il avait déjà l’intention et un plan de prévu pour enlever Harry et Hermione. Et je crois que la seule raison pour laquelle il nous a laissé partir, c’est parce qu’il avait l’information qu’il voulait.

- Et c’est quoi cette information? Demanda Joshua.

- Je crois qu’il voulait avoir une approximation du nombre de personne que je pouvais amener avec moi. De ma force, en fait, répondis-je d’un ton rauque.

S’ensuivit un long silence où personne ne trouva la force de le rompre. On n’aurait pu entendre une mouche voler tellement c’était silencieux dans l’infirmerie. Je me sentais assez fatiguée par toutes ses discussions, mais nous avions sans doute plusieurs autres choses à nous dire. En particulier après la bombe que je venais de jeter.

Étonnamment, la personne qui rouvrit le débat fut la plus jeune d’entre nous. Elle s’exclama avec une clairvoyance qui me fit comprendre que je devais réellement avoir les neurones mortes de fatigue pour ne pas m’en être rendu compte par moi-même :

- Si le but de l’enlèvement de Spock c’était de te forcer à dévoiler le nombre de personne que tu pouvais amener avec toi… Ça veut dire qu’il se doutait que tu ne viendrais pas seule. Et pourtant, je suis prête à parier que tu serais venue seule si tu avais pu le faire. Déjà amener Albus, tu n’aimais pas ça. Sauf que Rose et Scorp ne pouvaient pas être mis de côté, car ils t’ont sans doute un peu menacé pour en faire partie. Après, si j’ai bien compris avec ton histoire de tout à l’heure, Joshua et Ruby étaient des éléments imprévus dans ton plan… Il n’y a qu’une seule manière pour que Berkeley sache que tu n’allais pas y aller seule. Il connait la force de l’amitié que la plupart d’entre nous te porte.

Elle fronça les sourcils tandis que tout le monde était pendu à ses lèvres, y compris James. Elle ajouta ensuite sur un ton beaucoup plus faible et tendu :

- Si l’enlèvement de Spock servait à ça… À quoi sert celui de mon père et de ma tante? Est-ce vraiment un simple moyen de pression pour que tu fasses ce qu’il veut ou est-ce qu’il cherche un moyen de te tester à nouveau?

Je restai à nouveau sans voix par ce qu’elle amenait comme raisonnement. Et cela m’effrayait, car en ce moment je savais exactement pourquoi il avait enlevé les parents de mes amis. Enfin, mon parrain et ma marraine. Harry et Hermione. Peu importe. Je commençais enfin à comprendre ce qu’il cherchait à faire. Je m’exclamai en frappant le matelas de mon poing :

- Le salopard!

- J’ai manqué un épisode? S’enquit Ruby en fronçant les sourcils.

- Berkeley a deux Pierres avec lui à l’endroit où il détient ma mère et mon oncle, expliqua Rose et je trouvai à nouveau cela étonnant sa manière de parfaitement deviner le cours de mes pensées au moment les plus cruciaux. Et il sait qu’Alli ne restera pas les bras croisés et qu’elle voudra les délivrer, comme pour Spock. Ce qui implique énormément de risque, car elle ne pourra décemment pas y aller seule. Et plus elle emmène de personnes, plus c’est dangereux. Surtout avec les Pierres qui entrent en jeu.

Je la remerciai du regard et affirmai :

- Rose a raison. Enfin, elle a compris ce que j’avais en tête. À quelques détails près. On ne me permettra pas d’y aller seule et certainement pas sans des adultes. Et comme je sais déjà que je n’aurai pas le choix d’entrainer ces trois-là (je pointai Al, Rose et Scorp du doigt) ainsi que mes gardes du corps… Ça fera déjà plus de gens que lors du voyage pour Scorp. Et à ce moment il n’y avait pas l’effet d’aucune Pierre. Or, là-bas, il y en a deux. Il veut tester mes capacités à leur plus extrême limite. Sans doute pour voir si je suis capable de remonter plus de dix-neuf ans en arrière. Et ce, même au risque de me tuer.

- Le salopard, répéta Al en crispant ses poings et je vis sa mâchoire se crisper aussi, signe qu’il était définitivement en colère. Je le répète, je vais le tuer. Il est un homme mort, Alli.

- Ne me retire pas la satisfaction de le faire par moi-même, Al. Je ne te le pardonnerais pas, le taquinai-je tout en étant très sérieuse.

Si quelqu’un méritait de tuer Berkeley c’était moi. Et uniquement moi. Ils avaient assassinés l’entièreté de ma famille, fait du mal à mon chien et la cerise sur le gâteau il avait enlevé mon parrain et ma marraine. Il me le paierait et si je devais mourir en le tuant, alors soit. Au moins je serais vengée.

Je dodelinai de la tête en sentant mes paupières devenir très lourde. J’entendis la voix d’Albus dire quelque chose, mais sans comprendre. Je lâchai en rouvrant les yeux aussi grands que je le pouvais et en redressant la tête :

- Hein?! Qu’est-ce que tu as dit?

- Rien d’important, m’assura-t-il avec des yeux doux. Je crois qu’on va te laisser te reposer maintenant et on reviendra demain matin.

- Avec mes devoirs, précisai-je en sentant mes paupières s’alourdir à nouveau.

- Avec tes devoirs, acquiesça Rose et je voyais mentalement ses yeux rouler dans leur orbite.

- Tu ferais pareil, la tançai-je d’une voix morne, mais qui se voulait taquine et affectueuse.

- J’ai pas dit le contraire, me gourmanda-t-elle.

Elle s’approcha encore plus de moi et quand elle me serra dans ses bras je compris à quel point, et sans l’ombre d’un doute, qu’elle avait eu une peur panique de me perdre. Je ne sais pas comment je réagirais moi, si je devais perdre Rose. En plus de tout ce que j’avais déjà perdu… Je crois que je deviendrais folle. Je ne pourrais pas le supporter.

Avant de partir Albus déposa un baiser sur mon front, me prit la main une seconde pour y mettre une pression réconfortante et s’en alla après m’avoir souhaité un bon sommeil. Je lui répondis en marmonnant et dès que les bruits de leur pas s’atténuèrent je m’endormis en relâchant tous mes muscles d’un coup, ce qui, je le supposais, fit en sorte que ma tête retombe sur mon oreiller dans un bruit mou.

Quand je me réveillai le lendemain, j’étais courbatue. Je lâchai un bâillement tonitruant et m’étirai de tout mon long. En ouvrant complètement les yeux et en regardant autour de moi je remarquai à ma plus grande honte que je n’étais pas seule. Et que j’avais fait tout ça devant… mon professeur de botanique et Directeur de Maison. Oh non, par Merlin… C’était pas sérieux! Je lâchai d’un ton très incertain :

- Professeur Londubat… Quel plaisir de vous voir en ce bon matin…

- Bon réveil à vous, Miss Lévesque, dit-il avec un pétillement d’amusement dans les yeux. Je dois toutefois vous informer qu’on est en plein après-midi.

- Quoi?! m’écriai-je. Mes amis ne sont même pas venu ce… commençai-je avant de jeter un œil sur ma table de chevet et y découvrir mes livres et autres accessoires scolaires, ainsi qu’une note écrite de la main de Rose où je pus lire tous les devoirs que j’avais à rendre.

Je crois qu’à ce moment, mon professeur eut beaucoup de mal à garder son sérieux, car j’aperçus ses épaules tressauter. Je fronçai les sourcils en reportant mon regard sur lui et je demandai :

- Il faut absolument que je me mette à mes devoirs. J’ai déjà beaucoup trop de retard.

- Je crois que mes collègues et moi-même sommes à même de juger que votre cas est exceptionnel. Et que vous ne vous êtes pas mise dans cette situation en vue de ne pas faire vos devoirs.

- Je n’aime pas les traitements de faveurs, professeur Londubat. Et je déteste être en retard. L’avance c’est toujours bien mieux!

Il leva les yeux au ciel, mais conserva un sourire rassurant et amusé. Il me dit toutefois avec de l’excuse dans la voix :

- Je suis navré de vous dire que vous ne pourrez pas faire des devoirs immédiatement, Miss Lévesque.

- Pourquoi? m’étonnai-je sur un à moitié geignard.

- Car aujourd’hui nous devons parler de votre avenir tous les deux.

- Si j’en ai un, marmonnai-je pour moi-même avant de comprendre ce qu’il venait de me dire. Attendez… Vous voulez dire que ma rencontre pour des conseils d’orientation avec vous c’était aujourd’hui?

- En effet. Et comme vous vous trouvez à l’infirmerie j’ai jugé bon de venir vous rejoindre ici. Ensuite, Madame Pomfresh a eu la gentillesse d’accompagner Miss Potter pour un petit tour de reconditionnement.

Je fronçai malgré tout encore plus les sourcils. Je trouvais inconcevable et inacceptable qu’aucun de mes amis ne m’aient réveillée dans la matinée! Je poussai un soupir frustré et à ce moment le professeur Londubat reprit la parole :

- Votre amie Miss Weasley voulait vous réveiller ce matin, à ce que m’a dit Madame Pomfresh, mais cette dernière lui a recommandé de ne pas le faire, car vous aviez besoin de beaucoup de repos après ce qu’il s’est produit une semaine plus tôt.

- Ah… fus la seule chose que je trouvai à dire.

J’étais rassurée de voir que Rose avait désiré me réveiller. Elle savait à quel point je détestais faire la grasse matinée quand j’avais plein de devoirs en retard. Je ne me le permettais jamais, je préférais plutôt passer une nuit blanche à la place.

Je réfléchis alors à la raison pour laquelle le professeur Londubat se trouvait ici et je me sentis honteuse. De toutes mes vacances je n’avais pas touché une seule fois aux dépliants que j’avais choisis au hasard ou presque avant de partir. Je n’avais pas la moindre idée de ce que je voulais faire plus tard. Ni même si cela servait à quoi que ce soit de prendre une décision compte tenu que je ne vivrais peut-être pas suffisamment longtemps pour en profiter. Je me mordis légèrement les lèvres en disant :

- Je… Je n’ai aucune idée de ce que je pourrais bien faire plus tard, professeur. Je n’ai pas encore réellement eu l’opportunité d’y réfléchir.

En grosse partie, car je ne suis pas certaine d’avoir seulement droit à un avenir, ajoutai-je intérieurement. Pourquoi aurais-je songé à mon futur autrement qu’en songeant au fait que j’allais devoir me mesurer à Berkeley un jour ou l’autre? Et qu’à ce moment soit je réussissais à le vaincre sans mourir ou je me sacrifiais pour l’empêcher d’accomplir ses petits projets. C’était mes deux seules manières d’envisager mon avenir. Et comme je ne croyais pas aux scénarios sans victoire, je connaissais parfois le coût qu’avait la victoire. Je n’étais pas comme James T. Kirk dans le film Star Trek de 2009. Je savais que la défaite ne signifiait pas une absence totale de victoire. Que parfois, il fallait perdre soi-même pour obtenir la victoire aux autres. Être prêt à faire des sacrifices, parfois ultime, pour ceux à qui on tenait ou qu’on se devait de protéger.


*N.A: Pour la partie avec quelques termes atypiques à beaucoup d'entre vous, voici ce que ça l'aurait donné si j'avais utilisé des termes plus généraux: Ben là! Vous plaisantez, n'est-ce pas, Madame Pomfresh?! Parce que j'en ai vraiment assez. MAIS VRAIMENT ASSEZ. Ça n'a aucun sens. C'est quoi cette idée de fou de ne rien comprendre? On est vraiment mal si vous n'avez pas l'intention de me laisser sortir d'ici. Parce que j'ai l'intention de sortir dans deux jours, avec ou sans votre permission. Si vous voulez une définition précise des mots, vous pouvez toujours me le demander, car la réécriture ne donne pas avec exactitude le sens des mots que j'ai employé.
Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Je fus ramenée à moi, après mon moment de rappel nostalgique du film que je n’avais pas regardé depuis bien longtemps, par le professeur Londubat qui me dit avec un sérieux et un sang-froid incroyable :

- Vous avez l’avenir devant vous, Miss Lévesque. Et avec vos résultats académiques je ne doute pas que toutes les portes vous seront ouvertes.

- Je n’ai pas de si bon résultat en Divination, professeur.

- Vous êtes tout de même la meilleure de votre classe en cette matière, rétorqua-t-il en haussant un sourcil. Et dans toutes les autres vous vous tenez au même niveau que votre amie, Miss Weasley. Et Mr Potter et Mr Malefoy ne sont pas très loin derrière. Vous avez énormément de potentiel, Miss Lévesque. Ne vous rabaissez pas, ce n’est pas la bonne attitude à employer.

Je compris immédiatement le sous-entendu de sa phrase. Dans ma situation, je ne devais pas me rabaisser ni me surestimer. Il fallait que je m’assure d’être exactement au bon niveau de confiance pour pouvoir contre-attaquer sans me bercer d’illusion et risquer de tout gâcher. C’était quand même un peu triste de voir que tous mes professeurs savaient qu’un jour ou l’autre je serais amené à vaincre l’ennemi numéro un de notre époque et que j’avais été la dernière à être au courant de cet état de fait. Vraiment navrant.

- À quoi est-ce que ça sert que toutes les portes me soient ouvertes si une fois rendue là je ne sais pas laquelle choisir? M’enquis-je en sentant une nouvelle angoisse s’ajouter aux autres, celle concernant mon avenir dans lequel je ne mourrais pas.

- Eh bien, c’est à cela que sert notre rencontre d’aujourd’hui, Miss Lévesque. Et par la même occasion voir quelles matières vous devrez continuer à étudier au cours de votre sixième et septième année.

Si je me rends jusque-là, pensai-je mentalement avec un ton amer. Je n’avais pas coutume d’être pessimiste, mais avec tout ce que nous avions compris la veille mes amis et moi… le moral avait déjà été plus haut, disons.

- Cela dit, je n’ai toujours pas d’idées, professeur, soupirai-je en laissant retomber mes épaules. J’ai déjà de la difficulté à me dire que l’année s’achève et que je ne sais pas si ça sert à quelque chose d’étudier pour mes B.U.S.E puisqu’il se pourrait que je ne sois même pas là pour les passer! Grommelai-je ensuite.

Il fronça les sourcils en m’entendant prononcer la dernière phrase, mais il ne dit rien. Se contentant de sortir des dépliants de la pochette intérieure de sa veste, il y en avait un de couleur bleu clair, un deuxième d’un rouge éclatant, un autre de couleur sombre et un dernier d’un gris entre le foncé et le clair qui faisait très sérieux. Il se leva alors de sa chaise et en me les déposant sur les cuisses il dit :

- Je suis certain que vous serez parmi nous pour vos examens, Miss Lévesque. Ayez confiance. Maintenant, voici quatre voies que nous pensons susceptibles de vous convenir. Le professeur McGonagall, certains de vos autres professeurs et moi-même en avons discuté lors d’une rencontre en se doutant que vous n’y auriez sans doute pas réfléchie au vue de tous les… récents évènements.

Et anciens, continuai-je intérieurement à sa place. Ils s’étaient passés tellement de choses cette année que je pouvais facilement la qualifié de la pire de toute mon existence. Malgré quelques évènements heureux éparpillés dedans, ils ne rattrapaient pas le reste.

Je pris entre mes mains les différents dépliants, cherchant à comprendre pourquoi il y avait quelque chose qui clochait avec le fait que j’avais quatre voies possibles. Peut-être était-ce à cause du fait que moi j’en voyais cinq? L’une où je n’avais simplement aucun avenir. Ok, Allison, il faut que tu te reprennes, me morigénai-je. Ça suffit, de s’apitoyer sur ton sort comme ça. Je pris une grande inspiration et lâchai avec détermination :

- D’accord, je vais survivre et faire mes examens. Maintenant, présentez-moi mes options.

- Pour commencer, il y aurait eu possibilité d’ajouter un cinquième dépliant à vos choix de carrière. Je n’ai toutefois pas trouvé très pertinent de l’ajouter, car… en fait il n’y a pas de réel dépliant pour cette carrière, car elle est plutôt incertaine et ne se base pas réellement sur l’aptitude académique.

- Et de quoi s’agit-il? M’enquis-je curieuse.

- Le Quidditch professionnel, dit-il avec sérieux et je manquai avaler ma salive de travers.

- Le Quidditch? Sérieusement? Mais je ne suis même pas… commençai-je sauf qu’il me coupa.

- Madame Bibine semble trouver que vous possédez une bonne technique et qu’en vous entraînant davantage dès maintenant vous sauriez facilement gravir les échelons. Toutefois, c’est une carrière bien incertaine. Et malgré que je trouve aussi que vous volez avec une aisance parfaite, il serait préférable d’envisager d’autre option. Dans un cas où cela ne serait pas possible.

Je pris un moment pour réfléchir à cette possibilité. Faire carrière dans le Quidditch. Je me voyais déjà en train de passer le plus clair de mon temps à m’entraîner avec mon équipe et à faire match après match et en sortant victorieux ou non, mais joyeux à l’idée d’avoir joué. Soudain, ma petite bulle éclata lorsque je pris conscience que je visualisais les visages des joueurs de Quidditch de mon équipe présente à la place des hypothétiques futurs joueurs professionnels. La réponse à la question du si oui ou non je voulais en faire carrière s’imposa bien rapidement à partir de là.

- Je ne crois pas que je voudrais en faire carrière de toute manière, professeur, dis-je, songeuse. Je suis douée, car je suis avec d’autres joueurs doués. Et qu’on se comprend tous parfaitement sur le terrain. Par ailleurs, c’est surtout mon plus grand loisir et je ne voudrais pas ternir mon bonheur de jouer en y ajoutant du stress.

- Sage décision dans ce cas, mais je crois que vous vous sous-estimez à nouveau pour votre niveau de jeu, décréta-t-il. Passons donc à vos autres possibilités. Humm… L’une des premières qui nous est venue à l’esprit c’est une carrière dans la justice magique. Et plus spécifiquement le Magenmagot. Votre mère elle-même nous avait laissé une note concernant les carrières où vous auriez d’ores et déjà d’excellente aptitudes. Nous nous sommes tous accordé pour dire que vous aviez une tendance singulière à l’obstination et à la contradiction. Vous ne lâchez le morceau qu’une fois que vous aviez prouvé avoir raison ou constatez votre tort, ce qui est plutôt rare. Vous pourriez facilement vous qualifier pour la défense. En cela, vous ressemblez beaucoup à votre mère.

- Ma… ma mère? Elle… elle a parlé de tout ça avec vous? M’étonnai-je en sentant ma voix devenir rauque et mes yeux s’embuer.

Le professeur Londubat afficha immédiatement un air profondément empathique à mon égard et je me sentis frustrée de me montrer dans un tel état de faiblesse. Je ravalai courageusement mes larmes et lâchai :

- Je ne sais pas si je pourrais, je suis un peu trop impulsive, je crois. Ça pourrait poser problème à la longue.

- Humm… Le sujet de votre impulsivité est aussi venu dans la discussion, mais nous croyions tous qu’avec le temps vous parviendrez à contrôler cet aspect de vous.

- Peut-être bien, admis-je en haussant les épaules.

- Donc, voilà pour le Magenmagot, dit-il et il me désigna le dépliant au gris entre le foncé et le clair. Toutes les informations de base que vous pourriez avoir besoin se trouve dans ce dépliant. Pour des informations supplémentaires, n’hésitez pas à venir voir n’importe lequel d’entre nous.

Je hochai silencieusement de la tête en prenant entre mes mains le dépliant gris. J’ignorais si je me voyais réellement en faire partie, cela dit ils avaient raison concernant ma tendance à être obstiner et à contredire tout et tout le monde. Mais était-ce réellement un avantage? Pourtant, le fait que ma mère ait elle-même fait ce métier… ça rendait les choses tellement plus personnelles et intéressantes. Ce serait un moyen simple de montrer que j’étais digne d’elle.

Je me concentrai à nouveau sur mon professeur et d’un signe de tête lui indiquai qu’il pouvait poursuivre. Un petit sourire étira ses lèvres et il entama :

- Bien, les deux prochains que j’ai à vous présenter sont d’une certaine manière semblable. Le premier étant la police magique du Ministère et le second le métier d’Auror. Vous êtes excellente en Sortilège, en Défense contre les Forces du Mal et en Métamorphose. Sans oublier vos autres cours, évidemment. De ce point de vu, vous êtes une candidate parfaite pour l’une de ces deux voies. Malgré que le métier d’Auror soit bien plus dangereux et risqué.

Il n’avait pas besoin de me le rappeler. Mon père était mort. Ana était morte. Et ceux qui devaient protéger mes grands-parents étaient morts aussi. Ouais, le métier d’Auror était dangereux. Sauf qu’étrangement une étincelle d’envie s’anima en moi.

- Cela dit, poursuivit mon professeur sans se douter du cynisme qui avait pris place dans ma tête. Vous avez déjà connu bien des douleurs et évènements que certains Aurors n’ont encore jamais vécus et espèrent ne jamais vivre. L’expérience que vous possédez déjà à votre âge est donc louable. Par ailleurs, votre père était Auror, vous devez l’avoir dans votre sang, cette flamme qui vous attire irrésistiblement vers le danger…

- Je ne peux pas dire le contraire, professeur, dis-je avec un petit sourire auquel il répondit. Je crois que j’aimerais bien le métier d’Auror, affirmai-je ensuite, songeuse.

Je n’avais pas connu mon père et sans que cela soit réellement ce qui m’intéressait du métier d’Auror, je crois que ça me confortait dans ma décision. J’aimais bien le goût du risque, c’était l’une des raisons pourquoi j’aimais autant le Quidditch et que je n’avais pas abandonné même après mes accidents et avec le don que j’avais qui pouvait tout faire planter. Après quoi je devais beaucoup à des Aurors et je n’aimais pas les injustices. Et j’étais plutôt douée pour résoudre certains problèmes. Pas tous, évidemment. Je n’étais pas infaillible et parfaite.

- Dans ce cas vous aurez besoin d’obtenir au moins cinq A.S.P.I.C. avec la mention « Efforts Exceptionnels », mais en me fiant à vos résultats actuels je n’ai aucun souci vous concernant. Toutefois, la formation d’Auror dure trois ans et comporte plusieurs tests d’aptitude et de personnalité. Mais comme vous ne semblez pas vraiment atteinte par l’ennui des études, je crois que vous n’aurez pas vraiment de problèmes avec ces trois années supplémentaires.

- Je ne crois pas, mais ma personnalité sera peut-être un problème. Mon impulsivité, encore, dis-je en soupirant de dépit.

- Il y a eu des précédents, m’assura-t-il ce qui me porta à le dévisager. Votre parrain n’a pas toujours agi avec sa tête, Miss Lévesque. Il a eu son lot de décision hâtive causé par un élan d’impulsivité. Et cela ne l’a pas empêché de devenir Auror.

- Peut-être, mais il a tué Voldemort, fis-je remarquer et c’est à peine si je portais attention à son frissonnement quand je prononçai le nom de l’ancien Seigneur des Ténèbres.

- Peu importe, trancha le professeur Londubat. Vous aurez besoin de poursuivre dans les matières suivantes, de préférence. En commençant par le cours de Défense contre les Forces du Mal, les cours de Métamorphose, de Sortilège et de Potion. Suite à quoi, vous pourrez poursuivre dans ce que vous voulez.

Je pris la peine de réfléchir un moment tout en prenant en main le dépliant de couleur sombre qui était pour les aspirants Aurors. Il me désigna le rouge éclatant comme étant pour la police magique. Je secouai pourtant la tête. Je préférais le métier d’Auror pour ma part. J’avais l’impression qu’il y avait plus d’actions et ça me permettrait de faire quelque chose qui pourrait rendre fier mon père, qu’il puisse me voir ou non, peu importait. C’était l’intention qui compte.

Quand il me montra le dernier dépliant, le bleu clair, il dit :

- La dernière proposition que je vous offre est une idée d’Hagrid. Et nous avons tous confirmés que ce pourrait être judicieux au vue de votre tendance à prendre des risques pour vos animaux. Nous parlons donc bien sûr de la magizoologie. Et du métier de magizoologiste, évidemment.

- Comme le célèbre Norbert Dragonneau? M’étonnai-je en ouvrant des yeux ronds.

- Effectivement, acquiesça mon professeur de botanique en riant légèrement. Vous pourriez travailler avec des animaux fantastiques comme vous n’en avez jamais vu ainsi que des dragons.

Mon attention s’éveilla complètement au mot dragon et j’absorbai instantanément toutes les informations que m’offrit le professeur Londubat. Il avoua que ce n’était pas une branche facile du ministère et qu’il me faudrait me battre bien souvent pour obtenir des subventions concernant les animaux fantastiques, car le Ministère n’y accordait pas nécessairement autant d’importance qu’il le faudrait. Ce à quoi il ajouta que c’était aussi un métier assez dur physiquement et hautement imprévisible, exactement comme la carrière d’Auror. Il précisa ensuite que les matières importantes dans ce métier étaient les Potions, la Botanique et les Sortilèges, ainsi que la Défense contre les Forces du Mal, car certaines créatures étaient plutôt maléfiques.

Quand il finit par s’en aller, j’avais la tête pleine d’information et de questionnement sur mon avenir. Allais-je choisir la voie d’Auror ou de magizoologiste? Les deux m’intéressaient et j’avais le sentiment que je pourrais apporter quelque chose aux deux de manière bien différente. Et ça rendait le choix d’autant plus difficile. Mais en même temps je n’avais pas à choisir tout de suite. Tant que je conservais ma moyenne de résultat, je pouvais faire ce que je voulais. Tout ce que je devais faire, c’était de choisir toutes les options qui me permettaient d’arriver aux deux choix à la fin. Ce qui me laisserait deux ans pour choisir entre les deux, je devrais bien être capable de trancher d’ici là, non?

Le lendemain je pouvais enfin sortir de l’infirmerie! J’avais profité du reste de ma journée la veille et de ma matinée ainsi que de mon après-midi d’aujourd’hui pour avancer mes devoirs, Madame Pomfresh ayant strictement refusée que je retourne en classe aujourd’hui. Maintenant, je me trouvais dans mon dortoir en compagnie de Malia, Teena et Rose, et nous discutions allègrement en attendant que tout soit installé en bas pour la petite fête. Al et Scorp se trouvaient dans le dortoir du premier puisqu’ils ne pouvaient pas monter de notre côté. Oh, on aurait pu les rejoindre de l’autre côté, mais j’avais du temps à rattraper avec Malia et Teena. Après mon réveil tardif et que je me sois rendormi, je n’avais plus eu droit à aucune visite autre que celle du professeur Londubat. C’était le compromis que j’avais obtenu de Madame Pomfresh pour pouvoir sortir plus tôt qu’elle ne le souhaitait.

Malheureusement pour moi, si j’avais réussi à éviter le sujet « Albus » et la sortie de la douche au retour des vacances, Teena eut tôt fait de me demander des renseignements dès que j’arrivai avec elle dans notre dortoir. Donc, en résumé on passa l’entièreté de notre moment à parler de ce moment très gênant lorsqu’il était partagé, mais absolument merveilleux en privé. Privé, même avec un chien qui vous bondi sur les jambes à répétition.

Dès qu’arriva dix-neuf heures, on entendit la voix tonitruante de James s’exclamer :

- TOUT EST PRÊT! QUELQU’UN PEUT ALLER LES CHERCHER?

À sa sortie, Lily était immédiatement parti en compagnie d’Hugo se balader dans tout Poudlard en attendant que son frère ait fini de tout préparer. Lily n’avait pas vraiment été déçue, car depuis qu’elle était à Poudlard, ça se passait toujours comme ça.

Les filles et moi nous descendîmes alors les marches quatre à quatre et je fus estomaquée comme à chaque fois par le savoir-faire de James en matière de fête. Il y avait des banderoles au couleur des Gryffondors accrochés partout, ainsi qu’à intervalle régulier des photos version sorcier de Lily et Hugo. Un endroit on voyait une petite rouquine qui adressait une grimace à la caméra. Sur une autre c’était les deux cousins qui se bataillaient. Encore une autre, on voyait Hugo le nez plongé dans un livre, couché sur le dos et la tête en bas, il relevait ensuite la tête en remarquant sans doute l’appareil photo braqué sur lui et foudroyait cette personne du regard. Le livre était une bande-dessinée moldue.

Sur toutes les photos, ils semblaient heureux et pleins d’entrain. C’était bon de les voir comme ça, parce qu’avec une Lily inconsciente et un Hugo dépressif, ça n’avait pas été très joyeux dernièrement. Sur l’une des tables basses de la Salle Commune il y avait une petite pile de cadeaux. J’allai y déposer rapidement mes deux petites boîtes que j’avais pensé à prendre avant de descendre. Rose en fit de même.

Albus et Scorpius nous rejoignirent à ce moment. Je pris la main d’Al automatiquement dans la mienne en regardant le reste des décorations. Il y avait un peu partout des rappels de tout ce que les deux aimaient faire, tant leurs passions communes qu’individuelles. Ici et là, il y avait des petits messages ou citations leur étant adressé. Et bien sûr, ce n’était pas tout. Car James ne faisait pas seulement dans le sentimental.

Quand Hugo et Lily entrèrent dans la Salle Commune, les décorations changèrent du tout au tout ou presque. Les banderoles devinrent phosphorescentes, les lumières normales s’éteignirent et des rayons de lumières se mirent à jaillirent de partout. Et c’était sans compter les millions de petits confettis qui leur tombèrent dessus et inondèrent notre Salle Commune. Je remarquai d’ailleurs avec stupeur qu’il y avait en miniature sur chacun d’eux soit une Lily qui grimaçait ou un Hugo qui grimaçait aussi. La musique s’enclencha au moment où la porte se refermait en larguant une pluie de confetti en dehors de la Salle Commune. Et dès cet instant la fête battit son plein.

James passa une bonne partie de l’heure qui suivit à tendre des pièges à tout le monde ce qui amusa grandement sa sœur, car parfois certains des Gryffondors devenaient vert, rouge, bleu ou rose fluo. C’était tellement inattendu que chaque fois tout le monde éclatait de rire. Il alla même jusqu’à réutiliser la poudre qu’il avait mis dans les cheveux de Scorpius, mais cette fois dans ceux de sa sœur et d’Hugo. La première se retrouva avec des cheveux bleu ciel et argent qui clignotait, tandis qu’Hugo avait des cheveux orange fluo et rouge qui en clignotant donnait l’impression que c’était des flammes.

Environ vers vingt-et-une-heure, la musique baissa d’un ton et James bondit sur une table basse pour se mettre en évidence. En mettant ses mains en porte-voix il réclama le silence avant de demander, toujours en criant :

- ALORS, GRYFFONDORIENS? EST-CE QUE VOUS VOUS AMUSEZ?

OUI! Hurla tout le monde en cœur. Sauf Al et Scorpius qui lâchèrent à tour de rôle :

- Plus qu’à ma propre fête, en tout cas.

- Je ne suis pas un Gryffondor, mais je m’amuse assez bien…

Rose et moi on rigola un peu dans notre coin avec nos deux amis, Teena et Malia partagèrent aussi notre hilarité, jusqu’au moment où James reprit, mais d’un ton plus calme :

- Maintenant, je crois qu’on peut laisser ma sœur et mon cousin ouvrirent leur cadeau. Et après… on mangera le gâteau!

Il y eut plusieurs cries enthousiastes, car James ramenait toujours d’excellent gâteau pour les anniversaires. Même pour celui de son frère, sauf qu’en général il choisissait une saveur que ce dernier n’aimait pas vraiment. Ce qui enrageait Al à chaque fois. Et qui amusait presque tous les autres. Cela dit, Albus m’avait révélé un an plus tôt qu’il ne détestait qu’une seule saveur de gâteau en particulier et que la majorité des autres il faisait semblant de ne pas aimer ça pour conduire son frère à lui jouer « un mauvais tour ». Donc, les deux dernières années, Al avait joué la comédie en disant qu’il n’aimait pas ça et en réalité non seulement avait-il mangé un morceau, mais il en avait aussi pris d’autre clandestinement pour les manger plus tard. J’avais bien ri en l’apprenant et je me demandais bien quelle saveur James allaient prendre son gâteau cette année.

Tous les élèves présents pour la fête s’approchèrent de l’emplacement des cadeaux où se tenaient déjà Lily et Hugo, assis sur les fauteuils très confortables de notre Salle Commune. James se posta derrière eux avec un sourire de grand gamin et leur tendit à chacun une boîte de taille normale en disant :

- J’espère que vous apprécierez…

Les deux cousins froncèrent des sourcils en retirant l’emballage, jusque-là rien de bien spectaculaire, c’était une boîte brune toute simple. Pourtant au moment où leur main toucha l’un des coins de la boîte en ayant pour but de l’ouvrir, celle-ci s’ouvrit d’elle-même. Ce qu’elle dévoila était presque impossible. La boîte était beaucoup plus grande de l’intérieur que de l’extérieur, mais ce qui était vraiment incroyable était le contenu. De ce que je pouvais en juger, c’était un ensemble complet des petits mélanges que James avait fabriqué pour faire ses farces et autre tout au long de sa scolarité. Il leur expliquait même comment s’y prendre pour en fabriqué d’autre à leur image.

Si je me fiais à la lueur malicieuse dans le regard de Lily et l’air très intéressé d’Hugo, ils avaient déjà des idées de comment ils s’en serviraient. Et ces deux-là, quand ils étaient réunis, c’était très dangereux. Mais alors là, très dangereux. Avec tout cet armement, il risquait de créer plus de troubles que James. Enfin… presque.

Dès qu’elle eut absolument tout analysé ce qui se trouvait à l’intérieur de sa boîte, Lily bondit sur ses pieds et se jeta dans les bras de son frère pour le serrer très fort en le remerciant chaudement. Al me glissa à l’oreille :

- Moi j’aurais eu l’intégralité de sa boîte sur la tête en guise de cadeau.

J’eus un petit sourire amusé, avant de lui donner un coup de coude. Ce n’était pas le moment je me mette à rire aux éclats ou même qu’il attire l’attention sur lui. James serait bien capable de le faire immédiatement et de ne pas attendre à sa fête. Je m’imaginai soudainement Al avec ses cheveux emmêlés devenus multicolores et qui clignoteraient frénétiquement. Il serait devenu un vrai clown, ça c’est sûr. Je pouffai silencieusement et mon petit-ami fronça les sourcils en me dévisageant. Je me contentai de lui faire une grimace moqueuse.

Les cadeaux s’enchaînèrent alors. Rose leur offrit un livre très rare sur les créatures mythologiques qu’elle avait trouvé à Pré-au-Lard à l’automne. Les deux eurent un grand sourire réjoui en feuilletant les pages. Je ne savais pas ce qu’ils y avaient vu, mais apparemment c’était intéressant!

Ensuite ce fut le tour d’Albus qui leur donna entre autres des sucreries dont ils raffolaient, mais aussi un itinéraire pour une destination inconnue (du moins pour eux, car d’après ce que je pus en voir, je connaissais très bien cet endroit, pour ma part). C’était une sorte de petite chasse au trésor, un peu dangereuse, car elle conduisait dans la Forêt interdite, mais dans un coin plutôt calme. Et où se trouvait une vieille cabane que nous avions construite Rose, Al, Scorp et moi en quatrième année. Lily et Hugo étaient reconnus pour aimer relever des mystères. Ils furent donc très contents de cette opportunité de laisser libre-court à leur envie de découverte et de recherche, d’autant plus que pour cette fois-là, il y avait un peu de risque. Albus s’assura toutefois qu’il prendrait toutes les précautions qu’il avait notées sur les parchemins à côté. Ils lui assurèrent que oui.

Un moment après, ce fut mon tour. Je m’approchai d’eux avec mes deux petites boîtes et la leur tendit en souriant, légèrement moqueuse, car il regardait la petite boîte avec suspicion.

- Vous ne pensez quand même pas que je l’aurais piégé, dites? Lâchai-je après quelques secondes, amusée.

- Non, assura Lily. Je me demande simplement c’est quoi. J’étais certaine que tu nous donnerais un livre, comme Rose.

- Tu insinues que tu savais déjà ce que j’allais vous donner?! S’indigna ma meilleure amie en ouvrant de grands yeux outrés.

- Oui, acquiesça Lily avec un petit sourire moqueur.

- Et que j’allais vous donner la même chose? Ajoutai-je en fronçant les sourcils.

- Eh bien, Rose et toi vous aimez beaucoup lire… tenta Hugo.

Mes yeux se plissèrent légèrement et je susurrai :

- Dans ce cas, j’espère que vous ne serez pas déçu par mon cadeau. Ce serait dommage de vous décevoir…

Je formulai ma dernière phrase en levant les yeux au ciel. Je ne donnais des livres en cadeau qu’aux personnes que je savais qu’ils l’apprécieraient et quand le sujet pouvait les intéresser. Sinon, je ne donnais pas de livre.

Ils me dévisagèrent un moment avant de se mettre à déballer leur cadeau avec réticence, comme s’ils croyaient effectivement que je les avais piégés ou je ne sais trop. Je croisai les bras et me retins pour ne pas sourire, car sinon ils auraient effectivement soupçonné un piège. Mais leur réaction était beaucoup plus drôle en ce moment que si ça avait effectivement été le cas! Quand ils retirèrent finalement le dessus de la minuscule boîte, je vis leurs yeux s’arrondirent de surprise.

Leurs cadeaux à tous deux m’avaient un peu causé des ennuis. Tout d’abord je les avais achetés pendant l’été en songeant que ça leur irait bien, mais sans trop savoir ce que je pourrais d’autres pour que ce soit réellement hors du commun. Après tout, malgré que ces bagues avec une tête de lion fussent vraiment magnifiques, celle de Lily étant un peu plus longiligne et élégante contrairement à celle d’Hugo qui était plus masculine, il manquait un petit quelque chose pour que cela soit réellement spéciale. Et l’idée complémentaire à leur cadeau m’était venue alors que je travaillais sur la Carte du Maraudeur, mais surtout lors de la confection des Cartes des Marcheurs d’Ombres. Là, ça avait été fabuleux.

Lily glissa rapidement la bague à son doigt malgré la petite chaîne en or qui se trouvait dans le fond de la petite boîte. Hugo quant à lui glissa la bague dans la chaîne avant de passer cette dernière autour de son cou. Les petits lions aux yeux d’émeraude (leur pierre de naissance) avaient la gueule ouverte sur un rugissement.

- Je l’adore! S’écria Lily en se jetant à mon cou.

J’eus un grand sourire, mais lui fit remarquer :

- Hé, mais ce n’est pas fini! J’ai exercé quelques modifications sur les bagues. La première étant qu’ils n’avaient pas des yeux d’émeraude. Je les ai glissés avec l’aide d’un bijoutier cet été. Enfin… peu importe. Touchez l’œil droit de votre bague, juste pour voir.

Ils froncèrent les sourcils, mais s’exécutèrent rapidement. Leur bouche s’arrondit de surprise lorsqu’un parchemin roulé finement sortit de la gueule ouverte de leur lion respectif. J’entrepris de leur expliquer le fonctionnement de leur bague en voyant qu’ils semblaient un peu confus :

- Comme vous pouvez le voir quand vous appuyez sur l’œil droit le parchemin sort. Ce parchemin vous servira à communiquer entre vous, il vous suffit d’appuyer votre baguette dessus, de dire votre nom oralement, mais un chuchotement suffit. Et après en laissant votre baguette dessus vous pensez à votre message et il s’inscrira dessus avant de disparaître et apparaîtra ensuite sur le parchemin de l’autre. Si le parchemin n’est pas sorti, votre bague vibrera légèrement pour vous en avertir. Quand vous en avez terminé il vous suffit de rouler à nouveau le parchemin et de le glisser dans la gueule du lion légèrement puis d’appuyer sur l’œil gauche, le parchemin sera ainsi ravalé. Alors… Est-ce que vous aimez?

- Si on aime? S’étrangla Hugo. Mais c’est génial, Alli! S’écria-t-il et il se jeta sur moi.

Je finis donc envahie par les deux plus jeunes de la famille Potter/Weasley. Lily m’étranglait presque, mais je m’en moquais j’étais plutôt heureuse que leurs cadeaux leur plaisent.

Ils finirent toutefois par me relâcher et Lily resta planter devant moi pour me demander :

- Au fait… Comment tu as fait ça?

- C’est classé top secret, Lily. Je ne dirai rien. Je suis simplement douée pour manipuler bidouiller les objets et leur ajouter des fonctions. Sans doute une caractéristique familiale, ajoutai-je avec le sourire avant de prononcer le dernier mot la voix cassée.

Repenser à ma mère me fit mal et je m’efforçai de l’éloigner de mon esprit. Ce n’était pas le moment. On s’amusait, on faisait la fête. Ce n’était pas le moment de rompre l’ambiance en songeant à nos douleurs ou au fait que l’orage grondait dehors…

Attendez une minute… L’orage grondait?

Mon regard se tourna d’un coup vers la fenêtre tandis que Lily affichait une petite moue boudeuse à laquelle je ne prêtais pratiquement aucune attention. Je pus donc constater avec effroi que la pluie battait contre la fenêtre et que les éclairs foudroyaient le ciel d’une lumière aveuglante sur les nuages sombres.

Je jetai un coup d’œil à Rose, puis à Al et Scorp. Chacun suivit mon regard et ils comprirent aussitôt. Ma meilleure amie attrapa la main de Teena et lui fit regarder la fenêtre. Al se chargea d’aller dire deux mots à son frère. Chacun affichait maintenant le même air fermé. Ils n’avaient pas le choix de partir. En plein milieu de la fête de Lily et Hugo. Je clamais alors sur un ton assez urgent :

- Lily, Hugo… Je suis vraiment désolée, mais je dois partir. C’est urgent. Al, Rose, Scorp, Teena, Malia et… James? Vous pouvez m’accompagner? C’est vraiment important.

Ils jouèrent la comédie à merveille en fronçant chacun les sourcils et en se jetant des regards interrogatifs. Je me retins de ne pas soupirer de soulagement et malgré la tristesse que je lus dans ses yeux, Lily nous fit signe d’y aller.

Je n’attendis plus et me ruai à l’extérieur de la Salle Commune avec tous mes amis sur les talons. Juste avant que la porte/peinture se referme je remarquai l’air soupçonneux du duo infernal que formaient Lily et Hugo. J’avais bien l’impression que nous aurions bien des ennuis en rentrant. Ou tout du moins, moi, j’en aurais.

Alors que je marchais rapidement, j’expliquai à mes gardes du corps que je devais absolument voir McGonagall, car j’avais compris certaines choses et que j’avais besoin de mes amis, car ils avaient participé à mes séances d’interrogation intérieure. Ils parurent dubitatifs et je regrettai légèrement que ce soit le soir de congé de Nesta, car elle m’aurait cru sans poser de question.

Quand on arriva à son bureau, notre directrice en sortait déjà. Elle eut la sagesse d’avoir l’air profondément surprise et m’interrogea :

- Miss Lévesque? Quel bon vent vous amène ici à cette heure?

- J’ai compris beaucoup de choses et il faut que je vous en parle. Et mes amis m’y ont aidé, alors je préfère qu’ils viennent, répondis-je en prenant le ton le plus sincère possible.

Et puis, dans un sens, j’allais effectivement lui apprendre quelques petites choses. Concernant entre autre ce que j’avais compris des machinations de Berkeley. Certes, nous étions plutôt en froid toutes les deux, mais j’avais le sentiment qu’il était nécessaire que je lui en parle. Et malgré que je détestais ce sentiment, ça ne changeait pas le fait qu’il avait raison.
McGonagall fronça les sourcils en tournant le regard vers mes gardes du corps. En effet, ils représentaient un problème, car ce que nous faisions étaient à proprement parler illégal, et les Aurors avaient beau traquer les mages noirs en premier lieu… Voir des élèves devenir des Animagi non-déclaré grâce à la directrice de Poudlard risquait de ne pas être très bien vu.

Pourtant avec un calme étonnant elle déclara :

- Je n’aurai pas besoin de vos services, mes chers. Je suis parfaitement en mesure d’assurer la protection de Miss Lévesque.

Je ne fus que guère étonné de les voir tous reculer, certes avec quelques grommellements, mais ils l’écoutaient tous quand même. C’est vrai qu’elle était quand même très forte McGonagall, si ce qu’on m’avait raconté sur la Deuxième guerre des sorciers était vrai… alors elle était vraiment douée. Elle ajouta en commençant à marcher :

- Je la raccompagnerai à sa Salle Commune quand nous en aurons terminé, alors vous pouvez vous y rendre.

Ils maugréèrent encore un peu, mais s’exécutèrent sans protester ouvertement. Dès qu’ils eurent complètement disparu, McGonagall nous glissa :

- Maintenant, les enfants, il vaudrait mieux se dépêcher. Si nous tardons trop à ramener Miss Lévesque à ses gardes du corps, ils risquent de sonner l’alarme.

Tous mes amis hochèrent de la tête et on se mit à courir vers l’extérieur. Une fois près du Saule Cogneur, mes amis prirent chacun une direction différente, suite à la demande de McGonagall qui leur dit de nous rejoindre à l'orée de la Forêt interdite après être aller chercher ce qu'il leur fallait, soit la fiole contenant une potion qui devrait avoir pris une teinte rouge sang à l'heure qu'il est. La seule qui ne s’éloigna pas fut Malia.

La directrice, tout en se dirigeant d'un pas tranquille vers la Forêt interdite, brisa le silence en disant :

- Aviez-vous réellement quelque chose à me faire part, Miss Lévesque? Ou était-ce un subterfuge pour vous rendre jusqu’à moi.

- Plus ou moins les deux, avouai-je en baissant les yeux.

McGonagall fronça les sourcils, mais avant qu’elle ne puisse faire une remarque quelconque j’entrepris de tout lui expliquer. En commençant par le fait que ce n’était pas grand-chose, mais que j’avais découvert quelque chose sur les méthodes de Berkeley. Tout au long de ma courte explication, car en fait je n’avais pas appris grand-chose, elle m’écouta sans prononcer un mot. Lorsque j’eus fini, mes amis étaient de retour et elle lâcha :

- Nous en reparlerons tout à l’heure.

Elle se tourna vers mon petit groupe d’amis et leur dit :

- Nous avons étudié ce moment longtemps et en détails avant la période de la mandragore. Puis nous avons eu une petite révision lorsque vous avez mis votre feuille dans la fiole. Je dois avouer que vous avez eu énormément de chance. À tel point que c’en est fort troublant… Je suppose que vous avez une bonne étoile qui vous surveille, car je n’ai jamais vu deux entreprises pour devenir Animagus se dérouler aussi bien. Maintenant, c’est à vous de jouer. Et rester à une dizaine de mètres les uns des autres, mais en formant un cercle autour de Miss Lévesque, Miss McDonald et moi-même.

Ils hochèrent tous de la tête avant de se déplacer pour former le cercle voulut. Je ne pus faire autrement que de ressentir une immense fierté en voyant dans chacune de leur main une petite fiole contenant un liquide rouge sang. J’avais extrêmement hâte de voir à quoi ressemblerait leur animal. Certes, j’avais une petite idée de l’animal en question pour Al, Rose, James et Scorp, mais les couleurs ne venaient pas avec les Patronus. Après… J’ignorais totalement en quoi se transformerait Teena.

Mes amis se jetèrent un petit coup d’œil avant de tendre leur fiole les uns vers les autres, la pluie se déversant sur eux (et sur nous), puis prononcèrent tous d’une même voix :

- Amato Animo Animato Animagus!

Sur ce, ils burent tous d’une traite la potion rouge sang. Il ne leur fallut que quelques instants avant de s’écraser par terre en gémissant comme des possédés. Euh… Est-ce que j’avais vraiment fait la même chose?

- Oui, Miss Lévesque. C’était exactement pareil pour vous.

Oups. Apparemment j’avais posé ma question à voix haute. Enfin, ce n’était pas un détail très important. Je fis toutefois une grimace en me souvenant de la douleur que l’on ressentait lors de la première métamorphose. Ce n’était pas une partie de plaisir, ça non! Et encore moins lorsque les émotions embarquaient dans tout ça…

- C’est horrible, lâcha Malia. Je n’aurais jamais dû accepter qu’ils le fassent.

- Si tu veux mon avis, ils ne vont plus du tout se soucier de ça après une semaine. Ça vaut franchement la peine et en plus on pourra t’accompagner à la Pleine Lune, Mal!

Pour toute réponse elle regarda ses pieds. Je sentais encore son malaise et je n’aimais pas qu’elle se sente mal. Je la pris donc par les épaules et la forçai à me regarder. Une fois que j’eus capté son regard je lui dis :

- Malia, écoute-moi. Ils ne l’ont pas seulement fait pour toi. Mais aussi pour moi. Et qu’ils l’admettent ou non, c’est aussi pour eux-mêmes qu’ils le font. C’est un privilège que l’on a de pouvoir être Animagus. Et comme tu es une de mes bonnes amies… Je le referais sans hésiter si ça pouvait t’aider à traverser tes Pleines Lunes. Cela dit, maintenant tu auras à nous supporter à ce moment-là aussi, même si nous serons tous sous une autre forme.

Je n’avais pas l’intention de lui faire monter les larmes aux yeux, mais c’est ce qui se produisit. Du moins, je le supposais seulement, car elle s’essuya les yeux et comme il pleuvait des cordes… c’était assez dur de déterminer si des larmes se mélangeaient au flot continu de la pluie. Ajouté à ça qu’il faisait nuit… Disons que j’avais connu mieux niveau vision.
Elle me serra de toutes ses forces dans ses bras et en sentant ses épaules hoqueter je compris qu’elle pleurait réellement.

Elle me souffla avec des sanglots dans la voix :

- Je… Malgré la présence d’Alex… Je me sentais tellement seule, Alli! Tu ne peux pas savoir à quel point ça compte pour moi tout ce que vous faites et ferez.

- Je suis contente que tu sois contente, dis-je en souriant.

Elle me relâcha à ce moment-là et McGonagall choisit ce moment pour me dire :

- Au sujet de Berkeley, Miss Lévesque. Je crois bien que vous avez raison. Et malgré que cela me révulse de devoir l’avouer… J’ai conscience que vous devrez aller récupérer Potter et Granger. Enfin… Votre parrain et votre marraine. J’ignore toutefois comment vous pourrez bien les retrouver. Mais! Il est hors de question que vous y alliez seule. Et certainement pas avec vos amis.

- Ils ne me laisseront pas y aller sans eux, fis-je remarquer.

- Je les empêcherai de se mettre en danger, Miss Lévesque, rétorqua-t-elle. Déjà que deux de mes élèves allant au-devant du danger ça ne m’enchante pas, en ajouter, je ne le supporterais pas. D’ailleurs mon rôle est justement de vous empêcher de faire ce genre de bêtise… Vous serez accompagné par des adultes. Par vos gardes du corps, pour commencer.

Je levai les yeux au ciel et l’écoutai distraitement tandis qu’elle m’énumérait tout une autre longue liste de choses auxquelles je devais impérativement me conformer. Évidemment, si elle me questionnait je saurais quoi répondre, mais l’enjeu était lors de la mise en pratique. Je n’avais pas l’intention de suivre plus de règles que nécessaire.

Après cette énumération elle me demanda si je l’avais comprise. Je hochai de la tête sans dire un mot, car déjà je voyais du changement du côté de mes amis. Après quelques secondes supplémentaires je restai sans voix devant les animaux qui se tenaient tout autour de moi.

À l’endroit où se trouvait auparavant Rose se tenait maintenant un magnifique faucon au pelage qui me semblait orangé, presque enflammé. Juste à côté, dix mètres plus loin se tenait un renard entièrement noir avec le bout de la queue blanche comme s’il l’avait trempé dans de la peinture. Je n’eus aucun mal à croire que c’était Scorp. D’ailleurs son pseudo de Marcheurs d’Ombre me sembla soudain encore plus de circonstance. Darkhaze, ouais, carrément.

Je jetai ensuite un coup d’œil du côté d’Al et je restai bouche-bée devant la magnificence de son animal. Il s’agissait d’un magnifique tigre blanc avec ses rayures noires encore plus sombre. Sauf que je restai fixé sur ses yeux, des yeux d’un bleu totalement surnaturel. J’avais toujours adoré les yeux d’Albus et ceux de son animal ne faisait pas exception. À vrai dire, je remarquai en une seconde qu’en fait, nos deux animaux avaient des yeux d’une couleur similaire. Étrange, quand même.

Je portai mon attention sur le cerf qui se tenait bien droit à côté. Connaissant le Patronus de James, je savais que c’était lui. Je remarquai sans mal que son panache possédait une forme bien particulière que je n’avais jamais vue chez des cerfs auparavant.

Restait plus que Teena maintenant… Lorsque je posai mon regard dans cette direction je paniquai en ne voyant rien du tout. Je regardai frénétiquement tout autour avant de songer que peut-être elle avait un animal plus petit et donc moins visible. Bien m’en pris de vérifier à nouveau, car sinon j’aurais manqué sa petite frimousse toute mignonne d’hermine blanche comme neige.

Le professeur McGonagall les regarda tous attentivement et je remarquai qu’elle notait des informations sur un parchemin et qu’à l’aide de sa baguette elle empêchait la pluie de lui tomber dessus et de risquer du même coup de détremper le parchemin.

- Que notez-vous? Demandai-je en me penchant de son côté.

- Leur singularité. Mr Potter le cerf possède un panache légèrement en spirale, ce qui n’est pas du tout naturel. L’autre Mr Potter, le tigre, possède des yeux bleus fort étonnant, comme votre louve. Ensuite, Miss Weasley à des plumes d’un noir d’encre qui forme une sorte de collier autour de son cou. Mr Malefoy a à l’extrémité de son oreille gauche un peu de poils blancs qui forme une sorte de W étrange. Pour finir, Miss Bones à la patte avant droite noire et avec la pointe continuant jusqu’à l’épaule.

- C’est pour le registre? M’enquis-je.

- Effectivement. Dès que le principal danger sera écarté vous devrez impérativement vous déclarer auprès du ministère.

Je hochai de la tête calmement et elle fit signe à mes amis de reprendre forme humaine. L’opération dura quelques secondes, mais après ce délai ils étaient tous de retour sous forme humaine. Ils lâchèrent tous des petits cris surexcités en s’adressant à chacun d’eux :

- Non, mais tu as vu ton tigre?! S’écria Rose à Albus.

- Et toi, tu vas pouvoir voler, espèce de chanceuse! Lança Scorp à sa copine.

- Scorp, tu vas pouvoir te faufiler ni vu ni connu ou presque partout! Ajouta Al avec un grand sourire.

Ils continuèrent à se balancer des phrases comme ça jusqu’au moment où McGonagall en eut assez et s’énerva :

- Vous continuerez à vous enthousiasmer sur le chemin du retour. Maintenant c’est l’heure de rentrer au château, en espérant que les gardes du corps de Miss Lévesque n’auront pas bougé.

Le calme se fit instantanément dans notre petit groupe pendant… quelques secondes. Dès que l'on se mit en marche, les conversations reprirent bon train et je m’impliquai moi-même dans celles-ci.

- Teena, j’ai toujours su que tu étais fouineuse, mais je n’aurais pas pensé que tu étais fouine aussi.

- Tais-toi, Alli! Protesta la principale intéressée. Mais j’ai toujours trouvé l’hermine très mignonne.

Rose, Malia et moi nous approuvâmes de la tête. Je dis avec un clin d’œil à Albus :

- Ton tigre est super.

- Sans doute moins que ton loup, rétorqua-t-il en me renvoyant mon clin d’œil.

J’eus un petit sourire et m’approchai de lui pour le prendre par la main. Rose et Scorp étaient déjà attachés l’un à l’autre en se parlant entre eux. Je crois qu’il était en ce moment question de la capacité d’un faucon à attraper un animal tel qu’un renard entre ses serres. Scorp se demandait si elle en serait capable et ainsi il pourrait voler lui aussi. Rose rétorquait qu’elle ne voudrait pas tenter l’expérience au risque de le blesser et qu’en plus, il faudrait d’abord qu’elle sache voler pour elle-même avant de songer à trimballer quelqu’un. Une chose était sûre Al et moi on était coincé au sol.

Je me tournai vers James qui n’avait pas prononcé un mot depuis notre départ de la fête. J’avais l’impression que soit il nous en voulait toujours, ou encore il ne savait pas quoi faire pour résoudre le problème. Je pariais sur la seconde option, car il ne m’avait pas semblé vraiment antipathique avec tout le monde pendant qu’on faisait route vers le Saule Cogneur. Je m’adressai donc à lui avec un sourire :

- Ton cerf était cool aussi, James.

- Merci, dit-il en se grattant l’arrière de la tête. Mais il n’est sans doute pas l’animal le plus spectaculaire de nous tous…

- Bah, tu avais un magnifique panache, en tout cas, affirma Al. Presque comme une couronne en corne.

Son frère accepta le compliment avec un sourire amusé et à partir de ce moment il s’impliqua un peu plus dans les conversations. Je remarquai du coin de l’œil que McGonagall semblait on ne peut plus exaspérer par nos blablas interminables. Sauf que je ne m’en préoccupai pas et continuai à rire avec mes amis.

Quand nous passâmes enfin la grande porte du château, McGonagall retira l’eau de nos vêtements rapidement et nous reprîmes notre route en direction de la Salle Commune des Gryffondors. Avant de brusquement faire demi-tour, quand on fit remarquer que Scorpius ne pouvait pas rentrer seul si on ne voulait pas qu’il se produise d’autres incidents. La directrice soupira à cette annonce, mais obtempéra.

Malheureusement à peine atteignions-nous l’escalier menant aux cachots qu’on entendit le cri paniqué de Lily derrière nous :

- James! Al! Rose! Vous étiez où, par Merlin!

À peine est-ce que nous nous retournions qu’elle se jeta dans les bras de son frère en pleurant à chaude larme. Elle semblait tellement paniquée et apeurée que je ne comprenais plus rien. C’est en hoquetant qu’elle avoua :

- Hu… Hugo et moi on a décidé de terminer la fête plus tôt pour… pour aller faire un tour avec nos nouveaux jouets, mais… je me suis absentée pour aller aux toilettes et quand… quand je suis ressortie… Hugo… Il… il était en sang. Par terre. Je ne sais pas ce qui est arrivé, je ne… Il est à l’infirmerie, mais…

Sans attendre d’en apprendre davantage Rose vira au blanc cadavre et s’enfuit en courant en direction de l’infirmerie. Une seconde plus tard, elle hurlait très fort et avec un état de panique si intense que je crus que mes oreilles allaient exploser :

- HUGO!!!

Sans nous concerter on s’élança tous à ses trousses.


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Alors voilà qui termine ce vingt-deuxième chapitre! J'espère que vous avez aimé, en tout cas! :D Peut-être certains passages étaient-ils trop longs? Ou trop courts? Ou trop lent? Enfin, je dois dire que parfois je suis un peu trop plongée dans l'histoire (ou pas assez), alors ça se ressent peut-être... Si c'est le cas, n'hésitez pas à me le dire! Enfin... j'espère que vous n'êtes pas trop déçu, néanmoins :oops: Maintenant, je vous laisse avec des images des formes animales du petit groupe! (Suffit d'ouvrir le « spoiler ») Moi, je vais essayer d'avancer un peu le chapitre 23 ce soir :D
Spoiler
Il reste seulement à imaginer un peu les particularités de chacun.

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addbook

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par addbook »

Saluttt!!
Dsl pour mon retard, ma petite écrivain mais j'ai eu du travail à en mourir...
Sinon, je vois exactement ce que tu veux dire par chargé en émotion...
Ohhh j'ai tellement envie de savoir la suite!!
Alll... J'ai un peu honte mais je le radore de nouveau ... Je change un peu d'avis comme de chemise mais bon..
Excuse! :?
Maintenant c'est confirmer, J'accroche chaque chapitre un peu plus!
Mmm... Dis moi que le prochain viens bientôt !
Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Coucou!! Me revoilà avec le chapitre 23... Je vous préviens tout de suite, j'ai l'impression qu'il ne s'y passe pas grand-chose et que vers la fin c'est du grand n'importe quoi, mais bon... vous verrez bien par vous-même :lol: Je n'ai pas grand-chose à ajouter, à part peut-être un « Joyeux Noël! » en avance d'une journée, mais c'est un petit détail négligeable ;) Ça été compliqué de finir le chapitre pour aujourd'hui, cela dit, alors j'espère que vous ne trouverez pas que c'est une complète perte de temps... Sur ce, bonne lecture!


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Chapitre 23



Mon cœur tambourinait à toute vitesse dans ma poitrine au rythme de ma course folle. Je craignais ce qui avait pu se produire. J’avais si peur que chaque inspiration m’était difficile. Pourtant, au plus profond de moi je me doutais que ma peur ne pouvait pas être aussi intense que celle de Rose. Ou même de celle d’Albus et James. Ils venaient tout juste de retrouver Lily et maintenant Hugo était attaqué.

Alors que je tournais le coin menant à l’infirmerie je manquai me crever un œil avec une lettre qui tomba du plafond sans crier gare.

- Hé, mais c’est quoi ce… commençai-je à m’exclamer avant de m’interrompre brusquement tant dans mes paroles que dans mes mouvements.

Je venais de reconnaître l’écriture de Berkeley.

Un corbeau imposant s’envola à ce moment de son perchoir vers une sortie inconnue de moi. J’ignorais d’où il sortait, mais je savais de qui il me parvenait. C’est à peine si je remarquai qu’Albus se tenait à côté de moi et qu’il fixait l’enveloppe avec les sourcils froncés.

Je la saisis rapidement entre mes mains tremblantes pendant que Rose ouvrait les portes de l’infirmerie brusquement et qu’elles claquaient violemment contre les murs. Je commençais tout juste à ouvrir l’enveloppe jauni lorsque ma meilleure amie poussa un cri déchirant qui me détourna de ma tâche. J’en échappai d’ailleurs la lettre en sursautant.

Je l’a rattrapai rapidement avant de foncer dans l’infirmerie. Rose et Scorp se trouvaient où le lit du fond, lit qui était caché à la vue des personnes dans l’entrée par un rideau. Un frisson me parcourut l’échine et j’avançai lentement, presque craintivement.

Lorsque je rejoins ma meilleure amie et que je lui pris la main, ça me pris tout mon courage pour tourner la tête du côté du corps étendu d’Hugo. J’avais pu constater du coin de l’œil que le père de Rose et la mère d’Albus se trouvaient là. Et cela ne pouvait signifier qu’une chose. Ce qui était arrivé était vraiment horrible.

Toutefois, je ne m’étais pas attendu à autant de dégâts.

Le visage d’Hugo était complètement tuméfié, on aurait dit qu’il n’était plus qu’un amas de chair bleu, vert, jaune et rouge. Du sang séché recouvrait intégralement la partie inférieure de sa bouche, son nez était tout autant recouvert de sang séché et si je ne me trompais pas, il était cassé. Ses yeux d’ordinaires rieurs ne s’ouvraient qu’à peine tant ses yeux au beurre noir étaient proéminents. Je retins un petit cri d’horreur tandis que mon regard dériva vers le reste de son corps.
C’était encore pire. Il portait toujours les vêtements qu’il avait eus plus tôt dans la soirée et ceux-ci étaient imbibés de sang. Je devinais sans mal qu’il avait dû être roué de coups sans interruption jusqu’à ce que Lily ait fini et revienne des toilettes. Ça avait été rapide et calculé. Horriblement calculé. Ma main se tordit sur l’enveloppe qui se froissa sous mes doigts. Dans mon autre main, celle de Rose se referma avec une poigne d’acier qui me coupa instantanément la circulation.

Elle cracha à ce moment :

- Celui qui a fait ça… Il va le payer. Je vais lui montrer pourquoi il n’est pas bon de s’attaquer à ma famille.

Je remarquai fébrilement que sa main droite tenait fermement sa baguette. Ça s’annonçait mal tout ça. Je me demandais presque si je devais ouvrir l’enveloppe et leur dire ce qu’elle contenait… Et si Rose sous l’effet de sa douleur et sa colère, déversait le tout sur moi? Ce ne serait que justice, après tout leur famille était attaquée à cause de moi. Et je me sentais affreusement mal.

Al dut sentir que je n’étais pas en grande forme, car il posa sa main sur mon épaule. Je me tournai vers lui et remarquai l’émotion dans ses yeux. Ce fut la goutte d’eau de trop et je sentis les larmes se former aux coins de mes yeux. Je détournai rapidement le regard des yeux verts que j’aimais tant et m’efforçai de libérer ma main droite. Rose me relâcha mollement et tomba dans les bras de Scorp en pleurant toutes les larmes de son corps. Je jetai un coup d’œil à Ron et remarquai qu’il était totalement immobile. Trop immobile. Il devait être sous le choc, le pauvre. Il ne semblait même pas sentir la main de sa sœur qui lui caressait l’épaule avec tendresse et compassion.

Je m’éloignai de quelques pas et ouvris l’enveloppe en réfrénant la rancœur qui m’incitait à la déchirer en mille morceaux sans prendre la peine de la lire. Mais je ne pouvais pas le faire tout de suite, je devais savoir. Savoir pourquoi. Savoir comment. Savoir. Seulement savoir. Savoir quelque chose. Quitter le néant qui semblait m’engloutir un peu plus à chaque jour qui passait.

Je sortis lentement le parchemin, prenant d’infinies précautions pour ne pas risquer de la déchirer par mégarde. Il manquerait plus que ça! Que je déchire la lettre alors même que j’étais si près de voir ce qu’il y avait d’écrit. Toutefois, quand je fus en mesure de lire, je ne ressentis que de la colère. Une colère noire et terrible, aussi terrible que la tornade, que l’ouragan ou qu’un volcan qui explosait. Peut-être même tout cela à la fois. Ma colère croissait à chaque mot
supplémentaire :

« Petite Allison,

Tu devrais pourtant savoir que les plus jeunes sont les plus faciles à faire souffrir, non? Ils sont si fragiles, si innocents. Et ils ignorent tant de choses. Comme par exemple qu’il existe partout des traîtres et qu’il faut se méfier de tout le monde.
Sache une chose, Allison. Une famille nombreuse signifie encore plus de possibilités de victimes. Qui sera la prochaine?

Avec affection,
Ton plus fervent admirateur
»


Mes mains se mirent à trembler de manière incontrôlable, à tel point que la lettre m’échappa des mains et qu’elle glissa jusqu’aux pieds de Rose. Tandis qu’elle se penchait pour la ramasser avec un froncement de sourcil, moi je m’écriais :

- IL N’Y EN AURA PAS D’AUTRE! JE NE LE PERMETTRAI PAS!

Toutes les personnes présentes me dévisagèrent avec incrédulité, y compris le père de Rose qui en fut sorti de sa léthargie. Sous le coup d’une impulsion je m’approchai du lit d’Hugo et en lui touchant la seule parcelle de peau réellement intacte de sa main, je lui promis :

- Je vais te venger, Hugo. Comme je vais venger Lily et ma famille. Je ne permettrai à personne d’autre de faire souffrir aucun d’entre vous. C’est mon problème. Et c’est à moi de le régler.

Je me retournai avec la ferme intention de dégager de l’enceinte de Poudlard par mes propres moyens lorsque je fus interrompu par une décharge électrique le long de mon bras. Je regardai la personne qui m’avait attrapé par le bras et constatai avec effarement que c’était Ron. Je fronçai les sourcils et soudain mon regard tomba sur le Déluminateur qu’il tenait fermement dans son autre main. Et c’est à ce moment que le déclic se fit dans mon esprit. Mes yeux s’ouvrirent bien grands et je m’exclamai :

- Mais c’est ça! C’est ça, la clé!

- Quoi? demanda étourdiment le père de Rose.

- Votre Déluminateur! Il va nous permettre de retrouver Hermione et Harry! Et ce salopard de Berkeley!

Ron secoua la tête avec une tristesse infinie dans les yeux, il avoua sur un ton morne :

- J’ai déjà essayé de me servir du Déluminateur et de transplaner, mais rien. Il ne fonctionne pas.

Je l’attrapai par les épaules et le secouai comme un pruneau, sous le coup de mon impulsivité et de mon état qui ressemblait à de l’ivresse. Je sentais mes mains pétiller d’électricité alors que tout mon corps me commandait de me transporter dans une Vision, avec comme passager Ron et son Déluminateur. Je lui affirmai tandis qu’il me dévisageait avec incrédulité (sans doute devant mon geste hautement familier) :

- Mais si, il fonctionne! Seulement Berkeley a sans doute protégé le coin où il est! Et c’est ce qui vous empêche de la retrouver. Mais au fond de vous, vous savez où elle est. Et le Déluminateur vous aidera à le déterminer. Et moi… Je vais servir de moyen de transport.

- Alors, ça, c’est hors de question. Non, non, non! Vous ne ferez pas un tel voyage alors que vous êtes encore en convalescence, Miss Lévesque! Vous allez vous tuer! S’indigna Madame Pomfresh avec véhémence.

- Qu’importe si je peux sauver mon parrain et ma marraine? Qu’importe si ainsi plus personne ne risque d’être blessé? Qu’importe si ainsi Voldemort n’aura plus aucune chance de revenir? M’écriai-je en sentant la colère m’échauffer le cœur et la tête, je dois l’avouer.

Un silence de plomb s’installa instantanément. Ils savaient tous que j’avais raison. Mais personne ne voulait l’admettre. Je relevai le menton en signe de défi et en relâchant Ron je clamai en leur faisant face à tous :

- Qui vient et qui reste? Car moi je ne resterai pas les bras croisés ici. Et c’est non-négociable.

Albus fut le premier à avancer et sa réponse fut très claire pour moi quand il me saisit par la main. Ce fut ensuite mes gardes du corps qui, à ma grande surprise, s’approchèrent avec une lueur fière dans leur regard. Cette journée était franchement pleine de surprises. Rose et Scorpius suivirent rapidement en me jetant un regard entendu (et assassin dans le cas de Rose, mais je ne crois pas qu’il m’était destiné). Malia et Teena s’approchèrent lentement ensuite. Puis ce fut le tour de James.

Je me tournai à ce moment vers Ron et je vis immédiatement la détermination prendre possession de son regard, un regard qui en devint comme affamé. Comme si la surdose d’émotion l’avait empêché de ressentir l’envie de faire quoi que ce soit, mais que soudain une braise s’était enflammée dans son cœur et que la machine était remise en marche petit à petit. Il se saisit de ma main disponible et la serra douloureusement, mais aucune plainte ne sortit de ma bouche, car je savais que c’était un remerciement. Je lui souris tristement et en le faisant je remarquai que Ginny venait de poser la main sur l’épaule de son frère, elle déclara à cet instant précis :

- J’en suis aussi.

Je hochai de la tête, déterminée. Je les mènerais tous à bon port, même si cela devait entraîner ma mort. Ginny ajouta quelques mots à l’intention de Lily qui avait fait un pas en notre direction, je n’écoutai pas vraiment ce dont il était question trop occupé à réfléchir au moyen de nous faire tous revenir. Je pus tout de même remarquer que la plus jeune de notre groupe s’éloignait, ou plutôt se rapprochait d’Hugo et qu’elle s’assit à ses côtés sur le lit, le regard empli de larme.

Je jetai à ce moment un coup d’œil à la directrice, elle nous avait suivi jusqu’ici, mais elle ne bougeait pas ni ne disait quoi que ce soit. Soudain elle hocha lentement de la tête avant de se justifier sur une chose :

- Ce genre de combat n’est plus de mon âge. Et quelqu’un doit bien veiller à ce les jeunes ici présent soit en sécurité.

J’acceptai cette réponse et sans plus tarder je serrai davantage la main d’Albus et de Ron dans les miennes et démarrai la machine, après avoir conseillé à tout le monde de s’accrocher et d’être connecté avec moi d’une manière ou d’une autre. Je fus immédiatement aspirée dans la Vision en même temps que tous les autres à partir du moment où j’enclenchai le processus. Mais je n’avais jamais rien connu d’aussi difficile.

Tout d’abord, c’était la première fois que je me trouvais réellement dans l’entre-deux temps. Tout tournait à toute vitesse autour de moi et j’en avais mal au cœur à essayer de regarder partout à la fois. Pourtant, ce n’était pas si compliqué de rester dans le présent ou le passé très près, non? J’entendis la voix d’Al me parvenir comme de très loin, comme un écho :

- Que… se passe… passe-t-il… t-il…?

Je regardai encore tout autour de moi et remarquai rapidement que le Déluminateur n’était pas actionné. Toutefois, ce n’était pas si alarmant, car d’un autre côté je me souvenais maintenant de toute l’histoire. Le premier pas avait été fait par le Déluminateur lui-même.

Donc, tout ce qu’il fallait faire c’était de… de quoi? Marcher et me laisser m’épuiser physiquement jusqu’à ce que je parvienne comme par miracle à rejoindre un endroit qui ferait pencher la balance et obligerait le Déluminateur à amorcer quelque chose? Je suppose que c’était ma seule possibilité. En particulier puisque nous n’avions rien d’autre à faire de toute manière. Je me mis donc en marche, malgré que chaque pas m’était énormément douloureux et coûteux en énergie, les autres semblaient me suivre avec beaucoup plus de facilité.

Je sentais mes paupières devenir effroyablement lourdes lorsque soudain la voix presque suppliante d’Hermione retentit juste à côté de moi :

- Ron… J’aurais tellement…

Sa voix se tue soudainement sur un petit cri de douleur. Je vis le père de Rose devenir blême lorsque je me retournai pour le regarder. Il planta son regard désespéré dans le mien et j’aperçus son autre main se refermer avec force sur le Déluminateur. Je m’adressai à ce moment-là à lui et ma propre voix sembla me parvenir en décalé, comme avec Albus plus tôt :

- Ouvrez…. Ouvrez-le… maintenant… maintenant…

Ron hocha de la tête avec lenteur et pendant un instant effroyable tout le monde autour de moi sembla devenir translucide et les mains que je tenais entre les miennes me semblèrent perdre toute consistance. Je réussis toutefois à très bien sentir la main qui rencontra violemment ma joue avec un CLAC sonore qui se répercuta presque à l’infinie. Je repris contenance brusquement et jetai un regard éberlué à Rose qui s’excusa des yeux. Je me contentai de la remercier d’un hochement tête, certes ma joue me brûlait énormément en ce moment, sauf qu’au moins je n’avais pas disparu de manière… définitive. Permanente.

Le père de ma meilleure amie ouvrit le Déluminateur et j’aurais presque pleuré de joie si j’avais pu en voyant la petite boule de lumière bleutée jaillir de l’instrument créé par Dumbledore. Elle se mit ensuite à avancer à l’aide de petit bond bizarre et nous la suivîmes rapidement, ou aussi vite que possible en tout cas. Je sentais que le chemin qu’elle nous faisait prendre était effroyablement pénible. Ce devait être à cause des deux Pierres et cela signifiait donc que nous étions sur la bonne voie!

Je ne m’y attendais absolument pas quand la petite boule lumineuse s’arrêta d’un coup avant d’entrer d’un coup à l’intérieur de Ron, à l’endroit précis de son cœur. Il ouvrit grand les yeux et… je ne saurais dire ce qu’il se passa ensuite, car je fus entraînée à vitesse grand V quelque part lorsqu’une décharge électrique me traversa tout le bras du côté où je tenais Ron par la main.

Quand je rouvris les yeux, j’étais nauséeuse et dans un endroit recouvert de poussière. On aurait dit les ruines d’une maison ancienne. Dans le genre de très, très ancienne. À tel point qu’elle semblait sur le point de s’effondrer à tout moment. Ce qui n’était pas pour me rassurer puisque mon état ne me permettrait clairement pas de faire le voyage inverse avant au moins… quoi? Une heure? Deux heures? Et ça, c’était des heures qu’on n’avait pas prévues. Pas qu’on avait vraiment un plan à la base, mais… Une chose avait été sûre, au moment de partir je pensais à un aller-retour rapide. On vient, on trouve Harry et Hermione, puis on repart.

Le problème avec cet état d’esprit et plan que j’avais eu au moment de partir, c’était qu’il n’était pas réalisable si nous trouvions les personnes que nous cherchions dans les prochaines minutes. Or, je n’avais pas l’impression que nous prendrions des heures à arpenter cette maison. Et j’avais bien l’impression qu’il me faudrait plusieurs heures pour récupérer, du moins si je voulais être raisonnable et agir sans prendre trop de risques. En bref, sans me tuer.

Je secouai légèrement la tête pour me retirer ces idées pessimistes de l’esprit, sauf que du même coup je me rendis encore un peu plus nauséeuse et j’eus l’impression que le monde tournait tout autour de moi. Sans oublier le sol qui tanguait. Je me rattrapai à Al tout en relâchant Ron pour mettre ma main devant ma bouche pour m’empêcher de vomir.

- Alli! S’écria doucement Albus avec inquiétude.

Je suppose que son ton bas était en conséquence au lieu où nous nous trouvions et à notre, disons, incursion. Je me contentai de tapoter son épaule pour le rassurer, incapable de parler sans régurgiter tout le contenu de mon estomac. Du coin de l’œil j’aperçus Ginny s’approcher doucement. Arrivée à ma hauteur elle déposa ses mains avec cette même douceur sur mes épaules et me proposa :

- Tu veux bien t’allonger un peu? Je crois que tu en bénéficierais beaucoup.

Je hochai lentement de la tête et elle m’aida tout d’abord à m’asseoir puis à m’étendre sur le dos. Le fait de ne plus être debout m’aida grandement et je ne me sentis plus qu’extrêmement exténuée. Mes paupières se fermaient presque toute seule.

- Elle ne peut pas marcher dans cet état. Surtout si on doit faire le chemin inverse, commenta Albus.

- On ne peut pas attendre, précisa Ron.

Il y eut un moment de silence avant que Ginny ne dise :

- Dans ce cas, nous devrions la laisser ici. Avec tous ses amis et ses gardes du corps. Ron et moi sommes parfaitement capables de chercher Harry et Hermione seuls.

- Et si vous les trouvez? Vous ne pourrez pas les amener seuls ici et vous protéger convenablement. Comme Miss Lévesque est bien entouré, deux d’entre nous irons avec vous, proposa l’un de mes gardes du corps. D’ailleurs, nous risquons plus de le croiser, nous, en bougeant plutôt qu’en restant immobile.

- Très bien, concéda la mère d’Albus. Mais les autres restent ici.

- Non, je viens avec vous, grommela James. C’est de mon père et de ma marraine qu’on parle, là. Je ne resterai pas ici.

- James… commença à gronder sa mère, sauf qu’il la coupa.

- Maman! Tu étais en quatrième année lorsque tu as combattu pour l’Armée de Dumbledore. Et tu étais de mon année lors de la Bataille de Poudlard. Je crois que je suis suffisamment âgé pour faire ça. Surtout que je ne serai pas seul, puisque je suis avec toi. Et les autres.

Sa mère poussa un profond soupir et j’aurais bien voulu pouvoir participer à la conversation, mais je ne me sentais pas la force de tourner la tête. Si j’avais pu, j’aurais contester leur décision et insisté pour faire partie des recherches. Il n’y avait rien que je détestais plus que de ne rien faire.

- Très bien, soupira finalement Ginny. Tu as gagné, pour cette fois. Allons-y, maintenant, nous n’avons que trop tardé.

J’entendis des bruits de pas, le groupe qui se séparait, puis… plus rien. C’était le silence total, impénétrable. Un silence oppressant, à tel point que le seul bruit de ma respiration me semblait… bruyant et énormément déplacé. J’avais l’impression que les vibrations qui se dégageait de la maison c’était « Allez-vous en! Vous n’avez pas votre place ici! ».

J’avais connu plus charmant comme maison, en somme. Je m’apprêtais à dire quelque chose lorsqu’une vibration incroyablement puissante s’empara de l’endroit où nous nous trouvions et qu’un pan entier du plafond, et du mur, s’écroula d’un coup.

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James n’était pas sûr à cent pour cent d’avoir pris la bonne décision. Et ce, pour plusieurs choses. À commencer par son choix de suivre sa mère et son parrain, Ron. Il aurait sans doute dû rester avec Allison, sa cousine et… son frère. Les autres aussi ils s’en souciaient, mais un peu moins. Surtout Scorpius. Il avait encore de la difficulté à s’arracher toute cette haine qui envahissait son cœur et l’oppressait quand il voyait le Serpentard.

Toutefois il n’arrivait plus très bien à comprendre s’il était en colère pour l’agression de Lily ou pour le fait que son égo en avait pris un méchant coup. Au début, c’était bel et bien à cause de l’attaque contre sa sœur, sa petite sœur… Mais maintenant? Il savait désormais que le petit copain de sa cousine avait été sous l’influence de l’Imperium. Et il le croyait. Allison n’était pas bête et puis, le comportement de Scorpius avait été on ne peut plus bizarre, même s’il s’était refusé d’y faire face. D’y croire. Il le regrettait amèrement maintenant. À cause de son erreur non seulement il avait perdu énormément de la confiance et de la relation qu’il avait avec Allison, mais il avait aussi risqué le bonheur de son petit frère. Même s’il ne le dirait jamais, il s’en serait voulu énormément.

Il secoua la tête pour se retirer toutes ses idées de sa tête. Ce n’était pas le moment d’y penser. Maintenant il devait se concentrer sur retrouver son père et sa marraine. S’il se laissait distraire, il risquait de se prendre un sortilège par la tête. Enfin… s’il y avait une attaque. Ce qui pour le moment semblait ne pas vouloir se produire. La maison était presque une véritable antiquité avec sa poussière, ses murs grinçants et son plancher qui craquait à tous les pas. Niveau discrétion, ils repasseraient.

Tous les muscles de James se tendaient à l’approche de tous les coins de mur ou tous les cadres de portes. La maison était plus grande qu’il ne l’aurait cru et ils marchaient depuis un petit moment déjà. Il trouvait quand même ça très étrange de ne croiser personne. Que ce soit son père, sa marraine ou une personne un peu moins fréquentable… Berkeley. Rien qu’à l’énonciation de ce nom dans ses pensées, James sentait la rage parcourir ses veines à grande vitesse. Il avait fait trop de mal cet idiot, si jamais il devait être confronté à cet homme, il risquait de ne pas très bien vivre cette expérience. Que ce soit pour lui ou pour l’autre homme. Et le pire dans tout ça, c’est qu’il n’en avait cure. Tout ce qu’il voulait c’était une occasion de se venger. De se venger lui et de venger ceux qu’il… qu’il aimait. Allison faisait partie de sa famille maintenant et il se refusait à laisser quiconque s’en prendre à sa famille. À part lui, évidemment.

Sa mère brisa soudain le silence qui s’était installé pour chuchoter :

- Est-ce vous avez entendu?

James s’apprêtait à répondre que non, lorsqu’il crut entendre un reste de son. Trop ténu et lointain pour qu’il ne puisse en juger. Pourtant… il jurerait que c’était le bruit d’un éboulement. Il fronça les sourcils, cherchant à comprendre. Il n’avait pas senti la moindre vibration et malgré que la maison soit vraiment en mauvais état il ne voyait pas comment elle pourrait s’effondrer comme ça, d’un coup.

- Oui, acquiesça Ron. On aurait dit le bruit d’un éboulement. On ferait mieux de se dépêcher.

Tous les autres hochèrent de la tête et James en fit autant. Ils augmentèrent la cadence tout en prenant toujours d’infinies précautions. Malgré qu’il s’y attendait depuis le début de leur expédition, le jeune Gryffondor ressenti le même effet qu’une douche froide (et c’était réellement un fait vécu) lorsqu’une voix dans leur dos affirma d’un ton moqueur :

- Eh bien, eh bien… Mais qui voilà? Serait-ce bien Ginevra et Ronald Weasley? Accompagnés de deux Aurors inutiles et d’un non moins inutile gamin… Vous êtes retombés bien bas, Armée de Dumbledore.

La main de James se crispa sur sa baguette et ses dents se serrèrent. Il dut faire un immense effort de volonté pour ne pas se retourner et frapper en plein visage cet être ignoble. En plus, cet idiot avait oublié de préciser qu’en plus d’être une Weasley, Ginny était maintenant une Potter. Sa mère était les deux à la fois et il n’était pas en mesure de l’oublier.

Sa mère et son parrain, quant à eux, affichaient un air empli de colère et de désespoir. Désespoir qui disparut rapidement de leurs traits lorsqu’ils amorcèrent un mouvement pour se retourner. La voix de sa mère s’éleva alors froidement lorsqu’elle déclara :

- Berkeley.

Elle n’ajouta rien d’autre, mais tout ce qu’elle sous-entendait par ce simple nom voulait tout dire. James y ressentit de la rancœur, du désir de vengeance, du dégoût et… plusieurs autres choses. Toutefois, il ne s’attendait pas à ce qui suivit. Et à vrai dire, il eut bien des difficultés à suivre tout simplement. Dans une synchronisation parfaite son parrain et sa mère brandirent leur baguette et lancèrent un sortilège de Stupéfixion. Toutefois, Berkeley ne se laissa pas avoir et il riposta, mais en attaquant tout le groupe à la fois. James eut énormément de mal à se protéger. Mais apparemment il y parvint mieux que les deux gardes du corps d’Allison, car ces derniers se retrouvèrent en moins de deux par terre. Immobiles. Morts ou vifs? Il ne le savait pas. Et une partie de lui ne tenait pas à le savoir.

Alors que leur petit trio restant commençait à faiblir, Berkeley leur adressa un sourire mauvais avant de disparaître en un claquement sonore. Apparemment, il venait tout juste de transplaner. James fronça les sourcils et demanda :

- Pourquoi il est parti? Une minute de plus et on tombait par terre… Sans vouloir me montrer pessimiste ou de mauvais goût.

- Tu as raison, James, approuva sa mère d’un hochement de tête tandis que Ron s’approchait des deux gardes du corps, il nota tout de même qu’elle n’avait pas répondu à sa question.

Il sut que ça s’annonçait mal lorsqu’il vit le visage de son parrain blêmir à vue d’œil. Peu à peu ses traits s’affaissèrent et James retint un frisson de lui parcourir le dos. Ils… ils ne pouvaient quand même pas être réellement mort, si? C’était inconcevable. Une pensée bien dérangeante lui traversa l’esprit en songeant à cette forte probabilité. Serait-il capable de voir les Sombrals maintenant? Probablement pas, il n’était pas lié émotionnellement avec eux. N’empêche, il sentit une boule se former dans sa gorge à l’éventualité qu’ils soient réellement morts. Ses soupçons furent confirmés l’instant suivant quand Ron lâcha d’un ton raide :

- Ils sont morts.

Il aperçut sa mère chanceler et il s’empressa d’aller lui prendre la main. En temps normal il n’était pas très tactile, mais il avait pour valeur de toujours soutenir sa famille. Sa famille et tous ceux qui s’en rapprochaient. Comme… comme Allison. Le nœud dans sa gorge s’amplifia lorsqu’il songea à nouveau à toutes les conneries qu’il avait dites et faites. Il comprendrait bien qu’elle ne lui pardonne jamais. Malgré qu’elle se soit montrée sympathique plus tôt dans la journée, il ne se berçait pas d’illusion. Elle lui en voulait certainement encore.

La main de sa mère s’accrocha à la sienne avec force et sans pouvoir s’en empêcher il s’enquit en hésitant légèrement :

- Pour… Pourquoi on est toujours en vie? Pourquoi être parti en nous laissant la vie sauve?

- Il essaie toujours de rallier Allison à sa cause, James, lui dit doucement sa mère. Nous sommes des proies de choix pour lui, mais seulement si nous sommes vivants. Sans cela, Allison n’acceptera jamais.

- Mais pourquoi avoir pris Papa, dans ce cas? Et tante Hermione? Demanda-t-il à nouveau.

- Pour la tester. Et nous tester, gronda Ron. Maintenant, dépêchons-nous d’aller chercher Harry et Hermione. Allison aura besoin de nous dès que possible.

Le cœur de James se figea complètement en comprenant tous les sous-entendus. Berkeley était sans doute dès maintenant en compagnie de non seulement Allison, mais tous les autres. Son petit frère… Sa cousine… Teena et Malia. Oh, certes, ils n’étaient pas vraiment amis tous les trois, mais ils avaient appris à les connaître pendant leur petit « apprentissage ». S’il leur arrivait quoi que ce soit… Il ne se le pardonnerait pas. Il était encore un peu mitigé pour Scorpius, mais ça valait pour lui aussi. Sa main se crispa sur sa baguette et il suivit sans hésiter ses aînés.

Ils marchaient à grands pas depuis quelques minutes lorsqu’un nouveau claquement sonore retentit. De derrière eux. Encore une fois tout se passa extrêmement vite et il n’eut pas le temps de réagir, malgré qu’il eut pourtant l’impression que les différentes actions se produisirent sur une très longue période. Comme au ralenti. Il commença tout d’abord par entendre :

- Sectumsempra!

Il reconnut tout d’abord la voix de Berkeley avant qu’une douleur incroyable enflamme son dos et qu’il s’écroule par terre avec un râle. Il sentit quelque chose de poisseux s’infiltrer dans ses vêtements et son cerveau fit le rapprochement au ralenti en même temps que sa mère s’exclamait :

- JAMES! PAR MERLIN, JAMES!

Il l’entendit hurler de rage contre l’autre idiot pendant que Ron s’agenouillait à ses côtés rapidement, mais avec fébrilité. Quand la main de son parrain lui toucha le dos il lâcha un cri involontaire et se mordit la langue pour s’empêcher de recommencer. En entendant un claquement sonore à nouveau, il sut que Berkeley était reparti.

Sa mère revint immédiatement vers lui et prêta main forte à son frère pour soigner James. Qui commençait à avoir la tête qui tournait et une soudaine envie de dormir. Il la combattit aussi fort qu’il le put et se concentra sur ce que disait sa mère et son parrain. Ce dernier lâcha :

- Il cherche à nous ralentir.

- Et ça fonctionne, soupira sa mère. Mais il faut qu’on retrouve Harry et Hermione avant de rejoindre Allison. Sinon elle n’acceptera pas de faire demi-tour. Elle est aussi têtue que…

- Que nous à son âge, la coupa Ron. Nous devrions lui dire. Tout lui dire.

- Non, elle ne le supporterait pas, gronda sa mère avec un ton dur.

- Et moi, je peux le savoir? S’enquit-il d’une voix faible, mais avec un peu de l’humour qui lui appartenait.

Il se doutait fort bien de la réponse à sa question, cela dit. Les adultes n’étaient pas idiots au point de ne pas savoir que dès qu’il aurait l’information demandé il s’empresserait de la répéter à Allison. Ou à un intermédiaire. Comme son frère. Ou… Euh… quelqu’un. Beaucoup de gens le détestait en ce moment. Enfin, il pourrait sans doute confirmer à Allison qu’elle n’était pas encore au courant de toute l’histoire et qu’apparemment elle ne le supporterait pas.

- C’est hors de question, trancha brusquement sa mère.

James poussa un soupir en même temps que son parrain, ce qui lui arracha un sourire qui lui fit étrangement mal dans le dos. Après un moment qui lui sembla des heures, les adultes l’aidèrent à se relever et ils reprirent leur route. Eux avec un air tendu et lui avec une grimace douloureuse. Chaque pas le faisait souffrir, mais il s’efforça de le cacher. Même si le résultat… était médiocre. Il le savait simplement à la manière dont le couvait sa mère tout en marchant et regardant partout autour.

Ils fouillèrent longtemps avant de finalement retrouver son père et sa marraine. Et cette vision cauchemardesque resterait longtemps graver dans son esprit. Les vêtements des deux victimes, car c’étaient ce qu’ils étaient, avaient complètement été déchirés, sans doute par des sorts comme celui que James venait de subir. Leurs traits semblaient sans vie et s’il n’avait vu leur poitrine se soulever, signe qu’ils respiraient, il aurait cru qu’ils étaient morts. Sa mère et Ron se précipitèrent à leur côté et James s’appuya contre le mur en se laissant glisser lentement vers le sol. Le retour ne serait pas facile, car il se sentait à peine assez fort pour se relever. Et peut-être marcher un mètre. Après quoi, il s’effondrerait.

- Vous… vous êtes venu, souffla soudain son père d’une voix rauque qu’il ne voulait plus jamais lui entendre.

- Bien sûr qu’on est venu, s’écria sa mère avec des sanglots dans la voix. Et j’espère que tu n’as pas l’intention de me refaire un tel coup, Harry Potter.

Son père afficha un mince sourire. Très, très mince. Hermione juste à côté se contentait de regarder fixement Ron, le regard vide. Pourtant, il pouvait voir que sa main était fermement accrochée à celle de son mari et que les jointures étaient blêmes tellement elle le serrait fort. James dodelina de la tête à ce moment-là et tout devint brusquement noir, mais juste avant il aurait juré voir un faucon de lumière traverser le mur et se planter devant eux.

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Si j’avais trouvé qu’il y avait beaucoup de poussière avant ça, maintenant on étouffait réellement. Ce qui était on ne peut plus désagréable. Surtout compte tenu du fait que… que j’ignorais où était tout le monde. Je ne voyais rien. Rien du tout. Et c’était horrible. Vraiment horrible. Entre autre, car j’entendais des gémissements provenir d’un peu partout, mais j’ignorais totalement à qui exactement ils appartenaient. Je toussai à plusieurs reprises et mon crâne voulu imploser sous cet effort ignoble. Je réussis à suffisamment respirer de l’air pur (ou presque) pour dire :

- Est-ce que… est-ce que tout le monde va bien?

La poussière commençant tout juste à retomber, je préférais demander. J’eus bientôt des confirmations en provenance d’Albus, de Malia, Teena et Rose. Un peu après j’entendis l’unique fille chez mes gardes du corps annoncer que ça allait de son côté. Mon cœur se serra malgré que la majorité semble en bonne forme. Où était Scorpius? Rose devait partager ma crainte, car elle lâcha d’un ton paniqué :

- Scorp? Scorp, où es-tu? Dis-moi que ça va, je t’en prie…

Sa voix se cassa à la fin. Je m’agrippai à Al qui se trouvait toujours à côté de moi, finalement et je m’efforçai de ne pas paniquer. Scorp allait forcément bien, forcément. Mon espoir fut presque réduit à néant lorsque j’entendis ma garde du corps pousser un petit cri de douleur (plus émotionnel et mental que physique) et souffler d’un ton brisé :

- Jackson!

Après quelques secondes, elle lâcha complètement déboussolée :

- Il est… il est mort.

Mon sang se glaça dans mes veines et à ce moment les trois membres toujours en santé de notre quatuor s’exclamèrent en même temps :

- SCORPIUS!

La poussière commençait maintenant à être de nouveau plus au sol et je parvenais tout juste à discerner des formes humaines autour de moi. Je repérai en premier Al, puis Rose et ensuite Teena, Malia puis ma garde du corps. Je trouvai celui que je cherchai au moment où il lâcha en crachotant :

- Pas besoin de crier comme pour réveiller un mort, hein. Je suis toujours en vie… Enfin, si on peut dire.

- SCORP! Nous nous écriâmes à nouveau, mais cette fois de soulagement.

- Tu nous as fait une belle peur, mon vieux, soupira Albus avec un sourire soulagé.

- Ne vous réjouissez pas trop vite… Je crois que j’ai un problème, souffla notre ami Serpentard avec un peu de panique.

- Qu’est-ce qu’il y a? s’enquit Rose, angoissée.

- Mes jambes… Je ne les sens plus, affirma-t-il.

- Attends, je viens voir, lui dit ma meilleure amie en se mettant à bouger.

- Rose, ce n’est pas comme si je pouvais aller quelque part, souffla en riant Scorpius.

Al et moi on rigola avec lui, surtout sous le coup de la nervosité. N’empêche, ça prouvait que Rose avait perdu son sang-froid pour avoir dit une telle chose. Comme la poussière était complètement retombée je pus me redresser très légèrement, malgré le million d’étoiles dans mon champ de vision, pour observer tout autour. Et manquer perdre connaissance en voyant Scorpius entièrement enseveli à partir de la taille. Rose lâcha un cri et je pus voir d’où j’étais des larmes briller au coin de ses yeux. Toutefois elle les ravala courageusement et saisit la main de son petit-ami dans la sienne. Elle lui chuchota d’une voix qui se voulait optimiste :

- On va te sortir de là, ne t’inquiète pas.

Je ne pus m’empêcher de me mordre les lèvres. Je n’en étais pas aussi sûre, quant à moi. J’avais l’impression que cet éboulement avait été on ne peut plus délibérer, ce qui ne pouvait signifier qu’une chose : Berkeley était au courant de notre présence, ou plutôt et surtout de la mienne. Je tins toutefois ma langue, je n’avais pas plus envie que cela de nuire au moral de tout le monde. Déjà que ma mauvaise forme devait les inquiéter, autant pour eux que pour moi. Après tout, si je restais coincée ici, eux aussi.

Il fallait que je reprenne des forces… mais comment? Je n’avais partagé l’énergie nécessaire pour un voyage avec Al qu’une seule fois, à ce qu’il me semblait. Et c’était la première fois de toute. Comment pourrais-je faire pour retenter l’expérience? Voire… partager le fardeau du retour avec tout le monde. Je n’étais pas particulièrement fan de cette idée, mais si cela pouvait nous aider à tous rentrer sains et saufs, j’étais partante. Mon humeur s’assombrit quelque peu quand je pris conscience qu’au moins l’un d’entre nous ne reviendrait pas du tout.

- Vous croyez qu’ils vont les trouver? S’enquit Teena timidement.

- Absolument! M’exclamai-je en même temps qu’Albus.

On échangea un petit sourire avant que je ne poursuive seule :

- Il ne peut pas en être autrement.

Je retins les quelques informations supplémentaires du genre « Berkeley veut que je le rejoigne, alors il ne tuera aucun d’entre vous. En théorie. » et aussi « Il cherche à évaluer mes capacités, donc il nous laissera repartir sans trop de dommages, je crois », assurément, ça ne les rassurerait pas… Je poussai un léger soupir et commençai à réfléchir au moyen de libérer Scorp de tous ces morceaux de murs et de plafond. Sans doute pourrions-nous les faire léviter… Mais avant il faudrait réussir à retrouver Ginny, Ron et James, histoire de les prévenir et aussi de savoir où ils sont. Pour les prévenir le plus simple serait d’envoyer un Patronus, mais en faisant cela nous ignorions où ils sont… Sauf s’ils nous en renvoiyaient un.

Je sortis immédiatement ma baguette avec une main fébrile et m’apprêtais à ouvrir la bouche lorsqu’Albus m’interrompit :

- Hé, hé, qu’est-ce que tu penses que tu fais, là, au juste?

- J’envoie un Patronus pour prévenir ta mère, ton oncle et ton frère de notre situation et pour connaître leur position, répondis-je d’un ton sec.

- Et tu crois que c’est raisonnable dans ton état? Protesta Malia en me dévisageant.

Je ne répondis pas, honteuse. Empressée comme je l’étais d’en finir, il m’était sorti de la tête le fait que je ne pouvais pas vraiment me permettre d’effort inconsidéré de magie. Je soupirai à nouveau, mais Rose dit d’un ton ferme :

- Je vais le faire.

Elle brandit sa baguette et au moment où elle s’apprêtait à prononcer le sortilège, un claquement sonore l’interrompit. Nous nous retournâmes tous d’un coup dans la direction du bruit et un frisson d’horreur me parcourut le dos. Par Merlin, Berkeley.

D’un mouvement tranquille il rangea sa baguette sur le côté et souffla :

- Ce ne sera pas nécessaire d’appeler du renfort, ma chère. Ils sont bien trop occupés à chercher mes petits prisonniers pour cela…

La rage traversa mes veines à toute vitesse et me procura l’énergie que j’avais besoin pour me propulser sur mes pieds et m’écrier :

- VOUS! VOUS, JE VOUS JURE QUE VOUS ALLEZ LE PAYER DE VOTRE VIE!

- Je n’en attends pas moins de toi, petite Allison, susurra-t-il sur un ton de velours.

À ce moment je vis complètement rouge et ma main se raffermit sur ma baguette. Sans plus attendre je lui lançai un sortilège informulé. Sauf que plus vite que l’éclair il évita mon sortilège, sortit sa propre baguette et contre-attaqua. Je n’eus que le temps de lancer un bouclier qu’il commençait déjà à attaquer mes amis.

Toute à la fièvre du combat, je réussis quand même à remarquer avec un peu de désespoir qu’il attaquait plus férocement la seule Auror présente, et vivante. Par Merlin, il était beaucoup trop rapide et fort pour nous… En plus, Scorp ne pouvait même pas aider, sa baguette étant coincé sous lui. Et j’avais l’impression que les sorts que Rose, Teena, Malia, Al et moi lancions ne le déconcertaient même pas.

Je ressentis une telle frustration à cette idée que j’eus soudain l’envie brûlante de le voir anéanti, réduit en poussière, en rien de rien. Je voulais qu’il devienne rien du tout. Qu’il disparaisse pour toujours. Dans un fol espoir je m’imaginai la joie que ce serait si tout cela devait s’avérer et m’écriai :

- SPERO PATRONUM!

Mon loup argenté sortit d’un bond de ma baguette et fonça tout droit sur Berkeley qui sursauta violemment. Je me réjouis une seconde de cet état de fait avant de remarquer qu’il avait jeté un dernier sortilège mortel en direction de ma garde du corps et que celle-ci… avait aussi été distraite par mon loup. Je vis avec effroi l’éclat vert la toucher et son corps rester figé dans une expression d’étonnement avant qu’il ne tombe, raide, sur le sol.

Mes yeux s’écarquillèrent et je me retournai vers Berkeley avec la ferme intention de bondir sur lui et de le rouer de coups, de le varger aussi longtemps que je le pourrais. Je n’en eus toutefois pas le temps. À peine bondissais-je dans sa direction qu’il disparut à nouveau dans un claquement sonore.

- ESPÈCE DE LÂCHE! Hurlai-je rageusement. REVIENS ICI TOUT DE SUITE QUE JE TE…

Je ne réussis point à finir, car je me mis à trembler violemment et Al m’attrapa d’un coup par la taille juste avant que je ne m’effondre. Mes paupières me semblaient de nouveau extrêmement lourdes et lorsque j’arrivais à garder les yeux ouverts, c’était seulement pour voir un millier d’étoile danser. Ce n’était pas un aussi beau spectacle que l’on pourrait le croire a priori.

Cela dit, je tremblais toujours, alors peut-être que les étoiles ne dansaient pas réellement. Ma main relâcha ma baguette et je me laissai complètement choir dans les bras d’Albus. Il me tint serrer contre lui en chuchotant :

- Chut… chut… Ça va aller, Alli. Il aura son compte. Plus il attend, plus les intérêts lui coûteront cher.

Son ton si impétueux, assuré et irréfutable me transperça et je le crus sur parole. Malgré tout je ressentais encore cette rage qui grondait en moi. J’avais envie que le sang coule, et le sien de préférence. Enfin, celui de Berkeley, hein, pas Albus. Ce dernier m’embrassa d’ailleurs le front et il ajouta d’un ton beaucoup plus bas :

- Maintenant, si tu veux bien me faire plaisir et te reposer, ça m’arrangerait.

Je fronçai les sourcils et fit un effort pour le dévisager. En quoi est-ce que je l’avais inquiété, au juste? Je n’allais quand même pas rester les bras croisés à les regarder se battre, n’est-ce pas? C’était mal me connaître si c’était ce qu’il croyait!

- Alli, s’il-te-plaît, renchérit alors Rose. Tu es tellement blême que l’on aurait dit que tu es…

- Que je suis quoi? grommelai-je d’un ton qui me parut faible.

- Je peux te répondre. Malgré que je te vois à l’envers, je peux parfaitement voir que tu es blême, avec les lèvres presque bleuté et que ton regard… n’est pas du tout comme d’habitude, lâcha Scorp d’un ton léger. À vrai dire, tu as l’air morte, Alli.

Je me pétrifiai immédiatement. J’avais autant perdu d’énergie que cela? Mais… je me sentais pourtant très… Je me rendis compte en pensant cela que mes bras me semblaient beaucoup plus faibles et qu’en fait, je respirais de manière précipité, comme si je manquais de souffle.

- J’ai compris, je ne ferai plus d’effort démesuré, dis-je d’un ton morne.

À ce moment précis un nouveau claquement sonore déchira le silence et la voix détestable de Berkeley retentit à nouveau :

- Bien, je n’ai pas manqué grand-chose, à ce que je vois. Désolé de mon absence, j’ai dû ralentir encore un peu les Weasley. Ce pauvre gamin Potter devrait avoir eu son compte et il aura servi à quelque chose finalement.

- Vous avez qui QUOI?! gronda Al et je sentis ses mains se refermer douloureusement sur ma taille.

- Ne fait pas cet air-là, petit. Dans le pire des cas, il sera simplement un peu… abimé, disons. Dans le meilleur, tu ne l’auras plus sur le dos, rétorqua Berkeley avec un sourire mauvais.

Je crois que la main d’Al partit tout seul et qu’il ne pensa même pas à réfléchir l’espace d’un instant. Il se saisit de sa baguette en moins d’une seconde et lança un sortilège à Berkeley, informulé le sortilège, en s’écriant :

- ON NE S’ATTAQUE PAS À MON FRÈRE COMME ÇA!

Berkeley se contenta de lever les yeux au ciel et dévia nonchalamment le sort qui se brisa contre le mur dans un crépitement qui me rappela le feu. Al avait-il réellement envoyé un truc incendiaire à Berkeley? Si tel était le cas, ça se comprendrait avec l’état de fureur dans lequel il se trouvait. Je m’apprêtais à relever ma baguette pour participer à la bataille qui s’engageait à nouveau, mais d’une tape sur le bras Al me fit de nouveau relâcher mon arme que je venais tout juste de récupérer.

Je le foudroyai du regard autant qu’il l’était possible dans ma position, et situation, mais il ne me prêta aucune attention, trop occupé à se battre contre Berkeley avec les autres. Ce qui ne fit qu’accroître ma fureur. Je ne pouvais pas décemment accepté que les autres fassent mes combats à ma place. C’était à moi de le faire. À personne d’autre. Je pouvais certes recevoir de l’aide, mais certainement pas me faire pousser en dehors du champ de bataille. C’était irrecevable. Je repoussai Al avec une vigueur renouvelé à nouveau et saisit ma baguette dans des mains toutes sauf tremblantes. La colère déforma mes traits lorsque je lançai le premier sort.

Pendant les cinq premières minutes ce fut tout bonnement parfait.

On avait atteint une parfaite harmonie, Rose, Teena, Malia, Al et moi. De telle sorte qu’on envoyait à tour de rôle, de manière aléatoire, un ou deux sortilèges à la fois. Entre temps chacun de nous devait se protéger de Berkeley qui ne nous rendait pas la chose aisée, mais pour une fois j’avais l’impression qu’on lui donnait plus de fils à retordre qu’il ne l’avait escompté.

Bien sûr, il fallait que toute cette effervescence fabuleuse se gâte.

Ça commença tout d’abord avec Malia qui se retrouva saucissonnée par terre et avec une balafre sur la joue. Elle eut beau se débattre et se débattre encore, rien n’y fit. Notre concentration de groupe s’évanouit alors et on commença à perdre énormément de terrain. Ce n’est sans grande surprise que Teena rejoint à son tour Malia par terre, mais elle en étant stupéfixé et allez savoir comment avec le nez en sang.

À nous trois nous ne faisions clairement pas le poids. Nous réussîmes tout juste à tenir une minute dans cette position précaire. Albus fut rapidement stupéfixé à son tour et je lâchai un petit glapissement bizarre en le voyant tomber. Je me retirai ainsi de manière assez stupide du combat pour l’empêcher de se fracasser le crâne sur une des pierres qui avait roulé jusque là avec l’éboulement de plus tôt. Rose se retrouva ainsi seule, mais elle décida de mettre son moment de liberté à profit et fit sortir de sa baguette son faucon argenté au moment où Berkeley s’écriait avec une joie manifeste :

- Incarcerem!

Rose se retrouva à partir de cet instant complètement dans l’incapacité de bouger. Toutefois, Berkeley ne semblait pas trouver que c’était suffisant, car il ajouta en penchant la tête de côté et en haussant les épaules :

- Stupéfix!

Il se retourna ensuite vers moi en essuyant sa baguette sur ses vêtements comme s’il s’agissait d’une épée ensanglantée et non pas d’un morceau de bois autrement plus dangereux. Ma mâchoire se crispa à ce moment-là et j’étais presque certaine que mes yeux s’emplirent d’une envie de meurtre encore plus meurtrière que toutes les fois précédentes. Et il y en avait eu beaucoup.

- Ah, soupira-t-il en se passant une main dans ses cheveux gras. C’était tout qu’un petit combat, n’est-ce pas? J’espère que ça ne t’a pas ennuyé, l’histoire avec ton amie. J’avais quelques différends avec sa mère que je n’ai pas pu régler à cause de votre arrivée…

Ma main gauche se referma dans un poing et je prononçai d’un ton très dur, ou du moins je l’espérais :

- Je. Ne. Vous. Aiderai. Jamais.

Chaque mot, je les dis avec lenteur, espérant lui faire comprendre le message. Sauf que je n’étais pas la seule dans la pièce à avoir la tête dure, apparemment.

- Bien sûr que tu finiras par le faire, Allison. Tu ne voudrais pas qu’ils meurent tous, quand même? Des accidents sont si vites arrivés… Plaida Berkeley en papillotant des paupières.

- Allison ne vous aidera pas, Beurky. Si on meurt tous… Ça va seulement l’encourager à se suicider et vous empêcher une bonne fois pour toutes d’arriver à vos fins, rétorqua Scorpius en nous dévisageant la tête appuyé nonchalamment sur ses bras. Ou encore, dans le meilleur des scénarios… Elle vous…

- N’apprendras-tu donc pas à te taire! S’emporta le seul adulte de la pièce. Espèce d’idiot de Malefoy! Grommela-t-il en voyant Scorp lui adresser son plus beau sourire.

- Vous avez quelque chose contre les blondinets, M’sieur? S’enquit mon meilleur ami sur un ton moqueur.

Je crois que pour cette fois, il aurait dû s’abstenir de plaisanter, car Berkeley lui envoya un sortilège de Stupéfixion en pleine figure. Et bien… me voilà maintenant complètement seule face à mon pire ennemi, apparemment. Et je sentais mes forces décroître de seconde en seconde. Fantastique.

- Nous voilà enfin seuls.

- Effectivement, affirmai-je d’un ton froid, mais l’instant suivant je souriais de manière narquoise.

Berkeley fronça les sourcils. Mon sourire s’élargit puisque cela me permettait de constater qu’il n’avait pas remarqué le regard que j’avais porté sur le plafond au-dessus de sa tête. Plafond qui avait légèrement commencé à se craqueler. Je me serais bien assommée pour ne pas y avoir pensé plus tôt, mais il s’avérait que j’avais besoin de toute ma tête pour le moment, voyez-vous…

Avec un sourire toujours aussi grand je lui dis en m’inclinant :

- Ce fut un honneur de vous rencontrer une dernière fois de manière amicale, Berkeley.

Il s’apprêtait à protester quelque chose, mais je ne pourrais jamais savoir quoi, car ma demi-prosternation visait à raffermir ma prise sur ma baguette. Et dès que je fus redressée je pointai ma baguette au-dessus de sa tête en lançant mentalement :

- « BOMBARDA! »

Le plafond vola immédiatement en éclat à l’endroit choisi et l’éboulis passa très près de lui tomber sur la tête, mais il transplana juste après avoir lâché d’un ton sec :

- On se reverra.

Dès qu’il eut disparu, je m’écrasai par terre, exténuée. Toutefois, je n’avais le loisir de me laisser aller, il fallait tout d’abord que je m’occupe de mes amis. Je commençai tout d’abord par sortir Rose de l’emprise du sortilège de Stupéfixion, puis ensuite Scorp, après Al et finalement Teena. Au moment de libérer Malia du sortilège du Saucisson, Rose me poussa et s’en occupa. Je m’écroulai à ce moment-là, à bout de souffle.

Je reçus un regard chargé de colère de la part d’Albus, mais j’y repérai aussi de la fierté, alors je ne le pris pas mal. Ou n’y prêtai pas trop attention, au choix. C’était peut-être les deux d’ailleurs. Humm… J’avais l’impression que mes pensées étaient on ne peut plus confuses.

Je revins un peu à moi au son d’un claquement de doigts à côté de mes oreilles et de la voix de Rose qui disait :

- Hé, Alli, reste avec nous. Ce n’est pas le moment de t’endormir…

- On a peur que tu ne reviennes pas si tu t’endors, ajouta Scorp avec une énorme franchise et un sourire sans joie.

- Tu aurais vraiment pu le garder pour toi, Scorp, grommela Al en le foudroyant du regard.

Notre meilleur ami afficha tout d’abord un petit sourire moqueur avant de se mettre à grimacer de douleur. Il souffla d’un ton rauque :

- Oh, là, là… mes jambes…

Rose blêmit légèrement avant d’inspirer et de dire d’un ton calme :

- C’est une bonne chose si tu les sens encore. Maintenant il faudrait bouger ces morceaux de murs et de plafond pour pouvoir en premier lieu te libérer et aussi sortir par le fait même.

- Ouais, partir d’ici serait parfait, acquiesça Teena d’un ton sec.

- Vous… vous pouvez essayer… lévitation? Proposai-je.

Ma meilleure amie afficha un air pensif et s’apprêtait à essayer, baguette pointer dans la direction des roches lorsque la voix de Ginny traversa jusqu’à nous, quoique extrêmement étouffer :

- Albus? Allison? Rose? Vous êtes tous là?

- OUI! Nous hurlâmes tous en cœur, soulagé.

Pour une fois, j’étais bien contente que les adultes prennent les choses en charge. J’avais envie de dormir, là, tout de suite. Je fermais tout juste les yeux dans cette optique lorsque je sentis une vive brûlure sur ma joie suite à un claquement sonore. Je rouvris des yeux épouvantés et ce fut pour m’apercevoir une Rose en furie devant moi. Elle me cria au visage :

- HÉ, JE T’AI DIT DE RESTER RÉVEILLER, IL ME SEMBLE!

Je portai une main tremblante à mon visage en vue de me replacer les cheveux et je soufflai :

- Que ferais-je sans toi, Rose?

- Oh, de grandes choses, j’en suis sûre, m’assura-t-elle. De grandes choses qui te conduiraient fort probablement à ta mort, ajouta-t-elle sur un ton extrêmement dur.

Soudain les morceaux de murs et de plafond commencèrent à léviter en tremblotant, avec ceux du haut pour débuter. Après de longues minutes pendant lesquelles Rose m’expliqua que j’avais perdu connaissance une minute entière et qu’ils avaient communiqués entre eux pour parler des dégâts de chaque côté. J’appris entre autre chose que les deux autres gardes du corps étaient morts. Ce qui signifiait que quatre personnes étaient mortes à nouveau pour me sauver. Et cette pensée pesait grandement sur ma conscience.

Un long moment plus tard, Scorp fut finalement libéré avec un gémissement de sa part. Rose s’empressa de le ramener près de nous lorsque les morceaux de débris furent déplacés un peu plus loin dans un nouvel éboulis. Ginny se précipita à nos côtés accompagnés de Ron, James resta assis par terre de l’autre côté et à ses côtés se trouvaient Harry et Hermione. Le père de Rose se précipita sur sa fille et s’assura qu’elle n’avait rien, tandis que la mère d’Al en faisait autant avec lui. Après quoi, elle s’approcha de moi et marmonna :

- J’aurais préféré qu’on n’en arrive pas là, mais je crois que c’est plus prudent.

Étant complètement dans un état presque second, je n’arrivai pas une seule seconde à suivre ce qu’elle voulait dire par là. Elle souffla ensuite en pointant sa baguette sur moi :

- Revigor!

L’énergie qui me traversa d’un coup à ce moment me rappela la caresse de l’eau fraîche sur mes pieds lors des chaudes journées d’été. Un soupir d’aise s’échappa de mes lèvres tandis que mes pensées s’éclaircissaient. Ginny me demanda :

- Crois-tu être suffisamment en forme pour tous vous ramener à Poudlard rapidement?

- Sans les Pierres, ce sera du gâteau, affirmai-je. Mais avec…

Je laissai ma phrase en suspens, préférant ne pas dire ce qui me traversait l’esprit encore une fois. Je ne crois pas qu’ils étaient intéressés de savoir que ce serait sans doute le voyage de trop. Le dernier voyage. Ouais, nan, vraiment pas cette impression. La femme d’Harry Potter hocha gravement la tête et m’expliqua :

- Ron et moi nous nous en doutions, c’est pourquoi nous allons nous éloigner tous les deux avec les Pierres et toi tu emporteras tes amis, Albus, James, Rose ainsi qu’Harry et Hermione à Poudlard. On vous rejoindra par nos propres moyens à Poudlard. Est-ce que ça fonctionnerait?

- Oui, dis-je en fronçant les sourcils. Mais ça ne me plaît pas de vous laisser derrière.

- Tout d’abord, rassure-nous sur un truc, d’accord? Quand on est arrivé ici, on était tout de même dans le présent, vrai? Demanda Ron.

Je hochai de la tête avant de préciser :

- Quelques minutes avant le présent du moment où nous sommes partis. Mais en gros, oui, on était dans le présent. Et maintenant je vais nous ramener tous, sauf vous deux, approximativement au moment où nous sommes partis. Enfin… Quelques minutes après pour éviter tout risque de face à face.

Les deux adultes hochèrent de la tête et Ginny précisa à son tour :

- Attends mon Patronus avant de partir. Ce sera le signe qu’on est suffisamment loin pour que ton voyage soit sans trop de risques.

J’acquiesçai en silence et avant de s’en aller ils rapprochèrent Scorpius, James, Harry et Hermione de l’endroit où je me trouvais. Suite à quoi ils s’éclipsèrent en marchant rapidement.

Malgré le regain de force que m’avait donné Ginny, j’avais encore l’impression d’être exténuée. Et j’avais le fort pressentiment que c’était la même chose pour tous mes amis présents. Al m’avait pris la main et rien qu’à sa faible pression je devinais sa fatigue. Je me promis de me rendre à mon dortoir en arrivant et de m’écrouler sur mon lit pour dormir. Tant pis si je manquais les premiers cours de demain matin, j’avais une excellente excuse. D’autant plus que j’étais censée être en « convalescence ».

Au bout d’un moment une jument argentée nous apparut et comme c’était le signal qu’on avait tous attendu en silence (chose étonnante compte tenu que plusieurs d’entre nous étaient de vraies pipelettes) on se donna tous la main de manière mécanique. Dès que l’on fut tous prêt, j’amorçai le retour.
Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Quand on réapparut dans l’infirmerie, j’avais l’impression d’afficher un air hagard catastrophique et c’est ainsi que je lâchai :

- Ginny et Ron vont arriver dans quelques heures… Mes gardes du corps ont laissés leur vie dans notre entreprise.... Je n’en veux plus... Et maintenant je dois aller dormir…

Sur ces mots, et sans tenir compter des airs ahuris de McGonagall et de Madame Pomfresh, j’avançai de quelques pas et m’écroulai sur le lit voisin à celui d’Hugo. Juste avant de tomber comme une masse j’aperçus l’air éberlué de Lily qui me dévisageait.

Pour une raison bien étrange et que je ne pouvais pas du tout m’expliquer… je me réveillai aux petites heures du matin. En bref, vers quatre heures. J’aurais pourtant cru que j’aurais été exténuée au point de rester sans connaissance pendant plusieurs jours d’affilé. Je me redressai sur un coude pour regarder tout autour et la scène que j’avais sous les yeux me donna envie de rire.

Tous les lits ou presque de l’infirmerie était occupé par mes amis ou les membres de leur famille. Pour commencer, sur le lit voisin au mien (pas du côté d’Hugo) il y avait Al, ensuite on avait Rose, puis Scorp qui avait les deux jambes dans le plâtre, après Teena, Malia et James qui me semblait plutôt pâle contrairement à d’habitude. De l’autre côté se trouvait Harry, Hermione, Ginny et Ron. Les deux derniers se tenaient assis, immobile, aux côtés de leur partenaire de vie. Sous une impulsion, je le suppose, Ginny releva les yeux et planta son regard directement dans le mien.

Elle se releva à ce moment, ayant constaté que j’étais réveillée, et commença à s’approcher, mais à ce moment notre attention à toutes les deux fut détourné, car les portes de l’infirmerie s’ouvrait en grand sur McGonagall, Madame Pomfresh et Nesta. La première eut un petit sursaut en me voyant debout et posa avec une certaine fébrilité sa main droite sur son cœur, comme si elle se sentait chanceler. Elle souffla avec un tel soulagement que je compris sans l’ombre d’un doute qu’elle s’était fait énormément de soucis pour moi :

- Que Merlin soit loué, vous êtes toujours en vie, Miss Lévesque.

- Pourquoi serais-je morte? M’étonnai-je en fronçant les sourcils.

- Vous étiez très près de la mort, m’informa Madame Pomfresh. Si vous aviez emporté une seule personne de plus, vous auriez rendu l’âme sur ce lit à l’instant où vous vous y êtes étendu.

Un frisson d’angoisse me traversa le dos. Par Merlin, il s’en était fallu de peu, en effet. Je pianotai sur le bord de mon lit en songeant qu’il faudrait vraiment que je commence à prendre des précautions niveau vision. Je me montrais peut-être un peu trop irresponsable et détachée par rapport à moi-même. Je n’étais pas invincible. Je n’étais pas plus puissante qu’aucun membre de ma famille. Comme pour tout le monde une petite erreur pouvait m’être fatale. Cela dit, je n’avais pas besoin d’entrainer qui que ce soit dans ma chute.

Je plantai mon regard dans celui de Nesta et soutins son regard lorsque je clamai :

- Je ne veux plus de garde du corps. N’y vois rien de personnel.

- C’est hors de question, nous augmenteront les effectifs, voilà tout.

- Je. N’aurai. Plus. De. Garde. Du. Corps, répétai-je en détachant chaque mot. J’en ai assez que vous mourriez. Ça fait déjà cinq qui ont donné leur vie. Et la première était déjà une de trop. Berkeley se fout de vous. Il vous tuera jusqu’au dernier s’il veut m’avoir. Que vous soyez deux, quatre, dix ou vingt ne changera rien au résultat. La meilleure protection que je peux avoir, c’est mes amis. Il pourrait certes me faire chanter, mais s’il devait les tuer, il n’atteindra jamais son objectif et peu importe ce qu’il en dit… il le sait. Alors je ne crois pas qu’il prendra le risque.

- Et s’il voulait vous enlever à nouveau? Rétorqua Nesta en croisant les bras.

- Rien ne pourra l’empêcher. Avec ou sans vous, il y arrivera. Ma meilleure protection, ça reste mes amis.

Il y eut un court silence où nous nous affrontâmes du regard. Je pouvais lire toute sa détermination à me protéger coûte que coûte. Mais je n’étais pas prête à ce qu’elle fasse ce sacrifice. J’avais déjà perdu Ana et malgré que je ne sois pas aussi proche de Nesta, je l’appréciais suffisamment pour ne pas la voir finir à l’état de cadavre voué à se décomposer. Je la convaincrais, peu importe le temps qu’il faudrait. Aucun d’eux n’avait à mourir pour moi, pas encore. Plus jamais.

- Je suis prête à mourir pour vous, m’assura-t-elle et la sincérité que j’entendis dans sa voix me fit peur.

- C’est justement le problème. Moi je ne le suis pas, prête. Ce n’est pas normal que des adultes comme vous tous soyez prêt à mourir pour une adolescente têtue qui n’en fait toujours qu’à sa tête. La valeur d’un sacrifice se juge par son extrême nécessité. Là, il n’est pas nécessaire qu’il y ait plus de victimes qu’il n’y en a déjà eu. Si j’acceptais d’avoir d’autres gardes du corps, ce serait comme de signé à l’avance pour vous envoyer à l’abattoir. Vous n’avez pas l’ombre d’une chance, car il se moque de vous. Vous n’avez aucune importance à ses yeux. Vous êtes à peine un contretemps.

Nesta se raidit un peu plus à chaque mot supplémentaire que je prononçais et je voyais que ce que je disais ne la laissait pas indifférente. Qu’elle comprenait exactement ce que je disais. Elle ouvrit soudain la bouche et je lus dans ses yeux qu’elle s’apprêtait à objecter quelque chose, mais McGonagall la coupa :

- Autant j’ai horreur de l’admettre, Allis… Miss Lévesque a raison. Ce ne serait ni plus ni moins qu’un abattage, pur et simple. Mais il n’est pas de mon autorité de retirer les gardes du corps de cette jeune fille, je ne suis que la directrice.

Son ton était plutôt ironique dans sa dernière phrase, car normalement elle était celle avec le plus de pouvoir au vue du lieu où nous nous trouvions. Cela dit, elle n’avait pas l’autorité pour décider de mon sort. Ce droit revenait à… mon parrain et ma marraine. Qui se trouvait profondément endor…

- Je retire tous les gardes du corps qui sont affectés à Allison, trancha soudain Harry Potter.

Je tournai brusquement mon regard vers lui et le dévisageai avec des yeux ronds. Il eut un pâle sourire en disant :

- Ce n’est pas la première discussion que j’épie en ayant l’air de dormir…

Il prit une courte inspiration avant de poursuivre :

- Allison a raison dans son raisonnement. Et… je me souviens avoir été à sa place. Ce n’est pas du tout agréable de voir les gens autour de soi mourir pour nous. Pour une cause qui nous dépasse. Surtout qu’en ce moment, c’est complètement inutile qu’il y ait d’autres morts.

Il jaugea du regard et me dit :

- À la fin de ton année scolaire, nous devront parler, Allison.

Je fronçai les sourcils et demandai :

- Pourquoi pas maintenant?

- Ce n’est pas le bon moment.

Je poussai un soupir frustré et grommelai :

- J’ai l’impression que tu ne te souviens que de quelques parties de ton passé, Harry Potter. Et je peux t’assurer que je sens au fin fond de moi qu’on ne se rendra pas jusqu’à la fin de mon année scolaire. Quand tu quitteras l’école, on ne se reverra pas. Pas avant qu’il ne soit trop tard. À ce moment soit je reviendrai vainqueur ou je ne reviendrai pas du tout.

Sur ces mots, je sortis du lit de l’infirmerie que j’occupai et lâchai en bousculant tout le monde sur mon passage :

- Sur ce, je retourne à mon dortoir, salut! J’en ai ras le bol de l’infirmerie.

Sans que je m’y attende Rose, Teena, Malia et Albus sortirent à leur tour de leur lit. Lily redressa la tête, mais resta avec Hugo. En dépassant les portes, j’entendis Scorp grommeler :

- Bon, bah, je suppose qu’on se reverra plus tard…

J’eus un mince sourire tandis que mes amis prenaient place de part et d’autre de moi. Je me sentais beaucoup plus en sécurité avec eux, qu’avec des inconnus qui épiaient chacun de mes faits et gestes. Nous n’avions pas fait cinq pas, qu’un rugissement en provenance de Ginny nous parvint :

- JAMES SIRIUS POTTER, REVIENT ICI TOUT DE SUITE. TU ES EN CONVALESCENCE!

- Allison aussi, M’man! S’écria James dont la voix me parvenait de derrière mon dos. Et je vais me reposer bien sagement dès que je retrouverai mon lit! Les draps ici grattent beaucoup trop.

- JAMES! S’insurgea à nouveau Ginny, mais ce dernier ne répondit pas trop occupé à faire autre chose.

L’autre chose en question étant de me pousser dans le dos pour me forcer à accélérer la cadence. Il ne tarda pas à bousculer Al pour se placer à côté de moi et m’attraper par le bras pour me forcer à courir dans une nouvelle direction. J’eus le cœur légèrement serré quand je remarquai le sang qui m’acculait toujours son t-shirt. C’était de ma faute si tout ça arrivait.

Alors que nous tournions dans un couloir qui menait bien loin de notre Salle Commune, il souffla :

- Il faut que je te dise quelque chose. C’est urgent.

Je hochai de la tête avec un haussement d’épaule. J’étais quand même déjà en train de le suivre, non? J’étais toutefois rassurée d’entendre le bruit des pas de mes amis qui nous suivaient eux aussi. Je ne me serais pas sentie totalement à l’aise d’être seule avec James. En particulier, car d’une certaine manière j’avais encore sur le cœur ce qu’il avait dit. Ce qu’il avait fait.

Après quelques couloirs au hasard, il finit par nous faire entrer dans un placard à balai suffisamment grand pour tout notre petit groupe. Dès que Teena, qui était la dernière, fut entrée, il referma rapidement la porte. Pendant au moins deux minutes personne ne prononça un mot, nous étions tous trop occupé à reprendre notre souffle. Surtout moi, en fait. Je pris une minute de plus que tous les autres à reprendre un débit de respiration plus normale. Ce qui était bizarre, car normalement j’avais une excellente forme physique. Apparemment ma petite aventure m’avait vraiment touché durement. Ce que je trouvais diablement frustrant!

Quand j’eus suffisamment retrouvé mon souffle, je demandai en dévisageant James :

- Alors… Tu avais des trucs à me dire?

Il sembla immédiatement mal à l’aise et je compris que c’était encore plus sérieux que je le croyais lorsqu’il fit en sorte que personne ne puisse nous entendre de l’extérieur du placard à balai. Il ne semblait pas très sûr de lui si je me fiais aux nombreux coups d’œil qu’il portait tout autour, comme si quelqu’un pouvait s’y trouver. J’arquai un sourcil dans sa direction et il s’arrêta pour prendre une inspiration, puis il lança :

- Ta mère ne t’a pas tout dit, concernant Berkeley. ET la prophétie. Ma mère l’a insinué quand j’étais avec eux, mais je n’ai pas pu obtenir plus d’informations… car elle devait se douter que j’allais tout te répéter. Même si j’avoue que maintenant que je sais… mon envie est assez mitigée.

- Je me doutais bien que je n’avais pas toutes les infos en main, pourquoi ton père aurait-il voulu me parler, sinon? Fis-je remarquer en faisant légèrement la moue.

Il avait vraiment fait tout ce chemin rien que pour me dire ça? Ça me semblait bien peu, comme information. Surtout que je m’en doutais déjà. Je poussai un soupir et tandis que je m’apprêtais à le bousculer légèrement et à refermer ma main sur la poignée de la porte, James m’interrompit brusquement en posant ses deux sur mes épaules et en grognant :

- Je n’ai pas fini.

Je me figeai instantanément en l’entendant utiliser ce ton. En voyant que je ne faisais plus mine de bouger, il me relâcha et passa une main fébrile dans ses cheveux. Son visage énormément inquiet ne me disait rien qui vaille. Rien qu’à le voir dans cet état et je devenais anxieuse…

- Après que l’on soit revenu, je n’ai pas réussi à trouver le sommeil. J’avais encore l’impression que je subissais le sortilège de Berkeley et qu’il était encore là. J’ai eu beau me tourner et me retourner, ça ne changeait rien. J’ai demandé à Madame Pomfresh de me laisser faire un petit tour, mais elle m’a ordonné de retourner dans mon lit. J’ai obéi sans discuter et entrepris d’essayer à nouveau de dormir. Ça n’a évidemment pas fonctionné. Alors, j’ai fait comme si j’étais tombé dans un profond sommeil, espérant qu’ainsi je sombrerais pour de bon, commença James en se tordant les mains, chose qui ne lui arrivait pas fréquemment.

Je fronçai les sourcils en l’entendant me raconter tout ça. À quoi cela rimait-il, exactement? Je ne voyais pas du tout où il voulait en venir. J’attendis toutefois patiemment qu’il continue, ce qu’il fit aussitôt après avoir pris une nouvelle inspiration :

- Ma technique à presque fonctionné. Sauf qu’au moment où je m’apprêtais à m’endormir, ma mère et mon parrain sont entrés dans l’infirmerie. J’ai continué à faire semblant de dormir tandis qu’ils se rendaient au chevet d’Hermione et mon père. C’est là que j’ai constaté qu’ils ne dormaient pas. Ma mère leur a demandé si tout le monde dormait et mon père a confirmé à voix très basse. C’est là qu’ils ont commencé à parler de toi.

- Parler de moi? M’étonnai-je. Pourquoi, cette fois?

- Ils ont entre autre chose mentionné le fait que tu n’étais pas au courant de tout. Et il se demandait si tu devrais être mise au courant ou non de l’intégralité véridique de la prophétie.

- L’auraient-ils mentionné véritablement, à tout hasard? Demandai-je en sentant la curiosité enflé en moi.

- En petite partie, oui, confirma James gravement. Ils ont prononcés une phrase… c’était Lors d’une très longue journée, au jour où le soleil réchauffe le plus la Terre, tout se terminera. Mes parents croient qu’il s’agira du mois le plus chaud.

- Ce qui donnerait le mois de juillet. Ça explique pourquoi ils pensent que nous aurons le temps de parler après la fin de l’année scolaire… dis-je pensivement.

Quelque chose ne collait pas, pourtant avec tout ça. J’avais l’infime conviction que ça n’aurait pas lieu en juillet. Que ça ne pouvait pas avoir lieu en juillet. C’était beaucoup trop loin et j’avais l’impression que j’atteindrais bientôt le point de non-retour. Le moment fatidique où je gagnerais haut la main ou gagnerait en perdant. J’avais l’impression d’avoir le doigt sur quelque chose sans pouvoir le nommer et c’était incroyablement frustrant, comme plusieurs choses dans ma vie cette année.

- Ce n’est pas tout, Allison… souffla James et sa voix me parut épouvantée ce qui ne me plut pas du tout.

Pourquoi avais-je la soudaine impression que ce qu’il allait me dire me minerait immanquablement le morale? J’espérais de tout cœur avoir tort, pour une fois. Pas que j’aie la prétention d’avoir toujours raison, mais… enfin.

- Ils ont dit quelque chose comme La victoire ne pourra pas être obtenue sans de grands sacrifices et toutes actions ont des conséquences qui n’arrivent pas toujours au moment où on le croit. Sérieusement, Allison. Ça m’a fait froid dans le dos. Ils disaient ça avec tellement de craintes dans la voix que j’avais l’impression qu’ils en savaient plus sur le genre de sacrifices mentionnés. Et que ce n’était pas très heureux. Mon père a même dit que finalement McGonagall avait peut-être raison en disant qu’on ignorait de ce que l’avenir nous réservait et que peut-être tu avais un fardeau beaucoup plus lourd que celui qu’il avait dû porter. Tu te souviens, n’est-ce pas, Allison? De cette conversation que nous avons surprise dans les bois à l’Halloween pendant ta première année? Avec Al et Scorpius?

Je hochai lentement de la tête en me sentant blêmir. Des sacrifices. N’en avais-je pas déjà suffisamment fait? Pourquoi aurais-je besoin d’en rajouter d’autres? J’en avais plus que marre de tout perdre… Je fermai les yeux fortement pour éviter à des larmes de rages et de désespoir de s’écouler. Ce n’était pas le moment et ce ne serait jamais le moment. Je ne pouvais pas me permettre de faiblesse maintenant. Je pris une grande inspiration avant de rouvrir les yeux. Pour mieux découvrir mes amis qui me dévisageaient avec horreur, compassion et une infinie tristesse.

Je grondai en les foudroyant du regard :

- Ce n’est pas du tout le moment de s’apitoyer!

Ils perdirent instantanément ces émotions pour afficher un air plus neutre. Je leur adressai un sourire de remerciement avant d’ajouter :

- Je suis certaine que ça n’aura pas lieu en juillet. Quelque chose me dit qu’ils se trompent. Et mon instinct me crie que ça aura lieu avant, et plus précisément… vers la fin juin. J’ai toujours eu le sentiment que le dénouement se ferait pendant les examens, avec toute l’ironie de la fin, etc.

- Je ne suis pas sûre de te suivre sur ce coup-là, avec ton machin sur l’ironie, affirma Rose. Par contre je partage ton avis concernant le mois de juillet. Ça ne colle pas.

Je hochai de la tête, bien sûr que ça ne collait pas! J’ajoutai en affichant un air songeur :

- Ils se passent quelque chose d’intéressant à la fin juin?

- Le solstice d’été, s’exclamèrent Albus et Rose en même temps.

- MAIS OUI, C’EST ÇA! M’écriai-je avec intensité. La phrase le précise d’ailleurs… Lors d’une très longue journée, au jour où le soleil réchauffe le plus la Terre… Une très longue journée! Le solstice d’été est la plus longue journée. Et c’est logique qu’à ce moment il réchauffe le plus la Terre, car il est là plus longtemps! Expliquai-je rapidement.

- C’est censé! Approuva Rose en ayant l’air de réfléchir longuement aussi. Mais ça veut dire que le 21 juin de cette année, il va se passer quelque chose de décisif. Que tu reverras Berkeley une dernière fois pour le meilleure ou pour le pire… souffla-t-elle ensuite d’un air épouvanté.

- Il faut qu’on aille le dire à mon père immédiatement! Argua Albus avec insistance.

- Non, on ne peut pas, affirmai-je. Ils ne nous croiront pas.

- Mais on ne sait pas tout, Allison! Protesta James.

Je secouai de la tête avec détermination. C’était mon combat, pas celui d’Harry Potter. Et s’il décidait de garder des informations pour lui, c’était son problème. Et puis, il y avait d’autres manières d’obtenir ce que je voulais. Je pouvais facilement remonter au moment précis des évènements. Certes, c’était risqué, mais j’avais l’impression que j’en apprendrais bien plus ainsi.

- Il y a d’autres moyens d’obtenir ces informations, affirmai-je. Et j’ai déjà le plan parfait qui se peaufine dans mon esprit en ce moment. Cela dit, on ne pourra pas le mettre en marche avant d’avoir préparé nos B.U.S.E. Certes, je ne pourrai peut-être pas les faire comme il se doit, mais je veux au moins être prête à les affronter au cas où. Et puis, maintenant je sais quand exactement aura lieu ce fameux combat, ajoutai-je toujours en réfléchissant.

- C’est quoi le plan? S’enquit Malia.

- Remonter en arrière jusqu’au moment exacte où la prophétie a été prononcé. Au moment où tous les ennuis ont commencés, dis-je sans donner plus de détails.

- Ça ne me plaît pas beaucoup, lâcha Albus avec un froncement de sourcil. Mais je suis partant.

Je lui adressai un sourire de remerciement, car s’il n’avait pas accepté, je n’aurais jamais pu prendre le risque d’y aller. Certes, je n’aurais sans doute pas besoin d’y aller physiquement, mais parfois les visions me jouaient de drôles de tour et je n’avais pas la moindre envie de rester coincée seule à l’année de ma naissance… et de devoir attendre des années avant de retrouver mes meilleurs amis.

- Maintenant que ce sujet est clos… entama Rose. Je voudrais que tu me dises, après tous les évènements récents je n’ai pas eu le temps de te demander… Pourquoi est-ce que tu as hésité autant avant d’entrer dans le dortoir de Ruby?

J’eus immédiatement l’affreuse sensation et impression d’avoir avaler ma langue. Ce qui est vraiment horrible et dégoûtant. Dans presque tous les sens du terme. Je n’avais pas très envie de leur dire et en même temps c’était probablement nécessaire. Honteuse, je baissai les yeux en marmonnant :

- À vrai dire… c’est un peu honteux de ma part, mais pendant un moment… j’ai… euh… douté de Ruby. Et en fait, je suis encore perdue.

- Mais, enfin, Alli, pourquoi?! s’exclama Rose avec un air horrifié qui me fit mal comme un coup de poignard en plein cœur.

- Vous vous souvenez que Parkinson m’a dit de… prendre garde aux filles de mon âge? De mon année, plus particulièrement… Il a dit qu’il y en avait deux qui travaillaient à titre de recrue pour Berkeley, avançai-je timidement.

Le silence lourd qui tomba immédiatement me fit comprendre sans l’ombre d’un doute qu’ils comprenaient tous la gravité de la situation. Je ne trouvai pas le courage de relever les yeux. Je me sentais énormément coupable de penser une telle chose, mais en même temps… N’étais-je pas en droit de douter après que mon meilleur ami ait joué, certes contre sa volonté, à mes dépens?

- Je n’y crois pas, grommela James. Shepherd n’est pas ce genre de filles! Et en plus, elle est une née-moldue. Voldemort exécrait les nés-moldus, alors je ne vois pas pourquoi Berkeley aurait songé à mêler Shepherd à cette histoire!

Je relevai la tête pour les regarder tous un à un et je remarquai en croisant le regard de Rose qu’elle en était venu aux mêmes conclusions que moi. Et si je me fiais à la tension dans les épaules d’Al, il en était de même pour lui.

- James… Aussi douloureux que ça peut l’être de l’imaginer… Alli a peut-être raison d’avoir des doutes. Ruby et elle ne sont devenues proches que cette année, formula Rose doucement. Et c’est cette année que tout a mal tourné pour Alli. Que son don a été un peu plus… actif. C’est un peu curieux… Après, c’est vrai que ce serait bizarre qu’il ait choisi Ruby, mais d’un autre côté… continua-t-elle avant de se faire interrompre par Albus.

- D’un autre côté, c’est logique. Elle se tiendrait ainsi hors de tout soupçon.

- Mais elle est amie avec Scorpius! S’exclama James.

- Je croyais que tu ne faisais plus confiance à Scorp, fit remarquer Rose en arquant un sourcil.

L’aîné des Potter rougit légèrement et je fronçai les sourcils face à sa réaction. Il y avait plusieurs raisons pour lesquelles il aurait pu avoir cette réaction… Cela dit, ce n’était pas le moment de le questionner.

- Ce que vous avez dit a fini par faire son chemin jusqu’à ma raison, plaida James. Je suis désolé d’être aussi tête de mule.

- Alors, là! Il faut le noter au calendrier, James Sirius Potter s’excuse! Et il avoue s’être trompé! s’exclama Al avec étonnement et avec un ton légèrement ironique.

- Ne commence pas avec ça, Al! Gronda son frère.

- Et pourquoi je m’en empêcherais, hein? Tu me fais toujours ce genre de coup! Rétorqua le cadet avec un sourire narquois.

- Tu as franchement eu une mauvaise influence sur lui, Allison, grommela James.

Je lui adressai un grand sourire et tapai dans la main d’Al en ajoutant une grimace moqueuse à James, qui leva les yeux au ciel. Il reprit toutefois son sérieux, et nous de même, quand il dit :

- Alors on ne doit pas faire confiance à Shepherd?

- Disons qu’on va lui faire moyennement confiance… avançai-je avec un soupir de dépit.

J’aimerais vraiment me tromper, pour le coup.

- Il vaudrait mieux éviter d’en parler à Scorp, car il risque de le prendre mal, marmonna Rose.

- Il le prendra encore plus mal s’il l’apprend plus tard et qu’il voit qu’on ne lui a rien dit, affirma Al en contredisant sa cousine.

- Je suis d’accord avec Al. Mais aussi avec toi, Rose. Je dis qu’on attend qu’il soit rétabli avant de l’informer de nos soupçons… dis-je avec un haussement d’épaule.

Mes amis hochèrent tous de la tête et Teena souffla ensuite :

- Ça me paraît tellement improbable. Elle est gentille, Ruby.

- Elle n’agit peut-être pas sous son propre chef, proposa Malia. Comme avec Scorpius.

- C’est une possibilité, admis-je. Mais je crois qu’on devrait cesser d’en parler. On n’a aucune preuve et… il faudrait vraiment qu’on commence à réviser pour nos B.U.S.E, préparer tout ce qu’il faut, etc.

- J’ai déjà passé mes B.U.S.E, fit remarquer James.

- Peu importe, grondai-je. On reparlera de tout ça plus tard.

Comme tout le monde acquiesçait, James se rendit à l’évidence et retira son sortilège. On sortit donc tous rapidement du placard à balai et pendant qu’on se dirigeait vers notre Salle Commune je lâchai un dernier commentaire :

- On devrait se trouver un endroit plus pratique pour ce genre de rencontre. Les placards à balai, je commence à en avoir marre.

Cette remarque déclencha l’hilarité chez mes amis et c’est avec le cœur un peu plus léger que l’on se rendit jusqu’à notre Salle Commune.

Cela dit, notre bonne humeur ne resta pas longtemps. Liam et Dylan nous accueillirent certes avec chaleur et les retrouvailles furent sympathiques, mais… au moment où Rose, Al, Teena, Malia et moi on sortit tout notre matériel scolaire, on comprit que ce serait bien trop long.

- Il est un peu tard, ou un peu trop tôt, non? Avança Teena.

- Non, affirmâmes Rose et moi en même temps.

On échangea un sourire avant qu’elle ne continue seule :

- Je n’ai pas sommeil… Alors j’aime mieux commencer dès maintenant. On est déjà en retard…

- Mais on vient juste d’entrer dans le mois de mai! Protesta Malia.

- Justement! On aurait dû commencer bien avant, dis-je en essayant de ne pas avoir l’air trop à fond dans les études, même si c’était le cas. On parle de B.U.S.E, là, Mal. C’est beaucoup plus sérieux que les petits examens que nous avons eu jusqu’ici…

Je vis mes deux amies déglutirent difficilement et je proposai :

- Je peux vous fournir une copie de mes notes, si vous voulez.

Elles acceptèrent avec un soupir de soulagement et Rose se proposa elle aussi pour les notes. Voyant qu’elles étaient maintenant beaucoup moins nerveuses, on commença à sortir toutes les informations que l’on pourrait avoir besoin. Ce qui se résuma en prenant en notre tout, mais absolument tout ce que nous avions vu jusqu’ici à Poudlard. C’était une tâche colossale, mais comme Rose et moi fonctionnons de la même manière, ou de façon équivalente, on se sépara la tâche en deux. Al étant lui aussi assidu dans ses études on lui proposa d’en faire une partie avec les matières où il avait d’excellent résultat.

Par exemple, comme Rose était meilleure en Histoire de la Magie, c’est elle qui s’en occupa. Moi j’avais une assez grande facilité en Divination (enfin, presque, meilleur que les autres disons) je m’occupais donc de cette matière, ainsi que métamorphose où j’excellais aussi. Al s’occupait de la Défense contre les forces du Mal et de la Botanique. J’avais en surplus les Potions. Ma meilleure amie s’occupait aussi du cours de Sortilèges. Nous nous partageâmes le cours de Soins aux créatures magiques, Al et moi. Entre nous trois on se départagea l’Astronomie. Rose était seule pour ses cours d’options, mais je ne me faisais pas de soucis pour elle. De leur côté, Teena et Malia analysaient les endroits qui leur posaient le plus de problèmes et se concentraient là-dessus. C’était une bonne méthode tant qu’elles ne faisaient pas que cela jusqu’au jour des examens.

Lorsque l’heure des cours arriva, nous avions bien avancé et je me sentais nettement moins coupable d’avoir commencé aussi tard à préparer notre révision. Moi qui détestais être en retard, je trouvais qu’un mois pour préparer les B.U.S.E ce n’était pas beaucoup. Certes, je connaissais la matière presque sur le bout des doigts, mais… je n’aimais pas laisser les choses au hasard.

Juste avant de partir pour les cours, on passa par l’infirmerie pour dire deux petits mots à Scorp, d’abord un « bon courage » pour sa journée à l’infirmerie et ensuite on le prévint qu’on avait commencé à préparer les B.U.S.E et qu’on lui en donnerait une partie. Il renâcla un peu, car il aurait bien voulu participer, mais Rose lui fit remarquer qu’il pourrait toujours l’aider avec l’Arithmancie et qu’il avait aussi sa propre matière comme l’Étude des Moldus. Pour toute réponse, il bougonna un peu avant de sourire à nouveau et de nous souhaiter une bonne journée. Il ajouta tandis que nous partions qu’il serait sans doute de retour pour le repas du soir. Cette nouvelle nous réjouit autant qu’elle nous inquiéta, car nous étions heureux de pouvoir le ravoir parmi nous aussi vite, mais on craignait aussi sa réaction quand on lui parlerait de notre petite interprétation.

Le soir venu, Scorpius nous rejoignit dès que l’on quitta notre table. Il s’empressa de prendre la main de Rose dans la sienne et ma meilleure amie eut un sourire idiot aux lèvres. Al et moi on se jeta un regard amusé avant de se prendre la main à notre tour. Alors que nous quittions la Grande Salle, je sentis une brûlure à la nuque, comme sous le feu d’un regard empli d’animosité.

Je me retournai d’un bond et croisai le regard presque fou de Rebecca. Ça faisait des lustres que je n’avais pas repensés à elle. Et si je me fiais à l’air qu’elle affichait en voyant Al et moi ensemble, je crois qu’elle ne digérait pas bien la nouvelle… Une sueur froide me traversa le dos, sans que je ne sache trop pourquoi. Probablement était-ce à cause du fait qu’elle avait parfois des sautes d’humeurs étranges qui finissaient toujours en agression sur ma personne. Oui, probablement.

Albus me jeta un regard curieux, mais je me contentai de lui sourire pour lui faire comprendre que ce n’était rien. Même si une petite partie de moi me disait que ce n’était pas le cas.

Contre toute attente, Scorpius ne prit pas trop mal la nouvelle. En fait, il avoua :

- Quand tu m’as dit qu’il y avait deux filles de notre année qui pouvait être concernée… J’avoue que j’ai fait une liste de celles qui seraient susceptible de s’y retrouver.

- Et qui était sur cette liste? Demandai-je, anxieuse.

- J’ai tout de suite écarté Rose, Malia et Teena, affirma-t-il. Elles te fréquentent depuis trop longtemps pour pouvoir être concerné… D’ailleurs, Rosie ne pourrait jamais faire ça, à moins d’être le mouton noir de sa famille. Ce qu’elle n’est pas.

- Merci du vote de soutien, Scorp, ironisa ma meilleure amie en levant les yeux au ciel.

Un sourire moqueur étira les lèvres de Scorpius avant qu’il ne reprenne un air neutre pour poursuivre :

- J’ai horreur de le dire, vraiment. Mais Ruby y figurait. Je sais que vous n’étiez pas vraiment antipathique l’une pour l’autre auparavant, mais vous êtes quand même devenues amies réellement cette année. Et il s’est produit tellement de choses que… qu’un aussi petit détail me semble presque une preuve. Mais elle a toujours été gentille, alors je ne sais pas trop quoi penser… Mais il y a un truc…

- Quel truc? S’enquit Al en fronçant les sourcils.

- J’ai l’impression qu’elle me cache quelque chose. Certes, je suis moins proche de mon groupe de Serpentard que de vous trois, mais… Ils sont quand même des amis très proches, vous savez. Et je connais presque tout ce qu’il y a à savoir sur eux, même si parfois j’aurais préféré ne pas être au courant de tout, mais enfin… peu importe, commença Scorp en s’embrouillant légèrement. Ce que je veux dire, c’est que je l’ai questionné sur son soudain débordement d’amitié pour toi, Alli. Et elle m’a répondu que cette année vous aviez simplement sauté le pas au lieu de faire partie des connaissances proches.

- C’est un peu ça, oui, admis-je en haussant les épaules.

- Sauf qu’elle ne me disait pas tout. J’en suis persuadé.

- D’accord, alors elle cacherait la vraie raison… dis-je pensivement.

- Mais ça ne veut pas dire que c’est en lien avec Berkeley, fit remarquer Rose.

- Non, mais c’est une drôle de coïncidence, marmonna Scorp en grimaçant.

- Je propose qu’on en reparle plus tard, nous avons des B.U.S.E à préparer, lâcha Al en soupirant.

Comme nous hochions tous de la tête on prit le chemin de la bibliothèque pour le peu de temps qu’il nous restait. On avait certes quitté la Grande Salle assez tôt, mais cela ne nous laissait quand même qu’une heure trente tous ensembles pour travailler. Après notre quatuor serait séparé. Certes on n’avait pas besoin d’être tous ensemble pour travailler, mais c’était toujours plus intéressant, car nous avions tous certains champs d’expertise qui différaient, alors si nous avions une question, il nous suffisait de questionner le meilleur connaisseur de la matière en question.

*********************

Environ cinq jours plus tard, nous avions fini d’écrire les informations essentielles à retenir et préparer notre guide de révision. Ça avait été plus long que prévu, car nous devions absolument tout prévoir jusqu’aux moindres petits détails, ce qui impliquait remonter jusqu’en première année. Cela dit, comme nous ne faisions que quelques matières chacun, ce fut beaucoup moins long que de tout faire séparément et comme nous avions d’avance fait en sorte d’avoir une méthode de travail semblable, nous nous retrouvions facilement dans les notes des autres. Fiers de nous, nous dupliquâmes toutes nos notes en trois nouvelles copies avant de se les distribuer. J’en fis deux autres des miennes et Rose en fit autant, ce serait pour Teena et Malia, comme nous l’avions promis. Pour le reste, elles pourraient se débrouiller.

Comme il nous restait un peu de temps avant la fermeture de la bibliothèque, nous discutâmes un peu de combien d’heures nous devrions réserver à l’étude.

- Je crois que six heures par jour de l’étude de la théorie sera suffisantes. Et une heure ou deux heures pour la pratique, proposa Rose. En Sortilège, Métamorphose et Défense contre les forces du Mal, entre autre. Pour Potion, on devra se contenter des récupérations. Je crois le professeur Johnson a dit qu’il offrait quatre heures par semaine en surplus pour ceux qui le voulait, non?

- Oui, admis-je. Mais cela dit, on va pratiquer où pour Sortilège, Métamorphose, etc? Et puis, vous devez aussi à apprendre à faire vous-savez-quoi sans votre baguette. Pour plus de précaution.

- On a qu’à aller à la Salle sur Demande, lâcha Al avec un sourire. Et on amènera Malia, Teena et James en surplus.

- Excellente idée! Nous exclamâmes Rose et moi en même temps ce qui nous fit lâcher un petit rire à tous les quatre.

J’ajoutai toutefois seule :

- En parlant de Malia… La Pleine Lune c’est demain soir. Ce serait bien qu’on y aille, maintenant que c’est possible pour chacun d’entre nous. Et que je suis libre.

Mes trois amis hochèrent de la tête. On discuta encore de tous les détails une bonne quinzaine de minutes concernant nos études et aussi notre projet de la Salle sur Demande ainsi que de la Pleine Lune. On aurait sans doute parlé plus longtemps, mais à ce moment notre si charmante bibliothécaire nous jeta pratiquement dehors à coup de baguette.

Quand les portes de la bibliothèque se refermèrent dans notre dos, on s’empressa de prendre le chemin de la Salle Commune des Serpentards. Quand on y serait, Joshua et Kieran prendraient le relais pour surveiller quiconque pourrait vouloir refaire une tentative de contrôle sur Scorpius.

En n’y arrivant je lui dis :

- On se revoit demain et une longue journée nous attend.

- Ouais, on ne verra pas notre nuit, dit Scorp avec un petit sourire.

- Bonne nuit, Scorp, lâcha Rose en l’embrassant sur la joue.

Il lui souhaita bonne nuit à son tour, mais l’embrassa plutôt sur la bouche. Al et moi on se détourna d’un même mouvement pour leur laisser un peu d’intimité. Cela dit, j’avais un gros sourire étampé au visage. Moqueur, le sourire.

Quand les deux tourtereaux se séparèrent enfin, Scorpius nous souhaita bonne nuit à nous aussi et on se sépara. Enfin, on se sépara seulement après avoir eu confirmation que notre ami avait bien rejoint Joshua et Kieran. À ce moment-là seulement nous fîmes demi-tour pour rejoindre notre propre Salle Commune.

Le trajet fut étonnamment silencieux, aucun de nous ne semblait presser de prendre la parole. Et puis bon, on était tous un peu en panne, on avait tellement parlé avec Scorp que j’avais l’impression que tous les sujets avaient été couvert. Sans oublier, que parfois le silence faisait du bien, surtout en compagnie de ses amis. On n’avait pas à toujours parlé, ils nous étaient souvent arrivés d’être tous les quatre à la bibliothèque pendant des heures sans échanger un seul mot, la simple présence des autres pendant notre travail étant suffisante à notre petit bonheur individuel.

En arrivant dans notre Salle Commune, Al marmonna en voyant un parchemin accroché sur le panneau d’affichage :

- James nous a mis trois entraînements de Quidditch. Demain matin, après demain soir et un autre la journée suivante. Il veut nous tuer ou quoi?

- Je crois que le Quidditch sera bénéfique au contraire. On va pouvoir se changer les idées, dis-je avec un haussement d’épaules.

- Je suis plus ou moins d’accord avec vous deux, affirma Rose et on éclata de rire.

On se sépara alors d’Al, Rose et moi, pour monter étudier dans notre dortoir dans une relative tranquillité. On s’efforça toutefois de ne pas trop veiller tard, car la journée du lendemain s’annonçait épuisante. En fait, je devrais dire les deux journées prochaines risquaient de l’être.

La journée du lendemain passa effroyablement vite. En commençant avec une pratique de Quidditch qui se révéla être complètement catastrophique pour plusieurs raisons. La première de toute étant que l’unique poursuiveur n’étant pas de la famille de James reçu un Cognard en plein ventre provenant de l’autre Batteur. L’entraînement fut donc abrégé pour mener notre pauvre poursuiveur à l’infirmerie. Pour une fois, ce n’était pas moi qui y allais pour cause de blessure dû au Quidditch!

Ensuite, tous nos cours de la journée ne tournèrent qu’autour des B.U.S.E, tous les professeurs sans exception réussirent à me mettre une pression énorme sur les épaules dont je me serais bien passé et je me surpris à ne presque pas manger de la journée pour pouvoir réviser. L’effet fut similaire sur Rose, Scorp et Al. C’est à peine si on échangea deux phrases de toute la journée.

Et maintenant on se trouvait tous à essayer de se rendre discrètement en dehors de l’école en compagnie de Malia. Comme nous ne pouvions pas avoir d’excellente nouvelle après une journée aussi harassante, et bien, il pleuvait des cordes dehors.

- Si vous ne voulez plus venir, je comprendrais, affirma Malia en nous voyant geindre légèrement.

- Alors, ça non! Si tu brave la tempête, je vais la braver aussi, grondai-je.

Les autres affirmèrent plus ou moins la même chose et on se faufila incognito dans le passage secret. On n’avait fait qu’un seul pas à l’extérieur que l’on était déjà trempé jusqu’au os.

- Quelqu’un a amené son shampoing? S’enquit Scorp. C’est la température idéale pour prendre une douche!

- Oh, tais-toi, Scorp! Grommela Rose en levant les yeux au ciel.

Yeux qu’on ne voyait qu’à peine à cause de ses cheveux roux qui se trouvaient être complètement aplati sur sa tête et recouvraient une partie de son visage. Les miens, ainsi que ceux de Teena et Malia n’offraient pas un plus beau spectacle. Mais tout ça n’aurait bientôt plus d’importance.

Nous arrivâmes bientôt au Saule Cogneur où nous attendait déjà mon frère sous sa forme de coyote. Il inclina la tête dans ma direction et celle de Mal. Je lui dis, par pure politesse :

- Salut, Parkinson.

Il leva les yeux au ciel devant mon obstination à l’appeler par son nom de famille, puis désigna la fiole d’antidouleur qui se trouvait à ses pieds. Malia nous avait déjà dit que la métamorphose n’était pas des plus agréables… L’intéressée se dirigea dans cette direction avec la fluidité de quelqu’un qui a souvent reproduit cette situation. Pendant une seconde j’eus l’impression d’être une intruse…

Notre amie avala à ce moment le contenu de la fiole et avec une grimace nous conseilla :

- Prenez votre forme d’Animagus, maintenant. La Lune ne tardera pas à se lever…

Je ne remarquai qu’à ce moment précis à quel point le teint habituellement bien bronzé de Malia était terne, maladif. Je me sentis terriblement mal pour elle. Ça n’avait sans doute pas été toujours très facile pour elle. D’autant plus que… que c’était récent. Décidant de ne pas lui cause plus de soucis, je fis signe à tous mes amis de prendre leur forme animale. Je ramassai à ce moment toutes leurs baguettes et les glissai dans mon sac à main spécial vision.

Au moment où je m’apprêtais à y glisser la mienne et pouvoir entamer ma propre transformation, une voix dans mon dos me pétrifia surplace.

- Eh bien, eh bien… Que vois-je là? Allison et tous ses acolytes… Et tous des Animagus. Non-déclaré. Je devrais peut-être aller le dire à la directrice… Sauf si elle est déjà au courant. Est-ce qu’elle l’est, Lévesque?

Un grognement remonta le long de ma gorge, mais je réussis à me contenir suffisamment pour ne pas le lâcher. Cette fille ne méritait pas ma colère.

- Qu’est-ce que tu fous ici, Rebecca? Tu en veux encore à Albus de t’avoir rejeté… comment tu l’as dit déjà? Comme une vieille chaussette? Ah, et il me semble que tu m’as aussi dit que j’avais eu ma chance. Eh bien, toi, tu as royalement gâché la tienne.

Je remarquai que le tigre qu’était Albus avait les crocs totalement dévoilés, que le petit renard de Scorp grognait sourdement en direction de Rebecca, que le faucon de Rose la fusillait de ses yeux de rapace et que Teena se faufilait subtilement dans sa direction, prête à faire quoi? Je l’ignorais. Quant à Malia, elle semblait complètement malade à l’idée que quelqu’un d’autre soit au courant de sa nature. Notamment quelqu’un en qui elle n’avait pas vraiment confiance. Parkinson dut sans doute comprendre un peu l’enjeu qui se jouait maintenant, car il s’avança pour se positionner devant Mal d’un air protecteur. Il dévoila ses crocs et claqua une fois des mâchoires en direction de Rebecca.

- Parkinson, quelle surprise! Je ne m’attendais pas à te voir avec eux. Aux dernières nouvelles tu savais toujours à quel camp il valait mieux appartenir.

- Tu insinues quoi par-là, Rebecca? M’étonnai-je en fronçant des sourcils.

- Simplement que contrairement à ce qu’a dit Berkeley à Parkinson, les deux recrues chez les filles de cinquième étaient plutôt dignes de confiance. Et qu’en fait, il voulait qu’on le surveille lui. En même temps que toi. Et, ô surprise, je vous trouve tous les deux au même endroit.

Sa révélation fut comme si un étau glacé se refermait sur mon cœur. Rebecca? Rebecca était l’une des deux filles qu’avaient choisies Berkeley? Mais… Pourquoi? Et depuis combien de temps travaillait-elle pour lui?

- Tu travailles pour lui? Vraiment? M’enquis-je en laissant transparaître toute la surprise que je ressentais et peut-être un peu de moquerie, je devais bien l’admettre.

- Oui, moi, Lévesque! Grommela-t-elle en me foudroyant du regard. Je lui ai été très utile dans les derniers mois!

- Pourquoi? Pourquoi tu fais ça? Marmonnai-je avec cette fois un début de consternation.

- Parce que j’en ai marre de te voir prendre trop de place! Même avec moi, Albus parlait trop souvent de toi pour que ce soit normal! Tu as gâché le meilleur moment de ma vie! S’écria-t-elle avec colère.

Elle faisait vraiment simplement ça parce qu’elle était jalouse? J’avais de la difficulté à me demander si je trouvais qu’elle faisait pitié ou si je la trouvais complètement pathétique. Humm… sans doute le pathétisme était-il plus juste. Je lâchai soudain avec horreur :

- Tu… tu n’as quand même pas attaqué Lily? Et Hugo?

- Il n’y avait rien de plus jouissif que d’exercer sa vengeance, Allison. En plus, ton ami Scorpius le Renard a fait le plus gros du boulot en l’empêchant de remuer. Oh, il a combattu de toutes ses forces, mais Elliot était trop fort pour lui.

Un frisson d’horreur me parcourut l’échine alors qu’un rugissement sortit de la gueule d’Albus au moment où il se mettait à avancer avec un air menaçant. Je me dis que c’était une chance que James n’ait pas pu venir ce soir, car sinon Rebecca aurait probablement finie embrochée et en pâté pour chat.

Au moins elle eut l’intelligence de reculer d’un pas, mais je m’exclamai quand même :

- Al, calme-toi!

- Il a raison d’être en colère, ricana Rebecca avec un rire que je ne pus m’empêcher de trouver faux. Après tout… m’attaquer à son jeune cousin a été aussi très facile. Cela dit, j’ai eu de l’aide sur ce coup-là. Theo aime beaucoup s’amuser à des jeux violents.

Cette fois, c’en était trop. Alors même que d’un battement d’aile et d’un cri furieux, Rose s’élevait-elle dans les airs et que les autres s’élançaient à leur tour, je fus plus rapide qu’eux tous. Ma main se leva en formant un poing et sans que je puisse me retenir je le lui assénai en plein milieu du visage.

- Vas-y, défoule-toi, Allison! Me provoqua-t-elle. Soit méchante et tout le monde comprendre à quel point tu ne mérites pas toute l’attention que l’on te porte! Cela dit, rien ne m’empêchera de parler…

- Alli… La Lune se lèèèèvvvrreeee… lâcha Malia, mais la fin de sa phrase se termina en grondement.

Oh, merde. Ça, ça s’annonçait très mal. Mon cerveau fonctionna alors à toute vitesse et je ne pris aucun temps de réflexion pour tout ce qui s’ensuivit, trop préoccupée à l’idée de garder tout le monde en vie. D’abord moi, puis Rebecca. Même si elle ne le méritait pas.

Je jetai un coup d’œil du côté de mon amie et remarquai que sa transformation était en cours. Bon… Je n’avais plus quelques secondes pour agir…

- Un loup-garou? S’exclama Rebecca en ouvrant de grands yeux apeurés tout en reculant rapidement. Il ne le sait surement pas! Tu vas voir, Allison, d’ici demain il saura to…

Elle n’eut pas le temps de terminer que j’avais déjà levé ma baguette et que je m’écriai :

- Stupéfix!

Elle s’écroula sur le sol en moins de deux et je m’empressai de la faire léviter. Tout en commençant à m’éloigner je dis à mes amis :

- Je vous retrouve tout à l’heure. Partez avec Malia. J’ai un colis à livrer…

Ils semblèrent comprendre que je ne négocierais pas, car ils se placèrent tous sans tarder entre Malia et moi. Je me mis à courir en entraînant Rebecca avec moi, derrière mois s’élevait à intervalle régulier des grondements qui me semblaient légèrement… menaçants.

Dès que j’eus rejoint Poudlard, je rentrai à l’intérieur à toute vitesse, déposai Rebecca par terre devant le passage secret et la réveillai. Dès qu’elle ouvrit les yeux, elle se redressa et bondit sur ses pieds dans l’évidente intention de m’engueuler, sauf que je ne lui en laissai pas le temps. Avant qu’elle n’ait pu dire quoi que ce soit, je lâchai :

- Désolée, Rebecca… Mais tu en sais trop.

- Que… Quoi?! s’écria-t-elle, rouge de colère.

Je haussai les épaules avec un sourire badin avant de lancer en pointant de nouveau ma baguette sur elle :

- Oubliettes!

Je m’arrangeai pour qu’elle croie être allée faire un tour dehors pour se rafraîchir et qu’elle s’était fait prendre par l’orage. Voyant donc qu’il ne faisait pas suffisamment beau pour une sortie, elle rentrait à sa Salle Commune.

Dès que j’eus terminé mon petit numéro, je me faufilai dans le passage secret, rangeai ma baguette dans mon sac à main et me transformai en loup dans l’instant. C’est donc à quatre pattes que je refis le chemin menant au Saule Cogneur. Et en courant comme une dingue. Il n’était pas question que mes amis s’amusent sans moi, quand même!

J’avais au départ l’intention de les retrouver à l’odorat.

Mais c’était une idée bien stupide et je m’en rendis compte à l’instant où je surgis sous la pluie. L’eau. L’eau annulait toutes les empreintes olfactives. Faute de leur odeur, je suivis les empreintes de tigre dans la boue. Après tout, ce n’était pas comme s’il y avait beaucoup de tigre en liberté en Grande-Bretagne. Et encore moins dans l’enceinte du château!
Cela ne me prit qu’à peine dix minutes avant de les retrouver. Et je décidai de m’amuser un peu. Utilisant la particularité des loups à marcher silencieusement, je m’approchai subtilement de mes amis avant de bondir sur Al avec un grondement rageur.

Ils sautèrent tous dans les airs et je ne pus m’empêcher de sourire de la manière canine de le faire. Al me foudroya du regard, ainsi que les autres. Enfin… tous sauf Parkinson qui semblait sourire aussi. Peut-être m’avait-il entendu? C’était possible, il avait sans aucun doute une meilleure maîtrise de son côté Animagus que tous les autres, moi compris.

Malia semblait calme… mais mal à l’aise. Sans doute à cause du fait que nous étions tous là et que c’était la première fois. Je la bousculai légèrement de l’épaule et elle gronda légèrement. Sauf que je ne crois pas que c’était vraiment un avertissement sérieux. Enfin, je l’espérais.

On passa la moitié de la nuit à parcourir la forêt de manière totalement inconsciente. Ce qui était vraiment stupide. Ce n’était surement pas pour rien que la Forêt interdite était interdite. En fait, il y avait de fichue bonnes raisons. Et on le comprit assez rapidement à nos dépens.

Nous marchions donc tout tranquillement, Al et moi côtes à côtes, Rose s’étant posé sans demander la permission sur mon dos, je sentais ses serres me rentrer dans les côtes à chaque pas. Teena n’ayant pas de très grandes pattes, elle utilisait Scorpius comme moyen de transport. Cela ne semblait pas l’ennuyer, mais je voyais bien que mon amie regrettait son choix.
Pour la simple et bonne raison que Scorp n’arrêtait pas de faire des bêtises, comme improvisé des rodéos. Je crois que même Rose était découragée de son comportement. Enfin, ceux qui marchaient devant, c’était Parkinson et Malia. Personnellement j’ignore ce que se disaient les habitants de la forêt devant notre groupe hétéroclite, mais ça aurait surement été intéressant de le savoir!

On devait être tout prêt de la matinée lorsque l’on pénétra dans la zone à risque. Je commençais à me sentir légèrement fatiguée et je ne prêtais plus vraiment attention aux signaux qui avertissaient de dangers plutôt préoccupants. Comme des dômes de toiles d’araignées. Ou encore huit yeux qui luisaient dans l’obscurité et semblaient appartenir à un corps gigantesque…

Je crois que chacun d’entre nous comprit exactement dans quel merdier on s’était mis les pieds au moment où le bruit de cliquetis qui semblaient colériques se fit entendre. En moins d’une seconde Rose poussa un cri perçant avant de s’élever dans les airs et nous on fit demi-tour en courant de toutes nos forces. Tout en courant, je me fis la réflexion que j’en avais marre de toujours courir comme une dingue pour diverse raison. Apparemment la proximité d’une mort certaine me faisait réfléchir à des trucs bizarres.

Il y avait seulement un problème avec notre fuite.
Il n’y avait pas d’issue. Et on le comprit assez tôt lorsque je percutai à toute vitesse un corps velu comportant un grand nombre de très grandes et huit yeux. Par Merlin, pourquoi des Acromentules?


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Voilà, c'est fini! J'espère que vous n'êtes pas trop déçu... :? Il reste maintenant plus que trois chapitres avant que ce premier tome de la fanfic soit terminée... :shock: Les deux prochains risques d'être un peu plus court ou du moins de la même taille que mes chapitres habituels. Donc trente page et pas soixante-dix :lol: Celui-ci était aussi plus court, en fait. Que les derniers, car il reste plus long que ceux que j''écrivais habituellement :lol: Bien, maintenant n'hésitez pas à laisser un commentaire pour me dire ce que vous en pensez. Positif comme négatif ;) Bonnes vacances!

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Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Salut! Voici enfin le chapitre 24! :D Cela dit, je l'ai terminé il y a quelques jours, mais j'ai décidé de prendre de l'avance pour le chapitre 25, donc... Avant de vous laisser à votre lecture, j'ai quelques petits trucs à spécifier. En premier lieu, le chapitre 25 sera publié le vendredi 26 janvier (ou le samedi matin très, très tôt, j'ignore encore à quoi ressemblera mon horaire...). Pour ce qui est du chapitre 26, il sera publié deux semaines plus tard, soit le 9 février. Je ne sais pas encore si j'aurai eu le temps de commencer le tome 2, mais toujours est-il que le premier chapitre du deuxième tome devrait apparaître soit deux semaines après le chapitre 26 ou un mois. J'ai l'intention de me remettre à mon autre fanfic, alors c'est pourquoi je prends de l'avance avec HP, pour ne pas vous pénaliser. :D Les dernières choses que j'ai à dire sont en lien avec le chapitre présent... :oops: Premièrement, j'ai eu tort concernant sa longueur :lol: Il va être diviser en trois parties :lol: Après il y a une scène un peu macabre, une autre peut-être émotive (je crois que ça dépend des gens pour le coup) et la fin est... bizarre. Enfin, vous le jugerez bien vous-même, n'est-ce pas? ;) Bonne lecture!!


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Chapitre 24



Je n’avais pas de chance et j’étais maudite. C’était la seule explication rationnelle. Bon, d’accord, non, ce n’était pas rationnel comme explication. En fait, on était tous idiots. On aurait dû faire plus attention et blablabla. Ouais, ça j’étais parfaitement au courant. Ce que j’ignorais, par contre, c’était comment nous sortir, indemnes de préférence, de ce guêpier. Ou nid d’araignée, au choix.

Enfin, après ma percutante rencontre, je reculai précipitamment et du même coup Al me fonça de plein fouet dedans, ainsi que tous les autres. Cette bousculade en chaîne me fit de nouveau me plaquer contre la créature repoussante. Je comprenais maintenant pourquoi Rose et Malia pouvaient avoir une peur aussi viscérale de ces bestioles. Elles étaient affreuses! Un long frisson parcourut ma fourrure de loup et sous le coup d’un instinct plus fort que moi, je me retrouvai à relever les babines pour dévoiler mes crocs. Un grognement bas s’éleva de mas gorge tandis que je reculais tout en poussant mes amis.

On se retrouva rapidement encerclé par ces immondes créatures et avec aucune sortie de secours possible. À moins que… Des balais! Si on réussissait à ramener les balais jusqu’ici, à survivre jusqu’à leur arrivée et… Ah, mais Malia ne pourrait pas nous suivre. Sauf que dans les airs, on pourrait avoir l’avantage et lui offrir une sortie. Humm… Mais comment faire pour obtenir les balais? Il fallait que l’un de nous reprenne forme humaine et lance un sortilège d’Attraction sur plusieurs balais de préférence. Je réfléchissais à tout ça à toute vitesse tout en bousculant toujours un peu mes amis pour que l’on se mette tous dos à dos. C’est précisément à ce moment que j’aperçus l’éclair rougeoyant dans le ciel. Un éclair de plume, évidemment. Rose! C’était elle la solution. Par contre, il fallait une diversion pour que je puisse : 1- Reprendre forme humaine, 2- Lancer la baguette à Rose, 3- Ne pas me faire dévorer en me battant en attendant les balais. Cela dit, une fois sous forme humaine, je pourrais toujours, tout en lançant la baguette de mon amie à cette dernière, utiliser la mienne pour attirer le mien.

C’était un très mauvais plan. Très, très mauvais, mais malheureusement le seul que l’on pouvait mettre en pratique. Je croisai le regard de mon amie et tentai de lui transmettre rien qu’avec mes yeux tout ce que j’avais l’intention de faire. Je ne crois pas que cette fois elle avait compris ce dont il était question, mais à voir ses yeux effrayés, j’en conclus qu’elle se doutait d’à quel point ce que j’avais en tête était stupide, voire totalement irresponsable. Après, notre simple présence en ces bois était irresponsable, pour le coup.

Les Acromentules semblaient saliver à l’idée d’avoir tout un groupe de nouvelles proies, car il me semblait que je voyais quelque chose dégouliner de leu gueule immonde. Ensuite, la vitesse à laquelle leurs pinces cliquetaient était aussi un indice d’excitation. Une excitation qui se transforma rapidement en colère lorsque je repris forme humaine et tout en grognant propulsai mon pied sur ce que je soupçonnais être le nez de la créature en hurlant :

- Tiens, l’affreuse!

Mes amis n’eurent pas besoin que j’élabore mes pensées et se mirent immédiatement en action. Teena se faufila entre toutes les araignées et, je le supposai seulement, mordaient toutes les pattes qu’elle rencontrait. Albus fit jouer de ses pattes et de ses crocs. À l’instar de Teena, Scorp se mélangeait aux araignées avec une agilité surprenante dut à sa petite taille. Quant à mon frère et Malia, ils se battaient côte à côte, malgré les tremblements fréquents de mon amie.

Pour ce qui était de Rose, elle voletait juste en haut de moi en me lançant des cris d’interrogation. Sauf que je ne lui prêtais pas attention, comme je ne prêtais attention que celle d’un seul œil à tout ce qui se passait autour de moi. L’autre était trop occupé à farfouiller avec l’aide de mes mains dans mon sac à main. J’en ressortis rapidement ma baguette, qui me servit à ramener celle de Rose. Là, je crois que mon amie saisit légèrement ce que j’avais en tête, car elle vint se poser rapidement sur mon épaule et prit dans son bec sa baguette avant de décoller précipitamment. Je pus à ce moment m’écrier :

- Accio balai!

De ce fait, je permis une nouvelle fois à ma meilleure amie de comprendre ce qu’elle avait à faire. Elle s’éloigna à tire d’elle, sans doute pour trouver un endroit plus calme et moins risqué pour reprendre forme humaine. Je ne me préoccupai toutefois plus d’elle pour me concentrer sur le ici et le maintenant. Essayant de gagner du temps, je pointai l’une des Acromentules avec ma baguette et m’exclamai :

- Incendio!

Une boule de feu brûlante se propulsa immédiatement sur l’araignée géante et l’atteignit avec fracas. Sans lui causer de réel dommage, les cris de la bête me pétrifièrent et je sus que je venais de l’enrager plus qu’autre chose. Je rangeai immédiatement ma baguette dans mon sac à main avant de reprendre ma forme de loup.

À partir du moment où je fus de nouveau sur quatre pattes, je me lançai à corps perdu dans la bataille. Bataille que nous étions en train de perdre. Mais je refusais qu’il en soit ainsi. Non, je n’allais pas mourir dévorer par des araignées à la noix. Quand même! Ce serait bien trop ironique! À seulement un mois de la date fatidique et je mourrais tué par des Acromentules… Il y avait mieux, quand même. Cela dit, je ne détesterais pas voir l’air qu’aurait Berkeley en l’apprenant… Ça vaudrait sans doute le détour.

Mais ce n’était pas le moment d’y penser.

Mais alors là, pas du tout. Nous nous fîmes tous acculés contre des arbres drôlement collés les uns aux autres. Quand je vis ce qui les faisaient paraître aussi rapproché, je fus prise de hauts le cœur. Par Merlin, c’était des sacs d’œufs énormes qui avaient faits se rapprocher les troncs! Je ravalai avec dégoût la bile qui remontait dans ma gorge avant de presque la recracher immédiatement en sursautant lorsqu’une voix désagréable retentit :

- Maiiiiiis, n’est-ceeee paaas incroooooyable? Des petiiiiits biiiiipèdeees pouuuuur noooootre repaaaas…

Chacun d’entre nous s’immobilisa avec la peur au ventre. Enfin, c’était le cas pour moi et au vue de l’immobilité soudaine de tout le monde, c’était le cas pour eux aussi. Une autre voix reprit sans insister particulièrement sur les mots, malgré qu’ils soient légèrement écorchés… comme en sortant d’une gueule pourvu de pinces, en fait :

- Pas besoin de bavasser avec eux. Il suffit de se contenter de les manger. Ils ne peuvent pas s’enfuir. Toutes les issues sont couvertes, on est partout à la fois. Ce soir on aura un excellent repas. Ils ne peuvent pas s’enfuir!

- Tu parles trop, grommela la première voix.

- C’est toi qui me dis ça? S’indigna la deuxième en chuintant sauvagement.

Je clignai plusieurs fois des paupières, n’en croyant pas mes yeux. Étaient-elles réellement en train de se disputer alors que nous étions là, encore vivant et prêts à tout pour survivre?

Elles durent se rendre compte d’elles-mêmes de la stupidité de leur action, car à peine remuai-je la patte pour amorcer un premier mouvement de fuite, elles se retournaient dans notre direction en cliquetant furieusement. Araignée numéro un gronda :

- Vous n’irez nulle part. On a besoin de manger pour survivre.

Une voix sortit de nulle part rétorqua d’une voix sourde et menaçante :

- Vous ne mangerez personne cette nuit.

Je reconnus sans le moindre mal Rose, mais je n’aurais su dire d’où provenait sa voix. Elle me semblait arriver de partout à la fois. Les araignées devaient être tout aussi déroutées que moi, car elles tournèrent sur elles-mêmes en regardant partout.

C’est précisément à ce moment que mon balai arriva, ce qui provoqua la première diversion. La deuxième fut l’arrivée de Rose en hurlant et en jetant son Patronus avec un cri aigüe en direction d’une Acromentule, qui surprise s’enfuit quelques mètres plus loin à toutes pattes. Profitant de ces diversions, je repris forme humaine et bondis sur mon balai. Al redevint humain à son tour et s’installa derrière moi, tandis que je conduisais dans les airs, il entreprit de fouiller dans mon sac à main pour trouver nos baguettes respectives.

Quand il les eut en main, il me tendit la mienne avant de lancer un sortilège d’Attraction pour ramener son balai à lui. Rose continuait à jeter des sorts ici et là avec une panique intense dans la voix à chaque sortilège qu’elle lançait. Un moment elle s’arrêta pour embarquer Scorpius derrière elle. En bas, il ne restait plus que Teena, Parkinson et Malia. Ils n’avaient pratiquement pas besoin de se battre, car les Acromentules étaient tellement déroutés par notre offensive décousue qu’elles semblaient totalement affolées.

Al arrêta de lancer des sorts trente secondes pour sortir la baguette de Scorpius. Je fis en sorte de passer tout près de ma meilleure amie et ainsi permettre à notre blondinet préféré de récupérer son bien. À partir de ce moment, il commença par faire comme Al et attirer son balai à lui. Après, il nous donna un coup de main bien salvateur, car les araignées commençaient à reprendre du poil de la bête, sans vouloir faire de jeu de mots.

Au moment précis où ça me semblait complètement sans espoir et que nous étions de nouveau en train de nous faire envahir, le balai d’Al, suivit rapidement par celui de Scorp apparut dans notre petite clairière où nous avions réussi à déplacer le combat. D’un saut assez périlleux nos deux passagers à Rose et moi se lancèrent sur leur balai respectif. On put à ce moment virevolter de manière plus fluide entre les araignées et semer la discorde dans leur rang. Entre temps je réussis à attraper mon frère et Rose s’occupa de Teena. Dès que tout le monde à l’excepté de Malia fut en sécurité dans les airs, on s’acharna contre les Acromentules et détournâmes leur attention.

Dès qu’un passage fut dégagé, Malia s’y engouffra et disparut dans un éclair de fourrure noire comme la nuit. Tout en la suivant de loin, on réussit avec une chance incroyable à tenir les Acromentules à distance. On les entendait râler et hurler leur frustration en nous poursuivant. Mais au fur et à mesure qu’on s’éloignait, les cris devinrent de plus en plus distants.

Quand cela une quinzaine de minutes qu’on ne les entendait plus, on se donna la permission de poser pied à terre. J’étais exténuée et à en croire les halètements de mes amis, c’en était de même pour eux. Nous conservâmes le silence un bon cinq minutes, avant que je ne lâche :

- On ne retourne plus jamais dans ce coin de la forêt.

- Je suis totalement d’accord, approuve Rose. On l’a échappé belle cette fois…

- On a eu beaucoup de chances, acquiesça Al.

- Et une prochaine fois ce ne sera sans doute pas le cas, poursuivit Scorp en bottant une pierre du bout du pied.

Les autres hochèrent de la tête, sans dire un mot. Je remarquai que Mal semblait encore nerveuse, mais je compris rapidement que c’était à cause de notre forme humaine à chacun. Je lui dis sur un ton désolé :

- Je crois qu’on va devoir quitter plus tôt que prévu, Mal. Mais on se reprend la prochaine fois.

Si je ne suis pas morte, me dis-je en moi-même.

- Je vais rester avec elle, précisa Parkinson et avant que je ne puisse lui demander quelque chose il se transforma.

Je levai les yeux au ciel, mais avec un dernier salut en direction de Malia, je m’éloignai sur mon balai en compagnie de Rose, Scorp, Al et Teena, cette dernière ayant repris sa forme Animagus pour prendre moins de la place. Ce faisant, elle avait remis sa baguette à Rose pour éviter de la perdre.

Le voyage en balai fut d’assez courte durée, mais extrêmement silencieux. Je crois que nous étions encore tous sous le choc d’avoir réussi à survivre à cette effroyable rencontre. En arrivant au château on se dissimula à l’aide d’un sortilège de Désillusion et on rejoint notre Salle Commune après être allé reconduire Scorp. En y pénétrant, Al fut le premier à rompre le silence en lâchant :

- Je comprends maintenant ce que voulait dire oncle Ron en disant qu’il ne voulait plus jamais avoir à faire à des Acromentules pour le reste de sa vie. Je m’imagine même pas les avoir rencontré à douze ans. Ça aurait été des plans pour faire des cauchemars.

- Ne m’en parle pas, grommela Rose en croisant les bras.

Al et moi nous eûmes un sourire amusé. Le père de Rose aimait raconter les aventures qu’il avait vécues avec le père d’Al et malheureusement pour sa fille, cela comportait l’histoire concernant Aragog et ses descendants. Et comme elle était la digne fille de son père (et de sa mère, mais la question n’est pas là) elle avait peur des araignées depuis la première fois où elle avait entendu cette histoire.

- Pour le coup, je crois que je vais avoir la phobie des araignées, moi aussi, maintenant, lâcha Teena qui était blême.

- Tu as été très courageuse, affirmai-je en lui serrant l’épaule.

Et je ne mentais pas. Teena m’avait réellement impressionné. Après tout, ce n’était pas tout le monde qui aurait le courage d’attaquer des araignées géantes sous forme d’une petite hermine toute mignonne… À sa place, je ne sais pas si j’aurais fait mieux.

- Merci, Alli, dit-elle. Mais je n’ai pas servi à grand-chose.

- Bien sûr que si, tu semais la discorde chez les araignées, assurai-je en lui tapotant le dos cette fois-ci.

Elle hocha de la tête lentement, semblant totalement perdu dans ses pensées. Je n’insistai donc pas et lâchai :

- On ferait mieux d’aller dormir. Ou étudier nos B.U.S.E. Il nous reste encore quelques heures avant que ce soit l’heure du petit-déjeuner.

- Il reste exactement trois heures, Alli, m’informa Rose. Si on dort maintenant… On ne risque pas d’être encore plus fatigué au réveil?

- Je crois que oui, affirma Albus, mais il me jeta un regard.

- Hé! Ce n’est pas à moi de décider pour vous! M’exclamai-je en prenant conscience qu’ils semblaient attendre ma décision. Cela dit, je crois que je vais étudier, j’ai pris trop de retard dernièrement… En plus, les examens commencent un peu plus tôt cette année…

- Quoi?! Comment ça, un peu plus tôt?! S’écria Teena sur un ton complètement paniqué.

Rose et moi on se jeta un regard, depuis le début de l’année nous avions que les examens commençaient plus tôt. Pour la simple et bonne raison que le mois de juin commençait en plein milieu d’une semaine, alors à moins de changer les horaires des examens… il n’y avait qu’une solution. Qui était entre autre de devancer de quelques jours les examens. En outre, ils commençaient cette année le 30 mai. En soi, ça ne changeait pas grand-chose. Mais ça faisait quand même deux jours de moins pour l’étude!

- Calme-toi, Teena, tenta de l’apaiser Rose. Les examens commenceront le 30 mai, car c’est le lundi de la semaine où débute le mois de juin.

Notre amie eut un soupir de soulagement, mais s’excusa ensuite pour monter les escaliers quatre à quatre en prétextant qu’elle devait étudier métamorphose, car, et je la cite, « je n’y comprends absolument rien à cette matière-là ». J’échangeai un sourire avec ma meilleure amie et je dis :

- Est-ce qu’on la ramène ici et on étudie tous ensemble?

- Pourquoi ne pas aller à la Salle sur Demande? Proposa Al. Comme ça, Scorp pourrait venir aussi. On pourrait le prendre avant d’y aller...

- Excellente idée, Al! S’exclama Rose en s’efforçant de ne pas parler trop fort non plus. Va chercher tes choses et on en fait de même. Rendez-vous ici dans cinq minutes.

À peine ces paroles étaient-elles murmurées que nous courrions déjà en direction de l’escalier menant à notre dortoir. Al en fit de même, tout en sortant sa Carte des Marcheurs d’Ombre, sans doute allait-il écrire à Scorpius pour lui faire part de notre idée.

En ouvrant la porte, on fut très surprise de découvrir Teena le nez à seulement un centimètre d’une pile de parchemin qui ressemblait fortement aux notes que j’avais prise. C’était probablement le cas, puisque nous avions dupliqué nos notes pour les partager avec Teena et Malia. Elles avaient pris du retard à cause de nous quand on avait proposé à Teena de devenir Animagus. Un retard que nos deux amies n’avaient pas vraiment la possibilité de prendre, car elles se tenaient plus dans la moyenne. Cela dit, elles ne s’étaient jamais plainte d’être dans un niveau scolaire moyen.

- Hé, Teena! Dis-je en m’approchant. Que dirais-tu que l’on étudie tous ensemble? On veut aller à la Salle sur Demande avec Al et Scorpius.

- C’EST UNE EXCELLENTE IDÉE! s’extasia Teena. Je vais pouvoir vous demander tout un tas d’explication!

Rose et moi on partit d’un petit rire avant de s’empresser de ramasser toutes nos choses. Nos livres pour les cours de la journée, entre autre, ainsi que tout ce qu’on avait besoin pour étudier. Ce qui se résuma à prendre tous nos livres et à les tenir dans un équilibre précaire dans nos bras. Chacun des livres avaient des parchemins qui dépassaient, car nous y avions rangé les notes concernant la matière dont ils parlaient.

En descendant dans la Salle Commune, Al était tout aussi chargé, mais il réussit à nous dire que Scorpius était d’accord et qu’il nous attendrait à sa Salle Commune, même s’il affirmait être capable de se rendre à la Salle sur Demande sans se faire attaquer par quelqu’un. Nous levâmes les yeux au ciel tous ensemble à ces paroles. Je me doutais bien que notre ami n’aimait pas plus que moi le fait d’être surveiller en permanence, mais je ne voulais pas risquer qu’il soit de nouveau sous l’influence de Berkeley. Et malgré ce qu’il en disait, Scorpius non plus ne le voulait pas et c’était pourquoi il ne se lamentait pas davantage.

Avant que nous partions, je rangeai tous nos livres dans mon sac à main avec quelques difficultés à les faire rentrer par le trou, mais au final cela fonctionna et on eut ainsi les mains libres pour sortir. Al et Rose s’occupèrent de surveiller sur leur Carte, tandis que Teena et moi ouvrions la voie. Avec chance on ne rencontra pas âme qui vive pendant tout le trajet menant à Scorpius et tout se déroula aussi calmement pour se rendre jusqu’à la Salle sur Demande. Je ne m’en plaindrais pas, j’avais eu suffisamment d’ennuis pour la nuit… Et à bien y réfléchir, j’en avais eu pour une vie entière depuis le début de ma courte existence. J’espérais bien que si je survivais au 21 juin, ma sixième année soit beaucoup plus calme. Il y avait une limite à la malchance, quand même.

Quand on pénétra enfin dans la Salle sur Demande, celle-ci avait pris l’apparence d’une sorte de bibliothèque très agréable avec des étagères pleines de livres et des canapés qui semblaient très confortables. Ici et là il y avait des coussins par terre de quatre couleurs différentes. Il y en avait des verts, des argents, des ors et des rouges. Ça ne me prit que quelques secondes pour saisir qu’ils représentaient nos Maisons. Je me rendis rapidement vers une table qui trônait au milieu de la salle, et qui était suffisamment grandes pour six personnes, et j’entrepris de sortir tous les livres pour les y déposer. Une fois que j’eus terminé, je demandai :

- On commence par quoi?

- Métamorphose! S’empressa de s’écrier Teena. S’il-vous-plaît, ajouta-t-elle sur un ton plus doux.

- D’accord pour la Métamorphose, affirma Rose. C’est une matière assez… compliquée. Et dense. Autant s’y mettre tout de suite. Ensuite, si on a encore un peu de temps on passera aux Sortilèges…

- Bon plan, acquiesça Scorp.

- Ça marche pour moi aussi, renchérit Al.

Je me contentai de hocher de la tête et on s’installa tous autour de la table, avec nos notes entre les mains. Aux cinq minutes environ, Teena nous posait une nouvelle question concernant la théorie de la Métamorphose. Rose, Scorp, Al et moi lui répondîmes chacun à tour de rôle. Cela dit, c’était parfois Rose, Scorp, Al ou moi qui posions des questions un peu plus technique aux autres.

Au bout de deux heures la fatigue commença à pointer le bout de son nez et on commença à dodeliner de la tête à force d’avoir le nez plongé dans la lecture de parchemin. J’avais la tête qui tournait presque et j’avais l’impression de voir les mots danser derrière mes yeux tellement j’avais relu et relu mes notes. Voyant qu’on était tous dans cet état à moitié comateux, on décida de se plonger dans la pratique de la Métamorphose. On pratiqua à ce moment tous les sortilèges que nous avions appris dans cette matière depuis notre première année.

On débuta donc avec transformer une allumette en aiguille, en passant par le sortilège de transfert et comment transformer un objet en oiseau. On se retrouva rapidement avec une multitude de créatures à plume tout autour de nous, mais on ne s’en préoccupa pas trop pour se concentrer sur les prochains sorts. Nous avions eu assez de facilité, nous tous, pour refaire les sortilèges de première année, mais il fallait revoir tous les autres maintenant. La transformation d’un scarabée en bouton, d’un lapin en pantoufle et d’un animal en verre à pied fut plutôt une réussite, même si Teena dut le recommencer une fois avec le dernier sortilège. Cela dit, ce n’était pas vraiment car elle ne le maîtrisait pas, mais plutôt à cause d’une mauvaise formulation du sortilège dut à son immense fatigue.

Quand on passa aux sortilèges de quatrième année après une réussite globale de ceux de troisième, il s’avéra que c’était l’endroit où Teena avait énormément de difficulté. Elle n’arrivait pas à transformer complètement son hérisson en pelotte d’épingles. Enfin, le résultat obtenu par Scorp et Al n’étaient pas très joli non plus, même si les leur ne bougeait pas quand on approchait une épingle. On travailla sur ce sortilège jusqu’à l’heure du petit-déjeuner. Les autres attendraient, je suppose. On quitta la Salle sur Demande en y laissant nos livres. Toutefois, on emmena nos notes avec nous pour pouvoir étudier tout en mangeant et en attendant le début des cours.

Le reste de la journée se passa de manière relativement calme, Malia nous appris quand on la vit au petit-déjeuner que le reste de la nuit avait été calme et que les araignées n’avaient pas réapparu. Sur l’heure du déjeuner on mangea tous assez rapidement pour se rendre à toute vitesse à la Salle sur Demande, en compagnie de Malia cette fois. On reprit notre pratique des sortilèges de Métamorphose où nous l’avions laissé et cette fois on réussit à clore la transformation de Hérisson en pelotte d’épingles et aussi le sortilège de Transfert. Après le diner, on y retourna aussi, mais en compagnie de James cette fois, car j’avais prévu de les faire pratiquer à se métamorphoser sans l’utilisation de leur baguette. J’y consacrai précisément une heure et trente minutes, après quoi James nous abandonna pour nous laisser à notre révision de nos B.U.S.E.

Toutes les journées suivantes furent pratiquement identiques à celle-là, si on excepte qu’on n’était pas debout à quatre heures du matin. Nous nous levions quand même tôt, par contre. Rose et moi au moins une bonne demi-heure avant nos deux autres compagnes. À six heures du matin exactement on se réveillait et on commençait à étudier, Teena et Malia se réveillaient une demi-heure plus tard et se mettaient à étudier dès que leurs yeux s’ouvraient. Aussi ennuyeux que cela pourrait paraître, le fait d’étudier entre nous à toute heure du jour (et de la nuit, cela arriva deux fois en comptant celle de la Pleine Lune) était beaucoup plus stimulant que le faire chacun dans notre coin. Ils nous arrivaient de relâcher la pression en plaisantant, même si la plupart du temps nous avions la bouche close et les yeux en fixation continue sur nos parchemins.

Étrangement, les semaines passèrent extrêmement vite. Nous étions déjà la veille du 30 mai. C’était l’une de nos dernières réunions dans la Salle sur Demande… Nous nous concentrâmes sur l’examen de Sortilèges, car c’était avec lui que nous commencions nos deux semaines intensives d’examens. Demain soir nous nous concentrions exclusivement sur Métamorphose…

- Ça se joue demain, bredouilla Teena.

Rose et moi on avait les mains crispées sur nos parchemins comme avant chaque examen final. La panique que nous ressentions à l’idée d’échouer était insoutenable. Tout particulièrement à cause de…

- Arrêter d’avoir cet air stressé! Grommela Malia. Vous allez avoir un optimal, j’en suis sûre! Comme d’habitude! Soupira-t-elle avec un peu d’envie dans la voix. En plus, à vous voir comme ça, ça me stresse toujours encore plus…

À cause de commentaire de ce genre provenant autant de nos amis que de nos ennemis et aussi des professeurs, comment ne pouvions-nous pas stresser? L’idée même de les décevoir me rendait malade. L’idée même de ne pas être à la hauteur me donnait envie de vomir. Tu es comme ta mère, avons-nous si souvent entendu des professeurs nous dire, Rose et moi. Nos mères étaient, enfin… sont, très brillantes. Et n’ont pratiquement jamais échoué. Ça rajoutait encore de la pression sur nos épaules. Si on ratait ne serait-ce qu’un examen… les taquineries seraient bien, bien pire que si nous les réussissions tous haut la main… Et personne ne semblait se rendre compte du stress que cela représentait.

- Je suis sûr que ça va bien aller, Alli, m’assura Al en me prenant par la main. Et même si tu échoue… je ne crois pas que personne pourrait t’en tenir rigueur.

Je compris exactement tous les sous-entendus qu’il n’avait pas énoncés. Le fait que toute ma famille soit morte. Le fait que tout le monde semblait ne pas comprendre que je pouvais échouer. Que je n’avais pas réponse à tout, malgré que je le sous-entende souvent.

Je le remerciai d’un sourire et serrai sa main un peu plus fort dans la mienne. Savait-il à quel point ce qu’il venait de dire me soulageait d’un poids énorme? Probablement. Certes, l’énonciation silencieuse de ma famille avait fait mal, mais c’était vrai que ça pouvait jouer sur mes résultats. Et y penser pouvait me stresser davantage. Pourtant, j’étais sereine. D’autant plus que si jamais je devais échouer dans une matière, je n’étais même pas certaine de survivre suffisamment longtemps pour le savoir.

- Bon, arrêtons de parler de l’examen, d’accord? Concentrons-nous plutôt sur la théorie et la pratique de l’examen, proposai-je en sentant mes mains devenir moite.

Si je réfléchissais trop longtemps à l’examen et à tout ce qui pouvait y survenir, je risquais de péter un câble. Et Rose aussi. On finirait par ressembler à deux folles hystériques encore plus que les deux folles hystériques que nous étions habituellement concernant l’étude et les examens.

Sans doute que les gars le remarquèrent, car ils hochèrent vigoureusement de la tête. C’était les deux seuls qui pouvaient réellement dire nous avoir vues pendant l’une de nos crises de panique dut à l’école et ses causes de stress. Teena et Malia acceptèrent avec moins d’enthousiasme. Je me doutais bien qu’elles devaient être tout aussi stressées que nous, mais la meilleure manière de palier au stress, c’était de s’assurer qu’on avait fait de notre mieux.

Lorsque l’on quitta la Salle sur Demande, il était déjà vingt-deux heures. On aurait sans doute pu veiller encore un peu, mais comme on avait une très grosse journée le lendemain… on préférait se coucher tôt, surtout à cause du fait que les jours précédents nous n’avions pas vraiment eu droit à un nombre exemplaire d’heures de sommeil. Au moins, on sortait de là avec les épaules plus légères. À moins que ce soit la fatigue qui faisait en sorte que l’examen de demain me semblait maintenant qu’un petit tracas ordinaire…

C’était clairement à cause de la fatigue, pensai-je le lendemain matin en ouvrant des yeux paniqués après m’être réveillée suite à un jappement sonore de Spock. Disons simplement que depuis un moment, il savait précisément l’heure où je devais me lever et qu’il prenait comme son devoir de me réveiller lui-même. Enfin, il y avait des manières pires d’être réveillée, je suppose.

Je sortis rapidement de mon lit et tout en prenant mes vêtements avec des gestes à la fois précipités et endormis (en plus précis, je prenais tout trop rapidement et je les échappais sans arriver à les rattraper du premier coup) je me dirigeai péniblement jusqu’à la salle de bain. Environ quelques secondes plus tard, j’entendais Spock qui s’acharnait sur Rose avec en échos les miaulements de Nuage. Ces deux-là, quand ils étaient ensembles, c’était vraiment un duo diabolique.
Diabolique, mais efficace. Peu de temps après le début de leur concert infernal, Rose lâcha des petits grognements, signe évident qu’elle se réveillait pour de bon. J’entendis aussi les plaintes grommelées de Teena et celles étouffées de Malia. Tout le monde était debout maintenant. Un point pour Spock et Nuage.

À peine sortais-je de la salle de bain que Rose s’y engouffra en maugréant. Sauf qu’à voir la lueur de panique dans ses yeux, je compris qu’elle aussi avait le cœur serré et le ventre noué. Rien que de penser que dans à peine quelques heures ce serait le début de l’examen de Sortilèges qui détermineraient tout le reste de ma scolarité… j’en avais des étourdissements. Okay, oui, je n’avais peut-être pas de raison de m’en faire. Oui, j’avais d’excellents résultats et oui j’avais une certaine facilité à l’école. Mais je travaillais beaucoup quand même. Et j’avais une peur encore plus grande de l’échec justement à cause de mes réussites. Plus je réussissais et plus les examens m’emplissaient d’appréhension.

En m’assoyant avec Al, Rose, Teena et Malia à la table de notre Maison dans la Grande Salle, c’est à peine si je parvins à dire quelque chose. Ou à manger quoi que ce soit. À ce que je pouvais en juger, c’était la même chose pour eux. Enfin, Al semblait un peu plus serein que Rose et moi, car il réussit à engloutir un bol de céréales et trois toasts. Toutefois, son silence témoignait de sa tension. Mes deux amies de dortoirs, quant à elles, grignotaient du bout des doigts, mais contrairement à Rose et moi, n’avaient pas le nez dans leurs parchemins. Elles semblaient s’être résignées et c’était le cas à chaque journée d’examen. La veille, elles paniquaient autant que nous et rendu au matin de l’examen, elles semblaient acceptés tout ce qui pourrait leur tomber dessus.

En résumé, il n’y avait que Rose et moi qui paniquions encore. On suivait avec des doigts tremblants les lignes tout en lisant et peu à peu on oublia ce qui se trouvait autour de nous pour se mettre à échanger à voix basse. C’était rassurant que l’on soit identique à ce niveau, car lorsqu’on avait une incertitude on pouvait toujours se référer l’une à l’autre.

Une heure plus tard, nous attendions en compagnie de Scorpius dans le Hall d’entrée. Les élèves de cinquième et de septième y étaient tous rassemblés en attendant de pouvoir entrer dans la Grande Salle pour pouvoir passer les examens. Rose et moi étions encore en train d’échanger à voix basse, lorsque, n’y tenant sans doute plus, Al et Scorp s’exclamèrent :

- Ça suffit, oui?! Tout le monde sait que vous allez avoir les meilleures notes de la classe!

Nous sursautâmes violemment, tout comme la moitié des élèves qui se trouvaient autour et qui essayaient d’étudier pour les dernières minutes qui leurs restaient. Rose fronça les sourcils et dit :

- Allison, je crois que pour cette fois, on va laisser les garçons entre eux.

Je sentis dans ces quelques mots, à quels points elle trouvait blessant d’être reprises par son petit-ami et son propre cousin sur le fait d’étudier autant. D’ailleurs, moi aussi, je trouvais ça plutôt blessant. Combien de fois allait-il falloir que je répète que la tension était encore plus grande pour nous? Nous leur tournâmes le dos sans ajouter quoi que ce soit et cherchâmes un petit coin tranquille pour discuter.

Tout en marchant, Rose grommela :

- Je n’arrive pas à croire qu’ils sont stressés au point de nous hurler dessus.

- D’autant plus qu’ils ont réussi à manger pas même une heure plus tôt, renchéris-je en serrant plus fortement mon livre de Sortilèges contre moi.

- Exact, acquiesça Rose.

- C’est exaspérant, nous lâchâmes en même temps avant de sourire en se regardant.

- Peut-être qu’on les stressait à cause du fait que nous semblions un peu trop tout connaître par cœur? Ajoutai-je en fronçant les sourcils.

- Peut-être, mais ce n’est pas une raison pour nous hurler dessus.

J’acquiesçai de la tête et comme nous étions dans un coin solitaire, on recommença à discuter de la matière. C’était notre meilleure manière de réviser juste avant l’examen. On commençait par parler de telle ou telle chose, puis ensuite on se posait mutuellement des questions dont on vérifiait la réponse exacte dans nos manuels. Comme les seuls élèves qui se trouvaient proches de nous étaient des septièmes années, ils ne devraient pas se sentir stressé par nos chuchotements. Après tout, ils avaient passés leurs B.U.S.E deux ans plus tôt…

Les portes de la Grande Salle s’ouvrirent à peine dix minutes après que nous fûmes parties loin d’Albus et Scorpius. On les retrouva rapidement et c’est avec eux ainsi que Teena, Malia, Ruby, Amy, Joshua et Kieran que nous pénétrâmes dans la Grande Salle. Là, le professeur de Défense nous demanda gentiment de bien vouloir laisser nos sacs et nos livres à l’entrée. Après quoi, on fut séparé en quatre groupes de cinquième, en bref, par Maison. Ce fut la même chose pour les septièmes et ceux-ci furent placés au fond de la Grande Salle, tandis que nous nous devions restés près de la porte. Sans doute que nos examens étaient moins longs que ceux des septièmes. C’était assez logique, d’ailleurs.

En allant m’asseoir à mon bureau, je ne pouvais pas m’empêcher de trouver étrange le fait que les quatre grandes tables de repas avaient été retirées pour permettre l’installation de centaines de bureau individuel. C’était très perturbant… Je ne pus pas empêcher mes mains de trembler légèrement pendant que je plaçais précautionneusement mes deux encriers, quelques parchemins vierges et mes deux plumes. Les deux plumes étant dans le cas où la première se casserait pendant que j’écrivais.

Avant que l’examen ne commence pour de bon, je vis Al m’adresser un sourire rassurant et soudain, j’eus une nouvelle inquiétude dont je n’avais pas du tout besoin. Et si jamais j’avais une vision maintenant? Ou en plein cœur de l’examen? Je blêmis instantanément, ce qui fit froncer les sourcils d’Albus qui m’observait toujours. Je lui adressai un pâle sourire avec un hochement de tête pour le rassurer, mais intérieurement j’avais presque envie de vomir. Sauf qu’avant d’avoir pu me lever pour interroger l’un de mes professeurs, les examinateurs commencèrent à passer les feuilles de réponses.

Quand j’eus en main les feuilles de réponses et le questionnaire, j’oubliai dans la seconde mon inquiétude concernant mes visions. Comme à mon habitude je commençai par feuilleter le questionnaire pour me faire une idée des questions auxquelles j’aurais à répondre. À mon grand soulagement, j’avais bon espoir d’arriver à répondre à tout. Cela dit, ça dépendrait de mon penchant à répondre avec plus d’informations que le demandait la question de base. Rose ayant le même problème il s’avérait souvent que nous étions les dernières à quitter les examens pour la simple et bonne raison que nous répondions avec trop de minutie à toutes les questions. Sans exception. Aucune.

Deux heures plus tard, tout le monde était autorisé à sortir, du moins pour les élèves de cinquième année uniquement. Et nous dûmes le faire par petits groupes pour éviter de déranger les élèves de septième dans leur A.S.P.I.C. Quand chacun des membres de notre groupe fut enfin à l’extérieur de la Grande Salle, Rose et moi on s’empressa de s’éloigner légèrement des autres et on révisa à nous deux l’entièreté de l’examen à toute vitesse. Avec un soulagement palpable, on constata que nous avions répondu exactement les mêmes choses à quelques détails près. Par exemple, elle avait été encore plus précise concernant le Sortilège de Disparition et moi celui d’Attraction. Mais nous avions la même base, ce qui signifiait que nous étions passablement sûres d’avoir réussi l’examen. À moins que l’on ne se soit fourvoyée toutes les deux. Ça, c’était une possibilité à laquelle nous tentâmes de ne pas songer.

Suite à notre révision, on rejoint les autres qui semblaient tous profondément soulagé que la théorie soit terminée. Comme nous étions tous libre jusqu’au moment où il faudrait aller déjeuner, on décida de se rendre à la Salle sur Demande en catimini pour éviter d’entraîner Ruby et les autres Serpentards. Scorp ne s’en formalisa pas, car il était d’accord pour qu’on prenne nos distances le temps d’avoir réglé le problème Berkeley. Nous nous apprêtions à monter lorsqu’Al proposa :

- Que diriez-vous de passer aux cuisines avant et de prendre quelques provisions? Comme ça on pourrait manger à la Salle tous ensemble et sans avoir à redescendre… Enfin, sauf pour passer l’examen pratique, bien sûr.

Un sourire étira les lèvres de chacun d’entre nous et au lieu de monter on se retrouva à descendre. Les Elfes de Maison se firent une joie de nous donner à chacun un petit baluchon avec de la nourriture à l’intérieur. C’était beaucoup moins moralement discutable maintenant qu’ils étaient payés et avaient droit à quelques congés. Bien sûr, ce qu’ils avaient ne paraissait pas grand-chose pour nous, mais c’était en grande partie, car les Elfes adoraient travailler. Et puis, bon. Travailler à Poudlard ne pouvait pas être si terrible.

Quand on se retrouva finalement dans la Salle sur Demande on commença par grignoter nos provisions en échangeant quelques plaisanteries. Teena et Malia semblaient encore un peu blême après l’examen théorique que l’on venait de passer, mais au moins elles arrivèrent à rire et à manger plus convenablement qu’au matin.

- Comme ça, ce n’était pas si terrible? S’enquit Scorp en nous fixant Rose et moi.

On leva toutes les deux les yeux au ciel et je répondis :

- Si, c’était terrible. On a eu tout faux… Je… Je ne… Je ne sais pas ce qu’il s’est passé…

Je papillonnai des paupières rapidement, comme si je chassais des larmes et me frottai ensuite les yeux de mes deux index. Scorp poussa un soupir, leva les yeux au ciel et secoua la tête avec découragement. Pour ma part, je repris mon air amusé et lui adressai un clin d’œil.

- Ce n’était pas si terrible, confirma Rose en souriant à pleines dents. Mais ça ne veut pas dire qu’on n’a pas effectivement eu tout faux, ajouta-t-elle en fronçant les sourcils. C’est toujours une triste possibilité, soupira-t-elle ensuite en enfonçant son menton dans ses mains.

Je hochai de la tête avec inquiétude, tandis que tous les autres présents dans la pièce poussaient des soupirs excédés. Malia grommela :

- Quand est-ce que vous allez comprendre que même en essayant de rater un examen, vous réussiriez à avoir un meilleur résultat que presque nous tous, ici?

Je la foudroyai du regard, rapidement imité par Rose. Mais c’était quoi l’idée de nous attaquer comme ça? On n’avait rien demandé, nous! Et ce n’était pas comme si on ne travaillait pas pour y arriver, à ces résultats. Je m’apprêtais à répliquer vertement, mais ma meilleure amie m’interrompit en étant plus rapide :

- C’est bon, ça suffit, oui! Gronda-t-elle. Ce n’est pas parce qu’on a toujours les meilleurs résultats qu’on n’a pas le droit d’être stressées, d’accord? Sérieusement, je comprends que les autres nous disent des choses comme ça, mais vous? Vous êtes nos amis! J’aurais cru que vous comprendriez…

- Comprendre quoi? s’enquit Teena, sur un ton provocateur.

Et ça… C’était la plus grosse erreur qu’elle ne pouvait pas faire. Il ne faut jamais, je dis bien jamais, prendre un ton provocateur avec Rose quand elle est déjà en colère. Et bien sûr, c’est encore moins recommandé avec moi, mais pour le coup, ce n’est pas moi qui explosai en premier, encore une fois :

- COMPRENDRE QUOI? s’indigna Rose en postilonnant. MAIS PEUT-ÊTRE QU’ON EST HUMAINE ET QU’ON PEUT FAIRE DES ERREURS, PAR MERLIN! s’époumona-t-elle ensuite avec des yeux exorbités de fureur. Ce n’est pas comme si on ne travaillait pas du tout pour obtenir les résultats que l’on obtient, hein! On travaille tout au long de l’année, on fait tout avec minutie et longtemps en avance pour être certaine de ne pas manquer de temps… Et avec tout ça, il y a aussi la pression.

- Quelle pression? S’étonna Malia.

J’eus envie de l’écraser immédiatement par terre jusqu’à ce qu’elle retire ce qu’elle venait de dire. Apparemment, aucune d’elles n’avaient compris. Mais si je me fiais à l’air soudain très compréhensif d’Al et Scorp, eux avaient compris. En même temps, après nous, c’était eux les plus doués de la classe. Ils ne mettaient certes pas toujours autant de temps que nous dans leurs devoirs, mais ils étudiaient souvent avec autant d’acharnement que nous. Sauf le jour même de l’examen. Là, ils étaient capables de se relâcher. Pas nous. C’était sans doute l’un de nos gros défauts communs à Rose et moi.

- Celle que tout le monde nous met sur les épaules, répondis-je à la place de Rose en serrant les dents pour ne pas être trop sec. Les professeurs comptent sur nous pour toujours briller à chaque examen. Les autres élèves, vous compris apparemment, comptez sur nous pour encore briller à chaque nouvel examen. Et si on devait par malheur échouer, ne serait-ce qu’une seule fois… Ça nous retomberait sur le dos. Tout d’abord par la déception des professeurs. Ensuite, par les taquineries ignobles de tous les autres. Et après, il y a aussi nos parents. Enfin, ceux de Rose, me repris-je en retenant un sanglot inapproprié de s’échapper de ma gorge.

L’ambiance de la pièce changea du tout au tout, en l’espace d’une seconde. Tout d’abord, au début de mon intervention Scorp et Al hochèrent de la tête avec approbation, tandis que Teena et Malia semblaient enfin comprendre. Mais au moment de mon petit écart… Le visage de tout le monde vira au blanc légèrement et une énorme tristesse emplie tous les regards. Beaucoup de compassion aussi.

En une seconde, Rose fut sur moi et me prit par la main avant de me serrer dans ses bras de toutes ses forces, comme pour me rappeler sa présence. Elle me glissa en cherchant mon regard :

- J’espère que tu te souviens que tu peux compter sur moi, hein? Et que maintenant… On est ta famille. Nous tous. C’est moi qui te le dis, Alli, si tu rate tes B.U.S.E, tu es privée de… (elle plissa les yeux signe qu’elle réfléchissait intensivement) sortie pour un mois! Lâcha-t-elle finalement.

J’arquai un sourcil d’un air incrédule et au lieu d’éclater en sanglot, ce fut un rire qui sortit de ma bouche. Je m’exclamai :

- Et tu comptes faire ça comment, au juste?

- Ne me sous-estime pas, Allison! Gronda-t-elle. Et puis, le point était surtout que tu comprennes, une bonne fois pour toutes, que tu es de la famille. La famille de Poudlard. Et par la loi, tu fais partie du clan des Weasley et Potter.

Mon cœur se réchauffa à ses mots et je sentis que la peine que je gardais au fond de moi, enfouis aussi loin que possible, s’estompa un peu. Une boule se forma dans ma gorge et je serrai ma meilleure amie contre moi à lui compresser les côtes douloureusement. Je le savais seulement à voir la grimace qu’elle afficha. Je soufflai tout bas :

- Rose, je t’aime.

- Moi aussi, Alli, râla-t-elle sur un ton qui semblait demander de l’air.

Je la relâchai rapidement en ajoutant :

- Je le redis encore une fois, je ne sais pas comment j’aurais tenu le coup sans toi. Tu ne m’as jamais laissé tomber.

- Toi non plus, Alli, affirma-t-elle. Maintenant, on ferait mieux de réviser, ajouta-t-elle sur un ton impérieux.

- Tu as raison, acquiesçai-je et nous oubliâmes instantanément les autres autour de nous pour se mettre au travail.

Du coin de l’œil, je pouvais les voir qui étaient tous d’une immobilité totale, ce qui était plutôt surprenant. Soudain, Scorp lâcha :

- Je ne comprends absolument rien aux filles…

- Moi non plus, affirma Al en lui tapotant le dos de manière compatissante.

- Je peux vous assurer que, malgré que je sois moi-même une fille, je n’ai rien compris aussi, ajouta Malia et je la soupçonnai d’avoir des yeux ronds.

- Je ne comprends pas comment elles font pour passer des émotions intenses à… l’étude, renchérit Teena avec une incompréhension totale dans la voix.

Ils secouèrent tous de la tête incompréhension et un sourire amusé étira mes lèvres. Après quoi, ils nous rejoignirent pour se mettre eux aussi au travail. L’ambiance était maintenant beaucoup plus légère.

Plus tard, nous étions de retour devant les portes de la Grande Salle. Rose et moi étions légèrement anxieuse, mais beaucoup moins que pour l’épreuve théorique. Peut-être avions-nous une limite de stress que l’on pouvait avoir par jour? J’avais un doute, mais bon.

Rapidement, le professeur de Métamorphose appela les noms des élèves demandés par les examinateurs. Comme c’était par ordre alphabétique, Teena serait la première à passer, ensuite moi et tous nos autres amis. En fait, Joshua passerait avant nous ainsi qu’Amy et Kieran. En fait, Teena fut appelé en même temps que Kieran. Après ce fut au tour d’Amy, puis après Joshua et après… moi.

Au moment d’entrer avec quelques personnes avec qui je ne parlais pratiquement jamais, je sentis une nouvelle boule d’appréhension se former dans ma gorge. Et si j’échouais? Si au moment de dire une formule, j’en prononçais une autre? Ou si par malheur, je me trompais de Sortilège? Mes mains devinrent immédiatement moites et je me sentis énormément anxieuse. Je me dirigeai d’un pas mécanique vers l’examinatrice qui prononça mon nom.

Quand j’arrivai à sa hauteur, elle m’adressa un sourire rassurant en disant :

- Prenez une grande inspiration, Miss Lévesque. Tout ira bien, vos professeurs m’ont dit le plus grand bien de vous.

J’eus la soudaine envie de vomir, mais en prenant une inspiration je réussis à calmer ma nausée. Si elle croyait que parler de l’opinion de mes professeurs étaient une bonne chose, c’était faux. Peut-être que j’étais une névrosée qui s’ignore? Pourvu que non, déjà qu’avec mon impulsivité ce n’était pas joli, joli… Je ne voulais même pas imaginer si un jour les deux venaient à se mélanger. Catastrophe serait sans doute un terme beaucoup trop faible pour décrire ce à quoi cela ressemblerait. Histoire de me changer les idées une seconde, je la détaillai en silence. Elle semblait avoir la quarantaine bien entamé, des cheveux châtains parsemés de quelques mèches grises et… son chignon semblait avoir été impeccable, même si maintenant il donnait l’impression qu’elle était tombé dessus… Je sursautai légèrement lorsqu’elle me demanda :

- Êtes-vous prête?

Je hochai de la tête en ayant toujours l’impression d’être blême. Et d’avoir encore envie de vomir. Oh, par Merlin! C’était atroce! Elle me demanda gentiment de bien vouloir faire léviter le livre Sortilèges de premier soin en cas de blessures magiques quelle avait déposé sur la table et je m’exécutai avec la sueur qui perlait sur mon front. Pourtant, à la prochaine épreuve, ma respiration retrouva son calme et je me sentis reprendre peu à peu le contrôle. À la fin, lorsqu’elle me demanda de changer la couleur de la petite colombe qui reposait dans sa main, je n’eus aucune difficulté et l’oiseau devint rouge comme demandé. En repartant par la porte du fond de la Grande Salle, je trouvais toutefois que c’était de mauvais goût de demander à changer le blanc de la colombe pour du rouge. Le rouge étant souvent associé à la colère, au sang et à plusieurs choses négatives. La colombe était un symbole de paix, non? Enfin, peut-être que les symboles de paix n’étaient pas les mêmes chez les sorciers…

Comme nous en avions convenu, nous devions nous rejoindre à nouveau à la Salle sur Demande dès que nous avions terminés l’examen pour commencer l’étude exclusive de la Métamorphose. Sachant que Teena était toute seule depuis un moment, je me dépêchai de la rejoindre.

En pénétrant dans la Salle sur Demande, mon amie me tomba immédiatement dessus avec un regard fou. Je la dévisageai avec stupeur jusqu’au moment où elle me demanda :

- Et puis, l’examen?

- J’ai presque été malade, mais ça s’est bien passé, je crois. Toi?

Elle grimaça en fermant les yeux et je compris qu’il devait s’être produit quelque chose de particulièrement stupide. Elle grommela :

- Je me suis trompée de sortilège de Lévitation, Alli! C’était atroce! Je n’ai pas compris qu’elle voulait que je fasse léviter le livre… Elle m’a dit « pourriez-vous me faire léviter ça » en pointant l’objet, mais moi je n’ai pas entendu le ça. Alors… j’ai cru qu’elle voulait que je la fasse léviter elle. J’ai trouvé ça plutôt bizarre, alors j’ai froncé les sourcils en m’exécutant. Si tu avais pu voir son visage lorsque ses pieds ont quittés le sol et qu’elle est tombée sur le dos, toujours en lévitation, hein!

Sans pouvoir me retenir, j’éclatai de rire. Je m’imaginais si bien la scène dans ma tête que j’avais l’impression que je m’y trouvais. Avant qu’elle n’ait eu la chance de recommencer je m’exclamai :

- C’est donc à cause de toi que son chignon était défait!

Teena afficha immédiatement un air coupable avant de continuer :

- Au début, elle m’a semblé légèrement en colère. Mais je me suis confondue en excuse immédiatement, alors elle ne l’a pas trop mal prit, mais… Après ça, elle a bien pris soin de me dire avec précision ce qu’elle voulait que je fasse.

- Si tu veux mon avis, Teena, je crois que tu as autant de chance d’avoir gagné des points supplémentaires que d’en avoir perdu. Vois-tu, le Mobilicorpus est quand même assez délicat à exécuter. Et si elle ne s’est pas frappée la tête par terre, c’est que tu l’as plutôt bien réussi. D’ailleurs, tu le connais d’où, ce sortilège? Il me semble qu’on ne l’apprend que l’année prochaine normalement. Je savais que Rose et moi avions pris de l’avance, mais j’ignorais que… commençai-je, sauf qu’elle me coupa rapidement.

- J’ai voulu l’apprendre dès qu’il y a eu… tu sais… l’explosion.

J’eus immédiatement l’impression que ma bouche s’emplissait de cendre. L’explosion s’était produite par ma faute. Je détournai les yeux et m’éloignai de quelques pas en même temps que la culpabilité remontait lentement le long de ma gorge et restait coincé en plein milieu, m’empêchant presque de respirer. Teena continua :

- J’ai demandé à Rose de me l’apprendre, je ne voulais pas te déranger. Et encore moins te faire sentir coupable. Comme je suis en train de le faire en ce moment…

Elle s’approcha de moi et déposa une main compatissante sur mon épaule :

- Je ne sais pas combien de fois il faudra encore te le dire, mais tout ça n’est en aucun cas de ta faute.

Je me contentai de hausser les épaules, rien de ce qu’il pouvait dire ne m’empêcherait de ressentir cette culpabilité douloureuse qui m’étreignait à chaque fois que je repensais à tout ce qu’avait fait Berkeley à cause de moi. Je lâchai d’un ton neutre :

- On ferait mieux de commencer à étudier. Mal et Scorp ne devraient pas tarder à arriver.

J’entendis Teena pousser un soupir, mais elle ne me contredit pas. Je m’emmurai à ce moment dans le silence et étudiai sans prononcer un mot cette matière exigeante qu’était la Métamorphose.

*******************

Le lendemain arriva beaucoup trop vite à mon goût. Et l’épreuve théorique de Métamorphose encore plus. Néanmoins, je me sentais prête. La Métamorphose étant l’une des matières où j’avais le plus de facilité, et c’était un grand mot, car ce n’était pas si facile que ça, je me sentais quand même en confiance. Plus qu’en Sortilège. Enfin, cela ne m’empêcha pas d’avoir la même petite crise que la veille en compagnie de Rose. Par contre, cette fois nos amis, au lieu de nous rabrouer, nous apportèrent leur soutient, même si ce fut avec force soupir et grommellement découragé.

Au final, l’examen se révéla exigeant, certes, mais aussi assez simple, dans une certaine mesure. J’avais réussi à répondre à tout avec exactitude, selon moi. Et j’eus la joie de voir Teena et Malia en sortir avec satisfaction, elles me remercièrent par ailleurs pour mes notes qui apparemment les avaient grandement aidés à comprendre une bonne majorité de choses qu’elles n’avaient jamais compris jusqu’à présent en Métamorphose. Pour ce qui était de Scorp, Rose et Al, ils semblaient eux aussi très satisfaits de leur examen. Enfin, on ne saurait que dans le mois de juillet si nous avions passé ou non. Cela dit, il y avait quelques chances que je n’apprenne jamais le résultat de mes B.U.S.E, ce qui était navrant, quand on y réfléchissait.

******************

Le mercredi c’était la journée réservée aux deux examens de Botanique. Dans la partie théorique ils nous demandèrent entre autre de décrire ce qu’était le Filet du Diable, d’en énumérer certaines propriétés et surtout de décrire la meilleure manière de s’en défaire. C’est avec le sourire que je me souvins d’une anecdote étant arrivé au père d’Al et aux parents de Rose. Je pouvais être certaine d’avoir répondu correctement à cette dernière demande sur le Filet du Diable. Il fallut aussi expliquer en quoi le pus des Bubobulbs était bénéfique. Il y eut aussi plusieurs autres questions sur les différentes plantes, mais aucune n’avait vraiment posé de soucis. Dans la pratique il fallut en premier lieu s’occuper de rempoter certaines plantes, de prélever sans incident des échantillons de certains plants et plusieurs autres petites tâches assez délicate que nous avions effectué en classe. Je n’étais pas certaine de ma réussite à toutes ces différentes activités pour la simple et bonne raison que c’était dur de les étudier convenablement, et encore plus de les mettre en pratique quotidiennement.

*****************

Le jeudi arriva et c’était l’heure de mon dernier examen de la semaine. Enfin, pour moi, Al et Malia. Car Teena et Rose avaient choisi l’étude des Runes, ce qui impliquait un examen le vendredi.

Quand on fut tous de nouveau assis dans la Grande Salle pour l’examen théorique, j’avais maintenant l’habitude ce qui faisait en sorte que j’étais un peu moins stressé. Par ailleurs, la Défense contre les Forces du Mal avaient toujours été une de mes matières favorites et je n’avais jamais eu de difficulté à l’étudier, alors je connaissais presque tout sur le bout des doigts. Arrivée environ à la moitié de l’examen, j’eus un sourire goguenard en lisant la question. Il s’agissait plus précisément de « Nommer cinq manières de reconnaître et identifier un loup-garou ». Je me retins de jeter un regard en coin à Malia et malgré que je trouvais la situation amusante, je ne pouvais m’empêcher de me sentir triste pour elle. Et j’étais de nouveau furieuse de n’avoir rien remarqué. Et aussi qu’elle n’ait pas jugé bon de nous le dire à toutes les trois, Rose, Teena et moi.

Sur l’heure du déjeuner, nous fûmes tous les quatre, avec Albus, sur le dos de Malia concernant cette question. Elle admit être passé proche d’écrire des stupidités ayant trait à sa condition, mais qu’elle y avait renoncé pour ne pas raté la chance de réussir son examen. Quand elle nous eut dit ça, on éclata tous de rire et je me fis la réflexion que si elle était maintenant capable d’en rire, elle s’en sortirait sans doute très bien. Et j’avais bien l’impression que mon frère n’était pas étranger à tout ça, ce qui me laissait légèrement pantoise, car mes sentiments étaient toujours ambigus à l’égard de Parkinson.
Dans l’après-midi, lorsque je me retrouvai de nouveau face à la même examinatrice qui m’avait évalué pour l’examen pratique de Sortilège, je me sentais d’attaque pour tout ce qui pourrait s’ensuivre. Du moins, c’était ce que je croyais jusqu’au moment où j’aperçus l’armoire qui se trouvait juste à côté. L’armoire qui semblait secouée de l’intérieur… Oh, non! Par Merlin, pas un Épouvantard!

Qu’on se le dise, je n’avais pas peur spécifiquement de l’Épouvantard. Plutôt de ce qu’il m’amènerait à voir. La dernière fois que j’avais eu affaire à un Épouvantard, j’avais perdu connaissance suite à une vision. Mais étais-je toujours aussi effrayée par mes visions? Certes, elles étaient autrement plus dangereuses qu’avant, mais je ne savais pas les contrôler en troisième année et c’était ça, ma plus grande crainte. Je regarderais toujours en direction de l’Épouvantard, et sans doute en étant livide, lorsque l’examinatrice m’informa :

- Nous ne commencerons pas par l’Épouvantard, Miss Lévesque, ne vous inquiétez pas.

Ces trois derniers mots me ramenèrent sur terre et je fronçai les sourcils en disant :

- Je n’ai pas vraiment peur, Madame. J’ai surtout peur de ce qu’il pourrait arriver si je refais face à un Épouvantard, c’est tout.

Cette fois, ce fut au tour de l’examinatrice de froncer les sourcils. J’eus l’envie très forte de me frapper la tête contre une surface dure quand elle me demanda de l’attendre là quelques instants et que je la vis aller s’informer de quelque chose auprès de mon professeur de Défense, qui était seulement là pour la partie pratique. Sans doute pour le genre de situation dans laquelle je me trouvais. D’où je me trouvais je le vis écarquiller les yeux et il se mit à parler rapidement en me jetant un coup d’œil furtif. Je ne sais pas quelle excuse il fournissait à l'examinatrice, car je savais de source sûre que nous n’étions pas censée divulguer à qui que ce soit mon don. Jusqu’à présent, je savais seulement que tous les professeurs, la majorité de mes amis, quelques ennemis, le Ministre de la Magie et la majorité des Aurors étaient au courant. Ce qui, à la réflexion, faisait déjà beaucoup trop de personnes.
Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Lorsqu’elle revint, elle m’informa que je ne ferais pas l’épreuve de l’Épouvantard.

- Quoi?! m’offusquai-je en serrant les mâchoires immédiatement après.

Il était hors de question que l’on note dans mon dossier scolaire que je n’avais pas été en mesure de me soumettre à l’épreuve de l’Épouvantard pour cause d’une raison inconnue. Ce serait sans doute suffisant pour m’empêcher de devenir Auror, si jamais c’était ce que je choisissais finalement. Je me mis à taper du pied en grommelant :

- Je vais le faire. Rien n’y personne ne m’empêchera de le faire. Ça fait partie de l’examen et je refuse de perdre des points pour cela.

Elle arqua un sourcil :

- Votre professeur a été on ne peut plus clair, Miss Lévesque. Et d’après ce qu’il m’a dit…

Je la coupai brutalement en disant :

- Peu importe, Madame. Je vais le faire. J’en suis capable.

J’ajoutai en parlant plus fort :

- JE PEUX LE FAIRE, PROFESSEUR ANDREWS.

Je le vis me foudroyer du regard de l’endroit où il se trouvait, mais je lui renvoyai mon regard le plus déterminé possible. Le même que je lui avais servi en début d’année lorsque je lui avais dit que je voulais des devoirs supplémentaires et que, à l’instar du professeur Johnson, il me l’avait fortement déconseillé. Il leva les yeux au ciel et adressa un signe de tête à mon examinatrice qui le questionnait de loin. Celle-ci poussa un soupir et capitula rapidement. J’eus un sourire satisfait, malgré qu’une sueur froide envahissait mon dos. Car, après tout, ce n’était peut-être pas la meilleure décision.

J’exécutai plusieurs sortilèges avec brio avant qu’elle ne se dirige enfin vers l’Épouvantard et que je puisse savoir si, oui ou non, c’était une erreur d’avoir insisté pour le faire.

Je pouvais maintenant affirmer que si, c’en était une, et une bien grosse.

À peine ouvrait-elle l’armoire qu’une forme indéterminée sortit comme du brouillard en dehors de l’armoire. Ma vision semblait devenir complètement floue alors que j’observais la forme indéterminée prendre des formes diverses à la recherche de ce que je craignais le plus. Mais comme pour la première fois, l’Épouvantard pris un temps fou à se décider. Intérieurement, j’eus la crainte de me revoir apparaître quand il commença à prendre une forme définitive.

Malheureusement, le résultat fut bien, bien pire que tout ce que j’aurais pu m’imaginer.

Devant moi se trouvait maintenant les cadavres de tous ceux qui comptaient pour moi (et qu’il me restait). Ils étaient tous atrocement mutilés et déjà en décomposition. Ma main droite se mit tellement à trembler que j’en échappai ma baguette. Mon corps suivit rapidement et je tombai à genoux, tremblant de tout mon être. Les trois premiers corps, ceux en avant-plan, étaient ceux de Rose, Al et Scorp. Je sentis une panique primitive m’envahir lorsque le corps mort de ma meilleure amie s’anima. Sa peau exsangue et recouverte d’asticots dégoûtants me donna l’envie répugnante de régurgiter mon déjeuner. Mais ce fut encore pire lorsque Scorp et Al se mirent en mouvement à leur tour.

Je savais qu’il fallait que je fasse quelque chose. J’entendais bien les cris légèrement horrifié de tous ceux autour de moi, mais personne ne faisait rien. Moi compris. Je me mis à tâtonner devant moi, cherchant à mettre la main sur ma baguette, mais elle me semblait perdue et comme j’avais les yeux fixés sur la scène macabre devant moi… ma recherche n’était pas très utile.

Je frôlais tout juste ma baguette lorsqu’une voix désincarnée se fit entendre. Et comme malgré le côté « désincarnée » je réussis à reconnaître la voix, ce fut comme si on me frappait en plein cœur, d’autant plus que les mots étaient douloureux à entendre. La voix de Rose disait :

- C’est de ta faute, Alli… De ta faute si nous sommes tous… morts. Nous sommes morts, Alli.

- Morts à cause de toi, reprit Al comme en échos.

- Morts pour quoi? renchérit Scorp en rampant lentement vers moi et en me regardant de ses yeux blancs et voilés.

- Pour que Voldemort ne reviennent pas. Mais à quoi bon? Tout le monde est quand même mort… à cause de toi et de ton égoïsme, ajouta Rose en pointant un doigt accusateur sur moi.

J’avais envie de me recroqueviller et de ne plus bouger. Ne plus bouger et ne plus rien ressentir. La culpabilité enflait en moi à grande vitesse et je commençais à étouffer. L’air ne passait plus. Sauf que d’un coup, tout l’air de mes poumons s’expulsa sous la force de la peur qui me frappa lorsque tous les autres cadavres se mirent à marcher à leur tour vers moi. En m’accusant. En me maudissant. Je reconnus sans peine James, Harry, Hermione, Ron… et Malia, et Teena.
Puis vint ma mère.

Son état de décomposition était si avancée que je ne la reconnaissais presque pas. Ses longs cheveux noirs habituellement si lumineux et resplendissant pendaient tristement sur ses épaules squelettiques, d’ailleurs certaines parties de sa tête n’en avait plus et laissaient entrevoir son crâne en décomposition. Cette fois-ci, je passai vraiment proche de vomir. La bile emplit ma bouche, mais avant que tout s’éjecte je réussis à tout ravaler difficilement. C’est ce moment que choisit ma mère pour parler :

- Je suis morte pour toi. Pour que tu ne laisses pas tout ça se produire. Et que fais-tu? Que fais-tu? Rien. Rien du tout. Tu n’es pas digne d’être ma fille.

C’est la dernière phrase qui me permit de revenir à moi. Ou du moins en partie. J’avais encore le cœur en petits morceaux et l’esprit dans le même état de décomposition que les cadavres devant moi, mais ce fut suffisant pour me ressaisir. Ma main droite se referma avec vigueur sur ma baguette et je pus voir du coin de l’œil en me redressant que l’examinatrice était complètement tétanisée par l’horreur. Comme toutes les autres personnes présentes, y compris les autres élèves qui passaient leur examen. Oups.

Pressée d’en terminer je pointai ma baguette en direction des cadavres qui n’étaient maintenant plus qu’à quelques centimètres de mes chevilles et je m’exclamai avec fureur :

- RIDDIKULUS!

Immédiatement dans un claquement sonore semblable à un coup de fouet, mon Épouvantard macabre se transforma en une scène extrêmement troublante. En fait, en lançant le sort je n’avais aucune idée de ce que je voulais donnée comme apparence à la scène que j’avais eu sous les yeux. Apparemment mon subconscient le savait lui, car ce qui se trouvait maintenant sous mes yeux me laissaient complètement sans voix.

C’était des bébés.

Pleins de bébés gazouillant et marchant à quatre pattes. Je suppose qu’il serait ainsi plus juste de dire que c’était des bambins, mais qu’importe. Je tombai à nouveau à genoux, mais cette fois en riant. En riant et en pleurant, en fait. Je reconnus sans mal le minois de Rose avec ses cheveux roux, ainsi que Scorpius qui était facilement reconnaissable.

C’est en sentant la main tremblante de l’examinatrice sur mon épaule que je compris que les autres aussi avaient recouvert leurs esprits. Elle me dit d’une voix légèrement chevrotante :

- Si vous voulez bien, on va… on va… On va renfermer l’Épouvantard avant de poursuivre.

Je hochai dignement de la tête en essayant de m’essuyer les joues. Mais cela ne servait à rien, car les larmes continuaient à s’écouler sans que je ne puisse les arrêter. Tandis que celle qui s’occupait de me passer l’examen s’empressait de ramasser les bébés criards, le professeur Andrews s’approcha de moi. Avant qu’il ne soit à un mètre, je lâchai, toujours avec les larmes qui s’échappaient de mes yeux :

- Mon examen n’est pas terminé. Vous n’êtes pas censé venir me parler, je me trompe?

- Non, mais il ne reste plus qu’une partie facultative, Miss Lévesque. Que la majorité des élèves, même avec mon aide, n’arriverait pas à exécuter, m’apprit-il.

Je fronçai les sourcils, ce qui devait offrir un contraste étrange avec mon visage recouvert de larme, car le professeur Andrews eut un sourire en coin. Il profita toutefois de mon absence de parole pour s’avancer et il posa une main réconfortante sur mon épaule. Il me dit ensuite :

- Je n’aurais jamais cru que vous seriez en mesure de vous en occuper, Miss Lévesque. Cet Épouvantard… Cet Épouvantard est l’un des plus terribles qu’il m’ait été donné de voir. Et j’en ai vu des horreurs. Je m’apprêtais à venir m’en occuper quand vous vous êtes reprises. J’aimerais savoir... Comment avez-vous fait?

- C’est seulement ce qu’a dit l’Épouvantard, professeur. J’ai toujours eu peur de décevoir ma mère. Mais j’ai toujours su, aussi, que ça ne pourrait jamais arrivé. Alors, quand il a dit, avec la bouche de ma mère… (j’eus un petit frisson en me rappelant cette scène) Quand il a dit que je n’étais pas digne d’être sa fille… j’ai… j’ai simplement reconnecté avec moi-même.

Il me tapota l’épaule et je repérai un sourire satisfait sur son visage, il m’avoua :

- J’ai toujours eu bon espoir en vous, Miss Lévesque. Même si vous n’apparteniez pas à ma Maison. Mais je crois que vous auriez fait une fantastique Serpentarde. Maintenant que cela est dit, sachez que je suis très fier de votre accomplissement d’aujourd’hui. Très peu de sorcier aurait su venir à bout de ceci…

Il me serra tendrement l’épaule avant de s’éloigner pour superviser les autres examens qui avaient repris après mon interruption. J’aurais eu envie de m’excuser d’avoir dérangé tout le monde et probablement marqué leur esprit avec des images indélébiles et ignobles, mais je ne tenais pas à me faire remarquer plus que nécessaire.

Lorsque l’examinatrice revint vers moi, j’avais réussi à sécher mes larmes. Elle, par contre, ne semblait pas encore remise de ce qu’elle venait de voir. Moi non plus, mais je ne le laisserais paraître pour rien au monde. J’avais un examen à terminer, après tout. Elle m’annonça simplement :

- L’examen est terminé, mais si vous désirez des points supplémentaires… Nous acceptons que vous nous fassiez la démonstration d’un sortilège lié à la Défense contre les Forces du Mal et qui prouverait une maîtrise exceptionnelle de cette matière.

Je sus sans même avoir à y réfléchir ce que j’allais faire.

- Avez-vous une idée? Si tel n’est pas le cas, je vous demanderais de vouloir sortir.

C’était étrange, mais j’avais l’impression qu’elle avait hâte de me voir partir. Mon autre impression, c’était qu’elle ne voudrait probablement pas me ravoir pour les prochains examens. Une simple idée comme ça…

- Je vais exécuter le sortilège du Patronus, affirmai-je en la défiant du regard. Et il sera corporel, ajoutai-je lorsqu’elle vint pour dire quelque chose.

- J’ai hâte de voir ça, dit-elle en tapant du pied.

C’était maintenant certain, elle avait hâte de me voir quitter la pièce. Un sourire amusé voulut étirer mes lèvres, mais j’aperçus le regard réprobateur de mon professeur à ce moment-là et je renonçai à l’idée. Je me concentrai donc sur le sort que j’allais lancer. Je songeai alors à la joie incommensurable qui m’envahirait en voyant le corps affreusement mutilé de Berkeley, puis réduit en tas de cendre et m’écriai :

- SPERO PATRONUM!

Mon loup argenté sortit immédiatement de ma baguette et fit un tour complet de la Grande Salle en trottinant avant de disparaître dans une volute de fumée. Un sourire satisfait étira mes lèvres et je m’inclinai devant l’examinatrice en disant :

- Ce fut un plaisir. Et désolée du dérangement.

Sur ces mots, je m’éclipsai en rangeant ma baguette dans ma poche.

Dès que je fus dans les couloirs du château, je me mis à courir. Et malgré que j’avais promis à mes amis de les retrouver à la Salle sur Demande comme les dernières fois, je m’enfuis en direction de la Salle Commune des Gryffondors. J’étais complètement anéantie intérieurement. Je n’avais plus qu’une seule envie, m’effondrer sur mon lit et pleurer un coup. Un très long coup. Et seule.

Mais c’était sans compter mes amis et leur insistance maladive. Tout commença avec le moment où je déboulai dans la Salle Commune des Gryffondors. James dut s’apercevoir de mon air hagard, car il m’interpella. Et comme je ne répondais pas, il en comprit beaucoup. Sauf qu’au lieu d’essayer de me poursuivre jusqu’en haut du dortoir des filles comme il l’avait déjà tenté, il se rua à l’extérieur. Et je savais très bien pourquoi. Il allait chercher du renfort. Liam et Dylan se lancèrent à sa suite sans dire un mot.

Environ une trentaine de minutes plus tard, j’étais roulée en boule sur mon lit, sous ma forme de loup, Spock blottit contre moi. À nos côtés se trouvait la Carte des Marcheurs d’Ombre, que j’avais eu la présence d’esprit de sortir et d’ouvrir. Je pouvais ainsi lire les messages d’Albus et Scorpius, ainsi que suivre leurs noms qui se dirigeaient vers ici en compagnie de James, Dylan, Liam, Teena et Malia.

Je n’avais absolument aucune envie de répondre à leur message, cela dit. Mais en les lisant, je sentais encore plus la culpabilité m’envahir :

Cruelfangs : Alli, mais qu’est-ce que tu fous?
Darkhaze : Qu’est-ce qu’il se passe?! Tu as échoué ton examen?
Cruelfangs : Tu crois que c’est une chose à dire, Scorp?
Darkhaze : Bah, quoi? C’est peut-être ça, non?
Cruelfangs : Ne l’écoute pas, Alli. Il dit des bêtises comme d’habitude. Tu sais que tu peux nous faire confiance, dis-nous ce qui ne va pas…

Ils n’auraient aucune réponse, car je ne pouvais tout simplement pas leur dire. Certes, ils allaient insister et insister. Et sans doute est-ce que j’allais finir par capituler, mais je n’avais pas envie de le faire par écrit. Du tout. Mais en plus de tout ça, je me détestais en ce moment. J’étais dans le genre de phase pathétique que j’exécrais. Je me révoltais moi-même et je détestais quand on me voyait comme ça. Et pour mon malheur plusieurs personnes que je ne comptais pas parmi mes proches m’avaient vu pleurer comme un bébé. Pendant un examen. Pendant un examen des B.U.S.E. qui plus est.

Je n’eus pas à attendre beaucoup plus longtemps avant de voir débouler Teena et Malia dans le dortoir. Lorsqu’elles m’aperçurent sous ma forme de louve, roulé en boule, elles lâchèrent en même temps :

- Oh, merde… C’est pas bon ça… Pas bon du tout.

Je me contentai de leur renvoyer un regard torve. Malgré ma petite mise en garde, elles s’approchèrent rapidement et s’installèrent à mes côtés sur mon lit. Malia lâcha tout bonnement :

- Je sais qu’on n’est pas Rose, mais tu peux tout nous dire à nous aussi, tu sais.

Je relevai ma tête de loup et la secouai de gauche à droite. Elles poussèrent un soupir dépité, mais Teena affirma ensuite :

- Écoute, peux-tu redevenir humaine, s’il-te-plaît? On sait déjà en partie ce qu’il s’est passé.

J’ouvris de grands yeux incrédules et me métamorphosai la seconde suivante pour m’exclamer :

- Hein, quoi, comment?!

- Le professeur Andrews nous a informés, Scorpius et moi, que tu ne serais probablement pas dans ton assiette. Que tu avais vécu un truc assez traumatisant pendant l’examen.

- Et nous en avons discuté en venant avec les gars et on croit que c’est dû à l’Épouvantard, ajouta Teena. On se trompe?

- Non, lâchai-je d’un ton rauque. Mais je n’ai pas envie d’en parler. Pas tout de suite. Et certainement pas deux fois.

Elles comprirent instantanément ce que ça voulait dire. Qu’il fallait attendre Rose pour que je fasse le récit de ce que j’avais vécu. Ou de ce que j’avais vu, plutôt. Et entendu. Enfin, qu’importe.

Elles réussirent toutefois à me convaincre de descendre et de rejoindre la Salle sur Demande avant que Rose n’y arrive et découvre que personne n’était là. Je ne réussis pas à trouver le courage de leur dire que si le professeur Andrews avait déjà informé Scorp et Mal de mon état catastrophique, il ferait certainement la même chose avec Rose. Enfin, comme elle traînait sa Carte sur elle, je suppose qu’elle s’arrangerait pour nous demander où nous nous trouvions en hurlant.
Sur ce point je ne fus pas démenti, à peine avions-nous mis les pieds dans la Salle sur Demande en compagnie de James, Liam et Dylan en surplus, que Rose s’écriait sur notre Carte des Marcheurs d’Ombres à Scorp, Al et moi :

Bloodyclaws : OÙ EST-ELLE? OÙ ÊTES-VOUS? QU’EST-CE QUI SE PASSE, PAR MERLIN?!

Scorpius s’empressa de lui répondre et on put voir le petit point qu’était Rose avancer rapidement en direction de la Salle. Albus avait toujours ma main fermement dans la sienne, il l’avait saisi dès que je les avais retrouvés dans la Salle Commune et ne l’avait pas lâché depuis. Son contact me calmait légèrement, mais je ne me sentais toujours pas complètement en forme.

Quand Rose arriva, elle était à la fois rouge de colère et folle d’inquiétude. Ce qui donnait à son visage un aspect plutôt… intéressant. Et étrange. Très étrange. Je n’eus toutefois pas le loisir de le lui faire remarquer, car elle se rua vers moi comme une furie (ce qu’elle était, en y réfléchissant bien) et me serra contre elle à m’en casser les os. Son étreinte força Al à me relâcher et à ce moment sa cousine me dit :

- Qu’est-ce qui se passe, Alli? Il t’est arrivé quelque chose? Tu as raté l’examen? Tu…

- C’est l’Épouvantard, marmonnai-je. Et je n’ai pas raté l’examen, grommelai-je en la foudroyant du regard, d’abord elle, puis ensuite Scorpius.

Ce dernier leva les mains vers le ciel pour réclamer son innocence et ma clémence, ce qui me fit lever les yeux au ciel.

- Qu’est-ce qu’il avait l’Épouvantard? S’enquit James. Encore une vision? Souffla-t-il avec une inquiétude sincère dans la voix, mais pour le coup je m’en moquais.

- Non, c’était pire, marmonnai-je.

Je leur racontai ensuite en détail, même avec ceux qu’ils ne désiraient probablement pas savoir, toute l’histoire. J’insistai particulièrement sur les passages répugnants et le sentiment de culpabilité qui m’oppressait de plus en plus durant cette expérience traumatisante.

Aucun d’eux ne m’interrompit tout du long, me laissant vider mon sac comme je le voulais. Quand j’eus terminé, il régna un long silence. Qui fut interrompu de la manière la plus improbable qui soit. Alors que je m’attendais à voir de la compassion et de la tristesse dans les yeux de ma meilleure amie, sa réaction fut toute autre.

Elle me frappa le milieu du front avec l’intérieur de sa main assez fortement en s’écriant :

- Idiote! Idiote, idiote, idiote!

Avec chaque « idiote » supplémentaire, elle me frappait à nouveau le front. Elle s’exclama ensuite avec colère alors que j’essayais désespérément de me protéger le front :

- Combien. De. Fois. Faudra-t-il. Te. Le. Répéter. Ce. N’est. Pas. De. Ta. Faute.

Elle détacha chaque mot en le ponctuant d’un nouveau coup sur le front. Je grommelai en essayant en vain de l’éloigner de moi :

- Ce n’est tout de même pas de ma faute si c’est de ma faute!

- Allison, cette phrase n’a absolument aucun sens… lâcha James en me dévisageant.

- Laisse-moi être plus claire, dans ce cas. Ce n’est pas de ma faute si je dis la vérité en affirmant que tous les malheurs qui frappent tout le monde ici, moi compris, sont de ma faute! Grondai-je férocement.

Cette fois, ce ne fut pas un coup sur le front que je reçus, mais une gifle magistrale (de la part de Rose), un coup de coude particulièrement violent (de Malia), un coup de pied léger dans le tibia (Merci, Teena!) et une tape cinglante sur le bras de la part de Scorpius. Quant à Al…

- TU VAS RETIRER ÇA TOUT DE SUITE, ALLISON LÉVESQUE! CE N’EST NULLEMENT DE TA FAUTE TOUT CE QUI ARRIVE. EST-CE QUE C’EST DE TA FAUTE S’IL Y A UN FOU SANGUINAIRE EN LIBERTÉ? NON! ALORS, TAIS-TOI! hurla-t-il à plein poumon et je sentis mes oreilles tinter.

J’étais presque certaine que tout Poudlard avait entendu Al crier. À moins que la Salle sur Demande soit insonorisée. Ce qui, en y réfléchissant, était fort probable.

Je plaquai une main contre ma joue rougie et l’autre sur la marque rouge que j’avais sur le bras et m’exclamai avec colère :

- Hé, mais ça va pas la tête?

- Je crois que ce serait plus « les têtes » dans le cas présent, avança Dylan avec un sourire taquin absolument détestable.

- TAIS-TOI! grondai-je en le foudroyant du regard.

- Sache donc que notre réaction est à l’ampleur de la stupidité de ton sentiment de culpabilité injustifié, grommela Rose en croisant les bras.

Je levai les yeux au ciel, mais finit par pousser un soupir. Je savais qu’ils avaient raison, tous autant qu’ils étaient. Mais comment pouvais-je faire autrement que de me sentir coupable? C’était plus fort que moi.

Ma meilleure amie dut constater mon changement d’humeur, car sa colère retomba tout aussi rapidement. Elle revint alors vers moi et passa un bras autour de mes épaules pour me serrer contre elle. Elle me souffla :

- Je sais que ça doit être facile de tomber dans la culpabilité, Alli. Mais ils ont tous fait ce choix. Tous autant qu’ils étaient. Ce n’est pas comme si tu les avais forcés. Ils l’ont fait pour toi. Pour toi, car ils croyaient en toi. Et Alli, peu importe si quelque chose doit m’arriver… Ce n’est pas de ta faute. J’ai choisi moi-même de t’aider et je suis prête à tout pour que celui qui a fait souffrir ma famille ne revienne pas. Je suis aussi prête à tout pour que celui qui a fait souffrir la tienne aille pourrir aux enfers.

- C’est tout comme pour elle, affirma Scorpius en venant déposer sa main sur mon épaule.

- Et moi, tu sais déjà ce que j’en pense, renchérit Al en me souriant.

Je le revoyais encore dire « c’est un homme mort ». Oui, je savais ce qu’en pensait Al. On ne peut mieux, même.

- Il ne faudrait pas m’oublier, hein! S’exclama Malia.

- Ni moi! S’écria Teena en croisant les bras.

- Malgré que je n’aie pas été un exemple d’amis dernièrement, je pense la même chose, Allison.

Liam et Dylan gardèrent le silence, mais je savais que ce n’était pas par manque d’envie. Je le voyais très bien dans leurs yeux qu’ils étaient d’accord avec tout ce qu’avait dit Rose et les autres. Seulement, ils ne faisaient pas intégralement parti du groupe. Certes, Liam avait presque le pied dedans, mais il ne savait pas tout. Particulièrement certaines choses concernant les derniers évènements.

Je lâchai en sentant l’émotion se coincer dans ma gorge :

- Merci. Merci d’être là. Merci d’être vous. Je ne sais pas ce que je ferais si vous…

- Tu serais déjà six pieds sous terre, ma vieille, affirma Rose en me bousculant gentiment. Je plaisante, bien sûr.

Je levai à nouveau les yeux au ciel, mais à partir de ce moment je me sentis le cœur beaucoup plus léger. Jusqu’au moment où l’on prononça les mots « étude de potion ». Là, ce fut beaucoup moins amusant. James, Liam et Dylan devaient être du même avis, car ils s’éclipsèrent sans dire un mot.

****************

L’anniversaire d’Albus approchait à grand pas. Il avait lieu le jeudi 9 juin et nous prévoyions déjà, discrètement bien sûr, de faire quelque chose pour fêter non seulement son anniversaire, mais aussi la fin des examens. Mais avant ça, il fallait passer à travers les examens en question. Et ça commençait avec Potion.

Qui se révéla très long et fastidieux, tant pour la théorie que pour la pratique. Malgré tout, chacun de notre groupe fut assez satisfait de sa performance, contrairement à ce que nous redoutions qu’ils se produisent, s’entend.
L’examen suivant fut celui de Soins aux Créatures Magiques où seulement Al et moi nous rendîmes, ce qui plût particulièrement à nos amis qui s’amusèrent à nous narguer le matin même. Malgré tout, l’examen se révéla assez facile, car nous avions étudié de manière exemplaire ensembles et avions aussi pu passer quelques temps en solitaire, tous les deux. Et comme j’avais toujours eu des gardes du corps depuis le début de notre relation, c’était vraiment agréable d’être réellement seuls tous les deux.

Le mercredi c’était la journée d’examens par excellence. Nous commencions avec la théorie d’Astronomie, puis très peu de temps après nous avions la théorie de Divination pour les uns et celles d’Arithmancie pour les autres. Ainsi que la pratique tout de suite après. Sans oublier qu’à minuit, nous avions la pratique d’Astronomie à faire en haut de la Tour d’Astronomie, justement. C’est pour dire que lorsqu’on alla tous se coucher, personne n’eut le cœur à étudier pour l’examen d’Histoire de la Magie. Heureusement, il n’avait aucune partie pratique, d’ailleurs j’ignore comment il aurait pu en avoir une, ce qui impliquait qu’au vue de la journée intensive que nous avions passé (ainsi que la nuit) il n’était qu’en après-midi.

Malgré tout, nous réussîmes tous à nous lever pour dix heures, alors Rose, Scorp, Al, Teena, Malia et moi nous allâmes comme à l’habitude étudier dans la Salle sur Demande. On fut assez silencieux pour la bonne et simple raison que tout le monde s’endormait encore. À vrai dire, une heure après avoir commencé à étudier, on s’endormit tous les uns après les autres.

Avec chance, Rose avait eu la présence d’esprit d’actionner un cadran magique qui nous réveillerait sur l’heure du déjeuner. Et comme il fonctionna à merveille on se réveilla tous en sursaut, pour ensuite reprendre notre étude. Si quelqu’un disait que nous n’étions pas des élèves dévoués, je crois que je piquerais une crise de nerf.

*******************

Un long moment plus tard, nous sortions tous de la Grande Salle en étant de vrais survoltés. Les examens venaient enfin de prendre fin et maintenant on n’avait plus à s’en inquiéter avant le mois de juillet. Maintenant, c’était l’heure de rendre la fête d’Al inoubliable. Comme convenu, Scorp attira Al pour aller faire une activité quelconque qu’ils ne faisaient que tous les deux pendant que Rose et moi nous élancions vers notre Salle Commune. Malia et Teena nous suivirent en courant pour donner un coup de main, car nous n’aurions que très peu de temps pour tout préparer.

Bien sûr, c’était James qui s’occupait de l’organisation, comme pour toutes les fêtes concernant les membres de sa famille. Et comme il tenait à ce que tout soit différent à chaque fois, il devait sans cesse se renouveler. Je me demandais sincèrement comment il y arrivait, car moi-même, j’avais une limite à mon imagination. Enfin, côté décoration, car pour me venger j’étais sans limite.

L’aîné des Potter nous dirigea d’une main de fer pendant les deux heures que prit la préparation de la fête. Et tout du long il aboya plus des ordres qu’autres choses et à le voir farfouiller dans certaines de ses boîtes à surprise, je craignais le pire pour Albus. Tout le monde savait qu’à la fête de son cadet, James était on ne peut plus exigeant avec lui-même sur le « on-gêne-au-maximum-pour-que-cette-journée-soit-mémorable ». Mémorable, mais rarement dans le bon sens du terme. Je me souvenais très particulièrement de l’an passé où Al avait passé la journée entière aussi rouge qu’une tomate trop mûre (et de la tête aux pieds) pour ensuite tourner au violet fluorescent au moment de sa soirée d’anniversaire.

Je redoutais grandement ce qui arriverait à son arrivée, car James n’avait rien fait pour lui pourrir la journée jusqu’ici, et ça, c’était atypique. Peut-être que c’était dû aux B.U.S.E que nous passions cette année, mais… j’avais un doute. Je songeai toutefois avec une légère amertume que c’était l’avant-dernière fois (voire la dernière) que j’assisterais aux fameuses fêtes de James réservé à Albus. Après tout, Jiminy entrait en septième année l’année prochaine… et sans aucun doute qu’il mettrait le paquet pour marquer à jamais l’école.

Comme tout était enfin préparé, James nous permit de s’en aller pour qu’il ne nous ait pas dans les pattes pendant qu’il installait les derniers petits détails. Je ne savais pas ce dont il s’agissait, mais ce devait être important, car il demanda à tout le monde de quitter la Salle Commune, soit en sortant carrément ou en rejoignant leur dortoir. Les seuls qui furent autorisés à rester étaient ses deux acolytes, en bref, Dylan et Liam.

Rose, Teena, Malia et moi nous montâmes rapidement en haut. Il était normalement peu avisé de rater le diner à la Grande Salle, mais comme à l’habitude James avait dévalisé les cuisines pour préparer un buffet dans la Salle Commune. Où pour l’occasion seules les personnes de la Maison et quelques étrangers (Scorpius en particulier) avaient la permission d’assister. Ensuite, pour la fête en soirée tout le monde pouvait venir. La directrice et les professeurs avaient déjà essayé d’empêcher James d’organiser ces diners hors de la Grande Salle, mais aucune des tentatives ne fut concluantes, alors ils avaient abandonnés. Et je ne m’en plaindrais pas.

- Bon, alors tu te prépares, Alli? S’enquit Rose en m’observant attentivement.

- C’est vrai, tu nous as dit que tu réservais une surprise à Albus hier soir! Renchérit Teena avec une étincelle très intéressée dans les yeux.

Un sourire amusé étira mes lèvres et je me tournai vers ma meilleure amie pour lui dire :

- Tu te souviens de l’anniversaire de Scorp? Et ce qu’avait dit Al à propos de la proposition que je t’avais faite?

- Comment oublier! Grommela Rose en levant les yeux au ciel.

- C’est ça ta surprise ou ça n’en fait que partie? Me demanda Malia en fronçant des sourcils.

- C’est seulement une partie de la surprise, admis-je. Et pour l’autre je vais avoir besoin de votre aide à toute, plus particulièrement la tienne, Teena.

L’intéressée me jeta un regard avide et je leur fis part de mon plan. La première étape consistant à me changer en vitesse avec une robe que ma mère m’avait acheté longtemps auparavant et que je n’avais jamais mise. Et elle était particulièrement de circonstance. À vrai dire, elle comportait les couleurs de notre Maison. En étant en grande partie d’un rouge légèrement foncé et voluptueux elle aidait à faire ressortir le doré qui suivait tout le long du bustier en formant aussi une pointe menant jusqu’à la zone de son nombril. Cet agencement semblait rendre le décolleté plus plongeant qu’il ne l’était en réalité. Et comme la robe suivait ma taille fine avant d’être beaucoup plus aéré au niveau des cuisses. Dans le dos, au lieu d’un tissu plein c’était de la dentelle qui laissait parfaitement voir ma peau d’albâtre. Cela dit, j’avais conscience que cette robe siérait plus à Malia avec sa peau éternellement bronzé, mais peu importe.

Une fois que je l’eus enfilai, je me rappelai brutalement qu’elle était quand même assez courte, ne dépassant pas les genoux. Et comme j’étais assez grande, c’était un détail qui se remarquait assez rapidement.

- Cette robe est sublime, affirma Malia.

- Mon cousin va encore en tomber par terre, ajouta Rose sur un ton narquois.

Je répondis avec un sourire tout aussi narquois et indiquai la direction de la salle de bain du doigt. Là, les filles comprirent immédiatement en quoi j’avais besoin d’aide. Je n’avais jamais été le genre de fille à réellement prendre soin de mon apparence. Disons que le maquillage et moi, ça faisait deux plus souvent qu’autrement. Mais aujourd’hui, je voulais gâcher toutes les mauvaises surprises que James réserverait à son frère et ce… par ma simple présence. Alors, il fallait que je fasse un effort pour qu’Albus concentre la plus grande partie de son attention sur moi. Et ça impliquait donc de me rendre inoubliable et aussi… de demander l’aide de mes amies plus caler que moi sur la question de l’apparence.

Les filles me forcèrent alors à m’installer sur un tabouret (qui sortait de Merlin seul savait où) et se mirent à trottiner autour de moi pour me rendre… aussi magnifique que possible. Devant autant d’agitation, Spock s’empressa de nous suivre dans la salle de bain avant de se faire sortir dehors par Teena avec un claquement sonore de la langue fortement désapprobateur. Et quand il fit mine de revenir en compagnie de Nuage, Rose leur claqua tout simplement la porte au nez.

Apparemment, s’occuper de moi était une tâche hautement sérieuse.

- Alli, un de ces jours, il faut vraiment que tu me permettes de t’enseigner tout ce qu’il y a à savoir sur comment se coiffer, se maquiller et se faire belle en général, grommela Teena en démêlant ma tignasse noire.

- À quoi ça sert puisque tu es toujours avec moi pour les situations qui le nécessite? M’enquis-je en souriant moqueusement.

Elle poussa un soupir dépité et découragé, mais un sourire finit quand même par atteindre ses lèvres. J’en profitai donc pour ajouter :

- Et puis, je te signale que je peux très bien m’occuper de mes cheveux par moi-même. Je sais me faire une queue de cheval, des tresses et d’autres petits trucs comme tout le monde. Et je peux improviser des coiffures quand il le faut.

- Mais Alli! Ça ne s’improvise pas, des coiffures! S’indigna mon amie sur un ton profondément découragé.

- Je te dis que si.

- Et moi je te dis que non! S’indigna-t-elle férocement en me tirant violemment les cheveux.

- Aïe! Mais ce n’est pas du jeu, ça! M’exclamai-je avec une grimace de douleur.

- C’est qui qui tient les cheveux? Moi. Alors j’ai le pouvoir! Gronda Teena avec un faux sérieux qui me fit rire.

Pendant près de vingt minutes, on discuta calmement les filles et moi. Je me tournais les pouces de mon côté pendant que Rose s’occupait de me coiffer, en me jurant qu’elle conservait quand même l’idée que ma personnalité ne pouvait pas supporter certaines coiffures trop sophistiqué. Et oui, je parle de ma personnalité comme d’une entité bien vivante, qu’est-ce que ça dérange? Teena se chargeait de me trouver quelques accessoires pour aller avec ma robe ainsi qu’une paire de chaussure pendant que Malia se chargeait du maquillage. Elle avait vraiment des mains d’expertes, j’en étais presque jalouse. Quoiqu’en même temps, pour les fois où ça me servirait, ce serait un don un peu inutile. Ça me surprenait d’ailleurs que Malia soit aussi douée, car je la voyais rarement mettre d’autres maquillages que du mascara. Ce qui était déjà plus que moi, mais on passera sur ce détail.

Teena était toujours en train de chercher un dernier accessoire lorsque les filles eurent terminés de me préparer, et personnellement je ne me reconnaissais pas en me regardant dans le miroir. Malia avait fait un dégradé en partant du même rouge que ma robe et en allant jusqu’au noir avec l’ombre à paupière. Ensuite, elle avait tracé un trait d’eyeliner doré pour rehausser un peu le tout et comme le mascara était noir, mes cils ressortaient vivement sur le reste. J’avais toutefois refusé qu’elle me mette du rouge à lèvre ou du baume par commodité, je ne voulais pas passer la soirée à faire attention pour boire, manger ou… autre chose. Quant à la coiffure de Rose, elle faisait totalement moi. Elle avait conservé les vagues naturelles de mes cheveux tout en tressant le haut habilement pour que mes cheveux restent en partie dans mon dos. Par ailleurs, rien ne m’empêcherait de les ramener sur le devant si l’envie m’en prenait. La liberté que m’offrait cette coiffure était sublime.

J’enfilai sans tarder les talons hauts doré qui s’enroulait autour de mes chevilles que Teena m’avait procurés ainsi qu’un bracelet doré finement ouvragé représentant avec deux embouts en plumes. Il était tout bonnement magnifique. Je restai par contre sans voix devant le dernier accessoire qu’elle m’offrit. Il s’agissait d’un collier à chaîne doré dont l’élément principal était un Vif d’Or. Sauf que ce n’était pas tout. Elle me montra avec un sourire qu’en réalité il y avait une petite horloge à l’intérieur, ce qui me permettrait de savoir l’heure en tout temps.

En fronçant les sourcils je lui demandai :

- Je peux savoir comment ça se fait que tu aies un collier avec un symbole qui représente clairement le Quidditch? Je croyais que tu n’aimais pas vraiment ça…

- À vrai dire, c’était pour toi, me dit-elle avec un grand sourire.

- Mais ma fête est passée! M’indignai-je.

- Certes, mais c’est un cadeau de notre part à toutes les trois pour la fin de l’année, avoua Rose.

- Mais je n’ai rien acheté pour vous! M’exclamai-je. Pourquoi est-ce que… commençai-je avant de m’interrompre brusquement.

Je savais pourquoi elle m’avait acheté un cadeau de fin d’année. C’était pour une seule, et très simple, raison. Je ne serais peut-être pas là l’an prochain. L’émotion me noua la gorge et je fis des efforts surhumains pour ne pas laisser les larmes apparaître et ainsi risquer de ruiner le travail de Malia. Je serrai toutefois mes trois amies dans mes bras et leur dis, émue :

- Vous savez que je vous aime, n’est-ce pas, les filles?

- Ouais, affirmèrent-elles tous en cœur et on éclata de rire.

- Et maintenant on ferait mieux d’y aller, lâcha Rose par la suite en m’adressant un clin d’œil.

Je hochai de la tête avec de nouveau un sourire narquois aux lèvres. Al ne devrait plus tarder à arriver maintenant et il me tardait de l’accueillir comme il se devait. Et de voir sa réaction aussi, il ne faudrait pas mentir. Avant de descendre je m’assurai que le cadeau d’Al était bien enveloppé et sur mon lit, endroit où je l’avais laissé avant de permettre aux filles de s’occuper de moi. Comme c’était le cas, je pris Rose et Malia par les bras, cette dernière attrapa Teena, puis je dis :

- Encore un grand merci, les filles. Je serais complètement perdue sans vous.

- On le sait, affirma Teena avec un grand sourire.

Je lui donnai un petit coup sur le coude avant de rire avec elles toutes. Ça faisait du bien de rire avec mes amies. J’avais l’impression que ces derniers temps avaient été tout sauf calme et simple. En particulier avec les examens. Mais maintenant ils étaient terminés, alors on pouvait profiter de la vie. Le match de Quidditch final de la fin de semaine n’était pas encore très présent dans mon esprit. Chaque chose en son temps, n’est-ce pas? C’est donc en me sentant aussi légère que l’air que je descendis bras dessus, bras dessous avec amies les escaliers menant à la Salle Commune où bons nombres de Gryffondors devaient attendre l’arrivée d’Albus.

En arrivant en bas, je restai subjuguée par les changements que James avait opérés pendant notre absence. Il avait réutilisé quelques-unes des idées qu’il avait prises pour la fête de Lily et Hugo, mais les avait transposés de manière différente pour Al. Notamment, au lieu d’avoir mis les décorations les plus criardes possibles comme pour le duo infernal, il avait parfaitement recréé le caractère de son frère. Il n’avait par contre pas négligé de se moquer de lui au passage. Partout où on regardait il y avait des photos très amusantes d’Albus. Du moins, pour nous. Pour lui, ce serait une toute autre histoire.

Je n’avais pas l’impression qu’il apprécierait que son frère ait montré des photos de lui à l’âge de six ans écrasés par terre à côté d’un balai légèrement amoché. Et à voir comment les yeux vert d’Al était gorgé d’eau, je me doutais fort bien que c’était dû à une chute plutôt douloureuse. Un peu plus loin il y avait une image mouvante d’Albus qui fonçait de plein fouet dans quelque chose d’invisible (que je soupçonnais être du film étirable, ce genre de truc que l’on mettait sur des assiettes repas pour ne pas les laisser à l’air libre sans les ranger dans un plat avec couvercle) et comme c’était dans un cadre de porte, normalement il aurait dû n’avoir rien du tout. Cela dit, à voir le visage rouge de colère d’Albus en hurlant quelque chose (que je soupçonnais être un « James » tonitruant) je ne pouvais pas m’empêcher de sourire.

Ce qui était surprenant, par contre, c’était la photo (version sorcier, bien sûr) des deux frères qui étaient suspendu au-dessus du foyer et qui était en très grand format. Elle les représentait tous les deux en train de sourire à la caméra avec un air enjoué et légèrement moqueur. Si je me fiais à l’air boudeur qu’avait Lily en arrière-plan, presque cachée, ils venaient de lui jouer un tour particulièrement désagréable. C’était surprenant de constater que le cliché semblait récent, comme si la photo avait été prise au cours de l’été. Apparemment les deux frères avaient peut-être une relation légèrement différente à la maison… Parfois, cela dit, car Al ne semblait pas trouver que son frère était de tout repos d’après ce qu’il me racontait de ses étés.

J’aperçus Chelsea McLaggen qui se dirigeait dans ma direction lorsque je sortis de ma contemplation des photos. En arrivant à ma hauteur elle me jaugea du regard avant de me sourire avec sa gentillesse habituelle et de dire :

- Tu es drôlement jolie ce soir, Allison! Je suppose que c’est pour faire la surprise à Albus?

- Exact, dis-je en rougissant légèrement.

- Je vais faire en sorte de garder mon frère à distance, car dans cette tenue tu risques fort bien d’attirer son attention, ajouta-t-elle en m’adressant un clin d’œil.

- Je sais me défendre et je ne crois pas qu’Al apprécierait… affirmai-je en souriant moqueusement.

- Oh, je le sais, acquiesça-t-elle avec un sourire tout aussi moqueur. Mais je tiens à mon frère malgré tout, alors permet-moi de m’en occuper. Il est mon frère et la seule personne qui est autorisée à le frapper, c’est moi.

J’éclatai de rire avec elle à ces mots et elle s’éclipsa en me tapotant l’épaule. J’aimais vraiment bien Chelsea, c’était l’une des seules filles de sixième année de notre Maison qui avait la tête sur les épaules et qui ne se prenaient pas pour une autre. Et en plus, elle jouait au Quidditch dans notre équipe, alors que demander de mieux?

Mon attention fut rapidement détournée de la sixième année au moment où la porte de notre Salle Commune s’ouvrit pour laisser place à Albus. Le temps sembla s’arrêter l’espace d’un instant, ou du moins ralentir. En entrant il se passa une main lasse dans ses cheveux et je pus voir son air se décomposer peu à peu en découvrant la décoration et plus particulièrement les photos. Malheureusement il n’eut pas le temps de tout voir avant qu’une transformation ne s’opère chez lui.

Et elle n’était pas petite.

D’un seul coup tous ses cheveux se dressèrent sur sa tête en prenant les couleurs vert et argent des Serpentards. Il avait l’air complètement ahuri comme ça, mais ce fut encore bien pire lorsque le côté argent et le côté vert de ses cheveux se mirent à clignoter à tour de rôle. Mais bien sûr, ce n’était pas tout. James ne faisait jamais les choses à moitié. Sa peau devint rapidement d’un gris foncé profond où on ne discernait presque plus ses traits. Toutefois, la cerise sur le gâteau c’était les ailes. Des ailes de chauve-souris venaient de lui tomber sur les épaules et j’étais prête à mettre ma main à couper que c’était des représentations d’ailes de Sombral. Je me souvenais comme si c’était hier de mon arrivée sur la Gare de King’s Cross et de la discussion que j’avais épiée.

La réaction d’Al ne se fit pas attendre quand il remarqua l’étendue de sa transformation.

- JAMES! Hurla-t-il avec une colère sans borne.

- Souris, Al! Se contenta de rétorquer son frère en sortant un appareil photo sorcier.

Il n’attendit pas qu’Albus s’élance dans sa direction avant de prendre la photo. J’étais presque certaine que nous ne tarderions pas à voir des photos de ce moment mémorable placardé partout dans la Salle Commune d’ici quelques jours. C’était le passe-temps favori à James d’énerver son jeune frère. Mais ce soir, j’avais bien l’intention de ruiner ses efforts à ce grand gamin.

Avec un sourire à l’adresse de mes amies, je me frayai un chemin en direction des deux Potter qui se tenaient au centre de la Salle Commune, l’un noir de rage (sans mauvais jeux de mots, évidemment) et l’autre mort de rire. Dans la périphérie de mon champ de vision, je vis Scorpius rejoindre Rose et les deux souriaient avec des airs goguenards. Je me retins pour ne pas hausser les yeux au ciel.

En n’arrivant à leur hauteur, Al abandonna soudainement son air colérique quand il m’aperçut. Un sourire éclaira mon visage et je lui servis un clin d’œil complice. Je suis presque certaine d’avoir vu sa mâchoire se décrocher avant qu’il ne se reprenne. Je poussai alors James de mon chemin, sans ménagement, et sans me préoccuper de tous les Gryffondors et de l’unique Serpentard présent dans la pièce j’embrassai Al avec fougue.

Cela ne lui prit qu’un quart de seconde avant de répondre à mon baiser avec tout autant d’énergie que j’y avais mis à la base. Ses deux mains se refermèrent sur ma taille et il m’attira à lui tandis que je refermais mes bras autour de son cou. Dans mon dos, j’entendis James geindre :

- Ce n’est pas du jeu, Allison!

Je me contentai de sourire intérieurement en serrant Al un peu plus contre moi. En ce moment je me sentais bien. Plus que bien, même. Et j’avais envie plus que tout que ça reste comme ça pour encore trèèèèès longtemps.

Malheureusement la réalité nous rattrapa bien assez vite (beaucoup trop à mon goût) et Al me relâcha, mais avec un sourire satisfait sur les lèvres. Il chuchota à mon oreille :

- Tu t’es souvenue.

- Bien sûr que oui, idiot! Qu’est-ce que tu croyais?! M’exclamai-je, à moitié outrée qu’il ait pu croire que j’oublierais.

Il eut un sourire encore plus grand devant ma réaction et il me prit immédiatement la main pour la serrer très fort entre ses doigts. Je lui adressai mon plus grand sourire à mon tour et la fête pu commencer.

James ne tarda pas à attirer l’attention de tout le monde avec ses pitreries habituelles, mais auxquelles il ajouta des anecdotes d’enfance concernant Al. Et des anecdotes qui concordaient avec chacune des photos que l’on voyait de ce dernier. Les éclats de rire furent nombreux et pendant que James se déchainait on pouvait se servir dans le buffet qui était apparu par magie dans le coin Nord de la Salle Commune. Il y avait de tout ce que l’on pouvait vouloir et à profusion. Que ce soit du pain, du ragoût, des frites, des ailes de poulet, etc. on trouvait absolument de tout ce que l’on pouvait souhaiter. Même que je pus voir une barrique de Bièraubeurre ainsi qu’une autre dont je ne désirais pas plus que ça connaître son contenu.

Rose, Scorp et moi ne quittâmes pas Al une seule seconde de toute la soirée, lui évitant ainsi de trop penser à ce que son frère racontait aux autres. Mais peu à peu, les élèves de Gryffondor furent rassasiés aussi bien au niveau de leur estomac que de leur curiosité et James passa à la phase suivante. La musique. Les meubles furent alors tous écartés pour permettre à tout le monde de danser. Et à partir de ce moment on fit en sorte de laisser la porte de notre Salle Commune ouverte pour les quelques élèves des autres Maisons qui auraient pu vouloir se joindre à la fête.

La chaleur monta rapidement tandis que la pièce se remplissait à son extrême capacité. Al et moi on se retrouva rapidement coincé dans le coin où se trouvaient les deux barriques de boissons, séparés de Rose et Scorpius par une mare de gens. Cela dit, je crus les apercevoir qui dansaient, alors je n’avais pas l’impression que notre absence les gênait. Al se servit une pinte de la boisson dont je ne voulais pas connaître la nature et je ne pus m’empêcher de lui demander, nerveuse :

- Tu vas vraiment boire ça?

Il parut surpris par ma question et me dévisagea pendant une seconde, indécis. Après un petit moment, il sembla retrouver l’usage de la parole et avoua :

- Oui, pourquoi?

- Pour rien, pour rien, répondis-je rapidement en regardant ailleurs.

Il força d’une main mon visage à se tourner vers lui et demanda en arquant un sourcil :

- Pourquoi, Alli? Répond-moi. Et pas un « tu n’es pas encore majeur », car je n’y crois pas une seule seconde à cette excuse.

Je rougis légèrement en l’entendant dire l’excuse toute faite que je voulais lui servir. Je baissai les yeux pour éviter son regard, je n’arrivais pas à formuler la raison pour laquelle je n’aimais pas boire d’alcool. Ou voir les autres en boire. C’était une histoire personnelle et assez… marquante. Je déglutis avec difficulté et me souvins que j’avais eu une discussion à peu près semblable avec Scorpius quelques mois plus tôt.

- Allez, réponds, Alli. Je ne te mangerai pas, tu sais… insista-t-il en cherchant à capter mon regard avec ses magnifiques yeux verts.

Je poussai un soupir et finit par lâcher du bout des lèvres :

- Unjourmamèreatropbutetelleafaitdestrucsbizarresetditdeschosesplutôtblessantes.

- Hein, quoi? s’interloqua Al en ouvrant de grands yeux.

Je me mordillai la lèvre légèrement et je dis :

- Il y a trois ans, ma mère a trop bu et… disons qu’elle a fait des trucs et dit des trucs assez bizarres. Mais… Il… il n’y a pas que ça.

Mon regard devint encore plus fuyant quand je prononçai les derniers mots et je sentis la panique s’emparer de mon cœur à ce souvenir que j’aurais préféré être en mesure d’oublier.

- Qu’est-ce qu’il y a? gronda Albus sur un ton très doucereux qui n’était pas bon signe du tout.

- Javaisseptansetuncollèguedemamèresaoulaessayéquelquechose, soufflai-je beaucoup trop vite et pas suffisamment fort.

En voyant son air perdu et incompréhensif je poussai un soupir. Je n’avais pas envie de parler de ça. Mais alors là, pas du tout. Je sentis mes mains devenir moite et le regard toujours fuyant je dis sur un ton plus compréhensible :

- Un collègue de ma mère saoul a déjà essayé d’abusé de moi quand j’avais sept ans.

- Je vais le tuer! S’écria-t-il et quelques têtes se tournèrent vers nous.

Je plaquai vivement ma main sur sa bouche avant qu’il ne puisse ajouter quoique ce soit et grommelai :

- Al, ma mère l’a déjà fait mettre derrière les barreaux. J’étais peut-être jeune, mais pas stupide. J’ai frappé le type à l’endroit particulièrement sensible et j’ai crié à ma mère de venir en sortant précipitamment de ma chambre.

- Attends… tu as dit à sept ans? Lâcha Albus dès que j’eus libéré sa bouche.

- Oui… dis-je sans trop savoir où il voulait en venir.

- Mais ce n’est pas l’année de Spock senior?

- Oui, répondis-je en sentant mon cœur se serrer à ce souvenir douloureux.

- Par Merlin, c’était une année pourrie! S’indigna-t-il en me regardant avec compassion.

- Je ne te le fais pas dire, marmonnai-je.

- Maintenant, regarde-moi, Alli… souffla-t-il en prenant de nouveau mon menton entre ses doigts.

Je relevai les yeux vers lui et quand il plongea son regard dans le mien, je m’y perdis complètement. J’y lus en même temps une certaine solennité qui se répercuta dans ses paroles lorsqu’il me dit :

- Je ne ferai jamais rien sans ton accord, tu le sais, non? Tu es ma petite impulsive préférée, Alli. Et je ne veux plus jamais te faire souffrir d’une façon ou d’une autre.

Un petit sourire étira mes lèvres en entendant ces mots et j’eus l’impression que mon cœur devenait beaucoup plus léger. Et pas que lui. Je flottais presque sur un nuage, en fait. J’attirai Al vers moi en plaçant mes bras autour de son cou et l’embrassai avec toute la gratitude que je pouvais y mettre.

Quand je m’éloignai à nouveau, il avait les yeux légèrement dans le vague et un sourire idiot étirait ses lèvres. Je lui susurrai à l’oreille :

- C’est bon à savoir.

- Oh, mais si tu m’attise, ce ne sera pas du jeu, Alli! Grommela-t-il en me foudroyant du regard.

- Pas sans mon accord, Al. C’est toi qui l’as dit, le taquinai-je avec un sourire moqueur.

Il leva les yeux au ciel et je lui dis :

- Bon, j’ai une proposition pour toi. Prends ta pinte, on demande à tout le monde pour ouvrir les cadeaux et manger le gâteau et ensuite… que dirais-tu de t’éclipser d’ici?

Une étincelle d’intérêt illumina son regard et il s’enquit :

- Juste tous les deux?

- Juste tous les deux, confirmai-je. Et je crois que comme James attire toujours l’attention sur lui, en toute circonstance, personne ne s’apercevra de notre présence.

À voir le sourire qu’il m’offrit, je sus immédiatement qu’il était très d’accord avec mon idée. Il s’empressa donc de remplir sa pinte. Intérieurement j’espérai qu’il ne la viderait pas complètement, sauf que je fus contredite par le fait qu’il ne la remplit qu’à moitié. Il m’adressa un clin d’œil, me prit la main avec sa gauche, car la droite était occupée, et il demanda en élevant suffisamment la voix pour être entendu :

- Est-ce que quelques-uns ont des cadeaux pour moi ou est-ce que vous êtes seulement là pour voir mon frère me ridiculiser?

L’attention de tout le monde fut attirée vers lui et ils éclatèrent tous de rire à la dernière partie de phrase. C’est à ce moment-là, et presque seulement à ce moment que je compris qu’Albus et son frère était beaucoup plus semblables qu’aucun des deux n’étaient prêts à l’avouer. J’eus un sourire amusé, mais m’efforçai de le cacher à Al pour éviter qu’il ne me questionne à ce sujet.

Il y eut bientôt une file constituée en grande partie de sa famille (il faut dire qu’elle était nombreuse), de nos amis communs et de certaines autres personnes que je ne fréquentais pas vraiment, mais qui je crois était ses camarades de dortoirs. Profitant du fait qu’il était occupé, je m’éclipsai sans un bruit pour aller chercher le cadeau que je lui offrais moi.

À mon retour je me positionnai à la fin de la file. Après tout, on gardait le meilleur pour la fin, non? Malgré que l’attente fut plutôt longue je me retrouvai tout de même assez rapidement devant lui. Le sourire qu’il avait adressé à tout le monde changea un peu en m’apercevant. C’était le sourire qu’il n’offrait qu’à moi et une chaleur s’empara de mon ventre en observant ce sourire. Je lui tendis d’une main légèrement molle le cadeau et au lieu de saisir ce dernier, il m’attrapa par le poignet pour me serrer contre lui. Il me glissa à l’oreille :

- Tu n’avais pas à me faire de cadeau, tu sais… Le seul fait que tu m’aies pardonné… Que tu sois là, maintenant…

Je me sentis fondre sous ses paroles, mais il devait évidemment gâcher le tout en ajoutant :

- Et bien sûr que tu portes cette robe… C’est déjà des cadeaux en soit.

Je lui frappai le bras avec une fausse colère et grommelai :

- Crétin, va.

Il eut un sourire amusé, mais commença à déballer son cadeau. J’espérais secrètement qu’il n’en espérait pas trop, car ce cadeau n’aurait de sens que pour nous deux et certains de nos amis. Cela dit, ça avait été compliqué de me les procurer, car ils se trouvaient tous chez moi et je n’avais pas le droit d’y remettre les pieds. Mais grâce à quelques contacts… il m’avait été possible de les recevoir par hibou.

Il fronça légèrement en découvrant les étuis des trois films de Star Trek les plus récents. Soit celui de 2009, de 2013 et de 2016. J’avais bien l’intention de les lui faire découvrir. Ainsi que le quatrième, mais comme il était sorti pendant que j’étais à Poudlard, je n’avais pas eu l’occasion de vraiment demandé à ma mère pour nous le procurer.

- Euh… c’est quoi? s’enquit Al en me questionnant du regard.

- Une promesse, Al, lui répondis-je en sentant l’émotion envahir ma voix. C’est des films, précisai-je ensuite. Ceux d’où j’ai tiré le nom de Spock… Et cet été, on va les écouter ensemble. Chez moi. Peu importe à quel point je devrai faire de chantage pour qu’on puisse les écouter, continuai-je avec une boule d’émotion encore plus grande. C’est une promesse.

Je vis la compréhension éclairer son regard et aussi la même inquiétude qui risquait de saisir mon cœur si je m’attardais trop à penser au 21 juin. Je savais pertinemment que rien n’était sûr. Que je ne pouvais pas vraiment faire des promesses comme celle-là. Sauf que je voulais la faire. Ne serait-ce pour lui faire comprendre que j’avais bien l’intention de me battre jusqu’au bout. J’ajoutai en essayant de plaisanter malgré l’obstruction dans ma gorge :

- Je t’avais dit que je vous initierais aux trucs moldus, un de ces jours!

Un sourire fugace passa sur ses lèvres, mais je voyais encore l’inquiétude dans ses yeux. Sauf que peu à peu, son sourire prit plus de place et il me serra contre lui avant de m’embrasser rapidement du bout des lèvres. Il m’avoua en souriant comme un bienheureux :

- Je ne pouvais pas rêver d’un meilleur cadeau. Même si à ce que je peux voir, ils sont usagés.

Je le frappai à nouveau sur le bras et il éclata de rire ainsi que tous les autres autour de nous. James annonça à ce moment d’une voix forte que c’était le moment du gâteau. J’échangeai un regard amusé avec Al lorsqu’il revint avec un gâteau à la vanille, à la gelée de framboise et à quelques autres ingrédients.

Comme à l’habitude, mon petit-ami eut une mimique de dégoût en prenant quelques bouchées du gâteau. Moi, par contre, je ne me gênai pas pour me goinfrer. Enfin, presque, je savais être propre et polie, quand même. On réussit à rejoindre Scorp et Rose pour leur dire que l’on avait l’intention de s’évader de la Salle Commune. Ils approuvèrent du chef et Rose avoua qu’ils en avaient l’intention aussi. Apparemment c’était la meilleure soirée pour une sortie de couple, pensai-je avec un sourire.

Juste avant que l’on ne s’éclipse Al déposa sa pinte vide dans un coin pendant que moi je m’occupais de prendre une nouvelle part très généreuse du gâteau (suffisante pour deux, disons, voire même pour trois). Après quoi, en s’assurant que personne ne nous voyait, on sortit en catimini avec Rose et Scorp.
Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Une fois dehors on se salua avant de prendre des directions opposées. Je donnai l’assiette avec la pointe de gâteau à Al pendant que j’effectuais deux actions. La première étant de ranger précautionneusement les talons hauts de Teena dans mon sac à main et la deuxième de sortir la Carte des Marcheurs d’Ombres pour surveiller les agissements de Rusard.

- Tu m’en garde un peu, hein! Prévins-je avec un ton de menace Albus tandis qu’il s’empiffrait de gâteau avec délectation.

Il hocha la tête avant d’affirmer :

- Mon frère est trop facilement manipulable.

À cette remarque j’eus un sourire amusé. Je ne pouvais pas affirmer le contraire, sur ce coup-là, James était vraiment trop facile à manipuler. J’avais une idée bien précise de l’endroit où je voulais que nous allions, alors sans le consulter je pris soin de nous diriger vers un endroit bien spécial à tous les deux.

Au bout d’un moment, il sembla remarquer que je ne prenais pas des directions au hasard, car il lâcha :

- Tu nous emmène à un endroit de précis, pas vrai?

- Bien sûr! Affirmai-je en souriant.

- Et bien entendu, tu ne me diras pas où c’est…

- Tu as tout compris, monsieur-j’ai-du-gâteau-sur-le-nez! Acquiesçai-je en me moquant gentiment de lui.

- Même pas vrai! S’offusqua-t-il.

- Oh que si! Avançai-je et pour le prouver j’essuyai le dessus de son nez avec mon index avant me lécher le doigt en lui faisant un clin d’œil.

Il rougit légèrement et j’éclatai d’un rire goguenard. J’aimais trop le taquiner, il fallait espérer qu’il ne s’en lasserait pas à la longue… Enfin, il avait réussi à me supporter jusqu’ici, alors je pouvais supposer qu’il y arriverait. Je l’espérais de tout mon cœur, en tout cas.

Alors que nous prenions le dernier virage menant au couloir où se trouvait notre destination, je vis son visage refléter lentement de la compréhension. Il lâcha avec un petit rire :

- Tu ne nous mène pas vraiment là?

- Oh que si! Affirmai-je en ouvrant précipitamment le placard à balai et en le faisant rentrer à l’intérieur sans ménagement.

Il éclata franchement de rire lorsque je refermai la porte derrière nous. Par mesure de précaution je fis en sorte que les personnes à l’extérieur ne puissent pas nous entendre. Il murmura avec encore beaucoup d’amusement dans la voix :

- Alli, Alli, Alli… Peux-tu me dire pourquoi tu nous as emmenés ici?

J’affichai un sourire narquois pour toute réponse. Je n’avais pas l’impression d’être explicite oralement. Il suffirait de reproduire une certaine situation et j’étais presque certaine qu’il comprendrait pourquoi nous étions là. Je retirai rapidement le morceau de gâteau qu’il restait et le fit léviter un peu en haut de nos têtes avant de bousculer Al pour me mettre dans le fond. À ce moment je lui volontairement un croche-pied et ce n’est que grâce à ses immenses réflexes qu’il ne me tomba pas dessus et réussit à se rattraper au mur d’une main. Je lui saisis rapidement l’autre et plongeai mon regard profondément amusé dans ses yeux qui ne se trouvaient plus qu’à un seul petit centimètre et demi des miens.

J’eus tout le loisir de voir la compréhension traverser ses beaux yeux verts et il dit en se rapprochant légèrement :

- Ah, je comprends maintenant.

Il s’arrêta au moment où nos lèvres se frôlaient il susurra sur un ton taquin :

- Au moins maintenant ta robe n’est pas assez longue pour que je risque de marcher dessus!

- C’est vrai que tu es si facilement distrait! Me moquai-je à nouveau avant de franchir la dernière maigre limite nous séparant.

J’oubliai instantanément tout le stress des derniers jours ainsi que celui que je ressentais pour mon avenir. Il n’y avait plus qu’Albus. Rien qu’Albus. Et le reste de gâteau qui lévitait au-dessus de nos têtes. Et bien quoi? Je n’y pouvais rien si j’avais une faiblesse pour le gâteau, non?

Après quelques minutes d’un bonheur intense on s’interrompit pour s’asseoir par terre et manger le reste du gâteau. On discuta tranquillement de tout et de rien, entre autre de l’examen de la journée et du plaisir que l’on avait à avoir enfin terminé.

On passa les deux suivantes à discuter, s’embrasser et rester silencieux coller l’un à l’autre, profitant tranquillement de la présence de l’autre. Chose qui avait été suffisamment rare pour que l’on en profite pleinement et sans restriction. Par ailleurs, c’était peut-être l’une des dernières fois où on pourrait vraiment se le permettre.

Quand on rejoint enfin la Salle Commune de notre Maison, il n’y avait plus grand-monde présent surplace. Mais comme James était toujours debout, nous passâmes relativement inaperçu et on se souhaita bonne nuit d’un court baiser avant de monter chacun à notre dortoir.

Ce que je retins pleinement de cette soirée en me couchant sur mon lit avec un soupir, c’était que le gâteau avait vraiment été délicieux. Et que j’étais comblée avec Albus Potter.

En me réveillant le lendemain matin, j’avais un goût horrible dans la bouche. Ce qui me fit penser que j’avais complètement oublié de me brosser les dents avant de me coucher. Je jetai un coup d’œil du côté de mes amies et constatai qu’elles dormaient toutes à poings fermés. Je m’efforçai donc d’être silencieuse en me rendant à la salle de bain pour me brosser les dents proprement. Le gâteau avait bien moins meilleur goût aujourd’hui, apparemment.

Je m’apprêtais à retourner me coucher puisque je pouvais faire la grasse matinée lorsque dans le chambranle de la porte je me retrouvai à m’agripper fermement contre ce dernier. Un étourdissement inhabituel m’avait fait perdre l’équilibre et j’avais dû m’accrocher à la première chose qui me tombait sous la main. J’avais soudain l’étrange impression que le sol tanguait sous mes pieds et que le monde tournait autour de moi. Un frisson ô combien familier me traversa le dos et la sensation que l’on voulait m’attirer autre part me prit à la gorge, métaphoriquement parlant, bien sûr. Et le fait que je sentais comme un petit tiraillement au niveau de ma poitrine me fit comprendre une chose : j’avais besoin de quelqu’un.

Sans plus tarder je me ruai en dehors du dortoir, fonçant dans les murs et les meubles de manière brutale, sans aucune discrétion, d’ailleurs. Dans un bruit de fond ténu, je crus entendre les filles se réveiller, mais j’étais déjà en train d’essayer de dégringoler les escaliers. Ce que je finis par faire de manière littérale et pas simplement dans le sens de descendre rapidement. À vrai dire, je me retrouvai littéralement à faire un plongeon à la quatrième marche en partant du bas, ce qui se résultat évidemment par un vol plané et un atterrissage à plat ventre sur le sol quand même assez dur.

Je n’eus toutefois pas le temps de me plaindre d’une quelconque douleur, car je repérai juste devant mes yeux deux pieds.

Deux pieds que je reconnus aisément à cause des bas qui les recouvraient. C’étaient des bas rouges foncés avec des raies bleues, noires et verts foncés. J’avais acheté ces bas à une personne bien particulière pour l’agacer et en me disant qu’il ne les porterait jamais. Apparemment j’avais eu tort. Un sourire tordu par la douleur je relevai les yeux pour apercevoir Al qui m’observait, bouche bée. Je lâchai un petit rire en disant :

- Par Merlin, Al! Tu ne mets pas vraiment ces bas hideux alors que l’été est presque là?

J’avais toujours la tête qui tournait, alors quand il leva les yeux vers le ciel, j’avais l’impression que c’était le plancher. Ce qui était particulièrement… bizarre. Pour toute explication, il lâcha en me saisissant par le bras pour me relever :

- C’est toi qui me les as donnés l’année passée…

J’aurais bien voulu rire un bon coup, sauf que c’est à ce moment que la vision nous emporta pour de bon. Et ce ne fut clairement pas agréable et délicat comme changement de décor, disons.

Si en étant dans mon dortoir et la Salle Commune j’avais eu l’impression de tanguer, là c’était affreusement pire. On aurait presque pu se croire sur une plateforme de bois ultra mince en plein cœur d’une tornade. En d’autres mots, j’avais vu mieux comme transport pendant une vision.

Lorsque nous retombâmes sur nos pieds, ou du moins presque, car on était de nouveau immatériel, je sentis ma gorge se nouer en constatant où nous nous trouvions, mais surtout avec qui. L’une des deux personnes m’était très chère et je la connaissais presque aussi bien qu’elle me connaissait. L’autre, je ne l’avais vu qu’en photo et j’aurais vraiment aimé la connaître. Mon cœur se serra et mes yeux s’embuèrent instantanément.

Devant mes yeux incrédules se trouvaient ma mère et mon père, serrant contre eux un bébé d’un mois à peine et un bambin d’un an.

Al chuchota tout doucement :

- C’est… c’est ton père?

Je hochai distraitement de la tête, beaucoup trop sonnée. Intérieurement j’étais entraînée par un maelstrom d’émotions. J’aurais voulu plus que tout pouvoir lui parler, là, tout de suite. Lui dire à quel point j’aurais aimé le connaître. À quel point j’étais fière d’être sa fille, mais que j’aurais préféré qu’il ne se sacrifie pas pour moi. Car je ne me sentais pas réellement à la hauteur de la tâche qui me revenait.

J’oubliai pourtant rapidement mon état émotionnel lorsque j’aperçus McGonagall arriver d’un pas déterminer, mais semblant terriblement anxieuse si je me fiais aux regards qu’elle jetait un peu partout autour d’elle. Quand elle arriva au niveau de mes parents, elle les saisit par le coude et les força à entrer dans la maison derrière eux. Dans un sursaut je la reconnus.

Je ne me souvenais certes pas d’y avoir vécu, mais je me la rappelais pour l’avoir vu dans une vision précédente. C’était la maison où nous avions vécu avec mon père. Je sentis ma gorge se nouer à nouveau, mais je m’efforçai de rester maîtresse de mes émotions pour entraîner Al vers l’intérieur. C’était toujours aussi étrange de ne pas avoir besoin d’ouvrir une porte pour entrer quelque part…

Au moment où on pénétrait dans la maison, McGonagall jetait des sorts pour empêcher quiconque d’entendre leur conversation. Avec chance, cela ne semblait pas nous inclure, car on l’entendit parfaitement lorsqu’elle déclara :

- Les nouvelles ne vous plairont pas.

- Je m’en doute bien, professeur, sinon vous ne seriez pas ici, dit ma mère avec un froncement de sourcil identique au mien.

- Appelez-moi Minerva, Marianne, je commence à être lasse à force de le répéter. J’espère que je n’aurai pas à le faire avec vous, Charles.

- Bien sûr que non, prof…Minerva! Assura mon père en passant proche de faire une erreur.

Mais si je me fiais à son sourire en coin, la presque erreur était probablement intentionnel. Je vis notre directrice lever les yeux au ciel, mais elle s’empressa de continuer sur un ton beaucoup plus grave :

- Sibylle, le professeur Trelawney, a eu une nouvelle prémonition en ma présence, cette fois. Les dernières ayant eu lieu en présence du professeur Dumbledore pour commencer, puis de Potter.

- Harry, fit remarquer mon père, mais McGonagall écarta sa remarquer de la main.

- Que disait-elle, la prophétie? S’enquit ma mère en jetant un regard en biais profondément agacé à mon père.

Avant que le professeur McGonagall n’ait rouvert la bouche pour continuer, Al me chuchota à l’oreille :

- En tout cas, maintenant on sait d’où te vient ton don pour agacer tout le monde!

- Oh, tais-toi! grommelai-je, faute de pouvoir le frapper.

Il eut un sourire amusé et un sourire étira aussi mes lèvres, mais pas pour la même raison. J’avais quelque chose en lien avec mon père, autre que le physique ou notre tendance à faire fuir tous les chats (Nuage excepté). Je perdis pourtant rapidement ma bonne humeur en me rappelant dans quelle situation je me trouvais présentement.

- Elle disait ceci, reprit McGonagall la voix légèrement enrouée par l’émotion. Un enfant naîtra, Scorpion sera son signe, comme l’insecte il sera digne de plonger le monde sous le malheur de son poison ou poursuivra son chemin sans trahison. De là surgira des ombres, un fantôme du passé. Grands seront les pouvoirs de ce jeune être, grand sera le désir du serviteur au maître trépassé d’utiliser le Passé pour en faire son Présent et son Futur. Bélier et Gémeaux souffriront du départ de l’aîné et ce dernier maintenant loin des parents deviendra parjure, avant de comprendre sa fausseté, mais si le contraire se faisait, la mort le prendrait. Dans les méandres du temps, acharné sera le combat, à la fin, un seul il restera qui décidera de l’avenir de tous, récita-t-elle lentement en essayant tant bien que mal de conserver un ton neutre. Ce n’est pas tout, par contre, ajouta-t-elle sur un ton profondément navré.

- Qu’est-ce qu’il y a encore? Gronda ma mère et je vis des larmes s’écouler sans bruit sur ses joues.

- Sibylle a ajouté ceci dans un sursaut, commença notre directrice. À ses seize ans, lors d’une très longue journée, au jour où le soleil réchauffe le plus la Terre, tout se terminera. La victoire ne pourra pas être obtenue sans de grands sacrifices et toutes actions ont des conséquences qui n’arrivent pas toujours au moment où on le croit.

Un silence lourd s’installa immédiatement après que la directrice eut prononcé les derniers mots. Je pouvais lire l’horreur et l’inquiétude dans les yeux de mes parents. En fait, toute la pièce inspirait maintenant un sentiment d’horreur. Et malgré le fait que j’étais déjà au courant de tout ça, ça me faisait un choc de se le voir confirmer de manière aussi certaine. Véridique. Sans possibilité de faire la moindre erreur.

Après un moment qui me sembla durer une éternité, ma mère prit la parole :

- Vous en êtes certaine?

- On ne peut jamais être sûr de rien avec les prophéties, Marianne, grommela McGonagall sur un ton hargneux. C’est une branche de la magie si peu fiable… Toutefois, il semblerait que votre enfant aura le don de Voyance. Et de très grand niveau…

- Que voulez-vous dire par « de très grand niveau »? s’enquit mon père sur un ton profondément sérieux.

- Il semblerait que le don de Voyance possède plusieurs niveaux, grinça l’aînée du groupe. Et votre fille en posséderait le plus haut. Celui permettant… permettant des Voyages dans le Temps.

Les yeux de mes parents s’écarquillèrent et je vis ma mère me serrer plus fortement contre elle tandis que mon père semblait se rendre compte de l’enjeu de tout ce qui s’en venait. Y compris la partie concernant mon frère, si je me fiais à l’air immensément triste qui imprégnait ses traits en regardant ses deux enfants.

- Nous savions qu’elle avait de grandes compétences magiques… mais on n’aurait jamais imaginé qu’il s’agissait de ce genre-là, avoua doucement ma mère en me berçant contre elle.

- Quel nom lui avez-vous donné? S’enquit la directrice très sérieusement. Leur avez-vous donné, devrais-je plutôt dire…

Je n’avais aucune idée ce que mon nom venait faire là-dedans, et encore moins celui de mon frère, mais apparemment elle avait une raison bien précise de vouloir le connaître.

- Pourquoi voulez-vous le savoir? S’étonna ma mère en ouvrant des yeux ronds.

Décidément, nous pensions réellement pareille, elle et moi.

- Pour savoir qui ils sont réellement. Pour le jour où je les aurai devant moi et que je les côtoierai pendant au moins cinq ans... souffla McGonagall avec de l’émotion dans la voix.

- Notre fils se nomme Alexander Adam Williams, commença mon père sur un ton qui me surprit, car il me semblait beaucoup trop dur pour les circonstances actuelles.

Je compris toutefois pourquoi lorsque je vis ses yeux qui, du même bleu que les miens, étaient remplis de larmes contenues. Il ajouta d’une voix un peu plus douce en me regardant avec plein d’amour paternel dans le regard :

- Notre petite fille s’appelle Allison Athena Williams.

- Vous devrez changer son nom de famille légalement, prononça soudain la directrice sur un ton aigre.

- Pourquoi? gronda Charles Williams sur un ton très dur.

- Elliot Berkeley a eu vent de la prophétie par un moyen inconnu et… il est au courant que la famille Williams est impliquée. Vous devriez changer le parrain et la marraine de l’enfant aussi…

- Mais… commença à vouloir répliquer ma mère, mais mon père la coupa.

- Ma sœur ne sera pas ravie…

- C’est pour le bien de l’enfant. Et dans l’espoir qu’elle parviendra à déjouer les plans de Berkeley.

- Je le tuerai avant, affirma mon père.

Je vis de la compassion dans les yeux de la directrice lorsqu’elle posa son regard sur mon père. Comme si elle savait déjà quel terrible destin l’attendait et que cette affirmation ne serait jamais tenue… Elle posa une main sur l’épaule de mon père et l’autre sur celle de ma mère avant de souffler :

- Vous ne pouvez pas garder le garçon, vous l’avez compris, je suppose?

Mes parents hochèrent de la tête et je vis ma mère éclater en sanglot. Cela me révolta à tel point que j’effectuai un mouvement comme pour bondir vers elle et la serrer dans mes bras… sauf que je ne pouvais pas. Mon père transféra mon frère sur son bras gauche pour serrer ma mère avec son bras droit. Il lâcha d’un ton presque éteint :

- Je veux qu’il garde son prénom. Qu’il aille à Poudlard. Et… et qu’on puisse le garder cette nuit. Nous parlerons de tout le reste demain. Il faut… il faut qu’on digère tout ça.

- Je comprends, affirma McGonagall en essayant de conserver un air neutre. Potter a demandé à plusieurs Aurors de venir surveiller la maison.

- Est-ce que Montanes en fait partie? S’enquit mon père.

- Oui, elle et une certaine Nesta Nightingal.

- Alors… je suppose que l’on peut s’espérer en sécurité pour cette nuit.

McGonagall acquiesça de la tête et alors qu’elle tournait les talons, Al et moi on fut de nouveau happé par la force de la vision pour se rendre autre part. Autre part qui n’était absolument pas notre Salle Commune. Ce qui ne signifiait qu’une seule chose : nous étions en direction pour une nouvelle scène du passé.

Le déplacement fut encore plus horrible que le dernier, si c’était seulement possible. Cette fois, au lieu d’une tornade, j’avais l’impression que c’était un Ouragan particulièrement violent. Et moi qui n’avais jamais particulièrement eu le mal de mer… J’aurais probablement vomi si je n’avais pas eu l’impression que la vision qui s’en venait était du genre physique. Ou l’on pouvait tenir un rôle dedans et risquer de défaire tout un tas de chose. Par exemple, causer un problème temporel qui ferait en sorte que l’un d’entre nous ne naisse jamais. Ce qui voulait dire que je n’avais pas vraiment envie de laisser de mon vomi à un endroit encore inconnu et qui pourrait créer tout un tas de trucs bizarres. Parfois, il ne suffisait pas de grand-chose pour tout chambouler…

Lorsque l’on fut de nouveau sur nos deux pieds, je ne fus pas détrompée sur la catégorie de cette vision. Je pouvais parfaitement sentir le sol dur sous mes pieds, ainsi que la main d’Albus qui serrait douloureusement la mienne…

- Euh… Al? Tu pourrais me relâcher un peu?

- Désolé, je… commença-t-il avant de s’interrompre et de porter son autre main à sa bouche, comme pris de nausée.

- Dis-moi, est-ce que tu n’aurais pas le mal de mer, par hasard?

- J’sais pas, croassa-t-il. Jamais pris le bateau.

Je me retins pour ne pas rire tandis que son visage commençait peu à peu à perdre son aspect vert. C’est seulement à ce moment que je décidai de regarder autour de moi pour déterminer où nous étions. Je découvris deux choses ce faisant. La première étant que j’avais déjà vu cet endroit très longtemps auparavant.

Et la deuxième? Nous n’étions pas seuls.

Et il avait aussi remarqué que nous étions là, si je me fiais à son air incrédule qui nous dévisageait en faisant aller ses yeux de l’un à l’autre. Il finit par souffler avec une totale incompréhension :

- Qui êtes-vous?

Bon, là j’étais vraiment dans la merde. Comment expliquer à son père que nous étions sa fille qu’il n’aurait jamais la chance de connaître? Je m’apprêtais à ouvrir la bouche lorsque quelque chose dans son regard changea. Et pas pour le mieux, car il semblait afficher une mine défaite. Il sembla marmonner pour lui-même :

- Me voilà qui commence à halluciner voir des adolescents en pyjama… Je suis vraiment tombé bien bas…

Je sursautai violemment en entendant ses mots et en nous regardant Al, puis moi, je ne pus que corroborer ce que mon père venait de dire. Nous étions effectivement en pyjama. Oh, par Merlin, comme si les choses n’étaient déjà pas assez compliqué… Il fallait vraiment que lors de ma rencontre avec mon père je sois en pyjama et accompagné par mon petit-ami qui ne portait qu’un bas de pyjama ainsi que des bas absolument affreux?

Sous le coup d’une impulsion je me retrouvai à m’approcher de mon père, en tirant Al derrière moi (et il avait heureusement relâché un peu mes doigts pour permettre au sang de circuler). Il y avait quelque chose de bizarre… Dans chaque scène où j’avais été mon père pendant les séances de torture, il avait été assis sur une chaise et les yeux bandés. Or, maintenant, il était assis à même le sol dans une cellule et parfaitement apte à regarder partout autour de lui. Il n’avait pas de liens non plus autour de ses poignets ou de ses chevilles. Pourquoi Berkeley aurait-il fait ça?

À un pas des barreaux de la cellule je m’interrompis, toujours songeuse. Je craignais que les barreaux soient ensorcelés, mais plus que tout, j’avais envie d’être proche de mon père. Au moins une fois… une seule fois…

Sans plus me retenir je plaquai mes deux mains contre les barreaux sans tenir compte du petit « Alli! » préventif d’Albus. Avec soulagement rien ne se produisit, mais mon mouvement attira de nouveau l’attention de mon père sur moi. Et il se mit à murmurer tout bas, comme un mantra :

- Seulement une hallucination. Seulement une hallucination… Rien de tout ça n’est réel…

J’avais la très nette impression que mon père était au bout du rouleau. Et malgré que je ne l’aie pas vraiment connu, j’avais horreur de le voir comme ça. Je m’agenouillai alors devant la cellule, les mains toujours à plat contre les barreaux et lui dis :

- Vous n’hallucinez pas. Je suis réelle. Et lui est réel. On n’est seulement… pas de l’époque.

À ces mots, Charles Williams releva brusquement la tête et son regard se planta directement dans le mien. Je le vis analyser mes traits avec autant de précision que le ferait n’importe quel détective ou artiste désirant faire un portrait le plus précis possible. Au fur et à mesure ses yeux s’emplirent de larmes et il lâcha comme s’il n’arrivait pas à y croire :

- Ma petite fille… Ma petite Allison Athena Williams…

- C’est Lévesque maintenant, mais oui, c’est ça, dis-je en sentant une boule se former dans ma gorge.

- Tu es devenue aussi ravissante que ta mère, me complimenta-t-il et je vis le regret emplir son regard. Tu es devenue grande… Et j’ai tout raté… tout raté…

Il planta ses mains dans ses cheveux, comme s’il voulait se les arracher de frustration ou de douleur. Et moi je n’arrivais pas à me retirer l’idée que je pourrais le prendre avec moi, maintenant. Lui sauver la vie. Sauf que le côté logique de ma tête me disait que ce ne serait pas une bonne idée. Car en faisant cela, je lui causerais la peine de la mort de ma mère. Et je risquais de provoquer toute une chaîne d’évènements qui n’avaient pas eu lieu dans ma réalité. Une larme s’échappa de mes yeux, puis une autre ainsi que plusieurs autres par la suite.

- Oh, non! Ne pleure pas! Protesta mon père.

Il s’approcha en grimaçant jusqu’à moi et je compris que la torture de Berkeley devait le faire à tel point souffrir que normalement il ne bougeait pas, pour ne pas réveiller la douleur. Sauf qu’il fit un effort. Un effort pour venir me trouver.
Dès qu’il m’eut rejoint, il passa une main à travers les barreaux et toucha mon visage du bout des doigts, tremblants.

- Je me doute de ce que tu penses, Allison. Si tu es le moindrement comme ta mère et moi, surtout moi, je ne peux pas le nier… Tu voudrais me ramener avec toi. Mais ce n’est pas possible, ma chérie… souffla-t-il en me caressant la joue avec son pouce pour essuyer le sillon salé que les larmes y laissaient. Je dois mourir. Et je sais que je suis mort, là d’où tu viens. Je n’ai pas peur de mourir, Allison. Depuis le jour où je t’ai tenu dans mes bras pour la première fois… j’ai su. J’ai su que je serais prêt à mourir pour te protéger. Et c’est ce que tu dois me laisser faire. Tu comprends?

Je hochai de la tête en pleurant encore davantage. Je savais que le temps nous était compté. Que Berkeley risquait de débarquer d’une seconde à l’autre, mais… je ne pouvais pas me résoudre. Je ne pouvais pas me résoudre à perdre le contact de cette main sur ma joue. Ce contact qui m’avait été enlevé beaucoup trop tôt.

- J’aimerais pouvoir te serrer dans mes bras, murmura-t-il douloureusement. Tu n’as que deux ans en ce moment, tu commences à peine à marcher… J’ai manqué tes premiers pas…

Des larmes chaudes roulèrent sur les joues creuses de mon père et une barde qui était absente des photos les mangeaient lui donnant un air un peu… échevelé. Mais ce qu’il avait dit me fit comprendre une chose. Je ne pouvais pas partir avant… avant d’avoir pu prendre mon père une seule fois dans mes bras.

Je ne pouvais pas passer entre les barreaux sous forme humaine, mais j’avais de bonne chance d’arriver à le faire sous ma forme d’Animagus. Sans prendre la peine d’y réfléchir plus longuement je me métamorphosai devant Albus et lui.

J’entendis le soupir d’Al tandis que mon père sursautait. Toutefois un sourire étira lentement ses lèvres tandis qu’il disait :

- Une Animagus dans la famille, hein? Tu as fort probablement hérité de l’intelligence de ta mère…

Je lui offris un sourire canin avant de me frayer difficilement un passage entre les barreaux. Une fois parvenu à relever ce défi je repris forme humaine et sans autre forme de procès je me laissai tomber dans les bras de mon père. Mon cœur me fit mal lorsque je sentis ses côtes à travers ses vêtements. Ça faisait longtemps qu’il était ici. Et sous-alimenté. Mon père m’avait toujours paru fort sur les photos. Fort et intrépide. Moqueur et agaçant à souhait, disait ma mère dans une note en bas d’une photo particulièrement révélatrice de l’humour de mon père. Je lâchai promptement en resserrant un peu mon étreinte :

- Je vais devenir Auror, comme toi. Tu pourras être fier de moi… papa.

Je sentis l’étreinte de mon père se resserrer quand je prononçai ces mots et il me dit :

- Tant que tu es heureuse, en vie et en bonne santé, je serai comblé. Peu importe où je serai.

Il sembla réfléchir une seconde avant d’ajouter sur un ton moqueur qui devait lui coûter en pareil instant :

- Mais si tu ne me dis pas que tu sais jouer au Quidditch, je te déshérite!

J’éclatai d’un petit rire tout en pleurant encore. J’avais l’intention de lui répondre après avoir sécher mes larmes, mais Albus me devança :

- Je peux vous assurer qu’elle sait jouer, Mr Williams. Elle fait même partie de l’équipe avec mon frère, ma cousine et moi.

- À quel poste est-elle, jeune-homme-inconnu-dont-j’ignore-le-nom? Demanda mon père qui sembla pour la première fois prêter attention à Al, ce qui le fit rougir.

- Batteur, répondit toutefois mon petit-ami. Et elle est absolument sauvage quand on joue, ajouta-t-il avec fierté.

- Ton nom? S’enquit soudainement mon père en analysant les traits d’Albus.

- Albus Potter…

Un sourire franc étira les lèvres de mon père et en me relâchant il me demanda un petit coup de coude dans les côtes. Il me mit profondément mal à l’aise en lâchant :

- Donc tu sors avec un Potter, hein, ma chérie?

- C’est mon meilleur ami, assurai-je.

- Et un peu plus maintenant, compléta Al en me jetant un regard langoureux.

- Je t’avertis, Albus Severus Potter! Si tu fais le moindre mal à ma petite fille chérie, je te hanterai jusqu’à la fin de tes jours.

Al sembla complètement catastrophé et je savais parfaitement pourquoi. Ma mère lui avait jeté la même menace à la figure quand… quand… On ne va pas sur ce terrain, Allison! Me morigénai-je férocement. Toutefois, je trouvais bien étrange que mon père sache le nom complet d’Albus.

- Comment connaissez-vous mon… commença Al avec stupéfaction, mais mon père le coupa.

- Ton nom complet? Insinuerais-tu que je ne connais pas le nom du fils cadet de mon ami et collègue? Il nous a cassés les oreilles te concernant pendant des semaines! Et j’ai été présent lors de la cérémonie avec ton parrain.

Al sembla bouché, n’arrivant pas à prononcer un son. Sauf que l’instant suivant il eut un sourire narquois en affirmant :

- Voilà enfin ce qu’il me fallait pour agacer mon père!

- Voilà exactement ce qu’il te fallait comme garçon! Affirma mon père avec un grand sourire.

Albus rougit violemment à nouveau et c’est au moment précis où on était en train de se calmer que la réalité nous rattrapa. Le bruit d’une porte que l’on ouvrait se répercuta avec fracas contre les murs et mon père blêmit. Il chuchota en me poussant :

- Va-t’en, Allison. Il faut que tu partes maintenant, ma chérie!

Des bruits de pas commencèrent à se faire entendre, mais je ne pouvais pas me résigner à l’abandonner. Je le serrai à nouveau avec force dans mes bras et il me rendit mon étreinte une seconde avant de me pousser avec plus de force.

- Un sourire avant de partir? Me demanda-t-il avec un sourire triste.

Je lui en adressai un, malgré que ce fût la dernière chose au monde que je voulais faire. Je lui en adressai, un malgré que des larmes s’écoulaient à nouveau sur mes joues. Après quoi je me métamorphosai et rejoignis Al de l’autre côté tandis que les bruits de pas se rapprochaient.

Nous réussîmes in extremis à se faufiler derrière des caisses à l’abri des regards et à cet endroit je réussis à reprendre forme humaine. Al me prit immédiatement dans ses bras et on se décala légèrement pour arriver à voir ce qu’il se passait par un petit interstice entre les caisses.

- On a essayé de s’enfuir, Charlie? S’enquit Berkeley sur un ton moqueur.

- Je ne suis pas stupide, marmonna mon père. Je testais seulement la solidité du sol en comparaison du fer des serrures. Approche donc ta tête pour que je vois ce qui est le plus dur entre les trois?

- Tu peux plaisanter autant que tu veux, mais… Si tu ne me dis pas où est l’enfant et son nom, je vais devoir te tuer. Tu commences déjà à ressembler à un homme des cavernes affamé…

Mes poings se serrèrent de frustration et je crevais d’envie d’aller foutre mon poing dans la gueule présomptueuse de Berkeley. Et de lui arracher les yeux. Et aussi de… Ok, non, il valait mieux que je m’arrête là.

- Combien de fois devrais-je le dire? Je ne le dira… commençait mon père, mais il ne réussit jamais à terminer sa phrase.

- Avada Kedavra!

L’éclair vert frappa mon père en pleine poitrine et il s’écroula d’un coup, la bouche toujours ouvertes pour former le mot qu’il avait l’intention de prononcer. J’eus l’impression qu’on m’avait retiré tout l’air des poumons d’un seul coup et qu’après on m’avait frappé en plein ventre. C’est dans un état second que j’entendis Berkeley grommeler :

- Toujours la même réponse, c’est lassant à la fin…

C’est là que toute ma fureur et ma tristesse explosa. Mes mains se mirent à trembler furieusement et Al dut me retenir de toutes ses forces pour m’empêcher de me tordre dans tous les sens.

- NOOON!! Hurlai-je de toutes mes forces, mais aucun son ne franchit mes lèvres.

C’était comme si je n’avais même plus la force de parler. Comme si on m’avait retirer ma voix. Je me mis à sangloter tandis qu’on entendait les bruits de pas de Berkeley qui s’éloignait en sifflotant. Il sifflotait. Il venait de tuer quelqu’un, comme ça, et il sifflotait?! La fureur m’envahit à nouveau, mais avant que je n’aie pu faire quelque chose de stupide la vision m’entraînait de nouveau avec elle. C’était la première fois que cela se produisait avec une vision comme celle-là…

Quand je sentis le sol sous mes pieds, ce fut avec soulagement que je reconnus notre Salle Commune. Mais malgré le soulagement, je ne me sentais pas heureuse pour autant. Mes pleurs augmentèrent en intensité tout comme la prise d’Al sur moi. C’en était trop. J’avais vu pleins de gens que j’aimais mourir sous mes yeux… Et là il fallait que je vois mon père aussi?! Un père que je n’avais eu la joie de connaître véritablement que quelques secondes?!

Une minute plus tard, on eut la joie de voir mes trois amies débarquées en pyjama elles aussi. En voyant sur quel tableau elles tombaient elles se pétrifièrent toutes et Rose demanda d’une toute petite voix :

- Qu’est-ce qu’il se passe?

- Mon père vient de mourir.

******************

Trois heures plus tard, on était Teena, Malia, Albus, Scorpius, Rose, James et moi dans un placard à balai. Je venais de tout leur raconter en caressant doucement Spock qui était apparu à peine dix secondes après que ma meilleure amie ait posé la question sur ce qu’il se passait et que je lui eus offert une réponse pour le moins… bizarre selon leur point de vue.

- Tu as… Vous avez… Vraiment? Lâcha James sans aucune logique apparente.

- Tu peux répéter? S’enquit son frère en le dévisageant comme si James était maintenant affublé d’une deuxième tête.

- Vous avez vraiment assisté à… à ça? Croassa-t-il en détournant les yeux.

Un frisson me parcourut quand les souvenirs me revinrent en mémoire, mais Al s’empressa de me serrer contre lui, Spock de me lécher le bout du nez (il était dans mes bras, en fait) et Rose posa une main compatissante sur mon épaule.

- Oui, on y a vraiment assisté, répondit Al à ma place. Et maintenant on devrait changer de sujet.

- Très bien… accepta James en me couvant un regard inquiet, sauf que l’instant suivant son visage se durcit. Dans deux heures, je veux vous voir d’attaque toi, toi et toi (il nous désigna Al, Rose et moi du doigt) sur le terrain de Quidditch. Car en fin de semaine on a le devoir impérieux de l’anéantir lui (Il pointa à ce moment Scorp) et son équipe pour le match.

Sur ces mots, il leva un chapeau imaginaire de sur sa tête et sortit sans se retourner du placard à balai. Dès que la porte se referma en claquant dans son dos, Rose affirma :

- Il n’aime pas ça.

- Il n’aime pas quoi? marmonnai-je, peu désireuse de chercher à comprendre James en ce moment.

- Il n’aime pas te voir dans cet état. Et de voir tout ça arriver. Et moi non plus, je n’aime pas ça, grommela-t-elle. On aurait dit que tu es un aimant à problème!

- Tu crois que tu es la seule à l’avoir remarquer? Soupirai-je. Je me demande si mon véritable don, ce n’est pas de porter malchance à tout le monde…

- Ne dit pas ça! Gronda Al en me foudroyant du regard.

Je haussai un sourcil dans sa direction en ayant l’air de dire « Parce que ce n’est pas la vérité? ». Il ne répondit rien, mais à voir la colère flamber dans ses yeux, je supposai qu’il n’était toujours pas d’accord, mais qu’il préférait ne pas me contredire pour me ménager.

- On devrait aller se préparer pour l’entraînement, dis-je après un moment de silence.

- Et nous on va aller relaxer et oublier les deux horribles semaines que l’on vient de passer, affirma Teena en attrapant Malia par le bras.

Et elles sortirent avant même que l’on puisse dire quoi que ce soit. Rose me dit :

- Vous voulez aller reconduire Scorp, tous les deux? J’ai quelque chose à aller chercher sur le chemin de la Salle Commune. Alors je pourrais prendre nos choses en même temps… Et comme ça on sauve du temps.

- James a dit dans deux heures, fit remarquer Al.

- Ouais, sauf que j’ai manqué beaucoup d’entraînement et je ne détesterais pas m’exercer un peu avant de manière amusante. Tu sais, car ton frère va nous tyranniser après… rétorquai-je.

Je jetai pourtant un regard inquiet en direction de Rose et marmonnai :

- Tu ne veux pas que je vienne avec toi?

- Alli! Il ne va rien m’arriver! S’exclama ma meilleure amie en levant les yeux au ciel de frustration. Et puis, tu le sais, je suis parfaitement capable de me défendre moi-même.

Mes sourcils se froncèrent et du coin de l’œil je vis ceux de Scorp faire de même. Apparemment, il n’approuvait pas plus que moi de laisser Rose partir seule. Ce qui sembla l’exaspérer au plus haut point, car elle s’écria :

- Scorp, Alli! Ça suffit, oui?! N’agissez pas comme si je m’étais déjà fait agresser, car ce n’est pas le cas. Et je suis plus vieille qu’Hugo.

En prononçant le nom de son frère sa voix trembla un instant. Je regardai longuement son air déterminé, cherchant une faille à exploiter, mais je n’en trouvai aucune. Elle ajouta en croisant les bras :

- Et en plus, c’est plus Scorpius qu’il faut surveiller. Et deux ce ne sera pas de trop pour possiblement écarter quelqu’un susceptible de lui jeter un nouveau Impero au visage!

Nous poussâmes tous un soupir, sauf elle, avant de se résoudre à la laisser y aller seule. Cela dit, je n’aimais toujours pas l’idée. J’avais le mauvais pressentiment que quelque chose d’horrible se tramait.

Pourtant je ne prononçai pas un mot en ce sens et quand on sortit du placard à balai, notre groupe se sépara en deux. Al, Scorp et moi d’un côté, avec Rose de l’autre. Aucun de nous ne prononça un mot jusqu’à ce que nous arrivions à la porte menant à la Salle Commune des Serpentards.

- On se revoit plus tard? s’enquit Scorp.

- Oui, on viendra te chercher pour aller à la Salle sur Demande, proposa Al. Enfin, si on a le temps, mon frère peut se montrer un peu… intense, parfois.

Scorp approuva de la tête, un vague sourire aux lèvres. Juste au moment où je tournais les talons en compagnie d’Albus, il lâcha :

- Peu importe ce que va faire ton frère, Al, on va vous massacrer.

- Si c’est ce que tu penses, Scorpiny, tu vas être déçu, susurrai-je avec un ton de velours.

- Tu m’as appelé comment? Protesta mon meilleur ami.

- Moi? J’ai rien fait, lançai-je innocemment en m’enfuyant, traînant un Albus hilare derrière moi.

Quand on fut beaucoup plus loin, on s’arrêta de courir, à bout de souffle. C’était sans doute dû au fait que nous n’avions pas arrêté de rire tout en courant, ce qui était pour le moins… épuisant.

- D’où… est-ce que… tu as… sorti ça? Me demanda Al, toujours à bout de souffle après une minute de silence.

- Aucune… idée… soufflai-je en riant toujours à moitié.

- On aurait dit un nom de pâte! S’esclaffa-t-il.

- Voulez-vous des Scorpiny pour souper, mon bon monsieur? Ricanai-je, pliée en deux.

- Volontiers, répondit Al en riant de plus bel.

Pourtant, quelques secondes plus tard, mon rire se bloqua dans ma gorge. Le souvenir de mon père me revenait. Au moment où je commençais à sentir des larmes se former dans mes yeux, une douleur fulgurante au niveau de la poitrine me fit lâcher un petit cri de surprise.

Je portai vivement la main à l’endroit où je sentais un horrible sentiment de brûlure tandis qu’Al me dévisageait avec incompréhension et inquiétude. Son air semblait aussi dire « Pas encore?! ».

Je me brûlai les doigts instantanément quand je saisis ce qui était la source de ma soudaine douleur. Je le retirai avec des grimaces de douleur avant de le brandir aussi loin de moi que possible. C’était le collier « d’amitié » à Rose et moi. Il ne m’en fallut pas plus pour blêmir en soufflant :

- Rose a des ennuis.

- Quoi?! s’étonna Al en me dévisageant encore plus.

Pourtant, tout en me dévisageant il sortit avec empressement sa Carte des Marcheurs d’Ombres. Là, il prononça la formule d’ouverture avant de se mettre à fouiller frénétiquement jusqu’à trouver le nom de sa cousine. En le voyant soudain blêmir, je compris que la nouvelle n’était pas bonne.

- Al…? Qu’est-ce qu’il y a?

- Elle est… Elle est avec Crabbe, Avery, Weaver et… Rebecca. Et Parkinson à l’air d’être sur le point d’arriver.

- Quoi?! m’écriai-je, sauf que je m’étais déjà élancée à toute vitesse, Al à ma suite.

Les minutes que nous mirent à nous rendre jusqu’à l’endroit où elle était me parurent des heures. Et dans un moment de panique Al envoya un message d’appel à l’aide à Scorp, avant que nous nous souvenions que c’était une mauvaise idée il annonçait déjà qu’il nous rejoignait immédiatement là-bas.

Tout en courant, je n’arrêtais pas de me questionner sur deux choses et aussi en me faisant une promesse. Cette dernière étant de frapper Rebecca à la première occasion. Ensuite, je ne comprenais pas du tout comment le collier que j’avais fabriqué moi-même pouvait avoir une faculté que je n’avais pas prévu. C’était incompréhensible! Tout comme le fait que mon frère semblait être sur le point de faire une énorme bêtise. Car s’il les rejoignait pour participer… C’était un gars mort, que l’on soit du même sang ne changerait absolument rien.

Quand on arriva enfin, je ne m’attendais pas du tout à cette scène.

Pour être franche, la première chose que j’aperçus fut Rose. Elle était en arrière-plan et se débattait contre Dylan Avery et Caïus Weaver qui la maintenait chacun par un bras. Rebecca se tenait face à elle, une main négligemment posée sur sa hanche et elle toisait ma meilleure amie du regard. Enfin, je supposais seulement qu’elle était en train de la toiser. Car si Rose me faisait face, cette peste de Rebecca me faisait dos. Je l’entendis susurrer :

- Tu sais, je n’ai vraiment rien contre toi, Rose Weasley. Ou peut-être une chose… Ton amitié avec Allison Leee-vesssque.

Je n’eus pas le temps de m’indigner intérieurement pour sa prononciation horrifiante de mon nom de famille que la main de Rebecca se leva et se rabattit fortement sur la joue de Rose en un claquement sonore, pire encore que celui d’un fouet. Ce qui me donna donc une toute autre raison de m’indigner. Et apparemment je ne fus pas la seule à l’être… mais la réaction surgit de la personne à laquelle je m’attendais le moins.

Un WRARF assourdissant résonna juste à côté de moi et avant que je n’aie pu faire le moindre mouvement, Spock s’élançait en direction de Rebecca et les autres. Rapidement suivit par… Nuage? Par Merlin, ça devenait n’importe quoi!

Je me faisais tout juste cette réflexion lorsque je remarquai (enfin) ce qui se passait en avant-plan. Crabbe et Parkinson se tenaient face à face à trois mètres l’un de l’autre en pointant leur baguette l’un vers l’autre dans une posture offensive. Mon frère me faisait dos, alors j’étais en plein dans le champ de vision de ce satané Theodore Crabbe!

Il eut un ricanement ignoble en crachant à mon frère :

- Je ne comprends toujours pas pourquoi tu as choisi son camp à cette idiote de sang-mêlé! Les sang-mêlé ne devraient pas exister au même titre que les Sang-de-Bourbe!

- J’ai le même sang qu’elle, pauvre abruti! S’écria mon frère en retour et il lui envoya un sortilège informulé.

À mon plus grand étonnement, il réussit à se protéger du sortilège. Eh bien, apparemment il n’était pas complètement nul! Je commençais tout juste à me concentrer sur leur combat lorsqu’un hurlement à la fois de douleur et de rage se fit entendre. Je tournai le visage dans cette direction et la vision que j’eus sous les yeux me figea surplace.

Spock venait apparemment de bondir sur Rebecca, car sa mâchoire était refermée sur son bras et il y restait bien accroché malgré que notre camarade de classe secouait violemment le bras. Quant à Nuage il avait semble-t-il jugé bon de sauter sur le dos de la même victime que mon chien et y avait planté profondément, je n’en doutais pas, ses griffes.

Les deux gars semblaient totalement pris au dépourvu et restaient figés comme des idiots. Rebecca semblait trouvé cette situation ridicule aussi, car elle s’écria avec rage :

- Non, mais vous attendez quoi?! Aidez-moi!

Ils revinrent à eux immédiatement, sauf qu’avant qu’ils ne puissent se ressaisir complètement Rose leur enfonça pour l’un un pied à un endroit particulièrement douloureux et pour l’autre le coude en plein ventre. Ils eurent tous deux un arrêt respiratoire momentané avant de se reprendre.

En les voyant pointer leur baguette vers mon chien et le chat de Rose, je vis rouge. Je sortis la mienne, la pointai vers eux et un sortilège allait franchir mes lèvres lorsque j’entendis :

- SECTUMSEMPRA!

Le sortilège que j’allais prononcer mourut immédiatement sur mes lèvres et je me tournai vers les deux duellistes. Sauf qu’il n’en restait plus qu’un debout. Et ce n’était pas mon frère.

- Alors, Allison? Vas-tu enfin comprendre que tu d…

Crabbe n’eut pas le temps de terminer sa phrase que je m’écriai avec haine :

- STUPÉFIX!

Deux autres « Stupéfix » firent échos aux miens et je constatai après coup qu’ils provenaient de Rose et Albus en direction d’Avery et Weaver. Rebecca était toujours en train de se débattre avec les deux animaux ce que je trouvai profondément… amusant.

- Spock, ça suffit, dis-je néanmoins en me précipitant ensuite vers mon frère. Rose…? Peux… Peux-tu courir à l’infirmerie prévenir… prévenir Madame Pomfresh?

Le sang s’écoulait rapidement des blessures de mon frère et si je ne me trompais pas, il avait déjà perdu connaissance. Je sentis une panique insidieuse se faufiler en moi et c’est presque sans m’en rendre compte que je me mis à déchirer ma robe de sorcière. J’utilisai les lambeaux pour en recouvrir momentanément les plaies, en espérant que ça ralentirait l’hémorragie le temps de se rendre à l’infirmerie.

Sans que je n’aie besoin de le demander Al vint me prêter main forte pour lever mon frère et l’emmener à l’infirmerie. En chemin nous croisâmes Scorpius et il nous aida à son tour. Et c’est à environ mi-chemin que nous croisâmes Madame Pomfresh qui arrivait en courant. L’heure était grave… chaque seconde comptait avec ce sortilège.

Non loin derrière arrivait Rose et c’est à ce moment que je remarquai l’ampleur de ses blessures. Sa lèvre était éclatée, un œil au beurre noir du côté gauche et un bleu horrible sur tout le côté droit de son visage. Ses deux poignets et ses biceps étaient marqués par des bleus foncés en forme de trace de main. Je vis du coin de l’œil les poings de Scorp se fermer de rage et il rejoignit Rose avant de lui frôler la joue avec douceur, malgré que ses doigts tremblaient. Tremblaient de fureur contenue.

- Vous avez eu un excellent réflexe Miss Lévesque, me félicita Madame Pomfresh d’un ton grave. Il serait déjà mort, sinon, ajouta-t-elle.

Ce qui, je le remarquai, n’était pas aussi encourageant que l’on pourrait le croire. Après tout, elle n’avait pas précisé s’il survivrait quand même au final. Et même si j’étais mitigée sur mes sentiments pour ce frère nouvellement déclaré, je ne pouvais pas dire non plus que je souhaitais sa mort. Surtout pas… surtout pas quand il avait finalement choisi son camp. En ma faveur. Et maintenant je savais aussi jusqu’où j’étais prête à aller pour ma famille.

Car aussi horrible que cela soit, lorsque j’avais lancé mon Stupéfix sur Crabbe, ce n’était pas le premier sortilège qu’il m’était venu en tête. Et j’avais été soulagé qu’au final je n’aie pas prononcé celui-là. Très soulagée. Parce que j’avais voulu le faire souffrir cet abruti. Le faire souffrir au point où il ne pourrait plus le supporter. Avec un sortilège que malgré que je ne l’aie jamais utilisé, j’en connaissais très bien les effets…

Je revins un peu plus dans ce qu’il se passait lorsqu’Al me saisit la main en me disant :

- Elle le ramène à l’infirmerie. Elle dit que son état est critique, mais qu’il a autant de chance de survivre que de mourir.

La nouvelle me foudroya. J’aurais pu m’estimer heureuse qu’elle ne me dise pas qu’il allait forcément mourir. Et oui, dans un sens je l’étais. Sauf que j’avais trop vu la mort frappé dernièrement et je ne le supportais plus.

Alors malgré que les chances soient équivalentes pour les deux possibilités je ne pouvais pas le supporter. Du tout. Car s’il devait mourir… Je serais vraiment seule. Et je n’apprendrais jamais si nous pouvions réellement être un frère et une sœur. Sans doute pas normale, car nous étions un peu trop différent et avions un passé un peu trop lourd et chargé, mais… une relation plus saine ne me ferait pas de mal.

Je me ruai donc à la suite de l’infirmière en sentant mon cœur battre dans mes oreilles. Il allait survivre. J’allais le forcer à survivre. C’était hors de question qu’il meurt maintenant!


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Et bien, voilà, le chapitre est terminé... Comment l'avez-vous trouvé? N'hésitez pas à laisser un commentaire, ça fait vraiment plaisir et c'est bien moins long qu'écrire un chapitre (surtout quand ils sont plus longs que prévu :lol: ) Sur ce, je vous laisse avec des images (dans le spoiler) de la coiffure d'Allison, de son bracelet et de son nouveau collier. À dans deux semaines!
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addbook

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par addbook »

Je sors de ma cachette...

PARDON!
En fait je suis ici pour commenter le 23; que j´ai finis il y a 1 semaine mais que j'ai pas commenté... A vrai dire j'ai pris beaucoup de retard dans mes comm' Booknode; Mais je ne me resoud pas a arreter de commenter, c'est bien trop injuste...:
DONC LE 23!!
C'est quoi ce chapitre?!
Tu me sors un " C'est pas parfait!"
Et moi je vois un " Bien entendu, comme tous les chapitres celui ci depasse la perfection!"
Franchement, je suis hyper fiere de toi...
je sais pas pourquoi, je me prend pour ta mère ou quoi? :lol:

en fait c'est trop beau ( limite je pleure) de voir un écriture deja bien se transformer de plus en plus.. C'est de mieux en mieux ; comme quoi, ce qui compte c'est de travailler ces muscles d'ecriture!
Sinon au niveau de l´histoire, JE TE HAIs!
C'est quoi ce suspense?
Ayiiii, je me demande qui est le chef comme Aragog est mort dans le 6.
Rebacca; de toutes facons ca fait des chapitre et de chapitres que c'est une peste , donc c'est pas trop une surprise...
Je vais lire la suite et je te promet un comm avant la fin de la semaine
Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

addbook a écrit :Je sors de ma cachette...

PARDON! S'il y a quelqu'un qui devrait s'excuser, c'est moi... :/ Je n'ai eu que du retard et du retard et encore du retard. Sauf qu'aujourd'hui je suis en temps!
En fait je suis ici pour commenter le 23; que j´ai finis il y a 1 semaine mais que j'ai pas commenté... A vrai dire j'ai pris beaucoup de retard dans mes comm' Booknode; Mais je ne me resoud pas a arreter de commenter, c'est bien trop injuste...:
DONC LE 23!!
C'est quoi ce chapitre?! Eh bien, c'est un chapitre :mrgreen: :roll:
Tu me sors un " C'est pas parfait!"
Et moi je vois un " Bien entendu, comme tous les chapitres celui ci depasse la perfection!" C'est vraiment, vraiment trop gentil :cry:
Franchement, je suis hyper fiere de toi... Tu vas me faire rougir xD Non, je plaisante, mais c'est bon à savoir :D
je sais pas pourquoi, je me prend pour ta mère ou quoi? :lol: Il y a une seule personne qui peut savoir si tu te prends pour ma mère et c'est toi xD Cela dit, ma mère ne lit pas ma fanfiction, alors je ne crois pas :lol:

en fait c'est trop beau ( limite je pleure) de voir un écriture deja bien se transformer de plus en plus.. C'est de mieux en mieux ; comme quoi, ce qui compte c'est de travailler ces muscles d'ecriture! Le travailler, oui. Et maintenant je le fais aussi à l'école (et cette fois pour l'école) Ce qui est bien, car j'apprends des nouvelles choses ce qui améliore mes chapitres (en théorie)
Sinon au niveau de l´histoire, JE TE HAIs! Tu me fais mal à mon p'tit coeur :cry: Mais! Ça n'empêche que... les autres chapitres sont peut-être pire :roll: J'avoue ne plus me souvenir avec exactitude ce qui se passe dans le chapitre 23 :lol:
C'est quoi ce suspense? Du suspense! Ok, j'arrête avec ça. Mais le suspense ne fait qu'attiser la flamme et j'espèce du même coup que vous reveniez pour la suite, alors voilà :roll: Et bon, il y a peut-être aussi le fait que j'aime bien torturer les gens avec le suspense :twisted: :lol:
Ayiiii, je me demande qui est le chef comme Aragog est mort dans le 6. Je t'avoue que je n'y ai pas réfléchi :shock:
Rebacca; de toutes facons ca fait des chapitre et de chapitres que c'est une peste , donc c'est pas trop une surprise... Rien ne me ferait plus plaisir que de faire disparaître Rebecca, si tu veux savoir. Le seul ennui, c'est que je ne peux pas faire ça « comme ça » d'un claquement de doigt. Ça ruinerait tout, enfin je crois. :?
Je vais lire la suite et je te promet un comm avant la fin de la semaine Pour le coup, je te donne encore plus de travail, car je publie le chapitre 25 immédiatement après que j'aie publié ce message :lol: Enfin, à quelques heures d'intervalle, le temps de faire la mise en page. Enfin, merci beaucoup pour ce comm'! Ça fait vraiment, vraiment plaisir et ça aide à garder le moral pour continuer :D À plus!
Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

COUCOU!!! Je suis là et à l'heure! Ce qui est plutôt une surprise en soi, mais... Nan, en fait, j'ai fini d'écrire ce chapitre depuis un moment et j'ai presque terminé le chapitre 26 (et je veux mourir, parce que ça fait trop bizarre de ce dire que celui-là est le dernier). Bref, le chapitre 25... Vous allez peut-être me détester, pour plus d'une raison. Sinon, il y a aussi le point de vue de Rose dans ce chapitre! J'espère que vous aimerez et que celui de James dans le chapitre 23 ne vous avait pas déplu... Sur ce, je crois que je vais vous laisser à la lecture du chapitre (comme d'hab' il y a sans doute des fautes, etc.). Ah, j'oubliais... ce chapitre est encore (très) long :lol: Bonne lecture! :D


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Chapitre 25



Ça faisait déjà une heure que j’étais à l’infirmerie et il n’y avait rien de nouveau. Pas le moindre changement concernant l’état critique dans lequel mon frère reposait. Ce qui me mettait réellement sur les nerfs. Qui plus est je n’avais pas eu le droit d’être de l’autre côté des rideaux, là où il se trouvait en compagnie de Madame Pomfresh, le professeur de Potions ainsi que celui de Défense.

Mais il n’y avait pas que l’état de mon frère qui me mettait hors de moi. C’était aussi (et peut-être surtout) celui de Rose. Elle était bien sûr hors de danger, mais je n’arrivais toujours pas à croire qu’on s’en était vraiment pris à elle. Et je l’avais laissé seule, malgré que mon instinct m’ait crié que ce n’était pas une bonne idée. Il y a avait quand même un truc que je ne comprenais pas… Comment se faisait-il qu’il s’y était pris à autant pour s’attaquer à elle? Était-ce juste par lâcheté ou simplement pour renfoncer le clou encore plus? Il me fallait des réponses ou je deviendrais folle.

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Rose ne comprenait rien à tout ce qui venait de se passer. La scène se rejouait depuis plus d’une heure dans son esprit, mais elle ne parvenait toujours pas à comprendre exactement comment tout cela avait pu se produire. Elle effleura son œil gauche du doigt et grimaça en sentant la légère boursouflure qui signifiait qu’il était salement amoché. D’ailleurs, sa grimace la fit légèrement souffrir, mais elle s’efforça de garder un air neutre sur son visage en voyant sa meilleure amie approcher. Il valait mieux qu’elle fasse comme si elle allait bien, pour Allison. Celle-ci devait déjà tellement s’en vouloir…

- Hé, Alli! Souffla-t-elle lorsque cette dernière l’eut rejointe.

- J’en ai marre d’attendre, grommela sa meilleure amie en se tordant les mains.

Rose poussa un léger soupir, voir son amie autant sur les nerfs la rendait toujours aussi nerveuse. Et elle détestait aussi voir l’inquiétude sur les traits d’Allison, et avec la manière dont cette dernière se tordait les mains, il ne fallait pas douter une seule seconde qu’elle se faisait un sang d’encre pour Parkinson. Personnellement, elle ne s’inquiétait pas réellement pour lui, elle avait encore sur le cœur tout ce qu’il avait fait contre sa meilleure amie et quelques autres. Toutefois, comme il s’avérait qu’il était le frère d’Allison… elle se doutait que son amie n’était pas prête à perdre encore un membre de sa famille. Surtout pas après avoir vu son père mourir aujourd’hui.

À ce souvenir, Rose retint un frisson et pour chasser cette pensée de son esprit, elle répondit :

- Je comprends. Et je suis sûr qu’il va s’en sortir, car s’il est comme toi, il est bien trop têtu pour mourir…

Pour toute réponse, Allison la foudroya du regard, ce qui amusa Rose. Peu importe ce que son amie pourrait dire à ce propos, elle était quand même susceptible sur certains points. Certes, parfois sa tendance à ne pas broncher devant certaine remarque laissait Rose perplexe, mais pour d’autres elle se mettait si vite en colère…

En voyant sa meilleure amie se mettre à se dandiner surplace, Rose comprit rapidement qu’elle s’apprêtait à lui poser une question importante qui lui pesait de demander. Pourtant, en voyant la colère qui flamboyait dans les yeux d’un étonnant bleu de son amie, elle comprit immédiatement de quoi il serait question. Et cela la glaça presque jusqu’au sang. Car elle n’avait aucune envie d’en parler.

Son regard se porta avec espoir sur les portes de l’infirmerie, mais elles restèrent obstinément clauses. Apparemment, Al et Scorp étaient toujours en cavale dans le château, ou dehors, pour trouver James et les filles.

- Rose, j’ai quelque chose à te demander… commença alors Allison, en se dandinant encore plus.

- Tu as l’intention de faire la danse des canards ou de poser la question qui te taraude, Alli? Parce que là, vois-tu, je ne suis pas sûr de quel scénario est le plus probable, marmonna-t-elle.

En voyant la lueur malicieuse s’allumer dans les yeux de son amie, elle sut immédiatement qu’elle n’aurait pas dû aller sur le terrain de la danse des canards. Son mauvais pressentiment fut confirmé lorsque sa meilleure amie se mit à chantonner :

- C’est la danse des canards, qui en sortant de la mare, se secoue le bas des reins et font…

- Tais-toi! maugréa-t-elle en plaquant la main sur la bouche d’Allison qui la gratifia d’un regard amusé.

Au moins ne semblait-elle plus nerveuse, ce qui en soi était une victoire. Cela dit, elle aurait préféré trouver une autre idée de divertissement, car cela la ramenait longtemps en arrière et à son trouble lorsqu’elle était tombé sur ce ridicule canard en peluche robotisé qui « dansait » et chantait la petite comptine. En fait, elle l’avait vu sur l’une des commodes de chambre d’amis des grands-parents d’Allison. Et comme elle était quand même très curieuse, elle n’avait pas pu s’empêcher d’appuyer à l’endroit sur l’aile du canard où il était écrit « démarrer ». Elle avait manqué faire une crise cardiaque en voyant le canard se mettre à bouger et chanter, en anglais, bien sûr, sinon elle n’aurait rien compris. Quand Al, Scorp et Alli étaient arrivés, ils avaient éclaté de rire en la voyant aussi blême qu’un drap, du moins, c’était ce qu’ils lui racontaient…

- Je suis désolée, lâcha tout bonnement Allison en plantant son regard bleu dans le sien. Tout ça c’est de ma faute. Encore.

Soudain des larmes envahirent les yeux de sa meilleure amie et malgré que cela arrivait plus souvent ces derniers temps, Rose en resta bouche-bée une fois encore. Elle n’était pas habituée à voir Allison laisser libre cours à ses émotions, surtout pas les douloureuses. Son amie avait toujours été forte, un peu trop, en refoulant encore et toujours ses émotions pour ne pas que les autres s’en aperçoive. Rose n’avait jamais été dupe après la deuxième année et avait toujours réussit à l’aider. Sauf que cette année, elle se disait que les épreuves horribles que son amie avait dû traverser étaient… beaucoup trop nombreuses. Tout le monde avait une limite, et apparemment, Alli venait d’atteindre la sienne. C’était l’unique raison pour laquelle elle pourrait être capable de pleurer devant d’autres personnes. Des personnes qui n’étaient pas ses amis.

- Ce n’est pas de ta faute, Alli! Grommela-t-elle en la foudroyant du regard. Tu m’entends, pas de ta faute! S’exclama-t-elle en la saisissant par les épaules pour la secouer comme un prunier.

- C’est bon, j’ai compris! Protesta sa meilleure amie en se délivrant de sa poigne.

Pourtant, lorsque Rose sonda les yeux de son amie, elle y lut encore de la culpabilité. Elle poussa un soupir découragé, mais avant d’avoir pu ajouter quelque chose, Allison reprit la parole :

- J’aimerais… J’aimerais que tu me dises ce qu’il s’est passé. S’il-te-plaît.

Elle n’était pas certaine d’avoir envie de le lui dire. Ça risquait de la conforter dans l’idée que tout était de sa faute et elle ne voulait pas ajouter ce poids sur les épaules de sa meilleure amie. Mais alors, là, pas du tout. D’autant plus que le morceau de papier, qui était toujours dans sa poche, pesait lourdement, lui aussi.

Elle se laissa lentement choir sur le sol, dos au mur. Elle craignait de tomber si elle devait tout raconter en étant debout. Allison la rejoignit rapidement et s’installa suffisamment proche pour qu’elle puisse lui prendre la main. Rose n’était pas certaine de savoir si son amie cherchait à la réconforter ou à se réconforter elle-même. C’était peut-être les deux à la fois…

- D’accord, je vais tout te dire, Alli. Mais promet-moi de ne rien faire de stupide… déclara-t-elle en cherchant le regard de sa meilleure amie.

- Tu me connais, je ne fais jamais rien d’irréfléchi! S’exclama Allison en souriant, mais elle sentait la fatigue qui se cachait derrière.

Elle fronça les sourcils devant la remarque de son amie. Par Merlin, ce qu’elle pouvait être énervante parfois! Pourtant, un petit sourire étira ses lèvres, malgré qu’il disparut aussitôt qu’elle se mit à raconter ce qui lui était arrivé et à quel point l’arrivé de Parkinson était tombé à pic.

Rose marchait tranquillement dans le château, soulagée d’être seule pour se rendre au bureau de son professeur d’Études des Runes. Elle avait quelque chose d’important à lui demander concernant un texte runique qu’elle avait trouvé dans un vieux livre poussiéreux de la bibliothèque. Elle avait remarqué une espèce de malformation bizarre sur l’une des pages et en grattant un peu elle avait découvert une pochette. D’où elle avait extirpé un encore plus vieux bout de parchemin que le livre lui-même.

Elle était d’autant plus curieuse de découvrir ce dont il s’agissait, car sur la pochette elle avait réussi à décrypter un message qui disait : « Le chemin d’une nouvelle réalité est toujours semé d’embûches, pour la Voyance encore plus. Et le chemin du retour n’est point simple pour celui qui est perdu. ». Comme elle avait trouvé fort curieux cette affirmation, elle avait pris le parchemin et en essayant de le décoder, elle s’était rendu compte d’une chose. Ce n’était pas des runes qu’elle connaissait. Comme elle avait une confiance totale en son professeur de Rune, elle était certaine qu’il aurait la réponse à sa question.

Elle n’avait pas voulu en parler avec Allison pour la simple et bonne raison que ce n’était probablement pas grand-chose. De plus, sa meilleure amie était assez bouleversé et comme ce n’était pas quelque chose d’extraordinaire… Pourquoi la déranger? S’il devait s’avérer que le professeur James ignorait de quel type de Runes il était question, alors là, oui, elle en parlerait avec elle. Après tout, elles étaient douées pour décoder des choses ensembles.

Elle tournait tout juste à l’angle du couloir menant à sa salle de classe, car en s’y rendant elle avait pris la peine de vérifier où son professeur se trouvait, histoire de ne pas chercher dans tout le château pour rien, quand soudain une voix dans son dos l’arrêta :

- Et bien qui voilà? Ne serait-ce pas Miss La Rouquine-Je-Sais-Tout?

Elle sentit sa gorge se serrer en reconnaissant la voix détestable de Theodore Crabbe. Il ne lui avait jamais cherché des noises auparavant, mais avec tout ce qui s’était produit cette année, elle n’était pas très surprise par cette nouveauté.
- Qu’est-ce que tu veux, Crabbe-À-La-Carapace-Molle? Dit-elle sur un ton énervé en se retournant.

Elle était loin d’avoir oublié ce qui était arrivé à son frère. Et elle s’était promis de se venge dès que l’occasion se présenterait. Contrairement à Allison, Rose n’était pas impulsive. Sauf que niveau violence, elles étaient probablement au même niveau, quoique qu’elle possédait plus de retenue que sa meilleure amie.

En constatant que le visage de Crabbe venait de virer au rouge colérique, elle se dit qu’il était un peu moins stupide qu’il en avait l’air. Par contre, elle n’était pas du tout rassurée en constatant qu’Avery, Weaver et cette stupide Rebecca Corner étaient avec lui. Ça s’annonçait plutôt mal pour elle, en somme.

Bien sûr, elle aurait pu courir pour rejoindre sa classe. Mais non seulement se serait stupide d’offrir ainsi son dos à ses opposants, Rose était avant tout une Gryffondor. Et elle avait bien l’intention de faire face à ce qui pouvait être effrayant la tête haute. L’option de crier était aussi à exclure, car le couloir était beaucoup trop grand et Merlin savait à quel point les couloirs du château l’étaient tous! En somme, il y avait peu de chance que son professeur ne l’entende, d’autant plus qu’il avait une infection persistante des oreilles et cela le rendait à moitié sourd.

- Alors, qu’est-ce que tu veux? Grommela-t-elle, malgré que son cœur batte un peu plus frénétiquement que trente secondes plus tôt.

La main dans sa poche, elle avait les doigts complètement resserrés sur sa baguette, tels des serres. Normal, je suis un faucon, se dit-elle pour se redonner un peu de courage. Non, pas du courage, plutôt une assurance insolente. Aller, prenons un peu d’oncle Harry, pour changer, pensa-t-elle en souriant intérieurement. Sourire qui s’étendit à ses lèvres et elle les regarda avec toute l’insolence dont elle était capable.

Devant son sourire elle aperçut Weaver froncer les sourcils, semblant ne pas comprendre comment elle pouvait se montrer ainsi en une pareille circonstance. Avec un peu d’arrogance elle lança :

- Vous ne dîtes rien? Hein, Rebecca-Au-Bec-De-Canard? Toi non plus, tu n’as rien à dire? En tout cas, je suppose que je dois le prendre comme un compliment le fait que vous soyez venus à quatre seulement pour moi… Vous devriez peut-être appeler d’autre renfort, car présentement je suis d’assez mauvaise humeur…

Sur ces mots, Rose sortit sa baguette et la pointa en direction des quatre idiots, avec une idiote dans le lot. Les quatre fauteurs de troubles sortirent plus rapidement qu’elle ne l’aurait cru possible leurs baguettes et lui jetèrent un sort. Elle réussit à tous les éviter que par ses excellents réflexes dus au Quidditch. Theodore gronda à ce moment :

- Une fille de Sang-de-Bourbe devrait apprendre à se taire quand elle en a l’occasion!

- Je suis aussi la fille d’un Sang-Pur, abruti! Rétorqua-t-elle avec défi.

- Un traître à son sang, tu veux dire! S’écria-t-il.

Sans prendre la peine de répliquer quelque chose, elle envoya quatre sortilèges informulés à la suite en direction des personnages peu fréquentables qui se trouvaient devant elle. Elle songea tout en le faisant que c’était une bonne pratique pour l’année suivante lorsqu’elle tenterait de gagner la compétition de Duel. Avec l’année qu’ils avaient eue, et après le combat d’Al et Scorpius plus spécifiquement, ils avaient tous décidés d’abandonner. James compris.

Rebecca se retrouva immédiatement aveugle, car contrairement aux trois autres elles n’avaient pas eu la présence d’esprit de se propulser sur le côté pour éviter son sortilège. Quoiqu’elle n’aurait pas eu le temps, puisque Rose avait commencé par elle. Weaver se retrouva par terre, bien saucissonné. Quant aux deux autres, ils avaient réussi à échapper à son attaque. Et ils purent donc contre-attaqué.

Malheureusement pour elle et son ego (qui n’était sensiblement pas aussi grande que celle d’Allison par moment) Rose se retrouva pieds et poings liés après seulement cinq minutes de duel.

Profitant qu’elle ne pouvait plus rien faire, ils lui retirèrent sa baguette et s’occupèrent de délivrer leurs deux camarades des maléfices lancés. Pour sa part, Rose rongeait son frein et avait particulièrement envie de grogner. Et de frapper violemment les personnages répugnants devant elle.

Quand Rebecca se leva, le regard noir qu’elle lui porta était on ne peut plus meurtrier. Elle n’attendit d’ailleurs pas que les autres commencent à avancer vers Rose pour foncer vers elle. En voyant la brune fondre sur elle, Rose se fit la réflexion que ce ne serait probablement pas très agréable.

Et c’était peu dire.

Dès qu’elle arriva à sa hauteur, Rebecca la gifla avec tant de force que sa tête trouva quand même le moyen de se tendre vers l’arrière malgré le sortilège qui l’empêchait de bouger. Comment c’était possible? La réponse était très simple : la force du coup l’avait tout simplement propulsé vers l’arrière et elle tomba sur le dos sur le sol dur, et quand même froid. Aïe, se dit-elle intérieurement et elle regretta de ne pas pouvoir se frotter le dos.

Elle n’eut pas le temps d’y réfléchir davantage, car déjà on la redressait brutalement et qu’Avery la délivrait du sortilège. Elle n’eut pas plus le temps de se demander pourquoi il le faisait, que la brusque récupération du contrôle sur ses membres lui fit perdre l’équilibre. Et elle se retrouva de nouveau par terre, sur les fesses, cette fois. Ce qui n’était pas franchement plus agréable.

Avant d’avoir pu faire autre chose, ils la remettaient sur pieds. Apparemment ils aimaient bien la jeter par terre, la relever, la rejeter par terre, la rele… Oui, bon, on arrête, maintenant, Rose… se morigéna-t-elle. On se calme. Il n’y a aucune raison de paniquer.

Aucune raison de paniquer? Elle se moquait de qui, au juste?

Avery et Weaver l’attrapèrent alors chacun par un bras sous le signe de tête de Crabbe. Pendant une seconde étrange, elle s’imagina un crabe diriger d’autres crabes avec des claquements de pinces. C’était franchement étrange comme image. Elle en aurait bien rit, mais déjà ils s’intéressaient tous de nouveaux à elle.

- J’aurais bien voulu te dire qu’il n’y a rien de personnel dans tout ça, Weasley. Mais ce serait un mensonge. Et j’ai hoooorreur de dire des mensonges.

Et pourtant il venait tout juste d’en dire un, remarqua-t-elle en levant les yeux au ciel. Sans pouvoir se retenir, Rose lâcha sur un ton condescendant :

- Tu devrais te la fermer dans ce cas, car sans vouloir t’offenser, tu mens comme tu respires, Crabbe.

Elle sut qu’elle était allée trop loin au moment où il leva son poing. Ce fut plus fort qu’elle et le voyant l’assainir dans sa direction, elle ferma les yeux. Comme si ses paupières clauses pouvaient empêcher la douleur de l’atteindre.

Ce ne fut, bien entendu, pas le cas.

La douleur irradia dans toute sa mâchoire et si ce n’était qu’il n’y avait aucun sang dans sa bouche (ce qui était étonnant) elle aurait pu croire que toutes ses dents avaient été arrachées. Ce qui n’aurait probablement pas vraiment plus à ses grands-parents du côté maternelle, les dentistes prenaient très au sérieux la santé des dents. Alors plus de dents…

- C’est toi qui devrais apprendre à te taire, Weasley, grommela-t-il.

Sur ces mots, il la frappa une nouvelle fois, mais au ventre pour le coup. Un gémissement sourd s’échappa de ses lèvres et elle aurait voulu se frapper pour avoir lâché ce son. Elle n’en eut toutefois pas besoin, car Crabbe s’en chargea à sa place.
Après deux ou trois coups supplémentaires, il se pencha vers elle et dit :

- Berkeley veut que tu donnes ce message à ton amie. Je vais le mettre dans ta poche, ici. Veille bien à lui remettre.

Elle sentit la main de Crabbe pénétrer la poche de sa robe de sorcière et un haut le cœur la prit à la gorge. Il faisait évidemment exprès de prendre tout son temps.

Quand il eut retiré sa main, Rose avait très envie de lui cracher au visage. Et elle l’aurait sans doute fait si Rebecca ne l’avait pas frappé à son tour en hurlant :

- Ça, c’est pour m’avoir appelé avec cet idiot de nom! Et aussi parce que tu n’as jamais supporté que je sois avec Albus!

Elle n’était pas certaine de comprendre pourquoi c’était une mauvaise chose de ne pas avoir voulu de cette folle avec son cousin. À voir à quel point elle était jalouse et possessive, ce n’était pas difficile à saisir qu’elle n’était pas faite pour Al. Elle risquait d’augmenter ses défauts et faire disparaître ses qualités. Ce que Rose refuserait de voir arriver. Allison arrivait bien mieux à balancer le tout correctement et l’inverse était vrai avec Al envers Alli. Ces deux-là se complétaient plutôt bien.

Rebecca levait à nouveau la main sous le regard satisfait des trois gars de Serpentards lorsqu’un bruit de course se fit entendre. La Serdaigle conserva sa main dans les airs, figée, car venant du coin qu’elle avait elle-même tourné un peu plus tôt, arrivait Parkinson.

Rose se sentit immédiatement désappointé. Alors il avait menti? Il n’était pas vraiment avec…

- THEO, MAIS TU FOUS QUOI, LÀ?

- J’exécute les ordres, Alex. Comme toujours, affirma Crabbe en jetant un coup d’œil dédaigneux à celui qui avait été son « ami ».

- En frappant Weasley? S’insurgea Parkinson, alias le frère d’Allison. Je croyais que la cible c’était Lévesque.

- Berkeley croit qu’on atteindra plus facilement la limite de notre cible en maltraitant ses proches, sans les tuer. Ainsi elle se rangera de notre côté d’elle-même, en voulant les protéger. Pathétique, non?

Parkinson ne répondit pas, son visage semblait s’être fermer soudainement et si Rose interprétait bien les sourcils froncés de celui qui avait été (et était peut-être encore) un odieux personnage, il était en plein dilemme interne. Soudain, il releva la tête et foudroya Crabbe du regard avec froideur ainsi qu’une calme assurance. Il lui cracha alors au visage :

- Elle est ma sœur. Et je n’ai franchement pas l’intention de te laisser faire du mal à ses amis. Ni à ceux de Mali.

Sur ces mots, il sortit sa baguette et la brandit en direction de son ancien « ami ». Rose en était subjuguée. Venait-il réellement de prendre sciemment le parti de sa meilleure amie?

- Alors Berkeley avait raison… Tu as vraiment changé de camp… je n’y croyais pas totalement, mais maintenant… lâcha Crabbe sur un ton aigre.

- Dans toutes les guerres, il y a des traîtres, Theo. Et je préfère être un traître à Berkeley qu’un traître à ma famille.

- Et ta mère, qu’est-ce que tu en fais! S’écria Crabbe avec colère. Elle n’est pas ta famille aussi?

- Pansy Parkinson n’est pas ma mère. Elle ne l’a jamais été. Tout ce qu’elle voulait, c’était me rendre comme elle et avoir un héritier, sans changer de nom de famille. Je ne crois pas qu’elle m’ait jamais aimé, se contenta de rétorquer Parkinson avec calme. Ma vraie mère, elle a été tuée par Berkeley avant que je ne puisse la rencontrer. Mon père et tout le reste de ma famille de sang aussi. Je ne lui dois absolument rien.

Rose en resta sans voix. Le discours du frère d’Allison était authentique et il le disait si calmement qu’on aurait dit qu’en fait, il s’en fichait. C’est à ce moment précis qu’elle comprit à quel point Allison et lui étaient vraiment semblables. Tous les deux ne voulaient pas montrer quand ils étaient blessés. Et en ce moment, elle arrivait à déceler la douleur dans les yeux d’Alexander Parkinson pour l’unique raison qu’avant cette année, sa meilleure amie avait la même lueur dans les yeux quand elle était envahie par la douleur. Une douleur pire que physique, car les blessures physiques et mentales mettent beaucoup plus longtemps à guérir…

Il y eut un court silence durant lequel les deux Serpentards de même année se défièrent du regard en chien de faïence. Rebecca, quant à elle, semblait trouver le spectacle particulièrement intéressant, car elle ne lui prêtait plus du tout attention.

Pourtant, avant que Rose ne puisse mettre en œuvre un plan quelconque qui aurait pu la soustraire à ses tortionnaires pendant qu’ils étaient occupés à regarder ailleurs, Parkinson jeta un sort en direction de Crabbe, rompant d’un coup leur combat visuel.

À partir de cet instant, les sorts se multiplièrent. Par mesure de précaution, Avery et Weaver la firent reculer de quelques mètres et Rebecca les suivit. Rose ne put s’empêcher de trouver que Parkinson avait vraiment un don pour les duels, sans doute était-ce une autre aptitude de famille? Par contre, cela n’avait pas été suffisant contre James. En même temps, il était tellement imprévisible que ce n’était pas plus étonnant que ça.

Elle n’eut pas l’opportunité d’apprécier plus longtemps le spectacle qu’offrait le duel entre Parkinson et Crabbe, car Rebecca lui susurra au visage :

- Je suppose que maintenant que Crabbe est occupé à régler le compte du frère de ton amie… tu es toute à moi, n’est-ce pas?

Rose haussa un sourcil et lui offrit son air le plus surprit et arrogant qu’elle put en lâchant :

- Je ne savais pas que tu étais aux filles, Corner? Dis-moi, es-tu plus en colère à cause du fait qu’Allison sorte avec Albus, ou qu’Albus sorte avec Allison?

Elle se prit presque immédiatement une gifle magistrale qui lui fissura la lèvre tandis que Rebecca lui hurlait :

- TAIS-TOI!

Les minutes qui suivirent furent incroyablement longue pour Rose. Elle ne se permettait pourtant pas de lâcher un seul cri. Elle souffrirait en silence et massacrerait tout le monde dès qu’elle serait de nouveau sur pieds. Et surtout, libre de ses mouvements.

Au bout d’un moment, elle remarqua que le duel s’était interrompu et que les deux adversaires avaient recommencés à se fixer avec haine. C’est précisément à ce moment-là que débarquèrent sa meilleure amie et son cousin. Le soulagement qui l’envahit fut si galvanisant qu’elle se prépara pour le moment où elle aurait la chance d’échapper aux bras qui la retenaient. Toute sa vigueur semblait lui avoir été redonnée d’un seul coup.


Quand elle eut terminé, elle prit conscience en regardant tout autour d’elle que Scorp, Al, James, Teena et Malia se trouvaient là aussi. Et à voir l’air meurtrier qui se trouvait sur leur visage à eux tous, Allison compris, Rose n’avait aucun mal à comprendre qu’ils avaient dû tout entendre. Ou du moins les parties importantes.

Évitant le regard de ses amis, elle se fit la réflexion, en regardant vers l’endroit où se trouvait Parkinson que malgré ce qu’elle avait pensé plus tôt… Elle s’inquiétait quand même. Car s’il n’était pas arrivé, toute la situation aurait été bien, bien pire. Elle espérait donc sincèrement qu’il se rétablisse et qu’elle puisse au moins le remercier.

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Je bouillonnais littéralement de rage lorsque Rose eut terminé de tout nous raconter. Le nous faisant référence à Scorp, Al, James et les filles qui nous avaient rejoint à peine deux minutes après le début du récit de ma meilleure amie.

J’étais toutefois restée complètement éberluée de voir à quel point Parkinson avait effectivement pris notre défense. Et qu’il avait ouvertement affirmé être contre Berkeley. Sans doute était-ce la raison pour laquelle il se retrouvait maintenant dans un état critique. Après Beurky adorait tuer les membres de ma famille, non?

- Je vais les tuer, gronda Scorp faisant échos à mes pensées profondes.

- Et je vais t’y aider avec joie, affirmai-je en croisant les bras. Ils vont tous le payer. Très cher.

- Je crois qu’on va tous leur faire vivre un mauvais quart d’heure, ajouta Al en jetant un coup d’œil sur tout le monde autour et qui semblait sur le point de bondir sur leurs pieds pour se lancer à la chasse au Crabbe et aux autres ordures dans son genre.

- J’en serai aussi, mais pas aujourd’hui… Je… commença Rose, mais je l’interrompis.

- Tu veux bien me donner le mot?

- On ne pourrait pas faire ça ce soir? Me supplia-t-elle. Tu es tellement en colère en ce moment que je ne crois pas que ce soit une excellente idée…

Elle marquait un point. Sauf que j’avais horreur de ne pas savoir. C’était quelque chose qui me grugeait de l’intérieur et c’était franchement horrible. Elle dut le voir à mon expression, car elle ouvrait à nouveau la bouche pour parler, mais elle se vit se faire interrompre par Madame Pomfresh qui venait de se pointer à nos côtés pour me dire :

- Mr Parkinson devrait s’en sortir indemne, Miss Lévesque. Il lui faut par contre le reste de la journée et cette nuit pour être certain que son état est stable. Vous devriez pouvoir venir demain après-midi pour le voir.

- Parfait! S’exclama James avant que je ne puisse dire quoi que ce soit. Maintenant on va pouvoir aller s’entrainer pour le Quidditch, on a tous besoin de se défouler un peu. Le Scorpynouchet, Malia et Teena peuvent se joindre à nous, exceptionnellement.

- Miss Weasley n’est pas en état pour… voulut protester l’infirmière, mais la principale intéressée la coupa.

- Dès que vous m’aurez soigné, je serai parfaitement en état. D’autant plus que ce n’est pas des blessures graves.

- Et qui vous ont fait ces blessures, Miss? S’enquit-elle.

Je vis Rose hésiter l’espace d’un instant. Ce qui me consterna, car ce n’était pas le moment de plaisanter. Ils méritaient tous une bonne leçon, qu’en bien elle ne viendrait pas de nous. Avant qu’elle n’ait le temps de se décider, je m’écriai à sa place :

- Theodore Crabbe, Dylan Avery, Caïus Weaver et Rebecca Corner. Crabbe et Corner sont ceux qui ont frappés. Les deux autres ont retenus Rose.

- Quelle lâcheté! C’est injurieux! S’indigna Madame Pomfresh en entraînant Rose à sa suite tout en lâchant d’autres termes un peu moins poli.

Avant de disparaître derrière un paravent, ma meilleure amie se retourna et articula silencieusement « Je vais vous rejoindre ». Nous acquiesçâmes tous de la tête et on sortit de l’infirmerie d’un pas lourd.

Je ne ressentis jamais autant de satisfaction que cette journée-là à frapper dans les Cognards. J’avais l’impression qu’à chaque coup supplémentaire je sentais un poids se retirer de mes épaules. Et ça faisait tellement du bien, par Merlin! Par moment, je m’imaginai que le Cognard que je frappais prenait l’apparence du visage de Crabbe, Berkeley et Rebecca. Ce qui était très stimulant.

Plus tard, en soirée, nous nous retrouvâmes Rose, Malia, Teena et moi dans notre dortoir. Ma meilleure amie ne portait plus aucune marque de son agression par Theodore Crabbe et Rebecca Corner. D’ailleurs, nous avions appris au diner que chacun de ceux qui avaient participé à l’agression de notre amie avait été suspendu pour deux mois. La sentence commençait maintenant, mais serait mise en suspens pour les vacances et reprendrait dès la reprise des cours. Je n’avais jamais été aussi ravi à l’annonce d’une nouvelle.

Malgré tout, je me sentais encore coupable de ce qui était arrivé à Rose. Et je n’avais pas oublié qu’elle avait en sa possession une lettre qui m’était destinée. J’avais donc fait en sorte que nous nous retrouvions, toutes les filles, à notre dortoir aussi vite que possible.

- Donne-moi la lettre, maintenant, Rose, dis-je en la regardant droit dans les yeux, la main tendue vers elle.

Le sourire que mon amie avait aux lèvres disparu immédiatement et elle poussa un soupir avant de grommeler :

- Tu n’as pas besoin de lire ce qu’il y a d’écrit, Alli. Il n’y a rien de différents que les autres fois.

- Il n’aurait pas dû y avoir plusieurs fois, lâchai-je en frissonnant.

Les yeux de Rose roulèrent dans leur orbite avant de me dévisager avec insistance. Sa tentative d’intimidation ne fonctionna pourtant pas, car je me contentai de la fixer en retour, sans me démonter. Avec un nouveau soupir, elle retira une lettre de sa poche et me la tendit avec une grimace.

Je ne perdis pas de temps, dès que je l’eus en main je l’ouvris et en sortis le parchemin que l’enveloppe contenait. En le dépliant, je pus lire :

« Ma chère petite voyante préférée,

Encore combien des tiens devrais-je abimé avant que tu ne flanches? En tout cas, une chose est sûre j’ai appris de mes erreurs. Tuer les tiens n’était pas la marche à suivre… car la vie est si brève et éphémère. Et pour arriver à t’atteindre toi, il semblerait qu’il me faut user de patience. Et avoir beaucoup de temps. Il est si facile de tuer tes proches que c’en est risible. Alors j’ai expérimenté autre chose. En commençant avec les jeunes qui sont des proies si faciles. Ils n'offrent pratiquement aucune résistance, vois-tu? Trop faibles. Mais au moins tu étais en mesure de voir exactement ce que je peux faire subir aux tiens. Maintenant je passe à ta meilleure amie. Comment le ressens-tu? Seras-tu capable de supporter de voir tes amis, les uns après les autres, revenir avec des blessures de plus en plus sérieuses sans être mortelles? Pourras-tu supporter de les voir un jour dans un coma si profond qu’ils ne pourraient ne jamais s’en sortir? Sauf avec mes soins, bien sûr. Vois-tu, Allison, j’ai beaucoup de temps devant moi et beaucoup de tes amis à ma disposition. Comment s’appelle-t-il, déjà? Ah, oui. James Potter, Albus Potter, Scorpius Malefoy, Malia McDonald, Teena Bones… Peut-être même aussi Liam Coote, Dylan Faucett, Joshua Flint et Ruby Shepherd? Combien d’entre eux devront-ils souffrir avant que tu n’aies la gentillesse d’y mettre un terme en me rejoignant?

Avec tout mon respect,
Ton plus loyal admirateur
»


Ma main tremblait littéralement de rage. J’avais envie plus que tout de lui tordre son sale petit cou. Si j’avais pu le trouver immédiatement, je l’aurais rejoint sans hésiter. Mais pas pour lui obéir et faire ce qu’il voulait de moi. Non. Plutôt pour le frapper à répétition jusqu’à ce qu’il perde connaissance. Ou pire.

- Ce n’est pas de ta faute, Alli, souffla Rose comme si elle lisait dans mes pensées.

- Il vous menace tous pour que je le rejoigne et ce ne serait pas de ma faute? Hurlai-je.

Un truc me sauta soudain aux yeux. Par Merlin! Il avait parlé de Ruby dans sa lettre! En voyant le visage de ma meilleure amie prendre un air déterminé, je sus qu’elle s’apprêtait à me lancer l’un de ses discours moralisateurs dont elle avait le secret. Sauf que je l’interrompis rapidement en m’écriant :

- Attends! Laisse tomber ton discours! On ne changera ni l’une ni l’autre d’avis, alors autant abandonner ce combat. En plus, j’ai quelque chose de plus intéressant à te faire part.

Elle fronça les sourcils, mais me fit signe de m’exécuter. Malia et Teena avaient observé notre courte joute verbale d’un œil inquiet, mais maintenant elles semblaient plutôt curieuses.

Je fis à ce moment remarquer à Rose que Berkeley avait mentionné Ruby dans sa lettre. En menaçant de l’attaquer elle aussi. Ce qui pouvait vouloir dire qu’elle n’était pas l’autre élève de cinquième année dont je devais me méfier. Rose lâcha :

- C’est possible… Mais ça pourrait aussi être une ruse pour qu’on lui fasse encore plus confiance…

- Je sais, mais… Je n’ai pas l’impression que Berkeley mentirait sur ce genre de chose, il prend beaucoup trop plaisir à me torturer mentalement pour ça. Non, je crois que s’il menace Ruby, c’est qu’il a vraiment l’intention de le faire un jour. Et puis, elle est une Née-Moldu, ce qui en fait une victime potentielle de choix…

- Il n’y a qu’un moyen de le savoir, affirma ma meilleure amie.

- C’est de lui demander, conclut Malia.

- Mais pas ce soir, ajouta Teena. Vous avez un match demain, précisa-t-elle.

Nous hochâmes toutes les deux de la tête, Rose et moi. Je pris quelques instants pour réfléchir au moment le plus propice pour coincer Ruby et la questionner. Je finis par trancher :

- On ne peut pas demain non plus. C’est le match. Et que l’on gagne ou que l’on perde, l’école va être trop en effervescence pour que l’on puisse discuter avec Ruby. En plus, j’ai l’intention d’aller voir Parkinson en après-midi, voir comment il va… Donc, on ira voir Ruby dimanche matin. Et en même temps on traînera tout le monde jusqu’à la Salle sur Demande.

- Pourquoi? s’étonna Malia.

- Pour que l’on s’entraîne au combat. Si malgré moi je vous entraîne dans ma vie dramatique, autant que vous puissiez être un minimum prêt, répondis-je.

- Alors, ça! J’adore! S’écria Rose en se frottant les mains.

J’eus un sourire amusé. Pourtant, intérieurement j’étais inquiète. Je ne voulais pas que se reproduise aucun des évènements que j’avais vu se produire au cours de l’année. Que ce soit la mort de quelqu’un ou des blessures horribles.
Nous allâmes à ce moment nous installer sur le lit de Rose pour discuter des sorts qu’il pourrait être utile de savoir utiliser. Spock et Nuage ne tardèrent pas à nous rejoindre pour se rouler en boule sur les oreillers de ma meilleure amie qui poussa un soupir dépité en voyant que ceux-ci se recouvraient de poils de chien et de chat.

Une heure plus tard et nous étions toutes dans nos lits respectifs à chercher le sommeil. Comme j’étais morte physiquement, émotionnellement et mentalement, je m’endormis dans la seconde où ma tête se retrouva sur mon oreiller. Ma dernière sensation fut celle de Spock qui se blottissait dans mon dos.

Le lendemain, comme pour tous les précédents matches, James nous força à nous lever tôt. J’ignorais totalement comment il avait réussi à instaurer un système de réveil dans notre dortoir, mais il fonctionnait très bien, en tout cas! Au plus grand dam de toutes les occupantes de mon dortoir, moi compris.

- Par Merlin, je ne vois pas pourquoi James trouve qu’il est nécessaire de se lever aussi tôt, maugréa Rose en se frottant les yeux d’une main et en attrapant sa robe de Quidditch à tâtons.

Elle l’avait déposé au pied de son lit la veille, sachant qu’elle ne serait pas d’humeur à la chercher ce matin. Pour ma part, j’avais toujours la tête étampé dans l’oreiller et j’essayais tant bien que mal de me boucher les oreilles. Mais ce n’était pas très concluant, car j’avais l’impression que le son provenait de mon lit tout entier.

Je poussai un grondement et immédiatement je sentis le museau de Spock se frayer un passage jusqu’à mon visage. Il réussit, comme toujours, à l’atteindre et me lécha le menton avant de japper juste à côté de mon oreille. Il n’en fallut pas plus et je bondis sur mes pieds, manquant de peu de le faire tomber du lit, mais comme il avait fini par prévoir cette réaction de ma part, il était descendu la seconde avant.

- Le match n’est qu’à onze heures, bougonna Malia dans son coin. Sortez donc que je puisse me rendormir.

- Ce serait sympa, renchérit Teena sur un ton étouffé.

Je levai mes yeux fatigués vers le ciel, mais obtempérai à me dépêcher. Je m’habillai à ce moment rapidement en prenant soin tout d’abord de me rincer correctement le visage pour me réveiller.

Lorsque nous descendîmes dans la Salle Commune, personne n’était encore là, excepté Chelsea qui était descendu en même temps que nous. Je fronçai les sourcils en me tournant vers Rose. Celle-ci avait le même air interloqué sur le visage et Chelsea semblait tout autant surprise.

- Vous croyez qu’ils sont déjà en… commençait ma meilleure amie avant qu’elle ne soit coupé.

- QU’EST-CE QUE VOUS CROYEZ QUE VOUS FAITES-LÀ?! C’EST PAS LE MOMENT DE FAINÉANTER! Criait James, si fort que je ne doutais pas qu’il utilisait un Sonorus.

Nous nous jetâmes toutes un regard et avec un sourire amusé on s’empressa de monter les marches quatre à quatre. Pile poil au bon moment pour tomber sur Al, qui sortait torse nu pour grommeler à son frère :

- Le match est à onze heures…

- Et ce n’est pas comme si on était pas prêt, renchérit Samuel Crivey en sortant à son tour, mais en étant habillé avec sa robe de Quidditch, tout comme James.

À voir la rougeur qui monta aux joues de notre capitaine, j’en conclus qu’il avait dit précisément la chose à ne pas dire. Je me souvins brusquement que nous jouions contre les Serpentards aujourd’hui. Et c’était toujours un enfer à chaque fois que nous jouions contre eux, surtout en finale.

- MAIS! IGNOREZ-VOUS DONC QU’ON EST EN GUERRE?! S’indigna James, les yeux presque exorbités.

- Capitaine James Sirius Potter, on est tous parfaitement au courant que nous jouons contre les Serpentards aujourd’hui. Mais c’est du Quidditch, pas une guerre à main armée, tenta de le calmer Chelsea en prenant un ton doux.

- Je ne permettrai pas que l’on perde contre ces vils serpents! S’exclama-t-il en la foudroyant du regard. Le Quidditch est une guerre. Une guerre subtile, mais une guerre quand même, précisa-t-il. ALORS TOUT LE MONDE S’HABILLE. EN COMMENÇANT PAR TOI, PETIT FRÈRE!

Albus jeta un coup d’œil aux alentours et quand son regard croisa le mien je lui adressai un clin d’œil narquois en prenant bien soin d’admirer la vue qu’il m’offrait. Il rougit légèrement et un sourire amusé éclaira mon visage. Il s’empressa à ce moment de retourner dans son dortoir et au même moment, Rose s’écria, furieuse :

- CES VILS SERPENTS?! MAIS IL Y A SCORP ET RUBY, DANS LE LOT, ABRUTI!

Son cousin sembla s’empourprer d’un coup et d’un ton légèrement gêné, il lâcha :

- Oui, bon, c’est pas tout, mais on doit y aller! Je vous attends en bas.

Sur ces mots, il s’empressa de nous déplacer pour passer et il disparut rapidement à notre vue. Samuel tout en commençant à descendre marmonna :

- Je vous le dis, l’an prochain, on est mort. Avec les ASPICs, il va devenir complètement dingue.

- Il ne l’est pas déjà? S’enquit Ethan Dubois, le frère de Jennifer qui m’avait fait jouer au Quidditch l’espace d’une journée pendant le Noël de ma première année.

Il venait tout juste de sortir de son dortoir, ses cheveux bruns complètement ébouriffés. Il se trouvait au poste de Gardien dans l’équipe et il était très doué, malheureusement il nous quitterait après cette année, car c’était sa dernière à l’école.

- On se le demande chaque jour, soupira Rose en poussant un soupir.

Sur ces mots, on descendit tous en bas et comme James ne s’y trouvait pas, on supposa qu’il était déjà en route pour la Grande Salle. Je n’avais pas particulièrement faim, comme avant chaque match. J’étais toujours très nerveuse avant d’embarquer sur mon balai, mais dès que j’y étais et que je me trouvais dans les airs… c’était presque magique. Toute la peur et l’appréhension me quittaient en une seconde remplacées par l’euphorie et le désir de gagner.

Environ à mi-parcours de la Grande Salle, Albus nous rejoint en courant. Il souffla à Rose et moi :

- Vous savez quoi? Quand mon frère ne sera plus à Poudlard, je crois qu’on va enfin pouvoir avoir la belle vie avant les matches.

- Tu veux rire? Pouffa sa cousine. Il n’y a que trois possibilités possibles pour notre septième année. Que l’un de nous trois deviennent le Capitaine. Si c’est moi, je ne donnerai sans doute pas plus de repos aux joueurs, vous me connaissez, quand je veux gagner…

- Ah, ça, oui, grommelai-je. Je me souviens encore en deuxième année quand tu m’as réveillé en pleine nuit pour étudier l’examen d’Histoire de la Magie…

- Si c’est Alli, ça va être encore pire que moi, continua-t-elle sans se laisser démonter.

- Hé! Protestai-je en la foudroyant du regard.

- Quant à toi, le cousin… Tu vas faire encore pire que ton frère, assura-t-elle, toujours en ignorant ma remarque.

Al se contenta de la dévisager avec scepticisme avant de lâcher après quelques minutes :

- Il ne me refilera jamais le badge de capitaine…

- On pari? Nous lâchâmes Rose et moi en même temps.

- Il est toujours sur mon dos! S’indigna Al. Comment voulez-vous que…

- Tu es un Potter, rétorqua Rose.

- Et Lily aussi! Répliqua son cousin.

- Elle n’est pas dans l’équipe, fis-je remarquer.

Voyant que nous étions toutes les deux contre lui, il leva les mains en signe de défaite. Pourtant, juste avant d’entrer dans la Grande Salle, il marmonna :

- Je vous paris cinq chocogrenouilles que ce ne sera pas moi le capitaine de l’équipe en septième année.

- Pari tenu, répondîmes ma meilleure amie et moi en même temps, une nouvelle fois.

Il n’y avait pas grand monde dans la Grande Salle à cette heure-ci, un samedi matin. Même l’équipe de Quidditch des Serpentards n’étaient pas encore arrivés, c’était tout dire. Pourtant, James ne semblait pas s’en formaliser et il lisait attentivement des notes qu’il avait apparemment prises. Et comme les examens étaient terminés, je me doutais bien que c’était lié au match d’aujourd’hui, même si j’ignorais en quoi on pouvait avoir besoin de notes au Quidditch…

Environ quinze minutes plus tard, nous sortions tous de la Grande Salle en croisant l’équipe de Serpentard qui ne faisait qu’arriver. Scorp et Ruby nous lancèrent un regard ennuyé. À voir leur air fatigué, j’en déduisis qu’eux aussi avaient subi un réveil brutal et que c’était par solidarité qu’ils nous avaient lancé ce regard.

Quand nous arrivâmes sous la tente de notre équipe, chacun d’entre nous déposa ses effets personnels dans les casiers qui leur appartenaient. C’était en autre chose des vêtements de rechanges, puisqu’à la fin de match, on sentait rarement la rose. Sans vouloir discriminer mon amie, hein.

En retournant au centre de la tente, James nous fit signe de s’asseoir sur les bancs et là il commença à nous expliquer le plan de match. Il débuta par une longue explication de la manière de jouer de tous les joueurs, en bref la technique de chacun. Nous connaissions déjà pour la majeure partie comment jouait Scorp pour notre part à Rose, Al et moi. Toutefois ce fut très drôle de constater le sérieux qu’il conservait quand même en parlant de Scorp et aussi ce qu’il en disait. Quand il en arriva à Ruby, je remarquai qu’il y alla de manière beaucoup moins élaboré qu’avec les autres.

Une heure plus tard, il nous parlait des stratégies à appliquer, des choses à éviter et des situations de recours que l’on pourrait utiliser si on se trouve en mauvaise posture. Cas qui était surtout pour les Poursuiveurs, car personnellement on pourrait dire que je suis toujours en mauvaise posture. Après tout, poursuivre des Cognards était plutôt dangereux, non?
Au fur et à mesure qu’il parlait, j’avais l’impression de me perdre. Alors quand il annonça qu’il en avait terminé, j’étais complètement mélangée et si je me fiais à l’air hagard des autres, c’était la même chose pour eux. Cela dit, loin de m’avoir rassuré son long monologue m’avait plus rendu craintive qu’autre chose. Il semblait prendre ce match particulièrement au sérieux et je ne savais pas pourquoi…

- Écoutez-moi, tous! S’écria-t-il soudainement sur un ton impérieux.

Nous relevâmes tous la tête, surpris par son ton. Oh, bien sûr il nous commandait souvent, mais il y avait quelque chose de différent, cette fois. Comme de l’empressement, de la fébrilité.

- Pendant le match, tenez vos positions. N’essayez pas d’aller à l’encontre de ce que nous nous sommes dit (je fis intérieurement la remarque que nous n’avions fait qu’écouter…). Fille et fils de sorcière ou de sorcier, de moldus ou des deux à la fois, sachez qu’aujourd’hui, sur le terrain nous appartenons tous à la même famille, réunie autour du Quidditch, d’un but commun. Mes frères et mes sœurs, aujourd’hui je lis dans vos yeux la même peur qui pourrait saisir mon cœur! Un jour peut venir où le courage des Gryffondors faillira, où nous abandonneront nos amis et briseront tous liens! Mais ce jour n’est pas arrivé! Ce sera l’heure des serpents et des baguettes brisées lorsque l’âge des Gryffondors s’effondrera! Mais ce jour n’est pas arrivé, croyez-moi! Aujourd’hui nous combattront! Pour tout ce qui nous est cher dans cette bonne Maison. Le courage, l’amitié, la détermination! Pour tout cela, je vous ordonne de tenir! De tenir jusqu’à ce que vos os vous fassent souffrir, que vous croyiez que plus rien ne pourra vous forcer à tenir plus longtemps sur votre balai… Nous sommes des Lions! Et tant que la victoire ne sera pas assurément nôtre, on n’abandonne pas! Avez-vous compris, Gryffondoriens?!

Comme toutes les autres personnes autour, je restai muette pendant de longues secondes, éberluée. Je ne pouvais pas nier que mon cœur battait plus fort maintenant et que ma peur était loin. Son discours d’encouragement était efficace. Cela dit… Il m’était énormément familier. Et un peu trop combatif pour un simple match de Quidditch. Certes, c’était le dernier de la saison, mais quand même.

- Tu… tu es vraiment intense, James, lâcha Rose en ouvrant de grands yeux.

Je ne tins pas compte des divers autres commentaires qui se dirent, trop préoccupé à chercher dans ma mémoire où est-ce que j’avais entendu un discours semblable…

Après une minute de réflexion intense je me mis à rire de manière incontrôlable. Par Merlin, comment avait-il fait pour connaître ça? C’était tellement impossible… puisque c’était quelque chose que seul des Moldus devraient connaître en théorie. En y repensant, il avait aussi subtilisé les répliques « c’est pas le temps de fainéanter » et « Ignorez-vous que nous sommes en guerre », du même endroit.

- Alli… Pourquoi est-ce que tu rigole toute seule? S’enquit Rose tout bas.

À ce que je pouvais en voir, Albus se posait la question aussi, car il me dévisageait. Tout comme Chelsea qui n’était pas très loin. Quant aux autres ils ne me portaient pas attention.

- C’est juste que… le discours de James… il est presque identique à… celui qu’on retrouve dans un film… dis-je en entrecoupant mes groupes de mots par des éclats de rire.

- Un film? Quel film? S’étonna Al en me dévisageant encore plus. Et puis, comment aurait-il pu…

- Le Seigneur des Anneaux, le Retour du Roi. À la toute fin, l’un des personnages, Aragorn, fait un discours tout à fait semblable à ses guerriers… C’est un très bon film, je l’ajoute à notre liste pour cet été, Al, répondis-je.

- OH, OUI, ÇA! S’écria soudain Chelsea, ce qui suffit à attirer l’attention des autres. Je l’ai vu aussi, c’était vraiment excellent!

- Tu… Toi… Tu as regardé un film? M’étonnai-je.

- Bien sûr, le cinéma, c’est la vie après la magie! Affirma-t-elle avec pour la première fois une touche d’arrogance. Ma mère est Née-Moldue, ajouta-t-elle en m’adressant un clin d’œil.

On leva la main en même temps et avec un sourire on les frappa l’une contre l’autre.

- Mais je ne me souviens plus très bien du discours auquel tu fais allusion, marmonna-t-elle.

- C’est dans la version longue, précisai-je et en la voyant hocher de la tête je compris qu’elle avait vu cette version-là, elle aussi. Bon, je vais répéter les paroles du discours…

- Tu les connais par cœur? S’interloqua Samuel.

- Tais-toi, Crivey! Je veux entendre ce qu’elle a à dire! Intervint Ethan Dubois avec un sourire amusé en direction de James qui s’était énormément empourpré.

- Oui, je les connais pas cœur, grommelai-je. J’ai adoré ce film!

- On s’en fout de ce détail, le fait que tu sache tout par cœur n’est pas très important pour le moment. Ce qu’on veut savoir, c’est le discours! Répliqua Ethan en me souriant moqueusement.

Je levai les yeux au ciel, mais en voyant James secouer frénétiquement la tête pour m’enjoindre à me taire, je n’eus plus qu’une envie : tout dire avec le plus d’exactitude possible. Je renvoyai mon sourire le plus narquois possible à notre capitaine avant de lancer :

- Ok, contexte. Aragorn, roi de Gondor fait face avec son armée à une masse d’ennemis qui sont beaucoup plus nombreux qu’eux. Juste avant que le combat débute, il se promène devant ses troupes en leur débitant ce discours… Tenez vos positions, tenez-vos position! Fils du Gondor et du Rohan, mes frères! Je lis dans vos yeux la même peur qui pourrait saisir mon cœur. Un jour peut venir où le courage des hommes faillira, où nous abandonneront nos amis et briseront tous liens! Mais ce jour n’est pas arrivé! Ce sera l’heure des loups et des boucliers fracassés! Lorsque l’âge des hommes s’effondrera. Mais ce jour n’est pas arrivé! Aujourd’hui nous combattront! Pour tout ce qui vous est cher sur cette bonne terre, je vous ordonne de tenir, homme de l’Ouest!

J’éclatai de rire à la fin en même temps que tous les autres. Rose, Al et moi étions ceux qui riaient le plus fort, car on voyait l’air complètement effondré de James en avant plan, tandis que les autres avaient l’attention rivée sur moi malgré qu’ils riaient aussi.

Quand on retrouva tous notre souffle, Chelsea lâcha :

- En effet, je vois une très grande ressemblance!

- Mais… Comment, par Merlin, tu as pu voir ce film, James?! S’enquit son frère en le dévisageant.

Toute l’équipe se tourna en direction de James et ce dernier, pour l’une des rares fois de son existence, sembla horriblement gêné d’être le centre de l’attention. Il se gratta le dessus de la tête et avoua :

- Eh bien… C’était il y a six ans, on était allé chez le cousin à papa et le plus vieux de ses enfants l’avaient commencé. Tu étais malade cette journée-là, alors tu n’es pas venu. Et Lily a préféré jouer avec le plus jeune… Bref, c’est à ce moment-là que j’ai vu ce film, et un film tout court, pour la première fois. C’était extraordinaire. Depuis, j’ai voulu le revoir et j’ai trouvé le moyen de transformer un film moldu en un truc magique. Ça été plutôt compliqué, mais cet été quand on est retourné les voir, j’ai réussi à le faire. Enfin, papa l’a fait pour moi. Et bon, je l’ai regardé à nouveau hier avant de me coucher…

- C’est pour ça que je ne t’entendais pas ronfler, alors! Tu as fait en sorte qu’on n’entende rien! S’écria Samuel en riant. Hé! Mais tu aurais dû me le dire, j’aurais bien voulu le voir aussi!

- Je ne savais même pas que tu connaissais! Protesta James. Et je ne ronfle pas!

- Je ne sais pas si ça vous intéresse toujours, mais le match est sur le point de commencer, lâcha Rose avec calme.

Avec cette simple phrase, le calme retomba immédiatement dans la tente et chacun prit son air sérieux, déterminé. On attrapa tous mécaniquement nos balais et en se dirigeant vers la sortie je m’assurai d’avoir bien attaché mon sac à main à vision, ainsi que ma baguette.

Juste avant de sortir, James clama :

- Pour Gryffondor!

- Pour Gryffondor! Cria toute l’équipe à l’unisson, moi compris.

Suite à quoi, on franchit la porte et on se dirigea vers le centre du terrain de Quidditch où nous prîmes tous position. L’équipe de Serpentard en fit de même de l’autre côté du centre, Madame Bibine se trouvant au milieu.

- Et voilà les équipes qui prennent position! S’écria la voix enjouée de Phoebe Jordan, amplifiée par l’espèce de micro magique. Pour ceux qui auraient peut-être été assommé pendant toute l’année, je vous rappelle les noms des joueurs! Pour les Serpentards, on a d’abord le capitaine, Kai Montague au poste de Gardien, j’espère qu’il ne recevra pas un Cognard sur la tête, cette fois. (Je retins un rire en me souvenant de cet épisode qui s’était produit pendant l’un des premiers matchs de Serpentard de la saison) Ensuite, vient le trio infernal des Poursuiveurs avec Ruby Shepherd, la brune aux mèches rouges, vous croyez qu’elle les a trempé dans le sang de ses adversaires? Désolée, professeur! (Apparemment McGonagall venait de lui jeter un regard noir) Pour compléter le trio nous avons Victoria Pucey, alias Miss Blondinette platine, et puis Ashley Davidson qui est aussi une Miss Blondinette. En fait, les blonds sont nombreux dans cette équipe! Car nous avons ensuite les deux Batteurs, Keegan Griggs, ou La Brute, et Scorpius Malefoy, Mr Blondinet! Finalement, le dernier membre de leur équipe c’est Arya Eastwood qui joue au poste d’Attrapeur. Celle-là, elle est tellement froide

- Miss Jordan! Protesta McGonagall tandis que je pouvais voir en direct Arya faire une grimace en direction de Phoebe.

Ce qui était plutôt ironique, car les deux filles s’entendaient bien, si ma mémoire était bonne. Je n’avais pas beaucoup côtoyé Arya, sauf pendant les matches de Quidditch et les entraînements de duels. Dans ces derniers, j’avais pu constater qu’elle était effectivement une fille froide et hautaine, mais elle était aussi gracieuse. Toutefois, elle ne semblait pas prêter attention aux gens selon leur rang ou la « pureté » de leur sang, car elle envoyait balader quiconque essayait de la monter en estime ou de la rabaisser. Et même avec certains autres élèves. Ruby compris, il me semble, avait été défendu par Arya à un moment donné.

- Bien, maintenant que notre chère directrice m’a honteusement attaquée à coup de bâton, passons aux Gryffondors, poursuivit Phoebe et j’eus la furieuse envie d’éclater de rire, car je m’imaginais trop bien la réaction de McGonagall à cette annonce. Je plaisantais, professeur! Assura Phoebe. Donc, nous avons tout d’abord notre cher capitaine que toutes les personnes saines d’esprit apprécient et les imbéciles détestent, en d’autres mots James Potter! Le seul et unique qui joue au poste d’Attrapeur. Du côté des Poursuiveurs, nous avons celui qui ne doit pas vraiment apprécier son capitaine, mais que nous aimons quand même, c’est-à-dire Albus Potter! Pour les différencier je vais utiliser leur prénom, ainsi moins de complication! Pour compléter le trio nous avons la non moins connue Rose Weasley qui excelle partout où elle passe apparemment (Rose leva les yeux au ciel à cette annonce et j’eus un sourire en coin.) et après c’est Chelsea McLaggen que tout le monde adore, même si beaucoup d’entre nous souhaiterait que son frère n’étudie pas parmi nous. Bien, passons côté Batteur! Il s’agit de Samuel Crivey qui n’hésitera jamais avant de frapper un coup et d’Allison Lévesque une fille qui n’a pas froid aux yeux pour volontairement courir, ou voler, après les Cognards! Bonne chance pour ce match-ci, Allison! Pourvu que tu ne sois pas prise de vertige pendant le match! (Cette fois, ce fut à mon tour de froncer les sourcils et de lever les yeux au ciel tandis que ma meilleure amie m’adressait un sourire en coin) Et maintenant, le dernier joueur de l’équipe et non le moindre, Ethan Dubois! Notre magnifique Gardien qui arrêtera tous les buts, pas vrai, Ethan? Sinon, on va devoir avoir une petite discu…

- Ça suffit! S’écria McGonagall et je sentais l’exaspération. Je n’aurais jamais cru qu’il pourrait y avoir plus pénible que votre père et votre frère…

- Merci du compliment, professeur, dit humblement Phoebe et je devinais son sourire.

Tous les joueurs, quelques Serpentards comprit (notamment Scorpius, Ruby et Arya) eurent un sourire en entendant cette réplique de la part de la commentatrice. James lâcha :

- Qu’on me rappelle de remercier Phoebe quand le match sera terminé.

Je levai les yeux au ciel tout comme la moitié de l’équipe, en fait les seuls qui s’abstinrent fut le principal intéressé ainsi que Ethan et Samuel. Parfois, James me décourageait vraiment. Toutefois ce n’était plus le moment d’y penser, car si j’en croyais le regard de notre arbitre elle avait l’intention de faire débuter les choses rapidement.
Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Madame Bibine nous rappela qu’il était important de respecter les règles et de jouer de manière juste. Après quoi, elle invita les capitaines à se serrer la main. James s’avança avec un rictus tout comme le fit le capitaine des Serpentards, Montague. La poignée de main qu’ils échangèrent fut tout sauf sympathique, les deux essayant d’écraser les doigts de l’autre.

- Et voilà les capitaines qui se serrent la main! Qui aura les doigts morts après coup? Mystère, mystère! Reprit Phoebe avec enthousiasme. LE match va bientôt débuter… Le dernier match de la saison! Vous vous rendez compte? Le dernier match! Et en plus, les examens sont terminés! Le dernier match devrait toujours être après les examens, professeur! Qui veut montrer son enthousiasme à ce que le dernier match soit après les examens?! Lança-t-elle à la cantonade.

Tous les gradins crièrent un « OUI » tonitruant, rapidement imité par chaque joueur en bas, sans exception cette fois-ci. C’était vrai que l’idée d’avoir le dernier match maintenant était beaucoup plus enthousiasmant que de s’imaginer ce à quoi tout aurait ressemblé si les examens avaient dû suivre immédiatement après. Malgré tout, l’origine de ce déplacement n’était pas très joyeuse. Après tout, c’était à cause du match Serpentard contre Serdaigle. Le moment où avait eu lieu l’explosion. McGonagall avait décrété que tout était déplacé pour permettre aux équipes touchées de se remettre pleinement de l’attaque. Elle avait assuré que c’était soit ça, soit l’annulation de la Coupe de Quidditch. Ce qui avait été une possibilité inenvisageable pour tout le monde.

- C’est bien ce que je pensais! S’enthousiasma Phoebe.

Madame Bibine commença alors le décompte, puis au moment de dire « trois » elle souffla un coup sec dans son sifflet et lança le Souafle dans les airs en même temps. La seconde suivante, le Vif d’Or et les Cognards se mettaient en action eux aussi.

- Et c’est le lancer du Souafle! S’exclama la commentatrice avec exubérance. Et c’est Serpentard qui s’en empare grâce à la vivacité de Shepherd. Dans vos dents, les Sangs-Puriens!

- Pas de commentaire de ce genre pendant les matchs ou à l’extérieur, Miss Jordan! S’emporta McGonagall.

- Shepherd passe à Davidson qui réussit à attraper le Souafle avant qu’Albus ne puisse l’intercepter. Attention, Dubois, ils s’en viennent vers les buts dangereusement! Commenta Phoebe sans sembler prêter attention à la remarque de notre directrice.

Pendant qu’elle commentait, je prêtais attention aux boules noires furieuses qui volaient un peu partout. Certes, certes, il n’y en avait que deux, mais c’était un travail à temps plein. Tandis que je me lançais à la poursuite de l’un d’eux, je croisai Rose qui volait à vive allure en direction d’Ashley.

Quand j’eus rejoint le Cognard, je sus immédiatement dans quelle direction le lancer. J’attrapai alors ma batte à deux mains pour donner plus de puissance à mon coup et frappai à l’endroit précis que je voulais pour qu’il prenne la trajectoire exacte qu’il me fallait.

- Et voilà un coup mémorable! S’écria Phoebe avec excitation. Le Souafle vient de passer des mains de Davidson à Weasley. La première faisait apparemment une tentative de passer le Souafle à Pucey, mais Lévesque avait d’autres plans. C’était du grand art, par Merlin! Avoir autant de précision devrait presque être interdit! Avez-vous vu avec quelle précision elle a envoyé ce Cognard pile sur le Souafle avant qu’il n’atteigne Pucey? Le coup a été juste assez puissant pour que le Souafle retombe vers le sol et que le Cognard soit dévié vers Pucey qui a dû effectuer une Roulade de Paresseux pour ne pas le recevoir en pleine tête!

- Le match, Miss Jordan, le match! Arrêter de vanter la technique de Miss Lévesque! S’interposa à nouveau McGonagall sur un ton grondant.

- Mais… Enfin, le Souafle passe de Weasley à McLaggen, avant de revenir à Weasley, puis finalement Albus le récupèrent pour entrer dans la zone de but. Il lance et… Zut! Montague réussit à l’arrêter. Il le renvoit alors à Pucey qui…

Je ne m’intéressai plus à ce qu’elle disait pour me concentrer à nouveau sur les Cognards. Je réussis à en frapper un in extremis dans la direction opposée à sa trajectoire première, car James se trouvait pile au mauvais endroit. J’effectuai une grimace à l’intention de Scorpius et celui-ci me la renvoya. Dans le Quidditch, l’amitié n’existait pratiquement plus. Enfin, je ne crois pas qu’il l’aurait envoyé sur Rose ou Albus non plus. Moi, j’étais en mesure de me défendre, alors il ne se gênait pas. Quant à James… Eh bien, ce dernier lui avait rendu la vie assez difficile pour qu’il puisse vouloir rattraper le coup au Quidditch.

Je me concentrai à nouveau sur mes cibles et d’un commun accord avec Samuel Crivey, nous volâmes en direction de l’un des Cognards. Qui se trouvait pile au bon endroit pour déjouer l’Attaque de Faucons que nous faisaient les Poursuiveurs de Serpentards. Dès que l’on eut rattrapé le Cognard nous le frappâmes en même temps pour le renvoyer dans la direction de l’équipe adverse, qui par instinct de survie dut se diviser.

- Quelle merveilleuse Défense en Double Batte des Batteurs de Gryffondors! S’énerva la commentatrice. L’Attaque en Faucon des Poursuiveurs de Serpentards n’avait aucune chance face à ça. Voilà maintenant Albus qui effectue un Vol de Speelman, il semble avoir un sacré coup de pieds, car le Souafle vole du bras droit de Davidson pour se mettre à descendre quelques mètres plus loin. Au moins trois, certainement! Et c’est McLaggen qui récupère le Souafle! Oh, non! Shepherd vient de le récupérer alors que McLaggen tentait une passe à Weasley! Merlin, ça chauffe sur le terrain!

Je perdis de nouveau le fil des commentaires lorsque j’aperçus un Cognard foncer tout droit sur Albus, je parvins à le dévier de sa trajectoire pour le renvoyer vers son destinataire qui était Keegan Griggs. Je regrettai soudainement de ne pas l’avoir frappé plus fort. Je lançai un sourire à Al qui me le renvoya en continuant sur sa lancée.

Je me frappai la cuisse de frustration lorsque Phoebe s’exclama avec fureur :

- Et Serpentard marque! Dix points pour les Verts et Argent… DUBOIS, QU’EST-CE QUE J’AVAIS DIT?!

- Miss Jordan…

- Oui, professeur?

J’entendis un soupir amplifié et malgré le fait que Serpentard venait de prendre l’avantage je ne pus m’empêcher de sourire. Je fus par contre rapidement remise à l’ordre par le Cognard que Scorp m’envoya direct devant les yeux. Je le foudroyai du regard tandis que ce petit renard méchant me renvoyait un clin d’œil. Je frappai alors de toutes mes forces le Cognard en direction des Poursuiveurs de Serpentard qui tentaient de réfréner les nôtres.

Mon attaque porta ses fruits, car ils durent à nouveau se diviser tandis que Chelsea pénétrait dans les buts. Le hurlement de la foule m’apprit rapidement que nous avions marqué et je levai ma batte vers le ciel avec joie tandis que je continuais ma chasse au Cognard.

À peine quinze minutes plus tard, la foule était véritablement prise de délire, Rose et Al avaient eux aussi marqués un but de manière consécutive en empêchant du même coup les Poursuiveurs de Serpentard de marquer ou d’essayer de marquer. Pour ma part je continuais de virevolter sur mon balai pour empêcher les Cognards de mettre la confusion parmi nos Poursuiveurs et aussi avec James. Malheureusement ça ne fonctionna pas à tous les coups et à plusieurs reprises le Souafle leur échappa et les Serpentard la reprirent. Ce qui fit en sorte qu’ils marquent à leur tour trois buts à la suite.

Nous répliquâmes avec tout autant de colère, ce qui fit en sorte que nous soyons de nouveau à égalité, soit quarante points chacun. Le match était très serré et aucune des deux équipes n’avaient l’intention de flancher devant l’autre.

- Je n’ai jamais assisté à pareil match! Hurla Phoebe avec un débordement d’enthousiasme une heure plus tard. La tension entre les Gryffondors, vive les Lions, et les Serpentards, à bas les Serpents, semblent être à son plus haut niveau!

- Miss Jordan, au prochain commentaire désobligeant de votre part et je devrai prendre le relais, ou demander à un incompétent de vous remplacer… grommela la directrice.

- Merci professeur, je ne savais pas que vous me trouviez compétente! Lâcha Phoebe avec étonnement. Maintenant, pour en revenir à ce que je disais, je n’ai jamais vu la tension entre les deux équipes être aussi grande! Reprit-elle avec toujours autant d’enthousiasme. Les deux équipes en sont à cent points chacune! Chaque fois qu’une équipe prend l’avantage, l’autre supprime la différence en se positionnant à égalité! Apparemment, même les amitiés de longue date en pâti, car Lévesque et Malefoy s’échangent le Cognard à grand coup de batte rageur! Du côté des Poursuiveurs, c’est Weasley qui a le Souafle et elle est suivie de très près par Shepherd qui semble avoir la ferme intention de le lui voler. Et… Oh, Merlin! Cette passe de Weasley! Apparemment Shepherd n’avait pas aperçu Albus qui passait juste sous Weasley et… Hop! Elle a laissé tomber le Souafle que son cousin n’avait plus qu’à attraper! C’était un coup de maître! Et voilà Albus qui se dirige à toute vitesse vers les buts, secondé par McLaggen à sa droite et Weasley, qui vient juste d’arriver, à sa gauche. Et c’est le retour de l’Attaque de Faucon! Crivey fait dévier un Cognard qui fonçait vers le trio et les voilà arriver au but… Qui a le Souafle? Ils se séparent et… et c’est McLaggen qui rentre dans les buts! Elle tire et… BUUUUT! Dix nouveaux points pour Gryffondor!

Je laissai sortir une exclamation de joie et sourit de manière arrogante à Scorpius qui leva les yeux au ciel. Il était vrai que nous nous étions envoyés rageusement les Cognards l’un sur l’autre, mais à chaque fois que l’on jouait contre, nous le faisions, alors… C’était plus une plaisanterie entre nous qu’autre chose.

Peu de temps après, Albus subtilisa de nouveau le Souafle à Ruby et le passa rapidement à Rose qui le suivait de près. Ils amorcèrent alors un virage serré pour se diriger vers les buts des Serpentards. Sur le chemin menant aux buts, Rose passa le Souafle à Chelsea qui, une fois arrivé au but, le lança à Albus qui marqua.

Nous avions maintenant vingt points d’avance et…

- Eastwood et James semblent avoir aperçu le Vif d’Or! S’écria soudain notre commentatrice préférée. Ils piquent vers le sol à une vitesse ahurissante, mais je n’arrive pas à voir s’il s’agit d’une manœuvre de l’un des deux ou si c’est véritablement le Vif d’Or… Si Gryffondor attrape le Vif d’Or ils ont une victoire assurée, tandis que le contraire entraînerait une défaite cuisante. Allez, Potter! Enfin, euh… James! Ah, oui, désolée, professeur. Que le meilleur Attrapeur réussisse! Se reprit Phoebe rapidement.

Malgré mon envie de m’arrêter pour regarder le duel entre Arya et James, je n’en avais pas la possibilité. Les Cognards n’arrêteraient pas de bouger pour autant et en plus, il fallait que j’empêche les Poursuiveurs de Serpentard de marquer un but de dernière…

- JAMES POTTER A ATTRAPÉ LE VIF D’OR! GRYFF… QUOI? NOOOOON! SERPENTARD A MARQUÉ…?! MAIS GRYFFONDOR GAGNE QUAND MÊME! C’EST DEUX-CENT-SOIXANTE-DIX POINTS À CENT-DIX POUR LES LIONS! HOURRAAAAA! Hurla Phoebe avec frénésie.

Alors même que le coup de sifflet retentissait, je m’arrêtai en plein vol pour crier victoire, en même temps que tous les autres joueurs de l’équipe. Nous venions de remporter la Coupe de Quidditch! Certes, de dix points seulement, car les Serpentards avaient eu une marge d’avance sur nous, mais…

Je m’apprêtais à descendre pour rejoindre l’équipe qui se trouvait déjà au sol, mais je n’en eus pas la possibilité, car à ce moment précis un Cognard me frappa de plein fouet sur l’épaule. J’entendis un craquement lors du choc, puis la douleur fut si vive que je perdis connaissance l’espace d’une seconde. Je revins à moi au son de :

- OH MERDE! LÉVESQUE EST EN CHUTE LIBRE! S’écriait Phoebe d’un ton effrayé.

Je réussis par je ne sais quel miracle à rattraper mon balai qui m’avait suivi dans ma chute. Mais la douleur fut si intense que je craignis de reperdre connaissance en plein vol. Je parvins toutefois à me remettre difficilement sur mon balai et à trois mètres d’une rencontre brutale avec le sol, je redressai le manche de mon balai pour reprendre un peu d’altitude avant de redescendre à une vitesse plus acceptable.

Dès que mes pieds touchèrent le sol, je perdis l’équilibre et m’effondrai par terre la main droite sur mon épaule gauche. Pendant ma chute j’avais dû lâcher ma batte, car je ne l’avais pas sur moi.

- ALLI! Hurla à la fois Rose, Albus et Scorpius en s’élançant dans ma direction.

Tous les autres joueurs de mon équipe ainsi que Ruby les suivirent rapidement. Quand ils m’eurent tous rejoint, j’étais toujours à genoux par terre et je grommelai :

- Voyez-vous, il semblerait que je ne puisse pas faire un seul match de Quidditch sans me prendre un Cognard quelque part…

- Ce n’est pas le moment de plaisanter avec ça, Allison, gronda James. J’ai l’impression que ton épaule est déplacée, voire fracturée…

- Et c’est reparti pour l’infirmerie, bougonnai-je.

- Arrête de faire le bébé, Alli, me sermonna Rose. Allez, viens, lève-toi…

Elle s’accroupit à mes côtés avant de passer mon bras droit autour de ses épaules pour m’aider à me relever. Comme j’étais plutôt faible, pour faire changement, elle me garda dans cette position pendant que nous nous rendions à l’infirmerie à pied. En chemin, on fut rejoint par plusieurs Gryffondors parmi lesquels Lily et Hugo, ainsi que Teena et Malia.

À mon grand étonnement l’équipe entière de Quidditch des Gryffondors nous avait suivi jusqu’à l’infirmerie. Lorsque nous entrâmes j’eus la surprise de voir Parkinson parfaitement réveillé et en me voyant apparaître ainsi, une lueur d’inquiétude traversa ses yeux avant qu’il ne constate comment j’étais habillée. Il lâcha alors en plissant les yeux :

- Dis-moi que vous avez perdu et le match, et la Coupe…

- Non, on a gagné les deux, dis-je d’une voix à la fois amusée et pleine de douleur.

Mon frère poussa un soupir et je lâchai, sans tenir compte de tous ceux autour derrière moi :

- J’avais l’intention de venir te voir de mon plein gré. Et pas à cause d’une blessure qui m’obligeait à venir à l’infirmerie.

- Miss Lévesque! Pas encore! Vous vous jetez volontairement devant les Cognards, ou quoi?! S’écria Madame Pomfresh, consternée.

- Non, je crois qu’ils m’aiment seulement un peu trop, marmonnai-je.

L’infirmière prit le relais de Rose à ce moment-là et me conduisit jusqu’au lit voisin à celui de Parkinson. Là elle m’y allongea sans tenir compte de mon grognement de douleur et demanda à sa collègue, Hannah Londubat de bien vouloir lui apporter l’une de ses potions de soins. Youpi… Encore ces trucs infects… Une chance que c’était efficace!

- Voulez-vous bien tous sortir! Je n’accepte pas plus de trois visiteurs par patients!

Rose, Albus et Scorpius s’empressèrent de faire sortir tout le monde, mais Teena et Malia ne bougèrent pas d’un poil.

- J’ai dit… commença Madame Pomfresh, mais elle se fit interrompre par Malia.

- On vient voir Alex, nous. Alli est juste à côté, ce n’est pas de notre faute.

Bien joué, Mal! Pensai-je avec un sourire. L’infirmière poussa un soupir, mais déjà Hannah revenait avec la potion, alors elle se contenta de hocher de la tête et laissa tous mes amis s’approcher.

Hannah était très gentille autant, voire plus, que le professeur Londubat qui était son mari. De ce que j’avais cru comprendre en la croisant quelques fois, Hannah secondait Madame Pomfresh, car il fallait bien se l’avouer, celle-ci n’était plus très jeune. Cela dit, je ne l’avais pas souvent aperçue.

Elle me tendit avec un sourire mon breuvage à l’air infect et si ce n’était que la douleur à mon épaule était intenable, j’aurais sans doute rechigné à prendre ce truc…

- Buvez-le d’un coup, Miss Lévesque, me conseilla-t-elle tandis que Madame Pomfresh se tenait du côté de mon épaule douloureuse.

- Qu’est-ce que c’est? Demandai-je en fronçant les sourcils.

- Un antidouleur, Miss Lévesque, m’informa l’infirmière en chef. Votre épaule a subi un dommage pour le moins inhabituel. Elle s’est à la fois déplacée et brisée. Donc, avant de prendre la potion de soin, vous devrez prendre cet antidouleur pour que l’on puisse replacer votre épaule. Ensuite, vous devrez attendre une heure avant d’avoir la possibilité de boire la seconde potion, car il me faudra la préparer. Avec chance elle ne prend pas plusieurs jours à faire ni plusieurs heures… Et puis, vous auriez tout de même dû attendre, car il vaut mieux ne pas donner deux potions dans la même heure…

- C’est bon à savoir, grinçai-je avant de vider mon verre cul sec.

Elle m’informa dès que j’eus avalé la dernière goutte qu’elle reviendrait dans une dizaine de minutes pour me replacer l’épaule, car il fallait attendre que ça agisse. Hannah, quant à elle, sortit de l’infirmerie sous la demande de Madame Pomfresh, apparemment elle allait avoir besoin de certains ingrédients que le professeur Johnson possédait. Ce qui était logique étant donné qu’il était professeur de Potions.

En attendant, je me tournai vers mon frère pour lui demander :

- Comment tu te sens?

- Ce n’est pas plutôt moi qui devrais te le demander? Fit-il remarquer en arquant un sourcil.

Je le foudroyai du regard et un sourire moqueur que je reconnus aussitôt étira ses lèvres. Par Merlin et Morgane! Nous avions le même foutu sourire…

- Sinon, je vais aussi bien que possible. Je me doutais bien que Theo allait un jour ou l’autre utiliser ce sort contre moi…

- Parkinson, s’exclama soudain Rose avec un ton profondément sérieux.

- Euh… Oui? Lâcha mon frère, surpris.

- Merci. Merci pour… pour tout, continua ma meilleure amie en baissant les yeux.

- Je ne pouvais pas faire autrement, déclara-t-il. C’est la première fois que… que j’ai ce qui se rapproche le plus d’une… d’une famille…

Ses yeux se détournèrent l’espace d’un instant et je compris sans l’ombre d’un doute que chez lui, ça n’avait vraiment pas été facile. Je pouvais dire ce que je voulais, mais ma vie avait été très joyeuse jusqu’à cette année. Ma mère m’aimait et n’avait jamais essayé de m’imposer quoi que ce soit de manière intentionnelle. Elle n’avait pas cherché à faire de moi quelqu’un que je n’étais pas… Parkinson, mon frère… Il n’avait pas eu cette chance. Et alors que lui faisait des efforts pour changer, pour m’aider… Moi je le rejetais presque.

Mon cœur se serra. Il s’était pris un sort presque mortel en essayant de protéger l’une de mes amies. Et en plus de tout ça, il ne la connaissait pas vraiment. Après tout, ça n’avait pas été Malia dans la position de Rose. Là, ça aurait très naturel de sa part. Mais non, c’était Rose, ma meilleure amie et quelqu’un qui avait appris à le détester en même temps que moi, et qui ne pardonnait pas facilement non plus. Tout comme moi.

- Un jour on arrivera peut-être à quelque chose, dis-je en essayant de rigoler. Mais j’ai une proposition à te faire…

- Quoi? s’étonna Parkinson en me dévisageant.

- Si je survis à ce qui m’attend… Je te promets que nous irons faire un tour dans le passé. Pour que tu puisses rencontrer nos parents.

- Tu vas survivre, Allison! Gronda-t-il sur un ton particulièrement sec. C’est vrai quoi?! Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi borné. À part moi, peut-être. Tu m’as toujours tenu tête…

- C’est fou, mais quand je repense à certaine de nos fabuleuses rencontre en tête à tête, ça ressemble presque à des disputes entre frère et sœur… à un ou deux détails près…

Il hocha de la tête avec un petit sourire et à ce moment Madame Pomfresh revint auprès de moi. Avant de me toucher, elle se tourna vers mes amis pour leur dire :

- Maintenant, tout le monde dehors. Tout. Le. Monde. Revenez plus tard ce soir, Miss Lévesque devrait être rétablie à ce moment-là…

Malia alla embrasser mon frère ce qui me parut si étrange que je restai là, à les dévisager pendant tout le temps que mon amie prit pour lui dire au revoir. Elle me semblait un peu pâle et je me rappelai brusquement que la Pleine Lune tombait cette semaine. Au moins ce n’était pas pendant le solstice…

Teena me tapota la jambe avant d’entraîner Malia avec elle. Rose me serra la main avec un petit sourire et promit de revenir ce soir, même si James risquait d’avoir préparé l’une de ses fêtes du tonnerre dont il avait le secret. Scorpius me dit avec un air hautain :

- Moi, je vais voir si j’ai envie de venir te voir ce soir. Je vais peut-être être en train de déprimer dans ma Salle Commune avec Joshua, Ruby, Amy et Kieran.

Je levai les yeux au ciel et il s’éloigna en m’adressant un clin d’œil. Il attrapa la main de Rose qui l’attendait près de la porte et ils sortirent à l’extérieur ensemble sans se retourner. Albus s’approcha à ce moment, me prit doucement la main pour la presser dans sa paume avec délicatesse. Il pencha son visage vers le mien et m’embrassa tendrement d’abord sur la bouche, ensuite sur le front. Il m’adressa un sourire et tandis qu’il venait pour s’éloigner, Parkinson lança :

- Hey! Potter!

Al se retourna vers celui qui l’interpellait avec un regard interloqué. D’ailleurs, je dévisageais moi aussi mon frère avec incompréhension.

- Quoi, Parkinson? S’enquit Albus, les sourcils froncés.

- Je te préviens, tu fais un autre faux pas avec ma sœur et tu auras affaire à moi, le menaça avec un ton diablement sérieux Parkinson.

Mon petit-ami ouvrit des yeux si grands que j’en aurais éclaté de rire, si je n’étais pas resté stupéfaite par le fait que Parkinson m’avait appelé « ma sœur ». Et il semblait vraiment le penser. Rose avait certes affirmé qu’il l’avait dit, mais ce n’était pas la même chose que de l’entendre de ses propres oreilles.

- Attends, mais c’est une tradition de famille de me menacer, ou quoi?! protesta Al avec véhémence.

Il n’eut toutefois pas l’opportunité de parler davantage, car Madame Pomfresh semblait trouver que cela avait assez duré et le poussa dehors sans ménagement.

Pendant qu’Albus se faisait jeter dehors, je me tournai vers mon frère en disant :

- Tu joues au grand frère protecteur, maintenant?

- J’ai seize ans à rattraper, non? Répliqua-t-il ce qui me laissa muette.

Du moins, seulement pendant quelques instants, car je finis par lâcher :

- Peut-être plus douze ou treize, car je te vois mal essayer de me défendre en étant encore un bébé d’un an…

Il eut un petit sourire amusé en même temps que moi. Je le perdis par contre plus vite que lui, car Madame Pomfresh revenait et l’air qu’elle avait sur le visage ne m’inspirait pas du tout confiance. Elle me semblait sur le point de faire un truc horrible… Genre douloureux. Du genre du par-merlin-je-ne-veux-pas-vivre-ça.

Je m’attendais à ce qu’elle me dise quelque chose, n’importe quoi. Qu’elle m’explique peut-être ce qu’elle allait faire. Mais non. Elle se contenta de m’agripper l’épaule d’une main et le poignet de l’autre. Qu’elle tira sauvagement. J’entendis de nouveau l’os se déplacer et la douleur m’engourdit les sens pendant un moment. Une chance qu’elle m’avait donné un antidouleur, par Merlin!

J’avais maintenant l’impression que l’on avait déposé une colonie de fourmi sur mon épaule. Ce qui, comme sensation, n’était pas franchement agréable. Et je passai l’heure suivante avec cette horrible sensation dans l’épaule. Au moins la douleur s’était estompée. Pendant que j’attendais en voyant Madame Pomfresh et Hannah se démener, Parkinson me demanda :

- Si… si tu n’y vois pas d’inconvénient… Tu voudrais bien me parler un peu de nos parents? J’aimerais bien savoir certaines choses sur eux…

- Bien sûr, soufflai-je en sentant ma gorge se nouer.

C’était douloureux de parler d’eux. D’autant plus que récemment j’avais vu notre père mourir. Toutefois, il avait le droit de savoir. De connaître des choses sur eux. D’autant plus que je ne serais peut-être plus là bientôt…

Donc, pendant cette heure d’attente, je m’occupai de lui raconter le peu de chose sur notre père que je connaissais avant de lui narrer l’aventure qu’ils avaient eu lors du bal du Tournoi des Trois Sorciers. Après quoi je lui parlai de notre mère longuement et lui présentai quelques souvenirs que j’avais sur mon collier. Il ne m’interrompit pas un seul instant, se contentant de me regarder pensivement.

Quand Madame Pomfresh revint avec ma potion, il se contenta de me dire :

- Merci.

Puis il se retourna de l’autre côté, songeant sans doute à ce que je venais de lui apprendre. Je n’étais pas certaine qu’il ait apprécié tout ce que j’avais dit pour une seule raison. Il devait se sentir encore plus isolé. Après tout, toute sa vie jusqu’à tout récemment il avait agi contraire à ce que nos parents faisaient ou auraient fait. Il devait croire que nos parents ne seraient pas fiers de lui. Peut-être même se disait-il qu’il n’était pas digne d’eux, voire que qu’il ne méritait pas de faire partie de notre famille? D’accord, oui, je ne l’appréciais pas encore autant que je le devrais, mais il restait mon frère. Et j’avais appris plus de choses à son propos ces derniers mois que pendant toute ma scolarité à Poudlard.

- Ça risque de faire mal, me prévint Madame Pomfresh.

- Parce que jusqu’ici je n’ai rien eu qui ne m’a fait mal? Rétorquai-je.

Elle m’adressa un regard mauvais avant de continuer sur un ton sec et avec les lèvres pincées :

- Vous perdrez sans doute connaissance après l’ingestion, mais votre sommeil ne sera pas très agréable.

Elle me tendit sur ces mots le gobelet de la potion. Comme mon frère me tournait toujours le dos, j’élevai la voix pour lui dire :

- Tu sais, Alexander… Nos parents savaient ce qu’ils faisaient en t’envoyant en adoption. Ils l’ont fait pour t’éviter de mourir. Et ils savaient très bien que tu ne serais pas facile avec moi, ça le disait dans la prophétie.

Il se retourna vers moi avec un air stupéfié, mais avant qu’il n’ait pu dire quoi que ce soit, j’avais ingurgité le contenu de mon gobelet et je sombrais déjà dans un sommeil horriblement douloureux. J’avais l’impression que tout mon corps se tordait dans tous les sens, alors que pourtant la douleur n’était que dans mon épaule.

Je ne me réveillai tout compte fait que le lendemain en milieu de journée ce qui voulait dire que j’avais honteusement manqué la soirée de James. Quoique, dans un sens, ça ne me dérangeait pas plus que ça, car ça avait dû être un véritable enfer compte tenu que les cours étaient terminés…

En me voyant réveillée, Hannah s’approcha doucement de mon lit et me prit la main avec la même attention. Elle me demanda d’un ton bas :

- Est-ce que ça va mieux?

- Mon épaule est un peu endoloris, mais… Je ne ressens plus aucune douleur, affirmai-je en remuant légèrement mon épaule gauche avec précaution.

- Il vaudrait mieux éviter de trop l’utiliser pour les prochains jours. Disons deux, me dit-elle avec un sourire. Comme le Quidditch est terminé, je crois que vous n’aurez aucun mal à respecter cette consigne, n’est-ce pas, Miss Lévesque?

Je hochai tranquillement de la tête et d’un signe de la main elle me fit signe que je pouvais sortir. Je m’empressai de me lever de mon lit, j’avais plutôt hâte d’enfiler d’autres vêtements que ma tenue de Quidditch. Et de me doucher, pour le coup. Sans trop forcer non plus, je courus dans les couloirs (malgré que techniquement ce ne fût pas permis) pour rejoindre ma Salle Commune.

Je ne m’attendais pas au chaos qui s’y trouvait. Un peu partout il y avait des Poufsouffles et des Serdaigles endormis à côté de verre vide. Les meubles étaient tous complètement déplacés de leur position habituelle. Je dus faire un effort particulier pour éviter des assiettes de nourriture à moitié vidées qui ne sentaient pas la rose.

Quand j’atteignis finalement mon dortoir, ce fut pour retrouver Rose, Malia et Teena affalées sur le même lit. En soit, ce n’était rien d’étonnant. Ce qui était bizarre, par contre, c’était le fait qu’elles étaient toutes seulement à moitié en pyjama avec comme autre partie leur uniforme. C’était franchement bizarre comme mélange.

Ne désirant pas les tirer de leur profond sommeil, j’allai m’enfermer dans la salle de bain en entraînant des vêtements propres avec moi. Spock tenta de me suivre, mais je réussi à le convaincre de plutôt rester de son côté avec Nuage.
Lorsque je ressortis de la salle de bain, les cheveux humides, Rose était assise sur son lit, le sien, réveillée.

- Bon retour parmi les vivants, lui dis-je moqueusement.

- Très drôle, Alli, grommela-t-elle. Mais c’est surtout moi qui devrais te le dire, quand on est passé, hier soir, tu dormais encore. James était déçu que tu ne sois pas là pour faire la fête.

- C’est la vie, que veux-tu, soufflai-je en haussant les épaules. Mais de ce que j’ai pu en voir, la fête a plutôt dégénérée… Alors je ne suis pas trop déçue, ajoutai-je en souriant.

- Malgré que toutes les Maisons s’entendent mieux avec les Serpentards depuis dix-neuf ans, il y a encore une rancœur tenace contre eux. Alors que ce soit nous qui avons gagné la Coupe plutôt qu’eux a autant enthousiasmé les autres Maisons que la nôtre… soupira Rose. Et j’avoue que quand ils ont commencé à faire des karaokés avec gage je suis remontée avec Teena et Malia.

- Et Al? Il a fait quoi?

- James ne l’a pas lâché, alors il n’a pas eu le choix de rester. Et je crois que la dernière chose que je l’ai vu faire, c’est un karaoké la tête en bas. Tu sais, avec un Levicorpus. Mais certain, comme James, ont eu pire. Enfin, selon le point de vue. James a dû en faire un torse nu debout sur une chaise qui lévitait. Je crois qu’il a manqué se casser la gueule quand la personne le faisant léviter, et qui avait un peu trop bu, a fait un mouvement un peu trop brusque.

J’éclatai de rire. D’accord, oui, ils n’avaient pas été des plus responsables, mais j’aurais donné n’importe quoi, ou presque, pour voir James se prendre une chute monumentale.

- Scorp n’était pas là? m’enquis-je après que mon rire se soit estompé.

- Non, il a dit qu’il devait soutenir sa Maison et broyer du noir avec Ruby et les autres, lâcha ma meilleure amie avec un sourire amusé.

- Typique, dis-je en souriant aussi.

Elle hocha de la tête avec un sourire encore plus grand. Je jetai un coup d’œil du côté de nos deux amies toujours profondément endormie. J’avais l’intention de rassembler tout le monde à la Salle sur Demande pour leur parler de quelque chose d’important. En bref, les préparer pour ce qui allait arriver dans une semaine. Je ne savais pas ce que serait l’élément déclencheur des évènements, mais avoir un plan ne ferait pas de mal. Et encore moins d’avoir une certaine préparation. D’autant plus que je savais pertinemment qu’à moins de tous les attacher quelque part, ils viendraient tous avec moi. Mais avant tout, il me fallait discuter avec Ruby. Et je préférais le faire seule à seule avec elle. Ou à la rigueur avec seulement Scorp comme témoin.

Je reposai mon regard sur ma meilleure amie et lui demandai :

- Tu crois que tu pourrais t’arranger pour réunir tout le monde à la Salle sur Demande dans... disons… deux heures? J’ai des choses à dire et à proposer.

- Quand tu dis tout le monde, tu penses à qui exactement? S’enquit-elle.

- Je dirais… James, Al, Teena, Malia, Scorpius, Joshua, Parkinson et peut-être Liam et Dylan. Pour Scorp, c’est possible qu’il soit déjà avec moi. J’ai besoin de parler avec Ruby…

- D’accord… Je vais tous les trouver et les ramener dans deux heures à la Salle sur Demande. Tu es sûre que tu ne veux pas que je vienne avec toi pour Ruby?

- Certaine. Je crois que c’est surtout entre elle et moi que ça doit se passer.

Ma meilleure amie hocha de la tête et me fit signe avec un sourire que je pouvais y aller. Je la remerciai d’un regard et ramassai quelques petites choses avant de m’éclipser avec Spock sur les talons.

Tout en sortant de ma Salle Commune, j’entrepris de sortir ma Carte des Marcheurs d’Ombre. Je repérai rapidement le nom de Scorpius et celui de Ruby. Apparemment, ils étaient tous les deux dans leur dortoir respectif. Mais si je me fiais au va et vient de la dernière, elle était réveillée et faisait les cent pas. Pendant une seconde je me demandai si elle songeait au match de la veille… ou à autre chose. J’oubliai pourtant rapidement mon questionnement pour aborder la question plus importante. Je posai rapidement ma baguette sur le parchemin et apparut rapidement :

Icyeyes : Hey, Scorp… tu es réveillé? Si oui, réponds. S’il-te-plaît.

Il me fallut attendre presque dix minutes, le temps d’atteindre les escaliers menant au sous-sol, avant d’obtenir une réponse de sa part.

Darkhaze : Je ne l’étais pas, mais j’ai oublié de me mettre en pyjama hier… Et ma Carte était dans ma poche. Tu veux quoi?
Icyeyes : Tu pourrais attirer Ruby dehors? Il faut que je lui parle de tu-sais-quoi. Et… J’arrive dans dix minutes normalement. En fait, probablement moins.
Darkhaze : Je me change et je m’arrange pour la faire sortir, pas de problème. Je peux venir?
Icyeyes : D’accord, mais seulement toi.

Suite à quoi je refermai la Carte avant d’avoir une réponse. De toute manière, j’avais l’impression qu’il ne prendrait pas la peine de me répondre puisqu’il n’y avait rien d’autre à ajouter. J’accélérai le pas tout en rangeant soigneusement la Carte dans mon sac à main. Ça faisait franchement bizarre de le traîner autant partout, certes j’y étais habituée maintenant, mais il restait un peu trop chic pour passer incognito.

À peine arrivais-je devant l’entrée de la Salle Commune des Serpentards que celle-ci s’ouvrait devant moi pour dévoiler un Scorp aux cheveux blonds ébouriffés et à l’air ensommeillé. Au lieu d’une salutation habituelle, je lâchai :

- Tu avais l’air plus réveillé par écrit.

- Ça donne souvent cette impression, marmonna-t-il en me faisant entrer.

Un petit sourire moqueur étira ensuite ses lèvres et il ajouta :

- Je me suis rappelé un peu brutalement que je ne pouvais pas entrer dans le dortoir des filles. Alors j’ai trouvé préférable de te faire entrer toi.

Je hochai de la tête en souriant avec amusement, j’avais l’impression qu’il avait payé assez cher sa petite entreprise. Tandis que je pénétrais plus dans la Salle Commune, la porte se referma dans mon dos et je m’étonnai :

- Comment ça se fait que tu te sois levée aussi tard alors que tu n’as pas fait la fête de la nuit?

Il s’empourpra légèrement et en se passant une main dans la nuque il répondit :

- Eh bien… je suis allé à votre petite fête, en fait. Mais Rose était déjà partie. Et en voyant Al aussi dingue, je me suis dit que j’allais rester et en profiter aussi.

En voyant mon regard courroucé, il s’exclama :

- Et non! Je n’étais pas seul. Joshua, Kieran, Amy et Ruby sont venus aussi. Même s’il a fallu traîner Ruby de force, car elle n’avait pas du tout envie de voir James. J’aimerais vraiment savoir pourquoi elle lui en veut autant, tu sais, excepter sa rancune concernant un certain évènement.

- Joshua et moi on a parié sur un truc.

- Ah bon? s’étonna Scorp en me dévisageant.

- Il croit qu’il y a autre chose que de la fureur du côté de Ruby, concernant James. J’ai parié trois chocogrenouilles qu’il avait tort.

Le regard de Scorp s’illumina d’une lueur malicieuse et il s’esclaffa :

- Par Merlin! Si Josh a raison… Ça va être tout bonnement… Merlin, je trouve pas les mots.

Je levai les yeux au ciel en marmonnant :

- Et moi qui croyais que c’était surtout une affaire de fille de faire des suppositions sur ce genre de chose?

Scorp déposa sa main sur mon épaule qui n’avait pas été frappé et souffla avec moquerie :

- Alli, on est à Poudlard. Et toutes les sortes de pari ou de ragots sont intéressantes. Autant pour nous les mecs, que pour vous les filles. En plus, pourquoi est-ce que ce sujet devrait être exclusivement féminin?

Je restai interloquée pendant une seconde, mais mon meilleur ami me poussa dans le dos pour me forcer à continuer à avancer. Ensuite, sa poussée fut un peu plus intense quand il me força à prendre le chemin menant aux dortoirs des filles.
Tout en poursuivant mon chemin seule, je secouai lentement la tête, toujours décontenancée. Arrivée devant la porte du dortoir de Ruby, je frappai deux petits coups et attendis patiemment.

À peine trois secondes plus tard, elle s’ouvrit sur celle que j’attendais.

- Allison? Qu’est-ce que tu fais ici?

- Il faut qu’on parle. Mais pas ici.

- Euh… d’accord?

- Prends ta baguette, lui conseillai-je alors qu’elle s’apprêtait à sortir immédiatement.

Elle haussa des épaules et se retourna pour aller prendre sa baguette qui se trouvait sur sa table de chevet. Dès qu’elle m’eut rejointe, je nous fis retourner dans la Salle Commune et accompagné de Scorp nous sortîmes dans les couloirs.
Tandis que nous arrivions au premier étage, Ruby me demanda :

- Tu veux me parler de quoi?

- Pas ici. On va aller à un endroit tranquille où personne risque de nous déranger, répondis-je rapidement.

Elle fronça les sourcils, mais dans un nouveau haussement d’épaule elle continua à nous suivre, Scorpius et moi. À chaque pas supplémentaire nous rapprochant de la Salle sur Demande, j’avais l’impression que mon estomac se nouait un peu plus. J’avais peur de deux choses bien différentes. La première étant d’avoir malheureusement raison et qu’elle soit une traîtresse. L’autre qu’en l’accusant de l’être à tort, elle ne veuille plus jamais m’adresser la parole. Les deux scénarios étant tellement aussi probable l’un que l’autre que j’étais complètement déchirée.

Quand nous arrivâmes finalement au septième étage, je ne tardai pas à faire en sorte que la porte de la Salle apparaisse. Scorp et moi on invita Ruby à nous suivre et une fois à l’intérieur elle s’écria :

- Bon, c’est quoi que vous voulez, au juste?!

Je décidai d’être tout aussi direct qu’elle et de ne pas y aller de main morte. Après tout, en étant direct, sans tourner autour du pot, je risquais de la prendre par surprise et comme ça je pourrais savoir sans détour si je pouvais ou non lui faire confiance.

- Quel genre de liens entretiens-tu avec Berkeley? M’enquis-je en la regardant droit dans les yeux.

Elle ouvrit grand la bouche, les yeux écartelés par le choc. L’émotion que je voyais dans ses yeux fut tout d’abord de l’horreur, puis ensuite une immense douleur. Comme si ce que je lui avais dit la mettait dans tous ses états. Complètement blême elle lâcha d’une toute petite voix que je ne lui connaissais pas :

- Je… Pourquoi tu me demande ça?

- Répond à ma question et je te dirai pourquoi, grondai-je en croisant les bras, sans trop m’émouvoir de son état de faiblesse.

Enfin, je donnais l’impression que je n’étais pas émue, ou touchée. Intérieurement c’était une autre histoire. Je sentais fondre toute ma détermination en la voyant dans un état aussi pitoyable et… vulnérable.
Devant mon ton revêche, Ruby sembla se fragiliser encore plus l’espace d’un instant. Puis d’un coup son air se durcie et elle s’exclama, rageuse:

- Je ne le connais pas! Du tout!

Elle semblait sincère, mais il fallait que j’en aie le cœur net. Scorp aussi semblait ne pas savoir sur quel pied danser. C’était écœurant d’en arriver là. D’en arriver au point où on devait même soupçonné nos propres amis. Ceux en qui on croyait pouvoir avoir confiance. Je ne dirais pas une confiance absolue, car il n’y avait que quelques personnes qui avaient ma confiance et ma loyauté absolue. Et c’était Rose, Al et Scorp. Je n’en étais pas moins fidèle aux autres, ni ne leur faisais pas confiance, mais il y avait une limite.

- Pourquoi tu me demande ça? Tu ne me fais pas confiance? Je croyais qu’on était amie! S’écria-t-elle avec une grande douleur dans la voix qui me fit mal à moi aussi.

- Je le croyais aussi, dis-je en sentant une boule se former dans mes yeux. Jusqu’à ce que Parkinson me dise qu’il y avait deux filles de mon année qui travaillait pour Parkinson. Et ça, c’est seulement ce qu’il sait. Je sais que Rebecca est l’une des deux… Mais l’autre…

- Tu crois que c’est moi? S’offusqua-t-elle et des larmes lui emplirent les yeux.

La culpabilité me noua à nouveau la gorge et je fus très reconnaissante envers mon meilleur ami lorsqu’il avoua :

- J’avoue y avoir cru aussi, Ruby… Je t’ai demandé pourquoi soudainement tu t’étais rapprochée autant d’Alli et… tu ne m’as pas répondu l’entière vérité, je crois. Je suis plutôt doué pour reconnaître des mensonges. Ou des demi-vérités.

La réponse de Scorp sembla ébranlée encore plus Ruby, car elle s’effondra par terre, les mains dans les cheveux. En voyant ses épaules tressauter je compris qu’elle pleurait et c’est avec des sanglots entrecoupés qu’elle lâcha :

- Je… c’est… Ça commencé quand ta mère est… est morte, Allison. Je me suis souvenue de la douleur que c’était de… de… de perdre sa mère. J’étais… j’étais tellement triste pour toi. Sauf que… je savais que tu ne voudrais pas de ma pitié. Et bon… on ne se parlait pas beaucoup.

Elle prit une pause, le temps de sécher ses larmes et de se relever. Elle se mit alors à arpenter la pièce, qui avait pris l’apparence d’un salon (je ne saurais dire pourquoi) et après un long moment, elle poursuivit :

- Avec la fête de Scorp et ce qui a suivi, on s’est un peu rapproché. Et j’étais vraiment contente. Pas seulement, car j’avais toujours désiré te compter parmi mes amies, tu sais, on se ressemble beaucoup, sur certains points. Mais… aussi… car j’ai appris quelque chose. Sur ma famille. J’ai vu dans un album photo de mon père… une jeune fille aux cheveux noirs et aux yeux gris qui te ressemblais beaucoup. Aux côtés de mon père et de ma mère lorsqu’ils étaient jeunes. Sur le coup, ça ne m’a pas frappé. Mais quand j’ai écrit à mon père pour lui dire que… j’étais triste, qu’une fille que j’appréciais venait de perdre sa mère et que… ça me rappelait la mienne. On a échangé pendant plusieurs jours et j’ai fini par dire ton nom. C’est là qu’il m’a demandé si… si le nom de la mère de cette fille c’était Marianne Lévesque. J’ai dit que oui… Et c’est là qu’il m’a raconté.

- Il t’a raconté quoi? m’étonnai-je en ouvrant de grands yeux.

- Que vers ses dix ans… environ, en tout cas. Ses parents ont hébergé une jeune fille du Canada français. Qu’elle venait pour apprendre l’anglais. Et que… cette fille, elle s’appelait Marianne. Et qu’elle était devenue l’une de ses meilleures amies avec ma mère. Pendant le temps qu’elle avait été là, ils avaient fait toutes sortes d’activité, tous les trois. Ils avaient gardé contact très longtemps, jusqu’à ce que… il y a environ seize ans, elle avait arrêté tout contact avec elle. La dernière chose qu’il avait su c’était que… elle avait eu un fils et attendait un nouvel enfant. Toi, en l’occurrence. Il n’a pas été surpris quand je lui ai dit qu’elle était une sorcière.

Il y eut un long silence. Pendant lequel je ne prononçai pas un seul mot, trop choquée pour dire quoi que ce soit. Ma mère. Ma mère à moi avait côtoyé les deux parents de Ruby?! Mais… Comment avait-elle pu ne jamais m’en parler?! Bon, en y réfléchissant, je n’avais jamais eu l’occasion de lui parler de Ruby. Alors, elle n’aurait pas pu faire le lien avec le nom de famille Shepherd. D’autant plus qu’elle ignorait l’existence de Ruby et de son sang magique. Après tout, à ma naissance elle avait arrêté tout contact avec eux. Sans doute pour les protéger et me protéger moi.

Au bout d’un moment qui me sembla durer une éternité, Ruby avoua :

- C’est tout ce que je cachais. Je n’ai aucun lien avec Berkeley. Et je te jure que si je devais tomber sur ce salaud je lui arracherais les yeux, lui ferait manger et lui arracherais la tête pour faire bonne mesure. Et si je n’ai rien dit jusqu’à présent, c’était seulement pour ne pas raviver de blessure. Et aussi… parce que je ne savais pas comment te le dire. Je trouvais ça pourtant juste que nous soyons amies, puisque nos parents l’avaient été et que si ta mère n’avait pas eu à rompre le contact… On se serait sans doute connu… beaucoup plus tôt.

- Et nos parents auraient regrettés, lâchai-je en échappant à la fois un rire et un sanglot.

J’avais l’impression d’avoir un trou béant dans la poitrine. Non seulement parler de ma mère me faisait toujours souffrir, mais en plus… J’avais accusé Ruby pour absolument aucune raison.

- Pardonne-moi, soufflai-je en me prenant la tête entre les mains. Je suis idiote. C’était idiot. Complètement idiot de t’accuser. Je…

- Allison, grommela-t-elle. C’était certes pas la chose la plus logique qui te soit venue à l’esprit, mais j’avoue que mon comportement était franchement bizarre. Et… aussi dur que c’est à admettre, par mon statut de Serpentard, j’étais une proie facile. Et même si mon côté Née-Moldue aurait pu me sortir du rang des suspects… Il pouvait aussi m’y mettre. Je comprends ton raisonnement. En y réfléchissant. Un peu. Cela dit, c’est quand même insultant.

- Je suis vraiment désolée, marmonnai-je.

- Tu devrais plus être désolée de nous avoir fait perdre la Coupe de Quidditch! Gronda-t-elle soudain. J’étais certaine que nous avions toutes les chances de remporter cette année! Mais non! Il a fallu que ce soit encore vous, sales petits lions galeux! Et Potter qui va faire le prétentieux pour la prochaine semaine, j’en suis sûre! Pourquoi est-ce que je dois supporter ça?

Je m’empourprai légèrement en marmonnant :

- Tu vas peut-être devoir le supporter de plus près dans pas très longtemps…

- QUOI?! hurla Ruby sur un ton profondément choquée.

- Eh bien… Je tiens une petite réunion concernant Berkeley et l’ultime affrontement que nous devons avoir… Et je la fais ici. Et j’aimerais que tu fasses partie des personnes à qui je m’adresse.

Elle croisa les bras, farouche et fronça les sourcils en me dévisageant longuement. Elle se mit ensuite à taper du pied droit avant de grommeler :

- Tu me demande d’endurer Potter seulement pour t’écouter parler?

- Libre à toi de t’en aller dès maintenant, dis-je en croisant les bras à mon tour. Cela dit je vais parler du plan que j’ai en tête pour combattre Berkeley. Mais si ça ne t’intéresse pas je comprendrais et j’en serais profondément soulagée. Moins il y aura de mes amis sur le champ de bataille mieux ce sera. Alors, vas-y, n’hésite pas. Fuis Potter autant que tu veux.

J’étais presque certaine qu’elle n’allait pas être d’accord avec l’idée de fuir. En règle générale on avait plus les Gryffondors en les prenant par leur fierté, mais je savais de source sûre que Ruby étant tout aussi sujette à faire preuve d’une fierté sans borne. N’avais-je pas dit que nous étions semblable, elle et moi?

- TU CROIS QUE JE FUIS POTTER? S’indigna-t-elle en criant.

Je m’apprêtais à répondre que oui lorsqu’une voix dans mon dos me coupa dans mon élan :

- Quel Potter? S’enquit Al.

Je me retournai pour le regarder et je me sentis immédiatement chauffée de l’intérieur. C’était tellement bon de l’avoir près de moi. En particulier, car j’avais pris un risque énorme en m’éloignant autant. Mais les visions se faisaient tellement rares depuis quelque temps! Sauf quand je les provoquais.

- Comment est-ce que tu peux sincèrement croire qu’elle te fuit, toi, Al? Grommela James. C’est connu de presque tout le monde que Shepherd me fuit comme la peste. Depuis le jour où…

- TAIS-TOI, POTTER! S’écria-t-elle blême de rage.

- Lui ou moi? redemanda Al avec un sourire moqueur.

- C’est moi qui te demande de te taire, maintenant, Al, marmonnai-je en levant les yeux au ciel.

Il s’approcha de moi avec un sourire avant de me prendre dans ses bras dès que je fus à sa hauteur. Je profitai quelques instants de cette étreinte, le temps que toutes les personnes que j’avais demandé soit entrée. Rose alla immédiatement retrouver Scorpius et ce dernier l’accueillit avec un sourire avant de lui prendre la main.

Je manquai m’étouffer avec ma propre salive lorsque je vis non pas seulement Joshua, mais aussi Amy et Kieran. Ensuite, je m’étouffai pour de vrai en voyant Lily et Hugo entrer à la suite de mon frère. Par Merlin, qu’est-ce que Rose avait foutu?!
L’intéressée dut remarquer l’émotion sur mon visage, car elle s’expliqua sans que je n’aie la possibilité de poser la moindre question :

- J’ai essayé d’empêcher Lily et Hugo de venir. Mais quand ils m’ont vu rapatrié tout le monde, ils ont deviné que ça avait rapport avec toi. Alors ils ont forcé leur passage pour venir avec nous. Après, c’est environ la même chose pour Amy et Kieran. Bon, c’était compréhensible qu’ils se posent des questions puisque je ne demandais qu’à Joshua de venir.

- Ils ne sont même pas au courant, Rose! M’exclamai-je, furieuse. Et il y déjà trop de gens qui le savent! À ce rythme toute l’école va le savoir… grommelai-je.

- Au courant de quoi? s’enquit Amy. Et si Kie’ et moi sommes les seuls à ne pas être au courant, c’est un peu injuste…

- Je suis d’accord, renchérit Kieran en croisant les bras et en m’offrant un regard froid.

- Mais… Mais à quoi ça servirait?! Je ne sais même pas ce que vous faites ici, en quoi ce que je fais pourrait bien vous intéresser? Répliquai-je en les dévisageant.

Amy planta ses yeux vert dans les miens avec détermination et s’approcha à grand pas jusqu’à me faire face. Une main sur la hanche, elle frappa à répétition dans la région de ma clavicule avec l’index de son autre main tout en grondant :

- Allison. Lévesque.

Elle prit une inspiration énervée et tout en ramenant sa main près d’elle, elle poursuivit :

- Je sais que nous ne sommes pas aussi proche de toi que l’est Ruby… et plus dernièrement Joshua. Ce qui est bizarre, mais qu’importe. On n’est pas stupide non plus. On a bien vu que tu semblais avoir des ennuis. Je te signale qu’on était conscient lorsque le stade de Quidditch a explosé. On a entendu la personne t’accuser.

- Fantastique… soupirai-je.

Elle me frappa l’épaule et s’exclama :

- Pour ma part je me suis dit que ça te regardait… Mais après, il y a eu l’étrange agression de mini Weasley. Et celle de Rose. Et on a entendu des rumeurs concernant mini Potter.

- Hé! On est pas si petit que ça! S’exclamèrent les deux plus jeunes de la famille, soit Lily et Hugo.

- Je ne sais pas ce qui se passe de ton côté, Lévesque, mais ça chauffe, poursuivit Kieran.

- Alors ce n’est pas vrai qu’on va rester les bras croisés pendant que nos amis t’aident à faire quelque chose, peu importe c’est quoi! conclut Amy en croisant les bras à la toute fin.

- Et maintenant, dis-nous ce qu’on ne sait pas, ajouta Kieran en se rapprochant à son tour.

Toutes les personnes autour de moi se tendirent imperceptiblement. Ils savaient tous que mon secret n’était pas un petit secret. Qu’en fait, ma chance de survie diminuait à chaque personne à qui je le confiais. Si toute l’école venait à l’apprendre, il n’y aurait peut-être plus seulement Berkeley que j’aurais à craindre. Qui n’a jamais rêvé de retourner dans le passé pour sauver un proche? Personne. Même moi, surtout moi, j’avais des difficultés à non pas seulement rêver à ce genre de choses, mais surtout à ne pas le mettre en pratique. Car ce serait simple d’y parvenir. Tellement simple…

Et si trop de gens venaient à l’apprendre, il y en aurait forcément un qui essaierait d’en tirer parti. Ce qui signifiait que si jamais je devais capituler… il y aurait d’énormes conséquences, car le plus petit changement pouvait changer bien des évènements qui devaient se produire. Parfois, je doutais d’avoir la sagesse nécessaire pour résister à ce désir ardent de faire revenir mes proches. Je doutais même encore plus d’avoir la sagesse nécessaire pour posséder un don tel que le mien.

- C’est… compliqué. Plus il y a de gens au courant, plus c’est dangereux. Et pour moi, et pour vous. Surtout en ce moment, grommelai-je.

- Je crois qu’on a compris qu’on avait des risques de mourir, répliqua Amy. Mais ça ne nous arrête pas.

- Vous oubliez la torture, mais d’accord.

- La… torture? S’étonna Kieran.

- Kie’! gronda Amy en le foudroyant du regard.

- Pour information, Joshua et Ruby n’ont pas cherché à être au courant. En fait, les seuls à qui je l’ai dit de manière consciente sont…

- Personne! Me coupa Rose brusquement. Tu ne me l’aurais jamais dit si tu n’aurais pas eu de crise devant moi. Al, James, Hugo et Lily ne l’auraient pas su non plus, car tout dépendait de cet incident. Liam ne l’aurait pas non plus su si tu n’avais pas eu cette crise de somnambulisme. Teena et Malia l’auraient tout autant ignoré si je ne leur avais pas dit moi-même!

Je remarquai que Joshua s’était légèrement crispé à la mention du somnambulisme et que Scorpius ainsi que Kieran lui avaient coulé un regard inquiet. Je ne cherchai toutefois pas à comprendre, car Rose reprenait de plus belle :

- L’affaire, Alli, c’est que tu ne l’aurais dit à personne par toi-même! Tu gardes toujours tout pour toi, même si c’est dangereux de le faire. Tu ne prends même pas en compte que nous ne sommes pas n’importe qui. Qu’on ira pas le crier sur tous les toits… On est tes amis, Alli. Ou des connaissances vraiment très proches, pour certains. Et comme je te l’ai dit, une sœur pour moi. Et une sœur aurait dû le savoir avant…

- Sache donc que je vous l’aurais dit dès ma première année, à Al, Scorp et toi! Mais McGonagall m’avait demandé de ne rien dire! M’écriai-je avec de la douleur dans la voix. Tu crois que c’était facile de garder le secret avec vous trois? Je ne savais même pas à l’époque pourquoi il était si important que je garde le secret… Après tout, je ne pouvais pas encore…

Je me coupai brusquement moi-même en jetant un coup d’œil vers Amy et Kieran. Je pris une grande inspiration et grondai :

- Jurez-moi, sur vos têtes, que tout ce qui sera dit ici n’en sortira pas. Que vous n’en parlerez à personne qui n’est pas au courant.

- Je te le jure sur ma tête, promit Amy.

- Je le jure aussi sur ma tête, même si je ne vois pas pourquoi, affirma Kieran en haussant les épaules.

- Très bien, alors je vais vous dire mon grand secret… marmonnai-je en me tordant les mains dans le dos.

J’avais tellement peur. Et si jamais ça s’avérait une erreur? Et s’ils se faisaient attaquer par Berkeley, car d’une manière ou d’une autre il était mis au courant? Ce serait encore une fois par ma faute. Et de manière plus directe cette fois. Un soupir s’échappa de ma bouche et pendant une terrible seconde je fus tentée d’inventer un mensonge odieux. Ou encore de plaisanter. Mais j’en avais pas très envie et je n’avais pas la tête à inventer quelque chose de crédible. D’un souffle presque inaudible, je lâchai :

- Je suis une Voyante. Je vois l’avenir, le présent et le passé. Je peux même… influencer les évènements. Voyager d’une époque à l’autre…

J’aurais volontiers éclaté de rire en voyant leur mâchoire se décrocher. Apparemment ce n’était pas la révélation à laquelle ils s’attendaient. Pendant une longue minute, tous deux ne trouvèrent pas la force de dire quoi que ce soit. Je voyais bien l’envie qu’ils avaient de le faire par leur bouche qui s’ouvrait et se refermait continuellement.

- Tu… tu es… Tu peux… Tu peux voyager dans le temps? S’interloqua Amy.

- Oui.

- Merlin… Je comprends pourquoi tu ne voulais rien dire, compatit Kieran. C’est… incroyable.

Je hochai de la tête après avoir haussé des épaules. Oui, c’était incroyable. Et oui, il y a d’excellentes raisons pourquoi je ne voulais pas le dire. Al me prit doucement l’une de mes mains qui étaient toujours coincé avec l’autre et la pressa doucement. Son soutient me fut bénéfique, car immédiatement je repris une position assurée.

- Bon, c’est bien beau, tout ça, mais est-ce qu’on peut savoir ce qu’on fait tous ici? s’enquit James.

Je vis les yeux de Ruby regarder le ciel et j’eus l’impression qu’elle lui demandait pourquoi elle avait accepté de se trouver dans la même pièce que le Potter qu’elle détestait. J’eus un petit sourire avant de répondre :

- Pour deux raisons. La première, c’est que j’ai mis en place un plan pour combattre Berkeley lorsque le moment sera venu. Ensuite, c’est simplement pour vous proposer une sorte d’entraînement magique…

- Tu as un plan… répéta James avec un regard très intéressé.

- Ouais, j’ai un plan, dis-je en levant les yeux au ciel. Mais d’abord… J’ai un dernier secret pour vous tous ici présent. Enfin, plus pour Lily, Hugo, Liam, Dylan, Ruby, Joshua, Amy et Kieran. Ah, et j’oubliais Malia… Donc, nous sommes tous des Animagi. Tous les autres.

Malia réussit avec brio à feindre la surprise, Parkinson et tous les intéressés me foudroyèrent du regard. Je leur expliquai rapidement :

- Mon plan avait besoin de cette partie de nous, alors je n’ai pas trop eu le choix!

Je jetai un regard appuyé à Rose qui était la cause principale de la présence de quatre des personnes non invitées à la rencontre. Elle rougit légèrement et cessa de me dévisager avec fureur. Scorp et Al ne tardèrent pas à en faire de même. De toute manière, dans peu de temps nous allions tous devoir nous déclarer, donc…

La surprise de tous ceux qui l’ignoraient était absolument magnifique à voir. Mais ce fut encore mieux lorsque Dylan et Liam se tournèrent vers James furieux en s’exclamant en même temps :

- Et tu ne nous as rien dit?!

Voyant qu’ils avaient parlé en même temps, ils éclatèrent de rire et James s’esclaffa avec eux avant de se mettre à leur parler à voix basse. Une fois le choc passé, Ruby, Joshua, Kieran et Amy jetèrent un regard inquisiteur à Scorp qui se contenta de leur renvoyer un regard amusé et seulement un tout petit peu contrit.

- ROSE WEASLEY, ALBUS POTTER ET JAMES POTTER! S’écrièrent Lily et Hugo à l’unisson. COMMENT AVEZ-VOUS OSEZ NOUS TENIR DANS L’IGNORANCE.

Je notai avec amusement qu’ils avaient oubliés de m’inclure. Certes, ils avaient été mis au courant de manière plus ou moins directe, par mesure de précaution, mais normalement ils devaient jouer les ignorants à ce sujet. Sauf qu’apparemment savoir que trois membres de leur famille l’avaient fait sans le leur dire… c’était trop pour qu’ils se souviennent d’un détail aussi insignifiant. Je décidai toutefois de leur faire oublier leur rancœur pour un temps, je n’avais pas toute la vie devant moi pour me préparer et les préparer à ce qui les attendait.

- Désolée d’interrompre cette dispute de famille qui s’annonçait palpitante, mais je ne vous ai pas fait venir pour ça. Je sais que c’est un choc, mais… ce n’est pas important. J’ai déjà à vous parler de mon plan et de ce que j’ai prévu cette semaine…

Le silence ce fit immédiatement quand je mentionnai à nouveau mon plan. Lily et Hugo avaient toujours désiré plus que tout être impliqués dans ce genre de choses… Enfin, presque. C’était beaucoup plus dangereux que tout ce qu’ils auraient pu vouloir faire. Et j’avais bien l’intention de leur faire prendre le moins de risque possible.
Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Je ne pouvais toutefois pas commencer par l’explication de mon plan. Comme Kieran et Amy n’étaient pas au courant de rien sur ce qui se passait exactement, je débutai par un résumé de toute l’histoire. Il me fut difficile de mentionner ma mère et mon père, mais je réussis à le faire sans que mes amis ne s’inquiètent de mon état émotionnel. Dès que j’en eus terminé, les deux Serpentards avaient les sourcils froncés et semblaient outrés, tout comme désolés. Je n’y prêtai pas trop attention et enchaînai avec mon plan.

Il n’était pas très compliqué, en théorie. Pour la pratique, tout pouvait facilement mal tourner ou se retourner contre nous. À tout instant. Et il ne fonctionnerait pas nécessairement dépendant de comment la prophétie devait se réaliser. Enfin, toujours est-il qu’il fonctionnait comme ceci.

Al et moi nous nous tiendrions côte à côte pour se rendre à l’endroit voulu. Je partais du principe que Berkeley risquait plus de m’imposer une rencontre que de me prendre au dépourvu. Il y avait sans doute une raison précise pourquoi ce devait être cette journée-là. Je ne savais pas laquelle, mais enfin. Rose serait dans le ciel sous sa forme d’Animagus avec, si les deux principales intéressées l’acceptaient, Teena entre ses serres, elle aussi sous sa forme d’Animagus, évidemment. Ainsi, elles auraient une vision en hauteur de ce qui devait se passer et pouvaient facilement intervenir pour surprendre notre ennemi.

À une distance respectueuse, donc suffisamment loin pour ne pas être vu, Parkinson, enfin… Alexander, James et Scorpius rejoindraient notre destination discrètement. Par d’autres chemins, en somme. Peut-être en compagnie de Ruby et Joshua. Dépendamment du lieu où nous irons, ils seraient oui ou non sous leur forme d’Animagus. Enfin, sauf Ruby et Joshua évidemment.

Pour les autres, ce qui incluait donc Amy, Liam, Kieran, Dylan, Lily et Hugo. Ils seraient notre renfort. Ils se terreraient donc à distance, tout en s’assurant de pouvoir voir ce qu’il se passait. Par mesure de sécurité, Lily et Hugo seraient cachés sous la cape d’invisibilité avec un balai, de préférence. Ainsi, si tout tournait mal ils auraient l’obligation formelle de s’en aller chercher des adultes, n’importe qui de confiance qui se trouvait à l’école. Ils ne devaient pas jouer aux téméraires, car la survie de ceux qui seraient peut-être en danger comptait sur eux. Pour éviter tout risque qu’ils s’en aillent, je proposai aux quatre autres de bien vouloir encercler les deux petits diables pour ne pas leur permettre de s’enfuir ni vue ni connue grâce à la cape. S’enfuir pour se battre, bien sûr.

Une fois que ces différents schémas furent expliqués, j’entamai la suite. Avec Al, je tenterais de parlementer avec Berkeley. Je me doutais que cela ne fonctionnerait pas. Alors, à ce moment seulement, nous ouvririons probablement le feu en essayant d’avoir le dessus sur lui. Comme j’avais toutefois des doutes quant à nos chances de réussir cet exploit… J’allais menacer Berkeley de me suicider s’il ne se rendait pas.

Je vins pour poursuivre, mais Al s’écria :

- Tu vas… Attends, quoi?!

- Regarde… Il ne peut pas menacer aucun d’entre vous d’être tué. Sinon, je ne l’aiderai pas du tout. Et s’il devait vous menacer, je lui dirai qu’en touchant à un seul de vos cheveux, à vous tous, je me suicide sur-le-champ. C’est probablement la seule chose qu’il va comprendre. Et qui le fera peut-être hésiter.

- Mais… Ce n’est pas sérieux… n’est-ce pas? Tu ne le ferais pas vraiment, hein, Alli? S’enquit Albus en me prenant les deux mains et en me regardant dans les yeux.

Les miens s’embuèrent légèrement et je lâchai d’une voix faible :

- Si c’est la seule solution… Je le ferai.

- Mais il pourrait aussi bien tous nous tuer juste après! S’énerva-t-il.

Je sentais ses mains trembler sur les miennes et ses yeux verts émeraude brillaient comme de vraies pierres précieuses à cause des larmes qu’ils contenaient.

- Tu ne peux pas… Tu ne peux pas me faire ça, Alli. Je… Je ne le supporterais pas.

- Alors il n’y aura qu’une seule solution s’il n’accepte pas, tranchai-je.

- Non, gronda-t-il immédiatement. Je ne le permettrai pas. Tu ne pourras pas… tu ne pourras pas m’empêcher… continua-t-il, mais sa voix sembla se déchirer et il n’arriva pas à poursuivre.

- Je t’aime Al, tu le sais. Et ce sera tout autant douloureux pour toi que ce le sera pour moi. Mais si c’est le seul moyen pour non seulement empêcher Berkeley de vous faire du mal et d’empêcher Voldemort de revenir, alors je n’ai pas le choix.

J’aperçus brièvement la grimace de Kieran, Joshua, Amy, Teena, Dylan, Liam et Malia, mais je ne m’en préoccupai pas.
Tout ce qui m’importait en ce moment, c’était de… de faire comprendre à Albus que je n’avais pas le choix. Que c’était la seule solution. Malgré que mon cœur se brisait en mille morceaux à la simple idée de partir sans lui. De partir et de ne jamais être capable de revenir.

- Mais… On pourrait… On pourrait toujours appeler mon père et il…

- Al, il se ferait peut-être tuer pour de bon. Et je refuse d’impliquer les parents ou les adultes. Normalement, je suis censée me débrouiller seule. Enfin, je crois, répliquai-je. Et je te l’ai déjà dit. Si je me retrouve emporter dans une vision de ce genre, sans toi, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour trouver une sortie. Un moyen de revenir. Et même si je ne reviens jamais… Ne doute en aucun instant que je ne fais pas mon possible pour vous retrouver. Pour te retrouver toi. Je n’abandonnerai pas. Pas avant mon dernier souffle. Et si cela doit advenir, ma dernière pensée sera pour toi… soufflai-je.

Albus m’attrapa en moins d’une seconde dans ses bras et me serra douloureusement contre lui. La seconde suivante, il avait plaqué ses lèvres contre les miennes, comme si nous pouvions être séparés là, maintenant. Un long moment plus tard, la voix de James rompit le charme de notre baiser quand il dit :

- Désolé de vous déranger, ou quoi que ce soit, mais je croyais que l’on devait parler de ton plan.

Je rougis légèrement, mais après m’être échappé des bras d’Al pour me retourner dans sa direction, je remarquai que James n’avait pas du tout l’air qui allait avec son ton moqueur. Non, en fait ses yeux bruns me semblaient plus brillants que d’habitude. Et il me regardait avec l’air de se demander si je n’allais pas disparaître d’une seconde à l’autre. Il reprit pourtant d’un ton normal :

- Ton plan est plutôt intéressant, et tout, et tout. Mais la fin est merdique, Allison. En plus, il y a une autre solution que tu n’as même pas envisagée. Ce qui me surprend un peu.

- Et c’est quoi, cette autre solution? Demandai-je en croisant les bras.

- Eh bien… tu te souviens qu’avant qu’Al devienne ton Ancre… C’était une pierre, n’est-ce pas?

- Oui, acquiesçai-je sans comprendre où il voulait en venir.

L’aîné des Potter eut soudainement un grand sourire amusé et très malicieux. Le genre de sourire qui n’annonçait rien de bon en général. Mais qui en ce moment… me semblait énormément porteur d’espoir. Rien qu’à le voir aller, un sourire étira lentement mes lèvres aussi.

- Je te préviens tout de suite, ma solution est loin d’être parfaite, me dit-il avec sérieux. Si jamais tout ne fonctionne pas comme prévu, que nous ne parvenons pas à le maîtriser avec la magie traditionnelle… Tu n’as qu’à capituler. Accepter de faire ce qu’il te demande.

- Attends… QUOI?! m’écriai-je.

Il ne pouvait pas être sérieux. Non, c’était impossible. Il ne me demanderait quand même pas de retourner dans le passé chercher Voldemort pour le ramener. Était-il tombé sur la tête? Ou bien… Agissait-il sous l’Imperium?

- Laisse-moi terminer! Gronda-t-il. Tu fais ce qu’il te demande, tu l’emmène lui au moment dans le passé où il te demandera d’aller. Tu t’arrange pour entraîner Al d’une manière ou d’une autre avec toi. Comme ça, tu vas pouvoir revenir.

- Je ne vois pas en quoi ça va plus m’avancer, grommelai-je en le foudroyant du regard. Il pourrait tuer Al, ou menacer de le faire si je refuse de ramener Voldemort avec nous.

- Mais tu vas me laisser finir, oui?! S’énerva James en me foudroyant à son tour du regard.

- J’aimerais bien comprendre ton plan aussi, James, renchérit Rose. Parce que jusqu’ici c’est suicidaire pour Alli et Al.

L’aîné des Potter poussa un profond soupir, mais voyant que plus personne ne parlait, il continua avec un ton exagérément calme, preuve qu’il était très énervé :

- Mon plan commence vraiment maintenant. Tu vas devoir utiliser la ruse, Allison. Et je sais très bien que tu peux très bien t’en sortir à ce genre de jeux. C’est là qu’intervient la pierre. Tu m’as dit que Berkeley ignorait qu’Albus était ton Ancre. C’est là la clé de notre succès. Si tout se passe bien, évidemment. Donc, tu n’auras qu’à lui dire, une fois et seulement une fois que tu seras dans le passé… Que c’est grâce à la Pierre que vous pourrez rentrer. À ce moment, tu la sors de ton sac à main. Et tu lui diras qu’il n’a jamais été question de faire revenir Voldemort. Tu jetteras alors la pierre par terre et tu la détruis. Je suis certain que c’est possible. Bien sûr, tu devras avoir préalablement insisté sur le fait qu’elle était essentielle pour un retour dans notre temps. Une fois que la pierre aura été détruite, Berkeley risque d’être fou de rage. Fou de rage et je suis sûr qu’il aura une petite crise de folie. Alors, là, tu t’arrange pour t’éloigner le plus possible avec Al et vous foutez le camp de là.

Je restai muette un long moment. Ne sachant pas du tout quoi dire. C’était tellement… logique. Comment est-ce que j’avais fait pour ne pas y penser moi-même. D’une même voix, Rose et moi nous nous écriâmes :

- Par Merlin, tu es un génie, James!

J’échangeai un regard amusé avec ma meilleure amie, tandis que le cousin de cette dernière affichait un sourire suffisant.

- C’est un talent naturel, chez moi.

- La ferme! S’exclamèrent Al et Ruby en même temps.

- Je crois que ce plan a des chances de réussir. Tout ça ensemble, continua Ruby, de mauvaise grâce.

- Je préférerais que nous ayons un rôle plus important, Lily et moi, ajouta Hugo en croisant les bras.

Je poussai un profond soupir, mais avant que Rose ne puisse s’impliquer, ou encore James et Albus, je rétorquai :

- Hugo… Lily… Votre mission est vraiment très importante. Normalement, si je pouvais l’éviter aucun de tous ceux ici ne viendraient. Ce n’est pas une petite excursion tranquille qu’on va faire là. C’est encore plus dangereux que la fois où je suis sortie de Poudlard sans permission. Ils vont tous, en un sens, risquer leur vie. Je n’ai aucune idée si Berkeley ne va pas décider de tout bonnement tous les tuer pour m’atteindre suffisamment pour m’obliger à faire ce qu’il veut. Il pourrait sans doute me jeter un Imperium. Si vous êtes tous morts… Mon esprit risque de lâcher. Alors il n’aura plus qu’à me manipuler comme il le souhaite. Je ne peux pas risquer votre vie à tous les deux. Mais alors là, pas du tout. Vous êtes beaucoup plus jeunes que nous. Et… Je m’en voudrais toute ma vie s’ils vous arrivaient quelque chose. Et c’est la même chose pour tous les autres. Mais… cela dit, vous êtes les plus jeunes. Si vos parents l’apprennent, on est tous mort. Enfin, je ne peux pas être certaine que la mort peut frapper chez chacun d’entre eux. Mais les blessures, oui. C’est presque immanquable. À ce moment, il faudra que l’on ait en notre possession des atouts. Des atouts inestimables qui seront hors de vue tout en gardant l’œil sur les évènements. Si certains d’entre eux, voire tous, sont blessés, ce sera votre responsabilité, pendant qu’Al et moi seront parti avec Berkeley, d’aller chercher des secours.

Les deux jeunes gens croisèrent les bras, mais je vis dans les yeux de Lily une résolution qui me fit pousser un soupir de soulagement. Elle avait compris. Mon impression fut confirmée quand elle marmonna :

- Je n’apprécie toujours pas énormément le fait d’être tenue à l’écart. Mais… en même temps, on sera la botte secrète. Ce qui est plutôt intéressant. Alors… je te promets de ne pas poser de problème.

- Ça ne m’enchante pas plus, mais moi non plus je ne te poserai pas de problème. Je vais… faire tout et seulement ce que tu demandes, bougonna Hugo.

Mon soulagement sembla s’étendre chez tous les principaux intéressés, à savoir James, Rose et Al. Parkinson… Euh… Alexander prit alors la parole :

- Allison… j’espère sincèrement que tu ne feras rien de plus inconsidéré que le plan que l’on vient de mettre en œuvre… Tu es le seul membre de ma famille biologique qu’il me reste.

Je ne m’attendais tellement pas à une révélation de ce genre que je restai pétrifié quelques instants. Du coin de l’œil je vis James regarder mon frère avec suspicion. Il avait toujours du mal à croire qu’Alexander Parkinson ait changé de camp.

- Je te promets d’essayer. Je ne peux pas faire plus, car en règle générale… J’agis toujours de manière inconsidérée. Ou les situations m’obligent à agir de manière inconsidérée.

Il leva les yeux au ciel en poussant un soupir de consternation. Pourtant, j’avais dit la vérité. J’étais une impulsive. Une impulsive qui se trouvait parfois, seulement parfois, réfléchie. Ce n’était pas de ma faute si la majorité du temps j’agissais avant de réfléchir.

Décidant d’alléger l’atmosphère, je décidai de leur faire part sans plus tarder de la deuxième partie du plan. À savoir, l’entraînement.

Immédiatement, ils furent tous très intéressé. Lily et Hugo trépignèrent de joie quand je leur dis qu’ils allaient pouvoir participer à cette partie. Apparemment, ils se moquaient maintenant complètement de leur peu de participation dans le plan d’attaque contre Berkeley.

Je commençai tout d’abord par expliquer le programme des prochains jours. Les trois premiers jours seraient donc dédier à l’apprentissage des sortilèges que j’avais moi-même appris et que je jugeais les plus utiles. Comme Liam, Dylan, James et mon frère en connaissaient quelques-uns, ils allaient m’aider avec les autres. J’avais déjà une idée pour les binômes. Autant donner un coup de pouce au destin et aider un peu Dylan à se faire remarquer par ma chère amie Teena. Enfin, peu importe. Pour les trois jours suivants, on en tenterait des nouveaux. De ceux que je ne connaissais pas. Ce qui nécessitait de la recherche à la bibliothèque. Que nous pouvions faire de nuit pour éviter d’attirer l’attention des adultes.

À ces mots, James a eu un grand sourire intéressé. J’ai toutefois fait remarquer par la suite que nous pourrions commencer les recherches par ici, puisque que du temps des parents de Rose, James et Albus, et pas mal tout le monde en fait, l’A.D. avait l’habitude de venir ici pour pratiquer des sortilèges. Et il me semblait qu’Hermione avait déjà parlé du fait que la pièce avait plusieurs manuels traitant de divers sortilèges.

Pour les deux journées qui précédaient la date fatidique, nous allions simplement pratiquer les duels et en différentes configurations. En bref, en attaquant de derrière et donc aussi de se protéger d’une attaque en traître. De se retrouver au milieu d’un feu nourri de sortilèges provenant de personnes différentes. Tout en prenant en compte de ne pas y aller avec trop d’intensité pour diminuer les risques inutiles.

Quand j’eus terminés de tout expliquer, et en comptant les autres discussions qui avaient précédés, nous avions déjà dépassé l’heure du diner. Pourtant aucun d’entre nous ne s’en plaignait. En fait, on décida même de commencer l’entraînement immédiatement.

*****************

Dans les jours qui suivirent, je ne vis absolument pas le temps passer. Nous passions tous, sans exception, notre temps à la Salle sur Demande. Seuls quelques-uns d’entre nous sortaient de temps en temps pour aller réquisitionner de la nourriture aux cuisines. Nous vivions littéralement dans la Salle sur Demande. Enfin, sauf pour la nuit. À ce moment-là nous retournions tous à nos Salles Communes respectives et à nos dortoirs.

Chaque matin et chaque soir, je faisais l’effort d’aller saluer la directrice. Histoire qu’elle ne croit pas que je me sois enfuie ou quoi que ce soit. Je me doutais bien que mon absence la rendait soupçonneuse, mais comme je ne disparaissais pas pour plus longtemps que la journée… elle n’alla pas chercher plus loin. Elle ne me posa même pas de question. Ce qui, pour être honnête, m’étonnait un peu.

Plus nous nous rapprochions du jour J, plus je sentais l’angoisse me gagner. Par chance, chacun de mes amis s’étaient nettement améliorés avec l’utilisation des Sortilèges que je leur avais appris. Même qu’Amy plaisanta, le vendredi précédent le 21 juin, qu’elle aurait dû me demander avant un coup de main. Et qu’elle aurait dû essayer d’apprendre à me connaître un peu plus, car j’étais vraiment sympa. Cette nouvelle amitié m’avait réjouie pour un temps, mais après j’avais été encore plus paniquée. Ils risquaient tous tellement gros pour moi…

********************

Le mardi matin, journée du 21 juin, je me réveillai avec une sueur froide qui me recouvrait tout le dos. Je me levai très lentement et du coin de l’œil je vis mes amies en faire autant de leur lit. Rose souffla :

- C’est aujourd’hui que tout se joue.

- C’est peut-être notre dernier levé toute ensemble avant un long moment, ajouta Teena.

- On devrait aller prendre notre petit-déjeuner, renchérit Malia avec un sourire. Tranquillement, sans se presser. Profiter de nos derniers moments de paix.

- Vous savez que je vous aime, n’est-ce pas? Dis-je avec une boule dans la gorge.

- Nous aussi, affirma Rose.

D’un même mouvement nous nous jetâmes toutes les unes sur les autres dans un immense câlin collectif. C’était rare que nous nous livrions à ce genre d’accolade, mais aujourd’hui n’était pas une journée ordinaire. Comment savoir si demain nous serions toutes encore là? Peut-être allai-je rester coincer dans l’espace-temps? Peut-être que Berkeley allait commettre l’irréparable…

Avec de légers reniflements, nous enfilâmes nos vêtements rapidement. Chacune de nous prie grand soin de ranger sa baguette à un endroit rapidement accessible et pour ma part, je m’assurai que j’avais bien mon sac à main de nécessaire à vision.

Pour la première fois depuis près d’une semaine, nous nous retrouvâmes tous à manger dans la Grande Salle. La veille nous avions décidé de reprendre la technique de la mère de Rose pour se garder le contact. Soit, les faux Gallions. Lorsque le temps serait venu de se rejoindre pour le moment fatidique, le faux Gallion que nous avions tous devait émettre une chaleur suffisamment importante pour que nous le constations. Nous avions tous convenus qu’au moment où cela devait se produire on devait se rejoindre au passage secret menant à l’extérieur de Poudlard si c’était la nuit (après le couvre-feu) et si c’était en journée ou en soirée (avant le couvre-feu) c’était à l’entrée de l’école.

Plus la journée avançait et plus je sentais la tension augmenter dans mon ventre. Plus ma gorge se nouait. Rien de nouveau ne s’était présenté au déjeuner. Albus et James tentaient à tour de rôle de me remonter le moral, mais le cœur n’y était pas pour eux non plus. On ne savait pas ce qui nous attendait. On ignorait même si notre théorie était exacte. Et on savait encore moins, si nous avions raison, ce que serait l’élément déclencheur de tout ça. La seule chose qui était certaine, c’était que j’allais me battre un jour ou l’autre contre Berkeley.

La température extérieure n’aidait pas vraiment non plus. Il faisait plutôt chaud à l’extérieur, une température écrasante en fait. Cela semblait en un sens corroborer notre théorie concernant le fait que mon grand combat aurait lieu aujourd’hui. Mais quand? C’était ça qui me tétanisait le plus. Je n’avais aucune idée du moment où je serais appelée à suivre mon destin. J’aurais donné presque n’importe quoi pour être déjà dans l’action. Pour que mes seules pensées soient concentrées sur le présent et l’avenir proche, soit les quelques secondes et minutes qui suivaient ce que je faisais.

Il n’y avait toujours rien de nouveau au diner. Mais presque aucun d’entre nous n’avait envie d’avaler quoi que ce soit. On se força néanmoins pour ne pas paraître suspect et à l’aide d’un langage des signes un peu bizarre, on se donna rendez-vous à la Salle sur Demande. Nous ne savions absolument plus quoi faire…

Alors que nous n’arrivions pas à avaler une bouchée supplémentaire, Al me dit :

- Je vais aller chercher quelque chose au dortoir et je vais vite vous rejoindre, d’accord?

- N’y va pas seul, lui demandai-je en sentant un frisson d’angoisse me parcourir le dos.

- Je vais l’accompagner, proposa James spontanément à ma grande surprise.

- Moi aussi, ajouta Scorpius qui avait décidé de manger avec nous ce soir.

Rassurée sur le fait qu’il ne serait pas seul je l’embrassai sur le bout des lèvres avant de le laisser partir. Mon cœur se serra néanmoins en le voyant s’éloigner. S’éloigner sans moi.

C’est en traînant les pieds que nous nous dirigeâmes tous vers la Salle sur demande.

- Je ne comprends pas… C’est forcément aujourd’hui! protesta Rose pour la énième fois dans la journée.

- Je ne vois pas non plus pourquoi on se serait trompé, approuvai-je tandis que nous montions la dernière volée d’escalier menant au septième étage.

- C’est incompréhensible, renchérit Ruby.

Chacun d’entre nous poussa un soupir. Soudain, mon frère me demanda :

- Tu as bien la pierre, n’est-ce pas?

- Oui, répondis-je en sentant de nouveau ma gorge se nouer. Lily, Hugo, vous avez bien un balai et la cape?

- Ouais, on a réussi à en miniaturiser un comme tu nous l’as appris. Le moment venu il ne restera plus qu’à lui rendre sa forme, affirma Hugo.

- Et j’ai la cape dans mon sac, renchérit Lily.

On passa le reste du chemin jusqu’à la Salle sur Demande à réviser tous les détails du plan dans ses moindres détails. Bien sûr, on continua une fois à l’intérieur, car au fil des jours certains détails s’étaient ajoutés. Entre autre, car nous ignorions où exactement on devrait se rendre.

Je commençais tout juste à m’inquiéter concernant Al, James et Scorpius, car ça faisait déjà une bonne heure qu’ils nous avaient quittés lorsque la porte du salon qu’avait pris comme forme la Salle sur Demande s’ouvrit à la volée.

Si en voyant apparaître Scorpius et James je m’étais sentie rassurée, ce n’était plus le cas maintenant. Al n’était pas là. Mon Albus n’était pas entré dans la pièce. Et comme la porte se refermait… Ça ne pouvait signifier qu’une seule chose. En regardant attentivement les visages de mon meilleur ami et de James je compris que quelque chose de très mauvais s’était produit. Les deux avaient les mains qui tremblaient et un visage à la fois terrifié, furieux et empli de tristesse.

- Où est Albus? Demandai-je d’une toute petite voix.

En voyant le visage de James se fermer, je compris qu’il n’y avait plus aucun doute possible concernant ce qu’il venait de se produire. Le silence qui régnait maintenant dans ce faux salon était palpable. L’attente, insoutenable.

- Où est Albus? Répétai-je d’un ton plus dur.

Scorpius baissa les yeux et évita mon regard. Je vis Lily se ruer sur l’aîné de ses frères et je vis ses lèvres remuer, mais aucun son ne semblait en sortir. Où était-il? Par Merlin! Que quelqu’un me réponde! Mon cœur se fissura légèrement et je me sentais les deux pieds sur un fil au-dessus d’un gouffre, comme un funambule. Mais, là, présentement j’étais en train de perdre l’équilibre.

- OÙ EST ALBUS?! Hurlai-je à m’en casser la voix.

- Il… On… bégaya James et je vis l’horreur se peindre sur ses traits, ainsi qu’une profonde impuissance. On n’a rien pu faire. On s’est fait attaquer par derrière… Scorpius et moi… on a été victime d’un Maléfice du Saucisson, rapide et efficace. On ne pouvait plus bouger… Et Al… tenta-t-il de m’expliquer, mais sa voix se cassa à la fin, je vis le sentiment d’échec se peindre sur son visage et je compris ce qu’il n’arrivait pas à dire.

- Al s’est fait prendre, conclut Scorpius.

À peine murmurait-il ses mots que je me sentis tombée du mince fil qui m’avait permis d’échapper au néant jusqu’à présent. Mes jambes ployèrent sous mon poids et si ça n’avait pas été de Rose, je me serais effondrée par terre.

- Ils ont déposé cette lettre à côté de nous. Juste sous nos yeux, gronda soudain James avec colère.

Je relevai les yeux vers lui et vit qu’il me tendait une lettre. Une enveloppe parcheminée. En posant les yeux dessus, je vis immédiatement la petite inscription dessus. Et en comprenant ce que cela voulait dire, je sentis que l’on m’arrachait le cœur de la poitrine.

« Allison »

C’était l’écriture de Berkeley.


Image



Et bien voilà, l'avant dernier chapitre est fini :cry: Qu'avez-vous pensé de l'attaque de Rose en détaillé?
Et du fait que c'était son point de vue? C'était bien ou pas? Et le match de Quidditch? Enfin, laissez un commentaire si vous en avez la force, ça ne me donnera que plus envie d'écrire la fin du chapitre 26 et de commencer le premier chapitre du tome 2 ;) Mais sinon, ce n'est pas grave ;) Cela dit, j'espère que vous n'êtes pas trop choqué par la fin du chapitre :? Ah et si les termes que j'ai employé pour le match de Quidditch vous ne les comprenez pas, vous pouvez aller voir ici. C'est sur le Wiki d'HP :D


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Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Salut tout le monde! Je n'ai pas grand-chose à dire avant de vous envoyer ce dernier chapitre pour le tome 1. :shock: :cry: Mais il y aura des précisions, questions et autres petits trucs à la fin du chapitre que je tiens à ce que vous lisiez, parce que ce sera important (pour certains d'entre eux, en tout cas). Je le dis tout de suite, il y a probablement des fautes :roll: Et le chapitre est long. Encore. Trois publications minimum... Sinon, bah, c'est tout. Bonne lecture à tous et à toutes!! :D


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Chapitre 26



Je n’avais aucune envie d’ouvrir cette fichue enveloppe. Encore moins de lire ce qu’il y avait d’écrit dessus. Il avait osé. Il avait osé m’enlever Albus! Ce salopard! S’il le touchait, si je le trouvais avec une seule égratignure sur le visage… ou n’importe où… J’allais le déchiqueter en morceau, ce Berkeley. Le déchiqueter, le brûler et jeter ses cendres aux Enfers. Il n’avait aucun droit. Aucun droit de m’enlever ce qui était à moi.

Malgré la fureur et la douleur incommensurable qui enveloppaient mon cœur en charpie, c’est avec des mains tremblantes que je saisis l’enveloppe que me tendait James. Avec d’infinie précaution je sortis le parchemin que l’enveloppe contenait. Si j’y allais avec trop de frénésie je risquais de la déchiqueter en morceau sous le coup de ma colère. J’avais envie de hurler. De hurler ma rage. De hurler ma douleur. En ce moment, plus qu’à aucun autre, j’avais envie de devenir le loup et de partager ma douleur avec les cieux.

Avec une toute aussi grande lenteur, je me mis à lire ce qui se trouvait sur le parchemin :

« Allison,

Rejoins-moi dans la partie Est de la Forêt interdite à 22h00. Si tu n’es pas prête à assumer ton rôle, ton ami qui est en ma possession risque d’avoir de très gros problème. Je te déconseille d’emmener des adultes, professeurs ou autres. Tu ne ferais que les tuer eux aussi. Viens seule ou accompagnée, dans les deux cas tu n’as aucune chance de m’échapper. Le délai avant d’obtenir ce que je veux risque seulement d’être plus long. Légèrement, plus long.

Le plus grand, le plus fervent et le meilleur de tous tes admirateurs,
Elliot
»
La première chose qui me frappa, c’était qu’il avait signé son message avec son nom. Son prénom. Enfin, qu’importe. Il ne l’avait jamais fait auparavant. Mais il avait tort. Il n’était pas un admirateur. Il voulait seulement m’utiliser pour parvenir à ses fins. Et donc, ce n’était pas de l’admiration.

Quant au contenu du message… Rien que d’y penser à nouveau et je sentis mes mains froisser intégralement le parchemin, avant de se mettre à le déchiqueter en plein de petits morceaux qui s’éparpillèrent par terre.

- Je pars. Maintenant. Je ne resterai pas deux heures à attendre pour faire plaisir et suivre les ordres de ce… de ce… commençai-je à gronder en grinçant des dents, sans arriver à poursuivre.

Il y eut un silence pendant lequel je pris consciencieusement le soin de bien piétiner les morceaux de parchemin sous le regard inquiet de mes amis. Rose s’approcha doucement pour me prendre par le bras. Je voulus me libérer de sa prise, mais elle serra davantage avant de me forcer à reculer loin des morceaux de parchemins. Puis elle me fit lui faire face avant de me serrer contre elle.

Je fus immédiatement prise de hoquet et de sanglots étouffés. Étouffés, car les larmes ne coulaient pas. Elles avaient certes emplies mes yeux, mais mes joues restaient sèches. Était-ce à cause de la colère profonde et indomptable qui m’animait qui pouvait expliquer que les larmes restaient bloquées?

- Alli, souffla soudain ma meilleure amie. Je sais que c’est un dur coup, mais… On aurait dû le prévoir. Et puis, on va aller le récupérer, tu m’entends? Peu importe ce que dit ce stupide Beurky, on va à la fois gagner contre lui et récupérer Al, affirma-t-elle. Mais avant…

- Avant, il faut qu’on revoit le plan, poursuivit Scorp d’un ton plus sec qu’à l’ordinaire.

La conviction dans la voix de Rose et la volonté dans celle de Scorp me ramenèrent sur terre. Je n’avais pas une minute à perdre, par Merlin! Je m’écriai d’un coup en repoussant ma meilleure amie, mes yeux s’étant immédiatement asséché :

- Alors on se dépêche et on part immédiatement après!

- Alli, partir immédiatement ne nous avantagera pas, affirma mon meilleur ami. Mieux vaut profiter de tout le temps qu’il nous reste pour peaufiner le plan…

- Mais… tentai-je de protester, mais James me coupa.

- Il a raison, Allison. L’absence d’Al complique les choses de bien des manières.

Je lus dans ses yeux que ça ne lui plaisait pas non plus. Que si ça n’avait été de certains facteurs cruciaux il serait déjà parti sauver son frère. Je me demandais toujours pourquoi il ne voulait jamais montré à Al à quel point il tenait à lui. C’était profondément stupide…

Peu à peu, la raison traça son chemin dans mon esprit et ma posture se détendit légèrement. Maintenant, il fallait trouver la meilleure manière d’agir. Devions-nous conserver le plan tel qu’il était ou non? Si c’était non, quelle partie modifier et quelle partie laisser tel quel?

- Vous avez raison, admis-je en passant une main nerveuse dans mes cheveux avant de me tordre les mains comme à mon habitude.

- Bien, alors, revoyions le plan… commença Rose. Normalement tu devais t’avancer avec Al seulement au centre, n’est-ce pas?

Je hochai de la tête et affirmai :

- Cette partie-là n’est pas si compliqué. Je n’aurai qu’à y aller seule.

- C’est hors de question! S’exclamèrent en même temps Parkinson et James.

Ils se jetèrent un regard ennuyé en voyant qu’ils avaient parlé en même temps, avant de reporter leur attention sur moi. Le premier continua seule :

- C’est beaucoup trop dangereux.

- Beurky, pour reprendre le surnom de Rose, a dit dans sa lettre que peu importe que je sois seule ou accompagnée le résultat sera le même. Et je le crois, rétorquai-je.

- Je refuse que tu y ailles seule, Allison, grommela James. Je viens avec toi.

- Tu es un Animagus, James! Tu seras beaucoup plus utile caché et… voulus-je répliquer, mais il me coupa à nouveau.

- Écoute-moi bien, Allison! Al est mon frère et je ne jouerai pas à me cacher alors que toi tu vas te jeter en plein dans la gueule du loup! Je viens avec toi, point. Et puis, qui sait? Garder mon statut d’Animagus caché un peu plus longtemps pourrait toujours être bénéfique.

Je poussai un profond soupir en l’entendant prononcer ses arguments. Malheureusement pour moi, ils faisaient du sens. Et personnellement, j’avais horreur de l’admettre. Pourtant, je n’avais pas le choix d’accepter, d’autant plus qu’il avait raison, autant garder le secret sur son statut d’Animagus un peu plus longtemps. D’autant plus qu’il était assez gros, donc pouvait s’avérer très utile en cas d’urgence.

Je répondis rapidement :

- D’accord, alors Jiminy tu m’accompagneras.

- Parfait… Attends?! Tu m’as encore appelé comme ça? Mais, Merlin! Est-ce que je pourrais au moins savoir c’est qui?

- C’est un criquet, dis-je avec un haussement d’épaule sans m’attarder sur le sujet.

- Un criqu… commençait-il tout juste à s’exclamer, mais je l’interrompis.

- Donc, le Criquet va m’accompagner jusqu’à Berkeley. Pour ce qui est des autres, le plan n’a pas changé. Par contre, Alexander tu prendras par la gauche et Scorp par la droite. Soyez extrêmement prudent et le plus invisible possible. Tenez-vous suffisamment loin pour ne pas être vu, mais suffisamment près pour voir le signal. À moins que…

Je m’interrompis moi-même en pleine réflexion d’une alternative. J’avais toujours préféré l’idée d’un son comme signal, mais compte tenu que cela risquait d’alerter Berkeley, j’avais facilement abandonné l’idée. Toutefois, je venais de prendre conscience d’un truc. Ah et puis non. Merlin, le fait d’être environné de magie n’avait pas que des avantages… Car en ce moment, ce qui aurait on ne peut plus pratique, c’est un émetteur à ultrason. Comme ça, Scorp et mon frère auraient entendu le signal sans que Berkeley soit au courant, car très peu d’humains (mais vraiment très peu) étaient capable de percevoir les ultrasons. Malheureusement, c’était un objet moldu et à moins de prendre un sifflet (ce qui n’aiderait en rien pour la subtilité) il ne fonctionnerait pas.

- À moins que quoi? s’enquit Ruby.

- Non, rien. J’avais pensé aux émetteurs à ultrason, mais ça ne fonctionnerait pas, ici… marmonnai-je.

- C’est vrai que ça aurait été une bonne idée, approuva-t-elle. Personne n’aurait rien entendu sauf les intéressés et c’est facilement dissimulable…

Je hochai de la tête sans ajouter quoi que ce soit, j’étais plutôt déçue que l’idée que je venais d’avoir ne fonctionnait pas, finalement. Je continuai pourtant là où je m’étais arrêtée :

- Bon, le signal on va dire que c’est lorsque James et moi on se mettra à se battre. C’est pour ça que vous devrez être assez près pour intervenir rapidement, sans être trop proche pour ainsi éviter d’être vu. Rose et Teena, votre signal sera le moment où Alexander et Scorp entreront en jeu.

- Et nous? Me demanda Joshua. Qu’est-ce que Ruby et moi on va faire?

- Vous, vous allez devoir vous séparer. L’un ira avec Scorp et l’autre avec Parkinson, enfin… Alexander. Pour un temps, en tout cas. Car eux, sous forme animale pourront s’approcher beaucoup plus. Vous vous tiendrez donc à l’écart et au moment où vous apercevrez Rose et Teena, vous vous lancerez. Mal, tu choisis aussi de quel côté tu vas, même si je me doute que tu vas aller…

- Je vais aller avec Alex, bien sûr, me coupa Malia avec un sourire timide.

J’acquiesçai rapidement et me tournai vers Liam lorsqu’il prit la parole :

- Nous on attend quoi avant d’agir?

- Vous allez attendre le dernier, dernier moment. Et si vous devez vous impliquer, Lily et Hugo devront impérativement rejoindre l’école pour avertir McGonagall. Compris?

Je m’adressais surtout aux deux petits diables présents dans la pièce. Ils hochèrent de la tête de mauvaise grâce. Pourtant, j’aperçus de l’inquiétude dans les yeux de Lily au moment où elle me dit :

- Tu vas faire attention, hein, Alli? Tu vas attention à toi, n’est-ce pas? Et tu vas ramener Al, non?

- Je le ferai, promis-je en sentant ma gorge se serrer.

Merci, Lily, tu viens de me mettre la pression. Rose sembla le remarquer, car elle posa sa main sur mon épaule. Je repris toutefois comme si de rien était :

- J’ai eu une nouvelle idée, pour vous quatre… Vous savez tous voler, n’est-ce pas?

- James nous aurait tués si ça n’avait pas été le cas! s’exclamèrent Dylan et Liam en même temps.

- Bien sûr, affirmèrent Amy et Kieran immédiatement après dans une tout aussi parfaite synchronisation.

- Pourquoi tu demandes ça? s’enquit Ruby, curieuse.

- Car j’aimerais qu’ils soient tous monté sur des balais. Non seulement ils feront moins de bruit, mais en plus ils iront plus vite pour faire la « formation » que je veux qu’ils prennent.

- La formation? S’étonna Rose.

Je poussai un léger soupir avant de leur expliquer ce que je voulais que ce quatuor fasse en cas d’urgence. Et l’urgence étant si tout le monde sauf moi était au sol. Ce plan consistait à monter sur leur balai respectif et prendre quatre direction différente pour coincer Berkeley entre eux quatre. Ce qui pourrait nous donner l’avantage de la surprise. Enfin, je l’espérais.

- Alors, il nous faut des balais, conclut Kieran.

- Exactement, je vous conseille d’y aller tout de suite. Pendant ce temps, moi je vais préparer un petit quelque chose…

- Tu vas préparer quoi? s’enquit Rose.

- Une lettre.

- Une lettre? S’interloqua Scorp. Pour quoi faire?

- Si jamais les choses tournent mal, j’ai bien l’intention de l’expliquer, répondis-je en évitant le regard de tout le monde.

Chacun d’eux froncèrent les sourcils en me dévisageant. Pourtant, je ne me démontai pas. Il fallait songer à toutes les éventualités et celle de la défaite, sans vouloir être pessimiste était la plus probable. Enfin, dans le combat qui approchait à grand pas. Si je devais recourir à mon pouvoir, c’était une défaite en soi. Cela dit, j’avais bon espoir de réussir le plan B. Et sinon, il y avait toujours le plan C que j’éviterais de formuler. C’était une partie de mes dons dont je ne leur avais jamais parlé… Et je ne comptais pas le faire maintenant. De toute manière, ce ne serait qu’en dernier recours, si je n’avais plus aucune autre alternative.

- Allez donc chercher les balais, marmonnai-je alors que personne ne bougeait. On n’a pas toute la journée…

- Ils ne peuvent pas y aller seuls! protesta Teena.

- Je ne crois pas que Berkeley tentera d’enlever quelqu’un d’autre. Ce serait un peu excessif, même pour lui, rétorquai-je. Mais vous faites comme vous voulez, moi je reste ici pour écrire ma lettre.

Aussitôt Dylan, Liam, Amy, Kieran, Joshua, Ruby, James et Teena se détachèrent du groupe pour sortir de la Salle sur Demande. Quand la porte se referma sur eux je sortis rapidement une plume et un parchemin de mon sac à main, ainsi que de l’encre, évidemment. J’y notai tout d’abord toutes les révélations dont j’avais eu connaissance, ensuite les conclusions que j’en avais tiré. Je continuai en expliquant que je nous avais préparés autant que possible et que j’avais essayé de dissuader tout le monde de participer. Et bien entendu, ça n’avait pas fonctionné. Tout en suivant ce filon je révélai l’enlèvement d’Albus et l’ultimatum de Berkeley. Je notai encore plus lisiblement le lieu où je devais le rejoindre et pris soin de noter l’heure et la date. Après quoi, je transcrivis sur le papier le plan que j’avais mis en œuvre. Je pris aussi soin de noter le nom de tous ceux qui y participaient en intégralité. J’ajoutai ensuite le nom des personnes qui avaient servi Berkeley. Je conclus ma lettre avec des messages personnels à tous ceux qui seraient susceptible de lire cette lettre, soit Hermione, Harry, Ginny, Ron, Nesta et McGonagall. En post scriptum j’écrivis mon plan C, pour qu’au moins il sache ce qu’il s’était passé si jamais je ne revenais pas. Et que j’étais la seule à ne pas revenir.

Une fois qu’elle fut terminée, j’avais utilisé au moins cinq parchemins complets. Ma main me faisait souffrir légèrement, mais je n’avais tout à fait terminé. Je fis rapidement sécher l’encre pour qu’elle ne s’étale pas partout et ensuite je roulai tous les parchemins ensembles. En tenant le rouleau de plusieurs parchemins entre mes cuisses, je pus ainsi libérer mes mains pour sortir un sceau de mon sac à main ainsi que de la cire. La cire était d’un beau bourgogne foncé tandis que le sceau en était personnalisé. Lors d’une visite à Pré-au-Lard, j’avais trouvé par pur hasard un magasin à l’écart qui en faisait pour ses clients. Le mien représentait un dessin tribal de loup de face, les crocs dévoilés et au-dessus de sa tête était inscrit en lettre cursive « Icyeyes ».

D’un sortilège simple je fis fondre la cire sur les parchemins en rouleau et y étampé mon sceau. Aucun des adultes ne connaissaient ce nom, mais ils comprendraient rapidement la référence. La cire se solidifia rapidement et maintenant je n’avais plus à tenir le rouleau de parchemins pour que celui-ci ne se déroule pas. Je me tournai vers Lily et lui tendis le parchemin en disant :

- Je te confis ceci, Lily. Ce sera à Hugo et toi de le rapporter aux adultes si les choses tournent mal. S’il doit y avoir une intervention de Liam, Dylan, Amy et Kieran et que ça tourne mal. Vous devrez partir rapidement, sans bruit. Aller avertir les adultes et… tu donneras ceci à McGonagall, Lily. Et juste à elle. C’est vraiment important.

La plus jeune des Potter me dévisagea longuement et je crains pendant une seconde qu’elle ne refuse de le faire. Pourtant au bout d’une minute d’un silence plutôt angoissant, elle saisit le rouleau de parchemins et le rangea dans la poche de sa cape. Elle me dit sur un ton profondément sérieux :

- Je vais le faire, Alli. Compte sur moi. Mais il faut que tu tiennes ta promesse.

- Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour la tenir Lily. Je te le jure.

- J’aimerais que vous me promettiez tous de faire quand même attention, affirma-t-elle ensuite en regardant Rose.

- Je vous le promets, jura ma meilleure amie en regardant son petit frère.

Sur ces mots, le silence retomba. Je sentais le temps glisser entre mes doigts inexorablement et chaque seconde qui passait semblait être une épine qui se plantait dans mon cœur. L’absence d’Al ne m’avait jamais été aussi pénible. Je n’avais jamais entendu mon cœur battre aussi vite. Jamais.

Je finis par m’isoler, incapable de supporter cette terrible attente. Scorp et Rose s’approchèrent rapidement de moi, sans doute ressentait-il le même besoin pressant que moi? Hugo et Lily parlementaient à voix basse et je pouvais sentir leur angoisse d’ici. Un peu plus loin Parkin… Alexander avait la main de Malia étroitement serré la sienne et il se tenait épaule contre épaule. J’aurais tout donné pour leur éviter à tous de venir. Mais je savais qu’ils ne changeraient pas d’avis. Aucun d’entre eux.

Quand Rose et Scorpius m’eurent rejoins, on se mit à discuter entre nous à voix basse. Nous étions les Marcheurs d’Ombre après tout. Il manquait un seul de notre groupe et son absence se faisait sentir.

- J’ai un peu honte de l’avouer, mais… j’ai… j’ai peur. Un peu. Enfin… lâcha Rose tout doucement.

- Tu ne devrais pas avoir honte, Rose. On a tous peur. C’est humain d’avoir peur, dis-je en sentant mon cœur se glacer un peu plus.

- Moi je n’ai pas peur, affirma Scorp. Je suis effrayé, avoua-t-il avec un sourire moqueur quelques secondes plus tard.

Rose et moi on lui donna un coup de poing sur le bras, un bras différent, évidemment. Il fit semblant d’avoir mal le temps d’une seconde avant de reprendre son sérieux. Je leur avouai d’une toute petite voix :

- Vous êtes les meilleurs amis que je n’aurais jamais pu souhaiter, vous le savez, non? Je ne changerais rien à notre parcours, car c’est ça qui nous a rendu plus fort. La seule chose que je changerais, c’est le fait qu’on s’est créé des pseudos sans jamais les utiliser… Si on s’en sort il faudrait changer ça.

- Si on s’en sort, il faudrait qu’on montre à James qu’il n’est pas le seul dans l’école à pouvoir faire des gros coups, renchérit Rose. Et tu es aussi la meilleure amie que j’aurais jamais pu avoir.

- Si on s’en sort… Vous parlez comme si on allait effectuer un combat à mort, soupira Scorp. Écoutez-moi, toutes les deux. On va tous s’en sortir. Peut-être pas indemne, mais personne ne va mourir. Et oui, je suis d’accord avec Alli. C’est idiot. Avoir des pseudos sans les utiliser. Et… Je n’aurais jamais pu souhaiter une meilleure amie que toi, Allison Lévesque. Tu es et seras toujours ma meilleure amie. Tu as été la première à m’offrir une réelle amitié sans même savoir qui j’étais, ou plutôt mon nom. Tu nous as ouvert les yeux à tous et pour ça, je te serai toujours reconnaissant, ajouta-t-il en nous regardant longuement Rose et moi, mais surtout moi vers la fin.

Rose n’émit aucune objection à ce qu’il disait, car c’était la vérité. J’avais bel et bien été la première à lui offrir mon amitié. Ou du moins, une certaine sympathie. Et c’était vrai aussi que je leur avais ouvert les yeux, à Al, Rose et lui. Mais je restais profondément convaincu qu’ils auraient fini par le faire d’eux-mêmes.

- Vous n’aviez pas besoin de moi, pour devenir amis. J’en suis sûre, affirmai-je au bout d’un léger moment de silence. Ça aurait peut-être été un peu plus long c’est tout.

- Je ne suis pas aussi certaine que toi, rétorqua Rose.

J’haussai des épaules avec indifférence. Je me doutais qu’elle ne serait pas d’accord, mais ça ne changeait rien au fait que j’étais convaincue du contraire. Parfois, certaines personnes étaient faites pour devenir amis. Peu importe l’endroit où nous étions, dans quelle vie nous étions. Peu importe.

- On devrait commencer à utiliser nos pseudos à partir de maintenant, reprit Scorp comme si de rien était.

- C’est d’accord, Darkhaze, dis-je avec un sourire.

- J’en suis aussi, approuva Rose.

Scorpius eut un sourire malicieux avant de tendre la main dans le centre du cercle que nous formions tous les trois. Il affirma avec un ton solennel où pointait une légère touche d’amusement :

- Je suis Darkhaze, premier du nom et l’un des quatre premiers Marcheurs d’Ombre. Bientôt, on ne me connaîtra plus que sous ce nom.

Rose et moi on eut un sourire amusé. Il ajouta :

- Mais vous pouvez m’appeler Haze, si vous voulez.

Il prit un petit air supérieur, ce qui me donna l’envie irrépressible d’ajouter quelque chose à ce qu’il venait de dire. Avec un sourire moqueur j’affirmai :

- C’est vrai que tu es souvent perdu dans la brume, Darkhaze.

- Tais-toi, Alli.

- Ce n’est pas mon nom, dis-je avec un sourire narquois.

- Tant que tu n’auras pas affirmé la même chose que moi, tu resteras Alli pour moi, dit-il avec encore plus d’amusement.

Je levai les yeux au ciel, mais décidai d’obtempérer. Ce qu’il pouvait être idiot, parfois. Je posai ma main sur la sienne et affirmai avec un ton tout aussi solennel que le sien, mais où l’amusement pointait encore plus :

- Je suis Icyeyes, première du nom et l’un des quatre premier Marcheurs d’Ombre. Cela dit, je suis plus une Marcheuse d’Ombre. Bientôt, on ne me connaîtra plus que sous ce nom.

J’ajoutai rapidement avec un haussement de sourcil :

- Ça te va, comme ça? Ah, j’oubliais. Vous pouvez m’appeler Icy.

- C’est très bien, Icyeyes, approuva-t-il en m’adressant un grand sourire.

D’un même mouvement nous nous tournâmes vers Rose. Elle poussa un soupir et gronda :

- On va devoir pousser Al à le faire aussi, quand on l’aura ramené.

La certitude qu’elle avait maintenant dans la voix me donna espoir. L’attente nous avait lentement miné le courage que nous avions.

- Oui, nous le ferons, Rose Weasley. Mais en fait, on va devoir le refaire, histoire que le tout soit vraiment concret, répondit Scorp avec un petit sourire narquois.

Rose et moi nous levâmes à nouveau les yeux au ciel. Ma meilleure amie posa néanmoins sa paume sur la mienne et affirma avec un ton solennel, mais les yeux brillant d’amusement :

- Je suis Bloodyclaws, première du nom et l’un des quatre premiers Marcheurs d’Ombre. Comme Icyeyes, je suis plutôt une Marcheuse d’Ombre. Et bientôt on ne me connaîtra plus que sous ce nom. Si vous le désirez, vous pouvez m’appeler simplement… Bloody.

Je ne pus m’en empêcher et je récitai avec un sourire mystérieux et une voix presque sourde et susurrante :

- Bloody Mary, Bloody Mary…

Mes deux amis me dévisagèrent avec incompréhension. Par Morgane, ils étaient vraiment inculte, ma parole! Bon, en même temps… c’était un truc moldu. Enfin, j’imagine puisqu’aucun des deux ne semblaient savoir de quoi je parlais. Je poussai un léger soupir avant d’éclairer leur lanterne défaillante :

- Bloody Mary est en quelque sorte un fantôme qui apparaît dans les miroirs quand on prononce son nom, dis-je simplement. Il y a des variantes que je me ferai un plaisir de vous énumérer cet été. Ainsi que d’autres choses. Je ne vous ai vraiment jamais parlé de Bloody Mary?

Ils secouèrent la tête et je fronçai les sourcils. J’aurais pourtant cru que je leur aurais raconté ça lors des nombreuses fêtes d’Halloween que nous avions passé ensembles à nous raconter des histoires. Eh bien, je me reprendrais cet été, je suppose. À condition d’être toujours là, bien sûr.

- Bon, il nous reste à faire quoi, maître Darkhaze? Demandai-je en souriant malicieusement à mon meilleur ami.

- Pour les Marcheurs d’Ombre? Proposa-t-il.

Nous hochâmes de la tête, puis d’un même mouvement nous relevâmes les mains dans les airs tout en s’exclamant (en chuchotant, bien sûr) d’une même voix :

- Pour les Marcheurs d’Ombre!

Après quoi nous laissâmes retomber nos mains le long de nos corps respectifs. Je crois que Rose s’apprêtait à me poser une question, mais au même moment la porte de la Salle sur Demande s’ouvrit sur tous ceux qui l’avaient laissé.

Leur arrivée ramena l’angoisse qui m’avait quitté et à nouveau j’eus le sentiment qu’une main glacée se refermait sur mon cœur. C’était maintenant. Maintenant que tout allait se jouer. Pour le meilleur ou pour le pire. Le pire étant que je ne revienne pas. Sauf que ça, mes amis ne le savaient pas. Et je n’avais pas l’intention de le leur dire.

- Je crois qu’il est temps d’y aller. Il est presque vingt-deux heures et le temps de se rendre…

- Tu as raison, Icy, affirma Rose.

- Icy? S’étonna Ruby en fronçant les sourcils.

- Longue histoire! Nous nous exclamâmes en même temps Rose, Scorp et moi.

On échangea un sourire l’espace d’un instant avant de reprendre un air sérieux. Je sortis rapidement ma Carte et avec soulagement je vis que tous les fantômes et tous les professeurs se trouvaient loin. Ainsi que Rusard, évidemment. Rassurée sur ce point, nous nous glissâmes tous en dehors de la Salle et sans faire le moindre bruit nous nous dirigeâmes vers le passage secret menant à l’extérieur de l’école.

Une fois à l’intérieur du passage, James me rejoint à l’avant et me demanda en posant sa main sur mon épaule :

- Comment tu te sens?

L’inquiétude emplissait sa voix et cela ne fut que nouer davantage le nœud dans ma gorge. Je toussotai légèrement pour être en mesure de parler normalement et je marmonnai :

- Aussi bien que possible, James.

- Dis-moi la vérité.

Un soupir m’échappa et je continuai en chuchotant :

- Très bien, comme tu veux. Si tu veux savoir, j’ai peur. J’ai peur de ne pas être à la hauteur. J’ai peur de ne pas y arriver. J’ai peur pour vous à chaque pas supplémentaire que l’on fait vers la Forêt interdite. J’ai peur que l’un de vous ne se fasse tuer, même si ce ne serait pas à l’avantage de Berkeley. J’ai peur de partir… et de ne jamais revenir. Sauf que malgré tout je vais y aller. Parce que je ne peux pas abandonner Al. Et que si je n’y vais pas maintenant… il sera sans doute trop tard pour tout. Je ne peux pas passer ma vie à me cacher non plus. Ce n’est pas mon genre.

- Alors ça non, ce n’est pas ton genre de te cacher, acquiesça James. Sauf quand tu souffres, ajouta-t-il.

Je grommelai pour moi-même et sans le voir, je devinais le sourire moqueur qui venait d’étirer les lèvres de l’aîné des Potter. Sa main se resserra soudainement plus fortement sur mon épaule et il affirma :

- Allison, sache que je ne viens pas seulement pour Al, ce soir. Je viens pour toi. Tu fais presque parti de la famille. En fait, non. Tu en fais partie. Et je crois que ça date depuis le premier jour où tu es venue au Terrier. Mamie Weasley t’a adopté, comme elle a adopté mon père. Je ne pourrais jamais te laisser y aller seule. Même si j’avais été encore en colère noire contre toi. Parce que… Parce que quand un membre de notre famille est en danger, que l’on soit en colère contre lui n’importe plus. Et… tu… Tu es… Tu n’es pas seulement comme ma sœur. Tu l’es. Ou peut-être devrais-je dire… ma belle-sœur.

Je restai sans voix un long moment. Je ne m’attendais pas à ce que James me dise tout ça maintenant. Alors qu’il y avait de grandes possibilités que tous ceux qui nous suivaient l’entendent. Et puis… ce n’était pas vraiment le genre de déclaration que faisait James habituellement. Mais il n’avait apparemment pas fini, car il reprit :

- Je suis désolé. Désolé d’avoir été une vraie tête de mule. Désolée d’avoir dit de telles choses et de t’avoir demandé de choisir à travers Al. C’était injuste de ma part et ignoble. Je ne le ferai plus jamais et s’il fallait que je le fasse tu as la permission de me frapper jusqu’à ce que j’entende raison.

- Ça devient intéressant ça, dis-je moqueuse. Te frapper jusqu’à ce que tu entendes raison… Je pourrais m’y habituer…

- Seulement pour ce scénario-là, Allison! Protesta-t-il violemment, car il n’avait pas pu voir mon sourire moqueur dans le noir.

- Je plaisantais, James. Détends-toi…

- Je ne crois pas qu’aucun d’entre nous n’arrivera à se détendre avant que tout soit fini, fit remarquer Ruby en me faisant sursauter. Et oui, on a tout entendu, ajouta-t-elle et je sentis son sourire malicieux dans sa voix.

Je poussai un soupir parfaitement audible pour tout le monde ce qui déclencha quelques rires. Mais rapidement l’obscurité et ce que nous allions faire les étouffa. La gaieté et le bonheur ne semblaient pas être des émotions adéquates pour l’endroit où nous allions. Et encore moins pour ce qu’on allait y faire.

Avec les minutes qui défilaient à une vitesse qui me semblait intolérable, je craignais d’arriver trop tard. Pourtant, nous arrivâmes à l’orée de la Forêt interdite pile poil à l’heure dites. Par mesure de sécurité tous les autres nous avaient abandonné à la sortie même du passage secret. Alors je me tenais maintenant aux côtés de James seul, devant les grands arbres de cette forêt qui terrifiait bon nombre d’élèves, mais qui pour moi me semblait… mystérieuse, intéressante et tout simplement parfaite.

J’aperçus un furtif mouvement à ma droite et si je me fiais à la couleur ainsi qu’à la taille, c’était nul autre que Scorpius. Au-dessus de moi, très loin dans le ciel, se trouvait une ombre d’oiseau de proie. D’où j’étais je pouvais parfaitement sentir les yeux acérés de l’oiseau posé sur moi, surveillant chacun de mes faits et gestes. Avant de se transformer, Teena avait émis quelques craintes, mais nous l’avions tous rassurée en disant que maintenant Rose savait parfaitement voler.

- On y va? S’enquit James dans le silence étrangement profond de la forêt.

- On n’a pas trop le choix…

J’étais toutefois rassurée à l’idée que tous mes amis n’ayant pas de forme d’Animagus avaient été en mesure de jeter le sortilège de Désillusion, permettant ainsi d’être moins à découvert. Et leur permettait de passer plus inaperçu que s’ils étaient restés complètement visible. Ainsi, ils étaient tout autant à l’abri que ceux sous forme d’Animagus.

- On va lui faire sa fête, affirma James.

- Il va regretter de s’en être pris à ma famille et mes amis, renchéris-je pour me donner du courage.

Aussi étrange que cela puisse paraître, cela fonctionna. Et maintenant au lieu d’être une peur croissant à chaque pas supplémentaire, c’était la colère qui augmentait. À tel point que je me retrouvai à serrer le poing gauche et refermer mes doigts plus fortement que nécessaire sur ma baguette.

Mon cœur battait à tout rompre, mais j’ignorais si c’était dû à ma colère grandissante ou à l’angoisse. Avant même d’entendre la voix horrible du tortionnaire de ma famille, je l’aperçus. Al. Il était là, à une vingtaine de mètres de moi… Plaqué contre un arbre par Keegan Griggs et Bruce Slow.

- Allison, je suis heureux d’enfin te revoir, lança soudain Berkeley en sortant de l’ombre au moment où je m’élançais vers Al.

Je m’interrompis brusquement de courir, tout comme James, en voyant que mon ennemi se trouvait à seulement dix mètres de nous. Et cinq d’Al. Nous n’avions pas eu beaucoup de temps pour se rapprocher. Je continuai toutefois à marcher lentement vers eux. Malgré tout, à cinq mètres de Berkeley je m’interrompis et je clamai :

- Le plaisir n’est pas réciproque, Beurky.

Le surnom m’avait échappé et à voir l’éclair de colère qui avait traversé ses yeux, il n’appréciait pas beaucoup. Cela dit, je ne regrettais absolument pas d’avoir laissé échapper son surnom. Toutes les occasions de le mettre en colère étaient bonnes à prendre. James eut un petit rire qu’il étouffa en toussant. Berkeley ne sembla pas être dupe, car il lui renvoya un regard mauvais.

- Alors comme ça, quand tu n’as plus ton petit-ami, tu te contentes de son frère? Ricana-t-il tout de même en me jetant un regard froid.

- L’ignorance tue chaque jour, à ce qu’il parait. La vôtre risque d’être bien douloureuse, susurrai-je avec un soupçon de mauvaise humeur, mais qui n’était que très peu perceptible.

Je sentis toutefois une sueur froide recouvrir mon dos. C’était facile de camoufler mes émotions derrière de l’arrogance, je l’avais toujours fait. Mais c’était dangereux de le faire quand…

- Endoloris! S’écria Berkeley en pointant sa baguette qui était sorti de nulle part sur Albus.

Ce dernier lâcha un gémissement sourd et j’étais prête à parier que ses joues étaient maintenant en sang. Il s’affala dans les bras de ceux qui le retenaient contre l’arbre et la lumière dans ses yeux me sembla éteinte, soudainement.

- Ne joue pas à la plus fine avec moi, Allison. Sinon, il va souffrir. Ils vont tous souffrir. À moi qu’il n’y ait que vous deux ici? Me prévint le tortionnaire de ma famille.

- Il n’y a que nous, affirmai-je, sans mentir.

Ce n’était pas un mensonge. Je n’avais pas précisé quel nombre de personnes englobait le nous, n’est-ce pas? Et je n’avais pas ajouté il n’y a que nous deux. Sans oublier que, d’une certaine manière, Al faisait tout de même parti de l’équation. Donc, le nombre juste aurait été trois, si Berkeley avait su compter.

- Ça ne m’étonne pas de toi. Tu es assez arrogante pour croire pouvoir me vaincre seule… C’est tellement idiot. Par contre, c’est surprenant de la part de tes amis…

- Mes amis n’ont pas eu le choix. C’était ça ou rien, répondis-je en grommelant. Et vous devriez arrêter de me sous-estimer. Par deux fois on s’est fait face. Par deux fois, je vous ai faussé compagnie. Je ne vois pas pourquoi cette fois sera différente.

Il eut un sourire mauvais et une étincelle de malice éclaira son regard quand il me dit :

- C’est là que tu fais erreur, Allison. Ce sera différent cette fois, car tu vas me rejoindre de ton plein gré. Ce sera peut-être long… Mais je crois que tu ne supporteras pas longtemps de voir ton ami, ici, présent, souffrir.

Pour appuyer ses mots, il se tourna de nouveau vers Al. Cette fois il lâcha un cri de douleur étouffé et ce fut à mon tour de me mordre les joues. Je croisai son regard d’émeraude et dans ses yeux, outre la douleur, j’y lus la détermination. Une détermination froide. Il n’avait pas l’intention d’abandonner et il n’avait pas l’intention que j’abandonne aussi. Ce qu’il me disait, à travers ses yeux, c’était de continuer. De faire ce que j’avais à faire.

- Alors, Allison? Combien de temps crois-tu tenir? Jusqu’à ce qu’il devienne fou? Ou avant? Me tança Berkeley.

Du coin de l’œil, je vis que James était énormément tendu. Et j’étais prête à parier que c’était la colère qui le faisait se tendre autant. Contre toute attente, je trouvai la force de sourire. Une idée étrange, totalement inappropriée et absolument amusante venait de me traverser l’esprit. Je commençai d’abord à voix basse, avant d’augmenter le volume de ma voix de plus en plus jusqu’à crier :

- Tenez vos positions! Tenez vos positions! Fils et filles de Poudlard, mes frères, mes sœurs! Je lis dans vos yeux la même peur qui pourrait saisir mon cœur. Un jour peut venir où le courage des Poudlardiens faillira, où nous abandonneront nos amis et briseront tous liens! Mais ce jour n’est pas arrivé! Ce sera l’heure des loups et des baguettes brisées lorsque l’âge de Poudlard s’effondrera! Mais ce jour n’est pas arrivé! Ce soir nous combattront! Pour tout ce qui vous est cher dans cette bonne école, je vous ordonne de tenir, enfant de Poudlard!

L’air qu’avait Berkeley en ce moment valait le détour. Il avait les yeux si ronds et remplis d’incompréhension que c’en était comique. Il n’avait décidément rien compris à ce que j’avais dit. Mais Al et James, oui. Le premier avait une nouvelle étincelle dans les yeux, plus malicieuse. Quant au deuxième, il s’esclaffa l’espace d’un instant avant de recevoir un coup de coude de ma part et d’arrêter net son rire. Il comprit immédiatement que c’était là notre signal.

D’un même mouvement, on brandit notre baguette en direction de Berkeley utilisant son moment d’incrédulité à notre avantage. Histoire de ne pas risquer de le réveiller de son étonnement, je pris soin de lancer un sortilège informulé.

- « Stupéfix! » m’écriai-je mentalement.

James dut avoir la même idée, car de son côté non plus il n’y eut aucun son, mais un éclair de lumière rouge me permit de savoir qu’il avait lancé le Sortilège de Désarmement.

Malheureusement, notre attaque ne porta pas ses fruits, car Berkeley reprit assez rapidement ses esprits pour parer nos attaques qui rebondir sur le bouclier qu’il avait créé. James et moi on sauta de côté pour éviter nos propres sortilèges.

- Alors, tu veux jouer à ça, hein, Allison? Comme tu veux, mais sache que tu ne peux espérer la victoire, m’annonça celui que j’exécrais de tout mon être.

Immédiatement après le dernier mot prononcé, je vis des silhouettes sortir des bois. Pendant un moment de flottement je crus que c’était mes amis, mais… non. Ce n’était pas le cas. Sous mes yeux incrédules, s’avançaient des personnes que je ne m’attendais pas à voir ce soir, même si au fond, c’était logique. Berkeley n’avait pas seulement amené Slow et Griggs avec lui ce soir. Non, pas du tout. Il avait sa propre petite armée. Une goutte de sueur glissa le long de mon front alors que je les énumérais mentalement.

Cyrus Sharps, sixième année Serpentard. Judy Lucas (POURQUOI?!), septième année Gryffondor. Isabel Mills, sixième année Serpentard. Elizabeth Adams, cinquième année Serdaigle. Donovan Mersch, cinquième année Serdaigle. Clint Benson, sixième année Serpentard. Ashley Davidson, cinquième année Serpentard. Kai Montague, sixième année Serpentard.
Merlin! Il y en avait que Parkinson, enfin… mon frère, ne m’avait même pas dit! L’ignorait-il ou avait-il gardé ces informations pour lui? Qu’est-ce que Mersch et Adams faisaient là? C’était incompréhensible. Certes, le premier n’était pas l’individu le plus appréciable de Poudlard, mais que faisait-il là-dedans. Et la deuxième, elle ne me donnait pas l’impression d’être du genre à participer à ce genre de chose… Quant à Ashley, je croyais qu’elle m’avait dit ne donner que des informations. Quand je lui avais dit ce qu’il s’était produit avec Lily, elle avait paru profondément troublée. Était-ce un leurre? Je n’y comprenais décidément rien à rien.

- Surprise, Allison? Se moqua Berkeley avec un rictus aux lèvres. Tu croyais que ton cher frère t’avait tout révélé, n’est-ce pas? Permet d’éclairer ton esprit. Il t’a dit tout ce qu’il savait, mais il ne connaissait pas tout. Je ne suis pas idiot. Et maintenant, que vas-tu faire? Tu es en infériorité numérique…

Certes, je l’étais. Mais je ne pouvais pas abandonner sans me battre. Je venais de lancer un discours sur le courage et le combat. Je n’avais pas l’intention d’abandonner et rompre ma propre parole. Je chuchotai alors tout bas pour que seul James puisse m’entendre :

- C’est le moment d’arrêter de fainéanter, James. Al.

Je venais à la fois de lui dire que nous allions commencer à nous battre et aussi sur qui lancer nos sorts en premier. Et un peu ce à quoi le plan ressemblait. En bref, par le simple non de son frère, je lui disais qu’on attaquait ceux qui le retenait et qu’on s’arrangeait pour le rejoindre coûte que coûte.

- Qu’est-ce que tu as dit? S’enquit Berkeley sur un ton profondément ennuyé.

- J’ai simplement dit que c’était le moment d’arrêter de fainéanter, répondis-je et un sourire étira mes lèvres.
Mon ennemi fronça à nouveau les sourcils, mais je savais qu’il jouait avec moi. Au moment où je lèverais ma baguette, il me lancerait un sort. À moi, ou à James. Il fallait donc être assez rapide pour en envoyer un à Griggs et Slow, puis se protéger. Avec un peu de chance, Scorp et Parkinson était sur le point de charger et s’occuperait de certains des acolytes de Beurky. Car j’avais l’intuition qu’eux aussi se lanceraient dans le combat dès que nous ouvrirons le feu…

- « Stupéfix! » lançai-je à nouveau en même temps que James lançait son « Expelliarmus ».

Suite à quoi on se positionna dos à dos et on réussit à bloquer la première volée de sortilège. Dans la main gauche de James se trouvait la baguette de Slow, tandis que Griggs était dans le coma causé par mon sortilège. Du coin de l’œil je vis qu’Al réussit sans aucun mal à se défaire de Slow maintenant que ce dernier n’avait plus sa baguette pour se défendre.

Je fus remplie d’une joie indescriptible lorsque je vis le premier corps s’effondrer par terre. C’était celui de Judy Lucas. La seule septième année du groupe et la seule Gryffondor. À côté d’elle se tenait mon frère avec un sourire goguenard aux lèvres. Il s’attaqua alors aux autres qui continuaient à faire pleuvoir des sorts sur nous. Rapidement, Scorp apparut à son tour, aux côtés du corps immobile d’Ashley Davidson.

À partir de ce moment, le sourire satisfait de Berkeley, qui se contentait d’observer le tout, se transforma en rictus furieux. Apparemment, il avait tout de même cru mes petits mensonges sur ma venue en presque solitaire. Tout en continuant à me battre, un sourire amusé étira mes lèvres. Prends ça, Berkeley, pensai-je en continuant à attaquer ses alliés et en lui envoyant un ou deux sortilèges à l’occasion.

Étrangement, il n’attaquait toujours pas. Même lorsque des sorts commencèrent à pleuvoir d’au-dessus de nous, en provenance des arbres, pour attaquer encore plus ses derniers suivants. À cet instant précis, ils n’avaient plus aucune chance. C’était tous des élèves et à première vue Berkeley ne leur avaient pas vraiment donnés d’entraînement. Seulement deux ou trois d’entre eux avaient tentés d’utiliser un Sortilège Impardonnable. Aucun ne fit mouche, avec chance.

Les uns après les autres ils s’effondrèrent, pris aux pièges qui d’un Sortilège de Stupéfixion, qui d’un Maléfice du Saucisson. Bientôt il ne resta plus que Berkeley debout. Al nous avait rejoints au milieu, ainsi qu’Alexander, Scorp, Rose et Teena. Elles étaient descendues de leur arbre immédiatement après en avoir fini avec les derniers adversaires. Berkeley attendit patiemment que l’on prenne position, en un large demi-cercle, comme s’il avait tout son temps. Ce qui, en un sens, était peut-être le cas.

Dès que ce fut fait, il toussota et annonça :

- Bien, bravo, tous! C’était du grand spectacle. Je vois que vous vous êtes améliorés, tous, depuis notre dernière rencontre. Mais vos efforts sont inutiles. Vous feriez mieux de jeter les armes immédiatement.

Ma réponse sortit claire, concise et avec un peu de brutalité :

- Jamais.

Les autres hochèrent de la tête avec un air déterminé au visage. Moi, en ce moment, la colère prenait de nouveau toute sa place. Berkeley offrait encore son sourire suffisant à mes yeux furieux et ce n’était pas du tout pour me plaire. Il jouait encore avec nous. Arrêterait-il un jour de jouer?

- Comme vous voulez, dit-il simplement en haussant les épaules.

L’attaque fut rapide et précise. Ce ne fut que par un pur coup de chance que je réussis à éviter sa première attaque, tout comme tous mes autres amis. Il était rapide, diablement rapide. J’avais oublié à quel point. Nous tînmes bon, le temps que Ruby, Joshua et Malia apparaissent à leur tour. Dans le dos de Berkeley. C’est l’un des seuls moments où il me parut surpris. Mais par une rotation tout à fait spectaculaire de son corps il parvint à bloquer tous nos sorts. Je n’avais jamais vu quelqu’un se battre avec autant de facilité. J’étais prête à parier que même Voldemort n’était pas aussi doué! Les raisons pour lesquelles Berkeley avait réussi à s’enfuir étaient on ne peut plus évidentes, cela dit.

Il ne semblait même pas faiblir, alors que nous, si. Nous n’avions jamais fait durer nos combats amicaux aussi longtemps. Et jamais avec une telle intensité. Des gouttes de sueurs s’écoulèrent de plus en plus sur mon front et dans mon dos. Ma main gauche se mit à trembler imperceptiblement et tout mon corps était si crispé que je commençais à avoir des difficultés à me mouvoir correctement.

Du coin de l’œil je pouvais voir que mes amis ne s’en tiraient pas mieux que moi. Malia et Teena semblaient littéralement reculer sous les coups de Berkeley. Joshua et Ruby, quant à eux, tenaient bons, mais la peur se lisaient dans leurs yeux. Du côté de Scorp et de Rose… leur détermination semblait faiblir de plus en plus à chaque coup. Pour ce qui était des deux Potter avec moi, ils semblaient étrangement rayonner. Ce qui était assez contrastant d’avec les autres. Ils avaient une manière de se mouvoir qui semblait complémentaire. Apparemment, c’était de ce côté que Berkeley avait le plus de difficulté à percer la défense.

Et puis il y avait moi, bien sûr. J’avais l’impression que tous les plus gros sortilèges m’étaient lancés. Les plus gros, mais pas les plus dangereux. Il lança à plusieurs reprises le Sortilège Doloris en directement de mes amis les plus proches.
J’ignorais ce que pensaient Amy, Kieran, Liam et Dylan de tout ça, mais j’étais prête à parier qu’ils avaient bien des difficultés à rester où ils étaient. Le plan, c’était d’attendre de voir si nous nous en sortions. Si je devais me retrouver seule debout, à ce moment, et ce moment seulement, ils devaient venir.

Après encore un long moment, ma main droite se mit à trembler. Mes sortilèges devinrent moins précis et de la sueur me coulait dans les yeux. Nous n’avions absolument aucune chance.

La fatalité nous tomba dessus au moment où mon frère se jeta sur la trajectoire du Sortilège Doloris qui devait atteindre Malia. Il s’effondra par terre avec un soubresaut avant que Berkeley ne l’achève d’un « Stupéfix ».
La colère gonfla en moi et je me remis de plus bel à me battre, sauf que ce ne fut que pour voir Teena s’effondrer à son tour juste à côté de Parkinson. Cette fois, non seulement la rage me prenait-elle au cœur, mais aussi l’impuissance. Et mes mains qui ne voulaient plus cesser de trembler!

Malia ne tarda pas, elle non plus. Et elle fut projetée violemment contre un arbre. Je n’entendis aucun os craquer, mais son immobilité ensuite m’inquiéta instantanément. Apparemment, l’attention de Rose fut détournée elle aussi, car le même sortilège l’envoya valdinguer contre un arbre dans la direction opposée.

J’aurais bien voulu voir comment elle allait, mais à ce moment tout le reste se passa beaucoup trop vite. D’abord, Scorp qui avait voulu venger Rose se retrouva entraver à un arbre par des liens beaucoup trop puissant pour être rompu et sa baguette lui échappa. Ensuite, Joshua se fit assommer durement par une branche d’un arbre qui avait apparemment été animé. Ruby ne tarda pas à le rejoindre dans l’inconscience suite à un Sortilège de Stupéfixion. Il ne restait plus qu’Al, James et moi. Et c’était loin d’être suffisant.

Il se produisit alors deux évènements en un seul coup. Ou deux très rapprochés. En tout premier lieu, James s’écroula sans raison apparente par terre, comme si tous ses os s’étaient liquéfiés. Apparemment, ce n’était toutefois pas cette raison, car l’instant suivant il avait la main devant la bouche et se mettait à cracher des limaces.

Je fus rapidement détournée de cette scène par le hurlement de douleur d’Albus. Il s’était à son tour écroulé par terre et se tordait dans tous les sens sur le sol, essayant en vain d’échapper à la douleur.

Je tentai d’empêcher Berkeley de continuer, mais il me propulsa à mon tour contre un arbre avant que des liens ne m’enserrent la taille et m’oblige à rester contre lui. Al arrêta soudain de hurler et je songeai qu’il devait s’apprêter à me poser une question, mais c’est à ce moment qu’Amy et les trois gars se mirent en action. Le seul problème, c’est qu’il était un peu trop tard. Car j’avais maintenant la preuve que Berkeley était beaucoup trop puissant pour nous. Pour moi.

Il sembla toutefois dérouter de se rendre compte que nous n’avions pas tous été là. Je crus même voir une lueur inquiète traverser ses yeux. Commençait-il à faiblir? Craignait-il que d’autres de mes amis n’arrivent? Impossible, tous les autres ignoraient ce que j’étais et je ne pouvais pas vraiment les considérer comme des amis. Même si je les appréciais. Je tentai de me débattre de toutes mes forces pour me délivrer des liens, mais j’étais trop bien attachée et beaucoup trop faible aussi. Enfin, quelques minutes de répit seraient suffisantes pour que je récupère suffisamment, mais… je n’avais pas quelques minutes.

J’aurais pu me transformer en loup, ou essayer. Mais les liens risquaient plus d’écraser le loup qu’autre chose. Ce qui voulait dire que je ne pouvais pas utiliser la métamorphose en Animagus pour me sortir de ce mauvais pas, cette fois. Et c’était extrêmement agaçant, car c’était la seule chose que je pouvais faire sans baguette. À moins que… Non. Je ne pouvais pas utiliser mon don maintenant. Ce serait beaucoup trop dangereux et bien trop stupide aussi. Par ailleurs, je n’étais pas certaine à cent pour cent que ça changerait quoi que ce soit à ma situation.

Amy, Dylan, Kieran et Liam se montrèrent fort habiles et bien courageux, mais ce n’était pas suffisant. Quand ils se retrouvèrent tous par terre, Beurky ne semblait qu’à peine fatiguer. Toutefois, il ne semblait pas non plus dans sa plus grande forme. Ce qui voulait dire que nous l’avions épuisé. Et qu’il n’était donc pas à son meilleur en ce moment. Alors, tout ça n’avait peut-être pas servi à rien.

Il se passa une main lasse dans les cheveux, sans prêter attention à aucun de nous. Je venais tout juste de constater qu’Al était ficelé par terre. Il nous avait tous eu. Jusqu’au dernier. Il fallait plus qu’espérer que Lily et Hugo étaient partis comme prévu. Et qu’ainsi les adultes sauraient ce qu’il s’était produit.

- Bon, assez joué, Allison. Tu sais ce que je veux… Ne rend pas les choses plus compliqué…

- Je ne le ferai jamais! M’entêtai-je.

Une reddition trop rapide pourrait le porter à se méfier et ce n’était pas mon intention. Je jetai des coups d’œil inquiet à mes amis et j’aperçus James qui crachait toujours des limaces dans un coin. Sauf qu’il était très proche d’Albus. Et sans qu’il n’y paraisse, il avait dans sa main gauche et enrouler autour de son poignet, une corde. Une corde qui rejoignait Al. Je compris immédiatement son plan. Berkeley ne semblait pas avoir remarqué ses petits détails, car il s’écria :

- Stupéfix!

Le corps de James se retrouva immédiatement inerte. Mais je savais que je n’aurais qu’à faire une seule chose. Une seule petite chose au moment où nous serions dans la Vision du passé. Et c’était de le ranimer. Et peut-être de le repousser comme si de rien était si j’avais le temps. Comme ça, il pourrait m’offrir une diversion en cas de problème. Enfin, il fallait aussi pour ça qu’on arrive jusque-là. Et espérer que je n’aurais pas à mettre en œuvre le plan C, car sinon ce serait beaucoup plus compliqué.

- Ne sois pas têtue, Allison. Tu ne veux pas que je torture encore notre jeune ami, n’est-ce pas? Reprit Berkeley comme s’il ne venait pas tout juste de s’attaquer à James.

Un frisson me parcourut des pieds à la tête en songeant à la douleur d’un tel sortilège et à la simple idée de revoir Al souffrir sous mes yeux. Malgré tout, j’affichai un air dédaigneux en redressant le menton et lâchai d’un ton sec :

- J’ai dit… non. Je ne le ferai pas.

Il ne lui fallut pas plus d’une seconde pour se remettre à torturer Al. Je tentai de me fermer les yeux, mais il vint me rejoindre à grandes enjambés pour me les maintenir ouvert tandis qu’il torturait à nouveau Albus. Encore. Et encore. Et encore. Il maintenait mon visage dans la direction d’Al avec fermeté et bientôt des larmes se mirent à rouler sur mes joues. Je venais de voir la dernière étincelle de détermination quitter le regard de celui que j’aimais. Maintenant, tout ce que je trouvais dans ses yeux d’émeraude c’était l’éclat froid et poignant de la douleur.

- Arrêtez, arrêtez, je vous en prie… hoquetai-je douloureusement.

À mon plus grand effroi, ce n’était pratiquement pas un jeu d’acteur. J’en avais plus qu’assez. Plus qu’assez qu’on s’attaque à ceux que j’aime. Plus qu’assez que l’on fasse souffrir les miens. C’était fini. J’abandonnais le plan A. Place au plan B.

Les cris étouffés d’Al s’interrompirent aussitôt et Berkeley plongea son regard glacial dans le mien. Il pencha son visage tout près du mien et susurra :

- Es-tu enfin prête à faire ce que je te demande?

- Ou… Oui, soufflai-je d’une toute petite voix. Mais laissez-moi le voir une dernière fois avant de partir.

- Si cela peut t’inciter à m’amener où je veux, très bien.

Quand il me libéra de mes liens, je tombai à genoux. Juste à côté de ma baguette. Il devait croire qu’elle était tombée plus loin, car il ne paraissait pas particulièrement alarmé. Je la saisis discrètement avant de la glisser dans ma poche sans trop remuer. Je me redressai lentement, comme si j’éprouvais des difficultés à le faire et c’est presque à cloche-pied que je me rendis jusqu’à Al.

Je me laissai tomber à ses côtés et d’une main tremblante caressai son visage. Je vis sa tête remuer imperceptiblement, comme s’il acquiesçait. Acquiesçait à quoi? Au fait qu’il ne m’en voulait pas? Mais je m’en voulais tellement! Je l’avais fait souffrir inutilement. Il ne méritait pas ça… Les larmes continuèrent à s’écouler de mes joues. Je m’allongeai ensuite contre Albus, comme pour le serrer dans mes bras. Sauf que je venais d’avoir une nouvelle idée. Tout doucement, je ressortis ma baguette et tout en continuant à faire tressauter mes épaules, comme sous le coup de sanglots, je lançai mentalement en direction de James :

- « Enervatum! »

Il eut un mouvement presque imperceptible qui me prouva qu’il était de nouveau éveillé et je rangeai tout aussi doucement ma baguette. J’avais tout juste commencé à me redresser qu’il lança :

- D’accord, ça suffit maintenant. On a du travail, Allison.

Je hochai tranquillement de la tête et me levai. Je m’assurai d’être toujours en contact avec Al lorsque je me tournai vers Berkeley. Ce dernier sembla réfléchir un instant avant de dire :

- Prends-lui la main. On l’emmène.

- Que… Quoi? m’étonnai-je en blêmissant.

Je n’avais pas prévu qu’il veuille lui-même que je traîne Al dans la vision. Avait-il déjà tout compris le plan que j’avais préparé? Savait-il quelque chose à propos de…

- Il me faut bien un moyen de pression, n’est-ce pas?

Je tressaillis involontairement et un sourire satisfait se peignit sur le visage de celui que je détestais de tout mon être. Je trouve néanmoins le courage de lancer sur un ton de défi :

- Où est-ce que je vous emmène, Monsieur Beurkylie?

Il eut une grimace de colère avant de reprendre son sourire arrogant. Il avoua en me tapotant la joue, ce qui provoqua un rictus répulsion chez moi :

- Je dois bien te donner ça. Tu es peut-être faible, mais tu as du cran. Beaucoup de cran. Mais en avoir trop, ce n’est pas toujours une bonne chose, Allison.

Sur ces mots il m’administra une gifle magistrale qui me fit tourner de l’œil pendant quelques secondes. J’avais l’impression qu’il venait de m’arracher la peau de tout le côté droit de mon visage, par Merlin!

- J’espère que ceci t’auras permis de savoir comment je réponds à l’insolence.

- Vous devriez peut-être parler plus fort, je n’entends plus rien de l’oreille droite, grondai-je sourdement.

L’un de mes gros problèmes? L’impulsivité, évidemment. Et la tendance particulière à répondre du tact au tact avec n’importe qui, alors que parfois il serait plus sage de se taire et d’attendre. Sauf que l’impulsivité ne connaissait pas de mot tel que « attendre ».

La gifle suivante fut encore plus terrible que la première et me fut donné du côté gauche. Cette fois, je fus certaine d’entendre quelque chose tinter dans ma tête. Et comme c’était tout bonnement impossible, je craignis un instant qu’il ne m’ait frappé un peu trop fort.

- Et bien maintenant tu n’entendras plus de tes deux oreilles, alors j’espère que ça t’apprendras à te taire! Siffla-t-il avec colère.

Je dus me mordre la langue de toutes mes forces pour éviter de répliquer à nouveau. En tout cas, il n’avait plus cet air victorieux au visage. Il semblait même être en train de se questionner sur la légitimité de son action. Ou plutôt d’à quel point il avait envie de se lancer là-dedans. Toutefois, il sembla finir par se dire qu’il ne pouvait pas abandonner maintenant, car se serait d’avoir gâché près de seize ans de sa vie dans cette quête.

- Bien, maintenant, Allison. Tu vas gentiment nous conduire à la nuit du 1er et 2 mai 1998, ici même dans la forêt. Là, nous attendrons pour rejoindre mon maître. Et je t’expliquerai plus en détails ce que j’ai prévu pour toi…

Mes mains tremblèrent légèrement. Je n’arrivais pas à croire que j’allais faire ça. Que j’allais vraiment faire ça. Je m’étais jurée que je préfèrerais mourir plutôt que de me soumettre à lui et de faire ce qu’il demandait. Et j’étais en train de trahir une promesse faite à moi-même. Et à mon parrain. Et à tous ceux qui avait espéré que je me montre sage. Que je n’oserais pas commettre la terrible erreur que j’avais faite aujourd’hui. Soit, accepté de me battre contre Berkeley seule. Avec seulement mes amis comme assistants…

Sauf que j’avais un plan. Et il fallait que je crois en ce plan, ou sinon nous étions vraiment perdu. Et ça, je ne pouvais pas l’accepter. Pas du tout. Donc, il fallait que je crois en ce plan. De toutes mes forces. Je pris une grande inspiration et hochai de la tête à l’intention de Berkeley.

Du coin de l’œil, alors que je me penchais pour attraper la main d’Al, je vis James resserrer sa prise autour de la corde qu’il tenait. Mon ennemi tant détesté se pencha à mon niveau et m’attrapa l’épaule. À ce moment, je fis comme tant d’autres fois et nous propulsai dans le temps.
Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Contrairement à ce que je m’attendais ce fut beaucoup plus long que je ne l’escomptais. Je devais visualiser avec toute l’horreur que ça représentait, la Bataille de Poudlard en accéléré pour trouver le moment adéquat. Celui où Berkeley voulait que l’on aille. Quand je le trouvai enfin, j’avais l’impression d’avoir les jambes en compote.

L’atterrissage fut tout aussi brutal que les fois précédentes et James en profita pour s’éloigner d’Al. Tandis que, profitant du vertige de Berkeley, je lançais un sortilège informulé en direction de James. Il s’agissait d’un Sortilège de Répulsion. Avec chance il eut l’effet escompté et il fut propulser plus loin.

- Eh bien, tu l’as fait, n’est-ce pas? Je reconnais cette odeur particulière du carnage… Et bientôt tout sera à nouveau… parfait. Le Seigneur des Ténèbres sera à nouveau là. Et tous trembleront devant lui. Encore. Et pour toujours.

Pendant qu’il se parlait plus à lui-même qu’à moi, j’en profitai pour faire deux choses bien distinctes et simultanément. J’aimerais bien être en mesure d’expliquer comment j’y suis parvenue, mais… Ça me serait impossible. De ma main droite, je me concentrais à délivrer Al de ses liens, tout doucement, sans empressement. En fait, je les élargissais plus qu’autre chose. Car, si Al parvenait à reprendre contact assez rapidement avec la réalité, il pourrait pendre sa forme de tigre et disparaître à la vue de Berkeley.

De ma main gauche, je fouillais silencieusement dans mon sac à main. Qui se trouvait bien caché, dans mon dos. Il n’était pas question que Berkeley voit ce que je mijotais. Pour l’occuper, je lui demandai :

- Mais, comment va-t-il faire pour reprendre le pouvoir? Il n’a plus aucun sujet en état de le servir, maintenant…

- Oh, mais il en aura d’autres. Et je ne t’ai pas fait venir ici seulement pour le ramener lui. Mais aussi pour ramener parmi ses plus fidèles serviteurs, répliqua Berkeley avec un sourire mauvais. J’ai fait le compte et tu pourras en ramener suffisamment pour faire la différence. Les Aurors ne sont plus ce qu’ils étaient. Faibles, lâches. L’Élu est vieux et ne saura pas tenir face une seconde fois au Seigneur des Ténèbres. Je me délecte d’avance de la déchéance totale et prochaine du grand idiot d’Harry Potter!

Il eut un rire détestable et particulièrement moqueur qui me donna envie de le frapper. Mais j’avais un bien meilleur plan à l’esprit pour lui rabattre son caquet. Ma main gauche venait de se refermer victorieusement sur la pierre qui jadis avait été mon Ancre. Un sourire narquois étira mes lèvres lorsque je déclarai :

- Mais pour ça, il faudrait être capable de revenir.

- De quoi veux-tu parler? S’étonna-t-il en me dévisageant. Si tu ne coopères pas, je vais le torturer encore et encore jusqu’à ce qu’il devienne fou. C’est ce que tu veux?

- Non, mais il y a une chose que je crois que vous ignorez à propos de mon don, Monsieur Beurkylie.

Ses sourcils se froncèrent et il semblait tellement secoué qu’il ne prit même pas la peine de me gifler pour l’avoir à nouveau appeler Beurkylie. Mon sentiment d’amusement augmenta lorsqu’il demanda :

- De quoi est-ce que tu me parles?

Mes yeux se plissèrent d’amusement alors que je sortais la pierre et la montrait à Berkeley, m’assurant que son entière attention soit concentrée sur elle.

- Pourquoi est-ce que tu me montre une pierre? S’enquit-il en fronçant davantage les sourcils.

J’étais si heureuse de l’avoir entièrement sous mon emprise que je passai proche de ne pas sentir le changement qui s’opéra dans l’air. Un grondement trop sourd pour être entendu par Berkeley s’éleva et aussi silencieux que le très gros chat qu’il était devenu, Albus se libéra de ses liens.

- Ce n’est pas une simple pierre. C’est un peu le symbole physique de mon pouvoir. C’est grâce à lui que je peux revenir d’où je viens. Lorsque nous étions encore à notre époque, je pouvais toujours aller où je veux sans en avoir recours, mais pour revenir… Il me la faut absolument. Sinon, pas de retour possible. C’est pour ça que c’est si dangereux d’avoir le don que j’ai, car une fausse manœuvre et… Pouf! On est coincé pour toujours dans le passé ou ailleurs.

L’horreur de la situation se peignit lentement sur les traits de Berkeley. Beaucoup trop lentement. J’eus tout le temps nécessaire pour jeter la pierre loin de moi et dans la direction opposée à Albus, puis de hurler en la pointant :

- Bombarda Maxima!

Le regard de Berkeley ayant suivi la trajectoire de la pierre il ne remarqua pas le tigre blanc qui s’enfuyait derrière les arbres. Par contre, sa colère se retourna immédiatement contre moi quand la pierre de malachite explosa en une myriade de petits morceaux qui ne pouvaient plus servir à rien. Car à l’instar d’une baguette magique, une ancre était impossible à réparer au vue de la magie qu’elle contenait. Cela dit, Berkeley n’était pas au courant du fait que celle qui venait d’exploser n’avait plus aucune magie en elle.

- Endoloris! S’écria-t-il aussitôt que toute l’horrible situation lui avait sauté aux yeux.

Mon sourire s’effaça rapidement de mon visage tandis que je m’effondrais au sol, prise de douleur. On ne pouvait pas s’habituer à une douleur aussi intense, c’était impossible. Un cri étouffé s’échappa de ma gorge lorsqu’il s’arrêta et pour recommencer la seconde suivante.

J’étais à deux doigts de perdre la tête lorsqu’il s’arrêta pour de bon. Avec un effort ultime je réussis à ouvrir un œil pour voir ce qui se passait. Au final, j’aurais préféré n’en rien faire. Car l’air qu’affichait Berkeley en ce moment était on ne peut plus pensif et plus aucune colère ne paraissait sur ses traits. Il finit par marmonner, plus pour lui-même que pour moi :

- Non… C’est impossible. Elle n’est pas idiote au point de rester coincé ici avec moi ET avec le garçon. Elle pourrait sans doute se sacrifier, mais pas aux dépens du garçon. Ce qui signifie que… soit elle ment concernant l’objet lié à son pouvoir et que donc il n’y en a pas… Ou encore… elle dit la vérité, mais n’a pas détruit le véritable objet… Humm…

Sans le vouloir je blêmis d’un coup. Ça s’annonçait mal. Très mal. S’il venait de tout comprendre… Enfin, presque tout. Mais s’il venait réellement de tout comprendre, combien de temps cela lui prendrait-il avant de se demander si Al n’était pas ce qui me permettait de revenir dans le présent? Après tout, Berkeley m’avait vu partir à de nombreuses occasions, juste sous ses yeux. Et s’il arrivait à se remémorer tous ces moments-là… Allait-il parvenir à la conclusion que je n’avais jamais aucun objet dans la main? Et que le seul élément constant était… était Albus? À cette simple idée je sentis mon cœur se glacer et arrêter de battre l’espace d’un instant.

La seconde suivante, Berkeley se tournait vers moi avec un sourire malfaisant au visage. Il susurra :

- C’était un coup de maître, Allison. Mais il va m’en falloir plus pour me berner. Et encore plus pour berner le Seigneur des Ténèbres.

Il retroussa la manche gauche de son vêtement noir et avec un sursaut j’aperçus la Marque des Ténèbres tatouée sur la peau pâle de son bras. Il murmura :

- Aussi belle qu’avant…

Je ne compris que trop tard ce qu’il avait l’intention de faire. Il m’adressa un sourire plein de suffisance avant… d’appuyer avec une joie malsaine sur la marque.

- NOOOON! Hurlai-je, mais il était trop tard.

Beaucoup trop tard. Je tentai de me mettre à reculer, mais comme j’étais toujours au sol, ce ne fut guère utile. À peine avais-je fait la distance équivalente à trois pas, que Berkeley m’immobilisa d’un sort. Je compris soudain quelque chose.
Il n’avait toujours pas remarqué l’absence d’Albus.

Et encore moins celle de James. Eux pouvaient toujours se sauver. S’ils trouvaient le moyen de se rendre… quelque part, en sécurité. Sous leur forme animale, ils ne risquaient pratiquement rien. Et il ne me resterait plus qu’à essayer de m’enfuir. Puis de les retrouver pour qu’on foute le camp. Car je ne pouvais plus essayer de les renvoyer maintenant. Il aurait fallu qu’ils soient dans mon champ de vision. Et je refusais qu’ils ne viennent dans mon champ de vision.

D’une voix légèrement grondante, je grommelai :

- Allez-vous-en.

J’étais certaine que les deux Potter qui m’avaient accompagné se trouvaient à proximité. Et qu’ils risquaient d’intervenir en voyant Voldemort venir. Sauf qu’il fallait plus que tout autre chose qu’ils restent loin. J’espérais secrètement que James aurait cette fois-ci plus de jugeote que son frère et entraînerait ce dernier assez loin.

- Pourquoi devrais-je m’en aller? Mon seul et unique maître approche, Allison. Et je crois qu’il sera très intéressé par tout ce que tu auras à dire, répliqua Berkeley en se fourvoyant royalement.

- Parce que pour avoir quelque chose à dire, il faut être capable de parler, Beurkylie, dis-je simplement.

Lui non plus ne comprit pas avant qu’il ne soit trop tard. Oh, bien sûr je ne serais pas en mesure de m’enfuir, mais ma forme d’Animagus me permettrait de fuir d’une autre façon. Au moment précis où je passais d’humaine immobile à loup immobile, une silhouette se matérialisa juste à côté de Berkeley. Avec mes oreilles de loup, je perçus le bruit ténu d’une fuite.

Le soulagement m’envahi. Ils étaient partis. Parfait, maintenant… il fallait survivre, Allison. Allez, comment faire? Réfléchis, ma vieille, maman ne m’aurait pas donné comme deuxième nom Athena si elle n’avait pas cru en mes capacités intellectuelles. Enfin, je suppose.

Malheureusement, réfléchir alors qu’un humain (en apparence sur seulement certains aspects) habillé d’une robe de sorcier noir et avec un visage affreux… n’aidait pas vraiment. D’autant plus qu’il venait de braquer ses yeux rouge aux pupilles verticales de chat. Avec les deux trous en guise de narine, comme pour le nez des serpents me donna presque la nausée. Non pas parce que c’était repoussant (même si en un sens, ça l’était), mais plutôt, car je pouvais prendre l’ampleur de l’horrible situation dans laquelle je me trouvais.

Il fronça les sourcils qu’il n’avait pas en me dévisageant. Eh bien, quoi? Il n’avait jamais vu de loup de sa vie? Mon arrogance intérieure disparue au moment où j’entendis le sifflement rageur à mon encontre. Un sifflement de serpent, plus précisément. De gros serpent.

Mes yeux regardèrent un peu plus bas et s’il avait été possible de blêmir sous forme de loup, je l’aurais probablement fait. Et si je n’avais pas été maintenu immobile, j’aurais sans doute tremblé aussi. Berkeley aussi tremblait. Mais il tremblait de rage.

- Doucement, Nagini. Il y a sans doute une bonne raison à notre présence... N’est-ce pas, Elliot? Lâcha d’un ton détaché Voldemort, mais avec une voix aussi sifflante que celle de son serpent.

Mon attention se reporte instantanément sur le Monsieur-Sans-Nez, des trois maux présent ici, c’est sans doute lui le plus dangereux. Berkeley ayant besoin de moi pour ramener Voldemort et Nagini devant avoir l’autorisation de ce dernier pour me tuer. C’était quand même bizarre qu’elle ne soit plus dans sa cage de protection…

Un loup est-il plus rapide qu’un serpent de trois mètres? Me demandai-je intérieurement tandis que Le Sans Nez se tournait vers Beurky. Je crois que je préfère ne pas obtenir la réponse à cette question, pensai-je. D’autant plus que je ne pourrais pas m’enfuir bien loin en étant maintenue dans une immobilité totale.

- Il me semble que tu as bien changé depuis la dernière fois que l’on s’est vu, Elliot, remarqua Voldemort en détaillant lentement celui qui était la pire calamité de mon époque à moi.

- Vous ne me croirez sans doute pas, mon maître, mais… cela fait bon nombre d’années que moi je ne vous ai pas vu, souffla Berkeley en se courbant devant Voldemort, dans une position de pure soumission.

- Qu’essaies-tu de me dire, Elliot? Gronda sourdement Voldemort avec toujours la même voix sifflante.

Je ne savais pas trop pourquoi, mais j’avais l’impression que ce cher Voldy commençait à perdre patience. En même temps, il ne devait pas en avoir beaucoup. Si je me souvenais bien d’après les récits du père de James et Al, Voldemort avait très souvent sujet à des crises de colère phénoménales.

- Cette enfant pourrait vous amener dans un endroit où votre présence imposerait encore plus de terreur. Où un Survivant affaibli vous attendrait. Un endroit où la peur n’est plus présente, lui dit Berkeley tout en choisissant bien ces mots.

- Une enfant? Quel enfant? Je ne vois qu’un loup ici.

J’eus droit à un regard furieux de la part du tortionnaire attitré de ma famille avant qu’il ne réponde :

- Elle est la louve.

- Tu vas me faire croire qu’une gamine a pu devenir Animagi? Ignores-tu que j’attends en ce moment même Harry Potter, Elliot? Et puis que fais-tu ici, je croyais t’avoir ordonné de patrouiller dans la section opposée de la forêt où nous nous trouvons en ce moment…

- Mais… Maître… c’est… c’est important…

- On ne discute pas mes ordres, Elliot! Gronda Voldemort. Endoloris!

Berkeley s’écrasa par terre comme une masse et tout aussi soudainement qu’il était arrivé, Voldemort transplana à nouveau. En emportant heureusement son serpent. J’avais oublié que pendant l’année 1997-1998, les protections entourant Poudlard avaient été modifiées permettant à certains individus de transplaner dans toute la surface du terrain de Poudlard. Ce qui me fit me rappeler que… James avait obtenu son permis de transplaner. Alors si on avait l’opportunité de sortir de l’enceinte de Poudlard, nous pourrions atteindre un lieu sûr, à l’abri de tous. Autant de Berkeley que de ceux qui pourraient être des alliés ici. Car, on ne devait surtout pas être vu. Ou le moins possible, en tout cas.

Si j’avais eu la possibilité de bouger, je l’aurais sans doute fait. Après tout, j’aurais pu m’enfuir pendant que Berkeley tentait de se remettre des effets du sortilège. Mais non, j’étais coincée là… à ne pas pouvoir bouger. Maintenant, il fallait que je réfléchisse à ce que je pouvais faire. Je pouvais toujours utiliser ma voix, celle du loup, pour ramener mes deux amis ici. Sauf qu’après, quoi? Cela ne les mettra que dans le collimateur de Berkeley pour la énième fois… Si au moins je pouvais bouger. Me battre contre lui…

Je n’eus guère le temps d’y réfléchir davantage que déjà Berkeley se redressait. Et maintenant il ne tremblait plus de colère. Non.

Il semblait plutôt parcouru de spasmes convulsifs.

Des spasmes violents et totalement colériques. Je n’avais jamais vu son visage refléter autant de haine à mon égard. En ce moment, je ne doutais plus qu’il serait en mesure de me tuer sans éprouver le moindre regret. Et s’il devait en émettre ce ne serait pas pour ma mort en tant que tel (il n’était pas assez humain pour ça), mais plutôt pour l’occasion manquée de m’utiliser.

- ALLISON LÉVESQUE! Rugit-il. TU M’AS FAIT PARAÎTRE COMME UN IDIOT!

J’eus très envie de rétorquer quelque chose, mais mon envie de rester sous forme de loup fut encore plus forte. Non, je ne lui rendrais certainement pas les choses faciles. Je ne permettrai pas que l’on m’utilise sans que je me batte. Je ne serai pas une simple marionnette entre ses mains, nom de nom!

C’était de belles paroles, compte tenu du fait que la pire chose qui m’arrivait en ce moment, c’était de voir le visage tout rouge de colère de Berkeley. Et d’être attachée sans possibilité de fuite. Enfin, plus immobilisée qu’attachée, sinon les liens n’auraient pas fonctionnés sur ma forme de loup. Et je n’aurais tout simplement pas été dans la possibilité de me transformer, point.

Avant que l’idée ne me vienne à l’esprit qu’il pourrait recommencé à me torturer, la douleur était là. Elle empoisonnait chaque centimètre de ma peau. Brûlait tout sur son passage. Étrangement, il me semblait que c’était encore pire que lorsque j’étais sous forme humaine. Les animaux éprouvaient-ils avec plus d’intensité la douleur? Un hurlement entrecoupé de couinement s’échappa de ma gueule et d’un coup je fus libérée du sortilège qui m’obligeait à rester immobile.

Malheureusement, je n’eus pas l’opportunité d’en profiter pour m’enfuir. Non, mon corps se mit à se tordre de tous bords, tous côtés, en de vaines tentatives d’échapper à la douleur omniprésente qui m’empêchait de réfléchir de manière cohérente.

J’étais à tel point sur le bord de perdre conscience que cela me prit un moment avant de comprendre que la douleur m’avait quittée. Et encore un peu plus pour comprendre pourquoi. La lumière commença à se faire dans mon esprit lorsque j’entendis les grondements rageurs.

Des grondements rageurs totalement bestiaux.

Et encore plus précisément, c’était des grondements de tigre. Al. Le sang ne fit qu’un tour dans mon esprit et au moment où je le compris je m’empressai de me relever, de repérer la position de ma baguette, puis dans en une seconde reprit ma forme humaine. Ce n’était plus le moment de tergiverser. Il fallait agir.

J’attrapai vivement ma baguette au moment précis où Al était frappé du Sortilège Doloris doublé du Maléfice du Saucisson par la suite. Folle de rage de voir Albus s’écrouler au sol, j’hurlai avec toute la colère, la rancune et l’envie de meurtre qui habitaient mon cœur :

- Endoloris!

C’était la première fois que je jetais ce sort. Et je ne m’attendais pas à le réussir. Sauf qu’il fonctionna. Pas très longtemps, certes, mais suffisant pour faire en sorte que Berkeley s’écroule au sol avec un grognement de douleur. Un sourire me vint aux lèvres. Un sourire qui me terrifia moi-même. C’était un sourire de plaisir, de plénitude. Un sourire d’une joie glaciale. Le genre de sourire qu’affichait souvent Berkeley. Avant… Avant de torturer les miens.

Par contre, étant grisée par le fait d’avoir finalement obtenu l’avantage, je ne pris pas autant la peine de me préoccuper de cet élan légèrement malveillant qui m’habitait.

Mon avantage ne dura par contre pas très longtemps.

En effet, au moment où je m’apprêtais à jeter un nouveau sortilège, je fus attaquée par Berkeley. Je réussis à éviter son sort en me jetant sur le côté. Mine de rien, je fis en sorte de le conduire suffisamment loin d’Al. Hors de question qu’il s’en serve comme bouclier humain, ou encore qu’il s’en serve comme moyen de pression pour m’obliger à nouveau à faire ce qu’il voulait.

Contre toute attente, je réussis à tenir le coup cinq minutes sans faiblir et en étant totalement seule. Par contre, après ce moment, je me mis à perdre de la vigueur. Certes, Berkeley aussi, mais il restait bien meilleur que moi dans l’art d’un duel. Ce qui était diablement frustrant.

Tout en me jetant divers sortilèges informulés, il me lâcha d’un ton aigre :

- Tu vas m’aider à le ramener, Allison.

- Non, grondai-je tandis que la sueur recouvrait à nouveau mon front.

C’était une réplique un peu inutile et une perte de temps compte tenu que la seconde suivante je m’écrasai au sol à nouveau, sous l’effet de la douleur. Si ça continuait ainsi, j’allais clairement finir par m’y habituer. En fait, non, je préférais ne pas en arriver au moment où j’y serais habituée. Car ça signifierait que j’aie abandonné tout espoir. Que le temps aurait eu raison de moi et que malgré que je n’exécute toujours pas ce qu’il souhaitait, j’aurais tout oublié du pourquoi je ne devais pas le faire. Je n’aurais plus de cause, plus de vie.

- Tu vois, Allison… On va simplement devoir changer de tactique. S’il faut que je les enlève tous contre leur gré de cette époque, je le ferai. Ils me remercieront plus tard, entama Berkeley en s’approchant de moi et en me toisant de haut.

La douleur venait tout juste de cesser. Je me mis en position assise, les mains appuyées contre le sol derrière mon dos pour me maintenir en équilibre, car je n’avais pratiquement plus la force de rester droite. Si je retirais mes mains, j’étais certaine de m’écrouler.

- Dois-je recommencer à te faire souffrir, Allison? Ou acceptes-tu enfin de me servir sans contrainte? S’enquit-il, la baguette toujours pointée dans ma direction.

D’une voix plus faible que je ne l’aurais souhaité, je répondis avec un peu d’arrogance :

- La douleur ne me fera pas vous rejoindre. Elle ne me fera jamais vous rejoindre. La douleur est une vieille amie, vous avez pris soin de m’y habituer. Me tuer serait une économie de temps.

- Et rester coincer ici? Tu crois réellement que je ferais une telle chose… Allons… Je te croyais plus brillante que cela…

Malgré toutes mes belles paroles, je me doutais que s’il continuait à me torturer, même à petite dose pour éviter que je devienne folle… je finirais sans doute par capituler. Comme James me l’avait dit longtemps auparavant : « Je sais pertinemment que tu es forte, mais sincèrement tout le monde finit par craquer ».

Ce n’était certes pas dans le même cadre qu’aujourd’hui, mais c’était quand même la vérité. Tout le monde finit par craquer, un jour ou l’autre. Même si Berkeley ne me faisait pas craquer d’ici une vingtaine de minutes, ça ne dérangeait pas. Car avec mon don on pouvait toujours revenir à ce moment précis. À l’infini. Même encore plus tôt.

En le voyant ouvrir les yeux pour me lancer un nouveau sort, je fermai les yeux. J’étais peut-être une Gryffondor, mais je devais déjà courageusement affronter la douleur pour ne pas capituler. Garder les yeux ouverts, c’était trop pour moi.

J’attendis la douleur. Mais rien ne vint. Sauf un bruit de succion assez ignoble à entendre ainsi qu’un choc sourd. Par Merlin, que se passait-il encore? Je rouvris les yeux au moment où Berkeley laissa échapper une plainte sifflante et rauque à la fois. Je restai ébahie en apercevant la scène que j’avais sous les yeux.

Ce que je voyais me semblait impossible.

Presque trop beau pour être vrai. Enfin, beau était un terme un peu… indécent pour la scène qui se jouait devant moi. Ou plutôt qui avait fini de se jouer devant moi. Devant mes pauvres yeux incrédules se trouvait deux personnes. Berkeley et James. James qui était sous sa forme de cerf.

Il avait probablement profité de l’inattention de Berkeley pour ce qui l’entourait pour foncer tête baissée sur ce dernier. Le résultat était plutôt barbare, car les bois de James s’étaient profondément enfoncés dans le ventre de celui que je détestais le plus au monde en ce moment. J’aurais pu me sentir désolée pour lui… mais non. Le seul pour qui je me sentais désolée en ce moment, c’était James. Il était coincé là, car ses bois dépassaient d’un bon centimètre le ventre déjà en sang de Berkeley.

Je pris au moins une minute à essayer de reprendre mon souffle. Je n’arrivais toujours pas à croire ce que j’avais sous les yeux. Je finis toutefois par me reprendre en voyant le regard que me jetait James. Il semblait me dire « Est-ce que tu peux venir m’aider, oui?! J’en ai marre d’être dans cette position! ». Je me levai avec une certaine fébrilité et je pris conscience en commençant à marcher que je n’arriverais jamais à me sauver d’ici en courant. Et encore moins avec mon don. Mes jambes tremblaient beaucoup trop, ce qui signifiait que j’étais complètement vidée de toute énergie. Ou presque.
Arrivée près de mon ami le cerf, je réussis à entendre un souffle qui sortait de la bouche de Berkeley :

- Je n’ai pas fini… Je n’ai pas fini… Je… Je vais…

Je coupai ses paroles au plus court en lui donnant un coup violent en plein ventre. Malheureusement, mon défoulement eut un revers. Les bois de James se trouvèrent à s’enfoncer encore un peu plus. L’intéressé réussit à me jeter un regard torve malgré sa fâcheuse position. Je m’excusai d’un murmure avant de réunir le peu de force qu’il me restait pour plaquer l’une de mes mains dans le dos de Berkeley et l’autre sur la tête du cerf qu’était James.

Cela ne me prit pas moins que deux minutes avant de parvenir à déloger les bois de James. Dès que ce fut fait, il s’ébroua la tête et fit craquer les muscles de son cou. Quant à Berkeley, il s’effondra par terre en continuant à marmonner des menaces qui n’avaient plus aucun sens. Plus aucun sens. Du tout.

D’un seul coup, la rage et la rancœur que j’éprouvais pour cet être ignoble implosa en moi avant de rapidement se faufiler dans tous les recoins de mon être jusqu’à ce qu’il n’y est plus que ces émotions au poste de commandes. Je ne me contrôlais plus. Je n’arrivais plus à réfléchir. Tout ce que je voulais c’était lui faire mal. Lui faire aussi mal que ce qu’il m’avait fait. Même si c’était impossible, car il y avait trop de couches. Trop de couches de douleur, d’impuissance et de frustration.

Sans pouvoir me retenir, je lui donnai un coup de pied en plein ventre. Puis un autre au visage. Je n’avais plus aucune logique, je n’étais plus que vengeance. Mon corps vibrait à l’idée de le battre jusqu’à ce qu’il devienne une bouillie sanglante.

Je dus le malmener pendant une bonne minute avant qu’il ne lâche d’un souffle immensément faible :

- Meilleur que mon frère… Meilleur que lui…

Je ne pris pratiquement pas conscience de ces mots, malgré qu’ils se soient inscrits dans mon esprit. Je me remis à le frapper, des larmes s’écoulant sur mes joues et des cries à la fois de douleur et de rage s’échappant de ma bouche. Une vraie crise d’hystérie, en somme.

Soudain des bras se refermèrent violemment sur mes poignets et me forcèrent à croiser mes bras sur ma poitrine. On me plaqua tout aussi sèchement contre un torse et malgré que je me débattis de toutes mes forces, je ne parvins pas à me délivrer. Lentement, une voix réussit à se frayer un chemin jusqu’à ma conscience :

- Allison! Ça suffit, maintenant! Je crois qu’il a eu son compte… C’est fini… Il est mort…

Je me débattis encore une minute avant que le sens des mots que venait de prononcer James ne fassent du sens dans mon esprit. Mort. Il était mort. D’un coup, toute la force que m’avait donné l’adrénaline dut à la colère me quitta et je m’effondrai dans les bras de James. Il passa à deux doigts de m’échapper, ne s’attendant pas à une telle réaction de ma part. Tout en me serrant un peu plus contre lui, il me souffla :

- Ça va aller, Allison… C’est fini. Tout est fini…

Pour la première fois depuis qu’il m’avait dit qu’il me considérait comme sa sœur, je compris à quel point il était sérieux. En ce moment, je me sentais à l’abri. Je me sentais comme dans l’étreinte rassurante d’un frère. Une étreinte protectrice qui tendait à me faire croire que plus rien ne pouvait m’atteindre maintenant.

Lentement, il se mit à reculer jusqu’à rejoindre Albus, nous éloignant de Berkeley par la même occasion. Une fois aux côtés de son frère il me déposa délicatement au sol et entreprit de le libérer du sortilège. Pour une raison étrange, ce dernier était toujours actif. Était-ce lié au fait qu’une version de Berkeley était toujours en vie quelque part dans ces bois? Possible.

Dès qu’Al fut libéré il se jeta sur moi et me prit dans ses bras. Si je me fiais aux tremblements qui le secouaient, il avait eu peur. Très peur. Mais ce n’était pas le moment pour des retrouvailles en règle. Je me tournai vers James et lui demandai d’une voix faible :

- Tu crois que tu pourrais nous faire transplaner quelque part? Un peu plus loin dans les bois… Pour éviter… tu sais, de se faire tuer.

- Bien sûr, affirma-t-il. Mais avant toute chose il faut faire deux choses.

- Lesquelles? M’étonnai-je.

- D’un, je vais avoir besoin de ta baguette, ni Al, ni moi n’avons la nôtre avec nous, répondit-il avec un sourire.

- Tu pourrais prendre celle de Berkeley, fis-je remarquer.

- Bon point, m’accorda James en allant la récupérer.

- En fait, si, j’ai la mienne, rétorqua Al en la sortant de son bas. Quand j’ai compris que c’était perdu, je l’ai glissé là. Ni vue, ni connue. Juste après Berkeley m’a ligoté.

- C’est quoi la deuxième chose? M’enquis-je après avoir jeté un regard admirateur et appréciateur à Albus.

James eut un sourire, sans me répondre. Il s’approcha de moi et avec un mouvement de baguette il prononça :

- Revigor!

Immédiatement, je me sentis beaucoup mieux. Pas encore suffisamment en forme pour un petit voyage, ou plutôt un grand, dans le temps. Mais assez toutefois pour pouvoir marcher et me défendre en cas de besoin. Je remerciai James d’un sourire et il me dit :

- Voilà, maintenant on peut y aller. Rappelle-moi simplement de casser et jeter cette baguette dès que l’on rentrera dans notre coin à nous…

Il m’attrapa alors le poignet tandis qu’Al lui saisissait le bras et au moment où il vint pour partir, je m’exclamai :

- Attends!

- Quoi? s’enquirent les deux frères, en même temps.

- Il y a toujours un risque que l’on croise quelqu’un…

Sur ces mots, je ressortis ma baguette que James m’avait glissé dans la ceinture et j’utilisai le sortilège auquel j’avais eu recours en de nombreuses occasions lors des Visions.

- C’est pour éviter d’être reconnu, c’est ça? Me demanda James.

- Oui, répondîmes Al et moi en même temps.

On échangea tous un sourire et cette fois je hochai de la tête en direction de James, stipulant ainsi que nous pouvions partir. Son visage prit d’un coup une expression extrêmement sérieuse et la seconde suivante j’eus l’impression que l’on me tordait l’estomac et les intestins dans tous les sens. Exactement comme la première fois.

Lorsque l’on fut de nouveau sur nos pieds, je manquai faire une chose incroyablement stupide. Comme hurler après James. Pourquoi était-ce stupide? Eh bien… pour une seule raison vraiment très simple.

Vraiment très, très simple.

- Il semble que je me sois… trompé, dit soudainement la voix de Voldemort.

- Non, vous ne vous êtes pas trompé, affirma la voix, certes plus jeune, de mon parrain.

Avec un instinct de survie extrêmement fort, je réussis à entraîner James et Al dans une chute précipitée qui visait à nous cacher dans les fougères et derrière les arbres. Le bruit de notre chute et des quelques gémissements étouffés que nous émîmes en tombant fut complètement masqué par des cris, des exclamations de surprise, des éclats de rire qui montèrent de la foule présente.

Tout bas, James, Al et moi on se jeta un sortilège de Désillusion en apercevant des Mangemorts à pas moins de trois mètres de nous. Nous comprîmes rapidement, tous les trois, l’horreur de la situation qui se jouait devant nous. Le père de mes deux amis ici présent venait pour mourir. Certes, on avait beau savoir que ce ne serait pas le cas, c’était tout de même angoissant. Et triste…

- HARRY! NON! Hurla soudain la voix d’Hagrid.

Pas même une seconde plus tard, au moment précis où on le repérait ligoté à un arbre, Hagrid reprit avec plus de vigueur tout en essayant, en vain, de se libérer :

- NON! NON! HARRY, QU’EST-CE QUE TU…

- SILENCE! S’écria une voix inconnue et Hagrid se tue suite au coup de baguette magique de l’idiot sans nom.

Si je me fiais aux grognements étouffés de mes camarades à côté de moi, ils brûlaient eux aussi d’aller se jeter sur le Mangemort et de le frapper. Enfin, peut-être. Pour ma part, c’était le cas, mais ils étaient peut-être moins… violent que moi. Physiquement, s’entend. La magie était sans doute leur premier instinct. Alors que moi… Enfin.

Je reportai mon attention sur l’ennemi principal présent et tandis que Voldemort et Harry s’observaient en silence, je soufflai à James :

- Ce n’est pas l’endroit que je demandais…

- Désolé, il y a eu un petit… problème, marmonna James.

Je n’eus pas le temps d’argumenter que Voldemort dit très doucement :

- Harry Potter…

Et la seconde suivante :

- Le Survivant.

Personne ne bougeait chez les Mangemorts. Ils semblaient tous attendre. Attendre que Voldemort exécute enfin sa vengeance sur le gamin qui l’avait privé de ses pouvoirs bien trop longtemps. À son avis à lui, en tout cas.
Sans réel signe annonciateur, Voldemort hurla :

- Avada Kedavra!

Un éclair de lumière verte et le corps de mon parrain s’effondra mollement sur le sol. Au même moment, le Seigneur des Ténèbres lâcha un cri proprement bizarre, le genre de son que je ne me serais pas attendu à sortir de sa bouche, puis s’écroula à son tour. Bellatrix s’effondra à aux côtés de son maître en murmurant doucement.

C’était assez bizarre de la voir en chair et en os. Et encore plus de l’entendre parler. Avec tout ce que j’avais entendu à son propos, j’avais envie de bondir au milieu d’entre eux et de lui envoyer mon genoux au visage. Au moins ainsi son visage serait encore plus laid autant que l’état horrible dans lequel doit se trouver son cœur. Ah, mais oui! Elle n’en a pas!

- Ça suffit, dit soudain la voix de Voldemort suite à une énième tentative de Bellatrix d’obtenir je ne sais trop quoi de son maître.

Plusieurs personnes qui s’étaient rapprochées s’éloignèrent avec précipitation en voyant leur maître tenter de se relever. Seule Bellatrix sembla trouver une raison de rester. Elle souffla :

- Maître, permettez-moi…

- Je n’ai pas besoin qu’on m’aide, répliqua froidement Voldemort.

À peine quelques instants plus tard, il demanda :

- Le garçon… Est-il mort?

Le silence tomba aussitôt. Personne apparemment n’avait envie de s’approcher de mon parrain. De mon parrain qui avait seulement dix-sept ans en ce moment, soit l’âge de James. Merlin, c’était bizarre quand on y pensait!
Voldemort pointa soudainement quelqu’un avec sa baguette et dit :

- Toi.

Immédiatement il y eut une détonation et un petit cri de douleur. Voldemort ajouta :

- Va regarder de plus près. Dis-moi s’il est mort.

Nous pûmes ainsi voir une femme de grande taille, mince et jolie avec des yeux bleu clair. Des cheveux longs et blonds sont un peu malmené par le léger vent provoqué par sa marche rapide en direction du corps immobile (et supposément mort) d’Harry Potter.

Quand la femme arriva enfin près du corps, elle toucha le visage de mon parrain, lui relevèrent une paupière et se glissèrent sous sa chemise, cherchant à repérer des signes de vie au niveau du cœur.

Malgré que je connaissais déjà l’histoire, ou du moins les grandes lignes, de ce passage j’angoissais quand même. Comme si quelque chose allait changer! Ce n’est pas comme si Berkeley avait changé énormément de choses dans le passé présent…
Pendant que Narcissa Malefoy échangeait discrètement avec Harry, je dis en chuchotant très bas :

- Hé, Al, on va pouvoir dire à Darkhaze qu’on a rencontré « d’une certaine manière » sa grand-mère.

- Tu penses vraiment à ce genre de chose maintenant? s’étonna Al, mais je devinais le sourire dans sa voix.

Je souris à mon tour et à ce moment précis, Narcissa s’exclama :

- Il est mort!

Immédiatement les cris de triomphe et les trépignements de joie s’élevèrent de partout. Sans tarder plusieurs Mangemorts lancèrent des éclairs rouges et argentés vers le ciel pour célébrer l’évènement. Pour ma part, j’avais seulement envie d’aller les frapper tous, un par un. En commençant par enfoncer ma baguette dans les yeux rouge de Voldemort. D’accord, ce n’était pas très logique, considérant le fait que je risquais (très fort probablement) d’y laisser ma peau… Mais je ne l’ai pas fait, donc, y penser n’est pas un mal. Et ça soulageait.

Énormément.

Malheureusement, le pire était à venir, si je me souvenais bien de ce que j’avais entendu à propos de ce moment précis dans la forêt. Je crois qu’au départ Harry n’avait pas voulu partager les évènements, mais que ses enfants et ceux des nombreux proches de la famille avaient fini par l’avoir à l’usure.

- Vous voyez? Hurla Voldemort d’une voix suraiguë. Harry Potter est mort de ma main et aucun homme vivant ne pourra plus me menacer, désormais! Regardez! Endoloris!

J’aperçus le corps de mon parrain s’élever brusquement dans les airs et je me fis la réflexion qu’il avait dû avoir bien des difficultés à rester tout ce temps immobile, sans bouger. Surtout qu’il fut catapulté non pas seulement une fois, mais bien trois. En voyant ses lunettes s’envoler, j’eus l’envie encore plus pressante de frapper Voldemort. Et quelques Mangemorts au passage, évidemment.

- Maintenant, dit Voldemort, allons au château et montrons-leur ce qu’est devenu leur héros. Qui se chargera de traîner le corps? Non… Attendez…

Des rires fusèrent et peu de temps après le sol sembla trembler lorsque Voldemort fit détacher Hagrid de l’arbre où il était ligoté. Ils s’assurèrent toutefois de pouvoir le contrôler. D’où j’étais je parvins tout de même à voir les grosses larmes qui coulaient sur les joues plus jeunes de Hagrid et qui allaient se perdre dans sa barbe hirsute.

- Tu vas le porter, lança Voldemort. Il sera bien joli, bien visible dans tes bras, n’est-ce pas? Ramasse ton cher ami, Hagrid. Et les lunettes… qu’on lui remette ses lunettes… Il faut qu’on le reconnaisse.

On colla brutalement les lunettes d’Harry sur son nez et Hagrid le prit avec une énorme délicatesse. Ses larmes me rendirent encore plus en colère. Je ne pouvais pas ne rien faire, quand même! Certes, je savais qu’ils allaient gagner, mais… Je ne pouvais simplement pas… Je ne pouvais simplement pas rester les bras croisés…

À côté de moi, Al et James paraissaient tout autant en colère, car j’entendais leurs légers grognements de colère. J’étais presque certaine qu’aucun des deux n’aurait l’envie de rester dans la forêt à se tourner les pouces en attendant que je sois capable de nous ramener d’où nous venions.

- Allez, remue-toi un peu, ordonna Voldemort.

C’est avec horreur que je vis Hagrid avancer d’un pas trébuchant. Jusqu’aux plus infimes parties de mon être, j’étais révoltée. C’était cruel au-delà de l’imaginable de demander à Hagrid de transporter ainsi Harry.

Lorsque la clairière se fut vidée, je regardai en direction de James et Albus, que je ne voyais qu’à peine. Je demandai :

- On fait quoi?

- On y va, grogna Al. De toute manière, si on fait attention et qu’on réussit à s’en tirer jusqu’à la fin de la bataille…

- On pourra se reposer à Poudlard au milieu des combattants, compléta James. Ouais et si vous voulez mon avis, ils ne sont pas tous aussi fort que Berkeley, ajouta-t-il. À nous trois on devrait s’en tirer, conclut-il.

- Alors on y va, dis-je avec un ton victorieux.

On fit un énorme détour pour éviter les Mangemorts qui surexcités et n’arrêtaient pas de crier avec allégresse. On prit particulièrement soin d’éviter les deux géants qui suivaient la bande. De toute manière, on ne tarda pas à rejoindre le début de la troupe. Et je sursautai légèrement lorsque Hagrid s’écria :

- BANE!

Juste après il continua sur un ton tout d’abord plein de colère puis avec tristesse :

- Vous êtes content, maintenant, de ne pas vous être battus, bande de vieux canassons trouillards? Vous êtes contents que Harry Potter soit… m… mort…?

Hagrid fondit de nouveau en larme sans pouvoir poursuivre. Je restai toutefois ébahi par le nombre de centaures qui nous regardaient passer. Enfin, qui les regardaient « eux » passer. Cela dit, j’eus la désagréable impression que l’un d’eux nous suivait « nous » du regard. Et c’était plutôt troublant, car j’avais vraiment le sentiment d’avoir un regard fixé sur moi.
Certains des Mangemorts lancèrent des insultes aux centaures en passant près d’eux et je vis plus d’un homme cheval piaffer d’un air légèrement furieux et indignés, mais aucun d’eux ne bougea d’un poil.

Bientôt nous eûmes atteint la lisière de la forêt et Voldemort s’arrêta en disant calmement :

- Stop.

Immédiatement le corps d’Hagrid s’interrompit dans sa marche vers le château. Je sentis presque immédiatement l’impression insidieuse que la joie avait été retiré du monde. Avec dégoût je remarquai les Détraqueurs qui se trouvaient tout autour, mais je n’étais pas en mesure de faire apparaître mon loup. Sinon, je nous mettrais tous à découvert et je changerais beaucoup trop le cours des évènements.

Tandis que Voldemort passait à côté de Harry, je m’éloignai suffisamment de la troupe, en traînant de force James et Albus derrière moi, pour pouvoir effectuer un test. Je leur en expliquai l’idée et ils me suivirent sans discuter. Dès que l’on fut assez loin je me transformai rapidement en loup et constatant que mon sortilège de Désillusion était toujours actif et qu’apparemment cela comprenait aussi ma baguette, je la pris délicatement entre mes crocs. D’un coup de tête, je fis savoir à James et Albus que cela fonctionnait.

Pendant qu’ils s’exécutèrent, Voldemort lança avec la voix amplifiée par magie :

- Harry Potter est mort. Il a été tué alors qu’il prenait la fuite, essayant de se sauver pendant que vous donniez vos vies pour lui. Nous vous apportons son cadavre comme preuve que votre héros n’est plus. La bataille est gagnée. Vous avez perdu la moitié de vos combattants. Mes Mangemorts sont plus nombreux que vous et le Survivant est fini à tout jamais. Il ne doit plus y avoir de guerre. Quiconque continuera à résister, homme, femme, enfant, sera éliminé ainsi que tous les membres de sa famille. Sortez maintenant du château, agenouillez-vous devant moi, et vous serez épargnés. Vos parents, vos enfants, vos frères et vos sœurs vivront, ils seront pardonnés, et vous vous joindrez à moi pour que nous reconstruisions ensemble un monde nouveau.

Plutôt mourir, pensai-je en retroussant les babines sur mes crocs. Je dus très tentée de les planter dans les jambes du Mangemort le plus proche. Pendant que Voldemort parlait, nous en avions profité pour nous rapprocher à nouveau.
Toute l’école était étrangement silencieuse. Comme si toutes les personnes qui s’y trouvaient retenaient leur souffle, espérant que ce soit un mensonge, ou que quelqu’un s’écrie « c’est une blague! Vous-Savez-Qui est mort! ». Mais pour toute réponse, ce fut un nouveau mot de la part de celui que tout le monde craignait et détestait. En général, en tout cas.

- Venez, dit Voldemort.

La procession se remit en marche à ce moment-là et j’eus la folle envie d’aller mordre le bout de la queue du serpent qui était maintenant libéré de sa cage de protection. En même temps je répugnais à enfoncer, si c’était possible, mes crocs dans ce qui se trouvait être un Horcruxe.

Tout en les suivant d’à la fois près et loin, j’entendis grâce à mes oreilles de loup :

- Harry, sanglota Hagrid. Oh, Harry… Harry…

Nous approchions du château, maintenant. Et je pouvais voir partout des gens qui sortaient en ayant l’air de se demander ce qui se passait. Je me souvins avec effroi que mon père se trouvait forcément parmi eux. Ma mère non, car elle n’avait pas pu faire le déplacement, n’étant pas encore majeure. Et mon père avait pu y assister puisqu’il venait tout juste de les avoir.

Ça me faisait bizarre de me dire que j’allais voir mon père qui allait avoir à ce moment-là seulement un an de plus que moi. Un an et quelques mois, mais peu importe. Ça allait quand même faire bizarre, puisque jusqu’ici je n’avais vu son apparence qu’en début d’adolescence et quand il était vraiment jeune. Ou l’âge qu’il avait à sa disparition…

- Arrêtez.

Je reconnus sans mal la voix de Voldemort et mon poil se hérissa sur ma nuque. Ma nuque de loup, évidemment. À nouveau mes crocs se dévoilèrent et je passai à deux doigts de claquer des mâchoires, mais dans le silence qui régnait aurait risqué d’attirer l’attention.

Les Mangemorts se rangèrent alors en une longe rangée, face aux portes ouvertes de l’école. Un mouvement familier attira mon attention et un grondement sourd m’échappa lorsque je le reconnus.

Berkeley.

Un Berkeley certes plus jeune d’une vingtaine d’année, mais tout de même, c’était bien lui. Avec chance personne ne sembla entendre mon grondement, mais je reçus un coup de tête de la part d’une tête de gros chat. Albus.
Une voix attira toutefois mon attention ailleurs que sur Berkeley.

- NON!

J’avais reconnu le timbre de McGonagall. C’était toutefois la première fois que je l’entendais émettre un tel son et cela me rappela qu’elle risquait de me réduire en cendre dès que nous reviendrions à mon époque. Encore plus si je lui disais que… Non, mieux valait ne pas y penser.

Un rire sonore retentit et je me tournai avec un nouveau grondement en direction de Bellatrix. D’accord, elle, ce serait la première à recevoir un coup de crocs. C’était décidé. Je m’en délectais d’avance. Autant qu’elle, elle pouvait se délecter de la détresse de ma directrice. D’autres cris fusèrent presque aussitôt :

- Non!

- Non!

- Harry! HARRY!

C’était les voix plus jeunes de Ron, Hermione et Ginny. Et leur intonation était encore pire que celle qu’avait prise McGonagall. Je ne voulais même pas m’imaginer ce que c’était que de perdre son meilleur ami, ou son petit-ami dans de telle circonstance. La réflexion légèrement déplacée et affolante qui me traversa l’esprit me figea instantanément.
Qu’est-ce qui me disait que mes amis étaient tous en vie dans mon époque? Après tout, Rose, Malia… Elles avaient heurté l’arbre avec tant de force… Il ne fallait pas y penser. Il ne fallait surtout pas y penser maintenant.

- TAISEZ-VOUS! S’exclama Voldemort.

C’est à peine si j’avais remarqué que le reste des survivants avait commencé à vociférer des injures et hurler à l’adresse des Mangemorts. Il y eut un grand bruit juste après le « taisez-vous » du Seigneur des Ténèbres et un éclair de lumière brillante et ils furent tous réduit au silence par la force.

- C’est fini. Pose-le par terre, Hagrid, à mes pieds, c’est là qu’est sa place!

Hagrid l’étendit dans l’herbe aux pieds de Voldemort et un nouveau grondement s’échappa de ma gorge. Je ne pouvais pas dire que j’avais envie de mordre Voldemort et qu’il serait le deuxième sur ma liste et ce, pour deux raisons.

La première étant qu’il était hors de question que ma gueule entre en contact avec sa peau et son sang immonde. La deuxième, Voldemort ne serait jamais dupe à mon sortilège de Désillusion et je tenais encore assez à la vie. Si Berkeley était quelque chose, Voldemort en était une autre.

- Vous voyez? Continua Voldemort.

Il recula et revint à grands pas à l’endroit où Harry était allongé.

- Harry Potter est mort! Comprenez-vous, maintenant, vous qui vous êtes bercés d’illusions? Il n’était rien, n’a jamais rien été, qu’un garçon qui voulait voir les autres se sacrifier pour lui!

- Il vous a battu! S’écria Ron.

Je me fis la réflexion qu’il fallait être courageux pour lancer de tel propos à un Voldemort qui était sûr de sa victoire. Le sortilège sembla s’être brisé, car tous les défenseurs du château se remirent à hurler, vociférer. Du moins, jusqu’à ce qu’un grand bruit vienne à nouveau étouffer leurs voix.

- Il a été tué en tentant de s’enfuir subrepticement par le parc du château, reprit Voldemort et on sentait dans sa voix qu’il se délectait de ce mensonge. Il a été tué en essayant de sauver sa propre vie.

Voldemort s’interrompit à ce moment-là et il y eut du mouvement parmi la résistance. Des bruits que même avec mes yeux je n’arrivais pas à identifier. Un grand bruit se fit entendre à nouveau tandis que Voldemort envoyait un sortilège sur un élève qui était sorti des rangs pour s’élancer vers lui. Il eut un grognement de douleur quand il fut percuté par le sort et s’effondra au sol peu de temps plus tard, désarmée. Voldemort jeta la baguette de son assaillant au sol et éclata de rire.

- Qui est-ce? Demanda-t-il de sa voix douce semblable à un sifflement de serpent. Qui s’est porté volontaire pour montrer à quel sort doivent s’attendre ceux qui poursuivent le combat lorsque la bataille est perdue?

Bellatrix eut à nouveau un rire ravi et cette fois mon envie de la mordre au sang s’amplifia au point où je claquai des dents violemment. Quelqu’un tourna sa tête dans ma direction, mais à ce moment la vipère brune annonça :

- C’est Neville Londubat, Maître! Le garçon qui a causé tant d’ennuis aux Carrow! Le fils des Aurors, vous vous souvenez?

- Ah, oui, je me souviens, dit Voldemort en regardant Neville.

J’eus un petit sursaut. C’était le professeur Londubat? J’avais complètement oublié cette partie-là… En même temps, il s’était passé tellement de choses et quand on n’a pas vécu l’histoire que l’on se fait raconter, les détails restent moins longtemps dans notre esprit.

J’observai avec attention Neville tenter de se relever, sans baguette et sans protection dans la portion de terrain séparant les deux camps rivaux. Mes babines se retroussèrent quand je remarquai quelques sourires moqueurs parmi les Mangemorts. Et l’un d’eux étaient Berkeley.

- Mais tu es un Sang-Pur, n’est-ce pas, mon garçon, toi qui es si courageux? Demanda Voldemort à Neville et je me concentrai à nouveau sur eux.

Neville lui faisait face en serrant ses poings vides. Il répliqua d’une voix sonore :

- Et alors?

- Tu as montré du caractère et de la bravoure et tu es issu d’une noble lignée. Tu ferais un précieux Mangemort. Nous avons besoin de gens comme toi, Neville Londubat.

- Je me rallierai à vous quand il gèlera en enfer! Répondit Neville. L’armée de Dumbledore! S’écria-t-il.

Il obtint pour réponse des acclamations en provenances de la foule que les Sortilèges de Mutisme de Voldemort n’arrivaient pas à faire taire.

- Très bien, dit Voldemort.

L’air qu’affichait le Seigneur des Ténèbres me donna froid dans le dos malgré l’épaisseur de ma fourrure. Le ton velouté de sa voix semblait annonciateur de danger encore plus grand que dans ses plus puissants maléfices. Ça ne me disait rien qui vaille…

- Si tel est ton choix, Londubat, nous allons revenir au plan d’origine. Ce sera sur ta tête, dit-il à mi-voix, que ça se passera.

Voldemort brandit sa baguette et quelques secondes plus tard, surgit, de l’une des fenêtres cassées du château, quelque chose que je n’eus aucun mal à reconnaître, car cette partie de l’histoire me revint en mémoire. C’était le Choixpeau.

Le Seigneur des Ténèbres le recueilli dans sa main et le tenant par l’extrémité pointu le secoua, le dépliant ainsi pour le faire voir dans toute sa splendeur de chapeau vieux et miteux.

- Il n’y aura plus de Répartition au collège Poudlard, annonça Voldemort. Il n’y aura plus de maisons. L’emblème, le blason et les couleurs de mon noble ancêtre, Salazar Serpentard, suffiront à chacun, n’est-ce pas, Neville Londubat?

La baguette de Voldemort visa alors Neville qui se raidit immédiatement, immobile. Il se fit alors enfoncer le chapeau sur la tête jusqu’au-dessous des yeux. Des mouvements qui semblaient prédire un début de panique et colère parmi les survivants et défenseurs de Poudlard fit en sorte que, d’un même geste, les Mangemorts brandissent leurs baguettes pour les tenir en respect.

- Neville va maintenant nous montrer ce qui arrive aux gens suffisamment sots pour s’opposer à moi, dit Voldemort.
Et d’un simple coup de baguette, il mit le feu au Choixpeau magique. Qui se trouvait évidemment toujours sur la tête de Neville.

Les hurlements déchirèrent l’atmosphère tandis que l’aube se levait à peine. Neville était en flamme et ne pouvait toujours pas bouger. Forcer à l’immobilité par la cruauté infâme de Voldemort. Un nouveau grondement s’échappa de ma gorge.
Un grand tumulte s’entendit au loin et je tournai la tête en direction du bruit. On aurait dit le bruit de très grands pieds qui frappaient le…

- HAGGER! Hurla un géant plutôt petit comparé aux deux autres et qui apparut au coin du château.

Tout ce qui se passa ensuite me parut irréel. Pour commencer les deux autres géants répondirent au petit géant, qui devait être Graup, avec des rugissements effroyables et coururent dans sa direction. Les bruits de sabots et des claquements d’arc se firent ensuite entendre tandis que des flèches s’abattaient soudainement parmi les Mangemorts.

Je perdis la notion du temps à partir du moment, où d’un commun accord non prévu, James, Al et moi on reprit forme humaine et que l’on réapparut de manière claire aux yeux de tous. Et en se jetant un regard nous nous jetâmes dans la mêlée.

Je jetai des sortilèges sur tous les Mangemorts que je croisais sans me gêner. Quand j’aperçus Bellatrix au loin, je voulus m’élancer dans sa direction, mais Al, qui apparemment m’avait suivi, me retint par le bras.


- On a dit qu’on restait ensemble. Et on ira pas par-là, c’est Mamie Weasley qui va s’occuper de son cas.
N’ayant pas le cœur à priver Mrs Weasley de cette joie, je bifurquai avec James et Al dans une autre direction. Les sortilèges volaient autour de nous et nous en faisions tout autant voler sur les Mangemorts.

Cela me parut une éternité lorsque je vis plusieurs Mangemorts transplaner d’un coup. Immédiatement après j’entendis des cris fatigués, mais soulagés annoncés qu’Harry Potter avait vaincu Voldemort.

Je m’écrasai par terre en même temps que James, Al et une autre personne.

- Vous vous êtes bien battus, affirma cette dernière.

Quelque chose dans le ton de sa voix me fit tourner la tête dans sa direction. Comme un vieux souvenir qui refaisait surface, mais qu’il semblait légèrement altérer…

Mon cœur rata un battement lorsque je reconnus la personne.

C’était mon père. J’étais tellement sous le choc, que c’est James qui répondit à ma place en disant avec un sourire :

- Toi aussi. Et j’espère que c’est la dernière fois que nous aurons deux combats en moins de vingt-quatre heures avant très longtemps…

- Moi aussi, avoua Charles Williams. Sinon je connais quelqu’un qui risque de me tuer… D’ailleurs… Je ferais mieux d’aller lui envoyer un hibou tout de suite, sinon je risque d’en entendre parler. Marianne aurait préféré que je ne revienne pas à Poudlard, cette année. Mais je ne pouvais pas abandonner mes amis, pas vrai?

Sur ces mots il s’éloigna. Il ne nous connaissait pas. Mais pourtant il nous avait parlé comme à de vieux amis. Ou enfin, presque. Le pincement que j’avais au cœur augmenta en intensité tandis que je le voyais s’éloigner.

Peu de temps après, je manquai perdre connaissance lorsqu’une voix que je n’avais entendu qu’une seule fois dans ma vie se fit entendre :

- Hé, vous trois! Auriez-vous vu passer mon frère? Un gars de dix-sept ans, aux cheveux bruns et avec des yeux d’un bleu très facilement reconnaissable? Il s’appelle Charles Williams… Personne… Personne n’arrive… n’arrive à me dire si…

- Il est parti à la Volière, je crois. Il a un message à envoyer à une certaine Marianne, apparemment, répondit Al en souriant de manière rassurante.

Un soupir de soulagement s’échappa de la bouche de la fille qui nous faisait face. Je n’eus aucun mal à la reconnaître même si je n’avais vu d’elle qu’une seule et unique photo. Et dans des circonstances très désagréables. Juste avant qu’elle ne s’en aille, je lui demandai :

- Ton nom à toi, c’est quoi?

- Abigail Williams, me dit-elle en souriant. Et toi?

Je restai muette une seconde avant de dire, incertaine :

- Mes amis m’appellent Icy. Mais sinon c’est Allison.

Elle m’adressa un sourire amusé, sans doute croyait-elle que je gardais mon nom de famille sous silence pour quelques raisons idiotes. Mais mes raisons n’étaient pas idiotes. Mes deux noms de famille risquaient d’en dévoiler beaucoup trop sur moi.

Après nous avoir salués, la sœur de mon père s’éloigna en sautillant presque, un terrible poids ayant quitté ses épaules. Si seulement elle savait ce qui l’attendait. Je me demandai soudainement si elle avait eu des enfants. Après tout, elle avait été tuée après mon père et elle était bien plus âgée que lui… Mais si c’était le cas, qu’étaient-ils devenus?

Je ne cherchai pas à y réfléchir davantage et m’endormis là, la tête posée sur l’épaule d’Albus.

Je fus réveillée par Al lorsque que Madame Pomfresh, une version bien plus jeune, nous demanda si tout allait bien pour nous et que si c’était le cas de bien vouloir aller à la Grande Salle qui avait été aménagé pour recueillir tout le monde.
On acquiesça, mais quand on se mit en route on s’arrêta devant le premier placard à balai en état et on s’y engouffra rapidement sans être vue. Mon sommeil rapide était suffisant pour le voyage de retour. Du moins, c’était ce que je croyais et espérais. J’attrapai les mains de James et d’Albus, puis j’amorçai le voyage de retour.

Réussir à retrouver l’endroit où nous avions disparu se révéla bien plus compliqué que prévu. Retrouver le moment exact où on disparaissait encore plus. Toutefois, je parvins après maints efforts à le faire et je nous fis « atterrir ».
Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Le contact avec le sol fut particulièrement douloureux, mais j’avais surestimé mes forces, car autant Al que moi-même nous nous effondrâmes par terre, sans énergie. James s’écria avec un peu de panique :

- Allison! Al!

- Je ne suis pas morte, Jiminy, plaisantai-je d’une voix un peu trop faible à mon goût et qui plus est, étouffée.

- Et moi non plus, affirma Al en essayant de se redresser.

Sauf qu’il retomba presque aussitôt en blêmissant. Pour ma part, j’avais le visage enfoncé dans une touffe d’herbe. Ce qui était hautement désagréable. Sauf que je ne prendrais pas le risque de me relever, car je risquais de perdre connaissance. Si Al blêmissait sous l’effort de se lever, mon état à moi devait être bien, bien pire.

- James… Est-ce que les autres sont là? demandai-je d’une voix encore plus faible.

- Je… Euh… Oui! Affirma-t-il et je supposais qu’il avait regardé partout, ce qui expliquait son hésitation.

- Oui, les autres sont là et ils aimeraient bien être décoincé, grommela une voix que je reconnus aussitôt.

- SCORP! M’exclamai-je avec un regain d’énergie.

- Oui, c’est moi, acquiesça-t-il et je sentis un début d’inquiétude dans sa voix. Comment…

- Pas le moment, rétorqua James. Maintenant je vais te libérer, ensuite Shepherd et puis les autres.

Je me fis la remarque intérieure qu’il avait décidé de prioriser Ruby, mais cela ne voulait rien dire. J’étais inquiète de savoir tous mes amis dans un état second et incapable de faire quoi que ce soit. Étaient-ils indemne et seulement sous le choc ou avaient-ils des blessures plus importantes. Je brûlais de me lever pour vérifier moi-même, mais… je ne le pouvais pas.

- Scorpius! S’exclama soudain James et je me raidis, car James ne l’appelait jamais par son prénom. Ton épaule…

- Ça va aller… Ce n’est pas trop grave…

- Combien de temps… commença à formuler l’aîné des Potter.

- Cinq minutes, répondit Scorp. Ça fait cinq minutes… que vous aviez disparu.

Mon cœur se serra et je tentai de regarder dans la direction de Scorp, mais ma vue s’embrouilla immédiatement et un million d’étoiles se mirent à danser devant mes yeux.

- Qu’est-ce qu’il y a? s’enquit Al. Qu’est-ce qu’elle a, ton épaule?

- Rien, ce n’est rien…

- Scorpius, tu saigne, le gourmanda James. Rose va me tuer si je te laisse dans cet état.

À l’évocation du mot « saigner » je ne pus faire autrement que de me redresser d’un coup, emplie de panique. La dernière chose que j’entendis fut le bruit d’un vêtement que l’on déchirait et ce fut le noir.

*********************

J’étais dans un endroit bizarre. J’avais l’impression d’être perdu en plein songe… Ce qui était peut-être la réalité pour être totalement franche. Des scènes complètement incroyable se déroulaient sous mes yeux incrédules, à pleine vitesse. Une Répartition… Non, pas un simple Répartition. C’était la mienne. Je venais de voir Al. Il s’avançait vers le tabouret. Je n’entendais aucun son, mais je pus comprendre que quelque chose clochait lorsque je vis le petit Albus se diriger vers la table des Serpentards. Peu de temps après je vis Rose se diriger vers les Gryffondors. Mais je n’étais pas là. Je n’étais… Je n’étais pas là. À une vitesse encore plus ahurissante je vis vieillir Scorpius et Albus. Si je me fiais à leur aspect ils avaient maintenant quatorze ans. Dans ces eaux là… Et ils jouaient avec un Retourneur de Temps. Mais qu’est-ce que cela pouvait bien vouloir dire? Avant de pouvoir comprendre ce qui se passait exactement, ma vision s’obscurcit et je retombai dans le noir.

**********************

En reprenant connaissance, je sus que j’étais à l’infirmerie sans même avoir à ouvrir les yeux. L’odeur qui infiltrait mon nez était on ne peut plus clair et tout autant désagréable qu’à l’habitude. Qui plus est, Madame Pomfresh disait :

- Minerva, elle va s’en sortir. Elle n’a aucune blessure.

- Elle n’aurait jamais dû pouvoir sortir, j’aurais dû la faire surv… commença le professeur McGonagall, mais à ce moment j’ouvris les yeux et la coupai.

- Merci de votre considération à mon égard, professeur. Mais je vais bien. Et tout est réglé, maintenant. Berkeley est mort…

Autant l’infirmière que la directrice sursautèrent violemment et provenant d’à côté de moi, la voix enjouée de Scorp, Ruby, Joshua et tous les autres s’exclamaient :

- Allison!

- Nous étions déjà au courant de la mort d’Elliot Berkeley, affirma McGonagall une fois qu’elle eut repris contenance. Mr Potter nous en a informés…

- James ou Albus? M’enquis-je en haussant un sourcil.

- Mr James Potter, précisa-t-elle. Mr Albus Potter était tout aussi inconscient que vous lors de notre arrivé sur les lieux.

Elle n’avait pas besoin de préciser pourquoi, je le savais très bien. En me voyant perdre connaissance il avait sans doute cherché à me rejoindre, mais comme il n’était pas très en forme aussi… Il m’avait rejoint dans l’inconscience.

Je me tournai vers mes amis pour leur demander quelque chose et c’est à ce moment que je compris que tout le monde ne s’en était pas très bien tiré. Joshua avait un imposant bandage tout autour de la tête, Ruby avait des marques de sang au visage, malgré que les blessures semblaient s’être estompées. Scorpius avait l’épaule entièrement recouverte de pansement. Liam avait le bras droit pressé contre lui de manière à ce qu’il ne puisse pas le bouger et Dylan c’était la même chose, mais avec le bras gauche. Le bras blessé semblait correspondre avec la main qui tenait leur baguette…

Amy et Kieran semblaient s’en être tirés assez bien, car ils ne portaient les marques d’aucune blessure et n’avaient aucun pansement. Ils étaient un peu sales, mais sinon rien d’autre à signaler. Après quoi j’aperçus Al qui se tenait assis sur le bord de son lit, voisin au mien. Il m’adressa un sourire fatigué et je pus lire de l’inquiétude dans ses yeux, mais je ne parvins pas à comprendre pourquoi. La dernière personne que je vis fut mon frère. Alexander Parkinson. Il se tenait dans le coin de la pièce, semblant ne pas trop savoir s’il avait le droit d’être ici, ou non. Mais il me semblait indemne.

Et là, l’évidence me sauta aux yeux.

Ni Rose, ni Malia et ni Teena n’étaient présentes. Où étaient-elles? Que leur était-il arrivé? Elles ne pouvaient quand même pas… elles ne pouvaient quand même pas être… être mortes? Je refusais de le croire. Sans attendre je bondis sur mes pieds, le regard affolé, la panique prenant place dans mon cœur.

- OÙ SONT-ELLES?! Hurlai-je. Où sont Rose, Teena et Malia!

- Elles ont été touchées plus durement… commença Al en s’approchant de moi avant de me prendre dans ses bras.

- Elles sont à Ste-Mangouste où elles pouvaient bénéficier de plus de soins, me dit doucement Hannah que je n’avais pas remarqué de prime abord.

- Mais… Mais… Pourquoi ne sommes-nous pas tous là-bas? M’écriai-je, paniquée.

- La seule autre personne qui aurait été susceptible de devoir s’y rendre, Miss Lévesque, c’est Mr Flint, m’apprit en perdant légèrement patience Madame Pomfresh.

Je tournai mon regard dans la direction de Joshua et remarquai la moue qu’il avait au visage. Je ne comprenais pas trop pourquoi, cela dit. Était-ce à cause du fait que l’infirmière en chef avait rappelé la gravité de ses blessures? Je m’enquis en fronçant les sourcils :

- Et qu’est-ce que tu as, Joshua?

- Une commotion cérébrale. Rien de plus, rien de moins. Fichue branche, hein? Mais je vais être en état pour rentrer chez ma… Je vais être en état pour rentrer chez moi pour le départ. Tant qu’une fois à la maison je ne force pas trop… C’est pour ça que je suis resté ici. Ce n’était pas trop dramatique.

Quelque chose dans sa voix, lorsqu’il dit qu’il ne devrait pas trop forcer une fois à la maison, semblait sonner faux. Comme s’il se doutait que ses blessures ne changeraient rien à un certain état de fait. Je fronçai davantage les sourcils, mais je ne tentai pas d’en savoir davantage pour la simple et bonne raison que ce qu’il avait dit juste après me déconcertait encore plus.

- Donc l’état de Rose, Malia et Teena est dramatique, c’est ça? Soufflai-je d’une voix blanche.

- Elles sont dans le coma, m’apprit Al. James, Hugo et Lily sont déjà là-bas avec nos parents.

- Mais… Je veux y aller aussi! M’exclamai-je. Elles sont dans cet état par ma faute!

- Ce n’est pas de votre faute, soupira McGonagall à ma plus grande stupéfaction. Si quelqu’un est à blâmer, c’est moi. J’aurais dû vous surveiller…

- Ça n’aurait servi à rien. Je devais y aller, affirmai-je.

- Ça suffit le placotage, Miss Lévesque! Gronda soudain Madame Pomfresh. Vous devez vous reposer.

- Ce n’est pas ce que je viens de faire pendant… commençai-je à protester avant de m’interrompre une seconde. Combien de temps, au fait?

- Vous ne dormez que depuis quatre heures, Miss, m’annonça Hannah.

Si peu? M’étonnai-je intérieurement. Je croyais que cela faisait des jours que je dormais… Enfin, ça expliquait sans doute pourquoi aucun de mes amis n’avaient encore complètement récupéré de leur blessure. Et pourquoi je me sentais soudainement faible…

Voyant sans doute que je tremblais, Al m’aida à me réinstaller sur mon lit. Enfin, sur le lit d’hôpital, plutôt. Ses yeux inquiets me couvèrent du regard tandis que ses deux mains tenaient mon visage. Il m’embrassa à ce moment sur le front avant de me chuchoter :

- Dors, Alli. Même moi, je suis encore fatigué et je n’ai pas été celui qui a donné le plus de son énergie.

- Très bien, Al, je dors. Mais…

Je m’interrompis de moi-même. Je n’avais pas très envie de dormir seule. Je venais de me rappeler le rêve étrange que je venais de faire. J’ignorais si c’était une vision, mais j’eus une confirmation en échangeant un regard inquiet avec lui. Il hocha de la tête et admit :

- J’ai vu aussi. Et… On en reparlera plus tard.

Quand nous seront seuls, semblait-il me dire avec ses yeux.

- Je ne veux pas dormir seule, avouai-je avec un frisson.

La vision d’un Berkeley ensanglanté et de tous les morts que j’avais vus lors de la Bataille de Poudlard défilaient en ce moment devant mes yeux, alors même qu’ils étaient ouverts. Al me serra légèrement contre lui avant de jeter un regard en direction de McGonagall et les deux infirmières. La première finit par soupirer en levant les yeux au ciel :

- Très bien, restez-là tous les deux! Mais! Vous dormez, c’est un ordre.

- Professeur, sauf votre respect, je ne crois pas qu’ils risquent de faire autre chose… Surtout si je suis là, ainsi que tous les autres, fit remarquer mon frère en ayant l’air de surveiller les faits et gestes d’Albus de très près.

Je sentis Al se raidir légèrement à côté de moi et je dus retenir un petit rire. Cela dit, je rougissais aussi. Quand même, qu’est-ce qu’ils avaient tous à avoir si peu confiance en nous? C’était révoltant!

- Ouais et je les tiens à l’œil aussi, affirma Scorp en plissant des yeux dans notre direction.

Son ton était plein d’humour, mais je sentais sa tristesse et son inquiétude aussi. Sans doute que plus que n’importe qui dans cette pièce, il désirait rejoindre Rose. Parkinson eut un sourire de là où il était et commença à s’approcher avant de prendre place dans le lit qu’Al avait quitté. Ce n’est que quand il fut très près que je remarquai la balafre qu’il avait au visage. En voyant mon regard horrifié, il porta la main à son visage et marmonna :

- Madame Pomfresh va s’en occuper dans quelques minutes. Dès que tu dormiras à nouveau…

Je levai les yeux au ciel devant son ton légèrement paternaliste, mais consentis tout de même à me coucher. D’autant plus qu’Al en fit de même. Je posai tout juste ma tête sur son torse que je m’endormis.

Je me réveillai pour la deuxième fois en me sentant beaucoup plus légère. Et aussi en sentant une main qui jouait avec mes cheveux distraitement. Je pressai davantage mon visage contre Al en soupirant d’aise. D’une voix susurrante je lui dis :

- Tu es l’oreiller parfaite, Al.

- Content de l’entendre, répondit-il avec un sourire dans la voix.

Je me redressai suffisamment pour que nos visages soient à la même hauteur et d’un commun accord nous nous rapprochâmes jusqu’à ce que nos lèvres s’effleurent. Je me sentis immédiatement mieux et c’est presque sans trop réfléchir que je me retrouvai à grimper sur Al pour être dans une position à peu près confortable pour pouvoir continuer à l’embrasser.

- Merlin, je vais vomir, râla une voix que je reconnus sans mal.

J’interrompis ce que j’étais en train de faire pour couler un regard mauvais à mon frère qui était sur le côté, dans notre direction, et avait la main devant les yeux. En voyant cela, je levai les yeux au ciel.

- Vous pourriez prendre une chambre, ajouta-t-il en écartant un doigt pour voir si le « danger » était écarté.

- Pour le coup, je crois que Madame Pomfresh et McGonagall nous tueraient, dis-je en arquant un sourcil.

Je consentis toutefois à me remettre de mon côté du lit et immédiatement mon frère retira sa main de devant ses yeux. Plus le temps passait et plus je me faisais à l’idée qu’il était mon frère. En fait, il devenait aussi agaçant que n’importe quel frère que j’avais pu voir. James, par exemple.

- Pourquoi est-ce que nous vous tuerions, Miss Lévesque? S’enquit soudain Madame Pomfresh en sortant de son bureau.

Je rougis violemment et Al s’exclama :

- Pour absolument rien!

La phrase à ne surtout pas dire lorsque vous aviez fait quelque chose de moindrement mal ou même quand vous étiez innocent. Madame Pomfresh fronça les sourcils, mais finit par dire :

- Je ne crois pas qu’il ait pu se passer quoi que ce soit il y a à peine cinq minutes, vous et Mr Potter dormiez encore à poings fermés.

- Quel jour sommes-nous? Demandai-je sans me préoccuper de ce qu’elle avait dit.

- Jeudi, Miss Lévesque. Les élèves rentrent chez eux demain…

- Eh bien moi, je veux partir dès aujourd’hui. Mon amie a besoin de moi. MES amies ont besoin de moi, affirmai-je en me levant. J’ai suffisamment dormi.

- Miss Lévesque…

- Moi aussi, je veux m’en aller, renchérit Scorpius en la coupant.

- Tout comme moi, ajouta Al en me prenant la main.

- Et faudrait pas m’oublier, grommela Alexander. Mali est là-bas…

L’infirmière poussa un soupir en regardant vers le plafond. Elle semblait en train de se demander sur le pourquoi elle faisait encore ce travail et surtout pourquoi il avait fallu qu’elle tombe sur des élèves aussi têtus que nous quatre.

J’attendis patiemment que sa petite crise passe, mais elle n’eut pas le temps de chercher à argumenter que les portes s’ouvrirent brusquement et qu’un jappement enjoué se fit entendre. Sans tarder, Spock s’élança vers moi à toute vitesse.

- Sortez-moi ce chien d’ici! L’hygiène! Gronda soudainement Madame Pomfresh, sauf que Spock avait déjà sauté sur le lit pour nous rejoindre Al et moi.

Il me lécha la main et je le serrai contre moi. Mon petit chien… Mon petit chien complètement fou! Il réussit à me lécher le visage et c’est en relevant un peu la tête pour lui faire de gros yeux que je vis qui se tenait dans le cadre des portes. J’affichai un air surpris en même temps que Scorp et Madame Pomfresh disait à tour de rôle :

- Papa?

- Mr Malefoy? Je croyais vous av…

- Vous m’aviez dit d’attendre, certes. Mais j’ai entendu ces jeunes gens et s’ils veulent sortir, je me porte volontaire pour les conduire à Ste-Mangouste. Oh, et désolé pour le chien.

- Ce n’est pas raisonnable de les… commença l’infirmière, mais Hannah apparut et la coupa en mettant une main sur son bras.

- Ils vont à Ste-Mangouste, je crois qu’ils y seront tout aussi bien qu’ici. Il ne peut rien leur arriver de mal.

L’infirmière en chef soupira, mais finit par acquiescer. Mr Malefoy entra plus profondément dans l’infirmerie et tout en s’arrêtant aux côtés de son fils, il nous dit en se tournant vers moi :

- Allez tous ramasser vos affaires, vous ne reviendrez pas ici avant l’an prochain. Je vous attends tous à l'entrée.

Sans attendre davantage, je sortis de mon lit précipitamment avec Al et Spock. Parkinson, Scorp et son père sortirent ensembles. Nous ne tardâmes pas à nous séparer de l’autre groupe pour rejoindre notre Salle Commune.

Une fois là-haut, je me fis immédiatement tomber dessus par Chelsea, elle s’écria en m’attrapant par les épaules :

- Tu étais passée où, par Merlin?! Et toi aussi, Al?! Où étiez-vous passés? Et Rose? J’ai vu James, mais… il n’a rien dit…

- On a décidé de jouer les aventuriers et ça c’est mal passé, me contentai-je de dire en essayant de lui cacher que c’était un énorme mensonge. Et là, je dois partir en vitesse avec Al. Désolée, Chelsea. On en reparlera l’an prochain…

Elle croisa les bras en me foudroyant du regard, mais ne put rester fâché très longtemps, car elle souffla :

- Prends soin de toi, Allison. Et Albus, veille sur elle, tu veux?

Sur ces mots, elle nous serra tous les deux dans ses bras et quelque chose dans sa manière de le faire me donna l’impression qu’elle en savait plus que ce qu’elle ne laissait paraître. Mais c’était impossible. Elle ne pouvait pas être au courant. Une fois qu’elle nous eut relâchés, on se dirigea rapidement vers les escaliers menant à nos dortoirs, Spock sur les talons. Juste avant de m’engouffrer de mon côté, je demandai :

- Tu crois que je devrais prendre les choses de Rose, Teena et Malia?

- Si tout est encore là, oui, tu pourrais. Je n’ai pas l’impression qu’elles… qu’elles vont revenir ici avant un moment.

Je hochai de la tête d’un air crispé et me mis à grimper les marches quatre à quatre. Quand j’entrai dans le dortoir je fus accueilli par un miaulement de chat. Un miaulement qui me semblait faible contrairement à ceux que j’entendais habituellement. Spock me délaissa dans la seconde pour se rendre jusqu’au lit de Rose où il se faufila en-dessous en faisant crisser ses griffes sur le sol.

Oh, Merlin! Nuage! Délaissant rapidement ma tâche première je me précipite vers le lit de Rose et me couche sur le ventre pour regarder en-dessous. C’est là que je découvre la plus mignonne de toutes les scènes. Nuage est roulé en boule et semble presque en dépression, malgré qu’il me regarde avec ses grands yeux bien éveillés. Spock se trouve enroulé autour de lui, la tête sur son dos et lui lèche le bord de la tête, essayant sans doute de le réconforter.

Décidant que je ne pouvais pas faire grand-chose pour l’aider, ce pauvre chat, je décidai de me relever et de commencer à rassembler mes choses. Apparemment personne n’est venu dans notre dortoir depuis que nous l’avons quitté, car tout est tel que nous l’avons laissé. Des livres de tout genre étalés sur nos tables de chevet à Rose et moi, quelques sucreries sur celle à Malia et l’album à Teena sur la sienne. Sans compter que nous avons laissé traîner un peu de nos accessoires un peu partout. Toutefois, il n’y a aucun amoncellement de vêtements. Ce qui, pour le coup, rend les choses plus faciles.

C’est en commençant à ramasser les choses de mes amies (après m’être occupée des miennes) que je me rendis compte que c’était pratique de connaître mes amies et camarades de dortoirs sur le bout des doigts. Par exemple, je savais que Malia cachait certaines choses sous son matelas et Teena rangeait toutes sortes de petits trésors dans le tiroir de sa table de chevet.

Cela me prit un temps fou à rassembler les affaires de tout le monde et de démêler qu’est-ce qui était à qui. Comme nous avions tendance à nous emprunter tout un tas de choses, c’était parfois compliqué de déterminer qui était la propriétaire à la base. Je finis quand même par tout démêler, malgré les messages constants d’Albus après environ quinze minutes de ramassage.

Quand toutes les valises furent fin prêtes, je m’arrangeai pour aller cueillir Nuage sous le lit. J’eus droit à plusieurs coups de griffes sur les bras, ce qui sembla déplaire à Spock, car il gronda sur son ami. Je ne m’en préoccupais pourtant pas et réussis à coincer Nuage dans un sac de transport qu’utilisait Rose à cet effet. Sans doute l’élément familier lui procura un sentiment de sécurité, car le chat cessa immédiatement de se débattre. Je réussis tant bien que mal à attraper deux valises et à me glisser dehors, Spock à ma suite.

En me voyant débarquer avec plusieurs valises, Albus lâcha :

- Oh! J’avais oublié que tu en avais plusieurs…

- Eh ouais, grommelai-je.

- Besoin d’un coup de main, Allison? S’enquit Chelsea de loin.

Je m’apprêtais à refuser, sauf que je finis par me rendre à l’évidence que si je devais traverser tout le château avec quatre valises, je n’en finirais pas. Et si je faisais plusieurs voyages ce serait encore plus long… Cela dit, je n’étais pas certaine qu’elle voudrait vraiment se rendre jusqu’à l’entrée.

- Ce ne serait pas de refus, dis-je pourtant. Mais je dois me rendre jusqu’à l’entrée…

- Pas de problème, affirma-t-elle en s’approchant déjà.

- J’ai quatre valises, ajoutai-je.

- Toujours pas de problème, dit-elle en souriant. SEB! Bouge ton cul et viens ici! s’écria-t-elle ensuite.

- Pas besoin de crier, je suis juste à côté! Grommela son frère en nous rejoignant. Tu veux me voir pourquoi?

- On va aider Allison à emporter ses choses jusqu’à l’entrée, lui apprit sa sœur en lui mettant déjà une valise dans les bras.

- Mais…

- Ne fais pas ton poltron et fais ce que je te dis! Tu n’auras jamais de vraie petite amie si tu continues à faire ton rustre. Montre donc que ça t’arrive d’aider les gens! gronda Chelsea en le foudroyant du regard.

- Mais je…

- Seb!

Il se tut et en levant les yeux au ciel il attrapa la valise. Du coin de l’œil je vis qu’Al avait le plus grand mal à garder son sérieux. Je devais admettre que les disputes entre Chelsea et Sebastian étaient toujours divertissantes. D’autant plus que chaque fois c’était la sœur qui avait le dernier mot. Elle était peut-être la plus gentille des deux, mais clairement elle était aussi la plus autoritaire.

Nous montâmes donc ensembles, Chelsea et moi, jusqu’à mon dortoir où l’on saisit chacune une des deux valises restantes. Je jetai un regard tout autour en me disant que ce serait bien long, deux mois, avant de pouvoir à nouveau poser le regard sur ce dortoir. Mais d’un autre côté, les deux mois seraient bien courts pour me vider l’esprit de tout ce qui s’était produit cette année. Je m’assurai une dernière fois qu’il n’y avait plus rien qui traînait et nous redescendîmes sans prononcer une parole.

Quand j’apparus à nouveau dans la Salle Commune, Al m’accueillit en disant :

- On va devoir faire un arrêt par la Volière, pour prendre Ember et Hedwige.

- Tu as raison. J’espère que Mr Malefoy ne nous en voudra pas trop… dis-je en me mordant les lèvres.

- C’est peut-être Scorpius qui va nous tuer de mettre autant de temps pour arriver… lâcha Albus en souriant avec amusement.

Je souris à mon tour, puis accompagné de Chelsea et Sebastian (qui avait dû prendre deux valises au lieu d’une), nous nous dirigeâmes dans un premier lieu vers la Volière. Les cages des deux oiseaux reposaient sur nos valises respectives à Al et moi, mais on décida que par précaution ils seraient mieux de se poser sur nos épaules.

C’est donc avec Ember sur l’épaule gauche, Nuage dans son sac accroché à mon épaule droite et Spock sur les talons que je repartis avec les autres, cette fois en direction de l’entrée. Aucun de nous ne prononça un seul mot durant tout le chemin, mais à intervalle régulier le frère jumeau de Chelsea poussait des soupirs sonores qui faisaient clairement comprendre sa contrariété. Ce qui semblait énormément amuser sa sœur.

Lorsque nous arrivâmes finalement, Scorp s’exclama :

- Merlin! Vous arrivez enfin, j’ai presque cru que vous vous étiez fait arrêter par un je-ne-sais-quoi!

Il semblait à la fois en colère de nous voir arrivé en retard et soulagé de voir que nous étions enfin là. Lui et Parkinson avisèrent alors toutes les valises que nous traînions. Et c’est le moment que choisirent les deux jumeaux pour déposer les valises à mes pieds.

- Par la millénaire barbe de Merlin! Allison! Tu as tout ça de valises? Juste pour toi? s’étonna mon frère en me regardant éberlué.

- Bien sûr que non! Grommelai-je en croisant les bras après avoir déposé la mienne. J’ai pris les choses de Rose, Teena et Malia au passage. En plus des miennes, évidemment.

- Je peux prendre Nuage, si tu veux, proposa Scorp avec un sourire.

- Oui, merci, dis-je en lui passant de bonne grâce, j’avais les épaules complètement mortes.

Je me tournai ensuite vers les deux jumeaux et tout en serrant Chelsea dans mes bras, je leur dis :

- Merci à tous les deux de m’avoir donner un coup de main.

- J’ai droit à un câlin aussi? S’enquit Sebastian avec un sourire narquois.

- Dans tes rêves, McLaggen! Gronda Al en le foudroyant du regard.

- Du calme Potter junior! Le tranquillisa-t-il avant de m’adresser un sourire charmeur. À la prochaine, Allison!

Sur ces mots il s’éloigna rapidement avant qu’Al n’ait le temps de le frapper. Il reçut tout de même un coup dans le ventre de la part de sa sœur dès qu’il passa près d’elle. En se retournant vers nous, elle me dit :

- C’était un plaisir de t’aider. Et excuser son comportement. Je ne suis l’aînée que de cinq minutes et ça ne suffit pas à le contenir complètement. Sur ce, bonnes vacances! Et à l’an prochain!

Elle nous adressa un signe de la main et un sourire avant de se détourner et rattraper son frère en courant. Le père de Scorpius semblait légèrement découragé et il lâcha en secouant lentement de la tête :

- Les jumeaux qui sont à Gryffondor sont toujours bizarres, apparemment.

- P’pa! S’outra Scorp en regardant son père avec les sourcils froncés.

- Je n’ai insulté aucun de tes amis, je n’ai fait qu’énoncer une vérité, plaida son père avec un sourire amusé.

Scorp leva les yeux au ciel, mais finit par demander sur un ton pressant :

- On peut y aller, maintenant?

- Une diligence nous attend dehors, alors oui, affirma Mr Malefoy.

Tandis que j’empoignais à la fois ma valise et une autre, le père de Scorp me la retira des mains avant d’en prendre une deuxième. Mon frère vint se saisir de la troisième qui ne m’appartenait pas en plus de la sienne et c’est comme ça que nous nous rendîmes jusqu’à la diligence.

Avant d’y prendre place, Al et moi nous installâmes nos chouettes dans leur cage, puis je pris Spock dans mes bras pour aller prendre ma place. Je m’arrêtai toutefois, pétrifiée, en voyant ce qui se trouvait attaché à la carriole. Je sentis la main d’Al sur mon épaule avant qu’il ne me demande :

- Alli? Qu’est-ce qu’il y a?

Je ne répondis rien trop préoccupée par ce que je voyais. Devant mes yeux incrédules se trouvaient une créature étrange que je n’eus toutefois aucun mal à identifier. Il s’agissait d’un cheval à l’aspect très squelettique et de couleur noir. Sa tête avait la forme de celle d’un dragon et les ailes sur son dos ressemblaient à celle d’une chauve-souris. J’étais à la fois nerveuse et très intriguée par cette créature. Un Sombral. Un vrai de vrai. Je m’approchai à tout petit pas et au moment où je tendais la main pour toucher l’animal, Spock poussa un jappement aigu avant de gronder.

Le Sombral tourna sa tête vers moi lentement, réfléchissant sans doute à si j’étais un danger ou non. Il ne parut pas me considérer comme un danger, car il se détourna tout aussi lentement. Je renonçai à l’idée de le toucher par égard à mon chien qui ne semblait pas très à l’aise. Sans doute ressentait-il la présence de l’autre animal, mais ne parvenait pas à le voir? C’était possible… j’avais déjà lu quelque part que les animaux étaient beaucoup plus sensible aux choses invisibles que l’humain.

- Tu le vois, c’est ça? S’enquit Al. Le Sombral, tu le vois? Précisa-t-il.

Je hochai lentement de la tête. C’était sans doute relié au fait d’avoir vu mon père mourir. Ou aussi la mort de mes grands-parents? C’était dur à dire, j’avais assisté à la mort de tellement de membres de ma famille cette année que c’était presque dur de s’y retrouver. La haine que j’éprouvais pour Berkeley revint en force et c’est couche par couche que je réussis à la chasser de mon esprit pendant que nous traversions le terrain de l’école et nous rendions vers Pré-au-Lard.
Le fait que Berkeley était mort aidait grandement à faire disparaître la rancœur que j’éprouvais toujours. Mais pas complètement. Il n’avait pas suffisamment souffert à mon goût pour toute la douleur qu’il avait causée.

Une fois à Pré-au-Lard, nous empruntâmes une cheminée et de la poudre de cheminette pour se rendre à un carrefour près de Ste-Mangouste. Là nous poursuivîmes le chemin à pied en trimbalant chouettes et valises, chien et chat dans nos bras.
À peine entrions-nous à l’intérieur que l’un des Médicomages nous demanda de laisser les animaux à l’entrée. Spock ne sembla pas beaucoup apprécié lorsqu’un guérisseur arriva avec une cage, néanmoins il m’obéit et y entra sans rechigner. Malgré tout, il m’adressa un regard de chien battu en me voyant m’en aller en le laissant là. Du personnel de l’hôpital se chargea de transporter nos bagages dans un coin ainsi que les animaux.

Nous suivîmes sans un mot Mr Malefoy qui nous conduisit jusqu’au quatrième étage. Le hall d’entrée de cet étage donnait sur cette inscription :

« Service de pathologie des sortilèges »

Un frisson glacé me traversa le dos et sans le vouloir j’attrapai précipitamment la main d’Al. Puis, me disant que Scorp ne devait pas se sentir très bien présentement, je lui pris la sienne aussi que je serrai très, très fort. Il me remercia d’une pression tout aussi forte et nous avançâmes jusqu’à une chambre commune qui pouvait accueillir jusqu’à cinq personnes.

Toutefois en pénétrant à l’intérieur, il n’y avait que trois lits d’occupés. Je ne voyais que des pieds qui déformaient les draps, car tout autour de chacun des corps étendus se trouvaient la famille de chacun. Le plus grand groupe se trouvait autour de celui qui devait appartenir à Rose puisqu’il s’y trouvait Hermione, Ron, Harry, Ginny, James, Hugo et Lily. Auprès des deux autres se trouvaient les parents de Teena et Malia que je n’avais vu que deux fois depuis que je les connaissais. Ce qui était peu, quand on y réfléchissait.

Sans attendre, Scorpius et mon frère se précipitèrent chacun vers un lit en particulier. Mon meilleur ami bouscula Harry et Ron pour passer et je le vis saisir la main de Rose dans la sienne, une lueur mortellement inquiète dans le regard. De son côté Parkinson se contenta de se tenir du côté vide de Malia sans adresser un regard aux parents de cette dernière, il garda la tête baissée et je devinais à son visage plus blême que d’ordinaire qu’il était inquiet.

Je m’apprêtais à aller rejoindre mes amies lorsque Mr Malefoy me retint d’une main sur l’épaule. Je me retournai en arquant des sourcils surpris et il dit :

- J’aimerais te parler… Seul à seule.

Je fronçai légèrement les sourcils, mais adressai tout de même un signe à Al pour qu’il continue sans moi. Nous nous lâchâmes la main en même temps et je rejoins Mr Malefoy en dehors de la chambre. La porte resta toutefois ouverte ce qui me permit de constater que le père de Scorpius ne lâchait pas son fils des yeux.

Je détaillai en silence l’homme que j’avais devant moi. Il était presque une copie conforme de Scorpius, mais en plus vieux. Même cheveux d’un blond très pâle, même yeux gris… Je remarquai étrangement qu’il semblait à la fois inquiet, nerveux et fatigué. J’ignorais absolument la cause de ses trois sentiments, car Scorpius n’était plus en danger, contrairement à Rose, Malia et Teena. Enfin, j’ignorais encore si leur état de santé était toujours à ce niveau-là. Après tout, peut-être que pendant la durée de mon sommeil, les guérisseurs et Médicomages avaient trouvé ce qui clochaient avec elle et avaient pu faire en sorte de les guérir?

- Vous vouliez me parler? M’enquis-je après une minute supplémentaire de silence.

Mr Malefoy poussa un soupir et je craignis un instant d’avoir peut-être outrepassé mes droits et de l’avoir offensé. Bon, en même temps, c’était quand même lui qui m’avait retenu en disant vouloir me parler. Je fus toutefois rassurée lorsqu’il passa une main lasse sur son visage, signe clair que c’était surtout la fatigue qui avait parlé par ce soupir.

- En effet, je tenais à te dire que je suis au courant. À ton sujet, finit-il par lâcher en me regardant attentivement.

- Au courant… Au courant de… de quoi? bégayai-je, mais j’eus le sentiment d’avoir très bien compris de ce dont il voulait parler.

- De ton don, précisa-t-il néanmoins. Potter et Weasley m’en ont parlé lorsque vous avez tous été récupéré dans la Forêt interdite. Et que Scorpius a été retrouvé blessé, entre autre.

- À ce propos… J’ai essayé de les empêcher de se mêler de tout… commençai-je à vouloir me défendre, mais il m’interrompit.

- Je ne t’en veux pas. Pas vraiment. Peut-être un peu, car il est mon fils unique et que je ne supporterais pas de le perdre, mais… Tu lui as offert tout ce que moi je n’ai pas pu avoir et tout ce que je lui souhaitais.

J’ouvris la bouche bien grande, ne sachant pas trop ce que je devais dire. D’autant plus que je n’étais pas certaine de comprendre. La seule chose que j’avais pu saisir c’était la douleur dans sa voix lorsqu’il avait mentionné la possibilité de perdre son fils. Mon cœur s’était glacé à l’instant en m’imaginant perdre mon meilleur ami. Je ne l’aurais pas supporté. Je serais sans doute tombée dans une dépression profonde ou alors je serais morte de culpabilité.

Voyant que je le regardais toujours avec, sans doute, de l’étonnement et de l’incompréhension plein les yeux, il me demanda :

- Quoi?

- Je ne suis pas certaine d’avoir suivi, Mr Malefoy, avouai-je d’une toute petite voix.

- Première chose… tu peux m’appeler Drago, désormais. Je t’en donne l’autorisation et je crois qu’il était temps, me dit-il avec un maigre sourire. Je n’ai pas eu le même genre d’amitié que Potter, Weasley et Granger avaient… Et dans un sens je les ai toujours enviés pour ça. Et lorsque Scorpius a dû nous quitter pour se rendre à Poudlard, j’ai espéré que mon passé n’entacherait pas ses chances de se faire de bons amis. Et au fil des années, j’ai appris de mon fils que c’était toi qui avais rassemblé votre groupe. Cette première fois, sur la barque. Avec toi, Allison, il a sans doute évité plusieurs choses assez horribles. Avec toi, Albus Potter et Rose Weasley. Vous lui avez offert le genre d’amitié que j’espérais pour lui. Et malgré que je n’aime toujours pas la manière que tu as utilisé, tu as aussi permis à mon fils de connaître le bonheur en… en… amour. Certes, j’aurais préféré que ce soit avec une autre fille que celle à Weasley, mais tant pis. Rose est une très gentille jeune femme, je ne peux le nier, m’expliqua-t-il et tout du long il regardait son fils avec un léger sourire aux lèvres, un sourire plein de fierté. C’est pour tout ça, Allison, que je ne t’en veux pas vraiment. Tu as permis à Scorpius de prendre les bonnes décisions pour les bonnes causes. Tu lui as montré ce que j’aurais sans doute aimé que l’on me montre quand j’avais votre âge. Le pouvoir de l’amitié, de… l’amour. La joie de vivre. Il ne s’est pas battu à tes côtés, car on l’y obligeait ou montrer qu’il pouvait être quelqu’un. Il l’a fait, car tu étais son amie. Et seulement pour cette raison.

Il se tut pendant un moment et je me rendis compte avec étonnement qu’il semblait ému. Je ne pouvais pas nier que je l’étais un peu aussi. Je ne me serais jamais douté qu’un tel homme se cachait derrière le masque souvent rigide de Drago Malefoy. Je ne me serais jamais douté qu’il y avait une si grande douleur. Je ne savais toujours pas quoi dire, mais je savais qu’il fallait que je dise quelque chose, n’importe quoi.

Au moment où j’allais ouvrir la bouche pour prononcer quelque chose, il me coupa d’un geste avant d’ajouter sur un ton légèrement vulnérable :

- Ce que je tiens à te dire, Allison, c’est que… qu’à partir de maintenant et pour aussi longtemps que tu seras amie avec mon fils… Notre porte t’est ouverte. Autant à toi, qu’à Rose Weasley et Albus Potter. Vous pouvez venir n’importe quand et vous nous accueillerons aussi bien que possible.

Je restai à nouveau sous le choc. Néanmoins, je me fis la réflexion que j’aurais été encore plus surprise qu’il utilise l’expression « à bras ouverts ». Ce n’était pas du tout dans l’image que j’avais de lui. En même temps, je ne l’aurais jamais imaginé me dire tout ce qu’il venait de me révéler, alors… peut-être avais-je mal jugé?

- Je… J’avoue ne pas savoir quoi dire, Mr Malef… Drago. C’est vraiment très gentil de votre part et sachez que je n’aurais pu rêver d’un meilleur ami que Scorpius. Si un jour je peux lui rendre la pareille, soyez garanti que je le ferai. C’est mon meilleur ami.

Il eut un mince sourire, mais je m’en contentais et je souris de toutes mes dents. Il me fit alors signe d’y aller et je ne me fis pas prier pour le faire. Je remarquai tout de même qu’il restait planté devant la porte, sans bouger, à regarder son fils. On aurait presque dit qu’il n’osait pas entrer.

Cette pensée me fit froncer les sourcils, mais j’avais tant envie de voir ma meilleure amie que je la reléguai au second plan. Je bousculai à mon tour Harry et Ron pour m’approcher de Rose. Ce mouvement de ma part sembla rappeler la présence de d’autres personnes aux deux intéressés, car ils se tournèrent vers moi tous les deux avant de regarder vers la porte.

- Merci de les avoir amenés, Drago, lança le père d’Al en adressant un signe à Mr Malefoy.

- C’était… souffla l’intéressé avant de s’interrompre et de se contenter d’hocher de la tête avec solennité.

Ron sembla maugréer quelque chose pour lui-même avant de grincer :

- Aller, viens Malefoy. Tu as l’air aussi ridicule qu’une statue à rester planter là…

Le père de Scorpius eut un rictus qui me sembla amusé, mais je lus aussi de la reconnaissance dans son regard lorsqu’il s’avança. Il alla de l’autre côté du lit et chuchota à l’intention de son fils :

- Scorpius, ta mère m’a annoncé avant que nous venions ici qu’elle devrait nous rejoindre en soirée.

- Vous n’avez pas besoin de me couver, fit remarquer Scorp en relevant la tête pour regarder son père.

- Elle veut être là pour toi et moi je vais devoir repartir… pour…

- Je sais, dit Scorpius sur un ton compréhensif.

Ils ne dirent rien de plus, mais je pouvais voir que tous les deux étaient en assez bon terme et que l’apparente froideur de mon meilleur ami était dû à l’état de Rose. Drago Malefoy se racla légèrement la gorge et s’enquit :

- Avez-vous eu du nouveau concernant son état?

À mon plus grand étonnement, ce fut Mr Weasley qui répondit et sa voix semblait avoir du mal à sortir :

- Ils ont dit que toutes les trois… Elles avaient eu beaucoup de chance. Une heure de plus et elles auraient pu ne jamais se réveiller… Mais comme elles sont arrivées suffisamment tôt, ils nous ont dit très, très tôt ce matin qu’elles allaient s’en sortir. Seulement, les côtes cassées dû à la rencontre avec l’arbre n’ont pas arrangé leur cas. Mais, d’ici une semaine elle devrait de nouveau être en état.

Un soupir de soulagement s’échappa de mes lèvres en même temps que de celles d’Al et de Scorp. Rose, Malia et Teena allaient s’en sortir. Mais elles étaient passées beaucoup trop près… beaucoup trop près de ne pas s’en sortir. Je jetai un coup d’œil au père de Scorp et je ne fus pas surprise d’y lire du soulagement aussi. Tout ce qu’il souhaitait semblait être le bonheur de son fils. Et en soi c’était admirable. D’arriver à tout oublier de ce que l’on a appris pour permettre à son enfant de devenir qui il veut. Et d’être heureux avec qui il veut.

*******************

Nous restâmes trois jours à l’infirmerie avant que Rose, Malia et Teena n’ouvrent les yeux. À ce moment-là, les Médicomages nous demandèrent gentiment de sortir, sauf les parents. Peu après on nous annonçait que nous ne devions plus que venir lors des heures de visites et guère plus longtemps qu’une heure. Cette horrible situation nous affectait nous autant que nos amies présent dans la salle. Avec chance, je réussis à donner à Rose sa Carte, alors nous pûmes continuer à discuter tous les quatre (Al, Scorp, Rose et moi) malgré que les heures de visite soient terminées.

Pendant les jours qui suivirent notre éjection de l’hôpital, je passai le plus clair de mon temps chez les Potter puisque je ne pouvais pas vraiment être très loin d’Albus. Mais je n’avais pas envie de rester là pour l’éternité non plus. Lily avait droit d’avoir sa chambre à elle toute seule, quand même. Et il était hors de question que j’emménage dans la chambre d’Albus. En premier lieu, car ses parents ne seraient certainement pas d’accord. Et en second lieu… car ce ne serait pas très prudent. Nous n’étions certes pas suffisamment idiots pour faire quoi que ce soit avec ses parents, James et Lily dans le coin, mais certaines choses pouvaient parfois échapper à notre contrôle. Le moment où nous nous étions réconciliés en était une preuve flagrante.

*****************

C’est au bout d’une semaine que nous eûmes des informations concernant le retour de Rose, Teena et Malia parmi nous. Enfin, leur retour dans leur famille respective. Al, James, Lily et moi nous trouvions dans le salon à jouer à une partie de Bataille explosive lorsque le père de mes trois amis est arrivé.

Nous relevâmes tous la tête d’un même mouvement, avides d’informations. À vrai dire, nous devions aussi recevoir des informations concernant les élèves qui avaient été surpris à aider Berkeley, ainsi qu’aux parents aussi. Ce qui amenait du même coup à la question de Parkinson. Enfin, Alexander. Qu’allait-il lui arriver? Il avait changé de camp, certes, mais pas sa mère adoptive.

James s’empressa de ranger les cartes en voyant que sa mère nous rejoignait aussi. Si les deux parents venaient, cela signifiait sans l’ombre d’un doute que nous aurions une conversation très intéressante. Les deux adultes se jetèrent un coup d’œil et Harry poussa un soupir avant de dire avec un sourire :

- Je vous annonce officiellement que Rose, Miss McDonald et Miss Bones sortiront de Ste-Mangouste dans trois jours. Le temps de faire quelques tests supplémentaires et d’être certain qu’elles se sont rétablies correctement.

- Fantastique! S’écria Lily avec un soulagement palpable dans la voix.

- C’est super! Ajouta James et je vis l’inquiétude quitter ses yeux.

- Il était temps! Renchérit Al avec un grand sourire réjoui.

- J’approuve tout ce qu’ils ont dit, conclus-je avec un sourire.

La remarque d’Albus m’aurait bien fait éclater de rire, si les deux adultes ne l’avaient pas dévisagé avec stupeur. Ils ne pouvaient pas être au courant que Rose nous rabattait depuis plusieurs nuits déjà qu’elle en avait marre d’être coincée à Ste-Mangouste. Malgré la présence de Malia et Teena à côté, elles n’avaient pas le droit de discuter entre elles plus de cinq minutes par heure, voire par deux heures. Car elles devaient se reposer… Situation qu’aucune de mes trois amies ne semblaient apprécier. Principalement, car, selon leurs dires, elles n’avaient fait que ça pendant des jours et que parler n’étaient pas vraiment physique comme activité.

- Est-ce que vous avez eu des nouvelles concernant les élèves qui suivaient Berkeley? M’enquis-je sans pouvoir m’en empêcher.

- En effet… Nous en avons, affirma mon parrain avec un air légèrement embarrassé que je ne sus en déchiffrer la cause.

- Tâchez de rester calme, nous conseilla Ginny, mais à voir son regard elle était assez en colère.

- On va essayer… lâcha James en regardant sa mère avec suspicion.

Son père poussa un nouveau soupir et se passa une main dans les cheveux avant de trancher :

- Notre enquête nous a amené à pouvoir d’ores et déjà dire que trois personnes parmi elles ont participé à la bataille contre leur gré en étant sous le Sortilège de l’Imperium. Il s’agit de Judy Lucas élève de Gryffondor et en septième année. Pour son cas, elle a tout de même écopé de deux mois de suspension pour avoir donné des renseignements à Berkeley. C’est la même chose pour les deux autres. Il s’agit donc d’Elizabeth Adams, Serdaigle de cinquième année, et Ashley Davidson, Serpentard de cinquième année aussi. Toutes les trois ont affirmé n’avoir jamais désirée causée de réel tort à qui que ce soit et n’avoir jamais voulu combattre. Nous avons des preuves qui corroborent leurs dires.

- Mais Judy en était à sa dernière année… fit remarquer Al en fronçant les sourcils.

- Ils sembleraient que la jeune fille n’a pas bien réussi ses examens. Et au vu de ce qu’il s’est passé, le Ministère a demandé à ce que l’on corrige les copies des intéressés en premier, répondit Ginny.

- Et pour les autres? Demandai-je avec appréhension.

- Ils seront en suspension pour l’année entière et donc ne reprendront les cours que lors de votre septième année, à Albus et toi, m’apprit mon parrain. La peine aurait été plus sévère si ce n’avait été que la majorité d’entre eux ont plaidé avoir été fortement influencés par leurs parents. Ceux-ci ont aussi plaidé en ce sens. Ce qui a fait en sorte qu’ils n’ont pas été tenus pour responsable à cent pour cent de leurs actes. D’autant plus que Berkeley avait un certain charisme et qu’ils étaient facilement influençable, tous à leur manière.

- Mais… Ils vont faire quoi pendant l’année entière? Ils vont être libres comme l’air? S’insurgea Lily avec colère.

- Non, ils devront faire les mêmes devoirs que vous tous, plus ou moins. Ainsi que des travaux d’intérêt général, affirma la mère de mes amis avec un ton un peu plus appréciateur. Ils n’auront pas le droit à de belles vacances d’ailleurs.

Il n’y avait plus qu’une question qui me brûlait les lèvres. Mais j’étais un peu inquiète et nerveuse à l’idée de la poser. Et si la réponse qu’il me donnait n’était pas celle que j’espérais? Et si ce que je craignais se produisait? Sans le vouloir mes mains se tordirent sur mes genoux. Mon mouvement à moitié furtif attira l’attention d’Al qui voyant mes mains tordues, en saisit une délicatement pour la serrer entre ses doigts.

J’échangeai un regard avec lui et je vis la compréhension dans ses yeux. Il savait ce qu’il se passait dans ma tête. Il savait quel nom j’avais sur le bout des lèvres. Alexander Parkinson. En plus court, mon frère.

- Allison? S’enquit soudain Harry et je relevai brusquement la tête.

- Oui? Murmurai-je d’une toute petite voix.

- Si cela ne te dérange pas, nous aimerions te parler en privé, me dit Ginny d’une voix douce d’où je perçus tout de même un soupçon d’appréhension.

- D’accord, me contentai-je de répondre.

Je me doutais qu’ils ne me demandaient pas vraiment mon avis, mais cherchait plutôt à faire comprendre à leurs enfants de s’en aller sans le dire explicitement. À voir le regard légèrement mauvais que James, Al et Lily leur lancèrent, ils avaient très bien compris la manœuvre. Et n’étaient pas ravis. Cela dit, j’étais prête à parier qu’ils utiliseraient des oreilles à rallonge pour suivre la conversation à distance.

Dès qu’ils eurent disparu à mes yeux, je regardai à nouveau les deux adultes devant moi et demandai :

- Vous vouliez me parler de quelque chose? Parce que ça va devoir attendre un peu. J’ai une question avant…

- Alexander Parkinson, ton frère, n’a eu aucune sanction, m’apprit Harry sans que j’aie le temps de poser ma question. Comme il est majeur il a eu l’autorisation de rester seul chez lui pendant que sa mère adoptive passerait quelques temps à Azkaban. Lorsque nous l’avons interrogé, il a toutefois fait remarquer qu’il ne resterait pas longtemps là-bas. L’été seulement. Puis dès la fin de ses études il veut s’en aller ailleurs.

- Parfait, alors, dis-je avec soulagement.

- Il a aussi demandé la permission de te voir cet été. En fait, pendant les trois prochains jours… ajouta Ginny.

- Vraiment? M’étonnai-je.

- Oui, affirma Harry en hochant de la tête. Il disait avoir quelque chose à te demander. Et surtout une proposition.

- D’accord, pourquoi pas. Nous avons plusieurs années à rattraper, je suppose. Mais Al va devoir nous accompagner…

- C’est justement à ce propos que nous souhaitions nous entretenir avec toi, seuls à seule, lâcha Ginny.

Je fronçai les sourcils légèrement. Nous n’avions eu aucun comportement déplacé en leur présence (ni en leur absence), alors je ne voyais pas trop pourquoi ils voudraient me parler d’un certain sujet. C’est à peine si on s’était embrassé deux fois devant eux. Et guère plus souvent en leur absence. James était beaucoup trop une plaie pour ça.

Alors de quoi pourraient-ils vouloir me parler? De ma présence chez eux? Je croyais que c’était la volonté de ma mère que j’habite chez ma marraine ou mon parrain… Et dans le cas présent, il n’y avait que la possibilité de mon parrain qui était acceptable. Je ne pouvais pas vraiment habiter très loin d’Albus au risque de partir et de ne jamais pouvoir revenir. À moins d’avoir énormément de chance et de ne partir que quelques jours dans le futur ou dans le passé. Sauf que la chance et moi, ça faisait deux. Du moins, presque tout le temps.

- À quel propos?

- Au fait qu’Albus soit ton Ancre. Nous ne sommes pas contre que tu vives ici, sache-le, m’assura-t-elle. Mais… Votre qualité de vie à tous les deux en est énormément réduite. Peut-être pas maintenant puisque vous allez encore à l’école ensemble, mais… Plus tard? Vous ne pouvez pas rester plus longtemps attaché comme cela, l’un à l’autre.

- Ce n’est pas le genre de chose qui nous incombe à nous, Al et moi, de décider? C’est notre problème, grommelai-je en fronçant davantage les sourcils.

- Allison, nous avons parfaitement vu que tu ne te sentais pas à ta place parmi nous. Pas sur une longue durée. Or, Albus et toi n’êtes pas encore majeur et de toute manière vous êtes beaucoup trop jeunes et inexpérimentés pour emménagés ensembles, tenta de s’expliquer Harry.

- Nous le serons au cours de l’année. Et je n’aurai pas forcément de loyer à payer. Ma mère a… avait beaucoup d’argent. Et la maison est entièrement payée.

- Allison… me prévint mon parrain.

- Quoi? C’est vrai!

Ils levèrent tous les deux les yeux au ciel. Après qu’ils eurent poussé un long et pénible soupir, je repris :

- Je ne peux pas rester ici. Ma maison me manque, vous comprenez? Ma chambre me manque. Mes choses me manquent. Lily est adorable et je l’adore, mais je commence à en avoir marre de voler sa chambre. De l’obliger à la partager. Si j’avais le choix, j’irais chez Hermione. Rose et moi nous sommes habituées à tout partager, alors ce ne serait pas nouveau. Mais le problème c’est que je ne peux pas quitter Al autant. Oui, je comprends que vous voulez que nous séparions notre lien, mais le professeur Trelawney m’a dit bien des choses sur les Ancres humaines. Vous m’avez dit que c’était dangereux de se séparer d’une Ancre humaine. Eh bien, j’ai fait des recherches et j’ai vu qu’il y avait très peu d’informations à ce sujet et que les seules existantes se contredisaient toutes. Je refuse de risquer la vie d’Al là-dedans. Pour le moment, mes Visions sont bien moins dangereuses que ça. D’autant plus que je n’en ai pas eu des « indésirables » depuis très longtemps.

- Que proposes-tu, alors? S’enquit Ginny. Nous voulons que tu te sentes bien et que si un jour tu veux aller faire des « trucs de filles » tu ne sois pas obligée de te coltiner notre fils.

- Ginny! S’écria Harry en la dévisageant du regard.

- Sache, Harry, que passer du temps entre filles est parfois nécessaire, rétorqua-t-elle en m’adressant un clin d’œil.

Je me mordis les lèvres pour ne pas éclater de rire. Merlin! Où est-ce que la conversation était en train d’aller, là? Lorsque les deux adultes eurent terminés de s’échanger un long regard à la fois plein d’amusement, de contrariété et d’étonnement ils se reconcentrèrent sur moi.

- Nous nous doutions que tu ne serais pas d’accord, finit par lâcher mon parrain. Et que tu voudrais rentrer chez toi. C’est pourquoi nous avons décidé de te proposer un compromis. Maintenant que la menace de Berkeley est écartée… Les possibilités sont beaucoup plus intéressantes.

- Ce que nous te proposons, avec une grande contribution de ma mère… C’est que pour les deux prochaines semaines, dès que Rose sera sortie, vous irez Albus, Rose, Scorpius et toi au Terrier. Cela te permettra d’être avec tes amis et aussi de ne pas te sentir trop coincé en étant ici, commença Ginny. Donc, tu seras là-bas du 7 juillet au 21.

- Par contre, pendant les cinq derniers jours de ces deux semaines, c’est la réunion des Weasley proches. Donc, nous serons tous là, ajouta Harry. Ensuite, tu reviendras ici avec nous pour un mois tu reviendras ici. Nous avons déjà prévus un petit aménagement pour que tu aies ton propre coin à toi pour cette période. Pour les dates, c’est du 21 juillet le soir ou 22 juillet au matin jusqu’au 11 août, continua-t-il.

- Finalement, du 12 août au 29 tu auras la possibilité d’être chez toi avec Albus sous la garde de Nesta, pour éviter que vous ne soyez seuls et retirer tout risque inutile. Berkeley n’est peut-être plus, mais tes dons sont une tentation pour n’importe qui, Allison, conclut Ginny. Le 17 août, Rose et Scorpius devraient pouvoir vous rejoindre et vous serez alors les quatre ensembles et plus seuls que vous ne pourriez jamais l’être ailleurs.

- Pour ce qui est des deux derniers jours précédant le retour en classe, vous retournerez chacun chez vous, précisa mon parrain. Qu’en penses-tu?

J’étais tellement éberluée que je me contentai d’ouvrir la bouche sans prononcer le moindre son. C’était presque parfait comme tableau! Certes, j’aurais préféré passer l’été complet chez moi, mais en même temps, peut-être que ça aurait été trop. Trop de fantômes. Trop de souvenirs. Trop de douleur…

J’étais tout de même énormément surprise par cette proposition qu’ils me proposaient. Mon parrain s’était-il finalement rendu compte que j’avais fait ce qu’il fallait? Et que je n’avais jamais rien demandé de plus que ce qui était nécessaire? (sans vouloir me vanter ou me montrer présomptueuse) Peut-être. Ou peut-être pas. En tout cas, je n’allais certainement pas m’en plaindre!

- Ce que j’en pense? Dis-je d’un ton plat, presque sans intonation. Mais c’est sûr que j’accepte et que je trouve ça géniale! M’exclamai-je en bondissant sur mes pieds et en frottant mes mains avec excitation.

Mon parrain et sa femme eurent un grand sourire. Sans trop me rendre compte de ce que je faisais, je me ruai vers eux et les pris dans mes bras en une étreinte remplie d’émotion. Ils semblèrent surpris un instant, mais me rendirent sans mal mon étreinte. Dès que j’eus épuisé ma possibilité de câlin du moment, je les remerciai avec un nouveau sourire avant de m’éclipser rapidement du salon après un signe de leur part.

Comme je m’y attendais, je tombai nez à nez avec une oreille à rallonge. Quoique… en surplus, il y avait Spock qui le reniflait avec extravagance. Et si je me fiais aux grognements rageurs qui provenaient d’un peu plus loin, ils n’avaient pas dû entendre grand-chose avec tout ce vacarme. Mais ce n’était pas dramatique puisque j’avais l’intention de tout leur dire. J’attrapai Spock dans mes bras ainsi que l’oreille et je m’empressai de rejoindre mes amis.

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Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Le lendemain, je rejoignis avec Al mon frère dans un petit parc pas loin de chez les Potter. Alexander nous y attendait déjà, assis sur une balançoire et se balançant distraitement le regard dans le vague. Dès qu’il s’aperçut de notre présence, il s’exclama avec une certaine joie :

- Allison!

Il se leva d’un bond et nous rejoint en quelques pas. Arrivé à notre hauteur il lâcha à l’intention d’Albus :

- Potter.

- Parkinson, répondit Al sur le même ton calme, sauf que mon frère grimaça.

Je fronçai légèrement les sourcils. Je ne comprenais pas très bien sa réaction, moi-même, j’avais mis du temps (et j’avais encore des difficultés) à l’appeler autrement que Parkinson. Je faisais des efforts à chaque fois pour dire Alexander, car ce n’était pas mon premier instinct. Ce n’est pas comme si notre passé était vierge de toute tache…

- Tu voulais me voir, Alexander? M’enquis-je en tâchant de sourire.

- Oui… Je voulais te faire part d’une décision que j’avais prise… me dit-il en détournant les yeux un instant.

- Quelle décision?

- Eh bien… Est-ce qu’on peut aller s’asseoir, d’abord? Me demanda-t-il et je le vis se tordre légèrement les mains.

Je me retins pour ne pas rire. Malheureusement, Al aussi remarqua le geste de mon frère et il ne fut pas aussi discret que moi. Il eut un petit rire qu’il tenta d’étouffer, mais cela ne fonctionna pas le moindrement. Parkinson releva les yeux vers nous en fronçant les sourcils.

- Qu’est-ce que tu as à rire, Potter? S’enquit-il, les sourcils toujours froncés.

- Rien… Seulement, Alli aussi se tord les mains lorsqu’elle est nerveuse.

Je donnai un coup de coude à Al, mais mon frère eut un sourire amusé. Ce qui me fit comprendre que d’un seul coup, ils venaient de se mettre les deux contre moi.

- Je ne savais pas que ça lui arrivait d’être nerveuse, dit-il sur un ton amusé. Je la croyais inébranlable…

- Oh, pourtant ça lui arrive très souvent… Pour l’école, entre autr… commença à dire mon petit-ami, sauf que je le coupai avec un coup de coude particulièrement violent.

Il me foudroya du regard, mais je me contentai de lui sourire innocemment, ce qui lui fit lever les yeux au ciel. Nous suivîmes sans ajouter un seul mot mon frère jusqu’aux balançoires. Comme il n’y en avait que deux côtes à côtes, Albus décida de nous laisser un peu en famille et s’éloigna en allant s’asseoir sur un banc une dizaine de mètres plus loin. De l’autre côté du parc, en somme.

Je dus attendre une bonne minute avant que mon frère ne prenne la parole.

- J’ai pensé à quelque chose… finit-il par dire en regardant le sol fixement.

- Oui…? Dis-je en essayant de l’inciter à poursuivre.

- Je… Je n’en peux plus de mon nom de famille, Allison. Il me rappelle tout ce que j’ai été. Qui j’étais. Qui je suis encore parfois. Et j’en ai marre. J’ai besoin de changement. J’ai besoin de devenir celui que j’aurais toujours dû être si ça n’avait pas été de l’existence de Berkeley, continua-t-il sans même sembler avoir remarqué que j’avais parlé. Ce que je veux dire, Allison… C’est que je veux être le fils de mon père. De notre père. Comme je suis majeur maintenant, magiquement parlant, évidemment… J’aimerais… J’ai l’intention, si tu n’y vois aucun inconvénient, de changer mon nom de famille. Je veux redevenir Alexander Adam Williams. Et j’ai vu que je pouvais changer d’autre petite chose, aussi. Comme ajouter un troisième prénom. Mais… je veux t’en parler avant. Pour être sûr que ça ne te dérange pas…

Je restai muette un moment. Sous le choc, car j’avais aussi désiré changer de nom de famille. La veille au soir, pendant le souper (diner) j’en avais discuté un peu avec mon parrain. J’adorais ma mère et j’adorais mon nom de famille. Mais je voulais faire honneur à mon père. Mon père que j’avais très peu connu. Ou plutôt pas du tout si on exceptait ce moment volé avec ma vision.

J’avais donc parlé de l’éventualité de prendre le nom de famille de mon père, comme ça avait été le cas lors de ma naissance. Je voulais renouer avec mon passé et avec ce que l’on m’avait arraché.

J’eus donc un petit rire en constatant que nous avions tous les deux eu la même idée, mais chacun de notre côté. Et pour des raisons différentes. Mon rire sembla déstabiliser mon frère, car cela prit un moment avant qu’il ne me demande avec un air inquiet :

- Pourquoi tu ris?

- Parce que… parce que j’ai eu… j’ai eu la même idée! répondis-je en riant toujours.

Il afficha un air éberlué avant de sourire. Il me dit ensuite :

- Donc tu n’y vois pas d’inconvénient, pour le nom de famille…

- Non… À condition qu’on y aille ensemble! Affirmai-je en reprenant mon sérieux.

- Marché conclu! Accepta-t-il avec un nouveau sourire, mais un peu réservé.

- Quel troisième prénom voulais-tu prendre? M’enquis-je, curieuse.

- Je voulais prendre Charles. Pour notre père, avoua-t-il. Donc, ça donnerait Alexander Charles Adam Williams.

- Et je pourrais prendre celui de notre mère, réfléchis-je tout haut. Comme ça, je ne la renierais pas. Le résultat donnerait Allison Marianne Athena Williams.

- Tu n’es pas obligée, tu sais, me fit-il remarquer. Tu ne l’as pas déshonorée. Et en plus… ce n’est pas un reniement. Plutôt un retour aux sources.

- Tu as raison, admis-je. Mais j’ai envie d’être la digne fille de ma… notre mère, si tu dois être le digne fils de notre père. Et c’est d’autant plus pratique de le faire si je porte son prénom.

Il me concéda le point d’un hochement de tête, un petit sourire aux coins des lèvres. Nous parlâmes quelques minutes de toutes les questions techniques qui se poseraient avant de finalement proposer, d’un signe de la main, à Albus de nous rejoindre. Je lui révélai alors notre intention de changer de prénom et devant son sourire d’approbation je me sentis emplie de joie.

Peu importe ce que ma sixième année me réservait. Peu importe ce que l’été me réservait et toutes les stupidités que diraient mes amis en voyant leur premier film… Je me sentais prête à tout affronter. À partir de maintenant, j’étais une Williams. Et les Williams ne se laissaient pas abattre, pas même dans la mort. J’étais Allison Marianne Athena Williams dans ma tête seulement pour le moment, mais bientôt… bientôt ce serait pour de vrai. Et loin d’oublier qui j’étais et qui j’avais été, c’était plutôt la suite logique de mon histoire. J’étais prête à tout affronter, car maintenant je connaissais ma famille et je n’étais plus aussi seule que je l’avais cru pendant longtemps.


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Bon, c'est le moment du bombardement de choses à dire...

Tout d'abord, je tiens à remercier tous ceux et celles qui m'ont suivie jusqu'ici et qui ont publié régulièrement un commentaire. C'était vraiment gentil et ça m'a beaucoup aidé à poursuivre dans les moments les plus bas... Seulement quelques mots font parfois toute la différence. Alors pour ça je vous remercie.

En second lieu, je suis profondément désolée si la fin de ce premier tome est décevante. J'avais eu beaucoup d'espoir en ce chapitre jusqu'à ce que je l'écrive. J'ai l'impression de l'avoir gâché, mais bref. Certaines choses auraient méritées plus d'approfondissement, d'autres peut-être moins... Etc. Peut-être que le fait que ce soit le dernier du tome a rendu les choses plus difficiles? Je ne sais pas trop, mais je suis désolée si vous l'avez trouvé décevant. :?

Tertio, je crois que vous aurez remarqué que certains passages sont tirés du tome 7 d'HP, n'est-ce pas? :roll: Donc, les droits des dialogues et certains autres passages sont tous la propriété de J.K. Rowling. Mais je n'ai pas pu faire autrement que d'inclure la Bataille de Poudlard et le « meurtre » de Harry. Je ne pouvais pas faire voyager Allison dans ce coin-là et les faire disparaître sans un certain clin d'oeil à la « fin » de ce fantastique univers.

Ensuite, j'ai à vous mentionner certaines choses concernant le tome 2.

1- Je vais publier (immédiatement après de message) une liste de questions que j'aimerais que vous répondiez (pas nécessairement à toutes, mais au moins quelques-unes). Ça va m'aider pour le tome 2 et savoir ce que je dois changer, ce qui vous plaît et ne vous plaît pas dans ce que je fais, écris.

2- Après quoi, dans environ un mois et demi (environ, ce n'est pas certain) je publierai la page de présentation du tome 2 pour vous mettre un peu dans le bain. Et sans doute deux semaines ou trois après cette publication, je publierai le premier chapitre du tome 2 (que j'ai déjà commencé). Si c'est aussi long, c'est seulement, car pendant cette période je vais essayer d'écrire le plus de chapitre de ma fanfiction sur Nés à Minuit, voire de la terminer si possible. Je sais que c'est un peu nul, mais je n'ai pas le choix. L'an prochain (plus à partir du 20 août, en fait), je ne pourrai plus du tout toucher à mes fanfictions à cause de l'école, alors je tiens à les finaliser ou au moins les avancer le plus possible.

3- Je m'adresse maintenant à ceux qui serait intéressé à être prévenu lors de la publication du premier chapitre du tome 2. Vous pouvez m'écrire ici ou par MP pour me le dire et je vous mettrai dans une liste de prévenu. Bien sûr, vous pouvez attendre que le premier chapitre soit publié, aussi. Je vais sans doute le redemander. Il n'est jamais trop tard pour demander à être prévenu pour la suite :D

Je crois que j'ai fait le tour de ce que j'avais à vous dire. Enfin, non, peut-être une dernière chose... Comme il n'y a eu aucun commentaire depuis quelques chapitres, comme celui-ci est le dernier, j'apprécierais vraiment beaucoup un p'tit comm'. Peut-être que certains d'entre vous qui lisez présentement ces quelques lignes me trouvez un peu chiante ou bébé, mais vous ne savez pas à quel point ça fait du bien d'avoir un retour quand on écrit et que l'on reçoit un « retour ». Peut-être que certains d'entre vous n'avez jamais commenté tout en lisant les chapitres depuis longtemps, peut-être que vous ne savez pas quoi dire... Je ne vous en tiendrais pas rigueur, ça m'arrive aussi. Cela dit, comme je viens de publier le dernier chapitre du tome 1, un commentaire aussi court soit-il sera grandement apprécié. Il peut faire référence seulement au dernier chapitre ou à l'ensemble de la fanfic, aucun problème. Ça peut être seulement un mot, je vais être contente quand même. Sinon... Il y a toujours le sondage en haut de la page ;) C'est anonyme et ça permet de voir si c'est apprécié ou pas, ce que je fais. Sur ce... UN GROS MERCI à vous tous :D Et je m'en viens avec ma liste de questions :lol:


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Mimie99

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par Mimie99 »

Questions sur le tome 1 et en vue du tome 2


Bon, une petite chose à savoir... Vous pouvez ne pas y répondre tout de suite, d'accord? Ça va prendre un mois et plus avant que le tome 2 ne commence à être publié, donc vous avez encore du temps pour ça. Et je ne demande pas nécessairement de développer sur vingt lignes vos réponses. C'est seulement pour me donner une vague idée... Et m'améliorer. Je ne suis pas parfaite et je n'atteindrai jamais la perfection, tout ce que je peux faire, c'est essayer. Encore et toujours, de m'améliorer. Bref, je vous laisse avec les questions.


- Question 1: Comment avez-vous trouvé la fanfiction dans son ensemble?

- Question 2: Quel(s) chapitre(s) avez-vous préférés? Pourquoi?

- Question 3: Quel(s) chapitre(s) avez-vous moins aimés? Pourquoi?

- Question 4: Niveau de mon écriture, de mon style... Qu'aimez vous le plus?

- Question 5: Niveau de mon écriture, de mon style... Qu'aimez-vous le moins?

- Question 6: Niveau de mon écriture, de mon style... Qu'est-ce que je devrais améliorer ou changer?

- Question 7: Est-ce que vous voyez un inconvénient au fait que j'insère parfois des extraits des Harry Potter dans la fanfic?

- Question 8: Est-ce que vous voyez un inconvénient à ce que j'insère des références à d'autres oeuvres? (exemple: Le Seigneur des Anneaux ou Star Trek)

- Question 9: Qu'avez-vous pensé des deux points de vue que j'ai présenté? Celui de Rose et de James.

- Question 10: De qui aimeriez-vous avoir le point de vue à l'avenir?

- Question 11: Quel(s) est(sont) votre(vos) personnage(s) préféré(s)? Pourquoi?

- Question 12: Aimeriez-vous que j'insère d'autres éléments d'Harry Potter dans le tome 2? Si oui, lesquels?

- Question 13: Aimeriez-vous que je développe davantage certains des personnages secondaires? Si oui, lesquels?

- Question 14: Aimez-vous ou non le caractère que j'ai donné aux personnages déjà présent dans l'univers d'HP et qui sont la propriété de J.K. Rowling? Pourquoi?

- Question 15: Est-ce que vous êtes ennuyé par la longueur des derniers chapitres? Préférez-vous lorsqu'ils sont plus courts? Ou est-ce que la longueur vous importe peu?

- Question 16: Avez-vous des interrogations, de n'importe quel type, dont vous aimeriez avoir la réponse? Si oui, posez-les moi et je répondrai :D

Voilà, c'est fini avec les questions :lol: Vous pouvez me répondre directement ici ou par MP, au choix.
addbook

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Re: Une nouvelle menace [Harry Potter]

Message par addbook »

Coucou! Je vais commencer à commenter et lire les chapitres et en 45minutes, je viens de finir le 24! Donc plus que deux avant la fin
BRRRR
Ca me déprime...
Bref!
J'aime qu'Alison devienne un peu plus humain on va dire, en s'occupant d'elle et se faisant belle pour un gars,parceque la je sais pas comment elle fait pour vivre tout ca sans exploser....
Al mon petit chaton ton mignon...
Je m'inquite pas trop pour Parkinson, je sens qu'il va survivre
Sinon pour l'epouvantard c'est sur que ca a pas du etre facile...
Voila!
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