Saluuuut! Est-ce que je suis en retard? Oui. Est-ce que j'ai une bonne raison, cette fois? Oui. L'école et les devoirs qui m'ont légèrement enterrée vivante. Bref, là, je suis là! Pour le chapitre 3! M'enfin, je ne sais pas quand va arriver le chapitre 4, par contre. Probablement pas avant les congés de Noël... C'est pourquoi j'ai aussi préféré attendre un peu avant de publier le chapitre... Bon, trève de blabla. Bonne lecture!
Chapitre 3
Je les dévisageai à tour de rôle, avec des yeux ronds. Ils ne se souvenaient pas de moi? Ou était-ce encore pire que cela et qu’ils… qu’ils ne me connaissaient pas
du tout? Mon cœur rata un battement à l’idée même d’avoir mes meilleurs amis sous les yeux et qu’eux ne sachent même pas ce simple fait. Qu’ils ne sachent même pas qui j’étais.
- Rassure-toi, Al, je ne la connais pas. Et je n’ai aucune idée de qui peut bien être ce Nuage dont elle parle, répondit Rose, les sourcils froncés.
Je me sentis blêmir d’un coup. Jusqu’ici j’avais encore l’espoir que ce n’était qu’un petit malentendu dû à une perte de mémoire, mais maintenant je savais clairement que ce n’était pas le cas. Rose n’aurait jamais pu oublier
son chat. Mais j’étais où, par Merlin? Je croyais que mon pouvoir me permettait seulement de remonter dans le temps et quelques autres petits trucs. Ou est-ce que j’avais signé pour avoir la possibilité d’aller dans une autre réalité?! Nulle part! Je n’avais
rien demandé.
Rien demandé,
du tout.
Je n’avais
jamais rien demandé, en fait. Mais apparemment, mon manque de chance était encore pire que je le croyais… Je dus me retenir contre le chambranle de la porte du compartiment pour m’éviter de tomber par terre. Mes jambes étaient atrocement molles. Flageolantes. Si au moins, pour une fois, je pouvais savoir ce qui se passait…
- Vous… vous ne me connaissez vraiment pas? Soufflai-je, avec une dernière once d’espoir.
- Non, affirma Scorpius en me jetant un regard incrédule. Tu es qui?
J’eus l’impression que le monde se mettait à tourner autour de moi et je m’agrippai plus fortement au chambranle de la porte. Oh, Merlin, Merlin, Merlin, Merlin… Où est-ce que j’avais mis les pieds? Rien de tout ça n’était bon signe. Comment allai-je faire pour rentrer chez moi si… si…
Un gémissement s’échappa de ma bouche ce qui attira le regard interloqué des trois autres que je connaissais, mais que je ne connaissais pas.
- C’est peut-être une nouvelle qui se donne un genre… particulier, lâcha Rose d’un ton incertain. Elle vient d’arriver, elle sait qui nous sommes et se cherche des amis…
Ces mots me donnèrent à la fois envie de vomir et de lui cracher au visage. Je n’avais jamais connu une émotion aussi violente à l’égard de mon amie. Sauf que sa manière de s’exprimer me faisait bien comprendre une chose. Elle n’était pas celle que je connaissais. Loin de là, même.
- Peut-être pour vous, mais moi? S’étonna Scorpius.
- Elle s’en fout probablement et ne pouvait pas savoir que tu étais là, grinça celle qui avait l’apparence de ma meilleure amie, mais en beaucoup plus revêche et sèche.
Je lâchai rapidement le chambranle de la porte pour me pincer et comme la douleur fut intense, j’étais dans la certitude de ne pas rêver. J’échappai un soupir et me frottai le visage. Ça n’allait pas du tout, vraiment pas du tout. Rose se leva alors de la banquette et vint se planter devant moi en disant :
- Youhou? Est-ce que tu vas nous dire qui tu es? Et quitter ce compartiment…
Je grinçai des dents et crispai les poings. Je. N’étais. Pas. D’humeur. À. Me. Faire. Marcher. Sur. Les. Pieds. Je m’avançai rapidement d’un pas plus près d’elle, si près que je pouvais sentir son souffle sur mon visage et je crachai :
- Surveille tes manières, Rose Weasley, ou je vais croire que tu es un croisement avec une goule.
- Tu as dit quoi? protesta-t-elle.
- Je ne suis pas d’humeur à recevoir tes petits sermons! Grommelai-je. Alors garde-les pour toi!
- Elle a du caractère, commenta Albus.
- Ouais, confirma Scorpius. Ça va mal se terminer…
- Probablement, acquiesça Al.
Le visage de Rose devant moi devint écarlate et elle siffla :
- Je suis Rose
Granger-Wealsey! Fille de la Ministre de la Magie.
- De la…
quoi? m’étonnai-je en ayant l’impression que ma mâchoire venait de rejoindre mes pieds.
- Ministre. De. La. Magie, répéta-t-elle, comme si elle s’adressait à une personne particulièrement stupide.
- Non… Non, c’est impossible, marmonnai-je pour moi-même.
- Est-ce que tu es en train d’insulter ma mère?! S’énerva-t-elle.
- Depuis quand tu es aussi susceptible! m’écriai-je en m’énervant à mon tour. C’est quoi cet endroit de fous?! Argh! Il faut que je sorte d’ici…
Alors que je m’apprêtais à faire demi-tour, Spock lâcha un jappement furieux au moment précis où je sentis une poigne de fer s’emparer de mon poignet. La poigne était solide. De la même solidité que celle de ma meilleure amie. Et je n’avais aucun mal à croire que c’était… son double qui me tenait ainsi. Toutefois, à l’inverse d’avec celle qui était ma meilleure amie, Spock lui grondait férocement dessus.
- Pourquoi tu parles de moi comme si tu me connaissais? Me demanda Rose, alors que je lui tournais le dos, mais avec un ton moins froid.
Il me semblait plus… inquiet. Voire interrogatif. L’incompréhension vibrait dans sa voix. Je levai légèrement la tête vers le plafond, à la recherche d’un quelconque signe de soutien, poussai un soupir et me retournai :
- Je pourrais bien te répondre, mais tu ne me croirais pas. Personne ne pourrait y croire. C’est simplement trop fou. Tu vas dire que je suis folle et j’ai assez enduré pour aujourd’hui vos remarques désobligeantes.
- Hé! Mais on n’a rien dit, nous! Protesta Scorpius.
J’arquai un sourcil dans sa direction. Il n’avait peut-être rien dit, mais il n’avait rien fait pour arranger la situation désagréable dans laquelle m’avait placé Rose. Cela dit, il n’aurait sans doute pas pu, quelque chose me disait qu’ici ils étaient loin de s’apprécier. Ou du moins, Rose ne l’appréciait pas. Ce qui était étrange, car… j’avais toujours été persuadée qu’ils seraient devenus amis même si je n’avais pas été là. Je suppose que je constatais maintenant à quel point j’avais eu tort. Et ça m’attristait.
- Dis toujours, poursuivit Albus. On a connu notre lot de trucs incroyables et bizarres…
- Mais attends, souffla soudain Rose. Je te connais. Enfin, pas particulièrement, on a dû se rencontrer qu’une ou deux fois, mais… Ta mère, elle est la directrice du bureau de la Justice magique, non? Marianne Lévesque-Williams.
Je me sentis à nouveau blêmir et mes mains se mirent à trembler. Ma mère? Une boule douloureuse d’émotions se coinça dans ma gorge et mes yeux s’embuèrent. Je refoulai mes larmes indésirables en me mordant les lèvres. Ne pleure pas, Allison. Ce n’est pas le moment, me dis-je. Pas devant eux.
Quelle ironie, pensai-je amèrement.
Normalement, ceux qui étaient là, devant mes yeux, devraient être ceux en qui je pouvais avoir le plus confiance. Mais là, j’ignorais totalement comment réagir avec eux. Pour la première fois en six ans. Je déglutis difficilement et m’apprêtais à poser la question la plus idiote de mon existence lorsqu’Albus lança :
- Ah oui! Je m’en souviens aussi. L’année dernière tante Hermione a organisé cette soirée où elle avait invité plusieurs des employés importants avec leur famille. Tu étais là… Désolé, mais j’ai oublié ton nom.
- C’est Allison Lévesque-Williams, répondit Rose avant que je n’aie pu prononcer un seul mot. Son père était Auror avant de changer de voie. Mais… qu’est-ce que tu fais ici? Tu n’étudies pas à Beauxbâtons, normalement?
Je sentis à nouveau mes jambes devenir molles et d’une voix faible je demandai :
- Est-ce que… Est-ce que je peux m’asseoir?
- Oui, bien sûr! Répondit Scorpius avec enthousiasme alors que le visage de Rose se fermait.
Sympathique. Très sympathique. Je n’étais pas certaine d’apprécier la nouvelle Rose. Du tout. Je m’installai rapidement sur la banquette vide où Rose était assise quelques instants plus tôt et j’enfonçai ma tête entre mes mains pour cacher mon visage. Je n’avais aucune idée de quoi faire. La seule envie que j’avais, c’était de rentrer chez moi. De ravoir mes amis. Et pas… Pas cet endroit qui me ramenait tous pleins de choses en plein visage. Comme par exemple, la vie que j’avais manquée. Mon père. Ma mère. Ils étaient en vie. Et sans doute tous les autres membres de ma famille. Et Ana? L’était-elle aussi? Ou n’existait-elle tout simplement pas ici? Et Teena, et Malia? Et Ruby? Est-ce que je les avais tous perdu?
Un nouveau gémissement s’échappa de ma gorge et cette fois je ne pus empêcher les larmes de couler. C’en était trop. Trop pour moi. J’avais tout perdu, d’un coup. Et je n’avais pas la moindre idée de comment j’allais faire pour rentrer chez moi. Pour retourner à la maison…
Spock vint rapidement se placer sur mes genoux et commença à me lécher les mains avec conviction. Au moins je les avais Ember et lui. Je n’étais pas complètement seule. Je m’essuyai brusquement les yeux et regardai les trois autres personnes du compartiment avec un regard très sérieux. Et loin d’être larmoyant. Je lâchai rapidement :
- Je ne suis pas cette fille. Et je le suis aussi. C’est compliqué, croyez-moi.
- Je ne sais pas si on a une tête d’idiots à ce point, mais tu peux toujours expliquer. Car là, je suis curieux. Et je n’ai pas envie de rester dans le néant plus longtemps, avança Scorpius.
- Ouais, moi non plus, renchérit Albus.
- Quant à moi, je veux surtout comprendre pourquoi tu sembles nous connaître, ajouta Rose. Et aussi pourquoi tu enfreins le règlement en ayant un chien.
Je poussai un soupir et marmonnai pour moi-même :
- Je suis en plein délire. Forcément.
Puis, je les regardai à nouveau en disant avec sérieux :
- Vous allez me prendre pour une folle.
- On va essayer de garder l’esprit ouvert! Affirma Scorpius. J’en ai entendu des folies dans ma vie, alors parle.
- Le problème avec ce que je vais dire, c’est que c’est la vérité, grommelai-je.
Il haussa des épaules et Albus m’enjoignit à parler. Je devais me faire violence pour ne pas le regarder trop longtemps. Il lui ressemblait
tellement… Je n’avais qu’une envie c’était de me jeter dans ses bras et de pleurer un coup, ou de simplement rester là, sans bouger. Lui prendre la main… Mais je ne pouvais
pas. Ce n’était pas
lui. Une nouvelle boule douloureuse se coinça dans ma gorge et je dus déglutir avec difficulté pour être en mesure de parler. Je lâchai ensuite la bombe en une phrase :
- Je viens d’une autre réalité.
Je m’attendais à presque toutes les réactions. Des cris furieux, qu’ils me traitent de folle, qu’ils éclatent de rire… Qu’ils me regardent comme si j’étais la plus dégénérée des dégénérées qu’ils avaient vu… Oui, je m’attendais à tout. À tout, sauf à
ça :
- Ah, non, pas encore! Protesta Scorpius.
- Je croyais qu’on en avait fini avec cette mésaventure de quatrième année, geignit Al.
- Le passé vous rattrape, apparemment, soupira Rose et elle vint s’asseoir sur la banquette, à une certaine distance de moi.
- Pourquoi… vous ne semblez pas… étonné? Dis-je en fronçant les sourcils.
- Ça n’a pas d’importance. Comment tu t’es ramassée ici? Tu as utilisé un Retourneur de Temps ou…
- Je suis née avec un don, le coupai-je. Celui de pouvoir voir le futur, le passé et le présent. Et de pouvoir y voyager comme bon me semble à la simple condition d’avoir toujours mon Ancre avec moi. Sauf que l’Ancre en question est une personne. Et… j’ai été emporté par une Vision, ou du moins c’était ce que je croyais, avant d’avoir pu le rejoindre.
- Attends, une minute! S’exclama Rose. Recommence depuis le début, je ne comprends rien à ce que tu viens de dire.
- Non, avant, je veux savoir pourquoi vous n’êtes pas plus surpris! Grommelai-je.
- C’est simple, Albus et moi on a eu l’occasion de faire l’expérience de certaines autres réalités, répondit Scorpius. Maintenant, répète tout depuis le début.
- Ça va être long si je vous raconte tout, précisai-je.
- Alors contente-toi de l’essentiel pour le moment, proposa Rose.
Je soupirai en me massant le front, mais décidai tout de même de m’expliquer. Peut-être qu’ils allaient avoir une solution à mon problème. Enfin, pour ça il faudrait que je leur raconte tout, absolument tout. Mais comme je m’en tenais à l’essentiel, je me contentai de leur expliquer quel don je possédais, en insistant bien sur le fait qu’ils ne devaient le dire à personne. J’expliquai aussi comment il fonctionnait, et donc l’histoire d’Ancre.
- Ma mère ne croit pas en la divination, fut la première chose que lâcha Rose.
Je poussai un soupir. Je me doutais bien que ça avait été beaucoup trop simple jusqu’ici. Enfin, simple était un peu… un euphémisme. Mais relativement leur réaction n’avait pas été celle que je m’attendais au départ. Celle-ci, par contre, me semblait énormément plus… cohérente avec mon idée de départ. Je m’apprêtais à dire quelque chose lorsque la porte du compartiment, que j’avais fermée avant de me mettre à raconter, s’ouvrit brusquement.
Sur James.
Apparemment, certaines choses ne changeaient pas. Peu importe où on se trouvait, James restait… James. Il lança :
- Hé, p’tit frère? Comment ça va ici? Pas trop inquiet pour cette sixième année chez les Serp…
Son regard se braqua soudainement sur moi et il s’exclama :
- Hé, mais je t’ai vu tout à l’heure! Tu es qui? Nouvelle?
- Quelqu’un, marmonnai-je. Et non, je ne suis pas…
Je m’interrompis brusquement. À leurs yeux, j’étais nouvelle. Le seul problème, c’était que je connaissais Poudlard comme ma poche. Je me mordis les lèvres et préférai garder le silence. Si j’ajoutais quoi que ce soit, je risquais de révéler des trucs qui ne valaient mieux pas.
- Tu n’es pas quoi? insista-t-il. En fait, tu me dis quelque chose…
- C’est la fille de Marianne Lévesque-Williams, lâcha Rose.
- Tu veux dire de… commença James, mais son frère le coupa.
- Oui, lui aussi.
- Intéressant… Je croyais que t’allais à Beauxbâtons avec ton frère.
- Un changement de plan! Lança Scorpius.
Je sentis mon cœur tomber dans mes talons à la mention de mon frère. Et de la nouvelle mention de ma mère. Bon sang, ça faisait mal. J’avais perdu tout le monde en même temps. Et pourtant, j’en avais une partie devant moi. Comment j’allais faire pour survivre… Et c’était quoi, cette histoire de changement de plan?
- Je n’ai pas chan… commençai-je, mais Scorpius me foudroya du regard.
- Humm? Fit James en m’interrogeant du regard. En tout cas, tu es plus mignonne que la dernière fois que je t’ai vu, ajouta-t-il en me jaugeant.
Je fronçai les sourcils et me levai d’un bond de la banquette pour me planter devant lui. Je plantai alors mon doigt dans son torse et grommelai :
- Écoute-moi bien, James Sirius Potter, n’essaie pas ce genre de chose avec moi. Ça ne marchera pas. Et puis, je suis déjà prise. Alors, va voir ailleurs. Tu n’as pas des amis dans ce train?
Je me mordis les lèvres ensuite. Oh, mince. Toute cette surdose d’émotions n’était pas bonne du tout pour mon impulsivité. J’étais dans de beaux draps, par Merlin… Je jetai un coup d’œil nerveux autour de moi et constatai qu’Albus ainsi que Scorpius étouffaient un rire, tandis que Rose semblait désapprobatrice. Pour ce qui est de James, il me regardait avec des yeux exorbités.
Je reculai doucement et marmonnai :
- Je suis désolée. Je suis à cran. Et impulsive. Et…
- Je peux savoir comment tu connais mon nom complet? S’enquit soudain James comme si je n’avais rien dit d’autre.
- Je connais bien des choses et tu adorerais savoir quoi. Ou comment. Mais je vais garder ça pour moi, susurrai-je.
- J’espère que tu seras à Gryffondor, en tout cas! On aurait bien besoin de quelqu’un comme toi.
Du coin de l’œil je vis Rose avoir un air plus fermé et je me fis la réflexion que ce n’était pas pour lui plaire à elle. Je me demandais sincèrement… qu’est-ce que ma présence dans ma réalité avait bien pu changer pour faire en sorte que ma meilleure amie soit ce qu’elle était. James nous salua en adressant un sourire malicieux à son frère, puis sortit du compartiment à la même vitesse qu’il y était entré.
À peine fut-il sorti que je me retournai vers Scorpius et Albus en lâchant :
- Je peux savoir ce qui vous fait rire, au juste?
- Bah, toi. Et la réaction de mon frère, s’esclaffa Albus. C’est qu’il ne s’est jamais fait envoyé sur les roses comme ça.
- Jamais aussi rapidement, pouffa Scorpius.
- Peu importe, ce n’est pas important, grommela Rose. Je crois qu’Allison n’est pas sincère.
- Pas sincère? Grinçai-je. Tu crois que je raconterais tous ces trucs seulement pour être… quoi? Intéressante?
- Eh bien, tu es nouvelle ici. Et tu te trouves en compagnie de deux enfants de sorciers célèbres, précisa-t-elle sur un ton qui ne me plut pas du tout.
Pour la première fois, j’eus l’envie irrésistible de me montrer particulièrement… méchante à l’égard de mon amie. De ma meilleure amie. De ma sœur. Je pris entre mes mains mon collier d’amitié à Rose et moi, lui demandai intérieurement de me pardonner et puis je crachai :
- Écoute, Rose
Granger-Weasley. D’où je viens tu n’es pas aussi vache, et je m’ennuie sincèrement de cette Rose-là. Et si tu veux mon avis,
vous, vous n’êtes pas célèbres. Alors arrête de prendre la grosse tête. À moins que tu aies accompli un exploit quelconque? Celle que je connais, oui.
La bouche de Rose s’ouvrit en grand tandis qu’elle s’immobilisait, interloquée. Puis, elle se leva aussi raide qu’un piquet et dit d’un ton dédaigneux :
- J’y crois pas, tu es incroyablement énervante. Je vais aller dans un autre compartiment. Au revoir, Albus. Scorpius… n’hésites pas à conduire
l’autre folle au professeur McGonagall.
Sur ces mots, elle quitta le compartiment en faisant claquer la porte derrière elle. Et j’eus presque le sentiment que la porte s’était refermée sur mon cœur, tellement il me faisait mal. L’autre folle. C’était tout ce que j’étais pour elle. Je m’agrippai plus sérieusement à mon collier d’amie et allai m’asseoir en refoulant mes larmes. Merlin, je n’en pouvais plus.
- Ma cousine n’est pas toujours facile, avoua Albus.
- Mais elle s’adoucit avec le temps! Tenta de me réconforter Scorpius.
- Scorp, ça fait déjà plus de cinq ans et elle t’adresse la parole que parce que tu es préfet.
- Je peux savoir pourquoi vous me parlez encore, tous les deux? M’enquis-je en caressant doucement Spock, le regard vague.
- Eh bien, comme on t’a dit, on a connu certaines autres réalités. Alors ce n’est pas particulièrement… impossible à nos yeux, répondit Al.
- Et puis, tu es la première fille à entrer dans ce compartiment, quand on y est, et à nous parler, renchérit Scorp en souriant. Les autres nous fuient. En fait, tout le monde nous fuit.
Je fronçai les sourcils. Ce n’était pas vraiment ce dont je me souvenais de ma réalité. Je n’avais jamais eu l’impression que quiconque cherchait à fuir Al ou Scorp. C’était même plutôt le contraire, en fait. Je lâchai avec de l’interrogation plein la voix :
- Pourquoi ils vous fuient? À cause de votre amitié Serpentard-Gryffondor?
Cette fois, ce fut leur tour de froncer les sourcils et de se jeter un regard. Qu’est-ce que j’avais dit de mal? Ce n’était que la vérité, non? Je les dévisageai avec insistance jusqu’au moment où Scorpius lâcha :
- Amitié Serpentard-Gryffondor? On est tous les deux des Serpentards, Allison.
- Hein, quoi? soufflai-je incrédule.
- D’où tu viens… L’un de nous est à Gryffondor? S’étonna Albus.
- Oui, toi, dis-je. Et on est tous meilleur ami. Scorpius, Rose, toi et moi.
- Rose aussi? S’étonna Scorpius avec des yeux ronds.
- Oui, à vrai dire… Rose et toi… Vous sortez ensembles, d’où je viens.
Cette fois, sa mâchoire se décrocha et ses yeux pétillèrent. Puis il se tourna vers Albus et s’exclama :
- Je t’avais bien dit! Il suffit d’être patient!
- Mais vous ne le seriez pas si ça n’avait pas été… de moi. Enfin, ça aurait pris plus de temps, car vous êtes de vraies têtes de mule qui vous en faites trop avec l’opinion de vos parents.
Je vis le visage de Scorpius blêmir légèrement, sans que je sache trop pourquoi. Je m’apprêtais à lui demander, lorsqu’Albus lâcha :
- Mais au fait… Tu as dit à mon frère que tu étais en couple, tout à l’heure. C’était un mensonge ou la vérité?
Je me mordis la langue accidentellement et grimaçai sous le coup de la douleur. Je me sentis rougir comme une tomate et regardai par terre en me frottant le visage, espérant en vain que ça effacerait la rougeur de mes joues.
- Ce n’était pas un mensonge, avouai-je le cœur au bord des lèvres, car je me doutais de la prochaine question.
- Et c’est qui? S’enquit-il et je remarquai du coin de l’œil que Scorpius semblait aussi intéressé par la question, même si à voir son air amusé il se doutait de la réponse.
- Toi, lâchai-je du bout des lèvres.
Je passai à deux doigts d’éclater de rire en voyant l’air d’incrédulité total que prit Albus. Il semblait complètement décontenancé. Scorpius, pour sa part, ne s’en priva pas et éclata de rire. Ce qui me fit rougir encore davantage et Albus avec cette fois. Je songeai avec amertume que j’aurais parfaitement pu mentir. Et qu’en fait, ça aurait été la chose la plus logique à faire.
- Est-ce que c’est normal d’être jaloux de soi-même? Soupira soudainement Albus. Oh, Merlin! Je n’ai pas dit ça à voix haute!
- Si, tu l’as dit, s’étrangla presque Scorpius. Mais je ressens la même chose. Rose et moi. Ensembles. J’en rêve depuis la première année. Enfin… presque.
- Eh bien, de mon côté, je trouve que la Allison d’ici est bien chanceuse… marmonnai-je en sentant une boule se former dans ma gorge.
- Pourquoi? s’étonna Albus.
- Elle a toute sa famille, soufflai-je.
- Qu’est-ce que tu veux dire? S’enquit Scorpius d’une voix blanche.
- Toute ma famille est morte, grondai-je d’un ton dur. Tous ses membres. Jusqu’au dernier. Enfin, non, il me reste mon frère. Sauf que je n’ai su que l’année dernière que nous l’étions. Et on a un passé houleux.
Je sentis de nouveau les larmes m’emplirent les yeux alors que je repensais à mes proches disparus. Mes proches décédés. Maman. Mon père. Ana… Et tous les autres que je n’avais pas eu la chance de connaître, mais qui étaient morts. Partis pour toujours. Je m’essuyai rageusement les yeux et regardai à nouveau vers Scorpius et Albus. Le dernier ne semblait pas du tout savoir comment réagir, figé. Quant au premier, il s’était figé aussi, mais je voyais bien dans ses yeux gris une douleur qui faisait échos à la mienne. Il me dit :
- Je suis vraiment désolé pour toi. Et je comprends ta douleur.
- Comment ça? M’étonnai-je.
- Avant ma troisième année, ma mère… elle est… elle est morte, souffla-t-il d’un ton éteint.
Je blêmis à nouveau et j’eus la très forte envie de le prendre dans mes bras. Sauf qu’il n’était pas mon meilleur ami. Seulement une autre version de lui. Et la version présente ne risquait pas d’aimer qu’une inconnue le prenne dans ses bras. Je me frottai vigoureusement les bras en disant :
- Moi aussi, je suis désolée. Mais au moins, tu n’as pas à porter le fardeau de savoir qu’elle est morte pour toi. Pour te protéger. Moi… Moi ils sont tous morts à cause de moi. De mon don.
- Comment ça? S’enquit Albus.
- Il y a un homme… Il voulait faire revenir Voldemort. Et il a entendu une prophétie à mon propos. Il savait pour mon don. Mais il ne savait pas
qui j’étais. Seulement que j’étais reliée aux Williams. Alors il les a tous torturé. Puis assassiné. Froidement. Et mon don… il m’a fait assister à tout ça. Depuis mes onze ans. Sauf que je n’ai su qui ils étaient que plus tard.
- Et maintenant? Il est où cet homme? S’enquit Scorpius.
- Mort, dis-je d’un ton sans émotion. Mes amis et moi… On l’a affronté.
Ils me dévisagèrent si intensément que je me demandai pendant une seconde si je n’avais pas quelque chose au visage. Certes, ça avait de quoi surprendre, mais quand même…
- C’est complètement dingue ton histoire, lâcha Al.
- Mais… je n’ai pas l’impression que tu mentes. Je ne vois pas ce que ça t’apporterait, ajouta Scorp.
J’acquiesçai de la tête et m’appuyai plus confortablement contre le dossier de la banquette. J’installai alors la cage d’Ember à côté de moi et me fit la réflexion que je n’aurais personne à qui envoyer du courrier cette année. Ou… peu importe le temps que je resterai coincée ici. Mais il me fallait trouver une solution. Je l’avais promis à Albus. L’autre Albus. Mon meilleur ami. Mon petit-ami. Celui sans qui je n’étais pas exactement complète… et stable. Si c’était lui qui avait été là, les choses ne se seraient pas autant détériorées entre Rose et moi. Et je n’aurais pas été aussi brusque avec James.
Mais il n’était pas là.
Ce n’était pas lui qui était assis là, en face de moi, en compagnie de Scorpius. Aucun des deux n’était celui que je connaissais. Ils pourraient être totalement différents de mes amis. Mais j’étais piégée ici. Dans ce compartiment, car ils étaient les seuls à être un élément familier. Et les seuls à m’adresser la parole.
- Au fait, c’est quoi le nom de ton chien? S’enquit Scorpius.
- Spock, dis-je rapidement. Ou plutôt Spock Junior. Mais je l’appelle aussi Spocky par moment.
- J’espère que McGonagall voudra que tu le gardes, ajouta Albus.
- Elle a déjà accepté une fois. Pourquoi pas deux? Marmonnai-je en haussant des épaules. Je crois que… je vais essayer de dormir un peu.
Ils haussèrent des épaules, témoignant bien que ça leur était égal. Heureusement, ils n’avaient pas décelé le mensonge dans ce que j’avais dit, car je n’avais aucunement l’intention de dormir. Je voulais simplement… Ne plus leur parler. Ne plus répondre à des questions. Être tranquille. Et pouvoir me lamenter intérieurement tranquillement.
Par commodité, je décidai de sortir ma robe de sorcière et mon uniforme au complet de ma valise et sortis sans dire un mot du compartiment. Je remarquai bien du coin de l’œil le regard que les deux garçons se jetèrent et je n’avais aucun doute qu’ils risquaient de parler de moi, mais je m’en moquais un peu. C’était normal. J’étais nouvelle. Bizarre. Et je venais très clairement de chambouler une partie de leur existence.
Je poussai un soupir et me rendis jusqu’à la salle de bain du train pour pouvoir me changer tranquillement. Je croisai quelques visages familiers en cours de route. Certains membres de la famille d’Al, James et Rose. Ayant retenu la leçon je ne prononçai pas un mot pour les saluer. Je ne les côtoyais certes pas si souvent, mais… je les connaissais quand même assez pour leur dire salut lorsque je les croisais normalement. Notamment pour avoir résidé quelques temps chez leurs grands-parents communs. Et lors des réunions familiales entre cousins à l’école. Où j’avais pu me rendre quelques fois, tout comme Scorp.
Une fois dans une cabine de la salle de bain des filles, je m’empressai de me changer en ressentant un certain soulagement à l’idée de porter quelque chose d’aussi familier. Je me sentais un peu moins… perdue. Je ressortis rapidement de la salle de bain et repris le chemin jusqu’au compartiment où se trouvait la nouvelle version de mes meilleurs amis.
Je n’eus pas le temps de faire trois pas dans le corridor que l’on m’arrêta par le bras. Je me retournai avec un rictus irrité aux lèvres et reconnus sans mal Rose. Je fronçai les sourcils un peu plus et grommelai :
- Tu peux me lâcher, oui?!
- Qu’est-ce que tu fous avec des vêtements de Gryffondor! Me gronda-t-elle à la figure sans me lâcher.
Je sentis à nouveau mon visage se mettre à bouillir. Mais pas de gêne ou de honte, cette fois. Non, c’était de la colère. Je réussis avec un mouvement sec et précis du poignet à la faire lâcher prise et lui enfonçai rapidement un doigt dans la clavicule en m’exclamant :
- Écoute-moi bien, car je ne me répèterai pas… Tu vas changer de ton quand tu me parles, je ne t’ai rien fait! Alors ton stupide ton de Miss-La-Préfète-Au-Dessus-Des-Autres, tu vas te le garder pour toi. J’en ai marre. Considère-moi comme une menteuse si ça te chante, mais c’était la vérité ce que j’ai dit. Maintenant, va donc enquiquiner quelqu’un d’autre!
Je vis son visage rougir instantanément et à voir la lueur meurtrière dans ses yeux, je n’eus aucun doute sur l’émotion qui l’habitait. Elle éloigna d’un mouvement dédaigneux ma main et cracha :
- Je pourrais te retirer des points pour me parler comme ça!
- Mais, ma cocotte… Tu ne sais pas encore dans quelle Maison je vais être, même si tu peux avoir un doute… lui soufflai-je d’un ton compatissant et je poussai le vice à lui tapoter l’épaule.
Elle se libéra rapidement de ma main avec un grognement, me foudroya rageusement du regard avant de grommeler :
- Fais attention. Dès que je le saurai…
- Oui, bien sûr, la coupai-je en sentant mon cœur se serrer. Tu me retireras des points en Miss-Préfète-Parfaite que tu es. Mais si tu ne viens pas m’embêter, tu n’auras pas l’occasion de le faire. Car je n’adresserai jamais la parole à la Rose que tu es.
Sur ces mots, je lui adressai un salut de la main et un sourire ironique avant de m’en aller sans me retourner. J’avais l’impression que mon cœur saignait et c’est à peine si je me préoccupai du regard que me portèrent Albus et Scorpius quand j’entrai. Tout ce que je voyais, c’était ma douleur. Et ce sentiment terrible de perte. Ma meilleure amie… Je m’étais montrée mesquine et méchante avec ma meilleure amie. Avec ma sœur de cœur… Je sentis les larmes me monter aux yeux, mais je les ravalai furieusement en m’assoyant comme une masse sur ma banquette aux côtés de Spock. Puis, je m’appuyai la tête contre le dossier et fermai les yeux pour feindre le sommeil.
Je n’arrivais tout simplement pas à y croire. C’était impossible, il me semble… Comment mon don pouvait-il avoir encore des particularités que je ne connaissais pas? Comment ma meilleure amie pouvait être autant une… vache? Elle avait les mêmes parents, non? J’avais tant de choses à penser… Comment allais-je bien pouvoir faire pour rentrer chez moi? Et retrouver mes amis?
Je dus me retenir pour ne pas me frotter le visage et rester immobile. Je continuai un moment à réfléchir à tout ça, en essayant d’y voir plus clair, mais après une quinzaine de minutes à rester immobile les yeux fermés, je sentis le sommeil m’envahir et je m’endormis pour de bon.
Mes yeux s’ouvrirent soudainement dans un endroit sombre, froid et plein de pierres foncées à l’aspect lugubre. C’est à peine si je pouvais clairement apercevoir ce qui se trouvait autour de moi, dû au fait qu’il y avait très peu de torches pour éclairer le sombre corridor où je pouvais voir une silhouette.
J’étais rassurée de ne pas sentir le sol sous mes pieds, car ça signifiait que je n’avais pas encore le genre de Vision qui me vaudrait d’être encore plus perdue que je ne l’étais déjà. Je remarquai rapidement que je pouvais entendre un son de raclement contre la pierre. Comme si l’élève, car il me semblait plutôt jeune pour être un professeur, malgré qu’il devait avoir approximativement mon âge…
Alors que le jeune homme, du moins je le supposai par sa carrure, s’éloignait de la paroi du mur, des bruits de pas se firent entendre. Il se retourna dans ma direction, regardant quelque chose derrière moi et l’une des rares torches éclaira son visage. Un visage quelque peu séduisant, mais avec des traits un peu trop dur à mon goût. Les cheveux blonds dorés, ce n’étaient pas trop mon genre. J’aimais mieux les cheveux noirs… avec des yeux verts de préférence. Un peu plus grand que moi. Humm… Albus, donc.
Les bruits de pas se rapprochèrent et la lueur blanchâtre que l’on obtenait avec « Lumos » illumina un peu le visage de l’élève en question lorsqu’une voix rauque, tranchante et autoritaire lâcha :
- Mr Grindelwald, que faites-vous encore à traîner dans l’école la nuit?
- Rien du tout, professeur, assura le garçon avec un sourire et une voix mielleuse. Je n’arrivais pas à dormir… Alors j’ai décidé de marcher. Je retourne à ma chambre de ce pas, ajouta-t-il.
Je me tournai rapidement vers le professeur, assez rapidement pour voir son air suspicieux. Il autorisa toutefois l’élève à repartir et continua son chemin. Alors qu’il passait à côté de l’endroit où s’était tenu ce qui semblait être le jeune Gellert Grindelwald sa baguette illumina l’inscription qu’il avait faite dans la pierre. Un triangle ayant en son centre un cercle qui était barré d’un trait vertical. Un frisson intérieur me parcourut. C’était les Reliques de la Mort. Leur symbole. Mais aussi celui de… Gellert Grindelwald. Dès que tout redevint sombre, je me sentis attirée à nouveau là où se trouvait mon corps physique.
Je fus tirée du sommeil par quelqu’un qui me secouait doucement par l’épaule. J’ouvris les yeux en papillonnant légèrement des paupières et ce fut pour mieux tomber face à face avec Albus. J’avançai mon visage l’espace d’une seconde avant de brusquement me recaler dans mon siège en ayant un rappel brutal. Ce n’était pas
mon Albus. Je me frottai rapidement les yeux pour cacher mon trouble et replaçai une seconde mes cheveux en désordre avant de regarder les deux garçons qui me fixaient des yeux.
- On est arrivé, m’apprit Scorpius. Tu ferais mieux de cacher ton chien…
Je hochai tranquillement de la tête en me souvenant brusquement du rêve que j’avais fait. Enfin, la vision-dormante, plutôt. J’eus un frisson en songeant à ce que cela pouvait bien vouloir signifier. Pourquoi est-ce que je rêvais précisément à ce
gars-là? À Gellert Grindelwald. L’un des sorciers les plus terribles de l’Histoire… Du présent âge, du moins.
Je me levai en y réfléchissant encore un peu, attrapai Spock en prenant soin de le cacher sous ma cape et suivis rapidement Scorpius et Albus hors du compartiment. Sur le chemin menant vers la sortie, je surpris plusieurs regards inquisiteurs dans ma direction, particulièrement en provenance des Gryffondors. Et je me doutais bien pourquoi… J’avais un visage inconnu, mais je portais tout de même les accessoires de leur Maison.
D’une main je retirai discrètement les accessoires qui servaient de signes d’appartenance à notre Maison et les enfouis dans une poche de ma robe avec le cœur serré. C’était
ma Maison. Mon deuxième
chez moi. Allai-je réellement être dépourvu d’absolument tout? On arriva finalement à l’extérieur et en suivant toujours les deux gars, je lâchai suffisamment fort pour qu’ils m’entendent :
- Euh… Humm… Ça ne vous dérange pas si… si je m’installe avec vous?
- Pas du tout! Assura rapidement Albus. Ça va faire changement…
- Et puis, Rose avait raison. Je vais devoir t’amener voir McGonagall. Avant la Répartition, ajouta Scorpius en se grattant la nuque. Pendant que tu dormais je lui ai envoyé une lettre pour la prévenir…
- Pourquoi tu fais cette tête? M’étonnai-je en voyant qu’il semblait très, très embarrassé.
Il s’empourpra encore un peu plus avant d’avouer :
- Parce que… Eh bien… Ni Albus ni moi n’avons de hiboux… Alors j’ai… euh… emprunté ta chouette.
Je fronçai les sourcils en lâchant :
- Elle t’a laissé faire?
- Oui, même si j’ai dû avoir l’air stupide en parlant à ta chouette, car au début elle a essayé de m’arracher un doigt.
- Je confirme que tu avais l’air stupide, rigola Albus en donnant une bourrade à son ami.
- Je ne t’en veux pas, affirmai-je. Pour l’emprunt. De toute manière, c’est à cause de moi que tu as eu à le faire…
- J’espère seulement qu’elle le recevra avant que l’on arrive… soupira Scorpius.
J’acquiesçai de la tête et on embarqua sans attendre dans l’une des diligences. Heureusement, même si c’était un peu étrange, personne d’autres ne vint s’installer avec nous et la diligence partit immédiatement. Ou plutôt, les Sombrals se mirent aussitôt en marche après que l’on soit monté.
Je devais avoir le visage un peu trop fixé sur les créatures, car Albus me demanda :
- Tu les vois, toi aussi?
- Oui… soufflai-je d’une voix morte. Toi?
- Depuis un peu plus d’un an, déjà, oui, répondit-il en leur jetant un rapide coup d’œil avant de détourner le regard.
Je n’eus pas besoin de demander à Scorpius pour savoir ce qu’il en était de son côté. Il avait blêmi et regardait obstinément ailleurs. J’avais la vague impression qu’il avait commencé à les voir suite à la mort de sa mère. Je déglutis difficilement et ne prononçai pas un mot, malgré mon envie de le faire. Je poussai discrètement un soupir dépité avant de regarder le décor défiler devant mes yeux tout en m’assurant que Spock reste bien caché.
C’était le même endroit. Les mêmes arbres où je mourrais toujours autant d’envie de grimper. Mais où était le plaisir quand je savais que je pourrais y aller sans même me faire claquer par les doigts par ma meilleure amie? Et qu’en fait, personne ne s’en préoccuperait que je veuille faire ça. Ils s’en foutraient tous que je veuille me mettre ainsi en danger. C’était le même endroit… et en même temps, pas du tout. Un lieu était autant associé à une image précise, une description qu’aux personnes qui s’y trouvent. Qu’aux souvenirs que l’on y a. Quand l’une de ces choses manque… ce n’est plus le même endroit.
Un nouveau soupir s’échappa de ma bouche, attirant à nouveau l’attention des garçons sur moi. Scorpius me demanda d’une voix à la fois intriguée et quelque peu inquiète :
- Est-ce que ça va?
- Oui, répondis-je en haussant des épaules. C’est juste… C’est juste le fait que tout soit pareil. Et en même temps non. En ce moment, chez moi, Rose serait sans doute en train d’essayer de me convaincre de ne pas faire une bêtise dès le premier soir.
- Quel genre de bêtise? S’étonna Albus.
- Aller dans la Forêt interdite, dis-je doucement avec un sourire.
Voir leur visage à cet instant précis me donna la folle envie d’éclater de rire. Ce que, au final, je fis tout de même en me prenant le ventre. Ils avaient les yeux tellement écarquillés que je craignais presque qu’ils ne leur sortent par les orbites.
- T’es sérieuse? S’écria finalement Albus.
- Oui, j’y vais pour grimper aux arbres, principalement, expliquai-je. Depuis ma première année, c’est devenu une tradition. Et… on y est allé ensemble tous les trois avec… avec James aussi. La toute première fois. Un mois à peine après le début des cours.
Leurs yeux s’écarquillèrent encore plus, ce que j’aurais cru impossible. Et la seconde suivante, je me fis bombarder de question concernant cette fameuse sortie dans la Forêt interdite et si nous avions rencontré des trucs horribles ou non. Au bout du compte, je me retrouvai à leur raconter plusieurs de mes sorties dans la Forêt. En évitant toutefois celle où j’avais pris ma forme d’Animagus. Je n’allais quand même pas tout leur raconter… Car quand bien même ils ressemblaient beaucoup à ceux que je connaissais, ils n’étaient pas eux. Et, de ce fait, je devais faire attention. Je ne pouvais pas leur faire autant confiance qu’avec mes meilleurs amis. Pas sans les connaître davantage. Je n’étais peut-être là que depuis quelques heures, mais j’avais très vite compris que plusieurs choses étaient bien différentes ici…
Oui,
vraiment différentes, pensai-je en repensant à Rose.
Dès que nous arrivâmes au château, Scorpius et moi on quitta Albus pour rejoindre le bureau de la directrice. Et je le fis en prenant un peu d’avance, sachant pertinemment où je devais me rendre pour l’avoir fait très, très souvent. Je surpris le regard intéressé de mon ami qui ne l’était pas vraiment sur moi et ne fut que très peu surprise lorsqu’il prit la parole.
- C’est clair que tu n’es pas l’autre Allison. Elle n’a jamais mis les pieds à Poudlard. Je sais bien que contrairement aux deux autres et à James, je ne t’ai pas rencontré… Mais je sais qu’elle n’est jamais venue ici. Ou du moins, pas suffisamment pour connaître autant l’école.
- Ta confiance me touche, dis-je sincèrement, mais sans le regarder.
Il eut un petit sourire qui me rappela brutalement celui de mon meilleur ami et je me crispai imperceptiblement. Ils me manquaient tous tellement. Je donnerais n’importe quoi pour être en ce moment même dans la Grande Salle avec eux, à échanger des plaisanteries… À humilier James pour qu’il arrête de s’en prendre à Al. Enfin, l’humilier… l’agacer, surtout. Entendre les jacasseries de Teena sur tous les gars qu’elle aura rencontrés pendant l’été me manquait aussi, même si je n’aurais jamais cru.
On arriva bientôt devant la statue qui gardait l’accès menant au bureau du directeur, ou de la directrice dans le cas présent, et… on resta planter là comme deux idiots, car on avait oublié un tout petit détail assez crucial.
Le mot de passe.
À l’instant où on se jetait un regard témoignant de notre stupidité mutuelle, la statue bougea pour laisser place à une McGonagall… qui semblait légèrement contrariée. Elle nous regarda en pinçant les lèvres. Elle ouvrit ensuite la bouche avec ce même air pincé et commença :
- Mr Malefoy, j’espère que vous avez une excellente raison de m’avoir envoyé cette chouette en affirmant que c’était urgent, puisque…
Elle s’interrompit brusquement avant de poser son regard sur moi avec un air de surprise si intense que je craignis un instant qu’elle frôle l’arrêt cardiaque. Elle ouvrit la bouche, la referma, puis la rouvrit avant de la refermer à nouveau. Scorpius à côté nous regardait à tour de rôle avec incompréhension. Et soudain, la directrice lâcha d’un ton scandalisé :
- Que faites-vous ici, jeune fille! Vous devriez être à votre école présentement!
- Je
suis à mon école, professeur McGonagall, dis-je d’un ton légèrement sec, plus que je ne l’aurais souhaité.
Sauf que ce n’était pas vraiment de ma faute. J’étais simplement déçue qu’elle ne me reconnaisse pas. Enfin, non… J’étais déçue qu’elle ne soit pas comme celle que je connaissais. D’accord, je devais l’admettre, notre relation n’était pas merveilleuse dernièrement… Mais… J’avais plus l’impression de pouvoir compter sur cette McGonagall-là que sur celle-ci. Qui semblait sur le point de me faire transplaner à Beauxbâtons sans même me demander mon avis. Enfin, si cela avait été possible… Quoique… Elle était la directrice. Et ça changeait peut-être la donne.
- Miss Lévesque-Williams, vous êtes une élève de Beauxbâtons, pas de Poudlard. Ce n’est pas, car… commença-t-elle d’un ton autoritaire et froid, mais je la coupai vertement.
- Je ne suis pas Allison Lévesque-Williams, professeur. Je ne suis qu’Allison Williams… Sauf votre respect, je ne viens pas d’ici. C’est ça, la situation urgente dont parlait Scorpius. Je suis cette situation. Je suis prête à tout vous expliquer, mais seulement si on monte dans votre bureau.
Je vis les yeux de Scorpius s’arrondir, sans doute dû à mon ton légèrement autoritaire et sec que j’avais utilisé pour parler à la directrice de l’école. Cette dernière fronça les sourcils et pinça un peu plus les lèvres. Elle m’analysa un instant du regard avant de jeter un regard à Scorpius et de demander en arquant un sourcil :
- Est-ce vraiment la raison de votre venue?
- Oui, professeur.
- Très bien, alors vous pouvez repartir à la Grande Salle, Mr Malefoy. Et prévenez le professeur Londubat que la Répartition risque de devoir attendre un moment…
Scorpius hocha de la tête avec sérieux avant de m’adresser un coup d’œil qui semblait me souhaiter bonne chance. J’eus un mince sourire et il s’en alla sans attendre. Je pris une grande inspiration en me tournant à nouveau vers la directrice. Celle-ci m’analysait encore et les sourcils toujours froncés, elle me dit :
- Bien, maintenant, montons à mon bureau, Miss
Williams.
Elle insista particulièrement sur mon nom de famille et j’eus immédiatement la certitude qu’elle ne me croyait pas le moins du monde, mais qu’elle voulait me sermonner bien gentiment sans les oreilles de Scorpius présentes. Et le reste de sa personne, évidemment. McGonagall me tourna ensuite le dos, murmura un mot si bas que je ne l’entendis pas et la statue se déplaça à nouveau pour nous permettre de monter.
Elle s’engagea rapidement dans les escaliers et je la suivis tout aussi vite. Tout en montant, je cherchai le meilleur moyen de la convaincre. Et bien que je préférais éviter d’en arriver à de telles extrémités… j’avais une petite idée qui pourrait possiblement jouer en ma faveur. Ou me faire envoyer tout droit en détention rapprochée. Ou encore me faire renvoyer. Ou pire me faire renvoyer
chez moi, alors que ce n’était pas
mon chez moi.
Lorsque nous arrivâmes dans son bureau, je marquai un temps d’arrêt incroyable. Les meubles n’étaient pas disposés de la même façon. Et plus que tout… il manquait un petit chat sur le bureau. Je déglutis difficilement en détournant le regard de la pièce pour plutôt regarder mes pieds tandis que la porte du bureau se refermait dans mon dos avec un peu plus de force que nécessaire. Je sentais clairement le sermon venir.
Virulent, le sermon.
J’entendis le claquement sec de la langue que l’on fait lorsqu’on est énervé en provenance de McGonagall, puis elle prit une grande inspiration par le nez qui me donna envie de me cacher sous terre. Ou sous le plancher dans le cas présent. Car la terre était un peu loin… Sauf qu’au moment où je croyais qu’elle allait prendre la parole, ce fut une autre voix qui rompit le silence de la pièce :
- Bonsoir, Miss Icy… Je vous avais bien dit que nous nous reverrions…
Je relevai brusquement les yeux n’en croyant pas mes oreilles. Et ce fut pour mieux croiser le regard pétillant d’amusement d’Albus Dumbledore version tableau. Il ne m’avait encore jamais adressé la parole dans ses tableaux auparavant. Pas même alors que j’avais passé une longue période dans ce bureau bien longtemps après notre rencontre.
- Professeur Dumbledore? S’étonna McGonagall en se retournant.
- Pas encore cette gamine, grommela Rogue juste à côté avec un regard froid et ennuyé dans ma direction.
Je fronçai les sourcils, mais répondit tout de même en souriant à Dumbledore :
- Ravie de vous revoir, professeur.
La directrice actuelle se tourna à nouveau vers moi rapidement, les sourcils bien froncés. Elle lâcha d’un ton légèrement sec :
- Que signifie tout ceci!
Je supportai son regard accusateur pendant trois secondes entières avant de détourner les yeux lorsque le plus grand directeur que l’école ait jamais connu intervint :
- Minerva, écoutez simplement ce que cette jeune fille a à vous dire.
- Ce ne sera qu’un tissu de mensonges odieux qui feront hontes à ses parents! Protesta la directrice.
Je croisai les bras en fronçant les sourcils plus encore. Décidemment, je n’aimais pas du tout comment les gens ici étaient. C’était quoi, ce fouillis?! Je ne pourrais pas simplement retrouver toutes mes bonnes vieilles versions d’eux comme je les connais? S’il-vous-plaît? Non? D’accord, j’ai compris. Je poussai un soupir et Rogue reprit à ce moment la parole de sa voix légèrement dédaigneuse :
- C’est possible. Ou bien, elle dira la vérité.
- Minerva, cette jeune fille n’est pas l’enfant de la Marianne et du Charles que vous connaissez. Je peux vous l’assurer.
McGonagall fronça les sourcils, puis poussa un soupir de résignation avant d’aller s’asseoir à son bureau d’une démarche lasse. Je me grattai nerveusement la nuque avant de me tordre les mains devant moi lorsqu’elle me fit signe de venir m’asseoir.
- Très bien, Miss Williams. Je vous écoute. Racontez-moi donc votre histoire.
- J’en ai pour un moment, mais d’accord, dis-je le plus posément possible malgré la panique que je sentais naître en moi.
Je me tordis encore un peu plus les mains, mais le sourire bienveillant de Dumbledore derrière McGonagall me redonna un peu courage. Je pris grand soin de ne pas regarder Rogue. Puis, après avoir pris une grande inspiration pour me donner plus de courage encore, je me lançai dans mes explications. En narrant toute mon histoire, d’où je venais. Le contexte politique dans lequel j’étais, les rôles importants étaient occupés par qui. Mais par-dessus tout, mon histoire.
Mon don, en particulier. Et tout ce que j’avais traversé, moi ainsi que ma famille, à cause de ce dernier. Je remarquai avec un certain soulagement qu’elle semblait tout de même extrêmement émue en m’écoutant. Oui, ma vie n’avait clairement pas été simple. Toutefois, la suspicion qui restait dans un coin de son regard me peinait un peu.
Une fois que j’eus terminé, ma main droite se porta d’elle-même à mon collier qui me venait de ma mère et j’eus une nouvelle idée pour prouver mes dires. Je me levai alors de ma chaise et en tournant le dos à la directrice, je lançai :
- Je sais que vous ne me croyez toujours pas. Peut-être que vous pensez que je suis quelqu’un d’autre, que j’ai utilisé du polynectar, ou autre. Mais ce visage m’appartient. Et je ne suis pas celle que vous connaissez, professeur. Envoyez une lettre à… à mes parents, si vous voulez. Ils vous diront bien que leur petite Allison se trouve bien à Beauxbâtons. Mais j’ai deux preuves pour appuyer mes dires.
- Des preuves? S’étonna-t-elle sur un ton plus doux que tout ce qu’elle avait eu auparavant.
- Oui, affirmai-je en me retournant vers elle avec détermination. Comme je l’ai dit en vous racontant mon histoire. Je suis une Animagus. Et je le suis devenue grâce à vous. Il y a peu, j’ai été déclaré par chez moi. Mais pas ici. Et je suis certaine que l’autre Allison n’est pas une Animagus. Déclaré ou non.
Elle eut un regard dubitatif qui m’énerva grandement. Je remarquai une lueur d’amusement traverser les yeux bleus perçants de Dumbledore et cela me donna envie de sourire. Ce que je fis sans réserve. J’adressai mon plus bel air de défi à cette nouvelle McGonagall et sans attendre je changeai de forme.
Une fois sur quatre pattes et avec mes yeux de loup je la vis porter la main à son cœur en s’exclamant :
- Par Merlin!
Je repris rapidement forme humaine et malgré que mes vêtements n’étaient pas froissés, je les replaçai avec lenteur et un peu, je dis bien
un peu, de suffisance. Je relevai les yeux sur elle et lui demandai d’un ton innocent :
- Alors, vous me croyez que je suis une Animagus, maintenant?
Elle me jeta un regard noir, mais aussi appréciateur. Bien, j’avais gagné des points. Tant mieux si je pouvais un peu monter dans son estime! Je ne pouvais pas me battre avec toutes mes connaissances inconnues, pas vrai? Elle se frotta un peu le visage, mais à ce que je pouvais constater, elle me croyait désormais sur ce point.
- Vous avez mentionné une deuxième preuve?
- Oui, acquiesçai-je en me rapprochant.
Je lui tendis alors mon collier et lui expliquai brièvement comment il fonctionnait. Elle parut intriguée, mais suivit rapidement mes indications et commença à regarder plusieurs de mes souvenirs, mais surtout ceux de ma mère. Plus les minutes passaient, plus elle voyait de souvenirs et plus ses sourcils se froncèrent.
Lorsqu’elle posa finalement mon collier sur le bureau et que je le récupérai à toute vitesse pour le remettre autour de mon cou, elle soupira en se frottant les yeux sous ses lunettes :
- Cette situation est apparemment bien compliquée…
Je hochai de la tête d’un air entendu, puis demandai :
- Je ne sais pas comment rentrer chez moi. Mais je n’ai pas l’intention de me tourner les pouces en attendant. Alors j’aimerais poursuivre ma scolarité. Ici. Avec mon chien.
- Je ne sais toujours pas si je dois vous croire ou non, Miss Williams. Mais toute cette histoire me semble trop… importante pour n’être que des tissus de mensonges.
Je déglutis difficilement et elle ajouta d’une voix quelque peu mal à l’aise :
- Vous pouvez garder votre chien. Et vous pourrez faire partie des élèves de cette école. Mais à une condition. Ou plutôt deux.
- Lesquelles? M’étonnai-je en fronçant les sourcils.
- Les élèves tout comme les professeurs vont se poser des questions. Nous dirons donc que vous êtes effectivement Allison Lévesque-Williams. Et que vous avez décidé de faire un transfert pour cette année. De ce fait, vous devrez repasser sous le Choixpeau.
- Mais… tentai-je de protester, mais elle me coupa en levant la main.
- Ce sera comme cela, Miss. Vous reviendrez me voir à la fin du repas pour que nous puissions mettre en place le tout de manière plus… formelle.
- Très bien, grommelai-je. En attendant, je laisse mon petit Spock où?
- Il restera ici. Dans la cage.
Je laissai échapper un gémissement en même temps que mon chien, mais me résignai à devoir l’y enfermer lorsque le professeur McGonagall fit apparaître la cage en question et la pointa du menton. J’y amenai donc mon chien avec un soupir et je dus me mordre les joues pour ne pas me laisser attendrir par les petits glapissements qu’il poussait. Il
détestait être enfermé.
Et pour ma part, ça me rappelait beaucoup trop… de
mauvais souvenirs.
Dès que la porte de la cage fut refermée, Spock interrompit ses glapissements pour me lancer le regard qui tue. Celui du chien qui se sent trahi. Je déglutis avec encore plus de difficulté avant de lui tourner le dos pour suivre McGonagall à la sortie. La descente fut tout aussi silencieuse que la montée et je me mis à réfléchir longuement.
Comment voulait-elle que je puisse jouer le rôle de mon autre moi? Ce n’était pas comme si je la connaissais! Et si j’avais autant changé mes amis par ma simple présence, il devait en être de même pour moi! Enfin, ça ne pouvait pas qu’être d’un seul côté… J’ignorais jusqu’où nous n’étions plus la même personne, elle et moi. En plus, avoir vieilli avec Parkinson… Enfin, Alexander devait bouleverser pleins de choses. Jusqu’à mes onze ans, je m’étais toujours considérée comme enfant unique. Après, avec Rose, Scorp et Al. Puis James… Tout avait changé. Mais ici… Je n’avais eu aucun d’eux. Mais j’avais eu mes deux parents et mon frère. Une vraie famille. Sans doute mes oncles et mes tantes aussi. Peut-être même des cousins et cousines? En avais-je eu? J’ignorais encore tant de choses à propos de ma famille…
Je poussai un soupir en marchant dans l’ombre de la directrice. Il y avait à nouveau trop de questions et trop peu de réponses. McGonagall me jeta un coup d’œil à la fois énervé et interrogatif avant de reporter son attention sur le chemin que nous prenions. Je me retins pour ne pas soupirer à nouveau. Et moi qui croyais que ma sixième année allait être plus tranquille, histoire de respirer un peu avant ma septième… et dernière année. Je n’aurais pas pu avoir plus tort que ça, ça, c’est sûr.
On arriva bientôt devant les portes de la Grande Salle et je vis parfaitement les épaules de la directrice se tendre en voyant que les premières années n’étaient plus là. Elle ouvrit alors les portes en grand et marcha d’un pas rapide jusqu’à la table des professeurs. En laissant les portes se refermer violemment dans notre dos. Je tressaillis légèrement en voyant tous les regards se tourner vers nous. Ou plutôt… vers moi.