Guild hunter est une série bit-lit relativement bien écrite et qui nous plonge vraiment dans un autre univers. Après ma lecture des plusieurs tomes publiés chez J'ai Lu, j'ai voulu prolonger cette virée dans cet univers, alors j'ai écris ceci.
Gwenaëlle leva son petit visage vers le ciel, là, d’étranges silhouettes volaient et cabriolaient haut dans les nuages, suivant les courants d’air ascendants tel des oiseaux de proie, croyants sans doutes êtres invisibles aux passants loin en dessous d’eux.
Mais cela, c’était sans compter sur les étranges facultés de Gwenaëlle Murdoch.
‒Ces anges, qu’est-ce qu’ils peuvent me taper sur le système ! Grommela-t-elle en baissant la tête avant de reprendre d’un bon pas le chemin des bureaux de la Guilde, se faufilant parmi la foule de Newyorkais qui se rendaient au travail.
Ce jour-là, l’humeur de Gwenaël se calquait sur le ciel, gris et maussade, elle ne remarquait pas que, de temps à autres un passant se retournait sur son passage.
Non pas que Gwenaëlle Murdoch était particulièrement jolie, elle ne dépassait pas le mètre cinquante-cinq, sa silhouette longiligne était totalement dépourvue de formes féminines. D’ailleurs, il n’était pas rare qu’on la cofonde avec un garçon.
Sa seule beauté résidait dans ses longs cheveux châtains qui lui arrivaient jusqu’au bas des reins. Mais, hélas, il était fort rare qu’elle ne les attacha pas en une tresse serrée qui lui tombait négligemment sur l’une de ses larges épaules, gâchant ainsi ce magnifique atout.
En générale, ce que les gens remarquaient chez elle, c’était ses yeux vairons, l’un d’un intense bleu marine, l’autre gris clair. Cet étrange attribut que la nature lui avait offert lui valait généralement bon nombre de commentaires, bons ou mauvais.
Mais cette particularité ne dégradait en rien les fins traits de son visage, où subsistaient encore quelques rondeurs juvéniles. Mais accentuaient, en revanche, fortement sa pâleur naturelle et les cernes bleus qui entouraient ses yeux.
À ce physique atypique s’ajoutait sa profession, chasseuse de vampires.
Non pas un de ces Van Helsing en manque d’adrénaline et d’hémoglobine, mais plutôt un chasseur de prime que les anges contactaient lorsque l’un de leur vassaux se faisait la malle. Ce qui arrivait assez souvent.
Les anges étaient les créateurs des vampires, personne ne connaît réellement le procédé qu’ils emploient pour faire d’un humain un être immortel. En revanche, même le plus ignare sait qu’en contre partie de leur transformation, les nouveaux vampires doivent servir durant cent années l’ange qui les a vampirisés. Il n’était pas rare qu’après dix ans de service, la créature ne se fasse la belle, jugeant avoir accompli les termes de son contrat suffisamment longtemps.
Inutile de précisé que les anges n’étaient pas de cet avis et souhaitaient récupéré au plus vite leurs serviteurs. C’est à ce moment que les chasseurs interviennent, évitant ainsi aux « êtres célestes » de se salir les mains et de perdre leurs précieux temps.
Gwen, comme l’appelait ses proches, était devenue chasseuse de vampires plus par génétique que par choix. Cela ne la dérangeait pas trop, elle était plus que grassement payée et bien qu’elle ne travaillait que depuis quatre années, elle avait acquis un statut d’ancienneté suffisant pour avoir la possibilité d’accepté ou de refusé ses missions.
De plus, elle faisait partie de cette poignée d’individus qui viennent au monde avec des gènes particuliers, les transformant ainsi en redoutables pisteurs attirés par l’odeur des vampires. On les appelait plus communément des chasseurs-nés et pour eux, chaque vampire a une odeur qui diffère, avec comme pour les parfums plusieurs notes de senteurs.
En générale, les détenteurs de tels talents, ne parviennent pas à vivre autrement qu’en employant leurs dons. Pour eux, la chasse est une sorte de besoin vital. Ils éprouvent d’énormes difficultés à s’intégré dans la société, où des vampires côtoient les humains tous les jours. Il est donc très fréquent qu’ils choisissent de travailler pour le compte de la Guilde.
Celle-ci met au service des anges de nombreux chasseurs, leurs permettant ainsi de retrouver dans de bref délais, les vampires qui oseraient défier leur autorité.
Grâce à un système de puces électroniques, les chasseurs peuvent renvoyer le colis à son propriétaire légitime sans trop de casse. Une fois reçu, l’ange renvoie la puce aux bureaux de la Guilde.
Celle-ci fait également intervenir ses chasseurs lorsqu’un vampire est considéré comme étant nuisible à la société et à la vie d’autrui. Sous-entendu, qu’il tuerait voir massacrerait de pauvres innocents. Alors, lorsque certaines conditions sont remplies et/ou qu’un ange ait donné son aval, les chasseurs ont le devoir d’exterminé la cible.
Le printemps tardait à prendre la relève de l’hiver. Aussi, les habitants de New York attendaient avec impatience que le mercure accepte de remonter de quelques degrés pour abandonner définitivement leurs gants, écharpes, bonnets et autres vêtements chauds, au fond d’un tiroir. Pour l’instant, ils se cachaient sous des couches de vêtements.
Cependant, cela faisait quelques semaines déjà, que Gwen n’avait pas repris le chemin du travail et elle avait un peu de mal à reprendre ses marques dans ce brouhaha constant et bourdonnant.
Lors d’une mission à Bornéo, elle avait été blessée par un vampire fort peu aimable qui apparemment, avait trouvé une certaine ressemblance entre son bras droit et un steak bien tendre. Lui cassant ainsi l’avant-bras et la mettant hors circuit pendant trois mois.
Il ne faut pas croire qu’il n’avait pas payé le prix de son méfait, il mettrait du temps avant de pouvoir replanter ses crocs dans quelque chose, ou quelqu’un. Et cela, sans oublier ce que son propriétaire, un ange de Dallas, allait lui faire subir pour sa désobéissance.
En fait, dans cette histoire, c’est lui le plus à plaindre…
Elle avait profité de sa revalidation pour rejoindre sa famille en Alaska.
Autant dire que le fossé entre sa petite ville natale de Big Lake, encore entièrement recouverte par la neige, où pratiquement tout le monde se connaît et la « Grosse Pomme » était tout bonnement énorme.
Se ressourcer, penser à autre chose, se retrouver…ses collègues ainsi que les spécialistes du bureau l’avait pratiquement forcée à quitter la ville cosmopolite. Mais en définitive, tout ce qu’elle avait récolté c’était les conseils mal avisés de son vieux père, également un chasseur-né, mais d’une autre génération, pratiquement un ancêtre.
Abraham Murdoch était connu pour être le loup blanc de la Guilde à son époque. Autant dire une légende vivante, sa réputation de bras cassé et de tête brûlé le précédait et empiétait sur celle de l’ensemble du clan Murdoch, sa femme, ses fils et surtout, sur celle de sa fille.
Finalement, rentrer à New York fut une réelle délivrance pour Gwen. Elle avait pût retrouver avec bonheur le silence et le calme de son appartement, où ni ses proches, ni ses collègues, et encore moins vampires et anges ne viendraient la déranger.
Après à peu près quatre ans en tant que chasseuse pour la Guilde, Gwen en était arrivée à plusieurs conclusions concernant ses commanditaires.
De un, c’était des êtres sans pitié et sans aucune humanité, et ce pour une simple raison, ils n’étaient pas humains. Omettre cette absolue vérité, c’était signé son arrêt de mort.
De deux, ils sont dangereusement puissants, voir dévastateurs, la ville portait encore les stigmates d’un combat qui avait opposé l’Archange de New York à un autre de ses congénères. Les victimes s’étaient comptées par centaines et les dégâts par milliards de dollars.
De trois, ces types sont complètement cinglés, d’après Ashwini, sa collègue favorite, mais également la plus déjantée, voir cinglée. Certains anges ne vivaient que pour infliger le plus de douleur possible, tant physique que morale aux êtres qui les entourent.
De quatre, mieux vaut les évités et se tenir le plus loin possible d’eux.
Bien entendu, il était plus sage qu’elle garde ses idées pour elle. Surtout depuis qu’elle avait intégré les forces spéciales de la Guilde et qu’elle était continuellement en contact direct avec des anges (et rarement de bonne humeur).
Ainsi, elle ne faisait que son travail, ne leurs posait aucunes questions qui ne serait pas absolument nécessaire pour la réussite de sa mission, elle ne s’impliquait pas dans les affaires, restait neutre en toutes circonstances, allait jusqu’à éviter de croiser leurs regards. Elle employait la politique de l’exposition minimum, moins on la remarquait, mieux c’était.
Néanmoins, bien qu’ils lui insufflent une certaine crainte, Gwen ne pouvait nier le faite qu’elle éprouvait une certaine jalousie à leur égard, ils pouvaient voler et ne craignaient pas les dommages du temps.
Elle ressassait encore ses idées noires lorsqu’elle pénétra dans le vieux bâtiment en pierres grises qui abritait le quartier général de la Guilde.
Mais, elle dut se résoudre à les mettre de côté durant un moment, lorsque Sonia, l’hôtesse d’accueil, lui annonça avec un petit sourire compatissant que la directrice souhaitait la voir dans son bureau, et ce, le plus vite possible.
Courbant l’échine et trainant les pieds, Gwen se dirigea vers le bureau de Sara Haziz, la directrice de la Guilde, qui gérait tous les chasseurs ressortissants d’Amérique, ainsi que l’une de ses rares amies.
‒Ha te voilà enfin, t’en a mis du temps ! S’exclama celle-ci en se levant de son fauteuil avec une démarche féline qui lui était propre.
Perchée sur ses talons de dix centimètres, Sara avait tout de la femme qui réussit. Pourtant, à la voir dans son tailleur-pantalon bleu marine, cette jeune femme à la peau d’ébène et aux longs cheveux noirs d’à peine trente ans, ressemble plus à une femme d’affaire dans le domaine de la finance qu’à une chasseuse devenue l’un des plus important dirigeants de la Guilde à une échelle mondiale et à qui s’appliquait la maxime « une main de fer dans un gant de velours », mais de l’intérieur, ses hommes ressentaient surtout la main de fer plutôt que le gant…
Mariée et mère d’une petite Zoé âgée de quatre ans, c’était une femme comblée avec qui plus est, une forte personnalité et un sacré caractère.
‒Ouais, je n’ai pas vu l’heure passée. Maugréa Gwen en apportant une attention toute particulière à ses convers roses dont elle ne savait se passer.
En réalité, elle connaissait déjà la raison pour laquelle Sara avait tenu à la voir de si bonne heure, et cette perspective ne lui plaisait pas du tout. Mais alors pas du tout, du tout… Elle avait déjà eue droit à tous les reproches possibles et imaginables de la part de son retraité de père, ceux de la directrice allaient être ceux de trop.
‒Comment vas-tu ? Tu sais que tu as encore dix jours de congés avant de reprendre le service ? Lui demanda-t-elle en haussant un sourcil interrogateur.
Ah ça, ce n’était pas ce à quoi elle s’attendait. Pas de remontrances vis-à-vis de son accident, ni de reproches quant à sa façon de travailler en solitaire, étrange…
Gwen releva son visage, interloquée.
‒Et bien, Sara, si je reste un jour de plus dans mon appartement, je vais devenir folle et puis, je vais bien…Dit-elle en levant son bras droit, lui faisant remarquer qu’elle avait récupéré toute son amplitude.
‒Tu vas bien ?! Tu vas bien ! Gwen, tu as failli y passer ! On t’a fait plus de cent trente points de sutures, et tu es…tu es restée dans le coma durant 18 jours ! S’emporta Sara tout en contournant son bureau pour se poster devant Gwen et la jaugée. Je ne tiens absolument pas à enterrer un autre Murdoch.
Le cœur de la jeune fille fit un bond, Sara n’avait pas l’habitude de mentionner les pertes qu’avait subi sa famille.
‒Sara…
L’intéressée la pris dans ses bras de manière protectrice, sans se soucier des objections exaspérées de sa subalterne. Depuis que Sara était devenue mère, ses accès d’instinct maternel devenaient fréquents surtout avec Gwenaëlle, sans doute parce qu’elle était la plus jeune chasseuse en activité, après tout, elle n’avait que 18 ans.
‒Sara ! S’écria la jeune fille en tentant de se dégager de cette étreinte horriblement maternelle.
Celle-ci se détacha rapidement de Gwen et reprit toute la contenance que son rôle de supérieur exigeait.
‒Excuse-moi, puisque tu dis que ça va…Je ne vois pas pourquoi je t’épargnerai. J’ai du boulot pour toi…
Ha, ça sa ressemble déjà plus à Sara Haziz. Mitrailler ses pauvres chasseurs sans défenses avec des boulots minables, du type ; aller récupérer un vampire dans des bayous au fin fond de la Louisiane, infestés de sangsues. Mais la jeune fille n’eut pas le temps de se perdre en conjectures que son amie continuait :
‒La communauté du soleil ça te dit quelque chose ? Cette fois, Sara entrait dans le vif du sujet. Assise derrière son bureau dans un fauteuil de cuire des plus confortables, elle scrutait son interlocutrice d’un œil vif.
‒Vaguement, des illuminés qui dénigrent les vampires dans des réunions débiles, des originaux si tu veux mon avis… Répondit nonchalamment la chasseuse en haussant les épaules, préférant rester debout au milieu de la pièce.
Gwen ne voyait certes pas ces gens comme des êtres très équilibrés, ni justes d’esprits, mais, temps qu’ils restent gentiment dans leurs trous, elle ne voyait pas en quoi leur activité plus que passive pourrait gêner la directrice de la Guilde. Par ailleurs, les partisans de ce genre d’organisation/secte étaient généralement plus qu’enthousiastes envers l’action de la Guilde et de ses chasseurs.
‒Oui, c’est plus ou moins ça. Seulement, ils ont décidés de passer de la technique à la pratique et de faire la chasse aux vampires. Dit-elle atterrée. Le regard interloqué de son interlocutrice ne lui échappa cependant pas.
Ha, pas si passifs que cela en réalité…
‒Sara…, ils sont complétement marteaux ? S’exclama Gwen totalement abasourdie par cette annonce.
En règles générales, un chasseur réfléchissait à deux fois…à trois fois avant de s’attaquer de front à un vampire, les risques de se faire tuer ou affreusement mutiler ne sont pas vains et pourtant les chasseurs sont entrainés pour de tels actes. Inutile de préciser qu’un humain normal, sans entraînement qui s’en prendrait à un vampire deviendrait rapidement un humain ayant gagné un aller simple pour la morgue.
Faisant fi de sa remarque, Sara continua son exposé comme si de rien n’était :
‒Je ne saurais pas t’aider d’avantages, mais je peux juste te dire que cette organisation commence à inquiéter les anges et leur subalternes. Inutile de te le dire, l’Archange n’est pas ravi d’avoir cette épée de Damoclès au-dessus de la tête de ses vampires, aussi insignifiante soit-elle. Et encore moins avec ce qui s’est passé avec l’Archange de Chine. C’est pourquoi il a décidé d’intervenir.
Sa dernière phrase fut débitée plus rapidement, comme si elle voulait s’en débarrassé le plus vite possible. Mais Gwen n’y fit pas particulièrement attention, toujours quelque peu choquée que de simples humains tentent de s’en prendre à un vampire. Son expérience lui disait que cette affaire ne pouvait se terminer que dans le sang.
‒Bien sûre, c’est logique, je ferais la même chose à sa place…Un déclic s’opéra alors dans l’esprit de la jeune chasseuse, celui-ci la fit trembler d’effrois, elle trouva cependant le courage d’exprimer sa requête d’une voix blanche. Oh, non, Sara ne me dit pas que cette mission est commandée par l’Archange, tout sauf ça !
‒Bien. Je ne te le dirai pas. Mais je dois tout de même te remettre ceci en mains propres. Dit-elle en lui tendant une enveloppe scellée. Apparemment, elle était ravie de s’en débarrasser.
Gwen l’examina un instant d’un œil suspicieux, puis ouvrit la missive d’un geste expert avec une petite lame qu’elle rangea aussitôt à sa ceinture.
L’épais papier d’excellente qualité n’arborait qu’une simple phrase d’un filigrane impeccable, qui suffit à lui provoquer des sueurs froides:
Je serai enchanté que vous vous joigniez à moi pour le petit déjeuner. Demain, huit heures.
Raphael
Pas la moindre adresse.
Quelle utilité l’Archange de New York avait-il à la lui préciser ? Le seul endroit où l’on pouvait avoir un quelconque contact avec lui, c’était à la Tour de l’Archange, et celle-ci dominait la cité de Manhattan…impossible de ne pas la remarquer.
L’Archange Raphael régnait sur l’Amérique du Nord depuis…des temps immémoriaux ! Il avait fait de la ville de New York son fief. Et de sa Tour, il diligentait l’ensemble du territoire.
Et oui, il y avait également une hiérarchie chez les anges.
Lorsque l’on sait que tous les vampires d’Amérique obéissent aux anges et que ceux-ci sont sous les ordres de Raphael, il y a de quoi avoir peur. De plus, l’Archange n’est pas connu pour son altruisme et sa sympathie.
Gwen avait encore à l’esprit l’image, relayée par toutes les chaînes de télévisions du pays, d’un vampire à qui on avait arraché ses quatre membres et que l’on avait abandonné au beau milieu de Central Park. Le pauvre damné y était resté pendant plusieurs heures sans que personne ne lui vienne en aide. Tout simplement parce qu’il avait sur le corps, la marque de l’Archange. Un bel exemple de son emprise sur la populace de New York…
Rien que d’y penser Gwen en avait des vertiges, les mains qui tremblaient et suait à grosses gouttes, elle ne cessait de répéter avec une légère pointe d’hystérie, il est vrai, la seule idée qui lui venait en tête :
‒Je vais mourir, je vais mourir...Je vais mourir… Ces murmures étaient répétés de manière mécanique, tandis qu’elle s’asseyait en face de Sara afin de faire cesser les tremblements qui parcouraient ses jambes.
‒Calme-toi ! Personne n’est mort parce que l’Archange l’a convoqué pour parler affaires… (Ha non ?) Intervint sèchement Sara qui se demandait si finalement elle avait eue raison de confier cette mission à sa jeune amie qui, visiblement avait encore les nerfs fragiles après cette mission à Bornéo. Gwen…Reprit-elle sur un ton plus doux pour éviter de la faire sombrer dans une nouvelle crise d’hystérie. Il suffit que tu potasse un tant soit peu le sujet et tout ira bien. L’Archange voulait le meilleur chasseur possible sur cette affaire et, selon moi, tu es la plus apte pour cette mission, tu es la meilleure chasseuse que je connaisse et…
‒Sara, serais-tu en train de me dire que c’est toi qui lui à parler de moi ?! L’interrompît-elle avec plus qu’un soupçon d’agressivité dans la voix. Imaginant parfaitement sa directrice citer son nom lors d’une discussion entre elle et l’archange, le tendre et cher époux de sa meilleure amie.
‒Heu…Je suppose…Le ton que Sara employa ressembla soudain plus à celui d’une adolescente qui aurait commis une grosse bêtise qu’à la femme accomplie qu’elle était en réalité.
‒Et donc, si tu ne lui avais pas parlé de moi, il ne connaîtrait pas même mon existence ! Repris Gwen acerbe en se levant brusquement de son siège sans prendre en compte le couinement qui avait répondu à sa précédente question.
‒Sur ce point, rien n’est moins sûre, Elena a certainement dû lui toucher un ou deux mots sur ton compte. Lui répondit-elle du tac au tac, reprenant un tant soit peu du poil de la bête. Elle scrutait avec une légère inquiétude les réactions de son employée. Peur, colère, consternation, si elle continuait ainsi elle passerait par toutes les étapes du deuil.
‒Sara. Je te déteste…Finit-elle par dire dans un gémissement, consternée. Elle commençait à regretter son Alaska chéri ainsi que sa famille trop envahissante.
‒Ne t’en fais pas tout ira bien. De plus, je crois qu’Elena sera présente durant ton entrevue. Tenta-t-elle de la rassurée, sans se douter qu’elle ne faisait qu’aggraver la situation de la jeune fille.
Gwen ne connaissait pas particulièrement Elena Deveraux. Elle n’avait croisé sa collègue qu’à de rares occasions, le plus souvent elles ne faisaient que se croisées au détour d’un couloir de la Guilde ou de l’Académie, d’autant plus qu’elles n’avaient jamais travaillé ensembles.
Elle savait qu’Elena était dotée d’un puissant odorat (quoi que moins puissant que le sien, ce qui était l’une de ses fiertés), ce qui lui avait permis de se faire rapidement une certaine notoriété dans le milieu, sans oublier que Sara lui avait demandé de devenir la marraine de sa fille étant donné qu’elles se connaissaient et étaient amies depuis l’adolescence.
Mais cela faisait déjà plus de trois ans et demi qu’Elena n’avait pratiquement plus remis les pieds dans les bureaux de la Guilde à proprement parler. Et pour cause, il y a quatre ans, l’Archange Raphael l’avait engagée pour une mission dont la teneur n’avait même pas été divulguée à Sara. Encore aujourd’hui, on ignore en quoi consistait cette mission.
Tout ce que ses collègues ont appris, c’est que les choses ont mal tournés et qu’Elena a disparu durant plus d’un an et qu’une grosse partie de la ville, l’entièreté de Brooklyn plus précisément, avait été gravement endommagée. Raphael n’ayant pas pris la peine de donner des informations, tous ses collègues s’étaient fait un sang d’encre.
Sara s’était vu obliger de mettre en œuvre une mission de sauvetage, à laquelle Gwen n’avait pas pu participer, car elle était en mission du côté de Santa Cruz.
Quoiqu’il en soit, Sara et ses hommes étaient revenus bredouille de la Tour et ce n’est qu’un an plus tard qu’Elena réapparût. Durant se lapse de temps, elle et l’Archange étaient devenus amants, et elle ne faisait plus partie de l’humanité.
En effet, Elena Deveraux possédait à présent une magnifique paire d’ailes et était devenue par la même occasion un ange immortel, ainsi que l’affiliée d’un des hommes les plus dangereux qui soit.
Ah oui, c’est vrai qu’avec deux immortels au lieu d’un, ça serait moins pénible, merci Sara…
Gwen fourra son invitation dans la poche de son manteau, prit sous son bras le maigre dossier que lui avait remis Sara, salua celle-ci lui promettant au passage de lui téléphoner le lendemain, après son ‘‘rendez-vous’’ (si elle survivait d’ici-là), puis elle prit la direction de la sortie.
Gwen n’en voulait pas particulièrement à Sara de lui avoir refourguée cette mission. Elle se doutait que l’Archange ne laissait pas le choix à la directrice.
Toutefois, elle ne parvenait pas à comprendre les raisons qui l’avaient amené à la choisir Elle. La Guilde fourmillait de talentueux chasseurs, certains avaient beaucoup d’expérience, d’autres des talents particuliers. Elle, elle n’avait que son odorat et une tradition familiale à honorer.
Son appartement n’était pas fort éloigné de Manhattan, mais assez pour ne plus entendre le tumulte incessant de la ville.
Il se situait au dernier étage d’un bâtiment qui en comptait douze.
Spacieux sans être gigantesque, il était doté ; d’une énorme baie vitrée qui cerclait l’entièreté de l’immeuble, lui permettant ainsi d’avoir une vue imprenable sur la Tour de l’Archange. Elle pouvait rester des heures durant, assise dans son salon, à observer les anges en décollés et y atterrir ainsi que cabrioler dans le ciel (elle pensait que ceux-ci devaient être les plus jeunes, même si dans un sens, ils étaient tous beaucoup plus vieux qu’elle ne pouvait se l’imaginer).
De nouveau, Gwen dût empêcher cette vague de terreur de monter d’avantage en elle. Rien que de savoir que, le lendemain matin elle serait là-bas, lui révulsait l’estomac.
À peine eu-t-elle franchi le pas de sa porte, qu’elle fut accueillie par une forte salve de miaulements. Au moins, il y en avait un qui était heureux de la revoir.
‒Hé salut mon grand !
Une boule de poile gris aux perçants yeux bleus apparut, non loin de la cuisine.
‒Je suppose que Majesté désire que je lui serve une boite de thon ?
Une nouvelle série de miaous lui répondirent, ce qu’elle jugea comme étant une confirmation. Cette bestiole était un véritable ventre sur pattes.
Une fois son petit compagnon affairé à son assiette, elle se dirigea d’un pas lent vers sa salle de bain, où elle comptait se changer pour enfiler quelque chose de plus confortable, et de défaire sa tresse.
La salle d’eau était presque entièrement occupée par une grande baignoire qui n’avait rien à envier à celles que l’on pouvait trouver dans les plus grands palaces.
Gwen avait fait de son appartement un véritable petit nid douillet. Comme la majorité des chasseurs, elle passait beaucoup de temps à voyager un peu partout pour son boulot, aussi lorsqu’elle rentrait chez elle, elle appréciait d’autant plus que son appartement soit agréable et qu’il lui offre un véritable havre de paix. C’était son refuge.
Elle passa sa journée à étudier le maigre dossier sur la communauté du soleil. Ne pouvant totalement occulté que le lendemain serait une journée où elle n’avait pas droit à l’erreur.
Elle failli s’étrangler lorsqu’elle tomba sur le chèque inséré dans le dossier. Le montant indiqué était exorbitant et si elle comprenait bien les indications, il ne s’agissait que d’un acompte, une fois l’affaire résolue, elle en recevrait le triple.
Waouh, au moins, l’Archange ne plaisantait pas avec les rétributions salariales.
Lorsqu’elle se coucha vers 9 heures, ses crampes d’estomac ne l’avaient toujours pas quittée. Ce fut l’une des pires nuit de sa vie. Une nuit où l’Archange de New York en personne, se joignit aux démons de Bornéo.