[Débat] La littérature est-elle morte ?

Des livres d'un autre temps, des livres intemporels. La littérature classique c'est souvent de la grande littérature, venez en parler ici. https://booknode.com/univers/litterature-classique
NiennaOronra

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[Débat] La littérature est-elle morte ?

Message par NiennaOronra »

J'ai découvert il y a peu ce petit texte de 40 pages :
http://booknode.com/nu_dans_ton_bain_fa ... e_02134435

En gros l'auteur considère que la littérature est morte que nous nous contentons de jouer avec son cadavre sans vouloir admettre qu'elle n'est plus. Cela soulève la question du statut des auteurs contemporains, la littérature est-elle devenu un marché, un business absent de toute quête artistique ?

Votre avis m’intéresse beaucoup ça me semblait super intéressant de débattre un peu sur ce sujet :D
Lili-Prune

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Re: Débat : La littérature est-elle morte?

Message par Lili-Prune »

Pourrais-tu nous en dire un peu plus sur les arguments de l'auteure ? Car oui, il y a actuellement une littérature du business, c'est certain, mais enfin il n'y a pas que ça. Il serait intéressant de savoir ce qu'avance cette auteure pour justifier sa thèse.
Maks

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Re: Débat : La littérature est-elle morte?

Message par Maks »

Sympa ça comme débat, je n'ai pas lu le petit livre que tu nous présente mais j'ai tout de même un avis sur la question.
Pour moi la littérature n'est pas morte, elle ne s'éteindra jamais, elle évoluera comme elle le fait depuis longtemps, j'ai 40 ans et je n'ai jamais lu autant que ces dernières années, avant la lecture avait tendance à me gonfler, je trouvais qu'une grande partie des classique n'était qu'un ama de mots pour vous torturer l'esprit et pour se la pété lors de soirée pseudo intello.
Au collège j'ai lu plusieurs livres qui m'on fait aimé la lecture et surtout de la voir d'un autre œil, plus moderne (Marguerite Duras, Christiane F, la vague, Yourcenar etc...) et je me suis ouvert bien plus à la lecture. Parfois je trouvais ça trop sérieux tout de même et j'avais quasiment délaissé cette activité.
Depuis bientôt trois ans j'ai décidé de faire une cure personnelle en arrêtant les jeux vidéo et les séries à rallonge, j'ai repris un bouquin en librairie, j'ai adoré et je me suis laissé porter. Une inscription sur Booknode afin de faire ma biblio virtuelle m'a donner un coup de pouce pour découvrir des nouveautés ou des bon livres que je ne connaissais pas, de fil en aiguille je me suis complètement plongé dans la lecture, de tout et de rien, j'ai meme changer d'avis sur les classique, ils passent beaucoup mieux qu'avant mais à petite dose, Marguerite Duras est revenue dans ma vie de manière bien plus intéressante, je ne trouvais plus de film SF ou Fantasy ou fantastique à mon goût les roman de tous genre se sont mis à pousser le long des murs de mon appart, ma bibliotheque est passé de 30 livres à plus de 1000 livres en 3 ans et j'en lis bien 150 minimum dans l'année.
Je lis autant du papier que de l'ebook mais une chose est certaine, je n'ai jamais été aussi heureux qu'avec un livre dans la main maintenant que je les ais re apprivoisés.
Tout cela pour dire que non la littérature n'est pas morte, elle est juste plus moderne et évolue avec son temps, les gens n'en attendent plus la même chose et les éditeurs l'on compris donc le marketing est très présent, mais où n'est il pas present ? à nous de faire la part des choses, Cela ne concerne pas que les livres, mondialisation et commerce, matérialisation à outrance et technologie en masse et éphémère au final, non les livres ne sont pas morts ils évoluent.
La meilleure façon de me le prouver à moi même c'est de me voir lire en même temps une dystopie YA (oui je sais à 40 ans c'est naze mais j'assume complètement) et un Kafka, ou encore il peut m'arriver d'enchaîner un Brandon Sanderson et un Zweig puis un comics de walking dead pour passer à un recueil de Haiku.
On a seulement dix millions de fois plus de choix. Vive la lecture sous toutes ses formes.
cheyennedeHMB

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Re: Débat : La littérature est-elle morte?

Message par cheyennedeHMB »

Pour moi la littérature n'est pas morte. Elle évolue dans un sens qui plaît aux uns et pas aux autres.
Tout d'abord, dans l'histoire il y a toujours les bouquins "populaires" avec par exemple le roman de type pastoral qui était florissant ( à moindre échelle puisque la diffusion du livre n'était pas la même) et on a tendance à ne se souvenir que de quelques grands noms.
Personnellement, je n'aime pas particulièrement Musso et Levy, entre autre. Toutefois leur façon d'être auteur n'est pas si différente de Balzac, qui suite à plusieurs échec économques se retrouve ruiné et donc forcé de vivre de sa plume. Résultat : il publie ses nouvelles dans un journal, or, à l'époque on est payé au mot : la solution ? Les descriptions interminables. Cela n'en fait pas moins un auteur incontournable. Il en va de même pour les maisons d'éditions : c'est simple s'il n'y pas d'argent qui rentre, la maison coule, il n'y a plus de livre fin de l'histoire. Les genres populaires sont indispensable à la survis des genres qui le sont moins, dans ce monde capitaliste. Cela ne signifie pas que les genres populaires soient dénués de profondeurs.
Pour la littérature s'adapte au public qui la lit : si un genre ne fonctionne pas il disparaîtra. Les choses ont toujours été ainsi, simplement l'échelle était moindre. Et puis, la littérature jeunesse, qui est l'une des plus développé actuellement et également relativement récente, et à mes yeux ça n'en n'est pas moins de la littérature dans la mesure où elle adapte son message au public de destination. Il est normal de faire comprendre à des enfants les valeurs, par exemple de la famille ou de la vie, même à travers du fantastique plutôt qu'à travers Victor Hugo ou n'importe qui d'autre.
Certes, on constate aujourd'hui que la dimension économique dans le monde de l'édition est importante, pourquoi ? Tout simplement parce que l'existence des collections qui se vendent bien permettent l'existence de celles qui se vendent moins tels que les collections de Sciences Humaines.
Enfin, c'est sûr que si on part du principe que les prix ( Goncourt, Renaudot ...) font la littérature d'aujourd'hui on n'est pas sortit de l'auberge. Si on cherche bien, on peut trouver mieux. L'auteur, quelque soit le genre de l'oeuvre peut faire passer un message, pour moi cela n'a pas changé, et c'est au lecteur de le réceptionner. Par exemple les livre de Fantasy contiennent souvent un message politique et libéraliste, ou, à travers une dystopie un message de prévention adressé à la société.
A mes yeux la seule exception concerne les livres d'homme politique : pour moi, quoiqu'on en dise ce n'est pas, et ça ne sera jamais de la littérature. C'est un ensemble de feuille reliées.

En conclusion, pour moi, il ne s'agit pas de chercher une littérature aujourd'hui : nous ne sommes pas encore assez objectif pour cela. On peut toutefois se contenter de constituer sa propre culture, sa propre littérature. Parfois, on peut trouver des pépites dans des ouvrages insoupçonnés et presque dignes des auteurs classiques. Je ne donnerais pas d'exemple pour ce derniers points, mais si on veut chercher un message profond, humain, sociologique dans un livre quel qu’il soit, on peut le trouver. Il suffit juste de bien regarder. Pour moi par exemple la trilogie "les royaumes du nord" de Philip Pullman constitue une source intarissable de réflexion que ce soit sur l'enfance, la religion... Alors qu'il s'agit d'un livre destiné à la jeunesse.
fitz7

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Re: Débat : La littérature est-elle morte?

Message par fitz7 »

J'approuve complètement ce qu'a dit cheyennedeHMB :D
On pourrait argumenter beaucoup en ce sens encore.

Je me permet de compléter par une question plus personnelle qui reste dans ce topic: La littérature a-t-elle évolué au point où la "littérature ancienne" est-elle morte (celle qu'on nous fait découvrir au lycée)?
Par exemple, je ne sais pas si le style de certains auteurs contemporains pourrait se rapprocher du style d'auteurs du passé
cheyennedeHMB

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Re: Débat : La littérature est-elle morte?

Message par cheyennedeHMB »

fitz7 a écrit :J'approuve complètement ce qu'a dit cheyennedeHMB :D
On pourrait argumenter beaucoup en ce sens encore.

Je me permet de compléter par une question plus personnelle qui reste dans ce topic: La littérature a-t-elle évolué au point où la "littérature ancienne" est-elle morte (celle qu'on nous fait découvrir au lycée)?
Par exemple, je ne sais pas si le style de certains auteurs contemporains pourrait se rapprocher du style d'auteurs du passé
Merci !
A mon avis, je ne pense pas que l'on puisse considérer que la littérature classique ou ancienne soit morte. Grâce à l'école on continue de s'en souvenir et cela contribue à en perpétuer la mémoire. De nombreux sujets qui sont abordés dans la littératures classique restent actuels. Par exemple, Oscar Wilde et son Portrait De Dorian Gray dans les sous-entendus sur l'homosexualité. On peut encore citer Claude Gueux, De Victor Hugo, qui interroge sur la peine de mort, opère une critique sociale et également la question de victime ou de coupable.
Il faut prendre ces œuvres dans leurs contexte économique et social : c'est souvent lié et cela constitue généralement une source d'inspiration. Cela-a-t 'il réellement changé aujourd'hui ?
Pour moi si l'on exclu les romans type Levy et Musso ( je ne juge pas, mais ça à vraiment un but trop commercial ici), la littérature d'aujourd'hui entre souvent en résonnance avec le contexte et l'actualité qui l'entoure. C'est le cas de Narnia, en son temps. En effet, l'histoire commence durant la seconde guerre mondiale : les enfants ( britanniques) sont envoyés à la campagne, cela n'est pas sans rappeler l'opération "Pied Pipper". Un autre exemple mais plutôt dans les Dystopies : pour moi l'existence et la popularité de ce genre aujourd'hui et assez lié au contexte environnemental puisque rappelons qu'une distopie est une anticipation (qui imagine l'évolution du monde actuel dans les pires hypothèses : apocalypses, mutations génétique lié au nucléaire ....) et en ce sens la littérature actuelle est héritière de la littérature classique. De plus de nombreux auteurs sont aujourd'hui considéré comme des modèles incontournables que ce soit dans la culture générale ou en tant qu'écrivain, que ce soit Victor Hugo ou un autre, je pense que tout auteur qui se respecte ou du moins la majorité à une référence/ un modèle classique auquel il aspire ressembler un minimum. Le style d'un auteur n'est pas seulement déterminé par sa plume, mais également par les sujets qu'il aborde et la façon de procéder. Il s'agit pour moi d'une démarche.
Enfin il faut se souvenir que quoiqu'on en dise le style écrit d'un auteur et souvent assez similaire à la façon de parler de son époque. Or, le langage est en constante évolution, surtout le français, qui n'a pas cessé d'évolué et qui continue de le faire (qu'on aime ou pas, d'ailleurs). Il est possible qu'on ne retrouve pas dans un auteur contemporain la grâce de la plume d'Hugo ou d'un autre, toutefois il ne faut pas en dénigrer la qualité et prendre le style de l'auteur dans son contexte linguistique. Par exemple, j'ai adoré la plume de Christelle Dabos dans les fiancés de l'hiver, qui m'a captivé du début à la fin par sa fluidité, ses images...
Dernière modification par cheyennedeHMB le jeu. 01 déc., 2016 10:53 am, modifié 1 fois.
pwachevski

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Re: Débat : La littérature est-elle morte?

Message par pwachevski »

Je suis assez d'accord avec les commentaires qui m'ont précédé. Juste, je comprends pas pourquoi on veut en permanence enterrer des trucs, ou dire que c'était mieux avant. Je trouve ça réac' et contre-productif.

Par exemple, Victor Hugo, on est tous d'accord pour dire que c'est de la littérature ? Oui. Vous croyez vraiment qu'il n'était pas critiqué de son temps ? Sérieusement ? Il a même été condamné à l'exil pour ce qu'il a écrit !

Pour moi, on a juste aucun recule sur ce qui s'écrit aujourd'hui, on prend encore les choses trop à cœur, comme on prenait Hugo trop à cœur à son époque, pour ses positions politiques. Mais tant qu'on publiera des livres, indépendamment de leur contenu, on en publiera forcément des bons qui traverserons les âges.

Alors c'est sûr que si j'ai une vision des choses qui se limite aux têtes de gondoles et aux meilleures ventes, entre Levy et les fan-fictions érotiques sur les One Direction qui deviennent des bouquins, j'ai pas beaucoup d'espoir pour la suite. Mais si tu rentres dans le rayon tu trouvera toujours des auteurs plus nobles. Comme l'explique Cheyenne, c'est la base du commerce, tu mets en avant ce qui se vend le plus, pour pouvoir aussi mettre en rayon ce qui se vend moins.

Du coup, comme Lili, ma première réaction a surtout été de me dire quels sont les arguments de l'auteur sur la littérature jugée plus noble ? Même ça ne trouve grâce à ses yeux ? Et si oui pourquoi ?


Ensuite, même si c'est pas des livres que j'aime, je vais pas partir en croisade contre Levy et ses copains, et je n'en parle pas plus haut avec un esprit méprisant. Ça fait mettre le nez dans des livres à des millions de gens, et je trouve ça génial. Une partie d'une eux finira forcément à lire des livres moins détentes et plus artistiques.

Enfin, je pense aussi que la littérature artistique peut être populaire. "Populaire" c'est pas un gros mot !

Exemple, Haruki Murakami : c'est sans aucun doute l'auteur japonais qui se vend le mieux en France et à travers le monde. Et il est dans les favoris pour le Nobel depuis au moins 10 ans.

Cheyenne parlait plus tôt de Christelle Dabos, pour avoir lu ses livres il y a quelques mois, je me retrouve dans ce qu'elle dit. J'avais pas ressenti cet enthousiasme devant un livre jeunesse depuis Harry Potter. C'est jeunesse, c'est populaire, mais c'est pas une histoire qui suit un schéma tout fait, calibré pour plaire au plus grand nombre.

Pour finir, je vous rappelle quand même que le dernier Nobel a été donné à Bob Dylan. J'avoue, ma première réaction a été de me dire "c'est une blague ?!!". Mais je suis allée réécouter ses chansons, et finalement, oui, c'est définitivement un poète. Il y a une telle force dans ses textes, notamment quand il dénonce la guerre. Il a réussi à créer quelque chose d'intemporel, qui colle aux guerres de son époque, de notre époque, et du futur. Pour moi c'est définitivement de la littérature et de l'art.
Il n'empêche qu'il a un langage très oral et qu'il fait des fautes de grammaire à faire se retourner dans sa tombe Shakespeare.
Les évolutions de langue, vers quelque chose de moins soutenu font aussi partie de la littérature contemporaine, ça ne l'a rend pas méprisante pour autant.


fitz7 a écrit :Je me permet de compléter par une question plus personnelle qui reste dans ce topic: La littérature a-t-elle évolué au point où la "littérature ancienne" est-elle morte (celle qu'on nous fait découvrir au lycée)?
Par exemple, je ne sais pas si le style de certains auteurs contemporains pourrait se rapprocher du style d'auteurs du passé
Personnellement, je pense pas qu'une littérature en enterre une autre, mais c'est une évolution normale. Et il faut comparer seulement ce qui est comparable.

Pour moi le style, ce n'est pas comparable. Quand je lis un Zola, je me mets dans un certain contexte, qui est celui de son époque. Je sais que j'aurais du vocabulaire daté, par exemple. Mais je l'accepte, car c'est aussi ça qui me plongera dans son époque.
A l'inverse, je trouverais idiot qu'un auteur de 2016 écrive comme au XIXème (un moins que ce soit un livre historique sur cette époque). C'est de la malhonnêteté vis-à-vis de son époque, ça en nie ses particularismes, la façon de parler de sa population, etc... Et ça ne dresse donc pas un portrait fidèle.

Par contre, je pense que dans l'intention, et non pas dans le style, on peut trouver des similitudes auteurs classiques/contemporains. Dans la recherche artistique ou dans le message. Par exemple Balzac voulait faire une fresque sur son époque. En ce sens on a comparé à lui Garth Risk Hallberg et son livre City on Fire, qui est une fresque sur le New-York et l'Amérique des années 70. Je pense qu'on pourrait de la même façon le comparer à un Philip Roth, qui décrit tellement les choses sans fard qu'il peut parfois vraiment faire preuve de cynisme sur la situation de son pays.
Dernière modification par pwachevski le jeu. 01 déc., 2016 2:08 pm, modifié 1 fois.
spade

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Re: Débat : La littérature est-elle morte?

Message par spade »

Il existe un élitisme qui aime dénigrer ce qui se vend uniquement par principe.

Dans l'essai J.R.R. Tolkien Auteur du siècle de T.A. Shippey il cite un critique de la """"paralittérature""""" ou production commercial Darko Suvin:
Une discipline qui refuse de prendre en compte 90% (ou plus) de ce qui constitue son domaine me semble non seulement avoir de larges zones aveugles mais courir également de graves risques d'avoir une vision très faussée de la petite zone sur laquelle elle se concentre (la prétendue grande littérature.)
fitz7

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Re: Débat : La littérature est-elle morte?

Message par fitz7 »

Merci pour ces réponses!
NiennaOronra

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Re: Débat : La littérature est-elle morte?

Message par NiennaOronra »

Merci beaucoup d'avoir pris un peu de votre temps pour nous donner des réponses aussi développées. Je m'interroge sur ce sujet car étant en licence de lettres j’entends souvent mes professeurs ou mes collègues étudiants tenir ce genre de discours élitiste parfois de manière sous-entendue. j'avoue avoir une trop piètre connaissance de la littérature contemporaine pour pouvoir me positionner, je suis passé directement de lectures young adult à des classiques sur classiques et la transition n'a pas été facile du tout :roll: Aujourd'hui je suis totalement incapable de lire un livre mal écrit dès les premières pages ça me rebute complètement je me dit c'est quoi cette daube et je le jette au feu:lol: du coup j'ai conscience d'être peut être devenue un peu snob :roll: Je lis largement plus de classiques que de contemporains et j'ai du mal à appréhender la littérature d'aujourd'hui alors si vous avez des petites pépites à me conseiller pour me réconcilier avec le contemporain je suis preneuse ;)
Lili-Prune

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Re: Débat : La littérature est-elle morte?

Message par Lili-Prune »

pwachevski a écrit :Je suis assez d'accord avec les commentaires qui m'ont précédé. Juste, je comprends pas pourquoi on veut en permanence enterrer des trucs, ou dire que c'était mieux avant. Je trouve ça réac' et contre-productif.
Bah voilà, c'est pour ça que j'aurais bien aimé avoir l'argumentation de l'auteure, parce que dire que le passé était différent et ne reviendra pas... bah oui, c'est le propre du passé, ça n'a rien d'original ni intéressant de le remarquer.
Alors que si ça permet de soulever des remarques et réflexions pertinentes, là ça devient intéressant.
Hillja

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Re: Débat : La littérature est-elle morte?

Message par Hillja »

Regretter le passé a toujours été et sera toujours. Le changement fait peur et il fait peur à juste titre : améliorer quelque chose signifie ignorer autre chose ; gagner quelque chose implique de perdre autre chose ; apprendre quelque chose nécessite d'oublier autre chose ; et ainsi de suite. L'être humain a donc toutes les raisons de craindre le changement. En littérature, ce contrebalancement naturel des choses s'est perçu dès la naissance du livre de poche. Quantité a supplanté Qualité.
Avant les années 1930 (environ), puisqu'un livre coûtait cher, il était normal de proposer au lectorat des ouvrages travaillés, soignés et, par essence, de qualité (évidemment, il y a eu des succès moindres). Avec l'arrivée du livre de poche, il a été question de produire davantage, quitte à proposer des romans de peu d'intérêt littéraire. C'est la loi du marché. Avec la hausse de la demande, il a fallu changer du tout au tout les habitudes des maisons d'édition.
Pourtant, de très bons livres sont parus dans les années 50, 60, 70, 80... Bien sûr : les auteurs de ces décennies ont grandi avec les vestiges de la littérature classique ; largement influencés par les romans du XIXe siècle, ils ont emprunté le même chemin... en le jalonnant toutefois de trouvailles plus modernes (le nouveau roman, brr). Pour les générations suivantes, le travail d'écriture a été (et est) tout autre. Il faut vendre et non plus écrire. En cause, l'éducation et les mœurs changeantes. Société de consommation + train de vie stressant + niveau scolaire déplorable = non-littérature.
Ajoutez à cela le triste ascendant du cinéma sur le monde papier. Beaucoup d'écrivains aujourd'hui sont motivés par la possibilité qu'a leur travail d'être un jour adapté sur grand écran ; il est donc logique pour eux d'écrire pour un public visé, à savoir : les adolescents ou jeunes adultes écervelés, les ménagères déçues ou les hommes sanguinaires (je n'insulte personne en particulier : c'est un fait prouvé, nous avons le cerveau engourdi). Pas besoin donc de s'appliquer à produire un livre que je qualifierais d'universel. La littérature classique, par définition, s'adresse à tout le monde. Aujourd'hui, les romans se classent.
Je devrais sans doute écrire une conclusion optimiste à ce petit développement mais je fais partie des gens qui trouvent abominables la plupart des romans contemporains, truffés d'erreurs grammaticales, souvent inconséquents et incroyablement redondants. L'avantage premier du passé, c'est qu'on pouvait encore y créer quelque chose de novateur.
NiennaOronra

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Re: Débat : La littérature est-elle morte?

Message par NiennaOronra »

Je vais essayer de vous résumer la thèse de l'auteur et de vous donner les extraits qui me semblent les plus significatifs mais j'ai l'impression que le commentaire d'Hillja s'en rapproche beaucoup.

Pourquoi la littérature est-elle morte?

- la littérature se construit en fonction d'une opposition, elle est une rébellion, elle incarne une marginalité, une volonté de changement : "L'écrivain a besoin de ressentir une certaine résistance de la part de la Littérature, il a besoin de travailler contre quelque chose alors même qu'il se bat pour quelque chose. Mais contre quoi travailler quand il ne reste plus personne à qui s'opposer? Nous pourrions parler de la mondialisation, de l'incorporation de la planète toute entière dans le marché mondial, dont l'effet est d'affaiblir les formes culturelles et les littératures nationales du passé. Nous constatons l'ascension de l'individu à un niveau tel que l'idiosyncrasie elle-même devient un lieu commun, où le moi, l'âme, le cœur et l'esprit ne sont plus que du jargon démographique. Il n'y a guère de tradition contre laquelle lutter [...] Désormais, les écrivains travaillent de concert avec le capitalisme, plutôt qu'ils ne s'y opposent. Tu n'es rien si tu ne vends rien, si ton nom n'est pas connu, si tu n'attires pas les foules à tes séances de dédicaces. Nous pourrions aussi invoquer la banalité des démocraties libérales : en tolérant tout, en incorporant tout, notre système politique autorise tout. L'art se construisait jadis dans l'opposition, mais à présent il se consume dans la machine culturelle et le sérieux lui-même se trouve réduit à une sorte de kitsch pour les générations x,y et z. [...] la prose n'est plus qu'un produit parmi d'autres : agréable, remarquable, exquis, laborieux, respecté, mais toujours petit. Aucun poème ne fomentera de révolution, aucun roman ne défiera la réalité, plus maintenant"
L'Histoire se souvient des auteurs "classiques" parce qu'ils symbolisent des tournants dans l'évolution de la littérature, ils ont su innover, se démarquer. La plupart des réponses que j'ai reçu considèrent que louer le passé par opposition au présent revient à refuser le changement mais ce qui est reproché aux auteurs modernes c'est justement qu'ils ne cherchent pas à innover mais à vendre, ils ne font que ressortir les mêmes recettes, des recettes qui ont fait leur preuves et qui se vendent.

- La littérature n'est plus prise au sérieux : La pièce de Molière Tartuffe a été censurée à trois reprises et il l'a modifié version après version, les auteurs des Lumières ont eu une porté sur toute l'Europe et ont permis d'ouvrir les consciences, Victor Hugo s'est exilé, Flaubert et Baudelaire on été traîné en procès pour leurs œuvres controversées, le poème "Liberté" d'Éluard a été parachuté sur le sol français pendant l'occupation allemande. " Sans la littérature, nous perdons et la Tragédie et la Révolution. Or ce sont les deux dernières modalités valables de l'Espoir. Et quand la Tragédie disparaît nous sombrons dans la morosité, une vie dont l'infinie tristesse est d'être moins que tragique. Nous avons soif de tragédie, mais où pouvons nous la trouver lorsqu'elle a cédé la place à la farce? La honte et le mépris sont désormais les seules réponses aux manifestes littéraires."
La littérature n'est plus qu'un divertissement, de belles histoires certainement mais l'art n'y est plus, le style n'y est plus, elle a perdu toute sa puissance, toute son implication. Elle ne vit plus contre le système mais va dans son sens, son existence est devenu indissociable du capitalisme et de la société de consommation. Les écrivains dit "classiques" n'avaient d'autres finalités que celle de l'art, de l'idéal, de l'absolu, de la justice, ils portaient des valeurs autres que celles de l'argent et du loisir.

Les mots entre guillemets sont des extraits du texte de Lars Iyer
pwachevski

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Re: Débat : La littérature est-elle morte?

Message par pwachevski »

Merci de ta réponse ! Et désolée de ma non-réponse rapide, j'ai "loupé" ton message sur la page d'accueil et je viens seulement de remarquer que tu avais répondu ^^'

Pour le reste, je ne suis pas d'accord avec cet auteur. C'est une belle réflexion, avec de l'argumentaire, rien à redire sur ce point. Mais une réflexion biaisée. Comme je le dis dans mon premier message le monde du livre est grand, les livres sont variés. J'ajoute que le monde tout court est grand, et donc entendre des réflexions sur la démocratie libérale comme si c'était un modèle unanimement admis et qu'il n'y a plus de traditions contre lesquelles il faut se battre me fait un peu beaucoup sursauter.

Enfin voila, lisez un peu la presse. Quand on voit des procès pour homosexualité avec aveux obtenues par la torture au Maroc, quand on voit des "coupures" gouvernementales d'Internet en Algérie, quand on voit des lois "légitimant les agressions sexuelles sur mineur si l'agresseur épouse sa victime" en Turquie, quand on voit le possible retour de la peine de mort dans plein de pays, quand on voit l'excision en Afrique, quand on voit la Russie, quand on voit la Chine, quand on voit la Corée du Nord, quand on voit les colonies d'Israël en Cisjordanie, quand on voit l'extrême droite eu Autriche, et nous voilons pas la face : quand on voit un état d'urgence visiblement devenu permanent et l'usage compulsif du "49.3" en France, elle est où la démocratie libérale ? On a des retours sur des droits qu'on pensait acquis partout dans le monde. Désolée de devoir vous balancer ça à la tronche si vous n'en aviez pas conscience (ce qui n'est pas honteux, ça fait malheureusement pas les gros titres des journaux, on est d'accord) mais il faut bien que quelqu'un vous le dise

Maintenant, allez dire, par exemple, à la poétesse syrienne Maram al-Masri, qui se bat pour faire entendre la poésie de son pays malgré ce qui s'y passe, que la chose qui l'intéresse c'est de vendre le plus de bouquins possible, qu'elle marche dans le sens de son système politique et qu'elle ne défie pas la réalité. Allez lui dire qu'on rigole un peu.
J'aurais pu cité Adonis aussi, dont la démarche est assez similaire, les positions franchement anti-religieuses le rendant clivant en plus.

"Nous pourrions aussi invoquer la banalité des démocraties libérales : en tolérant tout, en incorporant tout, notre système politique autorise tout."
Cette phrase à elle seule pourrait me faire pisser de rire. C'est l'argument typique de la personne qui n'a jamais fait de droit de sa vie et qui ne sait pas du tout de quoi il parle. Non la liberté n'est pas et n'a JAMAIS été "le droit de faire tout ce qu'on veut". Toutes les libertés ont des limites, ne serait-ce que pour permettre la réalisation d'autres libertés. TOUS LES JOURS des juges doivent faire des arbitrages pour décider s'ils veulent donner plus d'importance à la liberté A ou à la liberté B. Et le fait de se faire censurer ne fait pas mécaniquement de vous un grand artiste, ou alors Dieudonné est le plus grand auteur français de notre temps "lol".


Pour moi, l'auteur a une vision des choses focalisée sur une poignée largement minoritaire des pays du monde dont il fait sans aucun doute partie (je ne connais pas sa nationalité, mais ça m’étonnerait qu'il vive en Arabie Saoudite ce brave gars...). Son argumentation ne tient que dans ces pays. Et encore. Comme je l'ai dis plus haut, même dans des pays comme la France, on ne fait pas toujours preuve d'exemplarité.


Et sur un autre sujet, l'argument cinéma de Hillja, je suis partagée. Je suis d'accord que c'est mauvais de penser à l'adaptation cinéma dès l'écriture du livre. Un roman et un scénario de film sont bien deux choses totalement différentes. Mais après, le cinéma, c'est comme la littérature. Oui il y a le dernier Hunger Games qui fera des millions d'entrées. Mais il y a aussi les perles qui passent dans la salle d'art et d'essai à coté de chez moi, qui n'intéresseront personne mais qui me toucherons toujours plus que les gros blockbusters. L'offre de choix reste malgré tout large, à chacun de se trouver un équilibre entre tout ça, je pense.

Je lis largement plus de classiques que de contemporains et j'ai du mal à appréhender la littérature d'aujourd'hui alors si vous avez des petites pépites à me conseiller pour me réconcilier avec le contemporain je suis preneuse ;)
Je veux bien essayer de te conseiller, mais je ne sais pas tout à fait ce que tu recherches. Enfin, quels thèmes traités pourraient t'intéresser ou non, donc je n'ai pas de titre précis à te donner.

Mais je pense que les différents auteurs que j'ai cités dans mes messages peuvent être un début. Sinon, je te conseillerais surtout de fouiller les rayons des librairies, pas de te contenter des meilleurs ventes. De voir en priorité ce que propose des petites maisons d'édition, qui ont une vision bien moins commerciale des choses que les grandes. Ou alors, des gammes particulières de grands éditeurs, comme la collection blanche de Gallimard. De voir aussi le rayon littérature étrangère, car comme je l'explique juste au dessus, si tu cherches de la littérature engagée, vu la situation actuelle du monde, c'est probablement ici que tu vas la trouver, pas chez Marc Levy :mrgreen:

Fait confiance au bouches-à-oreilles, qui est d'autant plus facile du fait que tu sois inscrite sur ce site. Regarde les bibliothèques des gens, note ce qui t'interpelle, va lire ce qu'ils en ont pensé dans leur commentaire. Si tu te retrouves dans leurs arguments, le livre a des chances de te plaire. La plupart des gens sont ouverts, tu peux aussi directement demander à quelqu'un ce qu'il a pensé de tel ou tel livre, il y a de grande chance qu'il te réponde.

Au contraire, je te déconseille d'acheter, par exemple, un livre qui a eu le Goncourt, uniquement parce qu'il a eu ce prix. A mon sens c'est loin d'être un gage de qualité, il faut avant tout que tu 'sentes' que le livre pourrait t'intéresser.

Après, ce n'est pas une science exacte ! C'est sûr que même comme ça tu auras des ratés, des livres qui ne vont pas du tout te plaire. Mais ça doit pas te décourager, c'est normal. Globalement, je pense que ce genre de livres est quand même bien plus susceptible de te plaire que les meilleures ventes calibrées pour plaire au plus grand nombre et finalement à personne. Au fur et à mesure tu auras ton propre "carnet d'adresses", ta propre liste d'auteurs qui ont ta confiance, que tu sais qu'ils ne te décevront jamais totalement, et le choix de livre deviendra plus facile.
NiennaOronra

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Re: Débat : La littérature est-elle morte?

Message par NiennaOronra »

Merci beaucoup pour ta réponse pwachevski !
Je crois que l'auteur est anglais et effectivement il a une argumentation assez «démago universitaire»
J'avoue que je pensais surtout à la littérature occidentale mais je vais jeter un coup d'oeil aux auteurs auquels tu fais référence ça m'as l'air très intéressant et ils ont souvent tendance à passer à la trappe.
IsaR

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Re: Débat : La littérature est-elle morte?

Message par IsaR »

Il y a deux idées qui me font réagir dans cette thèse de la "littérature morte".
D'une part le présupposé qu'un auteur ne devrait se préoccuper que de la beauté de son texte en ignorant tout le reste (théorie dite de "l'art pour l'art"), donc ne pas chercher à plaire au public, à vendre ses œuvres etc. Je respecte et lis même parfois les œuvres de ces théoriciens (Gautier, Heredia...) n'empêche que leur succès est plutôt confidentiel. Si on n'écrit pas pour autrui, mais juste "pour l'art", autant écrire dans son journal intime et ne pas se faire publier. Par définition, à partir du moment où on confie son œuvre à un éditeur, c'est pour qu'elle rencontre des lecteurs.
Ensuite, l'idée qu'il y a une "grande" littérature et une "petite", généralement méprisée et qualifiée de "roman de gare", "sous-littérature", "littérature populaire", voire "jeunesse". d'ailleurs. Des auteurs encensés comme des génies à une époque sont complètement passés de mode (qui lit encore Maurice Barrès? Maurice Genevoix? Roger Martin du Gard?) D'autres méprisés en France sont mondialement célèbres : Alexandre Dumas, auteur français le plus lu dans le monde selon certains sondages, est qualifié de "feuilletonniste" ou d'"amuseur" à son époque , aujourd'hui encore très peu étudié dans les écoles ; le Seigneur des Anneaux souvent nommé "meilleur roman du XX° siècle" est classé en section "divertissement" (et non "littérature anglaise") dans la bibliothèque municipale de ma ville !
Cet élitisme bien français est aussi valable pour les autres arts, par exemple en peinture, fin XIX°, le public boudait les "impressionnistes" (le terme était péjoratif) et le plus célèbre peintre était un certain Gérôme.
Pardon pour cette approche très historique (c'est mon domaine!) mais je crois qu'elle nous donne une leçon à retenir : les critiques peuvent bien mépriser / encenser certaines œuvres pendant un temps, mais avec le recul du temps, et aussi le jugement international, la qualité des véritables chefs-d'oeuvres finit toujours par apparaître.
spade

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Re: Débat : La littérature est-elle morte?

Message par spade »

Hillja a écrit :Regretter le passé a toujours été et sera toujours. Le changement fait peur et il fait peur à juste titre : améliorer quelque chose signifie ignorer autre chose ; gagner quelque chose implique de perdre autre chose ; apprendre quelque chose nécessite d'oublier autre chose ; et ainsi de suite. L'être humain a donc toutes les raisons de craindre le changement. En littérature, ce contrebalancement naturel des choses s'est perçu dès la naissance du livre de poche. Quantité a supplanté Qualité.
Avant les années 1930 (environ), puisqu'un livre coûtait cher, il était normal de proposer au lectorat des ouvrages travaillés, soignés et, par essence, de qualité (évidemment, il y a eu des succès moindres). Avec l'arrivée du livre de poche, il a été question de produire davantage, quitte à proposer des romans de peu d'intérêt littéraire. C'est la loi du marché. Avec la hausse de la demande, il a fallu changer du tout au tout les habitudes des maisons d'édition.
Pourtant, de très bons livres sont parus dans les années 50, 60, 70, 80... Bien sûr : les auteurs de ces décennies ont grandi avec les vestiges de la littérature classique ; largement influencés par les romans du XIXe siècle, ils ont emprunté le même chemin... en le jalonnant toutefois de trouvailles plus modernes (le nouveau roman, brr). Pour les générations suivantes, le travail d'écriture a été (et est) tout autre. Il faut vendre et non plus écrire. En cause, l'éducation et les mœurs changeantes. Société de consommation + train de vie stressant + niveau scolaire déplorable = non-littérature.
Ajoutez à cela le triste ascendant du cinéma sur le monde papier. Beaucoup d'écrivains aujourd'hui sont motivés par la possibilité qu'a leur travail d'être un jour adapté sur grand écran ; il est donc logique pour eux d'écrire pour un public visé, à savoir : les adolescents ou jeunes adultes écervelés, les ménagères déçues ou les hommes sanguinaires (je n'insulte personne en particulier : c'est un fait prouvé, nous avons le cerveau engourdi). Pas besoin donc de s'appliquer à produire un livre que je qualifierais d'universel. La littérature classique, par définition, s'adresse à tout le monde. Aujourd'hui, les romans se classent.
Je devrais sans doute écrire une conclusion optimiste à ce petit développement mais je fais partie des gens qui trouvent abominables la plupart des romans contemporains, truffés d'erreurs grammaticales, souvent inconséquents et incroyablement redondants. L'avantage premier du passé, c'est qu'on pouvait encore y créer quelque chose de novateur.
Alors ce n'est pas exacte au Royaume-Unis il existait le Penny Dreadful des petites histoires publié chaque semaine qui date du 19ème les histoires ont la réputation d'être plutôt médiocre. De plus des magazines publiés des histoires épisodiques où des nouvelles telle que Sherlock Holmes.

L'avantage de la littérature dite classique c'est l'oublie on a oublié les œuvres mauvaises on a oublié aussi qu'à l'époque les contemporains de l'époque décrié le romantisme.

La non-littérature est un terme vraiment snobe et franchement pas très pertinent en vue de la diversité des livres publiaient. ;)

Le cinéma n'a rien d'horrible il existe même des œuvres trans-média et ce n'est pas pour autant que ça veut dire que c'est de mauvaise qualité.
les adolescents ou jeunes adultes écervelés, les ménagères déçues ou les hommes sanguinaires
Cette remarque est vraiment blessante pour te personne qui lisent la littérature que tu ne considère pas noble.
Une discipline qui refuse de prendre en compte 90% (ou plus) de ce qui constitue son domaine me semble non seulement avoir de larges zones aveugles mais courir également de graves risques d'avoir une vision très faussée de la petite zone sur laquelle elle se concentre (la prétendue grande littérature.)
Citation que l'on retrouver dans le livre de T.A. Shippey.
T.A. Shippey a occupé une chaire à l'université de Leeds et a été professeur à l'université d'Oxford. ;)
NiennaOronra

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Re: Débat : La littérature est-elle morte?

Message par NiennaOronra »

Bien sûr que dans chaque époque il y avait des oeuvres mediocres mais en règle général les auteurs apportaient beaucoup plus d'importance à la forme, à leur style qu'aujourd'hui. Et surtout on ne publiait pas tout, et tout le monde n'avait pas la.possibilité d'écrire. Ok je trouve ça absolument genial que tout le monde puisse accéder à la littérature et puisse publier mais entre un auteur qui travaille réellement son texte et un auteur qui écrit un peu comme ça lui vient il y a quand même une énorme différence!!! Pour moi il y a bien deux types de littératures differentes : une littérature de divertissement et une littérature qu'on peut qualifier d'artistique.

L'art pour l'art c'est comme écrire dans un journal intime?!!!?!? Donc pour toi la peinture, la sculture, la musique, le cinema d'auteurs tout ça ça devrait rester dans les greniers? Parce que pour moi la littérature est un art au même titre que la peinture, que la gravure et tout ce que tu peux imaginer. Bien-sûr que l'art s'adresse à un public, les possibilités du langage sont infinies, les sonorités en elles mêmes signifient quelque chose, une émotion, une sensation, une musique.
Les romantiques et les impressionnistes ont révolutionné leurs arts ils ont incarné des changements fondamentaux c'est pour ça qu'ils ont été controversé, ils etaient en avance sur la mentalité de leur époque si tu préfères.

L'art ne dépend pas juste d'un goût, de modes ou de tendances, lorsqu'un tableau, une statue ou un poème est beau c'est pour l'éternité, l'art n'est pas éphémère, les gribouillis de Musso si :P
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Re: Débat : La littérature est-elle morte?

Message par Hillja »

spade a écrit :Alors ce n'est pas exacte au Royaume-Unis il existait le Penny Dreadful des petites histoires publié chaque semaine qui date du 19ème les histoires ont la réputation d'être plutôt médiocre. De plus des magazines publiés des histoires épisodiques où des nouvelles telle que Sherlock Holmes.
Ce n'étaient donc pas des romans mais bel et bien les balbutiements de la vulgarisation du papier. J'ai pris le livre de poche comme repère temporel parce que les conséquences de sa naissance me semblaient être les plus marquantes. Mais bien avant lui, il y avait déjà — et heureusement — des romans plus légers que les classiques qui nous viennent en tête.
pwachevski a écrit :Et sur un autre sujet, l'argument cinéma de Hillja, je suis partagée. Je suis d'accord que c'est mauvais de penser à l'adaptation cinéma dès l'écriture du livre. Un roman et un scénario de film sont bien deux choses totalement différentes. Mais après, le cinéma, c'est comme la littérature. Oui il y a le dernier Hunger Games qui fera des millions d'entrées. Mais il y a aussi les perles qui passent dans la salle d'art et d'essai à coté de chez moi, qui n'intéresseront personne mais qui me toucherons toujours plus que les gros blockbusters. L'offre de choix reste malgré tout large, à chacun de se trouver un équilibre entre tout ça, je pense.
spade a écrit :Le cinéma n'a rien d'horrible il existe même des œuvres trans-média et ce n'est pas pour autant que ça veut dire que c'est de mauvaise qualité.
Je suis bien d'accord : longs-métrages de qualité et blockbusters se côtoient sans embarras au cinéma et plaisent à leur public (et je me déplace bien plus souvent pour les seconds). Pour spade : jamais je n'ai écrit que le septième art était « horrible » ; ce qui me dérange, ce sont ces écrivains qui produisent des livres uniquement dans l'optique de les faire adapter sur grand écran par la suite. Il y en a beaucoup malheureusement. Concrètement, cela signifie pour eux écrire pour séduire sans froisser personne. On est bien loin de ces auteurs qui écrivaient pour dénoncer ou témoigner, par exemple.
spade a écrit :
les adolescents ou jeunes adultes écervelés, les ménagères déçues ou les hommes sanguinaires
Cette remarque est vraiment blessante pour te personne qui lisent la littérature que tu ne considère pas noble.
C'est pour cela que j'ai ajouté — entre parenthèses : je n'insulte personne en particulier. Ce sont des labels qui nous ont été imposés par la société, je n'invente rien, je m'amuse seulement avec les termes. Si je devais me ranger dans une de ces boîtes étiquetées, je serais certainement coincée entre FOUS D'AVENTURE et VIEILLES FILLES À CHATS. Le but n'est pas de vexer mais de permettre de diffuser correctement les romans d'aujourd'hui. Il serait idiot de faire la promotion d'un roman érotique auprès des enfants, comme il serait idiot de cibler les demoiselles sensibles pour un livre d'horreur. C'est ce que je cherchais à démontrer : rares sont les bouquins de notre époque qui se veulent accessibles à tous les types de lectorats ; à l'inverse, il me semblait que tout le monde pouvait apprécier un roman de littérature dite classique — qu'elle soit « noble » ou non (et quoi que cela veuille dire).
NiennaOronra a écrit :Pour moi il y a bien deux types de littératures differentes : une littérature de divertissement et une littérature qu'on peut qualifier d'artistique.
Je suis plutôt du même avis. Plutôt parce que artistique est un terme que je n'aime pas vraiment : il ne semble pas englober la littérature engagée. En tout cas, gros oui pour la littérature de divertissement !

Enfin, l'idée de « littérature [qui] n'est plus prise au sérieux » (pour reprendre une nouvelle fois les mots de NiennaOronra), dans le sens où elle n'a plus autant d'influence qu'aux siècles précédents, me paraît couler de source. De son piédestal d'antan, le livre est tombé dans les rayons virtuels de librairies virtuelles. Les prix littéraires se multiplient, tout comme les jurys d'amateurs ; personne ne sait plus énumérer les membres de l'Académie française parce que cette institution n'inspire plus ; d'ailleurs, même la langue française pourtant si riche ne convainc plus les enfants. Écrire est devenu un passe-temps des plus communs et, malgré les jugements encore sévères des maisons d'édition, éditer un livre se fait en un claquement de doigts. Alors, dans une société où pullulent des livres littéralement faits maison ayant effrontément échappé au tamis de l'édition classique et où glaner des avis positifs importe plus que de recevoir des critiques impitoyables, la littérature est, sinon morte, tout du moins en voie de disparition.
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Re: Débat : La littérature est-elle morte?

Message par Irwalia »

Je ne suis globalement pas d'accord avec les extraits de cet essai mis en avant.

Tout d'abord, on part du présupposé que la littérature se construit en fonction d'une opposition. Ça revient donc à dire que la fonction engagée prédomine sur toutes les autres fonctions que la littérature peut revêtir (esthétique, poétique, lyrique, divertissante, didactique etc.). La littérature n'est en outre absolument pas obligée d'être marginale. Tout au long de l'histoire, des auteurs "classiques" sont allés dans le sens de leur société, ce n'est pas pour autant que la littérature est morte.

Ensuite, cela part d'un second présupposé : qu'il n'y aurait plus personne pour protester. Si la littérature est morte parce qu'elle ne s'oppose plus, qu'elle n'exprime plus une volonté de changement, c'est bien parce qu'il n'y a personne pour écrire ces romans "de rébellion", n'est-ce pas ? Or, c'est faux. Ils ne sont pas forcément mis en avant dans les rayons mais cela ne veut pas dire que la littérature engagée est morte. De plus, dans les pays non-démocratiques, la censure est toujours présente. Leur visibilité est donc largement limité. Alors certes, le cinéma peut faire concurrence à la littérature de ce point de vue là : mais est-ce un réel problème si le but principal est de faire passer un message ? Ne devrait-on pas se réjouir de la visibilité cinématographique dans ce cas là ? Il n'empêche que la littérature reste encore et toujours un moyen de transmettre et partager ses idées. L'auteur le fait elle-même.

En revanche, elle soulève peut-être un questionnement intéressant lorsqu'elle dit "prose n'est plus qu'un produit parmi d'autres : agréable, remarquable, exquis, laborieux, respecté, mais toujours petit". On peut se demander d'une part l'impact que la littérature a maintenant dans une société occidentale comme aujourd'hui et d'autre part le fait que le livre devient non plus un objet d'art mais un produit de consommation comme on achèterait n'importe quel autre objet, sans plus aucune considération artistique. C'est à nuancer, bien sûr, mais je pense qu'il y a une part de vérité là-dedans. Nos systèmes capitalistes, où tout devient consommable, favorisent cet effet-là. Avant, le marketing n'existait pas de la même manière qu'aujourd'hui alors forcément, il n'y avait pas toutes ses "séances de dédicaces", avec toute la portée commerciale que cela implique et que l'auteur mentionne. "Ressortir les mêmes recettes", n'être qu'un divertissement" m’apparaît comme une tare commune à plusieurs types d'art : la musique, le cinéma et pas seulement la littérature... mais c'est oublié que sous cet effet commercial, il y a des livres plus engagés, dont certains auteurs s'emparent du côté médiatique comme une force.
Hillja a écrit :
NiennaOronra a écrit :Pour moi il y a bien deux types de littératures differentes : une littérature de divertissement et une littérature qu'on peut qualifier d'artistique.
Je suis plutôt du même avis. Plutôt parce que artistique est un terme que je n'aime pas vraiment : il ne semble pas englober la littérature engagée. En tout cas, gros oui pour la littérature de divertissement !
Une lecture de divertissement ne pourrait donc pas être artistique ou même engagée ? Je trouve que c'est mettre les livres dans des cases trop facilement. Je ne renie pas l'idée qu'il y a effectivement "une littérature du divertissement" mais celle-ci peut contenir des bribes d'engagement et n'est pas à mépriser pour autant si ce n'est pas le cas.
Hillja a écrit : dans le sens où elle n'a plus autant d'influence qu'aux siècles précédents, me paraît couler de source. De son piédestal d'antan, le livre est tombé dans les rayons virtuels de librairies virtuelles. Les prix littéraires se multiplient, tout comme les jurys d'amateurs ; personne ne sait plus énumérer les membres de l'Académie française parce que cette institution n'inspire plus ; d'ailleurs, même la langue française pourtant si riche ne convainc plus les enfants. Écrire est devenu un passe-temps des plus communs et, malgré les jugements encore sévères des maisons d'édition, éditer un livre se fait en un claquement de doigts. Alors, dans une société où pullulent des livres littéralement faits maison ayant effrontément échappé au tamis de l'édition classique et où glaner des avis positifs importe plus que de recevoir des critiques impitoyables, la littérature est, sinon morte, tout du moins en voie de disparition.
Je suis assez d'accord sur l'idée qu'elle n'a plus la même influence : lire peut constituer un plus gros effort, à côté du cinéma ou de la musique par exemple. Par contre, je ne comprends pas trop ce que tu veux dire en disant qu'elle est tombée "dans les rayons virtuels", comme si c'était un mal. La littérature s'adapte à nos sociétés hyper-connectées, en cela et seulement cela, ce n'est pas nécessairement une mauvaise chose. De même qu'en affirmant que la langue française "ne convainc plus les enfants" m'interpelle : sur quoi te bases-tu ? Puis, écrire a toujours été un passe-temps. Certes, elle peut avoir d'autres fonctions (ex : "l'écrivain éclairé" qui doit guider ses lecteurs) mais elle peut être simplement une passion, au même titre que peindre peut l'être. On ne va pas pour autant crier que l'art pictural est mort. Et surtout, à t'entendre, les critiques impitoyables comptent plus que les avis positifs. Je trouve cette position étrange. Un esprit critique est certes nécessaire mais "être impitoyable", l'est moins. En outre, les maisons d'éditions sont-elles vraiment les plus amènes à déterminer la valeur d'une oeuvre ? Je rappelle que le but d'une maison d'édition, c'est de faire des bénéfices donc juger ce qui est susceptible de plaire. Ce qui plaît est-il toujours un signe de qualité ? D'ailleurs, non, ce n'est pas si facile de se faire publier, comme tu le décris, car tout ne plait pas. S'autopublier, en revanche, oui. Mais encore une fois, est-ce un mal ? L’auto-publication est-il un signe de baisse de qualité, de liberté artistique ou d'encouragement à la créativité ? Peut-être des trois.

En tout cas, pour moi, la littérature n'est ni morte ni en voie de disparition. Mais elle doit faire face à de nouveaux enjeux, comme son poids d'influence qui s'affaiblit et les pressions liées au commerce et à notre société, dans cette logique de productivité et de consommation.
Dernière modification par Irwalia le lun. 05 déc., 2016 9:58 pm, modifié 1 fois.
NiennaOronra

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Re: Débat : La littérature est-elle morte?

Message par NiennaOronra »

La littérature engagée n'est pas à mépriser bien sûr, elle est même tout à fait honorable mais elle n'implique pas nécessairement une quête esthétique. Quand je parle d'une littérature qui se construit par opposition je ne pense pas uniquement à une opposition politique, social, judiciaire,... mais aussi à une opposition artistique. Tout comme l'Histoire la littérature s'est construite sur une évolution basée sur le dialogisme : romantisme, réalisme, symbolisme, surréalisme, nouveau roman,...
La littérature «artistique» (ce mot sonne bizarre on est d'accord :P , très pleonasmique tout ça) est celle qui est morte à mon sens
Irwalia

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Re: Débat : La littérature est-elle morte?

Message par Irwalia »

Je n'avais pas vu "cette construction par opposition" dans ce sens-là. Du coup, je comprends mieux ce que l'auteur a voulu dire car oui en effet, on peut remarquer une succession de rupture entre courants littéraires, avec notamment l'exemple du classicisme au romantisme. Mais justement, on considère désormais que l'art est "libéré" de ces contraintes. Est-ce que en ce sens-là, la littérature est-elle morte pour autant ? J'en doute. Au contraire, la littérature peut prendre la forme qu'elle veut, sans devoir suivre un code lié à l'époque. La littérature contemporaine demeure toujours autant artistique. Peut-être que d'autres mouvements littéraires viendront par ailleurs...
Hillja

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Re: Débat : La littérature est-elle morte?

Message par Hillja »

OnlyLola a écrit :Une lecture de divertissement ne pourrait donc pas être artistique ou même engagée ? Je trouve que c'est mettre les livres dans des cases trop facilement. Je ne renie pas l'idée qu'il y a effectivement "une littérature du divertissement" mais celle-ci peut contenir des bribes d'engagement et n'est pas à mépriser pour autant si ce n'est pas le cas.
C'est le problème de la caractérisation : il n'y aura jamais consensus. Évidemment, le divertissement ne s'oppose ni à l'art, ni à la critique ; cependant, il faut parfois oser étiqueter les choses telles qu'elles sont dans leur ensemble plutôt que de chercher absolument à applaudir une figure de style ici placée involontairement ou à relever toutes les miettes d'une possible réflexion ou pensée... Car en y réfléchissant bien, tout livre a forcément un style et un thème qu'il est possible de développer, décortiquer, débattre — mais c'est alors le fait du lecteur, non pas de l'auteur. (Et il n'est pas question de mépriser quoi que ce soit.)
OnlyLola a écrit :[...] je ne comprends pas trop ce que tu veux dire en disant qu'elle est tombée "dans les rayons virtuels", comme si c'était un mal. La littérature s'adapte à nos sociétés hyper-connectées, en cela et seulement cela, ce n'est pas nécessairement une mauvaise chose.
Je me suis mal exprimée. Le livre était autrefois un objet de collection, précieux, si bien que le posséder était gratifiant. Aujourd'hui, en France, il a soit été dépouillé de sa couverture dure, soit été « transformé » en une chose non tangible. Il a perdu de sa splendeur. Selon moi, cela participe de façon non négligeable à la baisse de qualité du texte.
OnlyLola a écrit :De même qu'en affirmant que la langue française "ne convainc plus les enfants" m'interpelle : sur quoi te bases-tu ?
Sur le niveau scolaire des élèves, collégiens, lycéens et étudiants ; ainsi que sur leur vocabulaire très médiocre et leur incapacité à former des phrases correctes. Ouvrir un dictionnaire, ce n'est même plus envisageable. Apprendre de nouveaux mots, pour quoi faire ? Pour écrire un bon livre, il faut déjà maîtriser la langue, c'est-à-dire connaître le sens des mots (je ne pensais pas écrire ceci un jour mais... non, les fautes d'orthographe ne sont pas les pires ennemies de l'écrivain).
OnlyLola a écrit :Puis, écrire a toujours été un passe-temps. Certes, elle peut avoir d'autres fonctions (ex : "l'écrivain éclairé" qui doit guider ses lecteurs) mais elle peut être simplement une passion, au même titre que peindre peut l'être. On ne va pas pour autant crier que l'art pictural est mort.
Ce n'est pas l'idée de passe-temps en soi que je souligne, mais de « passe-temps des plus communs » (auto-citation haha). Ceux qui écrivaient jadis étaient ceux qui en avaient le temps, donc les moyens, donc une éducation poussée. Aujourd'hui, tout le monde se considère écrivain. Dès le moment où garçons et filles griffonnent pour la première fois dans leur journal intime, ou qu'ils publient leur premier poème dans le journal de l'école, ou qu'ils rédigent leur première écriture d'invention, bam ! ils se croient écrivains. Or, l'écriture est un don, comme l'est le dessin. Apprendre à dessiner (et donc à écrire bien) est certes possible, mais il y aura toujours un gouffre immense entre l'inné et l'acquis (et je répète : les jeunes ne veulent plus apprendre à écrire — cf. ci-dessus).
OnlyLola a écrit :Et surtout, à t'entendre, les critiques impitoyables comptent plus que les avis positifs. Je trouve cette position étrange. Un esprit critique est certes nécessaire mais "être impitoyable", l'est moins.
Je sous-entendais (maladroitement) que critiquer honnêtement une œuvre, sans céder à la pitié (d'où impitoyable), n'est quasiment plus d'actualité. Entre les avis biaisés de connaissances ou d'amis et ceux mielleux de ces gens qui refusent de froisser quiconque... Et prenons Internet tout simplement : il permet d'effacer les avis négatifs sans aucune remise en question. La critique littéraire comme elle a pu exister auparavant a presque disparu. Or, critique et littérature vont de pair.
OnlyLola a écrit :En outre, les maisons d'éditions sont-elles vraiment les plus amènes à déterminer la valeur d'une oeuvre ? Je rappelle que le but d'une maison d'édition, c'est de faire des bénéfices donc juger ce qui est susceptible de plaire.
Je ne peux qu'acquiescer — j'ai parlé de « loi du marché » et de « société de consommation » dans un message précédent. Cependant, et pour faire le lien avec ce qui va suivre, les maisons d'édition ont une meilleure grille de notation et un meilleur discernement que celui qui s'auto-publie et craint d'avoir son ego piétiné.
OnlyLola a écrit :D'ailleurs, non, ce n'est pas si facile de se faire publier, comme tu le décris, car tout ne plait pas. S'autopublier, en revanche, oui. Mais encore une fois, est-ce un mal ? L’auto-publication est-il un signe de baisse de qualité, de liberté artistique ou d'encouragement à la créativité ? Peut-être des trois.
Avec mon « éditer un livre se fait en un claquement de doigts », j'insinuais justement que le recours à l'autopublication se développe grandement (bon sang, je dois m'exprimer fort mal — je ferais un mauvais écrivain, zut !). Ce n'est pas un mal, non, mais est-ce un bien pour autant ? Je ne suis probablement pas la plus à même d'en juger mais de tous les livres électroniques auto-publiés passés entre mes mains, aucun ne valait la peine d'être lu et tous pâtissaient d'une écriture soit indigeste, soit typique d'un inventaire de magasinier. Et au risque de vexer quelques individus, en général, un écrivain de talent sait qu'il l'est et qu'il finira tôt ou tard par se faire publier « normalement ».
NiennaOronra a écrit :La littérature engagée n'est pas à mépriser bien sûr, elle est même tout à fait honorable mais elle n'implique pas nécessairement une quête esthétique. Quand je parle d'une littérature qui se construit par opposition je ne pense pas uniquement à une opposition politique, social, judiciaire,... mais aussi à une opposition artistique. Tout comme l'Histoire la littérature s'est construite sur une évolution basée sur le dialogisme : romantisme, réalisme, symbolisme, surréalisme, nouveau roman,...
La littérature «artistique» (ce mot sonne bizarre on est d'accord :P , très pleonasmique tout ça) est celle qui est morte à mon sens
C'est la grande question : y aura-t-il un nouveau mouvement littéraire en ce début de XXIe siècle ? Quoi qu'il en soit, cette réflexion sur la mort de la littérature « artistique » (nous finirons par nous habituer !) est troublante ; jusque-là, je n'y avais jamais pensé directement.
pwachevski

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Re: Débat : La littérature est-elle morte?

Message par pwachevski »

Il est tard et j'ai pas le temps de faire une réponse vraiment complète, sur tout ce qui a été évoqué, bien qu'il se soit dit des choses très intéressantes. Mais j'aimerais juste revenir sur un point soulevé par Hillja, qui m'a personnellement interpellé :
C'est ce que je cherchais à démontrer : rares sont les bouquins de notre époque qui se veulent accessibles à tous les types de lectorats ; à l'inverse, il me semblait que tout le monde pouvait apprécier un roman de littérature dite classique — qu'elle soit « noble » ou non (et quoi que cela veuille dire).
Mais les distinctions types "Young Adult", sont-elles vraiment justifiées au vu du contenu du livre, ou sont-elles juste des clivages créés de toute pièce par les éditeurs ? Je penche clairement vers la seconde solution.

Personnellement, je suis passée de la bibliothèque rose aux livres que je piquais à ma mère. Elle lit pas de la grande littérature classique, ni des livres de merd... De Marc Levy :mrgreen: mais juste des livres du rayon "littérature générale". Et donc dès l'age de 11-12 ans j'ai lu des livres de littérature générale. J'ai jamais eu la phase "romans pour ado/jeunesse/appelez ça comme vous voulez", et je m'en porte pas plus mal. Les fois où j'ai eu le sentiment de lire un livre pas de mon âge doivent se compter sur les doigts d'une main, et ma mère m'a jamais censuré ou fait une sélection préalable de ce que j'avais le droit de lire ou non.

Alors que quand je lis les messages de certaines personnes sur ce forum, j'ai parfois l'impression qu'ils pensent que parce qu'ils ont entre 15 et 20 ans, ils DOIVENT lire de la littérature YA. Mais "doivent" dans le sens "pas avoir le choix" comme si la littérature générale était un truc qui leur était interdit. Alors que c'est absolument pas le cas. Et une fois l'age de 20 ans passé, ils DOIVENT passer aux "new adult", puis ils DOIVENT passer à la phase "je sais que c'est plus de mon age mais j'en lis encore", puis enfin ils passent à la phase "c'est bon, j'ai fait le tour de la question des livres pour jeunes, la littérature générale est enfin pour moi".

Le raisonnement est peut-être absurde, mais si Zola sortait des livres aujourd'hui, on en dirait quoi ? "oh bah c'est violent, ça parle d'alcoolisme, c'est surtout pas pour les jeunes => littérature générale". Alors que entre nous, Zola n'est PAS un auteur compliqué à lire. On peut ne pas aimer son style, on peut ne pas aimer les histoires qu'il raconte, mais pas dire que c'est compliqué à lire. Il a aucune tournure de phrase alambiquée qu'il faut lire 3 fois avant de comprendre (ce que je ne dirais pas de tous les auteurs classiques, par exemple, la Princesse de Clèves, c'est juste imbuvable). Zola pourrait sans aucun problème être lu par des gens de 13-14 ans.

Au lieu de ça, on me traite 9 fois sur 10 de folle quand je dis que Zola n'est pas un auteur compliqué et on fait lire quoi aux gens de 13-14 ans ? Lux l'obsidienne le livre "young adult" où pour désigner deux personnes qui font frotti-frotta sur un canapé, on parle de "scène interdite aux moins de 18 ans". Désolée, mais quand on en vient à faire des périphrases pour parler de sexualité, on s'adresse pas à des "young adult" mais à des enfants de 8 ans. Je déteste lire ce genre de livre parce que je trouve qu'ils abrutissent complètement leurs lecteurs.

Mais c'est pas parce que les éditeurs ont créé ces catégories absurdes que la littérature générale devient en soit non-adaptée à tous, et notamment aux plus jeunes. C'est juste quelque chose qu'on a crée de toute pièce, qui ne préjuge pas systématiquement de la volonté réelle de l'auteur au moment où il a écrit son livre.
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Re: Débat : La littérature est-elle morte?

Message par spade »

Hillja a écrit :
spade a écrit :Alors ce n'est pas exacte au Royaume-Unis il existait le Penny Dreadful des petites histoires publié chaque semaine qui date du 19ème les histoires ont la réputation d'être plutôt médiocre. De plus des magazines publiés des histoires épisodiques où des nouvelles telle que Sherlock Holmes.
Ce n'étaient donc pas des romans mais bel et bien les balbutiements de la vulgarisation du papier. J'ai pris le livre de poche comme repère temporel parce que les conséquences de sa naissance me semblaient être les plus marquantes. Mais bien avant lui, il y avait déjà — et heureusement — des romans plus légers que les classiques qui nous viennent en tête.
Bien sur le 19ème c'est la révolution industrielle mais la culture reste coincé encore à une certaine classe de la population plutôt aisée.
pwachevski a écrit :Et sur un autre sujet, l'argument cinéma de Hillja, je suis partagée. Je suis d'accord que c'est mauvais de penser à l'adaptation cinéma dès l'écriture du livre. Un roman et un scénario de film sont bien deux choses totalement différentes. Mais après, le cinéma, c'est comme la littérature. Oui il y a le dernier Hunger Games qui fera des millions d'entrées. Mais il y a aussi les perles qui passent dans la salle d'art et d'essai à coté de chez moi, qui n'intéresseront personne mais qui me toucherons toujours plus que les gros blockbusters. L'offre de choix reste malgré tout large, à chacun de se trouver un équilibre entre tout ça, je pense.
spade a écrit :Le cinéma n'a rien d'horrible il existe même des œuvres trans-média et ce n'est pas pour autant que ça veut dire que c'est de mauvaise qualité.
Je suis bien d'accord : longs-métrages de qualité et blockbusters se côtoient sans embarras au cinéma et plaisent à leur public (et je me déplace bien plus souvent pour les seconds). Pour spade : jamais je n'ai écrit que le septième art était « horrible » ; ce qui me dérange, ce sont ces écrivains qui produisent des livres uniquement dans l'optique de les faire adapter sur grand écran par la suite. Il y en a beaucoup malheureusement. Concrètement, cela signifie pour eux écrire pour séduire sans froisser personne. On est bien loin de ces auteurs qui écrivaient pour dénoncer ou témoigner, par exemple.[/quote]

Moi je l'ai ressenti comme tel bah pas forcément certains pense d'un point de vue global et pense que tous les arts sont connectés Mathias Malzieu compose aussi de la musique et pour La mécanique du coeur il l'a aussi adapté en animation.
spade a écrit :
les adolescents ou jeunes adultes écervelés, les ménagères déçues ou les hommes sanguinaires
Cette remarque est vraiment blessante pour te personne qui lisent la littérature que tu ne considère pas noble.
C'est pour cela que j'ai ajouté — entre parenthèses : je n'insulte personne en particulier. Ce sont des labels qui nous ont été imposés par la société, je n'invente rien, je m'amuse seulement avec les termes. Si je devais me ranger dans une de ces boîtes étiquetées, je serais certainement coincée entre FOUS D'AVENTURE et VIEILLES FILLES À CHATS. Le but n'est pas de vexer mais de permettre de diffuser correctement les romans d'aujourd'hui. Il serait idiot de faire la promotion d'un roman érotique auprès des enfants, comme il serait idiot de cibler les demoiselles sensibles pour un livre d'horreur. C'est ce que je cherchais à démontrer : rares sont les bouquins de notre époque qui se veulent accessibles à tous les types de lectorats ; à l'inverse, il me semblait que tout le monde pouvait apprécier un roman de littérature dite classique — qu'elle soit « noble » ou non (et quoi que cela veuille dire).[/quote]

Je suis désolée écervelé c'est hyper blessant et un jugement de valeur pas super pertinent on peut dénoncer ce que certains livres banalise des actes dangereux n'a rien à voir avec l'insulte de la lectrice ;) Et non tout le monde ne pouvait apprécier la littérature dite classique puisque tout le monde n'était pas instruit tout le monde n'avait pas accès aussi facilement à la culture qu'aujourd'hui ne fantasme pas d'un passé fortement inégalitaire et pas que pour la classe sociale mais aussi entre les femmes et les hommes.

NiennaOronra a écrit :Pour moi il y a bien deux types de littératures differentes : une littérature de divertissement et une littérature qu'on peut qualifier d'artistique.
Je suis plutôt du même avis. Plutôt parce que artistique est un terme que je n'aime pas vraiment : il ne semble pas englober la littérature engagée. En tout cas, gros oui pour la littérature de divertissement !

Enfin, l'idée de « littérature [qui] n'est plus prise au sérieux » (pour reprendre une nouvelle fois les mots de NiennaOronra), dans le sens où elle n'a plus autant d'influence qu'aux siècles précédents, me paraît couler de source. De son piédestal d'antan, le livre est tombé dans les rayons virtuels de librairies virtuelles. Les prix littéraires se multiplient, tout comme les jurys d'amateurs ; personne ne sait plus énumérer les membres de l'Académie française parce que cette institution n'inspire plus ; d'ailleurs, même la langue française pourtant si riche ne convainc plus les enfants. Écrire est devenu un passe-temps des plus communs et, malgré les jugements encore sévères des maisons d'édition, éditer un livre se fait en un claquement de doigts. Alors, dans une société où pullulent des livres littéralement faits maison ayant effrontément échappé au tamis de l'édition classique et où glaner des avis positifs importe plus que de recevoir des critiques impitoyables, la littérature est, sinon morte, tout du moins en voie de disparition.[/quote]

Bien sur que la littérature est toujours pris aux sérieux elle a muté ce n'est pas moins bien qu'avant c'est juste différent. Enfin ce n'est non plus nécessaire de mettre sur un piédestal l'Académie française.
Alors oui tu peux te faire imprimer ton livre mais ça ne veut pas dire que tu vas vivre de ça. En faite ça n'a jamais était aussi compliquer de vivre de son oeuvre. Alors petite précision les livres auto éditée ne veut pas forcément dire que c'est de la mauvaise qualité. Il faut ne pas oublier que certaines œuvres sont écarté des maisons d'édition parfois pas des jugement de valeurs ou du sexisme. Certains font le choix de l'auto édition parce que par ce biais là il gagne plus d'argent pour vivre. Pour mettre renseigner un peu dans la bande dessinée une scénariste gagne environ la moitié d'un smic. D'ailleurs Maliki a fait un super strip explicatif du monde joyeux (non) de l'édition http://maliki.com/strips/a-croisee-chemins/.
La littérature est loin d'être en voie de disparition mais juste en voie de mutation.
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Re: Débat : La littérature est-elle morte?

Message par Cacoethes-scribendi »

Je voulais juste vous remercier pour ce débat passionnant, à la fois par la richesse de vos connaissances et la diversité de vos points de vue.
Je n'ai ni le temps, ni le talent rhétorique pour participer vraiment, mais je suis la discussion avec grand intérêt (et je ne dois pas être la seule ;) ).
Quelques remarques m'ont fait tilter, peut-être que je réagirai plus tard à l'occasion ^^
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Re: Débat : La littérature est-elle morte?

Message par NiennaOronra »

pwachevski a écrit : Alors que quand je lis les messages de certaines personnes sur ce forum, j'ai parfois l'impression qu'ils pensent que parce qu'ils ont entre 15 et 20 ans, ils DOIVENT lire de la littérature YA. Mais "doivent" dans le sens "pas avoir le choix" comme si la littérature générale était un truc qui leur était interdit. Alors que c'est absolument pas le cas. Et une fois l'age de 20 ans passé, ils DOIVENT passer aux "new adult", puis ils DOIVENT passer à la phase "je sais que c'est plus de mon age mais j'en lis encore", puis enfin ils passent à la phase "c'est bon, j'ai fait le tour de la question des livres pour jeunes, la littérature générale est enfin pour moi".

Le raisonnement est peut-être absurde, mais si Zola sortait des livres aujourd'hui, on en dirait quoi ? "oh bah c'est violent, ça parle d'alcoolisme, c'est surtout pas pour les jeunes => littérature générale". Alors que entre nous, Zola n'est PAS un auteur compliqué à lire. On peut ne pas aimer son style, on peut ne pas aimer les histoires qu'il raconte, mais pas dire que c'est compliqué à lire. Il a aucune tournure de phrase alambiquée qu'il faut lire 3 fois avant de comprendre (ce que je ne dirais pas de tous les auteurs classiques, par exemple, la Princesse de Clèves, c'est juste imbuvable). Zola pourrait sans aucun problème être lu par des gens de 13-14 ans.

Au lieu de ça, on me traite 9 fois sur 10 de folle quand je dis que Zola n'est pas un auteur compliqué et on fait lire quoi aux gens de 13-14 ans ? Lux l'obsidienne le livre "young adult" où pour désigner deux personnes qui font frotti-frotta sur un canapé, on parle de "scène interdite aux moins de 18 ans". Désolée, mais quand on en vient à faire des périphrases pour parler de sexualité, on s'adresse pas à des "young adult" mais à des enfants de 8 ans. Je déteste lire ce genre de livre parce que je trouve qu'ils abrutissent complètement leurs lecteurs.

Mais c'est pas parce que les éditeurs ont créé ces catégories absurdes que la littérature générale devient en soit non-adaptée à tous, et notamment aux plus jeunes. C'est juste quelque chose qu'on a crée de toute pièce, qui ne préjuge pas systématiquement de la volonté réelle de l'auteur au moment où il a écrit son livre.
Je suis à 100 % d'accord avec toi!!! :D
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Re: Débat : La littérature est-elle morte?

Message par fitz7 »

Le sujet est vraiment super et la discussion super dynamique avec un vrai débat.
Et certains (bon une personne en fait) ont réussi à me mettre en ébullition (rien de personnel dans mes propos néanmoins) :D donc me voilà

Hillja a écrit : rares sont les bouquins de notre époque qui se veulent accessibles à tous les types de lectorats ; à l'inverse, il me semblait que tout le monde pouvait apprécier un roman de littérature dite classique — qu'elle soit « noble » ou non
Hillja a écrit :Pas besoin donc de s'appliquer à produire un livre que je qualifierais d'universel. La littérature classique, par définition, s'adresse à tout le monde. Aujourd'hui, les romans se classent.
Et voici comment on tue le goût de lire chez la plupart des jeunes de nos jours!
Avant de poser mon propos définitivement, j'aurais souhaité savoir ce que tu entendais, Hillja, par "littérature classique".
Je le comprends comme un genre qui comprend la littérature qu'on nous présente au collège et au lycée. J'ai regardé ta bibliothèque et je n'ai pas l'impression que ce soit cela. Donc je te laisse un bon bénéfice du doute.
Si c'est bien ça, je vous présente le problème comme je l'ai subi et que j'ai vu la plupart des gens subir.

Ton propos semble être typiquement le raisonnement de l'éducation au collège et au lycée. On va faire découvrir des choses aux élèves pour les faire lire et enrichir leur culture et là je dis non. De toute façon, le corps professoral aime bien ce genre et se dit que ça devrait plaire à tout le monde.

Et là on va dans le mur.
Parce que crois -moi, la littérature classique n'est pas du tout du tout au goût de tout le monde. Et quand beaucoup des jeunes qui n'ont jamais lu avant d'être forcé de lire cela à l'école, on peut être certains qu'il n'ouvriront plus jamais un livre de leur vie.
Dans mon cas, j'ai eu de la chance. J'ai commencé à lire des livres très jeune et j'ai tout de suite trouvé ce que j'aimais (fantastique, SF pour info) et j'ai rapidement été incapable de m'en passer. Néanmoins une fois arrivé au collège, on m'a fait découvrir du Zola et cie sans me laisser le choix et ça m'a juste écœuré. Si je n'avais pas trouvé mon style de livre avant, je me serais détourné des livres à tout jamais comme cela est arrivé à plusieurs de mes amis. J'aurais alors perdu quelque chose d'inestimable. Je suis sûr que même sur ce site, je suis loin d'être le seul. J'ai déjà eu des échanges avec des gens là dessus où on allait dans le même sens.
Et fin du collège et tout le lycée, c'est encore pire. Quand on commence à s'élever contre le système et ce qu'on nous fait lire, on ne reçoit qu'une incompréhension et une surprise totale des professeurs on ne peut plus fermés d'esprit et bornés dans leur monde du classique parce qu'il n'ont jamais goûté ou pris goût à autre chose. On est alors juste mis dans la case "agitateurs". Même quand on est 5 ou plus à plaider la cause, on est confronté au va-tout nommé "autorité" (ça été mon cas et ça m'a coûté cher parfois).

On dit que que l'appétit vient en mangeant. Je suis d'accord, à la seule et unique condition que ce qu'on nous fait manger est à notre goût. Dans le cas contraire, l'organisme rejette vite fait bien fait tout ce qu'on lui présente. C'est exactement le même problème ici.
Il faut que les jeunes qui en ont la prédisposition aient pris goût à la lecture avant qu'on les mettent face à des œuvres particulières pour soit disant les aider à s'épanouir qui risquent de les mettre en buter; et perdre ainsi une partie importante d'un lectorat potentiel.


Après tant mieux pour les gens qui apprécient la littérature classique mais ceux ne sont pas les plus nombreux pour moi.




Hillja a écrit : il est donc logique pour eux d'écrire pour un public visé, à savoir : les adolescents ou jeunes adultes écervelés, les ménagères déçues ou les hommes sanguinaires (je n'insulte personne en particulier : c'est un fait prouvé, nous avons le cerveau engourdi).
Je profite de cette remarque pour enchaîner sur mon point suivant. Je me fiche du jugement apporté (je pense être compris là dedans étant un gros amateur de littérature contemporaine avec comme exemple personnel le plus emblématique Harry Potter. Mais je suis heureux comme ça et quand j'en vois certains je me dis c'est pas plus mal :lol: ), c'est vraiment l'idée qui m'a interpellé.

Il y a encore quelque décennies, le nombre d’illettrés étaient beaucoup plus important qu'aujourd'hui et ceux qui en étaient capable faisaient partie de l'élite à n'en pas douter.
Aujourd'hui, la lecture s'est popularisée avec un marché abordable pour un lectorat plus grand mais aussi plus jeune. J'imagine que oui, on a perdu cet mentalité élitiste exclusive ou je ne sais quoi, qui éventuellement la caractérisait avant (je ne suis même pas sûr d'une telle chose). Mais il est indéniable que l'on a gagné, entre autres, en richesse des genres avec la diversification des profils de lecteurs et c'est l'une des choses qui fera que la lecture (littérature :?: ?) arrivera à perdurer face à la technologie. Et des communautés telles que Booknode n'auraient pas été possible sans cela ou du moins pas dans la même ampleur (imaginer la perte :lol: :lol: :lol: ).
Certes on en arrivent à classer les romans mais parce que les lecteurs aujourd'hui ne sont plus tous les mêmes, issus du même milieu social, fabriqués à partir du même modèle d'éducation.

La littérature a évolué avec le rajeunissement du lectorat. Je trouve que c'est une excellente chose. Je retiens que sans cela, jamais je ne serais devenu le lecteur et la personne que je suis aujourd'hui. J'ai 24 ans aujourd'hui et il m'arrive de relire et de toujours apprécier des livres que j'ai lu la première fois à 12 ans. Certes je ne les apprécie pas tout à fait pour les mêmes choses mais cela reste un fait très significatif à mes yeux.


Hillja a écrit : Ce n'est pas l'idée de passe-temps en soi que je souligne, mais de « passe-temps des plus communs » (auto-citation haha). Ceux qui écrivaient jadis étaient ceux qui en avaient le temps, donc les moyens, donc une éducation poussée. Aujourd'hui, tout le monde se considère écrivain. Dès le moment où garçons et filles griffonnent pour la première fois dans leur journal intime, ou qu'ils publient leur premier poème dans le journal de l'école, ou qu'ils rédigent leur première écriture d'invention, bam ! ils se croient écrivains. Or, l'écriture est un don, comme l'est le dessin. Apprendre à dessiner (et donc à écrire bien) est certes possible, mais il y aura toujours un gouffre immense entre l'inné et l'acquis (et je répète : les jeunes ne veulent plus apprendre à écrire)
"L'écriture est un don"
Pourquoi pas après tout, je n'avas jamais pensé la chose comme ça. Mais si c'est le cas, la littérature a encore de beau jour devant elle. Car à mesure que la lecture se popularise et que le lectorat augmente en nombre, la probabilité que le nombre de personnes sur Terre avec ce don se mettent réellement à écrire s'approche de son maximum croît, ce qui devrait avoir un effet tout à fait bénéfique sur la littérature alors que le niveau général du collège et du lycée baisse (et bien sûr cela est la faute aux élèves dont l'intérêt évolue à l'image de la société et non pas au système qui ne remet pas en question ce à quoi il confronte les jeunes).


J'attends la suite avec impatience ;)
Au plaisir
Dernière modification par fitz7 le mar. 06 déc., 2016 6:01 pm, modifié 5 fois.
NiennaOronra

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Re: Débat : La littérature est-elle morte?

Message par NiennaOronra »

Cacoethes-scribendi a écrit :Je voulais juste vous remercier pour ce débat passionnant, à la fois par la richesse de vos connaissances et la diversité de vos points de vue.
Je n'ai ni le temps, ni le talent rhétorique pour participer vraiment, mais je suis la discussion avec grand intérêt (et je ne dois pas être la seule ;) ).
Quelques remarques m'ont fait tilter, peut-être que je réagirai plus tard à l'occasion ^^
Ouiiii!! je n'étais vraiment pas persuadée que ce sujet intéresserait autant de monde ! Je me rend compte que c'est tout le contraire et que certains prennent vraiment de leur temps pour apporter des réponses complètes et très pertinentes c'est génial!!! :D
NiennaOronra

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Re: Débat : La littérature est-elle morte?

Message par NiennaOronra »

fitz7 a écrit : Et là on va dans le mur.
Parce que crois -moi, la littérature classique n'est pas du tout du tout au goût de tout le monde. Et quand beaucoup des jeunes qui n'ont jamais lu avant d'être forcé de lire cela à l'école, on peut être certains qu'il n'ouvriront plus jamais un livre de leur vie.
Dans mon cas, j'ai eu de la chance. J'ai commencé à lire des livres très jeune et j'ai tout de suite trouvé ce que j'aimais (fantastique, SF pour info) et j'ai rapidement été incapable de m'en passer. Néanmoins une fois arrivé au collège, on m'a fait découvrir du Zola et cie sans me laisser le choix et ça m'a juste écœuré. Si je n'avais pas trouvé mon style de livre avant, je me serais détourné des livres à tout jamais comme cela est arrivé à plusieurs de mes amis. J'aurais alors perdu quelque chose d'inestimable. Je suis sûr que même sur ce site, je suis loin d'être le seul. J'ai déjà eu des échanges avec des gens là dessus où on allait dans le même sens.
Et fin du collège et tout le lycée, c'est encore pire. Quand on commence à s'élever contre le système et ce qu'on nous fait lire, on ne reçoit qu'une incompréhension et une surprise totale des professeurs on ne peut plus fermés d'esprit et bornés dans leur monde du classique parce qu'il n'ont jamais goûté ou pris goût à autre chose. On est alors juste mis dans la case "agitateurs". Même quand on est 5 ou plus à plaider la cause, on est confronté au va-tout nommé "autorité" (ça été mon cas et ça m'a coûté cher parfois).

On dit que que l'appétit vient en mangeant. Je suis d'accord, à la seule et unique condition que ce qu'on nous fait manger est à notre goût. Dans le cas contraire, l'organisme rejette vite fait bien fait tout ce qu'on lui présente. C'est exactement le même problème ici.
Il faut que les jeunes qui en ont la prédisposition aient pris goût à la lecture avant qu'on les mettent face à des œuvres particulières pour soit disant les aider à s'épanouir qui risquent de les mettre en buter; et perdre ainsi une partie importante d'un lectorat potentiel.


Après tant mieux pour les gens qui apprécient la littérature classique mais ceux ne sont pas les plus nombreux pour moi.
Quand on parle de "classiques" la plupart des gens pensent à Zola, Balzac, Hugo. Mais c'est tellement plus large que ça!!
Anne Rice (lorsque Dracula fusionne avec Twilight, c'est juste une tuerie!!!), Anne Ratcliff (roman d'horreur), Orwell, Huxley ("classiques" de la SF), Tolkien (fantasy), Arthur Conan Doyle (policier),....et je ne cite que les plus connus
Il y a des classiques dans tous les genres!! Ok c'est un peu trash de commencer la lecture par ce genre de romans mais les enfants ne lisent plus alors forcément quand on les met devant du Zola à 12 ans c'est l'indigestion. Quand à toi fitz7 je te conseille de ne pas baisser les bras et de ne pas tourner le dos aux "classiques", car leur domaine est immense, on ne peut pas tout aimer mais il y a forcément un domaine qui finira par te toucher. Ça peut être fastidieux mais c'est un tel enrichissement personnel! Ce sont souvent des livres qui recèlent une grande profondeur et une grande richesse.
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