La Cour des Miracles - Terminée [PJ/HdO]

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Charmimnachirachiva

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Re: La Cour des Miracles [PJ/HdO]

Message par Charmimnachirachiva »

Waaaaa !!!!!!

J'adore ! Ce chapitre est à la fois drôle et émouvant !
Les poules et Connor, tout une histoire d'amour ! :lol: :lol: Cette scène était magique !
J'aime bien le couple que forme Katie et Pollux, je les trouve ....complets, je sais pas, je les aime bien :)
Pérséphone est exellente,
Travis n'a pas hérité de la rapidité de son père...
:lol:
Et je trouve cool que Will soit ici !
Par contre, avec Dylan... Je ne sais pas encore trop quoi en penser...
J'aime bien dream aussi ! les paroles reflètent bien le chapitre je trouve !
annabethfan

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Re: La Cour des Miracles [PJ/HdO]

Message par annabethfan »

-Travis ! Ne m’oblige pas à utiliser une casserole !
-Non pas de casserole ! bredouillai-je en me redressant précipitamment, la bouche pâteuse.
:lol: :lol: :lol: :lol:
C’est l’autre, mon ange.
-Maman ! râlai-je en baissant ma main.
Je suis morte :lol: :lol:
Pour moi c’était juste une immense machination de ma mère pour m’éloigner de Denver et du souvenir de Dylan. Mais bon, je prenais.
Evidemment, on lui offre une immense maison vide pour lui et des amis ^^ Moi aussi je prends :lol:
sous la force l’à-coup.
Y'a eu un bug là Perri non? ^^
mais comme son rire était adorable et que provoquer l’hilarité était comme une seconde nature chez moi
C'est vraiment typique des gens drôles ça, même si on passe pour ridicules la volonté de faire rire est plus forte :lol:
OK. Au delà du fait que ce serait un rêve plutôt étrange de l’imaginer à Yellowstone …
Là c'est même plus une question, le rêve était trop précis pour pas être une "vision" :lol:
Ah par les dieux … Je te préviens, je ne te sors pas comme ça. On dirait Harry Potter, la cicatrice en moins.
:lol: :lol: :lol: :lol: :lol: Perri je t'aime!
Tu ne sais pas ce qui peut se cacher sous une poule, Travis !
Des oeufs? ^^
Pas grand-chose, t’inquiète, marmonna Connor en lâchant mes fiches qu’il était en train de froisser. Simplement … Cecil s’est barré.
C'est louche... Le peu qu'on avait vu de lui, il semblait heureux dans la colonie
Oh par les dieux ne m’en parle pas. C’est affreux d’essayer de faire des maths avec elles qui foutent un bordel monstre derrière moi.
Bienvenu dans la vie d'Annabeth depuis toutes ces années :lol:
Je lui renvoyais un regard plein d’incompréhension, tant les informations données ne correspondaient pas à celles dont j’avais le souvenir.
Ca fait presque bizarre même quand on lit les Travaux d'Apollon de voir que la Colonie évolue, change, et après tout c'est normal: les ados grandissent et laissent la place à d'autres, mais du coup tu prends conscience que ceux qui étaient là pendant les PJ ne le sont plus et ça fait bizarre ^^
De ce qui c’est passé à la fin de l’été. Moi qui pète un câble parce que tu vas à la fac et que tu arrêtes la Colonie. C’était puéril et égoïste. Et je sais que je me suis déjà excusé mais … Enfin, c’est que maintenant que je me rends compte à quel point j’ai été nul. Pardon.
Trop mignon bébé-chat :lol: Mais en vrai c'est compréhensible, je pense que pour la première fois il n'était plus sur la même longueur d'onde que son frère et ça lui a fait peur!
Une des nombreuses règles d’or, s’amusa-t-il. Je pense que c’est ça aussi qui m’a fait mal, en un sens. J’ai toujours eu l’idée que, malgré tout, malgré un an de différence … Bah, on était jumeaux. Identiques. Inséparables.
Voilà c'est ce que je disais ^^
Je ne suis au courant de rien. En revanche, je peux vous montrer comment les nourrir, c’est toujours utile.
Des enfants d'Hermès ensemble, c'est une bombe en attente d'exploser :lol: :lol:
quelques longueurs au pas et au trot avec Maximus
Maximus :lol: :lol: :lol: :lol:
Et c’est ce qu’on appelle un « ami » …
-Hey, tu sors avec mon ancien crush, t’as rien à dire.
-Je t’ai déjà dis que j’étais désolé !
:lol: :lol: :lol: :lol: :lol:
C’est pour ça que Connor dit que tu prononces son nom dans ton sommeil …
:lol: :lol:
Cette scène est magique ^^ Entre les jumelles et leur poule et Connor qui écoute Travis marmonner dans son sommeil ^^
Elle a choisi d’aller dans le Canada,
Au Canada non?
Cela commença par un rêve absurde où une poule dansait le french cancan avec Connor.
:lol: :lol: :lol: :lol:
Bientôt leurs deux corps se fondirent l’un dans l’autre et la danse de cabaret se mua en danse de guerrier. La fille virevoltait littéralement, au bord d’un lac avec une forêt de pins verts pour seul horizon. Je connais cet endroit, songea-je distraitement en avisant les eaux limpides du lac, et surtout les montagnes qui se reflétaient à la surface. L’image tremblota encore, et la majorette que tenait Connor fut remplacée par un arc décoré de plume dont une flèche se décrocha pour se ficher dans la poule. Mais lorsque la poule tomba aux pieds de la fille, ce n’en était plus une, mais un immense volatile aux plumes blanches et grise et à l’iris rouge qui me fixait d’un œil vide.
Je trouve que tu décris superbement le rêve, le côté ésotérique flou, les superpositions entre deux images! C'est magnifiquement clair et écrit!
JE VOUS HAIS ! s’égosilla Connor depuis la chambre. ALLEZ TOUS EN ENFER ! VIREZ CA DE MA CHAMBRE !
Je suis au sol :lol: :lol:
La scène avait beau être cocasse, j’avais horreur de voir cette frayeur sur le visage de mon petit frère – aussi absurde soit la frayeur.
Oh bébé!
Par les dieux, et au centuple ! Je n’ai pas été la chercher aux Enfers pour qu’elle mette une poule dans ma chambre ! Travis, la guerre est déclarée !
J'aime Connor ^^
Tu te souviens de la course de char ? Celle organisée par Tantale ?
Oh ça remonte ça ^^
C’est à moi que tu demandes ça ? Il est marqué « Annabeth Chase » sur mon front ?
:lol: :lol: :lol: :lol: :lol:
En un sens, Dylan avait été l’une des rares personnes à me battre sur mon terrain. Cela m’avait agacé. Et je l’avais aimé pour ça.
J'adore cette analyse!
Mais cela ne fit que me découvrir le visage pâle et fatigué de Nico Di Angelo.
OUIIIII!!! Merci de ramener Nico, je suis toujours contente quand il est là ^^
-Arrête de parler, grogna la personne derrière lui.

Will Solace, reconnus-je avec stupeur alors que le fils d’Apollon appliquait des mains illuminées par le pouvoir paternel sur le front de Nico.
Perri je te bénis! Nico ET Will merci!!!
Nico me jeta un regard noir, mais l’effet fut gâché par Will qui lui enfonça un morceau d’ambroisie dans la bouche sans forme de sommation.
Je suis en cours tu m'as fait pouffer comme une idiote c'est trop drôle :lol: :lol: :lol:
Allez petit prince, on t’écoute !
J'aime tellement ce surnom ^^
Je ne sais pas ce que fout Iris, les messages ne passent pas. Je vais demander à Hermès d’aller lui mettre un grand coup de pied là où je pense. Bref. Travis n’a pas hérité de la rapidité de son père alors je me tourne vers toi. Aide ta demi-sœur puisque je ne peux pas le faire et que lui s’obstine à faire l’autruche. Shadow Mountain. Frappe le fils d’Hermès de ma part.
Ton infernale belle-mère (une offrande ne serait pas de trop).
Queen Perséphone :lol: :lol:
Connor … enfin, tu ne peux pas le laisser …

Un léger sourire retroussa les lèvres de mon frère et mon cœur bondit dans ma poitrine. L’étincelle dans les yeux de Connor, je la connaissais si bien qu’elle était une partie de moi. Evidemment qu’il ne m’abandonnerait pas.

-Ah ouais ? On parie ? Attention ! ajouta-t-il à mon adresse, voyant qu’un large sourire avait fendu mon visage. J’ai des conditions ! Je viens, et pas de folies ! Katie ! cria-t-il ensuite. Les clefs de ton van !
-QUOI ?!
J'ADORE!!! Tu as un talent pour ce genre de scène, pour tes personnages, pour tout!
De la musique dissonnante. C’est comme ça que Percy et Annabeth avaient fait … C’est pas idiot.
Dès que c'est un plan d'Annabeth c'est jamais idiot ^^
Mais j’étais descendu aux Enfers pour sauver ma sœur. Je pouvais bien faire une chevauchée folle pour sauver la fille que j’aimais.
Go my boy!!!
Perripuce

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La Cour des Miracles - Chapitre 18 [PJ/HdO]

Message par Perripuce »

COUCOU

Je poste aujourd'hui parce qu'à partir de demain je n'ai PAS LE TEMPS j'ai un week-end chargé de chez chargé DONC on poste maintenant !
Peut-être que du coup je posterais le 19 en même temps que celui d'O&P samedi prochain, je verrais bien ! Sachant qu'ils sont plus courts que celui d'avant :lol: :lol:

En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'on arrive à la fin ! Il ne restera qu'un chapitre et l'épilogue après ça ! Merci encore pour tout vos commentaires, bonne lecture <3


Je n'ai pas trouvé de nom au chapitre, donc à la place je vais mettre une citation de Spirit qui je trouve colle bien au chapitre. Si vous avez des idées de nom, je suis preneuse ahah !

Bonne lecture !
Et évidement, merci à Anna pour sa relecture et pour l'aide au découpage, dirons-nous ahah !


Chapitre 18 :

Je suis né ici, sur cette terre qu'on allait appeler "ce bon vieux Far-Ouest". Mais pour mes semblables, elle était éternelle. Sans commencement ni fin, sans frontière, entre le sol et le ciel. Comme le vent, dans l'herbe à bison, notre place était ici, et elle le serait pour toujours.


Il me fallut peu de temps avant de pénétrer les premières fourrés d’arbre qui jalonnait le pied des Rocheuses, et encore moins pour entrer dans les premiers parcs nationaux. J’avais un sens de l’orientation assez solide pour me repérer dans les forêts et en l’absence de route et une très bonne vision de l’itinéraire à emprunter. L’important ne serait pas le chemin, mais que faire une fois arrivé. Et plus le soleil déclinait dans le ciel, plus Maximus et moi nous rapprochions du Rocky Mountain National Park, moins cela semblait clair dans mon esprit. J’ignorais totalement ce que j’allais trouver en arrivant à Shadow Mountain, un mont isolé en bordure sud du Grand Lake. Dylan ? Mais dans quel état ? Et si c’était dans un bon, comment réagirait-elle à ma venue ?

Et malgré tout, malgré cette épique chevauchée entamée, j’ignorais moi-même comment j’allais réagir face à Dylan. Malgré mon désir de lui venir en aide, de refuser qu’il lui arrive le moindre mal, la douleur de son départ pulsait toujours sourdement en moi. Elle m’avait trahi en un sens. Elle m’avait fait miroité quelque chose pour le briser ensuite et m’avait laissé totalement désemparé dans ce parc de Los Angeles. J’avais été triste, en colère, trahi. J’avais refoulé tout cela dans le travail, d’abord en cherchant une solution pour tous les enfants de la Cour puis dans mes études, m’y plongeant pour éviter à mes sentiments d’éclater et à moi de souffrir. Mais à présent qu’elle était en route vers moi et moi vers elle, tout refaisait brutalement surface et se mélangeait désagréablement à ma profonde inquiétude pour elle.

Je fis faire une pause à Maximus en arrivant à Apache Pick, en plein cœur d’une forêt danse qui rendait ma progression difficile. Mais c’était le chemin le plus direct : suivre la route m’aurait fait faire un sacré détour, sans compter le regard des curieux. J’avais fait près de la moitié du chemin, une cinquantaine de kilomètres et Maximus commençait à fatiguer après presque une heure entre trot et galop. J’avais moi-même les jambes raides après la chevauchée et une fois que mon esprit ne fut plus concentré sur l’équitation, il vagabondait vers des pensées qui, quelques qu’elles soient, me tordaient le ventre. Je m’assis à même le sol pendant que Maximus s’abreuvait à un ruisseau qui coulait depuis le pic, l’esprit et les veines en ébullition. Je m’adossai contre un arbre, la tête entre les mains, aussi troublé que je l’avais été le jour où Dylan était partie de ce parc de Los Angeles.

-Par les dieux, je suis totalement inconscient …

Maximus poussa un léger hennissement, comme pour me donner raison. Je le fusillai du regard.

-Qu’est-ce que tu en sais, toi, tu es un cheval …

L’étalon s’ébroua et s’éloigna, ses sabots claquant sèchement contre le sol. Je finis par devoir le rattraper à la course en remarquant qu’il s’éloignait de plus en plus et nous reprîmes la route, chacun bougon à notre façon, dans un silence pesant.
Plus on se rapprochait de Shadow Mountain, plus je sursautai à chaque bruissement d’aile, plus je me maudissais d’avoir pris cette décision sur un coup de tête. J’étais loin d’être le meilleur combattant de la Colonie. Habile avec un poignard, mais meilleur quand il s’agissait de tendre des pièges. Je n’arrivais pas à la cheville d’un Luke ou d’une Annabeth. Alors être efficace contre des oiseaux de Stymphale … J’effleurai les perles de la Colonie qui ne quittaient pas mon cou. Une perle pour une année de plus à avoir survécu. J’en avais sept. Sept années à survivre à une vie dangereuse. Deux guerres, plusieurs batailles. Mais jamais je n’avais été seul face à ses épreuves. Et ce n’était pas Maximus, fougueux, mais peureux, qui m’aiderait face à ces oiseaux. Il s’enfuirait au premier danger : Bouton d’Or, certes plus vieille et plus lente, aurait été plus courageuse que lui. Mes doigts finirent par rencontrer la tortue de bronze que mon père m’avait offert et s’y agrippèrent.

-Bon sang, papa, aide-moi …

C’était peut-être une illusion, mais il me sembla que la tortue se mettait à chauffer d’une douce chaleur qui se répandit dans mes mains engourdies par le froid, et se diffusa sur ma poitrine pour en chasser le doute.

Les derniers kilomètres jusque Shadow Mountain me semblaient être les plus longs de ma vie, mais envie le pic solitaire fut en vue à travers les branchages épais des arbres. Et ce n’était pas pour me rassurer : à mesure que je me rapprochai, l’agitation allait croissant. Je vis une nuée d’oiseau prendre son envol au loin et s’éloigner en la direction inverse de la mienne avec un cri perçant, un terrier entier de lapin se vider et détaler, et même une biche courir dans les bois, loin du mont. Et alors que j’observais le cervidé fendre les broussailles pour s’échapper, je commençais à les entendre. Ces cris stridents et métalliques qui avaient commencé à envahir le stade alors que je me relevais dans la poussière avec Connor après la chute de notre char. Je levai les yeux, et je vis entre deux branches de pin le tournoiement caractéristique des oiseaux. C’était drôle : de loin, ils ne paraissaient pas plus gros que des pigeons. Pourtant, je percevais d’ici les derniers rayons du soleil se réfracter sur leur bec de bronze et faire luire le ciel de centaines d’éclat inquiétant. Mon cœur tomba dans ma poitrine.

-Très bien, soufflai-je pour moi-même. Du calme … Ils ne vont pas te réduire à l’état de squelette …

Sans décélérer, je fouillai le sac à dos, et écartant les bandages, vivres et pommes que j’avais pu empocher, j’extirpai l’enceinte de Katie et la connecter à mon téléphone. Une lumière bleue et un petit bruit m’indiqua que l’opération avait été effectuée avec succès. Je poussai un soupir de soulagement et me mit à parcourir ma playliste à la recherche de la chanson la plus affreuse pour les oreilles possible. A mon grand énervement, je me souvenais plus de celle utilisée par Percy et Annabeth il y avait si longtemps. De toute manière, les oiseaux étaient encore une nuée lointaine. J’avais le temps de tout mettre en place.

Du moins, c’était ce que je pensais. Jusqu’à ce qu’un cri aigu à m’en percer les tympans ne retentisse derrière moi.
Avant que je ne puisse comprendre ce qui se passait, Maximus poussa un hennissement et se cabra, tordu de douleur. Je battis stupidement des bras, une main accrochée à sa crinière pendant que mon sac valsait et que son contenu s’étalait sur le sol. A ma plus grande horreur, je sentis mon portable glisser de mes doigts et m’échapper au moment où Maximus reposait les sabots sur le sol et s’élançait au galop, totalement paniqué. Je m’étalai sur son encolure, et mon cœur s’arrêta de battre lorsque j’entendis un sifflement par dessus ma tête et que je vis un oiseau filer devant moi, avant de prendre un visage sec pour me faire face. Mon sang se figea, et je tirai vertement sur les rênes de Maximus avec l’énergie du désespoir pour le forcer à faire demi-tour. Mais avant que je ne puisse commencer l’opération, l’oiseau de Stymphale se dirigea droit vers moi, et j’eus à peine le temps de m’écarter pour que son bec n’atteigne pas mon visage. Mais pas assez vite et le tranchant aussi aiguisé qu’une lame de rasoir fendit mon blouson et entailla ma chair. J’étouffai un gémissement et tirai comme un forcené sur les rênes de Maximus.

-Max, demi-tour ! Mon portable est de l’autre côté, j’ai besoin de mon portable ! Max !

Mais la vision d’un nouvel oiseau qui fondit sur son flan acheva de paniquer l’étalon, qui hennit de douleur et partit dans une direction totalement opposée, rendu fou. D’autres oiseaux arrivèrent et je ne pouvais plus compter sur Maximus, qui n’obéissait plus qu’à son instinct le plus primitif qu’était de fuir le plus loin possible de ses volatiles qui le blessait de leurs becs de bronze. Faute de réussir à le calmer, je serrais l’enceinte contre moi et me laissai tomber sur le sol. J’atterris avec lourdeur et roulai plusieurs fois dans la boue, la neige et la poussière avant de m’immobiliser, meurtri et désorienté. Je me redressai, l’enceinte miraculeusement intacte dans une main et levai les yeux au ciel. Je n’aurais pas dû. C’était une vision apocalyptique qui s’offrait à moi. Des nuées entières d’oiseaux obscurcissaient le ciel qui, malgré le soleil, me semblait sombre et lugubre. Certains suivirent Maximus dans sa fuite, mais la plupart foncèrent sur moi. Je portai les doigts à mon mousqueton et le poignard de bronze céleste se déploya dans ma main tremblante.

Cette fois j’étais seul. Pas de Connor pour couvrir mes arrières, pas de Percy pour me sauver d’une situation désespérée, pas de papa qui interviendrait divinement pour me sortir de là. Juste moi, mon poignard et mon enceinte contre ces centaines d’oiseau qui ne cherchait qu’à m’arracher le moindre morceau de chair.

La bile me monta à la gorge et pendant un affreux instant, j’eus envie de me replier sur moi-même en position fœtale et laisser les oiseaux faire leur œuvre. J’agrippai la tortue de bronze et y puisai la force de me redresser, malgré ma douleur à l’épaule et mon corps endolori par la chute. Plusieurs oiseaux virevoltèrent autour de moi et plantèrent leur bec tranchant en moi. Mon manteau fut vite déchiré et il me fallut plusieurs tentatives avant s’asséner un coup mortel à l’un d’entre eux, le faisait éclater en un nuage de plumes qui s’éparpillèrent. Mais l’un des volatiles en profita pour refermer son bec sur ma main et je poussai un cri en la ramenant contre moi, du sang s’écoulant abondement d’une plaie, les oreilles percées par les cris qui ne discontinuaient pas autour de moi. Je pressai mon poignard dans ma main blessée et l’enceinte dans l’autre, les dents serrés et courant à en perdre haleine sans même songer à donner des coups. J’étais trop occupé à chercher mon sac à dos et mon téléphone, et les oiseaux me compliquaient assez la tâche en se massant autour de moi, me bouchant la vue et me harcelant. Bientôt le bec de bronze effilé traversa le tissu pour attaquer la chaire et je trébuchai plusieurs fois, m’écorchant les mains et l’immobilité m’exposant encore plus. Les hurlements des volatiles étaient si fort, si près, qu’ils emplissaient toute ma réalité et me faisait littéralement perdre la tête. Pourtant, alors que je ne pensais qu’à avancer, balançant maladroitement mon poignard à droite, à gauche avec un cri de rage et de douleur car à chaque fois un oiseau profitait pour fondre sur ma main, je trébuchai une nouvelle fois, mais pas sur la boue. Mes mains rencontrèrent du tissu, et à travers le sang qui coulait depuis une plaie sur mon front, je reconnus le sac à dos que j’avais emporté et qui était tombé lors de la ruade de Maximus. Le soulagement m’envahit si brusquement que j’en oubliais presque les oiseaux qui me harcelaient et l’un d’entre eux ne tarda pas à se rappeler à mon bon souvenir en m’écorchant la jambe laissée à nue par mon pantalon en lambeau. Je ne pus retenir un nouveau cri et me roulai sur le dos pour planter mon poignard dans le poitrail de l’un des volatiles. Les plumes qui volèrent sous le choc masquèrent l’un de ses congénères qui fondait sur mon visage, le bec ouvert avec convoitise et l’œil brillant de malveillance. Je levai mon bras, haletant, la poitrine compressée en comprenant que c’était trop tard et que l’oiseau allait me lacérer la face. Mais alors qu’il se tenait à une dizaine de centimètre de mon nez, il fut heurté en plein vol par un projectile qui le cloua au sol et mon coup de poignard en atteint un autre qui s’attaquait à mon flanc. Moi qui croulais sous les attaques des oiseaux, j’avais à présent l’impression d’être baigné dans un nuage de plume qui me laissa perplexe. Je profitai de ce cours répit pour reprendre mon souffle et un minimum de force, mais on ne me laissa pas le temps : une main m’agrippa fermement par le col et me força à me redresser.

-Travis ! Allez Travis, lève-toi !

Les mots étaient comme assourdis, vibrant, comme s’il traversait une brume bourdonnante avant de m’atteindre. Machinalement, j’agrippai le bras qui m’attrapait et levai les yeux sur le visage d’une fille affreusement égratigné encadré de folles boucles noires. De nouveau, un immense soulagement m’envahi, si brusquement que j’en fus étourdi. Elle m’attrapa par les épaules et me tira aussi sèchement que le permettait sa maigre, si maigre, carcasse.

-Debout ! Allez mauvaise herbe, il faut qu’on se tire, il y en a d’autre ! Travis !
-Dylan, réussis-je à articuler en me redressant. Dylan, il faut que tu trouves mon téléphone !

Dylan écarquilla les yeux, mais avant qu’elle n’ait pu s’étonner de ma requête un nouveau cri résonna près de nous, et elle se jeta sur moi pour nous coucher contre le sol rendu boueux par la neige et une flopée d’oiseau filèrent par dessus nos tête. Je la sentais trembler contre moi, et du sang qui ne m’appartenait pas coulait sur mon visage. Je crispai une main dans son dos, et trouvai la force de passer à travers la surdité partielle que m’avait imposé les cris des volatiles. Je me redressai au plus vite, malgré les meurtrissures et récupérai l’enceinte que j’avais lâchée, avant d’aider Dylan à se relever. D’autres oiseaux s’élevaient dans les aires pour mieux fondre sur nous – et plus haut, le ciel ne semblait pas se dépeupler et s’obscurcissait même d’avantage. Dylan hoqueta :

-Di Immortales … Bon sang … (Elle leva un regard furieux sur moi). Par les dieux, qu’est-ce que tu fiches ici ?!
-Venu t’aider.

Dylan dressa un sourcil et je me rendis compte que compte tenu de mon état et la façon dont elle m’avait sauvé la mise, j’étais mal placé pour être le sauveur. Malgré les mots qui lui brûlaient manifestement les lèvres et les questions qui se lisaient dans ses yeux, elle poussa un soupir résolu et pris mon bras pour m’attirer vers la forêt.

-Il faut qu’on aille se cacher, c’est le seul moyen de leur échapper ! Attendre que ça passe !
-Ça ne passera pas ! protestai-je en me souvenant du mythe de Hercule et de l’attaque de la Colonie. Ils ne bougeront pas, on ne va pas pourvoir sortir !
-Mais ils sont trop nombreux ! Travis !

Mais déjà je ne l’écoutais plus et fouillai frénétiquement le sol des yeux. Elle me suivit et je remarquai qu’elle boitait lourdement de la jambe gauche. J’évitai de trop la dévisager : du peu que j’avais pu apercevoir, elle était dans un état déplorable, blessée et saignant de partout et j’avais peur de suffoquer si je l’étudiais d’avantage. Elle finit par m’attraper le bras et me hurla, le feu dans les yeux :

-Travis, on doit se cacher ! On va finir en charpie !
-Pas si on trouve mon téléphone !

Dylan parut fulminer et prête à me coller son poing dans mon visage. Faute de quoi, elle banda son arc aussi vite que lui permettait son état et décrocha une flèche qui en un coup fit exploser deux oiseaux qui fondaient sur nous. Profitant qu’elle me couvre, je ramassai tout mon matériel éparpillé sur le sol en espérant y découvrir mon téléphone quelque part. La panique me gagnait alors que les volatiles se faisaient de nouveau plus nombreux autour de nous. Dylan se trouva à cours de flèches et mes recherches étaient infructueuses. De nouvelles blessures vinrent s’ajouter et la jeune fille poussa un véritable hurlement quand l’une des créatures l’atteignit à la joue. Je la vis tomber lourdement sur le sol mais avant qu’une autre n’ait pu l’attaquer, j’avais lancé mon poignard qui alla se ficher en travers de son cou et la transformer en nuage de plume.

-Dylan ?!
-Je vais bien, m’indiqua-t-elle d’une voix qui tremblait. Je … Travis, je l’ai !

Elle allongea triomphalement le bras et je vis sa main se refermer sur un boitier noir, à l’écran en toile d’araignée mais qui s’alluma miraculeusement lorsqu’elle appuya sur le bouton. Je voulus la rejoindre, mais une nuée d’oiseau me barrait le chemin et je battis en retraite, me recroquevillant en position fœtale pour leur donner le moins de surface possible, l’enceinte serrée contre moi. Je croisai les yeux de Dylan, ces yeux si sombres et terrifiés qui avaient hanté mes rêves. Mon cœur se brisa une nouvelle fois.
Par les dieux, pas maintenant … Pitié, pas maintenant que je l’ai retrouvée …
Je baissai le regard sur l’enceinte. Par miracle, la petite lueur bleue luisait comme un espoir : elle était encore connectée. Tout en augmentant le son, je criai à Dylan :

-Mets une musique !
-Quoi ?!

Elle était couchée, face contre terre, le téléphone dans une main tremblante et l’autre repoussant passivement les oiseaux. Elle me jeta un nouveau regard où brillaient la panique et l’incompréhension.

-Une musique ! répétai-je. Va sur Youtube, et mets une musique, n’importe laquelle du moment qu’elle est horrible !
-Tu te fiches de moi ?!
-Dylan, fais-moi confiance !

Ces yeux accrochèrent les miens une demi-seconde. Cela parut durer une éternité, où nous regards furent accrochés l’un à l’autre comme si c’était la dernière fois, comme s’il s’agissait de l’ultime lien qu’on aurait jamais. Les becs effilés nous harcelaient toujours, mais nous étions tout deux désarmés, impuissants, avec comme seules armes un téléphone cassé et une enceinte dont j’espérais qu’elle marchait encore. Puis finalement, après cette demi-seconde qui me semblait une vie, Dylan baissa les yeux sur le téléphone et pianota avec fébrilité. Anticipant la suite, j’augmentai le volume de l’enceinte et me bouchai les oreilles, priant pour que cela marche. Et mes tympans éclatèrent.
C’était du métal que Dylan avait choisi, du métal si hard et si dissonant que j’en grimaçai, mais je ne fus pas le seul. Les oiseaux poussèrent des hurlements de protestations et devinrent comme fous : ils s’envolèrent de façon diffuse, se heurtèrent et se blessèrent les uns les autres pour tenter de regagner le ciel au plus vite. Ceux qui ne s’étaient pas joint à la fête s’éloignèrent en bande plus ou moins organisée vers le nord et découvrirent à notre vue le ciel qui se teintait d’indigo, irisé par les derniers rayons du soleil. Dylan laissa s’écouler une chanson, puis deux, pour être sûr que les oiseaux de Stymphale étaient bien partis et que nous ne risquions plus rien. Mes mains n’avaient pas suffi à atténuer les cris des volatiles et des chanteurs et lorsque la symphonie s’éteignit enfin, mes oreilles bourdonnaient si fort que j’étais certain d’être devenu définitivement sourd.
Je laissai retomber mes bras sur ma poitrine, hors d’haleine, meurtri de toute part. Dylan et moi ne bougeâmes pas ni ne parlâmes pendant plusieurs minutes, reprenant notre souffle par à-coups, la respiration haletante et le cœur battant la chamade. De temps à autres, nos regards s’effleuraient, puis se captaient jusqu’à se prolonger et se planter dans celui de l’autre. Un lent sourire effleura mes lèvres.

-A bon entendeur … c’est le genre de truc qu’aurait pu t’apprendre la Colonie.

***

Dylan était si sérieusement amochée par la route et les oiseaux qu’elle resta plusieurs minutes prostrée et incapable de se relever. J’avais dû la soutenir jusqu’à un ruisseau qui dévalait les pentes de Shadow Mountain, à l’eau cristalline qui coulait jusque Grand Lake. Nous nous étions chacun écrasés devant l’eau qui chantait et j’entrepris de faire l’inventaire de ce qui avait échapper à ma chute. Je jetai ma gourde de nectar aux pieds de Dylan, et fut soulagé de retrouver quelques compresses, pansements et bandages. J’avais même réussi à ramasser quelques pommes que j’avais destinées à Maximus. J’avais juste perdu mon paquet d’ambroisie et j’avais trouvé des miettes de mon paquet de biscuit, mais j’avais le minimum pour nous soigner. Je levai un bref regard sur Dylan, assise, le regard plongé sur le ruisseau. Elle n’avait pas amorcé le moindre geste pour ramasser la gourde de nectar, malgré ton état lamentable. La lumière déclinait, mais elle suffisait pour que j’aie une vue d’ensemble sur elle pour la première fois. Mon cœur battait presque plus fort que lorsque j’étais face aux oiseaux de Stymphale pourtant je n’arrivais pas à détacher mon regard d’elle. Ses cheveux avaient poussés jusqu’au creux de ses omoplates et étaient emmêlés, sales et sommairement attaché en queue-de-cheval. Elle était égratignée de partout : une grosse plaie saignait sur sa joue, elle avait un bleu sur la pommette gauche et ses vêtements étaient en lambeau. Il ne restait que des pans de tissus de son blouson de cuire rapiécé et de son pull et son jean arraché suintait du sang des blessures infligées par les oiseaux. Mais le plus inquiétant restait sa cheville droite : elle était entourée de bandage que je soupçonnai d’être en réalité un tee-shirt, boursoufflée, et Dylan n’arrivait pas à se tenir ne serait-ce qu’une seconde dessus. C’était à s’en demander comment elle avait pu arriver jusque là avec une cheville dans cet état.
Mais la vérité, maintenant que les oiseaux étaient loin et que nous étions murés dans ce silence pesant, c’était bien l’une des questions que je me posais. Comment était-elle arrivée jusque là ? Et pourquoi ?
Mon cœur se serra affreusement, et la douleur, moins sourde et plus lancinante maintenant qu’elle était là, devant moi, pour la première fois depuis trois mois, me frappa de nouveau sourdement. J’en avais assez de mes souffrances physique : il fallait que j’éloigne les morales. Ce n’était pas le moment de craquer. Je ramassai la gourde et l’agitai sous le nez de Dylan.

-Bois. Ça te fera du bien.

Elle baissa les yeux sur moi et se mordit la lèvre inférieure. Chaque fois qu’elle me regardait, je lisais dans ses prunelles qu’elle n’en revenait pas que je sois là, qu’elle se demandait si j’étais réellement présent ou non. C’était pour cela que je me détournai chaque fois : j’avais peur de lui renvoyer exactement ce même regard.
Par les dieux, moi non plus je n’en revenais pas qu’elle doit devant moi. Pas après tout ce qui s’était passé. Tous mes sentiments remontaient à la surface, les positifs comme les négatifs et me prenaient à la gorge.
Elle se resserra un peu les bras sur son ventre et détourna le visage.

-Non, vas-y. Tu es blessé.

C’était vrai : j’avais des plaies partout et celle sur mon front déversait un flot ininterrompu de sang dans les yeux. Je l’essuyai passivement et sortis une compresse pour la presser sur la blessure. C’était douloureux, mais sans gravité. L’état de Dylan m’inquiétait plus et avec un soupir, je m’accroupis en face d’elle et la forçai à allonger la jambe. Elle fit mine de la soustraire mais elle abandonna bien vite avec une grimace de douleur et me laissa débander sa cheville. Je poussai un profond soupir en la découvrant : sa peau était bleue et contusionné de veines mauves voir noire et elle avait sans doute triplé de volume. Je versai du nectar sur une compresse et la passai sur les zones le plus sombres. Dylan frémit, mais un sourire désabusé se craquela sur ses lèvres.

-Elle est cassée, mauvaise herbe. Ça ne suffira pas.

Elle avait sans doute raison, mais lorsque j’achevai de nettoyer la cheville, les contusions s’étaient réduites et je réussis à trouver des morceaux de bois assez solides pour former une attelle de fortune. Dylan me laissait faire, me fixant d’un regard qui me mettait mal à l’aise. Je me concentrai sur ma tâche pour ne pas avoir à croiser ses yeux mais elle finit par briser le silence d’une voix morte :

-Travis … Je suis …
-Si tu veux dire « je suis désolée » ou autre connerie comme ça, ça attendra, la coupai-je d’une voix peu sèche. Il faut te remettre sur pied avant de rentrer.
-De rentrer ?

Je trouvai la force pour la toiser, un sourcil dressé.

-Parce que tu es venu de Vancouver jusqu’ici pour ne pas rentrer, peut-être ? (je lui tendis la gourde) Allez, bois. Laisses-en moi juste un peu.

Dylan observa mon visage, puis la gourde, et finit par saisir celle-ci, sans doute vaincue par la lassitude et la douleur. Elle en but quelques gouttes pendant que je finissais de bander sa cheville. Je vis la plaie sur sa jambe cesser de saigner sous les effets curateurs du nectar et je poussai un soupir de soulagement. Ce serait suffisant pour le retour. Elle finit par me tendre la gourde d’une main toujours tremblante, sans me lâcher du regard.

-Est-ce que j’ai au moins le droit de te demander comment tu as su que j’étais là ? lâcha-t-elle du bout des lèvres.

Chaque mot semblait écorchait sa gorge, hésitant, comme si elle les avait mentalement pesé avant de les laisser s’échapper. Je fermais les yeux pour refouler tous les sentiments qui se battait dans ma poitrine, l’espoir qui se battait contre la colère qui étouffait l’amour.
Bon sang, j’allais exploser.

-Ta mère m’a envoyé des rêves. Et comme je les écoutais pas … Elle m’a envoyé Nico.

Dylan crispa ses doigts sur ses genoux.

-Ma mère ?

Un sourire amer déforma mes lèvres. Perséphone, l’une des raisons pour lesquelles elle avait souhaité s’éloigner des Etats-Unis, effrayée par la perspective d’avoir un lien filial avec elle.

-Ça t’étonne ?

Elle ne répondit pas, visiblement stupéfaite par la nouvelle. Sa cheville bandée et le nectar faisant son effet sur ses plaies, je pus m’occuper de moi. Je pinçai des lèvres en buvant les dernières réserves de nectar. Bon sang, rien que ça c’était significatif. J’étais meurtri de partout, mais malgré cela et le sang qui continuait de couler dans mes yeux, je m’étais d’abord occupé d’elle. Troublé, je me levai et m’éloignai vers le ruisseau pour y tremper une compresse pour nettoyer mes plaies. Déjà mon corps me semblait moins raide et la vigueur revint dans mes membres, mais mon cœur battait toujours la chamade, saignait, remuait. Si seulement le nectar était efficace contre cela …
Un bruissement nous fit sursauter et je pivotai prestement, poignard à la main. Mais ce n’était que Maximus qui trottinait tranquillement vers nous, miraculeusement sain et sauf. Visiblement, les oiseaux avaient préféré se concentrer sur les demi-dieux que sur le cheval et seule une plaie peu profonde sur son flan ne subissait de leur face à face. Soulagé, j’agrippai sa crinière et flattai son encolure.

-Bon sang, tu m’as fait peur mon vieux.
-D’où il sort ce cheval ? s’étonna Dylan, avant d’écarquiller les yeux. Mais attends, tu es venu à cheval ?!
-Ce n’est pas comme si j’avais eu le choix … Bref, en selle.
-Tu te fiches de moi ?

J’ouvris les bras, passablement agacé par cette phrase qu’elle répétait pour la seconde fois.

-Non, je ne me fiche pas de toi ! Très personnellement je ne me suis jamais fichu de toi : tu es sans doute la personne avec laquelle j’ai été la plus honnête dans ma vie ! Quand tu me saoulais, j’étais clair, quand j’ai commencé à tomber amoureux de toi, j’ai été clair aussi ! Alors ne viens pas me dire que je me fiche de toi, bon sang ! Toi, tu n’as pas le droit de me dire ça !

Dylan rentra la tête dans les épaules, l’air ébranlée par mes paroles. Je n’avais pas eu l’intention d’être aussi virulent, mais une fois qu’un mot était sortis, les autres l’avait poussé, exhorté par tout ce que la vue de Dylan avait libéré en moi. Je pris une profonde inspiration pour calmer les nerfs et passer une main sur mon visage.

-Ecoute, je suis venu t’aider, repris-je d’une voix résolument calme. Alors oui, à cheval, désolé si ça ne te va pas princesse, je n’avais que ça. Maintenant, si tu veux rester là … Je ne vais pas te retenir.

Dylan me contempla un long moment en silence et pendant quelques instants, j’eus l’impression qu’elle allait fondre en larme. Ce fut sans doute pour cela que sa voix fut rauque quand elle entonna :

-Non. Le cheval, ça me va.

Je hochai la tête, assez rassuré car malgré tout, je n’avais pas la moindre envie de la laisser derrière moi. Alors je l’aidai à se relever, puis à monter sur Maximus, avec force de grimaces. Je m’élevai à mon tour et m’installai derrière elle, me rendant compte avec une certaine gêne que j’allais avoir du mal à guider Maximus sans avoir de contact physique avec Dylan. Elle aussi parut embarrassée car elle se tendit quand mes bras se déployèrent de part et d’autre d’elle pour saisir les rênes. Mais cela avait du bon. Au moins, elle arrêterait de me fixer. Pourtant au moindre contact, au moindre mouvement, mon cœur s’emballait et je sentis mes joues s’enflammer. J’aurais plutôt aimé continuer à être en colère contre elle plutôt que toutes ces traces d’émotivité n’apparaissent. Les pentes de Shadow Mountain s’éloignaient quand elle daigna ouvrir la bouche pour chuchoter :

-Dis … j’ai peut-être oublié de te remercier.

Malgré moi, un léger sourire s’étira sur mes lèvres.

-Ouais, peut-être que ça s’impose, effectivement.
-Désolée. C’est juste … je m’attendais pas … Après ce que je t’ai fait …

Un bouchon douloureux se forma dans ma gorge et malgré le ciel dégagé, j’eus l’impression de revoir les nuages qui s’étaient abattus sur ma vie dans ce parc à Los Angeles. Je n’avais pas plus envie maintenant de m’attarder sur ça – et sur ce qui pourrait se passer maintenant qu’elle était là – alors je préférais demander :

-Qu’est-ce que tu fais là ?

Je la sentis se raidir dans mes bras. Malgré sa fatigue manifeste, elle évitait de s’appuyer contre moi et restait droite en selle en une position qui, du fait de son état, devait être hautement inconfortable.

-Comment ça ?
-La dernière fois qu’on s’est vu, tu allais à Vancouver, prête à échapper à l’influence de ta mère et à suivre la Cour. Alors qu’est-ce que tu fais dans le Colorado ?

Pourquoi es-tu revenue ? Dylan garda longtemps le silence et pendant un moment, je n’entendis plus que les sabots de Maximus qui claquaient tristement contre le sol. Sa tête s’inclina et elle repoussa une mèche de cheveux derrière son oreille.

-Le Colorado, c’est chez moi, souffla-t-elle. C’est ma terre, c’est là où je suis née, là où mon père est mort, là où mes ancêtres ont vécus. Je suis liée à ces montagnes, à ces rivières, à ces villes. C’est dans mon sang et dans ma chair.

Je reconnus le discourt de l’amérindienne dans les mots de Dylan. Chelsea s’était étonnée de voir la jeune fille quitter sa terre compte tenu de son attachement quasi-filiale qu’elle avait avec. C’était un fait que j’avais hautement sous-estimé et je me tus religieusement en écoutant cette part de Dylan que je connaissais à peine.

-Je me suis sentie vide dès l’instant où je n’avais plus les Rocheuses dans mon horizon, avoua-t-elle. Dès qu’on a quitté la ferme en flamme et que les montagnes ont disparu … Mais j’ai repoussé ce sentiment. Je me suis dis que je reviendrais. Puis je suis allée vers le Nord et chaque pas que je faisais qui m’éloignait d’elle, j’avais l’impression que je me creusais un peu plus. Il y a bien des montagnes au Canada mais … ce ne sont pas elles. Pas celles où j’ai grandi. Tu te souviens de ce que ma mère a dit avant qu’on parte ? Que je devais planter mes racines dans ma terre pour m’épanouir ? Pas n’importe quelle terre, la mienne. J’ai besoin du Colorado pour être entière. Je te jure quand j’ai revu les Rocheuses … j’ai cru que j’allais en pleurer.

Je sentais la sincérité dans les propos de Dylan, dans la vibration de sa voix, dans la façon dont elle posait chez yeux sur les cimes des arbres comme s’ils étaient une merveille de son monde. Pourtant la réponse était plus qu’incomplète et ce fut avec un goût amer dans la bouche que je demandais :

-Et la Cour ?

La question arracha Dylan à sa contemplation et de nouveau elle se recroquevilla sur elle-même.

-Ecoute … je suis tellement désolée …

Mais étrangement, ce n’était pas ce que j’avais envie d’entendre. Ça n’apaisait rien, le fait qu’elle s’excuse, au contraire : ça ne faisait qu’attiser mon ressentiment et la colère née de sa décision de suivre la Cour. De peur de laisser échapper un flot de parole que je regretterais peut-être, je contractai ma mâchoire pour ne rien laisser filtrer et garder le silence. Ce mutisme parut heurter physiquement Dylan, et elle se résolut à répondre à ma question :

-Clopin a tenu sa promesse. Allison ne nous a pas suivi – Caleb non plus, d’ailleurs. On est tous parti vers le Canada avec des meilleures résolutions : on prenait des décisions collégiales, au vote et quand on est arrivé à Vancouver on a très vite trouvé une maison abandonnée dans la banlieue est. On a tout reconstruit, on a refait des cultures, et j’ai aidé Clopin à écrire une sorte de Charte de la Cour. La Cour démocratique était née, en un sens et en ça j’étais contente. J’avais besoin d’assainir ce que j’avais créé, et à ce moment là, je me suis dis que je pourrais être à nouveau heureuse en son sein, comme avant … Et c’est là que Spencer et Jennifer nous ont rejoins. Clopin a été atterré qu’ils aient été les deux seuls à vouloir nous rejoindre et je pense qu’il est sûr que tu leur as déconseillé de venir – et il t’en veut pour ça. Mais moi … Enfin, j’avais eu peur pour Chelsea et pour tout ceux qui avaient fuis après l’incendie. Donc savoir que Connor et toi les aviez accueillis … que vous cherchiez des solutions pour eux … Qu’ils n’étaient pas seuls … j’ai franchement été soulagée. Mais en même temps, ça m’a ramené à une réalité que j’avais essayé totalement d’occulter depuis mon départ. C’était fini Denver pour moi, j’étais partie. Je parcourrais plus jamais ses rues en te cherchant pour t’embêter, je ne rigolerais plus jamais avec Chelsea à ce qu’on pourrait vous faire subir … (Elle se prit le visage entre les mains). Chelsea, par les dieux. Elle est comme ma petite sœur, et j’avais beau m’y attendre, voir qu’elle ne faisait pas partie de ceux qui revenaient, ça m’a brisé le cœur. Et je me suis rendue compte que j’allais devoir évoluer toute ma vie sans elle … C’était comme si, petit à petit, on avait morcelé mon existence. Le Colorado, Chelsea … et …

Elle s’interrompit, la voix visiblement étouffée par l’émotion, et je compris que mon nom aurait été le prochain de la liste. Mon cœur tomba dans ma poitrine et pour éloigner le sujet de moi, je rassemblai mes dernières traces d’espièglerie pour lancer :

-C’est peut-être le moment pour te dire que Chelsea aussi est chez mon grand-père. Ma mère s’est prise d’affection pour elle, et elle vient fêter noël avec nous. C’est toujours plus joyeux qu’au Camp Jupiter.

Je m’attendais à ce qu’elle désapprouve le choix de sa sœur de cœur de retourner à la Légion, ou qu’elle angoisse à l’idée de se retrouver devant cette fille qu’elle avait déçue en l’abandonnant. Pourtant, ce fut un éclat de rire, tremblant mais clair, qui s’échappa de sa poitrine.

-Ça ne me surprend pas. Ta mère a un faible pour les petits chiots égarés.
-Ce serait répété et amplifié. Qu’est-ce qu’il s’est passé ensuite ?

Les maigres épaules de Dylan se soulevèrent. La température flirtait autour du zéros et elle grelottait dans son pull déchiré par les oiseaux.

-Je ne saurais pas te dire exactement ce qui m’a décidé. J’espérais retrouver ma famille, une place dans cette vie … et au final, je me suis retrouvée étrangère dans une terre étrangère. J’avais beau reconstruire la Cour, reconstruire Clopin … moi, je me sentais détruite à l’intérieur. Je me suis assez vite rendue compte que j’avais fait l’une des plus terribles erreurs de ma vie mais … j’étais trop fière pour revenir en arrière. Et … j’avais trop honte, aussi. Et puis j’ai rêvé. C’était diffus, c’était tout et n’importe quoi, ça s’entassait pêle-mêle dans mes nuits mais c’était là. Je voyais les Rocheuses, Denver, mon père, Chelsea … Et un matin je me suis réveillée en me rendant compte que j’étais plus heureuse dans mes nuits et ce monde de songe que dans ma réalité. Je ne sais pas … la résolution est venue assez soudainement, en un sens. Je me suis vraiment réveillée un matin avec la certitude que je devais rentrer chez moi et retrouver mes terres ancestrales pour redevenir qui j’étais.
-Mouais. Somme toute tu es Simba qui rentre d’exile sur la Terre des Lions.

Cette fois, ce fut un véritable éclat de rire, pur et cristallin, que émana de Dylan. Cela produisit une embardée dans ma poitrine que j’espérais qu’elle n’entendrait pas. C’était incroyable, le pouvoir d’un rire d’adoucir les esprits : pendant le temps que dura ce son, tout sembla s’apaiser en moi, n’y laissant que ces sentiments que j’avais tenté de refouler, mais qui, appelés par ces vibrations, ressurgissait avec force.

-Je n’avais pas envisagé les choses sous cet angle, admit-t-elle une fois calmée. C’est vrai qu’il y a des analogies mais … Simba avait un plan, pour rentrer. Un but. Moi … Pas vraiment. Mais je savais que je ne pouvais plus rester là bas. Ce n’était pas là qu’était ma place. Je suis une Ute des Rocheuses, ou la vagabonde de Denver mais … je n’ai rien d’une Canadienne. Alors une fois ça établit … ne me restait plus qu’à partir.
-Clopin a bien pris la chose ?

Il y avait une certaine ironie dans mes propos et Dylan dut le percevoir car je la sentis plier son coude, comme si elle voulait me donner un coup, avant de se rétracter.

-Il s’est vraiment amélioré, le défendit-t-elle néanmoins. Je ne serais pas partie si j’avais été inquiète pour la sécurité des gosses … et ce n’est franchement pas le cas. Clopin ne commande plus seul et Jennifer m’a promis de veiller à cela. Elle est devenue la nouvelle lieutenante, si on veut et c’est logique. C’est elle qui est responsable de tout ce qui est électricité, internet … sans elle, la Cour s’écroule. Et Clopin … Evidemment, il était contre le fait que je parte. Il a essayé de me retenir … Mais j’étais certaine de ma décision. C’est mon grand frère et je garderais toujours une place pour lui dans mon cœur … Mais je sentais qu’on était aussi à la croisée des chemins, nous deux, et … qu’il était temps qu’ils se séparent.

Sa voix s’était enrouée, et je la vis porter sa main à son visage, comme si elle essuyait une larme. Touchée malgré moi, je la laissai reprendre contenance par de grandes inspirations, mais cela ne suffit pas, et je sentis quelque chose de chaud s’écraser sur ma main. Les épaules de Dylan se mirent à trembler, assez violement pour que je comprenne que ce n’était pas le froid qui y était en cause et des reniflements commencèrent à se faire entendre. Pris au dépourvu, je restai figé, à l’avoir dans mes bras dans l’avoir réellement, les mains arrosées de ses larmes. Elle finit par se prendre le visage entre les mains et éclater en sanglots.

-Dylan …
-Désolée, hoqueta-t-elle d’un ton étranglé. Je … je suis tellement désolée … d’être partie, d’être revenue … comme ça …
-Dylan …
-Je … je sais que tu … tu n’as pas envie d’en parler … pas maintenant … je comprends … Mais … Mais ça a compté … tu comprends ?

D’aucun aurait pu croire que c’était difficile de comprendre en un discourt si éludé, mais pourtant ce fut le cas. J’avais pesé dans sa décision, et je n’arrivais pas à savoir si j’en étais heureux ou agacé.
Si vraiment j’avais compté, serait-elle partie ?
Les sanglots de Dylan se firent plus sonore et plus riches d’émotions. Tout s’exprimaient dans ces pleurs : sa lassitude, ses regrets, son soulagement, sa douleur et ses incertitudes. Et quelque part entre tout ça, les prémisses d’un bonheur, celui d’être enfin rentrée chez elle, sur cette terre qui lui était tout. Rien ne semblait les arrêter, jusqu’au moment où l’amour pris le pas sur la rancœur et que je refermais plus franchement mes bras sur elle, l’attirant contre moi dans l’espoir que cela apaiserait enfin les tremblements qui menaçaient de la faire tomber de cheval. Elle se laissa aller contre ma poitrine, sans doute trop épuisée pour protester et continua de pleurer jusqu’à avoir expier la moindre larme. Je sentais sa poitrine remuer au rythme de sa respiration laborieuse, puis celle-ci se régulariser jusqu’à qu’elle trouve la force de souffler :

-Tu sais … Je m’attends à rien. Je … je sais que je t’ai fait du mal, il y a trois mois et que je n’ai aucune légitimité à revenir comme ça, et à exiger la moindre chose de toi. Et je ne le ferais pas … Je voulais simplement … revenir te dire à quel point je regrette ce que j’ai fait … Je ne te demande même pas pardon. Juste … (Ses doigts se crispèrent sur la crinière de Maximus). Je suis vraiment désolée, pour tout. Et … je comprendrais que tu veuilles que je sorte de ta vie dès maintenant.

Elle ne se détacha pas de moi en prononçant ses mots et je ne fis rien pour la repousser. Au contraire, l’une de mes mains lâcha les rênes pour passer un bras autour de sa taille et la presser un peu plus contre moi. Je l’entendis lâcher un petit soupir, presque soulagé et je vis une nouvelle larme dévaler sa joue crayeuse, y traçant un sillon rosé qui chassa la crasse et le sang. Je fermai mes yeux, tentant d’analyser tous ces sentiments qui continuaient de tempêter en moi. Evidemment que la colère battait toujours mes tempes et que la plaie infligée il y avait trois mois continuait de saigner. Pourtant les événements récents m’apprenaient que j’avais une faiblesse, vite identifié par Connor alors qu’il tentait de me calmer. J’étais fou d’elle. Ça n’effaçait pas le reste, mais c’était une réalité que je pouvais ignorer et qui me portait littéralement – y compris de l’inconscience.

-Je ne suis pas venu jusqu’ici à cheval me battre contre des oiseaux sanguinaires pour te laisser blessée sur le bord de la route, finis-je par lâcher du bout des lèvres.

Dylan ricana et laissa aller sa tête contre ma poitrine. Pourtant, une nouvelle larme coula le long de sa joue.

-Par les dieux … Je suis désolée … tu ne mérites pas ce que je t’ai fait …
-Je ne dis pas que j’oublie, Dylan, avouai-je en levant les yeux vers le ciel qui déversait sur nous sa dernière lumière. Ni même qu’à terme je pardonnerais … Je sais que, quoiqu’il arrive … ça prendra du temps. Mais je ne pouvais pas te laisser mourir.

Elle pressa un peu plus sa tête contre ma poitrine, puis après quelques secondes de latence, je sentis sa main glaciale couvrir timidement la mienne. Presque naturellement, nos doigts s’entrelacèrent. Et alors que le silence, moins pesant, plus tranquille, nous atteignîmes un endroit dégagé et je souris en observant la vue qui s’ouvrait à nous. Je posai une main sur l’épaule de Dylan et désignai le panorama sur notre droite. Les Rocheuses s’élevait majestueusement et leur cime enneigée par l’hiver perçait les cieux. La blancheur se colorait sous les ultimes lumières du soleil et offrait un spectacle à couper le souffle, teinté d’orange, de rose et de violet. Les yeux de Dylan s’embuèrent devant l’image et je resserrai un bras sur elle, aussi touché qu’elle par la majesté de notre terre.

-Bienvenu chez toi, Aiyana Blackraven.



Voilààà j'espère qu'il vous aura plu :mrgreen:
cochyo

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Re: La Cour des Miracles [PJ/HdO]

Message par cochyo »

Geniaaaaaaaaaaaaal
J’adore ces deux là ! C’est ni les meilleurs, ni les plus puissants, ni les plus malins ... non ils sont juste ... eux même et c’est génial !!
Charmimnachirachiva

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Re: La Cour des Miracles [PJ/HdO]

Message par Charmimnachirachiva »

Waaaaa !!!
C'est super ! J'ai adoré !
J'ai a la fois envie de serrer Dylan dans mes bras mais aussi de la frapper pour ce qu'elle a fait à Travis !!!!!
Perripuce

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La Cour des Miracles - chapitre 19 [PJ/HdO]

Message par Perripuce »

Bonjoooour !

Oui j'accélère dans le poste de la CdM parce que ça commence à trainer, que de toute façon elle est finie et qu'il reste deux chapitre (donc celui là est le dernier, et l'épilogue arrivera la semaine prochaine !)

J'ai un peu lutté pour cette partie là (encore merci à Anna pour sa relecture !) Donc j'espère qu'il vous plaira, que le rendu est pas trop mauvais ! Bonne lecture !


Chapitre 19 : Et maintenant ?

Dylan avait fini par s’endormir contre moi au moment où le soleil s’était couché derrière les montagnes. J’évoluai avec une grande prudence, tentant d’aller aussi vite que possible sans l’indisposer – il était plus qu’évident qu’elle avait besoin de repos. Sur la seconde partie du trajet, les douleurs du combat contre les oiseaux finirent par se réveiller et lorsque la ferme fut enfin en vue, je grimaçai à chaque mouvement de Maximus. Le soleil était couché depuis longtemps et ce fut avec un véritable soulagement que je fis les premières lumières de la ferme éclairer mon chemin. Lorsque j’arrivai enfin dans la petite cour, un comité d’accueil composé de Connor, Chelsea et Camille m’attendait pelotonnés sur les marches du perron. En entendant les pas de Maximus, mon frère bondit sur ses pieds, réveillant une Chelsea qui s’était assoupie sur son épaule. La jeune fille plaqua ses mains contre sa bouche en avisant Dylan inerte dans mes bras mais je me dépêchai de la rassurer :

-Elle va bien, elle est juste … épuisée.

Mais cela ne parut pas rassurer Chelsea qui se précipita sur nous et repoussa Connor qui était en train de nous atteindre. Elle posa une main sur la jambe de la jeune fille : sa paume s’illumina d’une douce lueur dorée et la plaie qu’elle couvrait se referma sous la magie curative. Ses yeux s’écarquillèrent et elle s’écarta d’un bond pour me laisser descendre. Dylan gémit en se retrouvant sans soutiens, mais Connor m’aida à l’extirper de la selle. Elle ouvrit à peine un œil pendant l’opération et ne protesta pas lorsque mon frère l’éleva dans ses bras, ni quand Chelsea appliqua de nouveau la main sur son front.

-Elle a une sale mine, commenta Camille d’une petite voix, avant de lever le regard sur moi. Toi aussi, d’ailleurs.
Entendant la remarque, Chelsea posa un regard profondément inquiet sur moi et je levai les mains pour la calmer.
-Je vais bien, pas de problème.
-Rentrons, proposa Connor d’une voix morte. Solace n’arrête pas de nous casser les oreilles depuis des heures, il va enfin pouvoir se rendre utile …

Ils se précipitèrent tous à l’intérieur et je les laissai partir, appuyé contre Maximus, haletant et les jambes raides. Lui aussi avait commencé à faire sentir des signes de fatigue et je sentais sa respiration irrégulière. Je tirai sur ses rênes pour le ramener dans son écurie. Déjà à l’intérieur de la petite bâtisse, l’air était plus sec et plus chaud et alors que l’étalon se précipitait sur son seau de granule, je m’écroulai contre un ballot de paille, les jambes tremblantes et le corps douloureux. Quelques minutes plus tard, la porte s’ouvrit avec fracas et Connor se précipita vers moi, tirant dans son sillage par le col un Will Solace de fort mauvaise humeur. Mon frère se figea en voyant mon état, la bouche légèrement entrouverte. Même Will quitta son masque bougon pour froncer les sourcils

-Sale mine, c’était un euphémisme, admit le fils d’Apollon en s’accroupissant en face de moi. Bon, Alatir, enlève ton tee-shirt.

Un sourire retroussa mes lèvres.

-Je doute que Di Angelo apprécie que tu demandes ça aux autres garçons, Solace.
-Travis, enlève ce tee-shirt ! m’ordonna Connor, visiblement à bout de nerf.

Comme je sentais mon frère prêt à se jeter sur moi pour m’arracher mon tee-shirt, je l’enlevai docilement, grimaçant face à la protestation de mes bras couverts de plaies. Will soupira en constatant mon état et se mit immédiatement au travail, passant ses mains illuminées par la magie paternelle sur mes plaies qui se refermaient les unes après les autres. Connor supervisait silencieusement l’opération, trépignant en se rongeant l’ongle du pouce.

-Tu vas avoir quelques nouvelles cicatrices, m’apprit Will en effleurant une particulièrement profonde sur mon flanc. Et il va falloir que tu te reposes dans les prochains jours, ton corps est à bout, Travis.
-Et pas que ton corps, ajouta sombrement Connor.

J’adressai un bref hochement de tête à mon frère. Maintenant que j’étais descendu de cheval et que je savais Dylan en sécurité, la fatigue me tombait de façon brutale sur les épaules et je me sentais prêt à répondre aux appels du sommeil. Je poussai un soupir de soulagement lorsque Will guérit une blessure douloureuse sur mon mollet et il acheva ses soins par celle qui me barrait le front. Cette fois, un large sourire fendit son visage.

-Celle la, j’espère que qu’elle laissera une cicatrice ! Au moins je saurais comment vous reconnaître !
-Soigne le bien au lieu de dire des conneries, Solace, persiffla Connor.
-Ça va, ça va …

La remarque de mon frère m’arracha un sourire et j’attrapai doucement son bras pour le rassurer. En réponse, il posa une main sur mon épaule et je sentis toute son inquiétude dans la crispation de son geste.

-Bon, rien de très grave, conclut Will en se redressant. Juste … (il posa une main sur sa tempe. Il avait pâli). Repose-toi …
Il recula d’un pas, presque chancelant et Connor se dépêcha de le rattraper avant qu’il ne trébuche. Prendre soin de Nico puis soigner les blessures semblaient lui avoir coûté pas mal d’énergie.
-Va dormir aussi, Solace, marmonna Connor en le raccompagnant. Dans les bras de Di Angelo, il appréciera.
-Très drôle …

Machinalement, Will se traina jusque dehors, une main sur la tempe. Connor le raccompagna et revint quelques instants plus tard avec un tee-shirt propre et un pull que j’enfilai avec un frisson. Puis il s’assit à côté de moi et restâmes un long moment silencieux, la tête rejetée en arrière. Je fermai les yeux, appréciant la vigueur qui revenait en moi avec délice.

-Tu n’étais pas censé être en retraite ? finit par lâcher Connor.
-L’univers n’a pas l’air d’accord avec ça …

Connor coula sur moi un regard torve auquel je répondis par un léger sourire sarcastique. Il leva les yeux au ciel.

-Déjà les Enfers c’était limite … Mais là, par les dieux … comment elle a réagi, Blackraven, en voyant arriver son sauveur sur son beau cheval blanc ?

Un rire absurde me secoua et s’acheva dans une toux qui me déchira la gorge. Connor me donna des coups dans le dos qui se révélèrent absolument inefficaces pour la calmer, mais quand ce fut le cas il se départit de son sweat pour le mettre sur mes épaules.

-Et plus de ça tu vas tomber malade … Tu es au courant que maman arrive dans deux jours ? Tu la vois, la casserole que tu vas te prendre ? Quoique réflexion faite, c’est peut-être Dylan qui va se prendre la casserole, maman était déçue de son départ …
-Peut-être, convins-je d’une voix qui perdait tout timbre. Connor ? Et maintenant ?

Mon frère me lorgna du coin de l’œil sans un mot, comme s’il soupçonnait un piège. Généralement, ce n’était pas moi qui posais ces questions, mais lui. Mais aujourd’hui je n’avais pas de réponse et je n’étais pas certain d’avoir la force d’en chercher une. Il restait des traces d’agacement et d’inquiétude dans ses iris, pourtant ce fut d’une voix résolument calme qu’il entonna :

-On verra plus tard. D’abord … D’abord tu vas te reposer, et on va remettre Dylan sur pied. C’est la priorité.
Je hochai la tête de façon passive. Je n’étais pas capable de voir plus loin que le sommeil prochain. Oui, dormir ça me disait bien. Dormir, sombrer, tout oublier, me régénérer. Plonger dans un monde où je n’aurais pas à jouer au héros et où mon cœur me laisserait tranquille. Je fermai les yeux. Oui, dormir ça me disait bien. Le reste attendrait.

***


Lorsque je m’étais réveillé le lendemain d’un sommeil d’une traite, vierge du moindre rêve, l’après-midi s’était déjà avancée. Mais Dylan me battit largement : installée auprès de Chelsea dans le lit de mon grand-père, elle émergea clopin-clopant vers vingt heures, au moment où Pollux préparait le dîner. Elle était toujours pâle, garderait des cicatrices de son voyage retour, et Connor avait dégotté en urgence des béquilles dans le grenier qui datait du temps où mon grand-père s’était fait opérer des ligaments du genou. Mais dans l’ensemble, elle allait mieux, et ce fut sans doute pour cela que Chelsea cessa de s’inquiéter pour se muer en un silence bougon et courroucé dont elle ne sortait que pour exiger de Dylan qu’elle boive son nectar ou reste tranquille dans le canapé. Elle n’était pas la seule à s’incommoder de la présence de la jeune fille : Alice se faisait un malin plaisir de lui lancer de nombreuses piques qui agaçaient profondément Camille, peut-être l’unique à parler de façon courtoise à Dylan avec Nico et Katie. Will et Pollux ne savaient pas quoi penser de la situation et se contentaient de soigner et nourrir.

-Elle est bête, grommela Camille en toisant une poule rousse l’air mauvais.
-Qui ça, la poule ? répondis-je avec un vague sourire.
-Non. Alice. Chelsea a le droit d’en vouloir à Dylan. Tu as le droit d’en vouloir à Dylan – et à la limite Connor parce que c’est une extension de toi. Mais nous concernant, on n’a rien à lui dire. Nous concernant, c’est la fille qui a abandonné sa maison en flamme pour plonger dans les Enfers avec nous et sauver Alice. Alors ce qu’elle fait, j’appelle ça de l’ingratitude.

Assise sur la barrière et emmitouflée dans son anorak, Katie hocha la tête en guise d’approbation. Nous venions tous les trois de nourrir les poules mais rechignions à retourner à l’intérieur où Chelsea, de fort mauvaise humeur, dégommait les zombies et où Connor tentait de raisonner une Alice certaine d’être dans son bon droit d’insulter Dylan.

-J’ai parlé un peu avec elle, ajouta Katie. Très honnêtement, quoiqu’il arrive, je pense qu’elle s’est punie toute seule de ce qu’elle a fait. La cicatrice qu’elle a sur sa joue, elle la gardera toute sa vie.

Par automatisme, Camille porta les doigts à ses propres cicatrices et Katie lui jeta un regard peiné. Puis, elle vrilla ses yeux sur moi et un léger sourire s’étala sur ses lèvres.

-Et toi ?
-Comment ça, et moi ? rétorquai-je, sur la défensive.

Le sourire de Katie se fit désabusé et elle échangea un regard presque entendu avec Camille. Je me sentis m’empourprer. Cela faisait deux jours que Dylan était revenue, et je n’y voyais pas plus clair en moi. Il y avait des choses évidentes : la colère et l’amour. Mais je n’arrivais pas à démêler l’une de l’autre. Elles s’entredéchiraient en moi et lorsque l’une prenait le dessus, l’autre la plongeait dans les abysses. Camille se hissa sur la barrière pour pouvoir me regarder dans les yeux.

-Tu lui en veux beaucoup, pas vrai ?

Je haussai les épaules sans chercher à nier.

-C’est normal que tu lui en veuilles, même elle comprend, concéda Katie en penchant la tête. Mais … Est-ce que ça peut changer ?
-Peut-être, admis-je en toute sincérité. Je n’en sais rien, à vrai dire.
-Tu n’as pas réussi à l’oublier, et tu t’es précipitée comme un preux chevalier pour la sauver, rappela-t-elle avec amusement. Ça veut dire quelque chose, quand même.
-Je ne dis pas le contraire. Mais il y a un grand pas entre refuser qu’elle meure et tout oublier.

Katie pinça des lèvres et Camille se fendit d’une moue. Cela m’agaçait assez qu’une partie des personnes présentes nous fixent, Dylan et moi, avec l’espoir que quelque chose se passent sous leurs yeux mais je les décevais à chaque fois. C’était un regard si pesant que je désertais rapidement les endroits où Dylan était. Je lui avais à peine adresser la parole depuis, et les quelques mots qui m’avaient été arrachés avaient été pour m’enquérir de son état. Je voyais bien que Dylan ne pouvait pas s’empêcher de se sentir blessée par mes fuites, mais je refusais d’avoir cette confrontation. Je pensais qu’il y avait une partie de moi qui craignait de craquer si jamais de parler de mes sentiments avec Dylan.
Mes réflexions furent interrompues par les crissements de pneus contre la neige et une voiture entra dans la petite cour pour se garer devant la ferme. Un sapin était solidement attaché sur le toit et les quelques flocons qui étaient tombée s’accrochaient désespérément à ses épines. Déjà les voix énervées nous parvenaient firent naitre des sourires amusés sur nos lèvres :

-Tu conduis comme une tarée Holly ! Je ne t’ai jamais appris à conduire comment ça !
-Ça c’est parce que c’est maman qui m’a appris à conduire, toi tu restais à l’arrière à dormir !
-Je travaillais tout le jour moi, jeune fille ! J’espère que tes fils conduisent mieux que toi, il est hors de questions que mes petits-fils aient un comportement aussi dangereux que le tien !
-Tu oses me parler de comportement dangereux ? Je suis sûre que c’est de ta faute si Travis fume !
-Est-ce que vous savez vous parler dans cette famille ? me souffla Camille.

J’eus un sourire. Si ma mère avait pris l’habitude de nous crier dessus, c’était bien parce que c’était comme ça qu’elle communiquait avec son propre père.
Enervée, ma mère claqua la porte de la portière conducteur et se dépêcha vers nous pour mettre un maximum de distance entre elle, et l’homme grand, sec et élancé qui marchait derrière elle, brandissant le poing avec exaspération :

-Tu vas m’attendre, jeune fille !
-Bon sang papa, j’ai quarante-deux ans ! Je n’ai pas plus d’ordre à recevoir de toi depuis que j’ai dix-huit ans !
-C’est vrai ça ?

Ma mère pivota brusquement vers moi pour pointer sur mon nez un index menaçant et en voyant les éclairs dans ses yeux, je suis fus heureux que l’enclot des poules nous séparent.

-Toi tu vis encore sous mon toit, jeune homme ! Essaie un peu ! (Puis elle posa son regard sur Camille et son expression s’adoucit). Comment tu vas ma grande ?
-Alors là, je suis vexé.

Ma mère me jeta un regard si féroce que, malgré la barrière qui nous séparait, je fis un pas de recul qui effraya une pauvre poule qui gloussa en s’éloignant.

-Je réglerais ton cas plus tard, mon garçon. D’ailleurs qu’est-ce que tu as à la main ?

Je baissai les yeux sur l’une des rares cicatrices apparentes que le combat contre les oiseaux avaient laissé sur mon corps, barrant la main d’une grosse balafre blanche. Ce n’était pas très joli et cela devait justifier l’inquiétude qui perçait le regard de ma mère. J’eus un sourire rassurant, teinté de moquerie.

-Moi ? Rien … une estafilade.

Les yeux de ma mère étincelèrent et ses sourcils de froncèrent alors qu’elle m’examinait d’un regard critique.

-Je crois que tu mens.
-Mon nez remuerait-il ? Il faudrait que ce soit un mensonge énorme.

Ma mère me contempla un long moment, entre courroux et indécision et échangea un regard avec mon grand-père qui nous avait rejoins. Owen Alatir un homme grand et décharné dont les cheveux avaient pour la plupart blanchi, bien qu’il garde une belle épaisseur. Il avait ce grand nez qu’il avait légué à sa fille, et dont j’avais également hérité – l’une des rares différences physiques avec Connor. Je lus dans le regard qu’ils échangèrent qu’ils avaient longuement parlé – et pas seulement hurlé – pendant le trajet. Mon grand-père était au courant de notre filiation divine – ma mère serait devenue folle à être seule contre ça – alors ça ne me surprenait pas que ma mère ait besoin de son avis sur les derniers éléments. Il avait été la véritable figure paternelle de notre enfance. Ma mère finit par baisser son regard sur moi.

-Alors elle est revenue ?

Je hochai la tête et ne parvins pas à retenir le sourire qui me venait spontanément aux lèvres. Ma mère se frotta la tempe et je vis le déchirement dans son regard – ainsi qu’une étincelle que j’apercevais généralement avant qu’elle n’empoigne la casserole.

-Bien, je suppose que c’est une bonne chose …
-Tu vas faire quelque chose, Holly ? demanda timidement Camille. Pour Dylan ?

Ma mère poussa un profond soupir et mon grand-père, lui pardonnant visiblement sa conduite, posa une main sur son épaule.

-Je connais cette petite depuis presque dix ans, rappela ma mère en passant une main sur son visage. Quand j’ai compris que c’était une vagabonde, plusieurs fois je lui ai proposé de venir habituer chez nous …
-Alors rien ne t’empêche de lui proposer à nouveau, dit mon grand-père avec douceur. Une de plus, une de moins …

Là-dessus, il gratifia Camille d’un clin d’œil, qui lui répondit d’un sourire. Mon grand-père avait immédiatement adopté les jumelles quand il était venu nous visiter à Denver, et comme ma mère il avait une fibre protectrice qui l’inciter à recueillir toutes les brebis galeuses sur son chemin. Ma mère vrilla ses yeux brillants sur moi et lâcha :

-C’est une décision qu’on va prendre en famille, alors … Allez chercher Connor et Alice. Il faut qu’on soit vite fixer.
-Nous aussi ? s’étonna Camille.

Le visage de ma mère s’adoucit et elle ébouriffa les mèches soyeuses de la jeune fille.

-J’ai dit « famille », ma grande.

Camille parut sur le point de fondre en larme. Malgré la boule qui s’était crée dans ma gorge en comprenant qu’on allait poser un premier jalon d’une aventure dont je n’étais pas sûr de savoir la suite, j’attirai ma jeune sœur contre moi et embrassai le sommet de son crâne. Ma mère eut un sourire ému. Nous finîmes par repartir vers la ferme, sans hurler. Mais les hurlements revinrent vite, dès l’instant où nous passâmes la porte. De la cuisine parvenaient les cris diffus de Connor et d’Alice, étouffés par la porte et la distance. En revanche, j’entendais parfaitement ceux de Will et de Chelsea, devant Dylan et Nico qui s’entre-regardé, gênés. Visiblement, les deux guérisseurs n’étaient pas d’accord sur l’état de la cheville de Dylan : Chelsea refusait de lui retirer ses béquilles, alors que Will pensait qu’elle était assez remise pour marcher seule. Et visiblement, la concernée n’avait pas son mot à dire et se contentait de partager un paquet de biscuit avec Nico, la jambe allongée sur les genoux de son demi-frère par alliance pour maintenir sa cheville à une relative hauteur. Le fils d’Hadès nous jeta un regard suppliant.

-Par les dieux, faites les taire ! Ma tête n’en peut plus !
-Parle pour toi, maugréa Dylan en piochant dans le paquet. Hey, mais t’as pris le dernier !
-C’est toi qui a mangé les trois quarts du paquet !
-Stop, stop, stop, tout le monde se tait ! exigea ma mère d’une voix forte, avant de pointer un nouvel index sur Nico, puis sur Will. Vos noms !

Dylan, se rendant visiblement compte de sa présence, rentra sa tête dans ses épaules alors que Will et Nico échangeaient un regard avant de décliner leurs identités. Un sourire m’échappa quand je vis la lueur de crainte dans les yeux du fils d’Apollon. Ma mère était un véritable dragon et c’était agréable de constater cela quand son feu n’était pas dirigé sur vous. Satisfaite, Holly Alatir baissa alors son regard incendiaire sur Dylan, les bras croisés sur sa poitrine et le pied battant impatiemment le sol. La jeune fille déglutit nerveusement, mais eut la force d’articuler :

-Salut, Holly.

Ma mère expira nerveusement par le nez, si fort que je m’attendais presque à voir des flammes surgir de ses narines. Je voyais bien qu’elle ne savait pas comment la prendre : à la fois soulagée de retrouver cette petite vagabonde dont elle s’était prise d’affection, et vexée qu’elle n’ait pas eu confiance en elle le jour où cela était nécessaire. Faute de trouver un réel compromis, elle se tourna sèchement vers Camille et moi et d’un mouvement brusque, nous indiqua la cuisine.

-Commencez à poser le débat. Et dieu tout puissant, faire taire ton frère. Frappe le, s’il le faut.
-Et il me faut quelqu’un pour détacher et installer le sapin, enchérit habilement mon grand-père d’une voix joyeuse. Disons, toi, toi et toi ?

Il pointa Will, Nico et Chelsea. Visiblement, ces deux derniers n’avaient pas la moindre envie d’aller s’occuper du sapin, mais leur mauvaise volonté fut compensée par Will qui en une seconde sa bonhomie qui lui était plus coutumière.

-Avec plaisir ! Noël c’est pour demain, il ne faudrait pas que vous le fêtiez sans sapin …
-Non mais je rêve, il hurle depuis une heure et maintenant il fait le garçon parfait, bougonna Nico.

Pour toute réponse, Will l’attrapa par le bras, faucha le coude de Chelsea et les poussa tout les deux vers la sortie. Mon grand-père leur adressa un grand sourire, tapota mon épaule et les suivis. Captant le regard de ma mère, je me dépêchai de prendre Camille par la nuque et nous trainai jusque la cuisine. Je sentis le regard de Dylan m’effleurer et je m’efforçai de garder le mien sur la porte, la fixant à m’en assécher les yeux.
Bon sang, c’était déjà difficile de ne pas la regarder …
Je poussai précipitamment Camille dans la cuisine et refermai la porte sur nous avec un certain fracas qui fit taire les cris dans la cuisine. Alice, carrément montée sur une chaise pour mieux s’égosiller face à un Connor qui s’était figé en plein geste, vrilla sur nous un regard surpris. Camille croisa les bras sur sa poitrine d’un air critique.

-C’est franchement idiot. En plus il va falloir te calmer, on a un sujet à débattre. Holly est d’accord pour accueillir Dylan, si on se met d’accord. La voix de Travis compte double.
-Pourquoi ? protesta vertement Alice.

Camille prit une profonde inspiration, le feu dans les yeux et je me bouchai les oreilles en anticipant son long et sonore plaidoyer. J’échangeai un regard désespéré avec Connor. Par les dieux, ça allait être long … et bruyant.

***


C’était fantastique, les fêtes de noël. En cette veille de 24 décembre, il était vrai que la maison manquait cruellement de décoration : personne n’avait pris le temps de s’en occuper. Alors quand le sapin avait été rentré et que toutes les décisions avaient été prises, chacun s’était attelé à la tâche de rendre cette maison plus festive. Et alors les cris s’étaient tus, remplacés par les rires – y compris celui de Nico après qu’Alice ait mis un serre-tête avec des ramures de rênes sur la tête de Will. On aurait presque pu croire à une fête de famille ordinaire – et que nous étions une famille et un groupe d’ami tout ce qui avait de plus normal. On aurait pu croire brièvement que Chelsea et Dylan étaient redevenues deux sœurs, que Camille et Alice ne se disputaient jamais et que Nico Di Angelo était un adolescent comme les autres, simplement heureux de vivre. J’aurais aimé m’en tenir aux apparences et ne pas voir tout ses petits signes qui me disait que c’était faux : les regards de Dylan pour Chelsea à la dérobé, les piques d’une jumelle à l’autre et les yeux vides de Nico qui fixaient la fenêtre, comme hantés par un passé lointain.
Enfin peu importait. C’était noël.

Appelés par leurs familles respectives, Pollux et Katie repartirent le soir même après que mon grand-père les ait aidés à réparer le van, non sans m’avoir demandé de les tenir au courant des évolutions de la situation. Le clin d’œil de Pollux était plus qu’explicite, mais cela m’avait laissé un goût amer dans la bouche alors qu’ils s’éloignaient sur la route neigeuse. Troublé, je m’étais alors assis sur le porche, écoutant les rires qui émanaient toujours de l’intérieur de la maison et les sifflements joyeux de mon grand-père qui installait les décorations lumineuses sur le corps de ferme. Pour la première fois depuis une éternité, je ressentis le besoin de tabac et allumai une cigarette piquée à mon grand-père en espérant que cela me détendrait enfin. Non seulement c’était illusoire mais en plus quelqu’un vint crever ma tentative dans l’œuf. J’entendis la porte s’ouvrir derrière moi et mes doigts se figèrent sur la cigarette que j’avais portée à mes lèvres. Si c’était ma mère, j’étais cuit.

-Travis ?

Je tirai une bouffée nerveuse sans me retourner. Dylan.
Sans faire état de mon silence, ni de la fumée malodorante que je rejetai dans les airs, elle referma la porte et s’assit sur le perron, à une distance respectable de moi. Malgré moi, je l’observai à la dérobée. Elle non plus ne me regardait pas, fixait la neige qui tombait en doux flocons, les bras entourant les genoux qu’elle avait pressé sur sa poitrine. Lavée et remise sur pied, elle avait retrouvé son teint olivâtre et ses cheveux un éclat brillant que faisait scintiller la faible lumière. Avant de partir, Katie lui avait laissé quelques affaires qui étaient bien trop grande pour elle et le sweat qu’elle portait lui tombait sur les cuisses et les mains.

-Je viens de parler avec ta mère, finit-t-elle par entonner au terme d’un silence qui s’éternisait. Elle … m’a fait part du résultat de vos débats.

Je ne répondis pas, la cigarette fumant entre mes doigts. La discussion avait été virulente, mais plus courte que je ne l’avais pensé : Connor avait prévenu dès le début qu’il s’alignerait sur moi, comme c’était une décision qui m’impactait principalement. Avec ma voix double décidée par Camille et lui, cela avait été vite tranché. Il avait été plus difficile de se mettre d’accord sur les modalités, mais ma mère avait fini par parvenir à une ébauche qu’elle venait visiblement de transmettre à Dylan. Mon cœur se mit à battre la chamade et je réussis à demander :

-Et alors ?

Dylan pressa joue contre son bras, le visage incliné dans ma direction, mais toujours sans croiser mon regard.

-Je veux … être certaine que tu es sûr de toi avant de prendre la moindre décision.
-Je le suis.

Je m’étonnai à peine de mon ton catégorique. Autre preuve de ma faiblesse, je n’avais pas mis longtemps à me décider.
Je n’avais pas fait tout ça pour qu’elle parte maintenant.
Alors autant accepter la proposition de ma mère et que Dylan vienne vivre chez nous.
Ça c’était décidé si vite que je ne percevais pas toutes les implications. Elles avaient lentement mûries en moi pendant que l’on décorait la maison. Dylan allait venir vivre chez nous, à la condition qu’elle reprenne ses études – par correspondance si elle le souhaitait – et qu’elle travaille certains jours le restaurant. J’avais depuis longtemps constaté qu’elle avait un niveau scolaire plus élevé que celui de Connor : elle n’aurait pas à réviser énormément pour avoir son diplôme, ce qui lui permettrait de travailler cette année pour amortir son coût dans le foyer et économiser pour l’université si jamais elle le souhaitait. Le petit bureau alloué à ma mère pourrait être déménagé en bas, à l’arrière du restaurant, pour permettre à Dylan de s’y installer.
Elle allait venir vivre chez moi. J’allais la voir tous les jours : elle allait partager mes repas, les moments où je prendrais une permanence au restaurant. Quand j’y pensais, quelque chose s’agitait en moi, mue par la même force que les ailes de l’espoir qui avait failli faire éclater ma cage thoracique. Et, remuée par cette force, la plaie recommençait à saigner.
Je pris une nouvelle tirée de ma cigarette en espérant que les vapeurs toxiques me calmeraient. Rien n’était encore décidé. La balle était dans le camp de Dylan, qui restait silencieuse, ses yeux luisants fixant le vide. Ses paupières se fermèrent.

-Je ne suis vraiment pas revenue pour ça … j’espérais rien de ça … Je voulais juste te voir, m’excuser … je ne pensais pas que …

Elle s’interrompit, la gorge visiblement nouée, et je soufflai :

-Tu penses vraiment que je suis venu en cheval me battre contre des Oiseaux de Stymphale pour te laisser retourner dans la rue ? Ça manquerait de cohérence, non ? Qu’est-ce que tu serais devenue ?
-Je pensais retourner chez moi, à vrai dire.

Je mis du temps à comprendre ce que voulait dire « chez moi » pour Dylan. Elle avait eu un foyer avant Denver – avant la Cour. Un foyer auquel elle avait été arrachée quand son père était mort. Cette fois je la contemplai avec surprise.

-La réserve ?

Elle eut un pauvre sourire.

-Je sais contrôler mes pouvoirs de l’ombre, maintenant. Ils m’ont beaucoup servi d’ailleurs pendant mon retour … Alors peut-être … je ne sais pas, que j’aurais réussi à trouver ma place là-bas. A redevenir Aiyana.

Je ne m’attendais pas à ce que cela me heurte mais ce fut le cas. Pourtant, avant même que je n’ai le temps de me sentir déçu, elle poursuivit dans un filet de voix :

-Mais je préfère votre solution. C’est plus stable, ça … me convient plus. Alors si tu es sûr de toi … C’est d’accord.

Trop de choses explosèrent en moi pour que je puisse les analyser et je concentrais toute mon énergie à ne pas montrer à quel point ces deux petits mots me touchaient, dans tout les sens du terme. Ce fut sans doute un petit miracle que ma voix reste neutre quand je lâchais un :

-Parfait, alors.

Mais cela devait être justement trop neutre. Dylan leva le visage vers le ciel et je vis ses yeux s’emplir de larmes qu’elle se refusait à laisser couler. Conscient d’avoir été un peu trop sec, j’écartais ma cigarette de ma bouche, dépité.

-Désolé. C’est juste … Je suis content que tu restes.

Et dans l’ensemble, c’était plutôt vrai. Quand elle avait évoqué la possibilité de retourner dans sa réserve natale, je m’étais à nouveau déchiré en voyant le spectre d’un nouveau départ. Là encore, c’était des signes que je ne pouvais pas ignorer. Je n’oubliais pas, mais j’étais lentement en train de lui pardonner. Dylan posa son regard brillant de larme sur moi. Un sourire tremblant s’étira sur ses lèvres.

-Tu es sérieusement en train de t’excuser ?

Je souris en retour et pour la première fois depuis que je l’avais retrouvé sur les pentes de Shadow Mountain, nos regards s’accrochèrent réellement et perdirent l’un dans l’autre. Les larmes donnaient une beauté singulière aux yeux de Dylan : ils étincelaient, captant la lumière et amplifiant l’émotion que véhiculait son regard. Je ne les trouvais pas sombres du tout, ces prunelles rendues noires par l’hiver, ces yeux couverts de larmes. Ils étaient magnifiques.
Ma main s’avança mécaniquement vers la sienne, et nos doigts s’entrelacèrent naturellement. Sa main restait glaciale dans la mienne, mais j’avais l’impression que c’était l’une des caractéristiques des enfants des Enfers. J’observai nos doigts noués, ce lien que je n’arriverais jamais à défaire entre nous, malgré la plaie qui saignait et les larmes dans ses yeux. L’une d’entre elle lui échappa et roula sur sa joue.

-Je suis tellement désolée d’avoir tout gâché, Travis. Je … Je te l’ai dit, je n’attends rien de toi, mais … Je ne me suis pas fichue de toi, sur ça. Je te jure, j’ai … (elle ferma les yeux et acheva dans un filet de voix : ) je t’aime.

Mon cerveau mit un long moment à faire le lien entre ces mots et leur sens. Lorsque ce fut fait, tout éclata de nouveau en moi : l’espoir d’entendre à nouveau ces mots comme le rappel du contexte de la dernière fois où elle les avait prononcé.
Par les dieux Dylan, moi aussi je t’aime. Simplement, pas maintenant … pas encore.

-Je ne dis pas que j’oublie, murmurai-je, les paupières closes pour mettre de l’ordre dans mes pensées. Ni même … que tout est pardonné. Disons simplement que … j’espère que le temps effacera. Et que ce jour là, je pourrais te répondre la même chose.

Dylan eut un léger ricanement et je sentis ses doigts se crisper dans les miens. Quand j’ouvris les yeux, un sourire amer déformait ses lèvres.

-Je sais que je me mets une balle dans le pied … Mais Travis, je ne suis pas sûre que ça disparaisse un jour. Peut-être qu’effectivement, tu arriveras à me pardonner et à ne plus y penser mais … je suis vraiment désolée, mais j’ai crée un précédant qui sera toujours là entre nous. Au fond de toi, sans que tu en aies conscience, tu auras toujours peur que je parte, et quand cette peur refera surface, la rancœur reviendra aussi. C’est un mécanisme dont je me suis rendue compte avec Clopin. Au fond … (Elle passa une main sur son omoplate, là où devait se trouver les cicatrices du sévices qu’il lui avait infligé). Je ne lui ai pas pardonné ça …
-Encore heureux.

Les yeux de Dylan s’écarquillèrent et elle essuya un léger rire. Ça avait été la seule chose sur laquelle j’avais eu envie de renchérir, puisque je savais qu’elle avait sans doute raison pour le reste. La cigarette s’était éteinte entre les doigts, répandant une odeur de tabac froid dans l’air qui parut indisposer Dylan car elle fronça du nez. Elle finit par froncer les sourcils et un léger sourire retroussa ses lèvres.

-Tu sais que c’est moi qui aie appris à Chelsea à jouer aux jeux vidéos ?
-Pardon ?
-On s’ennuyait parfois dans la planque. Mais l’élève a vite dépasser le maitre : c’est une fille d’Apollon, elle a des yeux de lynx.
-D’accord mais qu’est-ce que ça vient faire ici ?

Le sourire de Dylan se fit presque gêné, et elle poursuivit avec une certaine timidité :

-Bien, je ne sais pas … Mais puisque tu m’en veux mais qu’on est quand même réduit à passer un certain temps ensemble dans les prochains moi, peut-être que ça te ferait du bien de me tuer virtuellement. Une sorte de purgation par les jeux vidéo … Comment on appelle ça au théâtre ? La catharsis ?

Cette fois, j’éclatai de rire, amusé par l’idée. Ce serait sans doute totalement inefficace en plus d’être inutile, mais j’avouai être séduit par l’idée de disputer une partie de jeux avec Dylan Blackraven. Et le sourire de défi qu’elle me servait était l’un des plus beaux qu’elle pouvait me faire, celui auquel je ne pouvais résister. Cette fois l’amour prenait le dessus sur la colère et pour la première fois, la colère n’essaya pas de le tirer dans les abysses. Il tenta, mais l’amour le repoussa pour me faire dire :

-Ça se tente, oui.

***


Nous avions joués jusque tard dans la nuit dans un salon déserté par les dormeurs. Dylan était d’un niveau équivalent au mien, et pour la plus grande frustration, elle vendit chèrement sa peau à chaque partie. Mais la fatigue finit par la rattraper et elle s’endormie dans le canapé, la manette à la main et la bouche légèrement entrouverte. Je l’avais contemplé, assez attendri et rassuré par la détente complète de son visage. Je ne me souvenais pas avoir un jour vu la jeune fille si apaisée. J’étais en train de réellement basculé, mais ce n’était pas parce que je l’avais plusieurs fois tuée virtuellement. C’était parce que j’avais retrouvé des traces de complicité avec elle, et retrouvé ces expressions qui avaient fini par me charmer : sa ténacité, son humour, sa façon de toujours vouloir me contrarier qui en faisait l’une des rares personnes à être capable de me tenir tête. Je finis par la couvrir d’un plaid, vaincu par mes sentiments.
Pas de doute, j’étais amoureux de cette fille. Mais il fallait que le temps fasse son œuvre avant que je ne puisse à nouveau lui faire une pleine et entière confiance.
Mais à présent, j’étais sûr que ça viendrait.
N’arrivant pas à trouver le sommeil, je finis par laisser Dylan au sien et à sortir dans l’air frai de la nuit qui s’achevait. Il était près de huit heures du matin et les premières lueurs perçaient timidement le ciel. Ne persistaient que quelques nuages de la nuit, blancs et dépourvus de neige. Je sortis du corps de ferme, ignorant les poules qui commençaient à sortir et à caqueter pour réclamer leur grain et me postai face aux montagnes qui commençaient à s’illuminer, une cigarette au coin des lèvres. J’ignorai même d’où je la tenais, celle là. Mais c’était le lot des fils d’Hermès : je volais si machinalement que j’en oubliais que je le faisais.

-Une cigarette, dès le matin ?

Je sursautai en faisant volte-face. Connor venait à ma rencontre, en pyjama et sweat, frottant ses yeux gorgés de sommeil. Puis mes yeux se baissèrent sur ses pieds et j’explosai de rire.

-Et toi tu sors en chausson dans la neige ?
-Ouais, bah on a l’air particulièrement stupide dans la famille. Tu as passé la nuit avec Dylan ?

Il n’y avait ni trace de moquerie, ni même allusion espiègle dans la question de Connor. Il se contenta de s’adosser à la bâtisse, un léger sourire aux lèvres. Je tirai une bouffé de ma cigarette et répondit tranquillement :

-Ouais. Enfin, on a pas mal parlé. Elle m’a dit qu’elle avait parlé avec Chelsea aussi. J’ai l’impression que … tout s’arrange petit à petit.

Connor acquiesça et se frotta de nouveau l’œil.

-Et Alice a fini par accepter qu’elle n’avait pas à en vouloir à Dylan. Je te jure, si elle avait voté contre, je l’aurais renvoyée aux Enfers avec un coup de pieds aux fesses.
-Oh par les dieux, ricanai-je. Alice … la source de la moitié de mes maux. Non, en fait de tous, maintenant que j’y réfléchis.

Oui, maintenant que j’y pensais, cette quête absurde avait été le point de départ de tout ce qui se jouait à présent. Sans elle, pas de Cour, pas de rapprochement avec Dylan, pas de souffrance – mentales comme physique. Il était vrai que la Cour des Miracles avait cristallisé tous mes griefs, mais tout trouvait son origine dans cette quête pour retrouver ma sœur. Connor dressa un sourcil, sceptique.

-Ah ouais ? Tu trouves ?
-Pas toi ?

Connor donna un coup pied dans un caillou, qui ricocha plus loin, comme s’il souhaitait par ces petits bons rejoindre les grandes montagnes qui s’illuminaient plus loin. Un léger sourire, énigmatique, persistait sur ses lèvres.

-Boh, je ne sais pas. Sans cette quête, qui sait si on se serait réconcilié ? Peut-être que j’aurais continué de bouder à la Colonie jusqu’à que tu craques.

Je levai les yeux au ciel, mais un sourire effleura mes lèvres. Evidemment qu’il avait raison. Sans cette peur de me voir descendre aux Enfers sans lui, jamais Connor n’aurait accouru, et jamais nous aurions pu nous expliquer. Comprenant dans mon silence que je lui concédai ce point, Connor poursuivit :

-Sans quête, pas de vol de caducée et donc pas le plus bel exploit de notre carrière. Sans quête, pas de Camille et je suis presque sûr que ta vie serait triste maintenant, sans elle. Sans quête, pas de super-lunettes qui t’aident pour ta fac. Sans quête … pas de Dylan. Et je pense que ça compte un peu, non ? Que malgré tout … il y a du bon ?
-Tu as fini ?

Le sourire de Connor s’élargit.

-Pas vraiment. Enfin, moi, en tout cas, ça m’a vachement appris à relativiser. Sur ma vie, et sur le monde extérieur. Alors je pense que te concernant … Oui, ça a été douloureux. Oui il a fallu passé par la Cour des Miracles et tout ce qu’elle a impliqué – une bataille, le départ de Dylan … Mais malgré tout, je ne pense pas qu’il n’y ait que des maux qui aient découlés de cette quête.
-Mais c’est qu’elle t’a rendu philosophe, plaisantai-je en ébouriffant ses boucles.

Il me repoussa d’une main avec un petit rire. J’observai mon frère, tentant de percevoir les changements physiques qui s’étaient opéré en lui. L’ombre d’une barbe assez mal répartie et qu’il faudrait raser dans les prochains jours. Une profondeur accrue dans ses iris noisette, plus calmes, plus songeuse. Des joues creusées qui perdaient les rondeurs de l’enfance. Et malgré tout, ce perpétuel sourire au coin des lèvres et cet éclat dans le regard qui s’allumait dès qu’il croisait le mien. Ce lien, qui malgré tout, malgré la pire dispute de notre vie, malgré les Enfers, la fac, l’amour, demeurait indéfectible, que ce soit dans les épreuves ou dans la bêtise. Avec un sourire, je pris mon frère par les épaules et lui passa un bras derrière mon dos pour me donner une tape entre les omoplates.

-Bah, sage, tout au plus, finit-il par répondre. Bon … et maintenant ?

J’essuyai un petit rire, les yeux rivés sur les couleurs d’or et de rose que prenaient les monts enneigés en face de nous. Le retour de Dylan venait de mettre un point final à tout ce qui avait été entamé depuis le jour où mon père m’avait demandé de retrouver Alice. C’était une page à la fois brève et intense de ma vie qui s’achevait, ce que je savais un véritable tournant, comme un marqueur définitif qu’à présent, je n’étais plus un enfant. A présent que ce passage était passé, fermé et que je pouvais enfin laisser tout cela derrière moi, la question s’imposait effectivement.
Et maintenant ?
J’avais une idée en vrac de la liste des choses à faire sans en trouver de ligne directrice. Réussir à avoir ce premier semestre de droit et poser le premier jalon d’un avenir professionnel que j’espérais stable. Aider Camille à reconstruire une famille qu’elle avait perdue. Tenter de retisser un lien effilé avec Dylan. Rendre mes parents fiers. Et reprendre la constante de ma vie : poursuivre ma route avec mon frère qui avait partagé toute ma vie, contre vents et marée.
Je soupirai, prenant largement appuis sur Connor, qui crispa sa main sur mon côté, comme pour m’assurer qu’il était là et qu’il le serait toujours. Je pris une bouffée de ma cigarette, avec l’intuition que c’était la dernière. Il était temps de mettre un peu de stabilité dans une vie qui n’avait été que précaire.
Et pour la première fois de ma vie, j’avais la certitude d’y parvenir.




VOILAAAA C'était le dernier chapitre ! L'épilogue arrivera la semaine prochaine, et peut-être que je ferais un petit bilan, comme à Lucy - vous n'êtes peut-être pas beaucoup à lire mais j'ai adoré écrire cette fanfic donc je veux bien savoir comment elle a été perçue ! A la semaine prochaine !
cochyo

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Re: La Cour des Miracles [PJ/HdO]

Message par cochyo »

J’adore. J’adore ces deux frères.
Charmimnachirachiva

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Re: La Cour des Miracles [PJ/HdO]

Message par Charmimnachirachiva »

Waaaaaaa !
Un beau chapitre pour cloturer une super fanfic !
Et pas d'inspi pour dire des choses car trop triste que cette fanfic se termine mise à part que j'ai adoré la lire !
Perripuce

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La Cour des Miracles - Epilogue [PJ/HdO]

Message par Perripuce »

Bon, ce n'était pas prévu que je la poste si vite, cette fin.

Mais comme je vais avoir deux semaines HYPER CHARGEES et qu'on enchaine avec les fêtes de noël et que bah mine de rien j'ai envie d'avoir votre ressenti global sur cette fanfiction ... Et puis j'éprouve le besoin de me libérer pour arrêter de relire sans cesse jusqu'à ce que ce soit parfait et avancer dans des relectures plus importantes. Bien, c'est parti pour l'épilogue !

Je remercie vraiment Coch, Charm et Anna qui ont commenté de façon régulière en cette fin de fic, un peu moins chaotique que le début. D'ailleurs, je tiens réellement à m'excuser platement pour cette "chaoticité" : les postes n'étaient vraiment pas réguliers, j'ai vraiment abusé sur le début MAIS JE SUIS VENUE A BOUT et je vous remercie d'avoir été si patient !

Bon on ne va pas se mentir, la fic n'a plus grand-chose à voir avec ce que j'avais imaginé au départ. D'ailleurs, le titre de "Cour des Miracles" n'est plus vraiment approprié, j'aurais peut-être dû le changer sur quelque chose de plus en rapport avec la famille, avec le passage à la vie adulte ... Parce que dans le fond, ça a été ça le fil rouge de la fanfiction. Et c'est vraiment un aspect qui me touche assez et que j'avais envie de creuser.

Bon, je pense que c'est la dernière fic que je fais sur le monde de Riordan, alors j'espère sincèrement qu'elle vous a plu ! Personnellement, j'ai adoré l'écrire, ça m'a vraiment beaucoup amusé et je vous dis, y'a des problématiques qui m'ont assez touchée personnellement (ah le passage à la vie adulte ... un moment difficile pour tout le monde). Il y a aura un bilan après le chapitre, donc ce serait cool que vous y répondiez, j'aimerais avoir vos ressentis :mrgreen: (Je vais pas faire l'originale, ce sera le même que Lucy).

BON PAR CONTRE LA Y'AURA PLUS QUE O&P sur BN DONC LES ECRIVAIN(E)S ON SE BOUGE ET ON VIENT ME SOUTENIR LA JE ME SENS SEULE.

OUI OUI JE PARLE BIEN DE TOI, QUI LIT CE MESSAGE, TU AS RAISON DE TE SENTIR VISER.

Gare, apperemment je suis "le nazi de la fanfiction". Olala mon dieu je manque de sommeil, vivement les vacances. Comment ça on se repose pas pendant les vacances de noël?

Bon allez, stop, après un dernier pétage de câble de ma part, je vous offre l'épilogue ! Normalement vous allez l'apprécier, plein d'endroit et de tête connues qui vont apparaitre ! Bonne lecture et n'oubliez pas le bilan à la fin !

SPOILE ALERT : il est préférable que vous ayez lu au moins le premier tome sur Apollon, j'y fais allusion dans ce chapitre.


Epilogue : Ensemble.

-On est bientôt arrivés ?
-Ta musique elle craint, on peut changer ?
-On est obligé de rester pendant tout un week-end ? Sérieux !

Dylan souriait en écoutant les jérémiades de Camille et Chelsea. Elle avait planté ses lunettes de soleil sur son nez, ce qui ne permettait pas de voir ses yeux mais je sentais qu’elle me jetait de fréquent regard, comme amusée par mon air fulminant. Je conduisais d’une main, tentant de faire abstraction des plaintes des filles derrière mais plus on approchait de New-York, plus c’était difficile. Après deux jours de trajets, j’étais devenu irritable et agacé par la réserve perpétuelle des filles qui m’accompagnaient dans mon voyage. Chose que je ne pensais pas possible, elles avaient entamées ma joie de retourner à l’une de mes ressources, l’un des endroits que je préférais sur terre et qui m’avait façonné autant qu’avait pu le faire Denver.
Après six mois d’absence, je retournais à la Colonie des Sangs-Mêlés. Enfin.
Mais visiblement, ça ne paraissait pas plaire à tout le monde.
Chelsea avait été la moins réticente d’un prime abord, jusqu’à que je lui apprenne du bout des lèvres que Connor avait renoué avec son ancienne petite-amie, Lou Ellen et fille d’Hécate. Dès lors, elle avait montré toute la mauvaise volonté du monde, mais ayant déjà donné sa parole elle n’avait pu se soustraire au voyage.
Camille craignait de pas trouver sa place à la Colonie : Alice était déjà devenue inséparable de l’une de nos sœurs, Julia, avec laquelle elle était devenue la nouvelle redoutable paire de la Colonie. Nous n’étions pas encore arrivés qu’elle me collait comme un chaton à sa mère et je sentais que j’allais avoir des difficultés à me départir d’elle durant notre séjour.
Etrangement, Dylan était la seule qui restait silencieuse, mais je sentais sa crispation à des petits détails. Je lui avais répété jusqu’au bout qu’elle n’était pas obligée de venir, que je comprendrais parfaitement qu’elle reste à Denver à travailler son diplôme ou au restaurant, mais elle avait insisté. Et comme cela m’avait touché qu’elle fasse cet effort de s’ouvrir à cet univers qui l’avait effrayée d’un prime abord, je n’avais pas insisté d’avantage.

-On arrive dans une heure, non je ne changerais pas de musique et oui on reste pour le week-end sinon Connor va m’étriper. D’autres questions ?
-C’est New-York là-bas ? demanda Dylan en tapotant sa fenêtre.

J’y jetais un bref coup d’œil pour apercevoir la silhouette longiligne des premiers gratte-ciels New-Yorkais qui s’élançaient à en percer les cieux. Un sourire nostalgique effleura mes lèvres.
-Elle-même en personne. En fait, on y est, on traverse le Bronx, là. Mais ce que tu vois là-bas c’est bien Manhattan.
-Moins grand que je le pensais, bougonna Camille.

Mais au même moment, nous passâmes un pont qui enjambait l’East River et donnait un panorama encore plus prenant dans la partie la plus célèbre de la ville. Chelsea abandonna enfin son masque revêche pour lâcher un « whao » émerveillé et Camille céda à la curiosité en restant collée à la fenêtre jusqu’à que Manhattan disparaisse de sa vue. Dylan arracha son regard du paysage pour se pencher vers moi, un sourire aux lèvres.

-Tu vois, il suffisait de leur servir New-York. Si ta Colonie les bluffe autant, c’est gagné.

J’eus un petit sourire. Me concernant, je préférais cent fois la Colonie à l’urbanisme New-Yorkais, mais je n’étais pas objectif. La Colonie, c’était ma seconde maison, une véritable partie de moi que je devais leur faire découvrir en espérant qu’elles seraient réceptives. Surtout l’une d’entre elle.
La vision enchanteresse de Manhattan paraissait avoir calmée mes deux passagères, qui restèrent silencieuse durant l’heure qui suivi. La ville laissa petit à petit place à la verdure et quand j’ouvris ma fenêtre pour faire entrer un peu d’air frais, j’humais les premières odeurs de fraises chauffées par le soleil de Long Island. Il faisait encore froid en ce mois de février, mais le ciel était dégagé et laissait régner une agréable luminosité qui forçait Dylan, sensible, à garder en permanence ses lunettes de soleil. Plus j’approchais de la Colonie, plus mon cœur se faisait léger, retrouvant l’insouciance de l’enfant que j’avais été durant mes années en son sein et je n’arrivais plus à contenir mon sourire. Enfin, je finis par m’engager sur un chemin familier, caillouteux et peu confortable qui fit remuer la voiture et raviva les protestations de Chelsea et Camille. Mais enfin, la belle colline fut en vue, coiffée du colossal pin qui trônait, plus majestueux que l’Empire State Building, et surtout, de l’immense statut d’Athéna, rendue par les romains en signe de paix et qui fortifiait les protections magiques de la Colonie. J’arrêtai la voiture là où le chemin s’achevait, en contre-bas de la colline et détachai ma ceinture avec empressement.

-Terminus, tout le monde descend !
-C’est là ? douta Camille en observant le pin.
-Evidemment que c’est ça, tu ne vois pas l’Athéna Pathenos sur la colline ? railla Chelsea.
-En fait c’est derrière, dans la vallée. Et bon sang, arrêtez de faire cette tête, vous n’étiez pas obligées de venir !

Avant que leur réticence ne m’agace et chasse ma joie de retrouver cet endroit, je descendis de la voiture et claquai porte avant de me précipiter vers le coffre pour en extraire mes bagages. J’entendis des éclats de voix à l’intérieur de l’habitacle avant que les filles ne sortent récupérer leurs sacs. Chelsea me lança un regard désolé, et Camille se colla à moi immédiatement après. Comprenant que Dylan s’était permise quelques remontrances, je la remerciai d’un hochement de tête, auquel elle répondit par un sourire. Elle sauta pour attraper le coffre et le refermer et essuya ses mains.

-Allez, mauvaise herbe. Montre nous le chemin.
-Et reste avec moi, s’il te plait, ajouta Camille d’une petite voix.

Avec un soupir à la fois mortifié et amusé, et je pris ma demi-sœur par les épaules et l’entrainai avec moi à l’ascension de la colline jusqu’au pin. Un éclat doré attira mon attention et je souris en reconnaissant la Toison d’Or sur une des branches de l’arbre de Thalia. Alors je me souvins de ce qu’amenait la protection du puissant artéfact magique, et bien trop tard : Chelsea poussa un véritable hurlement en se retranchant derrière moi, terrifiée.

-Mais c’est un dragon ?! Je pensais que votre Colonie était protégée !
-Peleus ! m’exclamai-je en apercevant la bête pelotonnée au pied du pin. Comment tu vas mon vieux ?

Alerté par le cri de Chelsea, le dragon avait relevé paresseusement la tête et vrillé ces yeux ambrés sur nous. Il avait encore grossi depuis la dernière fois que je l’avais vu, atteignant les six mètres et s’enroulant autour du pin d’une torsion qui pouvait presque le briser. Je m’approchai sans aucune crainte et Camille couina lorsque je caressai les écailles cuivrées du cou de la créature. Peleus fit jaillir un jeu de vapeur de ses narines qui équivalait au ronronnement d’un chat. Quand je revins vers les filles, Chelsea et Camille me contemplaient les yeux écarquillés et la bouche bée.

-Mais comment tu fais ça ? s’étonna la fille d’Apollon, stupéfaite.
-Juste une histoire de coup de main, enfin.
-Arrête de frimer, rétorqua Dylan avec l’ombre d’un sourire. C’est par là je suppose ?

Elle désigna la vallée d’un geste de la main et mon regard fut magnétiquement attiré par la prairie ensoleillée. En contrebas, derrière la Grande Maison et son toit de chaume et les champs de fraises sur les pentes de la colline se dressaient les nombreux bungalows, jadis disposés en formes de « U » mais qui débordaient à présent avec les nouvelles bâtisses formait plutôt un amas disparate et hétéroclite d’habitation. Quelques « Apollon » jouaient au terrain de volley-ball et je voyais d’ici un morceau du mur d’escalade et les rives du lac dans lequel se déversait un ruisseau qui traversait l’espace de part en part. Je humai le parfum des fraises chauffées par le soleil et d’iode qu’amenait la brise depuis la mer, non loin. Aussitôt, chaque muscle de mon corps se détendit. Je rentrai chez moi.

-D’accord, c’est mignon, admit Dylan d’une voix prudente. Je n’imaginais pas que ça ferait autant … Colonie de vacance ?
-Le nom « Colonie des Sangs-Mêlés » ne t’a pas aidé ? me moquai-je en entamant ma descente.
-Il fait chaud, s’étonna Camille en retirant son manteau. Comment ça se fait ?

J’eus un sourire malicieux ponctué d’un clin d’œil. Je n’allais certainement lui révéler tous les mystères de la Colonie dès ses premières minutes en son sein. Ça aurait percé le charme … Chelsea paraissait enfin se détendre et apprécier le décor de la Colonie, si différent de celui du camp Jupiter, pour ce que j’en savais – moins strict, plus propice à l’amusement. Elle observait avec intérêt le terrain de volley alors que l’on ne bifurque vers la Grande Maison. Là, son visage se rembrunit : nous avions un comité d’accueil, assis sur les marches qui menaient à la terrasse et qui se leva en nous apercevant.

-Vous en avez mis un temps ! s’écria Connor en s’élançant vers nous.

J’eus à peine le temps d’ouvrir les bras que mon frère me heurtait, me serrant dans une étreinte à m’en rompre les os. Je la lui rendis sans m’étonner de la force de l'accolade de Connor. Il était éprouvé par les derniers événements et je ne pouvais pas l’en blâmer.
Avec un pincement au cœur, je me rappelais alors les motifs de ma visite. Si seulement j’étais simplement venu pour la beauté des champs de fraises …
Connor s’écarta et je fus rassuré de voir un grand sourire fendre son visage. Mais ce sentiment fut vite balayé par la vue de ses cheveux, dont certaines parcelles repoussaient en touffes diffuses, et par les traces jaunes qui demeuraient autour de son œil gauche.

-Nom d’Hermès qu’est-ce qui t’es arrivé ?

Connor passa une main embarrassée dans sa chevelure irrégulière.

-Une gamine et un fruit. Ne pose pas de question, c’est humiliant.
-Très, ricana Nico avec un sourire sarcastique, resté statique sur les marches.

Mon frère lui jeta un regard torve puis se tourna de nouveau vers moi en pressant mon épaule, visiblement soucieux d’éloigner la conversation de cet épisode.

-Ouais, bon, bref. Tu m’as manqué. La prochaine fois, évite t’attendre deux mois avant de me rendre visite.
-En fait, vous êtes des perruches, fit malicieusement remarquer Will Solace juste derrière. Incapables de vous séparer.
-Est-ce que tu veux vraiment débattre de ça ? prévint Connor en lançant un regard entendu pour Nico, toujours sur le perron, un léger sourire aux lèvres.

Ce n’était pas le cas d’Alice, qui me sauta au cou une fois Connor écarté pour plaquer un baiser sur ma joue. Puis elle se tourna vers sa jumelle, extatique, bondissant littéralement sur place.

-Alors, alors ? Comment tu trouves ? C’est chouette, hein ?
-Euh …, répondit Camille, prise de court par l’enthousiasme débordant de sa sœur. Je ne sais pas, je n’ai pas trop vu …
-On est là pour ça, la rassura Nico avec un léger sourire. Connor nous a chargé de jouer les guides touristiques, Will est très fort à ce jeu.
-Will ? répéta Chelsea, surprise.

Alice hocha la tête avec enthousiasme et prit derechef la main de sa sœur pour l’entrainer au cœur de la Colonie, babillant un flot de parole si rapide que je n’y compris rien. J’eus le temps de capter le regard effrayé de Camille et de lui adresser un signe de la main moqueur avant que les bungalows ne les engloutissent. Chelsea et Dylan se tournèrent vers moi d’un même mouvement, un sourcil dressé en guise d’interrogation.

-J’ai des trucs à régler, m’expliquai-je immédiatement. Mais pas de panique, je reviens tout de suite.
-Des trucs à régler ? répéta Dylan, sceptique.
-Ça ne prendra pas longtemps.
-Normalement, toussota Connor.

Dylan me contempla longuement, les sourcils froncés et finit par abaisser ses lunettes de soleil pour pouvoir me sonder de ses prunelles sombres. Ses paupières se plissèrent sous l’agression du soleil, mais elle put planter son regard dans le mien. Comme à chaque fois, mon cœur s’emballa, pourtant je réussis à sourire d’un air que j’espérais rassurant. Dylan finit par soupirer, redressa ses lunettes et pivota vers Nico avec un léger sourire.

-Alors, cette visite ?

Je fus rassuré de la voir capituler si vite. Elle avait beau tenté de se faire la plus discrète que possible ces derniers temps pour me laisser digérer son retour, elle n’avait rien perdu de sa ténacité – jusqu’à parfois m’accompagner dans la fac pour être sûr que je travaillerais quand je laissai entendre que je jouerais plutôt au solitaire. Mais je soupçonnai ma mère de profiter de ses talents de harceleuse. Ils finirent par s’éloigner, me laissant seul avec Connor qui abordait un large sourire. Je le compris quand son regard passa de Dylan à moi plusieurs fois et je frappai le front du plat de ma main, anticipant la suite.

-Ça ne peut pas attendre les mauvaises nouvelles ?
-Bon, si tu y tiens, les mauvaises nouvelles d’abord …, céda Connor, son sourire s’effaçant. Allez viens, tu es le dernier.

Je poussai un profond soupir et suivis mon frère à l’intérieur de la maison. Je fus frappé par la familiarité de l’endroit, mais ce fut lorsque j’entrai dans notre « salle du conseil » que la nostalgie m’envahit. Car autour de la table de ping-pong qui nous servait de table ronde ne se trouvait que des visages connus que je pensais appartenir au passé. L’un d’entre eux, une fille brune et baraquée, se dressa de sa chaise en nous pointant du doigt.

-Hey ! Je pensais qu’il n’y en aurait qu’un ?
-Clarisse ! s’exclamai-je en ouvrant les bras. Quelle joie d’entendre à nouveau ta douce voix !

La fille d’Arès me fusilla du regard et se rassit sur sa chaise, dépitée. Elle n’était pas la seule à afficher son déplaisir : Annabeth Chase avait immédiatement levé les yeux au ciel, et Jake Mason avait porté sa main à sa poche de jean, comme pour vérifier qu’il avait toujours son porte-feuille. Même Katie nous jeta un regard critique et Pollux parut momentanément inquiet.

-Oh par les dieux, va falloir que je mette mes bombes à raser sous clef, marmonna-t-il avant de lever une main. Salut les gars.
-Franchement on se sent accueilli. La Colonie, ce n’est plus ce que c’était …

Percy Jackson éclata de rire. Il était assis en bout de table, entre Annabeth et Grover, le satyre, à piocher allégrement dans un paquet de chips.

-Ça tu l’as dit. Mais c’est normal : on est plus là. Donc la Colonie a perdu son capital de coolitude. Alors, comment ça a été les Enfers, au final ?
-Infernal. Mais bon, on est vivant.

Avec un nouvel éclat de rire, Percy leva la main et Connor et moi tapâmes chacun dans la sienne avec entrain. Ce faisant, je levai les yeux vers l’autre bout de la table où un homme d’une quarantaine d’année posait sur chacun d’entre nous un regard paternel tout en caressant sa barbe brune filée d’argent. Un nouveau sourire s’étira sur mes lèvres.

-Tu n’as pas pris une ride, Chiron.

C’était faux. Je lui trouvai l’air affreusement marqué et les cheveux blancs s’étaient multipliés. Cela aurait sans doute entamé ma joie de revoir l’une de mes figures paternelles, mais ce dernier se fendit d’un sourire rassurant, et répondit joyeusement :

-Je te remercie, mon garçon. Et toi, tu ressembles toujours autant à ton frère alors il va falloir faire quelque chose pour que je sache à qui je m’adresse.
-Quoi qu’avec cette dégaine, ça va aller, ricana Clarisse en reluquant Connor, les dernières traces de son coquard et ses cheveux. Qu’est-ce qu’il t’est arrivé, Alatir ?
-Nous évoquerons cela plus tard, la coupa Chiron avant que Connor ne puisse rétorquer quoique ce soit. Maintenant, si vous voulez bien vous asseoir … On a des choses à traiter.

Un silence angoissant s’installa autour de la table de ping-pong, uniquement brisé par Clarisse qui posa bruyamment ses pieds sur celle-ci et les sons de mastication sonores de Percy. J’observai la table. Nous étions presque tous réunis : les récents retirés de la Colonie, anciens piliers et Conseillers-en-chefs, survivants des deux dernières guerres. Entre les visages des vivants je vis flotter ceux qui étaient morts et nous hantaient encore : Silena Beauregard, Charles Beckendorf, Lee Fletcher, Castor Johanson. La figure de Monsieur D. manquait également, mais il avait été rappelé à l’Olympe et j’étais presque déçu de ne pas le voir nous accueillir d’un « hé bien, Trevor et Denis Alitair ». Remarquant que le silence se poursuivait, je puisai dans l’enfant que la Colonie avait réveillé en moi pour lancer avec sarcasme :

-Bien, mes amis nous sommes réunis en ce jour pour … pourquoi, en fait ?

Malgré eux sans doute, des sourires naquirent sur les visages.

-Sans doute parce qu’une antique entité maléfique se réveille ? hasarda Jake Mason.
-Et qu’on a besoin des experts en sauvetage du monde pour remédier à cela ? poursuivit Clarisse en balançant son pouce du côté de Percy.
-Pour la troisième fois, acheva Annabeth avec défaitisme.

Chiron échangea un regard avec Connor, qui se balançait sur sa chaise, les bras croisés sur sa poitrine. Il n’y avait plus la moindre trace de sourire sur ses lèvres. Il était le seul « ancien » à être resté à la Colonie et je me rendis compte avec une certaine stupeur qu’il devait faire figure de doyen pour les autres. Il était également le seul à être au courant de ce qui se passait exactement : il n’avait pas voulu m’en révéler trop et de toute manière les moyens de communications déraillaient totalement. La seule forme qui demeurait utilisable était l’email – terriblement archaïque – et c’était par ce biais que Connor m’avait prévenu qu’une réunion se tiendrait à Colonie ce week-end. Ce manque de lien avait rendu la séparation encore plus difficile qu’accoutumé.

-Vous n’êtes pas loin, soupira Chiron, vaincu. Enfin presque. Mais oui … on se prépare à une troisième guerre.

***


-Alors une nouvelle guerre.

Connor et moi étions assis sur les pentes de la colline, cachés dans les champs de fraise. Notre cachette préférée lorsque l’ensemble de la Colonie était contre nous et que nous avions besoin d’un endroit calme pour nous retrancher. Connor piocha allégrement dans les buissons quelques fraises et les engloutis sans mâcher ou presque.

-Ouais. Contre des Empereur Romains immortels. Au moins c’est original.

A dire vrai, je me fichai pas mal de l’originalité de la chose. Les explications de Connor et Chiron m’avait glacé jusque la moelle. Par les dieux, qu’avait donc fait notre génération pour mériter un tel enchainement ?
Le centaure nous avait ensuite rassuré : il n’attendait rien de nous en particulier. Il voulait simplement savoir si, des fois que la guerre frapperait de nouveau la Colonie, il pourrait compter sur notre soutien, mais nous pouvions bien refuser. Il m’avait ensuite pris à part pour me demander si cela me dérangerait de jouer les relais entre eux et le Camp Jupiter, comme les moyens de communications demeuraient inutilisables et que ma position centrale et mes relations avec Chelsea étaient idéales. Bien sûr, comme le fait de revenir se battre, j’avais le choix de refuser. Un goût aigre me monta à la gorge.
Ça me paraissait difficile de refuser.
Je jetai un bref coup d’œil à Connor, qui parut comprendre le fond de ma pensée. Il posa une main sur mon épaule avec un soupir.

-Tu sais, peut-être que ça n’aura pas d’impact. C’est la guerre d’Apollon contre Néron, si ça se trouve on n’aura même pas à intervenir …
-Parce que c’est vrai qu’une guerre ne fait jamais de dommage collatéral, répliquai-je amèrement. C’est vrai que la Colonie n’a jamais été détruite dans les deux guerres … Je te rappelle que la dernière s’est en partie jouée en Grèce. Ça ne l’a pas empêché de se finir ici. Et puis ne crois pas que je n’ai pas vu le bungalow de Déméter en reconstruction. Il s’est passé quelque chose récemment, et c’est ici que ça s’est passé.
-Juste un automate de douze mètres, rien de grave …
-Connor.

Mon frère rentra la tête dans les épaules, touché par la sécheresse de mon ton. Je ramenais un genou contre ma poitrine, singulièrement contrarié.

-Ecoute, reprit Connor d’un ton résolument calme. Tu n’es pas obligé de faire quoique ce soit. Tu as une autre vie maintenant : la fac, maman, Dylan … La vie de héros, c’est fini pour toi. On s’en est sorti deux fois, on s’en sortira une troisième.

Comme si c’était facile. Comme si c’était facile d’oublier que ma seconde maison était de nouveau en danger – qu’elle avait été attaquée par un colossal automate de bronze – d’oublier que la personne à laquelle je tenais le plus était embrigadée dans ce nouveau conflit, d’oublier qu’à nouveau, le monde était en danger et que les dieux s’en remettaient à nous pour le sauver.
Franchement, vous ne servez à rien.
De nouveau, je poussai un profond soupir pour libérer la tension. J’avais beau savoir que j’aurais le droit à quelque chose dans ce goût là en revenant, je ne pensais pas que ça m’ébranlerait autant.

-Les romains ?
-Ils sont au courant. J’ai juste demandé à Chelsea de ne rien te dire … Je ne voulais pas que tu t’inquiètes.
-Trop aimable.
-Travis … Ce n’est plus ton combat.
-Tu crois ?

Connor haussa vaguement les épaules. C’était évident qu’il disait ça pour me déculpabiliser et pour m’éloigner au maximum de cette nouvelle guerre, mais que dans les faits, il n’en pensait pas un mot. Les deux conflits précédant, nous les avions surmontés, mais ensemble. Maintenant Connor était seul face à ça.
Etais-je capable de le laisser seul face à ça ?
Je gardai un long instant le silence, les yeux rivés sur les champs de fraises qui bouchaient notre horizon. En regardant à travers les branches, je parvins à capter un mouvement : c’était Pollux et Katie qui parcouraient les buissons main dans la main, chuchotant à voix basse. Avec un pincement au cœur, je compris que la teneure de leur conversation était identique à la nôtre. Je baissai la tête et des boucles châtains vinrent obscurcirent mon champ de vision. Je n’avais pas coupé mes cheveux depuis un long moment, il faudrait que je remédie à ça également.

-Je commence à me dire … que c’est illusoire.
-De quoi ? s’étonna Connor.
-Le principe de retraite. Se dire qu’un jour, quand on est assez grand, on peut tirer un trait sur sa vie de demi-dieux et dire qu’on très trop vieux pour ces conneries. Purement et simplement tourner le dos à ce monde. Mais j’ai réfléchi et je me suis rendu compte … C’est impossible. On est des demi-dieux, et ça veut bien dire qu’une partie de nous fait partie de ce monde et que, quoi qu’on fasse, ça restera dans notre sang, dans notre tête. On ne peut pas tirer un trait dessus, on ne peut pas l’occulter. Quitter la Colonie, ça ne veut pas dire qu’on arrête d’être un Sang-Mêlé … Simplement qu’on en a terminé la formation, et qu’à présent, on en est un à part entière.

Connor me fixait, visiblement songeur. Le léger froncement de sourcils m’indiquait qu’il n’était pas sûr d’apprécier ce qu’il entendait.

-Donc tu comptes te battre ?

J’eus un pauvre sourire.

-Est-ce que j’ai le choix ?
-Et tes études ? Et maman ? Et Dylan ?
-Ça n’aura plus d’importance si le monde part en lambeau, Connor.

La bouche de Connor se tordit et il riva son regard au loin entre les haies. Pollux et Katie avaient disparus mais on arrivait à percevoir le terrain de volley en contrebas où Chelsea s’était mêlée à ses frères grecs pour une partie. Du peu que j’apercevais, elle avait l’air aussi bonne en sport qu’à dégommer des zombies sur une télé.

-Mouais, je suppose, concéda-t-il finalement dans un filet de voix. Mais on n’en est pas là. Je te dis, pour l’instant c’est l’affaire d’Apollon – ou Lester, c’est son nom de mortel. Je te jure, cette histoire est absurde.

Un sourire effleura mes lèvres. J’avais rarement vu le dieu de la musique, mais l’idée même que le bel Apollon puisse être coincé dans un corps de mortel boutonneux était hilarante. Zeus devait réellement être furieux.

-Toute cette histoire a un rapport avec ta nouvelle coupe et … c’était un coquard ?

Pour toute réponse, Connor me donna un nouveau coup de poing dans l’épaule et j’eus un léger rire. Visiblement, il n’était toujours disposé à évoquer cet épisode et pour qu’il refuse de m’en parler, c’était qu’il devait être sacrément humiliant – je n’en doutais pas s’il impliquait réellement une gamine et un fruit.

-Mais si tu y tiens, je te préviendrais si ça bouge, maugréa Connor, pour éloigner le sujet de son état. Mais tant que tu n’as pas de nouvelle, considère que tout va bien. Concentre-toi sur tes études et par les dieux, emballe enfin Dylan, ça commence à trop trainer cette affaire.
-Qui te dit que ce n’est pas déjà fait ?

Connor me jeta un regard circonspect qui signifiait qu’il lisait en moi comme dans un livre ouvert et qu’il avait bien perçu que mes relations avec Dylan stagnaient depuis qu’ils nous avaient quitté début janvier. Il était vrai que d’un point de vu formel rien n’avait changé, mais côté relationnel, la plaie avait enfin cessé de saigner et je la bandais par une proximité presque retrouvée avec la jeune fille. Bien sûr, il demeurerait de cette aventure une cicatrice fragile. Dylan avait eu raison : ce serait quelque chose qui resterait entre nous et contre nous. Mais plus j’avançais, plus je me disais qu’on devait être capable de vivre avec ça.

-Ça avance, assurai-je puisque son regard se prolongeait. J’avais juste besoin de temps. Pas comme Lou Ellen et toi, visiblement.
-Hey, ne change pas de sujet. Tu as compris la base ? Il est hors de question que ça t’empêche d’avoir de bonnes notes … déjà que j’ai ton « D+ » en droit des affaires en travers de la gorge …
-Connor, la consigne commençait par « vous représentez la NRA* ». Je ne suis pas la NRA. Et D+, compte tenu que j’étais totalement hors-sujet, c’est plutôt une bonne note, je pense que je suis tombé sur un correcteur anti-arme aussi.

Mon frère leva les yeux au ciel mais un léger sourire passa sur ses lèvres.

-On ne pourra pas te changer, pas vrai ? (Il se redressa et bondit sur ses pieds, sa tête crevant la surface des haies pour apparaître au grand jour). On y va ? Tu n’es là que pour trois jours et on ne va pas les passer à se morfondre … La vie continue.
-Et risque d’être terriblement courte, ajoutai-je avec un certain sarcasme. Surtout si trois empereurs romains nous tombent dessus et qu’Apollon ne fait pas son job. Bon sang pour une fois qu’ils nous envoient un dieu, il faut qu’ils le fassent sans pouvoir …

Cette fois, Connor rit et me tendit la main. Je la saisis et me levai à mon tour avant de m’étirer. Nous dévalâmes les pentes de la colline et émergeâmes des fraisiers pour rejoindre le terrain de volley. Chelsea avait l’air à l’aise au milieu de ses demi-frères et sœurs grecs, à ceci près qu’elle portait un tee-shirt pourpre qui clamait sa provenance du Camp Jupiter. Avec un sourire amusé, je me rendis compte que son équipe n’était pas composée d’« Apollon », mais d’une bande de gamin disparate qui m’était familière. Une petite fille aux nattes rousses lâcha le ballon avec un cri de ravissement et se précipita vers Chelsea pour tirer sur un pan de son tee-shirt.

-Chels’ ? C’est lequel Travis ?
-Euh …, hésita la jeune fille avec un sourire incertain. Celui qui n’a pas encore mis son tee-shirt orange et qui a les cheveux intacts ?
-Gagné, souris-je avant de tirer l’une des nattes de la fille. Ça va Anna, tu t’habitues ?

La fille de Morphée hocha la tête, tout en se cachant à moitié derrière Chelsea avec timidité. Finalement, les « Apollon » finirent par s’impatienter et elle retourna sur le terrain rejoindre ses anciens camarades de la Cour. Certains me firent un signe de la main et Chelsea eut un sourire amusé en m’adressant un coup d’œil.

-Fais gaffe, je pense qu’Anna est amoureuse de toi.
-Je suis honoré. Alors comme ça tu m’as caché des choses ?

Chelsea rougit furieusement et jeta un regard furibond à Connor avant de le frapper sèchement sur la poitrine.

-Hey ! protesta-t-il en croisant ses bras devant son visage pour se protéger. Qu’est-ce que j’ai fait ?
-Où sont les autres ? m’enquis-je avant qu’une bagarre n’éclate.
-Camille est avec Alice et Julia, répondit Chelsea, tout en observant Connor avec défiance. Et Dylan … Je ne sais pas. Elle regardait le volley et elle s’est éclipsée. Peut-être qu’elle en avait marre d’être au soleil.
-Oui parce que c’est l’un des défauts principal de notre Colonie : elle est trop ensoleillée, railla Connor avec un sourire mutin.

Chelsea leva les yeux au ciel, et nous planta là pour retourner jouer, sa queue-de-cheval battant furieusement ses épaules. Connor me jeta un regard désemparé.

-Mais qu’est-ce qui lui prend ?
-Ah, petit frère, soupirai-je en mettant une main sur son épaule. Tu comprendras quand tu seras plus grand.

Connor parut encore plus déboussolé, et même un brin vexé par ma réponse énigmatique. Je tapotai son épaule avec condescendance et le laissai là pataugeant dans la perplexité. Il lui fallut quelques secondes pour me crier :

-Hey attends ! Où tu vas ?
-Connor, par les dieux !

Je fis brièvement volte-face pour voir Chelsea secouer la tête d’un air désespéré avant de prendre Connor par le bras et le forcer à intégrer l’équipe. Mon frère eut beau lui répéter qu’il ne savait pas jouer au volley et qu’elle « presque aussi méchante que Meg depuis qu’elle était arrivée », Chelsea le fit taire d’un regard avant de me faire un signe agacé de la main, comme pour me dire de poursuivre mon chemin. Je lui adressai un pouce approbateur avant de m’enfoncer dans la Colonie en sifflotant joyeusement.
Cela me dit un effet étrange de traverser la prairie. Tout m’était familier et pourtant tout semblait avoir changé : je jetai un regard différent sur chaque bâtiment, chaque visage, chaque détail. Et plus que ma perception de l’endroit, c’était les gens qui n’étaient plus les mêmes : la Colonie était en plein renouvellement. Beaucoup ne me connaissaient même pas, moi le co-maître du chaos et je traversai l’espace des bungalows presque comme un fantôme jusqu’au 11, le plus simple, en bois et aux rideaux jaunes délavés surmonté du caducée paternel. Avec un sourire, j’effleurai la tortue de bronze que m’avait offerte mon père et passai la porte du bungalow. Il était presque vide : peu de pensionnaires étaient permanents et tous devaient être sortis. Pourtant je vis mon demi-frère Cecil seul sur son lit, des écouteurs dans les oreilles et j’entendis des cris dans le fond de la pièce :

-Camille, ne sois pas idiote, ce n’est qu’un tee-shirt.
-Je ne mettrais pas ça, c’est immonde.
-Mais c’est le symbole de la Colonie !
-Peut-être, mais c’est orange !

Etouffant mon rire de mon mieux, je grimpai sur le lit qui m’avait toujours été alloué et que Connor avait veillé qu’il reste libre – luxe qu’on pouvait à présent se permettre. Un sac de couchage et un oreiller avaient déjà été préparé, et je trouvai également un tee-shirt orange soigneusement plié sur les draps, surmonté d’un petit mot qui clamait « bienvenu chez toi ». Avec un sourire ému, j’effleurai le tee-shirt et l’enfilai sans attendre. Contrairement à Camille, je n’avais rien contre le orange. C’était comme une seconde peau dont je ne pouvais me débarrasser.
Par les dieux, comme ça avait été illusoire de penser que je pouvais simplement oublier ce que j’étais … J’étais peut-être le fils d’Holly Alatir, mais j’étais également le fils d’Hermès. C’était dans ma chair et dans mon sang. Et ça le serait toute ma vie.

-Travis ?

Je fis volte-face pour voir Cecil se redresser sur un coude, un écouteur dans la main et les yeux encore ensommeillés. Pourtant un lent sourire s’étira sur ses lèvres lorsque je descendis de mon lit pour toquer mon poing contre le sien.

-T’es revenu quand ?
-Je suis arrivé à une heure, répondis-je en m’asseyant au bord de son lit. Et toi, comment ça va ?

Cecil haussa les épaules et passa une main dans ses cheveux blonds et ébouriffés. Lui aussi avait les yeux noisette et le sourire tordu des « Hermès », mais cette fois il ne souriait pas. Connor m’avait fait le récit de son enlèvement dans le bosquet de Dodone, et de Néron qui avait voulu le transformer, lui et d’autres demi-dieux, en torche humaine qui aurait emporté la Colonie avec elles.

-Ça va, je me remets. Pas simple avec Julia et Alice qui se moquent tout le temps, pourquoi tu nous l’as ramené, elle ?

J’eus un sourire désabusé devant la tentative de Cecil de dévier la conversation et de dédramatiser la situation, mais je voyais bien qu’il avait été heurté par l’expérience. Il parut comprendre que j’étais inquiet, car il avança une main pour tapoter mon genou.

-Hey, t’en fais pas grand frère. Un fils d’Hermès, ça s’adapte à toutes les situations, on est les maitres de la précarité, c’est toi qui me l’as appris, non ?
-J’aurais dû être là …

J’aurais voulu de pas laisser échapper ce remord, ce qui me rongeait depuis que j’avais vu les traces de coquard sous l’œil de Connor, ou les travaux de reconstruction du bungalow de Déméter. Mon frère m’aurait frappé à l’arrière de la tête pour avoir laissé échapper une telle plainte, mais Cecil eut un sourire indulgent.

-Mais non, regarde, on s’est en sorti sans toi. Tu as fait ce que tu pouvais pour la Colonie, Travis. Maintenant, c’est notre tour.

J’observai mon demi-frère, du léger sourire qui persistait sur ses lèvres à la détermination qui brillait et dominait son regard, chassant les brumes de l’épreuve qui lui avait infligé. En un sens, je comprenais pourquoi Chiron le préférait à Julia pour succéder à Connor. Lui non plus n’avait rien du héros, mais il représentait le « Hermès » - prêt à tout faire pour sa famille. Avec un sourire ému, je lui ébouriffai les cheveux.

-Tu as notre héritage entre tes mains, mon petit gars. Fais nous honneur.
-Promis.
-MAIS CAMILLE TU ES PENIBLE METS CE TEE-SHIRT !

Cecil et moi grimaçâmes face au cri d’Alice, et finîmes par quitter le bungalow quand les voix se firent trop nocives pour les oreilles. Mon demi-frère m’adressa un signe de la main avant de rejoindre un fils d’Arès, bondissant comme seuls pouvaient le faire les enfants de Hermès. Je me fondis dans la foule de demi-dieux en tee-shirt orange qui vaquaient à leurs occupations semi-divines, sous le regard bienveillant mais attentif de Chiron, qui avait revêtu sa forme de centaure pour donner un cours de tire à l’arc aux « Hécate ». La plupart d’entre eux se faisaient un malin plaisir à manipuler la Brume pour changer leurs flèches en jouets en caoutchouc ou en fleurs, ou simplement faire croire à Chiron qu’elle avait atteint le mille, mais chaque fois, l’instructeur leur lançait ce regard pénétrant dont il avait le secret et la Brume dévoilait sa vérité. Will et Nico s’étaient installés au bord du lac et je ne pus m’empêcher de remarquer que leurs mains se touchaient fréquemment et que les joues du fils d’Hadès prenaient une couleur rose inhabituelle. Dans l’arène, Clarisse reprenait du service contre Annabeth : c’était étrange de voir ces deux filles qui ne s’étaient jamais entendues être arrivées à une sorte d’amitié cordiale, soudée par les épreuves et leur esprit militaire. Percy encourageait bruyamment sa petite-amie et je remarquai un groupe de jeune l’observer bouche bée. Ils avaient dû entendre parler des exploits du fils de Poséidon, en passe de devenir légende dans notre monde. Lui adressant un signe de la main, je poursuivis ma route. L’arène était le dernier bâtiment avant que ne s’ouvre les dunes de sables qui menaient au détroit de Long Island.
Le soleil se réfractait en mille éclats dorés sur l’eau agité par la brise marine. Je repoussai les mèches que le vent plaquait contre mon visage et emplis mes poumons de l’air iodé. J’étais un enfant des Rocheuses, mais j’avais passé de si bon moment au bord de cette mer qu’elle m’était devenue tout aussi importante. Mon regard embrassa le paysage et j’eus un sourire entendu. Une fille était assise seule sur la plage, face aux vagues vrombissantes, le visage levé vers le soleil et les lunettes repoussées dans ses cheveux noirs. Je m’approchai à pas de chat et finis par retirer mes chaussures quand le sable commença à y entrer.

-J’étais sûr de te trouver ici.

Dylan sursauta et mit sa main en visière pour m’observer. Un faible sourire retroussa ses lèvres.

-Et pourquoi ?
-Parce que tu n’as jamais quitté le Colorado de ta vie. Donc je doute que tu aies déjà vu la mer.

Le sourire sur les lèvres de Dylan s’agrandit et son regard fut irrémédiablement attiré par les flots devant elle. Ses yeux étaient plissés par l’agression du soleil, mais elle ne fit pas le moindre mouvement pour remettre ses lunettes. Sans doute la teinture rendrait le spectacle moins majestueux pour elle.

-En fait je l’ai vue à Vancouver. Mais il faisait moche, et je n’y suis allée qu’une fois et … Bref, oui, je voulais la revoir. Bien joué, mauvaise herbe. Tu commences à me connaître.
-Que veux-tu, tu vis chez moi maintenant, rappelai-je en me laissant tomber dans le sable. Je commence à percer tout tes secrets, princesse. Même si tu persistes à m’en cacher. Tu n’exultes pas un peu ?
-Pardon ?

Elle me renvoya un regard franchement dérouté. Mon sourire se fit légèrement amer et je rivai mes yeux sur le détroit pour ne pas avoir à croiser les siens, ce qui emballerait mécaniquement mon rythme cardiaque.

-La guerre contre les Empereur Romains. Je suis presque certain que Chelsea t’en a parlé et que la raison pour laquelle tu n’as fait aucune remarque contre la Colonie est que tu attendais que je sois au courant pour mieux me répéter qu’on est vraiment qu’un camp d’entrainement pour l’armée de réserve des dieux.

Dylan m’observa un moment, les sourcils froncés avant de secouer la tête et de se lever d’un bond, furibonde.

-Ce n’est pas ce que j’allais dire, rétorqua-t-elle d’un ton exaspéré. Oui, Chelsea m’a dit, mais je ne comptais pas « exulter » comme tu le dis. Ça va, Travis, j’ai fini par comprendre. Sinon je ne serais pas là.

Je ne répondis rien, vaguement honteux d’avoir sous-entendu cela. Il était vrai que cela avait dû demander un effort colossal à Dylan de venir ici, dans ce lieu qu’elle avait méprisé toute sa vie. C’était en quelque sorte un renoncement à tout ce qu’elle avait cru pendant près de dix ans. Je passai une main sur mon visage.

-Désolé, ce n’est pas ce que je voulais dire. C’est juste … bon sang, Dylan, je vais finir par croire que c’est toi qui avais raison.

Dylan fronça les sourcils avant de lentement se rassoir, visiblement radoucie.

-J’avais un peu raison. Les demi-dieux sont une armée de réserve pour les conflits des dieux, oui, Travis, c’est une réalité. Mais j’avais aussi un peu tort. On ne peut pas simplement se tenir à l’écart des affaires des dieux en se disant que ça ne nous concerne pas. Ça nous concerne. Parce que, même si on ne le veut pas, on est leurs enfants et que leur monde est le nôtre. Alors si leur monde est en danger, c’est nous qui le sommes. S’ils valsent, nous valsons avec eux. On ne pourra pas changer la nature des dieux alors on sera toujours en première ligne. Alors il faut se préparer à ça, je suppose.

J’arrachai mon regard aux flots pour contempler Dylan, assez stupéfait de son discours. J’avais beau avoir conscience que sa pensée avait évolué depuis qu’elle était revenue de Vancouver, je ne m’attendais pas qu’elle a atteint un tel degré d’acceptation du monde mis en place. J’eus un petit sourire.

-Bon sang. Continue comme ça et dans un mois tu iras boire le thé aux Enfers avec ta mère tous les dimanches.

Un rire secoua la poitrine de Dylan et elle se mit à jouer avec son collier d’attrape-rêve. Le tissage en forme de fleur semblait se modifier au fur et à mesure que la saison avançait : les cordages bruns et ternes se verdissaient lentement à l’approche du printemps.

-Dans un mois, ma mère remontera à l’Olympe, mauvaise herbe. Je redeviendrais une fille de la Terre.

J’avais oublié de détail. Je m’étais tellement habituée à ses prunelles sombres que j’en avais oublié que c’était l’hiver qui les avait rendues ainsi et qu’originellement elles étaient aussi vertes que les feuilles qui tapissait la forêt au printemps.

-C’est vrai que c’est pour bientôt. Tu dois avoir hâte, non ?
-Un peu, admit Dylan en observant son collier. En vérité, j’attendais ça pour … retourner à la réserve.

Je hochai la tête d’un air compréhensif. Elle n’avait pas abandonné l’idée de retourner sur ses terres ancestrales, au moins une dernière fois mais préférait que sa nature ait changé avant de le faire. Ses doigts se crispèrent sur le lien de cuir.

-Dis … Je voulais te demander … ça te dérangerait de m’accompagner ? Je n’ai pas envie d’y aller seule …

Je souris, à la fois touché et surpris de sa requête.

-Bien sûr, Aiyana.

Dylan inclina la tête et quelques boucles de cheveux noirs couvrirent son visage, mais je pus capter le sourire qui effleura ses lèvres lorsqu’elle entendit son vrai prénom – le prénom que lui avait donné son père, celui qui la liait au Colorado à jamais. Elle laissa sa main couler sur le sable et la mienne la rejoignit naturellement. Nous restâmes silencieux, un silence apaisant fracassé par les vagues qui mourraient sur la plage et le vent qui n’en finissaient plus d’emmêler nos cheveux. Elle finit par laisser aller sa tête contre mon épaule et je pressai ma joue contre son crâne, fermant les yeux pour profiter de cet instant de quiétude. Mon cœur se mit à battre la chamade. Le calme avant la tempête. A présent qu’une nouvelle guerre se préparait, le temps me semblait infiniment plus court et me filai entre les doigts comme ces grains de sables. Une bouffée d’angoisse faillit me faire suffoquer mais je m’efforçai de la repousser. Ce n’était pas le moment d’y penser. Aujourd’hui, le soleil brillait, les vagues chantaient et j’étais de retour chez moi. Dylan finit par s’écarter légèrement pour lever le visage vers moi, un léger sourire aux lèvres.

-C’est un bel endroit. Je comprends que tu l’aimes autant.

Elle était si proche que je ne savais plus où poser les yeux. Mon regard effleura les courbes de son visage, ses pommettes hautes, la cicatrice blanche sur sa joue, ses lèvres roses et pleines avant de se plonger dans le sien, sombre, pétillant, éclatant. La couleur n’avait pas d’importance. Elle aussi, elle était belle. Je levai une main et caressai l’une de ses mèches soyeuses et sa joue du dos de mon doigt avant de poser ma paume contre sa joue. Elle couvrit ma main de la sienne, me fixant avec un sourire incertain. Je savais qu’elle n’oserait rien faire, que tout dépendait de moi. Alors je trouvai la force de franchir enfin les quelques centimètres, ce rien qui nous séparaient depuis des mois, depuis dix ans, et effleurai ses lèvres des miennes. C’était à peine plus qu’une caresse, un aveu d’inexpérience, une preuve de mon amour et de mon pardon. Je m’écartai d’un souffle, l’observant à la dérobée pour guetter sa réaction. Le sourire de Dylan s’agrandit et elle passa une main sur ma joue, puis dans mes cheveux avant de descendre sur ma nuque et incliner doucement mon visage vers le sien. Elle m’embrassa, ses lèvres se mouvant contre les mienne avec tendresse et timidité. Je refermai mes bras sur elle, et répondis à son baiser sans pouvoir réprimer le sourire qui me montai aux lèvres. Nous nous embrassâmes longuement, nous écartant pour nous sourire et rire avec cet air niais que, finalement, je ne trouvais si insupportable, plongeant nos regards l’un dans l’autre avant que nos lèvres ne se rencontrent à nouveau. Tout était parfait. Jusqu’à …

-ALATIR !!

Je poussai un grognement de frustration tout contre les lèvres de Dylan qui lui arracha un rire lorsqu’elle s’écarta, les joues rosies. Je levai les yeux vers les dunes de sables et mon cœur s’arrêta de battre quand je vis la brochette qui agitait la main avec un immense sourire. Connor, bien sûr, aux côtés de Chelsea et des jumelles, mais également Clarisse, Annabeth et Percy – celui qui m’avait interpellé.

-Et mince. On est grillé.

Dylan pouffa en reconnaissant les mots qu’elle avait utilisés sous le parapluie. Percy pointa un index accusateur sur nous.

-Dis-moi, mec, tu n’étais pas parmi ceux qui nous ont jeté dans le lac, Annabeth et moi, après le Siège de Manhattan ?
-Je pense bien qu’il l’était, enchérit Annabeth avec un sourire malicieux qui ne me disait rien du tout.
-C’est bien ce qu’il me semblait.

Je n’eus pas besoin de voir Percy lever les bras pour comprendre ce qui allait se passer. J’enfermai Dylan dans mes bras et me recroquevillai en entendant la mer se soulever en un son assourdissant avant de s’abattre sur nous avec violence. La fille de Perséphone poussa un cri de surprise en recevant les flots d’eau mais je fus rassuré de l’entendre éclater de rire lorsque la vague reflua, nous laissant trempés jusqu’aux os, les cheveux plaqués contre nos joues. Je m’esclaffai à mon tour et nous nous écroulâmes l’un contre l’autre, hilares, le cœur bondissant et euphoriques. Percy parut déçu de notre réaction car il poussa un gros soupir.

-Vous n’êtes même pas drôle ! Allez, on vous attend au pavillon-réfectoire pour le dîner !
-Et préparez-vous, c’est Capture-l’étendard ce soir, rappela Clarisse en levant sa lance. Et on est dans la même équipe, Alatir : tâche de ne pas attraper un rhume !
-Pas trop tôt, j’ai cru que ça n’arriverait jamais, gémit Camille, qui n’avait toujours pas revêtu de tee-shirt orange. Bon dieu, vous êtes longs !
-Mais au moins c’est fait, se réjouit Connor en joignant ses mains. Mon grand frère grandit enfin !
-Mais par les dieux, cassez-vous ! m’exclamai-je sans retenir un sourire amusé. Et prenez Connor avec vous !
-Mais pourquoi ?!

Chelsea éclata de rire et faucha le coude de Connor pour le forcer à s’éloigner. Pour mon plus grand soulagement, les autres suivirent, disparaissant derrière les dunes de sables. Dylan s’était levée pour essorer ses cheveux, toujours un immense sourire aux lèvres et je la rejoignis pour l’attraper par la taille. Elle dressa un sourcil à mon adresse.

-Tu as jeté le sauveur du monde dans le lac ?
-C’était une idée de Clarisse. Mais bon sang, c’était une bonne idée.

Elle essuya un petit rire et écarta une mèche de cheveux que l’eau avait collée contre mon front. Son sourire était large, mais toujours teinté d’incertitude et d’espoir, comme si elle craignait avoir rêvé ce qui s’était passé.

-Tu … tu es sûr de toi ?

Pour toute réponse, je me penchai vers elle et effleurai ses lèvres d’un baiser qui agrandit de nouveau son sourire, si toutefois s’était possible. Elle noua ses doigts à l’arrière de ma nuque et inclina mon visage vers le sien pour approfondir le baiser. Le bonheur qui se répandait en moi, pompé par un cœur qui s’accélérait dans ma cage thoracique, balayait tout : les blessures, les cicatrices, le passé comme le futur pour sublimer le présent.
Certes, un nouveau conflit se profilait. Mais Connor avait peut-être raison. On avait survécu à deux guerres. On pouvait surmonter la troisième.
Si on le faisait ensemble.



FIN



Voilàà bon sur cette fin que Cochyo va qualifier d'un immanquable "C'est mignooooooon" ironique, le dernier lexique :
NRA : National Rifle Association, c'est le lobby des armes aux USA. Des gens absolument sympatiques *tousse tousse*


J'espère que cette fin vous aura plu ! Je pense que ça doit être la partie que j'ai préféré écrire, ça fait tellement du bien de retrouver la Colonie ! Allez, on va passer un petit bilan, exactement le même que pour Lucy, juste un peu modifié ahah. En tout cas merci à tous d'avoir suivi, on se retrouve pour O&P ET NE ME LAISSEZ PAS SEULE POSTEUSE SUR CE FORUM PITIE


BILAN


1) Qu'est-ce qui vous a plu dans cette fanfic'?

2) Qu'est-ce qui vous a déplu ?
-Au niveau de l'histoire :
-Au niveau de l'écriture :

3) Quel(s) personnage(s) avez-vous préférés ? Et si possible pourquoi?

4) Si possible et si vous vous en souvenez, quelle a été votre scène préférée? Et celle que vous avez moins aimé? Et pourquoi?

5) Y'a-t'il des choses qui ne sont pas claires? Ou des défauts de confections qui vous ont gênés?

6) D'autres choses auxquels je n'aurais pas pensée? Des demandes ou remarque particulières ? Laissez libre court à votre imagination !

Dernière modification par Perripuce le mar. 10 déc., 2019 4:10 pm, modifié 1 fois.
cochyo

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Re: La Cour des Miracles - Terminée [PJ/HdO]

Message par cochyo »

C’eeeeessssttttt mignoooooooooon !!! :lol: :lol:
J’ai adoré la fin avec Percy ! Bon sang j’adore ce mec ! Et ce chapitre !! Génial !
PAR CONTRE !! C’est faux ! Il ne reste pas que O&P il y’a aussi échec et mat en fanfic ... et bien sûr le prodigieux EdG :mrgreen: ( bref j'arrête de faire le malin mais t’as compris l’idée)
J’ai adoré cette fanfiction en tout cas avec ses hauts et ses bas !
Merci, merci, merci mille fois de prendre ce temps ( et ce courage ! ) de nous offrir ces histoires merveilleuses !

Ps : j’oubliais ! Bonne chance pour les examens !!
Charmimnachirachiva

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Re: La Cour des Miracles - Terminée [PJ/HdO]

Message par Charmimnachirachiva »

J'ai adoré cette fanfic ! Franchement les perso sont attachants, l'intrigue est bien mené, il y a une belle histoire d'amour mais elle ne prend pas trop le pas sur l'intrigue, les perso m'ont beaucoup fait rire mais aussi me sentir triste ou heureuse pour eux !
Enfin merci Perri d'avoir écrit cette histroire !
Et je reponds au bilan :
Perripuce a écrit :BILAN


1) Qu'est-ce qui vous a plu dans cette fanfic'?
le fait de prendre des Hermes comme perso principaux ! Je les trouve ultra attachant car ils sont drôle et émouvant !
Et aussi de prendre des frères comme perso ! (en gros c'est les personnages qui m'ont le plus plut ! :) ) Et on sent une grande évolution dans la manière de penser et de percevoir les choses des perso.


2) Qu'est-ce qui vous a déplu ?
-Au niveau de l'histoire :
peut-être que le début et la fin sont vraiment dans un style différent mais c'est aussi ce que j'aime dans cette fanfic, l'évolution donc...
-Au niveau de l'écriture :
Rien ! Tu écris trop trop bien !

3) Quel(s) personnage(s) avez-vous préférés ? Et si possible pourquoi?
Connor, Travis, Alice, Camille (oui ça fait beaucoup ! :lol: ) parce que ce sont des Hermes ! mais vraiment le meilleur c'est Connor je trouve!

4) Si possible et si vous vous en souvenez, quelle a été votre scène préférée? Et celle que vous avez moins aimé? Et pourquoi?
Alors c'est bizarre mais limite ma scène préférée et celle que j'aime le moins sont la même. C'est quand Dylan part. Je trouve ce moment affreux, déchirant mais aussi super beau et émouvant... Je suis un peu étrange... :lol:

5) Y'a-t'il des choses qui ne sont pas claires? Ou des défauts de confections qui vous ont gênés?
Alors comme j'ai pas tout lu à la suite je ne sais pas mais rien ne m'a choqué.

6) D'autres choses auxquels je n'aurais pas pensée? Des demandes ou remarque particulières ? Laissez libre court à votre imagination !
C'était génial !!! :D Et j'ai trouvé sympa que se soit sur PJ parce que ça fait assez longtemps que je les ai lus et je m'en souvenait plus trop mais du coup ça m'a donné envie de les relire ! :)
Et vraiment merci beaucoup ! (si tu proposes des bonus tiens moi au courant s'il te plait ;)
Cazolie

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Re: La Cour des Miracles - Terminée [PJ/HdO]

Message par Cazolie »

Bon je commence par commenter l'ensemble de ce que j'ai lu depuis la dernière fois, dans le désordre :

- J'ai adoré la relation qui se noue entre Travis et Camille au fil de l'histoire. C'est trop mignon qu'elle le considère à 100% comme son grand-frère finalement, et vice-versa. Pareil, t'as très bien géré la relation entre les jumelles, avec toute la rancoeur qui pouvait rester etc.

- le vol du caducée, bien trouvé ! Et bien exécuté ! Tout le truc autour des manipulations d'Hermès, avec Dylan et Perséphone, c'était vraiment très bien vu, bien joué !! Idem pour le sentiment de Travis à ce sujet.

- Justemenet, la relation Travis-Hermès c'était très très bien vu. Le chapitre "Professeur Papa" m'a tué, comme Anna' j'aurais dû mieux lire le titre :lol: C'était vraiment super drôle, et en même temps profond quand ils parlent de la voie choisie par Travis etc. C'est vrai qu'Hermès se distingue un peu des autres dieux et tu l'as très bien montré, j'ai trouvé ça top que tu en fasses un personnage à part entière et pas trop caricatural (comme c'est un peu le cas des autres dieux dans le PJ quand même).

- Traviiis j'étais pas hyper attachée à lui dans les premiers chapitres de la fanfic mais ensuite tu as vraiment su montrer qu'il y avait eu une rupture dans son caractère (le fait d'avoir quitté la colonie) et qu'il cherchait un peu son identité (Dylan n'aidant pas) - enfin c'est comme ça que j'ai compris tout ça haha. C'était vraiment intéressant, et comme toujours tu as su nous donner un personnage avec beaucoup de consistance, plein de réflexions intéressantes...

- Les personnages secondaires aident beaucoup à la caractérisation de Travis évidemment ; chapeau pour la relation avec Connor, tu nous as offert beaucoup de très beaux passages sur la fraternité (t'aimes bien ça non les relations familiales à exploiter haha ?) (idem avec Camille et les garçons d'ailleurs) (et leur mère). Leur relation a bien servi l'évolution des deux personnages, c'était top !
Et puis Dylaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaan
Je t'en veux tellement pour cette scène dans le parc (du moment sous le parapluie à son départ). Tellement d'espoirs brisés ! C'était vraiment horrible, et je comprends que ça t'ait plus brisé le coeur que la mort de Cédric haha J'étais trop mal pour ce pauvre Travis, et en même temps j'en veux pas vraiment à Dylan parce que je comprends qu'elle soit déchirée. Mais ça a fait mal.
Enfin bon ILS SE SONT RETROUVES, quand elle se met à pleurer sur le cheval c'était si triste. Par contre Travis m'a bien fait marrer parce qu'il est là "ouais je sais pas si je te pardonnerai" et en même temps il lui fait un vrai câlin hahaha Aucun volonté le gars

- Tiens ça m'amène aux combats : de belles scènes de bataille ! Comme l'a dit coch' c'est agréable de voir que ce ne sont pas des héros au sens de Percy et Annabeth par ex, mais qu'ils s'en sortent avec d'autres qualités que la valeur guerrière. C'était parfaitement cohérent avec leur identité. Cette scène dans les bois contre les oiseaux, c'était glaçant quand même. En fait j'aime bien la gravité que tu as insufflé à ta fanfic, on la trouve seulement dans genre le dernier tome de PJ je trouve (quand il va dans le Styx aaargh) et c'est pour ça que c'est mon préféré de cette série là. Bref haha, je divague

- bon j'ai pas trop parlé de tous les autres persos, mais tous des gens très appréciables (pas toi Clopin, si ce n'est pour la qualité de réalisation du personnage). J'adore les petites vacances à la ferme avec tout le monde, l'ambiance est vraiment archi sympa ! Ah et j'adooooore que Holly Alatir ait pu adopter les jumelles, et que Camille reste à Denver. Ca me réchauffe tellement le coeur haha

Voilà voilà, pour le commentaire général ! Je te l'ai déjà dit mais la touche Riordan est bien là, c'est vraiment chouette, et en même temps c'est bien ton écriture, avec la profondeur des personnages et des émotions, et ça c'est plus que chouette, c'est le vrai bonheur :mrgreen:

Je te commente la suite de façon détaillée demain je pense, mardi au pire !
Cazolie

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Re: La Cour des Miracles - chapitre 19 [PJ/HdO]

Message par Cazolie »

Perripuce a écrit :Bonjoooour !

Oui j'accélère dans le poste de la CdM parce que ça commence à trainer, que de toute façon elle est finie et qu'il reste deux chapitre (donc celui là est le dernier, et l'épilogue arrivera la semaine prochaine !)

J'ai un peu lutté pour cette partie là (encore merci à Anna pour sa relecture !) Donc j'espère qu'il vous plaira, que le rendu est pas trop mauvais ! Bonne lecture !


Chapitre 19 : Et maintenant ?

Dylan avait fini par s’endormir contre moi au moment où le soleil s’était couché derrière les montagnes. J’évoluai avec une grande prudence, tentant d’aller aussi vite que possible sans l’indisposer – il était plus qu’évident qu’elle avait besoin de repos Franchement il essaie de convaincre qui qu'il lui a pas déjà pardonné. Sur la seconde partie du trajet, les douleurs du combat contre les oiseaux finirent par se réveiller et lorsque la ferme fut enfin en vue, je grimaçai à chaque mouvement de Maximus Ah j'ai oublié de parler de Maximus : coucou Raiponce hahah ? . Le soleil était couché depuis longtemps et ce fut avec un véritable soulagement que je fis les premières lumières de la ferme éclairer mon chemin. Lorsque j’arrivai enfin dans la petite cour, un comité d’accueil composé de Connor, Chelsea et Camille m’attendait pelotonnés sur les marches du perron Eh beh ils sont là depuis combien de temps. En entendant les pas de Maximus, mon frère bondit sur ses pieds, réveillant une Chelsea qui s’était assoupie sur son épaule. La jeune fille plaqua ses mains contre sa bouche en avisant Dylan inerte dans mes bras mais je me dépêchai de la rassurer :

-Elle va bien, elle est juste … épuisée.

Mais cela ne parut pas rassurer Chelsea qui se précipita sur nous et repoussa Connor qui était en train de nous atteindre. Elle posa une main sur la jambe de la jeune fille : sa paume s’illumina d’une douce lueur dorée et la plaie qu’elle couvrait se referma sous la magie curative. Ses yeux s’écarquillèrent et elle s’écarta d’un bond pour me laisser descendre. Dylan gémit en se retrouvant sans soutiens, mais Connor m’aida à l’extirper de la selle. Elle ouvrit à peine un œil pendant l’opération et ne protesta pas lorsque mon frère l’éleva dans ses bras, ni quand Chelsea appliqua de nouveau la main sur son front. Oh pauvre Dylan c'est horrible POURQUOI TU NOUS FAIS DU MAL COMME CA PERRI

-Elle a une sale mine, commenta Camille d’une petite voix, avant de lever le regard sur moi. Toi aussi, d’ailleurs.
Entendant la remarque, Chelsea posa un regard profondément inquiet sur moi et je levai les mains pour la calmer.
-Je vais bien, pas de problème.
-Rentrons, proposa Connor d’une voix morte. Solace n’arrête pas de nous casser les oreilles Par réflexe j'ai lu autre chose au début, surtout avec les 2 L, j'étais choquée hahaha depuis des heures, il va enfin pouvoir se rendre utile …

Ils se précipitèrent tous à l’intérieur et je les laissai partir, appuyé contre Maximus, haletant et les jambes raides. Lui aussi avait commencé à faire sentir des signes de fatigue et je sentais sa respiration irrégulière. Je tirai sur ses rênes pour le ramener dans son écurie. Déjà à l’intérieur de la petite bâtisse, l’air était plus sec et plus chaud et alors que l’étalon se précipitait sur son seau de granule, je m’écroulai contre un ballot de paille, les jambes tremblantes et le corps douloureux. Quelques minutes plus tard, la porte s’ouvrit avec fracas et Connor se précipita vers moi, tirant dans son sillage par le col un Will Solace de fort mauvaise humeur. Mon frère se figea en voyant mon état, la bouche légèrement entrouverte. Même Will quitta son masque bougon pour froncer les sourcils

-Sale mine, c’était un euphémisme, admit le fils d’Apollon en s’accroupissant en face de moi. Bon, Alatir, enlève ton tee-shirt.

Un sourire retroussa mes lèvres.

-Je doute que Di Angelo apprécie que tu demandes ça aux autres garçons, Solace. Hahahahahahahahahahah je meurs
-Travis, enlève ce tee-shirt ! m’ordonna Connor, visiblement à bout de nerf. Ouais il a pas l'air content haha (encore traumatisé de la poule sans doute)

Comme je sentais mon frère prêt à se jeter sur moi pour m’arracher mon tee-shirt, je l’enlevai docilement, grimaçant face à la protestation de mes bras couverts de plaies. Will soupira en constatant mon état et se mit immédiatement au travail, passant ses mains illuminées par la magie paternelle sur mes plaies qui se refermaient les unes après les autres. Connor supervisait silencieusement l’opération, trépignant en se rongeant l’ongle du pouce. C'est facile quand on a des enfants d'Apollon partout

-Tu vas avoir quelques nouvelles cicatrices Hahaha ça me fait penser à La Passe-Miroir mais du coup ça va rien te dire laors je vais me marrer toute seule, m’apprit Will en effleurant une particulièrement profonde sur mon flanc. Et il va falloir que tu te reposes dans les prochains jours, ton corps est à bout, Travis.
-Et pas que ton corps, ajouta sombrement Connor.

J’adressai un bref hochement de tête à mon frère. Maintenant que j’étais descendu de cheval et que je savais Dylan en sécurité, la fatigue me tombait de façon brutale sur les épaules et je me sentais prêt à répondre aux appels du sommeil. Je poussai un soupir de soulagement lorsque Will guérit une blessure douloureuse sur mon mollet et il acheva ses soins par celle qui me barrait le front. Cette fois, un large sourire fendit son visage.

-Celle la, j’espère que qu’elle laissera une cicatrice ! Au moins je saurais comment vous reconnaître !
-Soigne le bien au lieu de dire des conneries, Solace, persiffla Connor. Olalalaaaaa faut digérer la poule un peu Connor
-Ça va, ça va …

La remarque de mon frère m’arracha un sourire et j’attrapai doucement son bras pour le rassurer. En réponse, il posa une main sur mon épaule et je sentis toute son inquiétude dans la crispation de son geste.

-Bon, rien de très grave, conclut Will en se redressant. Juste … (il posa une main sur sa tempe. Il avait pâli). Repose-toi …
Il recula d’un pas, presque chancelant et Connor se dépêcha de le rattraper avant qu’il ne trébuche. Prendre soin de Nico puis soigner les blessures semblaient lui avoir coûté pas mal d’énergie.
-Va dormir aussi, Solace, marmonna Connor en le raccompagnant. Dans les bras de Di Angelo, il appréciera.
-Très drôle …

Machinalement, Will se traina jusque dehors, une main sur la tempe. Connor le raccompagna et revint quelques instants plus tard avec un tee-shirt propre et un pull que j’enfilai avec un frisson. Puis il s’assit à côté de moi et restâmes un long moment silencieux, la tête rejetée en arrière. Je fermai les yeux, appréciant la vigueur qui revenait en moi avec délice.

-Tu n’étais pas censé être en retraite ? finit par lâcher Connor.
-L’univers n’a pas l’air d’accord avec ça …

Connor coula sur moi un regard torve auquel je répondis par un léger sourire sarcastique. Il leva les yeux au ciel.

-Déjà les Enfers c’était limite … Mais là, par les dieux … comment elle a réagi, Blackraven, en voyant arriver son sauveur sur son beau cheval blanc ?

Un rire absurde me secoua et s’acheva dans une toux qui me déchira la gorge. Connor me donna des coups dans le dos qui se révélèrent absolument inefficaces pour la calmer, mais quand ce fut le cas il se départit de son sweat pour le mettre sur mes épaules.

-Et plus de ça tu vas tomber malade … Tu es au courant que maman arrive dans deux jours ? Tu la vois, la casserole que tu vas te prendre ? Quoique réflexion faite, c’est peut-être Dylan qui va se prendre la casserole, maman était déçue de son départ … Ah oui j'en ai pas parlé mais tu me faisais trop marrer avec tes casseroles haha
-Peut-être, convins-je d’une voix qui perdait tout timbre. Connor ? Et maintenant ?

Mon frère me lorgna du coin de l’œil sans un mot, comme s’il soupçonnait un piège. Généralement, ce n’était pas moi qui posais ces questions, mais lui. Mais aujourd’hui je n’avais pas de réponse et je n’étais pas certain d’avoir la force d’en chercher une. Il restait des traces d’agacement et d’inquiétude dans ses iris, pourtant ce fut d’une voix résolument calme qu’il entonna :

-On verra plus tard. D’abord … D’abord tu vas te reposer, et on va remettre Dylan sur pied. C’est la priorité.
Je hochai la tête de façon passive. Je n’étais pas capable de voir plus loin que le sommeil prochain. Oui, dormir ça me disait bien. Dormir, sombrer, tout oublier, me régénérer. Plonger dans un monde où je n’aurais pas à jouer au héros et où mon cœur me laisserait tranquille. Je fermai les yeux. Oui, dormir ça me disait bien. Le reste attendrait.

***


Lorsque je m’étais réveillé le lendemain d’un sommeil d’une traite, vierge du moindre rêve, l’après-midi s’était déjà avancée. Mais Dylan me battit largement : installée auprès de Chelsea dans le lit de mon grand-père, elle émergea clopin Ah non pas Clopin-clopant vers vingt heures, au moment où Pollux préparait le dîner. Elle était toujours pâle, garderait des cicatrices de son voyage retour, et Connor avait dégotté en urgence des béquilles dans le grenier qui datait du temps où mon grand-père s’était fait opérer des ligaments du genou. Mais dans l’ensemble, elle allait mieux, et ce fut sans doute pour cela que Chelsea cessa de s’inquiéter pour se muer en un silence bougon et courroucé dont elle ne sortait que pour exiger de Dylan qu’elle boive son nectar ou reste tranquille dans le canapé Eh au moins elle s'inquiète, rien n'est perdu entre elles haha. Elle n’était pas la seule à s’incommoder de la présence de la jeune fille : Alice se faisait un malin plaisir de lui lancer de nombreuses piques qui agaçaient profondément Camille Ok c'est pas gentil mais j'aime pas trop Alice haha, peut-être l’unique à parler de façon courtoise à Dylan avec Nico et Katie. Will et Pollux ne savaient pas quoi penser de la situation et se contentaient de soigner et nourrir. Ca ce sont des gens utiles hahaha

-Elle est bête, grommela Camille en toisant une poule rousse l’air mauvais.
-Qui ça, la poule ? répondis-je avec un vague sourire.
-Non. Alice MERCI . Chelsea a le droit d’en vouloir à Dylan. Tu as le droit d’en vouloir à Dylan – et à la limite Connor parce que c’est une extension de toi. Mais nous concernant, on n’a rien à lui dire. Nous concernant, c’est la fille qui a abandonné sa maison en flamme pour plonger dans les Enfers avec nous et sauver Alice. Alors ce qu’elle fait, j’appelle ça de l’ingratitude.

Assise sur la barrière et emmitouflée dans son anorak, Katie hocha la tête en guise d’approbation. Nous venions tous les trois de nourrir les poules mais rechignions à retourner à l’intérieur où Chelsea, de fort mauvaise humeur, dégommait les zombies et où Connor tentait de raisonner une Alice certaine d’être dans son bon droit d’insulter Dylan.

-J’ai parlé un peu avec elle, ajouta Katie. Très honnêtement, quoiqu’il arrive, je pense qu’elle s’est punie toute seule de ce qu’elle a fait. La cicatrice qu’elle a sur sa joue, elle la gardera toute sa vie.

Par automatisme, Camille porta les doigts à ses propres cicatrices et Katie lui jeta un regard peiné. Puis, elle vrilla ses yeux sur moi et un léger sourire s’étala sur ses lèvres.

-Et toi ?
-Comment ça, et moi ? rétorquai-je, sur la défensive.

Le sourire de Katie se fit désabusé et elle échangea un regard presque entendu avec Camille. Je me sentis m’empourprer. Cela faisait deux jours que Dylan était revenue, et je n’y voyais pas plus clair en moi. Il y avait des choses évidentes : la colère et l’amour. Mais je n’arrivais pas à démêler l’une de l’autre. Elles s’entredéchiraient en moi et lorsque l’une prenait le dessus, l’autre la plongeait dans les abysses. Camille se hissa sur la barrière pour pouvoir me regarder dans les yeux.

-Tu lui en veux beaucoup, pas vrai ?

Je haussai les épaules sans chercher à nier.

-C’est normal que tu lui en veuilles, même elle comprend, concéda Katie en penchant la tête. Mais … Est-ce que ça peut changer ?
-Peut-être, admis-je en toute sincérité. Je n’en sais rien, à vrai dire.
-Tu n’as pas réussi à l’oublier, et tu t’es précipitée comme un preux chevalier pour la sauver, rappela-t-elle avec amusement. Ça veut dire quelque chose, quand même. VOILA MERCI KATIE
-Je ne dis pas le contraire. Mais il y a un grand pas entre refuser qu’elle meure et tout oublier. On te demande pas ça mec on te demande de pardonner

Katie pinça des lèvres et Camille se fendit d’une moue. Cela m’agaçait assez qu’une partie des personnes présentes nous fixent, Dylan et moi, avec l’espoir que quelque chose se passent sous leurs yeux Effectivement ça doit être bien relou mais je les décevais à chaque fois. C’était un regard si pesant que je désertais rapidement les endroits où Dylan était. Je lui avais à peine adresser la parole depuis, et les quelques mots qui m’avaient été arrachés avaient été pour m’enquérir de son état. Je voyais bien que Dylan ne pouvait pas s’empêcher de se sentir blessée par mes fuites, mais je refusais d’avoir cette confrontation. Je pensais qu’il y avait une partie de moi qui craignait de craquer si jamais de parler de mes sentiments avec Dylan.
Mes réflexions furent interrompues par les crissements de pneus contre la neige et une voiture entra dans la petite cour pour se garer devant la ferme. Un sapin était solidement attaché sur le toit et les quelques flocons qui étaient tombée s’accrochaient désespérément à ses épines. Déjà les voix énervées nous parvenaient firent naitre des sourires amusés sur nos lèvres :

-Tu conduis comme une tarée Holly ! Je ne t’ai jamais appris à conduire comment ça !
-Ça c’est parce que c’est maman qui m’a appris à conduire, toi tu restais à l’arrière à dormir !
-Je travaillais tout le jour moi, jeune fille ! J’espère que tes fils conduisent mieux que toi, il est hors de questions que mes petits-fils aient un comportement aussi dangereux que le tien !
-Tu oses me parler de comportement dangereux ? Je suis sûre que c’est de ta faute si Travis fume !
-Est-ce que vous savez vous parler dans cette famille ? me souffla Camille. C'est hyper violent effectivement cet échange :lol: :lol:

J’eus un sourire. Si ma mère avait pris l’habitude de nous crier dessus, c’était bien parce que c’était comme ça qu’elle communiquait avec son propre père.
Enervée, ma mère claqua la porte de la portière conducteur et se dépêcha vers nous pour mettre un maximum de distance entre elle, et l’homme grand, sec et élancé qui marchait derrière elle, brandissant le poing avec exaspération :

-Tu vas m’attendre, jeune fille !
-Bon sang papa, j’ai quarante-deux ans ! Je n’ai pas plus d’ordre à recevoir de toi depuis que j’ai dix-huit ans !
-C’est vrai ça ?

Ma mère pivota brusquement vers moi pour pointer sur mon nez un index menaçant et en voyant les éclairs dans ses yeux, je suis fus heureux que l’enclot des poules nous séparent.

-Toi tu vis encore sous mon toit, jeune homme ! Essaie un peu ! (Puis elle posa son regard sur Camille et son expression s’adoucit). Comment tu vas ma grande ?
-Alors là, je suis vexé.

Ma mère me jeta un regard si féroce que, malgré la barrière qui nous séparait, je fis un pas de recul qui effraya une pauvre poule qui gloussa en s’éloignant.

-Je réglerais ton cas plus tard, mon garçon. D’ailleurs qu’est-ce que tu as à la main ?

Je baissai les yeux sur l’une des rares cicatrices apparentes que le combat contre les oiseaux avaient laissé sur mon corps, barrant la main d’une grosse balafre blanche. Ce n’était pas très joli et cela devait justifier l’inquiétude qui perçait le regard de ma mère. J’eus un sourire rassurant, teinté de moquerie.

-Moi ? Rien … une estafilade.

Les yeux de ma mère étincelèrent et ses sourcils de froncèrent alors qu’elle m’examinait d’un regard critique.

-Je crois que tu mens.
-Mon nez remuerait-il ? Il faudrait que ce soit un mensonge énorme. Hahahaha il abuse

Ma mère me contempla un long moment, entre courroux et indécision et échangea un regard avec mon grand-père qui nous avait rejoins. Owen Alatir un homme grand et décharné dont les cheveux avaient pour la plupart blanchi, bien qu’il garde une belle épaisseur. Il avait ce grand nez qu’il avait légué à sa fille, et dont j’avais également hérité – l’une des rares différences physiques avec Connor. Je lus dans le regard qu’ils échangèrent qu’ils avaient longuement parlé – et pas seulement hurlé – pendant le trajet. Mon grand-père était au courant de notre filiation divine – ma mère serait devenue folle à être seule contre ça – alors ça ne me surprenait pas que ma mère ait besoin de son avis sur les derniers éléments. Il avait été la véritable figure paternelle de notre enfance. Ma mère finit par baisser son regard sur moi.

-Alors elle est revenue ?

Je hochai la tête et ne parvins pas à retenir le sourire qui me venait spontanément aux lèvres ALLEZ LAAAAAA TU TROMPES PERSONNE (apparemment je fais partie des personnes qui les fixent en attendant qu'il se passe quelque chose . Ma mère se frotta la tempe et je vis le déchirement dans son regard – ainsi qu’une étincelle que j’apercevais généralement avant qu’elle n’empoigne la casserole.

-Bien, je suppose que c’est une bonne chose …
-Tu vas faire quelque chose, Holly ? demanda timidement Camille. Pour Dylan ?

Ma mère poussa un profond soupir et mon grand-père, lui pardonnant visiblement sa conduite, posa une main sur son épaule.

-Je connais cette petite depuis presque dix ans, rappela ma mère en passant une main sur son visage. Quand j’ai compris que c’était une vagabonde, plusieurs fois je lui ai proposé de venir habituer chez nous …
-Alors rien ne t’empêche de lui proposer à nouveau, dit mon grand-père avec douceur. Une de plus, une de moins …

Là-dessus, il gratifia Camille d’un clin d’œil, qui lui répondit d’un sourire. Mon grand-père avait immédiatement adopté les jumelles quand il était venu nous visiter à Denver, et comme ma mère il avait une fibre protectrice qui l’inciter à recueillir toutes les brebis galeuses sur son chemin. Ma mère vrilla ses yeux brillants sur moi et lâcha :

-C’est une décision qu’on va prendre en famille, alors … Allez chercher Connor et Alice. Il faut qu’on soit vite fixer.
-Nous aussi ? s’étonna Camille.

Le visage de ma mère s’adoucit et elle ébouriffa les mèches soyeuses de la jeune fille.

-J’ai dit « famille », ma grande. AAAAAAAAW je foooooooooooooooooooooooooooooooooooooooooonds

Camille parut sur le point de fondre en larme. Malgré la boule qui s’était crée dans ma gorge en comprenant qu’on allait poser un premier jalon d’une aventure dont je n’étais pas sûr de savoir la suite, j’attirai ma jeune sœur contre moi et embrassai le sommet de son crâne. Ma mère eut un sourire ému. Nous finîmes par repartir vers la ferme, sans hurler. Mais les hurlements revinrent vite, dès l’instant où nous passâmes la porte. De la cuisine parvenaient les cris diffus de Connor et d’Alice, étouffés par la porte et la distance. En revanche, j’entendais parfaitement ceux de Will et de Chelsea, devant Dylan et Nico qui s’entre-regardé, gênés. Visiblement, les deux guérisseurs n’étaient pas d’accord sur l’état de la cheville de Dylan : Chelsea refusait de lui retirer ses béquilles, alors que Will pensait qu’elle était assez remise pour marcher seule. Et visiblement, la concernée n’avait pas son mot à dire et se contentait de partager un paquet de biscuit avec Nico, la jambe allongée sur les genoux de son demi-frère par alliance pour maintenir sa cheville à une relative hauteur. Le fils d’Hadès nous jeta un regard suppliant.

-Par les dieux, faites les taire ! Ma tête n’en peut plus !
-Parle pour toi, maugréa Dylan en piochant dans le paquet. Hey, mais t’as pris le dernier !
-C’est toi qui a mangé les trois quarts du paquet !
-Stop, stop, stop, tout le monde se tait ! exigea ma mère d’une voix forte, avant de pointer un nouvel index sur Nico, puis sur Will. Vos noms ! Hahahaha elle est trop drôle

Dylan, se rendant visiblement compte de sa présence, rentra sa tête dans ses épaules alors que Will et Nico échangeaient un regard avant de décliner leurs identités. Un sourire m’échappa quand je vis la lueur de crainte dans les yeux du fils d’Apollon. Ma mère était un véritable dragon et c’était agréable de constater cela quand son feu n’était pas dirigé sur vous. Satisfaite, Holly Alatir baissa alors son regard incendiaire sur Dylan, les bras croisés sur sa poitrine et le pied battant impatiemment le sol. La jeune fille déglutit nerveusement, mais eut la force d’articuler :

-Salut, Holly.

Ma mère expira nerveusement par le nez, si fort que je m’attendais presque à voir des flammes surgir de ses narines. Je voyais bien qu’elle ne savait pas comment la prendre : à la fois soulagée de retrouver cette petite vagabonde dont elle s’était prise d’affection, et vexée qu’elle n’ait pas eu confiance en elle le jour où cela était nécessaire. Faute de trouver un réel compromis, elle se tourna sèchement vers Camille et moi et d’un mouvement brusque, nous indiqua la cuisine.

-Commencez à poser le débat. Et dieu tout puissant, faire taire ton frère. Frappe le, s’il le faut.
-Et il me faut quelqu’un pour détacher et installer le sapin, enchérit habilement mon grand-père d’une voix joyeuse. Disons, toi, toi et toi ?

Il pointa Will, Nico et Chelsea. Visiblement, ces deux derniers n’avaient pas la moindre envie d’aller s’occuper du sapin, mais leur mauvaise volonté fut compensée par Will qui en une seconde sa bonhomie qui lui était plus coutumière.

-Avec plaisir ! Noël c’est pour demain, il ne faudrait pas que vous le fêtiez sans sapin …
-Non mais je rêve, il hurle depuis une heure et maintenant il fait le garçon parfait, bougonna Nico.

Pour toute réponse, Will l’attrapa par le bras, faucha le coude de Chelsea et les poussa tout les deux vers la sortie. Mon grand-père leur adressa un grand sourire, tapota mon épaule et les suivis. Captant le regard de ma mère, je me dépêchai de prendre Camille par la nuque et nous trainai jusque la cuisine. Je sentis le regard de Dylan m’effleurer et je m’efforçai de garder le mien sur la porte, la fixant à m’en assécher les yeux.
Bon sang, c’était déjà difficile de ne pas la regarder …
Je poussai précipitamment Camille dans la cuisine et refermai la porte sur nous avec un certain fracas qui fit taire les cris dans la cuisine. Alice, carrément montée sur une chaise pour mieux s’égosiller face à un Connor qui s’était figé en plein geste, vrilla sur nous un regard surpris. Camille croisa les bras sur sa poitrine d’un air critique.

-C’est franchement idiot. En plus il va falloir te calmer, on a un sujet à débattre. Holly est d’accord pour accueillir Dylan, si on se met d’accord. La voix de Travis compte double.
-Pourquoi ? protesta vertement Alice.

Camille prit une profonde inspiration, le feu dans les yeux et je me bouchai les oreilles en anticipant son long et sonore plaidoyer. J’échangeai un regard désespéré avec Connor. Par les dieux, ça allait être long … et bruyant. Nan mais c'est quoi tous ces gens qui hurlent hahaha j'admets ça m'ait pas familier du tout :lol:

***


C’était fantastique, les fêtes de noël. En cette veille de 24 décembre, il était vrai que la maison manquait cruellement de décoration : personne n’avait pris le temps de s’en occuper. Alors quand le sapin avait été rentré et que toutes les décisions avaient été prises DANS QUEL SENS, chacun s’était attelé à la tâche de rendre cette maison plus festive. Et alors les cris s’étaient tus, remplacés par les rires – y compris celui de Nico après qu’Alice ait mis un serre-tête avec des ramures de rênes sur la tête de Will. On aurait presque pu croire à une fête de famille ordinaire – et que nous étions une famille et un groupe d’ami tout ce qui avait de plus normal. On aurait pu croire brièvement que Chelsea et Dylan étaient redevenues deux sœurs, que Camille et Alice ne se disputaient jamais et que Nico Di Angelo était un adolescent comme les autres, simplement heureux de vivre. J’aurais aimé m’en tenir aux apparences et ne pas voir tout ses petits signes qui me disait que c’était faux : les regards de Dylan pour Chelsea à la dérobé, les piques d’une jumelle à l’autre et les yeux vides de Nico qui fixaient la fenêtre, comme hantés par un passé lointain.
Enfin peu importait. C’était noël.

Appelés par leurs familles respectives, Pollux et Katie repartirent le soir même après que mon grand-père les ait aidés à réparer le van, non sans m’avoir demandé de les tenir au courant des évolutions de la situation. Le clin d’œil de Pollux était plus qu’explicite, mais cela m’avait laissé un goût amer dans la bouche alors qu’ils s’éloignaient sur la route neigeuse. Troublé, je m’étais alors assis sur le porche, écoutant les rires qui émanaient toujours de l’intérieur de la maison et les sifflements joyeux de mon grand-père qui installait les décorations lumineuses sur le corps de ferme. Pour la première fois depuis une éternité, je ressentis le besoin de tabac et allumai une cigarette piquée à mon grand-père en espérant que cela me détendrait enfin. Non seulement c’était illusoire mais en plus quelqu’un vint crever ma tentative dans l’œuf. J’entendis la porte s’ouvrir derrière moi et mes doigts se figèrent sur la cigarette que j’avais portée à mes lèvres. Si c’était ma mère, j’étais cuit.

-Travis ?

Je tirai une bouffée nerveuse sans me retourner. Dylan.
Sans faire état de mon silence, ni de la fumée malodorante que je rejetai dans les airs, elle referma la porte et s’assit sur le perron, à une distance respectable de moi. Malgré moi, je l’observai à la dérobée. Elle non plus ne me regardait pas, fixait la neige qui tombait en doux flocons, les bras entourant les genoux qu’elle avait pressé sur sa poitrine. Lavée et remise sur pied, elle avait retrouvé son teint olivâtre et ses cheveux un éclat brillant que faisait scintiller la faible lumière. Avant de partir, Katie lui avait laissé quelques affaires qui étaient bien trop grande pour elle et le sweat qu’elle portait lui tombait sur les cuisses et les mains.

-Je viens de parler avec ta mère, finit-t-elle par entonner au terme d’un silence qui s’éternisait. Elle … m’a fait part du résultat de vos débats.

Je ne répondis pas, la cigarette fumant entre mes doigts. La discussion avait été virulente, mais plus courte que je ne l’avais pensé : Connor avait prévenu dès le début qu’il s’alignerait sur moi, comme c’était une décision qui m’impactait principalement. Avec ma voix double décidée par Camille et lui, cela avait été vite tranché. Il avait été plus difficile de se mettre d’accord sur les modalités, mais ma mère avait fini par parvenir à une ébauche qu’elle venait visiblement de transmettre à Dylan. Mon cœur se mit à battre la chamade et je réussis à demander :

-Et alors ?

Dylan pressa joue contre son bras, le visage incliné dans ma direction, mais toujours sans croiser mon regard.

-Je veux … être certaine que tu es sûr de toi avant de prendre la moindre décision.
-Je le suis.

Je m’étonnai à peine de mon ton catégorique. Autre preuve de ma faiblesse, je n’avais pas mis longtemps à me décider.
Je n’avais pas fait tout ça pour qu’elle parte maintenant. BAH VOILA
Alors autant accepter la proposition de ma mère et que Dylan vienne vivre chez nous.
Ça c’était décidé si vite que je ne percevais pas toutes les implications. Elles avaient lentement mûries en moi pendant que l’on décorait la maison. Dylan allait venir vivre chez nous, à la condition qu’elle reprenne ses études – par correspondance si elle le souhaitait – et qu’elle travaille certains jours le restaurant. J’avais depuis longtemps constaté qu’elle avait un niveau scolaire plus élevé que celui de Connor : elle n’aurait pas à réviser énormément pour avoir son diplôme, ce qui lui permettrait de travailler cette année pour amortir son coût dans le foyer et économiser pour l’université si jamais elle le souhaitait. Le petit bureau alloué à ma mère pourrait être déménagé en bas, à l’arrière du restaurant, pour permettre à Dylan de s’y installer.
Elle allait venir vivre chez moi. J’allais la voir tous les jours : elle allait partager mes repas, les moments où je prendrais une permanence au restaurant. Quand j’y pensais, quelque chose s’agitait en moi, mue par la même force que les ailes de l’espoir qui avait failli faire éclater ma cage thoracique. Et, remuée par cette force, la plaie recommençait à saigner.
Je pris une nouvelle tirée de ma cigarette en espérant que les vapeurs toxiques me calmeraient. Rien n’était encore décidé. La balle était dans le camp de Dylan, qui restait silencieuse, ses yeux luisants fixant le vide. Ses paupières se fermèrent.

-Je ne suis vraiment pas revenue pour ça … j’espérais rien de ça … Je voulais juste te voir, m’excuser AH DONC C EST POUR CA QU ELLE EST REVENUE … je ne pensais pas que …

Elle s’interrompit, la gorge visiblement nouée, et je soufflai :

-Tu penses vraiment que je suis venu en cheval me battre contre des Oiseaux de Stymphale pour te laisser retourner dans la rue ? Ça manquerait de cohérence, non ? Qu’est-ce que tu serais devenue ?
-Je pensais retourner chez moi, à vrai dire.

Je mis du temps à comprendre ce que voulait dire « chez moi » pour Dylan. Elle avait eu un foyer avant Denver – avant la Cour. Un foyer auquel elle avait été arrachée quand son père était mort. Cette fois je la contemplai avec surprise.

-La réserve ?

Elle eut un pauvre sourire.

-Je sais contrôler mes pouvoirs de l’ombre, maintenant. Ils m’ont beaucoup servi d’ailleurs pendant mon retour … Alors peut-être … je ne sais pas, que j’aurais réussi à trouver ma place là-bas. A redevenir Aiyana. Aaaw

Je ne m’attendais pas à ce que cela me heurte mais ce fut le cas. Pourtant, avant même que je n’ai le temps de me sentir déçu, elle poursuivit dans un filet de voix :

-Mais je préfère votre solution. C’est plus stable, ça … me convient plus. Alors si tu es sûr de toi … C’est d’accord.

Trop de choses explosèrent en moi pour que je puisse les analyser et je concentrais toute mon énergie à ne pas montrer à quel point ces deux petits mots me touchaient, dans tout les sens du terme. Ce fut sans doute un petit miracle que ma voix reste neutre quand je lâchais un :

-Parfait, alors.

Mais cela devait être justement trop neutre. Dylan leva le visage vers le ciel et je vis ses yeux s’emplir de larmes qu’elle se refusait à laisser couler. Conscient d’avoir été un peu trop sec, j’écartais ma cigarette de ma bouche, dépité. Ah c'est vraiment des bolosses ils sont pire que Percabeth niveau communication, c'est dire :lol:

-Désolé. C’est juste … Je suis content que tu restes.

Et dans l’ensemble, c’était plutôt vrai. Quand elle avait évoqué la possibilité de retourner dans sa réserve natale, je m’étais à nouveau déchiré en voyant le spectre d’un nouveau départ. Là encore, c’était des signes que je ne pouvais pas ignorer. Je n’oubliais pas, mais j’étais lentement en train de lui pardonner. Dylan posa son regard brillant de larme sur moi. Un sourire tremblant s’étira sur ses lèvres.

-Tu es sérieusement en train de t’excuser ?

Je souris en retour et pour la première fois depuis que je l’avais retrouvé sur les pentes de Shadow Mountain, nos regards s’accrochèrent réellement et perdirent l’un dans l’autre. Les larmes donnaient une beauté singulière aux yeux de Dylan : ils étincelaient, captant la lumière et amplifiant l’émotion que véhiculait son regard. Je ne les trouvais pas sombres du tout, ces prunelles rendues noires par l’hiver, ces yeux couverts de larmes. Ils étaient magnifiques. Moooh c'est tellement chou, je souris comme une débile
Ma main s’avança mécaniquement vers la sienne, et nos doigts s’entrelacèrent naturellement. Sa main restait glaciale dans la mienne, mais j’avais l’impression que c’était l’une des caractéristiques des enfants des Enfers. J’observai nos doigts noués, ce lien que je n’arriverais jamais à défaire entre nous, malgré la plaie qui saignait et les larmes dans ses yeux. L’une d’entre elle lui échappa et roula sur sa joue.

-Je suis tellement désolée d’avoir tout gâché, Travis. Je … Je te l’ai dit, je n’attends rien de toi, mais … Je ne me suis pas fichue de toi, sur ça. Je te jure, j’ai … (elle ferma les yeux et acheva dans un filet de voix : ) je t’aime.

Mon cerveau mit un long moment à faire le lien entre ces mots et leur sens. Lorsque ce fut fait, tout éclata de nouveau en moi : l’espoir d’entendre à nouveau ces mots comme le rappel du contexte de la dernière fois où elle les avait prononcé.
Par les dieux Dylan, moi aussi je t’aime. Simplement, pas maintenant … pas encore. BDHZDBAEBHFJZHBGHBhjjqfbejkgbhaevbfhjabfjkabqvgjkb

-Je ne dis pas que j’oublie, murmurai-je, les paupières closes pour mettre de l’ordre dans mes pensées. Ni même … que tout est pardonné. Disons simplement que … j’espère que le temps effacera. Et que ce jour là, je pourrais te répondre la même chose.

Dylan eut un léger ricanement et je sentis ses doigts se crisper dans les miens. Quand j’ouvris les yeux, un sourire amer déformait ses lèvres.

-Je sais que je me mets une balle dans le pied … Mais Travis, je ne suis pas sûre que ça disparaisse un jour. Peut-être qu’effectivement, tu arriveras à me pardonner et à ne plus y penser mais … je suis vraiment désolée, mais j’ai crée un précédant qui sera toujours là entre nous. Au fond de toi, sans que tu en aies conscience, tu auras toujours peur que je parte, et quand cette peur refera surface, la rancœur reviendra aussi. C’est un mécanisme dont je me suis rendue compte avec Clopin. Au fond … (Elle passa une main sur son omoplate, là où devait se trouver les cicatrices du sévices qu’il lui avait infligé). Je ne lui ai pas pardonné ça …
-Encore heureux.

Les yeux de Dylan s’écarquillèrent et elle essuya un léger rire. Ça avait été la seule chose sur laquelle j’avais eu envie de renchérir, puisque je savais qu’elle avait sans doute raison pour le reste. La cigarette s’était éteinte entre les doigts, répandant une odeur de tabac froid dans l’air qui parut indisposer Dylan car elle fronça du nez. Elle finit par froncer les sourcils et un léger sourire retroussa ses lèvres.

-Tu sais que c’est moi qui aie appris à Chelsea à jouer aux jeux vidéos ?
-Pardon ?
-On s’ennuyait parfois dans la planque. Mais l’élève a vite dépasser le maitre : c’est une fille d’Apollon, elle a des yeux de lynx.
-D’accord mais qu’est-ce que ça vient faire ici ?

Le sourire de Dylan se fit presque gêné, et elle poursuivit avec une certaine timidité :

-Bien, je ne sais pas … Mais puisque tu m’en veux mais qu’on est quand même réduit à passer un certain temps ensemble dans les prochains moi, peut-être que ça te ferait du bien de me tuer virtuellement. Une sorte de purgation par les jeux vidéo … Comment on appelle ça au théâtre ? La catharsis ?

Cette fois, j’éclatai de rire, amusé par l’idée C'est affreux comme idée en vrai :lol: Ce serait sans doute totalement inefficace en plus d’être inutile, mais j’avouai être séduit par l’idée de disputer une partie de jeux avec Dylan Blackraven. Et le sourire de défi qu’elle me servait était l’un des plus beaux qu’elle pouvait me faire, celui auquel je ne pouvais résister. Cette fois l’amour prenait le dessus sur la colère et pour la première fois, la colère n’essaya pas de le tirer dans les abysses. Il tenta, mais l’amour le repoussa pour me faire dire :

-Ça se tente, oui.

***


Nous avions joués jusque tard dans la nuit dans un salon déserté par les dormeurs. Dylan était d’un niveau équivalent au mien, et pour la plus grande frustration, elle vendit chèrement sa peau à chaque partie. Mais la fatigue finit par la rattraper et elle s’endormie dans le canapé, la manette à la main et la bouche légèrement entrouverte. Je l’avais contemplé, assez attendri et rassuré par la détente complète de son visage. Je ne me souvenais pas avoir un jour vu la jeune fille si apaisée. J’étais en train de réellement basculé, mais ce n’était pas parce que je l’avais plusieurs fois tuée virtuellement. C’était parce que j’avais retrouvé des traces de complicité avec elle, et retrouvé ces expressions qui avaient fini par me charmer : sa ténacité, son humour, sa façon de toujours vouloir me contrarier qui en faisait l’une des rares personnes à être capable de me tenir tête. Je finis par la couvrir d’un plaid, vaincu par mes sentiments.
Pas de doute, j’étais amoureux de cette fille. Mais il fallait que le temps fasse son œuvre avant que je ne puisse à nouveau lui faire une pleine et entière confiance.
Mais à présent, j’étais sûr que ça viendrait.
N’arrivant pas à trouver le sommeil, je finis par laisser Dylan au sien et à sortir dans l’air frai de la nuit qui s’achevait. Il était près de huit heures du matin et les premières lueurs perçaient timidement le ciel. Ne persistaient que quelques nuages de la nuit, blancs et dépourvus de neige. Je sortis du corps de ferme, ignorant les poules qui commençaient à sortir et à caqueter pour réclamer leur grain et me postai face aux montagnes qui commençaient à s’illuminer, une cigarette au coin des lèvres. J’ignorai même d’où je la tenais, celle là. Mais c’était le lot des fils d’Hermès : je volais si machinalement que j’en oubliais que je le faisais.

-Une cigarette, dès le matin ?

Je sursautai en faisant volte-face. Connor venait à ma rencontre, en pyjama et sweat, frottant ses yeux gorgés de sommeil. Puis mes yeux se baissèrent sur ses pieds et j’explosai de rire.

-Et toi tu sors en chausson dans la neige ?
-Ouais, bah on a l’air particulièrement stupide dans la famille Mais tellement hahaha. Tu as passé la nuit avec Dylan ?

Il n’y avait ni trace de moquerie, ni même allusion espiègle dans la question de Connor. Il se contenta de s’adosser à la bâtisse, un léger sourire aux lèvres. Je tirai une bouffé de ma cigarette et répondit tranquillement :

-Ouais. Enfin, on a pas mal parlé. Elle m’a dit qu’elle avait parlé avec Chelsea aussi. J’ai l’impression que … tout s’arrange petit à petit.

Connor acquiesça et se frotta de nouveau l’œil.

-Et Alice a fini par accepter qu’elle n’avait pas à en vouloir à Dylan. Je te jure, si elle avait voté contre, je l’aurais renvoyée aux Enfers avec un coup de pieds aux fesses.
-Oh par les dieux, ricanai-je. Alice … la source de la moitié de mes maux. Non, en fait de tous, maintenant que j’y réfléchis. C'est vrai qu'on finit par oublier hahaha

Oui, maintenant que j’y pensais, cette quête absurde avait été le point de départ de tout ce qui se jouait à présent. Sans elle, pas de Cour, pas de rapprochement avec Dylan, pas de souffrance – mentales comme physique. Il était vrai que la Cour des Miracles avait cristallisé tous mes griefs, mais tout trouvait son origine dans cette quête pour retrouver ma sœur. Connor dressa un sourcil, sceptique.

-Ah ouais ? Tu trouves ?
-Pas toi ?

Connor donna un coup pied dans un caillou, qui ricocha plus loin, comme s’il souhaitait par ces petits bons rejoindre les grandes montagnes qui s’illuminaient plus loin. Un léger sourire, énigmatique, persistait sur ses lèvres.

-Boh, je ne sais pas. Sans cette quête, qui sait si on se serait réconcilié ? Peut-être que j’aurais continué de bouder à la Colonie jusqu’à que tu craques.

Je levai les yeux au ciel, mais un sourire effleura mes lèvres. Evidemment qu’il avait raison. Sans cette peur de me voir descendre aux Enfers sans lui, jamais Connor n’aurait accouru, et jamais nous aurions pu nous expliquer. Comprenant dans mon silence que je lui concédai ce point, Connor poursuivit :

-Sans quête, pas de vol de caducée et donc pas le plus bel exploit de notre carrière. Sans quête, pas de Camille et je suis presque sûr que ta vie serait triste maintenant, sans elle Sans elle + Travis + Holly <3 . Sans quête, pas de super-lunettes qui t’aident pour ta fac. Sans quête … pas de Dylan. Et je pense que ça compte un peu, non ? Que malgré tout … il y a du bon ?
-Tu as fini ?

Le sourire de Connor s’élargit.

-Pas vraiment. Enfin, moi, en tout cas, ça m’a vachement appris à relativiser. Sur ma vie, et sur le monde extérieur. Alors je pense que te concernant … Oui, ça a été douloureux. Oui il a fallu passé par la Cour des Miracles C'est le moment où tu essaies de justifier le titre de cette fanfic ? :lol: et tout ce qu’elle a impliqué – une bataille, le départ de Dylan … Mais malgré tout, je ne pense pas qu’il n’y ait que des maux qui aient découlés de cette quête.
-Mais c’est qu’elle t’a rendu philosophe, plaisantai-je en ébouriffant ses boucles.

Il me repoussa d’une main avec un petit rire. J’observai mon frère, tentant de percevoir les changements physiques qui s’étaient opéré en lui. L’ombre d’une barbe assez mal répartie et qu’il faudrait raser dans les prochains jours. Une profondeur accrue dans ses iris noisette, plus calmes, plus songeuse. Des joues creusées qui perdaient les rondeurs de l’enfance Tu vois, c'est normal mais rien que cette description je trouve que ça rend Connor sexy :lol: . Et malgré tout, ce perpétuel sourire au coin des lèvres et cet éclat dans le regard qui s’allumait dès qu’il croisait le mien. Ce lien, qui malgré tout, malgré la pire dispute de notre vie, malgré les Enfers, la fac, l’amour, demeurait indéfectible, que ce soit dans les épreuves ou dans la bêtise. Avec un sourire, je pris mon frère par les épaules et lui passa un bras derrière mon dos pour me donner une tape entre les omoplates.

-Bah, sage, tout au plus, finit-il par répondre. Bon … et maintenant ?

J’essuyai un petit rire, les yeux rivés sur les couleurs d’or et de rose que prenaient les monts enneigés en face de nous. Le retour de Dylan venait de mettre un point final à tout ce qui avait été entamé depuis le jour où mon père m’avait demandé de retrouver Alice. C’était une page à la fois brève et intense de ma vie qui s’achevait, ce que je savais un véritable tournant, comme un marqueur définitif qu’à présent, je n’étais plus un enfant. A présent que ce passage était passé, fermé et que je pouvais enfin laisser tout cela derrière moi, la question s’imposait effectivement.
Et maintenant ?
J’avais une idée en vrac de la liste des choses à faire sans en trouver de ligne directrice. Réussir à avoir ce premier semestre de droit et poser le premier jalon d’un avenir professionnel que j’espérais stable. Aider Camille à reconstruire une famille qu’elle avait perdue. Tenter de retisser un lien effilé avec Dylan. Rendre mes parents fiers. Et reprendre la constante de ma vie : poursuivre ma route avec mon frère qui avait partagé toute ma vie, contre vents et marée.
Je soupirai, prenant largement appuis sur Connor, qui crispa sa main sur mon côté, comme pour m’assurer qu’il était là et qu’il le serait toujours. Je pris une bouffée de ma cigarette, avec l’intuition que c’était la dernière. Il était temps de mettre un peu de stabilité dans une vie qui n’avait été que précaire.
Et pour la première fois de ma vie, j’avais la certitude d’y parvenir. Mooooh keur sur toi Travis pour parler comme Perri




VOILAAAA C'était le dernier chapitre ! L'épilogue arrivera la semaine prochaine, et peut-être que je ferais un petit bilan, comme à Lucy - vous n'êtes peut-être pas beaucoup à lire mais j'ai adoré écrire cette fanfic donc je veux bien savoir comment elle a été perçue ! A la semaine prochaine !
Cazolie

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Re: La Cour des Miracles - Epilogue [PJ/HdO]

Message par Cazolie »

Perripuce a écrit :Bon, ce n'était pas prévu que je la poste si vite, cette fin.

Mais comme je vais avoir deux semaines HYPER CHARGEES et qu'on enchaine avec les fêtes de noël et que bah mine de rien j'ai envie d'avoir votre ressenti global sur cette fanfiction ... Et puis j'éprouve le besoin de me libérer pour arrêter de relire sans cesse jusqu'à ce que ce soit parfait et avancer dans des relectures plus importantes. Bien, c'est parti pour l'épilogue !

Je remercie vraiment Coch, Charm et Anna qui ont commenté de façon régulière en cette fin de fic, un peu moins chaotique que le début. D'ailleurs, je tiens réellement à m'excuser platement pour cette "chaoticité" : les postes n'étaient vraiment pas réguliers, j'ai vraiment abusé sur le début MAIS JE SUIS VENUE A BOUT et je vous remercie d'avoir été si patient !

Bon on ne va pas se mentir, la fic n'a plus grand-chose à voir avec ce que j'avais imaginé au départ. D'ailleurs, le titre de "Cour des Miracles" n'est plus vraiment approprié, j'aurais peut-être dû le changer sur quelque chose de plus en rapport avec la famille, avec le passage à la vie adulte ... Parce que dans le fond, ça a été ça le fil rouge de la fanfiction. Et c'est vraiment un aspect qui me touche assez et que j'avais envie de creuser.

Bon, je pense que c'est la dernière fic que je fais sur le monde de Riordan, alors j'espère sincèrement qu'elle vous a plu ! Personnellement, j'ai adoré l'écrire, ça m'a vraiment beaucoup amusé et je vous dis, y'a des problématiques qui m'ont assez touchée personnellement (ah le passage à la vie adulte ... un moment difficile pour tout le monde). Il y a aura un bilan après le chapitre, donc ce serait cool que vous y répondiez, j'aimerais avoir vos ressentis :mrgreen: (Je vais pas faire l'originale, ce sera le même que Lucy).

BON PAR CONTRE LA Y'AURA PLUS QUE O&P sur BN DONC LES ECRIVAIN(E)S ON SE BOUGE ET ON VIENT ME SOUTENIR LA JE ME SENS SEULE.

OUI OUI JE PARLE BIEN DE TOI, QUI LIT CE MESSAGE, TU AS RAISON DE TE SENTIR VISER. Pouahahah

Gare, apperemment je suis "le nazi de la fanfiction" Je me demande qui a dit ça. Olala mon dieu je manque de sommeil, vivement les vacances. Comment ça on se repose pas pendant les vacances de noël?

Bon allez, stop, après un dernier pétage de câble de ma part, je vous offre l'épilogue ! Normalement vous allez l'apprécier, plein d'endroit et de tête connues qui vont apparaitre ! Bonne lecture et n'oubliez pas le bilan à la fin !

SPOILE ALERT : il est préférable que vous ayez lu au moins le premier tome sur Apollon, j'y fais allusion dans ce chapitre.


Epilogue : Ensemble.

-On est bientôt arrivés ?
-Ta musique elle craint, on peut changer ?
-On est obligé de rester pendant tout un week-end ? Sérieux !

Dylan souriait en écoutant les jérémiades de Camille et Chelsea. Elle avait planté ses lunettes de soleil sur son nez, ce qui ne permettait pas de voir ses yeux mais je sentais qu’elle me jetait de fréquent regard, comme amusée par mon air fulminant. Je conduisais d’une main, tentant de faire abstraction des plaintes des filles derrière mais plus on approchait de New-York, plus c’était difficile. Après deux jours de trajets, j’étais devenu irritable et agacé par la réserve perpétuelle des filles qui m’accompagnaient dans mon voyage. Chose que je ne pensais pas possible, elles avaient entamées ma joie de retourner à l’une de mes ressources, l’un des endroits que je préférais sur terre et qui m’avait façonné autant qu’avait pu le faire Denver.
Après six mois d’absence, je retournais à la Colonie des Sangs-Mêlés. Enfin. IIIIIIIIIIIIIIIH !!!
Mais visiblement, ça ne paraissait pas plaire à tout le monde.
Chelsea avait été la moins réticente d’un prime abord, jusqu’à que je lui apprenne du bout des lèvres que Connor avait renoué avec son ancienne petite-amie, Lou Ellen et fille d’Hécate Oooooh eh il est sérieux lui (enfin toi, pourquoi tu nous as vendu leur couple là haha). Dès lors, elle avait montré toute la mauvaise volonté du monde, mais ayant déjà donné sa parole elle n’avait pu se soustraire au voyage.
Camille craignait de pas trouver sa place à la Colonie : Alice était déjà devenue inséparable de l’une de nos sœurs, Julia, avec laquelle elle était devenue la nouvelle redoutable paire de la Colonie. Nous n’étions pas encore arrivés qu’elle me collait comme un chaton à sa mère Oh bébé chat (oui c'est ce que veut dire chaton merci Cazo) et je sentais que j’allais avoir des difficultés à me départir d’elle durant notre séjour.
Etrangement, Dylan était la seule qui restait silencieuse, mais je sentais sa crispation à des petits détails. Je lui avais répété jusqu’au bout qu’elle n’était pas obligée de venir, que je comprendrais parfaitement qu’elle reste à Denver à travailler son diplôme ou au restaurant, mais elle avait insisté. Et comme cela m’avait touché qu’elle fasse cet effort de s’ouvrir à cet univers qui l’avait effrayée d’un prime abord, je n’avais pas insisté d’avantage. Ca c'est sympa

-On arrive dans une heure, non je ne changerais pas de musique et oui on reste pour le week-end sinon Connor va m’étriper. D’autres questions ?
-C’est New-York là-bas ? demanda Dylan en tapotant sa fenêtre.

J’y jetais un bref coup d’œil pour apercevoir la silhouette longiligne des premiers gratte-ciels New-Yorkais qui s’élançaient à en percer les cieux. Un sourire nostalgique effleura mes lèvres.
-Elle-même en personne. En fait, on y est, on traverse le Bronx, là. Mais ce que tu vois là-bas c’est bien Manhattan.
-Moins grand que je le pensais, bougonna Camille.

Mais au même moment, nous passâmes un pont qui enjambait l’East River et donnait un panorama encore plus prenant dans la partie la plus célèbre de la ville. Chelsea abandonna enfin son masque revêche pour lâcher un « whao » émerveillé et Camille céda à la curiosité en restant collée à la fenêtre jusqu’à que Manhattan disparaisse de sa vue. Dylan arracha son regard du paysage pour se pencher vers moi, un sourire aux lèvres. J'avoue c'est un truc que j'aimerais bien voir

-Tu vois, il suffisait de leur servir New-York. Si ta Colonie les bluffe autant, c’est gagné.

J’eus un petit sourire. Me concernant, je préférais cent fois la Colonie à l’urbanisme New-Yorkais, mais je n’étais pas objectif. La Colonie, c’était ma seconde maison, une véritable partie de moi que je devais leur faire découvrir en espérant qu’elles seraient réceptives. Surtout l’une d’entre elle.
La vision enchanteresse de Manhattan paraissait avoir calmée mes deux passagères, qui restèrent silencieuse durant l’heure qui suivi. La ville laissa petit à petit place à la verdure et quand j’ouvris ma fenêtre pour faire entrer un peu d’air frais, j’humais les premières odeurs de fraises chauffées par le soleil de Long Island. Il faisait encore froid en ce mois de février, mais le ciel était dégagé et laissait régner une agréable luminosité qui forçait Dylan, sensible, à garder en permanence ses lunettes de soleil. Plus j’approchais de la Colonie, plus mon cœur se faisait léger, retrouvant l’insouciance de l’enfant que j’avais été durant mes années en son sein et je n’arrivais plus à contenir mon sourire. Enfin, je finis par m’engager sur un chemin familier, caillouteux et peu confortable qui fit remuer la voiture et raviva les protestations de Chelsea et Camille Mais elles sont imblairables ces deux là :lol: . Mais enfin, la belle colline fut en vue, coiffée du colossal pin qui trônait, plus majestueux que l’Empire State Building, et surtout, de l’immense statut d’Athéna, rendue par les romains en signe de paix et qui fortifiait les protections magiques de la Colonie J'avais complètement oublié tiens. J’arrêtai la voiture là où le chemin s’achevait, en contre-bas de la colline et détachai ma ceinture avec empressement.

-Terminus, tout le monde descend ! Terminus c'est au camp Jupiter Travis
-C’est là ? douta Camille en observant le pin.
-Evidemment que c’est ça, tu ne vois pas l’Athéna Pathenos sur la colline ? railla Chelsea.
-En fait c’est derrière, dans la vallée. Et bon sang, arrêtez de faire cette tête, vous n’étiez pas obligées de venir !

Avant que leur réticence ne m’agace et chasse ma joie de retrouver cet endroit, je descendis de la voiture et claquai porte avant de me précipiter vers le coffre pour en extraire mes bagages. J’entendis des éclats de voix à l’intérieur de l’habitacle avant que les filles ne sortent récupérer leurs sacs. Chelsea me lança un regard désolé, et Camille se colla à moi immédiatement après. Comprenant que Dylan s’était permise quelques remontrances, je la remerciai d’un hochement de tête, auquel elle répondit par un sourire C'est trop le papa et la maman haha. Elle sauta pour attraper le coffre et le refermer et essuya ses mains.

-Allez, mauvaise herbe. Montre nous le chemin. D'où tu le sors "mauvaise herbe" ? C'est une super idée haha
-Et reste avec moi, s’il te plait, ajouta Camille d’une petite voix. Bah alors fallait emmener Mary Poppins t'aurais pu taper tout le monde

Avec un soupir à la fois mortifié et amusé, et je pris ma demi-sœur par les épaules et l’entrainai avec moi à l’ascension de la colline jusqu’au pin. Un éclat doré attira mon attention et je souris en reconnaissant la Toison d’Or sur une des branches de l’arbre de Thalia. Alors je me souvins de ce qu’amenait la protection du puissant artéfact magique, et bien trop tard : Chelsea poussa un véritable hurlement en se retranchant derrière moi, terrifiée.

-Mais c’est un dragon ?! Je pensais que votre Colonie était protégée !
-Peleus ! m’exclamai-je en apercevant la bête pelotonnée au pied du pin. Comment tu vas mon vieux ? Tain mais ça aussi j'avais oublié

Alerté par le cri de Chelsea, le dragon avait relevé paresseusement la tête et vrillé ces yeux ambrés sur nous. Il avait encore grossi depuis la dernière fois que je l’avais vu, atteignant les six mètres et s’enroulant autour du pin d’une torsion qui pouvait presque le briser. Je m’approchai sans aucune crainte et Camille couina lorsque je caressai les écailles cuivrées du cou de la créature. Peleus fit jaillir un jeu de vapeur de ses narines qui équivalait au ronronnement d’un chat. Quand je revins vers les filles, Chelsea et Camille me contemplaient les yeux écarquillés et la bouche bée.

-Mais comment tu fais ça ? s’étonna la fille d’Apollon, stupéfaite.
-Juste une histoire de coup de main, enfin.
-Arrête de frimer, rétorqua Dylan avec l’ombre d’un sourire. C’est par là je suppose ?

Elle désigna la vallée d’un geste de la main et mon regard fut magnétiquement attiré par la prairie ensoleillée. En contrebas, derrière la Grande Maison et son toit de chaume et les champs de fraises sur les pentes de la colline se dressaient les nombreux bungalows, jadis disposés en formes de « U » mais qui débordaient à présent avec les nouvelles bâtisses formait plutôt un amas disparate et hétéroclite d’habitation. Quelques « Apollon » jouaient au terrain de volley-ball et je voyais d’ici un morceau du mur d’escalade et les rives du lac dans lequel se déversait un ruisseau qui traversait l’espace de part en part. Je humai le parfum des fraises chauffées par le soleil et d’iode qu’amenait la brise depuis la mer, non loin. Aussitôt, chaque muscle de mon corps se détendit. Je rentrai chez moi. Ah tu présentes ça de façon tellement idyllique haha j'ai envie d'y aller

-D’accord, c’est mignon, admit Dylan d’une voix prudente. Je n’imaginais pas que ça ferait autant … Colonie de vacance ?
-Le nom « Colonie des Sangs-Mêlés » ne t’a pas aidé ? me moquai-je en entamant ma descente.
-Il fait chaud, s’étonna Camille en retirant son manteau. Comment ça se fait ?

J’eus un sourire malicieux ponctué d’un clin d’œil. Je n’allais certainement lui révéler tous les mystères de la Colonie dès ses premières minutes en son sein. Ça aurait percé le charme … Chelsea paraissait enfin se détendre et apprécier le décor de la Colonie, si différent de celui du camp Jupiter, pour ce que j’en savais – moins strict, plus propice à l’amusement Dude ils font 10 ans à la Légion bien sûr que c'est plus fun. Elle observait avec intérêt le terrain de volley alors que l’on ne bifurque vers la Grande Maison. Là, son visage se rembrunit : nous avions un comité d’accueil, assis sur les marches qui menaient à la terrasse et qui se leva en nous apercevant.

-Vous en avez mis un temps ! s’écria Connor en s’élançant vers nous.

J’eus à peine le temps d’ouvrir les bras que mon frère me heurtait, me serrant dans une étreinte à m’en rompre les os. Je la lui rendis sans m’étonner de la force de l'accolade de Connor. Il était éprouvé par les derniers événements et je ne pouvais pas l’en blâmer.
Avec un pincement au cœur, je me rappelais alors les motifs de ma visite. Si seulement j’étais simplement venu pour la beauté des champs de fraises … Woooh il est venu pour quoi
Connor s’écarta et je fus rassuré de voir un grand sourire fendre son visage. Mais ce sentiment fut vite balayé par la vue de ses cheveux, dont certaines parcelles repoussaient en touffes diffuses, et par les traces jaunes qui demeuraient autour de son œil gauche. What. Ca a l'air moche :lol: :lol:

-Nom d’Hermès qu’est-ce qui t’es arrivé ?

Connor passa une main embarrassée dans sa chevelure irrégulière.

-Une gamine et un fruit. Ne pose pas de question, c’est humiliant On dirait un truc qu'un Maraudeur aurait pu dire.
-Très, ricana Nico avec un sourire sarcastique, resté statique sur les marches.

Mon frère lui jeta un regard torve puis se tourna de nouveau vers moi en pressant mon épaule, visiblement soucieux d’éloigner la conversation de cet épisode.

-Ouais, bon, bref. Tu m’as manqué. La prochaine fois, évite t’attendre deux mois avant de me rendre visite.
-En fait, vous êtes des perruches, fit malicieusement remarquer Will Solace juste derrière. Incapables de vous séparer.
-Est-ce que tu veux vraiment débattre de ça ? prévint Connor en lançant un regard entendu pour Nico, toujours sur le perron, un léger sourire aux lèvres.

Ce n’était pas le cas d’Alice, qui me sauta au cou une fois Connor écarté pour plaquer un baiser sur ma joue. Puis elle se tourna vers sa jumelle, extatique, bondissant littéralement sur place.

-Alors, alors ? Comment tu trouves ? C’est chouette, hein ?
-Euh …, répondit Camille, prise de court par l’enthousiasme débordant de sa sœur. Je ne sais pas, je n’ai pas trop vu …
-On est là pour ça, la rassura Nico avec un léger sourire. Connor nous a chargé de jouer les guides touristiques, Will est très fort à ce jeu.
-Will ? répéta Chelsea, surprise.

Alice hocha la tête avec enthousiasme et prit derechef la main de sa sœur pour l’entrainer au cœur de la Colonie, babillant un flot de parole si rapide que je n’y compris rien. J’eus le temps de capter le regard effrayé de Camille et de lui adresser un signe de la main moqueur avant que les bungalows ne les engloutissent. Chelsea et Dylan se tournèrent vers moi d’un même mouvement, un sourcil dressé en guise d’interrogation.

-J’ai des trucs à régler, m’expliquai-je immédiatement. Mais pas de panique, je reviens tout de suite.
-Des trucs à régler ? répéta Dylan, sceptique.
-Ça ne prendra pas longtemps.
-Normalement, toussota Connor. J'arrive pas à commenter j'ai trop envie de savoir ce qu'il se passe après haha

Dylan me contempla longuement, les sourcils froncés et finit par abaisser ses lunettes de soleil pour pouvoir me sonder de ses prunelles sombres. Ses paupières se plissèrent sous l’agression du soleil, mais elle put planter son regard dans le mien. Comme à chaque fois, mon cœur s’emballa AHAHHAHA, pourtant je réussis à sourire d’un air que j’espérais rassurant. Dylan finit par soupirer, redressa ses lunettes et pivota vers Nico avec un léger sourire.

-Alors, cette visite ?

Je fus rassuré de la voir capituler si vite. Elle avait beau tenté de se faire la plus discrète que possible ces derniers temps pour me laisser digérer son retour, elle n’avait rien perdu de sa ténacité – jusqu’à parfois m’accompagner dans la fac pour être sûr que je travaillerais quand je laissai entendre que je jouerais plutôt au solitaire Ah ça va c'est toujours une infernale stalkeuse haha. Mais je soupçonnai ma mère de profiter de ses talents de harceleuse. Ils finirent par s’éloigner, me laissant seul avec Connor qui abordait un large sourire. Je le compris quand son regard passa de Dylan à moi plusieurs fois et je frappai le front du plat de ma main, anticipant la suite.

-Ça ne peut pas attendre les mauvaises nouvelles ?
-Bon, si tu y tiens, les mauvaises nouvelles d’abord …, céda Connor, son sourire s’effaçant. Allez viens, tu es le dernier.

Je poussai un profond soupir et suivis mon frère à l’intérieur de la maison. Je fus frappé par la familiarité de l’endroit, mais ce fut lorsque j’entrai dans notre « salle du conseil » que la nostalgie m’envahit. Car autour de la table de ping-pong qui nous servait de table ronde ne se trouvait que des visages connus que je pensais appartenir au passé. L’un d’entre eux, une fille brune et baraquée, se dressa de sa chaise en nous pointant du doigt.

-Hey ! Je pensais qu’il n’y en aurait qu’un ?
-Clarisse ! s’exclamai-je en ouvrant les bras. Quelle joie d’entendre à nouveau ta douce voix ! Pendant un instant j'ai cru qu'ils allaient se faire un câlin

La fille d’Arès me fusilla du regard et se rassit sur sa chaise, dépitée. Elle n’était pas la seule à afficher son déplaisir : Annabeth Chase OH COME ON avait immédiatement levé les yeux au ciel, et Jake Mason avait porté sa main à sa poche de jean, comme pour vérifier qu’il avait toujours son porte-feuille. Même Katie nous jeta un regard critique et Pollux parut momentanément inquiet.

-Oh par les dieux, va falloir que je mette mes bombes à raser sous clef, marmonna-t-il avant de lever une main. Salut les gars.
-Franchement on se sent accueilli. La Colonie, ce n’est plus ce que c’était …

Percy Jackson éclata de rire. Il était assis en bout de table, entre Annabeth et Grover, le satyre, à piocher allégrement dans un paquet de chips. IHIHIHIHIHIHIHIHIHIHIHIHIH

-Ça tu l’as dit. Mais c’est normal : on est plus là. Donc la Colonie a perdu son capital de coolitude. Alors, comment ça a été les Enfers, au final ? "Alors t'as passé de bonnes vacances"
-Infernal. Mais bon, on est vivant.

Avec un nouvel éclat de rire, Percy leva la main et Connor et moi tapâmes chacun dans la sienne avec entrain. Ce faisant, je levai les yeux vers l’autre bout de la table où un homme d’une quarantaine d’année posait sur chacun d’entre nous un regard paternel tout en caressant sa barbe brune filée d’argent. Un nouveau sourire s’étira sur mes lèvres.

-Tu n’as pas pris une ride, Chiron.

C’était faux. Je lui trouvai l’air affreusement marqué et les cheveux blancs s’étaient multipliés. Cela aurait sans doute entamé ma joie de revoir l’une de mes figures paternelles, mais ce dernier se fendit d’un sourire rassurant, et répondit joyeusement :

-Je te remercie, mon garçon. Et toi, tu ressembles toujours autant à ton frère alors il va falloir faire quelque chose pour que je sache à qui je m’adresse.
-Quoi qu’avec cette dégaine, ça va aller, ricana Clarisse en reluquant Connor, les dernières traces de son coquard et ses cheveux. Qu’est-ce qu’il t’est arrivé, Alatir ? Alatif
-Nous évoquerons cela plus tard, la coupa Chiron avant que Connor ne puisse rétorquer quoique ce soit. Maintenant, si vous voulez bien vous asseoir … On a des choses à traiter.

Un silence angoissant s’installa autour de la table de ping-pong Okay je m'attendais pas du tout à ça comme épilogue :lol: , uniquement brisé par Clarisse qui posa bruyamment ses pieds sur celle-ci et les sons de mastication sonores de Percy. J’observai la table. Nous étions presque tous réunis : les récents retirés de la Colonie, anciens piliers et Conseillers-en-chefs, survivants des deux dernières guerres. Entre les visages des vivants je vis flotter ceux qui étaient morts et nous hantaient encore : Silena Beauregard, Charles Beckendorf J'aimais trop Charles, Lee Fletcher, Castor Johanson. La figure de Monsieur D. manquait également, mais il avait été rappelé à l’Olympe et j’étais presque déçu de ne pas le voir nous accueillir d’un « hé bien, Trevor et Denis Alitair ». Remarquant que le silence se poursuivait, je puisai dans l’enfant que la Colonie avait réveillé en moi pour lancer avec sarcasme :

-Bien, mes amis nous sommes réunis en ce jour pour … pourquoi, en fait ?

Malgré eux sans doute, des sourires naquirent sur les visages.

-Sans doute parce qu’une antique entité maléfique se réveille ? hasarda Jake Mason.
-Et qu’on a besoin des experts en sauvetage du monde pour remédier à cela ? poursuivit Clarisse en balançant son pouce du côté de Percy.
-Pour la troisième fois, acheva Annabeth avec défaitisme.

Chiron échangea un regard avec Connor, qui se balançait sur sa chaise, les bras croisés sur sa poitrine. Il n’y avait plus la moindre trace de sourire sur ses lèvres. Il était le seul « ancien » à être resté à la Colonie et je me rendis compte avec une certaine stupeur qu’il devait faire figure de doyen pour les autres J'ai cru que tu parlais de Chiron au début je comprenais pas haha. Il était également le seul à être au courant de ce qui se passait exactement : il n’avait pas voulu m’en révéler trop et de toute manière les moyens de communications déraillaient totalement. La seule forme qui demeurait utilisable était l’email – terriblement archaïque – et c’était par ce biais que Connor m’avait prévenu qu’une réunion se tiendrait à Colonie ce week-end. Ce manque de lien avait rendu la séparation encore plus difficile qu’accoutumé.

-Vous n’êtes pas loin, soupira Chiron, vaincu. Enfin presque. Mais oui … on se prépare à une troisième guerre.

***


-Alors une nouvelle guerre.

Connor et moi étions assis sur les pentes de la colline, cachés dans les champs de fraise. Notre cachette préférée lorsque l’ensemble de la Colonie était contre nous et que nous avions besoin d’un endroit calme pour nous retrancher. Connor piocha allégrement dans les buissons quelques fraises et les engloutis sans mâcher ou presque.

-Ouais. Contre des Empereur Romains immortels. Au moins c’est original. C'est ça le plot dans Les Travaux d'Apollon ? J'avais complètement oublié haha

A dire vrai, je me fichai pas mal de l’originalité de la chose. Les explications de Connor et Chiron m’avait glacé jusque la moelle. Par les dieux, qu’avait donc fait notre génération pour mériter un tel enchainement ?
Le centaure nous avait ensuite rassuré : il n’attendait rien de nous en particulier. Il voulait simplement savoir si, des fois que la guerre frapperait de nouveau la Colonie, il pourrait compter sur notre soutien, mais nous pouvions bien refuser. Il m’avait ensuite pris à part pour me demander si cela me dérangerait de jouer les relais entre eux et le Camp Jupiter, comme les moyens de communications demeuraient inutilisables et que ma position centrale et mes relations avec Chelsea étaient idéales. Bien sûr, comme le fait de revenir se battre, j’avais le choix de refuser. Un goût aigre me monta à la gorge.
Ça me paraissait difficile de refuser.
Je jetai un bref coup d’œil à Connor, qui parut comprendre le fond de ma pensée. Il posa une main sur mon épaule avec un soupir.

-Tu sais, peut-être que ça n’aura pas d’impact. C’est la guerre d’Apollon contre Néron, si ça se trouve on n’aura même pas à intervenir …
-Parce que c’est vrai qu’une guerre ne fait jamais de dommage collatéral, répliquai-je amèrement. C’est vrai que la Colonie n’a jamais été détruite dans les deux guerres … Je te rappelle que la dernière s’est en partie jouée en Grèce. Ça ne l’a pas empêché de se finir ici. Et puis ne crois pas que je n’ai pas vu le bungalow de Déméter en reconstruction. Il s’est passé quelque chose récemment, et c’est ici que ça s’est passé.
-Juste un automate de douze mètres, rien de grave …
-Connor.

Mon frère rentra la tête dans les épaules, touché par la sécheresse de mon ton. Je ramenais un genou contre ma poitrine, singulièrement contrarié.

-Ecoute, reprit Connor d’un ton résolument calme. Tu n’es pas obligé de faire quoique ce soit. Tu as une autre vie maintenant : la fac, maman, Dylan … La vie de héros, c’est fini pour toi. On s’en est sorti deux fois, on s’en sortira une troisième.

Comme si c’était facile. Comme si c’était facile d’oublier que ma seconde maison était de nouveau en danger – qu’elle avait été attaquée par un colossal automate de bronze – d’oublier que la personne à laquelle je tenais le plus était embrigadée dans ce nouveau conflit, d’oublier qu’à nouveau, le monde était en danger et que les dieux s’en remettaient à nous pour le sauver.
Franchement, vous ne servez à rien.
De nouveau, je poussai un profond soupir pour libérer la tension. J’avais beau savoir que j’aurais le droit à quelque chose dans ce goût là en revenant MOI JE MY ATTENDAIS PAS JE SUIS CHOQUEE, je ne pensais pas que ça m’ébranlerait autant.

-Les romains ?
-Ils sont au courant. J’ai juste demandé à Chelsea de ne rien te dire … Je ne voulais pas que tu t’inquiètes.
-Trop aimable.
-Travis … Ce n’est plus ton combat.
-Tu crois ?

Connor haussa vaguement les épaules. C’était évident qu’il disait ça pour me déculpabiliser et pour m’éloigner au maximum de cette nouvelle guerre, mais que dans les faits, il n’en pensait pas un mot. Les deux conflits précédant, nous les avions surmontés, mais ensemble. Maintenant Connor était seul face à ça.
Etais-je capable de le laisser seul face à ça ?
Je gardai un long instant le silence, les yeux rivés sur les champs de fraises qui bouchaient notre horizon. En regardant à travers les branches, je parvins à capter un mouvement : c’était Pollux et Katie qui parcouraient les buissons main dans la main, chuchotant à voix basse Ca fricote ça fricote. Avec un pincement au cœur, je compris que la teneure de leur conversation était identique à la nôtre. Je baissai la tête et des boucles châtains vinrent obscurcirent mon champ de vision. Je n’avais pas coupé mes cheveux depuis un long moment, il faudrait que je remédie à ça également.

-Je commence à me dire … que c’est illusoire.
-De quoi ? s’étonna Connor.
-Le principe de retraite. Se dire qu’un jour, quand on est assez grand, on peut tirer un trait sur sa vie de demi-dieux et dire qu’on très trop vieux pour ces conneries. Purement et simplement tourner le dos à ce monde. Mais j’ai réfléchi et je me suis rendu compte … C’est impossible. On est des demi-dieux, et ça veut bien dire qu’une partie de nous fait partie de ce monde et que, quoi qu’on fasse, ça restera dans notre sang, dans notre tête. On ne peut pas tirer un trait dessus, on ne peut pas l’occulter. Quitter la Colonie, ça ne veut pas dire qu’on arrête d’être un Sang-Mêlé … Simplement qu’on en a terminé la formation, et qu’à présent, on en est un à part entière.

Connor me fixait, visiblement songeur. Le léger froncement de sourcils m’indiquait qu’il n’était pas sûr d’apprécier ce qu’il entendait.

-Donc tu comptes te battre ?

J’eus un pauvre sourire.

-Est-ce que j’ai le choix ?
-Et tes études ? Et maman ? Et Dylan ?
-Ça n’aura plus d’importance si le monde part en lambeau, Connor. C EST GAI TOUT CA
PERRI LES EPILOGUES C EST QUAND TOUT SE TERMINE BIEN


La bouche de Connor se tordit et il riva son regard au loin entre les haies. Pollux et Katie avaient disparus mais on arrivait à percevoir le terrain de volley en contrebas où Chelsea s’était mêlée à ses frères grecs pour une partie. Du peu que j’apercevais, elle avait l’air aussi bonne en sport qu’à dégommer des zombies sur une télé.

-Mouais, je suppose, concéda-t-il finalement dans un filet de voix. Mais on n’en est pas là. Je te dis, pour l’instant c’est l’affaire d’Apollon – ou Lester, c’est son nom de mortel. Je te jure, cette histoire est absurde.

Un sourire effleura mes lèvres. J’avais rarement vu le dieu de la musique, mais l’idée même que le bel Apollon puisse être coincé dans un corps de mortel boutonneux était hilarante. Zeus devait réellement être furieux.

-Toute cette histoire a un rapport avec ta nouvelle coupe et … c’était un coquard ?

Pour toute réponse, Connor me donna un nouveau coup de poing dans l’épaule et j’eus un léger rire. Visiblement, il n’était toujours disposé à évoquer cet épisode et pour qu’il refuse de m’en parler, c’était qu’il devait être sacrément humiliant – je n’en doutais pas s’il impliquait réellement une gamine et un fruit.

-Mais si tu y tiens, je te préviendrais si ça bouge, maugréa Connor, pour éloigner le sujet de son état. Mais tant que tu n’as pas de nouvelle, considère que tout va bien. Concentre-toi sur tes études et par les dieux, emballe enfin Dylan, ça commence à trop trainer cette affaire.
-Qui te dit que ce n’est pas déjà fait ?

Connor me jeta un regard circonspect qui signifiait qu’il lisait en moi comme dans un livre ouvert et qu’il avait bien perçu que mes relations avec Dylan stagnaient depuis qu’ils nous avaient quitté début janvier. Il était vrai que d’un point de vu formel rien n’avait changé, mais côté relationnel, la plaie avait enfin cessé de saigner et je la bandais par une proximité presque retrouvée avec la jeune fille. Bien sûr, il demeurerait de cette aventure une cicatrice fragile. Dylan avait eu raison : ce serait quelque chose qui resterait entre nous et contre nous. Mais plus j’avançais, plus je me disais qu’on devait être capable de vivre avec ça.

-Ça avance, assurai-je puisque son regard se prolongeait. J’avais juste besoin de temps. Pas comme Lou Ellen et toi, visiblement.
-Hey, ne change pas de sujet. Tu as compris la base ? Au début j'ai cru qu'il parlait des bases pour "emballer une fille" :lol: :lol: Il est hors de question que ça t’empêche d’avoir de bonnes notes … déjà que j’ai ton « D+ » en droit des affaires en travers de la gorge …
-Connor, la consigne commençait par « vous représentez la NRA* ». Je ne suis pas la NRA. Et D+, compte tenu que j’étais totalement hors-sujet, c’est plutôt une bonne note, je pense que je suis tombé sur un correcteur anti-arme aussi.

Mon frère leva les yeux au ciel mais un léger sourire passa sur ses lèvres.

-On ne pourra pas te changer, pas vrai ? (Il se redressa et bondit sur ses pieds, sa tête crevant la surface des haies pour apparaître au grand jour). On y va ? Tu n’es là que pour trois jours et on ne va pas les passer à se morfondre … La vie continue.
-Et risque d’être terriblement courte, ajoutai-je avec un certain sarcasme. Surtout si trois empereurs romains nous tombent dessus et qu’Apollon ne fait pas son job. Bon sang pour une fois qu’ils nous envoient un dieu, il faut qu’ils le fassent sans pouvoir …

Cette fois, Connor rit et me tendit la main. Je la saisis et me levai à mon tour avant de m’étirer. Nous dévalâmes les pentes de la colline et émergeâmes des fraisiers pour rejoindre le terrain de volley. Chelsea avait l’air à l’aise au milieu de ses demi-frères et sœurs grecs, à ceci près qu’elle portait un tee-shirt pourpre qui clamait sa provenance du Camp Jupiter. Avec un sourire amusé, je me rendis compte que son équipe n’était pas composée d’« Apollon », mais d’une bande de gamin disparate qui m’était familière. Une petite fille aux nattes rousses lâcha le ballon avec un cri de ravissement et se précipita vers Chelsea pour tirer sur un pan de son tee-shirt.

-Chels’ ? C’est lequel Travis ?
-Euh …, hésita la jeune fille avec un sourire incertain. Celui qui n’a pas encore mis son tee-shirt orange et qui a les cheveux intacts ?
-Gagné, souris-je avant de tirer l’une des nattes de la fille. Ça va Anna, tu t’habitues ?

La fille de Morphée hocha la tête, tout en se cachant à moitié derrière Chelsea avec timidité. Finalement, les « Apollon » finirent par s’impatienter et elle retourna sur le terrain rejoindre ses anciens camarades de la Cour. Certains me firent un signe de la main et Chelsea eut un sourire amusé en m’adressant un coup d’œil.

-Fais gaffe, je pense qu’Anna est amoureuse de toi.
-Je suis honoré. Alors comme ça tu m’as caché des choses ?

Chelsea rougit furieusement et jeta un regard furibond à Connor avant de le frapper sèchement sur la poitrine.

-Hey ! protesta-t-il en croisant ses bras devant son visage pour se protéger. Qu’est-ce que j’ai fait ? Tu sors avec une autre fille ?
-Où sont les autres ? m’enquis-je avant qu’une bagarre n’éclate.
-Camille est avec Alice et Julia, répondit Chelsea, tout en observant Connor avec défiance. Et Dylan … Je ne sais pas. Elle regardait le volley et elle s’est éclipsée. Peut-être qu’elle en avait marre d’être au soleil.
-Oui parce que c’est l’un des défauts principal de notre Colonie : elle est trop ensoleillée, railla Connor avec un sourire mutin.

Chelsea leva les yeux au ciel, et nous planta là pour retourner jouer, sa queue-de-cheval battant furieusement ses épaules. Connor me jeta un regard désemparé.

-Mais qu’est-ce qui lui prend ?
-Ah, petit frère, soupirai-je en mettant une main sur son épaule. Tu comprendras quand tu seras plus grand.

Connor parut encore plus déboussolé, et même un brin vexé par ma réponse énigmatique. Je tapotai son épaule avec condescendance et le laissai là pataugeant dans la perplexité. Il lui fallut quelques secondes pour me crier :

-Hey attends ! Où tu vas ?
-Connor, par les dieux !

Je fis brièvement volte-face pour voir Chelsea secouer la tête d’un air désespéré avant de prendre Connor par le bras et le forcer à intégrer l’équipe. Mon frère eut beau lui répéter qu’il ne savait pas jouer au volley et qu’elle « presque aussi méchante que Meg depuis qu’elle était arrivée », Chelsea le fit taire d’un regard avant de me faire un signe agacé de la main, comme pour me dire de poursuivre mon chemin. Je lui adressai un pouce approbateur avant de m’enfoncer dans la Colonie en sifflotant joyeusement.
Cela me dit un effet étrange de traverser la prairie. Tout m’était familier et pourtant tout semblait avoir changé : je jetai un regard différent sur chaque bâtiment, chaque visage, chaque détail. Et plus que ma perception de l’endroit, c’était les gens qui n’étaient plus les mêmes : la Colonie était en plein renouvellement. Beaucoup ne me connaissaient même pas, moi le co-maître du chaos et je traversai l’espace des bungalows presque comme un fantôme jusqu’au 11, le plus simple, en bois et aux rideaux jaunes délavés surmonté du caducée paternel. Avec un sourire, j’effleurai la tortue de bronze que m’avait offerte mon père et passai la porte du bungalow. Il était presque vide : peu de pensionnaires étaient permanents et tous devaient être sortis. Pourtant je vis mon demi-frère Cecil seul sur son lit, des écouteurs dans les oreilles et j’entendis des cris dans le fond de la pièce :

-Camille, ne sois pas idiote, ce n’est qu’un tee-shirt.
-Je ne mettrais pas ça, c’est immonde.
-Mais c’est le symbole de la Colonie !
-Peut-être, mais c’est orange !

Etouffant mon rire de mon mieux, je grimpai sur le lit qui m’avait toujours été alloué et que Connor avait veillé qu’il reste libre – luxe qu’on pouvait à présent se permettre. Un sac de couchage et un oreiller avaient déjà été préparé, et je trouvai également un tee-shirt orange soigneusement plié sur les draps, surmonté d’un petit mot qui clamait « bienvenu chez toi ». Avec un sourire ému, j’effleurai le tee-shirt et l’enfilai sans attendre. Contrairement à Camille, je n’avais rien contre le orange. C’était comme une seconde peau dont je ne pouvais me débarrasser.
Par les dieux, comme ça avait été illusoire de penser que je pouvais simplement oublier ce que j’étais … J’étais peut-être le fils d’Holly Alatir, mais j’étais également le fils d’Hermès. C’était dans ma chair et dans mon sang. Et ça le serait toute ma vie. C'est beau cette acceptation

-Travis ?

Je fis volte-face pour voir Cecil se redresser sur un coude, un écouteur dans la main et les yeux encore ensommeillés. Pourtant un lent sourire s’étira sur ses lèvres lorsque je descendis de mon lit pour toquer mon poing contre le sien.

-T’es revenu quand ?
-Je suis arrivé à une heure, répondis-je en m’asseyant au bord de son lit. Et toi, comment ça va ?

Cecil haussa les épaules et passa une main dans ses cheveux blonds et ébouriffés. Lui aussi avait les yeux noisette et le sourire tordu des « Hermès », mais cette fois il ne souriait pas. Connor m’avait fait le récit de son enlèvement dans le bosquet de Dodone, et de Néron qui avait voulu le transformer, lui et d’autres demi-dieux, en torche humaine qui aurait emporté la Colonie avec elles. Sérieux je me rappelle pas du tout de ce bouquin en fait haha

-Ça va, je me remets. Pas simple avec Julia et Alice qui se moquent tout le temps, pourquoi tu nous l’as ramené, elle ?

J’eus un sourire désabusé devant la tentative de Cecil de dévier la conversation et de dédramatiser la situation, mais je voyais bien qu’il avait été heurté par l’expérience. Il parut comprendre que j’étais inquiet, car il avança une main pour tapoter mon genou.

-Hey, t’en fais pas grand frère. Un fils d’Hermès, ça s’adapte à toutes les situations, on est les maitres de la précarité, c’est toi qui me l’as appris, non ?
-J’aurais dû être là …

J’aurais voulu de pas laisser échapper ce remord, ce qui me rongeait depuis que j’avais vu les traces de coquard sous l’œil de Connor, ou les travaux de reconstruction du bungalow de Déméter. Mon frère m’aurait frappé à l’arrière de la tête pour avoir laissé échapper une telle plainte, mais Cecil eut un sourire indulgent.

-Mais non, regarde, on s’est en sorti sans toi. Tu as fait ce que tu pouvais pour la Colonie, Travis. Maintenant, c’est notre tour.

J’observai mon demi-frère, du léger sourire qui persistait sur ses lèvres à la détermination qui brillait et dominait son regard, chassant les brumes de l’épreuve qui lui avait infligé. En un sens, je comprenais pourquoi Chiron le préférait à Julia pour succéder à Connor. Lui non plus n’avait rien du héros, mais il représentait le « Hermès » - prêt à tout faire pour sa famille. Avec un sourire ému, je lui ébouriffai les cheveux.

-Tu as notre héritage entre tes mains, mon petit gars. Fais nous honneur.
-Promis.
-MAIS CAMILLE TU ES PENIBLE METS CE TEE-SHIRT !

Cecil et moi grimaçâmes face au cri d’Alice, et finîmes par quitter le bungalow quand les voix se firent trop nocives pour les oreilles. Mon demi-frère m’adressa un signe de la main avant de rejoindre un fils d’Arès, bondissant comme seuls pouvaient le faire les enfants de Hermès. Je me fondis dans la foule de demi-dieux en tee-shirt orange qui vaquaient à leurs occupations semi-divines, sous le regard bienveillant mais attentif de Chiron, qui avait revêtu sa forme de centaure pour donner un cours de tire à l’arc aux « Hécate ». La plupart d’entre eux se faisaient un malin plaisir à manipuler la Brume pour changer leurs flèches en jouets en caoutchouc ou en fleurs, ou simplement faire croire à Chiron qu’elle avait atteint le mille, mais chaque fois, l’instructeur leur lançait ce regard pénétrant dont il avait le secret et la Brume dévoilait sa vérité. Will et Nico s’étaient installés au bord du lac et je ne pus m’empêcher de remarquer que leurs mains se touchaient fréquemment et que les joues du fils d’Hadès prenaient une couleur rose inhabituelle. Dans l’arène, Clarisse reprenait du service contre Annabeth : c’était étrange de voir ces deux filles qui ne s’étaient jamais entendues être arrivées à une sorte d’amitié cordiale, soudée par les épreuves et leur esprit militaire. Percy encourageait bruyamment sa petite-amie et je remarquai un groupe de jeune l’observer bouche bée. Ils avaient dû entendre parler des exploits du fils de Poséidon, en passe de devenir légende dans notre monde Il faudrait dire aux gens qu'il est bête comme ses pieds la moitié du temps (mais non Percy je rigole). Lui adressant un signe de la main, je poursuivis ma route. L’arène était le dernier bâtiment avant que ne s’ouvre les dunes de sables qui menaient au détroit de Long Island.
Le soleil se réfractait en mille éclats dorés sur l’eau agité par la brise marine. Je repoussai les mèches que le vent plaquait contre mon visage et emplis mes poumons de l’air iodé. J’étais un enfant des Rocheuses, mais j’avais passé de si bon moment au bord de cette mer qu’elle m’était devenue tout aussi importante. Mon regard embrassa le paysage et j’eus un sourire entendu. Une fille était assise seule sur la plage, face aux vagues vrombissantes, le visage levé vers le soleil et les lunettes repoussées dans ses cheveux noirs. Je m’approchai à pas de chat et finis par retirer mes chaussures quand le sable commença à y entrer.

-J’étais sûr de te trouver ici.

Dylan sursauta et mit sa main en visière pour m’observer. Un faible sourire retroussa ses lèvres.

-Et pourquoi ?
-Parce que tu n’as jamais quitté le Colorado de ta vie. Donc je doute que tu aies déjà vu la mer. Oh mais oui c'est vrai ça

Le sourire sur les lèvres de Dylan s’agrandit et son regard fut irrémédiablement attiré par les flots devant elle. Ses yeux étaient plissés par l’agression du soleil, mais elle ne fit pas le moindre mouvement pour remettre ses lunettes. Sans doute la teinture rendrait le spectacle moins majestueux pour elle.

-En fait je l’ai vue à Vancouver. Mais il faisait moche, et je n’y suis allée qu’une fois et … Bref, oui, je voulais la revoir. Bien joué, mauvaise herbe. Tu commences à me connaître.
-Que veux-tu, tu vis chez moi maintenant, rappelai-je en me laissant tomber dans le sable. Je commence à percer tout tes secrets, princesse. Même si tu persistes à m’en cacher. Tu n’exultes pas un peu ?
-Pardon ?

Elle me renvoya un regard franchement dérouté. Mon sourire se fit légèrement amer et je rivai mes yeux sur le détroit pour ne pas avoir à croiser les siens, ce qui emballerait mécaniquement mon rythme cardiaque.

-La guerre contre les Empereur Romains. Je suis presque certain que Chelsea t’en a parlé et que la raison pour laquelle tu n’as fait aucune remarque contre la Colonie est que tu attendais que je sois au courant pour mieux me répéter qu’on est vraiment qu’un camp d’entrainement pour l’armée de réserve des dieux.

Dylan m’observa un moment, les sourcils froncés avant de secouer la tête et de se lever d’un bond, furibonde.

-Ce n’est pas ce que j’allais dire, rétorqua-t-elle d’un ton exaspéré. Oui, Chelsea m’a dit, mais je ne comptais pas « exulter » comme tu le dis. Ça va, Travis, j’ai fini par comprendre. Sinon je ne serais pas là.

Je ne répondis rien, vaguement honteux d’avoir sous-entendu cela. Il était vrai que cela avait dû demander un effort colossal à Dylan de venir ici, dans ce lieu qu’elle avait méprisé toute sa vie. C’était en quelque sorte un renoncement à tout ce qu’elle avait cru pendant près de dix ans. Je passai une main sur mon visage.

-Désolé, ce n’est pas ce que je voulais dire. C’est juste … bon sang, Dylan, je vais finir par croire que c’est toi qui avais raison.

Dylan fronça les sourcils avant de lentement se rassoir, visiblement radoucie.

-J’avais un peu raison. Les demi-dieux sont une armée de réserve pour les conflits des dieux, oui, Travis, c’est une réalité. Mais j’avais aussi un peu tort. On ne peut pas simplement se tenir à l’écart des affaires des dieux en se disant que ça ne nous concerne pas. Ça nous concerne. Parce que, même si on ne le veut pas, on est leurs enfants et que leur monde est le nôtre. Alors si leur monde est en danger, c’est nous qui le sommes. S’ils valsent, nous valsons avec eux. On ne pourra pas changer la nature des dieux alors on sera toujours en première ligne. Alors il faut se préparer à ça, je suppose.

J’arrachai mon regard aux flots pour contempler Dylan, assez stupéfait de son discours. J’avais beau avoir conscience que sa pensée avait évolué depuis qu’elle était revenue de Vancouver, je ne m’attendais pas qu’elle a atteint un tel degré d’acceptation du monde mis en place. J’eus un petit sourire.

-Bon sang. Continue comme ça et dans un mois tu iras boire le thé aux Enfers avec ta mère tous les dimanches.

Un rire secoua la poitrine de Dylan et elle se mit à jouer avec son collier d’attrape-rêve. Le tissage en forme de fleur semblait se modifier au fur et à mesure que la saison avançait : les cordages bruns et ternes se verdissaient lentement à l’approche du printemps.

-Dans un mois, ma mère remontera à l’Olympe, mauvaise herbe. Je redeviendrais une fille de la Terre.

J’avais oublié de détail. Je m’étais tellement habituée à ses prunelles sombres que j’en avais oublié que c’était l’hiver qui les avait rendues ainsi et qu’originellement elles étaient aussi vertes que les feuilles qui tapissait la forêt au printemps.

-C’est vrai que c’est pour bientôt. Tu dois avoir hâte, non ?
-Un peu, admit Dylan en observant son collier. En vérité, j’attendais ça pour … retourner à la réserve.

Je hochai la tête d’un air compréhensif. Elle n’avait pas abandonné l’idée de retourner sur ses terres ancestrales, au moins une dernière fois mais préférait que sa nature ait changé avant de le faire. Ses doigts se crispèrent sur le lien de cuir.

-Dis … Je voulais te demander … ça te dérangerait de m’accompagner ? Je n’ai pas envie d’y aller seule …

Je souris, à la fois touché et surpris de sa requête.

-Bien sûr, Aiyana. Moooooooooooooh, je suis contente qu'elle persiste dans cette idée parce que même si j'étais heureuse qu'elle accepte d'aller vivre chez eux, je trouvais ça dommage qu'elle abandonne ça

Dylan inclina la tête et quelques boucles de cheveux noirs couvrirent son visage, mais je pus capter le sourire qui effleura ses lèvres lorsqu’elle entendit son vrai prénom – le prénom que lui avait donné son père, celui qui la liait au Colorado à jamais. Elle laissa sa main couler sur le sable et la mienne la rejoignit naturellement. Nous restâmes silencieux, un silence apaisant fracassé par les vagues qui mourraient sur la plage et le vent qui n’en finissaient plus d’emmêler nos cheveux. Elle finit par laisser aller sa tête contre mon épaule et je pressai ma joue contre son crâne, fermant les yeux pour profiter de cet instant de quiétude. Mon cœur se mit à battre la chamade. Le calme avant la tempête. A présent qu’une nouvelle guerre se préparait, le temps me semblait infiniment plus court et me filai entre les doigts comme ces grains de sables. Une bouffée d’angoisse faillit me faire suffoquer mais je m’efforçai de la repousser. Ce n’était pas le moment d’y penser. Aujourd’hui, le soleil brillait, les vagues chantaient et j’étais de retour chez moi. Dylan finit par s’écarter légèrement pour lever le visage vers moi, un léger sourire aux lèvres.

-C’est un bel endroit. Je comprends que tu l’aimes autant.

Elle était si proche que je ne savais plus où poser les yeux. Mon regard effleura les courbes de son visage, ses pommettes hautes, la cicatrice blanche sur sa joue, ses lèvres roses et pleines avant de se plonger dans le sien, sombre, pétillant, éclatant. La couleur n’avait pas d’importance. Elle aussi, elle était belle. Je levai une main et caressai l’une de ses mèches soyeuses et sa joue du dos de mon doigt avant de poser ma paume contre sa joue. Elle couvrit ma main de la sienne, me fixant avec un sourire incertain. Je savais qu’elle n’oserait rien faire, que tout dépendait de moi. Alors je trouvai la force de franchir enfin les quelques centimètres, ce rien qui nous séparaient depuis des mois, depuis dix ans, et effleurai ses lèvres des miennes. C’était à peine plus qu’une caresse, un aveu d’inexpérience, une preuve de mon amour et de mon pardon C'est beau cette phrase Perri ! . Je m’écartai d’un souffle, l’observant à la dérobée pour guetter sa réaction. Le sourire de Dylan s’agrandit et elle passa une main sur ma joue, puis dans mes cheveux avant de descendre sur ma nuque et incliner doucement mon visage vers le sien. Elle m’embrassa, ses lèvres se mouvant contre les mienne avec tendresse et timidité. Je refermai mes bras sur elle, et répondis à son baiser sans pouvoir réprimer le sourire qui me montai aux lèvres. Nous nous embrassâmes longuement, nous écartant pour nous sourire et rire avec cet air niais que, finalement, je ne trouvais si insupportable, plongeant nos regards l’un dans l’autre avant que nos lèvres ne se rencontrent à nouveau. Tout était parfait. Jusqu’à …

-ALATIR !!

Je poussai un grognement de frustration tout contre les lèvres de Dylan qui lui arracha un rire lorsqu’elle s’écarta, les joues rosies. Je levai les yeux vers les dunes de sables et mon cœur s’arrêta de battre quand je vis la brochette qui agitait la main avec un immense sourire. Connor, bien sûr, aux côtés de Chelsea et des jumelles, mais également Clarisse, Annabeth et Percy – celui qui m’avait interpellé. Hahahahahhahaha

-Et mince. On est grillé.

Dylan pouffa en reconnaissant les mots qu’elle avait utilisés sous le parapluie. Percy pointa un index accusateur sur nous.

-Dis-moi, mec, tu n’étais pas parmi ceux qui nous ont jeté dans le lac, Annabeth et moi, après le Siège de Manhattan ?
-Je pense bien qu’il l’était, enchérit Annabeth avec un sourire malicieux qui ne me disait rien du tout. OH MAIS OUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
-C’est bien ce qu’il me semblait.

Je n’eus pas besoin de voir Percy lever les bras pour comprendre ce qui allait se passer. J’enfermai Dylan dans mes bras et me recroquevillai en entendant la mer se soulever en un son assourdissant avant de s’abattre sur nous avec violence. La fille de Perséphone poussa un cri de surprise en recevant les flots d’eau mais je fus rassuré de l’entendre éclater de rire lorsque la vague reflua, nous laissant trempés jusqu’aux os, les cheveux plaqués contre nos joues. Je m’esclaffai à mon tour et nous nous écroulâmes l’un contre l’autre, hilares, le cœur bondissant et euphoriques. Percy parut déçu de notre réaction car il poussa un gros soupir.

-Vous n’êtes même pas drôle ! Allez, on vous attend au pavillon-réfectoire pour le dîner !
-Et préparez-vous, c’est Capture-l’étendard ce soir, rappela Clarisse en levant sa lance. Et on est dans la même équipe, Alatir : tâche de ne pas attraper un rhume !
-Pas trop tôt, j’ai cru que ça n’arriverait jamais, gémit Camille, qui n’avait toujours pas revêtu de tee-shirt orange. Bon dieu, vous êtes longs !
-Mais au moins c’est fait, se réjouit Connor en joignant ses mains. Mon grand frère grandit enfin !
-Mais par les dieux, cassez-vous ! m’exclamai-je sans retenir un sourire amusé. Et prenez Connor avec vous !
-Mais pourquoi ?! Oh c'est vraiment des relous tous hahahahah

Chelsea éclata de rire et faucha le coude de Connor pour le forcer à s’éloigner. Pour mon plus grand soulagement, les autres suivirent, disparaissant derrière les dunes de sables. Dylan s’était levée pour essorer ses cheveux, toujours un immense sourire aux lèvres et je la rejoignis pour l’attraper par la taille. Elle dressa un sourcil à mon adresse.

-Tu as jeté le sauveur du monde dans le lac ?
-C’était une idée de Clarisse. Mais bon sang, c’était une bonne idée.

Elle essuya un petit rire et écarta une mèche de cheveux que l’eau avait collée contre mon front. Son sourire était large, mais toujours teinté d’incertitude et d’espoir, comme si elle craignait avoir rêvé ce qui s’était passé.

-Tu … tu es sûr de toi ?

Pour toute réponse, je me penchai vers elle et effleurai ses lèvres d’un baiser qui agrandit de nouveau son sourire, si toutefois s’était possible. Elle noua ses doigts à l’arrière de ma nuque et inclina mon visage vers le sien pour approfondir le baiser. Le bonheur qui se répandait en moi, pompé par un cœur qui s’accélérait dans ma cage thoracique, balayait tout : les blessures, les cicatrices, le passé comme le futur pour sublimer le présent. Ooooh c'est beau ça aussi
Certes, un nouveau conflit se profilait. Mais Connor avait peut-être raison. On avait survécu à deux guerres. On pouvait surmonter la troisième.
Si on le faisait ensemble.



FIN


Je fais mon propre commentaire avant de répondre au bilan haha
Bon tu l'as compris je m'attendais pas du tout à l'angoisse d'une nouvelle guerre et tout :lol: ça m'a un peu prise de court. MAIS c'était une idée géniale de finir sur la Colonie. J'ai beaucoup aimé la prise de conscience de Travis sur son destin de demi-dieu. Par ailleurs c'était un bel endroit pour le bisouuuu
C'était parfait ce passage, mon petit coeur dégoulinant de guimauve est ravi ! Tu nous as offert de très beaux morceaux d'écriture en plus
Et tu as très bien retranscrit l'atmosphère de la Colonie ! Ca faisait plaisir d'y retourner :D


Voilàà bon sur cette fin que Cochyo va qualifier d'un immanquable "C'est mignooooooon" ironique, le dernier lexique :
NRA : National Rifle Association, c'est le lobby des armes aux USA. Des gens absolument sympatiques *tousse tousse*


J'espère que cette fin vous aura plu ! Je pense que ça doit être la partie que j'ai préféré écrire, ça fait tellement du bien de retrouver la Colonie ! Allez, on va passer un petit bilan, exactement le même que pour Lucy, juste un peu modifié ahah. En tout cas merci à tous d'avoir suivi, on se retrouve pour O&P ET NE ME LAISSEZ PAS SEULE POSTEUSE SUR CE FORUM PITIE


BILAN


1) Qu'est-ce qui vous a plu dans cette fanfic'? je fais pas dans l'originalité non plus : les personnages haha
L'évolution de Travis et Dylan en particulier (séparément et ensemble)
Sinon la trame de l'histoire était bien trouvée, l'histoire de la cour des miracles bien vue et originale !Bon le reste je te l'ai un peu dit dans le commentaire de l'autre jour haha (oui j'allais m'exclamer "la relation avec Hermès" mais j'ai déjà dit ça)


2) Qu'est-ce qui vous a déplu ?
-Au niveau de l'histoire : j'étais choquée par ce début d'épilogue :lol:
-Au niveau de l'écriture : rieeeen plus tu écris plus c'est beau ma petite Perri

3) Quel(s) personnage(s) avez-vous préférés ? Et si possible pourquoi?
Travis ; on le connaît pas dans les PJ en fait et j'ai beaucoup aimé al profondeur que tu as donné à son personnage, tout en lui laissant la déconnade. Puis il est trop mignon avec son petit coeur tout mou
Et son sens de la famille est quelque chose qui me touche particulièrement donc voilà


4) Si possible et si vous vous en souvenez, quelle a été votre scène préférée? Et celle que vous avez moins aimé? Et pourquoi?
Est-ce que ne pas aimer une scène parce qu'elle était HORRIBLE ca compte ? :lol: genre QUAND DYLAN S EN VA
Ma scène préférée hmmm ; j'ai vraiment adoré la discussion entre Travis et son père dans Professeur papa
Sinon Dylan-Travis hein sans surprise :lol:


5) Y'a-t'il des choses qui ne sont pas claires? Ou des défauts de confections qui vous ont gênés?
nope

6) D'autres choses auxquels je n'aurais pas pensée? Des demandes ou remarque particulières ? Laissez libre court à votre imagination !
je suis trop triste que ce soit fini ! Ah oui j'ai oublié de parler de toute la bande mais je les aime trop, ils sont insupportables et super attachants en même temps et je suis triste de ne plus les voir !


Merci pour cette belle fanfiction Perri ! Bravo d'être allée au bout, ça en valait la peine :mrgreen: J'ai vraiment adoré la lire !
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Re: La Cour des Miracles - Terminée [PJ/HdO]

Message par annabethfan »

J'arrive pas à croire que c'est le dernier chapitre :cry: Cette fanfic était bien et originale, les personnages attachants! Encore une fois du grand art! Et j'ai lu le dernier chapitre presque pile la veille de noël c'est marrant ^^ Mais l'épilogue maintenant allez!
Je remercie vraiment Coch, Charm et Anna qui ont commenté de façon régulière en cette fin de fic
Ce fut un plaisir, même si j'ai été un peu moins régulière sur la fin sorry... C'était tellement bien!
Bon, je pense que c'est la dernière fic que je fais sur le monde de Riordan, alors j'espère sincèrement qu'elle vous a plu !
Quoi? Oh non! Je trouvais que ça changeait des fanfics sur HP (même si elles sont troooop biens hein ^^) et tu maîtrisais aussi super bien cet univers! Sûre, tu veux rien écrire sur Nico? (Comme j'y arrive pas :lol: :lol: :lol: )
BON PAR CONTRE LA Y'AURA PLUS QUE O&P sur BN DONC LES ECRIVAIN(E)S ON SE BOUGE ET ON VIENT ME SOUTENIR LA JE ME SENS SEULE.
OUI OUI JE PARLE BIEN DE TOI, QUI LIT CE MESSAGE, TU AS RAISON DE TE SENTIR VISER
C'est un work in progress très lent :lol:
On est bientôt arrivés ?
-Ta musique elle craint, on peut changer ?
-On est obligé de rester pendant tout un week-end ? Sérieux !
Je suis déjà morte :lol: :lol: :lol:
Après six mois d’absence, je retournais à la Colonie des Sangs-Mêlés. Enfin.
Mais visiblement, ça ne paraissait pas plaire à tout le monde.
Ouiiiii moi ça me fait plaisir, j'étais nostalgique un peu!!
Un sourire nostalgique effleura mes lèvres.
-Elle-même en personne. En fait, on y est, on traverse le Bronx, là. Mais ce que tu vois là-bas c’est bien Manhattan.
Ah la fameuse bataille...
Terminus, tout le monde descend !
Pendant deux secondes j'ai bugué en pensant qu'il parlait à Terminus la statue :lol: :lol: :lol:
Arrête de frimer, rétorqua Dylan avec l’ombre d’un sourire.
C'est vrai qu'il frimait totalement avec le dragon :lol:
D’accord, c’est mignon, admit Dylan d’une voix prudente. Je n’imaginais pas que ça ferait autant … Colonie de vacance ?
-Le nom « Colonie des Sangs-Mêlés » ne t’a pas aidé ? me moquai-je en entamant ma descente.
:lol: :lol: :lol: :lol:
Car autour de la table de ping-pong qui nous servait de table ronde ne se trouvait que des visages connus que je pensais appartenir au passé.
J'ai le coeur qui se sert littéralement, même pour Clarisse c'est dire ^^
-Hey ! Je pensais qu’il n’y en aurait qu’un ?
-Clarisse ! s’exclamai-je en ouvrant les bras. Quelle joie d’entendre à nouveau ta douce voix !

La fille d’Arès me fusilla du regard et se rassit sur sa chaise, dépitée. Elle n’était pas la seule à afficher son déplaisir : Annabeth Chase avait immédiatement levé les yeux au ciel, et Jake Mason avait porté sa main à sa poche de jean, comme pour vérifier qu’il avait toujours son porte-feuille. Même Katie nous jeta un regard critique et Pollux parut momentanément inquiet.
Chaque nom est une vague de nostalgie mon dieu puissance 10 je t'aime Perri!!!
Ça tu l’as dit. Mais c’est normal : on est plus là. Donc la Colonie a perdu son capital de coolitude. Alors, comment ça a été les Enfers, au final ?
Percy, toujours aussi chill ^^ Il demande ça comme s'il demandait si le petit dej était bon :lol: :lol:
Nous étions presque tous réunis : les récents retirés de la Colonie, anciens piliers et Conseillers-en-chefs, survivants des deux dernières guerres.
J'ai l'impression d'être une mère fière de ses enfants...
(Y'a Nico aussi normalement qui devrait être là non?)
-Sans doute parce qu’une antique entité maléfique se réveille ? hasarda Jake Mason.
-Et qu’on a besoin des experts en sauvetage du monde pour remédier à cela ? poursuivit Clarisse en balançant son pouce du côté de Percy.
-Pour la troisième fois, acheva Annabeth avec défaitisme.
:lol: :lol: :lol: :lol:
Ah foutus empereurs fous!
Par les dieux, qu’avait donc fait notre génération pour mériter un tel enchainement ?
C'est vrai que ça commence à faire beaucoup...
Juste un automate de douze mètres, rien de grave …
Je m'en souviens même plus...
-Travis … Ce n’est plus ton combat.
Ca doit être hyper dur cette période de transition... Je trouve que ta fanfic porte beaucoup sur ça à tous les niveaux, la transition de l'adolescence à l'âge adulte, de héros à la vie civile, des frères Alatir à juste Travis comme individu... C'est tun tout fait de plusieurs étapes!
Quitter la Colonie, ça ne veut pas dire qu’on arrête d’être un Sang-Mêlé … Simplement qu’on en a terminé la formation, et qu’à présent, on en est un à part entière.
C'est trop beau... En fait je corrige c'est pas une transition, c'est une transformation nuance.
je n’en doutais pas s’il impliquait réellement une gamine et un fruit.
Je viens de capter! C'est Meg et ses fruits, Brugnon là, c'est ça :lol: ? (C'est affreux je lis les TdA mais j'oublies la moitié....)
Tu as notre héritage entre tes mains, mon petit gars. Fais nous honneur.
-Promis.
-MAIS CAMILLE TU ES PENIBLE METS CE TEE-SHIRT !
:lol: :lol: :lol: :lol: :lol:
Percy encourageait bruyamment sa petite-amie et je remarquai un groupe de jeune l’observer bouche bée. Ils avaient dû entendre parler des exploits du fils de Poséidon, en passe de devenir légende dans notre monde.
Je fangirl tellement intérieurement ^^
J’avais un peu raison. Les demi-dieux sont une armée de réserve pour les conflits des dieux, oui, Travis, c’est une réalité. Mais j’avais aussi un peu tort. On ne peut pas simplement se tenir à l’écart des affaires des dieux en se disant que ça ne nous concerne pas. Ça nous concerne. Parce que, même si on ne le veut pas, on est leurs enfants et que leur monde est le nôtre. Alors si leur monde est en danger, c’est nous qui le sommes. S’ils valsent, nous valsons avec eux. On ne pourra pas changer la nature des dieux alors on sera toujours en première ligne. Alors il faut se préparer à ça, je suppose.
Ce paragraphe est magnifique aussi bien dans l'écriture que dans sa symbolique, il montre tellement l'évolution de Dylan aussi!
Elle était si proche que je ne savais plus où poser les yeux.
C'est hyper réaliste comme remarque ça, on l'oublie souvent, quand tu vas embrasser quelqu'un on sait plus où regarder :lol:
Dis-moi, mec, tu n’étais pas parmi ceux qui nous ont jeté dans le lac, Annabeth et moi, après le Siège de Manhattan ?
J'y pensais aussi vu où ils étaient, je me disais "manque plus qu'on les pousse dans le lac" :lol: :lol: :lol:
Je n’eus pas besoin de voir Percy lever les bras pour comprendre ce qui allait se passer. J’enfermai Dylan dans mes bras et me recroquevillai en entendant la mer se soulever en un son assourdissant avant de s’abattre sur nous avec violence. La fille de Perséphone poussa un cri de surprise en recevant les flots d’eau mais je fus rassuré de l’entendre éclater de rire lorsque la vague reflua, nous laissant trempés jusqu’aux os, les cheveux plaqués contre nos joues. Je m’esclaffai à mon tour et nous nous écroulâmes l’un contre l’autre, hilares, le cœur bondissant et euphoriques.
:lol: :lol: :lol: :lol: :lol: C'est drôle et mignon à la fois!!!
Certes, un nouveau conflit se profilait. Mais Connor avait peut-être raison. On avait survécu à deux guerres. On pouvait surmonter la troisième.
Si on le faisait ensemble.
Ca c'est une excellente phrase de fin, et c'est jamais facile à trouver donc bravo!!

LE BILAN!!!!

1) Qu'est-ce qui vous a plu dans cette fanfic'?

Tout ? Nan sérieusement l'écriture évidemment, les personnages élaborés et construits, l'intrigue bien ficelée. Travis n'était pas mon choix n°1 en narrateur mais comme d'habitude je me suis attachée à lui grâce à toi. Les relations entre les personnages, notamment Travis et Connor, étaient émouvantes et superbement mises en scènes.

Toutes les périphéries étaient aussi bien amenées. Chacune avait son unité en fait, je ne sais pas comment dire, mais chaque aventure avait sa géographie propre et ses enjeux (Las Vegas, les Enfers, Denver, les Rocheuses). On sentait que le récit était maîtrisé voilà!


2) Qu'est-ce qui vous a déplu ?
-Au niveau de l'histoire : Très honnêtement, rien. Ou presque! Parfois je m'embrouillais sur l'histoire de Camille et Alice peut-être, mais je pense que c'était dû au rythme de publication erratique (seul bémol mais je vais pas te jeter la pierre :lol: )

-Au niveau de l'écriture : Cette fois vraiment rien c'est même le plus gros point fort, je suis amoureuse de ton style d'écriture!

3) Quel(s) personnage(s) avez-vous préférés ? Et si possible pourquoi?

Totalement de façon biaisée: Nico. Mais ça c'est une généralité dans le monde de PJ, mais je le souligne ici parce qu'il n'est pas facile à écrire (j'ai essayé et je vois que je n'y arrive pas trop encore malgré mon amour pour lui) donc vraiment bravo. Tu as réussi à rendre sa complexité au travers du regard des autres.

Sinon, Travis était un super personnage principal. Connor m'a fait rire, je l'aime tellement! Et Dylan vraiment super aussi, drôle intelligente et indépendante!

4) Si possible et si vous vous en souvenez, quelle a été votre scène préférée? Et celle que vous avez moins aimé? Et pourquoi?

Dur de me souvenir de tout, mais j'ai beaucoup aimé la scène aux Enfers et celle juste avant à Las Vegas. Je sais pas, l'ambiance que tu as réussi à créer était superbe. Ah non et puis la scène où Connor et Travis volent le caducée, une pépite aussi!

La fin était touchante aussi, le dernier chapitre avec l'ambiance de famille et de fêtes; et l'épilogue à la colonie en mode nostalgie tout en reliant à la nouvelle guerre, ce qui montre en fait que l'histoire continue: génial!!

5) Y'a-t'il des choses qui ne sont pas claires? Ou des défauts de confections qui vous ont gênés?

Comme je disais peut-être les personnages de Camille et Alice que j'avais parfois du mal à saisir mais je ne saurais pas dire en quel sens...

6) D'autres choses auxquels je n'aurais pas pensée? Des demandes ou remarque particulières ? Laissez libre court à votre imagination !
Tu nous feras des bonus ou des OS ? :D PITIE!!!!!!!!!!
Et merci pour cette fanfic trop géniale!!!!!!!!!
Florance

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Message par Florance »

Yo. Je passais à moitié par hasard, je me suis laissée tentée. Je suis en bonne voie pour une nuit blanche (j'avais l'intention de travailler et je n'ai toujours pas commencé), mais elle en vaut la peine. Merveilleuse histoire. Hermès est un dieu que j'adore et je trouve que ce que tu as créé était infiniment touchant. Surtout l'importance de la famille qu'il y a dans cette histoire. Très émouvante.

Je ne sais pas qui est mon personnage préféré entre Hermès et Travis, mais globalement tous étaient magiques. J'ai adoré la relation entre Hermès et ses enfants. En vrai entre chaque dieu et leur enfant, mais là l'accent était pas mal sur Hermès. Ceci dit, je me sens plus proche de Connor. C'est... Bizarre de voir tout le monde grandir et revenir dans le réel quotidien. Non pas qu'on ne grandit pas dans une ambiance fantasy, mais... C'est particulier.

J'ai adoré les moments où les dieux apparaissent et quand ils discutent relations filiales, "Professeur papa" était un chapitre incroyable, mais le plus magique doit être quand Charon donne des conseils en amour... Tellement surprenamment inattendu. Ça me fait encore sourire bêtement et narquoisement. Après les moments où on voit Percy devenir une légende sont cools. J'ai un peu l'impression de voir le futur hériter de choses qui nous étaient contemporaines (même si moi j'ai juste lu et rit, confortablement installée chez moi, sans rien réaliser d'extraordinaire).
Le moment que j'ai le moins aimé doit être celui où des reptiliens (j'ai plus le nom exact) sont tués à cause des larcins de Travis. Ok c'est des monstres, mais là c'était quand même la faute de Travis, pas d'eux. Et pourtant...

Un peu déçue pour Japet, mais il y a eu l'allusion aux étoiles. C'est cool.

Saches aussi qu'à cause de toi j'ai envie de relire tous les livres de Rick Riordan au mépris de tout le reste. Je te laisse avec ça sur la conscience. De mon côté aussi faut que je pose les rêves, les folies et les évasions de côté pour bosser autant que je le peux ou dormir.

Edit : j'ai récemment entendu parler du syndrome de Noé. Le bungalow d'Hermès et surtout Holi m'y font un peu penser avec les demi-dieux à la place de pitis nanimaux.
Dernière modification par Florance le ven. 05 mars, 2021 10:08 am, modifié 1 fois.
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