La Cour des Miracles - Terminée [PJ/HdO]

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Perripuce

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La Cour des Miracles - Terminée [PJ/HdO]

Message par Perripuce »

Bonjour tout le monde !

Bon, étant une fille qui aime s'éparpiller, non contente d'être déjà sur les Enfants de Gaia et sur Lucy Weasley, je me lance dans un bébé-truc-qui-va-être-tout-petit sur Percy Jackson. Bien, certain me connaissent, ce ne sera évidemment pas sur Percy Jackson lui-même. Ce ne sera même pas sur la Colonie des Sang-Mêlé :lol: Enfin vous verrez bien, vous me connaissez, j'aime l'originalité :lol: Mais j'ai trop mauvaise conscience parce que Rick, ce cher Rick que nous aimons, est contre les fanfictions, mais bon je prends le risque.

Bon dans les faits, je en suis même pas sûre de continuer, je fais ça vite fait parce que l'idée me tourner dans la tête et pour m'amuser. Pour ceux qui me connaissent ce ne sera pas un truc Hyyyyyyyyper long avec des chapitres interminable à 2 parties, absolument pas, là ce sera des chapitres de 5 pages et pas de 20 :lol: :lol: Non vraiment je comte faire un petit truc, tout petit, rien de grand, une cinquantaine de page au max.

EDIT DE LA FIN : Ouais bah le tout petit truc a duré 3 ans presque et fait plus de 200 pages, 19 chapitres et un épilogue !

Donc voilà, je ne sais pas quand je posterais la suite, et je ne sais même pas si continuerais, là je vous donne le prototype :lol: DONC l'action se situe après HdO et OH WAIT : question général > on est d'accord que ToA c'est immédiatement après HdO et pas un an après ? (Oui RemDut, la remarque est pour toi). Enfin bref je vous laisse lire, ahah. Le premier chapitre est assez barbant parce qu'il est essentiellement narratif, je pose le décors. Voilà bonne lecture :)



La Cour des Miracles



Chapitre 1 : Précarité.

Je regardais mon calepin, assis sur le dos du banc, les pieds plantés sur l’accoudoir dans une position précaire. Mais j’aimais la précarité. La précarité me définissait. Je vivais dans la précarité dans les quartiers populaires de Denver, nous vivions, ma mère mon frère et moi, selon les aléas du petit restaurant bar que possédait ma mère, j’avais eu mon diplôme de façon précaire et ne devait ma place à l’université que grâce à une bourse qui témoignait de mon aptitude au basket. Même ma vie en dehors du scolaire et familiale était précaire. Une vie à faire les quatre-cents coups avec mon frère nous avait voulu la haine de la moitié des commerçants du quartier et tout les collèges et lycées nous avaient virés, les un après les autres. Avec mon frère, nous étions tellement soudé que si l’un se faisait expulser, l’autre faisait en sorte de l’être dans la semaine, de tel sorte à ce que nous soyons jamais séparé. Maintenant nous l’étions, et cela ajoutait à la précarité de ma vie. Je me sentais seul et vide sans mon frère à mes cotés. Mais un jour, il fallait bien grandir, chercher une stabilité, et c’était la décision que j’avais prise. Il n’avait pas compris. Il continuait d’exploiter la précarité de notre situation, de repousser ses limites au maximum. Sauf qu’à force de tirer sur la corde, elle finissait par se rompre. Et j’avais peur qu’un jour mon frère de la casse de façon brutale. J’avais décidé de grandir avant de faire cette bêtise. Aider ma mère au restaurant, aller à la fac. Cesser la dangerosité de ma vie. Mais je devais bien me douter qu’elle me rattraperait. Je n’étais pas fait pour la stabilité. Moi moins que les autres.

Je m’appelais Travis Alatir. Et j’étais le fils d’Hermès.

Etre un demi-dieu, c’était déjà une situation précaire. Etre le fils d’Hermès, c’était l’assurance que votre vie ne serait jamais stable, lui qui était le plus volatile et le moins cernable des dieux de l’Olympe. Quand nous avions su avec mon frère qui nous étions, grâce au satyre Gleeson Hedge, à l’âge respectif de onze et dix ans, la perceptive nous avait amusé. Nous venions d’être viré d’une énième école, nous menions la vie très dure à notre mère, et elle-même avait du mal avec le restaurant. N’ayant pas la force nécessaire d’à la fois sauver le restaurant et ses fils à Denver, elle nous avait laissé suivre Hedge à la Colonie des Sang-Mêlé. Nous allions la voir tous les mois pour nous donner bonne conscience, mais la vérité fut que nous adorions notre nouvelle vie, à l’ombre de New-York, à jouer à la guerre, mettre des chocolats de Pâques sur le toit des Déméter, saboter les machines des Héphaïstos, mettre du feutre indélébile à la place de l’eye liner des Aphrodite. Les gens nous détestait et nous adorait à la fois. Annabeth, conseillère des Athéna, ne pouvait pas nous voir en peinture, et Clarisse rêvait de nous enfoncer son Inutileuse comme nous l’avions surnommé dans plusieurs parti de notre anatomie, mais notre grand frère, Luke, nous adorait. Nous le faisions rire.

Luke. Rien que penser à lui me donnait la nausée. Maussade, je gribouillai un vague dessin sur mon carnet. A un moment, il fallait bien se réveiller. Deux ans de grâce puis plus rien. La trahison de Luke avait été comme un poignard dans mon dos, glacé et inattendu. Je l’avais tellement hais lorsque Percy Jackson avait expliqué à la colonie qu’il cherchait à vaincre les dieux en réanimant Chronos. Ce grand frère que j’avais tellement admiré, qui nous raconter comment il avait été chercher les pommes d’or au jardin des Hespérides, ou des histoires de héros antérieurs. Le pire avait été quand Chiron nous avait donné à moi et Connor, la charge de Conseiller en chef des Hermès. Je n’avais pas compris. Je n’avais que treize ans à ce moment et certains étaient plus âgés et plus expérimentés que nous. Mais d’après Chiron, j’avais quelque chose qui pouvait rassurer mes frères et sœurs. L’opposé de Luke-le-Héros. Un charisme. J’étais le chahuteur en chef avec mon frère. Ils n’avaient pas besoin d’un autre héros à admirer. Mais d’un Hermès qui comprenait les valeurs de son père et l’importance de la famille. Connor et moi représentions ça : deux frères soudés. Dans la bêtises, certes, mais force était d’avoué que Chiron avait eu raison. Nos frères et sœurs nous ont fait confiance, et nous avons tout fait pour les protéger. Presque tout. Nous n’avions pas pu sauver Luke, et ça avait été l’épreuve la plus difficile de ma vie. Cet épisode m’avait rappelé l’importance de la famille et je m’étais, déjà à l’époque, senti m’assagir. J’avais émis le souhait de retourner plus souvent chez ma mère. Pas Connor. Lui se complaisait à la Colonie, surtout depuis que nous étions Conseiller. Ce fut à ce moment là que je rencontrais pour la première fois mon père, dans le train qui me ramenait seul à Denver. Il s’était assis à coté de moi, et je l’avais immédiatement reconnu, avec ses yeux noisette espiègle identique aux mieux et son air malicieux dont j’avais également hérité. Je pensais que j’allais m’énerver contre ce père qui m’avait depuis toujours négligé, Connor et moi, qui nous avait laisser nous débrouiller seuls, laissant ma mère au bord de la faillite plusieurs fois et nous au bord du gouffre. Pourtant, seul l’agacement c’était épris de moi, puis l’infini tristesse quand il s’était mis à parler de Luke. Il m’avait demandé d’être fort pour mon frère – que la famille était imparfaite, mais que jamais on ne devait la lâcher, quand bien même elle nous tournerait le dos. Maintenant, assis sur ce banc, je me dis qu’il y avait quelque chose de prophétique dans les paroles de mon père. Il m’avait alors offert mon poignard, qui ne quitter pas ma ceinture et que la brume transformer en mousqueton, et une paire de converse ailée que je quittais rarement également. Je n’avais su quoi penser quand il m’a quitté, descendant deux arrêts avant moi, en me disant qu’il était fier de ce que j’étais en train de devenir. Et encore maintenant, j’ignorai ce que je pensais de mon père.

Je soupirai profondément et relis mes notes sur mon calepin. C’était de sa faute si j’étais dans cette situation. C’était lui qui m’avait donné cette mission. Même si j’avais bien l’intention de l’entreprendre. Je retournai au début du carnet, où le visage d’une fillette d’environ douze ans était figé sur une photo, ses cheveux noirs de jais bouclant doucement sur ses épaules, ses yeux noisettes en amande frétillants s’excitation alors qu’elle observait quelque chose qui sortait du cadre de la photo. Je souris doucement. Alice. Ma petite demi-sœur, une enfant adorable que nous avions recueillie juste après la guerre contre Chronos. Une enfant brisée. Après que Percy eut exigé que chaque enfant soit reconnu à l’âge de treize ans, un satyre avait été chercher deux filles d’Hermès, à Los Angeles, des jumelles de type asiatique de treize ans, Alice et Camille Miyazawa. Seule Alice était arrivée à la Colonie. Après le siège de New York, beaucoup de monstres incontrôlables avaient été lâché dans tout les Etats-Unis et Camille en avait fait les frais. Quand elle était arrivée, la semaine qui avait suivie la bataille, Alice était encore couverte du sang de sa sœur. Petit à petit, je m’étais fait un devoir de la reconstruire à l’aide de Connor et d’une de mes sœurs préférées de quinze ans, Julia. Cela n’avait pas été simple, mais à la fin de l’été, Alice mangeait correctement, riait aux pitreries de Connor, et participait aux activités de la colonie. Elle était retournée à Los Angeles à la fin de l’été et Connor et moi, après réflexion, avions décidé de ne passer que les vacances à la Colonie et de retourner à Denver. Nous avions négligé nos études et notre mère et ce qui s’était passé à New-York nous avait fait prendre conscience de l’infinie précarité de notre situation. Notre mère pouvait nous perdre à chaque instant, et je voulais faire autre chose de ma vie que de me battre dans la Colonie. Alors je m’étais inscrit au lycée et été entré avec Connor dans l’équipe de basket, dans laquelle je m’étais intégré au point de devenir Capitaine et récolté une bourse pour l’université de mon choix. La guerre contre Gaïa et la disparition de Percy avait quelque peu entamé ma détermination et je n’avais failli pas avoir mon diplôme. Alice n’était pas revenue à la Colonie ; peut-être préférait-elle une vie calme. Après tout, les enfants d’Hermès n’était pas les plus en danger. La bataille de Gaïa s’était engagée. Nous avions découvert un autre camp – un camp caché par les autres dieux qui voulait notre mort. Ces cachotteries m’avaient dégoutées. A l’époque, j’avais enfin compris les agissements de mon frère décédé, Luke, et j’en avais à mon tour assez d’être un pion insignifiant. Je voulais être plus, faire quelque chose de ma vie. Et faire les quatre cents coups avec Connor, que ce soir dans les rues de Denver ou à la Colonie, ne me suffisait plus.
Il était tant de grandir.

Au final, j’avais décidé : c’en était fini pour moi : les quêtes, les guerres, la colonies. Malgré un diplôme obtenu de justesse, j’avais eu le droit à une bourse pour l’université de droit de Denver. Je revenais définitivement dans ma ville natale, entre les Grandes Pleines et les Rocheuse, là où j’étais né, cette ville à laquelle je me sentais lié depuis toujours. Plus de colonie. Pas même pendant les vacances. D’autres enfants arrivaient : il fallait leur laisser la place de héros. Moi, je décidais d’être simplement … moi. Et de quitter cette vie.
C’était ça que Connor n’avait pas accepté. Par contraste et pour montrer son opposition à ma décision, il avait annoncé à ma mère qu’il arrêtait le lycée et retournait à la colonie définitivement. C’en était suivi une dispute interminable et Connor avait fait son sac et claquer la porte, m’accusant de l’abandonner et d’abandonner ce que j’étais, laissant ma mère en larme et moi désemparé. J’avais couru dans les rues de Denver jusque la gare, sans reprendre mon souffle, mais la seule chose que j’avais vu voir, c’était le train qui s’éloigner en direction de New-York. Je ne m’étais jamais senti aussi déchiré de toute ma vie.

Nous étions maintenant mi septembre. J’avais commencé les cours à la fac avec entrain, et après les cours et le week-end, j’aidais ma mère au restaurant. Mais la dispute avec Connor me pesait toujours. Nous avions échangé quelques messages froid et vides, mais c’était tout. Nous qui avions été si proche, si fusionnels … les « jumeaux Alatir ». Tous nous appelaient comme ça, à la colonie. Nous étions si semblable : mêmes boucles châtains clair, même air malicieux, même nez droit, même yeux noisettes, même taille filiforme, même jour de naissance. Pourtant, un an nous séparait, et le fait que Connor naisse le même jour que moi n’était qu’un heureux hasard. J’avais toujours vécu avec ce presque-jumeaux dans les pâtes et maintenant voilà qu’il m’avait été arraché. A respectivement dix huit et dix-sept ans, nous évoluions pour la première fois séparément. Tout ce que j’espérais, c’était que Connor ne tirerait pas trop sur la corde.

Je balayai le campus du regard et rajustai mon bonnet sur ma tête. J’attendais un cours de droit Constitutionnel du Colorado mais un SMS d’une fille de mon amphi m’informa qu’il avait annulé. Je rangeai alors mon carnet dans mon sac à dos et m’avançais jusque là où j’avais laissé ma moto, une vieille bécane que mon grand-père m’avait aidé à retaper quand j’avais eu mon permis. Je retournai tranquillement chez moi, dans le centre de Denver, slalomant – parfois un peu dangereusement – entre voitures et taxi. Je n’aimais pas particulièrement prendre le métro : c’était oppressant et il y avait beaucoup trop de monde. A vrai dire, je n’étais même pas sûr d’aimer la ville. Mon grand-père avait une ferme, entre Denver et les Rocheuses et j’adorais m’y rendre quand j’étais petit. J’avais toujours préféré l’air libre. Ça faisait longtemps que je n’y avais pas été, d’ailleurs. Peut-être un week-end.

Morose, je finis par passer la porte du petit restaurant-bar que tenait ma mère, Holly Alatir, une femme dynamique de quarante-cinq ans. Ma mère a toujours adoré cuisiner et ne sort presque jamais de sa cuisine, à part pour aller au marché ou voyager découvrir d’autre cultures culinaires. Je pensai que c’était cette passion du voyage et de la découverte, cette curiosité naturelle qui avait attiré mon père. Derrière le bar, Johny, un garçon de vingt-cinq quand qui travaille à mi-temps ici, transmettait une commande à la cuisine. Je l’avais toujours apprécié : c’est un grand gaillard qui a toujours le mot pour détendre l’atmosphère. Il me sourit quand il me voit :

-Comment va le grand étudiant ? me demande-t-il en me donnant une grande claque dans le dos quand je passe derrière le bar.
-Mon cours de ce soir a été annulé, alors je viens te relayer, répondis-je avec un sourire forcé.
-Parfait, je vais pouvoir aller voir ma copine. On sort ce soir avec des potes – certains on presque ton âge, tu peux venir si tu veux.
-Ma mère m’a demandé de me socialiser ? raillai-je en levant les yeux au ciel.
-Exactement. Il paraît que tu restes enfermé les week-end avec ton ordinateur et c’est mal quand on a ton âge. Qu’est ce qui se passe, Travis ? Je t’ai connu plus joyeux.

Je haussai les épaules et Johny n’insista pas, salua ma mère et sortit avec un signe pour les clients. Je balayais la pièce du regard, depuis le bar. En salle, il y avait une autre fille, Claire, d’une trentaine d’année et qui était ici depuis les débuts ou presque. Le restaurant appartenait à mes grands-parents avant que ma grand-mère ne meure et que mon grand-père ne s’exile dans la ferme. Beaucoup y avait leurs habitudes : la vieille veuve Dawson, qui buvait son café tout les matins à ce bar, le club de foot du quartier qui passait chaque week-end regarder le match, Willy et ses tours de cartes qui me fascinaient étant petit, ou Alan et Eddie, qui habitaient l’immeuble d’en face. Je pris les commandes des clients, transmettait à ma mère la moitié d’entre elle et servait les gens en salle avec le sourire le plus avenant que j’avais – celui qui pousserait Clarisse Larue à me couper la tête sans aucune forme de procès (et le procès était un droit constitutionnel, j’étais en train de le voir à la fac). Parfois, ma vieille nature tentait de me rattraper, et je retenais mes doigts d’agripper ce porte-monnaie mal dissimulé, ou cette jolie montre que je ne pourrais jamais me payer, ou ce paquet de clope – il y avait si longtemps que je n’avais pas fumer ! Ma mère me traitait de pie voleuse et m’avait interdit de reprendre mes sales habitudes en revenant ici. Et j’étais fier d’affirmer que je n’avais jamais craqué. A part pour la boite de Pringles de la fille qui était devant moi en amphi, mais pour ma défense, le cours était long, usant et j’avais faim. Alors quand j’ai faim, toute forme de nourriture appartient à Travis, et seulement à Travis. Je venais de servir un café à une dame d’entre deux âges, résistant à l’envie curieuse de prendre le joli porte clef qui dépassait de son sac quand je les vis s’installer. Deux adolescents étaient assis devant le restaurant, une fille et un garçon, la fille une guitare à la main et le garçon qui chantait. Je grognai en les remarquant, car leur présence repoussaient les potentiels futurs clients. On ne pouvait pas bâtir un commerce sur les vieux habituels et les temps étaient souvent durs. Ma mère sortit enfin de sa cuisine et me tendit un billet de vingt dollars.

-Va leur donner ça, qu’il s’en aille, grommela-t-elle, ses yeux bleus lançant des éclairs.
-Ce n’est pas beaucoup ? m’enquis-je en empochant le billet.
-Je perdrais plus s’ils restent.

Ma mère, cette charmante femme aux cheveux châtains striés de fils d’argents et aux yeux expressifs était non seulement une cuisinière hors-pair mais également une femme d’affaire redoutable. Sans doute autre chose qui avait attiré mon père. Je hochai la tête et demandai à Claire de surveiller le bar le temps que je fasse un tour dans ma chambre. Vingt dollars c’était bien, mais ce n’était pas ça que les adolescents-chanteurs voulaient.
C’était des drachmes.
Ils m’en restaient quelques unes dans mon vieux sac que j’emportais à la colonie et j’en empochais certaines avant de redescendre. Je fouillai dans mon armoire et retrouvai quelques restes de nectar et ambroisie, mais je décidai de les garder pour plus tard. Je dévalait les escaliers et me plantai devant eux, dehors. La fille était assise avec sa guitare, et elle leva ses yeux bleus vers moi. Le garçon cessa de chanter de sa voix douce. Elle devait avoir quinze ans, et lui douze et ils faisaient pitié dans leurs Tee-shirt crasseux et leurs jeans troués. Le garçon releva les yeux sur moi et eut un grand sourire.

-Oh Travis !
-Qu’est ce que tu nous apportes pour qu’on se barre, cette fois ? se moqua la fille en tendant derechef la main.
-Je vais finir par appeler ça du raquette, grommelai-je en lui tendant le billet de ma mère et les drachmes.

La fille fit disparaître le larcin d’un geste expert, ramassa les quelques pièces que les passants avaient laissés et remit sa guitare dans son étui avec un sourire satisfait. Le garçon eut un grand sourire et se releva.

-Merci bien, fils d’Hermès. Au fait, on a pas mal faim, Chelsea et moi … Tu crois que ta mère sera assez gentille pour nous offrir un bon repas ? On a pas mangé ce midi et ce soir …

Il avait l’air tellement vulnérable, tellement triste … Je faillis accepter, attendri. Puis je me souvint et secouai la tête. J’eus un sourire tordu à son attention.

-Même pas en rêve, saloperie d’enjôleur. Tu as vingt dollars pour bouffer.
-J’aurais essayer.
-A la prochaine, Travis, fit Chelsea en faisant un signe de main. C’est toujours un plaisir de passer dans ton coin !

Elle et l’enjôleur s’éloignèrent tranquillement et je m’adossai au mur, un sourire aux lèvres. Depuis que j’étais revenu à Denver, après la guerre contre Chronos, je les avais remarqué dans une rue plus touristique, à essayer d’attendrir les touristes. Connor avait trouvé que c’était une brillante idée de leur voler leur piécette, ce qui avait été exécuté avec succès. Quelques jours plus tard, ils étaient venu s’installé devant le restaurant de ma mère. La garçon avait essayé de m’enjôler, mais pour l’avoir subi avec Drew plus que je ne l’aurais mérité, je savais le reconnaître dans la voix de quelqu’un quand je l’entendais. J’avais alors compris que chacun avait deviné qui il était. Connor et moi avions tenté de leur parler de la Colonie des Sang-Mêlé, mais ils avaient refusé net, préférant les rues de Denver. Depuis, je les croisai régulièrement, et ils me faisaient payé d’avoir un jour volé leurs larcins. Si le garçon était un fils d’Aphrodite, j’ignorai tout de Chelsea, sinon qu’elle jouait bien. Je retournai à l’intérieur, pris quelques commandes, discutait avec Eddie et Alan de mes études. Ils étaient fiers que je me prenne enfin en main, moi qui avait passé mon enfance à enduire leurs fenêtres de peintures quand j’étais petit. Le service d’apéro, comme je l’appelais, arriva et le bar se remplit un peu plus. Ma mère passa en salle : elle ne cuisinait que pour le midi et fermait à vingt-et-une heure. Avant de passer en salle, elle me glissa quelque chose, une enveloppe qui était arrivée ce matin par la poste.
La poste. Je regardai l’enveloppe, horrifié, puis ma mère qui haussa les épaules avec une moue dédaigneuse. Il ne fallait pas lui parler d’Hermès. J’étais persuadé qu’elle le giflerait si elle l’avait devant elle, dieu ou pas dieu. « La poste » était une sorte de code pour dire que c’était un message de mon père. Nous en avions reçu quelque uns, au cours depuis que je l’avais rencontré. Parfois insignifiant, parfois précieux. Quand j’avais décidé de rester à Denver et que Connor avait claqué la porte, j’avais reçu un simple « Memento ». « Souviens-toi … ». Cela m’avait rendu mal à l’aise, d’autant plus que, une semaine plus tard, il était venu en personne au campus, habillé comme un professeur, Martha et George, ses deux serpents portatifs, accrochés à son téléphone. Et c’était là qu’il m’avait confié une mission, que venait sérieusement trancher avec les objectifs que je m’étais donné en revenant définitivement à Denver. Je regardais l’enveloppe, et prenant mon courage à deux mains, sorti la feuille qui était dedans. Juste un nom. Un nom qui me traversa comme un coup de poignard. Ma mission.
Alice. Mon père voulait que je retrouve Alice.


Voilà Voilà ! Comme je le disais c'est pas un gros truc :lol: N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez !
Dernière modification par Perripuce le lun. 09 déc., 2019 8:33 pm, modifié 3 fois.
Morgane-Feroldi

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Re: La Cour des Miracles [PJ/HdO]

Message par Morgane-Feroldi »

Salut, j'aime beaucoup et je pense que la suite sera très intéressante !!!
cochyo

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Re: La Cour des Miracles [PJ/HdO]

Message par cochyo »

Tient un nouveau projet !? :twisted:
Ah c'est interessant .... comme choix de personnage. Mais pourquoi pas ?
C'est sympa que t'es recontextualise(e accent ahhh ces clavier anglais !!)
J'attends impatiemment la suite !
Perripuce

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La Cour des Miracles - Chapitre 2 [PJ/HdO]

Message par Perripuce »

Bonjour !

Je sais j'abuse, j'ai pas fini le chapitre de Lucy mais je poste le deuxième chapitre de La Cour des Miracles. Mais comme je le disais, ce sont des petits chapitres, très petits. Enfin, plus petits que Lucy. Donc voilà, je fais pas encore de liste des prévenus comme c'est le début, mais si vous voulez que je vous prévienne, dites le moi !

Chapitre 2 : Dylan Blackraven.


-Un sou pour tes pensées.

Je levai des yeux agacés sur la fille qui se me surplombait. Dylan Blackraven, que je pouvais surnommé « mon ombre », tant elle me suivait, m’observait de ses yeux verts et rieurs. Des cheveux d’un noir de jais s’échappaient de son bonnet et bouclaient sur sa nuque et ses épaules. Je grommelai quelque chose d’incompréhensible et plongeai le nez dans ma moto, qui refusait à démarrer. Dylan resta à m’attendre, assise sagement sur le banc. Cette fille trainait à Denver d’aussi loin que je me souvienne, et avait une fâcheuse tendance à toujours me trouver, ce qui m’agaçait prodigieusement. De ce que je savais, elle avait passé son enfance dans une réserve amérindienne Ute dans les montagnes du Colorado et avait emménager à Denver il y a quelques années, pour une raison inconnue. Depuis, elle me suivait presque contre mon ombre. Où que je sois, elle me trouvait. Parfois, elle me suivait sans rien dire et je tolérai sa présence. Parfois elle tentait de me parler et c’était insupportable. Comme maintenant.

-Tu vas à la fac, maintenant ? marmonnai-je en me redressant, les mains couvertes de crasses.
-Oh bien sûr que non, je n’ai même pas mon diplôme, sourit Dylan avec tranquillité. Je venais juste te dire bonjour.
-Comme d’habitude, raillai-je en levant les yeux au ciel. Le coup de la dernière fois ne t’a pas suffit ?

Dylan dressa un sourcil, et ses yeux verts s’assombrirent considérablement. La dernière fois qu’elle m’avait suivi de la sorte, Connor et moi avions engagé une partie de cache-cache dans tout Denver, partie que nous avions fini par gagner. Mais rien n’y faisait. Dylan me retrouvait toujours. Je l’avais même surpris une fois dans les escaliers de secours qui bordaient ma fenêtre de chambre et j’avais failli avoir un arrêt cardiaque. J’ignorais la raison d’un tel acharnement. La seule chose qu’elle me disait pour se justifier, c’était qu’elle m’aimait bien – et pourtant je n’avais rien fait pour me faire aimer d’elle.

-Tu es revenu pour de bon ? s’enquit-t-elle, ses doigts traçant des ronds sur le siège de ma moto.

Elle ignorait ma dernière question. Très bien. Ça lui arrivait souvent et c’était ce qui m’agaçait chez elle : elle ne répondait qu’aux questions qui l’arrangeait.

-Oui. Ma mère avait besoin de moi.
-Et ton frère ?
-Rester avec notre père. Tu as fini ?

Aux yeux du monde à Denver, nous faisions croire que nous allions à New-York pour vivre ou rendre visite à notre père. Ce n’était pas tout à fait un mensonge, sans être la vérité. Dylan ne fut pas vexé par mon ton sec et elle pencha la tête, intriguée.

-Vous vous êtes séparé ? Vraiment ?
-Dylan …, soupirai-je en secouant la tête. Retourne chez toi, ça ne te concerne pas.
-Tu as besoin d’aide pour ta moto ?
-Je doute que tu t’y connaisses en mécanique, raillai-je avec un demi-sourire.

Dylan haussa les épaules et examina la vieille bécane avec une grimace. Malgré moi, je l’observai à la dérobée. Avec son teint olivâtre et ses incroyables yeux verts, elle pouvait paraître jolie, mais sa tenue – un jean usé, un tee-shirt informe et beaucoup trop grand pour elle et une veste en cuire rapiécée – pouvait lui enlever tout attrait. Elle tripotait un collier, un simple lacet de cuire avec un mini capteur de rêve (vous savez, les trucs indiens ?) orné de plume entre ses doigts. Je tapais du pied avec agacement et un frémissement du coté de mes pieds m’indiqua que les ailes qui se trouvaient de part et d’autres de la chaussure mourraient d’envie de se déployer. Dylan finit par se redresser avec un sourire d’excuse.

-C’est vrai, je n’y connais rien. Mais j’ai un ami dans DoLo qui s’y connaît pas mal en mécanique. Je peux l’appeler si tu veux.
-Je vais m’en sortir, refusai-je, ne voulant rien de la part de Dylan. Merci quand même.

Elle haussa les épaules, l’air de rien. Elle n’était pas très grande de base, mais dans cet étrange accoutrement, elle paraissait minuscule. Je traficotai encore quelques rouages dans ma moto et finit par réussir à la faire démarrer, sous l’œil encombrant de Dylan, qui se refusait à partir. Le rugissement du moteur fut un véritable soulagement pour moi, car cela voulait dire que je n’avais pas à réparer ma bécane, et que je pourrais enfin m’éloigner de la petite Dylan. J’empoignai mon casque d’une main et refermai mon blouson de l’autre. Je m’efforçai de sourire à Dylan.

-Sympa de te revoir mais je dois y aller.
-Ça doit te fendre le cœur, se moqua-t-elle à son tour. Tu diras bonjour à ta mère de ma part.
-Je n’y manquerais pas.

Car c’était peut-être le pire de la situation. Tout le monde connaissait Dylan, dans le quartier, et à part me suivre partout, elle n’avait rien de désagréable. Elle faisait même pitié, comme un petit chiot égaré. Ma mère s’était prise d’affection pour elle et m’avait fait promettre d’être gentil avec elle (« après tout vous avez le même âge, et elle n’a personne la pauvre petite ». Merci maman, mais je suis déjà le baby-sitter de Connor, je n’ai pas besoin d’enfant en plus et je ne fais pas de bénévolat). Je saluai la jeune fille et enfourchai la moto avant de partir, laissant Dylan loin derrière moi. J’adorais la moto. Cela donnait un sentiment de liberté et une aisance dans la conduite bien plus conséquente que la voiture. Mais le mieux, ça restait les converse ailée que mon père m’avait donné. Cela faisait longtemps que je ne les avais plus utiliser – le fait de vivre en ville m’en empêchait – alors je me rabattais sur la moto. Je m’immobilisai devant chez moi, remarquai avec satisfaction que Chelsea et le fils d’Aphrodite n’avait pas établis leur campement devant le restaurant et entrai. Il y avait bien peu de monde, et ma mère faisait les comptes derrière le bar, les lunettes sur le nez. Quand je m’approchai, elle le fronça avec dégoût et me lança un regard torve.

-Tu as fumé, gronda-t-elle avec dépit. Ces conneries te tueront, et je te l’ai déjà dit.
-Et moi je t’ai déjà dit que j’étais plus fort qu’elles, fanfaronnai-je en m’asseyant sur une des chaises hautes du bar. J’ai déjà survécu à deux guerres.

Ma mère se figea, et je m’en voulus d’avoir aborder le sujet. Moi j’étais sorti de tout ça. Pas Connor. Je tapotai le bar de mes doigts et décidai de changer de sujet.

-Dylan te dit bonjour.
-Oh ! (Le visage de ma mère s’éclaira). Comment va-t-elle ? Je l’ai vu une ou deux fois cet été, elle n’avait pas très bonne mine.
-Elle me harcèle toujours, ça veut dire qu’elle va plutôt bien.

Ma mère me donna une tape sèche sur le bras, et je fis mine de paraître offusqué et de lui rendre la pareille. Au moins, elle sourit. Faiblement.

-Ne soit pas si dur, enfin. Elle t’aime bien.
-Je ne sais pas où elle a été chercher une idée pareille.
-Travis.

Je me tus instantanément. C’était le « Travis » qui annonçait que si je continuais sur cette lancée, elle allait me gonder comme un enfant, me priver de dessert, et pire que tout, de moto. Les desserts, je pouvais les piquer. Les motos, mes limites morales m’en empêchaient. Ma mère se replongea dans ses comptes et y était tellement absorbé que je sursautai quand elle dit :

-Tu veux qu’on parle du courrier de ton père ?

Je la dévisageai, mais elle n’avait pas levé la tête. Il était rare qu’elle pose la question. Moins on parlait d’Hermès ici, mieux ça valait.

-Que veux-tu que j’en dise ? marmonnai-je, le poing contre ma joue.
-Les messages de ton père sont rarement anodin, Travis, et tu le sais. Qu’est ce qu’il t’a demandé ?

Je grognai dans ma barbe, et elle leva enfin les yeux de ses comptes pour me lancer un regard acéré. Holly Alatir était loin d’être une mère tendre, mais Connor et moi étions loin d’être des anges, alors je supposais qu’on l’avait mérité.

-Pas grand chose, élaguai-je en jouant avec la sonnette qui décorait le bar.
-Il t’a demandé de retourner à la Colonie, c’est ça ?

L’inquiétude se sentait dans la voix de ma mère et je m’empressai de la rassurer :

-Non, non bien sûr que non ! Tous les enfants finissent par partir de la Colonie, tu sais. Même Percy s’en éloigne, de ce qu’on m’a dit.

Le « on », c’était ma demi-sœur Julia, Commère-en-Chef du bungalow Hermès. Elle se faisait un plaisir de me rapporter chaque ragot par message. Ainsi, j’avais appris dans le courant du mois de septembre que Connor avait encore trouvé le moyen de s’attirer la colère du bungalow de Déméter dans son entièreté, que Percy et Annabeth se faisaient rares dans le coin, qu’ils avaient reçu un hologramme de Léo Valdez annonçant que finalement, lui et son dragon ne s’était pas explosé en plein ciel l’été dernier, et que Will Solace, un garçon que j’avais toujours apprécié, semblait plus ou moins en situation ambiguë avec Nico Di Angelo – ce qui avait achevé de me prouver que la Colonie marchait sur la tête depuis que je l’avais quitté. Ma mère m’observa un instant.

-Alors qu’est ce qu’il te veut ? Ça doit être le quatrième message du mois. Presque autant que tu n’en as jamais eu dans ta vie !
-Ce n’est pas faux, admis-je avec dépit.
-Alors qu’est ce qu’il te veut ? (Elle lança un regard noir au plafond). Hey espèce de lâche, qu’est ce que tu veux faire de notre fils ?
-Maman, chuchotai-je précipitamment en lui prenant le bras.

J’étais intervenu autant parce que certains clients commençaient à tourner la tête que parce que j’avais toujours trouvé ça risqué d’insulter impunément et ouvertement les dieux. Mais mon père ne parut pas en tenir rigueur à ma mère, car Martha et George ne vinrent pas en mode « python » se disputer pour l’avaler tout cru – ils avaient menacé ça de faire ça à Dylan, je crois bien, et je n’aurais pas été contre.

-D’accord, chuchotai-je, cédant devant le regard acide de ma mère. Il m’a demandé quelque chose, mais ce n’est pas grave.

Là dessus, je lui racontais l’histoire d’Alice, comment elle avait perdu sa jumelle, et l’inquiétude que j’avais depuis qu’elle n’était pas réapparu une seule fois à la Colonie. Il était vrai que je m’étais toujours dit que j’allais un jour aller à Los Angeles, voir si elle se remettait, mais avec Gaïa j’avais toujours remis cela à plus tard. Si maintenant même mon père m’ordonnait de la chercher, c’était que quelque chose la menaçait réellement. Ma mère me fixa un instant, ses yeux bleus ne reflétant aucune émotion, puis elle finit par hocher la tête.

-Oui. Je … Je peux comprendre qu’il veuille retrouver ta sœur. Mais il ne peut pas le faire lui même ? C’est un dieu, après tout.
-Justement, les dieux aiment bien faire participer leurs enfants à leurs jeux, grommelai-je avant de lever la main en direction du ciel. Sans rancune, p’pa.

Ma mère eut un mince sourire.

-Et il t’a dit au moins, comment la retrouver ? Je veux dire, elle n’habite pas à Los Angeles ?
-Non. Enfin, il m’a dit de ne pas commencer là bas. Que je retrouverais Alice en trouvant … C’était quoi la formulation exacte ? Ah oui ! « M’aidant de la fille aux yeux qui changent de couleur ». Tu connais une fille qui change les yeux de couleurs ?
-Dylan, répondit immédiatement ma mère, s’amusant de mon air désespéré. J’ai toujours trouvé que ses yeux étaient plus foncés en hivers que l’été.

Je me frappai le front du plat de la paume et ma mère laissa échapper un petit rire.

-Sinon je ne sais pas, ça me paraît obscure. Il ne t’a pas laissé d’autres indices ?
-Non. Il faut que je trouve cette fille qui change de couleur d’yeux.

Ma mère parut réfléchir un instant, faisant négligemment tourner son stylo entre ses mains. Son visage se figea en une expression grave.

-Très bien. Evidemment qu’il doit avoir un problème avec ta sœur si ton père veut que tu la retrouves. Mais je ne veux pas que cela influe sur tes études, tu m’entends, Travis Alatir ? Tu as dû faire des sacrifices pour t’offrir cette chance. Ne gâche pas tout parce que ton père te l’a demandé.

Je hochai la tête, promettait de faire de mon mieux. Je ne comptais évidemment abandonner ni Alice, ni mes études. Le problème quand on était un Sang-Mêlé, c’était qu’il était difficile de concilier les deux. Ma mère dût prendre conscience de mon trouble, car elle m’autorisa à prendre mon après-midi. Je montai immédiatement dans ma chambre, passai devant celle de Connor sans m’y attarder et m’installai à mon bureau. Je m’apprêtai à lance un jeu à l’ordinateur pour me détendre quand un détail attira mon attention. Un cadre photo qui n’avait jamais été sur ce bureau. Je le contemplai un instant et levai les yeux au ciel, comme si je pouvais voir mon père à travers le plafond.

-Sérieusement, p’pa ? T’es pire harceleur que Dylan.

C’était une photo d’Alice. Mais pas d’Alice seule, Alice avec sa sœur Camille sur une balançoire. La photo me déchirait le cœur. Ma demi-sœur avait l’air cent fois plus heureuse sur cette photo qu’elle ne l’avait jamais été dans le bungalow 11.
Bien. Papa tenait réellement à ce que je retrouve ma sœur. Et je ne voulais pas me retrouver entre deux harceleurs. J’avais assez de Dylan dans ma vie.

***


Ils étaient sur le bord d’un fleuve. Les deux fillettes de type asiatique et un satyre – je reconnus Grover entre mille. Il faisait nuit pourtant ils continuaient à avancer, à marche forcée. Grover tenait sa flûte de pan tellement serrée entre ses doigts que ses jointures blanchissaient et les petites filles étaient blêmes de terreur. L’une d’entre elle saignait à la tempe. Puis tout ce passa très vite. Un immense Cyclope émergea des bois qui bordaient le cours d’eau. Aussitôt, Grover porta sa flûte à sa bouche. Pourtant, pas assez vite. Un grand coup de sa main envoya valser une des deux fillettes dans le fleuve. Et les courants emportèrent son corps et les cris de sa sœur. Je voulus crier. Je voulus m’élancer. Mais la seule chose que je puis faire, c’est regardé le corps de Camille Miyazawa passé inerte devant moi, le visage ensanglanté et disparaître dans les flots.

Je me réveillai en sursaut et en sueur. La fenêtre de ma chambre était grande ouverte : les derniers jours de septembres étaient étrangement chauds. Ou était-ce simplement moi qui mourrait de chaud. Je me laissai retomber dans mes draps, haletant, et me pris le visage entre les mains. Je faisais ce cauchemar depuis qu’on avait recueilli Alice. La façon dont sa sœur était morte, frappée avec violence par un monstre, noyée par le fleuve, emportée au loin. La mort de Camille n’avait plus de secret pour moi. Puis je le figeai dans mon lit. Je n’avais jamais ouvert cette fenêtre. Je me redressai avec précipitation, m’empêtrai dans ma couverture, me cognai à mon bureau, et finis par arriver à cloche-pied à ma fenêtre. Rien en bas. En revanche, en haut, une fille aux cheveux noirs et au look débraillé fouillait dans le pot de fleur du voisin du dessus.

-Dylan ! sifflai-je avec mauvaise humeur.

La vagabonde baissa les yeux sur moi, prise de court. Dans la nuit, ses yeux semblaient si obscure qu’il semblaient aspirés la noirceur nocturne.

-Oh Travis ! Je t’ai vu à travers ta fenêtre, je pense que tu faisais un cauchemar, donc je l’ai ouverte.
-J’avais remarqué, marmonnai-je en sortant de la ma chambre, torse nu, avec mon pantalon de pyjama pour seul habillement. Comment tu as fait, d’ailleurs ?
-J’ai mes petits secrets.

Quand j’arrivai à sa hauteur, elle ponctua sa remarque d’un clin d’œil. Elle avait encore son bonnet enfoncé sur sa tête. J’aurais dû me mettre en colère, de la retrouver une nouvelle fois à me coller aux basques, mais après mon cauchemar, la seule chose que je voulais c’était de l’air frais. Un moment au calme pour calmer mes palpitations de mon cœur. Alors regarder Dylan voler des plantes dans les pots des voisins, ce n’était pas si terrible. Pour une fois que ce n’était pas moi qui volait. L’air frais de la nuit m’éclaircit instantanément les idées et diminua ma chaleur corporelle. Si ma tenue ne parut pas gêner Dylan outre mesure, mon manque de réaction parut l’intriguer. Elle leva les yeux de la bourse dans laquelle elle était en train de mettre la plante qu’elle venait de voler avec sa petite pelle.

-Quoi ? Pas de « qu’est ce que tu viens foutre ici ? » ou de « Arrête de me harceler » ?
-Hum. Ça fait presque dix ans que je te répète ça, je crois bien que j’ai perdu espoir. Mais tu vas me dire un jour pourquoi tu me suis partout ?
-Je t’aime bien, répondit-t-elle avec un sourire énigmatique. Ton frère m’énerve par contre, tu sais qu’il m’a volé mes clefs de voiture une fois ? Un vrai cauchemar, heureusement que j’avais un double.

Je gardai le silence, vaguement mal à l’aise. Ce que Dylan ignorait, c’est que j’avais connaissance cet épisode, et que ces clefs reposaient à présent dans une boite dans laquelle nous mettions tout les objets que nous volions.

-Tu fais quoi en fait, ici ? demandai-je pour éloigner le sujet. A part me harceler. Tu voles des fleurs ?
-Juste les fleurs utiles. Regarde celle-là. (Elle sortit de sa besace un sachet contenant une fleur orangée avec toute sa racine et dans le fond de l’eau pour la nourrir). Un pavot de Californie. Ça aide à diminuer l’anxiété et à la limite ça peut te faire dormir.
-Je ne savais pas que tu t’y connaissais en fleurs médicinales, me moquai-je, impressionné malgré moi.

Dylan rit, et étrangement, je sentis une petite pointe d’amertume au fond de sa voix.

-Pas très étonnant, tu ne sais rien sur moi.
-Tu me harcèles, j’en sais bien assez.

Dylan s’esclaffa et cette fois je la sentais plus sincère. Elle était étrangement moins mystérieuse dans la nuit. Je souris, ce sourire idiot qui me vaudrait le regard noir d’Annabeth Chase.

-Et tu es indienne. Euh. Ute* ?
-Amérindienne, rectifia-t-elle tranquillement. Et oui, Ute. Mais pourquoi ça t’intéresse ?
-Je ne sais pas. Peut-être que les Utes ont une règle qui autorise les harcèlements ? Ça expliquerait bien des choses.
-Je ne te harcèle pas, grogna Dylan en glissant une nouvelle plante dans un sachet.
-Hey ! Mais c’est des orties !
-Mêmes les mauvaises herbes ont leur utilité. (Elle me donna un coup de poings dans l’épaule). Comme toi.

Je me mis aussi à rire. Dylan finit par finir son œuvre et elle rangea sa pelle dans sa besace. Ses mains étaient couvertes de terre et son bonnet était de travers.

-Donc tu récoltes des plantes utiles. Dans les pots de mes voisins. Et tu m’ouvres ma fenêtre parce que j’ai chaud.
-Et j’aurais pu te faire une infusion de pavot de Californie. Ça t’aurait aidé à dormir. Tu faisais un cauchemar, non ?

Je lui jetais un regard torve. Un des trucs agaçants de Dylan revenait au gallot : cette impression qu’elle lisait en moi comme un livre ouvert. Et le fait qu’elle m’espionnait, aussi. Bref, ces petites choses qui faisaient que Dylan était Dylan. Elle sourit doucement et sortit la fleur pour me la donner.

-Tiens. La prochaine fois, fait la bouillir dans de l’eau – pure, sans calcaire de préférences. Et tu prends ça sans stimulant. Pas de café, et pas de clope.
-Les clopes ça ne stimule pas.
-Ça graisse tes poumons.
-Dylan, tu vas me dire pourquoi tu récoltes les plantes de mes voisins ? Tu ne peux te les faire pousser chez toi ?

Elle sourit encore, un sourire tenu et mystérieux. Elle essuya ses mains sur son jean rapiécé. Ma question me mettait moi aussi mal à l’aise car elle mettait le doigt sur un détail qui m’échappait toujours : je ne savais pas où habitait Dylan. Juste qu’un jour elle avait habitée la réserve des Utes dans les Rocheuses, et qu’elle était arrivée à Denver. Depuis, elle ne le lâchait plus. Je ne savais ni au était la maison, ni où elle allait au lycée – si elle allait au lycée.

-Non, je ne peux pas, répondit-t-elle tranquillement. Je n’ai pas de jardin. Alors oui je viens les piquer. C’est mon père qui m’a appris tout ça. Et je voulais faire une récolte avant …

Elle s’interrompit et me lorgna d’un air circonspect. Elle se mit à tripotait machinalement son capteur de rêve qui pendait sur son sternum. Je haussai les sourcils, attendant la suite. C’était bien la première fois qu’elle mentionnait quelqu’un de sa famille. Ainsi donc elle avait un père ?

-Avant quoi ?
-Avant l’automne, marmonna-t-elle en se replongeant dans sa besace. Sinon je n’aurais plus rien. Et j’ai pas de place pour une serre. Alors je fais des … réserves.

Je hochai la tête. Je ne comprenais pas vraiment la passion de Dylan pour les plantes, mais ça la rendait plus humaine. Ça devait être notre première vraie conversation depuis qu’elle était arrivée à Denver. Et c’était … étrange. Soudainement, je me demandais si j’avais déjà fait l’effort d’avoir une conversation avec elle. Chaque fois qu’elle me suivait, j’étais soit avec Connor, et nous faisions tout pour l’éviter, soit j’étais seul et trop agacé pour m’intéresser à elle.

-Et tu … tu vis avec ton père ?

Elle fronça les sourcils et le lança un drôle de regard. Elle ne devait pas être habituée au fait que je pose des questions. Sa réponse fut sèche :

-Non, il est mort. C’est pour ça que je suis partie de la réserve.

Dylan se leva brusquement, les doigts crispés sur la lanière de sa besace. La remarque venait de refroidir brusquement l’atmosphère, bien plus que n’aurait pu le faire n’importe laquelle de mes piques.

-J’y vais, fit-t-elle d’une voix nettement plus distante. On se voit sans doute demain ? Je n’ai pas fini de te harceler. Et fais bouillir cette plante.
-J’y penserai, soufflai-je en m’efforçant de ne pas paraître ébranlé. Salut, Dylan.

Dylan eut un sourire forcé, m’enjamba et se précipita vers les escaliers, sans se retourner. Je la regardai sauter sur le trottoir avec assurance, et songeai vaguement que c’était la première fois que c’était elle qui me quittait et pas l’inverse. Je me sentis vaguement mal, avec un pincement au cœur. C’était cela qu’elle ressentait, chaque fois que je la congédiais dans la moindre douceur ? Je l’observai s’enfoncer dans la nuit, jusqu’à qu’elle tourne à un coin de rue, silencieuse comme un ombre, avant de me mettre à nouveau en mouvement. Je descendis lentement les marches de l’escalier de secourt. J’allais retourner dans mon lit, maintenant frigorifié, quand un cri de pure terreur me figea sur place.
C’était la voix de Dylan.



*Ute : tribu amérindienne qui possède des réserves dans le Colorado (et aussi dans l'Utah je crois bien).

Oui je sais, il faut que j'arrête de finir mes chapitres comme ça. ça vous obligera à revenir lire le prochain chapitre :lol: :lol:
Dernière modification par Perripuce le lun. 26 févr., 2018 4:15 pm, modifié 1 fois.
Flammeche7

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Message par Flammeche7 »

J'ai un nouveau ship
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Re: La Cour des Miracles [PJ/HdO]

Message par cochyo »

T'es insuportable de finir comme ca !! :evil:

J'ai adore comment tu as decrit la situation a la colonie :lol:
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Re: La Cour des Miracles [PJ/HdO]

Message par Cazolie »

Flammeche7 a écrit :J'ai un nouveau ship
Naaaoerghgdfhgqfhdsbf j'ai pas encore eu le temps de lire
Cazolie

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Re: La Cour des Miracles [PJ/HdO]

Message par Cazolie »

Flammeche7 a écrit :J'ai un nouveau ship
ahahahahah
(oui j'ai lu maintenant)
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Message par Flammeche7 »

Cazolie a écrit :
Flammeche7 a écrit :J'ai un nouveau ship
ahahahahah
(oui j'ai lu maintenant)
"et que Will Solace, un garçon que j’avais toujours apprécié, semblait plus ou moins en situation ambiguë avec Nico Di Angelo"
Et ça aussi haha
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Message par Zaz90 »

Flammeche7 a écrit :
Cazolie a écrit :
Flammeche7 a écrit :J'ai un nouveau ship
ahahahahah
(oui j'ai lu maintenant)
"et que Will Solace, un garçon que j’avais toujours apprécié, semblait plus ou moins en situation ambiguë avec Nico Di Angelo"
Et ça aussi haha
héhé effectivement (je m'incruste :D)
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Re: La Cour des Miracles [PJ/HdO]

Message par Perripuce »

Bonjour :D

Bon je sais que j'avais laissé un peu cette histoire en suspens, parce que j'étais plus sur Lucy et parce que c'est pas tout ça mais j'avais des partiels et des cours relous et tout, mais bon, j'ai écrit le nouveau chapitre (youyou).

Je conseille à ceux qui lise de tout relire :lol: :lol:

Question importante : euh, qui je dois prévenir? Parce que personne me l'ai dit explicitement alors dans le doute je le fais pas mais dites moi :lol: :lol:

Allez bonne lecture :)

Chapitre 3 : La cours des miracles.


Je n’ai même pas pris le temps de prendre un Tee-shirt. Juste d’attraper mes converses que je ne laçais même pas et le mousqueton qui dissimulait mon poignard de bronze céleste avant de descendre dans le rue, et de courir plus vite que je ne l’avais jamais fais dans un match de basket jusque l’endroit où Dylan avait disparu. Durant ma course effrénée, le poignard se transforma dans ma main et je retrouvai la sensation du manche contre ma paume avec facilité et familiarité. Non, vraiment, mes vieux reflexes de Sang-Mêlé ne m’avaient pas quitté. Je tournai au coin de la rue, le cœur battant à tout rompre et l’adrénaline gonflait mes veines. Aucune trace de Dylan, seulement de quelques passants et voitures, rares, abandonnés à trois heures du matin. Denver n’était pas comme New York. On dormait, à Denver. Je balayai la rue du regard, l’angoisse m’étreignant plus que je ne voudrais l’admettre et hurlai à plein poumon :

-Dylan !
-Ici ! l’entendis-je après un instant.

Mon soulagement fut de courte durée. Le cri de Dylan fut accompagné de bruitage, bruitages que j’avais trop entendu durant les deux guerres que j’avais vécues à la Colonie. Le son caractéristique de la lutte, des lames qui s’entrechoquaient. Qui venait de la ruelle d’en face. Je m’y rendis avec précipitation, l’air frais cinglant ma peau nue. Deux individus, deux femmes aux cheveux blonds, se tenait devant la jeune fille. Dylan était coincée dans l’impasse, ses yeux farouches étincelants dans la nuit, une entaille à la joue et un arc à la main.
Stop. Arrêt sur image.
Dylan, menacée par deux filles ?
Et un arc ?!
Je tentai de mettre mon appréhension de coté et tint fermement mon poignard en main en m’avançant. Une des filles devant Dylan se tourna vers moi et je m’efforçai de ne pas avoir un mouvement de recule. Elle était … tombante de beauté. Réellement, même dans le noir, je pouvais percevoir les courbes fines de son visage, l’étincelle malicieuse dans ses yeux, la sensualité qui se dégageait de son corps félin. Elle eut un sourire rayonnant.

-Oh regarde Katia, en voilà un autre, susurra-t-elle d’une voix envoutante.

L’autre fille, tout aussi ravissante, se retourna, et sourit avec joie.

-Mignon en plus, ajouta-t-elle en mettant coquettement la main devant la bouche. Tu ne crois pas qu’ils devraient tous s’habiller comme ça pour combattre ?

Troublé, je baissai mon arme. Ses deux filles paraissaient tout à fait inoffensives. Alors pourquoi Dylan avait-elle hurlé ?
Et que faisait-elle avec un arc ?!

-Un autre quoi ? m’enquis-je, les sourcils froncés.

Les filles gloussèrent un instant. Malgré moi, je ne pouvais m’empêchais d’être hypnotisé par le mouvement de leurs chevelures, le son cristallin de leur rire. Fascination qui vola en éclat quand le rire de l’une d’entre elle, Katia, se transforma en gémissement étranglé. Elle laissa tomber son regard sur sa poitrine, d’où la pointe noire d’une flèche dépassé.

-Salope, laissa-t-elle échapper avant de s’écrouler.
-Garce ! siffla la deuxième en se tournant vers Dylan, dont l’arc s’était munie d’une nouvelle flèche. Tu vas le payer !

Et elle se changea de tout au tout. Son visage se transforma en un masque de laideur, ses traits se firent moins gracieux et quand elle s’élança vers Dylan, sa jambe faisait un drôle de bruit, comme si elle était en métal.
Une empousa, me dis-je, pestant contre moi-même.
Quel imbécile que je faisais. Avant que Dylan n’aie pu encoché sa flèche ou encore songer à tirer, mon poignard atteint l’empousa au milieu des omoplate et s’enfonça jusque la garde. Par mesure de prudence, Dylan décrocha sa flèche et je vis sa pointe en ressortir, juste à droite de mon poignard. Avec un cri étouffé, la seconde empousa s’effondra à coté de sa sœur, du sang s’écoulant à flot de sa poitrine. Je contemplai le spectacle, dégouté. Moi qui m’était promis de mettre fin à tout cela, ma condition précaire de demi-dieu me rattrapait avec bien trop de facilité. Il fallait se faire une raison. On n’échappait pas à ce qu’on était. Quelques secondes plus tard, elles s’évaporèrent en une poussière dorée, retournant au Tartare duquel elles étaient issues.

-Travis …

Je levai les yeux sur Dylan, toujours collée au mur contre lequel les empousai l’avaient coincée. Elle avait toujours son arc, fait dans un bois sombre, simple mais puissant, en main. Ses yeux verts, étincelants, paraissaient si sombres dans l’obscurité qu’ils paraissaient noirs. En la voyant ainsi, les épaules voutées, son arme à la main, je repensai à ce que la empousa avait dit. « En voilà un autre ». « Un autre quoi ? » avais-je naïvement répondu.
C’était évident, à présent. L’arc, les montres, le combat. Malgré moi, un demi-sourire de dépit me déforma les lèvres. J’allais interroger mon harceleuse quand je vis ses yeux s’écarquillaient et l’entendis hurler :

-Travis derrière toi !

Mais je crois que c’était trop tard. Quelque chose de glacer transperça mon dos et s’enfonça dans mes entrailles.

-Pour mes sœurs, fit une vois sensuelle à mon oreille, avant de retirer vivement le poignard de mon dos.

Je hoquetai, sous le choc. La douleur vint ensuite et m’aveugla, me fit perdre le sens de réalité. Je me sentis à peine tomber à genoux, étourdis. Je ne vis pas Dylan tirer la flèche qu’elle avait encoché. Je me laissai aller à terre, à quatre pâtes. Je voyais trouble et une douleur lancinante me labourait les entrailles. Je tombai à plat ventre et Dylan se précipita vers moi, lâchant son arc qui alla s’écraser au sol. Elle me força à me mettre sur le flan, et posa ma tête contre ses genoux, me dévissant le cou pour me forcer à la regarder. Mais je ne la voyais pas. La seule chose que je perçus, ce fut une autre empousa, une flèche plantée entre les deux yeux, et les yeux sombres et inquiets de Dylan au dessus de moi. La douleur noyait le reste.

-Travis, souffla-t-elle en me palpant la joue, puis la plaie. Oh di Immortales …

Le juron acheva de me convaincre, et je ne pus empêcher un petit rire de sortir de ma poitrine. Pendant que Dylan pressait ma plaie avec un chiffon qu’elle avait sorti de sa besace, à travers la brume qui envahissait mon cerveau, la lumière se fit dans mon esprit. Je captai une dernière fois son regard, un demi-sourire aux lèvres.

-Tu … es … une sacré cachotière. ..

Et les ténèbres m’entourèrent.

***


-Il ne va pas mourir, hein ?
-Avec une plaie pareil, ce ne serait pas surprenant.
-Mais non ! Mais non, pas avec tout le nectar et l’ambroisie qu’on lui a donné ! Et Dylan sait ce qu’elle fait.
-Elle sait ce qu’elle fait ? Elle a amené un étranger à la Cours !
-Ne crie pas, Chuck ! Tu vas le réveiller, et il a besoin de repos.
-Et puis il est mignon. Dans le genre lutin. Il méritait peut-être qu’on le sauve ?
-C’est quoi cet argument Anna ?
-Fermez-là tous ! Je crois qu’il se réveille.

Les voix se turent et laissèrent mon esprit en paix un instant. Mes doigts s’agitèrent et frôlèrent les draps dans lesquels j’étais allongé. Ce n’était pas les miens. Les miens étaient doux et sentait la lavande, que la vieille veuve Dawson, qui faisait notre lessive, ajoutait à chaque lavage. Ce n’était pas non plus mon lit. Ce n’était pas le plus confortable des matelas, mais certainement pas la planche de bois sur laquelle j’étais installé. Mes paupières s’ouvrirent et la lumière m’aveugla, me forçant à les refermer aussitôt et quand je bougeai, une douleur étincelante traversa mon dos et m’arracha un gémissement. Une main se posa sur mon épaule nue, et me repoussa fermement sur les draps.

-Ne fais pas l’idiot, Travis. Bois.

Cette voix, je la connaissais. J’en étais certain. Je sentis un verre se poser contre mes lèvres, et je me rendis compte que j’étais assoiffé. Je bus le contenu d’une traite. Un café latté. Ma boisson préférée, celle que je prenais toujours en revenant des cours, la partageant avec Connor sur le bar. Cette chaleur apaisa un peu ma douleur et quand ma tête se reposa contre mon oreiller, elle était moins lourde. Je me forçai à ouvrir les yeux, les paupières mi-closes et observai la fille qui venait de me nourrir.

-Chelsea ? reconnus-je avec stupeur.

Sa voix était éraillée, et mes lèvres étaient tellement sèches qu’elles menacèrent de craquer. La guitariste blonde sourit tranquillement, et posa le verre à terre. Deux personnes l’accompagnaient, un garçon grand, baraqué, aux cheveux noirs coupés en brosses et aux yeux durs, et une fillette d’à peine dix ans aux deux nattes brunes. Je les observai tous les trois, pataugeant dans la perplexité.

-Qu’est ce que tu fais ici ? demandai-je d’une voix faible à Chelsea. Ou est-ce qu’on est ?
-Qu’est ce que tu fais ici, c’est une bien bonne question, marmonna le garçon, l’air vaguement de mauvaise humeur. Je vais prévenir le lieutenant.

Là dessus, il quitta la pièce, une pièce dépourvue de fenêtre et semblait être en sous-sol, me laissant avec les deux filles. Chelsea me sourit doucement, et écarta une boucle trempée de sueur de mon visage.

-Dylan t’a ramené ici avant-hier, dans la nuit. Tu étais gravement blessé, tu as tellement saigné que je me suis demandé si je n’allais pas te perdre … Mais on a réussi à mobiliser toutes nos maigres sources de nectar et d’ambroisie pour te maintenir en vie.

Alors qu’elle me parlait, les souvenirs se remettaient en place dans ma tête. Dylan sur l’escaliers de secourt, volant des plantes. Son cri, une fois partie. Le combat contre les empousai. La troisième que je n’avais pas vu et qui m’avait enfoncé une dague dans le dos. A ce souvenir, je portai vivement la main à l’endroit où le métal avant entamé ma chair, mais le geste m’arracha un autre cri, et Chelsea me prit fermement le poignet.

-Calme-toi. Tout va bien, maintenant, ta plaie s’est refermée, tu n’auras plus qu’une vilaine cicatrice. Une de plus, fit-elle remarquer en posant les yeux sur la ligne blanche qui barrait mon biceps, souvenir que j’avais hérité du siège de New-York.
-Comment Dylan a fait pour me ramener ici ? Et ici c’est où ? Et comment tu connais Dylan ? Et …
J’aurais sans doute continué un long moment, mais la petite fille aux nattes à coté de Chelsea se mit à rire.
-Quoi ? se défendit-elle quand Chelsea lui lança un regard noir.
-Anna, va chercher d’autre bandage. Tout de suite.

La petite parut hésiter. J’observai la fille, ses nattes, mais quand je m’attardai sur ses yeux, ma tête failli tourner. Ils étaient hypnotiques, presque jaunes, intenses. Elle finit par sortir de la pièce, les pieds trainant. Le regard de Chelsea s’adoucit et elle soupira profondément.

-Fait attention à Anna, c’est une fille de Morphée qui a encore du mal avec ses pouvoir. Dylan m’a appelé, j’ai réussi à venir vous chercher avec Chuck et on t’a ramené ici. Chuck n’était pas content, mais ça lui passera – dès qu’il peut faire quelque chose qui nuit à Dylan, il le fait.
-Elle …
-Va parfaitement bien. Une petite blessure sans gravité à la joue. Et elle ne va pas tarder à arriver. Elle t’expliquera tout – dans la mesure du possible.

Je fronçai les sourcils, et voulus interroger encore Chelsea, mais celle-ci refusa d’un signe de tête. Anna revint avec des bandages et la jeune guitariste m’obligea à découvrir mon torse et à me redresser, ce qui fit glousser Anna, et me fit rougir d’embarras. A part hier où j’avais réellement agis sur un coup de tête, je n’avais pas pour habitude de montrer mon torse aux filles – surtout pas quand c’était des jeunes filles de quinze et dix ans. Pas qu’il y avait grand chose à voir, Connor et moi avions toujours eu ce que ma mère appelait des « torses de crevette », que les années de baskets avaient à peine commencée à sculpter, mais quand bien même, c’était une question de pudeur. Avec difficulté, je me tournai sur le ventre pour que Chelsea puisse examiner la plaie dans mon dos.

-La cicatrice est belle, se félicita-t-elle en retirant mes bandages. Demain, je t’enlève tes points de suture, si tout va bien.
-La guitare, la guérisseuse … Tu ne serais pas une fille d’Apollon, par hasard ? raillai-je, la tête dans mon oreiller.
-Bien vu. Et Danny – tu sais, le gosse qui m’accompagnait au chant ? – et bien c’était un fils de Venus.
-Sans déconner.

Mais malgré tout, je notai qu’elle avait utilisé le nom de « Vénus » et non « Aphrodite » pour qualifier Danny. Etais-je tombé dans un centre avancé de la Douzième Légion Romaine ? Je me détendis malgré moi. Si c’était le cas, je n’avais rien à craindre. La hache de guerre était enterrée depuis la fin de la guerre contre Gaïa et s’était tant mieux. Alors que Chelsea palpait ma plaie avec précaution, j’entendis des pas résonnaient dans la pièce et je tournai la tête vers la porte. Chuck était revenu, toujours morose, les bras croisés sur son puissant poitrail. Derrière lui, s’avançant toute menue dans son Tee-shirt trop grand et sa veste en cuire, Dylan. Aussitôt, les doigts de Chelsea quittèrent mon dos et la petite Anna baissa les yeux, presque intimidée.

-Laisse, Chelsea, je vais finir ça, dit la jeune fille en prenant le bandage que la fille d’Apollon avait laissé à terre. Et Anna, va prévenir Julio qu’il y aura quelqu’un de plus au déjeuner – et que si cette fois il me fait bouffer du McDonald, je l’emmène devant Clopin pour qui se fasse rapiécé.
-Tout de suite Dylan, firent les deux filles en quittant précipitamment la pièce.

Chuck les suivit, non sans un regard noir pour moi et Dylan. Je fixai moi aussi la jeune fille, mon harceleuse si agaçante et si mystérieuse. Mais elle, me tournait le dos et fouillai dans les placard ou en tirer quelques bocaux avant de s’installer sur ma couche, mise à même le sol et d’examiner ma blessure. Une petite plaie lui barrait la joue, mais dans l’ensemble elle était indemne. Comme elle ne semblait pas décider à m’offrir les explications promises par Chelsea, je décidai d’ouvrir les hostilités.

-Alors ainsi tu n’aimes pas le McDo. Bien bien. Voici la preuve ultime que tu es définitivement une fille bizarre.
-La ferme, mauvaise herbe, siffla Dylan entre ses dents (mais je sentais le sourire dans sa voix). Tu m’as foutu une peur bleue. On ne t’a pas appris à rester en vie dans ton camp ?
-Et toi, tu m’as fait des cachotteries. J’étais loin de me douter que tu étais une Sang-Mêlé. Les deux raquetteurs, je les avais capté il y a un moment. Toi ? J’avoue être surpris.

Dylan ne répondit pas tout de suite. Je la sentis farfouiller dans les bocaux avant d’étaler une pâte épaisse sur ma cicatrice. Ça picota un instant, mais une douce fraicheur se diffusa dans ma plaie et calma la douleur.

-C’était un peu le but, dit-t-elle enfin d’une voix neutre. Que tu ne devines pas qui je suis. Et s’il n’y avait pas eu ces empousai pour me forcer à me démasquer, jamais tu n’aurais su.
-Alors qui tu es ? Ton père est un Sioux, donc ça doit être ta mère. Ça exclut Apollon – dommage, ça aurait expliqué l’arc. Hum. Déméter ? Ou … C’est quoi son nom Romain ? Enfin peu importe. C’est pour ça que tu voles des plantes ?
-Non. Ne cherche pas, tu ne trouveras pas. Et mon père était Ute, pas Sioux.

Au son de sa voix et au ton employé, je m’en voulus d’avoir parler de son père. Avec ce qui s’était passé, j’avais oublié l’aveu qu’elle m’avait fait sur les escaliers – qu’il était mort.

-Je suis où, Dylan ? m’enquis-je alors pour changer de sujet.
-A la Cour des Miracles, répondit-t-elle d’une voix douce. Redresse-toi, je vais finir ton bandage.

Maugréant dans ma barbe, je m’exécutai avec difficulté et Dylan m’aida à me maintenir assis pour pouvoir enroulé une bande serrée autour de mon ventre. Dès que ce fut fait, je rabattis ma couverture sur moi. Certes, Dylan m’avait déjà vu torse nu, mais en pleine lumière, ça passait beaucoup moins.

-Et c’est quoi la Cour des Miracles ? Un poste avancé du Camps Jupiter ?

Dylan, qui était en train de ranger les bocaux, éclata de rire. Elle passa un doigt sur la lanière de son collier et m’observa d’un air amusé.

-Le Camps Jupiter … Par les dieux Travis, surtout pas ! C’est justement ce que nous fuyions.
-Le Camps Jupiter ? m’étonnai-je. Mais pourquoi vous le fuyiez ?

Dylan balança sa tête de droite à gauche, l’air d’hésiter. Sous la lumière artificielle que projetait l’ampoule nue au plafond, ses yeux paraissaient réellement d’un noir charbon. Je me dis sur le coup que ça doit être important, mais les paroles de Dylan emportent cette intuition. Elle avait fermé les yeux, les doigts crispés sur son capteur de rêve et s’était mise à fredonner :


Peut-être connaissez-vous ce repère
Que les Gueux de Paris ont choisi pour tanière.
Ce lieu est un tabernacle
Qu’on baptise la Cour des Miracles … - Joyeux Spectacle !

Où les Boiteux dansent …
Où l’aveugle voit !
Les morts font silence !
Le silence de mort : les morts ont toujours tord.

Nous protégeons des espions en intrusion,
Ce nid de fripons comme font les frelons.

Ce serait à la Cour des Miracles
Un Miracle étonnant
Si vous en sortiez vivant !

-Voilà, acheva-t-elle en rouvrant les yeux. Je pense que ça définit assez bien la Cour des Miracles.
-Euh … Dylan, tu n’as pas pris un coup sur la tête à ce point ? On est à Denver. Pas à Paris.

Dylan écarquilla les yeux, un instant, comme si la blague lui échappait, puis finit par secouer la tête avec désespoir.

-Non, cette chanson, elle est issue d’un dessin animé. Tu n’as jamais vu Le Bossu de Notre-Dame, quand tu étais petit ? Moi non plus, avoua-t-elle quand je répondis par la négative. Mais j’ai quand même lu le livre et cette chanson, elle est un peu devenu notre hymne. C’est ce qui nous définit le mieux.
-Y compris la fin. Euh. « Un miracle étonnant si vous en sortiez vivant » ?

Assise en tailleur, elle se trémoussa, brusquement gênée, et je compris que ce n’était pas très éloigné de la vérité. Je la fixai, médusé.

-C’est pas vrai. Vous allez vraiment me trancher la gorge ?
-Non ! Bien sûr que non ! Enfin … Pas si je peux l’en empêcher.
-Très rassurant, Dylan. Mais c’est quoi, cette Cour, une secte de Sang-Mêlé romain ?

Dylan cligna des yeux, surprise. Elle tirait tellement sur son collier que je ne serais pas surpris sur son lacet de cuire n’entamait pas la chaire de son cou.

-Non pas une secte. Ni des Romains d’ailleurs : je suis grecque, si ça t’intéresse. Chuck aussi. Non on est plus … Un camp de réfugié qui fuie la tyrannie des dieux.
-Hum … Et pourquoi ne pas simplement aller à la Colonie ou au Camp Jupiter ?

Dylan éclata d’un rire qui me fit froid dans le dos. Son visage se ferma brusquement, et ses yeux noirs étincelèrent. Pourquoi étaient-ils si sombre ?

-La Colonie ? Le Camp ? Je viens de te dire que c’est justement ce que nous fuyions ! Ces Camps de vacance, où on nous apprend à devenir de bon petits demi-dieux dociles, une belle armée de réserve pour l’Olympe, pour ensuite qu’à l’âge adulte on devienne des bons petits citoyens modèles. Merci, mais non merci. Il est hors de question que je me batte un jour contre les divinités qui jouent avec ma vie comme si j’étais rien de moins qu’un pion d’échiquier et encore moi que j’entre dans le moule comme vous le faites tous.

Elle détourna le regard, la mâchoire contractée par le ressentiment. Je la dévisageai, consterné par son soudain éclat. Elle ramena ses jambes contre sa poitrine et son regard se perdit au loin.

-Donc, tentai-je de raisonner. Vous êtes des demi-dieux qui refusent d’aller dans un des deux camps officiels. C’est cela ?
-Mouais.
-Parce que vous ne voulez pas vous battre pour les dieux, chose que je peux comprendre. J’ai fait ce choix aussi.

Les yeux de Dylan se vrillèrent vers moi, et ses lèvres s’étirèrent en un mince sourire, un sourire triste et désabusé.

-Peut-être. Avoir vécu les guerres ça doit aider. En revanche, toi, tu as fait le choix d’aller à la fac. Tu veux t’intégrer dans cette société qui est loin d’être faite pour nous. Tu te voiles la face, fils d’Hermès. Tu crois vraiment qu’en allant à la fac, en devenant le fils modèle et tournant le dos à la Colonie tu vas mettre ta condition de demi-dieu au placard ? C’est une réussite, Travis. Pas un mois de cours et tu te retrouves déjà dans un traquenard de Sang-Mêlé.

Je sentis malgré moi la colère m’envahir, colère et agacement. Premièrement, parce que le ton accusateur de Dylan me blessait. Deuxièmement, parce que ce que je détestai ce qu’elle disait. Elle parlait de moi comme si elle connaissait tout de ma vie – et elle savait visiblement beaucoup de chose.

-Oui je vois, tu sais tellement de choses sur moi ! maugréai-je en la fusillant du regard. Je suppose que tu sais aussi que mon frère considère que je l’ai abandonné et nous a claqué la porte au nez ?
-Je ne savais pas les détails. J’ai appris qu’il était resté à New-York quand je t’ai revu, ça je l’ai juste constaté.
-Tu l’as constaté, Dylan ?

Je voulus me lever, échapper à l’ambiance étouffante de cette pièce sans fenêtre et au regard sombre de Dylan. J’avais la tête en ébullition et l’horrible impression que cette jeune fille, que j’avais cru découvrir hier, me manipulait autant qu’avait pu le faire les dieux. Mais la douleur traversa mon dos et me ramener contre mes draps avec un grognement. Dylan fit un vague geste pour m’aider, mais je lui lançai un regard tellement féroce qu’elle recula.

-Tu m’espionnais ? m’enquis-je avec sécheresse. C’est pour ça que tu me harcèles ?
-On essaie de suivre à la trace tout les demi-dieux « clean », avoua-t-elle sans le regarder. Toi et ton frère étaient les seuls à Denver, et il y avait une fille à Aurora qui est une fille de Mars qui est au Camp Jupiter. C’est à moi qu’on a demandé de vous suivre, toi et ton frère, vous tenir à l’œil et vous tenir loin de la Cour.
-C’est une réussite, raillai-je, lui jetant un regard blessé. Donc tu es loin de « bien m’aimer ».
-Tu peux être pénible, mais je pense que tu as bon fond, évalua Dylan, toujours le regard au loin.

Je laissai échapper un grognement, les bras croisés sur mes draps. Dylan me regarda enfin, et je lus une once de culpabilité au fond de ses yeux.

-Je sais qu’apprendre ça, ça doit te paraître dur … Mais je faisais ce qu’il fallait pour survivre.
-Moi aussi, mais il faut croire que c’était la mauvaise façon de survivre.

Dylan se leva brusquement, furibonde, et me jeta le regard le plus noir que je n’avais jamais vu – la dernière fois que j’ai vu un regard de cette intensité, j’avais fait une blague de mauvais goût à Nico Di Angelo.

-Je n’ai pas dit ça !
-Alors explique moi simplement, au lieu de m’agresser !

Elle commença à faire les cents pas devant ma couche de fortune, comme un lion en cage. Puis elle se réinstalla en tailleur devant moi, et soupira profondément.

-D’accord. Je viens t’expliquer. Si tu me jures sur le Styx de ne parler de nous à personne.

Avec un regard circonspect, je jurai malgré moi et Dylan entonna son récit. Le pionner de cette entreprise était un certain « Clopin », un fils d’Apollon qui s’était échappé du Camp Jupiter après avoir fait une faute grave, et qui ne supportait plus la discipline du Camp. Il était originaire d’Aurora et s’était installé dans une ferme désaffectée et en ruine entre Denver et les Rocheuses. Entre temps, il avait rencontré une petite fille de huit ans, Dylan en l’occurrence, qui venait de fuir la réserve où son père était mort. Ensemble, ils s’étaient reconstruit dans cette ferme, et avant accueilli tout les demi-dieux qui fuyaient les monstres et qui se refusaient à s’enfermer dans le moindre camp, à la merci des dieux et des guerres. Etant tous des enfants, la nourriture et les vivres avaient fini par manquer et arrivé à une dizaine, ils avaient fini par s’organiser et s’était séparé en deux groupes. Clopin était resté à la ferme avec une partie du groupe tandis que Dylan avait trouvé une planque, dans les sous-sols d’un immeuble de Denver, pour s’approvisionner en ville. Ainsi, Chelsea et sa musique enchanteresse et Danny et son enjôlement attendrissaient les passants et ramenaient des fonds pour autres. Dylan et ses connaissances en plantes apportait herbes médicinales et plantes comestibles. Ils avaient finis par être assez nombreux et une fille de Cérès cultivait à la ferme pendant qu’une autre enfant d’Hécate cachait leur cachette avec la Brume. Une autre planque avait vu le jour à Aurora, non loin de Denver, où un fils de Mercure faisait des ravages. En tout, ils étaient une petite quarantaine, dix dans chaque planque et le reste à la ferme, qui faisait office de QG. Ils s’étaient donnés le nom de « Cour des Miracles », tout mendiants, gueux et secte du Colorado qu’ils étaient.
Je la dévisageai, médusé. Les ramifications et l’organisation de cette Cour me stupéfiaient.

-Et … et les dieux sont au courant, de ça ?
-Ils le sont sûrement, on suppose, éluda Dylan en haussant les épaules. On n’est pas sûrs. Ils en ont tellement rien à foutre de leurs enfants qu’il ne serait pas surprenant qu’ils ne sachent rien. Ils sont égocentriques, alors du moment qu’on reste neutre, on ne les intéresse pas.
-Et personne n’a découvert votre existence ?
-Non. Enfin je crois. On reste dans la triangulation Denver-Aurora-Ferme, on ne bouge que rarement. Il y a bien Medhi, qui est sur les routes à la recherche de Sang-Mêlé perdus, mais c’est un satyre. Il les oriente d’abord vers les deux voix officielles, et s’ils sont réticents, il les amène ici.
-Personne en des années ?

Ça me semblait impossible. Dylan haussa les épaules.

-Non, je ne crois pas. Il y a bien des gens qui ont essayé de nous approcher. Un tel amassement de Sang-Mêlé à la ferme, ça attire les monstres, donc l’attention. C’est aussi pour ça qu’on se sépare en trois groupes. Ça va, à la ferme il y a une naïade et une dryade qui nous aide à masquer notre présence et le fils d’Hécate est utile aussi. Ici, c’est plus difficile, on essaie de se disperser. Mais dans l’ensemble, on arrive à survivre. Il y a bien eu un gars qui est venu, il y a quelques années, mais on l’a envoyé valser avec les honneurs. (Elle le lança un petit regard étrange). Un fils d’Hermès. Luke Castellan.
Je me figeai. Un instant, le visage de mon demi-frère décédé flotta dans mon esprit, tel que je l’avais connu avant qu’il ne bascule. Son sourire enjôleur, son regard rassurant. Il était venu demander à la Cour de lui prêter ses forces pour lutter contre les dieux. J’eus un sourire de dépit.

-Ah oui ? Mon imbécile de frère est venu vous proposer de castagner contre les dieux, et vous avez refusé ?
-Parce que Chronos ça aurait été mieux ? Quand on a compris ce qui se passait, on avait prévu d’arrêter ce gars. Les dieux c’est pas l’idéal, mais c’est moins pire que les Titans. Pour qu’on prenne les armes, ça devait être vraiment alarmant. Finalement ils sont venus nous attaquer en août, je pense qu’ils avaient peur qu’on prenne finalement le parti des dieux. On a gagné de peu, et on a réussi à garder notre secret.
-Et pendant la Guerre contre Gaïa ?
-Contre Gaïa ? s’étonna Dylan en fronçant les sourcils.

Elle paraissait réellement perplexe et j’entrepris de lui expliquer ce qui s’était passé cet été. Ses yeux s’agrandirent d’horreur.

-Par les dieux ! souffla-t-elle. J’étais loin de me douter … On est tellement déconnecté d’ici … Hey bien. Heureusement que ce Percy Jackson était là.
-Donc tu prendrais bien les armes pour les dieux ? me moquai-je en souriant.

Elle se renfrogna et bougonna que si elle le faisait, c’était pour sauver sa peau et rien d’autre. La remarque m’arracha un sourire. En fait, son raisonnement n’était pas différent du mien. Tous les Sang-Mêlé ou presque détestaient les dieux. Simplement, ils étaient la solution la moins pire.

-Et vous n’allez pas à l’école ? Genre quand tu dis que tu n’as pas ton diplôme …
-On ne va pas à l’école, non, mais on s’instruit quand même. Clopin nous oblige à prendre des cours par correspondance et on a une fille d’Héphaïstos qui a réussi à nous donner internet.
-Mais qui c’est Clopin ?

Le visage de Dylan se ferma une nouvelle fois. La couleur de ses yeux me troublait ; je ne comprenais pas pourquoi ils étaient si noirs.

-Vaut mieux pas que tu le rencontres, crois-moi. Clopin est prêt à tout pour garder notre secret et notre quiétude. Alors laisse tomber. Mon plan, c’était de t’amener ici, te soigner, et te ramener à ta petite fac tranquille fissa en continuant de te harceler pour veiller à ce que tu ne dises rien sur nous.
-Sinon Clopin me coupe la gorge, c’est ça ?
-C’est une possibilité, avoua-t-elle. Mais ce n’est jamais encore arrivé. A part les demi-dieux qui nous avaient attaqué, envoyés par Castellan. Il lui ai arrivé quoi, à lui en fait ?
-Pas envie d’en parlé, marmonnai-je, lorgnant ses iris qui me troublaient définitivement. C’est normal que tes yeux aient changés de couleurs ?

Au moment où je disais ces mots, la lumière se fit dans mon esprit. Je me redressai brusquement, faisant fi de la douleur, et empoignait fermement le menton de Dylan pour planter mon regard dans le sien.

-Hey, protesta Dylan en tentant de s’échapper.
-Pas bougé.

Ses yeux étaient verts. Ils avaient toujours été verts, un joli vert mousse. Là ce n’était pas un effet d’optique : ils étaient si noir que l’iris se confondait avec la pupille.

-Je ne rêve pas. Tes yeux … ils ont changés de couleur.
-Effectivement, cingla Dylan en se dégageant sèchement, les joues rougissantes. Toujours à chaque équinoxe. Ça alterne entre le vert et le noir, c’est parce que ma nature est liée aux saisons.
-Tes yeux ont changé de couleur, répétai-je, hébété. Alors c’est vraiment toi qui a la solution ?

Je n’y avais pas cru, quand ma mère me l’avait suggéré. Mais à ce moment, je n’avais pas su que Dylan était une Sang-Mêlé, et j’avais encore moins remarqué que les yeux de Dylan étaient changeant. Toujours ce même fait : j’avais toujours cherché à la fuir, et jamais je ne m’étais intéressé à elle, pas même à la couleur de ses yeux. Dylan fronça les sourcils.

-La solution ? De quoi ?
-La solution de … (Je fouillai la pièce du regard avec avidité, et mes yeux tombèrent sur mon sac à dos). Ah ! Je savais que tu n’étais pas idiote ! Donne moi ça !

Troublée, Dylan me tendit mon sac et en extrait mon carnet, celui qui réunissait toutes mes maigres recherches, tout ce que je savais sur Alice. Pendant que je fouillai mon cahier, l’expliquai à Dylan la mission que mon père m’avait confié, retrouver ma petite demi-sœur. Je trouvais enfin sa photo, à la première page de mon carnet et la montrait à Dylan. Ses yeux s’écarquillèrent.

-Mon père m’a demandé de m’aider de la « fille aux yeux qui changent de couleur ». Et tu es la seule que je connaisse qui réponde à cette description. Dylan, et si Alice était venue à la Cour ? Tu la reconnais ? Dis moi !
-Oui, je la reconnais, bredouilla Dylan, embarrassée. Elle reste à la ferme avec Clopin. Mais elle ne s’appelle pas Alice … Elle s’appelle Camille.
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Re: La Cour des Miracles [PJ/HdO]

Message par Cazolie »

PAUSE !

J'ai lu Chuck et Cour et ça m'a fait pensé au Songe d'une Nuit d'été (enifn plutôt le roman YA qui en est tiré) et je suis perdue

Voilà. Ce post n'a aucun intérêt

(c'était comment Life ?)

Edit : Ok c'est re-moi, mais parler d'une cicatrice barrant un biceps ça me donne envie de baver alors il fallait que je m'exprime

Edit 2 : pourquoi est-ce que Clopin ça m'évoque Notre-Dame de Paris ? (bon, le titre m'a aidée)

Edit 3 : J'aime Dylan. Et les mecs torse-nu (c'était la déclaration cheloue du soir, je vais aller m'enterrer maintenant, comme Flammèche qui répond pas à mes messages, elle est morte - mais au moins je sais à quoi ressemblent ses nouvelles chaussures)
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Re: La Cour des Miracles [PJ/HdO]

Message par Perripuce »

Cazolie a écrit :PAUSE !

J'ai lu Chuck et Cour et ça m'a fait pensé au Songe d'une Nuit d'été (enifn plutôt le roman YA qui en est tiré) et je suis perdue
Songe d'une nuit d'été ça me rappelle toujours Le Cercle des Poètes disparus :(
Voilà. Ce post n'a aucun intérêt

(c'était comment Life ?)

Edit : Ok c'est re-moi, mais parler d'une cicatrice barrant un biceps ça me donne envie de baver alors il fallait que je m'exprime Ahah j'en reparlerais alors !

Edit 2 : pourquoi est-ce que Clopin ça m'évoque Notre-Dame de Paris ? (bon, le titre m'a aidée) Parce que Clopin c'est le chef des truands dans NDdP. Ouais je sais c'est mal de copier. Mais non je m'inspire.

Edit 3 : J'aime Dylan. Et les mecs torse-nu C'est pas faute d'en mettre dans chaque récit :lol: D'ailleurs ça manque de Remus torse nu dans L&J :p (c'était la déclaration cheloue du soir, je vais aller m'enterrer maintenant, comme Flammèche qui répond pas à mes messages, elle est morte Paix à son âme- mais au moins je sais à quoi ressemblent ses nouvelles chaussures)
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Re: La Cour des Miracles [PJ/HdO]

Message par Flammeche7 »

Cazolie a écrit : Edit 3 : J'aime Dylan. Et les mecs torse-nu (c'était la déclaration cheloue du soir, je vais aller m'enterrer maintenant Comme Hugues, comme Flammèche qui répond pas à mes messages C'est extrêmement satisfaisant de te voir aussi désespérée, elle est morte Enfin - mais au moins je sais à quoi ressemblent ses nouvelles chaussures Elles sont vraiment trop belles)
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La Cour des Miracles [PJ/HdO]

Message par Perripuce »

Bien le bonjour !

Je suis fatiguée, donc en guise d'introduction je ne serais que trop vous conseiller de lire au moins la deuxième partie du premier chapitre.

ENCORE UNE FOIS j'aimerais savoir QUI je dois prévenir parce que personne ne l'a dit explicitement et j'aime pas polluer les plages, alors dès lors je considérerais que si vous laissez un commentaire vous voulez être prévenu. ça vous va?

Bisous les genseuh, et bonne lecture !

Chapitre 4 : Trouver Alice.

-Travis, calme-toi !
-Je dois rencontrer Clopin.
-En pantalon pyjama et ployant comme un vieillard ?
-Hey bien file-moi un Tee-shirt !
-Qu’est ce qui se passe ici ?

Chelsea était revenue, un paquet caractéristique entre les mains, qui fit grouiller mon ventre. Elle nous retrouvera, Dylan et moi, nous hurlant de dessus, moi à moitié plier, la douleur me déchirant le dos, et la jeune fille droite devant moi, déterminée, les bras croisés. Quand elle avisa le sac que tenait Chelsea et grogna de dépit.

-Je vais tuer Julio …
-Un McDo ! me réjouis-je en fixant le sac de Chelsea avec avidité. Parfait !
-Oui bien mange et ferme-là ! siffla Dylan. Et rassis-toi !

Sur ce, elle me poussa sans ménagement et je me laissai tomber dans mes draps avec un autre grognement. Chelsea déposa le paquet devant nous, et laissa Dylan fouiller dedans pendant qu’elle passait une main dans mon dos. Je vis ses lèvres remuer et une chaleur se diffusa et part et autre de ma cicatrice. Je poussai un soupir de soulagement et réussis à me redresser dignement. Voilà, c’était mieux que d’être vouté comme un vieillard.

-Merci Chelsea. Toi tu es une fille bien.
-Va te faire voir, mauvaise herbe.
-N’empêche que je suis sûr que Chelsea va m’emmener chez Clopin.
-Clopin ? répéta Chelsea avec horreur. Mais bien sûr que non, Travis, je ne peux pas faire ça ! Tu sais ce qu’on encourt pour t’avoir amené ici ?
-Et bien vous direz que je veux épouser votre cause, que moi aussi je veux en avoir rien à battre des dieux et tout !
-Vraiment ? douta Dylan avec un haussement de sourcil. Tu lâcherais ta fac et ta mère pour venir se terrer avec nous ?

Il y avait une note de reproche dans sa voix, et je sentais qu’elle m’en voudrait si j’abandonnai ma mère. Elles devaient avoir de l’estime l’une pour l’autre. J’ouvrai les bras sous l’air de l’évidence.

-Mais non, mais on peut lui faire croire, non ?
-Tu oublies, marmonna Dylan en secouant la tête. On ne ment pas à Clopin. Si tu dis que tu restes, tu restes.
-Et si tu ne restes pas, on est mal, Dylan et moi, enchérit Chelsea, la mine sombre. Clopin plaisante pas avec tout ça. Il ne va pas laisser le secret se dilapider, on a besoin de cette tranquillité.

Je fixai les deux jeunes filles, tout en fouillant dans le sac McDonald pour en extraire des frites qui faillirent me faire défaillir de bonheur.

-Franchement Dylan, comment tu ne peux pas aimer ça ?

Sans cœur, elle donna un coup avec mon carnet qu’elle tenait toujours à la main, et ce sèchement sur mon épaule.

-Aïe ! On ne frappe pas les blessés ! Hey, scandale ! Pourquoi y’a pas de ketchup ?

Chelsea me lorgna d’un air désespéré, et regarda par dessus l’épaule de Dylan pour voir le visage de ma demi-sœur. Ses yeux s’agrandirent de surprise :

-Hey mais c’est Camille !
-Justement, il semblerait que ce soit un problème, maugréa Dylan.

Je lui jetai un regard noir en mordant rageusement dans un chicken-nuggets. Oui, comme le disait Dylan, il semblerait que ce soit réellement un problème.
Car Camille était morte.
J’avais fait assez de cauchemar, revivant la mort de ma petite demi-sœur encore et encore. J’avais recueillie Alice brisée encore couverte de sang. Maintenant que mon estomac se remplissait et que Dylan ne me criait pas dessus, je ne voyais que peu de solution à ce mystère. Soit la fillette terrorisée que j’avais connue au camp était Camille, qui, quand elle était arrivée, c’était donné le nom de sa sœur décédée, trop troublée pour réfléchir correctement. Soit l’inverse était arrivé à la Cour, quand Alice était arrivée en se donnant le nom de Camille. Ou alors, l’autre possibilité, absolument invraisemblable, c’était que Camille avait survécu mais c’était impossible. Rien que de penser à tout cela me donnait mal à la tête.
Et la seule manière de trouver une solution à ça, c’était de me retrouver devant la gamine. Quitte à être confronté à Clopin. Dylan expliqua succinctement à Chelsea ce que je venais de lui dire sur Alice et Chelsea blêmit d’un coup.

-Travis, je ne pense pas que tu te rendes compte. Si on t’amène à Clopin, on sera punies, Dylan et moi.
-Alors quoi ? Vous fuyiez les camps tyranniques pour vous jeter dans les bras d’un autre tyran ?
-Ne parle pas de Clopin comme ça, siffla Dylan de façon mauvaise. C’est normal qu’il s’inquiète sur ça, ce secret c’est notre sécurité. Alors oui, ceux qui le dilapident peuvent se faire punir.
-Et moi, je cherche désespérément ma sœur ! Je dois parler à Camille – ou Alice, peu importe !

Je me sentais perdre pied. Les deux filles s’entreregardèrent un instant, puis Dylan quitta la chambre, disant qu’elle allait réfléchir. Je restai à potasser avec Chelsea. Elle m’expliqua que cette pièce était ce qu’il leur servait d’infirmerie, et que cette planque de Denver était constituée d’autres pièces, deux chambres pour les filles et les garçons, une pièce pour les vivres, et une autre qui servait de salle commune. Régulièrement, il y avait des rondes pour faire passer des affaires d’un point à l’autre. Danny, le fils de Vénus, vint nous tenir compagnie avant que Dylan ne revienne, flanquée du grand Chuck et d’un gringalet hispanique avec une casquette des Lakers. Chacun des deux garçons avaient un hamburger dans ma main et une marque de gifle sur la joue du latino témoignait du mécontentement de Dylan quant au choix du menu.

-C’est une blague ? s’enquit Chuck en me jetant un regard noir. Tu nous mets déjà le couperet sur la gorge et en plus tu veux actionner la guillotine ?
-Pas cool, amigo, bougonna son ami – Julio sans doute. Non seulement on se met en danger pour te sauver la peau, mais ensuite tu veux nous précipiter aux enfers. Drôle de façon de te remercier.
-Travis je te présente Julio Alvarez Da Silva, fils de Hébé, soupira Dylan en lui jetant un regard noir. Et Chuck Johnson, fils de Niké.

J’observai Julio, hispanique d’une quinzaine d’année avec une tête de poupin qui me fit un petit sourire et Chuck, avec ses cheveux noirs et ses yeux bruns calculateurs qui me rappelaient bien trop d’autres.

-On ne va pas être copain, grommelai-je en lorgnant Chuck. J’ai une de tes sœurs qui me déteste à la Colonie.
-Je haïssais mes frères et sœurs. C’est pour ça que je suis parti.
-Ah ! On va peut-être être potes, finalement.
-Pas question.

Anna arriva derrière eux, ses yeux jaunes hypnotiques balayant la salle. En tout, ils étaient six Sang-Mêlés, dont les yeux étaient vrillés sur moi, accusateurs, gênés, ou blessé. Je sentis une vague de culpabilité me parcourir. S’ils avaient risqué leur place ou je ne savais quoi d’autre pour me maintenir en vie, je ne me voyais pas aggraver leur cas. Mais malgré tout, il fallait que je me rende à cette ferme où se trouvait manifestement une de mes demi-sœurs. Je pris un autre nuggets, tentant de trouver une façon d’approcher cette ferme sans passer par mes sauveurs.

-Et si je tombais par hasard sur l’endroit en question ? proposai-je. Clopin ne pourrait rien dire.
-Tu ne connais pas Clopin, amigo, marmonna Julio. C’est un intuitif. Il sent quand on lui ment. Il sentira que ce n’est pas un hasard.
-Mec, je suis un fils d’Hermès. Embobiner les gens, je fais ça mieux que n’importe quel enjôleur. Sans vouloir te vexer, Danny.
-Ecoute Travis, soupira Chelsea en passant une main dans ses cheveux blonds. Clopin est mon frère, on était ensemble au Camp Jupiter. Ce n’est pas un tendre et il fera tout pour avoir la paix. Y compris te tuer. Je pense vraiment que tu ferais mieux de laisser tomber. Si tu veux, je peux y aller, moi, voir Camille. Je savais que tu étais un Sang-Mêlé, et inversement. Je peux récolter des informations, et je te les ferais parvenir.

Sur le papier, la proposition de Chelsea avait du sens. Tout le monde se détendit, soulagé que leur camarade ait trouvé un compromis. Pourtant, un poing invisible me frappa l’estomac. Non, quelque chose dans ce plan me gênait. Je coulai un regard sur Dylan, la seule qui me fixait encore d’un air désabusé, comme si elle savait déjà que j’allais refuser la proposition de Chelsea. « Trouve ta sœur. Aide-toi de la fille aux yeux qui changent de couleur ».

-Désolé, Chelsea. Mais je dois vraiment trouver Alice. Moi-même.
-Parce que ton père te l’a demandé ? s’énerva Chuck, perdant visiblement patiente. Si elle lui tient tant à cœur, cette gamine, qu’il la trouve lui-même !
-Il ne le fera pas, et tu le sais bien, répliquai-je amèrement. Et ça ne me plait pas plus qu’à vous. Simplement, s’il veut que je trouve ma sœur, c’est qu’il y a une raison et il est hors de question que je la laisse dans la merde si je peux l’éviter, juste pour emmerder mon père.
-Et bien tu devrais.

Je faillis voir rouge, et mettre mon poing dans la mâchoire arrogante du fils de Niké. Mais Dylan s’avança préventivement et leva la main d’un air autoritaire. Même ainsi, la main levée, elle arrivait à peine à dépasser Chuck.

-Ça va ! Je vais prendre toute la responsabilité de l’affaire et amené Travis à Clopin.
-Quoi ?!

Dylan releva fièrement le menton face à Chuck. Il la dévisageait avec des yeux écarquillés avant d’hausser les épaules avec indifférence.

-Fais donc, alors, si tu es suicidaire …

Et il quitta la pièce avec fracas, maugréant qu’au moins après ça, c’est lui qui aurait la direction de cette planque. Dylan et Chelsea jetèrent un regard dégouté à l’endroit où Chuck avait disparu, et Anna se précipita aux jambes de ma harceleuse, entourant sa taille de ses bras.

-Ne fais pas ça Dylan ! Clopin va te tuer !
-Enfin non Anna, rit Dylan, un rire qui me parut légèrement forcé, avant de relever les yeux sur Chelsea, qui la couvait d’un regard inquiet. Clopin et moi, on a monté cette Cour ensemble. On est les deux fondateurs, même si c’est lui qui a le commandement. Il ne me fera rien.
-J’espère que tu as raison, querida, fit Julio en posant sa main sur l’épaule. Et si ce n’est pas le cas, je me vengerais au centuple sur le fils d’Hermès.
-Je le forcerais peut-être à sauter d’un immeuble, réfléchit Danny en m’observant. Ou alors se déguiser en fille et lui faire traverser la ville …
-Tu oublies, Junior, rétorquai-je en pointant une frite d’avertissement sur le fils de Vénus. Je suis trop fort pour toi, et je connais la reine des enjôleuses. Contre Piper McLean, tu ne fais pas le poids.
-Ou alors on le laisse en pâture à Anna, enchérit Julio avec un sourire carnassier. Crois-moi, tu ne fais pas le poids face à ça.

Anna donna un coup dans le ventre de Julio et celui-ci fit mine d’être atteint en se tordant, le visage comiquement crispé. Mais la fillette ne se laissa pas attendrir, frappa violemment les orteils de Julio du plat de son talon, arrachant un vrai cri à l’adolescent et s’en fut avec mauvaise humeur.

-C’est parfait, Julio, soupira Dylan en secouant la tête, néanmoins amusée par la situation. Tout ce se passera bien, ne vous en faites pas. Et si ça se passe mal, je vote pour le déguiser en fille. Maintenant tout le monde dehors ! Et Chelsea, ramène moi des vêtements, ceux de Caleb devraient lui allait.

Tout le monde sortit, un regard peiné pour Dylan, laissant la jeune fille seule avec moi. Elle se laissa tomber sur le matelas à coté de moi, et prit un nugget dans lequel elle mordit allègrement.

-Je pensais que tu n’aimais pas le McDo ?
-Travis, je me retiens actuellement de te gifler, de te planter une flèche entre les deux yeux, de te dépecer et de jeter ton corps du haut des montagnes. Alors épargne-moi cette peine, et tais-toi. Sinon je te transforme en Nugget, façon Blackraven.

Je me tus alors. Nous grignotâmes les frites, et pour une fille qui avait prétendue ne pas aimer le McDo, je lui trouvais un appétit de satyre. Chelsea m’apporta un jean et un Tee-shirt propre, jeta un dernier sort de guérison à mon dos et s’en fut, me laissant m’emmurer dans un silence pensant avec mon harceleuse. Finalement, malgré la menace de me prendre une flèche entre les yeux, j’osai demander :

-Ça veut dire quoi en vrai, ce que tu viens de faire ?
-Un des privilèges des lieutenants. Si quelqu’un enfreint les règles sous mon autorité, j’ai le droit d’assumer toutes les conséquences et donc laisser la personne en question tranquille. Donc si j’assume tout – et je dois le faire car c’est de ma faute si tu es là – alors les autres ne seront pas inquiétés.
-Et ça veut dire quoi, concrètement, pour toi ?

Dylan ricana et but une lampée de coca sans me regarder. Ses yeux étincelaient.

-Que si Clopin trouve la faute trop grave, il se pourrait qu’il m’exécute. (Elle sourit tranquillement et me tendit la boite.) Un nugget ?

***


Nous partîmes le lendemain matin, Dylan et moi, à bord de la vieille fourgonnette qu’ils avaient, si j’avais bien compris « subtilisé » à un fermier du coin qui semblait ne plus en avoir besoin. Dylan avait, malgré son opposition à cette « société qui n’était pas faites pour les demi-dieux », avait prit soin de passer son permis et se plaça avec naturel au volant. Elle était si petite que je m’étonnai la voir toucher les pédales. Chelsea et Julio avaient chargé la fourgonnette avec des fonds que nous devions donner à Clopin et j’avais appelé ma mère pour la rassurer. Oh, elle m’avait incendié, évidemment, m’accusant de retomber dans mes vieux travers, mais savoir que je le faisais pour Alice l’avait radoucie. La ville disparaissait maintenant derrière nous et nous nous enfoncions dans la compagnes, les Rocheuses occupant tout notre horizon avec majesté.

-En vrai, Clopin, il a un nom ? m’enquis-je alors que Dylan mettait des lunettes sur son nez.
-Jasper, finit-t-elle par admettre sur bout des lèvres. Jasper Hillbrook. Ce n’est pas un secret. Simplement, tout le monde l’appelle Clopin. Comme le chef des truands dans Notre-Dame de Paris.
-J’ai compris. Vous voulez faire une pièce de théâtre, c’est ça ? Genre, refaire Notre-Dame de Paris ici. En mode Comédie Musicale ? Je dois m’attendre à vous voir danser en arrivant à la Cour des Miracles ?

Elle me lança un regard noir – enfin, je supposai, parce qu’avec ses lunettes, la seule chose que je vis c’est mon sourire narquois qui devait lui donner envie de me jeter d’une montagne. Puis brusquement, elle envoya la fourgonnette sur le bas coté, ouvrit sèchement sa portière et descendit. Je la regardai faire le tour de la voiture, perplexe, et ouvrir ma propre porte avant de m’ordonner de me tourner. Elle me mit alors un bandeau sur les yeux.

-Hey ! C’est Notre-Dame de Paris qu’on doit imiter, pas Cinquante Nuances de Grey !
-Travis, je te préférais quand tu m’évitais. Au moins tu la fermais. En fait, tu es pire que ton frère.
-Je prends ça pour un compliment.

J’avais l’air fanfaron, mais en réalité, sa remarque m’avait donné un coup au ventre. Cela me rappelait que Connor n’était plus là, à mes cotés. Je perdis mon sourire et laissai Dylan me bandait les yeux sans rechigner. Elle retourna ensuite à sa place et redémarra la voiture, me plongeant complétement dans le noir.

-Bon, maintenant que j’ai les yeux bandés, on peut jouer ?
-Jouer à quoi ?
-A trouver ta mère. Ce n’est pas Déméter, mais tu kiffes les plantes. Euh. J’ai fais des recherches hier soir et Chloris est la déesse des fleurs, alors Chloris ?
-Perdu.

Je grommelai, et cherchai profondément dans ma mémoire les cours d’histoire grecque dont Chiron me dispensait quand j’étais petit. Et force était d’admettre que ce n’était pas facile.

-Hécate ? Et avec tes fleurs, tu fais des potions ?
-Pas Hécate.

J’essayais toutes les déesses que j’avais en tête : Hébé, déesse de la jeunesse, Athéna (vue comment elle paraissait intelligente, pourquoi pas ?), Niké, Tychée, Némésis et même Aphrodite mais Dylan répondait chaque fois par la négative. Je devinais son amusement à travers le bandeau.

-Mais tu es sûre que c’est ta mère la déesse ?
-Certaine.
-Je suis à court, là. Un indice ?
-Ce n’est pas une Olympienne.

J’enlevai mentalement Déméter, Athéna, et Aphrodite – que j’avais de toutes manières citées. Je réclamai d’autres indices mais Dylan refusa fermement. Dans l’impasse, je me rabattis sur un autre sujet : Clopin et la Cour des Miracles. J’appris ainsi qu’ils étaient une quinzaine dans la petite ferme réhabilitée, cachée par le fils d’Hécate, une dryade et une naïade. Clopin était le chef de toute la Cour et avait nommé trois lieutenant, un pour chaque Planque : Dylan à Denver, un certain Neith, fils d’Hypnos, à Aurora et Allison fille de Némésis à la ferme.

-Et il s’est passé quoi, la dernière fois que quelqu’un a balancé la Cour ?

Dylan ne répondit pas tout de suite. Je sentis un certain malaise s’insinuer dans la voiture et la culpabilité m’étreint à nouveau.

-Dylan ? insistai-je car elle ne répondait pas. Il va t’arriver quoi ?
-Je te l’ai dit. Si Clopin juge que c’est trop grave, alors il peut m’exécuter.
-Mais il ne le fera pas, hein ?
-Je ne pense pas, lâcha-t-elle au bout de quelques secondes. Je pense que ta cause est juste et qu’il comprendra en partie. Et en plus, il me considère presque comme sa petite sœur. La Cour, c’est notre œuvre. Il ne prendra pas le risque de me tuer. Oh, je pense pas en sortir indemne. Mais vivante.

Je gardai un instant le silence, le cœur lourd. Quand j’avais exigé qu’on m’amène devant Clopin, je n’avais pas vraiment songé que cela pourrait avoir une incidence sur Dylan. Maintenant qu’on en parlait je ne pouvais empêcher la culpabilité de me ronger les entrailles. Il était hors de question qu’on fasse le moindre mal à Dylan. Pas de ma faute.
Le reste du trajet se fit en silence. J’évaluai vaguement que cela faisait presque deux heures s’étaient écoulées depuis que nous avions quitté Denver quand la fourgonnette s’immobilisa. J’entendis Dylan retirer sa ceinture en soupirant, et sortir de la voiture.

-Je peux enlever le bandeau ? m’enquis-je quand j’entendis ma portière s’ouvrir.
-Non, à l’intérieur. Tu me suis sans résistance ?

Malgré ma réticence, je m’exécutai et laissai Dylan me menait le long d’un chemin caillouteux sur lequel je faillis m’étaler plusieurs fois.

-Surtout, fais moi plaisir, soit gentil, souffla-t-elle à mon oreille, une note d’appréhension dans sa voix. Ne soit pas sarcastique, soit humble. Et évite de dire que c’est ton père qui t’a demandé de retrouver ta sœur, Clopin ne va pas apprécier d’aider les dieux. Dis juste que tu cherches ta sœur car il y a longtemps qu’elle n’est pas venue à la Colonie et que tu t’inquiètes – ce n’est pas loin de la vérité, non ?

Non, c’en était pas loin. La culpabilité me prit, mais pour une autre cause. J’aurais dû chercher à avoir des nouvelles d’Alice quand j’avais remarqué qu’elle ne venait plus à la Colonie. Oui je m’étais inquiété, mais j’avais pensé qu’après la mort de Camille, Alice avait préféré se tenir loin de tout ça, chose que je pouvais comprendre. Jamais je n’aurais cru qu’il puisse être en danger. Je me rassurai en me disant que j’aurais bientôt des réponses.

-Etre humble. Parler que d’Alice. Pas d’Hermès. Pas de problème, c’est réalisable.
-J’ai des doutes sur l’humilité personnellement, mais bon.
-Je vais faire des efforts, Dylan. J’ai causé trop de dégâts.
-Pas pour l’instant.

Elle me lâcha pour ouvrir une porte et me la dit passer avec douceur. Aussitôt, l’atmosphère changea, et je sentis un frisson me parcourir. Dylan derrière fois et enleva mon bandeau de mes yeux. Je clignai des paupières pour m’habituer à la lumière. Je me retrouvais dans le vestibule d’un bâtiment en brique. Dylan me fit avancer dans ce qui semblait être une cuisine vieillotte, mais en bon état. Une table ronde se tenait au centre et Dylan piqua une pomme dans une corbeille à fruit. Je soufflai :

-Pour une ferme abandonnée, elle a l’air en bon état.
-On a tout retapé au fil des ans, expliqua Dylan avant de mettre ses mains en porte-voix : Hey ho ! Quelqu’un dans cette baraque ?
-Oui, mais je dors ! fit une voix venant de la pièce d’à coté.

Une fille finit par émerger et à s’accouder à l’encadrement de la porte. Grande et gracieuse, elle devait avoir deux ans de plus que moi, avait des cheveux blonds courts coupés à la garçonne et un visage fin et sévère. Ses yeux étaient gorgés de sommeil.

-Oh … Salut, mini-pouce, maronna la fille avant de me désigner d’un coup de menton. Qui c’est, une nouvelle recrue ?
-En quelque sorte, éluda Dylan, dont le visage s’était renfrogné. Travis, je te présente Allison. Allison, où est Clopin ?
-Dans le jardin avec Chloé. Pourquoi ?
-Je vais le chercher. Tu peux mener Travis dans la Salle de Réunion ?

Allison hocha doucement la tête et me dévisager de la tête au pied, comme si j’étais un phénomène scientifique particulièrement intéressant. Cette fille me faisait flipper. Je jetais un regard déboussolé à Dylan, qui me sourit avec un mélange de quiétude et d’insolence.

-T’inquiète, mauvaise herbe. Je suis bientôt de retour.
-Oui. Euh. Dépêche toi ?

Dylan ricana et sortit par la dernière porte. Je détaillai la pièce le plus que possible, ayant avec gêne conscience que les yeux d’Allison ne se détachaient pas de moi. J’avais tendance à considérer les enfants de Némésis comme des psychopathes depuis que j’avais appris que l’un d’entre eux avait sacrifié un œil à sa mère. Sympa, la maman.

-Hum, entonnai-je, légèrement mal à l’aise. Euh, elle est où cette salle de réunion ?
-A l’étage, répondit Allison avec un sourire. Suis-moi, je vais t’y mener.

Elle me fit un signe de la main et la suivit jusque l’escalier, de vieilles planches de bois dans lesquelles je n’avais aucune confiance, mais qui, à ma plus grande surprise, ne craquèrent pas. Nous nous retrouvâmes dans une grande pièce ouverte, avec une table bancale au milieu et des tableaux à feutre autour. Je regardais les différents tableaux, qui représentaient en fait des emplois du temps et des organigrammes d’organisation.

-Olala, maronnai-je en observant le planning qui prévoyait que Cholé et Spencer étaient de corvée jardin, Jennifer et Mac à la plonge et Lee et Cora à la cuisine. Mais c’est pire que la Colonie, tout ça.
-Rien ne peut être pire que ce genre de camp, répliqua durement Allison en s’appropriant une des chaises. On fait juste en sorte de survivre.
-Ouais, on me l’a déjà dit.

Elle me lorgna d’un air indifférent, presque mauvais. Ses paupières se plissèrent.

-Qui sont tes parents ? J’ai eu du mal à voir.
-Hermès.

La voix était puissante et venait de derrière moi. Lentement, le cœur battant à tout rompre, je me retournai. Dans l’encadrement de porte, un grand gaillard à la peau noir et aux yeux transperçant me fusillait du regard. Ses cheveux étaient coiffés en une multitude de tresses et attachés sur sa nuque. Derrière lui, Dylan se tenait droite, les mains derrière le dos. D’autres personnes me lorgnaient de part et d’autre de celui qui semblait être Clopin. Je les dévisageai, espérant trouver le visage de ma sœur parmi eux, mais non. Allison se leva immédiatement, et croisa les bras derrière son dos.

-Fils d’Hermès, répéta Clopin en s’avançant lentement dans la pièce. Je suis Clopin, fils d’Apollon, anciennement membre de la Cinquième Cohorte du Camps Jupiter. Ou est le deuxième ? s’enquit-t-il auprès de Dylan. Ils étaient deux.
-Retourné à la Colonie, répliquai-je alors, intimité malgré moi. Vous n’avez pas à vous en faire pour lui.
-Parce qu’on en a à s’en faire pour toi ?

Je fixai Clopin, puis Dylan. La jeune fille m’intima au silence d’un regard, et tourna sèchement la tête en direction des autres demi-dieux de la Cour.

-Vous n’avez pas autre chose à faire, bande de commère ?
-Serena reste, rétorqua alors Clopin sans regarder Dylan. Ainsi qu’Allison, Spencer et Giovanni.
-Et zbim la demi-princesse, marmonna un garçon d’environ seize ans, en toisant Dylan d’un air moqueur.

Mais le regard que Dylan lui fit en retour était bien plus meurtrier. Elle agrippa fermement le lobe de l’oreille du garçon et le tira sèchement dans la pièce. Il gémit en se laissant faire, et la jeune fille le lâcha sur une chaise avec des yeux assassins.

-Contente-toi de t’asseoir sagement et de la fermer.
-Acharne-toi sur les soldats, ai lieu de me piquer les miens, Blackraven, ricana Allison en caressant ce qui semblait être un fouet à sa ceinture.
-Ça suffit, siffla Clopin en fusillant les deux filles du regard. J’ai dit Spencer, Giovanni, Serena et Allison. Dylan tu restes. Vous vous la bouclez tous et les autres foutez le camp.

Et tout le monde s’empressa de lui obéir. Je les observai soit entrer dans la pièce avec empressement, soit la quitter comme si le Minotaure était à leurs trousses. Moi-même j’avais tressailli en entendant la voix de Clopin. Ce Sang-Mêlé avait une autorité tonitruante. Et un peu flippante. Dylan, Allison, deux garçons (dont celui que Dylan avait attaqué), et une fille d’environ huit ans s’installèrent autour de la table. Le garçon se frottait toujours le lobe de l’oreille en toisant Dylan d’un air mauvais. La jeune fille s’installa à coté de moi, le menton fièrement redressé. Mais ses doigts s’agitaient sur ses cuisses. Signe d’hyperactivité, ou de nervosité ? Clopin s’installa en bout de table, ses yeux sombres rivés sur moi, sans la moindre émotion. OK, je voulais bien admettre que j’étais assez mal à l’aise devant ce type.

-Bien, entonna-t-il doucement. Dylan m’a dit que tu étais un des deux fils d’Hermès de Denver. Donc tu as été à la Colonie. Et tu es maintenant ici.
-Effectivement.
-Pourquoi ?

Dylan me toisa d’un air entendu et ses recommandations à l’entrée de la ferme me revinrent un mémoire. Concentré mes paroles sur Alice. Etre humble. Surtout être humble. Alors ne pas laisser échapper ce petit sourire arrogant qui me venait spontanément aux lèvres.

-En réalité, je cherche ma petite sœur, Alice. Ça fait des années que je l’ai plus vu et je suis à sa recherche. Dylan l’a reconnu quand je lui ai montré la photo.

Je pris mon carnet et montrai la photo de ma petite demi-sœur. Clopin l’étudia sans que son visage ne laisse transparaitre quoique soit.

-On la connaît, effectivement. Mais ici, on l’appelle Camille.
-Il faut que je la voie, exigeai-je, avant d’ajouter sous le regard lourd de reproche de Dylan : s’il te plait, Clopin.

Clopin me fixa un instant sans rien dire et coula un regard sur les Sang-Mêlé qui étaient restés. Un des garçons, roux et aux trop nombreuses tâches de rousseurs, me dévisageait avec un sourire de coin.

-Il suit une voix tracée. Et ce n’est pas lui qui a tracé ce chemin.
-J’approuve, enchérit la fille – Serena ? – d’une voix fluette. Il ne ment pas, il cherche sa sœur. Mais il manque quelque chose. Comment as-tu su que tu devais venir à la Cour pour la trouver ?

Je les observai, médusé d’être ainsi mis à nu. Je lançai un regard nerveux à Dylan, mais celle-ci fixait le garçon qu’elle avait agressé, attendant visiblement qu’il se prononce. C’est ce qu’il fit, à contrecoeur.

-Je ne vois rien de dangereux. Tu as quitté la Colonie, non ? Alors je ne vois pas pourquoi il irait nous balancer. On le fait jurer sur le Styx et c’est bon.
-Travis, je te présente Spencer, fils d’Hécate, Serena fille d’Apatée et Giovanni, fils d’Athéna, fit alors Dylan avec un sourire. Spencer est un peu spéciale car il arrive à lire des brides de destinées.
-La Croisée des chemins, précisa le roux avec un haussement d’épaule. Enfin, je ne peux pas lire la croisée, juste évaluer si tu es à la croisée des chemins ou si tu es déjà engagé sur un chemin.
-La mère de Serena est la déesses des tromperies, alors elle aurait senti sur tu mentais.
-Je maintiens qu’il manque une pièce, marmonna-t-elle d’une voix enfantine.
-Et Giovanni est censé être le plus sage d’entre nous – mais ça, c’est encore à vérifier.
-Va te faire voir, semi-Princesse.

Clopin eut un sourire froid, et échangea un regard avec Allison, qui était restée impassible à coté de lui. Son visage était de marbre quand elle déclara :

-Comment as-tu trouvé la Cour ?
-C’est moi qui l’y ait emmené, répondit immédiatement Dylan avec aplomb. Il m’avait aidé contre des empousai et l’une d’entre elle l’a blessé. Je n’allais pas le laisser mourir dans la ruelle alors qu’il venait de m’aider ?
-Tu aurais pu simplement le ramener chez lui, intervint Clopin d’une voix grave. Sa mère s’en serait occupée.

Dylan secoua fermement la tête, ses cheveux noirs volants sur ses épaules.

-Non. La blessure était trop grave, j’avais besoin de Chelsea. J’assume l’entière responsabilité de cette décision.

Allison dressa un sourcil, et une lueur ravie éclaira son regard. Ses yeux me faisaient froid dans le dos. Ils brillaient à présent d’un air presque malsain. Je toisai Dylan d’air nerveux. Elle-même s’était tendue, attendant le jugement de Clopin. Le fils d’Apollon jaugeait la jeune fille et une ombre peinée passa sur son visage.

-Dylan … Il me semblait que les règles étaient claires. Si le sujet n’a aucune volonté de rester à la Cour, alors il n’a rien à en savoir. Tu comptes rester à la Cour ? s’enquit-t-il à mon adresse.
-Non, admis-je, sachant qu’il ne servait à rien de lui mentir. Je suis juste là pour trouver ma sœur. Et je ne dirais rien sur la Cour, de toute manière, à qui pourrais-je le dire ? J’ai quitté la Colonie pour la Fac. Ma mère se fiche de ça et mon frère me fait la tête. Et j’ai juré sur le Styx.
-Mais même ! s’agaça Giovanni en plissant les yeux. Si on fait ça, alors tout le monde peut venir sonner à notre porte au moindre problème ! On est pas un asile de réfugié.
-C’est exactement ce qu’on est, au contraire, répliqua durement Dylan. Je te rappelle que tu vivais dans la rue quand Medhi t’as trouvé, Gio. Tu étais un chien errant. Personnellement, je trouve qu’il n’y a pas de danger. Travis a déjà juré sur le Styx qu’il ne parlerait à personne. Il veut juste retrouver Alice.
-Mais pourquoi tu es venu ici pour la trouver ? s’enquit la petite Serena en penchant la tête. Pourquoi as-tu montré la photo à Dylan ? Tu savais qu’elle la reconnaitrait ?

Mon cœur se serra quand les yeux francs et interrogateurs de la jeune fille se posèrent sur moi. Il était hors de question de lui mentir et c’était précisément la partie où Hermès était intervenu. « Trouve ta sœur. Aide-toi de la fille aux yeux qui changent de couleur ».

-Je l’espérais, entonnai-je prudemment. Je n’avais aucune piste alors quand j’ai compris que vous étiez plusieurs dans cette Cour … Peut-être avec un peu de chance, Alice y était-elle.
-Ce n’est pas un mensonge, dit Serena à Clopin quand il la consulta. Mais ce n’est pas la vérité non plus.

Je vis Dylan serrer les doigts sur ses genoux et le regard qu’elle me lança me disait que nous étions au pied du mur. Les yeux de Clopins se firent sévères.

-Nous voulons la vérité, Fils d’Hermès. Si nous ne l’avons pas, non seulement on ne te laissera pas voir ta sœur mais en plus tu risques de ne pas sortir d’ici vivant.
-D’accord, pas la peine de dégainer les menaces, râlai-je, m’attirant le regard acéré de Dylan. « Un miracle étonnant si vous en sortiez vivant », on m’a déjà prévenu.
-Et tu es venu quand même ? s’étonna Spencer, le fils d’Hécate. Tu savais qu’on allait peut-être te tuer.

Je soupirai profondément et jetai un regard à Dylan. Doucement, ma harceleuse hocha la tête en signe d’assentiment. Il ne servait plus à rien de mentir.

-Je veux vraiment trouver ma sœur, plaidai-je alors. Ça fait des mois que je me dis que je dois aller la voir, mais j’ai eu pas mal de soucis qui m’ont empêché de le faire. Et maintenant mon père vient de me dire qu’il fallait vraiment que je la retrouve alors il faut que je le fasse. S’il s’affole, c’est qu’elle doit être en danger. C’est lui qui m’a dit d’aller voir Dylan.

Comme prévu, les réactions autour de la table furent vives. Serena écarquilla les yeux de terreur, Allison lui jeta un regard noir et dégouté, Giovanni fronça du nez. Mais ce n’était rien par rapport à Clopin, qui après m’avoir dévisagé, impassible, se leva de table et ouvrit la porte d’un geste sec.

-Va-t’en, fils d’Hermès. Nous n’aidons pas les dieux.
-Mais ce n’est pas les dieux que je vous demande d’aider ! m’agaçai-je en me levant à mon tour. D’ailleurs je ne vous demande rien, juste de me laisser voir Camille, que je puisse retrouver ma sœur ! Si mon père m’a averti c’est qu’elle est sans doute en danger, vous voulez vraiment avoir la mort d’une fillette sur la conscience simplement pour faire obstacle aux dieux ?

Je l’avais dit, je savais embobiner comme personne. les enfants d’Hermès étaient assez doué quand il s’agissait d’user de mots pour avoir ce qu’ils voulaient, de façon sournoise et insidieuse. Analyser pour appuyer là où ça faisait mal. Je vis Clopin hésiter. Non, visiblement, il ne souhaitait pas avoir la mort de sa protégée ou de sa possible sœur sur la conscience. Je m’engouffrai donc dans la brèche en racontant ce qui était arrivé à Camille, la façon dont elle était morte, comment j’avais recueillie une Alice brisée, comment j’avais souhaité la retrouver, mais que les événements m’avaient empêché. Sans desserrer la main sur la poignée, Clopin m’écouta, les yeux rivés sur les miens. Quand je me tus, il se tourna vers les Sang-Mêlé. Serena affirma que je n’avais pas menti, et Spencer hasarda que j’étais sur la voix que mon père m’avait tracé pour retrouver ma sœur. Cette dernière affirmation parut ne pas plaire à Clopin.

-Je n’aime pas être dans le dessein des dieux, répéta-t-il d’une voix profonde.
-Je ne te demande pas de l’être, je n’exige rien de toi, à part de me permettre de voir Camille. Après je partirais, et je jure – une nouvelle fois – sur le Styx que je ne parlerais de vous à personne.

Clopin me dévisagea de ses yeux sombres. Toute la pièce s’était tendue, en attente du jugement du chef de la bande. Même mon cœur battait à tout rompre. Finalement son regard parcouru la pièce, s’attardant vaguement sur Dylan avant de revenir vers moi.

-C’est d’accord. Tu verras Camille, après tu partiras et tu ne parleras jamais de nous. Si tu le fais, je peux t’assurer qu’on te retrouvera pour te tuer, je me suis bien fait comprendre ?
-C’est très clair, affirmai-je sans rien laisser paraître de mon soulagement. Tu n’as pas à t’inquiéter. Merci.
-Ne me remercie pas. Je fais ça pour Camille. Si elle est en danger, je suis heureux de le savoir pour pouvoir la protéger. Si c’est sa sœur qui l’est, je pense que ce sera Camille qui sera heureuse de le savoir. Maintenant, va. Nous devons encore discuter de certaines choses.

Son regard tomba sur Dylan, et mon sang se glaça dans mes veines quand je compris que c’était son sort qui allait être discuté. Ma harceleuse gardait un visage impassible, ses yeux sombres rivés sur Clopin, les bras croisés sur sa maigre poitrine.

-Attendez, intervins-je, la bouche sèche. Dylan a fait tout ça pour me sauver la vie et m’aider, c’est moi le seul responsable, vous n’allez pas …
-C’est à nous d’en juger, clama Allison avec un sourire presque ravi qui me donna froid dans le dos. Dylan a brisé nos lois.
-Elle aura dû me laisser mourir ?!
-Travis, souffla mon harceleuse en mettant une main apaisante sur mon bras. Ça va aller. Sors, va dans la cuisine.
-Mais …
-Je suis une grande fille, ajouta-t-elle d’une voix nettement plus dure. Laisse-moi maintenant.

La froideur dans sa voix me glaça un peu, mais moins que la résignation dans ses yeux. J’entendis à peine Clopin ordonner à Spencer, Serena et Giovanni de sortir avec moi. Je ne voulais pas sortir. Je voulais rester avec Dylan, les empêcher de lui faire du mal et prendre les responsabilités. Mais Spencer et Giovanni prirent chacun un de mes bras et me forcèrent à quitter la place. La culpabilité me rongeait les entrailles alors que je dévalais les escaliers, l’amertume me montant aux lèvres. Une fois au rez-de-chaussée, je me tournais vers eux avec humeur.

-Mais c’est franchement dictatorial ! J’aurais dû crever dans la ruelle c’est ça ?
-Ouaip, affirma Giovanni avec un rictus.
-La ferme, le rabroua Spencer avant de s’adresser à Travis. Je ne suis pas d’accord avec le fait de punir Dylan, mais Clopin est dur avec le secret. Il n’y a que comme ça qu’on peut survivre.
-Et qu’est ce qu’elle risque ?

Giovanni et Spencer échangèrent un regard, plus inquiet. Serena baissait les yeux sur ses chaussures, l’air mal à l’aise.

-Elle est mal, marmonna Giovanni en haussant les épaules. Très très mal.
cochyo

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Re: La Cour des Miracles [PJ/HdO]

Message par cochyo »

Tres sympa ! Clopin qui dirige la cours des miracles :D
Mais je le trouve un peu trop dur quand meme ...
Bravo !
annabethfan

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Re: La Cour des Miracles [PJ/HdO]

Message par annabethfan »

Comme je t'avais dit j'avais lu le premier chapitre et je m'étais dit que je devais commenter quand j'aurais lu la suite... Il se trouve que j'ai lu la suite, rattrapé mon retard tout ça tout ça donc me voilà!

Bah comme d'habitude juste génial Perri, c'est fatiguant à force tant de perfection ^^ Non sérieux j'aime beaucoup!

Travis est un personnage attachant et surtout original, avoir son pov sur la Colonie, le monde des demis-dieux, est intéressant, surtout quand il évoque Luke ou sa dispute avec son frère (j'étais persuadé qu'ils étaient jumeaux perso ^^)

Dylan est hyper intriguante... (je me demande qui est son parents divin) Je l'aime beaucoup! Et comme Flam je déclare que j'ai un nouveau ship ^^

La cour des Miracles c'est une super idée, déjà parce que j'adore le roman et aussi le dessin-animé de Disney! Et leur chanson
est une de mes préférées! Le rythme de ce couplet "Ce serait à la Cour des Miracles/Un Miracle étonnant/Si vous en sortiez vivant !" est incroyable! (Ah je suis trop fan, j'adore que tu t'en inspires, avec Clopin et tout!). C
'est intéressant d'avoir le point de vue de demis-dieux qui refusent d'aller à la Colonie ou au Camp Jupiter, qui refuse "le système classique" parce qu'ils en veulent aux Dieux, pourtant en ayant lu tous les PJ/HdO je me dis que tous les demis-dieux grecs et romains qui se sont battus pendant les deux guerres, ont payé de leur vie ou ont perdu des amis, l'ont fait pour préserver leur monde, ils l'ont fait de façon juste alors qu'eux se cachaient à la Cour des Miracles et du coup ça oppose les deux visions aussi légitimes l'une que l'autre, c'est intéressant. (Bon pour la Guerre des Titans ils ont repoussés les troupes de Luke mais bon y'avait surtout besoin d'aide à NY..... Et ils ont loupé la Guerre contre Gaïa qui était quand même dur à rater ^^)
la dernière fois que j’ai vu un regard de cette intensité, j’avais fait une blague de mauvais goût à Nico Di Angelo.
:lol: Nico est le maître des regards noirs ^^
Hey bien. Heureusement que ce Percy Jackson était là.
Oui c'est un bon résumé dans la saga en gros :lol:

Et tout le mystère autour d'Alice m'intrigue trop (mais comme d'hab je vais rien réussir à deviner donc je me contente de lire hein ^^)
ensuite tu veux nous précipiter aux enfers
:arrow: Ne pas utiliser cette expression en présence de Percy, Annabeth ou Nico...qui l'ont vécu littéralement!
Et Chuck Johnson, fils de Niké.
Je crois que je me souviendrais toute ma vie de la scène avec Niké :lol:
Je suis trop fort pour toi, et je connais la reine des enjôleuses. Contre Piper McLean, tu ne fais pas le poids.
J'aime ce genre de référence!

Bref, cette fanfic est juste géniale et j'ai trop hâte que tu postes la suite :D

PS: Qu'un personnage s'appelle Danny me perturbe...
Perripuce

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La Cour des Miracles - Chapitre 5 [PJ/HdO]

Message par Perripuce »

OK je sais que c'est vraiment n'importe quoi et je suis franchement désolée :lol: :lol: Allez un bébé chapitre pour la suite j'espère que ça vous plaira quand même x) KEUR <3

Ah et concernant Alice et Camille les fameuses jumelles. Bah j'ai relu les Travaux d'Apollon et j'ai vu qu'il y avait bien une Alice Miyazawa fille d'Hermès ce que j'avais zappé, DONC je fais machine arrière sur leur apparence pour leur donner le visage de bonne petites japonaises et ainsi mieux me raccrocher au monde de Riordan. Je ferais les modifications mais là il est tard donc je poste et au revoir !


Chapitre 5 : Intrus à la Cour !

C’était des monstres.
Même le Minotaure me paraissait moins monstrueux.
Je n’osais pas la toucher. Elle était étendue devant moi, à plat ventre, inconsciente. Son visage était tourné vers moi, pâle. Le haut de son corps était dénudé, mais quelqu’un avait tenu à lui mettre une couverture.
Je la dévisageais, horrifié. Je voyais à peine qu’elle était à moitié nue. En revanche, ce qui emplissait mon champ de vision, c’était les traces rouges et sanglantes que laissait apercevoir la couverture dans son dos.
Je n’avais rien su. Spencer m’avait mené à la cuisine pour me donner à boire et à manger. Il m’avait expliquer comment il manipulait la Brume pour rendre le camps indétectable aux yeux peu aguerris – notamment des mortels - et je l’avais interrogé sur Camille, dont il ne savait rien, sinon qu’elle parlait peu et qu’elle avait accompagné un garçon nommé Lee jusque Aurora et qu’elle revenait ce soir. Il m’avait fait visité le jardin où j’avais rencontré une petite brune de quatorze ans nommée Cholé, qui s’occupait du potager, Mac, un gamin de dix ans fils d’Arès qui, dès qu’il m’avait croisé, m’avait défié de le vaincre, et Jennifer, treize ans et petit génie de la mécanique qui installait un panneau solaire sur le toit. Elle avait expliqué que son objectif était de rendre la ferme indépendante énergiquement et ce de façon verte et durable. Je n’avais pu qu’admirer la volonté et les capacités de la fille d’Héphaïstos. Une heure avait passé, puis deux, et j’avais vraiment commencé à m’inquiéter pour Dylan. Puis Clopin était sorti de la ferme et m’avait mené dans une pièce où j’avais trouvé mon harceleuse dans cet état.
Ils avaient fouetté le dos de Dylan.
A cause de moi.
Mon premier réflexe avait été de planter mon poignard entre les yeux de Clopin. Mais mon inquiétude pour la jeune fille l’avait emporté et je m’étais précipité vers elle. Le chef en avait profité pour filer, se défendant en disant qu’il n’avait le choix, que personne n’était au dessus des règles. Sur ce, il avait fermé la porte, me laissant seul avec Dylan. J’étais resté devant elle, sans bouger, assis sur une chaise sans la quitter des yeux. Personne n’était venu. J’étais resté seul avec Dylan, la culpabilité me rongeant les entrailles parce que je me savais responsable de son état. Soudainement, la porte s’ouvrit et je sursautais. Une fille blonde entra et je reconnus Chelsea. Je me levai, prêt à m’excuser, mais la fille d’Apollon me gifla sans autre forme de procès.

-C’est de ta faute, siffla-t-elle, les larmes emplissant ses yeux bleus.
-Je sais, Chelsea, admis-je en mettant toutes les excuses que je pouvais trouvé en moi dans mon regard. Je suis désolé.

Elle hocha sèchement la tête, l’air satisfaite de me voir contrit, et baissa des yeux inquiets sur Dylan, l’air de ravaler ses sanglots.

-Bien. Alors … tu vas m’aider. Clopin a envoyé Lee me chercher en urgence pour que je puisse la guérir – c’est un fils d’Apollon, mais je suis meilleure que lui en guérison.

Avec précaution, nous relevâmes sa couverture. Peu m’importait sa nudité, c’était les stries écarlates et sanguinolentes sur son dos qui m’obnubilait. Clopin avait lancé un sort sommaire pour éteindre la douleur mais du sang s’écoulait toujours de ses plaies. Chelsea plaça ses mains à quelques centimètres du dos de Dylan et se mit à psalmodier. Ses paumes s’illuminèrent d’une douce lueur dorée et les plaies se mirent à arrêter de saigner puis à se refermer. Je sentais que la peau pouvait encore se rompre à tout instant et Chelsea me mit un pot emplit d’une substance verdâtre entre les mains et m’incita à en tartiner le dos de Dylan pour la fortifier. Elle-même s’agenouilla à hauteur du visage de la blessée pour qu’elle boive de l’ambroisie. Je commençais à enduire le dos de Dylan et elle commença à s’agiter.

-Chut …, la calma Chelsea en lui mettait une paille entre les dents. Bois.
-Ça pique, articula la jeune fille d’une fois rauque avant de boire.
-Comme les mauvaises herbes, tentai-je de plaisanter en achevant de vider le pot.

Je le tendis à Chelsea qui alla le ranger, me lançant un regard noir. Mais un faible sourire s’était étendu sur les lèvres de Dylan et j’y vis une lueur d’espoir. Je me rassis à ma place et la fille d’Apollon remit la couverture sur le dos de la jeune fille pour cacher sa nudité. Dylan ramena ses deux bras sous son menton et grimaça.

-Aïe, se plaint-t-elle en s’immobilisant. Chelsea, ta pommade sent mauvais.
-C’est pour que tu cicatrises bien, et c’est toi qui a fait cette pommade, lui rappela son amie d’une voix douce. Comment tu te sens ?
-J’ai le dos en feu, mais ça va mieux. Merci, Chelsea.
-De rien. Je vais aller chercher à boire et à manger et tanner cette imbécile d’Allison – et mettre la main au collet de mon frère. Toi ! (Elle enfonça un doigt dans ma poitrine). Veille sur elle, ça changera.

Sur ce, elle quitta la pièce avec un dernier regard tendre pour Dylan. Je me trémoussai sur ma chaise, mal à l’aise. Je me contentais de la regarder, avec gêne et inquiétude. La jeune fille avait fermé les yeux mais je voyais à la tension dans ses épaules qu’elle ne dormait pas. Elle paraissait moins enfantine, plus mûre que ce je pensais. Plus grande, également, sans ses couches de vêtement trop grand pour elle. Elle rouvrit les yeux, se rendit compte que je la dévisageais et sourit.

-J’hésite entre te dire « ne t’inquiète pas je ne vais m’envoler » ou « arrête de mater ». Quoi que, réflexion faite, il n’y a pas grand-chose à mater.
-Quoi ? Oh ! (Je rougis en secouant la tête). Non tu … tu es … euh… Je veille sur toi. Comme Chelsea l’a demandé. Et je me sens coupable, aussi. Beaucoup. Je suis vraiment désolé, Dylan.

La jeune fille eut un maigre sourire et eut un vague mouvement de tête pour me demander de m’approcher. Avec hésitation, j’avançais ma chaise de Dylan.

-Ce n’est pas vraiment de ta faute, avança-t-elle avec une moue fatiguée. Je savais que j’allais écoper de quelque chose dans ce goût là. Je ne savais pas qu’il allait demandé à Spencer et Serena de venir… Mais c’était la seule façon de retrouver ta sœur. Alors ne t’inquiète pas, mauvaise herbe. Tu vas voir Camille. Et retrouver Alice.

J’étais consterné de voir qu’elle ne m’en voulait pas le moins du monde. Au contraire, elle avait l’air de trouver ça normal de se faire fouetter pour que je puisse retrouver ma sœur. Cette pensée me troubla d’autant plus et je mis une main sur le bras nu de Dylan.

-Merci … d’avoir enduré ça mais … Je ne trouve pas ça normal, Dylan, c’est …

Dylan grogna en levant les yeux au ciel.

-Si tu veux me dire que cette pratique est barbare et que je me suis jetée dans les bras d’un tyran …

-C’est précisément ce que je veux dire ! Dylan … je suis sûr que même au Camp Jupiter ils ne sont pas aussi radicaux !
-Mais ils sont sous le joug des dieux.
-Alors il faut se faire fouetter pour ne pas être sous le joug des dieux ? Et tu ne vas pas me dire qu’en plus c’était normal ce qu’ils t’ont fait ?
-Si. Enfin non. Travis … j’ai mal à la tête. On peut parler d’autre chose, s’il te plait ?

Je ravalai l’indignation et la rage qui me venait aux lèvres devant la mine pâle et fatiguée de Dylan. J’avais en quelque sorte provoquer cela, je n’allais pas ajouter au malaise de la jeune fille. Je me contentai alors de croiser mes bras sur ma poitrine l’air boudeur. Un long silence s’engagea alors, durant lequel je crus que Dylan s’était rendormie, jusqu’à qu’elle lâche dans un râle :

-Perséphone.

Je la contemplai, perplexe. Elle n’avait même pas ouvert les yeux, mais dut sentir mon incompréhension car elle poursuivit :

-Ma mère. C’est Perséphone. Je t’avais dit que tu ne trouverais pas.
-Tu plaisantes ?

Dylan laissa échapper un petit rire tremblant qui la fit grimacer.

-Pas le moins du monde. C’est pour ça que je t’ai dit que ma nature était liée aux saisons. Quand elle est sur l’Olympe, j’ai des pouvoirs proches de ceux des enfants de Déméter : affinités avec les plantes, la nature … En revanche, quand elle descend rejoindre Hadès, je change complétement de nature et je deviens une enfant des Enfers. Moins puissante que les enfants d’Hadès mais … j’ai des affinités avec les ombres, on va dire.

Je la dévisageai, estomaquée. De toute ma carrière de demi-dieu, je n’avais jamais entendu parler d’une telle chose et elle me paraissait incongrue.

-Mais … Genre, Hadès ne dit rien que sa femme ait des enfants mortels ?
-D’après ce que j’ai compris, ils ont une sorte d’accord, entonna doucement Dylan après quelques secondes de silence. Hadès a toujours eu énormément de respect pour ma mère et je crois qu’il aime – si on peut appeler ça aimer, dans leur monde. De telle sorte à ce qu’à chaque fois qu’il tombait amoureux d’une mortelle et avait un enfant avec lui, il autorisait Perséphone à lui répondre, en quelque sorte. Œil pour œil. C’est assez sexiste comme méthode du reste parce que ma mère n’a que le droit de « répondre », mais bon, on ne changera pas les dieux.

Elle avait prononcé ces dernières paroles avec amertume, mais je ne sus déterminé contre qui elle avait le plus de rancœur : sa mère ou les dieux. Je continuai de la fixer, abasourdi. Elle avait raison, je n’aurais jamais deviné.

-Et c’est pour ça que tes yeux changent de couleur ? Vert en été, noir en hiver ?
-Oui. C’est ça. C’est assez désagréable, parce que je change complétement de nature d’une saison à l’autre. Un jour je suis capable de faire pousser une fleur juste en passant ma main au dessus du pot, le lendemain cette même fleur est capable de mourir si je la touche. C’est comme s’il y avait deux filles en moi.
-Moui. En somme, tu es schizophrène.

Dylan eut un sourire tenu, triste et amusé à la fois.

-C’est cela. On va dire ça. ça les inquiétait, dans la réserve où je suis née. Ma double personnalité, mes capacités. Certain y voyait un don de la nature que j’avais hérité de mon père – il était une sorte de guérisseur, tu vois ? – d’autre une malédiction et voulait se débarrasser de moi au plus vite. Ils ne le firent pas tant que mon père était en vie, mais quand il est mort … J’ai dû fuir.

Ma bouche se tordit pour réprimer la question qui me brulait les lèvres. Dylan dressa un sourcil et je compris à son regard qu’elle avait parfaitement compris ce dont je voulais parler.

-Cancer, lâcha-t-elle alors. On n’a pas beaucoup de moyen, dans la réserve. Pas du tout, même, c’est insalubre, l’eau courante marche à peine et j’ai passé des hivers entiers avec juste un feu pour me réchauffer. Je voulais qu’il aille à l’hôpital pour qu’on le soigne, mais mon père et les autres ne voulaient pas le confier aux hospices des blancs. C’est fier, un Ute. Peut-être un peu trop. Mon père était persuadé que la nature allait le guérir : il buvait des infusions, faisaient des randonnées régulières dans les Rocheuses, il ne mangeait rien qu’il n’ai pas produit lui-même … Dans un sens, je crois qu’il espérait que ma mère apparaisse miraculeusement et vienne le guérir, mais de toute évidence, ce n’était pas dans ses plans, puisqu’il est mort.
-Je suis désolé, Dylan.

Je savais que c’était la chose qu’il ne fallait surtout pas dire, la pire. Mais je n’avais que ses mots qui me venaient. A la culpabilité de la voir allongée sur cette table par ma faute s’ajoutait le poids d’avoir été si odieux durant ses années alors qu’elle avait tant souffert. Ma famille n’était pas parfaite. Mais j’avais encore ma mère. Dylan éluda mes excuses d’un haussement d’épaule.

-C’était il y a longtemps. Au moins, ça m’a permis de rencontrer ma mère. C’est elle qui m’a sortit de la réserve, avant même la crémation de mon père. Elle est venu me chercher et m’a conduite sur un chemin où j’ai trouvé Clopin.
-Et … comment ça s’est passé ? Avec ta mère, hein, pas avec Clopin.
-Assez mal, en fait, admit sombrement Dylan. Mon père l’a attendu tout le long de son agonie et elle n’a pas daigné se montrer, ni le sauver, ni soulager ses souffrances. Elle n’a rien fait, sinon m’arracher à la seule chose que je n’avais jamais connu. Je n’ai même pas eu le temps de dire au revoir à mon père. Il avait à peine fermé les yeux qu’elle m’avait emmené.
-Ils ne se rendent pas compte. Ils ne s’en rendront jamais compte, Dylan. La famille, l’amour, la mort, ils ne connaissent pas. Ils n’arrivent pas à comprendre.
-Et c’est bien pour ça que je les hais tant.

Cette haine, je la ressentais dans sa voix à sa façon d’évoquer sa mère, à la lueur sombre et dangereuse qui brillait dans ses yeux quand elle en parlait. Pas de doute qu’elle rêvait d’en faire un nugget façon Blackraven.

-Moi j’ai rencontré mon père avant la bataille contre Cronos, avouai-je, par soucis d’équité.

Elle m’avait raconté sa vie, ce que je n’avais jamais voulu savoir d’elle et qui maintenant me semblait précieux. A elle de se rendre compte qu’elle n’en savait pas autant sur moi qu’elle ne le pensait. Je lui parlai de cette rencontre, dans le train, de Luke, de la façon dont Connor m’avait blessé en repartant à la colonie. Elle m’écouta sans rien dire et je vis ses épaules se détendre, sa tête s’affaissait sur ses bras croisés. La conversation dévia, se fit plus joyeuse, mais Dylan finit par s’endormir, épuisée, et je fermai les yeux à mon tour.
Qu’avais-je fait ?

***


-Va-t’en.

Cet fut cette voix sèche et sourde qui me réveilla. Je m’étais assoupi, la tête sur la table sur laquelle se tenait Dylan. Je scrutai un instant son visage pour me rendre compte qu’elle dormait encore. Et elle était bien la seule.

-Je viens chercher Travis, fit une voix profonde. Pas la guerre.
-La guerre tu vas finir par l’avoir, persiffla la première voix, celle d’une fille.

C’était Chelsea. Je reconnaissais son timbre clair sous la surdité. La colère faisait vibrer sa voix.

-Si tu continues à nous traiter comme ça, tu vas vraiment finir par l’avoir.
-Chelsea …, soupira Clopin. Je suis obligé de faire ça. Sinon, il y a aura toujours quelqu’un qui se pensera obliger de révéler notre existence à quelqu’un. Je dois les en dissuader.
-En nous torturant ? Mais quelle idée ! Dylan … Elle n’avait rien fait de mal, bon sang ! Elle aidait juste Travis à retrouver sa sœur, je ne vois pas en quoi c’est répréhensible – et en quoi ça mérite … ça.

Un silence pesant s’installa alors dans la pièce. Je tentais d’ouvrir discrètement un œil. Clopin était dos à moi, ses longues tresses sur ses épaules. En revanche, je voyais parfaitement le visage de Chelsea, et les larmes de rage qui s’accumulaient à ses yeux.

-Je ne veux pas me disputer avec toi, lâcha alors Clopin de sa voix profonde. J’ai mes raisons. Vous saviez dans quoi vous vous engagiez en venant ici. Je ne l’ai jamais caché.
-On n’a pas quitté le Camp pour ça. Tu deviens comme eux.

Clopin s’avança brusquement et un terrible instant, je craignis qu’il ne frappe sa demi-sœur. Mais Chelsea ne flancha pas et le gratifia d’un regard furieux sans bouger d’un pouce.

-Alors quoi, tu veux y retourner ?
-Non. Mais je peux toujours partir d’ici.

La détermination luisait dans les yeux de Chelsea, et Clopin recula d’un pas, l’air de la considérer sous un autre œil.

-On en rediscutera quand tu seras calmée. Je dois parler à Travis, Camille est arrivée.

Mon cœur fait un véritable bond dans ma poitrine et j’eus du mal à rester impassible. Mes yeux se fermèrent et je tentais vainement d’apaiser ma respiration. J’entendis Chelsea soupira, puis sa voix fendre l’air :

-Tout ça n’a pas été fait pour rien. Vas-y.

Un instant plus tard, une grande main s’abattit sans délicatesse sur mon épaule, et j’imitais à la perfection un sursaut en levant sur Clopin des yeux faussement dérouté. J’étais excellent comédien, et visiblement, cela trompa le Chef de la Cour. Ses yeux noirs se plantèrent dans les miens et j’en profitais pour le fusiller du regard.

-Quoi ? lâchai-je de mon ton le plus farouche.

Ce ne fut pas difficile. Maintenant qu’il était devant moi, la colère et l’indignation se remettait à bouillonner en moi. Les plaies sur le dos de Dylan se superposèrent au visage grave de Clopin.

-Amène-toi. On doit parler.

Je fus fortement tenté de lui renvoyer la réplique bien acerbe qui me montait aux lèvres, mais la ravaler in extremis quand je me souvins pourquoi il était venu me chercher.
Camille.
Ce fut pour cette unique raison que je gardais la mâchoire contractée alors que je le suivais hors de la pièce. J’eus juste le temps d’accrocher le regard furieux et brillant de Chelsea avant que la porte ne se referme sur elle.

-Bien, dis-je en un souffle. Bon. Qu’est-ce qu’il y a ?
-Camille t’attend.

Je le savais, mais le réentendre fit bondir mon cœur. Je ne pus retenir un mouvement nerveux de la main et la passer dans mes cheveux. Les yeux noirs de Clopin me détaillaient.

-Je lui ai parlé, poursuivit-t-il d’une voix très grave. Elle n’a jamais entendu parlé de toi.
-Alors c’est vraiment Camille, soufflai-je, incrédule. Di Immortales … J’étais … Alice m’avait dit …
-Manifestement, il y a eu … une confusion.

Oui. Une confusion, c’était cela. Clopin désigna une porte, et je compris que ma sœur était à l’intérieur. Je déglutis difficilement.

-Tu peux y aller, elle t’attend. N’essaie pas de la convertir, d’accord ?
-Sinon quoi, tu vas la fouetter elle aussi ?

Une lueur dangereuse vacilla dans les yeux de Clopin et je regrettais presque d’avoir laisser échapper ma pique.

-Je n’ai pas à me justifier à quelqu’un d’extérieur à la Cour. Tu vas voir ta sœur, tu as ce pour quoi tu es venu maintenant. Parle-lui et va-t’en.

Sur ce, il fit prestement volte-face et s’engouffra dans la cage d’escalier dans un mot. Je fusillais sa nuque du regard avant de me tourner vers la porte close. Je restai un instant indécis, les doigts à un cheveu de la poignée, avant de me reprendre et de la pousser fermement. C’était une pièce télé, avec divers pouf et un vieux sofa vieilli sur lequel une fillette de douze ans était allongée, la télécommande entre les mains. Elle se redressa quand j’entrai et je pus voir son visage de lutin au menton pointu, ses tresses noires de jais l’encadrant, et ses yeux noisette en amande, si espiègle, si semblables aux miens. Et des cicatrices. De terribles cicatrices, trois marques profondes qui labouraient la partie gauche de son visage, de son font à sa joue. C’était un miracle que son œil n’ait pas été touché. Mon souffle se bloqua dans la gorge. Il était impossible de ne pas reconnaître les traits asiatiques d’Alice sous les cicatrices. Pourtant, celles-ci étaient bien la preuve qu’elle ne l’était pas. La fille plissa les paupières.

-Hé bien. Tu as bien la dégaine du fils d’Hermès.

Le ton était cynique, et le sourire qui retroussa ses lèvres fines n’avait rien d’avenant. Malgré mon trouble, mon naturel me poussa à sourire à mon tour.

-Et toi, tu es le portrait craché de ta sœur.
-On est jumelle, rétorqua-t-elle. Et je suis sûre qu’Alice n’a pas ses jolies décorations.

D’un geste qui se voulait comique, elle désigna les cicatrices sur sa joue, les yeux brillants de défi. Ce fut plus horriblement triste qu’autre chose. Je la contemplai, incrédule. Je l’avais vu mille fois mourir en rêve, et pourtant elle se tenait là devant moi, vivante, me fixant avec des yeux téméraires pleins de rancœur.

-Tu … Tu es censé …
-Etre morte ? devina-t-elle avec dépit. C’est ce qu’on m’a dit, ouais. Pourtant … (elle se palpa les bras). Non, je ne pense pas être un fantôme.
-Le Cyclope, me souvins-je en fronçant les sourcils. Il … Il t’a jeté dans la rivière …
-Mais ça ne veut pas dire qu’il m’a tué.

Elle me contempla, un sourire narquois et amer aux lèvres. Son regard me balaya de haut en bas, et elle finit par marmonner.

-Enfin. Mais je suppose que si je suis censée être morte … ça justifie pourquoi Alice ne m’a pas cherché.

Cette phrase me fit comprendre en un éclair la dégaine farouche et la rancœur dans la voix de ma jeune demi-sœur. Mes sourcils se froncèrent.

-Oh je t’en pris … Ne me dis pas que tu lui en veux ? C’est pour ça, que tu es ici ? Tu en veux à papa de ne pas t’avoir protéger du cyclope à et Alice de ne pas t’avoir réconforter après ta mutilation ?

Les yeux de Camille se firent venimeux et je regrettais un instant mes mots. En soi, cela pouvait se comprendre. Je maudissais les dieux chaque fois que je posais les yeux sur une de mes cicatrices. Quelle colère devait bouillonner en Camille ? Ce monde lui avait ravi ces traits. Camille parut vouloir un instant se jeter sur moi, mais elle se reprit et lâcha :

-Pourquoi tu es là ? Qu’est-ce que tu me veux ?
-Alice a disparu.

Le visage de Camille ne laissa rien transparaitre, mais ses yeux se plissèrent légèrement. Malgré sa défiance, sa curiosité était piquée. Je lui racontais exactement la même chose qu’à Dylan et Clopin, et son visage se crispa à mesure de mes mots.

-Je ne me suis pas inquiété quand elle n’est pas revenue, mais d’après papa, il a matière à s’inquiéter. Il m’a demandé de la trouver. J’ai appelé ta mère : ça fait trois mois qu’elle n’est pas rentrée à la maison.
-C’est bizarre, admit Camille en penchant la tête. Alice adorait maman, elle ne voulait pas la quitter quand on est partie.
-Elle me l’avait dit, oui. Et je pensais que c’était pour ça qu’elle n’était pas revenue au camp. Je pensais vraiment qu’elle … qu’elle était juste rentrée chez elle.

Camille fronça les sourcils. Tout cynisme avait disparu de son visage et j’y vis peut-être l’espoir qu’elle s’inquiétait pour sa jumelle. Finalement elle soupira et agrippa la télécommande pour allumer la télévision.

-Allez viens. (Elle se vautra dans le vieux sofa et sélectionna un film). On va regarder Le Bossu de Notre-Dame.
-Quoi ?
-Le Bossu de Notre-Dame. Tu ne connais pas ? C’est là qu’on a trouvé notre hymne. Peut-être connaissez-vous ce repère que les gueux de Paris ont choisi
-Oui oui, on m’a dit. « Un miracle étonnant si vous en sortez vivant ». Et vu comment vous traitez vos membres, je n’ai aucune difficulté à vous croire.

Les yeux bruns de Camille se durcirent et elle lança le film d’un geste rageur. Puis elle me gratifia d’un sourire torve.

-Allez frangin, viens t’asseoir. On discutera autour d’un bon dessin animé.

Comprenant que je n’obtiendrais rien d’elle tant qu’elle n’y serait pas disposée, je m’assis prudemment sur un pouf, les bras croisés sur ma poitrine. Durant toute la première partie du film, Camille n’ouvrit la bouche que pour chanter quelques chansons. Puis, au moment où Phébus et Quasimodo cherchait la Cour guidé par le collier d’Esméralda, elle fit grimper le son et lâcha :

-Ecoute, je ne suis pas d’accord avec tout ce que Jasper fait.
-Jasper ?
-Clopin, si tu préfères. Mais moi je préfère appeler les choses par leur nom, et il s’appelle Jasper. Bref. J’aime bien Dylan. C’est une super fille avec un caractère bien trempé, et elle donnerait sa vie pour la Cour. Elle ne mérite pas qu’on la traite ainsi. Et ce que tout le monde n’a pas dû te dire, c’est que ce n’est pas la première fois qu’une chose pareille arrive. On a un demi-frère ici, Milo – fils de Mercure, lui. Il est tombé amoureux d’une fille à Aurora et il lui a révélé des choses … qu’il n’aurait pas franchement dû lui dire. Je préfère te passer ce que Clopin lui a fait subir.
-Fouet ?
-Non. Il a été plus subtil. On a une cave dans cette ferme, sans fenêtre. Tu t’imagines enfermer là-dedans une semaine ?

Un frisson me parcourut des pieds à la tête. Pour un demi-dieu, cela devait être une expérience affreuse, et d’autant plus pour un fils de Mercure. Nous avions besoin de bouger, de parler, de voler. Rester seuls dans une pièce obscure … Cela me donner la nausée. Camille eut un sourire amer.

-Voilà. C’est assez affreux pour nous. Je t’assure qu’après Milo n’a plus rien dit.
-Mais pourquoi vous supportez ça ?
-On n’a aucune idée où aller, expliqua Camille avec un soupir. Dylan t’a sans doute dit que son père était mort ? Elle n’est pas seule dans ce cas. Spencer, Allison et Cholé par exemple aussi sont orphelin. La mère de Chelsea était une droguée de San Francisco qui ne s’est jamais occupée d’elle. Bref, on est presque que des gosses livrés à nous-même, qui avons la haine contre les dieux – parce que ça livre d’autant plus, tu comprends ? Alors la Cour, c’est notre seule maison.
-Et toi ? Ta mère est encore vivante. Tu pourrais rentrer chez toi.

Camille secoua doucement la tête avant de reporter son attention sur la télé. Quasimodo et Phébus avançaient dans un tunnel fort peu accueillant.

-Ah tiens, ça va être notre moment !

En effet, quelques secondes plus tard, un personnage haut en couleur – le fameux Clopin – surgit pour arrêter les deux intrus. La chanson débuta et je me retins de me boucher les oreilles alors que Camille récitait les paroles avec entrain.

-J’ai compris, laissai-je échapper alors qu’Esméralda les sauvait de la pendaison. Vous voulez vraiment copier le dessin animé ? Clopin veut tuer plein de gens et Dylan sauve tout le monde comme Esméralda ?
-Je la trouve aussi jolie qu’elle, en tout cas.

Je laissai échapper un grondement sourd qui fit sourire Camille. Elle s’enfonça encore un peu plus dans le sofa et croisa les jambes sur la table basse.

-Pour répondre à ta question, non, je ne veux pas rentrer tout de suite. Ma mère me croit morte, et crois-moi, elle était très heureuse de se débarrasser de nous quand on est partie. On lui menait la vie dure. Avant de partir, on restait sur deux visites de police au poste en deux semaines.
-La vie logique d’un demi-dieu enfant d’Hermès, souris-je, voyant dans l’expérience de Camille un reflet de la mienne. Mon frère et moi on faisait aussi les quatre-cents coups, ma mère n’en pouvait plus – et peut-être qu’elle était aussi soulagée aussi quand on est parti à la colonie. Mais maintenant je suis de retour chez moi, et je n’ai pas l’impression de ne pas être le bienvenu. Au fond, ma mère a été heureuse de me récupérer.
-Tu as peut-être raison, admit Camille en plissant les yeux. Peut-être que ma mère serait heureuse de me revoir. Mais je ne sais pas. Franchement, comment elles ont pu croire que j’étais morte ?
-Tu ne peux pas lui en vouloir, moi aussi j’aurais cru que tu étais morte.
-Et mon corps, elles l’ont cherché ? Elles ont voulu avoir des preuves de ma mort, me donner une tombe ?

Je soupirai et levai les mains en signe de reddition. Camille ne semblait pas être le genre de fille avec laquelle on pouvait discuter.

-Et en quoi je peux t’aider à trouver Alice ? Alors qu’elle ne m’a pas cherché ?
-J’en sais rien, moi, m’agaçai-je, aussi perdu qu’elle. Papa m’a dit de m’aider de « la fille aux yeux qui changent de couleur », et ce n’était pas complétement idiot parce m’aider de Dylan m’a permis de te retrouver. Je ne vois qu’une chose, c’est que tu dois m’aider à trouver Alice.
-Et comment ? Tu crois quoi, qu’on a un espèce de lien magique de jumelle ?
-Tu ne sais rien ? Tu n’as jamais eu de contact avec Alice ?
-Mais non !
-Même en rêve ?
-Mais …

Cette fois, Camille s’interrompit et tourna le visage vers moi, consternée. Ses sourcils se froncèrent et une de ses mains agrippa une de ces tresses noires.

-D’accord, admit-t-elle. Il se peut que j’aie rêvé quelque fois d’Alice.
-Et bien voilà, on avance !

Elle me jeta un regard noir et se dressa sur ses pieds pour faire les cent pas devant la télé. Pour une fois, elle ne semblait pas se soucier du Quasimodo enchainé à Notre-Dame qui hurlait derrière elle.

-Le dernier rêve date du mois dernier, se souvint-t-elle. Il faudrait que je m’en rappelle bien, mais je t’avoue que je l’ai refoulé de toutes mes forces.
-Qu’est-ce qu’il s’est passé, Camille ?

Son visage balafré se crispa un peu plus, et elle me jeta un regard troublé. Ses prunelles noisette luisaient. Elle s’apprêtait à me répondre quand une secousse ébranla la vieille ferme. Camille vacilla et se rattrapa in extremis au sofa. Une explosion se fit entendre dehors et un son fort de trompette se fit entendre dans toute la ferme. Je me dressai vivement sur les jambes et échangeai un regard avec ma demi-sœur.

-Qu’est-ce qu’il se passe, cette fois ? Clopin a décidé d’ensevelir la ferme pour vous empêcher de parler ?
-Aucune idée, marmonna Camille en s’élançant vers la porte. Viens, vite !

Nous nous engouffrâmes dans le couloir pour voir l’ensemble de la Cour sur le pied de guerre : tous courraient dans tout les sens, armes au poing, visage déterminé et/ou angoissé. L’agitation était à son comble et personne ne fit attention à nous. Camille attrapa le bras de Giovanni, le fils d’Athéna :

-Hey, Gio, qu’est-ce qu’il se passe ?
-Des gens en arme devant la Cour ! Clopin a sonné le tocsin : aux armes !

Et il repartit sec en direction de l’étage – et de la salle du conseil. Une porte s’ouvrit à la volée de l’autre coté du couloir et je vis les têtes blondes et brunes de Chelsea et Dylan émergeait. Cette dernière s’était rhabillée, mais grimaçait à chaque pas.

-Qu’est-ce qu’il passe ? Pourquoi Clopin a sonné le tocsin ?
-Des gens en arme dehors, répondit Camille, qui avait déjà à moitié grimpé l’escalier. Réunion, dépêchez-vous !
-Un intrus qui débarque et on se fait attaquer …, râla Giovanni en me jetant un regard noir.

Mais le regard que Dylan lui réserva fut encore plus noir et il fila en haut sans demander son reste. Sans m’adresser un coup d’œil, elle grimpa les escaliers à la suite de Camille, aidée de Chelsea, et je ne pus que les suivre, alerté par cette soudaine attaque. Mais avant même que je ne puisse franchir le bas de la porte de la Salle du Conseil, Clopin fut sur moi. Je n’eu que le temps s’effleurer mon mousqueton cachant mon poignard avant qu’il ne me plaque contre le mur et le broie la trachée à l’aide de son coude. Malgré ma suffocation, je pus remarquer la lueur assassine dans ses yeux.

-Clopin ! glapit Chelsea en tentant de s’interposer.

Mais il l’envoya balader de sa main libre, tout en continuant de m’étrangler. Chelsea alla s’écraser sur le sol et Dylan se précipita vers elle. Je tentai vainement de le repousser, mais je manquais d’air, et ma carcasse de poussin crevé ne pouvait rien contre la forte silhouette de Clopin.

-Toi, gronda-t-il d’une voix sourde. Tu leur as dit, tu les as prévenu …
-Mais enfin c’est n’importe quoi ! protesta Camille sans intervenir – elle n’était pas plus épaisse que moi, et avait sans doute peur de subir le même sort que Chelsea. J’étais avec lui, il n’a même pas touché à son téléphone !
-Et les communications passent mal ces temps-ci, fit Jennifer, la fille d’Héphaïstos. Même les messages Iris, c’est peu probable qu’il ait pu les prévenir en aussi peu de temps …

Le regard de Clopin ne décoléra pas, mais la pression sur la gorge s’amenuisa quelque peu. Assez pour que je retrouve assez de lucidité pour mettre la main sur mon mousqueton. Avec soulagement, je le sentis se transformer en poignard de bronze céleste dans ma main et appuyai la pointe contre l’abdomen de Clopin. Son regard se glaça. La pression se relâcha encore un petit peu.

-Tu veux jouer à ça, fils d’Hermès ?
-Je veux juste que tu me lâches, répliquai-je avec difficulté. Je n’ai rien fait, je n’ai prévenu personne et je suis sûr que ta Serena peut te l’assurer.
-Exact, il dit la vérité, pépia la gamine avec un innocent sourire.

Je vis la détermination vaciller dans les yeux de Clopin et j’accentuai un peu la pression de mon poignard sur son ventre pour accélérer sa prise de décision. Finalement, il me lâcha complétement avec un cri rageur et je pus me masser ma gorge.

-Vous êtes vraiment nerveux, par ici, fis-je remarquer avec une pointe de sarcasme. Au lieu de m’agresser, quelqu’un peu m’expliquer ce qu’il se passe ?
-Viens voir par toi-même, rétorqua sombrement Camille, qui s’était glissée jusque la fenêtre.

Je la rejoignis rapidement, suivi par Dylan et Chelsea. La fille d’Apollon se massait l’épaule et je vis ses paumes s’illuminer.

-Non, vraiment, pas un tyran, marmonnai-je alors que Dylan ouvrait la fenêtre pour avoir une meilleure vue. Un type vraiment adorable qui maitrise ses émotions.
-La ferme, mauvaise herbe, répliqua justement celle-ci en pointant du doigt les troupes à nos portes. Regarde.

Je suivis le regard de Dylan et remarquai alors une horde de soldat amassé derrière ce qui semblait être une forêt d’épine. La nuit était tombée dans les plaines du Colorado, mais je voyais d’ici leurs casques et armes dorées, et leurs vêtements pourpres qui m’étaient un brin familier. Plus que tout, c’était l’étendard frappé d’un aigle et des lettres « SPQR » qui me donnait leur identité. Mes épaules se contractèrent.

-Tiens, de vieux ennemis …
-Je pensais que vous étiez devenus amis, entre-temps, railla cyniquement Camille.
-Pas en ce qui me concerne. Leur chef a failli réduire notre camp en cendre et ils ont blessé une de mes sœurs alors qu’elle était partie en éclaireuse.

Julia, une de mes sœurs préférée, était effectivement revenue avec une lance plantée dans l’abdomen. Elle avait été attaquée dans le dos, sans sommation et s’en était sortie de justesse.

-D’où viennent ces épines ?
-Rose, répondit Dylan en pointant quelque chose du doigt.

Je plissai les paupières pour remarquer difficilement une jeune fille assise en tailleur devant le mur d’épine. Ses cheveux sombres descendaient au raz de terre et ses yeux luisaient dans l’obscurité. Un romain tenta de passer la barrière, mais elle fit un geste de la main, et une liane d’épine vint l’agripper par la taille et l’envoya valser.

-C’est notre dryade protectrice, dirons-nous, expliqua Chelsea. Tu as remarqué les buissons de mûres derrière la ferme ? Hé bien c’est elle.
-C’est aussi la copine de Clopin, on croit, ricana Camille.
-On s’en fiche de ça, répliqua Dylan en grimaçant. Bon sang, qu’est-ce que la légion romaine fout ici ?
-Excellente question, on a qu’à leur demandé ! fit sournoisement Camille, avant de mettre ses mains en porte voix et de hurler : Qu’est-ce que vous nous voulez ?!

Spencer vint vivement tirer Camille en arrière et la fillette lui jeta un regard noir. Contre toute attente, la question de Camille eut une réponse parce qu’une voix féminine – et familière – répondit :

-Je suis Hazel Levesque, fille de Puton, et centurion de la cinquième Cohorte de la Douzième Légion Fulminata ! Baissez les armes, nous voulons juste parler !

Dylan avait écarquillé les yeux quand Hazel avait dit « fille de Pluton », et je me demandai un instant si c’était à elle que sa naissance « répondait ». Quant à moi, je poussai un profond soupir en cherchant le centurion du regard. Comme à son habitude, Hazel était perchée sur Arion, son mythique étalon que je soupçonnai pouvoir grimper sur la montagne d’épine sans sourcille. Une masse de cheveux frisés dépassait de son casque et la rendait reconnaissable. Cela m’agaçait profondément de voir tous ces visages que je voulais laisser derrière moi revenir ainsi au galop.

-Super, grommelai-je. Hazel Levesque, il ne manquait plus que ça.
-Tu la connais ? s’étonna Spencer, qui maintenant toujours Camille prisonnière dans ses bras.
-Vaguement. J’crois qu’elle sort avec le préteur, Zhang. Et c’est la sœur de Di Angelo. Ah, et c’est une héros de l’Olympe, aussi, elle faisait parti des sauveurs du monde cet été.
-Di Angelo? répéta Dylan.
-Fille de Pluton et Héros de l’Olympe, retint Alison en hochant la tête. Redoutable, donc.
-Qui sont les préteurs, actuellement ? s’enquit Chelsea.

Je sentis un brin de réelle curiosité dans sa voix. Visiblement, elle voulait avoir des nouvelles de son ancien monde, et je représentai sa seule source d’information. Elle me fit de la peine et ce fut pour cela que je répondis :

-Frank Zhang, un fils d’Arès. Un peu nounours, mais ça va. Et l’autre … Elle est un peu flippante. Elle s’appelle Reyna, je crois.

Deux ou trois adolescents – ceux qui venaient du Camp Jupiter, sans doute – grimacèrent quand je prononçai son nom. Les sourcils de Chelsea s’élevèrent.

-Reyna, ça ne me surprend pas, elle avait une âme de chef. Mais j’aurais pensé … Enfin, il y avait un garçon qui aurait pu … (elle se mit à rougir). Jason, je ne sais pas qui tu vois …
-Grace ? (Je m’efforçai de ne rien laisser transparaitre. Je n’avais pas beaucoup aimé Jason pendant son passage à la Colonie. Trop sûr de lui, et il avait détesté nos blagues). Il a été préteur, mais …
-On s’en fiche bordel ! s’écria Dylan en refermant sèchement la fenêtre. Clopin qu’est-ce qu’on fait ?

Je voulus la secouer comme un prunier de s’en remettre à Clopin après ce qu’il lui avait fait subir. Et visiblement, Chelsea et Camille n’avaient pas un avis différent du mien car elles considérèrent Dylan avec un long regard agacé.

-On devrait leur parler, plaida Chelsea. On devrait tenter de savoir pourquoi ils sont là avant de se taper dessus.
-On sait pourquoi ils sont là ! répliqua Allison, la fille de Némésis. Enfin c’est évident, tu as vu comment ils sont armés ? Ils viennent forcément détruire la Cour !
-Et en plus ils nous ont vu, poursuivit Giovanni. On ne peut pas les laisser repartir.
-C’est stupide, ça ! protesta vertement Camille sans tenir compte de Spencer qui tentait de la faire taire. On ne va pas tous risquer nos peaux alors qu’on peut avoir un compromis, non ?
-Ils ne peuvent pas nous avoir trouver par hasard, la Brume de Spencer et la magie de Rose nous a toujours masqué, même des demi-dieux ! rappela Jennifer. S’ils nous ont trouvé, c’est qu’ils étaient aguerris et qu’ils savaient quoi et où chercher.
-Raison de plus pour savoir où est la faille, insista Chelsea. Si on ne leur demande pas comment ils ont su, et qu’on leur saute dessus, on ne saura jamais, et peut-être qu’une troupe encore plus nombreuse viendra dans quelques jours.
-Ou alors on sera tous morts parce qu’ils sont plus armés et mieux entrainés, enchérit cyniquement Camille.
-Clopin ! siffla Dylan. Prend une décision !

Je me retins à nouveau de donner une bonne claque derrière la tête de Dylan, mais elle ne vit pas mon regard réprobateur parce que le sien était fixé dans celui de Clopin. Les yeux sombres de Dylan étaient presque suppliants et je remarquai qu’elle s’appuyait un peu trop au rebord de fenêtre. Ses blessures n’étaient pas guéries et être debout l’affaiblissait. Ce fut sans doute ces traces manifestes de faiblesse qui réveillèrent Clopin. Ses yeux se durcirent.

-On ne peut courir aucun risque. Des demi-dieux et monstres sont déjà venus à nos portes et nous les avons repoussé. Nous le ferons une fois de plus.
-C’est une blague ? lâchai-je, incrédule. C’est quoi ton plan, vous les tuez-tous, et pas de quartier ?
-Tu n’as pas bien compris, fils d’Hermès (Clopin sortit un pièce en or de sa poche la jeta en l’air. Un instant plus tard, un javelot du plus précieux des métaux atterrit dans sa main et il le pointa sur moi en enfonçant son regard dans le mien). Nous les combattons tous et si tu ne te joins pas à nous sur ce coup là, tu seras le premier à mourir.
Cazolie

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Re: La Cour des Miracles [PJ/HdO]

Message par Cazolie »

Un miracle :lol: J'avoue, je me rappelle plus du tut de ce qu'il se passe ahah
Je lirai ça dans le train demain si j'ai du wifi :) (sinon quand je serai seule en Allemagne et déprimée, J-4 wouhou)
cochyo

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Re: La Cour des Miracles [PJ/HdO]

Message par cochyo »

Il a vrai probleme du cibouleau ce Clopain ! Il y'a un probleme a ton truc de Persephone qui "repond" a Hades, Il n'a pas eu d'enfant depuis un truc comme 70 ans alors qu'il y'a des enfants de persephone a la colonie ...
A part ca c'etait genial !
Perripuce

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Re: La Cour des Miracles [PJ/HdO]

Message par Perripuce »

cochyo a écrit :Il a vrai probleme du cibouleau ce Clopain ! Il y'a un probleme a ton truc de Persephone qui "repond" a Hades, Il n'a pas eu d'enfant depuis un truc comme 70 ans alors qu'il y'a des enfants de persephone a la colonie ...
A part ca c'etait genial !
ALORS
J'ai bien vérifié, il n'est noté nul part dans les livres que Perséphone ait eu des enfants. Donc pas d'enfant de Persephone a la Colonie
Alors certes, ça fait très longtemps que Hadès n'a pas eut d'enfant, mais dans ma petite tête, Perséphone se réserve le droit de la réponse dans le temps, c'est à dire qu'elle répond quand elle veut > Donc là en l'occurence, Dylan répond à quelqu'un de très ancien.
cochyo

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Re: La Cour des Miracles [PJ/HdO]

Message par cochyo »

D'accord merci ! Et de ce cas desole :oops:
Hate d'avoir la suite !
annabethfan

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Re: La Cour des Miracles [PJ/HdO]

Message par annabethfan »

J'attendais tellement la suite, cette fanfic est trop bien Perri :D (comme tout ce que tu écris en fait... Je commente Lucy quand j'ai le temps promis!)
un bébé chapitre
Tu parles, ils font 4km de long tes bébés chapitres ^^ (et on aime ça!)
Même le Minotaure me paraissait moins monstrueux.
Ahhhhhh coïncidences, le thème de mon cours d'Intertextes c'est le Minotaure. Et genre j'ai fait mon exposé sur la dissociation de la figure du minotaure et du motif du labyrinthe en littérature pour la jeunesse en me basant sur un corpus de 3 œuvres: Harry Potter, Hunger Games et Percy Jackson. C'était grave bien, j'ai parlé pendant 1h15 de ces trois sagas :lol:
Elle était étendue devant moi, à plat ventre, inconsciente. Son visage était tourné vers moi, pâle. Le haut de son corps était dénudé, mais quelqu’un avait tenu à lui mettre une couverture.
De quoi? Keski passe? J'ai plus le truc en tête ^^
Ils avaient fouetté le dos de Dylan.
A cause de moi.
Ok alors là je ne suis pas d'accord du TOUT! Les monstres!
Peu m’importait sa nudité
Attends qu'elle soit guéri et on en reparle ^^
J’hésite entre te dire « ne t’inquiète pas je ne vais m’envoler » ou « arrête de mater ». Quoi que, réflexion faite, il n’y a pas grand-chose à mater.
:lol: :lol: :lol: :lol: Je connais le sentiment ^^
je suis sûr que même au Camp Jupiter ils ne sont pas aussi radicaux
Et c'est dire quand on sait qu'Octavian le dirigeait quand même!
-Ma mère. C’est Perséphone. Je t’avais dit que tu ne trouverais pas.
Ouais bah comme quoi j'avais pas trouvé :lol:
Quand elle est sur l’Olympe, j’ai des pouvoirs proches de ceux des enfants de Déméter : affinités avec les plantes, la nature … En revanche, quand elle descend rejoindre Hadès, je change complétement de nature et je deviens une enfant des Enfers. Moins puissante que les enfants d’Hadès mais … j’ai des affinités avec les ombres, on va dire.
Alors ça c'est hyper intéressant!!!!
Moui. En somme, tu es schizophrène.
En gros c'est ça mais on voulait pas lui faire de peine alors on lui a dit qu'elle était la fille de Perséphone :lol: Plot twist!
-Ils ne se rendent pas compte. Ils ne s’en rendront jamais compte, Dylan. La famille, l’amour, la mort, ils ne connaissent pas. Ils n’arrivent pas à comprendre.
-Et c’est bien pour ça que je les hais tant.
A la fois je comprends la colère de Dylan et à la fois je me dis que c'est illusoire de vouloir calquer un système de représenter humain sur des êtres divins... C'est pour ça aussi que j'aime les Travaux d'Apollon, ça montre aussi le pov des Dieux, leur façon d'appréhender le monde et le temps. On comprend mieux pourquoi ils agissent comme ils le font.
j’imitais à la perfection un sursaut en levant sur Clopin des yeux faussement dérouté. J’étais excellent comédien
Ca ne m'étonne pas venant de Travis ^^
On va regarder Le Bossu de Notre-Dame.
OUIIIIII!
« Un miracle étonnant si vous en sortez vivant ».
Ma phrase préférée :D Je le redis, le rythme dans cette phrase est juste kqdhhs!
Tu crois quoi, qu’on a un espèce de lien magique de jumelle ?
Ca serait bad ass!
le sentis se transformer en poignard de bronze céleste dans ma main et appuyai la pointe contre l’abdomen de Clopin
Et bim! Tu es devant un gars qui a combattu contre Cronos et Gaïa mon gars, et oui! *je suis en mode fan girl oui aussi*
Plus que tout, c’était l’étendard frappé d’un aigle et des lettres « SPQR » qui me donnait leur identité.
Les Romains! Ah ça devient intéressant! (J'espère que Reyna est là... ou enfin que les romain en général sont là pour une bonne raison, je veux pas avoir un nouveau conflit greco-romain maintenant qu'ils forment tous une grande famille!!! *j'aime la guimauve ok*
Je suis Hazel Levesque, fille de Puton
Hazel? C'est encore mieux que Reyna! Câlin!
Cela m’agaçait profondément de voir tous ces visages que je voulais laisser derrière moi revenir ainsi au galop.
Et bah moi c'est tout le contraire :lol:
-Super, grommelai-je. Hazel Levesque, il ne manquait plus que ça
Oh ça va, parmi les romains y'a pas plus gentil qu'Hazel! Il aurait pu tomber sur pire!
J’crois qu’elle sort avec le préteur, Zhang. Et c’est la sœur de Di Angelo. Ah, et c’est une héros de l’Olympe, aussi, elle faisait parti des sauveurs du monde cet été.
Je me sens comme une maman fière de ses enfants devant cette phrase :D
Ah et... NICO MON AMOUR! (Ce personnage est le meilleur. Point).
Di Angelo? répéta Dylan.
Pourquoi elle tique sur le nom de famille? Elle le connaît?
Et l’autre … Elle est un peu flippante. Elle s’appelle Reyna, je crois.
"Flippante" :lol: :lol: :lol:
Enfin, il y avait un garçon qui aurait pu … (elle se mit à rougir). Jason, je ne sais pas qui tu vois …
Tu peux pas savoir à quel point je suis en train de fangirler toute seule avec tous les noms des personnages à la suite comme ça! J'adore!
Trop sûr de lui, et il avait détesté nos blagues
Etonnant ^^
Il a été préteur, mais …
-On s’en fiche bordel ! s’écria Dylan
Ah bah non on s'en fiche pas! Moi je m'éclate perso à entendre parler des autres :lol:
C’est quoi ton plan, vous les tuez-tous, et pas de quartier ?
Bonne chance face à la légion romaine super entraînée... Je ne doute pas que ceux à la Cour ont continué d'apprendre à se battre mais ils sont quand même pas mal d'enfants assez jeunes et je suis à peu près sûre que leur entraînement n'est pas aussi poussé que celui du Camp ou de la Colonie...

Quoi? C'est déjà terminé? Mais j'étais trop à fond :lol: Je veux la suite!
Ah la la Perri c'était vraiment super ;)
cipounette

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Re: La Cour des Miracles [PJ/HdO]

Message par cipounette »

Rrraaah mais pourquoi je découvre cette fanfic que maintenant ?!
J'adore trop ! J'avais deviné que c'était Perséphone et l'idée est vraiment vraiment géniale et Travis est grave cool et Dylan je l'aime et je les ship moi aussi à mort !! Tu pourras me prévenir stp ?
Perripuce

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La Cour des Miracles - Chapitre 6 [PJ/HdO]

Message par Perripuce »

En écriant ce chapitre (j'ai tout écris aujourd'hui. Comme ça j'ai un mémoire à rédiger?) je me suis demandé pourquoi j'avais appelé le tout "La Cour des Miracles". Bon, je suppose que ça fait plus classe que "Finding Alice" - avec tout le respect que j'ai pour "Finding Nemo".

Bon bref, après avoir fini Lucy (je m'en remets toujours pas. Cela dit, ça a l'air d'avoir bouleversé qu'une minorité de lecteur :lol: :lol: ), et continuant sur ma lancée d'écriture, je vous livre le chapitre 6 (tiens, c'est un restau de ma ville ça) de la CdM (Oooh ça fait Coupe du Monde aussi ! Je m'émerveille d'un rien).

Pour les prévenus, je pense enfin faire une liste. Qui lit, déjà? Cazo, Cochyo, Anna', Cipou? D'autres volontaires que je ne sais pas? Bref, je vais déjà prévenir vous quatre :lol:

DANS LES EPISODES PRECEDENTS


Travis, fils d'Hermès, est forcé par son père de retrouver sa soeur Alice Miyazawa à l'aide de Dylan, la "fille aux yeux qui changent de couleurs", fille de Perséphone. C'est guidée par elle qu'il se retrouve à la Cour des Miracles, amassage de Sang Mêlés qui rejettent les deux Camps traditionnels, avec à leur tête Jasper Hillbrook, alias Clopin. C'est ainsi que Travis retrouve la soeur jumelle d'Alice qu'il pensait morte, Camille. A la fin du chapitre précédent, des légionnaires romains menés par Hazel arrivaient à la Cour et Clopin oblige Travis à se battre avec eux.


Bonne lecture !


Chapitre 6 : La fuite.

Je n’avais pas franchement eu le choix. Et cela me frustrait énormément. Je rageai. Avoir quitter la Colonie pour me remettre à castagner contre la Légion Romaine. D’autant plus que c’était Hazel Levesque qui la menait et que de tout les romains, c’était elle qui m’était apparue comme la plus sympathique. Je ne voulais pas me battre contre elle.
Mais je n’avais pas le choix. Si je voulais retrouver Alice je n’avais pas le choix.
Alors j’avais sorti mon poignard, et j’étais descendu en compagnie des enfants perdus de la Cour des Miracles. Chelsea et Camille écumaient à mes cotés alors que leurs compagnons s’équipaient.

-C’est idiot, lança la fille d’Apollon en lançant un casque à Camille. Franchement idiot. Non seulement ça ne résoudra rien de se battre, mais en plus il risque toutes nos vies – et celle de Rose, bon sang !
-Il sort vraiment avec ?

Camille haussa les épaules en enfilant un casque deux fois trop grand pour elle. Je savais que Grover avait une petite-amie nymphe, mais je n’avais jamais entendu parler d’une telle relation avec un Sang-mêlé.

-Je l’ai ai déjà vu s’embrasser en tout cas. C’est assez glauque quand on pense que Rose est un buisson d’épine.
-Un buisson d’épine qu’ils risquent de bruler s’ils ne peuvent pas passer, s’inquiéta Chelsea, avant de prendre quelqu’un par le bras. Dylan pour l’amour du ciel, comment tu peux laisser faire ça ?

Dylan se retourna vivement, une lueur farouche dans les yeux. Elle avait sorti son arc mais n’avait pas pris la peine de mettre une armure.

-Attend … Tu comptes quand même te battre après ça ? m’étonnai-je.
-Enfin Dylan, ce n’est pas sérieux, tu es blessée ! renchérit Camille. C’est stupide enfin ! Déjà cette bataille est stupide ! Obliger Travis à y participer est stupide, risquer nos vis est stupide et enfin Jasper est stupide !
-Alors pars ! s’agaça Giovanni qui passait par là. Si tu trouves que tout cela est stupide, va-t’en, fuis !

Et il s’en fut, dépité, les armes à la main. Je remarquai que la plupart de leurs équipements étaient de type grec – sans doute dérobés à la troupe de Luke venu les attaquer. Chelsea le regarda partir, les yeux plissés.

-Partir …, répéta-t-elle en un souffle. Oui, c’est une bonne idée.
-Pardon ?

Dylan écarquilla les yeux en dévisageant Chelsea comme si elle était folle. Mais Camille n’avait pas l’air de la trouver si folle que cela parce qu’elle hocha la tête.

-Oui. On a pas de temps à perdre avec cette bataille. On doit retrouver Alice.
-Attendez, vous voulez qu’on parte tout de suite ? compris-je, un lent sourire s’étirant sur mes lèvres. Et Clopin ?
-La bataille c’est sa décision, répliqua Camille d’un air farouche. Pas la mienne. Moi je dois aller retrouver ma sœur.

Je fus à deux doigts de prendre ma jeune demi-sœur dans mes bras en la couvrant de mille mercis. Sa phrase reflétait mes sentiments. Mon père m’avait demandé de retrouver Alice – et le plus vite que possible. Alors je n’avais pas de temps à perdre avec une bataille qui ne me concernait absolument pas. Mais Dylan ne semblait pas de cet avis :

-Mais vous êtes sérieux ? On est censé être fidèle à la Cour ! On ne peut pas partir comme ça, on doit la défendre !
-On n’aurait pas eu à la défendre si Clopin avait décidé de parler aux Romains au lieu de leur foncer dessus ! rétorqua Chelsea. Maintenant si j’ai bien compris, une gamine est en danger, vous n’avez pas le temps à perdre.
-Vous ? répétai-je en fronçant les sourcils.

Chelsea hocha doucement la tête. Ses yeux brillaient de détermination.

-Je n’ai pas oublié mes vieux réflexes de Sang-Mêlé Romaine. Une quête c’est trois personnes. Il s’agit de ta sœur, ainsi que celle de Camille, c’est normal que ce soit vous qui y alliez. Et ton père t’a dit de t’aider de Dylan. Ça fait trois. Moi, je vous couvre.
-Je devais juste conduire Travis à la Cour, protesta Dylan, prise de court. Non, je dois rester, je dois …
-Non, Dylan, soupira Camille, le visage crispé. Non. Je pense savoir ce qu’il se passe et … On aura besoin de toi.
-Sérieux ?

Je dévisageai ma demi-sœur avec incrédulité. Quand on s’était parlé dans la pièce télé, elle avait nié savoir la moindre chose concernant Alice. Pourtant, à présent, son regard racontait une toute autre histoire. Elle hocha sinistrement la tête.

-On en parlera plus tard. Mais ce qui est sûr, c’est que tu dois venir avec nous, Dylan.
-C’est n’importe quoi … Ecoutez, je ne peux pas …
-Ah non ? cingla Chelsea. Tu préfères suivre aveuglément Clopin sans réfléchir ? Dylan, je t’ai connue meilleure que ça. Tu es intelligente, tu sais que ce que Clopin fait est idiot. Les Sangs-Mêlés de Castellan était clairement hostile. Pas ici. On aurait pu parlé. Et de toute manière … Si eux sont ici, c’est que toute la légion est au courant. Si on gagne et que ces soldats ne rentrent pas, ils enverront toute l’armée. Réfléchis, Dylan … C’est la fin de la Cour.

Dylan contempla Chelsea avec de grands yeux ronds, comme sonnée par ses mots. Je ne pouvais m’empêcher d’être entièrement d’accord avec ce que disait la fille d’Apollon. Et je ne voulais pas me retrouver clouer ici alors que je devais retrouver Alice. Pendant un moment qui me semblait une éternité, Dylan resta silencieuse et immobile devant Chelsea. Dehors, les premiers sons de la bataille se faisaient entendre : le fracas des épées, les flèches fouettant l’air, le feu grec explosant. Il me semblait même que me parvenait les cris des premiers blessés.
Clopin était complétement fou.
Finalement, Dylan baissa la tête, et son air vaincu me sembla être le meilleur des augures. La lieutenante abdiquait.

-D’accord, lâcha-t-elle d’une voix rauque. D’accord. En soit on pourrait fuir … Oui, on va faire ça. Chelsea, couvre-nous, et ensuite rassemble le reste de la troupe. Oppose-toi à Clopin s’il le faut, mais fait en sorte qu’ils s’échappent. Fais les passer le Colorado. Essaie d’en sauver le maximum.
-C’est ce que je comptais faire, promis Chelsea en prenant derechef un arc.
-Et fais attention à toi. Je vais chercher des affaires pour la route.

Dylan disparut dans la cuisine, me laissant seule avec Camille, qui avait agrippé un parapluie jaune vif, et Chelsea qui se préparait au combat. Ses doigts tremblaient et mon cœur de se serra. Qu’allait-il se passer pour elle, à présent ? Une idée me traversa l’esprit et je pris Chelsea par les épaules.

-Ne passez pas le Colorado. Allez vers la ville, vers chez moi. Ma mère vous aidera.
-Quoi ?

Je soupirai profondément, me promettant d’appeler ma mère dès que je serais à l’abri. C’était en parti moi qui l’obligeait à ainsi se sacrifier, il était normal que je répare mes tords. Et au fond de moi, je sentais vibrer la fibre Hermès en moi, celle qui me poussait à protéger les voyageurs et les démunis.

-Je lui parlerais, assurai-je en plantant mon regard dans celui de Chelsea. Elle vous aidera, mais il faut que tu les y emmènes. Je suis sûr que tu connais Denver comme ta poche à force d’y mendier.
-Et n’allez pas dans notre planque, ajouta Camille. S’ils sont au courant pour ici, ils connaitrons sans doute leur existence … Prenez la camionnette et partez pour Denver.

Chelsea nous fixa, pétrifiée, avant de hocher la tête avec détermination. Puis elle me sauta au cou et je sentis ses larmes effleurer ma peau. Je refermai mes bras sur elle avec automatisme.

-Je suis désolé … Mais tu es courageuse, Chelsea. Tu vas y arriver.
-J’espère. Merci Travis. Et retrouve ta sœur.

Elle se détacha et prit Camille dans ses bras. Elle ne semblait pas particulièrement aimer les contacts physiques mais se laissa faire de mauvaise grâce. Dylan revient avec deux sacs bien fournis, et son arc déployé. Des plumes pendaient à sa hanse. Elle en donna un à Chelsea et l’autre à moi. Les deux jeunes filles s’étreignirent. Puis nous plongeâmes dans l’enfer.
La barrière de ronce était en feu et dégageait une forte fumée qui obscurcissait d’avantage la place et piquait les yeux. Camille se plia en deux, prise d’une forte quinte de toux, si bien que je dus la soutenir durant presque tout le trajet. Dylan et Chelsea poussèrent un cri d’horreur en découvrant le spectacle. A l’écart des combats, affalée contre le mur de la fermette, une jeune femme semblait à l’agonie. Tout son corps était couvert de cloque et de brulure, comme s’il prenait tout ce que les ronces subissaient. Je n’avais pas besoin du cri déchirant de Dylan pour deviner qui était cette femme :

-Rose ! Rose, non !

Un cri bien plus terrible encore se fit entendre et je vis une grande silhouette en casque courir vers la nymphe, et prendre son visage entre les mains avec douceur et douleur.

-Clopin, devina Camille en me prenant par le bras. On ne peut plus rien, à présent, il faut y aller.
-On doit l’aider, hoqueta Chelsea, dont les larmes coulaient sur le visage.
-Clopin est un fils d’Apollon comme toi, s’il doit l’aider il le fera, répliqua durement Camille. Nous on ne peut rien faire. Allez, allons-y.

Ce fut difficile d’arracher Dylan et Chelsea à leur contemplation. Les larmes brillaient dans les yeux de la fille de Perséphone et je dus la prendre fermement par les épaules pour que nous puissions reprendre notre chemin. Toute la Cour était entourée du buisson enflammé, et nous nous éloignèrent des combats pour trouver un passage. Dylan s’arrêta devant les ronces en feu, le nez niché dans son coude pour la protéger des fumées.

-C’est Rose, fit-t-elle d’un air désolé. Je … Je ne peux pas la couper, non …
-Elle brule, fit tristement remarquer Camille. Alors la couper … Ça ne fera pas pire.

Mais Dylan n’y paraissait pas résolue. Alors je sortis mon mousqueton, le transformait en poignard de bronze céleste, et me mit au travail. Certaines branches ne brulaient pas et je commençaient par elles. Camille donnait de grands coups de pieds dans les ronces à chaque fois, cherchant à se frayer à passage avec son parapluie jaune. Je compris un instant plus tard que son parapluie n’était pas un simple parapluie : sa poitrine semblait être aussi aiguisée qu’un couteau et elle s’en servait pour m’aider pour les branches enflammées. La chaleur n’était néanmoins pas sans conséquences : j’avais de plus en plus de mal à respirer et mes mains commençaient à se couvrir de cloques. Camille n’était pas dans un meilleur état et se mettait à tousser assidument. Chelsea finit par nous tirer tout deux de là, alors que nous avions bien entamé des ronces, pour nous soigner. Je soupirai de soulagement quand je vis les cloques disparaître de mes mains.

-Bon j’en ai ma claque, râla Camille en brandissant son parapluie. Reculez.

Elle appuya sur un bouton et son parapluie se déploya. Un instant, je craignis qu’elle décide de passer à travers les flammes en se servant de lui comme bouclier. Mais au moment où le parapluie se déployait, je sentis comme une déflagration qui venait de sa pointe. Chelsea me tira vivement en arrière au moment où les ronces explosaient, créant un passage étroit mais suffisant pour que l’ont puisse passer. Camille eut un sourire satisfait en agitant son parapluie.

-Il est chouette, hein ? C’est Jennifer qui m’a aidé à le perfectionner. Il a plein d’autres fonctionnalités.
-Tu te bats avec un parapluie. Par les dieux. Après ça, j’aurais tout vu.
-Non, tu n’as pas tout vu, marmonna Dylan. Il s’appelle Mary Poppins.
-Oh par pitié …
-On discutera du nom du parapluie de Camille plus tard, répliqua Chelsea d’une voix pressante. Il faut que vous y alliez, maintenant.
-Je ne crois pas, non.

Nous fîmes prestement volte face pour voir arriver Giovanni, le fils d’Athéna, et Allison la fille de Némésis. Elle les tenait en joue avec un long fusil que je soupçonnai être munie de balle en bronze céleste, et Giovanni tenait entre ses mains une longue épée. Dylan et Chelsea bandèrent aussitôt leurs arcs et Camille s’arma de Mary Poppins.

-Personne ne sort de la Cour, princesse, gronda Allison, les yeux rivés sur Dylan. Tu le sais, c’est toi qui l’a crée.
-Mais je n’aurais jamais cru que cela tournerait ainsi, rétorqua Dylan, les dents serrées. Ça … devait juste être un havre de paix.
-Vous n’êtes obligé de faire ça, plaida-je, baissant ma garde d’un centimètre. Vous pouvez encore vous sauver, vous pouvez encore …

La balle partit trop vite pour que je puisse la voir. Dylan me poussa sur le coté et la balle lui effleura la joue, y creusant un sillon écarlate. Je tombai sur le sol et une autre balle alla se ficher entre mes deux pieds. Les yeux d’Allison étaient durs comme la roche.

-Je suis presque sûre que tout ça est arrivé par ta faute. Tu as livré la Cour et nous …
-C’est faux ! Je veux juste retrouver ma sœur.
-Et bien tu la retrouveras aux enfers.

Avant que je ne puisse bouger, ou que Dylan ou Chelsea purent songer à décocher leurs flèches, Giovanni, aux cotés d’Allison, poussa un cri écœurant. Ses yeux tombèrent sur son épaule, où dépassait la pointe d’une lance dorée.
Les lances des Romains.
J’échangeai un regard alarmé avec Dylan alors que Giovanni tombait à genoux.

-Chelsea, va t’en ! lui cria Dylan en la poussant vers la ferme. Vite !

Chelsea hésita un instant, avant de se mettre à courir en direction des flammes. Allison voulut retirer la lance de son épaule quand un cheval arriva à vive allure, se cabrant devant elle. Elle se laissa tomber sur le sol, pétrifiée par son arrivée soudaine, et un soldat Romain la désarma, avant de la mettre en joue. Quant à moi je me relevai et pris vivement Dylan par la main.

-On doit y aller, vite !

Dylan hocha la tête et nous nous tournâmes vers le passage que Camille avait crée. Celle-ci tenta de s’y engouffrer, quand une nouvelle lance se ficha devant elle, lui barrant la route. Le cheval d’avança en quelque pas sur moi et son cavalier me désarma avec une facilité déconcertante pour pointer son épée sous ma gorge.

-Vous n’irez nul part. Baissez vos armes.

La voix m’était affreusement familière. Comme l’était le cheval et les cheveux couleur caramel qui dépassaient du casque de la cavalière.

-Hazel Levesque.

Je vis les sourcils de Hazel se froncer du haut de son mythique cheval, Arion. Elle abaissa son épée.

-Nous nous connaissons ?
-Travis Alatir, fils d’Hermès et ancien Conseiller-en-Chef du Bungalow 11.
-Oh.

Ce n’était pas un « Oh » particulièrement encourageant. Je fouillai dans ma mémoire si j’avais pu ne serait-ce qu’un tant soit peu déplaire à Hazel durant son séjour à la Colonie, mais rien ne me venait à l’esprit. A priori, elle ne devait pas me détester.

-C’est toi qui a accroché de l’ail partout dans le bungalow 13 pour vérifier si mon frère Nico était un vampire ? Et qui a mit du sang sur tout ses Tee-Shirt pour le faire croire ?

Connor, maudit sois-tu, rageai-je en souriant le plus courtoisement que possible.

-Ça devait être Connor, mon frère. Je ne suis plus à la Colonie, moi.

Hazel resta un instant silencieuse, me lorgnant du haut d’Arion. Malgré sa taille modeste, je ne pouvais m’empêcher de la trouver impressionnante dans son armure dorée, montant ainsi un animal mythique. Mais peut-être était-ce également dû à l’épée qu’elle pointait élégamment sous ma gorge. Puis, après un instant qui me parut une éternité, elle rangea son épée dans un fourreau accroché à sa selle, et mit pied à terre. Elle était bien plus petite que moi, le haut de son casque m’atteignant à peine, et pourtant, son impérieux regard d’or me clouait sur place.

-Maintenant, je crois que je te reconnais. Alatir, hein ? Les jumeaux ?
-Connor est mon petit frère, pas mon jumeau. Mais oui.
-Un grec, avec ça, marmonna un des soldats derrière elle. On peut le tuer, centurion ?
-Non, répliqua sèchement Hazel. Nous ne sommes pas là pour tuer. (Elle vrilla à nouveau ses yeux sur moi). Si tu es un grec de la Colonie, qu’est-ce que tu fais là ?
-Il est venu me chercher, intervint Camille, lorgnant méchamment le Romain qui la tenait en respect avec une lance. Notre père nous a demandé de retrouver ma sœur jumelle, Alice. Elle a disparu, on doit la retrouver.

Les sourcils de Hazel se froncèrent un peu plus et son étalon piaffa d’impatience. Elle caressa doucement ses naseaux sans nous quitter du regard.

-Hazel, insistai-je avec la foi du désespoir. C’est assez urgent pour que mon père m’ordonne d’y aller, alors que j’avais cessé toute activités de Sang-Mêlé. Je t’en supplie, peu importe ce que la Légion est venu faire ici … Laisse-moi y aller. S’il te plait.
-On a été informé qu’un groupe de Sang-Mêlé était ici, avoua Hazel en penchant la tête. Dont d’ancien de la Légion qui étaient recherchés. Je ne voulais pas que ça finisse ainsi.
-Nous non plus, lâcha Dylan dans un filet de voix.
-On veut juste retrouver Alice, assurai-je, plantant mon regard dans celui de Hazel pour que le message passe mieux. Je t’en prie … Il s’agit uniquement d’Alice. Elle est peut-être en train de mourir, ou je ne sais pas encore quoi … Hazel, mon père me l’a demandé, c’est forcément important. S’il te plait …

Je vis Hazel hésiter, ses lèvres se pinçant en une mince ligne marquant son indécision. Elle contempla Dylan, blessée, et désarmée, puis Camille et son parapluie jaune. Nous formions un piètre groupe, mais c’était tout ce dont je disposais pour retrouver ma sœur et j’en avais besoin. Les soldats parurent sentir l’hésitation de leur cheffe.

-Hazel, on a des ordres … Reyna nous a demandé de les ramener.
-Pas tous, protesta la centurion. Seulement ceux que la Légion recherchait. Comment vous vous appelez ?

Ses yeux se tournèrent vers Dylan et Camille. Elles m’interrogèrent du regard et je hochai imperceptiblement la tête. De toute manière, elles étaient toutes deux grecques : ce n’était sans doute pas elles que les Romains cherchaient. Elles déclinèrent leurs identités et Hazel parut satisfaite. Un mince sourire s’étira sur ses lèvres.

-Dans ce cas, je ne vous retiens pas.
-Mais Hazel …
-Ils ne sont pas sur nos listes. Ils ne nous intéressent pas. Vous pouvez y aller.

Je sentis le soulagement m’envahir. Dylan ramassa l’arc qu’elle avait laissé tomber et Camille s’engagea dans le passage dans demander son reste.

-Merci, centurion Levesque, soupirai-je avec un grand sourire. Mon instinct ne m’a pas menti, tu es une fille bien.
-Mouais. J’ai quand même une condition, te concernant. Dis à ton frère de ne plus embêter le mien. Sinon, je te retrouverais et c’est toi qui payeras, d’accord ?

Son regard sérieux était démenti par son léger sourire. Une vague de mélancolie m’étreint quand je songeai que vu le contexte actuel avec Connor, je pourrais l’obliger à rien – et de toute manière, il s’agissait de Nico Di Angelo. Le coup du vampire, j’aurais été capable de le faire moi-même.

-Je vais essayer. Merci.

Et sans attendre sa réponse, je fis volte-face, et suivis Dylan et Camille à travers les ronces, le feu et l’obscurité.

***


-Toujours aucun messages de Chelsea, remarqua Dylan en rangeant son téléphone.

Elle était allongée à l’arrière de la vieille Prius que nous venions de voler. Une plaie saignait à sa joue, et elle grimaçait chaque fois qu’elle bougeait, mais dans l’ensemble elle était intacte. Camille l’était également, et dormait à présent contre la fenêtre du coté passager, son parapluie jaune contre sa poitrine. Je conduisais la voiture, avec parfois une brusquerie qui me valait le regard noir de Dylan dans le rétroviseur.

-Les communications passent mal en ce moment, lui dis-je, me rappelant du mal que j’avais en ce moment à joindre ma sœur Julia au Camp. Et tu veux nous attirer des ennuis ou quoi ? Tu ne sais pas que les téléphones ça attire les monstres ?
-Tu utilises bien le tien, toi.
-Pas pareil. Mon père est Hermès, messager des dieux, le roi des communications et saint créateur d’internet. J’ai une sorte de passe-droit.
-Comment tu penses qu’ils s’en sont sortis ?

Je gardai un instant le silence, les yeux rivés sur l’horizon. Nous allions vers l’ouest et l’aube éclairait le ciel d’une belle couleur rosée. La fuite de la Cour avait été douloureuse pour tous. Dylan n’avait cessé de se retourner, des larmes pleins les yeux, pour voir la Cour se réduire peu à peu en cendre et Camille avait montré quelques signes de sensibilité en pinçant des lèvres. Notre seule satisfaction avait été d’entendre, alors que nous étions à distance respectueuse de la Cour, le bruit d’un moteur qui quittait la fermette en flamme en trombe. Chelsea avait sans doute réussi à s’enfuir – du moins, c’était ce que nous espérions.

-Aucune idée, Dylan. Clopin devait sans doute être sur la liste de Hazel – et Chelsea aussi, d’ailleurs. Elle a du réussir à s’enfuir.
-Alors pourquoi elle n’appelle pas ? Elle doit être à Denver à l’heure qu’il est …
-Je t’ai dis, les communications entre demi-dieux passent mal, répétai-je avec lassitude. Dylan, je suis sincèrement désolé pour la Cour mais … Cesse de t’inquiéter, d’accord ?

Je sus avant même de voir son regard meurtrier dans le rétroviseur que c’était la mauvaise chose à dire.

-La Cour c’est tout que j’ai connu, répondit-t-elle en détachant chaque syllabe, le regard humide. J’ai aidé Clopin à la mettre debout, ça a été ma maison et ma famille durant des années … Qu’est-ce que ça te ferait, à toi, si ton précieux Camp avait été réduit en cendre que tu avais dû le suivre en urgence ? Sans avoir aucune nouvelle de ta famille ?
-J’ai participé à plusieurs guerres, Dylan, lui rappelai-je avec douceur. L’incertitude, je connais bien.

La colonie avait l’été dernier subi des dommages colossaux. Le bungalow onze s’était effondré en flamme, et avec lui certains demi-dieux restés à l’intérieur. Cela avait été une angoisse de chaque instant de déblayer les gravats à la recherche des survivants. Le siège de New-York avait été aussi un calvaire. Connor était parti en reconnaissance avec Julia et d’autres frères et sœurs, pendant l’interruption des combats. Ils avaient été partis tout le jour et j’avais arpenté le hall de l’hôtel dans lequel nous avions élu domicile de long en large en les attendant, me rongeant les sangs et les ongles. Finalement, ils étaient revenus au crépuscule, portant le corps de la chasseresse qui les avait accompagné. Je n’avais pas le cœur à raconter ces histoires à Dylan. Je ne voulais pas lancer une sorte de compétition sur qui avait vécu les trucs les plus horribles. Sans doute parce qu’elle gagnerait haut la main. Moi, malgré tout, j’avais toujours ma mère, Connor, et Denver. Dylan n’avait à présent plus rien. Le pire dans toute cela, c’était que j’avais douloureusement conscience que c’était en partie de ma faute. Dylan ne répondit rien, se contentant de me fixer dans le rétroviseur. J’évitai de croiser son regard – tant pour garder les yeux sur la route que pour maintenir la culpabilité à distance. Mais même sans le voir, il me transperçait.

-Cette fille, Hazel, entonna-t-elle alors, et j’y vis l’effort de penser à autre chose qu’à la destruction de la Cour. Tu la connais bien ?
-Assez mal, en fait. Je n’ai pas parlé à beaucoup de Romain quand ils ont stationné chez nous. Et toi ? Je veux dire … C’est une fille de Pluton, non ?

Dylan dressa un sourcil.

-Et ?
-Et … Je ne sais pas, je me suis dit que … Peut-être tu lui répondais …
-Je suis une fille de Perséphone, mauvaise herbe. Pas de Proserpine.
-Ah.

Je me sentais un petit peu idiot de ne pas avoir vu la nuance. La personne à laquelle elle répondait devant être grecque. Pourtant, Hadès/Pluton ne devait pas avoir des masses d’enfants, parce qu’un pacte – qui n’avait de pacte que le nom car personne ne l’avait respecté – avait longtemps interdit aux trois grands d’avoir des enfants. Et malheureusement, je ne connaissais qu’un grec qui avait survécu à cela.

-Et sans indiscrétion … Tu sais à qui tu réponds ? Je veux dire, quel enfant Hadès a eu pour … euh … « justifier » ta naissance ?

Je crus qu’elle n’allait pas me répondre et m’envoyer sur les roses. Mais contre toute attente, elle ne fit que grimacer.

-Je ne suis pas censée savoir ça, en fait. Ma mère ne me l’a pas dit la seule fois que je l’ai vue. Et je ne suis jamais allée aux Enfers. Mais un jour, un gamin est venu me voir. Il m’a dit que j’étais sa « réponse » et j’ai compris. Peut-être que tu le connais, il est à la Colonie.
-Nico Di Angelo.
-Ouais, c’est ça.

J’accusais le coup, assommé. Il avait bien sûr été la première personne à laquelle j’avais pensé, mais j’avais éloigné cette possibilité de mon esprit. Je n’avais jamais réellement su ce que je ressentais vis-à-vis de ce demi-dieu sombre et mélancolique au regard acéré. En réalité, je pensais qu’il me faisait flipper. Oui, c’était cela, j’avais peur de Nico et cette aura ombreuse qui s’accrochait à ses pas. Je n’aimais la mort, et Nico Di Angelo l’incarnait parfaitement. L’idée que Dylan puisse avoir un rapport, même infime avec lui me rendait mal à l’aise.

-Tu ne l’aimes pas, devina Dylan, remarquant visiblement mon malaise.
-Ce n’est pas ça. A vrai dire, je ne lui ai quasiment jamais parlé. Il est juste … bizarre. Donc tu l’as rencontré ?
-A Denver, oui. Il est venu me voir. Mais je ne lui ai rien dit sur la Cour, si c’est ce que tu penses. On a juste pris un café, et je me suis faite passée pour une gamine des rues.
-Cour ou pas, c’est ce que tu es, Dylan.
-La ferme. En tout cas je l’ai trouvé gentil. Son père l’avait informé de l’entente et il voulait voir à quoi ressemblait sa réponse. Mais il ne m’a pas beaucoup parlé de lui.
-Voilà qui est surprenant.

Il n’y avait pas plus secret que Nico Di Angelo. Pourtant, de longues années à le croiser m’avaient appris quelques trucs – son étrange passion pour les cartes mythomagic, la perte de sa grande sœur et sa toute nouvelle homosexualité. Cette dernière chose fit rire Dylan de bon cœur. Imperceptiblement, je me sentis me détendre, et mes doigts se décrisper du volant. Cela faisait du bien d’entendre Dylan rire.

-Je t’avoue que je n’aurais jamais parié là-dessus, quand je l’ai vu, avoua-t-elle. Il est si sombre, si renfermé …
-Qui ça ?

Camille venait d’ouvrir un œil, gardant toujours dans ses bras sa meurtrière Mary Poppins. Ses deux tresses noires étaient complétement défaites.

-Un copain à Dylan, répondis-je, récoltant le regard noir de celle-ci. Bien dormi la marmotte ?
-Ça va. On est où, là ?
-Tu nous as dit d’aller vers l’ouest, on va vers l’ouest. On vient de passer la frontière avec l’Utah.
-Parfait.
-Camille ? (Dylan se redressa pour avancer sa tête entre nos deux sièges). Maintenant, tu vas m’expliquer pourquoi tu étais si sûre d’avoir besoin de moi ?

Camille eut un vague mouvement d’agacement, comme si elle chassait une mouche. Ses yeux noirs étaient gorgés de sommeil et ce fut d’une voix atone qu’elle répondit :

-J’ai rêvé d’Alice ses derniers temps. Je … Je pensais que c’était des simples rêves, venus de mon imagination mais … (Elle me jeta un regard). C’est plus que ça, non ?

Je hochai la tête, jubilant intérieurement. Camille avait rêvé d’Alice, elle l’avait admis dans la salle télé. J’ignorais si c’était mon père qui lui avait envoyé ces rêves ou si c’était leur lien de jumelles qui se manifestait, mais c’était notre seule chance de savoir ce qui lui était arrivée.

-Une des règles primordiales chez les demi-dieux. Un rêve n’en ai jamais un.
-Et qu’est-ce que tu as vu ?

Camille garda un instant le silence. C’était peut-être l’effet de mon imagination, mais son regard semblait légèrement embué.

-Je crois qu’elle me cherchait.

La voix de Camille était rauque et Dylan mit doucement sa main sur son épaule.

-Je pensais que c’était mon subconscient qui m’envoyait ses rêves. J’ai … j’ai toujours attendu qu’Alice ou ma mère vienne me chercher. Une façon de me narguer, quoi.
-Non, Camille, lui souffla doucement Dylan pour lui prendre la main. Ta sœur te cherchait vraiment, pas vrai Travis ?

Je me trémoussai, mal à l’aise. En réalité, Alice n’avait jamais cherché Camille. Et cela n’avait aucun sens qu’elle la cherche.
Parce que Camille était censée être morte.
Je compris en un éclair ce qui s’était passé dans la tête d’Alice. Mes doigts se crispèrent à nouveau sur le volant.

-Elle est partie vers les Enfers.
-Pire que ça. Elle y est déjà descendue, Travis. Et c’est pour ça qu’on a besoin de toi, Dylan. On a besoin d’un enfant des Enfers pour aller dans les Enfers.

Dylan cligna des yeux, abasourdie, et Camille dégagea la main de la sienne. A présent, ses yeux étaient aussi sec que le désert dans lequel nous étions plongés.

-Comment le sais-tu ? souffla Dylan, perplexe. Comment sais-tu qu’elle y est ?
-Je le sens, c’est tout. La dernière image que j’ai eu d’elle, c’était à Los Angeles. On habitait là-bas. Mais … Je ne sais, on aurait dit qu’elle partait en expédition. Elle avait un sac à dos et des chaussures de marche. Et une photo de nous deux dans les mains. Mais maintenant, elle n’est plus à Los Angeles. Elle est aux Enfers.

Dylan garda un moment le silence, dévisageant Camille avec une sorte de gêne. Je devinai qu’elle n’aimait pas particulièrement cette nature là, celle de fille des ombres, et qu’elle répugnait à l’utiliser. Pourtant, elle finit par pousser un soupir de résignation.

-OK. OK, je veux bien l’entendre. Alice te croit morte, elle va te chercher aux Enfers. Jusque là c’est logique. Tu as besoin d’une enfant des enfers ? Pas forcément nécessaire, mais assez logique aussi. Et tu as une chance incroyable que cela arrive en automne.
-Peut-être que mon père a parfaitement calculer ce timing.

Dylan me jeta un regard acéré pour me faire taire.

-Mais, je suis peut-être une enfant des Enfers – du moins en ce moment – il n’empêche que je n’ai aucune idée de comment on y accède.

Camille se mordit nerveusement la lèvre et baissa les yeux d’un air déçu. En revanche, un léger sourire s’étira sur mes lèvres.

-Pourquoi tu souris comme ça ? s’étonna Dylan avant de se rembrunir. Je déteste quand tu souris comme ça.
-Alala, Dylan. Ta formation de demi-déesse à la Cour a été plus que lacunaire. (Elle rougit furieusement en me fusillant du regard). Crois-moi, à force de côtoyer Percy Jackson, on apprend quelques trucs utiles. Camille (j’extrais mon portable de ma poche pour lui tendre). Entre « Los Angeles » dans le GPS.
-Mais Alice n’y est plus …
-En fait, si. Ou plutôt en dessous. Je vous expliquerais. En tout cas, les filles, j’espère que vous avez fait le plein de drachmes. Parce que comme nous sommes vivants, je pense que Charon nous demandera plus d’une pièce pour passer.
cipounette

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Re: La Cour des Miracles [PJ/HdO]

Message par cipounette »

Coucou,
je fais juste un com à l'arrache pr dire que ce chapitre était trop bien, j'adore la dynamique Trevor/Dylan, Camille est cool et aussi que j'ai lu le chap de Lucy mais j"ai pas comm' pk je veux prendre le tps d'en faire un énorme !!
bisous
Morgane-Feroldi

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Re: La Cour des Miracles [PJ/HdO]

Message par Morgane-Feroldi »

Coucou ! C'est trop cool !!
Est-ce que tu pourras me prévenir quand tu postes, stp ?
Merci
cochyo

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Re: La Cour des Miracles [PJ/HdO]

Message par cochyo »

Deja a cause de ton message du debut je me sens hyper gene !
Ensuite, ce chapitre etait genial.
Enfin .... Y'en a pas c'etait un super chapitre !!!
Perripuce

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Re: La Cour des Miracles [PJ/HdO]

Message par Perripuce »

cochyo a écrit :Deja a cause de ton message du debut je me sens hyper gene !
Ensuite, ce chapitre etait genial.
Enfin .... Y'en a pas c'etait un super chapitre !!!
C'est pas toi qui est visé t'inquiète Cochyo :lol: :lol:
cochyo

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Re: La Cour des Miracles [PJ/HdO]

Message par cochyo »

Perripuce a écrit :
cochyo a écrit :Deja a cause de ton message du debut je me sens hyper gene !
Ensuite, ce chapitre etait genial.
Enfin .... Y'en a pas c'etait un super chapitre !!!
C'est pas toi qui est visé t'inquiète Cochyo :lol: :lol:
Sait on jamais ! Ah et j'avais oublie de dire que CDM, j'ai un pote qui l'a ecrit partout pour coupe du monde alors j'avais d'abord pense a ca puis au titre :lol:
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