The Debt (terminé) [Contemporain / Ado-YA]

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15Lina15

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Re: The Debt [Young Adult]

Message par 15Lina15 »

Ouai, c'est exactement ça, on avait du mal à cerner Jess et en même temps le comportement d'Anthony était assez incompréhensible, donc très bien vu !
Je comprends, si ça fait des mois que tu as finis d'écrire, il y a un moment t'as envie que ça s'arrête (surtout si tu as commencé il y a longtemps :lol: )
Je dois dire que limite Anthony est le personnage ou un des personnages les mieux écrits, tout son comportement, les moindres réactions dans le dernier chapitre était cohérent, j'avais l'impression de voir vraiment un être humain *bravo* 8-)

J'espère bien que je vais avoir encore quelques sueurs froides ! :lol: En tout cas, j'ai hâte ces 2 derniers chapitres prédisent une bonne fin !!
louji

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Re: The Debt [Young Adult]

Message par louji »

15Lina15 a écrit :Ouai, c'est exactement ça, on avait du mal à cerner Jess et en même temps le comportement d'Anthony était assez incompréhensible, donc très bien vu !
Je comprends, si ça fait des mois que tu as finis d'écrire, il y a un moment t'as envie que ça s'arrête (surtout si tu as commencé il y a longtemps :lol: )
Je dois dire que limite Anthony est le personnage ou un des personnages les mieux écrits, tout son comportement, les moindres réactions dans le dernier chapitre était cohérent, j'avais l'impression de voir vraiment un être humain *bravo* 8-)

J'espère bien que je vais avoir encore quelques sueurs froides ! :lol: En tout cas, j'ai hâte ces 2 derniers chapitres prédisent une bonne fin !!
Oui, Jess était assez bipolaire dans son comportement d'une certaine manière x) Et plutôt insaisissable.
Quant à Anthony... c'est un personnage très paumé qui prend conscience de son propre mal-être et choisit de le confronter plutôt que de l'éviter assez tard... :v
Oui, il y a de ça aussi :lol:
Oh merci beaucoup :shock: J'essayais tant bien que mal de le "présenter" au cours de l'histoire, mais comme il hait Zach, il montrait que sa colère ou son mépris et était bloqué dans ces sentiments-là... Le PDV interne à sa personne m'a permis d'éclaircir 2-3 choses ^^

Boh, en vrai, elle reste assez prévisible je pense, je suis pas si cruelle ;)

A bientôt ! ^-^
louji

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Re: The Debt [Young Adult]

Message par louji »

Hello ! Parmi les deux chapitres postés aujourd'hui, le 94 est l'un de mes préférés je crois x') Surtout parce qu'il a pris une direction que je n'avais pas du tout prévue et que c'était vachement chouette de plonger dans la psychologie de ce personnage et d'en tirer les toiles les plus sombres comme les plus optimistes. Pour le 95, il est un peu plus spécial... en espérant qu'il ne le soit pas trop :?



94
Mark



Dehors, les guirlandes multicolores brillent, les faux rennes en métal bondissent en tirant des traîneaux en bois chargés d’énormes cadeaux. Des décorations agrémentent les lampadaires qui diffusent une clarté opaque sur la chaussée. En cette fin de décembre, la nuit est vite arrivée. Mark augmente le chauffage de la Jeep puis retourne à sa contemplation. Ses voisins sont généreux en décoration et en factures d’électricité chaque année.
Le souvenir de ses filles jouant dans la neige et de son épouse lui tendant la main avec un sourire le cloue sur son siège. Le moteur tourne, mais il ne s’est pas encore engagé sur la route. Quelques flocons tombent paresseusement sur le pare-brise. Pas assez pour que ça tienne. En expirant doucement, Mark abaisse le frein-à-main puis lance la Jeep.
Les jardins qui défilent par les vitres semblent raconter un conte de Noël. Des lutins, des rennes, des enfants, des cadeaux… rouges, blancs, verts. La lune apparaît par intermittences derrière un ciel sombre et voilé. Comme l’humeur de Mark.
C’est le premier Noël qu’il passe seul.

Les Daniels l’ont invité. Elena aussi. Il a refusé les deux invitations. La seule personne avec qui il aimerait être, c’est Alison. Parce qu’elle représentait si bien la fête… C’était elle qui construisait les bonhommes de neige au fond du jardin avec les filles. Elle qui passait des heures à la salle à manger pour fabriquer les décorations. Qui entourait au feutre dans les magazines, des mois à l’avance, les jouets que leurs enfants trouveraient sous le sapin.
Tous les soirs de décembre, elle l’accueillait avec une tasse fumante et un sourire chaud. Elle frottait son nez contre le sien, même s’il était gelé. Elle glissait tendrement ses lèvres tièdes contre sa joue froide. Quelques secondes plus tard, ses deux jumelles venaient lui sauter au cou. Holly lui grimpait dessus et Jade le couvrait de câlins. Une heure plus tard, ils passaient à table, savourant avec plaisir les repas que Mark préparait. Le soir de Noël, Alison cuisinait des sablés avec les filles. En forme de sapin, de renne, de lutin, de cadeau, de flocon… Ils en avaient toute une boîte pour se régaler pendant des jours.

Un klaxon ramène Mark sur la route obscure. Il s’oblige à s’arrêter sur la chaussée, car il a la vision brouillée par les larmes qui lui brûlent les yeux. Une fois le moteur coupé, il enfile ses gants en cuir brun, ouvre la portière, et s’éloigne de quelques mètres dans le champ qui borde la chaussée. Son souffle forme un nuage devant lui. Ses mocassins dérapent sur la terre gelée.
Grosse et ronde, la lune le surplombe. Les étoiles sont tout juste visibles à cause des lumières de Denver, à une cinquantaine de kilomètres au nord. L’air est froid, les rares flocons tombent lentement tout autour de lui. À une vingtaine de mètres sur sa droite, une maison est éclairée. Il imagine sans mal le bonheur et la chaleur qui règnent dans ce foyer.
Le sien est à présent vide et froid.

Cinq minutes plus tard, une fois calmé, Mark reprend la route. Il allume l’autoradio pour s’occuper l’esprit. Des chants de Noël. Sur toutes les fréquences. Grommelant de mécontentement, Mark doit tourner le bouton pendant une bonne minute avant de trouver une radio qui diffuse autre chose.
La route pour aller à Lake Town ne lui a jamais semblée aussi longue. Sauf peut-être ce fameux soir où il a appris la mort de sa famille. C’est Philip qui l’avait appelé. Pour lui annoncer qu’il était à l’hôpital avec Sofia. Qu’ils l’attendaient. Qu’ils avaient de mauvaises nouvelles.
Comme si des mauvaises nouvelles pouvaient résumer ce qui s’était passé ce jour-là.

Tranquillement, Mark gare la Jeep sur le parking de l’hôpital. Il connaît bien sa façade et ses couloirs, à présent. Voilà six mois qu’il y passe tous les jours.
Il adresse un hochement de tête compatissant au personnel de garde et se rend au quatrième étage. À seulement quelques mètres de l’ascenseur, il y la chambre 402. Sans un mot, Mark y pénètre, ôte son manteau et ses gants, dépose sa sacoche sur une chaise et en tire une autre. Les rideaux sont tirés, les fleurs sur la table sont fanées. Il n’y a plus que les ronronnements des machines qui emplissent l’air.
Le cœur gelé comme un vent d’hiver, Mark pousse sa chaise vers les consoles médicales. Il ne le regarde pas. Il ne regarde pas le garçon qui a effacé le sourire d’Alison et étouffé les rires de ses filles. Ses yeux sont fixés sur les clignotements, les courbes, qui brillent sur les écrans de contrôle. Doucement, il vient poser la main sur la machine qui gère l’ensemble. Il a appris à distinguer les monitors les uns des autres, à force.
Alison semble être penchée à son oreille. Pour lui murmurer des mots d’amour, des mots de joie et d’espoir. Lui ne lui a apporté que des maux.
Jade est pelotonnée contre sa poitrine. Ses dessins emplissaient sa chambre, mais aussi les miroirs de la salle de bain, la porte du réfrigérateur, le bac sur la console d’entrée. Lui n’a fait que peindre sa vie de noir et rouge.
Holly tient son bras. Elle s’amusait souvent à tester la force de son père, à le défier. Ils se pourchassaient mutuellement dans le jardin. Se chatouillaient à en finir à bout de souffle. Lui n’a fait que vider son foyer de rires et de vie.
Alors Mark glisse les doigts sur les commandes de l’appareil.

Molly a raison. Une boucle bouclée. Une dette remboursée. La véritable fin du cauchemar.
Il le hait. Il le hait tellement fort. Tout en lui l’horripile – sa voix, ses gestes, son regard. Il a voulu l’étrangler cent fois. Il s’est toujours retenu. Mais aujourd’hui ? Un bouton de pressé et c’est terminé. Mark n’a qu’à se lever, sortir de la pièce sans un regard en arrière et la page est tournée.
Le pouce de Mark est sur le bouton, prêt à appuyer. L’arrêt des machines déclenchera sûrement une alarme dans le bureau des infirmiers. Mark sera déjà sorti lorsqu’ils arriveront.
Tu es Mark Grace.
Le bourdonnement des monitors le rend dingue. Ils semblent le narguer.
Tu es l'époux d'Alison Grace et le père de deux formidables petites filles.
Sa mâchoire horriblement crispée n’empêche pas son menton de trembler.
Tu es le meilleur ami de Philip et de Sofia Daniels.
Les muscles de son bras sont tétanisés.
Tu es professeur de droit à l'université de Denver et tu fais de ton mieux chaque jour.
Ses yeux le brûlent tellement qu’il doit fermer les paupières.
C'est l'homme que tu es, Mark.
D’ailleurs, ce sera peut-être plus facile de le faire ainsi. Le regard clos.
Un homme bien, juste, honnête et, à mes yeux, le plus courageux.
Un sanglot déchirant l’ébranle. Avec un cri, il se lève, rouvre les yeux et repousse violemment la chaise.
– Je ne peux pas, bordel de merde ! crie-t-il au monde et à lui-même.
Comment pourrait-il mettre fin à la vie d’un garçon qu’il recouvrait d’un plaid lorsqu’il s’endormait sur le canapé ? Qu’il regardait travailler sur son lit, souriant face à son air concentré. Qu’il observait de biais depuis son bureau lorsqu’il se réchauffait face à la cheminée, se croyant seul. Dont il appréciait les repas simples, mais bienvenus, le soir. Dont il couvrait d’un gant froid le front brûlant lorsqu’il était malade. Dont il constatait la respiration hachée et les geignements discrets lorsqu’il le regardait dormir.
Comment pourrait-il tuer celui qui l’a ranimé ?

Tremblant d’horreur, sanglotant de chagrin, haletant de peur, Mark reste debout, immobile, le temps de se reprendre. Comment a-t-il pu y penser ? Quel genre de monstre est-il pour souhaiter le voir mourir ?
Avec appréhension, Mark bascule les yeux sur les machines. Elles fonctionnent toujours. Il respire. Il vit. Tout va bien.
– Pardon, chuchote Mark en ramenant la chaise vers les monitors. Pardon, Zach.
Les joues toujours humides de larmes, il prend la main de l’adolescent et la porte à sa bouche pour l’embrasser. Sa peau est froide.
– Je suis désolé, mon garçon. Désolé d’avoir pu penser à ça, d’avoir voulu t’ôter la vie.
Avec un nouveau sanglot douloureux, Mark baisse la tête, la main de Zach broyée entre ses doigts.
– Est-ce que tu me pardonnes ? D’avoir craqué ? D’avoir pensé à presser ce foutu bouton ?
Face au silence qui lui répond, Mark sourit avec dépit. Lentement, il repose la main de l’adolescent sur le matelas puis observe son visage endormi. Il se rappelle la première fois qu’il l’a surpris assoupi sur le canapé, face à la cheminée. C’était quelques jours après qu’il soit venu vivre chez lui. Sans attendre, Mark l’a chassé du salon avec des cris et de grands gestes. Tête baissée, livide, Zach a filé à l’étage sans rien dire. Puis, les mois filant, Mark a toléré sa présence. Au bout d’un an, il était capable d’ignorer la silhouette malingre de l’ado endormi sur le canapé. Après deux années, il s’approchait pour le regarder dormir, l’espace de quelques secondes. Il n’avait jamais la respiration régulière. Ses cauchemars lui arrachaient des gémissements. Trois ans après, l’homme acceptait de boire son café sur le fauteuil tandis, qu’à côté, Zach somnolait sur le canapé. Quatre ans après, Mark déposait un plaid sur ses épaules pour qu’il n’attrape pas froid. Cinq années après la mort de sa famille, il frôlait le front de l’adolescent pour en chasser les mèches de cheveux. Comme il le faisait autrefois pour son épouse ou ses filles.
Cinq foutues années. Il lui avait fallu tout ce temps pour enfin l’accepter et voilà qu’ils étaient séparés. Mark était-il donc condamné à souffrir toute sa vie ? À voir s’envoler ceux qu’il aimait, les uns après les autres ?

Hagard, Mark observe le mur en face de lui. Il dépose sa main sur la poitrine de Zach, écarte les doigts, presse sa paume contre la chemise d’hôpital. Et il la sent. La vie timide qui pulse en lui. Cette lueur brillante qu’il a vue au fond de ses yeux, ce jour où l’adolescent l’a supplié de lui donner une chance. Ce désir brûlant d’être aimé qu’il a détecté dans sa voix tremblante. Ce chagrin sans fin qui résonnait terriblement avec le sien.
La vie de Zach lui a toujours semblé vulnérable. Abandonné à la naissance, trimballé de famille en famille, seul survivant d’un terrible accident, déchiré d’envies suicidaires durant son hospitalisation, violenté par son père adoptif pendant cinq ans, harcelé au lycée, poignardé par des camarades de classe. Failli être achevé par la première personne à jamais l’aimer.
Mark retire sa main de la poitrine de l’ado pour l’amener vers son visage. Il lui sourit tristement.
– Est-ce que tu seras vraiment vivant, vraiment heureux, un jour ?
Et toi donc ? lui réplique une voix, à mi-chemin entre l’accusation et la douceur.
Avec tendresse, Mark frotte du doigt la joue de l’adolescent. Il n’a jamais vraiment été affectueux envers lui. Il ne lui a jamais accordé les câlins, les mots doux, les sourires tendres et les clins d’œil qu’il avait pour ses filles. Que de rares étreintes et quelques mots d’affection soufflés que récemment. Moins qu’il en méritait. Il s’en veut. Il aurait dû le serrer dans ses bras plus souvent, lui rappeler qu’il l’aimait plusieurs fois.
Le cœur comprimé par les regrets, Mark se redresse et baise le front de l’adolescent. Parce que c’était déjà un grand garçon lorsqu’il l’a adopté, parce qu’il était réservé et farouche, parce qu’il n’en demandait pas, Mark n’a pas pris la peine de lui témoigner affection et réconfort. Pourtant, Zach en aurait eu bien besoin. Lorsqu’il se réveillait en criant, pantelant et en sueur, d’un cauchemar. Lorsqu’il faisait une mine déconfite en apercevant une photographie de la famille Grace quelque part dans la maison. Lorsqu’il s’isolait dans sa chambre pour ravaler ses larmes, sa douleur, sa peur. Lorsqu’il rentrait de l’école avec des bleus. Lorsqu’il se laissait marquer par les gifles. Tous ces moments où Mark lui en voulait, l’accusait d’être égoïste ou arrogant, lui rappelait qu’il avait une Dette à payer. Tous ces moments où il aurait dû le soutenir, l’aider.
Peut-être qu’ils n’en seraient pas là si Mark avait été un bon père.

Mark est encore en train de le regarder dormir lorsqu’une voix posée s’élève près de la porte :
– Je me doutais que tu serais ici.
Comme il ne l’a pas entendue arriver, il sursaute. Elena. Chaudement habillée, la femme retire son bonnet gris en le secouant pour enlever les flocons accrochés. Ses boucles noires glissent sur les contours de son visage pâle.
– Tu n’es pas avec Oliver ? s’étonne Mark en se redressant.
Il est à la fois agacé d’être coupé dans son intimité et soulagé de la présence de la journaliste.
– J’ai passé l’après-midi avec lui. Mais je voulais te voir. J’avais la poitrine comprimée en t’imaginant seul ce fameux soir. (Avec des gestes sereins, elle suspend son propre manteau à côté de celui de Mark et accroche son bonnet par-dessus.) Personne ne passe le réveillon de Noël seul.
– Certains le font.
– Contre leur gré, rétorque gentiment Elena avant de s’approcher de lui.
Fermant les yeux, Mark la laisse glisser sa main sur sa nuque. Des frissons descendent son dos et remontent vers son cou. Tendrement, Elena presse les lèvres contre sa tempe.
– Pourquoi ? (Mark lui jette un regard dubitatif.) Pourquoi tu restes auprès de moi ? Elena, je n’ai rien à t’offrir. Tu es en âge de fonder une famille, tu as tout juste quarante ans. Moi, j’ai déjà donné. Tu pourrais avoir ton propre foyer, des enfants…
– Mark, le coupe-t-elle en prenant son visage en coupe. À ton avis ? J’aime ma dépendance. Si j’avais voulu des enfants, j’en aurais fait. J’adore déjà mon neveu. (Elle jette un regard de réprimande à Zach.) Enfin, si ce nigaud veut bien se réveiller. Bref, j’ai toujours dicté ma vie selon mes propres choix et non en fonction des attentes de mes proches.
S’assurant que Mark veuille bien, elle s’assoit sur ses genoux. Machinalement, il passe un bras autour de sa taille pour la retenir.
– Et, aujourd’hui, j’ai envie d’être avec toi, Mark. Pas avec un homme de quelques années plus jeune qui n’a pas encore fondé de famille. Avec toi. Même si ta famille est atypique, même si ton foyer est fragile. C’est toi que j’aime, Mark.
Les mots font tomber la mâchoire de l’homme. Ils se sont rapprochés au cours de l’année. Se sont un peu éloignés à cause du coma de Zach.
– Elena… murmure-t-il dans un souffle stupéfait. Elena, je…
Elle le fait taire d’un baiser féroce. Elle ne l’a jamais embrassé ainsi. Avec tant d’impatience et d’avidité. On dirait qu’ils s’apprêtent à se dire adieu. Pourtant, ils viennent tout juste de se retrouver.
Lorsque leurs lèvres se descellent enfin, Mark prend le temps de réfléchir. Le regard plongé dans les prunelles noires et brillantes de la femme, il essaie d’écouter son cœur plutôt que sa tête – pour une fois. Ces derniers mois, toute son attention et son amour étaient tournés vers Zach, vers son fils. Il n’y avait pas de place pour elle.

Avec un demi-sourire, il prend les mains de la journaliste pour les serrer contre lui. Puis il enfouit le nez dans son épaule, dans sa chaleur et son odeur épicée.
– Est-ce que tu veux bien de moi dans ta vie, Elena ?
Avec un rire discret, elle libère une de ses mains pour lui caresser la nuque.
– C’est à moi de te poser la question, Mark. Tu n’étais pas exactement disposé à recevoir une femme dans ta vie, ces derniers temps. Et c’était tout à fait normal. Mais je ne veux pas m’engager sans savoir ce qui m’attend.
Ces mots le font grimacer. Lui rappellent qu’il l’a délaissée, ces derniers mois.
– Je ne crois pas que je m’en sortirai seul, finit par avouer Mark d’une voix presque inaudible. Je crois que j’ai besoin de quelqu’un pour m’aider, pour me relever.
Elena souffle doucement contre sa joue.
– C’était si dur à reconnaître ?
Un rictus de honte plisse les lèvres de Mark, qui ferme les yeux en attirant Elena contre lui.
– Oui. Je pensais être redevenu fort, grâce à Zach. Mais son agression m’a de nouveau affaibli. Alors j’ai besoin de quelqu’un.
– Tu as des amis…
– J’adore Sofia et Philip, la coupe Mark d’un ton clair. Sans Sofia, Zach ne serait pas qui il est. Quant à Phil… c’est mon meilleur ami, le témoin de mon mariage. Mais ils ne sont pas complètement dans ma vie et c’est normal, car ils ont la leur. J’ai besoin d’une personne qui soit cent-pour-cent à mes côtés, comme l’est Zach.
Lentement, il glisse une main dans les boucles sombres d’Elena, détaille son visage calme, apprécie son souffle mentholé. Il se redresse pour embrasser sa joue, suit le contour de sa mâchoire et s’arrête près de ses lèvres. Elena frissonne entre ses bras.
– Je veux bien t’aider, Mark, murmure-t-elle en refermant les bras autour de son cou. J’attendais simplement que tu sois conscient de ce manque dans ta vie. Je voulais être sûre d’avoir ma place dans ton cœur. Et de ne voler celle de personne.
La patience et la bienveillance d’Elena lui font monter les larmes aux yeux. Elle a peur de ne pas être acceptée, de ne pas être à la hauteur, de ne pas être aussi forte que Zach ou de remplacer Alison.
– Elena, tu es différente de mon épouse ou de Zachary, reprend Mark en l’observant avec un sourire attendri. Ils m’ont tous les deux apporter des choses bien différentes. De la même façon que tu m’apporteras quelque chose d’inédit. (Il embrasse la main qu’il tient encore.) Si tu veux bien… est-ce que tu… accepterais de faire un bout de chemin avec moi ?
Un sourire éclatant illumine le visage de la journaliste, qui bondit des genoux de l’homme et lui attrape les mains pour le faire lever. Aussi nerveux qu’à son premier rendez-vous amoureux, Mark observe Elena sans savoir quoi faire.
– Ma réponse est oui.
Bien plus lentement et précautionneusement que le baiser précédent, Elena presse sa bouche contre celle de l’homme. Leurs lèvres s’entrouvent, leurs mains se cherchent, leurs cœurs se trouvent.
– À présent, lâche Elena d’une voix courte une fois qu’ils ont cessé de s’embrasser, j’ai une demande à te faire.
Mark hoche la tête, le cœur battant fort contre ses côtes. Il a conscience de la chance qu’il a eue avec Elena. Des opportunités et de la promesse de vie qu’elle lui offre.
– J’aimerais qu’on passe Noël chez toi, Mark. Je sais que tu voulais être auprès de Zach, mais il n’est pas vraiment avec nous. Alors, si tu veux bien, est-ce qu’on peut rentrer à Daree, se pelotonner devant la cheminée avec un chocolat chaud et apprendre à mieux se connaître ?
Même s’il s’y attendait, la proposition fait grimacer Mark. Après avoir pris une grande inspiration, il lâche les mains de la journaliste, se penche au-dessus de Zach pour le saluer d’un dernier baiser sur le front, puis passe un bras autour des épaules d’Elena.
– Allons-y, alors.
Avant de sortir, les deux adultes jettent un coup d’œil à l’adolescent. Il n’est pas qu’un caillou qui a fait sauter les rouages d’une famille. Il est aussi le ciment qui a recollé de nombreux morceaux cassés.




95
Nora



Elle se tient là, dans l’encadrement d’une chambre d’hôpital, au seuil d’un monde qu’elle a refusé de connaître. Ses yeux de glace furètent de droite à gauche, à la recherche d’une quelconque menace. Sa lèvre inférieure tremble.
Après avoir vérifié qu’il n’y a personne dans le couloir, elle s’engage d’un pas rapide dans la pièce et ferme derrière elle. Elle a la poitrine brûlante de peur et de joie. Ses mains agrippent nerveusement tout ce qui lui tombe sous les doigts : son sac à main, sa veste, ses cheveux détachés. Elle relève la tête, fixe un plan de sécurité scotché à la porte, hésite. Devrait-elle être là ? N’aurait-elle pas dû partir ? L’article… c’est cet article qui l’a poussée à venir.
Elle l’a lu dans cette revue locale qu’elle suit depuis des années. La femme n’a jamais cessé de prendre des nouvelles de la ville de son enfance. C’était une annonce d’à peine quelques lignes dans les informations graves. Elle se rappelle encore l’intitulé, il résonne douloureusement sous son crâne : « L’adolescent de dix-sept ans poignardé par ses camarades de classe toujours dans le coma ». Ce sont ces quelques lignes qui l’ont amenée ici. Qui l’ont amenée à Lake Town, qu’elle a désertée depuis des années. Elle se demande encore si c’est le ton pessimiste de l’annonce quant à l’état de l’adolescent qui l’a obligée à se rendre à l’hôpital ou sa conscience.

Nora expire bruyamment. Il s’est écoulé si longtemps. Ne peut-elle pas faire face comme il se doit ? Elle veut le revoir avant… avant quoi ? Qu’il sombre pour toujours ? Quel intérêt d’échanger avec un inconscient ?
Elle se redresse, une lueur déterminée au fond des yeux. Elle avance, prête à l’affronter.
Elle le trouve beau. Malgré les perfusions, malgré ses joues creuses, malgré ses cheveux secs et le bleu sous ses yeux, malgré la pâleur de ses lèvres et la maigreur de ses bras. Elle le devine grand et dégingandé sous la couette qui recouvre son corps inerte.
Aussi curieuse qu’une enfant, elle approche à pas feutrés du lit. Elle lui trouve une grande ressemblance avec son père. Pas qu’elle se souvienne très bien de l’homme, mais… mais c’est lui. Les souvenirs la heurtent brutalement et sa respiration accélère.
Ils se sont rencontrés un peu par hasard. Ont échangé autour d’un café un peu par hasard. Leur premier baiser relevait sûrement du hasard, lui aussi. Leur relation n’a pas été longue, quelques mois tout au plus. Ils étaient jeunes, insouciants malgré les leçons inculquées. Nora ne s’est jamais pardonné son manque de prudence. Elle l’a quitté et il n’a jamais cherché à la recontacter.

Comme dans un rêve, cette soirée du nouvel an 1998 lui revient. Elle se rappelle le vent tapant contre les vitres, elle se rappelle l’odeur de l’encens que Berry avait fait brûler. Elle se rappelle son corps déchiré par la douleur, ses cris étouffés, son front trempé de sueur.
Il n’y a eu que Berry pour l’aider. Son amie lui a épongé le front, lui a tenu la main, est allée chercher les serviettes et l’eau. Pas à un seul moment elle ne l’a jugée. Jamais. Elle a protégé Nora en l’aidant à maintenir sa couverture auprès de ses parents, de ses amis et connaissances. Grâce à elle, Nora a eu le courage d’affronter tout ça.
En quelques heures, Nora n’a plus été seule dans sa vie. Ils étaient à présent trois. Il y avait lui, le bébé, et il y avait Berry. Il lui a fallu du moment pour s’en rendre compte, pour comprendre et réagir.
L’expression médusée de Berry quand elle a soulevé le nouveau-né criard est inscrit au fer rouge dans l’esprit de Nora. C’est elle qui l’a tenu en premier, l’a nettoyé et séparé de sa mère. Il était petit, fragile et bruyant. Comme n’importe quel bébé. Mais Nora avait peur de lui. Il représentait beaucoup trop de choses pour qu’elle puisse l’assumer. Malgré tout, Berry l’a installé entre ses bras craintifs et a forcé son amie à l’allaiter. « Le plus dur est passé. » Berry était toujours positive.
C’est ce soir-là, dans l’intimité d’un appartement étudiant et à la lumière des bougies du nouvel an, que Nora a embrassé pour la première fois celle qui deviendrait sa femme. Sur le coup, elle n’a pas imaginé la portée de son geste. Elle voulait simplement remercier et prouver son affection à celle qui l’avait soutenue depuis le début et n’avait jamais porté un seul jugement de valeur.
« On peut le garder ». C’est au creux de son oreille que Berry a chuchoté l’infaisable. Elle tenait Nora entre ses bras, alors qu’elle observait avec interdiction la petite vie allongée sur elle. Sans hésiter, elle a secoué la tête. « Non, non, je peux pas ». Elle n’a alors pensé qu’à elle, pas à elles. Berry n’a rien répondu, mais Nora a décelé cette minuscule lumière déçue au fond de son regard calme. Elle avait cassé l’espoir insensé d’un enfant dans leur vie.

Un mois plus tard, Nora est sortie, le bébé attaché dans son dos, affronter le vent d’hiver. Elle a marché jusqu’à l’orphelinat de Lake Town, qu’elle a observé sous toutes les coutures.
Le soir, elle a trouvé Berry chez elle. La jeune femme lui avait préparé son plat préféré : du poulet mariné au citron et aux herbes, accompagné de petites patates fondantes. L’attention a réchauffé le cœur glacé de Nora. Après le repas, Berry et elle se sont blotties sur le canapé, le bébé enroulé dans sa couverture tout près d’elles.
« Il a tes yeux. »
« Je sais. »
Alors que Berry allait ajouter quelque chose, Nora a martelé : « Ne dis plus rien, je t’en prie. »
Son amie a cédé.

Un nouveau mois plus tard, alors qu’une magnifique journée de février venait de se terminer, Berry a conduit Nora jusqu’à l’orphelinat. Elle tenait le bébé serré contre sa poitrine, le visage blême.
« Tu es sûre ? » La voix de Berry était tremblante d’un dernier espoir.
« Oui. »
Berry n’a rien dit. Le choix revenait à son amie. « Adieu, petit bout » a-t-elle soufflé en caressant le fin duvet de cheveux qui recouvrait le crâne fragile de l’enfant.

La femme tire une chaise pour s’asseoir près du chevet du malade. Elle a les épaules basses, la bouche morne. Elle lui a donné le prénom de son grand-père maternel, qu’elle adorait ; bien que l’homme en question, ni ses parents, ne furent jamais au courant.
Elle pourrait presque sentir la chaleur du bébé contre sa poitrine. Le petit bruit qu’il faisait en dormant. D’une main tremblante, elle a déchiré un bout de papier, sur lequel elle a inscrit son prénom, la seule chose qu’elle lui ait donnée en plus de la vie.
« Adieu, Zachary »
Elle l’a glissé dans une misérable boîte à chaussures dans laquelle son petit corps rentrait, l’a recouvert d’une épaisse couverture et a placé à ses côtés le bout de papier. Puis, après une rapide inspiration, a ouvert la portière, marché d’un pas raide jusqu’à l’orphelinat et a posé délicatement la boîte sur le perron. Le bébé ne s’est pas réveillé et Nora a fait demi-tour sans un regard en arrière.

– Zachary.
Nora est penchée au-dessus de lui. Elle observe son visage sous tous les angles. Il n’a pas l’air d’avoir beaucoup hérité d’elle. Hésitante, elle frôle sa joue et sursaute en y sentant des poils. Malgré tout, quelqu’un doit le raser, il aurait une jolie barbe autrement. Savoir qu’une personne s’occupe de lui la rassure. Elle se demande si c’est cet homme veuf dont parle l’article.
Elle caresse son visage, fait courir ses doigts sur ses pommettes saillantes, touche ses lèvres froides et suit la ligne de sa mâchoire. Elle joue avec les boucles de ses cheveux, chasse une poussière de son front lisse. Il est si jeune et si grand en même temps. Le bébé qu’elle a connu a bien grandi.
Une fierté irraisonnable l’envahit tandis que les larmes roulent sur ses joues. Ce garçon ne lui appartient pas et il ne le fera jamais. Elle a décidé de séparer leurs vies le jour où elle l’a abandonné. Malgré tout, elle est fière du jeune homme qu’il est devenu. Elle a envie de le serrer dans ses bras, d’entendre sa voix, de le voir sourire, de l’entendre rire et de connaître ses amis.
Elle chasse ses envies irrationnelles. Elle n’a pas le droit.
Et lui non plus. Il ne peut pas. Il n’a pas le droit d’abandonner maintenant.
– Zachary, reprend-t-elle d’une voix ferme, réveille-toi.
D’un geste plus assuré, elle glisse les mains sur les côtés de son visage pour soulever légèrement sa tête.
– Zachary, réveille-toi, je t’en prie.
Maintenant sa tête d’une main, elle caresse son front de l’autre.
– Mon… mon garçon, il faut que tu te réveilles.
Les larmes coulent de plus belle sur ses joues.
– Mon fis, mon magnifique fils, tu ne peux pas tout laisser tomber maintenant.
Elle se penche pour embrasser sa joue.
– Il y a des gens qui tiennent à toi. Il y a des gens qui comptent sur toi. (Elle lâche un rire désabusé.) Moi, je compte sur toi. Je t’ai… je t’ai abandonné, je sais, mais c’était dans l’espoir que tu aies une meilleure vie que celle que je t’aurais offerte. Je ne pouvais rien te donner si ce n’est de voir le soleil, mon garçon. J’étais trop jeune, inexpérimentée. Je ne te demande pas de me pardonner, juste de te réveiller. N’abandonne pas cet homme qui t’a pris sous son aile. N’abandonne pas tes amis de lycée, ne laisse pas tomber ceux qui t’aiment.
Elle regarde ses larmes s’écraser en chute libre sur le visage inexpressif de l’adolescent.
– Je sais, c’est égoïste ce que je te demande. Mais tu n’es pas comme moi, Zachary. Tu es fort, brave. Tu es généreux et altruiste. Comme Berry, comme ton père. Ne sois pas comme ta mère. Je t’aime, mon fils. Réveille-toi. Ouvre les yeux pour voir le soleil. Profite de toute la vie qui te reste.
Il reste sans bouger dans ses bras. Ses traits sont ravagés de tristesse. Qui aurait cru qu’elle aurait des sentiments aussi forts pour cet enfant abandonné il y a des années.
– Zachary, réveille-toi, s’il te plaît, bredouille Nora d’une voix déchirée.
Elle sent la chaleur qu’il dégage, son cœur qui bat sous sa peau. Si près de la vie et pourtant coincé parmi les morts.
– Zachary, bon sang ! finit-elle par crier en le serrant fort contre elle. Réveille-toi. Réveille-toi ! RÉVEILLE-TOI !
À bout de forces, elle fond en larmes. Elle repose délicatement la tête de l’adolescent sur l’oreiller. Renifle puis se penche pour chuchoter :
– Si tu ne le fais pas pour moi, fais-le pour eux.
En guise de dernier geste, elle embrasse affectueusement son front et se redresse.
Elle lui jette un dernier regard avant de sortir. La paupière droite de l’adolescent remue. Les machines commencent à biper plus rapidement. Des tics nerveux agitent le visage figé de l’adolescent.
Nora a disparu quand les yeux bleus, si identiques à ceux de sa mère, de l’adolescent s’ouvrent enfin.
15Lina15

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Re: The Debt [Young Adult]

Message par 15Lina15 »

Salut !
Trop contente de lire la suite et pour le coup, c’est vraiment bien. J’ai adoré la perspective plus adulte dans ces deux chapitres : un pour chaque parent de Zach, l’histoire de Mark et très belle et celle de Nora encore plus prenante je trouve !! Je n’aurai jamais imaginé que ce soit l’appel de sa mère qui le réveille, c’est vraiment poétique !!
J’ai hâte de voir ses débuts au réveil et surtout si on reverra Nora où si elle restera un fantôme.

J’ai remarqué des fautes d’inattention :
– Elena, tu es différente de mon épouse ou de Zachary, reprend Mark en l’observant avec un sourire attendri. Ils m’ont tous les deux apporter des choses bien différentes.

Une fierté irraisonnable l’envahit tandis que les larmes roulent sur ses joues. Ce garçon ne lui appartient pas et il ne le fera jamais. Elle a décidé de séparer leurs vies le jour où elle l’a abandonné. Malgré tout, elle est fière du jeune homme qu’il est devenu. Elle a envie de le serrer dans ses bras, d’entendre sa voix, de le voir sourire, de l’entendre rire et de connaître ses amis.
À très bientôt ! Et du coup tu aura finis avant 2020 ?
louji

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Re: The Debt [Young Adult]

Message par louji »

15Lina15 a écrit :Salut !
Trop contente de lire la suite et pour le coup, c’est vraiment bien. J’ai adoré la perspective plus adulte dans ces deux chapitres : un pour chaque parent de Zach, l’histoire de Mark et très belle et celle de Nora encore plus prenante je trouve !! Je n’aurai jamais imaginé que ce soit l’appel de sa mère qui le réveille, c’est vraiment poétique !!
J’ai hâte de voir ses débuts au réveil et surtout si on reverra Nora où si elle restera un fantôme.

J’ai remarqué des fautes d’inattention :
– Elena, tu es différente de mon épouse ou de Zachary, reprend Mark en l’observant avec un sourire attendri. Ils m’ont tous les deux apporter des choses bien différentes.

Une fierté irraisonnable l’envahit tandis que les larmes roulent sur ses joues. Ce garçon ne lui appartient pas et il ne le fera jamais. Elle a décidé de séparer leurs vies le jour où elle l’a abandonné. Malgré tout, elle est fière du jeune homme qu’il est devenu. Elle a envie de le serrer dans ses bras, d’entendre sa voix, de le voir sourire, de l’entendre rire et de connaître ses amis.
À très bientôt ! Et du coup tu aura finis avant 2020 ?
Hello !
Merci beaucoup, c'est vrai que je voulais garder ces deux chapitres pour la (presque) fin ;) Et, oui, c'est aussi assez significatif, et je suis franchement contente qu'ils t'aient plu :D J'avais peur que Nora fasse un poil trop "cheveu sur la soupe" mais si t'as bien accroché à son histoire, j'suis ravie 0/
Yes, ça fait "bons sentiments" m'enfin, Nora lui devait bien ça... :roll:

Oh merci pour les fautes, je corrige !

Et encore merci pour ton retour ;)

Oui, le dernier chapitre et l'épilogue arrivent le 06/12 ;)
louji

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Re: The Debt [Young Adult]

Message par louji »

Bon... c'est la fin :roll: :cry: Ça me fait un peu bizarre, après deux ans et demi à poster sur le forum, 4 ans et demi après avoir commencé The Debt, quelques mois après l'avoir terminé. Bizarre, mais soulageant aussi ! La fin d'une aventure littéraire de mon côté qui m'aura bien plu et dépaysée (la première fois (et la dernière je pense, j'ai laissé les années ado derrière moi !) que j'écrivais du YA réaliste). J'espère que vous aurez aussi suivi avec plaisir l'évolution de Zach, de sa famille et ses amis. Même si vous lisez ce texte longtemps après que j'aie posté la fin, n'hésitez pas à laisser un commentaire 0/ Ça fait toujours plaisir et je suis pas mal présente sur le forum donc je devrais répondre sans trop tarder ^-^
Enfin, pour la fin, merci aux personnes qui m'ont soutenue et accompagnée dans The Debt (je pense notamment à Lucie pour son assiduité et ses conseils réguliers et à titia pour son enthousiasme dès le début du récit (sans oublier Danou, of course :D )). Merci aux personnes qui ont lu, même une partie, aux personnes qui m'ont fait des retours... Et merci à mes parents car, mine de rien, The Debt parle pas mal de famille et de parentalité :)

PS : y'a une tite surprise après ce post, j'espère que ça plaira 8-)




96
Zachary



Il se rappelle les étoiles. Elles étaient hautes et brillantes dans leur toile.
Il se rappelle les sons. Les insectes et sa respiration.
La mélodie du sous-bois qu’il visitait. La danse sur son visage de l’air frais.
Il se rappelle les voix. Les murmures.
Il n’a pas eu le temps de les repérer, de se préparer. Il a à peine eu le temps de respirer.
On lui a enserré les épaules, on a bloqué ses membres. Elle était déjà gelée, son âme.
Il se rappelle l’éclat de la lame. Elle était belle à la lumière de la lune.
Il se rappelle la douleur. Le premier coup a été hésitant. Le deuxième plus assuré et rapide. Le troisième enragé et dévastateur.
Les trois l’ont meurtri.
Quand les étaux ont lâché ses bras, il s’est effondré par terre. Il avait mal. Il était déjà flétri.
Il se rappelle le froid. La chaleur s’est enfuie de lui. L’a laissé pantois et meurtri.
Il se rappelle les cris et les larmes. La main de Mark dans la sienne. Ses joues humides et ses yeux tristes.
Sa douleur était sienne.
Il se rappelle le désespoir. Si perfide et si noir. Logé au creux de son ventre, dans les replis de son âme. Écrasé de son pouvoir.
Il se rappelle les ténèbres denses. Froides, intenses.
Il s’y est perdu, quand la lumière a décru.
Il se rappelle ses tueurs. L’un n’était qu’un diablotin sans mauvais fond. Les autres étaient des démons.
Deux démons aux crocs acérés, aux yeux sans chaleur.
Il se rappelle le vide.

M.
Mm.
Ma.
Mam.
Mamm.
Mama.
Maman.
Maman !


Un coup au cœur et la lumière revient.
Il a encore dans le nez son parfum.
Sur le front son baiser.
Elle ne l’a pas abandonné.

Les minutes qui suivent sont étonnantes.
Il regoûte la lumière, les sons et les sensations.
Ébahi, il entend son cœur palpiter fièrement dans sa poitrine, son souffle clamer son existence.
Ses pensées s’agitent, s’envolent, virevoltent.
Lentement, doucement, mais sûrement, ses doigts caressent les draps. Sous la couette, au bout du lit, ses orteils reprennent vie.
Bientôt, ses lèvres se frottent entre elles, se languissent de croquer ses envies. Ses yeux dévorent tout ce qu’ils voient, avides, impatients après tout ce temps.

La porte s’ouvre.
Un homme rentre.
Avec des gestes machinaux, manifestement répétés de nombreuses fois, il cale son parapluie contre le mur, suspend son manteau brun à un crochet puis tire une chaise.
Ses épaules voûtées, ses tempes grises et son visage morne lui font mal au cœur.
Mais il le reconnait.
« Papa »
Comme s’il venait de se faire poignarder, il se fige en tressaillant.
Le jeune homme voit l’enfer dans les yeux d’obsidienne du vieil homme. Il a souffert.
Son cerveau s’interroge alors que son cœur s’agite.
C’est papa. Il me ressemble pas, mais c’est papa.
Une joie irrationnelle s’empare de lui alors qu’il lui sourit.
Soudain, l’homme recule, trébuche, puis se redresse à l’aide de la chaise. Ses yeux affolés le dévisagent sans avoir l’air d’y croire.
Avec des gestes fébriles, il ouvre la porte de la chambre.
– Sofia ! Sofia ! SOFIA !
Ses cris heurtent ses oreilles en le faisant grimacer.
– Il est réveillé !
L’homme se retourne vers lui. Un espoir insensé dans son regard médusé. Il ajoute dans un murmure tremblant, plus pour lui-même que pour la personne qu’il a appelée :
– Il est réveillé.

Il n’attend pas que Sofia arrive.
Il court vers lui et l’agrippe entre ses bras puissants. Ses yeux et son nez coulent dans son cou, mais il l’ignore.
« Papa »
Avec toujours plus de force, il le serre contre lui. Il entend des talons puis une voix féminine :
– Oh ! Oh, mon Dieu ! Mark… oh… Oh…
Elle aussi se met à pleurer. Il ne comprend pas leur tristesse.
Avec précipitation, elle le rejoint.
– Mark, doucement. Je sais que… Mark, laisse-moi le voir.
L’homme serre son cœur encore une fois contre le sien puis le lâche avec regret. Une femme aux yeux verts apparaît dans son champ de vision. Elle porte une blouse blanche qui fait ressortir son chignon de cheveux roux.
– Bonjour Zachary.
Puis la vérité le frappe brutalement.
Zachary. Zach. Zachary Gibson. Zach. Zachary Grace. Zach. Zachary Dent. Zach.
Moi.
Dix-sept ans.

Le monde redevient flou.
Sa poitrine lui fait mal, son cœur hurle.
La terreur l’envahit. Il ne veut pas y retourner. Il ne veut pas retourner dans le noir et le vide.
– Zach, calme-toi, tout va bien !
Une voix angoissée lui parvient difficilement.
Malgré le choc brutal de la réalité contre sa conscience, il essaie de ralentir son souffle. Les machines qui l’entourent se calment.
– Voilà, c’est ça…
Une main douce se pose sur son front et il tressaille.
« Maman »
– Attends, il faut que tu boives. Tu peux pas parler avec une gorge aussi sèche…
La docteure en blouse lui tend un verre.
Eau. L’eau. L’eau !
Si fraîche, si bonne, si vivifiante. Il en tremble de soulagement.
– An !
– Quoi ? lâche « Papa » en le dévisageant.
Ses yeux noirs sont rougis. Le voir ainsi lui peine le cœur.
– A’an.
Agacé, il avale de nouvelles gorgées d’eau. Il a l’impression d’avoir du sable dans la bouche.
– ‘Man !
Les adultes se dévisagent entre eux, hébétés.
Il se sent soudain esseulé.
– Maman…
« Papa » le dévisage en silence, les yeux ronds. Sans savoir pourquoi, quelque chose d’humide coule sur ses joues froides.
– Maman… Maman… Maman !
La docteure se penche vers lui.
– Non, Zach… C’est moi, Sofia. Tu te rappelles ? Je suis la mère de Lily Rose. Ton amie.
Elle ne comprend pas.
Quand elle tend les mains vers lui, il se dérobe.
Elle n’est pas sa mère.

Il pleure. Il pleure une femme qu’il n’a jamais connue. Il pleure sa mère.
– Zach, mon garçon…
« Papa ». Il enlève les mains de son visage pour le voir.
– Tu… te souviens de moi ?
Son visage plein d’espoir l’agace. Il l’ignore et s’enfouit sous la couette. Il voudrait qu’ils partent. Tous.
– Zach.
C’est « papa ». Son ton est inquiet. Avec hésitation, sa main se pose sur son bras. Son contact est chaud, mais il le gèle.
– Allez-vous-en ! tonne-t-il avec colère.
Il les sent meurtris. Mais ils acceptent.
D’autres médecins passent le voir pour l’examiner. Il ne les connait pas, alors cela lui convient. Sofia et « papa », eux, lui font mal. Car il les connait, mais ils ne sont pas « maman ».
Je veux maman. Ma maman.

Le soir tombe. À présent, il peut bouger tout son corps. La sensation de ses orteils se recroquevillant, de ses articulations se pliant, de ses doigts se mouvant, de ses yeux papillonnant, de ses lèvres souriant, est exquise. Ils ne lui ont donné que de l’eau, mais le liquide dans sa gorge est un breuvage divin. Si simple et si bon.
Il s’est endormi. Les raclements de la chaise l’arrachent à sa somnolence.
– Pardon, je ne voulais pas te réveiller, murmure la voix familière de « papa ».
Groggy, il se tourne dans sa direction.
– Pourquoi tu es si maigre, papa ?
Il sursaute sur sa chaise comme si on l’avait foudroyé. Sa mâchoire tombe tandis que ses yeux s’ouvrent d’ébahissement.
– Zach, reprend-t-il d’une voix rauque. Tu… te rappelles pas ?
Il fronce les sourcils, perplexe. Se rappeler quoi ? Il se rappelle que sa mère est venue, lui a parlé, l’a encouragé. Elle lui a dit de revenir, de tenir bon, alors il l’a fait.
– Maman est venue, déclare-t-il en guise de réponse. Elle m’a parlé, m’a encouragé et m’a dit de revenir. Alors, je suis revenu.
Silencieux, interdit, « papa » le dévisage avec un mélange d’horreur, d’incompréhension et de pitié. La colère lui fait serrer les dents.
– Me regarde pas comme ça, s’agace-t-il en haussant la voix.
Comme s’il avait eu honte de sa réaction, « papa » baisse le nez. Il le voit se tordre les mains.
– Tu m’as jamais appelé « papa », Zachary, annonce-t-il d’une voix sourde.
Surpris, il fronce les sourcils. C’est son père, pourquoi ne l’aurait-il pas appelé « papa » ?
– C’est faux, marmonne-t-il sur la défensive. C’est… je m’en rappelle, de ça. Tu es mon père. Papa.
Le regard qu’il lui jette lui donne envie de se réfugier sous son lit. Il lui fait trop mal, il est trop plein de douleur, de regrets et de dépit
– Zach, je… je ne suis pas vraiment ton père.
Une sueur froide lui descend la nuque. L’angoisse lui embrasse les tripes.
– C’est Oliver, ton papa. (Comme il ne réagit pas, l’homme hausse un sourcil.) Oliver Dent. Tu… tu te souviens ?
Un homme pâle, aux yeux et aux cheveux sombres, lui apparaît en tête. Oliver. Lui, il lui associe un nom. Il se rappelle aussi qu’ils avaient bien discuté, sympathisé, mais…
– Je me rappelle d’Oliver, déclare-t-il d’un ton bourru. Nous avons déjeuné quelque fois ensemble, avons fait de sorties, mais…
Il jette un regard grave à l’homme qui le toise en silence, tendu.
– Mais il ne m’a pas élevé, ce n’est pas mon père.
– Zach, Oliver Dent est l’homme qui t’a engendré.
– Et alors ? crie-t-il brusquement en se redressant, furieux.
Sa colère fait reculer l’homme sur sa chaise, pâlot. Ses lèvres plissées ne se rouvrent pas de suite.
– Zach, je comprends ta détresse après ces presque six mois de coma, mais tu…
– Qu’est-ce que tu as dit ? le coupe-t-il soudainement, médusé.
Il semble prendre conscience de ses paroles, car il demande d’une petite voix :
– Tu n’as pas vu la date ?
Un seau d’eau froide lui tombe dessus. Blême de terreur, il secoue la tête. Son cœur se met à battre comme un forcené contre ses côtes, lui faisant mal. La tête lui tourne.
– Nous sommes le trois janvier 2016, Zachary. (Il esquisse un sourire dépité.) Bon anniversaire en retard, mon garçon. Tu as dix-huit ans.
Non.
Non.

Suffoquant, il porte une main à son cœur. Il bat si fort qu’il craint de s’évanouir sous la montée de tension. C’est une plaisanterie. Une mauvaise blague.
Il secoue fermement la tête.
– C’est pas vrai. Nous sommes le 21 juin 2015. Ou, dans ces eaux-là. Lily Rose a organisé une fête chez elle. Il y avait Jess et Dante, aussi. Oui, oui, je m’en rappelle.
Il essaie tant de se convaincre que ça en crève les yeux. L’homme lui jette un regard désemparé, l’air effaré.
Ses lèvres se mettent à trembler. Il a tort, forcément. Ça ne peut pas être vrai.
Dépassé par la nouvelle, il se recroqueville dans son lit. Tout son corps s’est mis à trembler. Sa conscience s’entrechoque à ses souvenirs. Il est apeuré, mortifié.
– Zach, chuchote Mark en posant une main sur son épaule. Je sais que c’est dur à encaisser. On ne sait pas encore ce que ces six mois de coma t’ont infligé comme dommages psychologiques et neurologiques, mais…
– Prends-moi dans tes bras, le supplie-t-il d’une voix pleine de tremolos.
Pris de court par sa demande, il ne réagit pas tout de suite. Puis, il se lève, s’assied sur le lit, glisse un bras sous les épaules de Zach pour le soulever et le cale contre lui. Gentiment, il pousse les mèches trop longues qui lui tombent sur les yeux et commence à lui frotter les cheveux. Un sanglot nerveux se coince dans la gorge de Zach.
– Papa, je suis perdu.
Avec un soupir, il répond franchement :
– Moi aussi, mon garçon. Et j’ai peur.
– Oui. Moi aussi.
Il agrippe son bras et le garde contre lui comme un enfant avec sa peluche. Il a besoin de repères, de familiarité, de sa présence. Son aura calme et bourrue le réconforte.
– Ça t’embête ?
– Quoi donc ?
– Que je t’appelle « papa ».
– N-Non ! (Il soupire de nouveau dans ses cheveux.) C’est juste que… Tu m’as jamais appelé comme ça, alors… j’ai été surpris.
– Ma question, c’est : est-ce que ça t’embête ?
– Non, Zach. Au contraire, même.
– Tant mieux, souffle-t-il en fermant les yeux.
Comme Zach se sent plus détendu et en confiance, il lui serre de nouveau le bras et murmure :
– Papa, tu veux bien m’expliquer comment j’ai fini ici ?
Et il lui explique.

Ça fait déjà une heure que « papa » est reparti. Mark. Papa. Peu importe, c’est le même homme, qu’il l’appelle d’une façon ou d’une autre. Il lui a demandé de l’appeler « Mark » en public ou lorsqu’ils sont entourés de connaissances. Il prétend que ça blesserait Oliver Dent, son « vrai » père s’il savait que Zach appelle Mark « papa ». Pourtant, dans leur cas, le lien de sang ne lui semble pas plus légitime que le lien du cœur. C’est Mark qui l’a élevé, qui lui a inculqué les valeurs de la vie et lui a fait prendre conscience de ses erreurs. C’est Mark qu’il a brisé, qui s’est reconstruit en sa présence et a forgé celui qu’il est aujourd’hui.
Zach apprécie bien évidemment Oliver Dent, mais c’est encore trop tôt pour savoir quelle place il aura dans sa vie.
Sa vie.
Un frisson le traverse de la tête aux pieds. Il est en vie. C’est un miracle.
Six mois de coma à la suite de trois coups de couteau. Lorsque Mark lui a calmement expliqué les événements du 21 juin 2015, le jour où il a perdu conscience, Zach a soulevé sa blouse d’hôpital. Après avoir été nourri aux perfusions pendant des mois, sa graisse, qui n’était pas des plus abondantes, a fondu. Il a les côtes saillantes et l’abdomen creux. Mais, surtout, près du nombril, plusieurs cicatrices rosâtres et rugueuses. Il les a parcourues en tout sens avec des doigts tremblants, comme pour être sûr et certain de ce qui lui est arrivé.
Anthony, Nick et Elliot l’ont poignardé. Ou, du moins, Nick et Elliot l’ont maintenu en place tandis qu’Anthony déversait toute sa jalousie et sa haine envers Zach en lui enfonçant successivement sa lame dans le ventre. En faisant couler son sang, en lui arrachant la vie.
Après tout, il m’avait promis.

Pour essayer de le rassurer, Mark lui a affirmé que Nick et Anthony ont été envoyés plusieurs mois en maison de redressement pour mineurs et qu’Elliot, grâce à sa collaboration, a écopé d’un stage de sensibilisation auprès des services sociaux et d’une surveillance.
Mais ça ne lui a pas suffi : que faire s’il les croise à nouveau ? Il n’aura pas la force de les affronter, de s’opposer à leur férocité. Plus le courage après s’être pris des coups de couteau.
De nouveau, Mark a tenté de le réconforter : la famille Greenlight, dont les parents ont été mortifiés par les agissements de leur fils, a déménagé. Quant à Nick, il a interdiction formelle de l’approcher et il a changé de lycée. Malgré tout, Zach est certain qu’il lui faudra un moment avant de marcher dans la rue avec l’esprit serein.

La nuit est tombée, mais les stores de sa chambre ne sont pas fermés. Les lumières aux fenêtres des habitations scintillent comme des lucioles dans les arbres.
Mark est rentré à la maison, car il était tout aussi éreinté que lui. Avant de partir, il lui a embrassé le front, l’a remercié d’avoir trouvé la force de revenir et lui a promis de veiller sur lui. Les larmes aux yeux, Zach l’a regardé partir avec regret.
« Papa », « Mark »… peu importe, il compte tellement pour lui que son cœur se tord à lui faire mal lorsqu’il songe qu’il aurait pu ne jamais le revoir. Après tout, il aurait pu sombrer pour toujours dans le coma. Mark aurait pu disparaître de sa vie, trop fatigué de se battre pour garder ses proches auprès de lui.
Il lui en est tellement reconnaissant. Avec un petit sourire dépité, Mark lui a avoué qu’il est venu tous les jours, ou presque, le voir depuis son agression. Il a pris soin de lui : l’a rasé lorsque le chaume sur ses joues devenait trop important, a coupé les mèches longues qui lui tombaient sur le visage, a fait bouger ses membres pour limiter l’atrophie des muscles, lui a murmuré des paroles d’encouragement.
Si Zach a la certitude que c’est sa mère qui l’a arraché pour de bon au coma, ça aurait été impossible sans la persévérance et l’amour de Mark. Encore une fois, il lui a prouvé combien il était pétri de bienveillance et d’humanité. Mourir aurait été, en quelque sorte, son ultime contribution à la Dette. Pourtant, Mark s’est accroché à lui, a cru en sa volonté de survivre, l’a aidé à traverser le long couloir sombre du coma.
Il a préféré pardonner que condamner.

Alors que Zach mange quelque chose de solide – de la purée – pour la première fois depuis six mois, on toque à sa porte.
– Entrez ! lance-t-il en posant son assiette sur la petite table amovible placée au-dessus de son lit.
La porte s’ouvre sur deux silhouettes engoncées dans des imperméables noirs. Il n’avait pas remarqué qu’il pleuvait. Avec hésitation, elles entrent dans la pièce avant de faire tomber leur capuche. Une masse de cheveux rouges s’abat sur les épaules de l’une d’elle.
L’image lui frappe l’esprit avec la brusquerie d’une claque. Un flot de souvenirs brefs et intenses fourmillent devant lui dans une brume invisible. Des yeux noisette, des lèvres rouges et charnues s’étirant en sourire malicieux, des doigts tachés d’encre posés sur sa main, une voix féminine grave et chaleureuse, une intelligence affutée et une charmante ténacité, l’odeur particulière d’un corps, un éclat de rire, un baiser volé suivi d’une dizaine d’autres, des bras autour de lui…
– Bonsoir, souffle l’autre personne, un adolescent aux cheveux ébouriffés, en s’approchant lentement de mon lit. On te dérange, Zach ?
Il ponctue sa phrase d’un sourire timide. Avec un pincement au cœur, Zach se remémore un garçon maigrelet au caractère aussi vif que trempé, un nez piqueté de quelques brins de rousseur, une force mentale impressionnante pour un corps aussi svelte, son poing fermé contre le sien pour se saluer, son esprit pétillant et curieux de tout…
Jessica et Dante. Dante et Jessica. Les nouveaux, les jumeaux. La fille qui lui a fait découvrir l’amour et le garçon qui lui a redonné espoir en l’amitié.
Jess avance de quelques pas précipités lorsqu’elle remarque son expression. Il ne doit pas être très beau à voir, car les jumeaux le dévisagent avec inquiétude.
– Ça va pas ? murmure Dante en se tordant les mains. Je suis désolé, on aurait pas dû débarquer à l’improviste…
– On est venus dès qu’on a su que tu étais réveillé, ajoute Jessica d’un ton faible. Mais c’est peut-être trop tôt pour toi.
Non, non, ce ne sera jamais trop tôt pour vous voir.
Avec des mains tremblantes, Zach repousse le plateau amovible sur lequel un infirmier lui a servi le repas. Une fois la table de côté, il lève sa couverture, ignorant les jambes maigres et blafardes qui apparaissent. Ces jambes ont déjà souffert, ont été brisées, réparées, malmenées… c’est pas aujourd’hui qu’elles vont le lâcher.
– Zach, attends ! s’exclame Jessica en le voyant basculer les pieds dans le vide.
La sensation du carrelage froid est divine. Souriant comme un idiot, il pousse son matelas des bras pour prendre appui sur le sol, le vrai, le tangible.
Dans la seconde qui suit, il s’effondre contre Jessica, incapable de se tenir debout tout seul. Avec un cri, elle appelle son frère à l’aide. Dante vient passer un bras autour de lui et, avant qu’ils ne le redressent, Zach les serre contre lui.
Il a mille mots à leur dire, mais il ne trouve pas les bons. Il se contente de les broyer de sa misérable force, de verser des larmes chaudes sur leurs épaules, de leur témoigner sa reconnaissance en silence.

Après l’avoir aidé à se rallonger dans son lit – tout en le réprimandant comme s’il était leur fils – les jumeaux s’installent de part et d’autre de Zach. Ils parlent, parlent, parlent. Racontent leurs vies, leurs absences. Ils l’informent de ce qu’ils ont vécu depuis six mois : l’entrée en terminale, le choix des cours, les tests blancs pour les universités, les nouvelles connaissances. Zach apprend avec plaisir que Dante a entamé une relation avec Theo, un ami de Lily Rose rencontré lors de la fameuse fête de juin six mois plus tôt.
Quant à Jessica, elle pense partir un an à l’étranger après le lycée, pour se vider l’esprit et trouver pour de bon sa voie. Zach se sent attristé à l’idée de la voir s’en aller alors qu’ils viennent juste de se retrouver. Néanmoins, il garde cette pensée égoïste pour lui. Jess a sa vie, ses envies, son avenir… autant qu’il a les siens. L’amour qu’il lui porte ne change rien à ceci.
Ils sont toujours en train de discuter lorsqu’on toque contre la porte. Est-ce l’infirmier venu récupérer son repas ? Il va s’agacer en constatant que Zach a à peine touché à son assiette… Lorsque le battant s’ouvre, une jeune fille blonde entre dans la pièce, un parapluie au bout du bras.
C’est bien parce qu’il a déjà vidé toutes les larmes de son corps pour aujourd’hui qu’il ne pleure pas en la voyant.
Mon été, ma sœur, ma gardienne.
Lily Rose.

Un infirmier est obligé de chasser les trois amis de la chambre, car l’heure des visites est passée depuis un moment. Même s’il est déçu de les voir partir, Zach est soulagé d’avoir de leurs nouvelles et d’avoir rattrapé son retard sur l’avancée de leur vie.
Lily Rose n’a pas fait grand-chose en six mois, a-t-elle avoué. Elle s’est concentrée sur ses études, une bonne excuse pour oublier son ex en prison et son meilleur ami dans le coma, a-t-elle aussi remarqué.
Zach a eu un pincement au cœur lorsque Lily s’est soulagée de son manteau. Dessous, elle portait un pull moulant et un jeans. Sa maigreur lui a sauté aux yeux. Déjà pas bien épaisse avant son coma, elle lui semblait à présent à la limite de l’anorexie. Il n’a rien dit, préférant profiter de sa présence plutôt que de lui rappeler que plus rien n’est allé dans leurs vies pendant un moment.

Avant de le laisser se reposer, ses amis lui accordent chacun un mot.
Dante s’avance en premier, tend son poing, contre lequel Zach vient taper ses jointures en retour, puis lui ébouriffe les cheveux, tout sourire.
– Je savais que t’étais un dur à cuir, mon gars, lâche-t-il d’un ton léger avant de devenir plus sérieux. Merci, Zachary. Merci d’avoir résisté, d’être revenu parmi nous. Je me suis fait des copains au lycée, mais… ce ne sont pas des amis. Toi et Lily Rose êtes mes amis. J’aimerais que ça soit comme ça pendant encore quelques années.
– Le plus longtemps possible, approuve-t-il en hochant la tête, la gorge nouée d’émotion.
Avec un clin d’œil, il laisse place à Lily Rose, qui tient entre ses doigts fins un sachet que Zach n’avait pas remarqué. Il y a des caramels à l’intérieur.
– Tu devrais les cacher, souffle-t-elle en les déposant sur la couverture, je ne suis pas sûre que les infirmiers apprécieraient.
– Lily, merci beaucoup, s’esclaffe-t-il en récupérant le paquet pour l’observer sous toutes les coutures. Bon sang, j’adore les caramels.
– Je sais bien, le taquine mon amie avant de se frotter les cheveux avec gêne. C’est pour ça que j’étais en retard : je voulais absolument t’en acheter avant de venir.
Après quoi, elle se penche et le serre contre elle. Elle sent toujours bon l’été, même en plein hiver. Sa peau est douce et tiède, son étreinte plus précieuse que jamais.
– Je t’aime, mon crétin d’imbécile de voisin. (Avec tendresse, elle laisse un baiser plein de regrets sur sa joue.) Prends soin de toi, mon frère.
Les dents sciées les unes aux autres par la vague qui lui claque au visage en songeant à tout ce qu’il a partagé avec Lily Rose, Zach hoche la tête. Se rappelle-t-elle le regard inquisiteur qu’elle a posé sur lui la première fois qu’ils se sont vus ? Sa voix timide lorsqu’elle a voulu faire sa connaissance, lui le garçon cabossé qui venait d’emménager à côté de chez elle ? Sa douceur lorsqu’elle a serré ses mains dans les siennes en annonçant qu’il n’avait rien d’un monstre ?
Sûrement que oui, à la façon dont elle le regarde, avec cette admiration dans les yeux qu’il ne mérite pas.

L’air embarrassé, Jessica passe en dernier. Lily Rose et Dante sont en train de se rhabiller dans le couloir, comme pour leur laisser un peu d’intimité.
– Viens, s’il te plaît, chuchote-t-il à son amie en lui tendant la main.
Avec un sourire, elle l’accepte et s’assied sur son lit. Ses prunelles brillantes l’observent avec un mélange de soulagement, de peur, d’angoisse. Elle n’est pas maquillée, à peine coiffée. Si Lily Rose a beaucoup maigri, il a l’impression que Jess a vieilli.
– C’était comment, ces six mois ? demande-t-il en caressant la paume calleuse de sa main.
– Dur.
– Je suis désolé.
– Comme si c’était ta faute. Je… (Sa voix se casse, lui faisant baisser le nez sur ses souvenirs.) Je m’en veux, Zach. J’aurais dû faire quelque chose, anticiper, savoir… n’importe quoi.
– Arrête, tu te fais du mal pour rien, Jess.
– Tu peux pas comprendre.
Vexé, il tourne la tête de côté. Une drôle de lourdeur vient de s’abattre sur eux. Mal à l’aise, Zach reste silencieux, préférant attendre qu’elle reprenne la parole. Que peut-il dire d’autre qu’elle ne se contentera pas de rejeter ?
– Est-ce que tu me pardonnes ? murmure-t-elle soudain en basculant les yeux sur son visage.
Pétrifié par ce qu’elle va ajouter, il la dévisage. La pardonner de quoi ? Qu’a-t-elle fait qui nécessite son pardon ?
– Tu me pardonnes de ne pas avoir été à la hauteur ? De n’avoir pas pu te protéger ce soir-là, alors que tu te vidais de ton sang ? De n’avoir pu te ramener du coma ?
Ahuri par ses propos, Zach secoue la tête. Bon sang, qu’est-ce qu’elle s’imagine ? Qu’il lui en veut pour ça ?
– Tu es complètement folle si tu penses que je t’accuse de tout ça, Jessica ! crie-t-il avec un mélange de colère et d’indignation. Je n’accuse personne si ce n’est Anthony et sa bande de m’avoir presque tué. Je n’accuse personne de n’avoir pu me tirer du coma.
– Tu devrais, persiste Jess avant de laisser de douloureuses larmes rouler sur ses joues. On se sent tous coupables de ce qui t’est arrivé. On… a l’impression d’être fautifs.
– Alors vous êtes des idiots, assène-t-il d’un ton mordant. Comme si j’allais vous en vouloir pour ça.
– Peut-être que tu nous en veux pas, mais, nous, oui, on s’en veut.
Mortifié par la douleur écœurante qui suinte de ses mots, il ne sait quoi dire. Comment la réconforter si même lui répéter qu’il ne l’accuse de rien ne la convainc pas ?
– Jessica… ni toi, ni Dante et Lily, ni Mark ou quiconque ne devez vous sentir coupables de…
– Dis ça à Lily qui a perdu dix kilos ! gronde-t-elle soudain en lui jetant un regard étincelant de colère froide. Dis ça à Mark qui a failli tomber dans la dépression. Dis ça à Dante qui pleure presque tous les soirs, car il refoule ses émotions. Dis ça à Oliver et à Sharon qui ont annulé leur mariage. Dis ça à Sofia qui ne se pardonnera jamais de n’avoir pu te sauver à temps. Dis ça à nos profs qui s’en veulent de ne pas avoir arrêté Anthony pendant qu’il te harcelait.
Haletante, elle le dévisage, fouillant son regard à la recherche de quelque chose.
– Alors quoi ? finit-il par marmonner, dépassé par ce qu’elle vient de lui annoncer. Je suis désolé. Je suis foutrement désolé d’avoir été agressé et d’être tombé dans le coma.
Puis, emporté par le désespoir qui l’a envahi, il assène avec violence :
Je sais, désolé d’exister !
C’est comme s’il venait de la frapper. D’un mouvement raide, elle se redresse, les yeux exorbités, la bouche entrouverte. Une floppée d’émotions diverses traverse son visage tiré d’épuisement.
Puis Jessica serre ses mains contre son ventre, tremblante comme une feuille. Des mèches lui tombent sur les yeux, s’emmêlent dans ses longs cils, se noient dans ses larmes.
Zach lui en veut de lui avoir dit tout ça. Il s’en veut de leur avoir fait vivre ces six mois d’enfer. Il aurait aimé que les choses se passent différemment.
Le chemin de retour à la vie normale va être très, très, long.

– Tu te rappelles de la soirée qu’on a passée ensemble avant la fête ?
Après quelques secondes, le déroulé de ce fameux soir lui revient en tête.
– Oui. On a mangé devant la cheminée, parce que tu voulais absolument faire un feu, alors qu’on était en mai.
– Oui, acquiesce-t-elle avec un sourire las. On a regardé un film après et tu t’es endormi devant.
– Tu m’as réveillé à la fin, continue-t-il, mélancolique à faire mal. On s’est fait un câlin.
– Et tu m’as laissé le grand lit juste pour moi toute seule.
– Pour que tu te sentes en sécurité, explique-t-il comme si elle venait de l’accuser.
– Oui, je m’en rappelle. J’ai été vraiment touchée.
Elle prend sa main en déglutissant péniblement.
– Tu te rappelles ce que tu m’as dit avant d’aller te coucher ?
– Oui.
Sans lui demander son accord, Jessica s’allonge contre lui, la tête sur sa poitrine. Il est à la fois soulagé et agacé par sa présence.
– Je n’étais pas complètement certaine, à ce moment-là, de ce que je ressentais pour toi. Évidemment, je t’appréciais, j’aimais ton contact, ton caractère.
Marquant une pause pour rassembler son courage, elle finit par révéler :
– Ces six mois m’ont appris que tu n’étais pas juste un… garçon qui me plaît. J’aurais laissé tomber un garçon qui me plaît face à la douleur du coma. Toi, tu es resté dans mon esprit, dans mon cœur.
Avec hésitation, elle se redresse sur un coude pour l’observer d’un air soucieux.
– Ce que tu m’as dit ce soir-là… je ressens la même chose pour toi, Zach.
Blême de nervosité, il agrippe les épaules de Jessica pour l’attirer contre lui. Sa chaleur le réconforte. Il a envie de la serrer contre lui, de l’embrasser, de la toucher, la caresser, la…
– Jess, chuchote-t-il à son oreille d’un ton angoissé. Pardon. Je n’aurais pas dû te crier dessus. C’est juste que je suis perturbé. Tout me revient en vagues et c’est compliqué d’encaisser. Mais je te promets de faire attention à vous, de faire de mon mieux pour reprendre une vie normale.
Avant qu’elle ait pu ouvrir la bouche, il la clôt en pressant furieusement les lèvres contre les siennes. Peut-être est-ce la faute des six mois de séparation, mais il a envie d’elle, de sa présence, de sa chaleur.
Tout aussi avide, elle agrippe sa nuque pour lui rendre son étreinte. Leurs bouches s’épousent, leurs nez s’entrechoquent, leurs yeux se cherchent.
Finalement, le souffle court, ils se lâchent.
Sa tension s’est soudainement abaissée. Il se sent plus calme, le pouls encore rapide, mais le battement léger, les muscles décontractés, l’esprit en paix.

Lorsque l’infirmer rentre de nouveau dans sa chambre pour signaler à son amie qu’il est plus que temps de se dire au revoir, elle est déjà prête à partir. Après s’être étreints une dernière fois, elle lui souhaite bonne nuit puis va se préparer.
Avant de quitter la pièce, elle lui adresse un salut de la main puis les trois plus beaux mots du monde.


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Épilogue



Je suis seul dans la salle d’attente. Les tic-tacs de l’horloge sonnent comme des coups de marteau dans le silence de la pièce. Je ne crois pas qu’elle ait changé depuis l’époque où… où j’attendais ici, pour des raisons bien différentes. Mes souvenirs remontent à des années et mon cerveau a du mal à savoir si les murs étaient du même jaune-orangé et les chaises en plastique rouge et gris.
Une odeur de produit d’entretien au citron se mêle à celle des vieux magazines et de mon angoisse. Assis le dos raide face à la porte du directeur de l’établissement, les jambes et les bras ankylosés, j’attends.
J’ai peur. J’ai peur malgré les recommandations de Mark, d’Oliver, d’Elena. J’ai peur en dépit des mots doux et encourageants de Jessica. Même les messages enthousiastes de Lily Rose et Dante n’ont pas suffi à chasser les bribes de terreur qui flottent en moi comme des fantômes du passé.
Il faut dire que je saute à pieds joints dans les affres de ma jeunesse. Mais c’est ce que je veux. Après tant d’années à réfléchir, j’ai pris ma décision. Je sais que mon entourage me soutient. Jess s’est engagée à mes côtés, son entretien arrive la semaine prochaine. Lily Rose et Dante sont à cent-pour-cent avec moi et mes parents sont légèrement inquiets, tout en étant soulagés.
Soulagés que j’aie enfin trouvé ma voie, ma vision de mon avenir, mon choix d’appliquer en retour ce qu’on m’a inculqué. J’ai eu la chance d’être élevé selon des valeurs, par un homme d’honneur qui m’a fait comprendre énormément de choses. Je le lui avais promis. Que je deviendrai quelqu’un dont il pourrait être fier. Que j’essaierai, par mes petits moyens, de rendre la monnaie de sa pièce. J’avais fait la promesse à Mark de dédier à mon tour ma vie à tenter d’aider les autres, comme il l’avait fait avec moi.

Mark est bien plus qu’un modèle pour moi. J’ai détruit son quotidien, pulvérisé sa vie, tué sa famille. Ma bêtise et mon égoïsme l’ont attiré au bord du gouffre et il n’y a pas que sa hargne, ses crocs plantés dans la chair de la vie, son désir brûlant de ne pas céder au désespoir du vide qui l’ont empêché de se laisser partir.
En dépit du sens commun, en dépit du jugement de sa famille et de ses proches, en dépit de la logique, il m’a adopté. Moi, le sale môme qui avait assassiné la femme qu’il aimait, qui avait arraché la vie à ses jumelles de six ans. Avec l’aide de son ami avocat, il s’est engagé dans une procédure d’adoption. Et j’ai vécu avec lui pendant des années. Nous nous sommes détestés, admirés, haïs, engueulés. Aimés aussi. Il nous a fallu des années pour nous connaître, nous comprendre, nous apprivoiser. Au début, il me faisait peur, il était sombre et bourru. Violent, même. J’étais renfermé, obstiné et insolent.
Mais Mark m’a appris à aimer, il m’a fait découvrir la confiance et m’a donné envie de grandir. Quant à moi, je crois avoir été le ciment qui a refermé les plaies de son cœur à vif. Aujourd’hui, il affirme avoir eu deux vies. L’une auprès de son épouse et de ses filles. L’autre aux côtés d’Elena et de moi. Il a, en quelque sorte, après tant d’années, accepté le virage sanglant qu’a pris sa vie. De temps en temps, je sais qu’il souffre horriblement du manque de sa famille. Qu’il murmure le prénom de son épouse, d’Alison, au milieu de ses cauchemars, qu’il laisse son regard divaguer par la porte-fenêtre de la cuisine, comme s’il s’attendait à voir Holly s’amuser sur la balançoire ou Jade allongée dans l’herbe en train de dessiner.
Je ne remplacerai jamais ce qu’il a perdu. Je ne serai jamais aussi proche de lui qu’auraient pu l’être ses filles. Elena n’aura jamais une place aussi grande dans son cœur qu’Alison l’a eue. Ma tante et moi sommes conscients que Mark nous aime, mais pas aussi fort qu’il le pourrait. Comment lui en vouloir ? Comment pourrait-on aimer pleinement après avoir tant souffert de la perte d’êtres aussi chers que son âme-sœur et ses enfants ?

Mes pensées divaguent, à mon grand agacement.
Concentre-toi, Zach, m’intimé-je mentalement en me claquant le visage. Tu joues aujourd’hui une grosse part de ta décision.
Mon premier entretien d’embauche. Je me suis entraîné avec Mark, mais, là, ça n’a rien à voir. Je connais aussi l’homme avec lequel j’ai rendez-vous. Mais je ne suis pas certain qu’il se rappelle de moi. J’ai brutalement quitté cet établissement du jour au lendemain en ne laissant qu’un vague souvenir à mes camarades et à mes enseignants.
Je ne suis vraiment pas sûr que le directeur de mon ancien collège se rappelle l’un des fichus merdeux qui se moquait des cours et passait son temps à sécher.

Alors que l’heure de l’entretien arrive à grands coups d’aiguille d’horloge, je remets tout en question. Est-ce que je fais bien ? Est-ce qu’il ne va pas me rigoler au nez, avec mon projet puéril et insensé ? Un professeur fraîchement diplômé qui veut enseigner dans l’un des pires collèges de l’État, tout ça pour rembourser en quelque sorte une vieille dette ? Oh, oui, il va me rire à la figure…
La gorge serrée d’appréhension, les mains moites, je triture le bracelet en tissu bleu marine autour de mon poignet. C’est Jessica qui me l’a fabriqué et me l’a offert pour nos cinq ans de relation. C’est devenu mon porte-bonheur. Elle est mon porte-bonheur, à vrai dire. Chacun de ses sourires allège ma conscience, ses doigts tachés d’encre entre les miens embaument mon cœur, son regard pétillant et vif me donne envie d’être auprès d’elle pour le restant de mes jours.
Malgré mes six mois de coma, elle a continué à entretenir pour moi une affection douce et attentionnée. À mon réveil, je n’étais qu’une partie de moi-même et il m’a fallu des mois pour reprendre mon rythme de vie, mes repères, ma confiance en moi et envers les autres. Pourtant, elle a subi mes sautes d’humeur, mes silences et mes cris. Elle a résisté, m’a supporté, m’a prouvé par sa persévérance qu’elle m’aimait.
Comme j’avais pris un an de retard sur mes camarades, lorsqu’ils sont entrés dans les études supérieures, j’attaquais ma terminale. Lily Rose et Dante sont partis à l’université, mais Jessica a décidé de faire une année de césure. Elle est partie six mois en Australie pour être fille au pair et gagner des sous. Puis, avec ses quelques économies en poche, elle a pris des cours de dessin çà et là. Ce n’est que lorsque j’ai terminé le lycée qu’elle est revenue à Denver. Nous nous sommes installés ensemble sur le campus de l’université et avons attaqué en même temps nos études.
Comme nous nous l’étions promis, elle en arts et moi en histoire.

Au cours de nos études, nous avons envisagé plusieurs possibilités, plusieurs carrières. Mais Jess me connaissait, elle savait que j’avais au fond du cœur un désir très personnel de reproduire ce qu’on avait fait pour moi, de finir de rembourser cette dette qui m’accompagnait depuis des années.
Je me rappelais l’enfant malheureux que j’avais été, l’ado paumé que j’étais devenu. Sans Mark, qui serais-je aujourd’hui ? Un dealer poursuivi par la police ? Un délinquant en maison de redressement ?
Moi aussi, j’avais l’envie d’aider ces jeunes, ces enfants pas encore adultes qu’on forçait à grandir trop vite. Je voulais leur dire, leur expliquer que tout n’était pas déterminé d’avance. J’avais le désir brûlant de les guider, de les aider, de les orienter. De leur souffler qui j’avais été, quelles conneries j’avais faites, et la façon dont je m’en étais sorti.
Quoi de mieux que d’être directement auprès d’eux, d’être une figure familière du quotidien ? Pas forcément appréciée, mais, au moins, écoutée ?
D’être leur professeur.

Un sourire crispé étire mes lèvres. J’y suis. Mon rêve d’adulte. Devenir prof d’histoire pour des gamins qui ont besoin d’aide, d’ancrages, de repères, de connaissances, de confiance, et de reconnaissance. Des ados qui ont été comme moi : perdus, sans amour ni attaches, sans avenir ni passé. Sans passion pour les faire vivre, sans confiance pour les construire. Je sais quelle chance j’ai eue d’être élevé par Mark. J’ai conscience que tous les gamins n’ont pas cette opportunité. Ces ados en situation difficile, pour qui le collège n’est qu’un moment désagréable à passer. J’ai envie de leur redonner goût : à la vie, au rire, aux études, aux amis et au bonheur. Un rêve, peut-être. Un désir un peu fou, comme l’a été Mark en m’adoptant.
Je me rappelle son expression lorsque je lui ai annoncé mon désir de devenir professeur. Il a d’abord cru que son métier, enseignant à l’université, m’avait influencé. J’ai reconnu que c’était en partie vrai, que je l’admirais pour ce qu’il donnait à sa carrière. Puis j’ai décidé de tout expliquer : les raisons plus intimes qui me motivaient dans mon choix, dans ma décision d’aller, non pas vers la facilité, mais vers le plus dur : je visais le collège public de Lake Town, celui qui m’avait accueilli pour quelques mois, l’endroit où j’avais rencontré Raylen. L’enfer qui m’avait vu sombrer.
Lorsque j’ai terminé de présenter mon projet à Mark, il m’a toisé en silence. Il avait l’air horrifié par ma décision. Il avait la trouille pour moi, pour ce que j’allais vivre en étant près de ces gamins qui allaient faire résonner en moi de douloureux échos. En même temps, il débordait de fierté. Une fierté toute parentale pour le jeune adulte que j’étais devenu.
Passé le choc de ma décision, il s’est levé et il m’a serré dans ses bras pour me féliciter. J’en ai profité et l’ai broyé contre moi, car il était avare de ces douces attentions, le bougre. Il a même pleuré, je crois. Sûrement moi aussi.

Le grincement de la porte qui s’ouvre m’arrache un sursaut de peur. Une tête chauve apparaît, suivi par le corps las du directeur. Il n’avait que la trentaine lorsque j’étais scolarisé ici. Presque quinze ans se sont écoulés depuis. La dureté du milieu lui a creusé le visage, des rides de générations d’élèves en difficulté lui ont mangé les joues et le front. Son regard est un diamant taillé à vif, par les cris et les insultes d’ados en rage contre le monde. Mais je sens dans ses épaules toujours droites, dans ses yeux patients et bienveillants, l’obstination d’un homme qui partage les mêmes désirs que moi.
– Mr Grace ? souffle-t-il d’une voix claire et grave en me jaugeant du regard.
Je peine encore à m’habituer à mon nouveau nom de famille. Mark m’a accordé cet honneur pour mes vingt ans. Je devais avoir l’air bien con, avec mes larmes d’enfant-trop-grand sur mes joues de tout-juste-adulte, lorsque mon père adoptif m’a annoncé la nouvelle.
J’inspire un grand coup et me lève, légèrement raide.
– Mr McKenzie, le salué-je à mon tour en m’avançant.
Tout en continuant de m’évaluer, nous nous serrons la main. Il semble satisfait de la poigne déterminée que je lui rends.
– Sachez que vous avez été le seul candidat à ce poste, m’annonce-t-il de but en blanc avant même que j’entre dans ce bureau.
Comme je ne réponds rien, il plisse les yeux.
– Ce n’est pas parce que vous êtes le seul candidat que je vais vous recruter.
– C’est logique, me contenté-je de répondre avant de rougir de mon impertinence.
Il ne relève pas, sûrement trop habitué au sarcasme des élèves.
– Vous avez postulé un emploi très… rude à tenir. (Il m’évalue de nouveau, mais je ne cède pas une miette de découragement ou d’hésitation.) J’espère que vous en avez conscience.
– Oui, déclaré-je d’une voix assurée, très bien même.
Mr McKenzie semble surpris de la confiance que je dégage. Je suis loin d’être aussi rassuré que je ne le prétends. Mais, pour le coup, je sais dans quoi je m’engage.
– Entrez, alors, je vous en prie.
Tout en maîtrisant ma respiration saccadée, je vais m’installer sur l’un des sièges en face du bureau. L’air décontracté, le directeur s’assied puis croise les mains sur le plateau en bois clair, ses yeux posés sur moi comme ceux d’un félin.
– Je vous écoute, Mr Grace. Commencez donc par vous présenter.

Ce n’est pas moins d’une heure plus tard que je sors de son bureau, soulagé et terrifié. Je suis pris. Il me l’a annoncé immédiatement à la fin de notre entretien. En même temps, est-ce que je suis vraiment à la hauteur de ce que j’entreprends ?
Il a été touché. Touché très profondément par mon projet. Il ne savait pas qui j’étais lorsque j’ai postulé. Aujourd’hui, je m’appelle Zachary Grace, mais, à l’époque, j’étais Zachary Gibson. Pour ne pas l’aider, je ne suis resté qu’un an dans son établissement. Mais c’est ce qui l’a mis sur la piste.
J’ai commencé par lui expliquer que j’étais un ancien élève. À moment-là, il a été incapable de masquer sa stupéfaction. Mr McKenzie n’est pas dupe sur le niveau qu’ont ses élèves à la sortie du collège. Il est déjà très heureux lorsqu’ils terminent le lycée, alors faire des études pour devenir professeur… c’est au-delà de toute espérance.
Puis il s’est rappelé de moi. Brutalement. Je n’avais pas de prénom, ni de nom, mais j’étais l’élève qui avait quitté le collège du jour au lendemain. On ne lui avait dit que le minimum : que j’avais eu un grave accident et qu’une hospitalisation lourde allait m’empêcher de retourner au collège. Sans compter qu’il a fallu lui apprendre le décès de Raylen. Un gros choc pour lui et mes professeurs, qui se sont contentés d’expliquer à nos camardes que l’on ne reviendrait pas au collège pour des raisons familiales.
Comme il ne savait rien de l’accident mortel que j’avais provoqué, je lui ai expliqué lors de l’entretien. Grave, il m’a écouté jusqu’au bout. Il a lentement compris ce qui me motivait à candidater pour ce poste de professeur d’histoire.

Alors que je sors de l’enceinte du collège, le souvenir de l’entretien me fait sourire. Je lui ai arraché une larme. Il l’a pudiquement essuyé, tout en hochant la tête pour m’inciter à continuer la présentation de mon projet. Mon désir d’aider des enfants qui ressemblent à celui que j’ai été l’émeut. Ma persévérance, mon envie d’aller plonger tête première dans un milieu difficile, malgré mon inexpérience en tant que prof, lui force l’admiration.
Lorsque j’ai terminé de présenter mes envies pour le poste, mes attentes, mes peurs, il m’a simplement regardé en silence, solennel et touché. Puis il m’a soufflé un « merci » à peine audible et m’a tendu la main.
« Vous êtes embauché, Zachary Gibson, ancien élève, Mr Grace, nouveau professeur. »

J’y suis. Je vais terminer de rembourser ma dette. Je vais rendre Mark fier de ses efforts, fier de l’adulte que je suis devenu grâce à lui.
Je vais enfin pouvoir faire une croix sur cette Dette, je vais enfin pouvoir vivre pleinement sans songer à chaque instant à ce que j’ai fait.
Il est grand temps que je vive. Et que je fasse vivre les autres.


~~~~~



Puis, tant que j'y suis, love love sur vous : Zach, ma peuchère n°1, Mark, mon ours mal léché, Lily Rose, mon soleil d'été, Dante mon brillant lutin, Jessica mon artiste espiègle et à tous les autres. Ainsi qu'aux lecteurs qui se seront arrêtés sur cette histoire !
Dernière modification par louji le sam. 12 déc., 2020 3:01 pm, modifié 2 fois.
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Re: The Debt (terminé) [Young Adult]

Message par louji »

Casting




Et... v'là la p'tite surprise !
Ccomme je n'avais encore jamais essayé et que ça se prête plutôt bien à The Debt, je me suis amusée à faire un casting pour les personnages ! J'ai pris le parti de prendre des illustrations plutôt que des acteurs, car on retrouve assez souvent les mêmes et qu'ils sont... trop beaux ? trop parfaits ? :roll: Puis comme je m'y connais assez mal en acteurs, j'en connais pas beaucoup et il m'aurait fallu pas mal de temps pour en trouver qui correspondent à peu près à l'idée que je me fais des personnages. Déjà qu'il m'a fallu des heures pour trouver des portraits ressemblants... :?
Encore une fois, il s'agit d’illustrations, donc la patte graphique de l'artiste peut s'éloigner plus ou moins du réalisme et ce sont seulement des représentations... ça ne veut pas dire que le personnage ressemble exactement à ça ! Parfois, c'est une expression, un regard... qui fait que je me dis "Ah oui, je verrais bien Trucmuche comme ça". Mais je suis aussi attachée à l'idée que chaque lecteur se fasse lui-même une idée du personnage :D Bref, trêve de bavardages, voilà le casting ! (les noms des personnages en hyperliens mènent aux images originales, je vous invite à cliquer si vous aimez le style de l'illustrateur ;) )


Zachary Gibson

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C'est toujours le plus difficile, de trouver son héros (enfin à mes yeux). Pour Zach, je voulais avant tout un garçon aux cheveux sombres, clair de peau et aux yeux bleus marquants... mais avec un air innocent, voire vulnérable ! Je suis plutôt satisfaite de cette illustration, même si j'aurais aimé qu'elle soit complètement en couleurs... tant pis, j'aime bien l'expression du personnage, son air songeur...


Mark Grace

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Pour Mark, je voulais un homme au visage assez marqué et j'ai eu une révélation (si j'ose dire) en apercevant Denzel Washington dans un film... je me suis dit que Mark ressemblerait bien à un homme comme lui. J'ai plus qu'eu à chercher un portrait et le tour était joué ! (Bon, pour le coup, il faut s'imaginer que c'est un Mark plus jeune et... avant la perte de sa famille :? )


Lily Rose Daniels

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Pour Lily, j'ai eu un coup de foudre artistique sur cette image, car je la retrouvais vraiment bien (cheveux blonds, yeux verts, traits fins) et c'est son expression qui m'a le plus convaincue... à la fois prudente et pensive (même si on sait qu'une flamme se cache sous son visage doux :roll: )


Dante McKinney

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dante.PNG (879.12 Kio) Consulté 977 fois
J'ai hésite entre plusieurs images pour Dante... Je suis pas hyyyyper convaincue par celle-ci, mais elle me va ! Ses cheveux châtains pas super bien coiffés, son aspect assez effacé, fantomatique...


Jessica McKinney

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jess.PNG (625.5 Kio) Consulté 977 fois
Alors, Jess, c'était super galère de la retrouver physiquement (une jeune femme aux cheveux rouges avec la frange, ça court pas DeviantArt ou Pinterest :cry: ). Du coup, j'avais un choix plutôt limité, mais j'aime bien cette illu au final, même si c'est la moins "réaliste" de toutes. Je retrouve l'air espiègle de Jessica, alors ça me convient !


Oliver Dent

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oliver.PNG (552.65 Kio) Consulté 977 fois
Pouaaah, qu'est-ce que j'ai galéré pour Oliver aussi :( Même si on distingue pas trop les traits de l'homme sur cette image (sans compter qu'elle est en N&B), de loin il ressemble à Oliver tel que je me l'imagine... Les cheveux bruns, la peau claire, les mains fines aux veines et tendons saillants (la marque des Dent !).


Elena Dent

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Bon, là, idem, faut s'imaginer qu'elle a les cheveux et les yeux plus noirs, un visage un peu moins parfait et... y'a de l'idée, franchement !


Anthony Greenlight

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Oui, même les salauds ont droit à leur portrait... Là, je retrouve bien Anthony dans l'idée globale : traits plutôt agréables malgré un air fermé, mauvais (quand il voit Zach huhu).


Ashley Keaton

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Wouaaaah, j'ai eu du mal aussi pour Ashley... C'est surtout son jeune âge (15 ans) qui était compliqué de retrouver dans les différentes illustrations (et le fait que les personnes noires soient moins dessinées ? :| ). Ici, j'aime bien l'expression de la fille, même si physiquement elle s'éloigne pas mal d'Ashley comme je me la représente (cheveux plus longs, peau plus sombre, traits moins adultes...)


Nick Johnson

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Alors, là, j'avoue, il faut faire pas mal de modifications pour retrouver Nick :lol: Enlevez-lui 10 ans, son air BG et on a notre joueur de football américain vénère.


Sofia Daniels

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Alors, euh, en enlevant les oreilles pointues et une bonne dose de maquillage, on distingue Sofia (en mode vénère/froide sous sa casquette urgentiste by the way :roll: )



Bon, voilà pour le casting... J'espère qu'il vous a plu ! Pour les éventuelles personnes qui auraient lu, n'hésitez pas à me dire si ça ressemble à peu près à l'idée que vous vous faisiez des personnages ou pas du tout ;)
(Comment ça il manque Philip et Elliot ? pas du tout. OK, j'ai un peu eu la flemme de les chercher, comme ce sont des personnages qu'on voit un peu moins... désolée ! :roll: )
Dernière modification par louji le dim. 06 août, 2023 1:56 pm, modifié 5 fois.
15Lina15

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Re: The Debt (terminé) [Young Adult]

Message par 15Lina15 »

Salut ! :D
Je n'ai même pas envie de relire pour chercher des erreurs, j'ai adoré le voyage et la fin ^^
Tellement de temps a passé depuis le début, je n'arrive pas à réaliser que dans deux semaines je n'aurai rien à lire sur les aventures de Zach, Jess ou Lily Rose :roll:
Le réveil de Zach est vraiment touchant, il s'appelle sa mère et reconnait enfin son père. J'avoue que j'aurai aimé le suivre pendant sa rééducation, le voyage de Jess, l'histoire d'amour de son jumeau et l'évolution de Lily Rose, les voir tous grandir… mais tout à une fin et c'était le meilleur endroit où la mettre. La transition est très bien faite, la sortie du coma, les retrouvailles… tout m'a paru fluide.
Epilogue aussi beau, beau retour sur un début compliqué, enfin une boucle narrative bouclée et ce n'est pas cucu en mode tout le monde fini heureux, il y a encore des difficultés que je vois se profiler :)
5 ans entre Jess et Zach, je ne l'aurai pas cru ! :lol: Mais j'en suis fière et heureuse, étrangement. Son parcours s'est vraiment bien développé !

Je n'ai pas compris, c'est quoi la dernière phrase en gras ? Un dernier mot de l'auteure ?
J'adore l'idée de mettre un visuel des personnages (j'avais aussi essayé de le faire au début de Syn), même si je trouve la plupart éloignés de leur physique décrit dans le texte, tes commentaires nous éclaire, et j'adore le visu de Dante, Lily Rose, Elena et Mark et Ashley (bien que ces deux derniers soient assez éloignés physiquement).
louji

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Re: The Debt (terminé) [Young Adult]

Message par louji »

15Lina15 a écrit :Salut ! :D
Je n'ai même pas envie de relire pour chercher des erreurs, j'ai adoré le voyage et la fin ^^
Tellement de temps a passé depuis le début, je n'arrive pas à réaliser que dans deux semaines je n'aurai rien à lire sur les aventures de Zach, Jess ou Lily Rose :roll:
Le réveil de Zach est vraiment touchant, il s'appelle sa mère et reconnait enfin son père. J'avoue que j'aurai aimé le suivre pendant sa rééducation, le voyage de Jess, l'histoire d'amour de son jumeau et l'évolution de Lily Rose, les voir tous grandir… mais tout à une fin et c'était le meilleur endroit où la mettre. La transition est très bien faite, la sortie du coma, les retrouvailles… tout m'a paru fluide.
Epilogue aussi beau, beau retour sur un début compliqué, enfin une boucle narrative bouclée et ce n'est pas cucu en mode tout le monde fini heureux, il y a encore des difficultés que je vois se profiler :)
5 ans entre Jess et Zach, je ne l'aurai pas cru ! :lol: Mais j'en suis fière et heureuse, étrangement. Son parcours s'est vraiment bien développé !

Je n'ai pas compris, c'est quoi la dernière phrase en gras ? Un dernier mot de l'auteure ?
J'adore l'idée de mettre un visuel des personnages (j'avais aussi essayé de le faire au début de Syn), même si je trouve la plupart éloignés de leur physique décrit dans le texte, tes commentaires nous éclaire, et j'adore le visu de Dante, Lily Rose, Elena et Mark et Ashley (bien que ces deux derniers soient assez éloignés physiquement).
Hello !
Oh, ça fait plaisir ça :mrgreen:
Eh oui, ça fait bizarre des deux côtés :lol: Terminé-terminé !
Merci, j'avais peur que ça fasse un poil trop enfantin, mais... c'est pas choquant non plus une légère régression d'âge mental après un coma de 6 mois... x') Yes, il aurait pu... mais ça aurait été sans fin pour le coup :lol: J'avais déjà peur d'avoir fait longuet en voulant tous les inclure ^^
L'épilogue, j'en suis plutôt contente et, pour être honnête, je l'ai écrit avant d'avoir terminé les chapitres précédents :lol: (même le chapitre du PDV de Nora, il était écrit un an avant que je termine le roman... j'ai eu une chronologie d'écriture bizarre sur la dernière année :( :lol: ). Et oui, la boucle bouclée, avec chacun qui fait son bout de chemin... Et, bien sûr, tout n'est pas réglé, tout n'est pas guéri et c'est bien normal, c'est la vie x')
Oui, ils ont tenu 5 ans ensemble :lol: Après, y'a aussi l'année sabbatique de Jess qui a aidé à ce qu'ils se retrouvent dans les meilleures circonstances possibles ;)

Oui, c'est moi qui ai écrit ça, j'ai craqué :lol:
Yes, c'est le problème, surtout que même si moi je les trouve +/- ressemblants, c'est ressemblant à la vision que j'ai d'eux et pas celle des lecteurs ^^

Bon, encore une fois, un immense merci à toi Lucie, c'était pour moi un réel point de repère d'avoir tes retours à chaque fin de chapitre, surtout qu'on n'est pas beaucoup beaucoup ici-bas... J'ai réécrit des passages grâce à toi, corrigé ds coquilles... alors encore merci pour ton investissement et ta régularité !
J'espère te revoir bientôt pour la fin de Syn ;)
15Lina15

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Re: The Debt (terminé) [Young Adult]

Message par 15Lina15 »

Franchement j'ai adoré te lire, ton écriture est fluide, pas clichée du tout et tu comprends parfaitement tes personnages. Tu m'as vraiment montré qu'en tant qu'amateur on peut écrire aussi bien. Je t'admire aussi pour ton assiduité, que tu sois capable d'écrire et de revenir dessus même des mois plus tard après avoir fini d'écrire !
Pour ce qui est de The Debt, ça a été un grand plaisir de lire chaque vendredi et suivre l'évolution de Zach et sa dette à rembourser. J'ai adoré les personnages que tu as mis autour et la façon de raconter cette histoire.
Je t'encourage vivement de continuer (même si j'ai bien compris que tu ne t'arrêterai pas là) :lol: :D
Personnellement, j'aime toujours autant écrire, mais j'ai beaucoup de mal à me remettre dans l'histoire (surtout quand je vois tout le travail à faire :roll: ) et m'encrer dans la personnalité des personnages. J'y suis revenue en fin octobre et j'ai laissé tomber, j'avoue ne pas savoir quoi faire (même si je rêve de finir cette histoire :roll: ). En tout cas, si je republie pour la fin, c'est clair que je te préviendrai ;)

Si jamais tu réécris une histoire un peu dans le genre ou si tu postes une nouvelle histoire sur le forum, envoies-moi le lien :D
Bonne continuation, à bientôt ! :D
louji

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Re: The Debt (terminé) [Young Adult]

Message par louji »

15Lina15 a écrit :Franchement j'ai adoré te lire, ton écriture est fluide, pas clichée du tout et tu comprends parfaitement tes personnages. Tu m'as vraiment montré qu'en tant qu'amateur on peut écrire aussi bien. Je t'admire aussi pour ton assiduité, que tu sois capable d'écrire et de revenir dessus même des mois plus tard après avoir fini d'écrire !
Pour ce qui est de The Debt, ça a été un grand plaisir de lire chaque vendredi et suivre l'évolution de Zach et sa dette à rembourser. J'ai adoré les personnages que tu as mis autour et la façon de raconter cette histoire.
Je t'encourage vivement de continuer (même si j'ai bien compris que tu ne t'arrêterai pas là) :lol: :D
Personnellement, j'aime toujours autant écrire, mais j'ai beaucoup de mal à me remettre dans l'histoire (surtout quand je vois tout le travail à faire :roll: ) et m'encrer dans la personnalité des personnages. J'y suis revenue en fin octobre et j'ai laissé tomber, j'avoue ne pas savoir quoi faire (même si je rêve de finir cette histoire :roll: ). En tout cas, si je republie pour la fin, c'est clair que je te préviendrai ;)

Si jamais tu réécris une histoire un peu dans le genre ou si tu postes une nouvelle histoire sur le forum, envoies-moi le lien :D
Bonne continuation, à bientôt ! :D
C'est gentil, merci ! :oops: :D L'amateurisme ne veut pas dire mauvais ou quoi (je parle pas de moi, hein, mais de manière générale :cry: :lol: ) ;) On dit amateur en opposition à professionnel, mais, en soi, si c'est un simple contrat qui marque la frontière, on se doute qu'elle est pas si importante ^^
Ah, bah ça, c'est clairement le plus dur en écriture, l'assiduité, la régularité, la persévérance... :roll:
Non, je m'arrêterai pas là, effectivement ;) J'écris déjà 3 autres romans actuellement, aled :lol:
Oui, je comprends... C'est d'autant plus dur que tu t'y es pas mise depuis un moment j'imagine :? Tu ne sais pas encore comment ça va se terminer ou tu ne sais pas comment combler le "vide" entre le dernier chapitre posté et la fin ? :v
Yes, j'espère bien :mrgreen:

Oui, je pense pas que je referai un roman comme The Debt (de l'ado/young adult quoi), mais je pourrais toujours te prévenir quand je poste d'autres histoires ;)

Merci à toi et à bientôt ;)
15Lina15

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Re: The Debt (terminé) [Young Adult]

Message par 15Lina15 »

Oui biensûr, préviens-moi même si c’est pas le même genre et après je verrai si c’est un thème qui m’intéresse ^^
Non je ne sais pas comment et quand reprendre à écrire. Vu tout le temps passé, j’ai perdu comment écrire et je n’ai plus en tête. Mais si c’est dommage c’est que j’ai déjà tout planifié : la fin, les étapes et le découpage des chapitres. Même certains extraits sont écrits :roll: :lol: Il suffit de tout rédiger en fait, mais j’ai peur de mal faire. :oops:
louji

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Re: The Debt (terminé) [Young Adult]

Message par louji »

15Lina15 a écrit :Oui biensûr, préviens-moi même si c’est pas le même genre et après je verrai si c’est un thème qui m’intéresse ^^
Non je ne sais pas comment et quand reprendre à écrire. Vu tout le temps passé, j’ai perdu comment écrire et je n’ai plus en tête. Mais si c’est dommage c’est que j’ai déjà tout planifié : la fin, les étapes et le découpage des chapitres. Même certains extraits sont écrits :roll: :lol: Il suffit de tout rédiger en fait, mais j’ai peur de mal faire. :oops:
Ça marche ;)
Ah oui, donc tu as déjà pas mal de matière sous la main... mais pas forcément les idées pour la mettre en forme ? :? Tu as essayé d'avancer un peu, histoire de voir ce que ça pouvait donner, ou pas du tout ? ^^
15Lina15

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Re: The Debt (terminé) [Young Adult]

Message par 15Lina15 »

louji a écrit :
Ça marche ;)
Ah oui, donc tu as déjà pas mal de matière sous la main... mais pas forcément les idées pour la mettre en forme ? :? Tu as essayé d'avancer un peu, histoire de voir ce que ça pouvait donner, ou pas du tout ? ^^
En fait, j'avais fini en plein chapitre donc j'avais repris ce chapitre mais j'ai même pas réussi à le finir :lol: :roll:
Au final, j'ai l'impression de pas avoir le temps et de pas réussir à me concentrer.
louji

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Re: The Debt (terminé) [Young Adult]

Message par louji »

Hello !
Petit message par ici pour dire que j'ai terminé de mettre à jour les chapitres. C'est complètement possible qu'il reste des coquilles et j'en suis désolée d'avance...
S'il y a toujours des lecteurs dans le coin qui ont la motiv de lire, j'échangerai avec vous avec plaisir :D
(The Debt étant terminé pour moi, je ne compte pas modifier le scénario d'ailleurs, au cas où)
À bientôt !
louji

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Re: The Debt (terminé) [Contemporain / Ado-YA]

Message par louji »

Nouvelle couverture

Hola, juste un petit passage par ici car j'ai réalisé une nouvelle couv pour The Debt (pauvre petite histoire oubliée dans son coin 😌)

J'ai hésité entre plusieurs versions, après la récolte de plusieurs avis et votes, c'est celle-ci qui a été retenue.
Elle porte plutôt sur l'aspect un peu sombre de l'histoire, mais j'aime bien qu'il y ait des échos directs à des événements ou éléments. Le verre brisé pour l'accident de voiture, l'effet papier pour le journal de Zach, la police qui est très manuscrite et quasi-sanglante.
Bon, on est limite sur une couverture de polar, mais c'est plutôt en accord avec une bonne partie du roman !

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