\*-*/ Fae \*-*/ Élève \*-*/ 16 ans \*-*/ 1m73 \*-*/ Malicieux \*-*/ Intuitif \*-*/
\*-*/ Télépathie limitée \*-*/ Colisée \*-*/ Avec Diana \*-*/
Je crois que j'atteins un niveau de rougeur au-delà de la normale. En tout cas, c'est ce que ça laisse penser quand mes joues se mettent à bouillir comme de l'eau au-dessus d'un feu. Je ne sais pas ce qu'elle entend par ce qu'elle répond. Et si au début, sa réponse m'a soulagé d'un poids... le reste m'en a ajouté un tout nouveau! Qu'est-ce qu'elle entend par là, exactement? Pourquoi elle me dit qu'elle sait comment procurer du plaisir sans douleur? Est-ce qu'elle sous-entend que... Je ne croyais pas pouvoir rougir plus, mais plus je me mets à réfléchir à ce qu'elle voulait dire par là... plus mon esprit se remplit de pensées très malpropres. J'aimerais pouvoir me convaincre qu'elle insinue autre chose, mais son sourire ne fait que me confirmer que je ne me trompe pas. Et ça, ça n'aide pas.
Parce que oui, elle est jolie. Très jolie, même.
Et je suis sûr qu'il y a pleins de garçons à sa suite ou à ses pieds. Mais pas moi. Je ne peux pas. Et de toute manière, je n'ai rien à offrir si ce n'est que de la déception et de la rancoeur. Si les choses se sont bien déroulés avec Qwill quand il a appris la vérité, je ne crois pas que ça puisse être le cas avec tout le monde. Si ma propre famille ne peut pas l'accepter, comment le pourrait les autres? Je me crispe énormément en sentant sa main descendre le long de mon bras, s'approchant dangereusement du bout de ma manche. Non, non, non... non!
-
Je... Peut-être... Non!
Ça ne fait aucun sens, mais absolument aucun! Je me secoue mentalement et essaie de me calmer en roulant des épaules. Puis je précise après avoir inspiré profondément:
-
Si ça fonctionne pour toi, tant mieux. Mais... s'il-te-plaît... arrête.
La frustration, le dégoût de moi-même, l'affliction et le désespoir ont pris possession de ma voix et de tout mon être. Pour un peu et j'aurais presque envie de pleurer. Mais je ne peux pas. Pas ici. Et jamais, sans doute. À quoi ça servirait? À rien. Les larmes ne ramèneront pas ma famille à moi, les larmes ne changeront pas leur avis sur moi... Rien ne changera que je pleure ou ne pleure pas, alors à quoi ça servirait sinon à me fatiguer pour rien?
Avec ce que j'ai dit, je ne croyais pas qu'elle allait encore vouloir de moi comme guide, mais il semblerait que ce soit encore le cas... et comme toujours, je réussis à rendre la situation encore plus pénible qu'elle ne l'était déjà. Je me fais tout petit sous sa poigne lorsqu'elle commence à me confronter sur ce que je dis. Elle semble croire que le problème vient d'elle et même si c'est partiellement le cas... c'est surtout moi qui pose problème ici. Que ce soit mon don ou mon évidente maladresse dans tout ce que je fais, ça ne pourra pas bien se terminer, tout ça.
Malgré qu'elle ne peut pas me voir ni me provoquer du regard, je détourne la tête en baissant les yeux. Je ne peux pas dire la vérité, mais je peux sans doute en dire une partie? Il suffit simplement que je modifie un peu les choses et que je ne fasse pas comme avec Qwill. J'inspire doucement avant de souffler d'une toute petite voix:
-
Tu ne veux pas d'un guide comme moi, c'est ça le soucis. C'est vrai, je suis super maladroit, je ne sais pas tenir une conversation... et il y a tout pleins de risques à traîner avec moi. Tu le comprendras bien assez vite...
Je ne déloge pas sa main d'où elle est, elle peut bien prendre sa décision toute seule. J'ai dit ce que j'avais à dire, elle connait les risques. Enfin, presque. Mais j'ai prévenu, non? S'il arrive quelque chose... ce ne sera pas de ma faute? N'est-ce pas? Mais bien sûr que si... C'est toujours ma faute, peu importe ce qui se passe... Dès que mes dons entrent en jeu, c'est foutu. Mes épaules tombent un peu plus et je n'arrive même plus à entendre ce que le professeur dit tellement mes propres pensées désagréables et désordonnées m'ont envahi la tête...
| Jeune Vampire | 1m78 | Élève | 17 ans | Viki | 1er janvier - Capricorne | Autodérision Forte |
| I Don’t Care Anymore | Au Colisée | Avec Karla |
Alors comme ça, elle n'est pas arrivée à la rentrée, elle non plus! Et bien voilà, un autre point commun! Bon, à ce qu'il paraît ce n'est pas si rare. Mais du peu que j'ai vu, il y a beaucoup, mais vraiment beaucoup d'élèves qui sont tissés serrés. Alors ça ne fait pas de mal de se faire des amis ou de faire connaissance avec d'autres qui ne sont pas aussi bien familiarisés avec les lieux. Je ne crois pas que je pourrais approcher aussi facilement ceux qui sont là depuis des années. Qu'est-ce que j'aurais à dire? Et puis, je n'ai pas envie de faire face à un rejet direct.
Comme elle me retourne la question, je réponds, en souriant toujours:
-
Je n'étais pas là pour le bal non plus. Je suis arrivée bien après... Et c'est aussi bien que je n'étais pas là, si tu veux savoir. Je me serais sans doute ridiculisée.
Et pas nécessairement en faisant des bêtises. Beaucoup d'élèves ici semblent habitué à l'extravagance des lieux, mais ce n'est pas mon cas. Oh, la maison de mes parents n'était pas pauvres en finesse et en richesse, mais assister aux évènements importants? Mon père aurait préféré mourir que de m'y voir. Et on ne peut pas dire que la famille Walker aurait été plus contente de me voir assister aux leurs. Si je peux m'éviter d'avoir l'air d'une enfant pauvre qui découvre les joies de ce genre pour la première fois avec des yeux émerveillés et pleins d'espoir... tant mieux!
Comme vient l'heure des présentations, je crois que je développe beaucoup trop la mienne. Il faut dire que je dois bien avoir des lacunes sociales, puisque je n'ai jamais vraiment eu à me présenter auparavant : je n'étais pas d'une assez grande importance. Sauf que j'ai bien l'intention de profiter de ma venue ici pour y remédier et goûter à tout ce que j'ai manqué ces dix-sept dernières années. Évidemment, Nat et son frère ont beaucoup aidé à ne pas me rendre plus étrange socialement parlant, mais ça ne remédie pas à tout.
Dans tous les cas, je ne suis pas trop surprise quand elle me dit que mes propos ne font pas beaucoup de sens pour elle. Je serais surement tout autant perdue, à sa place, vu le peur d'explications. Comme elle me demande si c'est à cause des significations, je hoche de la tête. Après tout, c'est effectivement pour ça, même si ça va encore plus profond que simplement une préférence de signification. Je n'ai pas nécessairement le désir de cacher cette partie de mon existence, j'ai fait mon deuil depuis et maintenant tout ce que je veux c'est que les autres sachent et comprennent mes choix. J'aurais pu attendre d'avoir des amis proches pour expliquer tout ça... Mais d'un autre côté je n'ai définitivement pas envie d'aller dans tous les détails. Alors, avec un haussement d'épaules, je précise:
-
Monika vient du grec, à ce qu'il parait. Et il signifie « seul ». Mon père a délaissé la décision de ma mère pour choisir ce nom-là quand je suis née. Ils sont tous des sorciers, dans ma famille, tu vois? Mais je ne l'étais pas. Comme ma mère. Viki vient aussi du grec et signifie « sagesse ». Ma mère l'avait choisi quand elle était enceinte de moi. Mon père s'est assuré qu'avec mon nom je n'oublierais jamais que j'étais une erreur. Et que je ne méritais pas d'être de la famille. Que je méritais d'être seule.
J'hausse à nouveau des épaules et ajoute avec un sourire:
-
Je lui prouve un peu plus chaque jour à quel point il avait tort et ça, c'est l'important. Alors, tu peux m'appeler comme tu veux. J'entame un nouveau départ, alors je peux bien oublier mes rancunes de prénoms! Tu n'as pas besoin de les subir...
Et c'est vrai, en un sens. Je ne suis pas encore prête à accepter mon prénom, ça viendra peut-être ou ça ne viendra pas. Mais les gens n'ont pas besoin de subir mes problèmes personnels. N'est-ce pas là le moyen le plus simple pour faire fuir tout le monde? Je ne lui en voudrais pas de s'en aller maintenant. Et je sais bien que je dois avoir semer encore plus de confusion dans son esprit avec mes explications. Parce que je suis vient d'une famille de sorcier, alors comment est-ce que je peux être une vampire maintenant? Je ne cherche pas à cacher mon origine, mais je n'ai pas besoin de l'étaler à tout va non plus. Mais de là à me cacher? Non. Je suis ouverte et je répondrai honnêtement aux questions que l'on me pose. Enfin, presque toujours. Il y a des choses que je ne peux pas dire. Comme la raison de ma présence ici...
Histoire de ramener la conversation ailleurs que sur moi, je lui demande:
-
Et toi? Tu as une bonne relation avec ta famille?
Ça m'a toujours intriguée. Comment ça se passe pour les jeunes de mon âge dont les parents sont fiers d'eux? Qu'ils ne sont pas honteux de leur existence même? Ça fait quoi d'avoir une famille unie, qui s'aime et s'entraide? Je n'en ai pas vraiment vu. Après tout, on ne peut pas dire que la famille Walker soit si différente de la mienne. Ils sont peut-être plus proches entre eux que je ne le suis avec mon père, mais on ne peut pas non plus dire qu'ils sont... normaux.
\\ Élève \\ Sorcier \\ 17 ans \\ 1m75 \\ Au Colisée \\ Avec Evangeline \\
Le temps passé avec Evangeline est toujours... particulier. Et même si, parfois, les sermons et les légères disputes entraînées par nos divergences d'opinons peuvent me peser, la majorité du temps, c'est rafraîchissant. Parfois, c'est seulement l'espace de quelques secondes, mais j'arrive tout de même à penser à autre chose. Parfois, j'oublie les risques encourues et je me laisse apprécier sa compagnie et être... pas tout à fait heureux, mais un peu plus serein, peut-être? Parfois, j'arrive même à oublier le poids qui pèse sur mes épaules. Seulement parfois, mais ça fait toute la différence.
Sauf que je fais souvent exploser cette bulle de sérénité parce que je réfléchis trop à nouveau.
Un peu comme maintenant, à vrai dire. J'étais heureux qu'elle puisse enfin être entourée d'émotions positives, pour ensuite me rendre compte que les quelques émotions positives qui m'habitaient dû à la visite des lieux ne suffisaient pas à cacher tout le reste. Ce qui a conduit à éprouver une intense culpabilité et du regret. Et peut-être que j'aurais dû éviter de m'excuser de mes émotions, mais c'était plus fort que moi. Et là, j'ai droit à un sermon. En bonne et dû forme. Je pousse un soupir à mi-chemin entre l'exaspération et l'amusement en la voyant aller. Quand elle s'arrête et change de sujet, partiellement en tout cas, je l'écoute attentivement. Enfin, je l'ai écouté attentivement du début à la fin, d'où mon soupir, mais bon, ça ne veut pas dire que je veuille que ça continue! Où que je vais complètement retenir l'information donnée. Toutefois, le fait qu'elle dise que les émotions positives autant que les négatives peuvent la fatiguer, ça, c'est nouveau et beaucoup plus digne d'intérêt. Pourtant, avant d'en arriver à ce détail, je reviens sur le point précédent. Et c'est en la bousculant très légèrement de l'épaule que je lâche:
-
Peut-être que c'est comme ça que fonctionne les émotions, mais ça ne veut pas dire que j'aime te les faire ressentir. On n'y peut rien tous les deux, mais ça ne m'empêchera pas d'être désolé. Va falloir qu'on vive avec ça tous les deux! Moi, avec le fait que je ne peux pas te cacher mes émotions et t'en protéger. Et toi, de vivre avec mes excuses!
Un sourire étire mes lèvres. Ça arrive plus souvent depuis qu'elle s'est frayée un passage dans ma vie malgré mes mises en garde et mes réticences. Souvent plus qu'autrement, nos échanges m'amusent. De plus en plus souvent, ça c'est sûr. Et celle-ci ne fait pas exception. Elle ne peut pas le voir, mais peut-être peut-elle entendre mon sourire dans ma voix? Peut-être peut-elle sentir ce mince filet d'amusement? J'aimerais que ce soit le cas, mais j'ignore à quel point tout le reste masque ce mince bout d'émotion. Quand je reprends la parole, j'en reviens à ces derniers propos:
-
Ça fait du sens, ce que tu dis. Je suppose. Être heureux peut te fatiguer autant qu'être triste. Enfin, j'imagine.
Il faut dire que ça fait longtemps que j'ai été heureux sur une longue période de temps. Je ne sais plus ce que ça fait de passer une excellente journée du début à la fin au point d'arrivée dans ton lit épuisé, mais contenté. Maintenant, et depuis quelques années, je ne connais qu'un goût de cendre au moment d'aller dormir. Et un certain moment de sérénité, car dormir signifie de laisser derrière soi... son corps. D'aller là où tous nos rêves, nos espoirs se trouvent... D'oublier.
Bon... évidemment, c'est aussi le royaume de nos pires cauchemars.
Mais je préfère essayer de ne pas y penser... Maintenant. Tandis qu'Evangeline est à côté, je préfère encore me raccrocher aux quelques pensées positives que j'arrive à émettre.
\\ Loup-garou \\ Élève \\ 17 ans \\ Dominant \\ Discret \\ 1m73 \\
\\ 9 juin – Gémeaux \\ Colisée \\ Avec Leigh \\
La conversation que nous avons, Leigh et moi, ne mènera peut-être nulle part, mais ça ne m'empêche pas d'être intéressé. Jusqu'ici, je n'avais jamais vraiment eu à mettre en mot les problèmes que me causaient le fait d'être aller dans une école avec des humains, c'était comme ça, un point c'est tout et il fallait simplement que je m'adapte. Je ne sais pas si c'est le fait d'avoir été autant obligé de réprimer mon loup et tout ce qui vient avec qui m'a poussé à ne pas chercher à étaler ma dominance. Je ne suis pas le plus dominant des loups, je n'en doute pas un seul instant, mais je sais que je pourrais sans doute faire plier de l'échine à beaucoup si je le voulais.
Sauf que je n'éprouve aucun intérêt à ce niveau.
Ma dominance n'aurait servi à rien sur des humains. En quelques secondes ils auraient oublier que je venais de remporter sur eux et ils ne me respecteraient pas plus qu'auparavant. Et faire preuve de force, ça ne sert à rien contre des êtres qui sont, de facto, beaucoup plus faible que soi. Ma nature plus calme, réservé et sympathique a provoqué quelques incidents... avec quelques brutes épaisses. Leur stupéfaction en voyant que je pouvais arrêter tous leurs coups me fera toujours autant rire, même si c'est un peu mesquin de ma part. Mais j'ai une certaine aversion pour les brutes qui abusent de leur pouvoir. Ça me prend à rebrousse poil. À tous les coups.
Leigh semble du même avis que moi concernant les sens aiguisés. Ils peuvent être autant un avantage qu'un désavantage. Lorsqu'il mentionne les parfums qui peuvent parfois être tout aussi agressant que les produits chimiques je ne peux m'empêcher d'acquiescer tout en laissant échapper un grondement. Les humaines n'ont pas les mêmes goûts niveaux odeurs que la majorité des surnaturels doués d'un nez fonctionnel. Des parfums irrésistibles pour eux sont souvent les plus détestables pour nous. Enfin, pour moi. Je ne sais pas si mes pairs partagent mon avis, même si je sais qu'on est beaucoup à se plaindre de certains parfums. J'ai un léger sourire lorsque je dis:
-
Ah, oui, les parfums. Une vraie calamité, parfois. J'ai dû apprendre à éviter certaines personnes à cause de ça. C'était tellement fort que ça me faisait monter des larmes aux yeux... Malheureusement pour quelques uns d'entre eux, ce n'était pas l'effet recherché... Mais bon, ça fait parti du lot et il faut bien s'habituer.
Je me souviens d'une fille en particulier. Je n'y avais pas particulièrement prêté attention au départ, si ce n'est que j'avais associé une odeur, un nom et un visage tout ensemble pour la représenter. Mais c'était le cas pour tout le monde. Parfois, j'avais plus de mal avec les noms, mais j'oubliais rarement une odeur associé à un visage. Malheureusement pour elle, je lui étais tombé dans le collimateur. Et elle avait décidé d'essayer un nouveau parfum pour attirer mon attention. Et le jour où elle a décidé d'utiliser cette technique, c'est aussi le jour où elle est venue beaucoup trop près et beaucoup trop dans ma bulle. Je ne me souviens plus de ce qu'elle a dit, je me souviens surtout d'avoir éternué sur elle, de m'être excuser et d'être parti très rapidement. Et de l'avoir évité par la suite, jusqu'au jour où elle est revenue à son parfum de départ. On n'a pas beaucoup plus échangé par la suite, car elle semblait toujours très embarrassé par l'incident... et pour être honnête, ça ne m'ennuie pas trop. Pas qu'elle soit embarrassé, ça j'en suis désolé pour elle, mais plutôt que nous n'avons pas plus échangé. Je ne suis pas le plus amateur de parfum. Et cet incident ne m'a pas aidé à les aimer.
Comme la conversation continue, elle emprunte un terrain beaucoup plus glissant et j'en suis le principal responsable. Leigh ne pouvait en aucun cas savoir que ce serait un sujet sensible. Alors je ne lui en veux pas, même si je m'en veux terriblement pour avoir dérapé à ce point. Normalement, j'ai un meilleur contrôle... Je lui explique un peu à demi-mot le pourquoi j'ai réagi aussi vivement, comme quoi je n'ai pas le droit à l'erreur et que j'ai bien l'intention de prouver à mes parents qu'ils ont tort. Je passe ensuite à l'explication du pourquoi je ressens ce besoin. Je vois bien par ses réponses qu'il ne semble pas complètement partager mon point de vue. Nous n'avons pas les mêmes expériences de vie, alors je conçois parfaitement qu'il peut avoir des idées divergentes sur le sujet. Ce qu'il me répond me pousse à réfléchir, mais je sens aussi la tension m'habiter à nouveau. Certes, nos instincts peuvent nous pousser dans une mauvaise direction... Mais je ne crains pas les conséquences autant que je crains de perdre les idéaux que l'on m'a appris. On protège la famille, on protège les plus faibles que soi. Protéger et servir. C'est la raison pour laquelle on est plus fort et que nous sommes à la tête de la meute. Le jour où on perd de vue cette idée, on ne vaut plus rien. Et même si cette réflexion de Leigh m'agace profondément, je ne peux pas lui en vouloir. Il ne connait pas le fonctionnement des meutes de loup et encore moins de la mienne. Je sais que d'une meute à l'autre, les idéaux ne sont pas les mêmes. Alors comment un vampire pourrait le savoir? Le comprendre, c'est possible, mais il faut posséder le savoir pour ça. Et au vu de ce que l'on s'est dit jusqu'à présent, je ne crois pas qu'il ait fréquenté beaucoup de loups-garous. Alors, sachant tout cela, je me contrôle. Quand je prends la parole, mon ton est neutre et loin de l'agacement que j'ai pu ressentir:
-
C'est vrai que nos instincts peuvent nous mener dans la mauvaise direction si on les suit les yeux fermés et sans discernement. Mes parents m'ont appris comment devenir un bon chef de meute, ce que ça prenait, ce que ça impliquait. Ils m'ont inculqué des valeurs en lesquelles je crois profondément. Tout comme eux, même s'ils semblent l'avoir oublié dans leur désir de rester confortable, sans tracas et en sécurité. Ils s'inquiètent sans doute pour moi, et comme tu dis, nous sommes probablement incapable de prendre du recul les uns envers les autres... Mais ce qu'ils me demandent de faire est directement opposé à tout ce qu'ils m'ont appris. S'ils peuvent vivre avec ça sur la...
Je m'interromps brusquement. D'accord. On se calme, Scott. Mon loup est en train de vouloir sortir à nouveau et j'en dis beaucoup plus que ce que je voulais à la base. J'inspire longuement et roule des épaules avant de poursuivre:
-
Enfin, bref, ils m'ont appris comment prendre des décisions par moi-même : à me servir de ma tête, de mes instincts et de mes émotions. Peut-être que je ne suis pas assez objectif avec eux, ce n'est pas impossible. Mais je crois qu'ils ont aussi oublié m'avoir toujours dit de suivre ses convictions et de ne pas en décrocher si c'est pour le bénéfice de ceux sous notre protection. Moi, je n'ai pas oublié.
Je me masse un peu l'arrière de la nuque avant de lâcher, pour changer de sujet et calmer l'atmosphère:
-
Donc... Si ça ne t'ennuie pas de changer de sujet... Tu viens d'où?
C'est sans doute la pire transition de l'univers que je n'ai jamais fait dans une conversation, mais l'idée qui m'est venue au départ ne figurait pas sur un terrain moins glissant et c'est-à-dire : la famille. Si je le questionnais à ce propos, la question pouvait retourner de mon côté et je n'aurais aucune idée quoi dire. Je ne pouvais plus me considérer comme enfant unique, mais je ne pouvais pas non plus dire que j'avais une soeur... pas sans devoir avouer ne l'avoir jamais rencontré et qu'elle ignorait tout de tout ça. En pensant à elle, je ne peux m'empêcher de laisser errer mon regard à sa recherche, mais elle est toujours hors de portée. Je sens toujours son odeur, quoique bien perdue au milieu de tout le monde, mais ce n'est guère suffisant.
\\ Élève \\ Louve-garou \\ 17 ans \\ 1m57 \\ Colisée \\ Avec Jade \\
Je ne m'étais jamais arrêtée à réfléchir sur les moyens dont disposaient l'école, je dois l'avouer. Non pas que j'aie l'habitude d'autant d'extravagance, mais peut-être que je m'y attendais un peu. Et je ne sais pas pourquoi, d'ailleurs. Compte tenu du fait que c'est quelqu'un dont j'ignore tout, y compris le visage et le nom, qui m'a offert cette opportunité, j'aurais pu m'attendre à n'importe quoi. À des cachots, à un centre pour délinquants... Tout, mais absolument tout. Sauf peut-être ça? Peut-être qu'après tout ce qu'il s'est passé avant mon arrivée ici, je n'arrivais plus à m'étonner de quoi que ce soit. Mais peut-être que je devrais. Peut-être que je devrais pousser plus loin mes questions et chercher à savoir pourquoi je suis là. À quel point puis-je croire à une simple coïncidence que la vie m'offre une aussi belle porte de sortie pile poil au moment où j'en avais besoin? Ce n'est pas comme si la vie m'avait offert que des cadeaux... contrairement à d'autres. Je finis par avouer, songeuse:
-
Je n'y avais jamais vraiment réfléchie, je l'avoue. Je suppose que j'étais trop préoccupée par certaines choses pour vraiment m'y attarder... mais tu as complètement raison. Les écoles normales n'ont pas autant d'avantages et certainement pas autant d'activités. Ce n'est pas surprenant au vue des ressources qu'elles ont, mais...
Je laisse ma phrase en suspens, n'ayant rien de particulièrement mieux à en dire. Mais j'ajoute rapidement avec un sourire:
-
Oui, on va découvrir tout ça en même temps.
J'aurais bien dit ensemble, mais je ne crois pas en être encore là. Pas après seulement quelques échanges. Je n'ai rien contre sa compagnie, mais je n'ai jamais eu d'amis suffisamment proches pour les nommer tel quel et les inclure dans un « ensemble ». Je m'entends bien avec beaucoup de personne autant que je peux en détester d'autres avec une passion. Je peux faire dans la demi-mesure, mais je le fais rarement. Généralement, c'est une perte de temps. Alors ma demi-mesure se situe dans l'ignorance de ceux pour qui je n'ai aucune émotion particulière. Et bien sûr, il y a aussi Peter. Lui... Il est un beau mélange des deux! De l'amour et de la haine... Enfin, pas vraiment de la haine. Plutôt une colère profonde et très noire. Mais pour Jade, je ne crois pas qu'elle se classe dans aucune de ces catégories pour le moment. Je ne la déteste pas et je ne sais pas si je pourrais la considérer comme une amie un jour, je ne la connais pas encore assez pour ça. Mais je ne crois pas l'ignorer non plus, car je l'aime bien. Alors, si on se revoit après cette sortie et que rien ne s'est aggravé d'ici la fin, je la saluerai. Si on échange plus qu'une salutation, se sera à elle de voir.
Comme je l'interroge sur son appréciation de la visite jusqu'ici, j'écoute poliment sa réponse. Il y a quelque chose chez elle qui m'intrigue. Une certaine... pas nécessairement une retenue dans ses gestes et ses paroles, mais il y a quelque chose dans sa manière d'être, d'agir, qui me laisse avec l'impression qu'elle a plus de liberté présentement qu'elle n'en a eu auparavant. Je ne connais pas son histoire, comme elle ne connait pas la mienne et je la connais beaucoup trop peu pour tirer des hypothèses ou même savoir si mon soupçon est le bon concernant tout ça... Mais je verrai bien avec le temps. Je n'ai pas l'intention d'entrer volontairement dans des sujets profonds et personnels alors que nous ne sommes que des inconnues...
Je reste surprise lorsqu'elle dit qu'elle n'est pas très courageuse puisqu'elle se sent toute petite ici, que ça la rend mal à l'aise. Je ne ressens peut-être pas la même chose, mais je peux comprendre comment on pourrait se sentir comme ça. C'est un lieu si vieux et plein d'histoires... Son historique est suffisant pour faire rappeler sa petitesse à n'importe qui. Quand elle me retourne ma question, je prends la peine de revenir sur ce qu'elle a dit avant, me permettant du même coup d'y réfléchir aussi:
-
C'est vrai que c'est très impressionnant ce que les humains ont réussi à faire à l'aide de leurs esprits et de leurs mains. Et en sachant toute l'histoire de ce lieu, son côté grandiose comme son côté plus sombre, ça suffirait pour beaucoup à créer un malaise. C'est immense et plus vieux que bien des gens, même parmi les surnaturels. Cet endroit existait bien avant nous et existera peut-être longtemps après...
Je prends une pause l'espace d'une seconde pour la regarder et j'ajoute:
-
Je ne crois pas que te sentir petite dans un lieu comme ça et encore moins le fait d'être un peu mal à l'aise fait de toi quelqu'un de pas courageux. Nous avons tous une forme de courage, parfois, elle se présente différemment, c'est tout. Sérieusement, je ne crois pas que je me sentirais très à l'aise si j'étais seule ici... J'aurais surement la chair de poule.
Ou en tout cas, je serais encore plus sur mes gardes que je ne le suis présentement. Je sais pertinemment que personne ne pourrait m'attaquer ou m'enlever ici, pas au milieu de tous ces élèves aux pouvoirs surnaturels et encore moins devant des adultes... alors je le suis un peu moins. Mais avoir vécu quelques temps dans la rue et avoir eu ta confiance trahie te pousse à garder ta garde haute en tout temps. Je reprends avec un sourire:
-
Je n'ai jamais voyagé non plus, sais-tu. Et j'avoue apprécier l'expérience, même si je ne sais pas si je le ferais de moi-même. Un lieu rempli d'histoire comme celui-ci, ça te pousse à la modestie, en tout cas. Savais-tu qu'il y avait eu quelques femmes parmi les fameux gladiateurs du Colisée?
J'avais lu ce fait quelque part, un jour. Je ne me souviens ni quand ni où, tout ce dont je me rappelle, c'est que ça m'avait conforté dans mon idée d'apprendre à me battre. Sous forme humaine comme sous forme de louve. Savoir se défendre et ceux auxquels on tient... c'est précieux. Et parfois, ça peut éviter une vie entière de regret quand tu n'as pas su faire quoi que ce soit pour arrêter un désastre...